Télécharger en pdf - Œuvres Pontificales Missionnaires

Transcription

Télécharger en pdf - Œuvres Pontificales Missionnaires
24 octobre : Journée missionnaire mondiale
Septembre – Octobre 2004 – N° 5
ŒUVRE PONTIFICALE DE LA PROPAGATION DE LA FOI
MISSIO CANADA
SOMMAIRE
SEPTEMBRE – OCTOBRE 2004, 81 E ANNÉE
REVUE D’INFORMATION ET D’ANIMATION MISSIONNAIRE
AU SERVICE DE L’ÉGLISE CANADIENNE PUBLIÉE
MISSIO CANADA
(ŒUVRE PONTIFICALE DE LA PROPAGATION DE LA FOI).
PAR
Chroniques
PRÉSIDENT DES ŒUVRES PONTIFICALES MISSIONNAIRES
MGR CLÉMENT FECTEAU
3
DIRECTRICE NATIONALE DES ŒUVRES PONTIFICALES MISSIONNAIRES
HUGUETTE LE BLANC
SECRÉTAIRE NATIONALE DE LA PROPAGATION DE LA FOI
HUGUETTE LE BLANC
RÉDACTEUR EN CHEF
JEAN GROU
COMITÉ DE RÉDACTION
ERNST CAZE, JEAN GROU, BENOÎT MUHINDO MATIRI, A.A.,
ÉVANGÉLINE PLAMONDON, M.I.C.
RÉDACTION DE CE NUMÉRO
LÉONIE GOULET, S.M.N.D.A., JEAN GROU, HUGUETTE LE BLANC,
BENOÎT MUHINDO MATIRI, A.A., ÉVANGÉLINE PLAMONDON, M.I.C.
4
RECHERCHE
MÉLANIE TREMBLAY
CONCEPTION ET INFOGRAPHIE : CHARLES LESSARD, GRAPHISTE
SÉPARATION DE COULEURS : COMPOSITION ORLÉANS INC.
IMPRESSION : TRANSCONTINENTAL
36
LA REVUE UNIVERS EST RÉPERTORIÉE DANS
L’ARGUS DES COMMUNICATIONS ET EST MEMBRE DE
L’ASSOCIATION CANADIENNE DES PÉRIODIQUES CATHOLIQUES
ISSN 0381-9876
DÉPÔT LÉGAL : BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU QUÉBEC
ENVOI DE POSTE-PUBLICATIONS-ENREGISTREMENT N° 09585
NUMÉRO DE CONVENTION : 1378147
NOUS REMERCIONS LE GOUVERNEMENT DU CANADA
POUR L’AIDE FINANCIÈRE QU’IL NOUS APPORTE POUR
NOS DÉPENSES D’ENVOI POSTAL, PAR L’ENTREMISE DU
PROGRAMME D’AIDE AUX PUBLICATIONS (PAP).
7
« Oser une nouvelle aventure »
par Huguette Le Blanc
une entrevue avec Benoît Muhindo Matiri, a.a.,
et Giovanni Torres Gutiérrez, i.m.c.,
par Jean Grou
En direct de
la rédaction
80 ans de presse
missionnaire
80 ans de presse
missionnaire
Intentions
missionnaires
octobre – novembre
2004
38
39
40
Courrier /
Informations
Reflets de la vie missionnaire
par Benoît Muhindo Matiri, a.a.,
Évangéline Plamondon, m.i.c., et Jean Grou
recherche : Mélanie Tremblay
11
Les sources et fondements
de la Mission
13
Les buts de la Mission
15
L’activité missionnaire
de l’Église
par Léonie Goulet, s.m.n.d.a.
CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’ŒUVRE
HUGUETTE LE BLANC (PRÉSIDENTE), ANDRÉ BEAUDOIN, C.A., MGR
MAURICE COUTURE, S.V., SUZANNE LECLERC, S.C.Q., YVETTE
MASSON, C.G.A.
UNIVERS
MISSIO CANADA
(ŒUVRE PONTIFICALE DE LA PROPAGATION DE LA FOI)
360, CHEMIN DE LA CANARDIÈRE
QUÉBEC (QUÉBEC) CANADA G1L 2V2
TÉLÉPHONE : (418) 648-1446
SANS FRAIS (CANADA ET ÉTATS-UNIS) : 1 877 448-1446
TÉLÉCOPIEUR : (418) 648-1638
COURRIEL (RÉDACTION) : [email protected]
SITE WEB : www.missio.qc.ca
Pour faire mémoire
par Jean Grou
10
ABONNEMENT
10 $ POUR UN AN - 6 NUMÉROS / 15 $ ABONNEMENT DE SOUTIEN
TPS ET TVQ INCLUSES
POUR ABONNEMENT
TÉLÉPHONE : (418) 648-1446
SANS FRAIS (CANADA ET ÉTATS-UNIS) : 1 877 448-1446
TÉLÉCOPIEUR : (418) 648-1638
COURRIEL (ABONNEMENT) : [email protected]
5
par Jean Grou
RÉVISION DES TEXTES
ANNE-MARIE GAGNÉ, S.C.Q.
COLLABORATION MISSION CHEZ NOUS
SUZANNE TREMBLAY, DIRECTRICE
TÉL. : (418) 647-6440 – SANS FRAIS : 1 888 280-6440
Le mot de
la Directrice
nationale
Cette soif d’âmes
à sauver...
Abonnement /
Collaboration
à l’Œuvre
Pages centrales
19
Album souvenir
Prière
20
Au fil du temps, avec UNIVERS
22
Le « bagage missionnaire »,
d’hier à aujourd’hui
80 ans de presse
missionnaire
23
Les défis de la Mission
28
La spiritualité missionnaire
32
Laïcs et missionnaires
une entrevue avec Yves Bédard
et Martine Sansfaçon, par Jean Grou
35
Mission chez nous
et UNIVERS :
dix ans de collaboration
par Jean Grou
Cette soif d’âmes
Huguette Le Blanc
Directrice des Œuvres
pontificales missionnaires
(secteur francophone)
LE MOT DE
LA DIRECTRICE
NATIONALE
à sauver…
L’
effort missionnaire de l’Église constitue
encore, en ce début du troisième millénaire,
une urgence... La Mission est encore bien
loin d’être achevée et nous devons donc nous
engager de toutes nos forces à son service. Le
Peuple de Dieu tout entier, à chaque moment de
son pèlerinage dans l’histoire, est appelé à
partager la soif du Rédempteur (cf. Jn 19, 28). Cette
soif d’âmes à sauver... (Jean-Paul II, Message pour la
Journée missionnaire mondiale 2004).
Cette soif d’âmes à sauver nous conduit à
Bethléem où l’Amour s’est incarné. Elle nous
conduit sur les rives du Jourdain où Jésus
appela ses premiers disciples : Venez à ma
suite et je vous ferai pêcheurs d’âmes. Elle nous
conduit en terre de Galilée et au puits de la
Samaritaine : J’ai soif... Donne-moi à boire... Si
tu savais le don de Dieu... Elle nous conduit
sur toutes ces routes où l’Amour cherche à se
rendre visible, sur toutes ces routes où
l’Amour se fait don.
Cette soif d’âmes est, au cœur du Rédempteur, comme une blessure qui ne guérit pas.
C’est la blessure du Pasteur véritable, qui ne
peut trouver le repos parce que toutes ses
brebis ne sont pas rentrées à la bergerie. Cette
soif d’âmes est Mission. Elle a ouvert les portes
du cénacle... et les multiples routes d’évangélisation de l’Église missionnaire. Allez ! de
toutes les nations, faites des disciples... Apprenezleur... (cf. Matthieu 28, 19).
Allez ! ouvrez les sillons car un nouveau
printemps du christianisme vient, nous dit
Jean-Paul II : Je vois se lever l’aube d’une nouvelle ère missionnaire qui deviendra un jour
radieux et riche de fruits si tous les chrétiens,
et en particulier les missionnaires et les jeunes
Églises, répondent avec générosité et sainteté aux
appels et aux défis de notre temps (conclusion de
Redemptoris Missio).
Allez ! annoncez l’Évangile, ouvrez des
chemins de dialogue avec les autres chercheurs de Dieu, proclamez la Parole qui est
Chemin, Vérité et Vie. Allez ! pèlerins de la
foi, marchez au milieu des plus petits et des
plus pauvres et faites œuvre de guérison
des corps et des cœurs.
Allez ! contemplatifs en habits de charité,
rendez visible, pour les hommes et les
femmes de ce temps, l’avancée du Règne de
Dieu.
Cette soif d’âmes à sauver est au cœur de la
Mission de l’Église, au cœur de sa Mission
eucharistique. C’est pourquoi un appel pressant est fait afin que nous, baptisé(e)s dans
l’Amour trinitaire, nous partagions cette soif
du Christ Rédempteur. Afin que nos paroles
soient nourries des paroles de la vie éternelle.
Afin que nos vies se fassent pain rompu et sang
versé sur l’autel de ce monde.
Allez ! Allons ! Ouvrons cette Année de
l’Eucharistie, cette année missionnaire, avec
un enthousiasme renouvelé. Illuminé(e)s
par la rencontre du Thabor, allons servir
notre Seigneur et Maître. N’ayons pas peur,
le Vivant marche avec nous !
Bonne Journée missionnaire mondiale
(24 octobre) à chacun et chacune de vous !
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
3
L
Jean Grou
Rédacteur en chef
EN DIRECT DE
LA RÉDACTION
e temps d’une paix, ça vous dit quelque
chose ? C’était le titre d’une remarquable
et populaire série télévisée produite par
Radio-Canada dans les années 1980 et signée
Pierre Gauvreau. Comme son nom l’indique,
l’action se déroulait entre la Première et la
Seconde Guerre mondiale. Discrètement, à
cette même époque, naissait, à Québec, une
publication qui allait se démarquer dans le
milieu missionnaire et, plus largement, dans
celui de la presse religieuse. Les Annales de la
Propagation de la Foi voyaient le jour en février
80 ans
de presse
missionnaire
1924 et paraîtront sans interruption jusqu’à
aujourd’hui. Son nom allait toutefois changer en 1971 pour devenir UNIVERS. Il est
difficile d’imaginer le nombre de personnes
qui ont consacré temps et énergie pour faire
de ce bimestriel un des magazines missionnaires les plus appréciés au sein de l’Église du
Canada francophone.
Ses 80 années font de la revue UNIVERS
une des plus anciennes publications missionnaires au pays. Chacune de ses parutions se
veut le reflet d’une Église vivante et au service
de la mission du Seigneur partout à travers la
planète. Ses reportages, dossiers, portraits,
témoignages et entrevues ont offert à une
multitude de chrétiens et de chrétiennes d’ici
un accès privilégié aux pays, aux cultures,
aux individus des horizons les plus variés.
Grâce à UNIVERS, nous avons pu, durant
toutes ces années, suivre les pas de nombreuses personnes en mission sur le terrain.
Nous avons partagé leurs joies et leurs
peines, leurs rêves et leurs désillusions et,
surtout, leur enthousiasme pour une
évangélisation toujours plus large de ce
monde.
4
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
Sur une note un peu anecdotique, saviezvous qu’une erreur paraissait, jusqu’à aujourd’hui, dans chaque numéro de la revue
UNIVERS et ce, depuis plus de 24 ans ? Oh,
pas grand-chose… un détail, une petite information sans grande conséquence. Cette
erreur se trouvait à la page deux, à l’endos de
la page couverture, parmi les données techniques concernant la publication : date de parution, adresse, collaborateurs, etc. Une de ces
informations indique l’année de publication.
Ainsi, par exemple, en 1971, on lit : 48e année.
Or, en passant de 1979 à 1980, on a oublié
de modifier cette mention ! En 1980, on lit
donc « 56e année », tout comme en 1979.
Personne ne s’est rendu compte de l’erreur :
au fil des ans, cette anomalie s’est répétée de
numéro en numéro. Jusqu’au jour où je l’ai
débusquée en effectuant des recherches pour
préparer le dossier sur le 80e anniversaire. Les
esprits malins diront que la revue UNIVERS
est bien coquette d’avoir ainsi menti sur
son âge durant tout ce temps ! Quoi qu’il en
soit, le moment est approprié pour souligner
l’anniversaire de la revue, car celle-ci a bel et
bien 80 ans révolus.
Au moment où vous lirez ces lignes, la
Journée missionnaire mondiale 2004 sera
imminente : elle se tiendra le dimanche 24
octobre. Fidèle à ses habitudes et à son mandat, la revue UNIVERS a publié, dans son
numéro de juillet-août, un dossier spécial
consacré à cette journée. Avec un tel outil en
mains, les communautés catholiques d’ici
peuvent se préparer à vivre ce grand moment
de prière et de solidarité entre les Églises
des cinq continents. UNIVERS poursuit ainsi
la mission qui est la sienne depuis plus de
80 années : informer les catholiques du
Canada francophone sur la Mission, stimuler
leur esprit missionnaire et solliciter leur générosité. La lecture évangélique prévue pour la
célébration eucharistique du dimanche en
question est la parabole de Jésus dite du
pharisien et du publicain (Luc 18, 9-14). Que ce
récit nous inspire dans nos attitudes de
prière, dans nos rapports avec nos frères et
sœurs, dans nos gestes d’entraide et d’accueil
et dans nos engagements pour la Mission du
Christ.
AU
MOMENT DE SOULIGNER LE
DE LA REVUE
UNIVERS,
80E
ANNIVERSAIRE
PRENONS LE TEMPS
DE JETER UN REGARD SUR LE CHEMIN PARCOURU
1924, SOUS LE NOM DE
PROPAGATION DE LA FOI.
DEPUIS SA FONDATION EN
ANNALES
DE LA
1924 – 2004
Pour faire mémoire
p a r J e a n G ro u
Les origines
L’Œuvre de la Propagation de la Foi naît le 3 mai 1822, sous
l’impulsion d’une jeune Lyonnaise, Pauline-Marie Jaricot.
Bientôt, l’Œuvre publiera des annales, dont le but est
d’informer les bienfaiteurs tout en stimulant l’esprit missionnaire des catholiques, de France principalement. Le 28
février 1836, Mgr Signay obtient du pape Grégoire XVI un
décret approuvant l’établissement de l’Œuvre de la
Propagation de la Foi dans l’archidiocèse de Québec.
Jusqu’en 1923, les Annales de la Propagation de la Foi
publiées à Lyon seront acheminées ici et utilisées par la
branche nationale de l’Œuvre.
Puis, en 1924, l’Église [au Canada] prend conscience de sa
vitalité et, sans négliger les missions de son territoire, entre
d’emblée sur le théâtre mondial pour y
jouer son rôle à côté des autres nations,
comme émule de sa mère-patrie, la France,
missionnaire incomparable. (N.A. LaBrie, « Nos
ANNALES ont trente-cinq ans... », Annales de la
Propagation de la Foi, mars-avril 1959, p. 29) Cette
Renouveau
À la fin des années 1960, la société d’ici traverse une période de profonds changements avec la Révolution tranquille
et la sécularisation. Un vent de renouveau souffle sur
l’Église dans la foulée du Concile Vatican II. Les responsables de la Propagation de la Foi emboîtent le pas, s’interrogent sur l’avenir de la revue et envisagent certaines transformations. En premier lieu, un nouveau nom s’impose,
comme le souligne Mgr LaBrie en 1967 : Au début de
l’année nous demandions à nos lecteurs de nous suggérer un
nom nouveau. La raison en est que beaucoup n’aiment pas le
mot Annales. Des suggestions, nous en avons eues par dizaines
et centaines, ordinairement très heureuses. Nous remercions de
tout cœur ceux qui ont si bien répondu. Cependant la revue
continuera à porter le titre de « PROPAGATION DE LA FOI ». Pas question d’Annales.
On remarquera que nous-mêmes ne parlons
jamais d’annales mais de « revue », qui est un
nom générique de ce genre de publications. (Revue
de la Propagation de la Foi, septembre-octobre 1967, p. 143)
même année, 1924, voit naître l’édition
canadienne-française des Annales de la
Propagation de la Foi, qui prendra le
nom d’UNIVERS en 1971.
Trente-cinq années plus tard…
Lisons à nouveau les propos de Mgr
LaBrie, alors directeur de la Propagation de la Foi, qui publiait cette réflexion, à l’occasion du trente-cinquième anniversaire des Annales : Trente-cinq
ans n’est qu’un début dans une telle
œuvre et ce début est déjà tellement
beau ! Combien seront-ils à l’œuvre à la
fin du siècle ? Leur nombre continuera-t-il
à croître ? Oui, il le faut ; on y croit, car
la génération montante tourne également
ses yeux et son cœur vers un si captivant
héroïsme. Mais il faudra que ce même
héroïsme inspire ceux qui ne peuvent
partir, car ceux qui combattent ont besoin
d’être soutenus (idem, p. 31).
En 1971, la revue de l’Œuvre pontificale
de la propagation de la foi adopte le nom
d’UNIVERS. Le père Édouard Otis, o.f.m.,
alors coordinateur de la rédaction, expliquait ainsi cette nouvelle appellation : La
Revue de la Propagation de la Foi se donne
un nom. Pourquoi ? Afin de mieux signifier
la dimension universelle de l’Église, et en
particulier les préoccupations de notre Église
canadienne et l’entraide qu’elle apporte aux
autres Églises locales. (UNIVERS, janvier-février 1971,
liminaire, p. 3)
Mgr N.A. LaBrie a présidé la
direction nationale de l’Œuvre pontificale de la propagation de la foi de
1957 à 1967, tout en assumant aussi
la direction de la revue.
Aujourd’hui et demain
Entre la télévision, omniprésente, et
l’Internet, toujours plus accessible et utilisé,
UNIVERS continue de se frayer un chemin
dans le paysage médiatique. Si l’époque
de la diffusion massive est révolue, l’intérêt pour la presse missionnaire demeure
constant. Le nombre d’abonnées et abonnés n’est plus aussi élevé qu’autrefois. Par
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
5
contre, les témoignages d’appréciation et
d’attachement à la revue nous assurent de
la pertinence du plus ancien magazine
missionnaire du Canada francophone. Au
cours des âges, UNIVERS a suivi l’évolution de l’Église, du monde et de son lectorat. Le nouveau siècle s’annonce riche
en défis pour la mission au nom du
Seigneur, ici comme ailleurs : la revue
continuera à se faire le reflet de cette vie
qui bat au rythme de l’Évangile.
Les responsables de la revue
Une revue ne se réalise pas toute seule.
Elle est le résultat d’un travail dont on ne
réalise pas toujours l’ampleur. Toute une
équipe de personnes y contribue, le plus
souvent dans l’ombre. Et pour coordonner ce travail, il faut compter sur
quelqu’un qui saura, tel un capitaine,
mener le bateau à bon port. À l’occasion Premier numéro des Annales de la Première page couverture couleur, janvierfévrier 1967.
du 80e anniversaire de la revue, nous Propagation de la Foi, février 1924.
publions la liste des hommes et des
femmes qui en ont été responsables depuis le début. Une
façon de leur rendre hommage et de faire un clin d’œil à UNIVERS en évolution
Depuis ses débuts, la revue UNIVERS a connu divers
l’histoire.
changements, dictés par le souci de s’adapter aux goûts du
jour et de profiter des nouvelles technologies. Retraçons
Chanoine Jos. N. Gignac
brièvement les principales étapes de son évolution.
février 1924 – mars-avril 1939
Honorius Provost, ptre
mai-juin 1939 – juillet-août 1939
Mgr Adjutor Faucher
septembre-octobre 1939 – novembre-décembre 1942
Louis Bolduc, ptre
janvier-février 1943 – novembre-décembre 1944
Chanoine J.-A. Chamberland
janvier-février 1945 – mai-juin 1956 (décès)
Mgr N.-A. LaBrie
mai-juin 1957 – janvier-février 1968
Mgr Gilles Ouellet, p.m.é.
mars-avril 1968 – novembre-décembre 1970
Père Édouard Otis, o.f.m.
janvier-février 1971 – septembre-octobre 1972
Janvier-février 1941 : premier changement de format. La
revue s’agrandit, passant à 23,5 x 16,5 cm. Au même
moment, l’encre couleur fait son apparition, en page
couverture et pour les titres des articles. En 1948, la
publication s’étirera d’un petit centimètre en longueur,
passant à 24,5.
Septembre-octobre 1961 : le mot Annales est abandonné
pour désigner la revue qui porte désormais le seul titre
de Œuvre Pontificale de la Propagation de la Foi.
Françoise Noël
novembre-décembre 1972 – janvier-février 1973
Novembre-décembre 1964 : la revue change de format
(24,5 x 18,5 cm) et abrège son titre qui devient
Propagation de la foi.
Jean-Louis Brouillé
mars-avril 1973 – novembre-décembre 1980
Janvier-février 1967 : apparition de la page couverture et
de photographies en couleur.
Jean-Denis Tremblay
janvier-février 1981 – janvier-février 1984
Père Jean Paré, i.m.c.
janvier-février 1984 – novembre-décembre 1989
Huguette Le Blanc
février 1990 – juillet-août 2002
6
Février 1924 : Les Annales de la Propagation de la Foi
adoptent une forme pratiquement identique à celle des
Annales publiées à Lyon. Ses dimensions, 21 x 13 cm, et
ses 50 pages lui donnent davantage l’allure d’un petit
livre que d’une revue.
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
Janvier-février 1971 : la revue prend un nouveau nom,
UNIVERS, et un nouveau format (25 x 19,5 cm).
Septembre-octobre 1973 : le format d’UNIVERS passe
à 27 x 19 cm.
Janvier-février 1999 : la revue grandit légèrement pour
atteindre ses dimensions actuelles : 27,5 x 21 cm.
Québec
Oser
«
une nouvelle
aventure »
u n e e n t re v u e a v e c B e n o î t M u h i n d o M a t i r i , a . a . ,
e t G i o v a n n i To r re s G u t i é r re z , i . m . c . , p a r J e a n G ro u
L’UN EST COLOMBIEN, L’AUTRE
CONGOLAIS. TOUS DEUX PRÊTRES,
À gauche, le père Benoît Muhindo Matiri, a.a., en compagnie du
père Giovanni Torres Gutiérrez, i.m.c.
ILS RÉSIDENT DEPUIS QUELQUES
ANNÉES À
QUÉBEC
ET COLLABORENT
À DIVERS PROJETS PASTORAUX ET
MISSIONNAIRES.
COMME
ÉTRANGERS,
« DE
MISSION », COMMENT PERÇOIVENT-ILS
LEUR PRÉSENCE AU CANADA, QUI A
EN PROVENANCE DE PAYS DITS
FOURNI TANT DE MISSIONNAIRES À
L’AMÉRIQUE LATINE ET À L’AFRIQUE ?
QU’EST-CE
QUI LES A MARQUÉS
DEPUIS LEUR ARRIVÉE ?
QU’EST-CE QUE LEUR EXPÉRIENCE DIT
DE LA MISSION, SPÉCIALEMENT DE LA
MISSION AD GENTES ?1
F
évrier 2000, Giovanni Torres Gutiérrez, missionnaire de
la Consolata, s’installe à Sainte-Foy, dans la maison de
sa communauté. Son mandat : animation missionnaire
et promotion vocationnelle dans le diocèse de Québec. Il
connaît déjà la région, y ayant séjourné une quinzaine
d’années auparavant pour apprendre le français, en vue
d’un engagement au Congo. Sourire charmeur, taquin à
souhait, Giovanni resplendit de ses racines latino-américaines et s’anime lorsqu’il parle de sa Colombie natale.
Benoît Muhindo Matiri, de la République démocratique
du Congo, habite Québec depuis trois ans. Prêtre de la communauté des Assomptionnistes, il étudie en missiologie à
l’Université Laval pour l’obtention d’un doctorat. En
novembre 2002, le père Matiri remporte le prix JaricotBigard, décerné conjointement par Missio Canada, l’Œuvre
pontificale Saint-Pierre-Apôtre et l’Université Laval. Je suis
ici d’abord comme étudiant. Mais en tant que religieux, appelé et
consacré missionnaire, je suis amené aussi à participer à la vie de
Le père Matiri
collabore aux
activités du
Montmartre,
centre de ressourcement situé
à Québec,
arrondissement
Sillery.
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
7
La résidence de la communauté des Assomptionnistes, où loge le père Matiri, se trouve sur le terrain du Montmartre, en bordure du
fleuve Saint-Laurent (Québec).
l’Église locale. Je préside des eucharisties au Montmartre, je rencontre des communautés religieuses pour des journées de partage
et je suis membre du Comité missionnaire diocésain.
Une réalité encore jeune
Signe des temps : de plus en plus de missionnaires quittent
des régions dites « de mission » pour des pays qui, de tradition, envoient eux-mêmes des missionnaires. On l’a dit et
répété : la mission n’est plus à sens unique. Elle devient
davantage échange, coopération, collaboration, entraide.
Les pères Giovanni et Benoît représentent cette réalité relativement nouvelle de l’Église d’ici. J’avais pour mandat l’animation missionnaire et la promotion vocationnelle, mentionne
Giovanni Torres. Mais bientôt, j’ai vu la réalité des immigrants
latino-américains ici et j’ai commencé un travail de pastorale
avec eux : accueil, accompagnement des familles et insertion dans
l’Église locale. De plus, grâce au Comité missionnaire diocésain,
j’ai participé à des retraites missionnaires dans des paroisses, avec
une équipe d’animation.
En 80 années de publication, la revue UNIVERS a fait
paraître de nombreuses entrevues avec des missionnaires
du Canada. Ils et elles nous parlaient de leur expérience au
service du Seigneur à l’étranger. Cependant, les occasions de
présenter des hommes et des femmes venus de l’étranger en
mission chez nous ont été beaucoup plus rares. C’est
pourquoi nous avons tenu à rencontrer les pères Matiri et
Torres, pour connaître leur point de vue, à partir de leur
propre expérience.
Un tout autre visage de l’Église
En arrivant au Canada, Giovanni Torres n’en était pas à sa
première mission à l’étranger, ayant passé quelques années
8
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
au Congo. Ses premiers contacts avec l’Église d’ici lui ont
néanmoins causé un certain choc. En Amérique latine et au
Congo, beaucoup plus de gens participent aux célébrations :
enfants, adultes, anciens... Dans chaque village, l’eucharistie est
un événement. Ici, il y a moins de monde, peu de jeunes… Mais
le diocèse se préoccupe beaucoup de pastorale jeunesse et cela
commence à donner des fruits.
Benoît Matiri a ressenti la même impression en arrivant
ici. Avec le temps, et grâce aux études qu’il poursuit, son
regard s’est élargi. Au 19e siècle, des missionnaires partaient de
l’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord vers nos pays
africains. Ils voyageaient dans des contrées où il n’y avait
presque rien : il fallait tout commencer. Leur courage, leur soif
d’annoncer l’Évangile, de porter le flambeau du Christ sur un
autre continent sont admirables. Quand on arrive dans un pays
comme ici, terreau de tant de ferveur missionnaire, c’est l’étonnement. Cette Église, autrefois florissante et dynamique, semble
manquer d’énergie. Mais l’Esprit de Dieu ne souffle-t-il pas ? Si,
comme je le crois, l’Esprit est toujours à l’œuvre, de nouveaux
moyens, de nouvelles possibilités, de nouvelles avenues peuvent
s’ouvrir. Les premiers missionnaires en Afrique ont relevé le défi
de tout commencer. Nous, aujourd’hui, sommes confrontés à
celui où il faut tout refaire, autrement. Et c’est avec beaucoup de
joie que je participe à cette mission, peu importent les cheveux
blancs ou l’absence de jeunes aux célébrations.
Originalité, savoir-faire, expérience
Tout refaire, autrement… Est-ce à dire qu’ici, c’est le vide
total, que le chantier pastoral est désert ? Pas du tout, et nos
invités le savent bien. Il s’agit de nous intégrer dans le cheminement du diocèse, souligne le père Giovanni, de collaborer
aux projets déjà en place, tout en apportant notre originalité,
notre savoir-faire et notre expérience. Et Benoît Matiri de
renchérir : Dans une perspective ecclésiale, il faut voir ce qu’il est
possible de faire ensemble. Partout l’Église est en recherche. En
arrivant ici, nous nous engageons au sein d’une Église locale,
avec ses forces et ses faiblesses, avec ses aspirations profondes,
avec ce qui la fait vivre.
Les souhaits et intentions de nos deux missionnaires
sont clairs : participer à la vie de l’Église locale et s’intégrer
aux projets diocésains. Encore faut-il qu’on leur ouvre la
porte, qu’on leur accorde une place au soleil… Moi, j’ai été
très bien accueilli, particulièrement au sein du Comité missionnaire, se réjouit Giovanni Torres. À la première réunion, j’ai
dit : « Je vois que vous êtes des missionnaires parce que l’accueil
est extraordinaire ! » Le prêtre colombien reconnaît aussi
avoir reçu un très bon accueil dans les écoles, ce qui ne va
plus de soi au Québec.
Benoît Muhindo Matiri, pour sa part, n’a pas retrouvé ici
la spontanéité qui caractérise les rapports humains en
Afrique. Je trouvais les gens réservés et me disais que le climat
du pays expliquait peut-être leur manque de chaleur. Mais
progressivement, je découvrais que cette froideur n’était qu’apparence : intérieurement, les personnes sont aussi chaleureuses ici
qu’ailleurs. La confiance est parfois longue à gagner. Mais quand
elle s’installe, l’accueil peut être total et décisif. Il y a un fond
commun d’humanité : le cœur est souvent le même.
transmise par nos parents et jamais remise en question. Vivre ici
m’a amené à découvrir une foi plus personnelle : je dois d’abord
me situer face à Jésus Christ, prendre position pour moi-même,
par rapport à lui. Croire est ma décision et non celle de ma
famille ou d’une communauté. Ce qui n’enlève rien à la dimension communautaire, essentielle au christianisme.
Cette idée d’une foi personnelle, centrée sur le Christ,
interpelle le jeune prêtre congolais depuis son arrivée chez
nous. Le contexte culturel et ecclésial ambiant l’amène, en
effet, à se redéfinir comme croyant et comme prêtre. Partout
où je passerai désormais, admet-il, je me questionnerai sur ma
foi, sur ma façon de la vivre. L’Église en Afrique est jeune et le
prêtre est encore entouré d’un certain prestige. C’est comme si on
attendait tout de lui. Or, le rôle du prêtre n’est pas simplement
de proposer des choses mais aussi de chercher des voies, des
solutions avec toute la communauté. Je l’ai appris davantage ici
que dans mon pays. Ça rejoint la réalité de l’Église universelle :
travailler conjointement, collaborer, participer à une mission,
ensemble.
La « nouvelle » Mission ad gentes
Avant d’arriver au Québec, Giovanni avait séjourné au
Congo et Benoît en Tanzanie. Ainsi va la vie pour les missionnaires : vient le moment de lever l’ancre et de voguer
vers d’autres cieux. Pour l’instant cependant, rien ne le
laisse présager pour nos deux invités. Giovanni Torres
demeure à Sainte-Foy et poursuit ses engagements en
Patience et miséricorde de Dieu
Découvrir une culture différente, s’intégrer à une autre animation missionnaire et auprès de la communauté
société, participer à la vie d’une Église sœur, c’est une latino-américaine. Quant au père Matiri, il continue ses
occasion d’apprendre. Apprendre sur l’être humain, sur études à l’Université Laval, tout en participant à la vie
communautaire au Montsoi-même, sur Dieu… J’ai
martre. Tant qu’on a besoin
découvert la patience de
de moi, je resterai. Mais je
Dieu, confie le père Torres.
pourrais être appelé ailleurs,
Dieu nous prend tel que
pour d’autres responsabinous sommes et selon notre
lités. Parfois on est forcé de
rythme. Il accompagne nos
partir. Il ne faut pas s’accheminements. Et j’ai appris
crocher. C’est le risque de la
aussi à être patient. Je
mission : oser une nouvelle
croyais l’avoir appris au
aventure.
Congo mais j’ai vu qu’ici,
Le père Giovanni se
il faut savoir se montrer
réjouit de pouvoir contiencore plus patient. En
nuer à collaborer aux
Afrique, comme en Amédivers projets pastoraux
rique latine, la foi est
et communautaires de sa
spontanée, elle vient de soi,
région d’adoption. Au fur
contrairement à ici. J’ai
et à mesure que je m’intègre
compris de quelle façon
au travail du diocèse, je
Jésus Christ a souffert et
vois le grand besoin de misjusqu’à quel point il s’est
montré patient et miséri- La maison des Missionnaires de la Consolata, à Québec (arrondisse- sionnaires ici. Autrefois, le
Canada donnait beaucoup
cordieux envers tout le ment Sainte-Foy), où réside le père Giovanni Torres.
de missionnaires à l’Église
monde. « Il s’étonnait de
leur manque de foi », dit l’Évangile (Marc 6, 6). Moi aussi je m’en universelle. Aujourd’hui, c’est la région de Québec qui a besoin
étonne. Alors que tout nous parle de Dieu, comment peut-on le de missionnaires. C’est un juste retour. C’est ça la nouvelle
mission ad gentes.
refuser ?
Tout en acquiesçant, le père Matiri apporte des nuances :
Nous venons d’une culture de la foi et nous nous retrouvons dans 1. L’expression « mission ad gentes » désigne la mission de l’Église auprès des personnes ou
un monde où la foi se cherche. Nous portons une foi spontanée,
dans des régions qui n’ont encore jamais été évangélisées.
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
9
Reflets
de la vie
missionnaire
par Benoît Muhindo Matiri, a.a.,
É v a n g é l i n e P l a m o n d o n , m . i . c . , e t J e a n G ro u
re c h e rc h e : M é l a n i e Tre m b l a y
AU
COURS DE SES
80
ANNÉES D’EXISTENCE, LE MAGAZINE
FOIS ACTEURS ET TÉMOINS DE LA
MISSION
UNIVERS,
DE L’ÉGLISE, ICI ET AILLEURS.
CETTE RÉALITÉ EN PUISANT DANS LE MATÉRIEL PUBLIÉ TOUT AU LONG
Faire mémoire et faire le point
Faire mémoire à partir d’extraits d’articles publiés dans UNIVERS sera aussi
une façon d’interpeller chacun et chacune sur le présent de la Mission et de
réfléchir à son avenir. Pas question ici
de se complaire dans la nostalgie : il
s’agit bien plutôt de revenir sur 80 ans
de presse missionnaire et de se laisser
porter par le souffle qui anime la revue
depuis ses débuts.
Plus qu’un voyage dans le temps,
ce regard vers le passé permettra de
retracer quelque peu comment la
Mission actuelle s’est façonnée et orientée. Nous verrons que certaines
préoccupations, opinions, perceptions
et méthodes sont devenues désuètes,
généralement pour le plus grand bien !
Inversement, nous constaterons aussi
jusqu’à quel point le courant de fond
demeure le même à travers les années.
D’hier à aujourd’hui, les missionnaires
portent un ardent désir de faire connaître l’Évangile, de témoigner de
l’amour du Père, de bâtir un monde
plus juste et d’ouvrir le cœur de leurs
frères et sœurs à la transcendance. La
revue UNIVERS s’en fait l’écho depuis
sa fondation, en 1924, sous le nom
d’Annales de la Propagation de la Foi.
Des textes en parallèle
Afin d’offrir un panorama significatif
des 80 années de la revue, nous avons
utilisé, comme point de départ,
quelques documents officiels de
10
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
SES ARTISANS ET ARTISANES ONT ÉTÉ À LA
LES PAGES QUI SUIVENT VEULENT
DE L’HISTOIRE DE LA REVUE.
l’Église. De ces documents, nous avons
retenu divers passages-clés :
• qui présentent des notions essentielles;
• qui expriment des préoccupations
ecclésiales majeures ;
• qui proposent aux fidèles de nouvelles orientations ;
• qui indiquent des défis et enjeux
cruciaux pour la Mission.
Nous avons regroupé ces passagesclés en cinq grandes catégories :
1. les sources et fondements de la
Mission ;
2. les buts de la Mission ;
3. l’activité missionnaire de l’Église ;
4. les défis de la Mission ;
5. la spiritualité missionnaire.
Nous avons ensuite exploré les
archives des Annales de la Propagation
de la Foi et d’UNIVERS afin d’y repérer
des textes susceptibles d’être mis en
lien avec les passages-clés retenus
précédemment. Les pages qui suivent
mettent en parallèle les extraits des
documents de l’Église avec ceux trouvés dans la revue. Nous constatons
ainsi comment UNIVERS a su refléter
les thèmes, préoccupations, enjeux et
défis véhiculés par les sources officielles de l’Église catholique. Les pages
de la revue témoignent parfois des
échos, suites et retombées concrètes à
la suite de la publication d’une encyclique, d’une exhortation ou d’un
décret. Souvent, aussi, certaines idées
REFLÉTER
ou préoccupations apparaissent dans
les pages d’UNIVERS avant de faire
l’objet d’une publication officielle de
l’Église. C’est pourquoi certains extraits
de la revue datent d’avant les textes
avec lesquels ils sont mis en parallèle.
Les documents officiels
Nous avons retenu, parmi les documents officiels les plus récents, ceux
qui traitent explicitement de l’activité
missionnaire de l’Église. En voici la
liste, par ordre chronologique :
Ad Gentes :
• 7 décembre 1965 ;
• publié à la suite du Concile Vatican II;
• décret sur l’activité missionnaire de
l’Église.
Evangelii Nuntiandi :
• 8 décembre 1975 ;
• exhortation apostolique du pape
Paul VI sur l’évangélisation dans le
monde moderne à l’épiscopat, au
clergé et aux fidèles de toute l’Église.
Redemptoris Missio :
• 7 décembre 1990 ;
• encyclique du pape Jean-Paul II sur
la valeur permanente du précepte
missionnaire.
Novo Millennio Ineunte :
• 6 janvier 2001 ;
• lettre apostolique du pape JeanPaul II à l’épiscopat, au clergé et aux
fidèles, au terme du grand Jubilé de
l’an 2000.
Les sources et
fondements
de la Mission
De sa nature, l’Église, durant son pèlerinage sur terre,
est missionnaire, puisqu’elle-même tire son origine de
la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit,
selon le dessein de Dieu le Père.
Il a plu à Dieu d’appeler les hommes à participer à sa vie
non pas seulement de façon individuelle, sans aucun lien les uns
avec les autres, mais de les constituer en un peuple dans lequel
ses enfants, qui étaient dispersés, seraient rassemblés dans l’unité
(cf. Jn 11, 52).
Ad Gentes, no 2
Deux choses sont essentielles pour être
missionnaire : une vie religieuse intense et
l’amour du pauvre.
La foi naît de l’annonce et toute communauté ecclésiale tire son origine et sa vie de
la réponse personnelle de chaque fidèle à
cette annonce. De même que l’économie
du salut est centrée sur le Christ, de même
l’activité missionnaire tend à la proclamation de son mystère.
Redemptoris Missio, no 44
Chers amis et associés, en ce beau matin de
l’Ascension mil neuf cent quarante-cinq, où
nous nous réjouissons de la fin des hostilités en Europe, il
nous semble voir tous ces valeureux missionnaires, Évêques
en tête, les regards fixés sur Rome, attendre du Vicaire de
Jésus-Christ l’aide indispensable à l’accomplissement de
leur mission : prêcher l’évangile à toute créature… Oui, ils sont
prêts à reprendre leur tâche et à l’intensifier…
Mgr N.-A. LaBrie, c.j.m, «Chrétiens de saint Thomas en Inde», mai-juin 1967, p. 73.
Foi et prédication
Il n’est pas superflu de souligner […] la portée et la
nécessité de la prédication. « Comment croire sans
l’avoir entendu ? Et comment entendre sans prédicateur ? (...) Car la foi naît de la prédication et la prédication se
fait par la parole du Christ » (Romains 10, 14.17).
Evangelii Nuntiandi, no 42
De même que
l’économie du salut
est centrée sur le
Christ, de même
l’activité missionnaire tend à la
proclamation de
son mystère.
(Redemptoris Missio no 44)
MISSIO
J.-A. Chamberland, mai-juin 1945, p. 57.
La dernière recommandation de Notre Seigneur JésusChrist à ses disciples avait été cet ordre formel : Allez donc,
enseignez toutes les nations.
Jésus venait d’exprimer clairement qu’elle était la nature
de l’Église, représentée en cette circonstance, par les Apôtres.
Elle est envoyée, elle est missionnaire. En une autre occasion,
leur apparaissant après sa Résurrection, il leur avait dit :
Comme mon Père m’a envoyé, ainsi je vous envoie. Donc c’est
la mission qu’il a lui-même reçue du Père qu’il leur confie
en ce jour de son Ascension.
MISSIO
L’Église missionnaire
Rendre Dieu au monde,
apporter Dieu au monde,
voilà l’œuvre des missionnaires. Apporter au fond de la brousse, dans les
forêts jadis inconnues, dans les îles
jadis désertées, apporter la notion d’un
Dieu qui n’est pas un Dieu cruel,
vengeur, méchant, qui s’assoiffe de
sang et de haine, mais le Bon Dieu ;
mais le Dieu dont la loi suprême, dont
le pouvoir suprême est de pouvoir
pardonner sans fin ; le Dieu qui exige
de nous seulement, uniquement mais
totalement le devoir d’amour ; s’aimer,
s’entr’aider, voilà l’œuvre admirable
accomplie par les missionnaires dans
le monde, l’œuvre à laquelle, silencieux
et sublimes, ils se consacrent ces combattants trop méconnus, trop inconnus,
dont l’arme est une croix et les
batailles des actes de fraternité.
Raoul Follereau, « Des missionnaires dans le monde »,
mai-juin 1957, p. 81.
La catéchèse, si importante, si urgente
soit-elle pour la mission, n’est pas la
parole par excellence. Nous pensons
plus ou moins qu’il n’y a rien à faire
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
11
tant qu’on ne peut entreprendre un
exposé systématique du contenu de la
foi chrétienne. Or le principal c’est le
déclenchement du mouvement de foi,
c’est l’adhésion globale, encore obscure, à Jésus-Christ, à Dieu qui est et qui
donne son sens à notre vie.
Père Salün, cité par Julien Harvey, « Les chrétiens et la
mission en ’74’ », janvier-février 1974, p. 5.
On peut dire que l’Esprit Saint
est l’agent principal de l’évangélisation : c’est lui qui pousse chacun à
annoncer l’Évangile et c’est lui qui dans le
tréfonds des consciences fait accepter et
comprendre la Parole du salut.
Evangelii Nuntiandi, no 75
Raoul Follereau : s’aimer, s’entr’aider, voilà l’œuvre admirable accomplie par les
missionnaires dans le monde.
Réjouissez-vous ! Bénissez
notre Père céleste! Sa bonté
paternelle récompense vos apostoliques générosités… de manière à vous
faire peur ! Car le mouvement des conversions dans notre mission de QuiNhon est si puissant et rapide qu’il
dépasse totalement… et infiniment nos
prévisions… Le Saint-Esprit d’amour,
semble-t-il, commence à renouveler
chez nous sa fête de Pentecôte.
malades. Tandis que là-bas, j’étais l’infirmière, la sage-femme,
parfois le dentiste, la travailleuse sociale, la catéchiste, enfin tout.
En quittant, j’ai privé, malgré moi, toute une population du seul
service qu’elle avait. Elle ajoutait, deux choses sont essentielles
pour être missionnaire, même laïc : une vie religieuse intense et
l’amour du pauvre.
Jean-Paul Pelletier, « Que font-ils là ? », éditorial, mai-juin 1964, p. 57.
La rencontre du Christ
Mgr P.-M. Pham-Ngoc-Chi, « Deux lettres émouvantes
du Viêt-Nam », administrateur apostolique de QuiNhon (Viêt-Nam), mai-juin 1958, p. 74.
Celui qui a vraiment rencontré le Christ ne peut le
garder pour lui-même, il doit l’annoncer.
Novo Millennio Ineunte, no 40
La mission ne peut être comprise et fondée que dans la foi.
Redemptoris Missio, no 4
Une jeune infirmière a
travaillé pendant des mois
dans la jungle péruvienne. […] De
retour au pays, cette infirmière nous
faisait cette réflexion : quand je pense
que dans l’hôpital où je travaille, à
présent, au Canada, il y a des salles de
chirurgie, des pharmacies bien garnies, des
médecins en nombre et des infirmières
prêtes à répondre à tous les appels des
12
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
MISSIO
Mission et foi
L’Esprit Saint
est l’agent
principal de
l’évangélisation.
(Evangelii Nuntiandi no 75)
Depuis six mois, un travail d’évangélisation a
été fait, non par mes catéchistes, mais par nos
chrétiens de Madegole.1 Comme beaucoup de leurs parents
habitent ces villages, en les visitant ils se sont mis à les
évangéliser. Ils leur ont parlé du christianisme et des avantages qu’ils retireraient de leur conversion. Jusqu’ici, ils ont
toujours été comme un troupeau sans pasteur. Après leur
baptême, ils auraient un père pour les aimer et les conduire
et même, au besoin, pour les défendre. Ils feraient bloc avec
nous et, au milieu des persécutions des Hindous, il serait
plus aisé de résister à leurs injustices.
Lettre de Son Excellence Monseigneur Roussillon (évêque de Vizagapatam, Indes),
« Un beau coup de filet », septembre-octobre 1936, p. 197-198.
1. N.D.L.R. Indes
MISSIO
L’Esprit : agent principal
de la mission
Les buts
de la Mission
En effet, la mission renouvelle l’Église, renforce la foi
et l’identité chrétienne, donne un regain d’enthousiasme et des motivations nouvelles. La foi s’affermit
lorsqu’on la donne ! La nouvelle évangélisation des peuples chrétiens trouvera inspiration et soutien dans l’engagement pour la
mission universelle.
Redemptoris Missio no 2
La Propagande nous fait savoir que la détresse
s’étend à toutes les Missions. Soyons grandement heureux d’apporter notre part de soulagement à ces
misères. Dès les premiers jours de mars, par l’intermédiaire
de Son Excellence le Délégué Apostolique du Canada,
nous avons adressé 150 000 $ aux Missions, d’autres envois
suivront. Nous avons ainsi le bonheur de consoler le cœur
désolé du Christ, dans la personne vénérée de son représentant sur terre, le Souverain Pontife, d’aider le pauvre missionnaire à soutenir son œuvre d’évangélisation et d’encourager
le néophyte à persévérer dans son attachement à l’Église.
Sans doute que notre part de contribution ne peut suffire à
tous les besoins, mais nous avons la consolation d’offrir
quelques soulagements aux souffrances de nos frères.
MISSIO
Renouveler la foi
La foi s’affermit lorsqu’on la donne ! (Redemptoris Missio no 2)
Le Saint-Père n’a jamais laissé passer une occasion de louer les catholiques du Canada pour
la grande générosité dont ils ont toujours fait preuve envers
les missions, mais malheureusement, rares sont les pays où
les catholiques peuvent aider matériellement les missions
autant qu’ils le désireraient. Le Canada, pays prospère et
heureux, contracte à cause des bienfaits reçus, une dette
énorme de reconnaissance envers le Seigneur qui l’a tant
favorisé. À nous d’acquitter cette dette en mettant la main à
la roue pour aider l’Église à bien mener la barque au port.
Mgr N.-A. LaBrie, « L’esprit missionnaire et l’esprit catholique
sont une seule et même chose »,
éditorial, juillet-août 1957, p. 86.
Adjutor Faucher, « Le mot du Directeur », mars-avril 1943, p. 29.
Les jeunes Églises elles-mêmes, précisément « pour que
ce zèle missionnaire fleurisse chez les membres de leur
patrie », doivent « dès que possible, participer effectivement à la mission universelle de l’Église en envoyant elles aussi
des missionnaires pour annoncer l’Évangile par toute la terre,
même si elles souffrent d’une pénurie de clergé ».
Redemptoris Missio, no 62
Coopérer à la mission veut dire non seulement donner, mais
aussi savoir recevoir. Toutes les Églises particulières, jeunes et
anciennes, sont appelées à donner et à recevoir pour la mission
universelle, et aucune ne doit se refermer sur elle-même.
Redemptoris Missio, no 85
Toutes les Églises particulières,
jeunes et anciennes, sont appelées
à donner et à recevoir pour la
mission universelle, et aucune ne
doit se refermer sur elle-même.
(Redemptoris Missio, no 85)
MISSIO
Donner et recevoir
Arequipa, la deuxième ville du Pérou, en
importance, grandit à un
rythme vertigineux. Les
populations indigènes
des Andes – pressées par
la faim l’envahissent
vraiment. Elle compte
présentement 47 banlieues – plusieurs sans
eau potable et sans électricité – formant une
ceinture de misère… Ces
pauvres gens réclament
du travail, du pain, des
prêtres. – Il y a quelques
mois, j’assistais à l’érection d’une paroisse de
banlieue confiée à un
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
13
MISSIO
seul prêtre et qui compte plus de
40 000 habitants. Je fus particulièrement impressionné par la joie de ces
pauvres gens accueillant leur Pasteur.
C’est donc surtout auprès de ces
Sœurs, qui en Tanzanie-Rulenge, se
dépensaient jour et nuit pour les
malades et les orphelins, que j’ai
découvert ma vocation non seulement
religieuse mais aussi missionnaire. Je
les ai observées pensant six ans… Leur
témoignage d’amour gratuitement
donné pour libérer les pauvres m’a
servi d’un heureux exemple. À mon
tour, je me suis laissée séduire par
Jésus-Christ, me consacrant à Lui et à
sa Mission.
Je suis donc le fruit de la foi, de
l’amour et du zèle apostolique de plusieurs missionnaires que le Seigneur a
mis sur ma route !
Véronica Ndorimana, m.n.d.a, « Quand l’Afrique
évangélisée devient à son tour missionnaire », marsavril 1980, p. 8.
Les jeunes Églises des missions
participent déjà, et activement, à l’évangélisation d’autres pays, voire d’autres
continents. Ils le font à partir de leur
14
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
MISSIO
Ernest Carrier, s.s.s., «Arequipa, un an après», mars-avril
1968, p. 37.
pauvreté, à partir de leurs urgences, à partir de
leurs nécessités. Ils n’ont pas attendu d’avoir
réalisé toutes les étapes de leur implantation.
Ils ont encore besoin de missionnaires
étrangers et étrangères. Ils les laissent pour
évangéliser de larges groupes humains et des
régions étendues, dans les limites de leurs
propres démarcations diocésaines. Mais tout
en même temps, ils se lancent sur les chemins
de la mission, conscients de ce qu’a affirmé
Jean-Paul II avec tant de fermeté : La foi se
fortifie en se propageant.
Le peuple de
Dieu vivant et
visible en toute
communauté
chrétienne rend
témoignage au
Christ devant
toutes les nations.
Manuel de Unciti, « Le ’miracle’ de la tierce Église », mai-juin 1992, p. 5 (source :
Tercer Mundo, avril 1991).
Dans le passé, nous étions habitués à distinguer entre
une Église qui envoie des missionnaires et une Église qui
reçoit des missionnaires. L’affirmation de Vatican II, à savoir
que l’Église est par nature missionnaire, nous conduit à voir
autrement le mouvement missionnaire. Le peuple de Dieu
vivant et visible en toute communauté chrétienne, rend
témoignage au Christ devant toutes les nations et rayonne de
sa charité en tous lieux et auprès de ses propres membres
(AG 37).
Lorsqu’elle s’ouvre aux besoins des autres, une Église
locale est à la fois une Église qui envoie et qui reçoit. La collaboration et la réciprocité entre les Églises locales est
source d’enrichissement dans tous les secteurs de la vie
ecclésiale (RM, no 64). Les « Églises anciennes » partagent leur
force et leur expérience avec les jeunes Églises. Les « jeunes
Églises » partagent leur fraîcheur et leur dynamisme avec les
Églises anciennes (RM, no 62).
Mgr Gilles Cazabon, o.m.i., « Mission ad gentes », janvier-février 2002, p. 15.
MISSIO
Les jeunes Églises des missions participent déjà,
et activement, à l’évangélisation d’autres pays,
voire d’autres continents.
Coopérer à la mission veut dire non
seulement donner, mais aussi savoir
recevoir. (Redemptoris Missio, no 85)
L’activité missionnaire
de l’Église
Dans cette activité missionnaire
de l’Église, diverses situations se
présentent parfois mêlées les
unes aux autres : situation d’abord de début
ou de plantation, puis de nouveauté ou de
jeunesse. Quand tout cela est accompli,
l’action missionnaire de l’Église ne cesse
pas pour autant : le devoir incombe aux
Églises particulières déjà formées, de la
continuer et de prêcher l’Évangile à tous
ceux qui sont encore au dehors.
Ad Gentes, no 6
STANISLAS BRUCHWALSKI
Au delà des frontières
La communion avec l’Église universelle sera d’une certaine
manière consommée lorsque, elles aussi [les Églises particulières], elles participeront activement à l’action missionnaire
auprès d’autres nations.
Ad Gentes, no 20
Le frère Simon est confiant quant à l’avenir de
l’église malawite et quant à celui de l’Afrique
en général. Même en supposant que le pire arrive, dit-il, à savoir
que tous les missionnaires étrangers doivent partir ou ne soient
plus remplacés, je suis assuré que les Africains peuvent, désormais, assumer les destinées futures de leur église.
Jean-Louis Brouillé, «Au Malawi, missions vivantes», septembre-octobre 1977, p. 17.
Liberté, progrès, fraternité, paix
Le Christ, et l’Église qui rend témoignage à son sujet
par la prédication évangélique, transcendent tout
particularisme de race ou de nation, et par conséquent
ils ne peuvent jamais être considérés, ni lui ni elle, comme
étrangers nulle part ni à l’égard de qui que ce soit.
En toute vérité, dans l’histoire humaine, même au point de
vue temporel, l’Évangile fut un ferment de liberté et de progrès,
et il se présente toujours comme un ferment de fraternité, d’unité
et de paix.
Ad Gentes, no 8
En 1977, l’équipe mariste de Mtendere (Malawi). De
gauche à droite : Charles E. Tremblay, Léopold Duchesne,
frère Dumont, Bertrand Roy.
Le mouvement de conversion des émigrés
japonais n’a commencé qu’en 1926, et voici
comment : Une petite fille brésilienne qui fréquentait le
catéchisme de l’église demanda un jour si elle y pouvait
conduire des petits japonais non baptisés. Ayant eu une
réponse affirmative, l’enfant amena quatorze petits japonais,
filles et garçons. Peu après, ce premier groupe augmentait
considérablement. Après huit mois, environ, d’instructions
religieuses, ces petits savaient bien leur catéchisme et
demandaient le baptême. Le Révérend Père directeur du
catéchisme se rendit alors chez les parents des enfants,
desquels, d’ailleurs, il était bien connu, comme grand ami
de leurs petits, et il leur demanda la permission de les
baptiser. Tous les parents donnèrent leur consentement.
C’est ainsi que le 15 novembre 1926, le Vicaire Général de
l’archidiocèse de Sao-Paulo baptisa les premiers quarantehuit fils de Japonais. Le lendemain, ils firent tous leur
première communion à la grande édification des assistants.
« L’apostolat des émigrés japonais au Brésil », mars-avril 1934, p. 53-54.
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
15
Il faut se rappeler que l’Église
catholique n’a ni frontière, ni langue,
qu’Elle n’est étrangère à personne. Elle
a la mission d’enseigner la vérité. Elle
le fait par l’intermédiaire de ses missionnaires, nos mandataires qui,
comme saint Paul, doivent être Grecs
avec les Grecs, Juifs avec les Juifs, Gentils
avec les Gentils, et, selon la formule du
Père Vincent Lebbe Chinois avec les
Chinois. Lui, plusieurs de ceux qui l’ont
précédé et ceux qui l’ont suivi ont
compris cette nécessité et se sont mis
au diapason du peuple chinois pour
vivre du souffle de son âme et de ses
aspirations.
Jean-Paul Pelletier, « Les Chinois au Canada », janvierfévrier 1954, p. 18.
Tous et toutes missionnaires
Évangéliser est, en effet, la grâce et la vocation propre
de l’Église, son identité la plus profonde.
Evangelii Nuntiandi, no 14
En 1954,
Jean-Paul
Pelletier écrivait
que les missionnaires doivent
être Grecs avec
les Grecs, Juifs
avec les Juifs,
Gentils avec les
Gentils, et […]
Chinois avec
les Chinois.
De par notre baptême, nous sommes tous
appelés à être missionnaires. Du dehors ou
du dedans. Les missionnaires « du dehors » vont au loin
annoncer la Bonne Nouvelle du salut. Les missionnaires
« du dedans » restent ici et, par leur parole et surtout
par leur comportement, ils deviennent de merveilleux
évangélisateurs des gens avec qui ils vivent.
Jules Beaulac, ptre, « Le sel et le muguet », janvier-février 1989, p. 14.
Vie et prédication
MISSIO
En elle [la communauté chrétienne] la vie intime –
vie de prière, écoute de la Parole etde l’enseignement
des Apôtres, charité fraternelle vécue, pain partagé –
n’a tout son sens que lorsqu’elle devient témoignage, provoque
l’admiration et la conversion, se fait prédication et annonce de
la Bonne Nouvelle.
Evangelii Nuntiandi, no 15
Un rancho pour Dieu (un rancho para Dios) fut
le slogan que le groupe de missionnaires utilisèrent pour unir la communauté du barrio et diverses
stations de JovenMission de Valencia et de Caracas.
Pendant le mois d’août, du 15 au 31, le barrio fut « envahi
» par un groupe de quelque 90 missionnaires dont l’idée
était de construire une chapelle, soit le rancho pour
Dieu, non seulement dans le sens physique, mais surtout
dans son sens spirituel ; faire une chapelle de planches,
de carton, etc., tout comme
les ranchos du secteur, mais
aussi en même temps, faite
de personnes vivantes et
engagées.
José Ramon Munoz, « Un rancho pour
Dieu », janvier-février 1988, p. 11.
Roger Bédard :
Il faut nous
convaincre de
plus en plus
que l’avenir de la
Mission passe par
l’interculturel et
le dialogue
interreligieux.
16
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
Transformer le monde
Évangéliser, pour l’Église, c’est porter la Bonne
Nouvelle dans tous les milieux de l’humanité et, par
son impact, transformer du dedans, rendre neuve
l’humanité elle-même : « Voici que je fais l’univers nouveau ! ».
Mais il n’y a pas d’humanité nouvelle s’il n’y a pas d’abord
d’hommes nouveaux, de la nouveauté du baptême et de la vie
selon l’Évangile.
Evangelii Nuntiandi, no 18
La formation aux différents ministères était
également une de nos priorités. J’ai formé deux
personnes pour commenter la Parole de Dieu, les dimanches où nous nous rassemblons sans prêtres. D’autres
chrétiens/chrétiennes assurent d’autres ministères dans la
paroisse, tels les responsables de la liturgie pour enfants
(sans prêtres) ou encore les animateurs de la liturgie des
adultes, également sans prêtres.
Fernande Lacroix, s.m.n.d.a., « Femmes apôtres », janvier-février 1993, p. 27.
Évangéliser par le témoignage
Finalement, celui qui a été évangélisé évangélise à
son tour. C’est là le test de vérité, la pierre de touche
de l’évangélisation : il est impensable qu’un homme
ait accueilli la Parole et se soit donné au Règne sans devenir
quelqu’un qui témoigne et annonce à son tour.
Evangelii Nuntiandi, no 24
Pour les paysans qui voient le missionnaire se
dévouer aux pauvres et aux malades et pratiquer avec constance une vie morale supérieure, ces exemples sont la première des prédications, et la plus décisive.
Henri Pattyn, s.j., « Universités Catholiques en Chine », août 1930, p. 149.
Le nécessaire dialogue
Le dialogue n’est pas la conséquence d’une stratégie ou
d’un intérêt, mais c’est une activité qui a ses motivations, ses exigences et sa dignité propres : il est demandé
par le profond respect qu’on doit avoir envers tout ce que l’Esprit,
qui « souffle où il veut », a opéré en l’homme.
Redemptoris Missio, no 56
Il faut nous convaincre de plus en plus que
l’avenir de la Mission passe par l’interculturel
et le dialogue interreligieux. En d’autres mots, le missionnaire ne peut plus se présenter en terre étrangère avec ses
gros sabots, comme celui qui sait et à qui on doit obéir. Et
cette conversion est d’autant plus difficile à réaliser que les
gens vers qui va le missionnaire vivent, encore et souvent,
dans la mentalité que le produit étranger est meilleur que le
produit national.
Roger Bédard, ptre, «Congrès missionnaire canadien», novembre-décembre 2001, p. 4.
Les laïcs au cœur
de la mission
En 1957, trois
jeunes laïques
(Thérèse Charette,
Gilberte Lambert
et Élizabeth
Lapointe) de
l’Association
des Oblates
missionnaires de
l’Immaculée
partaient en
mission au Laos.
L’Évangile ne peut s’enfoncer
profondément dans les esprits,
dans la vie, dans le travail d’un peuple
sans la présence active des laïcs.
Ad Gentes, no 21
Le Concile Vatican II a confirmé cette
tradition, mettant en lumière le caractère
missionnaire de tout le Peuple de Dieu, en
particulier l’apostolat des laïcs, et soulignant la contribution spécifique que
ceux-ci sont appelés à apporter à l’activité
missionnaire.
Redemptoris Missio, no 71
Il y a eu dix ans, le 2 février dernier, Sa Sainteté
le Pape1, dans sa lettre PROVIDA
MATER ECCLESIA, promulguait des
constitutions apostoliques pour la
création d’Instituts séculiers qui
grouperont des laïques qui veulent se
livrer totalement au service de l’Église.
C’est dans ce but de servir l’Église qu’a
été fondée l’Association des Oblates
Missionnaires de l’Immaculée […].
L’Association n’a que cinq années
d’existence et pourtant elle compte au
delà de 500 membres répartis dans
55 maisons, dans 23 diocèses, et dans
sept pays, y compris le Laos. Mademoiselle Lambert nous confiait que
les demandes d’admission se font si
nombreuses qu’il faut freiner…
Jean-Paul Pelletier, « Trois missionnaires laïques
s’engagent sur la grande voie », mars-avril 1957, p. 36.
On parle beaucoup, n’est-ce pas,
d’Action Catholique. […] Nos bons
néophytes […] font de l’A.C. à la
manière dont monsieur Jourdain faisait de la prose, mais il la font, je crois,
comme elle doit être faite, […] vivant
intensément leur foi, avides de faire
partager leurs espérances et rayonnant
autour d’eux la charité.
Mrg André-Jean Vérineux, « Mon beau voyage à
Formose », janvier-février 1954, p. 11.
1. N.DL.R. Pie XII.
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
17
Les jeunes et la mission
L’envoi missionnaire et la
Montée des Jeunes constituent le temps fort de l’animation missionnaire dans le diocèse de Québec.
Son objectif ? En général, faire prendre
conscience aux chrétiens de l’Église de
Québec de leurs responsabilités missionnaires en regard du monde tout
entier. Mais, plus particulièrement, de
la solidarité qu’ils doivent afficher à
l’endroit des quelques (sic) 950 missionnaires originaires du diocèse de
Québec et qui, actuellement, sont répartis aux quatre coins du monde. Parmi
ces chrétiens, nous tenons à fournir aux
jeunes une occasion de s’impliquer
dans un projet collectif et missionnaire.
« À Donnacona… les jeunes étaient là », janvier-février
1976, p. 23.
MISSIO
Que les Églises locales utilisent
donc l’animation missionnaire
comme élément clé de leur pastorale courante dans les paroisses, les associations et les groupes, surtout de jeunes !
Redemptoris Missio, no 83
Force de frappe
La charité des œuvres donne une force incomparable
à la charité des mots.
Novo Millennio Ineunte, no 50
Si chaque jour apporte ses peines, il apporte
aussi ses consolations : la Bienheureuse Catherine semble prendre à cœur le dispensaire que nous venons
d’ouvrir à l’Ouest de la ville, à la demande réitérée d’un bon
missionnaire qui voudrait étendre le règne de Dieu et qui
pense que la charité est l’arme la plus utile, pour attaquer le
démon de l’égoïsme, qui domine la plupart des païens.
Sœur Marie, fille de la Charité, « Autour d’un dispensaire à Pékin », janvier-février
1936, p. 1.
D’un pas alerte
Au début de ce nouveau siècle, notre marche doit
être plus alerte en parcourant à nouveau les routes
du monde.
Novo Millennio Ineunte, no 58
Le Chef Harry Lafond rappelait récemment
aux évêques, réunis à Rome pour l’Assemblée
spéciale du Synode de l’Amérique, que L’Évangile de Jésus
Christ, malgré la grâce qu’il a apportée, n’a pas été intégralement annoncé aux Premières nations. À cause des liens souvent
inconscients de l’Église avec l’impérialisme européen, les peuples
autochtones ont beaucoup perdu au contact de la culture chrétienne aux niveaux de leurs langues, de leurs cultures, de leurs
traditions religieuses et de leur vie familiale.
Le nouveau millénaire fournit l’occasion pour la réconciliation, la guérison des blessures historiques, et un nouveau
cheminement. Le chemin vers le partenariat doit être tracé
par l’Évangile du Christ Vivant et marqué par une mutuelle
compréhension, un dialogue ouvert et une solidarité pour la
justice ».
Huguette Le Blanc, « Un même Esprit », éditorial, janvier-février 1998, p. 3.
18
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
Album de famille
POUR
REVIVRE UN PEU L’ÉPOPÉE D’UNIVERS À TRAVERS HUIT
DÉCENNIES, QUOI DE MIEUX QUE DE FEUILLETER L’« ALBUM PHOTO » ?
1941
1974
1987
Sœur Albertine, en 1941. (d’après RR. PP. Jésuites, « Chevalerie
conquérante », septembre-octobre 1941, p. 124-125).
Une Sœur vêtue du sari traditionnel et une
chrétienne de Mariampura, porteuse d’eau, qui tient
en équilibre sur la tête deux récipients superposés.
(R.P. E. Gathier, « Qu’est-ce que l’hindouisme ? », mars-avril 1954, p. 32)
Parmi les premières photographies couleurs parues
dans UNIVERS, celle-ci illustrait un article de Pierre
Schontz intitulé « Faut-il encore quêter pour les
missions ? » (mai-juin 1968, p. 67-70)
1998
En 1974, cette photo illustrait un article d’Edgard
Tremblay intitulé « Safaris d’un québecois (sic) au pays
d’amin (sic) ». (septembre-octobre 1974, p. 26-27)
« Le 150e anniversaire de présence des Frères
des Écoles chrétiennes au Canada » était le titre d’un
article signé Rodlophe Saint-Pierre, f.é.c., que cette
photo accompagnait. On y voit le frère Hilaire Fortin,
f.é.c., s’occupant d’un dispensaire, au Cameroun.
1954
(décembre 1987, p. 5-7)
Cette photo illustrait un article de Mgr Denis
Croteau, o.m.i. (« L’Église du diocèse de Mackenkie (sic) », janvier-février
1998, p. 20-22)
2002
Sœur Jacqueline David (à droite), rendant visite
à la famille de Fatima Lohro Himri. (Louis-Martin Lanthier,
« L’Algérie… aimer jusqu’au bout ! », juillet-août 2002, p. 23-26)
1968
2002
Mgr Pierre Blanchard, responsable de la pastorale
missionnaire du diocèse de Montréal (à droite), en
compagnie de l’abbé Emmanuel Lafont, alors directeur
national des Œuvres pontificales missionnaires de
France et aujourd’hui évêque du diocèse de Cayenne
(Guyane française). (Roger Bédard, « Congrès missionnaire canadien »,
novembre-décembre 2002, p. 4-6)
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
19
Au fil du temps
AU
COURS DE SES
SA
80
ANNÉES D’EXISTENCE,
PAGE COUVERTURE A
UNIVERS A CONNU DE NOM
TOUJOURS FAIT L’OBJET D’UNE ATTENTIO
QUI CONSTITUENT AUTANT DE TÉMOIGNAGES DU DÉSIR DE RENOUV
1945
1989
20
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
1947
1992
1963
1997
s, avec UNIVERS
OMBREUSES TRANSFORMATIONS : FORMAT, COULEUR, TYPE DE PAPIER, ETC.
TION TOUTE PARTICULIÈRE.
EN
FONT FOI CES QUELQUES EXEMPLES
UVEAU QUI A CONSTAMMENT HABITÉ SES ARTISANS ET ARTISANES.
1972
1974
1999
1983
2002
2003
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
21
Le « bagage missionnaire »,
d’hier à aujourd’hui
Et il [Jésus] les envoya proclamer le Royaume de Dieu
et faire des guérisons. Il leur dit :
« Ne prenez rien pour la route, ni bâton, ni besace,
ni pain, ni argent, n’ayez pas non plus
chacun deux tuniques » (Luc 9, 2-3)
QU’EST-CE
Des jeunes
adultes suivent
un stage missionnaire au Mexique,
dans le cadre du
programme
Agapê-Mission.
QU’UNE PERSONNE APPORTE AVEC ELLE AU
MOMENT DE PARTIR EN MISSION ?
VOICI DEUX LISTES
DÉCRIVANT LE « BAGAGE MISSIONNAIRE » : LA PREMIÈRE
PRÉPARÉE DANS LES ANNÉES TRENTE, LA SECONDE
UTILISÉE AUJOURD’HUI. AU MOMENT DE SOULIGNER
SON 80E ANNIVERSAIRE, UNIVERS VOUS OFFRE UN
REGARD COMPARATIF ENTRE DEUX ÉPOQUES1.
En février
1965, sœur
Marie Justine,
s.m.n.d.a., Mère
provinciale, en
compagnie de
sœur Marie des
Neiges, s.m.n.d.a.
(à gauche).
DANS LES ANNÉES TRENTE…
Sœur Rolande Michaud (alias sœur Cecilius), s.m.n.d.a.,
originaire de Lévis, a puisé dans ses souvenirs et dans des
notes personnelles pour reconstituer son matériel de départ
pour la mission. En 1938, elle quittait le Canada en bateau,
pour son noviciat à Birmandreis, Alger. À la suite de quoi,
elle s’est rendue en Kabylie (Algérie). Sœur Rolande précise
que la missionnaire devait partir avec un minimum de bagage !
Le tout accompagné d’enthousiasme, de courage et de joie, avec
le désir d’annoncer la Bonne Nouvelle.
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Poids maximum autorisé: 20 kilos, dans une malle en osier
Trousseau réduit au minimum, rien de superflu
Le livre des Constitutions de la congrégation
Un rosaire2
Une croix suspendue à un cordon rouge3
Un livre de spiritualité
L’Imitation de Jésus-Christ
Un stylo, quelques crayons, gomme à effacer, etc.
Le casque colonial (pour celles qui partaient en Afrique centrale)
Arrivée en mission, la missionnaire trouvait sur place ce qui
lui manquait…
22
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
… AUJOURD’HUI
Fondé en 1988, le Centre Agapê4 est un lieu de formation
pour les jeunes adultes de 18 à 35 ans qui désirent mieux
se connaître, approfondir leur foi et participer à une expérience concrète de vie chrétienne. Le programme AgapêMission comprend un séjour de trois mois au Mexique.
Avant leur départ, les participants et participantes reçoivent
une liste détaillée de matériel recommandé, dont nous
reproduisons des extraits.
Tenue vestimentaire
•
•
•
•
•
•
Sandales, espadrilles, bottes de pluie
Pantalons longs légers, chemises à manches courtes
1 jupe longue noire (pour les filles)
1 pantalon noir (pour les garçons)
1 ou 2 chandails chauds
• 1 maillot de bain
1 coupe-vent
• 1 ceinture-passeport
Hygiène et santé
•
•
•
•
Articles habituels de toilette
Crème solaire, baume pour les lèvres
Médicaments (analgésiques, immodium, polysporin)
Insecticide
Matériel scolaire
• Mini-dictionnaire français-espagnol
• Crayons, stylos, cahier à anneau, agenda
• Timbres, enveloppes, papier à lettre
Divers
• Réveil-matin
• Lampe de poche
• Lunettes de soleil
• Appareil-photo
Prière
• Livres (Bible, Prions en Église, biographies, etc.)
• Chapelet
Autres effets personnels
• Passeport
• Carte d’identité
• Carnet de santé
• Pesos mexicains
• Carte de crédit ou de guichet automatique
1. Merci à sœur Léonie Goulet, s.m.n.d.a., et à Réjean Bernier, directeur adjoint du Centre
Agapê, pour leur précieuse collaboration.
2. Le rosaire, caractéristique des Pères blancs et des Sœurs blanches, est un chapelet triple,
composé de 17 gros grains et 153 petits.
3. La couleur rouge signifiait que celle qui portait la croix était candidate au martyre…
4. Centre Agapê : 1333, 1ère Avenue, Québec (Québec) G1L 3L2. Téléphone : (418) 648-6737.
Courriel : [email protected]. Site Internet : www.centreagape.org.
Les défis
de la Mission
vous voit. Agissez toujours de manière à ce
qu’il soit content de vous. » Mon cœur de
prêtre, c’est d’abord ma mère qui me l’a
donné. Et j’affirme, aujourd’hui, devant
vous, que si j’étais mort sans le baptême
sacramenttel (sic) mais l’âme ainsi disposée par les enseignements maternels, je
suis moralement certain que notre Père à
tous m’aurait accueilli dans son Royaume.
Connaissance du milieu
Le Christ lui-même a scruté le cœur des hommes, et
les a amenés par un dialogue vraiment humain à la
lumière divine ; de même ses disciples, profondément
pénétrés de l’Esprit du Christ, doivent connaître les hommes au
milieu desquels ils vivent, engager conversation avec eux, afin
qu’eux aussi apprennent dans un dialogue sincère et patient,
quelles richesses Dieu, dans sa munificence, a dispensées aux
nations (…).
Ad Gentes, no 11
Le père Matthias
Murumba Nzorega.
Jean-Louis Brouillé, « Kivoga », propos du père Matthias Murumba Nzorega, janvier-février 1977, p. 21.
MISSIO
STANISLAS BRUCHWALSKI
Les Pères Blancs m’avaient suggéré de participer à un congrès de missiologie qui se tenait
à l’université de Louvain. Je m’y amène, moi pauvre prêtre
africain, en soutane, au milieu de ces doctes théologiens
européens. Je les écoute discourir. Ils parlent… ils parlent…
la discussion porte sur le thème Hors de l’Église point de salut!
Que j’en ai entendu, au cours de ces savants exposés des
subtilités théologiques ! Ma patience est à bout. Je me lève
et je dis au membres de
cette assemblée sélecte :
Moi qui suis prêtre aujourd’hui et qui suis venu du
centre de l’Afrique pour
associer votre église locale
à un projet de notre jeune
mais pauvre église, je suis
né en milieu païen. Donc,
je sais ce que c’est que
d’avoir grandi en milieu,
comme vous dites, païen.
Eh ! bien, je me dois de vous
Les disciples du Christ doivent
dire que vous le connaissez
connaître les hommes au milieu desquels
bien mal ce milieu. Ce
ils vivent, engager conversation avec
n’est pas vous qui m’avez
eux, afin qu’eux aussi apprennent dans
d’abord converti. C’est ma
un dialogue sincère et patient, quelles
mère « païenne » qui dès
richesses Dieu, dans sa munificence,
ma tendre enfance me dia dispensées aux nations.
sait : « Mon fils soyez sage.
(Ad Gentes, n 11)
Dieu vous entend, Dieu
o
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
23
Inculturation
Certes, à l’instar de l’économie de
l’Incarnation, les jeunes Églises
enracinées dans le Christ et
construites sur le fondement des Apôtres,
assument pour un merveilleux échange
toutes les richesses des nations qui ont été
données au Christ en héritage (cf. Ps. 2, 8).
Elles empruntent aux coutumes et aux
traditions de leurs peuples, à leur sagesse,
à leur science, à leurs arts, à leurs disciplines, tout ce qui peut contribuer à
confesser la gloire du Créateur, mettre en
lumière la grâce du Sauveur, et ordonner
comme il le faut la vie chrétienne.
Ad Gentes, no 22
On lit, dans la mythologie
japonaise, que les dieux
deviennent des hommes et que les
hommes deviennent des dieux… que
les hommes peuvent revêtir la forme
des animaux comme les animaux peuvent revêtir la forme des hommes, etc.
Pour l’Oriental, le monde est un tout continu, et chaque
être qui le compose participe en quelque façon à la vie du
tout. – On peut donc prévoir que la réalité du Corps
Mystique du Christ, qui fait voir dans son ensemble le salut
du monde, plaira à ces esprits sociaux beaucoup plus qu’à
notre mentalité individualiste.
René Groleau, o.p., « Au Japon. Les services religieux », janvier-février 1963, p. 11.
À ses deux bras sont attachées des plumes de grand
paradisier. Et là, au pied de l’autel, avant l’ordination
proprement dite, un guerrier papou en grand costume
traditionnel lui passe autour du cou un pendentif en forme
de cravate, fait de dents de chiens assemblées : c’est l’insigne des chefs, et c’est la première fois qu’on le remet ainsi
liturgiquement à un prêtre. Mais ce n’est pas tout : Peter
Miria reçoit ensuite des sorciers, coiffés de plumes de
casoars, tout l’attirail magique de leur fonction… bien
enfermé, cependant dans un petit sac. Et c’est muni de ces
signes inhabituels que le jeune homme est enfin ordonné
par Mgr Vangéké.
Jean Vogel, « J’ai vu ordonner prêtre un jeune Papou… avec l’accord des chefs
et des sorciers », mai-juin 1974, p. 24.
Paix, justice,
développement, libération
C’est pourquoi l’évangélisation comporte un message
explicite, adapté aux diverses situations, constamment
actualisé, sur les droits et les devoirs de toute personne humaine,
sur la vie familiale sans laquelle l’épanouissement personnel
n’est guère possible, sur la vie en commun dans la société, sur la
vie internationale, la paix, la justice, le développement ; un
message particulièrement vigoureux de nos jours sur la libération.
Evangelii Nuntiandi, no 29
Un nouveau millénaire s’approche à grands
pas… Ce qu’il sera dépend de nous. Le temps
est peut-être venu de prendre davantage au sérieux notre
baptême et d’annoncer par toute notre vie que Jésus Christ,
notre Espérance, est vivant à jamais.
Huguette Le Blanc, «Jubilez, peuples d’Évangile!», éditorial, janvier-février 2000, p. 3.
MISSIO
Les jeunes
Églises […]
assument pour
un merveilleux
échange toutes
les richesses des
nations qui ont
été données au
Christ en héritage.
24
(Ad Gentes, no 22)
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
Évangélisation et promotion humaine
Entre évangélisation et promotion humaine – développement, libération – il y a en effet des liens profonds.
[…] Comment en effet proclamer le commandement
nouveau sans promouvoir dans la justice et la paix la véritable,
l’authentique croissance de l’homme ? Nous avons tenu à le
signaler Nous-même en rappelant qu’il est impossible d’accepter
« que l’œuvre d’évangélisation puisse ou doive négliger les
questions extrêmement graves, tellement agitées aujourd’hui,
concernant la justice, la libération, le développement et la paix
dans le monde. » (Allocution pour l’ouverture de la troisième Assemblée
Il existe une forte tentation de nos jours : celle
de ne donner comme but à notre apostolat que
la seule promotion humaine, économique et sociale. Sans
doute, nous ne pouvons rester insensibles aux misères qui
affligent notre monde, particulièrement à la différence de
l’économique entre les peuples. De fait depuis toujours la
promotion chrétienne s’est accompagnée de promotion
sociale, culturelle et économique. Dès le début, on voit
Saint Paul demander des collectes pour le soulagement des
frères de Palestine. Partout et toujours les missionnaires ont
apporté, en même temps que la foi et l’espérance, cette
charité qui s’étend à tous les ordres de choses.
« Le sens missionnaire de Pâques », mars-avril 1968, p. 41.
ACDI
générale du Synode des Evêques (27 septembre 1974) : AAS 66 (1974), p. 562.)
Evangelii Nuntiandi, no 31
Les religions
non chrétiennes
portent en elles
l’écho de millénaires de
recherche de
Dieu […].
Elles ont appris
à des générations
de personnes
à prier.
(Evangelii Nuntiandi, no 53)
Dialogue inter-religieux
Elles [les religions non chrétiennes] portent en elles
l’écho de millénaires de recherche de Dieu, recherche
incomplète mais réalisée souvent avec sincérité et
droiture de cœur. Elles possèdent un patrimoine impressionnant de textes profondément religieux. Elles ont appris à des
générations de personnes à prier. Elles sont toutes parsemées
d’innombrables « semences du Verbe » et peuvent constituer une
authentique « préparation évangélique ».
(Eusèbe de Césarée, Praeparatio Evangelica, I, 1 : PG 21, 26-28 ; cf. Concile
œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen gentium, n.
16 : AAS 57 (1965), p. 20.)
Evangelii Nuntiandi, no 53
Les peuples d’Orient et d’Afrique ne sont pas
athées. Ils ne sont pas chrétiens dans l’ensemble,
ils professent des religions enrobées de légendes et de
superstitions, mais ils croient en la divinité, ils l’aiment et
la craignent, reconnaissent sa toute puissance, et la prient
avec confiance. Voyez les innombrables temples de l’Inde
et les monastères bouddhistes.
Intention missionnaire, septembre-octobre 1967, p. 145.
Depuis toujours
la promotion
chrétienne s’est
accompagnée de
promotion sociale,
culturelle et
économique.
En 1994, sœur
Monique Breton,
s.m.n.d.a., en
donnait une
preuve vivante
par ses interventions auprès de
familles africaines.
Les progrès de l’évangélisation chrétienne en Afrique au cours des cent
dernières années ont été prodigieux.
Des missionnaires de multiples
confessions et de multiples pays ont
envahi ce continent. Les uns avec plus
de tact que les autres. On n’a peut-être
pas assez tenu compte du travail de
l’Esprit dans les religions africaines
traditionnelles. Deux chrétiens un
prêtre et un pasteur, m’ont fait une
observation identique : Nos ancêtres,
dans leur simplicité, adoraient le vrai
Dieu. L’Évangile n’a fait qu’enrichir cette
foi de base.
Iréné Beaubien, s.j., « L’Afrique nous interpelle »,
mars-avril 1974, p. 13.
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
25
Nouvelles avenues
La mission ad gentes n’a pas de limites, en raison
du précepte universel du Christ. On peut néanmoins
distinguer différents domaines dans lesquels elle
s’accomplit, de manière à tracer le tableau réel de la situation.
POPOLI
(…)
Adaptation et créativité
Les Églises particulières, profondément amalgamées avec les
personnes mais aussi les aspirations, les richesses et limites, les façons de
prier, d’aimer, de considérer la vie et le
monde qui marquent tel ou tel ensemble
humain, ont le rôle d’assimiler l’essentiel
du message évangélique, de le transposer,
sans la moindre trahison de sa vérité
essentielle, dans le langage que ces hommes comprennent, puis de l’annoncer dans
ce langage. (cf. N.M.I. 40)
Evangelii Nuntiandi, no 63
De fait, l’Islam constitue
un défi, au sens étymologique du mot : ce qui provoque notre
foi et nous invite à en rendre compte,
à nous-mêmes d’abord, mais aussi à
tous ceux qui nous demandent raison de
l’espérance qui est en nous (2 Pi, 3-15).
Ainsi le monothéisme strict de l’Islam
nous renvoie à contre-point au mystère trinitaire pour en mesurer la profondeur et la richesse, mais aussi pour
nous mettre en garde contre une
présentation qui ne ferait pas droit à
l’unicité de Dieu.
Étienne Renaud, m.afr., « Les chercheurs de Dieu »,
novembre-décembre 1996, p. 20.
26
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
Avec la libéralisation de l’espace
médiatique africain,
les medias sont
redevenus des
moyens efficaces
de témoignage de
l’Évangile en
Afrique.
(Billy Knock, mars-avril 2000)
a) Les territoires
b) Mondes nouveaux et phénomènes sociaux nouveaux
c) Aires culturelles et aréopages modernes
Redemptoris Missio, no 37
Avec la libéralisation de l’espace médiatique
africain, les medias sont redevenus des moyens
efficaces de témoignage de l’Évangile en Afrique. […] Dans
de nombreux pays, l’État autorise les retransmissions de
célébrations à la télévision. Mais dans le but d’équité à
l’égard de toutes les communautés de foi, il hésite à y offrir
un espace de visibilité trop grande à l’Église. Dans les
sociétés africaines où la transmission orale est une des
caractéristiques de la culture, les radios privées ouvrent un
champ de réalisations et d’expressions libre au témoignage
de foi. […] Conscients de la complexité de la tâche, les
responsables de la communication sociale initient des
formations à l’utilisation des médias.
Billy Knock, « Évangéliser. Une vision africaine », mars-avril 2000, p. 15-16.
Respect des personnes
et des cultures
Les rapports de l’Église avec les autres religions sont
inspirés par un double respect : « Respect pour l’homme
dans sa quête de réponses aux questions les plus profondes de
sa vie, et respect pour l’action de l’Esprit dans l’homme »
Redemptoris Missio, no 29
(…) l’Église s’adresse à l’homme dans l’entier respect de sa
liberté : la mission ne restreint pas la liberté, mais elle la favorise.
L’Église propose, elle n’impose rien : elle respecte les personnes et
les cultures, et elle s’arrête devant l’autel de la conscience. À ceux
qui s’opposent, sous les prétextes les plus variés, à son activité
missionnaire, l’Église répète : Ouvrez les portes au Christ !
Redemptoris Missio, no 39
Situations
hostiles,
persécutions
Nous étions peut-être trop
habitués à penser aux martyrs d’une
manière un peu lointaine, comme s’il
s’agissait d’une catégorie du passé, liée
surtout aux premiers siècles de l’ère chrétienne. La mémoire jubilaire nous a ouvert
un spectacle surprenant, nous montrant
que notre temps est particulièrement riche
de témoins qui, d’une manière ou d’une
autre, ont su vivre l’Évangile dans des
situations d’hostilité et de persécution,
souvent jusqu’à donner le témoignage
suprême du sang.
Novo Millenio Ineuente, no 41
MISSIO
Le 14 mai 1936, trois ou
quatre cents soldats se
présentent devant la Mission de
Wassera1, où se trouvaient le R.P.
Notre temps est
Adalbert et le Frère Benoît. […]Le Père
particulièrement
Adalbert s’enferme chez lui ; le Frère
riche de témoins qui
Benoît avec sept enfants se réfugie
[…] ont su vivre
dans l’église où les soldats les pourl’Évangile dans des
suivent. […] Le Père Adalbert en
situations d’hostilité
entendant les cris et les coups de feu
et de persécution,
sort de sa chambre. Il fait signe qu’il
souvent jusqu’à
veut parler aux assaillants. Ceux-ci
donner le
s’arrêtent et paraissent vouloir l’écoutémoignage
ter ; mais à ce moment les misérables
suprême du sang.
qui viennent d’abattre le Frère Benoît,
(Novo Millenio Ineuente, n 41)
sortent de l’église et voyant le Père
Adalbert font feu sur
lui. Une première balle
lui brise la cuisse et le
Père tombe dans l’intérieur de sa chambre ;
une seconde balle l’atteint au cœur. […]
Heureusement le Frère
Benoît n’était pas mort.
Claude Champagne, o.m.i., « La mission de l’Église aujourd’hui », juillet-août
1990, p. 10.
Depuis le début de l’évangélisation, la réponse des Autochtones a été une réponse vraiment théologique. Même si
cette réponse n’a pas encore produit une Église et une
théologie vraiment autochtones, elle continue à former la
base d’une rencontre intime entre la mystique ancestrale
des Autochtones et la figure du Christ qui se trouve au
centre de la révélation chrétienne. Il n’est donc pas surprenant de constater que le dialogue naissant entre la religion
autochtone traditionnelle et le christianisme se concentre
de plus en plus sur la possibilité et les limites de l’inculturation de l’Évangile en milieu autochtone.
Achiel Peelman, o.m.i., « Les religions traditionnelles », janvier-février 1998, p. 25.
o
« Le massacre d’un missionnaire
canadien », novembre-décembre
1936, p. 246-247.
MISSIO
Certes, des missionnaires entrent encore en
contact avec des populations de religions
traditionnelles, comme en Afrique. Mais la manière de
réaliser la proclamation de l’Évangile a changé. Ces populations sont souvent entourées de musulmans. Les missionnaires d’aujourd’hui portent la préoccupation d’entrer
en relation positive, en dialogue, avec ces groupes, ce qui
n’était pas le cas autrefois. On remarque également un autre
élément nouveau : le respect des valeurs des gens, leurs
droits, leur dignité. On perçoit l’Évangile davantage comme
un accomplissement que comme une rupture.
UNIVERS 1. N.D.L.R. Abyssinie (Afrique).
SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
27
La spiritualité
missionnaire
VIVANT UNIVERS
Sur la vie religieuse
– Ce précepte était nécessaire au commencement, afin de peupler la terre,
mais Dieu a fait cesser l’obligation
avec la nécessité.
– Chez les Arabes, on trouve bon que
toutes les filles se marient.
– Chez les chrétiens, elles sont libres,
et l’on trouve bon que les unes se
marient et les autres non. Écoute,
Sidi. Un jour, j’ai dit dans mon
cœur. Il y a beaucoup d’orphelins
qui n’ont ni père ni mère pour les
élever, beaucoup de vieillards qui
n’ont point d’enfants pour les
soutenir, beaucoup de malades
dont personne ne panse les plaies,
beaucoup d’affligés dont personne
ne console les douleurs. Est-ce vrai
cela ?
– Oui, dit-il avec un soupir, il y en a
beaucoup qui pleurent sur la terre ;
alors qu’as-tu fait ?
– Alors, j’ai dit : Je ne me marierai pas
et je n’aurai pas d’autre famille que
la grande famille de ceux qui souffrent. Je serai la mère des orphelins,
la fille des vieillards abandonnés. Je
soignerai les malades, je consolerai
les malheureux.
Dès la période de l’implantation de l’Église, on doit
prendre soin d’introduire la vie religieuse : non seulement elle apporte une aide précieuse et absolument
nécessaire à l’activité missionnaire, mais par la consécration plus
intime faite à Dieu dans l’Église, elle manifeste aussi avec éclat
et fait comprendre la nature intime de la vocation chrétienne.
Ad Gentes, no 18
MISSIO
Deux religieuses de la Congrégation des Sœurs
Blanches voyageaient en Algérie dans la même
voiture publique que deux musulmans.
[…] l’un des disciples de Mahomet, s’adressant à une des
religieuses : […] je voudrais que tu m’expliques une chose :
les maraboutes comme vous ne se marient pas ; elle croient
donc penser mieux que Dieu, qui, au commencement, a
dit : « Marie-toi ».
En 1998, Mgr Raymond
Roussin écrivait : Nous savons,
grâce à nos diverses expériences
humaines, ce que signifie entrer
en relation, mais être en relation
avec le Christ, avec Dieu,
nous touchera beaucoup plus
profondément que toutes les
autres relations.
« La Religieuse et le Musulman », mai-juin 1936,
p. 113-114.
Les vocations sacerdotales et religieuses abondent dans les familles
qui pratiquent une vie chrétienne
admirable ; le nombre des enfants est
très considérable : sept par famille, en
moyenne, et il n’est point rare de rencontrer des familles où il y a trois ou
quatre enfants consacrés ou qui se
consacreront au service de Dieu.
Gabriel Garant, « Progrès et difficultés de l’Église du
Viêt-Nam », septembre-octobre 1958, p. 121.
28
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
MISSIO
Par une vie
véritablement
évangélique,
par une grande
constance, par la
longanimité, par
la douceur, par
une charité sans
feinte, […]
il [le disciple] doit
rendre témoignage
à son Seigneur.
(Ad Gentes, no 24)
Une vie selon l’Évangile
Par une vie véritablement évangélique, par une grande
constance, par la longanimité, par la douceur, par une
charité sans feinte (cf. 2 Cor. 6, 4 s.), il [le disciple] doit
rendre témoignage à son Seigneur et même, si c’est nécessaire,
jusqu’à l’effusion du sang.
Ad Gentes, no 24
Dans quelques semaines, Sœur Evelyn quittera
à nouveau le Québec pour sa terre d’adoption
en vue de continuer son apostolat auprès de la population
japonaise, plus particulièrement parmi ses chères élèves qui
lui sont bien attachées. Elle entend bien poursuivre encore
longtemps son enseignement musical. Si un jour elle devenait écrasée par le poids de la fatigue et des ans, arrivée au
crépuscule de sa vie, elle prêtera encore secours aux jeunes
qui ambitionnent d’assurer la relève religieuse, elle s’adonnera à la visite des familles pauvres, au travail pastoral en
paroisse jusqu’au jour où, à l’instar de sa bienheureuse
fondatrice, Marie Rivier, debout face à la fenêtre qui ouvre
sur l’horizon, elle entendra l’ultime appel du Seigneur
qu’elle aura servi sa vie entière avec tant d’amour et de
dévouement.
En Bolivie, nous informe
Simone Huneault, il y a 6
Oblates boliviennes qu’accompagnent 3 Oblates canadiennes. Pendant
que Jeannine Gélinas s’occupe de
jeunes filles dans un pensionnat,
Doris Trépanier et moi, vivons depuis
quelques années, une expérience merveilleuse de « Communautés chrétiennes de base ». Voici comment nous
procédons. Ça commence par une
invitation lancée à tous les chrétiens
de la paroisse pour assister à un cours
d’initiation à la Bible. Les intéressés
connus, nous les regroupons par 4
ou 5 familles en petites communautés
qui se réunissent pour étudier la Parole
de Dieu, pour prier ensemble, pour
échanger sur leurs problèmes familiaux et sociaux. Personne n’est exclu
dans le Peuple de Dieu… tous peuvent
y participer : hommes, femmes, jeunes,
enfants. Car enfin, ce n’est pas nous
mais bien la parole de Dieu qui les
convoque, qui les réunit, les transforme et qui suscite des engagements
concrets dans leur milieu. Notre objectif ? Les amener à se convertir à JésusChrist par l’amour, et le partage.
«Qui dit oblate dit ’universelle’» , mai-juin 1977, p. 13.
Vincent Brousseau, « Seigneur, donne-moi à boire ! », entrevue avec sœur Evelyn
Westman, s.p.m., juin 1991, p. 25.
Ceux qui accueillent avec sincérité la Bonne Nouvelle,
par la force de cet accueil et de la foi partagée, se
réunissent donc au Nom de Jésus pour chercher
ensemble le Règne, le construire, le vivre. Ils constituent une communauté qui est à son tour évangélisatrice.
Evangelii Nuntiandi, no 13
MISSIO
La foi accueillie et partagée
Personne n’est exclu dans le Peuple de Dieu… tous peuvent y
participer : hommes, femmes, jeunes, enfants.
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
29
part entière… ces missionnaires demandent qu’à l’avenir
nous les considérions comme les membres d’une même famille
comprenant eux et nous…
Mgr G. J. Deschamps, s.m.m., L’annonce de l’Évangile chez les Papous, mai-juin
1971, p. 11.
Refléter le visage du Christ
Sœur Mariette Millot, s.a.s.v. : Les petits, les pauvres, les humbles ne sont-ils pas nos maîtres les plus compétents ? (1990)
Le témoignage :
première forme
de la mission
L’homme contemporain croit plus
les témoins que les maîtres, l’expérience
que la doctrine, la vie et les faits que les
théories. Première forme de la mission, le
témoignage de la vie chrétienne est aussi
irremplaçable. Le Christ, dont nous continuons la mission, est le « témoin » par
excellence (cf. Ap 1, 5 ; 3, 14) et le modèle du
témoignage chrétien. L’Esprit Saint
accompagne l’Église dans son cheminement et l’associe au témoignage qu’Il rend
au Christ (cf. Jn 15, 26-27).
Redemptoris Missio, no 42
Un jour de 1966, trois villages ont décidé de se
joindre à l’Église catholique. Je leur dis
un mot d’accueil d’une dizaine de
minutes. À ma grande surprise, mon
interprète papou traduit mon discours
en une minute… il n’a choisi que le
dernier point, celui qui l’intéresse particulièrement et celui qui exprime le
principal motif de leur décision de se
joindre à l’Église : L’Église catholique,
dit-il, c’est une famille ; les missionnaires
sont nos frères et nos sœurs, ils nous
accueillent chez eux comme leurs frères à
30
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
MISSIO
On ne peut témoigner du Christ sans refléter son
image, qui est rendue vivante en nous par la grâce et
par l’action de l’Esprit.
Redemptoris Missio, no 87
Être Évangile implique que je sois imprégné
de la personne même de Jésus Christ, de son
message, de sa vie… de son ÊTRE. Nous savons, grâce à nos
diverses expériences humaines, ce que signifie entrer en
relation, mais être en relation avec le Christ, avec Dieu,
nous touchera beaucoup plus profondément que toutes les
autres relations. Nous deviendrons « divin » (sic), tout en
restant nous-mêmes. Nous serons transformés en un être
nouveau si nous acceptons de devenir ses disciples.
Mgr Raymond Roussin, « Sois Évangile », mars-avril 1998, p. 6.
Tout à tous
C’est à cela que tend la spiritualité du missionnaire :
« Je me suis fait faible avec les faibles… Je me suis
fait tout à tous, afin d’en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout
cela, je le fais à cause de l’Évangile… » (1 Co 9, 22-23).
Redemptoris Missio, no 88
Les Petites Sœurs de Jésus n’ont qu’un but –
c’est de donner l’exemple d’une vie chrétienne
authentiquement vécue, dans le monde Elles vont s’installer où elles croient pouvoir faire du bien, elle sont arabes
au milieu des arabes, nomades au milieu des nomades, ouvrières
au milieu des ouvriers, juives au milieu des juifs et avant tout,
humaines au milieu des humains. Cet idéal n’est pas nouveau,
c’est celui de saint Paul, Juif aves les Juifs, et c’est surtout
celui du Christ, Homme parmi les hommes, vivant la vie commune et ordinaire des gens de sa bourgade et de son pays.
Georges Arteau, « Enterrées sans cercueil comme les plus pauvres des Musulmans !... », mars-avril 1950, p. 54.
J’ai vu, j’ai entendu, j’ai laissé mon cœur devenir solidaire
à leur contact. Les petits, les pauvres, les humbles ne sontils pas nos maîtres les plus compétents ? Je les remercie en
les portant auprès de Dieu…, ou plutôt en me laissant porter
par eux !
Mariette Millot, s.a.s.v., « Brésil : pays de misère, pays de lutte, pays de foi », avril
1990, p. 30.
Le missionnaire est l’homme de la charité : pour pouvoir annoncer à chacun de ses frères qu’il est aimé de
Dieu et qu’il peut lui-même aimer, il doit faire preuve
de charité envers tous, dépensant sa vie pour son prochain. Le
missionnaire est le « frère universel », il porte en lui l’esprit de
l’Église, son ouverture et son intérêt envers tous les peuples et tous
les hommes, spécialement les plus petits et les plus pauvres.
Redemptoris Missio, no 89
Édouard Meilleur, o.m.i., « Missions de la Baie James. Une tournée d’hiver »,
juin 1924, p. 109-110.
Contemplatif en action
Le missionnaire doit être « un contemplatif en action ».
La réponse aux problèmes, il la trouve à la lumière
de la parole divine et dans la prière personnelle et
communautaire. (…) Le missionnaire, s’il n’est pas un contemplatif, ne peut annoncer le Christ d’une manière crédible ; il est
témoin de l’expérience de Dieu et doit pouvoir dire comme les
Apôtres : « Ce que nous avons contemplé..., le Verbe de vie...,
nous vous l’annonçons » (1 Jn 1, 1-3).
Redemptoris Missio, no 91
Le missionnaire doit être « un contemplatif en action ».
(Redemptoris Missio, no 91)
En Afrique, l’Assomption1
découvrait plus profondément le sens de sa vocation contemplative propre. Au contact des populations africaines qui ont si fort le
sens de l’homme et de la communion
silencieuse d’amitié, les Sœurs comprenaient d’une manière nouvelle le
silence de leur relation à Dieu, le témoignage que peuvent constituer des
heures de prière silencieuse passées
près de Quelqu’un parce qu’on L’aime.
En même temps, devant la transparence et la vérité de ces hommes,
de ces femmes, de ces jeunes qui s’offraient si simplement au contact et à
l’amitié, elles découvraient mieux le
sens de cette Présence vivante du
Christ, cette Présence d’attente qu’affirmait leur Fondactrice.
MISSIO
[…] le sommeil nous gagne. Une fois la prière
terminée, chacun s’enveloppe dans sa couverture. Le sac de linge servira d’oreiller. C’est ainsi que sous la
tente, en pleine neige recouverte de quelques branches,
l’Oblat, Missionnaire du Bon Dieu, reposera ses membres
fatigués.
Mon petit Indien est à peine couché qu’il
dort, en ronflant. Quant à moi, mon âme
s’élève encore vers Dieu par la prière. Je pense
aux chères âmes vers lesquelles je m’en vais.
Oui, c’est uniquement pour Dieu et pour le
salut des âmes crées (sic) à sa ressemblance
que le Missionnaire voyage au milieu de toutes
les difficultés. Ma pensée s’envole aussi vers
vous, ô gens qui vivez dans la civilisation et
qui, parfois, craignez de souffrir quelque
incommodité en vue de l’extension du règne
de Dieu ; – vers vous, qui vous vous payez,
peut-être, le confort d’une vie facile. Je pense
enfin à mes bien-aimés confrères dans le sacerdoce, à mes Frères en religion, à mes bons parents, à mon cher Scolasticat d’Ottawa. Mes
yeux même se mouillent de larmes, au souvenir si ému mais réconfortant de l’Alma
Mater. Encore un moment, je me prépare à la
sainte Messe – que je célébrerai sous la tente, demain. Et,
m’en remettant une dernière fois à la divine Providence,
je me livre au sommeil…
MISSIO
La charité d’abord
Oui, c’est
uniquement pour
Dieu et pour le
salut des âmes
crées (sic) à sa
ressemblance que
le Missionnaire
voyage au milieu
de toutes les
difficultés.
(Édouard Meilleur, o.m.i., 1924)
Anne de Viron, r.a., « Marie-Eugénie Millet fondatrice,
missionnaire, bienheureuse », juillet-août 1974, p. 26.
En contemplant l’action de Jésus, il
apparaît clairement que la proclamation de l’Évangile ne suit pas seulement le sentier spirituel et d’autre part
qu’on ne peut pas libérer l’homme
spirituellement si on ne libère pas
aussi humainement. Nous missionnaires, nous ne prétendons pas que le
gouvernement éthiopien partage notre
foi, mais nous pouvons démontrer, par
notre engagement dans le domaine
social et pour le développement, les
effets humanisants de cette foi.
John Bonzanino, i.m.c., «Le testament d’un prophète»,
mars-avril 1984, p. 21.
1. N.D.L.R. Communauté
l’Assomption.
UNIVERS religieuse
des
Sœurs
de
SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
31
Laïcs et
missionnaires
Yves Bédard et Martine Sansfaçon,
en compagnie de leurs deux filles,
Geneviève et Anne-Marie.
AU
COURS DES DERNIÈRES DÉCENNIES, LA REVUE
UNIVERS A ÉTÉ TÉMOIN DE L’ÉMERGENCE ET DE LA CROISSANCE
DU LAÏCAT MISSIONNAIRE. DES HOMMES ET DES FEMMES « ORDINAIRES » ONT RÉPONDU À L’APPEL DE SERVIR LA
MISSION DU SEIGNEUR AU-DELÀ DE NOS FRONTIÈRES. POUR RENDRE COMPTE DE CETTE RÉALITÉ, NOUS AVONS
RENCONTRÉ UN COUPLE QUI A VÉCU UNE TELLE EXPÉRIENCE AU BRÉSIL.
u n e e n t re v u e a v e c Yv e s B é d a rd e t M a r t i n e S a n s f a ç o n , p a r J e a n G ro u
« Nous voudrions voir la sœur »
Dans les premiers temps suivant notre arrivée, des gens viennent
frapper à notre porte : « Nous voudrions voir la sœur ». Je leur
désigne donc la résidence des religieuses, juste à côté. Mais ils
répliquent : « Non ! Nous cherchons la sœur qui joue de la guitare ! » La « sœur-qui-joue-de-la-guitare », c’était bien elle,
Martine Sansfaçon, qui raconte, en riant, cette anecdote.
Nouvelle mariée, future maman, elle ne s’était pas reconnue
comme la « sœur » recherchée. Avec son époux, elle venait
d’être présentée à la communauté comme missionnaire,
venue s’installer pour un temps en Amazonie. Leur
présence, il est vrai, avait de quoi déboussoler le milieu. Les
32
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
gens ont eu du mal à admettre que nous étions missionnaires
sans être prêtre, religieux ou religieuse, se rappelle Martine.
Nous avions beau leur expliquer, ils continuaient de nous appeler « père » et « sœur ». Ils disaient : j’aime t’appeler padre (père),
j’aime t’appeler irmã, (sœur).
Yves Bédard et Martine Sansfaçon n’étaient pourtant pas
les premiers laïcs à quitter leur pays pour servir le peuple de
Dieu à l’étranger (voir Jean-Paul Pelletier, Trois missionnaires laïques s’engagent sur la grande voie, UNIVERS, mars-avril 1957, p. 36-37). Mais au début
des années 1990, dans ce coin de l’Amazonie où ils
venaient d’atterrir, ils incarnaient une nouvelle réalité. Au
même moment, d’autres chrétiens et chrétiennes laïques,
ailleurs dans le monde, s’engageaient pour la mission.
D’autres les ont suivis. Le désir de vivre une expérience
d’entraide au nom de l’Évangile déborde de plus en plus
des réseaux traditionnels.
Au cœur de l’Amazonie
De 1992 à 1995, Martine et Yves ont séjourné en Amazonie,
au Brésil, grâce à une initiative de la Société des MissionsÉtrangères. Se joignant à une équipe de six personnes,
composée de prêtres et de laïcs, ils allaient implanter un
nouveau projet dans la prélature de Coari. Le groupe allait
apporter son soutien aux activités pastorales dans diverses
communautés, le long du fleuve Amazone. Martine et moi
avons travaillé à deux endroits, souligne Yves : Manaca Puru,
une ville de taille moyenne, et Anori, plus petite. Manaca Puru
compte environ quatre-vingts communautés en milieu rural et
une dizaine en milieu urbain. Comme il y a peu de prêtres en
Amazonie, des volontaires sur place prennent la communauté en
charge. Notre équipe de pastorale passait une à deux fois par
diocèse de Québec, Yves s’occupe des questions missionnaires, sociales et interculturelles. Martine est engagée, entre
autre, à Rose du Nord, regroupement de défense des droits
des femmes. Elle s’occupe aussi, en paroisse, de l’éveil de la
foi des enfants.
Bien enraciné à Québec, le couple aurait très bien pu y
demeurer pour vivre en chrétienne et chrétien engagés au
cœur de la société d’ici. Or, peu après le mariage et avant la
venue du premier enfant, il a plutôt choisi de partir. Ma soif
de justice, alliée à ma foi en Jésus Christ, ont été déterminantes,
précise Martine. Il fallait améliorer les conditions de vie des
gens, valoriser ce qu’ils faisaient. J’étais déjà active dans ma
communauté chrétienne. Mais les appels à la solidarité venant de
l’étranger sont devenus de plus en plus pressants. Yves se reconnaît dans ces propos, compte tenu de son passé dans les
mouvements sociaux et humanitaires. Pendant plusieurs
années, j’étais animateur en scoutisme. Puis j’ai collaboré à
Amnistie Internationale et à Développement et Paix, où Martine
et moi avons d’ailleurs fait connaissance. À force de promouvoir
Martine Sansfaçon, au centre, participe à une manifestation organisée par le mouvement Rose du Nord, qui travaille à la défense
collective des droits des femmes.
la solidarité internationale à partir
année pour procéder à une évaluation
d’ici, on en vient à vouloir la vivre
et donner de la formation. Le reste de
aussi sur le terrain, avec les gens.
l’année, les personnes responsables se
Parcours semblables, sensibilités
réunissaient tous les dimanches, partacommunes, mêmes préoccupations,
geaient la Parole de Dieu, animaient
foi partagée, tout convergeait chez
les célébrations et donnaient les
Yves et Martine pour que germe le
catéchèses.
rêve de servir l’Église au-delà des
Avec leur équipe, Yves et Martine
frontières. Nous avons senti cela très
ont aussi fait de l’accompagnetôt comme couple. Lorsque nous nous
ment auprès des familles, à Anori.
sommes mariés, nous savions que
Infirmière de formation et diplônous partirions. Nous disions à notre
mée en théologie, Martine s’est
entourage : « Ne nous donnez pas de
occupée plus spécifiquement de
pastorale et de prévention en santé Yves et Martine en visite pastorale dans une cadeaux ! Donnez plutôt à un organisauprès des femmes et des jeunes petite communauté en zone rurale amazonienne. me de solidarité, parce que nous, nous
partons, c’est sûr. »
enfants. Yves, pour sa part, collaborait à des projets de type social ou environnemental,
comme la préservation des lacs contre la pêche excessive.
Les retombées
Le passage du couple Bédard-Sansfaçon a laissé des traces là
où il a séjourné en Amazonie. Son profil hors du commun
Un couple engagé
Tous deux originaires de Québec et habitant encore aujour- provoquait des prises de consciences. Au bout d’un an envid’hui cette région, Martine Sansfaçon et Yves Bédard, ron, se souvient Martine, des gens nous ont dit : « Nous aussi
mariés depuis 1990, ont aujourd’hui deux filles : Geneviève, aimerions être missionnaires laïcs à l’étranger. » Au point où
8 ans, et Anne-Marie, 6 ans. Animateur de pastorale pour le nous avons, en équipe, mis sur pied un programme de formation
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
33
Yves Bédard : À force de promouvoir la solidarité internationale à partir
d’ici, on en vient à vouloir la vivre aussi sur le terrain, avec les gens.
missionnaire. Bientôt, quelques personnes sont effectivement
parties en mission, au Honduras et aux Philippines, notamment.
C’est un aspect de notre mission que nous n’avions pas prévu :
nous avons permis à des personnes de se sentir, comme nous,
appelés à une mission à l’étranger.
La mission en couple
En plus d’être laïcs, Martine et Yves ont vécu leur engagement missionnaire au Brésil en tant que couple. Ainsi, ils se
démarquaient encore du modèle traditionnel. Au début, les
équipes pastorales ne savaient pas trop quoi faire avec nous,
admet Martine. À Anori, au moment d’organiser les tournées en
zones rurales, le long de l’Amazone, la religieuse responsable de
la paroisse a demandé à François, un prêtre, de prendre part au
voyage. Mais il ne lui est pas venu à l’esprit de s’adresser à nous !
J’ai dû intervenir auprès d’elle pour lui signaler que Yves et moi
étions aussi intéressés à ce voyage et que nous saurions apporter
une contribution valable.
Par ailleurs, le fait de former un couple leur a aussi facilité
la tâche à l’occasion. Lors de l’année de la famille, se rappelle
Martine nous avons reçu le mandat de la pastorale familiale.
Nous en avons profité pour insister sur la valeur de la famille,
ce qui a eu pour effet de valoriser chacun et chacune. Trop de
personnes engagées dans leur communauté ne reçoivent pas la
reconnaissance qui leur est due. Être missionnaire, pour moi,
c’est valoriser les gens qui sont là, percevoir en eux la présence
de l’Esprit Saint et les reconnaître dans ce qu’ils font. Je pense
qu’ainsi, nous apportions un témoignage, à notre façon.
Et aujourd’hui ?
Depuis leur retour du Brésil, Yves et Martine ont
continué leur route ensemble, au gré des
emplois, des engagements familiaux et sociaux,
des projets et des défis. Le couple a fait l’acquisition, il y a quelques années, de la maison
dans laquelle Yves a grandi, à Charlesbourg
(Québec). Les rives de l’Amazone sont maintenant choses du passé. Mais le fleuve de la
Mission, lui, continue de couler…
Notre engagement pour la justice est une façon de
poursuivre la mission entreprise au Brésil, dit
Martine. Nous collaborons à divers groupes ou
34
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
Martine Sansfaçon : Être missionnaire, pour moi, c’est
valoriser les gens qui sont là, percevoir en eux la présence
de l’Esprit Saint et les reconnaître dans ce qu’ils font.
organismes qui luttent pour les droits humains, comme le
Carrefour de pastorale en milieu ouvrier et le Mouvement des
travailleurs chrétiens, de continuer Yves. Aujourd’hui, avec la
famille, nous avons un point d’ancrage et des obligations qui
limitent nos possibilités de séjourner à l’étranger. Mais dans notre
esprit, le cheminement missionnaire est plus un état d’esprit
qu’un lieu physique. Bien sûr, la mission signifie sortir de
quelque part et lorsqu’on choisit de se rendre dans un autre pays,
ça va de soi. Mais si on veut une Église qui soit missionnaire, il
doit y avoir des personnes qui portent cette dimension, cette
préoccupation tout en demeurant ici. L’ouverture au monde est
essentielle dans le contexte actuel. L’arrivée d’immigrants multiplie les solidarités possibles et incite à lutter pour une mondialisation plus humaine. La solidarité chez nous est aussi en lien
avec ce qui se passe ailleurs.
Martine, quant à elle, précise quel sens elle donne à son
engagement missionnaire ici : Pour moi, il s’agit avant tout de
faire des ponts. Je milite dans les groupes communautaires, populaires et de femmes où la dimension de la foi n’est pas toujours
explicite. Mais les gens connaissent mes racines, mes valeurs, et
savent d’où je viens. Et ils peuvent m’en parler aussi. Je me situe
dans ma foi avec ces femmes, au cœur des luttes pour la justice
et la défense des droits.
Quel avenir ?
L’expérience et le parcours du couple Bédard-Sansfaçon
sont uniques, comme est unique chaque personne, chaque
couple. Mais sans doute que bon nombre d’hommes et de
femmes de chez nous s’y reconnaissent parmi les laïcs qui,
au cours des dernières décennies, ont répondu à l’appel
de servir la mission du Seigneur à
Pour en savoir plus
l’étranger. Le laïcat missionnaire est
sur le laïcat missionnaire
sans contredit une réalité vivante et
porteuse d’avenir. Il n’est pas l’unique
Le Regroupement
modèle d’engagement missionnaire.
des missionnaires laïques
Mais il en constitue une modalité de
25, rue Jarry Ouest
plus en plus pertinente, surtout dans
Montréal (Québec) H2P 1S6
un contexte où les vocations sacerTéléphone: (514) 282-2282
dotales et religieuses diminuent
Courriel : [email protected]
continuellement. Quelle place, quel
Site Internet : www.cam.org/rml rôle, notre Église est-elle prête à lui
donner ?
Mission chez nous et UNIVERS :
dix ans de collaboration
p a r J e a n G ro u
DEPUIS
1990, L’ORGANISME Mission chez nous ENTRETIENT DES LIENS
ÉTROITS AVEC UNIVERS. À L’OCCASION DU 80E ANNIVERSAIRE DE LA REVUE DE L’ŒUVRE DE
LA PROPAGATION DE LA FOI – MISSIO CANADA,
RETRAÇONS LES GRANDES LIGNES D’UN SOLIDE
PARTENARIAT.
SA CRÉATION EN
RENÉ FUMOLEAU
Pourquoi Mission chez nous ?
Pendant plusieurs décennies, le Grand Nord canadien faisait partie des
régions considérées par les autorités ecclésiales comme « terre de mission ».
Les diocèses concernés relevaient ainsi de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Celle-ci en assurait le développement matériel et spirituel grâce, notamment, à la présence des Oblats de Marie-Immaculée. Puis,
au début des années 1990, l’Œuvre de la propagation de la foi décide de
réserver ses appuis financiers aux seuls pays reconnus comme en voie de
développement. Elle ne peut donc plus subventionner des diocèses qui se
trouvent au Canada. Résultat : l’Église d’ici doit désormais voir au financement et au soutien des communautés catholiques autochtones du pays.
L’Assemblée des évêques du Québec met alors sur pied un organisme
francophone destiné à appuyer les efforts des missionnaires du Grand Nord.
Ainsi, en 1993, MISSION CHEZ NOUS fait son apparition sur la scène missionnaire
du Canada, aux côtés de Catholic Church Extension, un service de même nature
destiné aux milieux anglophones du pays.
UNIVERS appuie
Mission chez nous
Missio Canada a tenu, dès le départ, à
appuyer MISSION CHEZ NOUS, notamment
par le biais de la revue UNIVERS. Celle-ci
publie régulièrement des articles ainsi
qu’un dossier annuel consacrés à l’une ou
l’autre question touchant les communautés amérindiennes d’ici. Le but de cette
collaboration est d’informer et de sensibiliser le lectorat d’UNIVERS quant à la réalité du monde autochtone du Canada.
Depuis la fondation de MISSION CHEZ NOUS
il y a dix ans, la revue UNIVERS a fait
paraître de nombreux articles et dossiers
consacrés à la réalité autochtone.
Voici, en rafale, quelques-uns des titres
de dossiers ou d’articles parus :
Solidarité chrétienne avec
les Premières Nations
(janvier-février 1995)
La spiritualité autochtone
(mai-juin 1996)
ISADORE CHARTERS
Pour joindre et appuyer
MISSION CHEZ NOUS
Suzanne Tremblay, directrice
Téléphone :(418) 647-6440
Sans frais : 1 888 280-6440
Courriel : [email protected]
Rétrospective
Thérèse et les missionnaires
du Grand Nord (juillet-août 1996)
Le cardinal Tomko rencontre
les catéchistes du Grand Nord
(mars-avril 1997)
Le Centre Emmaüs de Fort Albany
(septembre-octobre 1997)
Les eaux sacrés : pèlerinage
au Lac Sainte-Anne, Alberta
(janvier-février 1999)
La foi des peuples aborigènes
(mars-avril 2002)
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
35
INTENTION MISSIONNAIRE
OCTOBRE 2004
par Léonie Goulet, s.m.n.d.a.
Pour une présence croissante et toujours plus qualifiée des
catholiques dans la vie nationale et dans les médias du
continent latino-américain.
n ce mois d’octobre, nous célébrons la Journée missionnaire mondiale,
soulignant le caractère universel de la proclamation de l’Évangile. Depuis ses
tous débuts, l’Église envoie des témoins aux quatre coins du monde en réponse
à l’appel du Christ lancé dans la finale de l’Évangile de Matthieu : Allez donc, de
toutes les nations faites des disciples (28, 19).
L’intention missionnaire mensuelle du
pape nous invite à prier plus spécialement
pour le continent latino-américain. JeanPaul II souhaite que les catholiques de
cette région participent de plus en plus et
de mieux en mieux à la vie sociale, surtout
dans le domaine des médias.
Dans l’Exhortation apostolique postsynodale Ecclesia in America (22 Janvier 1999),
le pape déclare : Pour que la nouvelle
évangélisation soit efficace, il est fondamental
d’avoir une profonde connaissance de la
culture actuelle, dans laquelle les moyens de
communication sociale ont une grande influence. Il est donc indispensable de connaître
et d’utiliser ces moyens, dans leurs formes traditionnelles comme dans les formes plus récentes introduites par le progrès technologique. La
réalité d’aujourd’hui exige que l’on sache
maîtriser le langage, la nature et les caractéristiques des
UNE QUESTION
médias. En les utilisant d’une manière correcte et avec comQu’est-ce que je sais des communautés ecclésiales de
pétence, on peut réaliser une authentique inculturation de
base, phénomène typique de l’Amérique latine ?
l’Évangile. (no 72)
La tâche confiée aux catholiques, aux missionnaires,
aux agents de pastorale, est immense. Avec Internet, les
UNE ACTION
distances s’estompent : toute nouvelle, toute information,
Je m’informe sur le deuxième Congrès de l’Amérique
se répand à la vitesse de l’éclair. Aussi, convient-il plus que
Missionnaire tenu au Guatemala en novembre 2003.
jamais de prier l’Esprit-Saint pour que l’Évangile soit
(voir www.missio.qc.ca)
connu par un plus grand nombre de personnes. Saint Luc,
au début des Actes des Apôtres, rapporte les paroles de
Jésus au moment de l’Ascension : Mais vous allez recevoir
UNE PRIÈRE
une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous
Ô Seigneur, tu es venu nous révéler le projet d’amour
serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la
de ton Père. Accorde à tous les missionnaires de
Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. (1,8) En ce mois
révéler, par leur vie, ce projet d’amour. Soutiens-les
de la mission, unissons-nous à la prière du Saint-Père
dans leur désir de faire connaître l’Église et son
pour qu’il en soit ainsi en Amérique latine. Que la force
œuvre de salut. Que ton Esprit éclaire les responde l’Esprit anime chaque jour davantage l’Église en sol
sables des mass medias.
latino-américain. Que l’amour du Christ soutienne les
croyants et les croyantes dans leur mission de témoins de
l’Évangile.
WERELDWIJD
E
36
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
INTENTION MISSIONNAIRE
NOVEMBRE 2004
par Léonie Goulet, s.m.n.d.a.
Pour tous ceux et celles qui sont au service de la mission,
afin qu’ils se rappellent toujours que l’efficacité de
l’évangélisation jaillit de la sainteté personnelle et
de l’union intime avec le Christ.
u moment même où la revue UNIVERS souligne ses 80 ans, cette intention
arrive à point. Chaque numéro d’UNIVERS nous entraîne sur les traces de
femmes et d’hommes animés par l’Esprit Saint du souffle missionnaire. La
variété de leur parcours montre que le Seigneur se plaît à ouvrir de multiples
portes sur la sainteté à laquelle il nous convie.
En ce mois de novembre, notre prière englobe l’ensemUNE QUESTION
ble des agents et agentes de la mission, ici comme aux
En quoi la notion de sainteté est-elle de nature à m’inquatre coins du monde. L’énoncé de l’intention établit un
terpeller ou à m’inspirer en tant que baptisé, missionlien entre sainteté personnelle et efficacité de l’évangélisanaire du Christ et de son Église ?
tion. La sainteté... est-ce un objectif réaliste ? À la lumière
des paroles de Jésus, la sainteté signifie d’abord prendre le
meilleur guide qui soit pour orienter sa vie : Soyez parfaits
UNE ACTION
comme votre Père céleste est parfait. (Matthieu 5, 48) De son côté,
Je profite des 80 ans de la revue UNIVERS pour la faire
l’apôtre Paul écrit, dans sa Lettre aux Colossiens : Puisque
connaître à mon entourage : au travail, dans mon
vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes ses fidèles et ses
foyer, dans un comité, etc.
bien-aimés, revêtez votre cœur de tendresse et de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous mutuellement,
et pardonnez si vous avez des reproches à vous faire. Agissez
UNE PRIÈRE
comme le Seigneur : il vous a pardonné, faites de même. (3, 12-13)
Seigneur Jésus, tu nous invites à marcher à ta suite, à
Dans son Message pour la Journée missionnaire monêtre témoins de ta Bonne Nouvelle de paix et de fradiale 2002, Jean-Paul II va dans le même sens : il rappelle
ternité. Accorde-nous une vie d’intimité avec toi. Que
que le Christ constitue le modèle par excellence. Du même
ton Esprit fasse de nous des adorateurs du Père, en
souffle, il ouvre de larges horizons car l’évangélisation est
esprit et vérité.
aujourd’hui appelée à emprunter des chemins variés : Le
Christ ressuscité donne la paix à ses disciples. Fidèle au commandement de son Seigneur, l’Église continue à proclamer sa paix et à la répandre. Par
l’évangélisation, les croyants aident les hommes à se reconnaître frères et aussi, en tant
que pèlerins sur la terre, même si c’est sur
des chemins différents, tous en marche
vers la Patrie commune que Dieu, par des
voies que Lui seul connaît, ne cesse de
nous montrer. La voie maîtresse de la mission est le dialogue sincère […]. En définitive, le dialogue est la réalisation d’un
élan spirituel qui « tend à la purification et
à la conversion intérieure qui, si elles se font
dans la docilité à l’Esprit, seront spirituellement fructueuses. » (Redemptoris Missio no 56)
Prions l’Esprit de soutenir tous ceux
et celles qui, au service de la mission,
se laissent guider par la sainteté du
Christ dans l’annonce de la Bonne
Nouvelle.
MISSIO
A
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
37
COURRIER INFORMATIONS
RESPONSABLES DIOCÉSAIN(E)S DU DOSSIER MISSIONNAIRE
Où ira l’argent recueilli
lors de la Journée
missionnaire mondiale ?
par Huguette Le Blanc
Une Église solidaire
Chaque année, à l’occasion de la Journée
missionnaire mondiale, l’Œuvre pontificale de la propagation de la foi invite les
baptisés et baptisées d’ici à soutenir, par
leur prière et par leurs dons, les catholiques des pays pauvres. Toutes les sommes
recueillies ce jour-là dans les différentes
églises du monde constituent le Fonds
mondial de solidarité. Lorsque ces générosités locales sont mises en commun pour
le partage, des merveilles s’accomplissent
aux quatre coins de la planète. Des milliers
de missionnaires consacrent leur vie à
l’annonce de l’Évangile. Des milliers de
catéchistes partent évangéliser avec,
comme seul bagage, la Parole de Dieu. Des
Bibles sont traduites, des églises voient le
jour, des petites communautés isolées
sont visitées.
Un exemple : le Soudan
Nous aimerions attirer votre attention
plus particulièrement sur le Soudan. Pays
d’Afrique peuplé de 31 millions d’habitants, il compte 3 millions de catholiques,
répartis en neuf diocèses. En raison de la
guerre qui sévit depuis 1955, deux millions de Soudanais ont trouvé la mort et
4 millions se sont déplacés pour fuir les
combats. Des pourparlers de paix ont
abouti à un accord entre les populations
du Sud et celles du Nord. Mais un nouveau
foyer de guerre s’est allumé à l’ouest, dans
le Darfour, à cause de milices qui s’adonnent à des exactions de diverses natures.
Les catholiques du Soudan, qui luttent
pour leur survie, ont parfois le sentiment
d’être abandonnés par les autres Églises. Ils
aimeraient que nous, du Canada, soyons à
leurs côtés le 24 octobre prochain, pour
prier avec eux pour la paix et pour soutenir
leur Église locale, vivante, courageuse et
jeune.
Des besoins immenses
Pour cette Église opprimée, et pour toutes
les autres de milieux défavorisés, l’Œuvre
pontificale de la propagation de la foi –
Missio Canada sollicitera vos dons le 24
octobre prochain. Libre à vous d’y joindre
les catholiques de l’Irak, de l’Inde, du Mali,
du Congo, du Guatemala, du Sierra Leone,
du Grand Nord canadien, etc. Si nos
besoins ici sont mesurables, les leurs sont
démesurés. Ayons un sursaut d’enthousiasme et d’espérance et faisons en sorte
que toute la quête de cette Journée missionnaire mondiale s’en aille, comme la
barque des apôtres Pierre et Paul, vers
d’autres rives.
Alexandria-Cornwall (ON) – Éric Robichaud
C.P. 9, Glen Robertson K0B 1H0 – (613) 874-2930
Amos (QC) – Marielle et Luc Barriault
1133, RR no1, Clerval J02 1R0 – (819) 333-2311, poste 2316
Baie-Comeau (QC) – René Théberge, ptre
540, av. Arnaud, Sept-Îles G4R 3B5 – (418) 962-9382
Bathurst (NB) – Lionel Comeau, ptre
C.P. 460, succ. Bureau-chef E2A 3Z4 – (506) 546-1420
Chicoutimi (QC) – Richard Pilon
602, rue Racine Est G7H 1V1 – (418) 543-0783, poste 227
Edmundston (NB) – Jeannette Pelletier
60, rue Bouchard E3V 3K1 – (506) 735-5578
Gaspé (QC) – Patricia Le Blanc, m.c.r.
172, rue Jacques-Cartier G4X 1M9 – (418) 368-3611
Gatineau-Hull (QC) – Direction diocésaine
180, boul. Mont-Bleu J8Z 3J5 – (819) 771-8969
Hearst (ON) – Richard Fortin, ptre
83, rue Poupore, C.P. 39, Gogama P0M 1W0 – (705) 894-2093
Joliette (QC) – Jean-Claude Bergeron, m.s.a.
2, rue St-Charles-Borromée Nord J6E 6H6 – (450) 753-7593
Labrador-Schefferville (NF) – Direction diocésaine
P.O. Box 545, Station Main, Labrador City A2V 2L3 – (709) 944-2046
Moncton (NB) – Merville Gagnon, f.i.c.
136, rue Bonaccord E1C 5C5 – (506) 389-1052
Mont-Laurier (QC) – Eugène Lapointe, o.m.i.
330, rue des Oblats, Maniwaki J9E 1G7 – (819) 449-7173
Montréal (QC) – Mgr Pierre Blanchard
1335, rue Chabanel Est H2M 2N8 – (514) 925-4309
Moosonee (ON) – Direction diocésaine
P.O. Box 40 P0L 1Y0 – (705) 336-2908
Nicolet (QC) – Jacqueline Lemire
341, rue Mélançon, Drummondville J2C 4R7 – (819) 477-2389
Ottawa (ON) – Mgr Gérard St-Denis, p.h.
1247, Place Kilborn K1H 6K9 – (613) 738-5025
Québec (QC) – Yves Bédard
1073, boul. René-Lévesque Ouest, Sillery G1S 4R5
(418) 688-1211, poste 266
Rimouski (QC) – Jacques Ferland
49, rue Saint-Jean-Baptiste Ouest G5L 4J2 – (418) 723-4765
Jacqueline Morin
120, rue d’Auteuil G5L 2W6 – (418) 723-1638
Rouyn-Noranda (QC) – Lucille Vallée, s.a.s.v.
184, rue Gagné J9X 3P5 – (819) 762-6124
Saint-Hyacinthe (QC) – Diane Daneau
1900, rue Girouard J2S 7B4 – (450) 773-8583, poste 233
25 ans pour la Mission Saints-Martyrs Coréens
Dans son numéro de novembre-décembre 2002, UNIVERS faisait paraître une
entrevue avec l’abbé Pierre Sung, curé de la Mission Saints-Martyrs Coréens, à
Montréal. La Mission célèbre cette année son 25e anniversaire de fondation. En
2003, elle a déménagé et occupe maintenant l’église Sainte-Cunégonde, au 2461
rue Saint-Jacques (Montréal). Environ 240 familles, soit près de 700 personnes,
entretiennent des liens de diverses natures avec la paroisse coréenne.
Emmanuel Lafont nommé évêque
Il a été question à quelques reprises de l’abbé Emmanuel Lafont dans la revue
UNIVERS. Le 18 juin dernier, le pape Jean-Paul II l’a nommé évêque de Cayenne,
en Guyane française (Amérique du Sud). Mgr Lafont avait été prêtre fidei donum en
Afrique du Sud de 1983 à 1994, et vice-recteur du Séminaire St Peter’s (Pretoria),
de 1994 à 1996. Il occupera, jusqu’en 2002, les fonctions de Directeur national des
Œuvres pontificales missionnaires et Secrétaire de la Commission épiscopale de la
Mission universelle et du Comité épiscopal pour la coopération missionnaire en
France. Avant sa nomination, il était doyen du doyenné Nord-Ouest Touraine et
curé de Langeais (archidiocèse de Tours).
38
UNIVERS SEPTEMBRE / OCTOBRE 2004
Saint-Jean-Longueuil (QC) – Yves Lepin
740, boul. Sainte-Foy J4J 1Z3 – (450) 679-1100, poste 280
Saint-Jérôme (QC) – Jocelyne et Richard Dalpé
1830, rue des Copains, Terrebonne J6Y 1B1 – (450) 667-4190
Saint-Paul (AB) – Pastorale missionnaire
4410, 51e Avenue T0A 3A2 – (403) 645-3277
Sainte-Anne-de-la-Pocatière (QC) – René Paradis, ptre
1200, 4e Avenue, C. P. 430 G0R 1Z0 – (418) 856-1811, poste 122
Sherbrooke (QC) – Huguette Filion
78, rue Académie J1H 1M7 – (819) 563-9934
Timmins (ON) – Maurice Blais
65, av. Jubilee Est P4N 5W4 – (705) 267-6224
Trois-Rivières (QC) – Marthe Bellemare, f.j.
C.P. 1480, succ. Bureau-chef G9A 5L6
(819) 379-1432 ou 1-800-567-9341
Valleyfield (QC) – Roger Laniel, ptre
167, av. Miron, Saint-Timothée J6S 6L9 – (450) 373-2792
Yarmouth (NS) – Anne-Marie Beaulieu, f.m.a.
43, rue Albert B5A 3N1 – (902) 742-7163
Répondant pour l’Ouest canadien – Édouard Banville, ptre
Apt 4, CP 1010, Saint-Malo R0A 1T0 – (204) 347-5445
JE M’ABONNE À
Vous pouvez aussi
aider l’Œuvre, grâce aux...
CERTIFICATS DE DÉPÔT
CONDITIONS
JE M’ABONNE (s.v.p. écrire en lettres majuscules)
• Déposer 1 000 $ ou plus à l’Œuvre pontificale de
la propagation de la foi ;
• laisser l’intérêt de cette somme au profit des missions ;
• ne faire de retrait sur ce capital qu’après un an si nécessaire ;
• au décès du déposant ou de la déposante, le capital restant sera
remis aux héritiers légaux ou à l’Œuvre pontificale de la propagation de la foi, selon la volonté du signataire du certificat.
NOM
PRÉNOM
ADRESSE
VILLE
PROVINCE
NOM
PAYS
PRÉNOM
CODE POSTAL
ADRESSE
J’ABONNE UN(E) AMI(E) (s.v.p. écrire en lettres majuscules)
CODE POSTAL
TÉLÉPHONE (
)
NOM
NO D’ASS. SOCIALE
PRÉNOM
DATE DE NAISSANCE
ADRESSE
MONTANT DU CAPITAL
VILLE
CHÈQUE INCLUS
PROVINCE
SIGNATURE
PAYS
DATE
CODE POSTAL
Canada : 1 an (6 numéros) 10 $ 2 ans (12 numéros) 18 $
(TPS et TVQ incluses)
Étranger : 1 an (6 numéros) 15 $ (TPS et TVQ incluses)
Veuillez trouver ci-joint
chèque de mandat-poste au montant de
$
PLACEMENTS AVEC INTÉRÊTS À VIE
VOUS RECEVREZ un revenu garanti, votre vie durant. La rente payée
par nous est souvent plus avantageuse que celle provenant d’un placement ordinaire.
UNE PARTIE de la rente reçue n’est pas imposable. Elle est considérée
comme un remboursement de prêt et non comme un revenu.
C’est pourquoi elle est appelée « Prêt à fonds perdu ».
Remplissez dès maintenant ces coupons et retournez-les à :
UNIVERS – 360, chemin de la Canardière
Québec (Québec) Canada G1L 2V2
Pour plus d’informations sur l’un ou l’autre de ces programmes,
communiquez avec le Service d’administration / finances
360, chemin de la Canardière, Québec (Québec) Canada G1L 2V2
Téléphone : (418) 648-1446 ; Télécopieur : (418) 648-1638
Courriel : [email protected]
Parce que la vie continue…
Avez-vous pensé qu’après avoir assuré le bien-être de vos proches, vous pourriez
contribuer à l’œuvre missionnaire de notre Église en faisant un don par testament ?
Un legs à un organisme comme le nôtre est un geste du cœur vraiment à votre
portée. En hommage à la vie qui continuera après vous, pourquoi ne pas inclure
Missio Canada – Œuvre de la propagation de la foi dans votre testament ?
Louange
à toi
Louange à toi, Seigneur,
pour notre frère le magazine,
porte ouverte sur le monde.
Louange à toi pour les rédacteurs,
les rédactrices,
les journalistes,
les photographes,
les graphistes…
Louange à toi pour tous les professionnels
de l’information qui,
au prix même de leur vie,
couvrent les événements,
éveillent les consciences,
servent la vérité.
D’après « Le journal porte ouverte sur le monde »,
Œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur !,
éditions Paulines, 2002, p. 5.
Port de retour garanti
UNIVERS
360, chemin de la Canardière
Québec (Québec)
Canada G1L 2V2
Tél. : (418) 648-1446
Envoi de publication
Enregistrement No 09585
Numéro de convention : 40007626