userfiles/Fiche 3e Français
Transcription
userfiles/Fiche 3e Français
Fiche d’histoire des arts : 3e Thème : Art, créations et cultures Piste : Le mal du siècle, le Moi romantique 0 (…) XIX e 1800 XXe 1810 1820 1830 1840 1817 1850 1860 1870 1880 1890 1900 1848 1893 Voyageur au-dessus de la mer de nuages, Friedrich Mémoires d’outre-tombe Chateaubriand La Vallée-aux-Loups, le 31 décembre 1811. NAISSANCE DE MES FRÈRES ET SŒURS. JE VIENS AU MONDE. Ma mère accoucha à Saint-Malo d’un premier garçon qui mourut au berceau, et qui fut nommé Geoffroy, comme presque tous les aînés de ma famille. Ce fils fut suivi d’un autre et de deux filles qui ne vécurent que quelques mois. Ces quatre enfants périrent d’un épanchement de sang au cerveau. Enfin, ma mère mit au monde un troisième garçon qu’on appela Jean-Baptiste… Après Jean-Baptiste, naquirent quatre filles : Marie-Anne, Bénigne, Julie et Lucile, toutes quatre d’une rare beauté et dont les deux aînées ont seules survécu aux orages de la Révolution. La beauté, frivolité sérieuse, reste quand toutes les autres sont passées. Je fus le dernier de ces dix enfants. Il est probable que mes quatre sœurs durent leur existence au désir de mon père d’avoir son nom assuré par l’arrivée d’un second garçon : je résistais, j’avais aversion pour la vie. La maison qu’habitaient alors mes parents est située dans une rue sombre et étroite de Saint-Malo, appelée la rue des Juifs : cette maison est aujourd’hui transformée en auberge. La chambre où ma mère accoucha domine une partie déserte des murs de la ville, et à travers les fenêtres de cette chambre on aperçoit une mer qui s’étend à perte de vue, en se brisant sur des écueils. J’eus pour parrain, comme on le voit dans mon extrait de baptême, mon frère, et pour marraine la comtesse de Plouër, fille du maréchal de Contades. J’étais presque mort quand je vins au jour. Le mugissement des vagues, soulevées par une bourrasque annonçant l’équinoxe d’automne, empêchait d’entendre mes cris : on m’a souvent conté ces détails ; leur tristesse ne s’est jamais effacée de ma mémoire. Il n’y a pas de jour où, rêvant à ce que j’ai été, je ne revoie en pensée le rocher sur lequel je suis né, la chambre où ma mère m’infligea la vie, la tempête dont le bruit berça mon premier sommeil, le frère infortuné qui me donna un nom que j’ai presque toujours traîné dans le malheur. Le Ciel sembla réunir ces diverses circonstances pour placer dans mon berceau une image de mes destinées. Vingt jours avant moi, le 15 août 1768, naissait dans une autre île, à l’autre extrémité de la France, l’homme qui a mis fin à l’ancienne société, Bonaparte. François-René de Chateaubriand, Mémoires d’Outre-Tombe, I, 2 Le cri de Munch Ce texte est une autobiographie qui raconte la naissance de l’auteur Chateaubriand, figure majeure du courant romantique. Chateaubriand est le premier à évoquer le « mal du siècle », ce vague à l’âme caractéristique du héros romantique. Une naissance vécue comme une punition L’expression « je résistais, j’avais aversion pour la vie » sous-entend que l’auteur, avant même d’être né, était dégoûté de la vie. Il se montre en train de lutter pour ne pas naître. L’expression « m’infligea la vie » suggère l’idée d’une punition, d’un malheur, d’un châtiment. C’est un sentiment qui a été beaucoup partagé, à cette époque, par l’aristocratie : au lendemain de la Révolution, les nobles avaient perdu leur place dans la société en même temps que leur fortune. C’est ce qui caractérise le sentiment romantique : à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècles, il y avait toute une partie de la jeunesse qui avait le sentiment de ne pas avoir sa place dans la société. Ce texte, récit de naissance, est aussi un récit de mort : Chateaubriand vient au monde en automne, saison qui symbolise la fin, la mort. Champ lexical de la mort, du malheur : « mourut » (l.1), « périrent » (l.4)… Antithèse : « j’était presque mort quand je vins au monde » Cette présence de la mort vient renforcer l’effet de tristesse produit par la description du paysage : la naissance est ressentie non pas comme un départ mais comme une fin. Un paysage tourmenté Une atmosphère triste, sinistre se dégage de la description. « Une rue sombre », impression de solitude : « partie déserte », immensité de la mer : « on aperçoit une mer qui s’étend à perte de vue, en se brisant sur des écueils ». La mer est évoquée comme une manifestation hostile de la nature, inhospitalière. C’est un temps de tempête qui est décrit « bourrasque », « mugissement ». Ce paysage tourmenté faisant écho au mal être du héros est typique de l’écriture romantique. Une naissance prédestinée Chateaubriand associe sa naissance à celle de Napoléon. Lexique : Autobiographie Symbole Antithèse Tourmenté Caspar David Friedrich, Voyageur au-dessus de la mer de nuages, 1817 De quel type d’image s’agit-il ? Il s’agit d’une peinture de Friedrich, artiste de l’époque romantique, du 19e siècle. Caspar David Friedrich né à Greifswald le 5 septembre 1774 et mort à Dresde le 7 mai 1840 est le chef de file de la peinture romantique allemande du XIXème siècle. Entre 1781 et 1791, les membres de sa famille décèdent un par un. En 1781, il perd sa mère et sa sœur Elisabeth. En 1787, c'est son frère Christopher qui décède. Et en 1791, sa sœur Maria. Cela va influer sur l'un des deux thèmes de sa peinture, la mort ; l'autre étant la nature. Qu’est-ce qui est représenté sur cette image ? Nous pouvons d’abord observer au 1er plan un homme vêtu d’une redingote noire, qui observe, comme l’indique le titre de l’œuvre, une mer de nuages. Le personnage en noir se détache du reste et semble méditer, seul, face aux forces de la nature. La vue de la mer en proie à la tempête semble refléter l'esprit tourmenté du jeune homme. Cependant en même temps, le héros vit cet isolement et cette originalité comme une forme d'élection et de supériorité. En fait, le héros romantique est le porte-parole d'une génération pleine d'espoirs et d'ambitions, mais souvent en proie aux doutes, à la mélancolie et aux désillusions. Quelles couleurs sont les plus présentes ? Les couleurs les plus présentes sont des couleurs très contrastées, puisque le noir est représenté par l’homme et le rocher, et les couleurs pastels, plus claires donc, permettent de mettre en avant l’immensité du ciel. Ces couleurs permettent de montrer le contraste entre l’esprit troublé du personnage et le regard porté vers l’immensité, l’admiration du paysage. Que représente l’homme ? Dans le tableau le Voyageur contemplant une mer de nuages, on peut voir un personnage présent au centre de la nature en position de domination, d’autre part le personnage est en quelque sorte en position de faiblesse car il a une canne (ou bâton). Il contemple l’horizon et semble être seul, il apparaît qu’il n’y a aucune autre présence humaine. Par ailleurs, on peut percevoir chez l’individu, un isolement et une solitude mais aussi peut-être un besoin de rêve. L’individu présent est un personnage romantique. Le mouvement romantique voit dans la nature le reflet de l’âme humaine.