néo-natale chez les chiots

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néo-natale chez les chiots
Education-santé
La mortalité
néo-natale chez les chiots
I
l s’agit des mortalités observées depuis la naissance à terme
jusqu’au sevrage (4 ou 5 semaines) et plus particulièrement au
cours des dix premiers jours de la vie.
Ces mortalités sont souvent mal comptabilisées ou imputées à des
“accidents”, alors que selon plusieurs enquêtes leur importance varie
pour la période considérée entre 10 et 20 % pour les élevages “sans
problèmes”. Dans certains cas, les pertes peuvent aller de 40 à 80 %
(voire même 100 % pour certains élevages). Toutes les races sont
concernées, mais certaines semblent plus touchées par suite de la
fréquence de malformations congénitales, et par suite de réceptivité
plus grande à certains germes infectieux.
Causes :
On peut les définir en :
I - Causes “fonctionnelles” comprenant :
A - les malformations
B - la malnutrition et le non respect des normes physiologiques
II - Causes infectieuses :
A - Virales
B - Microbiennes
I - Causes “fonctionnelles”
A - Les malformations
elles sont nombreuses, variées et certaines obligent à sacrifier le chiot
dès la naissance.
On peut citer :
Les fentes palatines empêchant la tétée
Les malformations du tractus digestif
Anus imperforé
Compression de l’oesophage dans le médiastin
Atrophies de glandes annexes : pancréas, foie...
les malformations cardio-vasculaires (assez fréquentes)
Les malformations nerveuses (rares)
Les malformations sanguines provoquant :
- La maladie hémorragique du nouveau-né
- L’hémophilie
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les malformations du squelette : rachis, membres...et surtout les
sujets chétifs.
TRAITEMENT :
A de rares exceptions près, ces malformations ne sont pas curables.
PREVENTION :
Elle s’intègrent dans le programme de génétique suivi. C’est surtout
l’augmentation de fréquence de certaines malformations qui doit
ALERTER.
N.B. : Les sujets dits “chétifs” peuvent l’être pour des causes diverses, mais
il nous semble important de faire vérifier à chaque fois qu’il en apparaît,
que cette chétivité n’est pas due à une maladie infectieuse, ou à une
déficience de la lice, ou à une cause nutritionnelle.
En effet, certaines mortalités peuvent débuter insidieusement et il
convient de toujours essayer d’en déterminer précocement les causes.
B - Malnutrition et non respect
des normes physiologiques en maternité
Les éleveurs ne savent pas ou oublient :
Que le chiot est immature : aveugle, sourd, sans régulation
thermique à la naissance, il n’acquiert ses facultés qu’à compter de 3
ou 4 semaines.
Que la transmission des anticorps maternels a lieu à 90 % par le
COLOSTRUM de la lice et 10 % seulement in utéro.
Que le fait d’arrêter, pour quelque cause que ce soit, de téter
pendant quelques heures installe le chiot en hypoglycémie et
hypothermie
•
•
•
Ces trois notions sont FONDAMENTALES et n’en pas tenir compte
pénalise de chiot né sain, à fortiori celui qui sera précocement au
contact d’agents infectieux.
Pour limiter au maximum les pertes pendant la période neo-natale,
on devra respecter les règles suivantes :
•
La température de la maternité sera élevée pendant la
mise-bas et les premiers jours : 25° à 28° C en ambiance et
30° à 33° C au contact des chiots. On diminuera
progressivement à 25° C à 10 jours, et 18° à 20°/25° à 30
jours.
L’hygrométrie sera contrôlée entre 55 et 65 % en
particulier si le chauffage est électrique.
La température interne des chiots sera ainsi maintenue
aux environs de 39° C, ce qui est nécessaire pour que
l’instinct de téter se manifeste, pour éviter dans l’organisme
le développement de virus herpétique.
A l’inverse, si la température des chiots descend, ils
s’installent en léthargie, ne tètent pas assez, tombent en
hypoglycémie et sont facilement écrasés ou écartés par la
chienne.
Chaque chiot doit ingérer une quantité MAXIMALE de
COLOSTRUM dans les PREMIERES HEURES DE VIE
pour acquérir une immunité passive qui le protégera
jusqu’à ce qu’il puisse commencer à s’immuniser lui-même
(vers 5 - 6 semaines). Il faut donc veiller à installer aux
mamelles, les chiots à tour de rôle, au cours des 12
premières heures.
Le gain de poids quotidien doit être de + 7 à 10 % du
poids de naissance/jour, ce qui l’amène à DOUBLER son
poids de naissance en 10 jours, et à continuer sa croissance
selon la même variation linéaire jusqu’au sevrage.
L’ensemble de ces conditions sont réalisées en installant la
maternité dans un espace réduit avec chauffage d’ambiance
+ chauffage d’appoint. Il est nécessaire de disposer de
thermomètres pour vérifier les normes, et on note que les
chiennes supportent très bien les températures élevées, si on
prend soin de les y habituer avant la mise-bas.
En cas de besoin, il est aisé de compléter la lactation de la
lice avec un lait bien reconstitué, que l’on trouve en
pharmacie ou chez les vétérinaires.
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Le lait de la chienne a la composition suivante :
Eau = 75 %
Matières protéiques = 8 - 9 %
Matières grasses = 8 - 10 %
Calcium = 0,3 %
Phosphore = 0,2 %
En dehors des cas que nous verrons plus loin où le lait de la
chienne est altéré en qualité et pollué de germes, il existe
des agalaxies essentielles sans cause précise. Il faut
cependant, lorsque la lactation de la chienne est insuffisante
en quantité ou qualité, faire ANALYSER son lait sur les
plans chimiques et bactériologique. L’agalaxie de la chienne
est le plus souvent associée avec l’absence ou la diminution
de l’instinct maternel aisé à constater.
Syndrome lait toxique
Il est à la limite entre les causes fonctionnelles et
infectieuses, et a deux causes possibles :
I - Une chienne suralimentée les derniers jours de la
gestation avec des aliments transitant lentement (riches en
os, insuffisants en fibres cellulosiques) peut présenter
pendant et après la mise-bas, une stase du contenu digestif
dont les résidus de putréfaction et même certains germes
peuvent, par voie sanguine, altérer le lait.
Cet accident est facile à éviter. Penser néanmoins à sortir
plusieurs fois par jour la lice en lactation pour aider à une
reprise rapide du transit digestif.
II - Une mauvaise involution utérine après mise-bas, se voit
surtout sur des chiennes fatiguées mais parfois aussi, après
une gestation tout à fait normale.
L’utérus, au lieu de régresser rapidement un volume, et se
vidanger après la mise-bas, reste flasque et distendu dans
l’abdomen. Parfois même, il peut contenir encore un chiot
mort. Le contenu résiduel s’infecte et il apparaît une
métrite plus ou moins compliquée d’infection généralisée.
Ce processus est toujours associé avec une montée
insuffisante du lait et une contamination de celui-ci.
Le danger provient du fait que les symptômes sont souvent
frustes chez la chienne, alors que chez les chiots, il y a, EN
QUELQUES HEURES, apparition d’une toxi infection
intestinale :
Excréments liquides, on voit surtout un anus oedématié
et des postérieurs humides.
Parfois les chiots vomissent.
En 36 à 48 heures, une portée née normalement peut être
décimée.
•
•
TRAITEMENT : Agir TRES VITE !
Séparer les chiots de la mère, les placer à 31 - 33° C
• Leur
ingérer, à la seringue des quantités faibles (2 à
•4 ml) etfaire
répétées de sérum glucosé à 5 %.
Dés que l’état général s’améliore, administrer du lait
•reconstitué
qui peut être supplémenté en anti - infectieux et
anti - diarrhéiques.
PREVENTION :
Alimentation de la chienne en gestation
Nourriture équilibrée, rationnée à celle de l’entretien + 15
à 20 % en quantité.Veiller à un apport régulier de minéraux
tels que calcium, phosphore et magnésium afin de prévenir
l’atonie utérine et aussi l’éclampsie de lactation. utiliser en
fin de gestation des aliments qui apportent les protéines,
minéraux et vitamines nécessaires.
Eviter surtout l’excès alimentaire en particulier la veille et le
jour de la mise-bas.
Favoriser la vidange et l’involution utérine soit par une
administration systématique d’ocytociques, soit par
préparation phyto - homéopathique (Wombyl ND).
Prévenir l’infection utérine par antibiothérapie
systématique les 2 et 3 jours suivants la mise-bas.
•
•
II - Causes Infectieuses
A - Infections virales
Virus de la maladie de carré et voisins :
Ils peuvent provoquer l’avortement d’une chienne gravide
ou encore la mise-bas de chiots chétifs qui ne vivront pas.
ce cas est rare car les chiennes sont le plus souvent
immunisées par les vaccinations.
Il y a émergence de nouvelles maladies :
> Herpès virus canin :
Une virose spécifique du chiot a été décrite depuis 1965, et
d’autres nombreux travaux ont été publiés depuis cette
date, car l’herpés semble extrêmement répandu dans
l’élevage français (70 %). La transmission se fait par voie
génitale ou respiratoire (lors par exemple de la toux de
chenil). Ceci est très difficile à diagnostiquer par la
sérologie, car ils peuvent être séronégatifs et porteurs du
virus. Les symptômes sont assez vagues, les chiots atteints
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Dossier spécial
Education-santé
gémissent, perdent de leurs réactions normales, et meurent en
quelques heures, ou quelques jours.
Le virus ne proliférant pas au delà de 37°, il faut réchauffer le chiot
qui a, à la naissance une température de 35,5°, et humidifier
l’atmosphère.
D’autre part, la chienne peut être séropositive, et n’avoir aucun
problème de reproduction.
La vaccination sera bientôt possible, la mère sera alors vaccinée
pendant la gestation. Mais, pour l’instant l’insémination artificielle
systématique reste conseillée.
> Parvovirose :
Apparue en Fance en 1979, elle peut se traduire chez les chiots issus
de mères non immunisées par des atteintes cardiaques irrémédiables
et par des symptômes de gastro entérite suraigüe. Actuellement, grâce
aux vaccinations, les chiots sont protégés par les anticorps maternels
jusqu’à au moins 6 semaines. La parvovirose est devenue une maladie
de sevrage, car les chiots sont toujours à la merci de cette gastroentérite mortelle et hautement contagieuse. Il existe maintenant des
vaccins spécifiques développés pour le très jeune chiot.
Il est nécessaire que les lices reproductrices soient toujours bien
immunisées contre la parvo, l’emploi de vaccins vivants homologués
permet cette immunisation. Un rappel annuel au moment des
chaleurs donnant lieu à saillie est indispensable.
TRAITEMENT : Agir TRES VITE
pendant environ 4 jours
• Perfusions
Antidiarrhéique
• Antiémétique
• Antiinfectieux
• Réhydratation
•
PREVENTION :
Hygiène
• Vaccination
• Vermifugationadaptée
des chiots
• Eviter tous contacts
avec des chiens ne faisant pas partie de
•l’élevage.
Virus de l’hépatite contagieuse (Maladie de rubarth- ICH virus Famille des Adénovirus)
Le virus peut atteindre les chiots dés la naissance et même pendant la
gestation par les voies intra placentaire et souvent cette affection se
complique d’infection bactérienne. Tous les sujets d’un élevage
doivent être vaccinés jeunes et recevoir des rappels réguliers, en
particulier au moment des chaleurs, donnant lieu à saillie pour les
lices , de façon à ce qu’elles développent un taux maximal d’anticorps.
Il faut ensuite veiller à ce que TOUS les chiots absorbent bien le
colostrum, les chiots sont ensuite vaccinés à 6 semaines (CHL) avec
rappel à 10 semaines et à 1 an.
> Mycoplasmes :
80 % des chiennes souffriraient de problèmes de reproduction
(bactéries dans le vagin) il serait indispensable d’exiger des examens
sérologiques pour les animaux qui reproduisent beaucoup.
> Pyomètre à col fermé :
Nécessité d’un traitement associant l’ouverture du col de l’utérus, la
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vidange du pus et un antibiotique.
> Vaginite :
Inflammation du vagin, affection fréquente en élevage, la chienne se
lèche, la vulve est humide avec des écoulements toute l’année.
La vaginite purulente est le plus souvent d’origine microbienne (ce
n’est pas forcément une métrite). Il faudra faire une recherche
bactériologique.
B - Infections microbiennes
La brucellose, maladie sexuellement transmissible, existe également
en France, d’où l’intérêt d’avoir dans l’élevage un local sanitaire pour
isoler l’animal malade, ou la chienne qui vient d’accoucher.
Elle provoque soit des avortements infectieux, soit des mise bas plus
ou moins à terme de chiots infectés qui meurent souvent. Cette
affection est cependant assez rare mais transmissible à l’homme.
Septicémies du chiot
Provoquées par plusieurs germes, parfois seuls, parfois associés, et
peuvent être la conséquence finale d’une affection virale (ICH en
particulier). Dans une portée née normalement, un ou plusieurs
chiots se mettent à geindre, se refroidissent et se déshydratent, très
souvent des tâches hémorragiques apparaissent sur la peau. La mort
survient en quelques heures, 1 ou 2 jours avec ou sans troubles
nerveux. La maladie peut évoluer d’emblée, sur toute la portée, ou
encore chiot après chiot espacés de quelques jours.
Des recherches seront faites sur le lait de la lice, et sur les
prélèvements vaginaux, le plus souvent les chiennes sont “porteuses
saines” des germes qui contaminent les chiots.
Un certain nombre de mesures doivent être prises dans les élevages
pour éviter l’apparition ou le retour de cette affection :
- Eviter et même supprimer le contact entre lices, surtout si certaines
ont perdu des chiots.
- Réaliser des maternités très cloisonnées, même isolées, faciles à
nettoyer et à désinfecter.
- Assurer un lavage de la verge des étalons après chaque saillie.
-Placer un ovule vaginal à la chienne le lendemain de la saillie
-Considérer comme potentiellement infestées les chiennes ayant
perdu des chiots, ayant vécu au contact de chiennes infectées ou
issues de portées atteintes.
- Eliminer de la reproduction et du chenil, la lice atteinte si le reste
de l’effectif est sain.
- Laver les mamelles de la chienne avant la mise-bas
-Désinfecter les ombilics des chiots dés la naissance
- Assurer la couverture antibiotique du post-partum
-Prévenir des mamites à la fin de lactation car elles ne se révèlent qu’à
la mise-bas suivante
Le respect des normes d’élevage indiquées, des plans de vaccination
et des mesures d’hygiène sont à eux seuls des moyens très efficaces
de prévention des mortalités neo-natales.
En cas de mortalité, des analyses complètes à partir de prélèvements
indiqués, permettent à la fois un diagnostic et la réalisation d’autovaccins efficaces.
D’après les articles des Drs Vétérinaires Fontbonne et Cloche.