mise en récit de l`espace, représentations et connaissance

Transcription

mise en récit de l`espace, représentations et connaissance
Zoé COMMÈRE
Projet de thèse : Voir du pays : mise en récit de l'espace, représentations et connaissance de
l'Autre dans les grands reportages et les romans de Gaston Leroux
Présentation du projet
Si les études sur la place de l'histoire dans les romans et sur le genre du roman historique
sont nombreuses (à partir de l'ouvrage fondateur de George Lukàcs), celles sur le roman
géographique, pour emprunter une qualification que Jules Verne appliqua à son œuvre, restent
encore peu nombreuses1 et présentent souvent des approches thématiques, focalisées sur un lieu
(Lisbonne, géocritique d'une ville, sous la direction d'Alain Montandon2) ou un type de lieu
(Robinson et compagnie, aspect de l'insularité politique de Thomas More à Michel Tournier, sous la
direction de Jean-Michel Racan3) plutôt que sur l'espace en tant que tel. Peut-être la relative absence
de cette catégorie de la pensée a-t-elle partie liée avec le flou qui entoure la notion : l'article qui lui
est consacré dans le Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés4 revient sur l'espèce
de fausse évidence qui entoure le concept d'espace, y compris dans les travaux des géographes et
même des philosophes (alors que la catégorie du temps a fait l'objet de nombreuses réflexions).
Après une revue des différentes approches usitées dans le domaine de la géographie, les auteurs de
l'article en viennent à proposer des éléments de définition : l'espace est à leurs yeux un objet
d'analyse pertinent lorsqu'il est envisagé dans le cadre d'un discours sur la société pensée comme un
tout qu'il s'agit d'explorer au travers de diverses approches complémentaires et imbriquées. La
notion d'espace, en dépit des divisions disciplinaires, ne saurait être envisagée sans interroger en
parallèle le temps, objet de l'histoire, le social, l'économique... Les géographes soulignent ainsi
dans l'article sus-cité que :
L'affirmation d'une dimension spatiale découle d'un constat empirique, celui du rôle
fondamental de l'espace dans la vie des hommes, qui résulte du fait qu'il y a de la
distance entre les objets de la société. Face à cette distance, les opérateurs sociaux
construisent, en fonction du contexte sociétal, des stratégies, des actes, des idéologies,
des technologies, des savoirs.
1 On mentionnera cependant la communication de Lionel Dupuy « Qu'est-ce qu'un roman géographique au XIXe
siècle? L'exemple des Voyages Extraordinaires de Jules Verne », au cours du séminaire « Géographie, arts et
littérature » qui s'est tenu en mars 2014 à l'ENS d'Ulm, ainsi que les travaux sous la direction de Marie-Ève
THÉRENTY, Les Mystères urbains au prisme de l'identité nationale, publiés sur le site Médias19.
2 Alain MONTANDON (dir), Lisbonne, géocritique d'une ville, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise
Pascal, 2006.
3 Jean-Michel RACAN (dir.), Robinson et compagnie, aspect de l'insularité politique de Thomas More à Michel
Tournier, Paris, éditions Pétra, 2010.
4 Jacques LEVY et Michel LUSSAULT (dir.) Dictionnaire de géographie et de l'espace des sociétés, Paris, Belin,
2013 ; les citations sont tirées de l'article « Espace », p. 330.
1
Il s'agira alors de s'intéresser à l'image de l'espace (envisagé comme « ensemble des relations
spatiales, sous leurs formes matérielles, immatérielles et idéelles, établies par une société en un
temps donné entre des objets sociétaux distincts 5») au travers d'une analyse de la spatialité en tant
qu'objet politique, social et culturel dans un contexte historique déterminé. Il faudra donc considérer
la problématique géographique de la distance dans ses différentes implications, des plus concrètes
(la question du voyage comme parcours dans l'espace, impliquant la mise en œuvre de moyens de
transports et supposant le franchissement d'obstacles divers – de la barrière de la langue aux
frontières politiques) aux plus immatérielles (rapport à l'altérité, interrogation sur les identités, les
frontières et leurs possibles franchissements).
Corpus et angles d'approches
Il s'agira de mettre en question l'espace, pensé comme catégorie sociale, (géo)politique,
culturelle dans un corpus de douze romans de Gaston Leroux : La Reine du Sabbat (1911),
L’Épouse du soleil (1912), Rouletabille chez le Tsar (1912), Les Cages flottantes (1913) Le
Château Noir et Les Étranges Noces de Rouletabille (1914), Rouletabille chez Krupp (1917), Le
Capitaine Hyx et La Bataille invisible (1917), Palas et Chéri-Bibi (1919), Rouletabille chez les
Bohémiens (1922), Les Ténébreuses (1924). Ces romans couvrent une aire géographique assez
vaste, principalement située sur le continent européen (avec un fort tropisme pour les pays de
l'Europe Centrale et Orientale), quoique deux romans explorant l'Amérique du Sud (le Pérou dans
L’Épouse du soleil et la Guyane française dans Palas et Chéri-Bibi) et que trois autres se déroulent
totalement ou partiellement en mer (Les Cages flottantes, Le Capitaine Hyx et La Bataille invisible).
Il peut paraître assez arbitraire de sélectionner ainsi au sein des fictions de Leroux celles dont
l'intrigue sort du cadre de la France métropolitaine (les deux romans tirés du cycle de Chéri-Bibi ne
sortent pas de France stricto-sensu, mais en représentant le bagne et le bateau qui y mène, ils en
explorent des marges présentées sous un jour suffisamment exotiques pour pouvoir être assimilés à
des romans de l'Ailleurs, offrant un dépaysement tant social que géographique), d'autant qu'un
même imaginaire traverse l'ensemble de l’œuvre : le motif du souterrain est ainsi présent aussi bien
dans La Double vie de Théophraste Longuet, qui propose une longue errance dans les égouts de
Paris que dans Le Fantôme de l'Opéra, qui explore les sous-sols de l'Opéra Garnier, ou dans Le
Château Noir, qui donne à voir un cul-de-basse-fosse dans les Balkans. Cependant, il a paru
judicieux de limiter le corpus aux romans qui adoptent un cadre étranger de manière à pouvoir
5 Ibid.
2
articuler la problématique de l'espace à celle de la presse et plus spécifiquement au genre du grand
reportage. Ce rapprochement entre le corpus et la thématique journalistique n'a rien d'artificiel :
Gaston Leroux a été l'un des reporters les plus importants de la Belle Époque, il a fourbi sa plume
de romancier dans les colonnes du Matin à partir de 1893 en même temps qu'il en investissait le rezde-chaussée avec ses feuilletons (le premier, La Double Vie de Théophraste Longuet (1903),
initialement intitulé Le Chercheur de Trésors.... est d'ailleurs un curieux produit de la « civilisation
du journal » puisqu'il s'agit à l'origine d'un jeu-concours à visée promotionnelle). Et si tous ses
romans ne mettent pas en scène de figure de journaliste, encore que Rouletabille occupe une place
de choix dans son œuvre et dans ce corpus, la poétique du romancier découle de celle du reporter,
comme le souligne d'ailleurs Dominique Kalifa dans une notice qu'il consacre à l'écrivain:
Tout dans la poétique de Leroux semble procéder de l'esprit et de l'esthétique du
quotidien à grand tirage. A commencer par le reportage, qui se hisse chez lui en principe
d'écriture. A la précision documentaire, ses romans associent le pathos, la recherche de
sensationnel, la démesure et parfois la mystification. Il y a dans son écriture quelque
chose du scoop, du stunt, du « coup de grosse caisse », qui doit tout au quotidien de
Bunau-Varilla.6
Il s'agira donc d'étudier les représentations de l'espace dans les œuvres de Leroux au prisme de cette
matrice journalistique, en tenant compte de certaines données biographiques : les romans européens
de Leroux peuvent trouver leurs sources dans une expérience personnelle voire dans une
textualisation première du vécu au travers d'articles rédigés antérieurement7, tandis que les autres
ont dû s'appuyer sur d'autres sources, qui seront vraisemblablement à chercher du coté de la presse
contemporaine. On appuiera donc ce travail sur l'étude des textes de fiction mais également sur les
grands reportages de Gaston Leroux (dont certains ont déjà été collectés en volumes 8) qui donnent
à voir une poétique proche de celle de ses romans, dont l'hybridité générique sera donc mise en
valeur.
Néanmoins, si le reportage apparaît indéniablement comme un modèle poétique de la fiction chez
Leroux, ce qui n'est pas sans poser question au regard de l'opposition réitérée entre littérature et
reportage au tournant du siècle, il conviendra de s'interroger sur le rapport entre texte et savoir : si le
reportage cherche à informer9 (tout en séduisant un public qu'il s'agit pour le journal de tenir captif
6
Dominique KALIFA, Philippe REGNIER, Marie-Ève THERENTY, Alain VAILLANT (dir.) La Civilisation du
journal, Histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe siècle, Paris, Nouveau monde éditions,
2011.GL (1868-1927), « Gaston Leroux (1868-1927) », p. 1303.
7 J'ai pu constater cette reprise entre articles et roman en ce qui concerne les évocations de l'espace russe au cours de
mon master 1, « Fictionnalité, référentialité et sérialité dans Rouletabille chez le Tsar et Rouletabille à la Guerre de
Gaston Leroux », mémoire sous la direction de M. Olivier Bara, université Lyon 2.
8 L'Agonie de la Russie blanche, publié pour la première fois en 1928 par les Éditions Jeanne-Gaston Leroux et Du
capitaine Dreyfus au pôle Sud, recueil de reportages réunis en 1985 chez 10/18).
9 Marc MARTIN, Les Grands Reporters. Les débuts du journalisme moderne, Paris, Audibert, 2005.
3
pour des raisons commerciales), qu'en est-il des romans, en particulier à une période où la vocation
didactique de la littérature à grand tirage semble s’essouffler10 ? Pourtant, pour que l'espace puisse
jouer un véritable rôle dans les intrigues, il convient de lui donner une certaine présence, qui
suppose que le texte présente une forme de référentialité, laquelle ne saurait exister sans un certain
nombre de marqueurs (noms de lieux, d'éléments de la faune et de la flore, lexique étranger …) qui
constituent un savoir transmis de l'auteur au lecteur. Toutefois, l'inscription des œuvres de Leroux
dans des pratiques d'écriture, de publication et de lectures sérielles pousse à jeter un regard quelque
peu suspicieux sur les éléments présentés comme référentiels : s'agit-il de véritables informations
porteuses de connaissance ou bien de stéréotypes dont la seule présence permet la mise en scène à
peu de frais d'un Ailleurs que le lecteur sériel accepte de reconnaître grâce à la présence d'éléments
souvent rencontrés ? En bref, l'espace représenté s'inspire-t-il davantage du monde réel, celui que
parcourt le reporter ou du monde « sériel » dans lequel évoluent les aventuriers ? On peut d'ores et
déjà constater que les passages de pauses descriptives sont plutôt rares. S'agit-il alors de ne pas
ennuyer un lecteur lassé par la pente didactique de certains romanciers ou alors de faire apparaître
progressivement et de manière presque impressionniste un espace qui n'existe qu'autant qu'il est
dynamique et vu par les yeux d'un narrateur qui n'est pas loin d'adopter le rôle de témoin assigné au
reporter ? Il faudra également s'interroger sur le statut des stéréotypes appliqués aux étrangers : s'ils
apparaissent comme des solutions de facilité, la transcription d'une certaine crispation de la pensée
contraire au mouvement de découverte et d'ouverture qu'on serait tenté d'associer au reportage, il
serait possible qu'ils jouent d'autres rôles, notamment parodiques. Le voyage serait alors moins
découverte que parcours dans les marges des romans qui l'ont précédés. Il faudra alors s'intéresser
au dialogue intertextuel que les romans de Leroux entretiennent, à des degrés divers selon les textes,
avec d'autres modèles romanesques : on pense d'emblée au roman d'aventures, mais il semble que
le roman gothique ait aussi largement inspiré Leroux. Du fait du statut de fiction éminemment
romanesque de romans qui revendiquent voire exhibent la part d'imaginaire présente en leur sein, il
semble alors qu'il faille également mener une lecture symbolique de l'espace et en particulier des
déplacements des personnages en son sein : le mouvement de descente semble ainsi aller souvent de
pair avec une sorte de catabase vers des enfers plus ou moins sanglants, cachots du Château Noir ou
cale du navire où se dissimule un forçat en rupture de ban dans Les Cages flottantes. Le frottement
de différents modèles textuels devra donc être interrogé en partant du principe, clairement explicité
dans plusieurs romans11, que Gaston Leroux cherche à se démarquer du modèle Jules Verne, peut10 Bruno BÉGUET situe la désaffection de la vulgarisation scientifique entre 1895 et 1914 (in Bruno BÉGUET (dir.),
La Science pour tous. Sur la vulgarisation scientifique en France de 1850 à 1914, Paris, Bibliothèque du
conservatoire national des arts et métiers, 1990).
11 On lit par exemple dans le septième chapitre du Capitaine Hyx : « Le luxe sous-marin du capitaine Nemo était
dépassé ! »
4
être pour proposer une incorporation plus étroite du savoir à la fiction. Les titres de certaines
œuvres mettent en effet sur la piste d'une inscription de la géopolitique dans le système des
personnages : Rouletabille ne va pas ainsi en Russie ni en Allemagne, mais « chez le Tsar » et
« chez Krupp ». Et même si certains titres assez énigmatiques (La Reine du Sabbat, Les
Ténébreuses) font signe vers un univers romanesque énigmatique (peuplé de mystérieuses sociétés
secrètes et même d'un improbable « nain parallélépipède à cinq pattes »), l'ancrage des intrigues
dans un cadre présenté comme réel et contemporain au moyen de multiples indices référentiels
invite à s’intéresser aux discours sur le monde dont les romans pourraient être porteurs.
La question du ou des sens qui pourraient se dégager des œuvres se pose d'autant plus qu'elles ont
émergé dans un contexte troublé, qui voit la remise en question du modèle de l'empire (inca, russe
ou austro-hongrois) au profit de revendications diverses et complexes (anti-colonialiste et
traditionnaliste dans l'ex-Empire inca soumis par les Espagnols, socialistes en Russie, nationaliste
dans l'Empire austro-hongrois). Il conviendra donc de lire ces œuvres au prisme de leur contexte
d'émergence, en tenant compte du fait que la rédaction et la réception de ces textes s'étalent sur une
dizaine d'années riches de mutation : le discours sur la Russie évolue nécessairement de part et
d'autre de la rupture que constitue la révolution de 1917. Quant aux troubles qui agitent le Pérou de
L’Épouse du soleil, on tentera de comprendre ce qu'ils peuvent dire de la géopolitique du Pérou, et,
au-delà du motif romanesque de la révolution en Amérique du Sud12, de possibles craintes de
troubles similaires dans les colonies françaises. En ce qui concerne les romans parus pendant la
Grande Guerre, ils sont extrêmement marqués par la doxa française de l'époque, c'est-à-dire un antigermaniste assez primaire, qui a sans doute partie liée avec le rôle de propagande assignée à la
presse en période de guerre. Mais les choses sont peut-être moins univoques lorsqu'on s'attache non
plus à ce qui est dit mais au système de valeurs que construit la fiction par ses moyens propres. On
tâchera donc de prendre en compte l'espace représenté et les discours explicitement formulés à son
propos, qui ne sont pas sans intégrer une certaine dose de stéréotypie mais également le propos que
construit le roman sur le monde par les moyens du romanesque (enchaînement des péripéties,
système des personnages, double langage de l'ironie...), adoptant ce faisant une position inspirée de
celle de la sociocritique13.
12 On retrouve par exemple ce motif dans Les cinq sous de Lavarède, de Paul d''Ivoi et Henri Chabrillat (1894).
13 Pour citer Claude DUCHET « L'enjeu, c'est ce qui est en œuvre dans le texte, soit un rapport au monde. La visée, de
montrer que toute création artistique est aussi pratique sociale, et partant, production idéologique, en cela
précisément qu'elle est processus esthétique et non d'abord parce qu'elle véhicule tel ou tel énoncé préformé, parlé
d'ailleurs par d'autres pratiques ; parce qu'elle représente ou reflète telle ou telle réalité. C'est dans la spécificité
esthétique même, la dimension valeur des textes, que la sociocritique s'efforce de lire cette présence des œuvres au
monde qu'elle appelle leur socialité. » (in Claude DUCHET (dir.), Sociocritique, Paris, Nathan, 1979, p. 4).
5
Cadre de la recherche
A côté du travail sur les œuvres du corpus, il conviendra donc de confronter celles-ci à
d'autres représentations contemporaines des mêmes espaces, en tenant compte du contexte de
production propre à chaque roman (entre Rouletabille chez le Tsar et Les Ténébreuses qui se
déroulent tous deux dans l'espace russe, la révolution de 1917 a complètement changé la donne). Il
ne s'agira pas d'évaluer l'originalité des œuvres de Leroux mais plutôt de les replacer au sein de
l'imaginaire géographique et géopolitique du début de siècle passé, en les confrontant d'une part à
des œuvres de fiction et en particulier de la paralittérature et d'autre part des textes de presse, en
priorité des reportages. Il s'agira donc de consulter en priorité le journal pour lequel Gaston Leroux
a travaillé, Le Matin, qui est disponible sur le site Gallica, bibliothèque numérique mise en place
par la Bibliothèque Nationale de France, pour collecter et étudier les grands reportages de Leroux
en parallèle et au même titre que ses fictions. Plus largement, on lira le plus grand nombre possible
de reportages sur les pays et les peuples évoqués par Leroux, dans les grands quotidiens de l'époque
(notamment Le Figaro, précurseur dans l'adoption et l'adaptation du modèle du reportage à
l'américaine) pour tenter de dégager l'état du discours social et montrer comment Leroux se
positionne. Il conviendra sans doute de s'intéresser aux magazines de voyages contemporains, ainsi
qu'aux récits des voyageurs, et pour ce faire puiser dans les fonds (papiers et numériques) de la B.
N.F. notamment. Cette démarche comparatiste qui permettra de lire l’œuvre de Leroux aux prismes
croisés de la sérialité et de la référentialité, sera effectuée en priorité au cours de la première année
de thèse, au cours de laquelle aura également lieu le travail de problématisation. Au cours, de la
deuxième année, tout en poursuivant les lectures (de textes fictionnels et médiatiques ainsi que de
critique), il conviendra de dresser un plan et de commencer la rédaction, qui se poursuivra au cours
de la troisième année.
Cette thèse pourrait rejoindre par ces problématiques celles pratiquées par l'Unité Mixte de
Recherche LIRE (CNRS-Lyon 2), qui se caractérise notamment par son ouverture interdisciplinaire,
son travail sur des textes et des supports moins légitimes, ainsi que par son intérêt pour les
constructions idéologiques par les représentations symboliques. Le travail sur l'espace dans des
textes paralittéraires reprendra certains des questionnements de l'axe consacré aux « Altérités
culturelles », sous la direction de Sarga Moussa, qui mène un travail sur les représentations littéraire
de l'Autre et développe un nouveau projet consacré aux marges urbaines. Cette thèse s'inscrira aussi
dans le cadre des recherches sur la vulgarisation du savoir dans le roman scientifique menées par
Claire Barel-Moisan (CNRS) au sein de LIRE. Ce travail s'inserre également dans les activités de
l'ANR Médias 19, dont Olivier Bara est le responsable lyonnais. De plus, j'envisage une co-tutelle
de thèse sous la direction conjointe de M. Olivier Bara et de M. Guillaume Pinson (université Laval
6
à Québec), dont les travaux ont notamment porté sur l'univers médiatique au XIXe siècle et qui codirige l'ANR franco-québécoise Médias 19. Le séjour à Québec me permettrait de me familiariser
avec les outils de la recherche numérique, exploités par la plateforme www.medias19.org. En outre,
l’aspect sociocritique de mon projet rejoint beaucoup de préoccupation de chercheurs canadiens,
habitués depuis longtemps à travailler sur les corpus de presse et la paralittérature ; je pourrai donc
les rencontrer et participer aux activités scientifiques (outre G. Pinson, mentionnons Marc Angenot,
Paul Bleton, Anthony Glinoer, Chantal Savoie, Michel Lacroix et Pascal Brissette, qui sont tous
membres du réseau Médias 19).
Premier état de la bibliographie
I CORPUS PRIMAIRE : OEUVRES DE GASTON LEROUX
A)Romans
La Reine du Sabbat, in Oeuvres, Paris, Laffont, « Bouquins », 1984.
Les Ténébreuses, in Oeuvres, Paris, Laffont, Bouquins, 1984.
L’Épouse du soleil, [édition non encore déterminée].
Rouletabille chez le Tsar, in Les Aventures extraordinaires de Rouletabille, Reporter, I, Paris, Laffont, « Bouquins »,
1988.
Le Château noir, in Les Aventures extraordinaires de Rouletabille, Reporter, I, Paris, Laffont, « Bouquins », 1988.
Les Étranges Noces de Rouletabille, in Les Aventures extraordinaires de Rouletabille, Reporter, I, Paris, Laffont,
« Bouquins », 1988.
Rouletabille chez les Bohémiens, in Les Aventures extraordinaires de Rouletabille, Reporter, II, Paris, Laffont,
« Bouquins », 1988.
Rouletabille chez Krupp, in Les Aventures extraordinaires de Rouletabille, Reporter, II, Paris, Laffont, « Bouquins »,
1988.
Les Cages flottantes, in Chéri-Bibi, Paris, Laffont, « Bouquins », 1990.
Palas et Chéri-Bibi, in Chéri-Bibi, Paris, Laffont, « Bouquins », 1990.
Le Capitaine Xyx, in Aventures incroyables, Paris, Laffont, « Bouquins », 2010.
La Bataille invisible, in Aventures incroyables, Paris, Laffont, « Bouquins », 2010.
B) Recueils de reportages
L'Agonie de la Russie blanche, Paris, Éditions des autres, 1978.
Du Capitaine Dreyfus au pôle Sud, Paris, 10/18, 1985.
II CORPUS SECONDAIRE
1)Sur Gaston Leroux et ses œuvres
Isabelle CASTA, (dir.), La Littérature parmi les ombres, La revue des lettres modernes, « L'icosathèque 21 », Paris-
7
Caen, Lettres modernes Minard, 2002.
Philippe ETHUIN, L'Image de la Russie dans Rouletabille chez le tsar et La Cravate de chanvre, stéréotypes, idéologie,
écriture, (mémoire de maîtrise, sous la direction d'Alain Schaffner, Université de Picardie Jules Verne, Faculté des
lettres, 2004 ; en ligne sur le site de Matthieu Letourneux : http://www.roman-daventures.com/ )[dernière consultation
mai 2012].
Guillaume FAU dir. Gaston Leroux de Rouletabille à Chéri-Bibi, Paris, BNF, 2008.
Jean-Claude LAMY, « Gaston Leroux ou le vrai Rouletabille » dans LEROUX (Gaston), Histoires épouvantables, Paris,
Nouvelles Éditions Baudinière, 1977, p. 11-58.
Hans Theodor SIEPE, Abenteuer und Geheimnis : Untersuchungen zu Strukturen und Mythen des Populärromans bei
Gaston Leroux, Bern, Peter Lang Verlagsgruppe, 1988.
Jean-Claude VAREILLE, Filatures. Itinéraires à travers les cycles de Lupin et de Rouletabille, Grenoble, PUG, 1980.
Revue Europe consacrée à Gaston Leroux, n°626-627, juin-juillet 1981.
2)Sur l'espace
1)Approche géographique
Paul CLAVAL, Géographie culturelle, Paris, Nathan, 1995.
Jacques LEVY et Michel LUSSAULT (dir.) Dictionnaire de géographie et de l'espace des sociétés, Paris, Belin, 2013.
2)Littérature et espace
Christine BARON, « Littérature et géographie : lieux, espaces, paysages et écritures », Fabula-LhT, n° 8, « Le partage
des disciplines », mai 2011, URL : http://www.fabula.org/lht/8/baron.html, page consultée le 21 avril 2014.
Marc BROSSEAU, Des Romans géographes, Paris, L'Harmattan, 1996.
Michel COLLOT (dir.), Les Enjeux du paysage, Bruxelles, Ousia, 1997.
Eric FOUGÈRE, La Littérature au gré du monde, Espace et réalité de Cervantes à Camus, Paris, Classiques Garnier,
2011.
Marie-Claire ROPARS-WUILLEUMIER, Ecrire l'espace, Saint-Denis, PUV, 2002.
Sylvain VENAYRE et Anne-Gaëlle WEBER (dir.), Lieux communs du voyage, Les Cahiers du XIXe siècle n°5,
Montréal, Editions Nota bene, 2010.
3)Sur le voyage
a)Sur le récit de voyage et le rapport à l'autre (perspective littéraire)
Jean-Noël JEANNENEY (dir.), Une idée fausse est un fait vrai, Les stéréotypes nationaux en Europe, Paris, Éditions
Odile Jacob, 2000.
Frank LESTRINGANT et Sarga MOUSSA, Homo viator, le Voyage de la vie (XVe-XXe siècle), La Revue des Sciences
humaines, n°245, Lille, Presses de Lille III, janvier-mars 1997.
Sophie LINON-CHIPON, Véronique MAGRI-MOURGUES et Sarga MOUSSA (dir.), Miroirs de textes : récits de
voyage et intertextualité, Nice, Publications de la Faculté des lettres, arts et sciences humaines de Nice, 1998.
Denys LOMBARD (dir.), avec la collaboration de Catherine CHAMPION et Henri CHAMBERT-LOIR, Rêver l'Asie.
8
Exotisme et littérature coloniale aux Indes, en Indochine et en Insulinde, Paris, Éditions des l’École des Hautes Études
en Sciences sociales,1993.
Sarga MOUSSA, La Relation orientale, Enquête sur la communication dans les récits de voyage en Orient (18111861), Paris, Klincksieck, Paris, 1995.
Sarga MOUSSA (dir.), L'Idée de « race » dans les sciences humaines (XVIIIe et XIXe siècles), Paris, L'Harmattan, 2003.
Michèle RIOT-SARCEY, Thomas BOUCHET et Antoine PICON (dir.), Dictionnaire des utopies, Paris, Larousse, 2007.
Sylvain VENAYRE, Panorama du voyage 1780-1920, Paris, Les Belles-Lettres, 2012.
b)Sur le voyage comme pratique (perspective historique)
Catherine BERTHO LAVENIR, La Roue et le Stylo. Comment nous sommes devenus touristes, Paris, Éditions Odile
Jacob, 1999.
Matthieu FLONNEAU et Vincent GUIGUENO (dir.), De l'histoire des transports à l'histoire de la mobilité ? , Rennes,
Presses universitaires de Rennes, 2009.
4)Sur les pays et les peuples évoqués
a)La Russie
Korine AMACHER, La Russie, 1598-1917 : révoltes et mouvements révolutionnaires, Paris, Gollion, 2012.
Cahiers du monde russe, « Les résonances de 1905 », Paris, Editions de l'E.H.E.S.S., 2007 2/3, n°48.
b)L'Empire austro-hongrois
Gary B. COHEN, « Nationalist Politics and the Dynamics of State and Civil Society in the Habsburg Monarchy, 18671914 », Central European History, juin 2007, vol. 40, n°2, p. 241-278.
Pieter M. JUDSON, « L'Autriche-Hongrie était-elle un empire ? », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2008/3, p. 563596.
c)L'Allemagne dans la Première Guerre Mondiale
Stéphane AUDOIN-ROUZEAU et Jean-Jacques BECKER (dir.), Encyclopédie de la Grande Guerre (1914-1918),
Paris, Bayard, 2004.
Stéphane AUDOIN-ROUZEAU et Jean-Jacques BECKER, Dictionnaire de la Grande Guerre 1914-1918, Paris, Robert
Laffont, « Bouquins », 2008.
Georges MOSSE, De la grande guerre au totalitarisme : la brutalisation des sociétés européennes, Paris, Hachette
Littérature, 1999.
d)Les Balkans
Maria TOROVNA, Imaginaire des Balkans, Paris, Éditions EHESS, 2011.
Ernest WEIBEL, Histoire et géopolitique des Balkans de 1800 à nos jours, Paris, Ellipses, 2002.
9
e)Le Pérou et les Incas
Serge GRUSINSKI, Carmen BERNAND, Histoire du Nouveau monde, Paris, Fayard, 1993
f)La Guyane et les bagnards
Danielle DONET-VINCENT, De soleil et de silences, Histoire des bagnes de Guyane, Paris, La Boutique de l'Histoire,
2003.
Dominique KALIFA Les Bas-fonds, Histoire d'un imaginaire, Paris, Seuil, 2013.
Albert LONDRES, Au bagne, Paris, Arléa, 2008.
g)Les « Bohémiens »
Jean-Pierre LIEGEOIS, Roms et Tsiganes, Paris, La Découverte, 2009.
Sarga MOUSSA (dir.), Le Mythe des Bohémiens dans la littérature et les arts en Europe, Paris, L'Harmattan, 2008.
3)Sur le roman
a) Ouvrages généraux
Mikhaïl BAKHTINE, Esthétique et théorie du roman, Paris, Gallimard, 1978.
Judith LYON-CAEN, La Lecture et la Vie. Les Usages du roman au temps de Balzac, Paris, Tallandier, 2006.
Henri MITTERAND, Le Discours du roman, Paris, PUF, 1986.
Mona OZOUF, Les Aveux du roman, Le XIXe siècle entre Ancien Régime et Révolution, Paris, Fayard, 2001.
Tzevetan TODOROV, Poétique de la prose, choix, suivi de Nouvelles recherches sur le récit, Paris, Seuil, « Typologie
du roman policier », 1980.
b)Sur le roman d'aventures
Matthieu LETOURNEUX, Le Roman d'aventures 1870-1930, Limoges, PULIM, 2010.
Jean-Yves TADIÉ, Le Roman d'aventures, Paris, PUF, 1982.
c)Sur le roman populaire
Marc ANGENOT, Le Roman populaire. Recherches en paralittérature, Montréal, Presses de l’Université du Québec,
1975.
Marc ANGENOT, Les dehors de la littérature. Du roman à la science-fiction, Paris, Honoté Champion, 2013.
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d)Sur le roman gothique
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4)Sur la presse
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b) Sur le reportage
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c)Littérature et reportage
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5)Littérature et savoir
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