Les jardins ouvriers : un patrimoine à cultiver
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Les jardins ouvriers : un patrimoine à cultiver
Nés "Les jardins familiaux sont des lotissements de parcelles gérés par une association, mis à disposition de jardiniers afin qu'ils en jouissent pour leurs loisirs et les cultivent pour les besoins de leur famille, à l'exclusion de tout usage commercial." Définition de la Fédération Nationale des Jardins Familiaux - Ligue Française du Coin de Terre et du Foyer Saint-Chamond compte pas moins de huit associations de jardins ouvriers et familiaux. Ils constituent l’héritage vivace d’une longue tradition locale. Historiquement, on peut distinguer deux principaux lieux d’implantation de ces jardins : SaintJulien et Izieux, qui correspondent à deux traditions : les « terres de Planèze » et les jardins ouvriers. On peut voir dans la culture des « communs », ces terres exploitées en commun par les habitants d’une même communauté villageoise à partir du Moyen Age, une filiation avec le principe des jardins ouvriers familiaux. C’est notamment le cas à Saint-Julien-en-Jarez, où des terres sont données aux pauvres de la paroisse par la Dame du Jarez, Béatrix de Roussillon, au XIIIème siècle, pour qu’ils les cultivent. Les « terres de Planèze » sont par la suite gérées par la fabrique de la paroisse de Saint-Julien-en-Jarez, qui attribue des parcelles aux familles nécessiteuses de la commune, puis à partir de 1905 par le Bureau de Bienfaisance de Saint-Julien-en-Jarez. Au début du XXème siècle, les terres de Planèze comportent 114 parcelles, bientôt louées à Société des Jardins Ouvriers de Saint-Julien-en-Jarez, créée en 1941. Les jardins ouvriers sont nés eux à la fin du XIXème siècle dans les régions industrielles françaises. La région stéphanoise a été pionnière dans ce domaine, avec les jardins créés par le père Volpette dès 1894. Dans la lignée des idées du catholicisme social, les Jardins ouvriers doivent aider matériellement l'ouvrier, occuper ses loisirs, lui rendre ses racines rurales et le détourner du cabaret et du syndicat naissant. Dans la vallée du Gier, les grandes entreprises créent des jardins ouvriers dès le début du XXème siècle, dans une logique paternaliste. A Izieux, la puissante Compagnie des Forges et Aciéries de la Marine, le plus gros employeur local, met à disposition de ses ouvriers une partie de ses nombreux terrains pour qu’ils les cultivent. Ces terrains se trouvent essentiellement dans la vallée du Janon, du Pont Nantin à la Varizelle, où l’on décompte jusqu’à 800 parcelles au plus fort de l’exploitation de ces jardins. L’industrie textile n’est pas en reste : des entreprises comme Gillet ou la Soie d’Izieux mettent également à disposition de leurs employés des jardins. Les jardins ouvriers jouent un rôle important pendant la seconde guerre mondiale, en période de rationnement, en permettant à chacun de cultiver ses propres légumes. Le nombre de jardins ouvriers augmente nettement pendant cette période, notamment sous l’impulsion de la commune d’Izieux et de la Compagnie des Forges et Aciéries de la Marine. Avec la loi du 31 octobre 1941 relative aux jardins ouvriers industriels, ruraux et familiaux, qui oblige les jardiniers à constituer des associations, l’importance des jardins ouvriers est reconnue. La Société Amicale des Jardins Ouvriers du canton de Saint-Chamond, née 20 ans plus tôt, compte alors plus de 600 sociétaires. A partir des années 60-70, le nombre de jardins familiaux (leur nom officiel depuis 1952) décroît, en lien notamment avec l’extension de l’urbanisation mais aussi le désengagement puis la disparition progressive des grandes entreprises du textile ou de la métallurgie. C’est ainsi que les jardins ouvriers du Boulevard Pierre Joannon ou ceux de la Valette disparaissent. Les jardins familiaux connaissent aujourd’hui un regain d’intérêt. En plus des huit associations saint-chamonaises, qui ne sont d’ailleurs pas affiliées à la fédération départementale, il existe aussi sur la commune des jardins loués de particuliers à particuliers, sans statut associatif. LES JARDINS OUVRIERS : Conception : Archives municipales de Saint-Chamond et Médiathèque municipale Louise Labé Impression : Standinng Concept, Mars 2009 Remerciements : services Urbanisme, Vie associative et Communication de la Ville de Saint-Chamond Crédits photos : Laurent Guilhot/Ville de Saint-Chamond pour les photos de jardins, InterAtlas/Ville de Saint-Chamond pour les photos aériennes, Archives municipales pour le « Plan des terres de Planaise » un patrimoine à cultiver Photographie Laurent Guilhot/Ville de Saint-Chamond A Saint-Julien-en-Jarez, des terres sont données aux pauvres de la paroisse par la Dame du Jarez, Béatrix de Roussillon, au XIIIème siècle, pour qu’ils les cultivent. Les « terres de Planèze » sont par la suite gérées par la fabrique de la paroisse de Saint-Julien-en-Jarez, qui attribue des parcelles aux familles nécessiteuses de la commune, puis à partir de 1905 par le Bureau de Bienfaisance de Saint-Julien-en-Jarez. Au début du XXème siècle, les terres de Planèze comptent 114 parcelles. En 1938, le Bureau de Bienfaisance accepte d’en louer une partie au Club des Amateurs Aériens Saint-Chamonais. La Société des Jardins Ouvriers de Saint-Julien-enJarez est créée en 1941, suite à la loi du 31 octobre 1941 relative aux jardins ouvriers industriels, ruraux et familiaux, qui oblige les jardiniers à constituer des associations. Cette société loue les terres de Planèze au Bureau de Bienfaisance de Saint-Julien-en-Jarez. En 1948 est créé un syndicat intercommunal pour l’aménagement et l’exploitation du terrain d’aviation de Planèze. Pour réaliser l’agrandissement du terrain d’aviation, il loue une part nettement plus importante des terres de Planèze, n’en laissant qu’une petite part à la Société des Jardins Ouvriers de Saint-Julien-en-Jarez. Le « coup de grâce » intervient avec l’établissement du contournement autoroutier de Saint-Chamond, au début des années 1990 : les terres de Planèze disparaissent. La Ville de Saint-Chamond installe alors les jardins ouvriers sur le site actuel, un terrain loué à la commune de l’Horme. Les jardins familiaux de Planèze se séparent des jardins La société des jardins familiaux de Planèze gère 44 ouvriers du Clos Marquet pour constituer leur propre parcelles réparties sur 15 200 m². association en 1992. JARDINS FAMILIAUX DE PLANEZE Photographie Laurent Guilhot/Ville de Saint-Chamond La Société des Jardins Ouvriers de Saint-Julien-enJarez est créée en 1941, suite à la loi du 31 octobre 1941 relative aux jardins ouvriers industriels, ruraux et familiaux, qui oblige les jardiniers à constituer des associations. En plus des « terres de Planèze », la société loue un terrain à un particulier au lieu dit la Caille. En 1955, la commune de Saint-Julien-en-Jarez achète le terrain de la Caille, 4 hectares bien situés, dans la perspective de le vendre un jour comme terrain constructible. En attendant, elle continue à le louer à la Société des Jardins Ouvriers de Saint-Julien-en-Jarez, la location du terrain couvrant les annuités de l’emprunt nécessaire à l’achat du terrain. La réserve foncière ainsi constituée est utilisée au début des années 1970 pour la construction du quartier de Fonsala : à la fin de l’année 1969, la Ville de SaintChamond résilie le bail de la société des Jardins Ouvriers. Les jardins sont alors transférés au Clos Marquet. Les jardiniers du Clos Marquet se séparent de ceux de Planèze en 1992, ces derniers créant leur propre association. L’association « Société des Jardins Ouvriers de SaintChamond Clos Marquet » gère 57 parcelles sur un terrain de 17 820 m². JARDINS OUVRIERS DU CLOS MARQUET Photographie Laurent Guilhot/Ville de Saint-Chamond La puissante Compagnie des Forges et Aciéries de la Marine achète entre 1917 et 1919 de nombreux terrains dans la vallée du Janon, du Pont Nantin à la Varizelle. Elle les met à la disposition de la Société Amicale des Jardins Ouvriers du canton de Saint-Chamond, créée en 1920. Au plus fort de son exploitation, la vallée du Janon compte jusqu’à 800 jardins. Les terrains sont vendus par Creusot Loire en 1986 au Crédit Immobilier, qui les cède à son tour à l’OPAC de Saint-Chamond. Les jardiniers sont contraints de déménager en 1992 à la Brocharie, suite à la construction du Centre Commercial Leclerc sur la ZAC de la Varizelle. Le nombre de parcelles passe de 350 à 122. L’association « Jardins ouvriers de la Brocharie » gère 122 parcelles réparties sur un terrain de 45 304 m² appartenant au Centre hospitalier du Pays du Gier. JARDINS OUVRIERS DE LA BROCHARIE Photographie Laurent Guilhot/Ville de Saint-Chamond « La Soie artificielle d’Izieux », devenue Givet Izieux puis CTA (Compagnie des Textiles Artificiels), achète dans les années 1920 des terrains situés au sud du bourg d’Izieux, à La Boissonat. Elle les met rapidement à disposition de ses ouvriers pour qu’ils y cultivent des jardins ouvriers. Les jardins sont gérés par la commission des jardins du Comité d’Entreprise. Dans les années 1950 puis 1960, le terrain, en bordure de la rue Galliéni, est progressivement transformé en lotissement destiné aux employés de l’entreprise. Les jardins sont alors transférés sur d’autres terrains appartenant à l’entreprise, à la Martinière et à la Friaude. En 1976, la Société Rhône-Poulenc Textile cède gratuitement à la Ville de Saint-Chamond les jardins ouvriers de la Martinière, en bordure de l’Arlos, et les jardins ouvriers de la Friaude. La ville demande alors aux jardiniers de se constituer en association, pour qu’elle puisse établir avec celle-ci un bail de longue durée. L’association des Jardins Ouvriers de la Martinière est donc créée en 1978. L’association « Jardins Ouvriers de la Martinière » gère 46 parcelles réparties sur 8 142 m². JARDINS OUVRIERS DE LA MARTINIERE Photographie Laurent Guilhot/Ville de Saint-Chamond « La Soie artificielle d’Izieux », devenue Givet Izieux puis CTA (Compagnie des Textiles Artificiels), achète dans les années 1920 des terrains situés au sud du bourg d’Izieux, à La Boissonat. Elle les met rapidement à disposition de ses ouvriers pour qu’ils y cultivent des jardins ouvriers. Les jardins sont gérés par la commission des jardins du Comité d’Entreprise. Dans les années 1950 puis 1960, le terrain, en bordure de la rue Galliéni, est progressivement transformé en lotissement destiné aux employés de l’entreprise. Les jardins sont alors transférés sur d’autres terrains appartenant à l’entreprise, à la Martinière et à la Friaude. En 1976, la Société Rhône-Poulenc Textile cède gratuitement à la Ville de Saint-Chamond les jardins ouvriers de la Martinière, en bordure de l’Arlos, et les jardins ouvriers de la Friaude. La ville demande alors aux jardiniers de se constituer en association, pour qu’elle puisse établir avec celle-ci un bail de longue durée. La société des Jardins Ouvriers de la Friaude est créée en 1979. L’association « Jardins ouvriers de la Friaude Izieux » gère 74 parcelles réparties sur 29 846 m². JARDINS OUVRIERS DE LA FRIAUDE Photographie Laurent Guilhot/Ville de Saint-Chamond Les Teintureries d’Izieux, comme d’autres grosses entreprises locales, mettent à disposition de leurs employés dans l’entre-deux-guerres un terrain à usage de jardins ouvriers, à la Martinière. En 1941, suite à la loi du 31 octobre 1941 relative aux jardins ouvriers industriels, ruraux et familiaux, qui oblige les jardiniers à constituer des associations, l’association des Jardins ouvriers des Teintureries d’Izieux est créée. La Ville de Saint-Chamond achète le terrain aux teintureries d’Izieux en 1982. En 2009, la Ville investit dans des cabanes de jardins et améliore l’alimentation en eau. L’association « Jardins ouvriers des Teintureries d’Izieux » gère 35 jardins qui occupent une surface de 10 438 m² . JARDINS OUVRIERS DES TEINTURERIES D'IZIEUX Photographie Laurent Guilhot/Ville de Saint-Chamond La Compagnie des Forges et Aciéries de la Marine, par ailleurs propriétaire de nombreux jardins ouvriers, achète au début des années 1940 l’ancienne usine Touilleux, sur la vallée du Gier en aval de l’Hermitage. Les terrains qui entourent l’usine, entre le bief d’alimentation et le Gier, sont très vite transformés en jardins ouvriers. Cette vocation de jardins à Moulin Combat a perduré jusqu’à nos jours de façon plus ou moins informelle. Avec la récente création d’une association, en décembre 2008, les jardins de Moulin Combat ont encore de beaux jours devant eux. L’association « Les jardiniers de Moulin Combat » gère 11 parcelles réparties sur 5810 m² LES JARDINIERS DE MOULIN COMBAT Photographie Laurent Guilhot/Ville de Saint-Chamond Avec la création du quartier de Fonsala et de la zone industrielle du Coin, la Ville de Saint-Chamond encourage la création de jardins ouvriers en mettant à disposition d’associations des terrains. C’est ainsi que la société des Jardins Ouvriers du Coin apparaît en 1978, avec comme but de « créer et organiser des jardins ouvriers ». Les Jardins Ouvriers de Voron sont créés en 1981 et rattachés à la société des Jardins Ouvriers du Coin. La « société des jardins ouvriers de Voron et du Coin Porte du Pilat » gère 38 parcelles au Coin sur 12 203 m² et 29 parcelles à Voron réparties sur 9 171 m². Photographie Laurent Guilhot/Ville de Saint-Chamond JARDINS OUVRIERS DE VORON ET DU COIN