Code Rouge

Code Rouge
© Sabine Joosten
pour les singes Magot
www.aap.nl
© Ronald Troostwijk
Le singe Magot (Macaca sylvanus) de l’Afrique du
Nord est menacé d’extinction. Le nombre de singes
Magot à l’état sauvage décline rapidement suite
au commerce illicite florissant, aux changements
climatiques et aux conflits entre les hommes et
les espèces sauvages. 70% de la population restante
vit dans la partie centrale du moyen Atlas au
Maroc, où la population est passée de 17 000 à 8 000
au cours des 30 dernières années. Selon une étude
récente, 300 juvéniles de singe Magot sont capturés
illégalement au Maroc chaque année, et passés
en fraude en Europe. La proportion de juvéniles
capturés dans la nature est de 50 % supérieure
au nombre de captures qui seraient durable. Il
faudrait faire respecter les réglementations CITES
afin d’arrêter le commerce illicite de cette espèce
exceptionnelle de primate.
© Ronald Troostwijk
Selon une étude récente, 300 juvéniles de singe
Magot sont capturés illégalement au Maroc
chaque année et passés en fraude en Europe1.
Ils sont destinés à être gardés comme animaux
de compagnie dans les maisons européennes.
La proportion de juvéniles capturés dans la
nature est de 50 % supérieure au nombre de
captures qui seraient durable, ce qui signifie
que les espèces ne peuvent pas survivre à cause
du commerce illicite et vont inévitablement
s’éteindre, même si le commerce était le seul
problème1.
Dès les années 1970, des chercheurs ont fait
part de leurs soucis pour la population sauvage,
mais ce n’est que récemment qu’il y a eu une
reconnaissance internationale de la crise qui se
déroule actuellement. De nouvelles données de
terrain montrent une espèce exceptionnelle de
primate qui nécessite une attention soutenue.
Ceci a alerté non seulement les chercheurs
indépendants, mais également des organisations
de conservation, des zoos européens et des
centres de sauvegarde.
Des sanctuaires et des zoos d’Europe ont
été submergés par les bébé de singe Magot
© Ronald Troostwijk
Les singes Magot et
la violation des
réglementations CITES
qui leur ont été offerts par les autorités et
d’anciens propriétaires. Les juvéniles de singes
Magot vendus ouvertement et secrètement sur
les marchés dans tout le Maroc ont été pris
directement dans la nature. Ils sont achetés
impulsivement, principalement par des touristes
européens et marocains. Des prix allant jusqu’à
200 euro par animal ont été enregistrés. Des
rapports récents montrent que le commerce
(illicite) de l’Algérie vers la France en passant par
l’Italie est aussi répandu2.
distRiBution du singe
Magot
Le singe Magot est le seul primate survivant en
Afrique au nord du désert du Sahara. C’est la
seule espèce indigène de primate que l’on peut
trouver en Europe, et le seul représentant du
gène Macaca que l’on peut trouver en dehors
de l’Asie. Autrefois répandu dans toute l’Afrique
du nord et dans certaines parties de l’Europe,
il ne reste actuellement que quelques petites
populations fragmentées de singes Magot au
Maroc et en Algérie. Une population semisauvage, établie depuis longtemps, vit à Gibraltar.
Le nombre total de singes Magot restant est
estimé à 12.000 individus3,4,5. Au Maroc, on peut
trouver les espèces dans les montagnes du Rif
(dans la partie nord du pays) et dans le moyen
et haut Atlas. En Algérie, leur habitat naturel est
fortement fragmenté, les populations sont donc
petites et réparties dans sept aires restreintes des
montagnes de la grande et de la petite Kabylie.
On estime que 70% de la population restante
vit dans la partie centrale du moyen Atlas au
Maroc6. Dans les autres aires restantes au Maroc
et en Algérie les populations sont fortement
fragmentées et comportent peu d’individus.
Cela donne au moyen Atlas un rôle crucial pour
la survie des espèces. Dans quelques dizaines
d’années seulement, la densité des singes Magot
de la région aura chuté de 44 à 15 individus au
kilomètre carré7,8. A la fin des années soixante-dix
le nombre total de singes Magot du moyen Atlas
était estimé à 17 0000, ce qui était déjà considéré
comme n’étant qu’une fraction de la taille de la
population initiale, avant l’utilisation intensive
des terres par les humains et la collecte à but
commercial9. La population totale du moyen Atlas
du Maroc a été récemment estimée à seulement
8.000 individus10.
© Sabine Joosten
Besoin d’action directe de la part de la CITES
La CITES doit agit pour sauver le singe Magot et arrêter le commerce illicite de
cette espèce de primate exceptionnelle. La prise en compte des points suivants est
nécessaire :
n Le Maroc, bien qu’étant un membre de la
CITES depuis janvier 1975, a été placé dans la
catégorie 3 des projets nationaux de législation
CITES, et nécessite donc une législation pour
mettre en œuvre la CITES et lutter contre la
fraude. L’Union Européenne est obligée d’aider
le Maroc dans cette perspective. Les liens
économiques et culturels étroits entre l’Afrique
du Nord et l’Europe lient l’Union Européenne
aux pays d’origine du singe Magot. De plus,
le singe Magot est la seule espèce de primate
proche de l’Europe, et une population sauvage
introduite de quelques centaines d’animaux vit
sur le Rocher de Gibraltar.
n Comme on pensait que le commerce avait
un effet nuisible sur la survie des espèces, les
importations vers l’UE ont été suspendues en
2000 au titre des dispositions de l’article 4.6b
du règlement CE 338/97. Celles-ci sont restées
d’application dans le cadre du règlement plus
récent sur les suspensions CE 252/2005. Malgré
tout cela, la lutte contre la fraude suite à cette
suspension de commerce du singe Magot est
trop faible à la frontière entre le Maroc et
l’Espagne durant le pic de la saison touristique.
Seule 1 voiture sur 5 000 est vérifiée. Cela
montre combien une amélioration est
nécessaire.
n Comme le singe Magot remplit les conditions
requises pour être inscrit à l’Annexe I, suivant
les critères biologiques de la CITES, l’espèce
devra être transférée à une Annexe plus
protectrice lors de la CdP15.
AAP, le Sanctuaire pour les Animaux exotiques est actif aux
Pays-Bas en tant qu’asile pour les primates et pour les autres
mammifères exotiques depuis plus de 30 ans. L’organisation
offre un asile pour les animaux confisqués, pour les animaux de
compagnies abandonnés et pour les animaux trouvés. L’objectif
de l’organisation est de réinsérer les animaux dans des groupes
sociaux stables et de leur trouver un logement permanent dans
les jardins zoologiques. AAP effectue également un travail de
conscientisation générale au sujet des besoins des animaux
sauvages en captivité et aide à créer des solutions structurales
avec des partenaires dans l’objectif d’arrêter l’arrivée d’animaux
nécessitant un abri. Au total, une équipe de 70 professionnels et
de 80 volontaires travaille pour AAP.
© Sabine Joosten
Au cours des dernières années, AAP s’est retrouvé confronté à une
augmentation alarmante du nombre de demandes de reprises de
singes Magot. Parmi ceux-ci, presque tous avaient été capturés en
tant que jeunes animaux en Afrique du Nord. Ils avaient été passés
en fraude en Europe, et ont généralement vécu une misérable
existence en tant qu’animaux de compagnie. Si l’on met de côté
ce qui constitue déjà un sérieux problème de bien-être pour les
animaux, des recherches récentes ont montré que le commerce
illicite constitue une grande menace pour les espèces dans la nature.
Il est clair que le déclin de la population arrive à un état critique.
Que fait AAP ?
n Renforcement des capacités de l’administration
© Els van Lavieren
marocaine et des institutions académiques pour
acquérir et appliquer la connaissance et les outils
nécessaires à la conservation du singe Magot.
n Coopération avec l’agence forestière
marocaine dans l’évaluation des problèmes du
singe Magot et des menaces à leur habitat.
n Education des touristes européens à ne plus
rapporter de singe Magot lorsqu’ils reviennent du
Maroc.
n Formation des officiers des douanes
espagnoles et marocaines à détecter les singes
commercialisés de manière illicite et à offrir des
solutions pour la garde des singes confisqués.
n Examen des possibilités de réintroduction des
singes Magot confisqués dans la nature.
n Augmentation de la prise de conscience du
public en général ainsi que de la communauté
internationale s’occupant de conservation.
n Sur la base de ces nouvelles preuves, le singe
Magot suit actuellement une évaluation pour la
liste rouge. Il est probable que l’espèce passe du
statut de « vulnérable » à celui de « en danger ».
Aider le singe Magot
AAP considère qu’il est très important de sauver
les individus de singes Magot. Cependant, si
l’on considère l’afflux majeur de ces animaux
en Europe et la menace d’extinction due
au commerce illicite, il n’est pas suffisant
d’offrir seulement un refuge. La capture et le
commerce illicite des espèces doit cesser. Pour
commencer à s’attaquer à ces problèmes, AAP
a initié des efforts de coopération avec d’autres
organisations, telles que le Comité national de
l’UICN aux Pays-Bas et WWF, pour lutter contre
le commerce illicite, et conscientiser les gens
au sujet du futur incertain du singe Magot en
Afrique.
Demandes d?asile pour les singes Magot
au Sanctuaire pour les animaux
exotiques d?AAP entre 2001 et 2006
60
50
40
30
20
10
0
© Sabine Joosten
2001 2002 2003 2004 2005 2006
1Lavieren van, N. (2004) The illegal trade in the Moroccan
Barbary macaque (Macaca sylvanus) and the impact on the
wild population , Thesis report, Msc Primate conservation,
Oxford Brookes University
6Camperio Ciani, A. (1986) La Macaca sylvanus in Morocco:
sopravivenza o estinzione. Observationo personeli e dati
storico-demografici . Antrapologica Comtemporenea 9(2); pp
117-132
2Coret, C. (2006) Le nouveau commerce des baconniers
Algeriens , December 2, 2006
7Camperio Ciani, A., Mouna, M., Arahou, M. (1999) Macaca
sylvanus as the biological indicator of the cedar forest
quality . In selected proceedings of the First International
Conference on biodiversity and natural resources Preservation,
pp 91-109. Ifrane Morocco.
3Von Segesser, F., Menard, N., Gaci, B., Martin. D. (1999)
Genetic differentiation within and between isolated
Algerian subpopulations of Barbary macaques (Macaca
sylvanus): evidence from microsatellites . Molecular Ecology,
8, pp. 433-442
4Lavieren van, N. (2005) Status of the Barbary macaque
(Macaca sylvanus) population in the cedar forest, Middle
Atlas Mountains, Morocco, 2005 . Report on survey conducted
in 2005.
9Taub, D.M. (1977). Geographic distribution and habitat
diversity of the Barbary Macaque (Macaca sylvanus L.) ,
Folia Primatol.: 27: pp. 108-133.
10Ross, J.F. (2004) Monkey in the Middle , Smithsonian
Magazine, March Issue
© Els van Lavieren
5Camperio Ciani, A., Palentini, L., Arahou, M., Martinoli, L.,
Capiluppi, C., Mouna, M. (2004). Population decline of
Macaca sylvanus in the middle atlas of Morocco , Biological
Conservation, 121, pp. 635-641
8Lavieren van, N. (2005) Status of the Barbary macaque
(Macaca sylvanus) population in the cedar forest, Middle
Atlas Mountains, Morocco, 2005 . Report on survey conducted
in 2005.
Sentez-vous libre de nous contacter pour toute information complémentaire :
David van Gennep
Directeur exécutif
[email protected]
Rikkert Reijnen
Coordonnateur des activités
[email protected]
AAP Sanctuaire pour les Animaux Exotiques
P.O. Box 50313 i 1305 AH Almere i the Netherlands
T 0031 (0) 36 523 8787 i F 0031 (0) 36 5384240
www.aap.nl i www.primadomus.org