Présentation NCFS

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Présentation NCFS
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Huet Hélène
The Pennsylvania State University
Clarimonde : femme fatale, vampire décadente ?
Ange ou démon ? Telle est la question que l’on se pose en découvrant le personnage
de Clarimonde dans le conte fantastique de Théophile Gautier, La Morte amoureuse (1836).
Courtisane, femme-vampire ressuscitée par un baiser du prêtre Romuald, elle est aussi femme
amoureuse, prête à tout pour être avec celui qu’elle aime. Aux yeux des hommes elle est
femme fatale, usant de ses charmes pour séduire, conduisant Romuald sur le mauvais chemin.
Ce concept de femme fatale n’est pas nouveau et est souvent donné comme acquis par les
critiques s’intéressant à Gautier – ou n’est pas évoqué du tout. Si le terme lui-même apparaît
vers le milieu du dix-neuvième siècle, la femme vue sous un jour défavorable existe déjà
depuis des siècles avec le mythe de l’Eternel Féminin et la dichotomie Marie/Eve.
Clarimonde peut d’ailleurs être définie à travers ce mythe, étant femme-vampire qui
transgresse les lois de la nature et qui représente le côté sombre de l’Eternel Féminin.
Quoique le concept de femme fatale soit présent à travers le dix-neuvième siècle, on
constate vers les années 1880 une explosion des représentations de la femme fatale sur tous les
niveaux artistiques, notamment littéraires et iconographiques. Le mouvement décadent y
prend un vif intérêt et des personnages mythologiques comme Salomé, Cléopâtre, Hérodiade
ou encore Judith deviennent les symboles des femmes fatales qui attirent les Décadents, mais
elles ont la particularité d’être décrites, peintes comme étant encore plus démoniaques, voire
vampiriques car assoiffées de sang, que leurs représentations dans les siècles précédents.
Salomé demandant la tête de Jean-Baptiste sur les conseils de sa mère, peinte par Gustave
Moreau, est le fantasme absolu pour le personnage de Des Esseintes dans l’oeuvre de J-K.
Huysmans A rebours (1884). Dans le roman Monsieur Vénus (1884) de l’auteure Rachilde, le
personnage principal est Raoule de Vénérande, femme androgyne, vampire à ses heures, qui
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agresse son amant, Jacques Silvert et le fait tuer dans un duel par jalousie et peut-être par
amour du sang. Ainsi, une femme-vampire comme Clarimonde pourrait préfigurer les
représentations des femmes fatales chez les artistes décadents et être décadente avant l’heure.
Je montre d’abord en quoi Clarimonde peut être vue comme femme fatale et en quoi cette
vision dépend du regard que les hommes portent sur elle. Je m’interroge ensuite sur les liens
entre ce personnage et celui de Raoule dans Monsieur Vénus, ces deux femmes pouvant être
considérées comme des femmes-vampires suçant le sang de leurs victimes.
Ange ou démon ?
Au premier abord, Clarimonde est loin d’être démoniaque. Aux yeux de Romuald, elle
est la beauté même, une « révélation angélique » (Gautier 79). Le prêtre la compare à un
tableau de la Madone, tant elle se rapproche de la perfection. Elle a de longs cheveux blonds,
des yeux verts et la peau d’une blancheur bleuâtre, ce qui la rapprocherait de l’ange plus que
du démon. Pourtant, même Romuald est hésitant. Il décèle dans ses yeux quelque chose qui le
perturbe : « avec un éclair ils décidaient de la destinée d’un homme […]. Je ne sais si la
flamme qui les illuminait venait du ciel ou de l’enfer […] » (80). Clarimonde serait-elle alors
une représentation de l’Eternel Féminin, la dichotomie Marie/Eve ? La vision de Clarimonde
comme angélique vient surtout de ce que Romuald semble observer. Une telle beauté lors de
son ordination l’éblouit à tel point qu’il a l’impression d’être un aveugle qui recouvre la vue.
Clarimonde rayonne tellement qu’il la voit « étincelante des couleurs du prisme, et dans une
pénombre pourprée comme lorsqu’on regarde le soleil » (80). Elle est donc vue d’une manière
déformée, qui ne correspond pas à la réalité, mais à ce que Romuald veut bien en voir, à ce
qu’il idéalise. Il s’imagine aussi ce que Clarimonde pense, avec son regard qui semble
l’inviter à le rejoindre dans un monde plein de délices et à abandonner sa condition de prêtre.
Or ce n’est que de la supposition : « il me semblait entendre ces paroles sur un rythme d’une
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douceur infinie car son regard avait presque de la sonorité, et les phrases que ses yeux
m’envoyaient retentissaient au fond de mon cœur comme si une bouche invisible les eût
soufflées dans mon âme » (83). Romuald n’entend ici que son désir, ce ne sont pas des paroles
prononcées mais des paroles fantasmées qu’il impute à Clarimonde. De plus, lorsqu’il se rend
plus tard à son chevet, tous ses sens sont en éveil, la vue, l’odorat, « des larmes odorantes »,
« une langoureuse fumée d’essences orientales, je ne sais quelle amoureuse odeur de
femme… » (95), tout cela l’enivre, lui monte au cerveau. Clarimonde lui apparaît alors
comme une figure chaste et pieuse, représentant certainement les qualités que le prêtre devrait
avoir et qu’il transpose alors sur elle. Romuald évoque une « chasteté mélancolique et de
souffrance pensive d’une puissance de séduction inexprimable », « une attitude de pieux repos
et de tacite prière » (97). Cette femme est ange pour le prêtre lorsque celui-ci impose sur elle
son propre fantasme : elle représente ainsi une vision sublimée de l’image qu’il se fait de la
femme.
Clarimonde, mélange de « clair » et « d’immonde », est aussi le côté sombre de
l’Eternel Féminin, Eve ou la femme qui a fauté. C’est en tout cas ce dont le Frère Sérapion est
convaincu, et c’est à travers son regard que celui de Romuald sur Clarimonde change, ainsi
que celui du lecteur. Au début, Romuald sent bien que quelque chose en lui est différent, et
l’impute à la femme, sans que cela soit nécessairement négatif: « Cette femme s’était
complètement emparée de moi, un seul regard avait suffi pour me changer ; elle m’avait
soufflé sa volonté ; je ne vivais plus dans moi, mais dans elle et par elle » (85). C’est la
femme qui amène la vie en lui, tout comme il lui permettra de survivre plus tard. C’est elle
qui lui ouvre l’esprit sur d’autres expériences. Sérapion voit cela d’un mauvais œil et il
compare Clarimonde au diable. Ces transformations qui agitent le jeune prêtre ne peuvent être
causées que par l’esprit malin selon lui, et il l’encourage à se méfier : « Prenez garde mon
frère, et n’écoutez pas les suggestions du diable […] » (88). Dès lors, le regard de Romuald
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sur Clarimonde se modifie, le doute s’empare de lui. Si sa piété s’évanouit aussi vite, c’est
sûrement de la faute du diable, cela ne peut être autre chose. S’ensuit alors un jeu de va et
vient dans son esprit. Il est à la fois amoureux de la belle Clarimonde, ce coup de foudre le
terrasse, mais il ne peut s’empêcher de douter parfois d’elle et de l’accuser de tous ses maux :
« Pour avoir levé une seule fois le regard sur une femme, pour une faute en apparence si
légère, j’ai éprouvé pendant plusieurs années les plus misérables agitations : ma vie a été
troublée à tout jamais » (92). Le dénouement final ne nous donne pas plus d’indications quant
aux vrais sentiments de Romuald, car même s’il regrette cette femme, il ne peut s’empêcher
de conseiller au lecteur de se méfier des femmes, sources de malheur puisqu’il « suffit d’une
minute pour vous faire perdre l’éternité » (116). Quant à Sérapion, il devient lui-même
démoniaque lorsqu’il se rend sur la tombe de celle qu’il qualifie de « démon, courtisane
impudique, buveuse de sang et d’or » (115). Il est décrit par Romuald comme ressemblant « à
un démon plutôt qu’à un apôtre ou à un ange, et sa figure aux grands traits austères et
profondément découpés par le reflet de la lanterne n’avait rien de très rassurant » (114). Le
vrai démon n’est alors peut-être pas celui que l’on croit.
Sérapion possède une grande influence sur le prêtre, étant son supérieur hiérarchique ;
il représente le guide de Romuald, celui qui doit le remettre sur le droit chemin. Clarimonde
serait pour l’abbé la représentante de la pulsion libidinale des hommes, celle qu’il faut donc
éliminer. Les deux personnages représentent alors une opposition significative : « celle du réel
et du rêve, d’un principe de réalité et d’un principe de plaisir, d’une chasteté et d’une volupté
en tous points opposés : tristesse du monde, ivresse de l’échappée belle, seul signe véritable
de l’art et de l’amour » (Montandon 266). Le dénouement tragique doit amener la destruction
de l’un par l’autre, en l’occurrence celle de Clarimonde par Sérapion, car une fois redevenue
poussière elle ne peut plus avoir d’influence sur le jeune prêtre et le dévier du droit chemin.
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Imposition des désirs
Clarimonde est souvent comparée par les critiques à une femme fatale, terme qui serait
apparu vers 1860 chez Joséphine de Marchef-Girard dans son œuvre Les femmes : leur passé,
leur présent, leur avenir sans que cette comparaison soit nécessairement explicitée. L’une des
caractéristiques de la femme fatale est que tout comme la femme-vampire elle est vue comme
celle qui mène l’homme vers sa mort, qui fait de lui sa victime. Elle est fatale parce qu’elle
impose ses désirs, sa sexualité à l’homme, qui ne sait pas comment réagir et succombe à ses
charmes. Mais la femme fatale est aussi victime de l’homme. Elle est objet de fantasmes sur
lequel l’homme projette ses désirs et sa sexualité. Clarimonde représente bien ces deux
aspects dans le conte de Gautier. Comme nous venons de le voir, Romuald extrapole ce que
pense cette femme et son regard crée une autre réalité, imaginée. Il la voit comme femme
idéale, parfaite, jusqu’au moment où le doute s’insinue en lui. Mais la situation se renverse
lorsque Clarimonde revient à la vie grâce à un baiser du jeune prêtre. Un lien d’amour les lie
désormais et c’est elle qui à son tour impose ses désirs. Elle lui demande de lui baiser les
mains afin de les guérir tout en n’étant vêtue que d’un simple suaire de lin qui « trahissait tous
les contours de son corps » (102). Elle joue donc de sa sensualité pour obtenir ce qu’elle veut.
Par la suite, elle réalise que le sang de Romuald peut la maintenir en vie et se décide à le
droguer afin qu’elle puisse le ponctionner sans qu’il ne le sache et ne souffre : « quelques
gouttes de ton riche et noble sang, plus précieux et plus efficace que tous les élixirs du monde
m’ont rendu l’existence » (111). Ainsi, Clarimonde est à la fois l’objet du fantasme de
Romuald et celle qui impose ses désirs sur le jeune homme.
Femme fatale et Décadence
Le concept de la femme fatale vampiresque est omniprésent chez les artistes
décadents. La Décadence en France est obsédée avec l’idée que « man is a weak decadent
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consumed by modern woman, a vampire or femme fatale. Their love is a passionate deathstruggle in which the active female destroys the passive male » (Ridge 352). Les décadents
voient la société comme allant à sa perte, comme étant dégénérée à cause de sa tare initiale,
« the disintegration of woman » (Ridge 360). Mais les décadents sont ambigus vis-à-vis de
leurs relations avec la femme fatale et ils refusent les formes « normales » de la sexualité.
L’amour hétéronormatif appartiendrait à la nature selon eux, et la femme symbolisant la
nature, l’antinaturalisme entraîne alors un antiféminisme. La sensibilité décadente se trouve
confrontée à un problème quand il est question d’amour et de sexualité : l’amour est
condamné car il ramène l’homme à un état de nature. La femme est méprisable puisqu’elle est
plus proche de cette nature rejetée. Néanmoins, les besoins et désirs sexuels subsistent, et sont
d’autant plus puissants/proéminents qu’on essaie de les oublier.
On retrouve chez des artistes comme Baudelaire ou Gautier ce dilemme qui déchire les
décadents : d’un côté on ne peut se passer de la femme, de l’autre on reconnaît son caractère
démoniaque, pervers et satanique. « Ainsi se trouve déjà esquissée dans l’œuvre
baudelairienne cette dissociation entre deux figures féminines contradictoires et symétriques,
entre l’Ange et la Sphinge, dont nous retrouverons l’expression tout au long de l’époque
décadente » (Pierrot 159). Ceci n’est pas sans rappeler le personnage de Clarimonde, à la fois
ange et démon, Marie et Eve. La femme-vampire de Gautier se rapproche de la vision de la
femme fatale chez les artistes décadents de par sa nature hybride.
Rachilde
Clarimonde possède des traits associés à la vision de la femme fatale chez les
décadents, ce qui pourrait faire d’elle une femme-vampire décadente. Cela est d’autant plus
marquant qu’elle possède de nombreux points communs avec le personnage de Raoule – dont
le nom peut faire penser à Goule, autre nom donné au vampire féminin – dans Monsieur
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Vénus de Rachilde. Tout comme la femme-vampire, Raoule porte son regard sur Jacques, un
peintre raté, fleuriste à ses heures perdues pour aider sa sœur. Elle tombe amoureuse de lui
mais désire le changer, le modeler afin qu’il corresponde à son fantasme : « déjà peut-être elle
l’arrachait à son misérable milieu pour l’idéaliser dans les spasmes d’une possession
absolue » (16). Femme androgyne, il lui faut un homme qui ne possède aucun trait masculin.
Elle décide alors de féminiser son amant, de le travestir en femme, voire de l’émasculer, tout
comme Clarimonde change Romuald en courtisan. Pour les deux hommes s’ensuit alors un
dédoublement de personnalité, à tel point que l’on ne sait plus si cette deuxième existence
était en puissance chez eux et transformée en acte par la femme, ou bien si c’est la femme qui
leur a imposé cette double vie qui fait désormais partie d’eux de manière intrinsèque et qui
leur fait perdre leur identité sexuelle.
De plus Raoule est aussi femme-vampire car elle mord son amant à la nuque, enfonce
ses ongles dans son cou, l’entaille de toutes les manières possibles et imaginables et fini par
mutiler son cadavre, faisant de lui un être de cire qu’elle utilise pour son bon plaisir.
Une fois le doute entré dans son imagination, Raoule ne se maîtrisa plus. D’un geste
violent, elle arracha les bandes de batiste qu’elle avait roulées autour du corps sacré de
son éphèbe, elle mordit ses chairs marbrées, les pressa à pleines mains, les égratigna
de ses ongles affilés. Ce fut une défloration complète de ces beautés merveilleuses qui
l’avaient, jadis, fait s’extasier dans un bonheur mystique.
Jacques se tordait, perdant son sang par de véritables entrailles que Raoule ouvrait
davantage avec un raffinement de sadique plaisir. Toutes les colères de la nature
humaine, qu’elle avait essayé de réduire à néant dans son être métamorphosé, se
réveillaient à la fois, et la soif de ce sang qui coulait sur des membres tordus
remplaçait maintenant tous les plaisirs de son féroce amour… (145)
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La jalousie de Raoule lui fait perdre le contrôle. Des expressions telles que « le corps sacré »
qu’elle « déflore », la « perte de sang » appartiennent au champ lexical de la défloraison.
Jacques perd sa virginité en tant qu’homme féminisé.
Nous n’assistons pas ici à un processus de double féminisation comme cela peut être le
cas lorsqu’une femme-vampire attaque un homme, processus entraîné par la succion du sang
par la femme-vampire. D’une part, la femme se nourrit du sang de sa victime pour combler
celui qu’elle a perdu et par conséquent se reféminise, si l’on considère la perte de sang comme
une perte de féminité. D’autre part, l’homme victime est affaibli et féminisé puisqu’il est
désormais celui qui saigne, tout comme la femme lors de ses menstruations. Le sang, qu’il
soit gain ou perte semble être ainsi associé au côté féminin d’une personne. Au contraire, dans
ce texte, Jacques est féminisé puisqu’il est celui qui perd le sang, mais Raoule est
masculinisée puisqu’elle est celle qui fait saigner l’homme et le domine, et bien qu’elle le
morde, elle ne suce pas son sang. Elle ne cherche donc pas à se procurer du sang masculin
pour combler ses pertes lors de ses menstruations mensuelles. Cela correspond au processus
qui est en marche à travers tout le roman : la masculinisation progressive mais non totale de
Raoule et la féminisation de Jacques qui va le conduire à sa perte. Mais si Raoule se
masculinise, elle n’en reste pas moins une femme dans le texte : « Rien ne doit vous étonner
puisque je suis femme » (74) déclare-t-elle au Baron de Raittolbe. « Elle se sentait femme
jusqu’au plaisir » (62). Elle-même se sent toujours femme et elle est également vue par les
autres hommes du texte comme étant hystérique, maladie soi-disant de l’utérus et associée
aux femmes : « Une douleur sourde traversa la nuque de Mlle de Vénérande. Ses nerfs se
surexcitaient dans l’atmosphère empuantie de la mansarde. Une sorte de vertige l’attirait vers
ce nu […] une sensualité folle l’étreignit au poignet » (11). Cette « maladie » est utilisée dans
le texte pour expliquer son comportement qui sort des conventions liées à la sexualité
féminine mais sert également à prouver qu’en dépit de tout, elle reste une femme.
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Raoule représente une femme fatale qui va à contre-courant de ce que les hommes
veulent d’elle. Elle se dit représenter : « l’élite des femmes de notre époque. Un échantillon
du féminin artiste et du féminin grande dame, une de ces créatures qui se révoltent à l’idée de
perpétuer une race appauvrie ou de donner un plaisir qu’elles ne partageront pas » (86). Tout
comme Clarimonde, elle n’a pas d’enfant, vit une sexualité hors normes et le revendique et
surtout, entraîne son amant dans une double vie où le rêve ne se dissocie plus de la réalité, où
la femme n’est plus la victime, l’objet que les hommes voudraient qu’elle soit. Les deux
femmes transgressent les lois de la nature, Clarimonde puisqu’elle est morte dans un monde
de vivant, Raoule puisqu’elle se sent parfois homme dans un corps de femme et se comporte
comme tel.
Conclusion
Le personnage de Clarimonde dans La Morte amoureuse a des échos dans une œuvre
décadente parue plusieurs décennies plus tard. Cette femme-vampire ambiguë, mi-ange, midémon préfigure le personnage de Raoule, elle aussi ambiguë, mi-homme, mi-femme de par
sa nature androgyne. Partageant des caractéristiques avec ce roman, on peut alors penser que
Clarimonde était décadente avant l’heure, vivant une vie de débauche, imposant ses désirs aux
hommes. Elle est ainsi précurseur des femmes fatales tant admirées par les décadents. De
manière intéressante l’on constate une différence en ce qui concerne le dénouement final. Si
Clarimonde, comme tant d’autres femmes fatales telle que Carmen, doit mourir de manière
violente car elle a transgressé les lois, ceci est inversé dans le roman de Rachilde où c’est le
personnage masculin qui meurt et non pas Raoule. Pourtant cela pourrait s’expliquer par le
fait que Raoule se masculinise tandis que Jacques se féminise. Cela signifie-t-il alors que les
femmes et hommes féminisés qui transgressent doivent toujours être punis ?
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OUVRAGES CITES
Sources Primaires
Gautier, Théophile. La Morte amoureuse, Avatar et autres récits fantastiques. Paris :
Gallimard, 1981. Print.
Rachilde. Monsieur Vénus. Paris : Flammarion, 1977. Print.
Sources Secondaires
Dijkstra, Bram. Idols of Perversity : Fantasies of Feminine Evil in Fin-de-Siècle Culture.
Oxford : Oxford UP, 1986. Print.
Huysmans. À rebours. Paris, GF Flammarion, 2004. Print.
Marchef-Girard, Joséphine de. Les femmes : leur passé, leur présent, leur avenir Paris :
Chappe, 1860. Print.
Montandon, Alain. "Gautier et Balzac : À propos de La Morte amoureuse." Bulletin de la
Société Théophile Gautier 15.1 (1993) : 263-286. Print.
Pierrot, Jean. L’imaginaire décadent (1880-1900). Paris : PUF,1977. Print.
Ridge, George Ross. "The Femme Fatale in French Decadence." The French Review 34.4
(1961) : 352-360. Print.