Dossier Comprendre la détresse des hommes Entrevue avec la
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Dossier Comprendre la détresse des hommes Entrevue avec la présidente de l’Ordre, la Dre Christine Grou Le magazine de l’Ordre des psychologues du Québec vol. 32 | no 5 septembre 2015 LA RÉFLEXION DIAGNOSTIQUE EN COURS DE SUIVI avec Line Girard, M.Ps. « Toute psychothérapie doit prendre appui sur une évaluation initiale rigoureuse. Mais au-delà de ce premier acte professionnel, le thérapeute est engagé à maintenir une réflexion diagnostique tout au long du processus. La réflexion diagnostique en cours de suivi se veut un guide pour le psychothérapeute dans les décisions qu’il a à prendre en tenant compte de la personne qui consulte et des compétences qu’il possède. » La psychothérapie du lien, Girard et Delisle, 2012 L’évaluation psychologique comme processus de balises à l’intervention Transformations et controverses autour du DSM 5 L’utilisation critique et raisonnée du DSM 5 et du PDM L’analyse structurale de la personnalité comme pivot de la pathologie Études de cas MONTRÉAL, les 29 et 30 octobre 2015, 375 $ (plus taxes) Nombre de places limité. Numéro d’agrément OPQ : RA00130-12. RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTION : 514 481-4134 • [email protected] INSCRIPTION EN LIGNE : www.cigestalt.com en partenariat avec Des assurances qui ont de la personnalité ! 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Brigitte Lavoie et Dre Janie Houle, psychologues 32 Rupture conjugale et détresse masculine Des facteurs de risque sont associés à la détresse des hommes en contexte de rupture conjugale. Dr Richard Cloutier, psychologue 36 Prévenir le suicide chez les hommes La détresse des hommes s’exprime différemment. Des interventions peuvent permettre de prévenir le suicide. Dre Janie Houle et Brigitte Lavoie, psychologues 40 L’insatisfaction corporelle chez les hommes Une détresse méconnue qui mérite notre attention. Dre Patricia Groleau et Dre Jodie Richardson, psychologues 22 19 Grands titres Chroniques Actualités 8ÉDITORIAL Dre Christine Grou Rapports de l’INESSS pour un meilleur accès à la psychothérapie : oui, mais… 10 7 ANNONCE Dominique Hétu Psychologie Québec fait peau neuve ! 43 ACTIVITÉS RÉGIONALES ET DES REGROUPEMENTS Sommaire Volume 32 Numéro 5 Septembre 2015 22ENTREVUE Éveline Marcil-Denault Entre rationalité et humanité : rencontre avec la présidente de l’Ordre, la Dre Christine Grou SECRÉTARIAT GÉNÉRAL Stéphane Beaulieu L’autorisation légale d’exercer pour l’étudiant et pour le candidat au permis 13 PRATIQUE PROFESSIONNELLE Pierre Desjardins L’encadrement de la psychothérapie 17 AFFAIRES JURIDIQUES Me Édith Lorquet Une entente avec l’École de formation professionnelle en hypnothérapie 19 DÉONTOLOGIE Robert Vachon Un nouvel ami Facebook ? 50 LA RECHERCHE LE DIT Bruno Fortin La mère d’un toxicomane adulte 44 LE 40e COMITÉ EXÉCUTIF, LE 39e CONSEIL D’ADMINISTRATION ET L’AVIS DE CONVOCATION À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE 47 TABLEAU DES MEMBRES REGISTRE DES PSYCHOTHÉRAPEUTES AVIS DE DÉCÈS 48 PETITES ANNONCES PSYCHOLOGIE QUÉBEC est publié six fois par année à l’intention des membres de l’Ordre des psychologues du Québec. La reproduction des textes est autorisée avec mention de la source. Les textes publiés dans cette revue sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs et n’engagent en rien l’Ordre des psychologues du Québec. L’acceptation et la publication d’annonces publicitaires n’impliquent pas l’approbation des services annoncés. Pour faciliter la lecture, les textes sont rédigés au masculin et incluent le féminin. ORDRE DES PSYCHOLOGUES DU QUÉBEC — ordrepsy.qc.ca 1100, avenue Beaumont, bureau 510, Mont-Royal (Québec) H3P 3H5 DÉPÔT LÉGAL : Bibliothèque nationale du Québec. Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0824-1724. Envoi en poste publication, numéro de convention 40065731 RÉDACTRICE EN CHEF : Dominique Hétu COMITÉ DE RÉDACTION : Dr Nicolas Chevrier, psychologue, Dre Nathalie Girouard, psychologue, Dre Suzanne Léveillée, psychologue RÉDACTION : Krystelle Larouche PHOTOS : Couverture : Luc Girouard / Christine Grou et Dominique Hétu : Louis-Étienne Doré Ce magazine est imprimé sur un papier certifié Éco-Logo, blanchi sans chlore, contenant 100 % de fibres recyclées post-consommation, sans acide et fabriqué à partir de biogaz récupérés. LOGO FSC PUBLICITÉ : Sana Achour - [email protected] Dates de tombée des annonces publicitaires : Novembre 2015 : 17 septembre 2015 | Janvier 2016 : 12 novembre 2015 ABONNEMENTS : Membres OPQ : gratuit Non-membres : 42,83 $ - 6 numéros (taxes incluses) | Étudiants : 27,59 $ - 6 numéros (taxes incluses) CONCEPTION GRAPHIQUE : MissPixels et Luc Girouard Faites partie de la Communauté des conducteurs vigilants de La Personnelle, grâce à Ajusto. La Personnelle s’engage à rendre les routes plus sûres en offrant Ajusto MC. Ce programme d’assurance basé sur l’usage vous permet de suivre en tout temps vos habitudes de conduite sur votre téléphone intelligent et de les améliorer. DEMANDEZ UNE SOUMISSION ET SUIVEZ CES 3 ÉTAPES FACILES ÉTAPE ÉTAPE ÉTAPE Téléchargez l’application Conduisez prudemment Économisez jusqu’à 25 % 1 2 3 Demandez une soumission et commencez à économiser lapersonnelle.com/ajusto 1 855 801-8830 Ajusto est souscrit auprès de La Personnelle qui désigne La Personnelle, assurances générales inc. au Québec. MC Ajusto est une marque de commerce de Desjardins Assurances générales inc., utilisée avec permission par La Personnelle, assurances générales inc. Le rabais ne s’applique pas à certains avenants et garanties supplémentaires. Notez qu’il sera automatiquement appliqué à la prime lors du renouvellement. Certaines conditions, exclusions et limitations s’appliquent. Apple et le logo Apple sont des marques déposées par Apple Inc., enregistrées aux États-Unis et dans d’autres régions. App Store est une marque d’Apple Inc. Google Play est une marque de commerce de Google inc. Actualités Psychologie Québec fait peau neuve ! Vous tenez entre vos mains le tout premier numéro de Psychologie Québec arborant un nouveau concept graphique revu et amélioré. Cette refonte s’inscrit dans la stratégie de communication de l’Ordre et dans sa volonté de renforcer et d’uniformiser son identité visuelle. Dominique Hétu, directrice des communications [email protected] Le magazine demeure un outil de communications majeur de l’Ordre auprès de ses membres. Nous avons souhaité lui donner un nouvel élan en rendant sa présentation plus actuelle. On y trouve donc une nouvelle signature, la grille complète de mise en page a été revue, le système de hiérarchisation et d’organisation des contenus repensé en reliant plus clairement entre eux tous les éléments. Nous conservons les bases et consolidons les acquis qui ont valu au magazine sa crédibilité et sa notoriété auprès des membres, comme l’ont révélé les résultats d’un sondage effectué en 2011. En outre, l’Ordre continue d’encourager ses membres à partager leurs connaissances et les résultats de leurs recherches par l’entremise des grands dossiers thématiques pour lesquels des appels à contribution sont émis. Chaque numéro présentera donc un grand thème décliné en plusieurs textes formant un dossier présenté par un expert invité, des chroniques variées qui répondent aux intérêts et aux préoccupations des membres ainsi que des nouvelles de l’Ordre et de la profession. La famille de polices de caractère choisie offre une lisibilité accrue et une fluidité générale dans la présentation des textes. La police a également été sélectionnée pour être utilisée dans le site Web de l’Ordre, qui fera l’objet d’une refonte dans les prochains mois. Nous avons été accompagnés dans la démarche par les designers graphiques Luc Girouard et MissPixels, spécialisés en édition et en conception, qui ont bien compris les besoins et les objectifs de la refonte. Ils assurent désormais la production du magazine et sa direction artistique. Psychologie Québec, publié six fois par année, est tiré à 10 000 exemplaires. Il est envoyé à tous les membres en règle et il est également disponible sur abonnement. Sans être une revue scientifique, le magazine demeure une source d’information incontournable dans le domaine de la psychologie. Sa mission est de s’adresser à l’ensemble des membres de l’Ordre pour les informer des développements de la profession, de se coller à leurs intérêts, de comprendre et de s’adapter à leur réalité en changement constant. Au-delà du dossier thématique, on y trouve des informations relatives à la vie professionnelle, à la déontologie, aux décisions des membres du conseil d’administration, aux activités de l’Ordre et aux découvertes récentes en psychologie. Il comporte aussi des informations pratiques sur les activités régionales, les colloques et congrès, les nouveautés littéraires, etc. Bonne lecture ! FAITES VOTRE CHOIX PARMI TROIS ACTIVITÉS DE FORMATION CONTINUE, CHACUNE RECONNUE POUR SIX HEURES EN PSYCHOTHÉRAPIE Développer les compétences de supervision clinique à travers des moments et des situations difficiles. Avec le Dr Conrad Lecomte, psychologue La pleine conscience en psychothérapie. Avec Nancy Poirier, psychologue 29 octobre 2015 Hôtel Delta Québec Le traitement du trouble d’anxiété généralisée : les expériences comportementales pour l’intolérance à l’incertitude. Avec le Dr Michel Dugas, psychologue INSCRIVEZ-VOUS DÈS MAINTENANT au www.ordrepsy.qc.ca/rendezvous Tarif 240 $ + taxes | Inclus : dîner + pauses café Éditorial Rapports de l’INESSS pour un meilleur accès à la psychothérapie : oui, mais… Dre Christine Grou Psychologue Présidente de l’Ordre des psychologues du Québec [email protected] On considère qu’au Québec la psychothérapie est accessible dans le réseau public, ce qui n’est vrai qu’en partie. 8 | Psychologie Québec, vol. 32, n o 5 | ÉDITORIAL En 2012, le Commissaire à la santé et au bien-être recommandait au gouvernement du Québec d’augmenter l’accessibilité des services en santé mentale au-delà de la médication, souvent le seul choix disponible. Le ministère de la Santé et des Services sociaux a donc mandaté l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) pour évaluer, dans un premier temps, le coût et l’efficacité de la psychothérapie comparativement à ceux de la pharmacothérapie dans le traitement d’adultes souffrant de tels troubles et pour examiner le rapport coûts-bénéfices de chacun. Dans un deuxième temps, l’INESSS devait répertorier et analyser les différents modèles d’accès à la psychothérapie existants sur les plans national et international. En juin dernier, l’INESSS publiait les deux premiers volets de son avis sur l’accès équitable aux services de psychothérapie. Dans la comparaison des traitements, la revue de la littérature scientifique autant que de celle de la littérature grise révèle que la psychothérapie est tout aussi efficace que la médication. Elle est également peu coûteuse et ses effets bénéfiques semblent plus durables dans une perspective longitudinale, ce qui s’explique à mon avis par les changements plus substantiels qui s’opèrent par le biais de la psychothérapie sur les plans cognitif, affectif, relationnel et comportemental. Bien entendu, l’Ordre a réagi très favorablement à de telles conclusions qui permettent d’espérer non seulement un meilleur accès à des services plus efficaces dans le traitement des troubles mentaux les plus répandus et les plus éprouvés, mais également une plus grande équité dans la distribution des soins. Par ailleurs, l’analyse des modèles d’accès dans le monde soulève chez moi certaines inquiétudes. D’abord, on considère qu’au Québec la psychothérapie est accessible dans le réseau public, ce qui n’est vrai qu’en partie. L’accès commence généralement par le module d’évaluation, ou l’évaluation initiale, souvent médicale et psychosociale. Ensuite, le profil évalué doit correspondre aux soins et services offerts par l’institution, condition à laquelle s’ajoute le passage obligé et souvent assez long sur une ou quelques listes d’attente. Quand enfin le service est rendu, il est non seulement circonscrit autour d’une programmation clinique traitant de symptômes spécifiques, mais il a également une durée déterminée. Bien sûr, il est gratuit, mais son accessibilité est moins facile qu’on ne l’affirme. Au Québec, certaines couvertures d’assurances permettent également un accès gratuit à la psychothérapie, comme la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) ou l’Indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC). Toutefois, si la source du trouble dépressif ou anxieux n’est pas un accident de travail ou de la route ni un crime, point de gratuité ! Cela soulève la question de la justice et de l’équité, puisque l’accès aux soins en santé mentale dépend alors non pas de la problématique à traiter, mais plutôt de sa cause présumée. Deux autres modèles ont aussi été examinés sur le plan international, ceux du Royaume-Uni et de l’Australie. Ils ont suscité l’intérêt de l’INESSS, parce qu’ils ont mis en place des programmes d’accès à la psychothérapie qui ont fait l’objet d’évaluations. Le modèle du Royaume-Uni se décline en trois étapes : l’identification du trouble mental, la prise en charge de faible intensité par des professionnels « du bien-être psychologique » qui dispensent des services qui ne sont pas de la psychothérapie (p. ex. la thérapie cognitivo-comportementale assistée par ordinateur, l’autoassistance guidée ou la psychoéducation de groupe) et finalement la prise en charge de haute intensité, pour les troubles modérés à sévères, effectuée uniquement par des psychologues cliniciens. Le modèle australien en est un de paiement à l’acte et nécessite une référence du médecin de famille. Comme les cliniques de médecine familiale demeurent engorgées et que les psychologues sont habilités par la loi 21 à faire l’évaluation des troubles mentaux, cette condition ne serait donc pas indispensable au Québec. Quant à la psychothérapie elle-même, le modèle australien ne correspond pas à la réalité de la loi 21 et à la réserve de la pratique psychothérapeutique. Dans ces deux modèles, il me semble important de soulever les limites cliniques des études qui concluent à l’efficacité des programmes sur la seule base de questionnaires autoremplis et portant sur la diminution de symptômes spécifiques autorapportés après l’entrée dans ces programmes. Je relève également le taux élevé d’abandon et le faible taux de personnes qui cessent de recevoir des indemnités à la suite du traitement. Finalement, aucune mesure longitudinale effectuée quelques mois, voire une année après la prise en charge ne permet de conclure sur la durée des bienfaits réels de celle-ci. « Ces données confirment les résultats d’études sur la psychothérapie qui montrent que 2 à 6 séances sont efficaces » ; c’est du moins l’une des conclusions du rapport de l’INESSS. Que fait-on du jugement clinique du psychologue ? À mon avis, les conclusions de l’étude, fort précieuse et fort bien documentée par ailleurs, effectuée par l’INESSS devraient être beaucoup plus prudentes et surtout plus nuancées, compte tenu des limites inhérentes à la méthodologie de l’évaluation des programmes et aux éléments manquants sur le devenir clinique longitudinal des personnes ayant pris part au programme, tout comme de celles qui s’en sont désistées. On peut s’attendre à ce que le troisième volet de l’avis de l’INESSS comporte des recommandations sur l’implantation d’un modèle québécois. J’espère sincèrement que « Ces données confirment les résultats d’études sur la psychothérapie qui montrent que 2 à 6 séances sont efficaces. » Que fait-on du jugement clinique du psychologue ? l’on retiendra du premier volet que la psychothérapie est efficace, mais que l’on considérera toutes les nuances autour de la méthodologie des modèles étrangers étudiés portant davantage sur l’accès aux services en santé mentale que sur l’accès à la psychothérapie. Le modèle québécois devra être appuyé sur la loi 21, qui autorise les psychologues à évaluer et à traiter les troubles mentaux. J’appelle également à la prudence sur la prescription du nombre de séances compte tenu de la diversité et de la complexité des manifestations anxieuses et dépressives des personnes. En dépit des balises nécessaires dans un contexte de programme financé par le gouvernement, j’espère que le traitement des patients laissera une place au jugement clinique, l’allié humanitaire indispensable à la compréhension de la personne et à l’évolution de son traitement. ÉDITORIAL | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 9 Secrétariat général Chronique L’autorisation légale d’exercer pour l’étudiant et pour le candidat au permis Stéphane Beaulieu Psychologue | Secrétaire général [email protected] Depuis 2012, dans la foulée de l’adoption du projet de loi 21, l’exercice de certaines activités est réservé à certains professionnels. Pour exercer les activités réservées, il faut détenir un permis délivré par un ordre professionnel et aussi, dans certains cas, une attestation de formation, elle aussi émise par un ordre. L’exercice de la psychothérapie, l’évaluation des troubles mentaux et l’évaluation des troubles neuropsychologiques sont au nombre des activités qui sont désormais réservées au sens de la loi. Il va de soi que l’encadrement légal de certaines activités ne doit pas empêcher les étudiants en psychologie et les candidats au permis de psychologue par voie d’équivalence (candidats à l’admission) de se former. Le Code des professions permet aux ordres professionnels d’autoriser par règlement certaines personnes qui ne sont pas détentrices de permis ou d’une attestation délivrée par un ordre professionnel à exercer les activités réservées dans un cadre particulier et selon certaines conditions. À ce titre, l’Ordre des psychologues a adopté en 2012 un règlement qui s’intitule : Règlement sur certaines activités professionnelles pouvant être exercées par des personnes autres que des psychologues et par des psychologues. L’étudiant en psychologie Dans le cadre des stages et de l’internat en psychologie, l’étudiant exerce nécessairement certaines activités professionnelles réservées alors qu’il ne détient pas encore un permis de psychologue. C’est ce règlement qui l’autorise à exercer ces activités, sous supervision. Voici comment le règlement définit « l’étudiant » : Un étudiant inscrit à un programme d’études en psychologie peut exercer, parmi les activités professionnelles que peuvent exercer les psychologues, celles qui sont requises aux fins de compléter ce programme, à la condition qu’il les exerce sous supervision et dans 10 | Psychologie Québec, vol. 32, n o 5 | CHRONIQUE le respect des normes réglementaires applicables aux psychologues relatives à la déontologie ainsi qu’à la tenue des dossiers et des cabinets de consultation et qu’il remplisse l’une ou l’autre des conditions suivantes : • • le programme d’études en psychologie auquel il est inscrit conduit à l’obtention d’un diplôme donnant ouverture au permis délivré par l’Ordre des psychologues du Québec ; le programme d’études en psychologie auquel il est inscrit conduit à l’obtention d’un diplôme en psychologie délivré par un établissement d’enseignement situé hors du Québec équivalant à celui d’un programme de doctorat québécois. Cette dernière disposition vise spécifiquement les étudiants inscrits dans un programme de psychologie d’une université à l’extérieur du Québec qui font un stage au Québec dans le cadre de leur programme d’études (on pense ici aux échanges internes universitaires et interétablissements). Notons que dans le cas d’un étudiant inscrit à un programme universitaire préparatoire à l’exercice de la profession de psychologue, l’Ordre n’a pas à être informé de l’identité de la personne qui exerce les activités réservées. Il relève de la responsabilité des établissements d’enseignement, des milieux de stage et des superviseurs de s’assurer que l’étudiant est bel et bien inscrit dans un programme de psychologie professionnelle. L’Ordre peut faire des vérifications au besoin. Le candidat à l’admission par équivalence Le règlement permet aussi à une personne formée à l’extérieur du Québec en psychologie, qui est en processus d’obtention de son permis au Québec par la voie des équivalences, d’exercer les activités réservées lorsque l’Ordre lui impose de suivre un stage aux fins de l’obtention du permis. Voici comment le règlement définit un « candidat à l’admission » : La personne qui doit compléter un stage ou une formation aux fins de la reconnaissance d’une équivalence conformément au Règlement sur les normes d’équivalence de diplôme et de formation aux fins de la délivrance d’un permis de l’Ordre des psychologues du Québec peut exercer, parmi les activités professionnelles que peuvent exercer les psychologues, celles qui sont requises aux fins de compléter la formation ou le stage qui lui permettrait de bénéficier d’une équivalence, à la condition qu’elle les exerce sous Chronique supervision et dans le respect des normes réglementaires applicables aux psychologues relatives à la déontologie ainsi qu’à la tenue des dossiers et des cabinets de consultation. Occuper un emploi Dans son règlement, l’Ordre a aussi prévu des conditions permettant à l’étudiant ou au candidat à l’admission d’occuper un emploi où il aurait à exercer des activités réservées pendant ses études ou pendant qu’il satisfait aux exigences d’équivalence. Voici ce que le règlement stipule : Lorsqu’il agit hors du cadre d’un programme d’études, d’un stage ou d’une formation, un étudiant ou un candidat à l’admission qui possède les connaissances et les habiletés nécessaires peut exercer les activités professionnelles que peuvent exercer les psychologues dans le cadre d’un emploi à la condition qu’il les exerce sous supervision et dans le respect des normes réglementaires applicables aux psychologues relatives à la déontologie ainsi qu’à la tenue des dossiers et des cabinets de consultation. Cette personne doit également être inscrite au registre tenu à cette fin par l’Ordre. Dans un tel contexte, l’inscription au Registre des étudiants et des candidats à l’admission de l’Ordre des psychologues du Québec est obligatoire. L’Ordre consigne ainsi des informations au sujet de la personne qui exerce les activités, au sujet de son superviseur ainsi que du lieu où les activités sont exercées. La réglementation ne fixe pas de durée de temps pour qu’un étudiant ou un candidat à l’admission puisse se prévaloir de cette disposition et ainsi occuper un emploi. Il est toutefois clair qu’une telle mesure doit être temporaire pendant que l’étudiant fait ses études doctorales ou pendant que le candidat à l’admission par équivalence complète les exigences de l’Ordre dans le délai qui lui a été prescrit. En ce qui a trait aux étudiants, il relève de la prérogative des départements universitaires d’instaurer un cadre incitant l’étudiant à ne pas prolonger indûment la durée de son parcours doctoral sous prétexte qu’il occupe un emploi. Au moment de l’adoption de ce règlement, l’intention de l’Ordre était de permettre aux étudiants qui ont notamment contracté des dettes d’études de pouvoir commencer à gagner un certain revenu et de rendre une main-d’œuvre qualifiée accessible à la population, et non pas de ralentir le processus de fins d’études ni l’accès au permis. Rappelons que cette mesure ne s’applique plus lorsque l’étudiant est diplômé. Il doit alors obtenir son permis de psychologue s’il souhaite exercer. L’exigence d’être à l’emploi et sous supervision Rappelons que ce règlement ne vise pas à permettre à un étudiant ou à un candidat à l’admission l’exercice autonome de la profession ni une pratique autonome supervisée. Ainsi, l’étudiant ou le candidat à l’admission n’est pas autorisé à recevoir sa propre clientèle ou à ouvrir son propre cabinet. Il doit être employé notamment par un psychologue (qui agit comme superviseur ou qui lui en désigne un) ou par un organisme, par exemple une commission scolaire ou un établissement du réseau qui lui désigne alors un superviseur. « Être employé par » peut signifier que l’étudiant ou le candidat soit salarié contractuel ou per- manent ou encore qu’il soit lié par contrat à titre de travailleur autonome (aux fins de l’impôt). Toutes les activités doivent être réalisées sous la supervision d’un professionnel autorisé. En ce qui a trait aux reçus pour les honoraires professionnels pour des services offerts en privé, le reçu doit être signé par le psychologue superviseur et doit mentionner explicitement que les services ont été donnés par le supervisé sous sa supervision. Le nom du supervisé doit apparaître sur le reçu, ainsi que son titre. Rappelons que les étudiants et les candidats à l’admission ne sont pas autorisés à utiliser le titre de psychologue. Ils doivent s’identifier comme stagiaires ou internes en psychologie ou comme doctorants en psychologie. Enfin, le stagiaire ou le candidat n’est pas autorisé à délivrer des reçus en son nom propre. Dans une perspective de protection du public, un élément central de ce règlement repose sur le fait que le superviseur assume la responsabilité de surveiller et d’encadrer les activités de l’étudiant ou du candidat à l’admission et d’intervenir au besoin auprès de la clientèle. Le superviseur doit évaluer le niveau d’autonomie, de connaissances et d’habiletés du supervisé en fonction des clientèles rencontrées et du niveau de complexité des problématiques à évaluer ou à traiter et ajuster son niveau de supervision selon les différentes situations. Le psychologue superviseur est tenu de conserver les dossiers professionnels et d’y donner accès au besoin. La responsabilité professionnelle Quant à la responsabilité professionnelle, le programme d’assurance de l’Ordre, accessible par l’entremise du courtier Bernard et Fabien en vertu du Règlement sur l’assurance de la responsabilité professionnelle des membres de l’Ordre des psychologues du Québec, couvre les étudiants et les candidats à l’admission qui sont employés par un psychologue dûment inscrit au tableau de l’Ordre et qui a souscrit à cette assurance. Dans un tel contexte, l’étudiant n’a pas à souscrire lui-même à cette assurance. Il est couvert automatiquement sur la police à laquelle le psychologue a adhéré. Lorsque le psychologue superviseur travaille pour un établissement qui offre une couverture d’assurance responsabilité professionnelle, il doit s’assurer que les termes contractuels de cette assurance couvrent l’étudiant ou le candidat à l’admission. Dans le cas contraire, l’étudiant ou le candidat doit souscrire au programme de l’Ordre. Conditions pour agir à titre de superviseur Le superviseur doit être membre de l’Ordre et, le cas échéant, être habilité à exercer les activités professionnelles qu’il supervise et posséder un minimum de deux années d’expérience pratique dans le domaine de pratique visé par le programme de formation, par le stage, par l’internat à compléter ou par l’emploi occupé, s’il est titulaire d’un doctorat, et un minimum de six années d’expérience s’il est titulaire d’une maîtrise. Une personne qui est membre d’un ordre professionnel autre que l’Ordre des psychologues peut être superviseure si elle est habilitée à exercer les activités professionnelles qu’elle CHRONIQUE | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 11 Chronique supervise, si sa compétence et son expérience sont équivalentes à celles exigées du superviseur membre de l’Ordre et si une relation de coopération active et continue est établie entre cette personne et le responsable des activités de formation pratique pour le compte de l’université ou de l’Ordre. Le superviseur ne doit pas avoir fait l’objet, au cours des trois années précédant la supervision, d’une décision lui imposant un cours ou un stage de perfectionnement ni d’une décision rendue par un ordre professionnel, un conseil de discipline ou le Tribunal des professions ayant eu pour effet de le radier, de limiter ou de suspendre son droit d’exercer des activités professionnelles. Sur demande, le superviseur transmet à l’Ordre les coordonnées de l’étudiant ou de la personne qu’il supervise ainsi que les modalités de supervision qui lui sont applicables. Précisons qu’en cas de signalement en lien avec la conduite d’un étudiant ou d’un candidat à l’admission dans le cadre des services professionnels rendus, l’Ordre enquêtera auprès du superviseur. L’activité d’évaluation des troubles neuropsychologiques Enfin, certaines dispositions du règlement portent spécifiquement sur l’évaluation des troubles neuropsychologiques, pour les psychologues qui se forment en cours de carrière en vue d’obtenir l’attestation émise par l’Ordre pour l’évaluation des troubles neuropsychologiques. Voici ce que le règlement prévoit : Le psychologue peut évaluer, dans le cadre de la formation prévue au Règlement sur une activité de formation des psychologues pour l’évaluation des troubles neuropsychologiques, les troubles neuropsychologiques sous supervision, dans la mesure où l’exercice de cette activité est requis pour lui permettre de compléter cette formation. Le superviseur doit être membre de l’Ordre des psychologues du Québec, être habilité à exercer l’activité d’évaluation des troubles neuropsychologiques et posséder une expérience professionnelle dans l’exercice de cette activité. Nous espérons que ces informations seront utiles à la compréhension des différentes modalités d’application de ce règlement. Les personnes intéressées peuvent communiquer avec le secrétariat général de l’Ordre pour tout complément d’information. Prenez soin de vos patients. Soumettez leurs demandes de règlement d’assurance rapidement et efficacement. 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Or, plus de trois ans après son entrée en vigueur, il subsiste encore une certaine confusion sur le terrain quant à ce que recouvre cette définition, qui va comme suit : La psychothérapie est un traitement psychologique pour un trouble mental, pour des perturbations comportementales ou pour tout autre problème entraînant une souffrance ou une détresse psychologique qui a pour but de favoriser chez le client des changements significatifs dans son fonctionnement cognitif, émotionnel ou comportemental, dans son système interpersonnel, dans sa personnalité ou dans son état de santé. Ce traitement va au-delà d’une aide visant à faire face aux difficultés courantes ou d’un rapport de conseils ou de soutien1. Cette définition est la base sur laquelle l’Ordre des psychologues s’appuie pour déterminer s’il y a ou non exercice illégal de la psychothérapie. Elle est suffisamment claire pour permettre de reconnaître les personnes qui, sans formation ni encadrement professionnel, exercent illégalement la psychothérapie. Toutefois, tout n’est pas encore clair sur le terrain, plus particulièrement dans le réseau de la santé, eu égard à la distinction entre la psychothérapie et certaines interventions de nature psychologique que sont habilités à faire d’autres professionnels de la santé mentale et des relations humaines en vertu de leur champ d’exercice. La question est de savoir jusqu’où ces professionnels peuvent aller sans être habilités à l’exercice de la psychothérapie. Pour y répondre, il faut se pencher sur ce qui caractérise le traitement psychologique qu’est la psychothérapie, en quoi il consiste pour mieux le distinguer d’autres interventions prévues dans différents champs d’exercice professionnels et réalisées auprès d’une même clientèle, souffrante ou en détresse. Des travaux interordres Il faut rappeler que la loi 21 est l’aboutissement du processus de modernisation de la pratique professionnelle en santé mentale et en relations humaines. Dans le but ultime de mieux protéger le public, elle a redéfini les champs d’exercice des professionnels visés, elle a réservé des activités professionnelles hautement préjudiciables aux seuls professionnels habilités et elle encadre la pratique de la psychothérapie. Si elle a été adoptée, c’est parce que les ordres professionnels concernés ont cru à sa pertinence et à son importance, qu’ils y ont travaillé ensemble, dans un esprit d’ouverture et de saine collégialité, et qu’ils ont présenté leur appui consensuel au projet de loi. Précisons que le consensus qui aura été le plus facile à obtenir concernait justement l’encadrement de la psychothérapie. En effet, tous les ordres professionnels se sont rapidement ralliés derrière la définition de la psychothérapie, la nécessité de la réserver et la perspective de mandater l’Ordre des psychologues à la délivrance des permis, à la surveillance du port du titre et au contrôle de l’exercice illégal. Ensuite, tous les ordres, réunis autour d’une table, ont rédigé, sous l’égide de l’Office des professions, un guide explicatif visant « à assurer une cohérence et une uniformité d’interprétation dans tous les milieux. […] Il importe en effet que le sens donné aux dispositions de la Loi 21 soit le même d’une profession à l’autre, d’un établissement à l’autre, dans les directives ou les réponses données dans ces milieux au fil du temps2. » Il n’était et n’est toujours pas question que chaque ordre interprète seul le sens et la portée des activités réservées, le but étant d’éviter de diffuser des informations potentiellement contradictoires et d’entretenir ou de susciter des controverses, confrontations ou affrontements. C’est davantage dans un deuxième temps que sont surgies des interrogations, voire des inquiétudes, sur le sens et la portée de l’exercice de la psychothérapie. On constate que tous les professionnels et intervenants sur le terrain ne saisissent pas bien les nouvelles dispositions légales, alors que d’aucuns, sans le vouloir, en toute bonne foi même, exercent sans habilitation la psychothérapie et que d’autres s’empêchent à tort d’intervenir de crainte d’exercer illégalement. Le réseau de la santé, notamment, a interpellé à plusieurs reprises l’Ordre des psychologues pour vérifier par exemple si des interventions prévues dans un programme de services formalisé constituaient ou non de la psychothérapie. Nous avons donc dû travailler à partir de documents, pour la plupart rédigés avant l’avènement de la loi 21, et tâcher de déterminer si les interventions décrites constituaient ou non de la psychothérapie. Ces travaux ont été importants, puisqu’ils ont permis de valider et de consolider notre méthode d’analyse3. Toutefois, il demeurait que, pour tirer des conclusions qui ne soient pas que théoriques ou CHRONIQUE | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 13 Chronique conditionnelles, il a fallu dans tous les cas s’adresser aux intervenants sur le terrain pour vérifier ce qu’ils font concrètement auprès de la clientèle. Par ailleurs, ces avis semblent difficilement généralisables et ils ne suffisent pas pour permettre sur le terrain de conclure sur d’autres programmes ou sur certaines interventions professionnelles. Il est important de souligner que l’Ordre des psychologues n’a pas fait cavalier seul en la matière. Il a intégré dans son processus d’analyse la consultation des autres ordres professionnels dont les membres sont partie prenante des programmes de soins soumis pour avis, qu’ils soient ou non habilités à l’exercice de la psychothérapie. C’est dans le cadre de ces consultations qu’il est devenu évident pour tous qu’il fallait développer une meilleure compréhension de ce qu’est la psychothérapie afin d’identifier où se trouve le « point de bascule », en quelque sorte, entre l’exercice de la psychothérapie et l’exercice d’autres activités incluses dans le champ d’exercice des différents professionnels mobilisés par une même clientèle. C’est ainsi qu’a été constitué, il y a maintenant un an, un groupe de travail réunissant des représentants des ordres professionnels suivants : le Collège des médecins, l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation, l’Ordre des ergothérapeutes, l’Ordre des infirmières et infirmiers, l’Ordre des psychoéducateurs et des psychoéducatrices, l’Ordre des psychologues, l’Ordre des sexologues et l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux. Ce groupe de travail s’adjoint également les services de membres de ces ordres qui détiennent aussi le permis de psychothérapeute. L’objectif premier est de tracer la ligne entre ce que les professionnels font (ce qu’ils sont autorisés à faire et qui n’est pas réservé) à la lumière de la finalité propre à leur champ d’exercice, et ce qu’ils ne pourraient pas faire considérant le fait que l’exercice de la psychothérapie est réservé et repose sur l’obligation de détenir un permis. Il s’agit donc de déterminer ce « point de bascule », évoqué précédemment, afin d’éviter d’une part que les professionnels non habilités à l’exercice de la psychothérapie ne s’engagent involontairement, sans le savoir, dans un processus psychothérapeutique et, d’autre part, qu’on ne les empêche pas d’offrir des interventions que prévoit leur champ d’exercice et qui ne constituent pas de la psychothérapie. À ce jour, les travaux vont bon train, et ce, dans ce même climat de sérénité, d’ouverture et de collégialité qui, depuis les débuts du projet de loi 21, a animé les ordres professionnels. Notre méthode de travail On a rapidement constaté que le fait de recourir à des paradigmes ou à des conceptions abstraites, élaborés dans des manuels qui font respectivement école dans une profession ou une autre, ne permet pas de saisir ou de comprendre ce qui se passe réellement sur le terrain ni de distinguer les unes des autres les interventions qui sont offertes par différents professionnels. Pour véritablement départager ces interventions professionnelles, il faut entre autres illustrer concrètement, de la façon la plus opératoire possible, ce que font les professionnels sur le terrain. Pour dissiper toute confusion sur le terrain, 14 | Psychologie Québec, vol. 32, n o 5 | CHRONIQUE il faut présenter ces interventions simplement, en évitant particulièrement de recourir à des termes sans les définir au préalable, puisque, en fonction des milieux ou de la profession exercée, de mêmes mots peuvent renvoyer à des conceptions qui s’avèrent différentes et devenir ainsi source de confusion4. Chacun des ordres professionnels avait en tête une ou des interventions que font leurs membres, qui sont inscrites à leur champ d’exercice et qui, de leur avis, peuvent être confondues avec la psychothérapie. Il a donc été convenu que chaque ordre ainsi concerné présente une ou des vignettes cliniques, soit de courtes présentations de cas suivies d’illustrations sur les interventions faites, en mettant l’accent sur la nature de celles-ci, sur ce qui les distingue de la psychothérapie, le tout permettant de saisir où se trouve en somme le point de bascule entre ces interventions et la psychothérapie. Les quatre modèles théoriques d’intervention Il faut rappeler ici que, en vertu de la loi 21, l’exercice de la psychothérapie doit s’appuyer sur des modèles théoriques scientifiquement reconnus, alors que le Règlement sur le permis de psychothérapeute renvoie aux quatre modèles théoriques d’intervention que sont les modèles psychodynamiques, les modèles cognitivo-comportementaux, les modèles systémiques et les théories de la communication et les modèles humanistes. Or, ces quatre grands modèles théoriques proposent une conception de l’être humain et de sa psyché dont l’utilité générale en santé mentale et en relations humaines est indéniable. Il en découle une ou des approches différentes, qui s’accompagnent de techniques qui leur sont propres. Ces approches et techniques sont bien sûr préconisées et utilisées en psychothérapie, mais elles ne sont pas réservées et elles sont aussi largement préconisées et utilisées dans le cadre de nombreuses autres interventions que font différents professionnels non habilités à l’exercice de la psychothérapie. Il n’est donc pas simple de savoir, sur ces bases, si un professionnel exerce ou non la psychothérapie. Il s’agit même d’une des sources importantes de confusion. Par conséquent, outre la rédaction de vignettes cliniques, le groupe de travail a convenu de la nécessité de décrire : • comment se réalise concrètement la psychothérapie en fonction de chacun des quatre grands modèles théoriques ; • où se trouve le « point de bascule » entre la psychothérapie et d’autres interventions dans le cadre desquelles on s’appuie sur une même approche ou on utilise de mêmes techniques. Voilà un défi que le groupe de travail compte relever, soit de dire clairement comment, dans chacun des cas, on agit en somme sur la psyché ou sur l’intrapsychique, comment on vise des modifications sur ce plan. Pour chacun des grands modèles théoriques, on veut faire état : Chronique • des prémisses de base ; • de ce sur quoi on travaille en psychothérapie ; • de la démarche du psychothérapeute. Ce défi, le groupe de travail ne peut le relever seul. Il faut en effet s’appuyer sur l’expertise de ceux qui exercent la psychothérapie. C’est pourquoi l’Ordre des psychologues, en juin dernier, s’est adressé à certains d’entre vous dans l’objectif de présenter de façon générique, simplement et concrètement, comment se pratique la psychothérapie en fonction de chacun des quatre grands modèles théoriques. Bien sûr, on sait que de plus en plus, en psychothérapie, on s’appuie sur des approches intégratives, mais il demeure que chacun des modèles théoriques propose des façons de faire qui lui sont propres, qui sont enseignées à la base et que l’on doit bien connaître pour mieux les intégrer. C’est ce qu’il faut tenter de dégager dans un premier temps. L’échéancier du groupe de travail Le groupe de travail s’est fixé comme échéance la fin de l’année 2015 pour déposer un document consensuel qui fera la lumière sur l’exercice de la psychothérapie et sur ce qui le distingue de l’exercice d’autres interventions de nature psychologique prévues aux champs d’exercice des différents professionnels de la santé mentale et des relations humaines. Ce document sera au final soumis pour approbation aux instances des ordres concernés pour ensuite être diffusé sur le terrain, l’objectif étant de dissiper la confusion que l’on constate et de mettre fin à des confrontations entre professionnels dont la clientèle finit malheureusement par payer le prix. Nous nous assurerons de vous informer des suites au moment opportun. Références 1. Article 187.1 du Code des professions 2. Guide explicatif sur la loi 21, version décembre 2013, p. 8. 3. L’Ordre des psychologues a produit à cet effet quelques avis, dont celui sur un programme thérapeutique s’adressant aux personnes ayant un trouble de personnalité. On explique dans cet avis la méthodologie utilisée pour déterminer si les interventions offertes constituent ou non de la psychothérapie. On y détaille également notre analyse et on fait état de nos conclusions. L’avis se trouve dans le site de l’Ordre à l’adresse URL suivante : www.ordrepsy.qc.ca/pdf/2013_05_17_Avis_TPL.pdf 4. Prenons par exemple, les termes suivants : soins, thérapie, traitement, exploration, restructuration cognitive, perception, croyance, cognition, inconscient… Visionnez ces formations EN DIRECT VIA WEBCONFÉRENCE! Découvrez les nombreux avantages de suivre une formation de qualité dans le confort de votre environnement de travail ou de votre maison en direct! Ces formations sont offertes aux ORGANISMES ainsi qu’aux INDIVIDUS. Vous pourrez vous brancher et visionner la formation sur votre ordinateur, tablette (Mac ou Androïd) ou sur grand écran dans votre milieu de travail avec vos collègues. EN PRIMEUR! Dr Anthony Bateman, psychiatre Le traitement basé sur la mentalisation : théorie et applications 8 octobre 2015 Applications du traitement basé sur la mentalisation à des populations particulières : personnalité antisociale, personnalité évitante, adolescents et familles 9 octobre 2015 Dre Rachel Green, Ph. D., psychologue Entretien motivationnel en santé mentale : une relation de compassion au service du changement 11 mars 2016 Motivational Interviewing in Mental Health: a relation based on compassion in the service of change 10 mars 2016 Dre Suzanne Léveillée, Ph. D., psychologue Violence dans la famille et troubles de santé mentale : évaluation du risque d'homicide, enjeux cliniques et psychothérapeutiques 12-13 novembre 2015 Dr Benoît Laberge, Ph. D., psychologue Thérapie cognitive comportementale de la dépression et de la dysthymie 21-22 janvier 2016 Caroline Lafond, M.Sc., travailleuse sociale Trouble de la personnalité limite, dynamique familiale et intervention systémique 17-18 mars 2016 Dre Lyse Turgeon, Ph. D., psychologue Le traitement des troubles anxieux chez les enfants et les adolescents : bilan et approches prometteuses 26-27 mai 2016 Dr Sébastien Bouchard, Ph. D., psychologue Intervenir auprès de personnes présentant un trouble de la personnalité : éclairage des théories de l'attachement, aspects développementaux et implications cliniques 26 novembre 2015 Dre Amélie Seidah, Ph. D., psychologue Le traitement cognitif comportemental du trouble d'anxiété généralisée (TAG) 27 novembre 2015 Informations et inscriptions www.porte-voix.qc.ca • [email protected] • 418 658-5396 CHRONIQUE | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 15 EA U UV N O Formation continue Santé mentale jeunesse / Neuropsychologie pédiatrique enfants • adolescents • familles Pour chaque formation, nous nous engageons à faire un don à un organisme reconnu et offrant des services à une jeune clientèle et/ou aux familles. Soyez avisés des formations à venir en vous inscrivant à notre infolettre. Formatrice Catherine Dumont Ph.D., neuropsychologue Coût 265 $ + tx Dates Brossard : 1er octobre 2015 Québec : 8 octobre 2015 (don fondation Dr. Julien) Réservé aux psychologues et/ou neuropsychologues & médecins Les troubles neurodéveloppementaux et mentaux de l’enfance et de l’adolescence : démystifier les comorbidités lors de l’évaluation et de l’intervention. (Durée 6 heures) Formatrice Nadia Lessard Ph.D., neuropsychologue Coût 265 $ + tx Dates Brossard : 2 octobre 2015 Québec : 9 octobre 2015 (don fondation Dr. Julien) Réservé aux psychologues et/ou neuropsychologues & médecins Niveau intermédiaire / avancé Le trouble obsessionnel-compulsif chez les enfants et les adolescents : état des connaissances, évaluation et traitements spécifiques. (Durée 12 heures) Dates Brossard : 22-23 octobre 2015 Québec : 26-27 novembre 2015 Coût 530 $ + tx (don Fondation Les petits trésors Hôpital Rivière-des-Prairies) Réservé aux psychologues et/ou psychothérapeutes & médecins Formatrices : Catherine Dumont, Ph.D. et Nadia Lessard, Ph.D. (neuropsychologues) Dates : Brossard : 18 et 19 février 2016 Québec : 9 et 10 mai 2016 Troubles tics et syndrome de la Tourette : enrichissement clinique et formation à l'intervention adaptée. (Durée 12 heures) Formatrice : Julie Leclerc, Ph.D., psychologue et professeure au département de psychologie de l'UQAM Dates : Brossard les 7 et 8 avril 2016 Approche orientée vers les solutions auprès des jeunes et de leurs familles. (Durée 12 heures) Formatrice : Brigitte Lavoie, M.Ps., psychologue Dates : Québec les 21 et 22 avril 2016 Refus scolaire au primaire et au secondaire : Identification des causes et interventions à privilégier auprès des jeunes, des parents et des intervenants. (Durée 6 heures) Formatrice : Caroline Berthiaume, Ph.D., psychologue Date : Brossard le 2 mai 2016 INFORMATIONS ET INSCRIPTIONS : www.institutaparte.com Fo HIVER - PRINTEMPS 2016 par l’OPQ Intervenir auprès de l'enfant et de l'adolescent présentant un trouble du spectre de l'autisme (TSA) : dépistage, troubles concomitants et stratégies d'intervention ciblées sur les troubles cognitifs et les comportements perturbateurs. (Durée 12 heures) es nnu Les frais d'inscription incluent le repas du midi et les collations! ations reco rm nues Fo on Formatrice Caroline Berthiaume Ph.D., psychologue ations rec rm AUTOMNE 2015 Détection précoce des différents troubles d’apprentissage chez les enfants et les adolescents et stratégies prioritaires d’intervention. (Durée 6 heures) Chronique Affaires juridiques Une entente avec l’École de formation professionnelle en hypnothérapie Me Édith Lorquet Directrice des services juridiques Collaboration spéciale de Christiane Gagnon, psychologue et responsable de la pratique illégale Depuis l’entrée en vigueur de la loi 21, l’Ordre des psychologues a reçu de nombreux signalements en pratique illégale au sujet de l’exercice de la psychothérapie, notamment par le biais de l’hypnose. D’ailleurs, une simple recherche sur Internet avec les mots-clés « hypnose » ou « hypnothérapie » nous permet de constater l’abondance et la diversité des services offerts. La description de certaines de ces offres peut parfois porter à confusion et laisser entendre que les services offerts constituent de la psychothérapie selon la définition de la loi. Dans un avis publié en 2013 sur l’hypnose et l’hypnothérapie, l’Ordre concluait que « l’hypnose peut être utilisée pour modifier des comportements spécifiques, ciblés et, à cette fin, son usage peut s’inscrire ou non dans le cadre d’une psychothérapie1 ». Ainsi, l’hypnose est une technique pouvant être utilisée dans le cadre de différentes interventions, dont la psychothérapie. Or, s’il ne fait aucun doute que l’hypnose ou l’hypnothérapie peuvent être pratiquées et offertes au public par un praticien qui n’est pas psychothérapeute, il convient toutefois que les services qu’il annonce et offre au public, dans ses publicités, sur son site Internet ou via d’autres forums, soient conformes à la loi. C’est dans ce contexte que se sont inscrites les discussions qui ont mené à l’entente avec l’École de formation professionnelle en hypnothérapie du Québec (EFPHQ). L’Ordre a donc convenu de circonscrire la pratique de l’hypnose et d’encadrer le mieux possible la façon dont les services d’hypnose ou d’hypnothérapie peuvent être offerts au public, lorsqu’ils ne s’inscrivent pas dans le cadre d’une psychothérapie. Nous avons consulté différents professionnels cliniciens, psychothérapeutes, praticiens en hypnose et juristes et une table de concertation a été mise sur pied avec les représentants de l’EFPHQ et les représentants de l’Ordre. C’est à la suite de plusieurs mois de consultations, de réflexions et de discussions qu’une entente a été obtenue. Cette entente a été soumise au conseil d’administration de l’Ordre, qui l’a approuvée. L’entente Dans un premier temps, l’entente situe le champ d’intervention du praticien en hypnose et décrit sommairement ce qu’est l’hypnose, ses objectifs et les techniques utilisées. Différents éléments de la loi 21 sont expliqués, notamment la définition de la psychothérapie. De plus, l’entente rappelle qu’il existe d’autres interventions qui s’approchent de la psychothérapie, mais qui n’en sont pas. Ainsi, pour éviter de confondre ces interventions avec la psychothérapie, le Règlement sur le permis de psychothérapeute2 en dresse une liste non exhaustive, soit la rencontre d’accompagnement, l’intervention de soutien, l’intervention conjugale et familiale, l’éducation psychologique, la réadaptation, le suivi clinique, le coaching et l’intervention de crise. Ainsi, l’hypnose peut être utilisée comme technique dans le cadre d’une ou l’autre de ces interventions sans que ce soit considéré comme de la psychothérapie telle qu’elle est définie dans la loi 21. Au cœur de cette entente, nous trouvons une description des interventions non psychothérapeutiques pouvant être effectuées à l’aide de l’hypnose pour des personnes souffrant de troubles mentaux. Un effort particulier a été apporté afin de bien circonscrire ces interventions et de bien distinguer celles-ci du traitement psychologique. Les six problématiques ciblées dans l’entente sont les suivantes : la gestion de la douleur, l’insomnie, la dépendance et les habitudes de vie, les phobies, l’anxiété, la dépression et le burnout. Évidemment, on peut aborder d’autres problématiques avec l’hypnose, mais nous nous sommes penchés sur les problématiques de santé mentale les plus communément rencontrées dans les offres de services en hypnothérapie, et pour lesquelles l’hypnose peut être utilisée par un praticien non autorisé à pratiquer la psychothérapie. Nous convenons ainsi que l’utilisation de certaines techniques en hypnose peuvent se rapprocher de celle faite en psychothérapie et donc sont plus susceptibles d’être exercées illégalement, c’est notamment le cas de la régression d’âge. D’autre part, il faut être prudent dans l’utilisation de l’hypnose en raison de la vulnérabilité associée à certaines problématiques, dont la psychose. Ainsi, l’entente reconnaît que les praticiens en hypnose peuvent recevoir les clients qui présentent les six problématiques énumérées en ciblant par exemple la gestion des manifestations de l’anxiété par l’utilisation de techniques de relaxation, de détente ou de visualisation, ou l’enseignement de l’autohypnose. L’hypnose peut également être utilisée afin de renforcer la confiance qu’une personne peut avoir en elle pour surmonter ou mieux vivre ses difficultés, notamment à l’aide de la visualisation ou de suggestions hypnotiques visant le renforcement. CHRONIQUE | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 17 Chronique L’entente se conclut par un énoncé stipulant que le praticien en hypnose non psychothérapeute ne peut traiter ou guérir les troubles de la santé mentale ni le prétendre ou le laisser entendre. Des problématiques complexes sont identifiées, pour lesquelles les techniques d’hypnose ou d’autres techniques ne suffisent pas à améliorer l’état de santé du client. Il est donc reconnu que les personnes vivant ces problématiques devront faire appel à d’autres services professionnels, par exemple un suivi médical, un suivi psychothérapeutique, un groupe de soutien ou une autre thérapie spécialisée en fonction des difficultés ou du trouble en question. Une entente et non une reconnaissance Il faut préciser que cette entente ne peut être interprétée et présentée comme étant une reconnaissance par l’Ordre de la compétence des personnes qui exercent l’hypnose sans en être sous sa juridiction. Cette entente ne vient pas, non plus, légitimer toute pratique en hypnose et ne saurait cautionner des formations ou des pratiques en hypnose non conformes aux règles de l’art. Il est également entendu que cette entente ne limite en rien les pouvoirs de l’Ordre de faire enquête et, le cas échéant, d’engager des poursuites pénales pour exercice illégal en fonction des circonstances particulières de chaque cas. L’esprit de cette entente en est un de collaboration avec les différents organismes qui forment et encadrent les praticiens en hypnose non détenteurs d’un permis de psychothérapeute. Par ailleurs, elle sert non seulement de cadre de référence pour les praticiens en hypnose, mais elle sert également à informer, à éclairer le public en général au sujet de l’utilisation de l’hypnose dans un contexte non psychothérapeutique. Le travail de collaboration menant à cette entente est un exemple à suivre afin que les professionnels non autorisés à pratiquer la psychothérapie puissent poursuivre l’exercice de leurs activités tout en respectant la loi, qui vise à mieux protéger le public. L’entente est disponible à l’adresse suivante : www.ordrepsy.qc.ca/ententehypnose. Par ailleurs, nous venons de signer une entente similaire avec le Regroupement des intervenants et thérapeutes en médecine alternative et d’autres sont à venir. Références 1. Ordre des psychologues du Québec (2013). « Avis de l’Ordre des psychologues du Québec sur l’hypnose et l’hypnothérapie », [www.ordrepsy.qc.ca/pdf/2013_04_26_ Avis_Hypnose_et_hypnotherapie.pdf]. 2. Règlement sur le permis de psychothérapeute, Code des professions, R.R.Q., c. C-26, r. 222.1. OFFRE DE FORMATIONS AUTOMNE 2015 TARIFS DE FORMATIONS 215 $ + tx (Repas et pause-café inclus) Rabais de 5 % à 10 % Montréal le 6 novembre 2015 L’évaluation du tdah chez l’adulte : Comorbidités et diagnostics différentiels (6 Crédits OPQ/ RA00904-14) Sherbrooke le 23 octobre 2015 Montréal 13 novembre 2015 L’intervention individuelle, conjugale et familiale auprès d’adultes présentant un TDAH Outils technologiques en psychothérapie : Leurs utilisations dans le support aux fonctions exécutives (6 Crédits OPQ/ RA00686-13) (5 Crédits OPQ/ RA00903-14) FORMATEUR Dr Martin Pearson, psychologue spécialiste en évaluation et traitement du TDAH chez l’adulte. 18 | Psychologie Québec, vol. 32, n o Disponible en ligne 5 | CHRONIQUE pour l’inscription à plusieurs formations lors de la même transaction. Formations en ligne disponibles PROBLÉMATIQUE Les études révèlent que 5% de la population adulte vivrait avec un TDAH. Les différents professionnels en santé mentale gagneraient en efficacité si certaines considérations cliniques inhérentes au TDAH à l’âge adulte étaient prises en considération dans leur pratique clinique. UNITÉ D’ÉVALUATION & TRAITEMENT DU TDAH ADULTE WWW.TDAHADULTE.CA INFORMATIONS ET INSCRIPTIONS www.tdahadulte.ca/formation.html Chronique Déontologie Un nouvel ami Facebook ? Robert Vachon Psychologue | Syndic [email protected] Voici quelques balises pour utiliser ce réseau social de façon éthique et déontologique. Ce n’est plus à démontrer : les réseaux sociaux sont très populaires, Facebook au premier rang. Au premier trimestre de 2015, ce dernier comptait 1,4 milliard d’abonnés sur la planète. En 2014, 70 % des adultes québécois utilisaient les médias sociaux et, parmi l’ensemble des internautes québécois, 97 % des 18 à 45 ans et 74 % des 45 ans et plus (CÉFRIO, 2014) utilisaient les réseaux sociaux. Dans ce contexte d’omniprésence de ces nouveaux médias, il est tout à fait normal que les psychologues s’y intéressent et les utilisent. Pour plusieurs, le réseau Facebook représente de nombreuses opportunités, tant personnelles que professionnelles. Quelques chercheurs et associations professionnelles s’y intéressent pour son potentiel à joindre la clientèle à peu de frais, à diffuser des informations auprès de publics captifs et à rehausser l’image de leur profession ou pour y constituer des groupes d’intérêts fermés, etc. Dans la dernière année, des membres du public ont signalé au bureau du syndic le comportement de certains psychologues sur Facebook. Ceci nous a inspiré quelques conseils pour éviter de commettre des impairs déontologiques. Séparez vos profils personnel et professionnel Facebook offre la possibilité de créer des pages professionnelles qui permettent une plus grande discrétion quant à l’identité de leurs adhérents. Les gens peuvent s’abonner à une page professionnelle sans requérir à une demande d’amitié. Si vous souhaitez utiliser Facebook à des fins professionnelles, il est fortement conseillé que vous ne le fassiez pas avec votre page personnelle. Tout comme dans d’autres secteurs de notre existence, comme psychologues, il est sage de séparer notre vie privée de notre vie professionnelle. Il vaut mieux faire la même chose sur les réseaux sociaux. Innovez avec prudence et modération Plusieurs professionnels innovent pour mieux desservir leur clientèle, par exemple en utilisant leur page Facebook pour diffuser des contenus crédibles et pertinents à leur profession. Innover comporte des risques, surtout avec un outil comme Facebook, qui peut piéger le professionnel dans son obligation de confidentialité, le plonger dans de réels ou d’apparents conflits de rôles et d’intérêts ou encore le distraire de son obligation de rigueur lors de ses déclarations publiques. Prenez vos décisions d’innovation de façon systématique, avec prudence et modération, en tenant compte du meilleur intérêt de vos clients, des valeurs et obligations de votre profession, et en examinant les conséquences possibles de vos choix (CIQ, 2015). Connaissez votre outil À quelques reprises, le bureau du syndic est intervenu auprès de psychologues qui, en toute bonne foi, ont posé des gestes sur Facebook sans bien en mesurer les impacts, ne connaissant pas les paramètres de la plateforme. Il est donc essentiel, avant de commencer à utiliser cet outil, de bien le connaître, notamment ses paramètres de sécurité et de confidentialité. Il faut également s’engager à suivre les évolutions de ces paramètres, car ils changent régulièrement. Pour s’aider à paramétrer son outil, le psychologue peut se poser les questions suivantes : • • • • • Qui voit spontanément mes publications ? Que peut-on voir en faisant des recherches via Facebook ? via Google ? Que peuvent voir mes clients ? Quel effet cela peut-il avoir sur eux ? Que peuvent voir les amis de mes amis ? Comment limiter leur accès ? Quels paramètres de sécurité puis-je définir pour empêcher les clients d’avoir accès à du contenu personnel ? Accepter ou refuser les demandes d’amitié ? Il peut arriver qu’un de vos clients vous invite à devenir son ami Facebook sur une base personnelle, en toute bonne foi. Il incombe au psychologue de refuser cette demande et d’expliquer au client les raisons de ce refus. Ceci peut être fait au moment où la situation se présente, ou systématiquement en début de suivi, lors des mises en garde d’usage et du consentement initial. Certains psychologues utilisent un pseudonyme et n’affichent pas de photo d’eux afin d’éviter l’embarras de telles demandes d’amitié et pour éviter que leurs clients aient accès à leur profil personnel. Quoique vous choisissiez, gardez à l’esprit que lorsque vous acceptez un ami Facebook, vous acceptez que cette personne ait accès aux informations qui sont affichées sur votre page personnelle. Également, en l’acceptant comme amie, vous lui envoyez un message équivoque sur la nature de votre relation, ce qui érode la distance professionnelle et le cadre thérapeutique qui sont nécessaires pour l’aider. Ceci peut aussi avoir des conséquences négatives sur elle, sur sa santé mentale et sur l’efficacité du traitement psychologique entrepris. Développer et maintenir des frontières interpersonnelles claires et structurantes avec vos clients est une préoccupation que les réseaux sociaux rendent encore plus essentielle qu’avant leur prolifération. De plus, qu’en est-il de la confidentialité? Votre acceptation de la « demande CHRONIQUE | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 19 Chronique d’amitié » de votre client est visible par tous vos amis Facebook. Rappelez-vous alors vos obligations déontologiques, notamment les articles 15 et 26 : 15. Le psychologue, aux fins de préserver le secret professionnel: 1° ne divulgue aucun renseignement sur son client à l’exception de ce qui a été autorisé formellement par le client par écrit, ou verbalement s’il y a urgence, ou encore si la loi l’ordonne ; […] 3° ne révèle pas qu’un client fait ou a fait appel à ses services professionnels ou qu’il a l’intention d’y recourir ; 4° ne mentionne aucun renseignement factuel susceptible de permettre d’identifier le client ou encore modifie, au besoin, certains renseignements pouvant permettre d’identifier le client lorsqu’il utilise des renseignements obtenus de celui-ci à des fins didactiques, pédagogiques ou scientifiques ; […] 26. Pendant la durée de la relation professionnelle, le psychologue n’établit pas de liens d’amitié susceptibles de compromettre la qualité de ses services professionnels, ni de liens amoureux ou sexuels avec un client, ne tient pas de propos abusifs à caractère sexuel et ne pose pas de gestes abusifs à caractère sexuel à l’égard d’un client. Les amis de mes amis sont mes amis Dans l’utilisation des réseaux sociaux, le professionnel doit garder en tête qu’il s’agit d’un espace public, et ce, même lorsqu’il s’agit d’une page personnelle. Ce qui est publié sur le réseau social peut rapidement être vu et partagé par un très grand nombre de personnes. Il y a toujours une possibilité que, parmi ce grand nombre de personnes, se trouve un client, un employeur, un partenaire de travail ou un de leurs proches. Cet espace public présente donc des risques comparables à ceux que rencontrent les psychologues qui pratiquent dans de petites communautés (APA, 2014) et qui doivent constamment gérer les frontières entre leur vie personnelle et professionnelle. Soyez conscients de la possibilité exponentielle de diffusion de vos publications et restreignez-les selon vos besoins en configurant adéquatement les paramètres de sécurité. Attention aux publicités cachées Au-delà du réseautage, Facebook est devenu une plateforme prisée pour publiciser des produits et des services et y associer des membres de votre groupe d’amis. En cliquant « j’aime » sur une publication évoquant un produit ou un service ou faisant référence à un site quelconque, vous devenez « associé » à cette publicité nouveau genre qui sera rapidement disséminée parmi vos relations et vous pouvez être ainsi perçu comme endossant un produit ou un service n’ayant peut-être rien à voir avec la psychologie. À l’instar de toute publicité à laquelle il peut être associé, le psychologue doit s’assurer qu’il respecte son code de déontologie, notamment : 75. Le psychologue s’abstient de participer en tant que psychologue à toute forme de publicité recommandant au public l’achat ou l’utilisation d’un produit ou d’un service qui n’est pas relié au domaine de la psychologie. Commentez et partagez avec prudence Les « statuts » Facebook sont distribués dès que vous cliquez sur « publier ». Même si vous décidez de supprimer un message par la suite, vos amis l’auront déjà vu sur leur fil d’actualité. Lorsqu’il publie ou commente une information sur les réseaux sociaux, le psychologue doit se questionner au préalable et éviter les commentaires spontanés et impulsifs, faits sous le coup de l’enthousiasme, de la colère ou de toute autre émotion qui pousse à agir sans réfléchir. Il faut garder en tête que lorsque l’on commente un contenu publié par un ami Facebook, notre commentaire sera visible pour nos amis, mais également pour les siens et, selon ses paramètres, possiblement au grand public. 20 | Psychologie Québec, vol. 32, n o 5 | CHRONIQUE Faites honneur à votre profession Vous étiez présent à une fête, quelques photos ont été prises, dont certaines de vous que vous préférez ne pas exposer sur le Web ! Mais votre ami Facebook lui, était aussi de la fête et il a publié ces photos sur sa page personnelle. Tous ses amis Facebook (dont vous faites partie, mais il y en a plusieurs que vous ne connaissez pas) les ont donc vues, et probablement aussi les amis de ses amis. Il faut savoir que toutes ces personnes peuvent enregistrer les photos et les partager, et vous identifier sur la photo. Cette identification « cliquable » permet à n’importe qui de visiter votre page Facebook et de voir les contenus selon ce que vous allouez dans vos paramètres d’identification et de journal. L’un d’eux est peut-être votre client. Demeurez conscient que ce qui est sur Facebook est public et peut se retrouver sous le regard de quelqu’un à qui vous ne souhaitez pas le montrer. Donc, assurez-vous de faire honneur à votre profession dans vos commentaires, dans les photos que vous partagez, dans le choix des sites « aimés », comme le rappelle le Code des professions, article 59.2 : 59.2. Nul professionnel ne peut poser un acte dérogatoire à l’honneur ou à la dignité de sa profession ou à la discipline des membres de l’ordre, ni exercer une profession, un métier, une industrie, un commerce, une charge ou une fonction qui est incompatible avec l’honneur, la dignité ou l’exercice de sa profession. Vérifiez vos sources Lorsque vous choisissez de partager une information, sur votre page professionnelle par exemple, assurez-vous qu’elle soit de source sûre. Par exemple, si vous partagez un article médiatique ou un communiqué de presse, assurez-vous que le diffuseur est reconnu, crédible et que les sources sont identifiées. Évitez de partager des informations ou articles qui proviennent de sources douteuses ou qui ont des titres sensationnels et qui ne citent pas leurs sources, ou encore qui ne présentent sans nuance qu’un seul aspect du sujet concerné. Les articles suivants de notre code de déontologie sont particulièrement éclairants : 58. Dans ses déclarations publiques traitant de psychologie, le psychologue évite le recours à l’exagération ainsi que toute affirmation revêtant un caractère purement sensationnel. 61. Dans toute activité de consultation professionnelle s’adressant au public, le psychologue prend soin de souligner la valeur relative des renseignements ou conseils donnés à cette occasion. Tenez-vous loin des controverses Un jour, le bureau du syndic a reçu un signalement concernant un psychologue qui avait relayé une publication sur son profil Facebook. Ce dernier reprenait un article de journal racontant l’histoire de personnes qui étaient en litige avec des pourvoyeurs de services. Bien que ledit psychologue n’avait que partagé cet article sans même le commenter, le pourvoyeur en question était très mécontent et nous a demandé d’enquêter, ce que nous avons fait. Nous avons alors appris que ce psychologue avait offert des services professionnels à ces personnes en litige et avait, par sympathie pour eux, pris parti pour leur cause en publiant un lien avec l’article de journal qui racontait leur mésaventure. Nous avons échafaudé un plan correctif avec ce psychologue, car il avait manqué à son devoir, notamment : 25. Le psychologue ne s’immisce pas dans les affaires personnelles de son client. 30. Le psychologue ne se sert pas de sa relation professionnelle établie avec un client à des fins personnelles, politiques ou commerciales. Demandez à Socrate de vous aider Bien avant les réseaux sociaux, Socrate, le philosophe de la Grèce antique, avait une méthode simple pour sélectionner ce qui devait ou ne devait pas être dit. Il demandait à ses disciples de soumettre ce qu’ils avaient envie de dire au test des trois tamis. Le même test peut servir pour filtrer ce qu’on a envie de publier sur Facebook. Voici les trois tamis : 1) Ce que vous avez à dire est-il vrai ? (qualité des sources) ; 2) Ce que vous avez à dire est-il bon ? (controverse, publicité, honneur) ; 3 : Ce que vous avez à dire est-il utile? (impact sur vos clients et le public). Si ce que vous avez à dire, partager ou publier ne rencontre aucun de ces critères, Socrate vous recommanderait de ne pas le faire. Il vous suggérerait même de l’oublier! Votre syndic vous recommande la même chose ! Références American Psychological Association (février 2014). Best Practices for an Online World, [www.apa.org/monitor/2014/02/ce-corner.aspx]. Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations, à l’aide des technologies de l’information et de la communication (TIC) (CÉFRIO) (2014). « Les médias sociaux, au coeur du quotidien des Québécois », [www.cefrio.qc.ca/netendances/medias-sociaux-coeur-quebecois/utilisation-medias-sociaux/#l-age-un-facteur-qui-influence-fortement-l-utilisation-des-medias-sociaux]. Conseil interprofessionnel du Québec (CIQ) (2015). « L’utilisation des médias sociaux : entre l’éthique et la déontologie », [www.adma.qc.ca/Publications/Info-ADMA/~/media /6C802704EF764C6F8F69D2D689847CC2.ashx]. New Zealand Psychologists Board (NZPB) (août 2013). « Maintaining professionalism when using social media networking », [www.psychologistsboard.org.nz/cms_show_download. php?id=278]. Ontario Psychological Association (mars 2015). Guidelines for Best Practices in the Use of Social Media, OPA Communications and Member Services Committee. Vincent, Johanne (5 juin 2015). L’utilisation des médias sociaux par les professionnels de la santé : entre l’éthique et la déontologie, présentation des points saillants d’une maîtrise en philosophie à l’Ordre des psychologues du Québec. OFFRE D’EMPLOI : SYNDIC ADJOINT Le bureau du syndic est à la recherche d’un syndic adjoint. Poste à temps partiel (trois jours par semaine). Mandat de deux ans renouvelable. Pour débuter au sein de l’équipe au début de 2016. Consultez l’offre d’emploi au www.ordrepsy.qc.ca/syndicadjoint COURS DE DÉONTOLOGIE ET PROFESSIONNALISME Ce cours, réparti sur deux jours, s’adresse aux candidats à l’admission et aux psychologues souhaitant rafraîchir leurs connaissances sur le plan déontologique. Plusieurs situations susceptibles de se présenter au cours d’une pratique professionnelle y seront exposées, telles que le conflit d’intérêts, la dangerosité, le témoignage devant les tribunaux et celles qui sollicitent des compétences entre autres en matière de confidentialité et de consentement libre et éclairé. PROCHAINES FORMATIONS À MONTRÉAL 2 octobre et 30 octobre 2015* 13 novembre et 11 décembre 2015* *Les participants doivent suivre une série de deux journées complètes. Horaire de chaque journée : de 9 h à 16 h 30 Inscription en ligne : www.ordrepsy.qc.ca/coursdeontologie Tarif 287,44 $ taxes incluses ÉLYSE MICHON, FORMATRICE Mme Élyse Michon, psychologue, a été inspecteure de l’Ordre pendant trois ans avant de collaborer à la conception du cours de déontologie qu’elle donne maintenant depuis plus de 15 ans. Mme Michon est également la formatrice du cours sur la tenue de dossiers offert par l’Ordre et enseigne le cours en éthique et déontologie à l’Université de Sherbrooke. ENTREVUE Entre rationalité et humanité Rencontre avec la présidente de l’Ordre, la Dre Christine Grou Mercredi 8 juillet, Christine Grou nous accueille dans son nouveau bureau avec un enthousiasme palpable. Quelques semaines ont passé depuis son élection, et la présidente entrante prend la mesure du rôle qui lui est dévolu. Elle partage ses réflexions sur la profession et livre quelques pans de son parcours. On découvre une femme accessible, profondément humaine, qui a sa profession tatouée sur le cœur. On ressort de cette conversation avec le sentiment d’avoir appris, d’avoir réfléchi et surtout de ne pas avoir vu le temps passer ! par Éveline Marcil-Denault psychologue et rédactrice pigiste 22 | Psychologie Québec, vol. 32, n o Christine Grou se souviendra longtemps du 22 mai 2015, « une journée intense et riche en émotions », dit-elle en évoquant les dizaines de courriels d’amis et collègues, impatients de connaître l’issue du scrutin. « C’est tout un changement professionnel, résume la nouvelle présidente. Avoir la mission de la protection du public, c’est déjà une tâche importante, mais bien comprendre les réalités des 8500 psychologues, c’est aussi très complexe ! Je me sens porteuse de grandes responsabilités, avec toutes les angoisses qui viennent avec ! » 5 | ENTREVUE Pas d’impulsion, mais une longue décision Depuis près de 30 ans, elle évoluait dans le réseau de la santé tout en assumant une pratique privée et diverses tâches d’enseignement et de supervision. « J’adorais tout ça », confie l’ancienne chef de la discipline de psychologie à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. L’idée de soumettre sa candidature au poste de présidente a germé à la suite de l’annonce du départ de Mme Charest, quand plusieurs personnes l’ont approchée. « Ça a été une surprise. Ils me voyaient dans ce poste, mais pas moi », avoue Christine Grou. Le processus de réflexion s’est poursuivi quelques mois. « Le plus difficile était de penser que j’allais peut-être devoir quitter les patients, les équipes de soins et particulièrement les psychologues. En même temps, j’étais fière de voir leur professionnalisme avoir préséance sur leurs inquiétudes vis-à-vis des réformes annoncées. Ils m’ont inspirée. » Libre et éclairée, Christine Grou s’est lancée. Et les membres lui ont fait confiance. Une psychologue au cheminement intégratif D’abord formée selon l’approche cognitivo-comportementale, la neuropsychologue clinicienne s’est ensuite perfectionnée auprès de l’approche psychodynamique et, plus récemment, s’est initiée aux thérapies cognitivo-comportementales de troisième vague. « Quand tu vas chercher une deuxième, voire une troisième paire de lunettes, c’est dans l’optique d’y voir plus clair. Mais paradoxalement, ce qu’on perçoit mieux, c’est tout ce qu’on ne sait pas ! » analyse celle qui dit redouter l’intégrisme. Dans sa vision, des jonctions se tissent entre différents concepts théoriques, comme pour le lapsus et la paraphasie, ou pour l’inconscient et la mémoire implicite. La présidente, qui porte également ses identités de psychologue clinicienne et de neuropsychologue, espère défaire certains mythes tenaces, dont l’idée que certaines approches sont plus rigoureuses que d’autres. « La psychologie évolue. Mon souhait est de ne plus voir de guerres de clochers. Comme présidente, je veux sensibiliser les membres au fait qu’ils ont un rôle à jouer pour défaire les mythes et ainsi s’élever au-dessus des débats trop sectaires ou identitaires sans pour autant perdre de leur rigueur scientifique. La compétence du psychologue et l’efficacité de ses interventions n’ont pas qu’à voir avec son orientation théorique », affirme celle qui voit la compétence comme une conjugaison entre un savoir en évolution, un savoir-faire qui se bonifie avec l’expérience et un savoir-être ponctué par la pensée réflexive, l’empathie, l’introspection et tant d’autres choses… Et pourtant, étudiante en neuropsychologie à l’Université de Montréal et à l’UQAM par la suite, Christine Grou n’avait d’yeux que pour l’adéquation entre le cerveau et le comportement. « Je souris quand j’y repense, mais dans toute ma candeur, je me disais que j’allais travailler sur les cognitions (fonctions nobles) – et plus précisément sur les fonctions mentales supérieures (rien de moins) – et laisser les affects aux autres cliniciens ! » Au fil du temps, son regard a changé ; un cheminement avec lequel elle dit avoir fait la paix tant dans sa vie personnelle que dans sa pratique. « La cognition et l’affect ne fonctionnent pas de manière séparée, j’en ai (et j’en suis) sans cesse la preuve », dit-elle avec une pointe d’humour. La liberté en héritage Fille d’un père doyen d’université et d’une mère au foyer, Christine Grou a grandi en banlieue de Montréal dans une famille qu’elle qualifie de traditionnelle, mais qui, dans son récit, laisse deviner beaucoup d’ouverture d’esprit pour l’époque. Pas de télé au souper chez les Grou. « Mon père – un sociologue des années 1960, acteur de la Révolution tranquille – avait le souci de la relation. Ça discutait fort à table et nous, les enfants, on avait un large droit au chapitre de la délibération ! » Alors qu’elle était adolescente, son père s’est consacré au développement de projets internationaux. Les voyages ont formé sa jeunesse, de même que les arts, la culture et les activités sportives. « Ma mère a poursuivi des études en musique et passé sa ceinture noire de judo dans la trentaine, apprend-on au détour d’une phrase. Mes parents étaient aussi amateurs de lecture, de musique classique et d’opéra. Nous étions des enfants studieux, sociables et actifs. Le sport était quasi quotidiennement au rendez-vous. J’ai fait plusieurs années de tennis et de gymnastique artistique, six ans de judo et des années de nage et de course à pied. » ENTREVUE | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 23 ENTREVUE « En donnant de la liberté aux enfants, tu leur envoies le message que tu leur fais confiance ; j’ai toujours senti que je devais mériter cette confiance », évalue la psychologue avec recul. Son père est décédé aujourd’hui, mais elle dit avoir toujours senti qu’elle et son frère étaient ce qui comptait le plus pour ses parents. « Je suis imprégnée de ces valeurs, dit-elle, et je fais mes choix de carrière en fonction d’où mes enfants sont rendus, de leurs besoins. Ils sont ce que j’ai réalisé de plus beau. Je les vois grandir et je me sens choyée. Je regarde mon fils devenir un jeune adulte équilibré et confiant en lui-même et je regarde ma fille progresser dans son autonomie avec autant d’émotion que quand ils étaient petits. » L’éthique : voir l’autre côté du lit Christine Grou a non seulement participé à de nombreux comités éthiques, mais de 2004 à 2012 elle s’est formée en bioéthique, jusqu’à réussir une maîtrise. « Mes enfants étaient assez grands et je pouvais partir un soir par semaine pour étudier. Je leur laissais un pique-nique avec un petit mot. Leur père – qui était médecin – avait son bureau à la maison et ils étaient fiers de se débrouiller pour le souper pendant que lui faisait ses consultations. » Pourquoi l’éthique ? « J’avais tellement de questionnements par rapport aux cas complexes qui m’étaient souvent confiés, explique la présidente. On voulait le mieux pour le patient, mais je réalisais qu’on ne s’entendait pas toujours sur ce qu’était le mieux. Aussi, il faut savoir que parfois, le mieux se révèle être l’ennemi du bien. J’avais aussi des questions sur mon rôle à jouer auprès des étudiants doctorants, sur les enjeux de l’éthique en recherche ou sur la meilleure façon de réaliser des expertises sans perdre de vue la personne à traiter qui, malheureusement, deviennent trop souvent un débat quasi académique entre experts. » Et puis, il y a eu des raisons beaucoup plus personnelles. « J’ai découvert ce que j’appelle l’autre côté du lit d’hôpital, plusieurs épreuves que j’ai traversées et parfois, sur une période assez longue, explique Christine Grou. Je suis devenue une observatrice critique du jugement clinique… parce qu’il faut admettre comme professionnels qu’on ne peut pas tout comprendre de la réalité intérieure des patients », dit-elle. Les chevaux de bataille de la présidente « Mon plus grand défi est de résister à l’envie d’aller vite ! » annonce la présidente, qui se sent privilégiée de pouvoir compter sur l’équipe de l’Ordre afin de se familiariser avec la nouveauté. Mais déjà, des priorités se profilent, dont le dossier de l’accessibilité à la psychothérapie et le suivi de l’implantation du projet de loi 21. Christine Grou compte défendre la qualité de la pratique lorsqu’il est question d’accessibilité. « La tendance, c’est de se centrer sur ce qui est facile à mesurer – comme le nombre de rencontres – et d’évacuer ce qui est complexe, le mieux-être d’une personne ou l’adéquation d’une intervention, par exemple. Je compte rappeler à tous les acteurs que je croiserai que ces variables complexes existent et sont déterminantes en dépit du fait qu’il est parfois plus facile d’en sous-estimer l’importance. » Dans un contexte de restrictions budgétaires, la santé mentale risque de demeurer le parent pauvre du système, croit Christine Grou. « La souffrance psychologique, bien que souvent plus silencieuse, n’est pas moins dommageable pour la personne ni moins coûteuse pour la société. Il faut livrer une juste bataille pour que les gens aient accès aux bons soins, au bon moment. » La formation continue est un autre sujet sur la table : « Il va falloir baliser la formation continue pour l’ensemble des membres en s’assurant d’un certain équilibre entre la contrainte nécessaire et une certaine liberté dans le développement professionnel. » Garder le contact Pour faire avancer les dossiers, Christine Grou espère compter sur l’appui des membres. « J’aimerais développer de la confiance mutuelle et un sentiment d’appartenance, pour que les psychologues s’engagent dans une tradition de valeurs communes et de façon un peu moins individualiste. » Consciente que l’éloignement de la pratique de terrain en santé mentale est un risque inhérent à sa fonction, la présidente entrante est, en outre, résolue à garder le contact, tant avec les membres qu’avec sa propre pratique clinique. « Il nous faut aussi des répondants ; des yeux et des oreilles sur tous les terrains occupés par les psychologues », précise-t-elle. ssss ss Résolution du deuil par hypnose conversationnelle en psychothérapie RA01051-15 (14 heures) Villes et dates 2015 Montréal, les 18 et 19/09 Orford, les 8 et 9/10 Québec, les 23 et 24/10 Rimouski, les 6 et 7/11 « La technique mise au point par Paule Mongeau offre une alternative efficace dans la résolution de deuils stagnants ou complexes. Mais le plus intéressant, c'est qu'elle peut être adaptée à bien d'autres problématiques relationnelles. Elle est facile à utiliser et versatile. Un «must» dans toute boîte à outils psychothérapeutiques. -Michel Jacob, psychologue » www.paulemongeau.ca « La proximité avec le public a été extrêmement bien développée par Mme Charest et on doit continuer à le faire », soutient Mme Grou, qui ne craint pas les médias. Car, à ses yeux, la protection des citoyens passe non seulement par l’accessibilité aux services, mais aussi par l’information et l’enseignement. Pour en finir avec l’iniquité « Nous faisons face à de grandes iniquités dans l’accès à la psychothérapie, affirme Christine Grou sans détour. Oui, il y a des psychologues dans le réseau, mais ça ne veut pas dire que tout le monde a accès à leurs services ni que le bon besoin est comblé au bon moment. » Selon elle, l’accès est particulièrement difficile pour les personnes souffrant de troubles moins graves : « Soit elles s’en sortent comme elles le peuvent par leurs propres moyens, soit elles attendent que leur état s’aggrave pour avoir des services. » La présidente dénonce le paradoxe suivant : un patient ayant accès à un médecinpsychothérapeute verra sa psychothérapie remboursée par la RAMQ, alors que le même traitement offert par un psychologue ne sera pas couvert. « Je pense que l’accessibilité aux services psychologiques passe aussi par le réseau privé, comme les modèles de la SAAQ, de l’IVAC et de la CSST. Toutefois, actuellement, si le problème fait suite à un accident de la route ou du travail, la psychothérapie sera assumée, mais pas si la problématique est due à un accident de vélo, par exemple ! » affirme Mme Grou, soulignant qu’il est particulier que l’accès soit la résultante d’une causalité plutôt que d’une problématique clinique. On entend souvent que les Québécois n’ont pas accès à un médecin de famille… Christine Grou déplore le manque d’accessibilité aux psychologues : « C’est encore plus difficile d’avoir accès à un psychologue, car souvent ça nécessite une évaluation médicale initiale. Pourtant, la loi a statué sur la compétence des psychologues pour évaluer et traiter les troubles mentaux ! » Penser tout haut Elle n’effleure pas les questions. Ses réponses, réfléchies, étoffées et nuancées laissent entrevoir un souci de couvrir tous les angles. « Les personnes qui s’intéressent à l’éthique ont une tendance à aimer l’analyse de sujets complexes. Elles sont capables de vivre avec les zones grises et surtout, elles aiment la délibération. » Christine Grou, en décrivant ses confrères d’éthique, se révèle. Et sa façon de communiquer parle autant que ses mots ; l’attention qu’elle porte aux sujets et à son interlocuteur, son regard bienveillant, le vouvoiement qu’elle emploie. À son contact, une ambiance empreinte de respect et de calme s’installe. D’une idée à l’autre, la pensée se déploie jusqu’à ce que l’horloge nous rappelle à l’Ordre. L'évaluation des modes de schémas et les techniques d'intervention expérientielles pour les traiter Formateur: Martin Roy, M.Sc., M.Ps., psychologue M. Roy pratique depuis 12 ans en bureau privé. Supervisé par Pierre Cousineau depuis 2004, il a enseigné l'approche des schémas pendant 4 ans au Collège Universitaire Dominicain et donne présentement de la supervision et de la formation selon cette approche. Au terme de cette formation les participants seront en mesure de: Ø Connaitre les caractéristiques des dix modes de schémas et détecter leur présence chez la clientèle Ø Décrire le fonctionnement des modes de schémas aux clients et les aider à en comprendre les liens avec leur problématique Ø Connaitre le concept de reparentage partiel et l'appliquer auprès de la clientèle Ø Utiliser deux techniques d'intervention expérientielles: le dialogue entre les modes et l'imagerie guidée Prérequis suggérés pour suivre cette formation de niveau intermédiaire: Ø Avoir évalué quelques clients avec le Questionnaire des Schémas de Young (QSY) Ø Avoir suivi une formation/supervision sur l'approche des schémas ou avoir fait des lectures pertinentes Montréal: 2 et 9 octobre 2015, de 9h à 16h30 Québec: 30 octobre et 6 novembre 2015, Gatineau: 4 et 11 décembre 2015, de 9h à 16h30 de 9h à 16h30 425$ taxes incluses, repas non compris 13 heures de formation continue reconnue par l'OPQ (RA01129-‐-‐ 15) Informations et inscription: [email protected] DOSSIER Comprendre la détresse des hommes, mieux intervenir EXPERTE INVITÉE Dre Suzanne Léveillée, psychologue [email protected] La Dre Léveillée est psychologue depuis 1987 et professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivières depuis 1994. Ses projets de recherche portent sur les enjeux psychosociaux, la santé mentale et la violence intrafamiliale. Elle donne des formations sur ce sujet et elle exerce en pratique privée (psychothérapie et expertise psycholégale). 26 | Psychologie Québec, vol. 32, n o 5 | DOSSIER La détresse vécue par les hommes est bien réelle. En traitant de ce sujet, plusieurs questions nous viennent en tête. D’une part, la détresse vécue par les hommes diffère-t-elle de celle des femmes ? D’autre part, comment cette détresse s’exprime-t-elle et quels en sont les déclencheurs ? Enfin, qu’en est-il de la demande d’aide effectuée par les hommes ? En tant que psychologue, il est important de bien évaluer ces enjeux spécifiques aux hommes pour intervenir de manière plus efficace. Les différences hommes-femmes La comparaison entre les hommes et les femmes a fait l’objet de plusieurs études en lien avec la séparation, l’autodestruction et la demande d’aide. Un des déclencheurs de détresse intense chez les hommes (affects dépressifs, comportements destructeurs ou violents contre soi ou autrui) est sans aucun doute la séparation amoureuse. Selon plusieurs études, les hommes prennent moins fréquemment l’initiative de la rupture que les femmes ; en moyenne, 80 % des femmes prennent la décision de la rupture (Cyr-Villeneuve et Cyr, 2009). Les conséquences de ce constat pourraient être un vif sentiment de trahison, le peu de préparation à la perte qui arrive subitement pour les hommes. Ainsi, le processus de deuil vis-à-vis des pertes (de la conjointe, des enfants) débute à un moment différent chez les hommes de chez les femmes (Genest-Dufault, 2013). Les hommes entretiendraient plus longtemps des fantaisies de réconciliation. Aussi, entretenir un attachement envers une personne qui n’est pas attachée en retour engendrerait de la honte et une baisse de l’estime de soi. De plus, certains hommes se sentent trahis et réagissent par des comportements violents lors de l’annonce de la séparation (Baum, 2003 ; Ellis, Stuckless et Smith, 2015). En effet, certains hommes présentent des comportements violents envers leur conjointe pendant la période de la séparation, même s’ils n’en avaient jamais présenté avant. Le manque de mots, le trop-plein d’émotions, les difficultés à contenir ses émotions lors d’un stress intense pourraient expliquer, sans les justifier, des comportements agressifs en contexte de séparation (Léveillée et Lefebvre, 2010). D’autres travaux indiquent un lien entre la séparation et des épisodes de dépression majeure (Baum, 2004), une augmentation de la consommation d’alcool et des comportements autodestructeurs (Kolves, Ide et De Leo, 2010). Demander de l’aide n’est pas aisé pour les hommes Les hommes présentant des valeurs masculines traditionnelles plus ancrées en lien avec la performance, la force et la restriction émotionnelle démontrent plus de difficultés à demander de l’aide. Ces valeurs seraient aussi liées à des difficultés à reconnaître leur vulnérabilité (Fletcher et St-George, 2010). De plus, la honte masculine serait associée aux valeurs masculines : plus ces valeurs sont ancrées, plus les hommes éprouvent des difficultés à demander de l’aide, et plus ils ressentent de la honte (Parcel, 2010). La demande d’aide des hommes : quand paroles et comportements s’entremêlent Parfois, l’expression d’agressivité est la seule porte d’entrée vers la verbalisation ; la détresse s’exprime souvent chez les hommes par des comportements ou propos teintés d’agressivité. Ces propos auraient pour fonction de masquer les affects dépressifs. Même dans ce contexte, il importe dans la mesure du possible de faire preuve d’empathie et de respect, de démontrer notre intérêt à mieux comprendre les difficultés vécues et exprimées sans adopter un ton moralisateur ou culpabilisant (Guilmette et coll., sous presse, mars 2016). Il demeure essentiel de ne pas accepter une agressivité qui dépasserait nos limites personnelles ou professionnelles. Toutefois, nommer la détresse sous-jacente à l’irritabilité reste un outil thérapeutique à retenir. Quand les comportements remplacent les mots, un espace de parole sécuritaire et sans jugement pourrait aider les hommes en détresse à nommer le trop-plein d’émotions et ainsi diminuer le risque de passage à l’acte violent. Par exemple, dans le contexte d’une séparation conflictuelle où l’homme a des comportements violents, Vasselier-Novelli et Heim (2010) soulignent que des rencontres (individuelles ou de groupe) permettent à l’homme de se sentir écouté, de voir que l’on reconnaît sa détresse, malgré, par exemple, les accusations portées contre lui. Dans un tel contexte judiciaire, une ou deux rencontres de soutien pourraient précéder un travail thérapeutique ultérieur plus approfondi. Le groupe, un outil de traitement fort appréciable pour les hommes Un des défis de l’intervention auprès des hommes est de les aider à briser l’isolement, à élargir leur réseau de soutien et à réinvestir leurs liens sociaux (Tremblay et L’Heureux, 2010 ; 2011). Les pratiques de groupe offrent aux hommes la possibilité de recevoir du soutien émotionnel et l’opportunité de créer des liens significatifs. De plus, une des forces de l’intervention de groupe est de stimuler le lien social permettant à la personne de se sentir moins seule et isolée dans une période difficile, et ce, à un moment précis de sa vie. Les personnes en détresse ont souvent l’impression que leurs difficultés pourraient durer toute leur vie. DOSSIER | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 27 Quatre textes sur la détresse masculine Les thèmes abordés dans cette brève mise en contexte sont repris et élaborés plus à fond par les auteurs du présent numéro thématique. Les auteurs nous font part de leur expertise en arrimant les résultats de recherche à la pratique clinique. Ainsi, partant de travaux récents, ils proposent des pistes d’intervention pertinentes à prendre en compte quand le psychologue recoit un homme en consultation. La question du suicide est particulièrement sensible pour les hommes et les psychologues doivent y porter attention. Les auteures Janie Houle et Brigitte Lavoie ont écrit deux textes en collaboration. Ces textes intitulés « Prévenir le suicide chez les hommes » et « Pratiques à promouvoir pour mieux aider les hommes » traitent des travaux récents et proposent des pistes d’intervention concrètes et spécifiques aux hommes. La détresse vécue par les hommes lors d’une rupture conjugale est abordée par Richard Cloutier. Dans son texte intitulé « Rupture conjugale et détresse masculine », l’auteur nous sensibilise à ce phénomène et soulève l’importance d’offrir aux hommes un accompagnement sur les plans relationnel, juridique et financier. Cet accompagnement pourrait assurer un filet de sécurité sociale appréciable. Enfin, le thème de la détresse entourant le poids, l’image corporelle et l’insatisfaction corporelle a beaucoup été développé pour les femmes, mais peu de travaux portent sur ce type de souffrance chez les hommes. Dans leur texte intitulé « L’insatisfaction corporelle chez les hommes : une détresse méconnue qui mérite notre attention », Patricia Groleau et Jodie Richardson présentent les travaux effectués sur cette thématique et abordent quelques éléments d’évaluation et de traitement, ainsi que les directions futures dans ce domaine de recherche et d’intervention encore trop peu connu. Puisse la lecture de ces textes être stimulante et motivante, tout en favorisant la réflexion et une meilleure pratique auprès de la clientèle masculine. Bibliographie Baum, N. (2003). The male way of mourning divorce: When, What, and How. Clinical social work journal, 31(1), 37-50. Baum, N. (2004). On helping divorced men to mourn their losses. American Journal of Psychotherapy, 58(2), 174-185. Cyr-Villeneuve, C., et Cyr, F. (2009). En quoi et pourquoi les hommes et les femmes sont-ils affectés différemment par la séparation conjugale? Psychologie française, 54, 3, 241-258. Ellis, D., Stuckless, N., et Smith, C. (2015). Marital Separation and Lethal Domestic Violence. London and New York : Routledge. Fletcher, R. J., et St-George, J. M. (2010). Men’s Help-Seeking in the context of family separation. Advance in Mental Health, 9, 1, 49-62. Genest-Dufault, S. (2013). Les hommes nus d’amour, l’expérience masculine de la rupture amoureuse : perspectives sur le deuil, le genre et le sens dans l’hypermodernité, (thèse de doctorat), Université Laval, Québec. Guilmette, D., Tremblay, G., Genest-Dufault, S., Audet, S., et Léveillée, S. (Sous presse, à paraître en mars 2016). La rupture au masculin : comprendre et intervenir. Dans Saint-Jacques, M. C., Lévesque, S., Robitaille, C., et St-Amand, A. (dir.) Séparation familiale, recomposition familiale : enjeux contemporains, Presses de l’Université du Québec. Kolves, K., Ide, N., et De Leo, D. (2010). Suicidal ideation and behaviour in the aftermath of marital separation: Gender differences. Journal of Affective Disorders, 120(1-3), 48-53. Léveillée, S., et Lefebvre, J. (2010). Ces hommes qui tuent leur famille. Vers une meilleure compréhension de l’homicide conjugal masculin et du familicide. Saint-Jérôme: Éditions Ressources. Parcel, R. (2010). Développement et validité initiale du questionnaire de la honte de la vulnérabilité masculine. Thèse de doctorat, Université de Sherbrooke. Tremblay, G., et L’Heureux, P. (2010). Des outils efficaces pour mieux intervenir auprès des hommes plus traditionnels. Dans J. M. Deslauriers, G. Tremblay, S. Genest-Dufault, D. Blanchette et J.Y. Desgagnés (éd.). Regards sur les hommes et les masculinités : Comprendre et intervenir, p. 125-151. Québec : Presses de l’Université Laval. Tremblay, G., Roy, P., Morin, M.-A., Desbiens, V., et Bouchard, P. (2011). Conflits de rôle de genre et dépression chez les hommes. Revue québécoise de psychologie, 32 (1), 181-200. Vasselier-Novelli, C., et Heim, C. (2010). Représentations de couple et de la famille, chez les auteurs de violence conjugale à partir d’expériences comparées de groupes de paroles. Thérapie familiale, 4, vol. 31, 33-56. Activités de formation 2015-2016 Formation continue L’exploration eidétique de la question existentielle de la mort : un accompagnement sensible ancré dans l’expérience subjective Début : 22, 23 et 24 octobre 2015 Lieu : Québec Montréal : Saguenay : Québec : 29 avril 2016 13 mai 2016 27 mai 2016 Supervision à la psychothérapie Activités de codéveloppement Stages et formation en France www.image-eidetique.com Information et inscription : www.image-eidetique.com [email protected] 418 653-0193 Dossier Pratiques à promouvoir pour mieux aider les hommes Brigitte Lavoie Psychologue Dre Janie Houle Psychologue Mme Lavoie est psychologue, superviseure et formatrice principale de Lavoie Solutions. Elle offre plusieurs formations reconnues en psychothérapie, dont l’une sur l’intervention auprès de la clientèle masculine. La Dre Houle est psychologue communautaire, professeure au Département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal et chercheure à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Au Québec, les hommes se suicident de trois à quatre fois plus que les femmes1 et ont une espérance de vie de quatre années inférieure2. Lorsqu’ils sont en détresse, les hommes sont moins nombreux à consulter des ressources d’aide que les femmes3-4 et ceux qui le font obtiennent un moins bon suivi5-7. Par exemple, une étude portant sur 41 375 Montréalais ayant reçu un nouveau diagnostic de dépression montre que les hommes sont moins susceptibles d’obtenir un suivi médical après leur diagnostic, de bénéficier d’une continuité de soins et de recevoir un nombre optimal de rencontres5. Dans la même veine, les hommes qui consultent dans une urgence pour des raisons de santé mentale sont moins nombreux que les femmes à obtenir un suivi (69 % contre 77 %)6. En ce qui concerne les hommes hospitalisés pour des raisons de santé mentale, ils sont plus souvent dirigés à leur domicile après leur congé que les femmes, alors que celles-ci sont plus nombreuses à obtenir un suivi en CLSC6. Enfin, une étude qualitative auprès de 68 hommes utilisateurs de services dans la région de Montréal a révélé que les hommes en détresse rencontraient souvent de nombreux obstacles dans l’accessibilité aux services, dont l’obligation fréquente de faire de multiples demandes d’aide avant de trouver la ressource qui pourra et acceptera de répondre à leurs besoins7. Le manque de formation des professionnels quant aux réalités masculines a été mentionné par plusieurs participants comme un élément nuisant à la qualité des soins qui leur sont offerts. Accroître l’accessibilité à la psychothérapie Il ne faut pas croire que tous les hommes soient réfractaires à la psychothérapie, au contraire. Une étude récente auprès de personnes vivant un premier épisode de dépression montre que, chez les participants qui avaient une préférence, 43 % des hommes préféraient la psychothérapie aux antidépresseurs comme modalité de traitement8. Cependant, plusieurs n’y auront pas accès en raison des multiples barrières qui se dressent sur leur route, telles qu’un manque d’accompagnement dans la référence, des délais trop longs ou de nombreuses tentatives infructueuses. Les psychologues peuvent améliorer l’accessibilité à leurs services en facilitant l’accès à la première rencontre. Accepter qu’un proche prenne le premier rendez-vous Dans plusieurs familles, les rendez-vous (du coiffeur au médecin) sont pris par la mère ou la conjointe. On pourrait souhaiter qu’il en soit autrement, mais comme psychologue, il faut tenir compte de cette réalité. Exiger cet appel peut représenter une barrière infranchissable. Les hommes sont plus ouverts à la psychothérapie si on les accueille quand ils sont en crise, qu’ils aient téléphoné ou non9. Les psychologues qui ont commencé à agir de la sorte ne rapportent pas de différence dans l’engagement du client, au contraire. Les clients apprécient souvent l’ouverture du psychologue et sont enclins à faire confiance à un clinicien qui a compris que cet appel était au-dessus de leurs forces (sans qu’ils aient à le lui dire). Accepter qu’il soit accompagné à la première rencontre Certains hommes ressentent le même malaise dans un bureau de psychologue que certaines femmes dans un garage. Pour s’assurer qu’elles peuvent faire confiance aux propos du garagiste, il n’est pas rare que certaines femmes demandent à un homme de les accompagner. Peu importe le genre du psychologue, il est important de se rappeler que la psychothérapie se joue sur un territoire plus féminin. La couleur des murs, les DOSSIER | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 29 revues dans la salle d’attente, les mots et même le ton utilisés peuvent susciter de l’inconfort. Certains hommes souhaitent eux aussi être accompagnés et l’expriment ainsi : Je ne sais pas si je vais me faire avoir, c’est quand même quelqu’un qui va me jouer dans la tête… Puisqu’ils ne sont pas à l’aise dans cet environnement, leur nervosité s’apaisera plus facilement s’ils peuvent compter sur l’avis d’une personne qui connaît cet univers. En assouplissant cette première rencontre, le clinicien obtiendra sans doute plus rapidement certaines informations que le client aurait pu oublier considérant la gravité de ses symptômes. Choisir des interventions qui tiennent compte des exigences de la masculinité Certaines recherches ont démontré que les hommes qui adhèrent aux exigences de la masculinité traditionnelle auront plus de difficultés à répondre aux exigences de la thérapie10. C’est pour ces hommes en particulier qu’il est nécessaire d’adapter nos interventions. Quand on sait qu’il peut être difficile pour certains de montrer leurs faiblesses, d’être vulnérables, de reconnaître leurs échecs, d’exprimer leurs émotions et d’admettre leur ignorance9, on peut facilement imaginer qu’ils auront de la difficulté à bien répondre à un traitement où ces conditions sont réunies. Les bonnes pratiques invitent les psychologues à adapter leurs interventions en fonction des traitements démontrés efficaces et à tenir compte des préférences et du contexte du client. L’approche orientée vers les solutions a été démontrée aussi efficace et dans certains cas plus rapide10 que d’autres traitements basés sur les données probantes. Elle offre une possibilité qui tient compte des exigences de la masculinité. Sans pour autant adopter cette approche de façon exclusive, nous offrirons ici quelques pratiques qui sont issues de cette approche11 et qui pourraient favoriser l’adhésion de cette clientèle et la réussite d’une intervention auprès de celle-ci. S’intéresser à ses histoires de compétences et souligner ses forces Puisque l’homme se sent souvent honteux d’avoir à demander de l’aide, il sera particulièrement important de lui donner la possibilité de montrer qu’il est compétent (ou qu’il l’a déjà été). Avec un homme à la retraite qui se sent démuni, il peut être pertinent de lui poser des questions sur sa plus grande réalisation au travail. S’il a des difficultés au travail, mais qu’il semble avoir une bonne relation avec ses enfants, il serait fort utile de lui demander de raconter un moment où il a été particulièrement fier. Pour surmonter les difficultés d’introspection de certains, on leur demande de raconter des événements avec le plus de détails possible. C’est le psychologue qui pourra lui refléter ses forces, mettre en évidence ses valeurs et le complimenter sur ses habiletés ou ses intentions : Dans ce que vous me racontez, il est clair que vous avez toujours eu à cœur de préserver la dignité de vos employés ; on voit que vous êtes un citoyen engagé ; un père qui veut être près de ses enfants. En lui donnant la possibilité de parler de ses réussites, on lui donne l’occasion de se présenter au meilleur de lui-même, de nous révéler qui il est. Il est plus grand que ses problèmes. Il est important qu’il sente que nous le voyons ainsi. Proposer une tâche qu’il est presque certain de réussir Faire face aux échecs est extrêmement difficile pour certains hommes. Certains pourraient ne pas commencer s’ils ne sont pas sûrs de réussir. Les hommes vont apprécier avoir une tâche à accomplir à l’extérieur des rencontres. Il sera cependant extrêmement important de choisir une action qui leur permettra de vivre un succès. Le psychologue augmente cette probabilité s’il demande au client de répéter une action qui a déjà marché (pour lui) ou de reprendre des pensées qui l’ont déjà aidé à rebondir dans le passé. Quand le client a très peu d’énergie, une tâche d’observation sera aussi plus accessible (par exemple : remarquer les moments où ça va un peu mieux). Le psychologue peut aussi suggérer d’enlever des tâches avant d’en ajouter. Il sera parfois nécessaire d’encadrer certaines recommandations pour qu’il accepte de les considérer. Par exemple, le mot permission peut être emprunté au monde militaire pour suggérer une action. En effet, quand les soldats ont une permission, ils ont la possibilité de laisser leurs obligations et d’aller voir leur famille, de s’amuser. Certains hommes ont parfois l’impression qu’ils doivent lutter tant qu’ils n’ont pas triomphé de leurs symptômes. Cette attitude peut contribuer à ce qu’ils s’empêchent de faire des activités qui pourraient les aider à aller mieux (par exemple : aller à la pêche avec des amis pendant qu’ils sont en congé de maladie). Préserver sa dignité s’il a échoué Si le client n’a pas réussi ce qu’il devait faire entre les rencontres, il sera important de lui permettre de sauver la face. La façon recommandée est de prendre la responsabilité et de reconnaître des facteurs externes : Je suis désolé, j’ai sous-estimé le niveau de difficulté. Vous avancez avec face au vent, on ne peut pas aller aussi vite dans ce temps-là. Regardons ensemble ce qui serait plus réaliste. Il ne s’agit pas ici de se confondre en excuses, mais de présupposer qu’il n’a pas échoué par manque de volonté. C’est probablement héroïque pour certains d’avouer qu’ils n’ont pas été capables de remplir leur engagement. Notre réaction peut favoriser l’adhésion aux rencontres ou au contraire, briser la relation de confiance et faire en sorte que ce soit la dernière. Accueillir l’expression des émotions (au masculin) Plusieurs psychologues qui travaillent exclusivement avec une clientèle masculine ont cessé d’utiliser la phrase : Comment te sens-tu ? Ça ne veut pas dire pour autant que l’expression des émotions est évacuée des rencontres, au contraire. Il est possible d’avoir accès à ce qu’ils ont ressenti en posant des questions différentes : Comment as-tu réagi quand il t’a dit ça ? Quel a été l’effet sur toi ? Leurs réponses pourraient être très éloquentes comme celle-ci : Je me suis senti comme une boîte de courriel qu’on ouvre après avoir été sur le mode avion pendant 10 jours. Tu sais… quand ça n’arrête pas de sonner. Quand on pense que c’est fini, il y en a encore d’autres. Un autre client a déclaré devant ses collègues, après avoir échappé de justesse à la mort : Moi je vous le dis, les gars, c’est ce soir que je la demande en mariage ! Est-il nécessaire que le premier admette qu’il se sent complètement dépassé et que le second avoue qu’il a eu peur de mourir? Ils n’ont peut-être pas utilisé les mots consacrés, ils n’expriment pas moins ce qu’ils ressentent. Il est possible de comprendre sans leur demander de traduire. Programme de formation continue* Conclusion Nous espérons que ces pratiques (sans être exhaustives) vous offriront des pistes pour mieux aider les hommes. Nous avons choisi celles qui pouvaient se réaliser dans les prochains jours. Ces petits changements pourraient avoir des impacts importants sur l’accessibilité, l’adhésion et la réussite du traitement (plus particulièrement auprès des hommes qui adhèrent aux règles de la masculinité). Au Québec, certains groupes militent pour que les hommes se libèrent de ce cadre rigide qui peut leur faire vivre de la souffrance. Tout en reconnaissant les efforts qui sont faits à cet égard, nous ne pouvons pas attendre que les hommes changent pour que nous puissions mieux les aider. Il est possible de le faire dès maintenant en les accueillant tels qu’ils sont. Bibliographie 1. Légaré, G., Gagné, M., St-Laurent, D., et Perron, P.-A. (2015). La mortalité par suicide au Québec : 1981 à 2011. Mise à jour 2014. Institut national de santé publique du Québec. Gouvernement du Québec. 2. Payeur, F. F. (2015). « La mortalité et l’espérance de vie au Québec en 2014 ». Institut de la statistique du Québec, Coup d’œil sociodémographique, nº 40. 3. Houle, J., et Guillou-Ouellette, C. (2014). Analysis of coroners’ records on suicide mortality in Montreal: Limitations and prevention implications. Chronic Diseases and Injuries in Canada, 34(1), 23-29. 4. Vassiliadis, H. M., Tempier, R., Lesage, A., et Kates, N. (2009). General practice and mental health care: determinants of outpatient service use. Canadian Journal of Psychiatry, 54(7), 468-476. 5. Houle, J., Beaulieu, M. D., Lespérance, F., et coll. (2010) Inequities in medical follow-up for depression: a population-based study in Montreal. Psychiatric Services, 61(3), 258-263. 6. Filion, G. (2012). Portrait des usagers en santé mentale, selon le sexe, le territoire du CSS SAM-N et autres territoires de CSSS de la région de Montréal. Période 2009-2010. Centre de santé et de services sociaux d’Ahuntsic et Montréal-Nord. 7. Lajeunesse, S. L., Houle, J., Rondeau, G., Bilodeau, S., Villeneuve, R., et Camus, F. (2013). Les hommes de la région de Montréal : Analyse de l’adéquation entre leurs besoins psychoso ciaux et les services qui leur sont offerts. Montréal: ROHIM. 8. Houle, J., Villaggi, B., Beaulieu, M.D., Lespérance, F., Rondeau, G., et Lambert J. (2013). « Treatment preferences in patients with first episode depression ». Journal of Affective Disorders, 147, 94-100. 9. Dulac, G. (1999) Intervenir auprès des clientèles masculines. Théories et pratiques québécoises. Montréal. A.I.D.R.A.H. 10. Franklin, C., Trepper, T., Gingerich, W.J., et McCollum, E.E. (2012). Solution-focused brief therapy: A handbook of evidence-based practice. NY: Oxford University Press. 11. Bavelas, J., De Jong, P., Franklin, C. et coll. (2013). Solution Focused Brief Therapy Treatment Manual for Working with Individuals. Solution Focused Brief Therapy Association. Mieux comprendre pour mieux intervenir: L’Institut de Psychologie Projective « Évaluation structurale de la personnalité (Rorschach,TAT) » Odile Husain, Ph.D., en partenariat avec le Centre de Psychologie Gouin, assure le Niveau I (40h) qui débutera le 13 janvier 2016. Inscription avant le 30 novembre 2015 *formation reconnue par l’OPQ www.psychologieprojective.org [email protected] Dossier Rupture conjugale et détresse masculine Dr Richard Cloutier Psychologue Le Dr Cloutier est professeur émérite associé à l’École de psychologie et au Centre de recherche sur les jeunes et les familles à risque (JEFAR) de la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval. L’évolution rapide du portrait de la famille constitue l’un des changements marquants de l’histoire sociale récente au Québec. Si 8 personnes sur 10 vivent toujours dans une cellule familiale1, la base conjugale de la famille s’est radicalement transformée. Plus de la moitié des couples de 35 ans et moins vivent en union libre, 63 % des enfants naissent hors mariage et plus d’un enfant sur trois ne vit pas avec ses deux parents biologiques2. La séparation conjugale est devenue un phénomène courant, mais ses conséquences psychosociales demeurent difficiles à anticiper. Plusieurs facteurs interagissent pour moduler l’impact de la séparation conjugale : initiateur ou quitté ; niveau de conflit dans le couple ; présence d’enfant ; statut conjugal (mariage ou union libre) ; durée de l’union ; infidélité ; présence de violence physique ou psychologique ; irritants financiers et ressources matérielles disponibles ; santé physique et mentale ; niveau d’éducation ; étape de vie (jeune, senior, aîné) ; unions antérieures ; culture ; religion ; qualité du réseau de soutien social ; etc. Il existe certainement des cas où la séparation conjugale est anticipée, opérée en douceur et bien gérée dans toutes ses facettes. Mais le plus souvent, la rupture donne lieu à une crise dans la vie des acteurs. Si la majorité des individus réussissent à surmonter les défis que pose cette transition3, une trop grande proportion n’y arrivent pas et, parmi ceux-là, les hommes quittés sont à risque d’aller plus loin dans l’enlisement relié à la crise de la séparation ; ils sont au cœur de la réflexion qui suit. Facteurs de risque masculins Chaque mois, sinon chaque semaine, les médias rapportent une agression fatale commise par un individu de sexe masculin en rupture conjugale où, a posteriori malheureusement, on prend connaissance d’éléments de détresse, de rejets ou de pertes annonciateurs d’un risque de dérive. La déstabilisation de la rupture frappe aussi les femmes, sans contredit4. Mais sans prétendre à l’exclusivité de genre, que peut-on identifier comme plus spécifique aux hommes quittés dans la dynamique de leur détresse et de leur plus grand risque de dérive ? Plusieurs facteurs de risque sont typiquement associés aux hommes dans leur rapport à leur santé et aux services : ils ont tendance à sous-estimer et à négliger leurs problèmes 32 | Psychologie Québec, vol. 32, n o 5 | DOSSIER de santé physique et mentale, ils tardent à demander de l’aide, ils consultent moins les services existants, etc. 5. Voici quelques déterminants associés à la détresse masculine en lien avec la rupture conjugale. Un déficit de lecture émotionnelle. La socialisation masculine traditionnelle repose sur la valorisation de la force, de l’indépendance, de la persévérance et sur la restriction de l’expression des vulnérabilités. Typiquement, les garçons sont entraînés à restreindre l’expression de leurs sentiments intimes, de leurs craintes et de leurs besoins d’aide, parce qu’en faire part, c’est traduire sa faiblesse6. En psychologie du développement, les ancrages instrumentaux de l’identité masculine et les assises relationnelles de l’identité féminine sont reconnus comme vecteurs d’orientation de la conformité aux rôles de genre7. La prégnance des valeurs de socialisation masculine traditionnelle (force, autonomie, courage, initiative, détermination, etc.) détournerait les garçons de l’univers de la réflexivité émotionnelle et relationnelle ; un écart de genre en résulterait qui les placerait en déficit relatif en matière d’habiletés à mentaliser leur vie intérieure et leurs relations intimes, et à décoder leurs sentiments, ce qui les handicaperait dans la gestion de leurs émotions. C’est à cela que renvoie la notion d’alexithymie, c’est-à-dire une sorte d’analphabétisme émotionnel8. Ce déficit de lecture handicape le repérage de solutions adaptées en contexte de séparation conjugale. Moins de travail émotionnel dans le couple. Le degré d’anticipation de la rupture représente un facteur d’impact et d’ajustement important à la transition de séparation. L’initiateur de la séparation peut voir le changement venir, sinon le contrôler, alors que la personne quittée peut être prise par surprise et vivre une déstabilisation plus grande. La tendance voulant que dans un couple, la conjointe traduise un niveau de satisfaction moindre que son conjoint est encore bien répandue, même si son ampleur empiriquement démontrée est plutôt modeste9. Au-delà des questions importantes relatives aux déséquilibres dans le fardeau assumé pour les soins aux enfants, les tâches domestiques ou dans le partage du pouvoir décisionnel, la notion de travail émotionnel (emotional work10) semble distinguer l’engagement psychologique des membres du couple selon le genre : la femme travaillerait plus fort que l’homme à monitorer et à gérer la relation conjugale ; elle serait plus attentive au climat relationnel dans le couple et au soutien du conjoint, ce qui expliquerait, au moins en partie, le fait que les conjointes nomment plus souvent les problèmes conjugaux, sont plus souvent à l’origine des consultations et amorcent plus souvent le processus de séparation11. Bref, le moindre engagement masculin dans le suivi et la gestion de la relation contribuerait à la moins bonne anticipation de la séparation. Pour le conjoint « qui ne l’a pas vu venir », la surprise amplifie la déstabilisation. Dégradation fonctionnelle potentiellement forte. Sans tomber dans le cliché de « l’homme qui ne savait pas se faire cuire un œuf », force est de constater que la séparation provoque des changements concrets de régime de vie pour lesquels un bon nombre d’hommes sont mal préparés. Par exemple, pour les hommes, encore nombreux, dont la sphère domestique n’était pas trop de leur ressort dans le couple, un déménagement affectera négativement les habitudes de vie (l’alimentation, l’hygiène personnelle, le sommeil, etc.) et pourra contribuer de manière importante à la détresse associée à la transition. Échec de rôle. Pour une femme comme pour un homme, le fait d’être quitté provoque généralement un fort sentiment d’avoir échoué dans son rôle conjugal. Cependant, même s’ils amorcent moins souvent le processus de séparation, les hommes sont plus souvent mis en cause dans l’échec. Compte tenu de l’importance de la relation qui se termine, le constat de cet échec peut ébranler certains piliers identitaires comme l’estime de soi et le sentiment d’efficacité personnelle. Prenons l’exemple du rôle de pourvoyeur : malgré la valorisation souvent mitigée qu’on lui réserve, ce rôle destiné à assurer une bonne réponse aux besoins matériels des proches est très important pour la famille et, au-delà des changements rapides dans le couple moderne sur ce plan, il demeure un constituant majeur du rôle conjugal de l’homme. Or une proportion importante de conjoints ont du mal à être à la hauteur des attentes ; les irritants financiers sont fréquents dans les couples fragiles, ils exacerbent les conflits à l’origine de la rupture tout en persistant parfois longtemps après la séparation, notamment autour des arrangements relatifs à la pension et à la garde des enfants. L’échec dans cet aspect du rôle de conjoint et de père contribue à la détresse12. Isolement social. Dans la vie de couple, les contacts avec le réseau social sont souvent animés par la conjointe et l’homme a moins d’expérience, sinon d’habiletés, dans l’entretien des liens sociaux. Encore ici, sauf exception, l’homme séparé est susceptible de vivre un isolement social plus marqué, lui qui n’est pas enclin à divulguer ses besoins d’aide et n’a généralement pas beaucoup d’amis intimes à qui se confier13. Pour mieux contrer les risques L’apparition de symptômes dépressifs, la dégradation des habitudes de vie, l’augmentation de la consommation d’alcool et de drogue, l’apparition de problèmes en emploi, font partie des séquelles couramment observées chez les hommes vivant une séparation mal contrôlée14. En ajoutant à cela la tendance masculine à l’extériorisation comportementale (contrairement à la tendance féminine à l’intériorisation), on débouche sur un risque plus élevé, chez certains hommes, de conversion de leurs souffrances en fuite vers l’avant et en réponses agressives qui augmentent l’enlisement. Si les cas extrêmes de dérive agressive qui vont jusqu’à l’homicide ou au suicide sont très fortement médiatisés, ils demeurent exceptionnels, heureusement. Cependant, l’extrême surreprésentation des hommes, en tant qu’agresseurs, dans ces drames familiaux demeure frappante15. Dans ce domaine, la liste des facteurs de risque invoqués est considérable, mais elle contraste avec la capacité décevante de prévenir ces catastrophes16. Pour l’ensemble de la population, la problématique des ruptures conjugales entraîne des coûts humains et financiers justifiant clairement une réponse sociale beaucoup mieux adaptée aux besoins. Dans tous les cas, la séparation exige une série de choix déterminants. Or c’est souvent à l’improviste et en contexte de crise que des décisions sont prises. La réflexion, la validation et l’accompagnement professionnel compétent sont nécessaires, mais font très souvent défaut au moment de ces choix aux conséquences durables. De plus en plus de couples et de familles échappent au traitement juridique de la séparation (« on ne divorce pas lorsqu’on n’est pas mariés ») et une minorité seulement accèdent aux services de médiation familiale, très pertinents par ailleurs. La plupart des décisions d’ordre financier ne sont ni validées ni l’objet de conseils professionnels compétents. Dans les cas à plus haut risque de violence, les conjointes et les proches ne sont souvent pas sensibilisés aux dangers de dérive de leur ex-conjoint ni à la nécessité d’une protection active. Les décideurs comme le public doivent prendre conscience du fait que la séparation conjugale est plus qu’un changement d’adresse et que la compétence des choix de réorganisation et l’évitement des écueils (portés par les conflits, notamment) pourraient faire toute la différence. L’ensemble des personnes qui se séparent ont besoin d’un accompagnement et DOSSIER | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 33 de conseils compétents en matières relationnelle, juridique et financière17. Un tel accompagnement, accessible gratuitement aux individus comme aux couples, briserait l’isolement des situations en y assurant un regard externe impartial pouvant aussi servir de sentinelle dans le dépistage des risques plus sensibles de dérive et dans l’orientation des acteurs vers les ressources adaptées, y compris des services de protection en cas de besoin. Si l’on prend en compte les coûts directs et indirects des ruptures mal gérées18, un tel filet de sécurité, accessible à tous gratuitement, serait facilement couvert, au grand bénéfice de toutes les personnes concernées. Bibliographie 1. 2. 3. 4. La notion de famille, définie par Statistique Canada pour le recensement de 2006, renvoie à l’ensemble des ménages privés où des conjoints vivent avec ou sans enfants de tous âges. Voir MFA (2011). Un portrait statistique des familles au Québec, Québec, gouvernement du Québec, ministère de la Famille et des Aînés, [www.mfa.gouv.qc.ca/ fr/publication/documents/sf_portrait_stat_complet_11.pdf], p. 621. MFA (2011), op. cit. Saint-Jacques, M.-C., Turcotte, D., Drapeau, S., Cloutier, R. et coll. (2004). Séparation, monoparentalité et recomposition familiale. Québec, Presses de l’Université Laval. Dans la réflexion qui nous occupe ici, il est impossible de parler des hommes ou des femmes comme s’il s’agissait d’ensembles homogènes. Presque toutes les tendances rapportées devraient être accompagnées d’une mise en garde à l’effet que seule une partie, parfois très petite, de la population est concernée par le risque discuté. La notion de risque est essentiellement probabiliste et doit constamment être ramenée à l’échelle statistique à laquelle elle renvoie. 5. Roy, J. et coll. (2015). Un portrait social et de santé des hommes au Québec : des défis pour l’intervention. Rapport de recherche. Québec, Université Laval, Équipe Masculinités et Société. Tremblay, G., Cloutier, R., Antil, T., Bergeron, M.-È., Lapointe-Goupil, R. (2005). La santé des hommes au Québec. Québec, gouvernement du Québec, ministère de la Santé et des Services sociaux. 6. Cloutier, R. (2004). Les vulnérabilités masculines. Montréal, Éditions de l’Hôpital Sainte-Justine. 7. Tap, P. (2005). Enfance et identité sexuée. Dans Cloutier, R., Gosselin, P., et Tap. P. (éd.). Psychologie de l’enfant. Montréal, Gaëtan Morin, p. 277-297. 8. Taylor, G. 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B., Hawkins, A. J., Brown, M., et Porter, R. (2013). Economic Costs and Policy Implications Associated With Divorce: Texas as a Case Study, Journal of Divorce & Remarriage, 54, 1-24. • Traitements spécialisés des troubles anxieux • Formations aux intervenants • Supervision clinique Fondé et dirigé par Dre Pascale Brillon, psychologue, l’Institut est spécialisé dans le traitement de l’anxiété selon une approche cognitive-comportementale. Nous travaillons en collaboration avec des massothérapeutes et des ostéopathes spécialisés en gestion du stress. De plus, des séances de relaxation, de méditation et de yoga sont offertes dans notre studio. Formations aux intervenants • 23 octobre 2015 Traiter le TOC par la TCC : Bases et nouvelles approches. Dr Marc-André Bernard, psychologue 9h à 16h30 Détails et inscription en ligne • 20 novembre 2015 Sortir l’anxiété de l’assiette : Traiter l’alimentation émotionnelle et les comportements hyperphagiques. Dre Patricia Groleau, psychologue • 4 décembre 2015 Stratégies avancées pour aider les victimes de stress post-traumatique et sortir de l’impasse thérapeutique. Dre Pascale Brillon, psychologue Formations reconnues par l’OPQ pour formation continue Institut Alpha institutalpha.com 1600 boul. Henri-Bourassa Ouest, suite 420, Montréal, H3M 3E2 514.332.1600 Dossier Prévenir le suicide chez les hommes Dre Janie Houle Psychologue Brigitte Lavoie Psychologue La Dre Houle est psychologue communautaire, professeure au Département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal et chercheure à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Mme Lavoie est psychologue, superviseure et formatrice principale de Lavoie Solutions. Elle offre plusieurs formations reconnues en psychothérapie, dont l’une sur l’intervention auprès de la clientèle masculine. Au Québec, comme partout en Occident, de 75 à 80 % des suicides sont commis par des hommes. Chaque année, plus de 850 hommes s’enlèvent la vie par suicide dans la province, ce qui correspond à plus de deux décès par jour1. Les suicides sont des morts évitables et les psychologues ont un rôle à jouer dans leur prévention. Reconnaître et soulager une détresse exprimée différemment Les recherches estiment qu’environ 90 % des personnes qui s’enlèvent la vie souffrent de troubles mentaux au moment de leur décès : la dépression et les troubles d’abus ou de dépendance à l’alcool ou aux drogues sont les plus prévalents2. Plusieurs symptômes de dépression entrent en contradiction avec les normes de la masculinité, qui mettent l’accent sur le stoïcisme, l’invulnérabilité et l’autonomie3,4. Conséquemment, les hommes tendent à manifester des symptômes de dépression qui sont plus socialement acceptables pour eux, mais qui s’éloignent de la configuration plus classique de symptômes observée chez les femmes (incluant la tristesse, les pleurs, la perte d’énergie)5,6. Par exemple, ils seront plus enclins à présenter de l’irritabilité, des attaques de colère, des comportements agressifs et des comportements de prise de risque, incluant l’abus d’alcool ou de drogues. Ainsi, la dépression serait sous-diagnostiquée chez la population masculine. Une enquête américaine tend à appuyer cette hypothèse7. Elle indique que l’utilisation d’une mesure de la dépression incluant à la fois les symptômes traditionnels et les symptômes alternatifs masculins fait disparaître la différence de genre dans la prévalence de la dépression, alors que celle-ci est deux fois plus élevée chez les femmes que chez les hommes lorsqu’elle est mesurée à l’aide des instruments habituels. Chez près de la moitié (42 %) des hommes qui s’enlèvent la vie, il y a comorbidité entre la dépression et un trouble de toxicomanie8. La consommation d’alcool ou de drogue est utilisée par plusieurs hommes pour soulager leur souffrance psychologique, cette forme d’automédication étant moins stigmatisante à leurs yeux que de devoir consulter un professionnel ou de prendre des antidépresseurs9,10. Or ces abus sont perçus par les proches11, tout comme par plusieurs intervenants12, comme des problèmes de comportement qui traduisent un manque de volonté, plutôt que comme les symptômes d’une souffrance 36 | Psychologie Québec, vol. 32, n o 5 | DOSSIER qu’il importe de soulager. Ces perceptions négatives s’accompagnent de désapprobation, d’un manque d’empathie et d’un soutien de moins grande qualité. Pour prévenir les décès par suicide chez les hommes, il faut d’abord reconnaître leur détresse, même lorsqu’elle s’exprime avec de la colère ou de la toxicomanie. Il est particulièrement important de faire la distinction entre violence et colère. Il ne s’agit pas ici d’accepter la violence, mais d’accueillir la colère comme l’expression tout aussi légitime d’une émotion. Certaines techniques d’intervention non violente peuvent être utiles. Par exemple : Votre réaction est légitime ! Vous ne réagiriez pas autant si ce n’était pas important ! C’est normal d’être indigné dans de telles circonstances ! Il y a sûrement de bonnes raisons pour que ça vous enrage autant! Pour être efficaces, ces mots doivent être prononcés sur le même ton. L’empathie vis-à-vis de la colère ne s’exprime pas avec une voix douce. Le ton de voix de l’homme va souvent s’adoucir s’il sent que nous comprenons le sérieux de la situation (avec nos mots et notre volume), que nous reconnaissons ses intentions positives (protéger sa famille ou défendre son honneur) ou la valeur qui a été blessée (l’intégrité, la loyauté, le devoir). En ce qui concerne la consommation, il peut être utile de l’aborder en permettant à l’homme de préserver sa dignité : Certains hommes qui ont perdu leur emploi se mettent à boire davantage, c’est comme une façon de s’engourdir. Est-ce que c’est le cas pour vous ? Il est important de vérifier l’effet de la consommation sur le passage à l’acte en étant direct : Est-ce que vous aviez consommé lors de votre dernière tentative de suicide? Présentement, vous me dites que vous ne voulez pas mourir, je vous crois. Je me préoccupe du moment où vous aurez pris 12 bières et que vous serez seul. Est-ce que ce qui vous garde en vie sera assez fort ? Ce n’est pas que je ne vous fasse pas confiance, c’est que j’ai peur que dans ces moments-là ce soit plus dur. J’aimerais qu’on les planifie mieux ensemble. Être vigilant après une perte de nature humiliante Chez les hommes, la séparation amoureuse, particulièrement lorsqu’elle revêt un caractère humiliant, est souvent le principal facteur précipitant le suicide13. Un cas de figure fréquent est la rupture décidée par la conjointe en raison d’une longue accumulation de comportements inadéquats ou délictueux de l’homme, découlant souvent de ses problèmes d’abus ou de dépendance14. En plus de la séparation amoureuse, les pertes d’emploi, de même que les problèmes financiers et judiciaires sont plus souvent observés chez les hommes décédés par suicide que chez les femmes13,15. Les dettes de jeu ou de drogue, les arrestations, les menaces d’agence de recouvrement caractérisent les derniers mois d’une proportion importante d’hommes qui s’enlèvent la vie14. En présence d’un homme qui vient de subir une ou plusieurs pertes de cette nature, il est recommandé de ne pas attendre d’autres signes précurseurs pour vérifier si le client pense au suicide, et ce, dès la première rencontre. S’il ne pense pas au suicide, il serait aussi important de consigner au dossier ce qui pourrait le faire basculer. Le psychologue pourra être proactif s’il connaît et anticipe ces moments critiques. être systématiquement vérifiée par le psychologue, elle n’est toutefois pas suffisante pour statuer sur la dangerosité de la situation. La présence d’un plan défini est associée à un risque accru de passage à l’acte, mais son absence ne doit pas être interprétée comme un indicateur d’une faible dangerosité. La planification d’un geste suicidaire peut s’effectuer en quelques minutes seulement et la majorité des gestes sont posés sans planification préalable20,21. Le où se limite bien souvent au domicile de la personne et le quand survient lorsque la souffrance devient intolérable ou que la personne est intoxiquée à l’alcool (de 30 à 40 % des personnes qui se suicident ont de l’alcool dans le sang au moment du décès)22. Les psychologues qui interviennent auprès d’un homme suicidaire doivent estimer la dangerosité de la situation et retirer l’accès aux moyens. L’estimation de la dangerosité est une procédure complexe qui est bien balisée. Elle est recommandée par le Guide des bonnes pratiques en prévention du suicide 23 et fait l’objet d’une formation reconnue par l’Ordre des psychologues du Québec, intitulée Intervenir auprès de la personne suicidaire à l’aide de bonnes pratiques et offerte partout au Québec. Faire grandir les raisons de vivre En prévention du suicide, l’une des tâches primordiales du psychologue est de faire grandir chez la personne ses raisons de vivre, un facteur de protection déterminant16. Les hommes ne réalisent pas toujours l’impact profond et durable que leur suicide aura sur leur entourage17. Le rôle de protecteur, central à l’identité masculine, peut ainsi servir de frein puissant au suicide et raccrocher un homme à la vie9. Par ailleurs, ce n’est pas toujours le bonheur qui aide les hommes à rester en vie, mais parfois simplement quelque chose qui a assez de sens. Lorsqu’un compagnon de cellule disait à Viktor Frankl18 que la vie ne pouvait plus rien lui apporter, il lui répondait très doucement : Et si tu te demandais ce que tu pourrais apporter à la vie ? Dans cette perspective, on peut demander : Qui a besoin que tu restes en vie ? Quel combat vaut encore la peine de continuer ? Parle-moi d’un moment où tu savais qu’on avait besoin de toi. Donne-moi un exemple dans ta vie où la partie qui veut vivre prend le dessus, où elle gagne. C’est comme s’il y avait un combat à l’intérieur de toi. D’un côté, la partie qui se bat pour vivre, de l’autre côté, celle qui en a assez de souffrir. Que fais-tu dans les moments où c’est la première qui gagne ? Il ne faut pas sous-estimer l’importance de petits projets qui peuvent sembler à première vue anodins, mais qui peuvent être suffisamment importants pour que la personne décide de remettre son geste à plus tard. On peut gagner du temps en mettant de l’avant ces projets et ces valeurs. Accompagner dans la référence En raison du tableau clinique complexe que l’on trouve généralement chez les hommes à haut risque de suicide, il s’avère souvent nécessaire de les diriger vers d’autres professionnels et ressources pour compléter l’aide offerte par le psychologue. Notamment, une aide spécialisée en traitement des dépendances est souvent requise. Or il est crucial d’accompagner dans la référence et d’éviter de remettre entre les mains de l’homme le fardeau de se trouver un rendez-vous de suivi chez une nouvelle ressource. Il peut être possible d’appeler pour vérifier la procédure, de prendre un rendez-vous avec lui (dans le bureau), de vérifier si un proche peut l’accompagner. Il est parfois idéal d’avoir le prénom d’une personne qui l’attend au service. Il peut être utile que le psychologue reste en contact jusqu’à ce qu’un lien soit créé avec la nouvelle ressource pour éviter une rupture de services. Il existe un fort mouvement pour favoriser l’autonomie des personnes. Même si nous sommes tout à fait favorables à ces efforts, il reste que dans certaines circonstances cet appel téléphonique est un pas insurmontable. En conclusion, pour mieux prévenir le suicide chez les hommes, il nous apparaît primordial d’adapter nos pratiques à leur réalité particulière. De petits changements en ce sens peuvent faire toute la différence. Retirer l’accès aux moyens létaux et estimer correctement la dangerosité Les hommes utilisent des moyens plus létaux que les femmes lorsqu’ils posent un geste suicidaire, de sorte qu’ils en meurent davantage19. Bien que la planification du geste suicidaire doive DOSSIER | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 37 Bibliographie 1. Légaré, G., Gagné, M., St-Laurent, D., et Perron, P.-A. (2015). La mortalité par suicide au Québec : 1981 à 2011. Mise à jour 2014. Institut national de santé publique du Québec. Gouvernement du Québec. 2. Arsenault-Lapierre, G., Kim, C., et Turecki, G. (2004). Psychiatric diagnoses in 3275 suicides : a meta-analysis. BMC PSychiatry, 4 :37. 3. Addis, M. E. (2008). Gender and depression in men. Clinical Psychology Science and Practice, 15(3), 153-168. 4. Kilmartin, C. T. (2005). Depression in men: Communication, diagnosis and therapy. Journal of Men’s Health and Gender, 2, 95-99. 5. Magovcevic, M., et Addis, M. E. (2008). The masculine depression scale: Development and psychometric evaluation. Psychology of Men & Masculinity, 9, 117-132. 6. Wrinker, D., Pjrek, E., et Kasper, S. (2005). Anger attacks in depression – evidence for a male depressive syndrome. Psychotherapy and Psychosomatic, 74(5), 303-307. 7. Martin, L. A., Neighbors, H. W., et Griffith, D. M. (2013). The experience of symptoms of depression in men vs women. Analysis of the National Comorbidity Survey Replication. JAMA Psychiatry, 70, 1100-1106. 8. Séguin, M., Lesage, A., Chawky, N., Guy, A., Daigle, F., Girard, G., et Turecki, G. (2006). Suicide cases in New Brunswick from April 2002 to May 2003: the importance of better recognizing substance and mood disorder comorbidity. Canadian Journal of Psychiatry, 51(9), 581-586. 9. Oliffe, J. L., Ogrodniczuk, J. S., Bottorff, J. L., Johnson, J. L., et Hoyak, K. (2012). « You feel like you can’t live anymore »: Suicide from the perspectives of Canadian men who experience depression. 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Revue québécoise de psychologie, 24(1), 145-159. 15.Houle, J., et Guillou-Ouellette, C. (2014). Coroners’ records on suicide mortality in Montréal: limitations and implications in suicide prevention strategies. Chronic Diseases and Injuries in Canada, 34(1), 23-29. 16.Malone, K. M., Oquendo, M. A., Haas, G. L., Ellis, S. P., Li, S., et Mann, J. J. (2000). Protective factors against suicidal acts in major depression: reasons for living. American Journal of Psychiatry, 157, 1084-1088. 17. Houle, J., et Dufour, M.-A. (2010). Intervenir auprès des hommes suicidaires. Psychologie Québec, 27(1), 27-29. 18.Frankl, V. (2006). Man’s search for meaning. An introduction for logotherapy. Beacon Press: Boston. 19.Callahan, V. J., et Davis, M. S. (2012). Gender differences in suicide methods. Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology, 47, 857-869. 20.Hall, R. C., Platt, D. E., et Hall, R. C. W. (1999). Suicide Risk Assessment: A review of risk factors for suicide in 100 patients who made severe suicide attempts. Psychosomatics, 40(18), 18-27. 21.Houle, J. (2005). La demande d’aide, le soutien social et le rôle masculin chez des hommes qui ont fait une tentative de suicide. Thèse de doctorat. Université du Québec à Montréal. 22.Shields, L. B. E., Hunsaker, D. M., Hunsaker, J. C., et Ward, M. K. (2006). Toxicologic findings in suicide. A 10-year retrospective review of Kentucky Medical Examiner Cases. American Journal of Forensic Medicine & Pathology, 27(2), 106-112. 23.Lane, J., Archambault, J., Collins-Poulette, M., et Camirand, R. (2010). Guide des bonnes pratiques en prévention du suicide à l’intention des intervenants des centres de services sociaux. Québec : Direction des communications, ministère de la Santé et des Services sociaux. ENSEIGNER LA MÉDITATION PLEINE CONSCIENCE: OUTILS PRATIQUES ET COMPRÉHENSION DE L’INTERFACE PSYCHOLOGIE/SPIRITUALITÉ FORMATEUR Roger Marcaurelle, Ph.D., est psychologue clinicien et professeur associé de psychologie à l’UQAM. Sanskritiste et docteur en sciences des religions, il a été chargé de cours au département de sciences des religions de l’UQAM. Il enseigne la méditation depuis plus de 40 ans. OBJECTIFS Au terme de l’activité, le participant sera en mesure de: 1- Décrire et différencier les diverses formes de méditation pleine conscience (MPC); 2- Pratiquer la MPC dans sa vie personnelle; 3- Enseigner les principales formes de MPC de manière efficace et assurer un suivi adéquat des expériences des clients concernant la pratique de la MPC; 4- Appliquer la MPC à la lumière des données probantes, de l’étude comparée des diverses formes de méditation et de l’interface psychologie/spiritualité. FORMATIONS COMPLÈTES À MONTRÉAL ET À QUÉBEC Volets 1 à 3: ateliers Dates : samedi au dimanche Montréal Québec Volet 1 : 26-27 sept. 2015 Volet 2 : 7-8 nov. 2015 Volet 3 : 16-17 janv. 3-4 oct. 2015 21-22 nov.2015 23-24 janv. 2016 Frais: 448.40 $ par volet (tx incl.) Volet 4 : retraite de méditation Dates : Jeudi (soir) au dimanche Montréal Québec 5-8 mai 2016 21-24 avril 2016 Frais (incluant hébergement pour 3 nuits et repas): INFORMATIONS ET INSCRIPTION PleniSources.com/Enseigner 43h reconnues (OPQ). Aucun pré-requis. Dossier L’insatisfaction corporelle chez les hommes : une détresse méconnue qui mérite notre attention Dre Patricia Groleau Psychologue Dre Jodie Richardson Psychologue La Dre Groleau est psychologue à l’Institut Alpha, elle se spécialise dans les troubles des conduites alimentaires et les autres problématiques reliées à l’image corporelle, de même que dans les troubles anxieux. La Dre Richardson est fondatrice de Connecte, Groupe de psychologie de Montréal et se spécialise dans les troubles de l’alimentation, l’image corporelle et les problèmes reliés au poids. Définition et épidémiologie / L’insatisfaction corporelle se définit comme le décalage perçu entre l’idéal corporel d’une personne et son corps actuel (Thompson, 1990). Ce phénomène qui a typiquement été associé à la gent féminine est de plus en plus reconnu chez les hommes. En effet, quoique cette problématique ait commencé à être étudiée il y a plus de 20 ans à la suite de l’identification de cas « d’anorexie inversée » (aussi appelée « bigorexie » à cette époque [Pope, Katz et Hudson, 1993]), ce n’est que dans les dernières années qu’une attention accrue s’est portée sur le sujet, tant dans la communauté scientifique que dans les médias populaires. Au-delà du poids, les diktats de beauté actuels et les stéréotypes associés à l’identité masculine génèrent chez les hommes des préoccupations qui concernent également, et principalement, la définition du corps et la musculature (Burlew et Shurts, 2013). Les résultats d’études suggèrent que ces préoccupations sont en hausse, avec 25 % des hommes en 1972, et 45 % en 1996, se disant insatisfaits et préoccupés par leur tonus musculaire (Thompson, Heinberg, Altabe et Tantleff-Dunn, 1999). Selon les données actuelles, une augmentation de l’insatisfaction se produirait à la puberté, et près de 18 % des adolescents de sexe masculin se sentiraient très sérieusement préoccupés par leur musculature (Field et coll., 2014). Chez les hommes adultes, la tendance montre qu’au fil des ans de plus en plus d’hommes émettent le désir de perdre du poids (McCabe et Ricciardelli, 2004). Finalement, des études se sont penchées sur les différences de préoccupations en fonction de l’orientation sexuelle, démontrant que les hommes homosexuels sont plus à risque que les hétérosexuels de développer des troubles des conduites alimentaires et d’être plus préoccupés par une recherche de minceur excessive (McCreary et coll., 2007). de soi, des symptômes dépressifs, des risques accrus d’abus d’alcool et d’utilisation de « substances destinées à améliorer l’apparence et la performance » (SDAAP), telles que les stéroïdes anabolisants, l’éphédrine et des pro-hormones (Walker, Anderson et Hildebrandt, 2009 ; Field et coll., 2014). Certains troubles de santé mentale peuvent émerger des difficultés d’image corporelle sévères, tels que les troubles des conduites alimentaires et la dysmorphie musculaire. Une étude longitudinale menée auprès de plus de 5000 adolescents de sexe masculin a révélé que jusqu’à 31 % rapportaient avoir eu des épisodes sporadiques d’orgies alimentaires, d’hyperphagie sans perte de contrôle ou des comportements purgatifs, et près de 3 % satisfaisaient aux critères diagnostiques de l’hyperphagie boulimique (Field et coll., 2014). La dysmorphie musculaire, qui a officiellement fait son entrée dans le DSM-5 comme spécificateur d’un trouble de dysmorphie corporelle (APA, 2013), a quant à elle été associée à la pratique de musculation excessive, à une alimentation centrée sur la prise de masse ou la perte de gras corporel et à des idées suicidaires (Olivardia, Pope et Hudson, 2014 ; Pope et coll., 2005). Conséquences sur la santé Chez plusieurs, les préoccupations à l’égard de la minceur et de la musculature mènent à des conséquences sur la santé physique et mentale. Des études indiquent des associations significatives entre l’insatisfaction corporelle et une faible estime Facteurs psychologiques Plusieurs facteurs psychologiques ont été associés au développement ou au maintien d’une image corporelle négative. Par exemple, des expériences de victimisation et d’intimidation (Wolke et Sapouna, 2008 ; Didie et coll., 2006), des railleries 40 | Psychologie Québec, vol. 32, n o 5 | DOSSIER à propos du poids (Paxton, Eisenberg et Neumark-Sztainer, 2006), le fait d’avoir été en surpoids ou en sous-poids par le passé (Eisenberg et coll., 2006), la pratique de certains sports, particulièrement ceux où la régulation du poids est une partie intégrante de la discipline (Galli et coll., 2011), les comportements de vérification corporelle (Walker, Anderson et Hildebrandt, 2009), le niveau d’intériorisation des idéaux de beauté et de forme physique véhiculés par les médias et le perfectionnisme (Grammas et Schwartz, 2009) sont tous des facteurs qui ont été reliés à l’insatisfaction corporelle chez les hommes. Facteurs sociaux Les stimuli sociaux ont beaucoup changé dans les dernières décennies. Par exemple, des études ont démontré une augmentation de la musculature des figurines d’action et des personnages de dessins animés destinés aux enfants dans les 20 dernières années (Pope et coll., 1999). Du côté des adultes, le contenu des magazines destinés aux hommes, précédemment orienté vers des activités de loisir (p. ex. la chasse et la pêche), est maintenant centré sur la performance, la forme physique et la nutrition (Alexander, 2006). Finalement, des études révèlent que le corps masculin est de plus en plus dévoilé et les modèles présentés sont de plus en plus musclés et soignés (Hatoum et Belle, 2004 ; Leit, Pope et Gray, 2001). Ces messages entraînent chez plusieurs l’intériorisation d’idéaux irréalistes les amenant à autoévaluer leur apparence très négativement (Agliata et Tantleff-Dunn, 2004). Phénomène méconnu et peu détecté L’insatisfaction corporelle chez les hommes et les problématiques associées sont souvent peu détectées par les cliniciens et autres travailleurs de la santé. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène. Premièrement, les hommes ont tendance à nier ou à minimiser leurs préoccupations d’image corporelle, puisqu’ils considèrent que ce type de difficultés est typiquement féminin. L’inverse est aussi vrai ; les professionnels tendent à ne pas évaluer ces problèmes chez les hommes (Grieve, Truba et Bowersox, 2009). De plus, la valorisation de la musculature et de la mise en forme dans la culture populaire augmente les risques que des attitudes et des comportements malsains soient erronément pris pour des pratiques orientées vers le bien-être et la santé (Neumark-Sztainer et Eisenberg, 2014). Finalement, les critères diagnostiques des troubles des conduites alimentaires n’incluent pas des préoccupations et comportements plus fréquemment présentés par les hommes, ce qui diminue la détection de ces symptômes (Field et coll., 2014). Évaluation Puisque les difficultés d’image corporelle sont rarement le motif de consultation des hommes, nous recommandons aux professionnels de la santé de poser des questions ouvertes qui pourraient entamer une discussion à propos de l’image corporelle. Voici quelques exemples : À quelle fréquence vous préoccupez-vous de l’apparence de votre corps ? À quelle fréquence scrutez-vous votre corps dans le miroir ? Si les réponses à ces questions indiquent qu’une évaluation plus poussée mérite d’être effectuée, plusieurs éléments devraient figurer sur la liste des choses à évaluer : l’insatisfaction corporelle, la recherche excessive de musculature, la dysmorphie musculaire, les troubles des conduites alimentaires et l’utilisation de SDAAP. Quelques questionnaires peuvent vous assister dans votre évaluation : le Drive for Muscularity Scale (McCreary et Sasse, 2000), et le Eating Attitudes Test (Garner et coll., 1982 ; version française : Leichner et coll., 1994). Traitement La psychoéducation s’impose comme première étape pour discuter des thèmes suivants : variations naturelles de silhouette et du poids, inefficacité et dangerosité de certains comportements pour altérer l’apparence physique (p. ex. l’exercice physique excessif et l’utilisation de SDAAP), facteurs reliés à l’insatisfaction corporelle chez les hommes et exemples d’options saines et équilibrées pour atteindre des objectifs de gestion de poids et de forme physique (Neumark-Sztainer et Eisenberg, 2014). L’approche psychothérapeutique la plus communément utilisée est la thérapie cognitive comportementale. Le programme empiriquement validé de Thomas Cash propose des techniques telles que la restructuration cognitive, la pleine conscience et l’exposition via le miroir (Cash, 2008). Directions futures Des efforts de conscientisation devraient mettre en lumière les effets néfastes de la promotion d’idéaux de musculature chez les hommes, travailler à défaire le mythe selon lequel l’insatisfaction corporelle est un « problème de femmes » et prioriser la promotion d’une image corporelle positive, incluant l’appréciation, la protection et la connexion au corps (Gillen, 2015). Des interventions pourraient être particulièrement pertinentes dans les écoles, où nous pourrions cibler les jeunes qui sont dans le processus de générer et de consolider leur image corporelle et leur estime de soi. En résumé, l’insatisfaction corporelle chez les hommes est un phénomène en croissance, associé à des conséquences négatives sérieuses sur la santé et le bien-être de plusieurs qui en sont affectés. Il est primordial de continuer à améliorer nos connaissances afin de mieux prévenir, détecter et traiter ces problématiques. Bibliographie Agliata, D., et Tantleff-Dunn, S. (2004). The impact of media exposure on males’ body image. Journal of Social and Clinical Psychology, 23(1), 7-22. Alexander, S. (2006). Masculinity and Men’s Lifestyle Magazines. International Journal of Men’s Health, 5(2), 217. Burlew, L. D., et Shurts, W. M. (2013). Men and Body Image: Current Issues and Counseling Implications, Journal of Counseling & Development, 91, 428-435. DOSSIER | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 41 Cash, T. (2008). The Body Image Workbook: An Eight-Step Program for Learning to Like Your Looks, Second Edition. New Harbinger Publications, Oakland, CA. Didie, E. R., Tortolani, C. C., Pope, C. G., Menard, W., Fay, C., et Phillips, K. A. (2006). Childhood abuse and neglect in body dysmorphic disorder. Child abuse & neglect, 30(10), 1105-1115. Eisenberg, M. 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Actualités Avis de radiation Activités régionales et des regroupements Avis de radiation temporaire Activité de formation de la région de Lanaudière : L’évaluation des troubles mentaux, quand le DSM-5 frappe à nos portes AVIS est par la présente donné que M. Claude Handfield, permis nº 04089-85, exerçant sa profession à Repentigny et à Terrebonne, après avoir enregistré un plaidoyer de culpabilité, a été reconnu coupable par le conseil de discipline des infractions suivantes : Durant un suivi psychothérapeutique de 1999 à 2005, avoir reçu et accepté d’une cliente notamment des cadeaux dont la valeur pouvait atteindre jusqu’à environ 100 $ et de l’année 2005 à 2012, à la suite d’un suivi psychothérapeutique, avoir eu des relations sexuelles avec cette cliente. Le tout en contravention des articles 13, 30, 32 et 58 (11) de l’ancien Code de déontologie des psychologues, des articles 4, 23, 26, 31 et 32 du Code de déontologie des psychologues et des articles 59.1 et 59.2 du Code des professions. Dans sa décision rendue le 26 mai 2015 et signifiée le 28 mai 2015, le conseil de discipline a condamné l’intimé à des amendes totalisant 3 000 $ et à une radiation temporaire d’un (1) an. Le conseil a ordonné à la secrétaire du conseil de discipline de faire publier, aux frais de l’intimé, un avis de cette décision, conformément à l’article 156 du Code des professions. L’intimé a aussi été condamné au paiement des déboursés. Avis est donné que M. Claude Handfield est radié du tableau de l’Ordre pour une période d’un (1) an. L’ordonnance de radiation temporaire est effective à compter du 28 mai 2015. Le présent avis est donné en vertu de l’article 156 et 180 du Code des professions. Ville Mont-Royal, ce 11 juin 2015. M Cindy Décarie Secrétaire du conseil de discipline e Avis de radiation provisoire PRENEZ avis que par décision rendue le 29 juin 2015, le conseil de discipline de l’Ordre des psychologues du Québec a ordonné la radiation provisoire du tableau de l’Ordre de M. Steven Schachter, permis nº 05649-90, exerçant la profession de psychologue à Montréal, jusqu’à décision finale sur la plainte disciplinaire portée contre lui. Les actes reprochés ont notamment trait à : À Montréal, vers l’été 2013, et ce, jusqu’en novembre 2014, dans le cadre d’une psychothérapie qui a duré de 2010 à 2015, ne pas avoir eu une conduite irréprochable en posant à l’occasion de sessions de thérapie des gestes abusifs à caractère sexuel sur son client A.S., en contravention des articles 4, 7, 23, 26, 30, 31 et 41 du Code de déontologie des psychologues, ainsi que des articles 59.1 et 59.2 du Code des professions. À Montréal, dans le cadre d’une psychothérapie qui a duré de 2010 à 2015, ne pas avoir eu une conduite irréprochable envers son client A.S., en contravention des articles 4, 7, 23, 30, 31 et 41 du Code de déontologie des psychologues, ainsi que de l’article 59.2 du Code des professions. M. Steven Schachter est donc radié provisoirement du tableau de l’Ordre à compter du 30 juin 2015, date à laquelle la décision lui a été signifiée, et ce, jusqu’à décision finale sur la plainte disciplinaire portée contre lui. Le présent avis est donné en vertu des articles 133 et 180 du Code des professions. Mont-Royal, ce 30 juin 2015. Me Cindy Décarie Secrétaire du conseil de discipline Le Comité d’organisation des activités régionales de Lanaudière vous invite à vous inscrire à la formation L’évaluation des troubles mentaux, quand le DSM-5 frappe à nos portes donnée par la Dre Marie Leclaire, psychologue clinicienne et professeure adjointe de clinique au département de médecine familiale de l’Université de Montréal. Cette formation est reconnue par l’Ordre pour six heures de formation continue en psychothérapie. Objectifs : situer l’activité du « diagnostic » dans une perspective historique, épistémologique et clinique ; décrire l’orientation et les changements généraux du DSM-5 pour les troubles les plus fréquemment rencontrés en première ligne ; nommer les signes cliniques et les critères diagnostiques les plus utiles dans une perspective de diagnostic différentiel et clarifier la contribution du psychologue, du médecin et du psychiatre à l’évaluation des troubles mentaux. Quand ? 6 novembre 2015, de 8 h 30 à 16 h 30 Où : Joliette, à la salle La Distinction, 1505, boul. Base-de-Roc. Indications routières au www.distinction.qc.ca. Frais d’inscription : 160 $ (120 $ pour les étudiants au doctorat). Inclus : le petit déjeuner, le dîner, l’accès Wi-Fi et le manuel du participant. Informations et inscription : M. Patrice Laliberté à [email protected] Regroupement des psychologues cliniciens et cliniciennes de Québec Le Regroupement des psychologues cliniciens et cliniciennes de Québec (RPCCQ) a tenu son assemblée générale annuelle le 12 juin 2015. Les membres du conseil d’administration pour l’année 2015-2016 sont : Andrée Bernard (présidente), Louis Mignault (vice-président), Edith Lacroix (trésorière), Claire Molleur (secrétaire), Anne Marie Guay, Normande Guérin et Katy Lamarre (administratrices). Le RPCCQ propose plusieurs activités de formation continue en psychothérapie reconnues par l’Ordre qui auront lieu prochainement. Forces et souffrances psychiques de l’enfant : les aléas du développement infantile. Une formation du Dr Michel Lemay, psychiatre Quand ? Vendredi 25 septembre 2015, de 8 h 30 à 16 h Processus de changement et intersubjectivité en psychothérapie. Une formation de la Dre Monique Brillon, psychologue. Quand ? Vendredi 23 et samedi 24 octobre 2015, de 8 h 30 à 16 h Misez-vous sur les forces de vos clients ? Tour d’horizon et applications pratiques de ce nouveau courant de la psychologie positive. Une formation du Dr Jacques Forest, psychologue Quand ? Vendredi 20 novembre 2015, de 8 h 30 à 16 h Où ? Notez que toutes ces formations auront lieu à l’Hôtel Classique, au 2815, boulevard Laurier, à Québec. Le RPCCQ organise également des activités sociales pour ses membres. L’activité de la rentrée aura lieu le jeudi 17 septembre 2015 à 18 h 30 au Montmartre Canadien (1669, chemin SaintLouis, Québec) et la soirée du temps des fêtes se tiendra le jeudi 17 décembre 2015 au Vieux Bureau de Poste de Saint-Romuald (2172, chemin du Fleuve, Lévis). Pour plus de renseignements sur ces activités ou pour vous inscrire, consultez le site Web du RPCCQ au rpccq.ca. ACTUALITÉS | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 43 Actualités Comité exécutif Le 40e comité exécutif Le conseil d’administration de l’Ordre compte, en plus de la présidente, 20 administrateurs psychologues représentant les différentes régions du Québec ainsi que 4 administrateurs représentants du public nommés par l’Office des professions. La durée du mandat à titre d’administrateur est de trois ans. CHRISTINE GROU NICOLAS CHEVRIER MARCEL COURTEMANCHE RAYMOND FORTIN DENIS BEAUDOIN Présidente Vice-président Montréal Laurentides Lanaudière Représentant nommé par l’Office des professions Administrateurs et administratrices nommés par l’Office des professions du Québec DENIS BEAUDOIN GILLES HÉON MARIETTE LEMIEUX-LANTHIER DANIELLE LE MAY AVIS DE CONVOCATION 29 OCTOBRE 2015 Assemblée générale annuelle des membres de l’Ordre des psychologues du Québec 2015 L’assemblée générale annuelle se tiendra le : Jeudi 29 octobre 2015 à compter de 16 h 30 Hôtel Delta Québec, salle Lauzon, 690, boul. René-Lévesque Est, Québec. ORDRE DU JOUR 1. Ouverture de l’assemblée 2. Présentation de l’ordre du jour 3. Adoption du procès-verbal de l’AGA 2014 4. Dépôt du rapport de l’élection 2015 5. Présentation du 39e conseil d’administration et du 40e comité exécutif pour l’exercice 2015-2016 6. Rapport de la présidente 7. Présentation des états financiers 2014-2015 8. Nomination des vérificateurs comptables 9. Proposition d’augmentation de la cotisation annuelle de 12 $ 10. Questions et recommandations de l’assemblée au conseil d’administration 11. Levée de l’assemblée Actualités Conseil d’administration Administrateurs et administratrices élus du 39 e conseil d’administration PRÉSIDENTE 1. 1 2 3 4 Christine Grou BAS-SAINT-LAURENT GASPÉSIE CÔTE-NORD 2. Myra Papillon SAGUENAY LAC SAINT-JEAN 3. 5 6 7 8 Réjean Simard QUÉBEC CHAUDIÈRE-APPALACHES 4. 5. 6. Charles Robitaille Jean-Guy Rochefort Richard Couture MAURICIE CENTRE-DU-QUÉBEC 7. 9 10 11 12 Frédéric Langlois ESTRIE 8. Marie-Rose Grenier MONTÉRÉGIE 9. Marianne Bélanger 10. Simon Lemay 13 14 15 16 MONTRÉAL 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 17 18 19 Simon Charbonneau Nicolas Chevrier Marcel Courtemanche Lynda Brisson Marie-Claude Guay Marie-Josée Lemieux Stéphane Guay Conrad Lecomte Raymond Fortin OUTAOUAIS ABITIBI-TÉMISCAMINGUE NORD-DU-QUÉBEC 20. Charles Demers LANAUDIÈRE 20 21 21. Hélèna Vincent ACTUALITÉS | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 45 Actualités En date du 20 juillet 2015 En date du 20 juillet 2015 Tableau des membres Registre des psychothérapeutes Nouveaux membres Nouveaux détenteurs de permis Bailey, Jacqueline C. Béland, Emilie Boivin, Mylène Cousineau, Héloïse Dallaire, Gisèle Demers, Anne-Marie Diaz Guerrero, Clara Maria Goulet, Annie Jacquard, Frank Stillman Johns, Erin Kendil, Nadia Kenny, Sandra Kokin, Jessica Labelle, Marc-Antoine Lafontaine, Ève Lafrenière, Lucie Laplante, Marie-Christine Lebrun, Marie-Andrée Levrier, Katia Paquette-Biron, Marie-Ève Richard, Roxanne Roberge, Tommy Sergerie, Suzie Thompson, Katherine Vandervoort, Julianne Décès Turcotte, Serge Dufour, Christian Avis de décès Aimé Hamann (1924-2015), fondateur de l’abandon corporel Aimé Hamann, psychologue à l’origine de la démarche ontologique, mieux connue sous le nom de psychothérapie d’abandon corporel, est décédé à Montréal le 13 juin dernier. Il a consacré sa vie professionnelle à l’approfondissement de sa compréhension de la réalité humaine, se dévouant à la psychothérapie individuelle et de groupe. Il était marié et père de deux filles. C’est sous les ordres jésuites qu’il complète sa formation de psychologue, aux États-Unis et en Europe. Il quitte la communauté en 1965 pour se consacrer entièrement à la psychologie. Ses intérêts l’ont mené à se former et à travailler avec certains grands thérapeutes de ce temps. Il a participé à des séminaires sur l’approche centrée sur la personne avec Carl Rogers. Il a suivi de la formation et a fait de la cothérapie en Europe avec Anne Ancelin Schützenberger (thérapie transgénérationnelle). Il s’est initié au psychodrame auprès de Jacob Levy Moreno et a participé à des séminaires à Esalen, berceau de la psychologie humaniste aux États-Unis. Par la suite, Aimé Hamann, entouré de collègues partageant son questionnement sur la psychothérapie et le corps, s’est engagé dans une démarche qui l’a conduit aux confins de la dimension involontaire qui habite chaque humain. C’est ainsi qu’est née la psychothérapie d’abandon corporel, qu’il renommera à la fin de sa vie : démarche ontologique. Son approche a influencé plusieurs personnes au Québec et en Ontario, mais aussi en France et en Suisse, où Aimé Hamann a régulièrement présenté des formations et des séminaires. Angers, Andrée Aubé, Gabriel Avoine, Milène Barca, Radu Beauchesne, Annie-Karine Beauchesne, Isabelle Beaudoin, Brigitte Beaudoin, Sylvie Bekal, Farid Belair, Ann Renee Bélanger, Magalie Benoit, Suzanne Bergeron, Kathleen Bernard, Natacha Bilenky-Gray, Adeline Blanchette, Amélie Blouin, Diane Boisvert, Véronique Boisvert Sorel, Kim Bolduc, Marie-France Bonenfant, Céline Boujallabia, Latifa Boulé-Douglas, Yolande Bourcier, Joëlle Branchaud-Bernier, Guillaume Brodeur, Élisabeth Brunelle, Maggy Brunelle, Marie-Josée Cameron, Chantal Caron, Annie Carrier, Candy Chamberland, Camille Charland, Éric Collin, Linda Comte, Jacqueline Contré, Luce Côté, Nathalie Côté, Samuel Dagenais, Sylvie Dallaire, Isabelle Dansereau, Richard Demers Cloutier, Andrée Anne Denis, Mélissa Desrosiers, Josée Dionne, Hélène Doré, Caroline Drouin, Marie-Josée Dubé, France Dumoulin, Isabelle El Feki, Mansour Elias, Carolyn Eustache, Thérèse Fafard Campbell, Kim Forand, Maryse Fortin, Clément Fournier, Francis Gagnon, Marie-Pier Gagnon, Michel Garant, Geneviève Gauthier-Labrie, Fannie Gélinas - Martel, Guylaine Glaberman, Rosaruby Gomez, Maïté Gosselin, Marie-Chantal Grégoire, Élaine Guindon, Françoise Hamel, Cynthia Henry, Lisa Heppell, Joanie Hitchcock, Mary N. Hogan, Joëlle Huot, Sophie Ilnicki, Diana Jolette, Shanda Juneau, Marc-André Labonté, Émilie Lachaine Parisien, Tatou Lafontaine, Marie-Josée Lafrenaye-Dugas, Anne-Julie Langlois, Dominique Laplante, Denis Laplante, Lisette Lapointe, Danielle Larocque, Lyne Laurion, Julie Lavallée, Josée Lavoie, Caroline Lavoie-Dugré, Virginie Leblanc, Valérie Lemay, Martine Lepage, Sophie Luterman, Amanda Marcotte, Mélissa Marcoux, Katia-Sophie Marsan, Annabelle Martiny, Cynthia Mathieu, Catherine Maurin, Louise Mercure, Rachel Monge Vàsquez, Priscilla Monteilhet-Labossière, Maga-Li Moore, Evelyn Morin, Edith Fanny Morin, Louise Morneau, Mélanie Novac, Catherine O’Connor, Roisin Odabasiyan, Narod Panneton, Marie-Josée Paradis, Yves Perron, Marilou Perron, Myriam Pizzardi, Carmelina Poirier, Martine Pouliot, Catherine Pourati, Soraya Prince, Mélissa Pronovost, Isabelle Quallenberg, Joséphine Quiroz, Marcela Rainville, Françoise Rinfret-Raynor, Julie Riopel, Edouard Rioux, Julie Rowell, Marvyn Louise Sabetta, Yolanda St-Hilaire, Nicole St-Jacques, Mélissa Stromberg, Marla Stroobants, Monique Suchma, Monica Sussman Goldenberg, Marilyn Sutherland, Janet Talbot, Hélène-Sophie Tessier, Francyne Thivierge, Marie-Josée Thomas, Harle Tremblay, Patricia Trozzo, Michel Vargas, Nelson ACTUALITÉS | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 47 Actualités Petites annonces À LOUER/PARTAGER Bureaux à louer ou à partager, chemin Queen-Mary. Édifice professionnel, bureaux bien isolés, bien aménagés, toilettes privées, occupation flexible, prix avantageux. Tél. : 514 909-2809. À louer/partager Vieux-Terrebonne – Bureaux à louer. Services inclus, meublés. Références de clients et contacts avec collègues. René M. Forget : 450 964-1794 ou [email protected]. BUREAUX À AHUNTSIC. Meublés ou non, insonorisés, près du métro Henri-Bourassa, commodités sur place, souplesse dans modalités de location. Renseignements : 514 388-4365, poste 221. Salle de consultation pour psychologue à louer dans une clinique médicale privé située à L’Assomption. Meublée, services de réception, location par jour : 50 $/jour, ou mensuelle : 500 $/mois (si plus de 3 jours/sem.). Contacter Natacha Samedy, 450 589-3232. Bureau à louer à Montréal : 2120, rue Sherbrooke Est, situé dans un édifice de 11 étages abritant une pharmacie et un restaurant au rez-de-chaussée. Service de sécurité le soir. Salle d’attente plaisante. 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Libre jeudi et vendredi ainsi que tous les soirs. Modalités de location. Références possibles 450 622-4663. Beau bureau de psychologue, situé à 5 minutes du métro Guy, disponible tous les matins, ainsi que les vendredis et mercredis toute la journée, meublé, insonorisé, salle d’attente privée, climatisation, ascenseur, services inclus, édifice professionnel, sécuritaire, très bien entretenu. 438 384-6918. Laval – Bureau/Clinique Beauté Santé : fenêtre, insonorisé, climatisé, chauffé, éclairé, garde-robe. Accès : salle d’attente, toilette, vestiaire, cuisinette. Surface : 10 pi X 13 pi = 138 pi2, 514 895-1585. LAVAL, près de Cité de la Santé. Spacieux, accueillant, lumineux. Bureau meublé, insonorisé, climatisé, entretenu. Cuisinette. Salle d’attente. Loué à la journée. 514 817-5436. Île-ouest de Montréal (DDO, boul. SaintJean) bureaux meublés, climatisés, insonorisés, salle d’attente, avec d’autres psychologues, belle atmosphère de travail, possibilité des références. 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Le CAAF recherche des psychologues et neuropsychologues œuvrant auprès d’une clientèle pédiatrique ou adulte. Venez travailler dans un milieu chaleureux entièrement rénové situé à Sainte-Julie sur la Rive-Sud de Montréal. Horaires flexibles, statut de travailleur autonome très compétitif, testothèque sur place, clientèle fournie, possibilité de supervision. 450 338-3663 ou [email protected]. La Clinique communautaire de psychothérapie est à la recherche de psychologues/ psychothérapeutes adhérant à des valeurs communautaires et désirant contribuer à améliorer l’accessibilité à la psychothérapie pour les personnes à faible revenu. Statut de travailleur autonome. 25 $/séance. Possibilité de supervision. www.rssoleillevant.org. Pour information : [email protected] ou 450 430-0284. Servirplus recherche des psychologues pour ses cliniques multiprofessionnelles de Brossard, Belœil, île des Sœurs, Sherbrooke et Rosemère. Bureaux à partager spacieux et meublés. Référencement. Contacter Stéphanie Laurin au 450 434-2862, poste 322, [email protected]. La Clinique d’Évaluation en Neuropsychologie et des Troubles d’Apprentissages de Montréal (CENTAM) est à la recherche de neuropsychologues à temps plein ou partiel (horaire flexible). Nous proposons un traitement bonifié de l’échelle salariale en vigueur au ministère de la Santé et des Services sociaux. Pour plus d’informations : [email protected] ou 514 528-9993. CLINIQUE LAVAL recherche psychologues ou autres professionnels de la santé. Service clé en main : bureaux meublés insonorisés, réceptionniste, clientèle, etc. 514 502-4381, [email protected], cliniquelaval.com. New Frontiers School Board est à la recherche d’un(e) psychologue scolaire pour un replacement 3 jours/semaine. Le rôle du psychologue comporte plus spécifiquement l’analyse des aptitudes et des comportements des élèves en vue de les assister dans l’orientation de leur formation et aussi, selon les cas, en vue de recommander des programmes appropriés de rééducation ou de réadaptation et de collaborer à leur réalisation. Date prévue d’entrée en fonction : immédiatement, jusqu’au retour de la personne remplacée. Veuillez soumettre votre candidature via notre site Web : nfsb.qc.ca/job-opportunities/. Lieu de travail : Châteauguay. Salaire et conditions de travail aux règlements de MEESR. La Clinique Atma recherche un(e) psychologue œuvrant auprès d’une clientèle adulte. Milieu chaleureux et entièrement rénové situé dans le Vieux-Longueuil. Horaires flexibles, statut de travailleur autonome, clientèle fournie, réceptionniste. Minimum de 6 heures de disponibilité par semaine dont une soirée. Renseignements et CV par courriel : [email protected]. Psychologues recherchés. 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ACTUALITÉS | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 49 La recherche le dit Chronique La mère d’un toxicomane adulte Bruno Fortin Psychologue à l’Unité de médecine familiale Charles-Lemoyne La chronique « La recherche le dit » traite d’un cas clinique. Puis, des données probantes tirées de la base de données EBSCO accessible via le site Internet de l’Ordre sont rapportées en lien avec la problématique soulevée par le cas clinique. Finalement, l’apport des données probantes pour nourrir la compréhension clinique est discuté. Le cas clinique La patiente de 55 ans est inquiète pour son fils de 30 ans, qui présente un historique de consommation excessive d’alcool, et de drogues. Vu la consommation régulière de son fils et la perte de ses emplois, la patiente a payé ses dettes de cartes de crédit à quelques reprises. En plus de lui fournir vêtements et nourriture, elle l’a aidé à déménager et à se trouver de nouveaux emplois. La justice le recherche aussi pour quelques bagarres et la résistance à l’intervention des policiers. La patiente se rend compte qu’elle est prise dans un cercle vicieux, mais elle ne peut laisser son fils dans la misère et craint les gestes suicidaires. La recherche le dit Seulement 6 % des alcooliques et 16 % des consommateurs de drogue entrent en traitement (Roozen, De Waart et Van der Kroft, 2010). Pour obtenir de l’aide, les proches aidants d’alcooliques ont souvent recours à l’organisme communautaire Al-Anon, basé sur les 12 étapes propres aux traitements inspirés des Alcooliques anonymes. L’acceptation de l’impuissance à changer le toxicomane est au cœur de l’approche (Mansky, 2009). Les participants d’Al-Anon n’amènent l’alcoolique en traitement que de 13 à 18 % du temps (Velleman, 2006 ; Roozen, De Waart et Van der Kroft, 2010), ce qui n’est pas étonnant, puisque ce n’est pas le but de cet organisme. Il est souvent bénéfique pour une personne de renoncer à la culpabilité associée avec la croyance qu’elle est responsable de la consommation du toxicomane ou de l’alcoolique. Le proche aidant a aussi besoin d’acquérir une meilleure compréhension du phénomène de la consommation, de meilleures stratégies pour prendre soin de lui-même et une meilleure connaissance des comportements qui ont le potentiel d’influencer la personne qu’il souhaite aider (Mansky, 2009). L’approche du Johnson Institute (Roozen, De Waart et Van der Kroft, 2010) amène à travailler avec la famille de façon rigoureuse pour préparer une confrontation énergique. Le but est de susciter chez le consommateur de substances psychotropes une constatation de l’ampleur de l’impact négatif de ses 50 | Psychologie Québec, vol. 32, n o 5 | CHRONIQUE comportements de consommation sur les personnes significatives de son entourage, et en conséquence de susciter l’acceptation d’un traitement. Cette approche axée sur la confrontation amène plusieurs familles à abandonner le processus en cours de route par crainte des conséquences. Ce processus amène tout de même 30 % des alcooliques ou toxicomanes à commencer un traitement (Velleman, 2006 ; Roozen, De Waart et Van der Kroft, 2010). Smith et Meyers (Mansky, 2009 ; Roozen, De Waart et Van der Kroft, 2010) proposent le modèle CRAFT (Community Reinforcement and Family Training Program). Ils y suggèrent la détermination de la motivation du proche aidant qui souhaite que l’alcoolique ou le toxicomane entre en traitement, l’analyse fonctionnelle de la consommation et la détermination de ses déclencheurs typiques, la détermination du risque de violence et l’amélioration des habiletés de communication à travers des jeux de rôles où le proche aidant apprend à éviter de blâmer, d’injurier et de dénigrer (O’Connell, 2005). Ils suggèrent par la suite le renforcement des comportements associés à la sobriété, la réduction des comportements qui facilitent la consommation, le respect des conséquences naturelles négatives de la consommation et l’invitation directe à entrer en traitement. Parallèlement, le proche aidant travaille à enrichir sa propre vie. En travaillant exclusivement avec les membres impliqués de l’entourage, sans confrontation, le modèle CRAFT amène de 64 à 67 % des alcooliques ou toxicomanes en traitement (Velleman, 2006 ; Roozen, De Waart et Van der Kroft, 2010). La patiente décrite au début de cet article a reconnu les limites de ses capacités. Son psychothérapeute lui a suggéré de faire le minimum avec lequel elle était capable de vivre, pour ne pas être submergée par la culpabilité et par l’angoisse et pour maintenir une relation saine, positive et bienveillante. La patiente a délégué une partie des responsabilités qu’elle portait sur ses épaules à un médecin de famille stable qui se spécialise auprès de ce type de clientèle et qui a identifié et traité un trouble bipolaire. La patiente a limité ses interventions à ce qu’elle trouvait raisonnable et son fils a dû faire face plus souvent aux conséquences de ses choix. Vous pourrez trouver ces articles complets ou leurs résumés à partir de la base de données EBSCO. Abonnez-vous au www.ordrepsy.qc.ca/bases. Bibliographie Mansky, P. A. (2009). Motivating Substance Abusers to Enter Treatment : Working with Family Members. American Journal on Addictions, 18, 3, 256-257. O’Connell, K. A. (2005). Motivating Substance Abusers to Enter Treatment. Journal of Community Health Nursing, 22, 4, 261-262. Roozen, H. G., De Waart, R. et Van der Kroft, P. (2010). Community reinforcement and family training : an effective option to engage treatment-resistant substance-abusing individuals in treatment. Addiction, 105, 1729-1738. Velleman, R. (2006). The importance of family members in helping problem drinkers achieve their chosen goal. Addiction Research and Theory, 14, 1, 73-85. L’OFFRE SÉLECTION POUR LES PSYCHOLOGUES UNE OFFRE AVANTAGEUSE POUR MICHÈLE Couture EMPATHIQUE Détails et conditions sur desjardins.com/psychologue. GRÂCE À L’OFFRE SÉLECTION, PROFITEZ D’AVANTAGES ADAPTÉS À VOTRE RÉALITÉ, INCLUANT: • Un forfait avec transactions illimitées pour 7,95$ par mois • Des rabais et des taux avantageux sur plusieurs produits d’épargne et de financement • Une gamme complète de solutions financières pour votre entreprise • Plusieurs autres avantages desjardins.com/psychologue