Trois Genéchois dans la guerre d`Indochine, 1946

Transcription

Trois Genéchois dans la guerre d`Indochine, 1946
Mémoire de Genech - Cercle des souvenirs
Janvier 2014 - Feuillet n° 44
Trois Genéchois dans la guerre d’Indochine,
1946-1954
Le mémorial de Fréjus
A Fréjus a été construit le « Mémorial des guerres en Indochine ». Outre la crypte où reposent les restes
mortels de 3 152 victimes inconnues du conflit, des murs du souvenir ont été érigés. Sur ces murs ont été
inscrits les noms de toutes les victimes civiles et militaires du conflit dont ceux de 2 Genéchois : Henri CATILLON décédé le 03 janvier 1947 et Charles FOUTRY décédé le 25 avril 1953.
Trois Genéchois dans la guerre d’Indochine
De 1946 à 1953, trois militaires de carrière nés à Genech, participèrent à la Guerre d’Indochine, de 1946 à
1954. Ils s’y sont succédés, en 1946/1947, 1947/1950 et 1951/1953. Deux d’entre eux y laissèrent la vie.
Ce feuillet a pour objet d’honorer leurs mémoires de soldats morts pour la France.
, né en 1915 à Genech, cousin d’Emilienne Leclercq-Catillon, engagé en 1935, sous officier
dans l’Armée d’Afrique (1er Régiment d’Infanterie Coloniale), en Tunisie et au Maroc, puis
affecté au 5ème Bataillon de Marche Sénégalais, participa, entre autres, aux campagnes de Madagascar
d’octobre 1944 à avril 1946 puis d’Indochine de avril 1946 à janvier 1947. Victime d’un accident, l’adjudant Henri Catillon décéda le 3 janvier 1947 à Saigon.
Henri Catillon
Henri Duvinage quitta la France en février 1941 pour rejoindre la France Libre du général de Gaulle (voir
Feuillet n° 43). Officier dans les troupes coloniales, il participa à la campagne de France en 1944 – 1945
puis à la guerre d’Indochine, d’octobre 1947 à février 1950, « vingt sept mois sans revoir ma famille » écrivait-il récemment à sa sœur, Geneviève Knockaert-Duvinage. Il poursuivit ensuite sa carrière dans l’Armée
française, en Algérie, au Mali, au Niger, en France puis au Laos et à Berlin Ouest. Il est titulaire de la Légion d’Honneur et vit actuellement à Saint Raphaël.
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Charles Foutry : le départ pour l’Indochine
Charles Foutry, époux d’Elisabeth Carnoy, père de 3 filles Jocelyne, Brigitte et Marie Françoise, engagé
volontaire depuis 1936, embarqua le 31 juillet 1951 sur le paquebot « Pasteur » avec 5 500 hommes pour
un voyage qui les mènera en Indochine en passant par PORT SAID, SUEZ, ADEN, SINGAPOUR et le CAP
SAINT JACQUES, non loin de SAIGON.
A son arrivée au TONKIN, «dans le grand cirque» de PHU LANG THUONG, les opérations plus ou moins
couronnées de succès commencent. Il participe à plusieurs durs combats qui lui vaudront la Croix de
Guerre ainsi que la médaille coloniale ; la Légion d’honneur lui est accordée à titre posthume en Juillet
1954.
La bataille de Hoa Binh et de la RC6
De novembre 1951 au 22 février 1952 les Français tentent de maintenir ouvert le tronçon de la Route Coloniale (RC) n° 6 (Hanoï – Lai Chau) entre Hanoï et Hoa Binh.
Il participe avec son bataillon du 1° Régiment de Tirailleurs Marocains à la bataille de Hoah Binh, ville reprise sur ordre du général de Lattre en novembre 1951 afin de couper les forces vietminh (1) du Tonkin
des guérillas vietminh du nord de l’Annam.
Les opérations offensives se succèdent ; beaucoup de souffrances endurées pour gagner un peu de terrain : « Pluie, chaleur, marche en montagne, traversée des ruisseaux, s’enfoncer dans les rizières jusqu’aux
genoux … pas beaucoup de nourriture mais la soif… le bidon est souvent rempli au ruisseau…. Retour
d’opération pieds nus, les semelles sont restées dans l’eau, pas de pain, éternelles rations froides en conserve et biscuits, draps et couvertures mouillés car lorsqu’il pleut - et il pleut beaucoup -, la tente prévue
pour le soleil laisse passer l’eau ». Ceci explique la fréquence des crises de paludisme et de dysenterie.
Décembre 1951 : A propos d’une attaque viet, il écrit « Ils étaient une compagnie contre une section de
chez nous – 250 hommes contre 36 . Ce sont des gens qui n’ont pas peur de mourir, alors ils foncent et ça
fait un véritable carnage. Nous avons eu 7 blessés, 2 morts, 15 disparus. Reste 12. […] Cette guerre peut
durer des années et des années car déloger ces gens-là dans la forêt et en montagne, jamais nous n’y arriverons »
En opération à Hung Yen, mai 1952
1. «Viets» ou Vietminh: abréviation de Viet Nam Doc Lap Dong Minh (Ligue pour l’indépendance du Viet
Nam) nom donné par les Français aux combattants et aux guérillas communistes au Viet Nam.
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Le 23 janvier 1952 : « Tu ne connais nullement les pertes que nous
avons, surtout lorsqu’une compagnie de chez nous est réduite de
180 à 60 hommes. Cette différence de 120 est quand même
quelque part ; eh bien je les ai vus, entassés dans des camions sur
trois couches superposées »
Le 22 février 1952, annonce d’un repli. Hoa Binh et la RC6 vont
être abandonnés : « les journaux de France n’en causeront surement pas pour ne pas abaisser le prestige de certains bourreaux … »
En février 1952, « visite du ministre Letourneau, revue de
troupes, remise de décorations, tout le tralala ; il est venu en inspection. Si seulement à son retour en France, il pouvait poser la
question de l’armistice… »
Janvier 1956, sur la RC6,
au pied d’un arbre « fromager »
Guerre d’Indochine
Octobre 1945 : Début de la reconquête de la Cochinchine par le général Leclercq
1946
: Début de la reconquête du Tonkin ; insurrection Vietminh à Hanoï
1947 – 1949
: Guerre de guérilla menée par le Vietminh
Octobre 1949 : Victoire communiste en Chine. Le Vietminh peut s’appuyer sur l’arrière chinois
1950
: Début de la guerre de Corée,
Défaite française de la Route coloniale 4. Plusieurs milliers de prisonniers français.
La guerre d’Indochine prend une dimension internationale: soutien américain aux
Français, dans le cadre de la Guerre froide
1951
: De Lattre général en chef (déc.1950 –janv. 1952);
Novembre : début de la bataille de Bien Hoa
1952
: Offensive vietminh en pays Thaï ; défaite du Vietminh à Na San
1953
: Fin de la guerre de Corée; création de la base de Dien Bien Phu par les Français (nov.)
Bataille de Dien Bien Phu (13 mars – 7 mai).
Chute du camp retranché : 13 000 prisonniers dont 10 000 mourront dans les camps
de concentration vietminh.
20 Juillet 1954 : Accords de Genève : le Nord Vietnam deviendra un Etat communiste.
Fin de la guerre d’Indochine.
Dans le delta du Tonkin
En juillet, il est dans la région de Haiphong. «J’ai l’impression que petit à petit nous laissons la place à
l’armée vietnamienne (2) et nous allons quitter le lieu avec la frousse au derrière… Il nous est impossible
de rester dans un pays comme celui-ci. Le delta (du Fleuve rouge) est en principe occupé par nous et tout
le reste du Tonkin par les viets, il est donc impossible de tenir (…) Cette guerre est à laisser à ceux qui sont
du pays et sitôt la France partie, les 2 régimes (3) s’accorderont ».
2 Armée du Vietnam : armée de l’Etat du Vietnam, indépendant depuis 1950 et combattant, aux côtés des Français, contre les communistes du Viet Minh
3 Les deux régimes : l’Etat libre du Vietnam, non communiste et le Vietminh communiste
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Le 29 Juillet, arrivée à Truong Long, île à 20 km au sud de Haiphong « dans la région appelée « tête de vipère », un bourbier, de la merde jusqu’aux genoux ».Le 4 août, « tous les jours, vers 3 heures, il y a la marée et l’eau monte de 80 cm, hier soir nous avons mangé avec de l’eau jusqu’aux genoux (…) Tous les jours
il faut évacuer des malades : palu, rhumatismes, poitrinaires etc.
En octobre il rejoint pour une semaine Do Son, lieu de repos du bataillon à proximité de la Baie d’Along
« une véritable merveille, unique au monde ». Séjour écourté : « je crois fort que la situation change, nous
devions encore rester jusqu’à demain et ce matin un message nous est arrivé et l’on doit rejoindre La Coï
… en pays Thaï, accès par avion (…) Nous serons séparés de tout, aucun moyen de communication pour
revenir par la route, à environ 400 km de Hanoï ». Début novembre 1952, son bataillon stationne à 25 km
de Son La (à 70 km à l’Est de Dien Bien Phu). « Le coin est bien et très calme pour le moment […] La population Thaï nous est très favorable, il fait très chaud […]. Malgré le vent, la poussière, les avions nous approvisionnent […] Les transports continuent et toujours du monde et du matériel ».
En mars 1952 avec des enfants vietnamiens
1er juin 1952 avec les photos de sa famille
Dans le feu de la bataille de Na San
Son bataillon participe alors à la bataille de Na San : une base aéroterrestre est créée (opération
« Lorraine » ) et le Vietminh viendra s’y casser les dents. Bien que la base ne puisse être ravitaillée que
par les airs, les offensives des viets sont des échecs ; Giap, qui ne possède pas d’artillerie, laisse des milliers de ses hommes sur le carreau et ne peut s’emparer de la base.
Charles Foutry échappe à une terrible embuscade : « Dans les journaux qui nous sont parvenus hier soir,
on causait d’une colonne qui se dirigeait sur Ba Lay. Eh bien c’était nous mais si Ba Lay fut atteint par
certains, moi je n’ai pu y parvenir, j’en étais à une demi heure. Les viets étaient échelonnés sur 7 km;
c’était un véritable enfer; de tous côtés ça tiraillait; une rivière s’est trouvée près de nous ce qui nous a
permis de nous replier […] Aujourd’hui je puis dire que la bataille n’a pas trop endommagé; presque tous
les effectifs sont rentrés. Les journaux communistes crieront victoire mais ce sera des mensonges. Les
listes d’effectifs du bataillon ont été perdues; peut être les viets annonceront-ils, grâce à ces listes, un
certain nombre de prisonniers par la voie de Moscou. N’y fais pas attention..... »

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