Le gore et les sous-genres de l`horreur - horreur
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Le gore et les sous-genres de l`horreur - horreur
vril 2008 Volume 1 . Numéro 1 . A Le bulletin québécois des amateurs de film d’horreur Sang, monstres et tueurs en série Le gore et les sous-genres de l’horreur Le cinéma d’horreur contemporain, dans ses formes les plus extrêmes, a donné naissance à trois type de cinéma de l’outrance et de la démesure : le gore, le giallo et le snuff. L’étiquette cinéma d’horreur n’est souvent associée qu’à ces trois formes qui l’ont, d’une certaine façon, condamné à n’être qu’un genre mineur, pervers et pernicieux. Pourtant, il existe de nombreux styles cinématographiques à l’horreur. Le Gore Par : Jacinte Pearson Le terme anglais gore n’a pas été inventé pour le cinéma. Le Barnhart Dictionary of Etymology, qui propose comme définition « sang répandu, sang coagulé », situe l’apparition du mot, dans son orthographe actuelle, aux alentours de 1150. Il en retrouve l’origine dans le vieil anglais gor (saleté, excrément), de la même famille que gyre et apparenté à gor (saleté en vieil allemand), goor (minable, miteux en hollandais) et gor (substance visqueuse en vieil islandais). C’est dire si, dans ses plus lointaines racines, le gore est déjà associé à l’idée de sale et de répugnant Le dictionnaire cité explique qu’on a ensuite commencé à employer ce mot pour évoquer le sang coagulé, et spécialement le sang versé sur le champ de bataille. Plus tard, Shakespeare utilise gore pour signifier la souillure quand Macbeth raconte comment il a tué les gardes de Duncan (« There, the murderers, steep’d in the colours of their trade, their daggers unmannerly breech’d with gore »). On voit apparaître l’expression poétique blood and gore (1563) et ses variantes archaïques gore of blood et gore-blood (Roméo et Juliette : « A bloody piteous corpse ; pale, pale ashes, all bedaub’d in blood, all in goreblood »). L’effet gore n’est donc pas exclussif au cinéma du XXe siècle puisqu’il a pris ses racines dans les premières représentations dramatiques. Si le gore cinématographique remonte vraisemblablement à la tragédie antique, c’est toutefois le théâtre du Grand-Gignol qui lui légua la tradition des scènes sanglantes. Fondé en 1899 par Max Maurey, ce théâtre de l’horreur était d’abord destiné à un public bourgeois à la recherche de frissons à bon marché et désireux de s’encanailler, le grand guignol allait par la suite, pendant plus de soixante ans, connaître un énorme succès populaire. Les spectateurs mystifiés se demandaient comment ces effets répugnants étaient accomplis sous leurs yeux. Sacrifiant la subtilité psychologique aux effets sanguinolents, le grand guignol était le théâtre de l’illusion et de l’étonnement. Rien que du beau fait divers, magnifié jusqu’au gag final pour éclater en une monstrueuse bulle rouge sang. Par exemple, on y retrouve des œuvres comme Le coiffeur fou, L’horrible expérience et d’autres aux titres autant éloquents. De plus, l’obscur dramaturge Oscar Méténier a fait sa marque avec ses nombreuses adaptations des œuvres les plus violentes d’Edgar Allan Poe. Bref, Affiche du Jardin des supplices d’octave le théâtre Grand-Guignol a fourni mirleau monté au grand-gignol en 1922. pendant quelques décennies un exutoire à la peur, la haine et la violence, et la littérature d’épouvante contemporaine ainsi que le cinéma d’horreur se situent dans son prolongement. D’ailleurs, le théâtre ferma ces portes à Paris en 1963, l’année précédente où H.G. Lewis réalisait le premier film gore, Blood Feast. (suite page 2) Sommaire Le gore et les sous-genres de l’horreur............ 1-2 Critique DVD Small Gauge Trauma........................................3 L’évolution du genre au fil des ans................... 4-5 Top 5 des films à écouter à l’Halloween...............5 Profil - entrevue Dany Champagne......................................... 6-7 À ne pas manquer Sortie DVD - Machine Girl................................8 Le bulletin québécois des amateurs de film d’horreur Ce qui caractérise le gore c’est un état d’esprit, une conception de la violence, une accumulation quasi maladive et quasi interrompue de meurtres horribles et ce, sans aucun souci de logique. Autrement dit, c’est un assemblage de violence pure et gratuite qui repose sur une débauche d’effets spéciaux ultraréalistes et sanglants. Le scénario étant plutôt simpliste, la véritable intention du gore est de choquer et d’écoeurer. C’est donc ce qu’à voulu faire Herschell « Gore-don » Lewis. À son insu, il déclencha une nouvelle vague horrifique qui allait prendre de l’importance dans les années 1970, pour atteindre son sommet dans les années 1980. Il allait être suivi par les Georges A. Romero, Lucio Fulci, Tobe Hooper, Joe D’Amato et d’autres œuvrant plutôt dans la parodie comme Peter Jackson (Braindead, Bad Taste) et Sam Raimi (la trilogie d’Evil Dead) Le giallo Le mot italien giallo désigne à la fois une couleur (jaune) et une littérature policière populaire. Au cinéma, les gialli correspondent à une catégorie de films typiquement latins qui sont apparus au cours des années 1970. C’est un cinéma italien où l’horreur est axée principalement sur la figure meurtrière du psychopathe. Le giallo est en fait un sous-produit du gore qui obéit à des règles : présence d’un assassin masqué et ganté de cuir noir, succession de meurtres sadiques et sanglants filmés en gros plans, fétichisme de l’arme blanche et du verre tranchant, décors et éclairages baroques aux couleurs chatoyantes à dominante de rouge et de vert et finalement, une fascination pour les infirmités physiques et mentales et les déviations sexuelles. Dès 1962, Mario Bava établissait les fondements du giallo avec son film La fille qui en savait trop. Puis, Dario Argento, son fils spirituel, donna un nouveau souffle au sous-genre avec L’oiseau au plumage de cristal, Le chat à neuf queues, Quatre mouches de velours et surtout avec Les frissons de l’angoisse en 1975. la véritable intention du gore est de choquer et d’écoeurer L’horreur-fiction Parallèlement à la vague horrifique des tueurs en série qui s’est développée vers la fin des années 1970, des réalisateurs décident plutôt de présenter une monstruosité organique engendrée par l’individu lui-même. L’exemple classique de ce type d’horreur parasitaire demeure Alien (Ridley Scott, 1979) où la créature visqueuse qui loge dans la poitrine d’une malheureuse victime jaillit soudain au grand jour. John Carpenter a aussi exploité ce volet de science-fiction et d’incarnation du mal. Dans son chef-d’œuvre The Thing, rien ne différencie de leurs collègues les hommes contaminés par l’extraterrestre. La métamorphose se situe dans l’intérieur du corps. Notons aussi le talent de David Cronenberg avec des films comme Frissons, Rage, La mouche, Chromosome 3 et l’excellent Videodrome. Ces films rappellent sans cesse que le corps même peut devenir monstrueux sans qu’on s’y attende. On remarque une tendance vers une épouvante intérieure, des images qui expriment des questions existentielles de la vie et de la mort. Dans son adaptation du roman de William Burroughs (Naked Lunch), David Cronenberg utilise des trucages encore plus spectaculaires dans une nouvelle réflexion sur les apparences trompeuses. Le héros est sujet à de perpétuelles hallucinations, et les objets, dotés d’une vie autonome, saignent lorsqu’ils sont détruits. Son esthétique du gore est remarquable. Drame d’horreur Optant pour une approche plus psychologique de la violence, ce sousgenre s’avère tout aussi efficace et même parfois plus cauchemardesque. Volume 1 . Numéro 1 . Mai 2008 L’horreur est souvent dans une optique d’une éventuelle réalité laissant l’auditeur perplexe. Les thèmes abordés sont la plupart du temps la religion, les phénomènes paranormaux et le crime. Stanley Kubrick a justement vu, dans le roman The Shinning de Stephen King, l’occasion d’évoquer cet .équilibre fragile entre le psychologique et le surnaturel. Le but est d’effrayer les gens en agissant simplement sur l’esprit. Ce ne sont pas des films gores, ou du moins ils en contiennent peu. Un film comme The exorcist a fonctionné à la manière d’un électrochoc auprès du public. Il y a eu aussi les films de Brian De Palma, dont certains contiennent quelques effets de gore qui ont demeurés gravés dans les mémoires longtemps après les projections (Sissi Spacek recouverte de sang dans Carrie, le visage tailladé au rasoir d’Angie Dickinson dans Dressed to Kill ou le meurtre à la perceuse électrique de Body Double). De plus, il y a eu des films très dérangeants comme Salò o le 120 giornate di Sodoma et The Devils, traitant de la torture et des tourments que l’on peut infligés à l’humain. Ces abus de pouvoirs et fanatisme sont inspirés de faits réelles et demeure dur à supporter à l’écran. Pour terminer, il y a le film criminel, un nouveau regard sur le tueur psychopathe. Qui ne peut oublier la descente aux enfers des grands films Seven et Silence of the Lambs. Puis, s’inscrit Henry : Portrait of a Serial Killer, qui reconstitue quelques jours de la vie de Henry Lee Lucas (un authentique tueur en série incarcéré et accusé de trois cent soixante-neuf meurtres). Ce film se démarque en effet des autres évocations cinématographiques de criminels par sa glaciale objectivité. La caméra accompagne le personnage dans ses œuvres sans porter de jugement moral ni tenter d’expliquer son comportement. Seule la scène où Henry assassine son complice fait appel à un effet gore (une tête tranchée) et c’est la moins percutante car soudain le spectateur peut se raccrocher à des repères familiers. Suite dans le prochain numéro Le bulletin québécois des amateurs de film d’horreur Volume 1 . Numéro 1 . Mai 2008 Critique DVD Small Gauge Trauma Par : Jacinte Pearson Et oui ça sent enfin l’été, soleil, terrasse et boissons à volonté. C’est aussi l’ouverture de nombreux festivals. Mais celui qui nous intéresse est nul autre que Fantasia, le plus important festival de film de genre en Amérique de Nord. D’ailleurs, je suis déjà impatiente de connaître la programmation juillet 2008. Mais en attendant, je contiens ma fébrilité et pour ce faire, j’ai tout récemment acheté la merveilleuse compilation Small Gauge Trauma. Ce petit bijou hétéroclite, sorti en 2006 pour célébrer les 10 ans du festival, nous offre 13 courts-métrages en provenance de 8 pays : Canada, Espagne, Belgique, Argentine, Portugal, Japon, Angleterre et Brésil. Mitch Davis, en collaboration avec le studio Synapse Films, est allé dénicher les meilleurs et les plus excentriques courts-métrages projetés au festival. On a droit à des films d’animations, des drames, des films d’horreur, des stop-animations, un sexploitation religieux et un mini métrage assez bizarroïde. Contenu Le DVD s’ouvre avec un mot de bienvenue très spécial du légendaire José Mojica Marins (Coffin Joe). Par la suite s’en suit du défilement des courtsmétrages. Certains sont très efficace, comme The Separation, une animation rappelant l’art de Jan Švankmajer et l’atmoshpère de David Lynch, l’ironique Tea Break, qui m’a fait bien rigoler, le cinglant L’Ilya, qui s’avère une analyse artistique plutôt macabre sur le suicide et finalement I’ll See You in My Dreams, un vidéoclip du groupe métal Moonspell qui est tout simplement délectable. Il y a aussi l’effroyable Amor Só de Mãe, qui avec son atmosphère satanique, vous restera perplexe. D’autres comme Ruta Destroy!, Flat - N -Fluffy et Miss Greeny demeurent divertissants mais sans plus. Bref, j’ai eu un grand plaisir à découvrir tout ces histoires et je vais sûrement en avoir autant à les redécouvrir. Small Gauge Trauma est aussi bourré de suppléments. La plupart des films contiennent des commentaires, il y a des scènes supprimées, une introduction par Mitch Davis (directeur de la programmation international du festival et animateur) et un montage fort instructif et amusant de topos télévisuel concernant le festival durant les dix dernières années. Pour tout ceux et celles qui ne connaissent pas le festival ou plutôt les malchanceux qui ne peuvent jamais y aller, Small Gauge Trauma est un must pour les fans du genre. Non seulement il vous fera découvrir un peu ce qu’est Fantasia, mais vous donnera assurément la piqûre pour que vous y fassiez un tour cet été. Vous le voulez! www.fantasiafest.com Le bulletin québécois des amateurs de film d’horreur Volume 1 . Numéro 1 . Mai 2008 Il était une fois… le film d’horreur L’évolution du genre au fil des ans L’émotion ou le sentiment de peur sont inscrit dans la culture, dans le temps et dans l’espace. Le cinéma est un véhicule important de représentations reliées à la peur. C’est cette sensation forte, telle une monté d’adrénaline, que recherche les amateurs du genre. Comme un conte ou une légende, le cinéma d’horreur a permis de raconter en plus d’illustrer des histoires aussi fabuleuses que terrifiantes. Observont donc la naissance de ce média à travers les années. Par : Jacinte Pearson L’horreur cinématographique est apparue dès les débuts du cinéma sans toutefois le revendiquer. Sous prétexte de vérité historique ou documentaire, c’est le cinéma muet qui nous a donné nos premières scènes horrifiques. En 1895, The Execution of Mary, Queen of Scots, court métrage d’à peine une minute, réalisé par Alfred Clark, montrait la première décapitation à l’écran. D’ailleurs ce film fut considéré comme le premier à utilisé des techniques de montage cinématographique. Ensuite, en 1912, ce fut le tour de l’Italien Enrico Guazzoni d’agrémenter sa version de Quo Vadis? de quelques séquences d’horreur : chrétiens dévorés par des lions, torches humaines flambant dans le jardin de Néron, sans oublier le suicide sanglant du poète Pétrone se tranchant les veines dans sa baignoire. Cependant, on considère Georges Méliès comme le créateur du genre, avec des œuvres burlesques tel que Le Manoir du diable en 1896 et La Caverne maudite en 1898 et Histoire d’un crime en 1906. Magicien de formation, ce français d’origine est reconnu comme le père des effets spéciaux, le premier réalisateur et le créateur du premier studio de cinéma. Son film le plus marquant, fut son premier film de sciencefiction Voyage dans la lune, apparu en 1902 et adapté du roman de Le voyage dans la Lune Jules Verne, De la Terre à la lune. Le premier long-métrage à faire couler du sang à des fins dramatiques fut le film muet américain Intolérance de D.W. Griffith en 1916. Quatre époques sont présentées en alternance pour dénoncer l’intolérance : la répression des grèves, la Saint-Barthélemy, la Passion du Christ et Babylone. De la Babylone antique au début du XXe siècle, ce film illustre en quatre épisodes, la cruauté et la férocité de l’homme envers son prochain.L’épisode babylonien insiste sur la cruauté des combats afin d’en condamner la barbarie. Comme dans les films de guerre les plus récents, la vue du sang vient alors conférer un effet de réalité à la scène, tout en accentuant le caractère spectaculaire. L’exemple le plus frappant reste sans doute ce plan où le torse nu d’un soldat se couvre de sang à mesure que la lance d’un ennemi s’enfonce dans son ventre. Parenthèse faite, le cinéma d’horreur sera véritablement lancé grâce au cinéma expressionniste allemand avec, pour les plus connus, l’envoûtant Das Cabinet des Dr. Caligari de Robert Wiene, qui inspira sûrement l’imaginaire de Tim Burton et The Golem de Carl Boese en 1920. C’est en 1922 que sort l’œuvre la plus importante dans l’émergence du genre : Nosferatu de F.W. Murnau. L’ambiance particulièrement morbide du film et la terrifiante prestation de Max Schreck dans le rôle du vampire a grandement marqué le cinéma d’horreur. Aux États-Unis, The Hunchback of Notre-Dame de Wallace Worsley sort en 1923, et devient le premier film américain important du genre. En 1925, The Phantom of the Opera de Rupert Julian, produit par Universal Pictures, préfigure l’importance du studio dans l’essor du cinéma d’horreur durant les années 1930. Il s’y produit de grands films lucratifs : Dracula de Tod Browning, Frankenstein de James Whale, Dr. Jekyll and Mr. Hyde de Rouben Mamoulian et King Kong de Merian C. Cooper Années 50 Ensuite viennent les années 50 avec la guerre froide, la peur du nucléaire et des expérimentations scientifiques. L’horreur apparaîtra donc sous forme de science fiction : The Thing from Another World de Christian Nyby, Invasion of the Body Snatchers de Don Siegel sont des pamphlets anti-communistes, Them! De Gordon Douglas, Gojira de Ishirô Honda voient des animaux mutés sous l’effet de radiations nucléaires et The Fly de Kurt Neumann montre un scientifique défiguré par une expérience qui tourne mal. De plus, il faut souligner l’importance de la Hammer Film Production, qui rayonna sur le cinéma d’horreur avec des productions s’appuyant sur des réalisateurs de qualité comme Terence Fisher et des acteurs comme Peter Cushing et Christopher Lee. C’est le triomphe mondial de The Curse of Frankenstein, réalisé en 1957 par Terence Fisher, qui va décider Hammer Films à se lancer dans une politique de remakes en couleurs des grands films de monstres produits par Universal avant guerre. La sensibilité et l’audace de Fisher ont donné à ces films une tout autre Volume 1 . Numéro 1 . Mai 2008 dimension et souvent une meilleure qualité que les originaux. À voir absolument : Horror of Dracula, The revenge of Frankenstein, The Mummy et The Curse of the Werewolf. Bref, notons aussi, du côté de la France, un classique d’épouvante au réalisme glacial, que j’affectionne particulièrement, Les Yeux sans visage de Georges Franju. Cette œuvre inclassable dont le merveilleux cauchemardesque, conjugué à intrigue policière, offre des images saisissantes. Malgré les années, ce film a su conservé toute sa force évocatrice et toute sa poésie. le cinéma d’horreur sera véritablement lancé grâce au cinéma expressionniste allemand Années 60 C’est dans les années soixante que l’horreur gothique atteint son apogée. On voit aussi apparaître l’appellation Série B, grâce aux réalisations à petit budget de Roger Corman. The Little Shop of Horrors est tourné en seulement deux jours. Puis plusieurs adaptations des nouvelles d’Edgar Allan Poe, mettant souvent en vedette l’inquiétant mais sublime Vincent Price, sont produites : House of Usher, Pit and the Pendulum, The Raven… Enfin, le genre prend son envol, les effets spéciaux se perfectionnent et on y voit un affaiblissement progressif de la censure, permettant aux scénaristes et aux metteurs en scène de donner libre cours à leur imagination. L’horreur s’ancre dans la réalité, s’affranchit de son aspect fantastique. Les monstres y sont des humains psychologiquement instables, assouvissant leurs pulsions névrotiques dans le meurtre. Psycho d’Alfred Hitchcock et Peeping Tom de Michael Powell reflète bien cette tendance. La même année, Mario Bava réalise le giallo La fille qui en savait trop. Il tournera le premier grand classique de ce genre en 1964 avec 6 Femmes pour l’assassin. En Amérique, Herschell Gordon Lewis réalise le premier film gore, Blood Feast, sousgenre qui aura des répercutions fondamentales. Les pires atrocités sont alors exposées au spectateur, de la trépanation à l’éviscération, en passant par l’énucléation, l’égorgement et autres joyeusetés. Lewis tournera une dizaine de films gores dans les années 60-70, Two Thousand Maniacs! demeure mon préféré. Regarder un film de H.G. Lewis est un pur divertissement. Il faut cependant boucler sa ceinture et être prêt pour toute une virée. À éviter si vous êtes du genre à prendre la vie trop au sérieux. Finalement et non le moindre, une œuvre magistrale, qui marquera durablement les esprits, perce l’écran en 1968: Night of the Living Dead de George A. Romero. C’est la première fois qu’un film d’horreur se veut une critique politique et sociale de son époque. D’un pessimisme total, ce film est traité avec réalisme et intelligence et nous porte à réflexion sur notre comportement en société. Suite dans le prochain numéro Le bulletin québécois des amateurs de film d’horreur Top 5 des films à voir pour l’halloween Par : Jacinte Pearson Trop vieux pour passer l’halloween? Pourquoi pas vous mettre dans l’ambiance en regardant de bon vieux classique d’horreur dans le crépuscule de votre salon. Voici donc quelques suggestions pour votre divertissement morbide. Halloween (1978) par John Carpenter Un choix aussi évident qu’incontournable. Je recommande de le voir seul dans le noir le plus complet possible, et à plein volume pour la trame sonore!!! Re-Animator (1985) par Stuart Gordon Œuvre classique d’H.P. Lovecraft… Pour tous ceux qui se questionnent sur la physionomie et le fonctionnement du cerveau. À écouter si vous êtes un amateur de Gore. Pumpkinhead (1988) par Stan Winston Ce conte macabre, inspiré d’un poème d’Ed Justin, mis au monde une des créatures les plus effrayantes du cinéma d’horreur. Sous-estimée à mon avis, ce film au goût amer de vengeance, s’est avéré très divertissant et a su dégager une atmosphère digne des grands classique d’épouvante. Peu de sang mais beaucoup de frissons! The Legend of Hell House (1973) par John Hough Selon moi, c’est la meilleure histoire de maison hantée, après The Haunting évidemment. Ce film d’une atmosphère incomparable, nous tiens en haleine du début jusqu’à la fin. Le jeu des acteurs est impeccable, particulièrement celui de Roddy McDowall, et les décors sont à couper le souffle. Legend of Sleepy Hollow Il ne s’agit pas ici du film de Tim Burton mais plutôt du dessin animé produit par Walt Disney en 1949. Retomber en enfance avec ce bonbon d’animation. Il faut quand même avouer que le climat de terreur se trouvant dans la scène où Ichabod Crane s’apprête à rencontrer le cavalier sans tête vaut à lui seul le visionnement. Alors voilà! Faites vos choix, achetez vos friandises préférés, emmitouflez-vous confortablement dans votre couverture et n’oubliez pas de verrouiller vos portes… Le bulletin québécois des amateurs de film d’horreur Volume 1 . Numéro 1 . Mai 2008 Profil - entrevue Dany Champagne, créateur du site internet www.horreur-web.com Par : Jacinte Pearson Crédit photo : Dany Champagne Le 29 octobre 2003, le site Horreurweb.com fut officiellement mis en ligne. Ce site a su rapidement faire sa place comme référence sur l’horreur cinématographique et demeure le site de ressources numéro 1 au Québec. On y retrouve principalement des critiques de films, mais aussi des dossiers comme le top 50 des meilleurs films et le top 100 des meurtres les plus cools. De plus, ce site entretien un service de clavardage fort intéressant pour tout passionné du genre. Dany Champagne a étudié en cinéma au Cégep de Saint-Hyacinthe. Il n’a pas de formation spécifique en ce qui attrait à la conception web et l’écriture critique. C’est en partie ce qui le rend fier du site puisqu’il a accompli beaucoup avec peu. «Du moment que j’ai eu Internet vers 16 ans, j’ai tout de suite été intrigué par la conception web. Ça n’a pas pris de temps avant que je me parte mes propres sites (très amateurs!) et que j’en retire un grand plaisir. Au début c’était surtout des sites sur des films spécifiques ou sur des réalisateurs. Je me suis rendu compte qu’on faisait rapidement le tour d’un sujet aussi précis et l’idée m’est venue de faire un site sur le cinéma d’horreur en général. Puis, lorsque je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas vraiment de bon site québécois du genre, ça a été une motivation supplémentaire à mon projet ». Maintenant entouré d’une équipe de rédaction et d’administration, Horreur-web.com est énormément complet et très bien structuré. Un incontournable si vous êtes amateur de film d’horreur. Acceptant de se livrer à une entrevue électronique, voici la vision de Dany Champagne sur le cinéma d’horreur. Pourquoi aimez-vous le cinéma d’horreur? J’ai toujours apprécié le cinéma d’un point de vue technique. Je me fiche pas mal des vedettes hollywoodiennes, du flafla des grosses productions et des effets spéciaux qui coûtent des millions de dollars. Ce qui m’intéresse c’est la réalisation, l’atmosphère qu’elle peut dégager aidé de la musique et de la direction photo, le choix des angles, etc… Sans vouloir dénigrer les autres genres, je crois que c’est le cinéma d’horreur qui offre le plus d’opportunités pour un cinéaste à être créatif dans ses aspects. La comédie se fie à ses blagues, le drame repose sur la performance des acteurs, les films d’action doivent avoir de bonnes cascades et le cinéma d’horreur repose sur le dos des différents réalisateurs. Je ne dis pas que les autres genres ne bénéficient pas de cinéastes compétents, seulement que l’horreur permet d’être plus créatif tant d’un point de vue technique que du côté de l’imaginaire. Aussi, comme bien du monde, j’aime bien avoir une bonne frousse de temps à autres! que je l’apprécie. Par contre, je dois avouer que je craque pour les films à l’ambiance gothique rehaussée. J’aime les réalisations soignées, subtiles et réfléchies. De plus, j’aime les cinéastes qui n’ont pas peur de lâcher leur fou à défaut de peut-être se planter royalement. L’audace est un aspect que j’apprécie beaucoup. Quel a été le premier film a vous donner des frissons? Le premier film qui m’a donné des frissons est le premier « vrai » film d’horreur que j’ai visionné : The Gate. Pour une raison que j’ignore, mon père me l’avait enregistré lorsque j’avais environs 6 ou 7 ans. Je suis rapidement devenu obsédé par ce film que j’aie dû regarder une centaine de fois!! Le film était parfait pour m’introduire au genre à un si jeune âge puisque les 45 premières minutes ne contiennent rien d’horrifique. Le film raconte l’histoire d’un jeune garçon qui doit passer le weekend sous la supervision de sa sœur. Le soir venu des démons sortent d’un trou dans la cour et le bordel pogne dans la maison! Après avoir assisté aux aventures de ce petit garçon, j’étais rivé à l’écran et n’avais pas vraiment le choix de regarder le reste même si j’étais terrifié!!! J’en garde un excellent souvenir de jeunesse. Selon vous, quels sont les critères d’un bon film d’horreur? Quel film vous a le plus bouleversé, voir choqué? Je suis assez ouvert d’esprit. Je n’ai donc pas de critères spécifiques qu’un film doit absolument remplir pour Question difficile, puisqu’il y en a plusieurs. Je dirais The Texas Chain Saw Massacre, l’original de Tobe Volume 1 . Numéro 1 . Mai 2008 Hooper réalisé en 1974. Son côté cru et barbare m’avait énormément impressionné à l’époque. TCM est le film qui met le mieux en scène la terreur et la pure folie. Tobe Hooper s’est vraiment défoulé avec ce film sans jamais tomber dans le mauvais goût. TCM est un film qui assomme le spectateur sans jamais s’excuser et sans jamais laisser croire que ce n’est que du cinéma. Quelle est votre sous-genre préféré et pourquoi? Si auparavant j’étais plus difficile dans mon choix de sous-genre, mon travail sur Horreur-web.com m’a permis d’élargir mes horizons. Je dirais qu’aujourd’hui, j’apprécie tous les sousgenres à part égale ou presque. Si je devais en choisir qu’un seul, j’opterais peut-être pour les vieux films en noir et blanc à l’atmosphère gothique. Je citerais comme exemple les vieux classique d’Universal comme Frankenstein, The Wolfman ou les films du studio Hammer comme Horror Of Dracula ou Curse Of Frankenstein. La raison pour laquelle j’aime ce sous-genre c’est que le soucis du détail au niveau de la réalisation est superbe. L’histoire se déroule généralement dans de vieux château, les costumes sont bien choisis et le brouillard est tellement présent qu’on a envi d’ouvrir les fenêtres pour le laisser s’échapper un peu!! Que pensez-vous du phénomène du remake? Je n’ai rien contre les remakes. Par contre, ce qui me fâche c’est la conception qu’a Hollywood du remake! À mon avis, il y a deux raisons de réaliser un remake. La première, c’est pour améliorer un mauvais film au potentiel certain. Par exemple, le remake de Toolbox Murders réalisé par Tobe Hooper, qui améliore sur toute la ligne le film original de Dennis Donnelly. La deuxième, c’est pour transposer une histoire dans une nouvelle réalité sociale ou politique. Les deux plus belles réussites sont à mon avis The Fly de David Cronenberg qui s’est servi de la base d’une Le bulletin québécois des amateurs de film d’horreur série B des années 50 pour réaliser une allégorie sur le Sida. L’autre belle réussite est The Thing de Carpenter. Ce qui est dommage avec la tendance actuelle de ne produire pratiquement que des remakes, c’est que les studios hollywoodiens ne le font pas pour les bonnes raisons. Aujourd’hui, les remakes sont produits uniquement pour exploiter un titre connu et bien implanté dans la culture populaire. Pour un studio, c’est bien plus facile de commercialiser un remake de Halloween, Texas Chainsaw Massacre ou Amityville Horror en raison de la réputation des films originaux. Les producteurs se foutent pas mal que ces films aient besoin d’une relecture ou non, ce qui importe c’est le potentiel de retombés économiques du titre! « c’est le cinéma d’horreur qui offre le plus d’opportunités pour un cinéaste à être créatif » On voit peu de film d’horreur québécois sur nos écrans, pouvez-vous expliquer pourquoi? Le cinéma d’horreur s’adresse à un public bien particulier. Puisqu’au Québec la population est restreinte, lorsqu’un film est produit, les artisans doivent s’assurer qu’il sera vu par le plus grand nombre de personne possible. Avec les budgets des films qui grimpent sans cesse, il est important pour la santé du cinéma québécois de faire des profits. C’est pourquoi bon nombre de films québécois sont des comédies ou des drames sentimentaux puisqu’ils touchent la majorité de la population. En conséquent, un film d’horreur ne toucherait qu’une faible partie de la population et serait un risque côté profit. Ceci dit, il existe plusieurs cinéastes très talentueux au Québec qui s’efforcent de réaliser des courtsmétrages horrifiques très intéressants. Il existe une communauté underground de cinéaste qui s’adonnent aux courts- métrages d’horreur dont la majorité des gens ignorent l’existence. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’un d’eux franchissent la barrière et nous offre un vrai film québécois d’horreur! Quelle est votre opinion sur la censure? Ce que je trouve dommage de la censure de nos jours, c’est qu’elle est utilisée dans un but strictement commerciale. Plus un film est coté sévèrement (aux Etats-Unis, R ou NC17), moins les adolescents auront la chance de voir un film. Donc souvent les studios vont obliger un réalisateur à couper ses scènes plus violentes dans le but d’obtenir une cote plus basse (PG13) et ainsi permettre à un public plus large de voir le film … et au studio de faire plus d’argent!! Le cinéphile se retrouve donc avec un produit dilué qui ne représente plus la vision du réalisateur et qui est bien souvent décevant. Le studio va pousser l’insulte plus loin quelque mois plus tard en sortant une version « uncut/unrated » sur DVD. Le cinéphile qui avait été déçu du résultat au cinéma va bien souvent se laisser tenter par la promesse d’un film plus sanglant et ainsi enrichir encore plus le studio!! À mon avis, la cote attribuée à un film ne devrait jamais influencer le potentiel commercial, ce qui n’est pas le cas aux États-Unis, pays qui dicte à sa façon comment le film sortira partout dans le monde. Un film coté NC17 ne pourra être publicisé dans les journaux et à la télévision et ne sera pas présenté dans la majorité des salles. C’est pourquoi la majorité des réalisateurs doivent passer un temps fou sur la table de montage pour modifier leur film de façon à obtenir la cote R. À ne pas manquer Sortie DVD Par : Jacinte Pearson Date de sortie : 3 juin 2008 Titre original : Kataude Mashin Gâru Écrit et réalisé par : Noboru Iguchi Pays : Japon/États-Unis Durée : 96 min Déjà acclamé par les critiques, ce film semble rappeler l’euphorie qu’ont créée les Evil Dead et Brain Dead en ouvrant la voie à un cinéma transgressif totalement décomplexé. On dit que The Machine Girl (qu’on pourrait traduire comme « LA NETTOYEUSE ») rejoindrait la haute marche, comme ses confrères, de ces films qui font vraiment très plaisir à voir. Et qui en matière de gore, nous sert abondement. Histoire La vie d’une jeune fille bascule le jour où un groupe de Yakuzas tue, en plus de ses parents, son petit frère et la torture en lui coupant le bras gauche. Décidée à se venger, elle est épaulée par les parents d’une autre victime. A eux trois, ils partent botter les fesses de ceux qui sèment la mort autour d’eux. En se basant sur un scénario extrêmement simple (la vengeance d’une écolière) qu’il a écrit lui-même, Noboru Iguchi a isolé tout ce qu’il aimait au cinéma (les giclées de sang, les Yakuzas, les ninjas, les trucages gores, les tronçonneuses, les Samurais, les sabres) pour tout mélanger dans un délire total avec entre autres, parmis les gadgets, une guillotine volante qui semblerait très divertissante. Bref, ce film s’avère d’un pur divertissement et sera loin de passer inaperçue. On garanti même son statut culte! Références Éditrice Jacinte Pearson LE CINÉMA GORE une esthétique du sang Philippe Rouyer Rédactrice L’ART DE FAIRE PEUR : des récits légendaire aux films d’horreur Martine Roberge Conceptrice graphique www.horreur-web.com Coordonatrice à l’impression www.ohmygore.com Promotion Jacinte Pearson Jacinte Pearson Jacinte Pearson Jacinte Pearson Bulletin trimestriel Le bulletin québécois des amateurs de film d’horreur Renseignement 6400, 16e Avenue Montréal, QC H1X 2S9 (514) 554-9324