presente - FRAC Basse

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presente - FRAC Basse
LE FONDS REGIONAL D’ART CONTEMPORAIN BASSE-NORMANDIE
PRESENTE
Ah Dieu ! que la guerre est jolie
exposition du 8 juillet au 18 septembre 2005
tous les jours de 14h à 18h sauf les 14 juillet et 15 août
vernissage jeudi 7 juillet 2005 à 18h30
Tania Mouraud, Micha Laury,
Etienne Bossut, Damien Deroubaix, Lisa Rovner,
Eddo Stern, Taroop & Glabel, Jean-Luc Verna
Ah Dieu ! que la guerre est jolie : on trouve ce vers sans aucune ironie dans Calligrammes
(1913-1916) d’un Guillaume Apollinaire partie prenante de la guerre ; le musée des Beauxarts de Caen montre cet été les peintures jouissives d’un Jean-Charles Langlois (1789-1870)
relevant les batailles napoléoniennes : un certain désir de guerre agite sans cesse le monde
comme sa représentation. Pris dans les images des médias et au devant de la réalité, les
artistes de l’exposition confrontent leurs propres représentations à cette attirance qui semble
inhérente à la condition humaine.
Tania Mouraud, dans la vidéo Le verger, 2003 met en face des images de la guerre en Irak
les images d’un Eden perdu ; le cri lancinant qui les accompagne crée une atmosphère
difficile à supporter. Les images de guerres et d’explosion seraient-elles fascinantes et belles ?
Qu’en est-il de celles du verger ? Qu’en est-il de sa disparition ? Y a-t-il une narration voulue
par l’auteur ? Ou bien est-elle le fruit de l’imagination du spectateur ?
Micha Laury illustre à contrario une expression utilisée dans l’armée israélienne Don’t be a
Chocolate Soldier selon laquelle il faudrait « en avoir ! ». Dans l’œuvre qui porte ce titre
1969-1994, il réalise les moulages d’une vingtaine de centimètres de haut de soldats en
chocolat, mangés ensuite par les visiteurs d’une exposition. L’exposition de ces fragiles
figurines détruites par grignotage lui valut quelques soucis dans son pays.
Dans Carpet bombing, 2005, installation au sol d’une centaine de douilles d’obus moulées
dans du plastique aux couleurs chatoyantes, Etienne Bossut piège le regard dans un joyeux
terrain de jeu. Trace ou empreinte (comme l’est le moulage) d’un bombardement massif, tapis
de bombes auquel rien n’a résisté, la violence est finalement transmise par l’excès de couleur
et le nombre.
Damien Deroubaix dans une installation qui utilise les codes (dessins, collages, slogans…)
des militants anti-militaristes des années 60 dénonce violemment les guerres et agressions
dans un amas terrible et expressif, semblant vouloir lutter contre le mal par le mal. Dans la vidéo Somewhere you can find me, 2004, Lisa Rovner dessine une similitude entre
ces dernières années et la fin des années 60 : au moment de la guerre en Irak, elle refilme Tout
sur Eve, un film de Jean-Luc Godard, tourné en 68 et qui mettait en cause nommément les
dirigeants américains dans la guerre du Vietnam. Aujourd’hui, en changeant quelques noms,
quelques phrases, elle désigne les nouveaux maîtres du jeu.
Vietnam Romance et Deathstar ont été réalisées par Eddo Stern à partir des sources
exclusivement disponibles dans les environnements propres aux ordinateurs – jeux,
animations et musiques. Remix de l’expérience de la guerre du Vietnam avec une console et
des clips de jeux informatiques, Vietnam Romance, 2003 est une sorte de voyage romantique
pour nostalgiques et vétérans d’un jeu avec la mort. Sources de fascination sans fin, les « war
games » s’attaquent à Ben Laden. Deathstar, 2004 en est une compilation dans un
déferlement de cruauté exacerbée et de mises à mort virtuelles imaginatives. Les images sont
baignées de musique langoureuse qui donne à l’ensemble leur aspect surréel.
Taroop & Glabel cherche là aussi à désigner le meneur de jeu : figure charismatique, icône,
c’est de ce côté qu’il faudra l’envisager. Un texte extrait du Nouveau Testament signe le
forfait.
Jean-Luc Verna se photographie nu en adoptant la posture d’images devenues
emblématiques des médias ou de la mode. L’image devenue célèbre d’une fillette fuyant les
bombardements américains pendant la guerre du Vietnam a été déterminante dans la prise de
conscience de cette terreur. En rejouant la scène dans l’œuvre *Nick Ut, Kim Phuc Phan Thi,
Sud-Vietnam, 8 juin 1972 *Diamanda Gallas, "Sono l'Antecristo", 1981, 2001 avec son corps
d’homme presque entièrement tatoué, Jean-Luc Verna se travestit à son tour en icône en
même temps qu’il rappelle l’horreur de la guerre et la puissance de l’image.
L’exposition entremêle des éléments ludiques à des cris stridents et des appels au secours, et
retrouve ainsi le trouble de la guerre et la dimension paradoxale de ses représentations.
Les œuvres de Tania Mouraud Le verger et et de Micha Laury Don’t be a Chocolate
Soldier appartiennent à la collection du Frac Basse-Normandie depuis 2004.

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