Urbanisation sociolinguistique : Le cas du village de Tamarin
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Urbanisation sociolinguistique : Le cas du village de Tamarin
UNIVERSITY OF MAURITIUS RESEARCH JOURNAL – Volume 19A – 2013 University of Mauritius, Réduit, Mauritius Urbanisation sociolinguistique : Le cas du village de Tamarin Y Bosquet Ballah* Faculty of Social Studies and Humanities University of Mauritius E-mail: [email protected] Paper accepted on 28 January 2013 Résumé A travers le cadre conceptuel de la sociolinguistique urbaine, cet article a pour objectif de comprendre quelques-uns des enjeux liés à l’urbanisation dans un espace traditionnellement qualifié de "rural" à l’Île Maurice. Par le biais de l’observation des pratiques et représentations des habitants de ce village, l’auteure tentera, dans un premier temps, de faire émerger la structuration socioethnique et linguistique de l’espace et des sous-espaces en question. Dans un second temps, il s’agira de comprendre, à travers la mise en mot de l’espace et de "l’Autre", en quoi les vagues de migrations internes et externes, qui contribuent au développement et à l’urbanisation du village, ont modifié le comportement sociolinguistique des habitants et la structuration socio-spatiale du village. Mots-clés : fragmentation socio-spatiale, plurilinguisme, confinement, centralité, Ile Maurice *For correspondences and reprints 1. INTRODUCTION Le présent article tente de fournir une description sociolinguistique du village de Tamarin selon l’approche de la sociolinguistique urbaine et selon le critère socio- 1 Urbanisation sociolinguistique : Le cas du village de Tamarin géographique. Cette description s’inscrit dans le cadre d’un travail de recherche autour de la prise en compte des effets sociolinguistiques des mutations "urbanisantes" que connait l’Île Maurice en ce début de 21eme siècle. S’il est certain que le développement urbain a connu une croissance phénoménale entre 1965 et 1986 (Lutz & Holms 1993), il n’en est pas moins que l’Île Maurice connait aujourd’hui un flux migratoire (tourisme, immigration, migration interne) important couplé à des développements infrastructurels qui mènent à une hyperurbanisation des villes, une décentralisation économique et politique institutionnelle de la capitale pour une recentralisation dans le « centre »géographique (et anciennement rural) de l’île et une périurbanisation des villages, modifiant ainsi le comportement sociolinguistique des Mauriciens. Pour initier cette réflexion, nous nous intéressons, dans le présent article, au village de Tamarin, car à notre sens ce lieu illustre l’urbanisation d’un espace rural par la croissance démographique et foncière, mais aussi à travers les nouveaux comportements langagiers et modes de vie et ce de façon extrêmement hiérarchisée. Pour observer les effets de ces mutations, nous nous inscrivons dans le champ d’étude de la sociolinguistique urbaine et tentons d’appliquer « l’approche sociolinguistique de l’espace » (Bulot, 2009, p. 65) au cas du village de Tamarin, en croisant des données conceptuelles issues du domaine de la sociolinguistique urbaine à des données empiriques issues, elles, de l’observation du terrain en question. Nous nous intéresserons en particulier à la ségrégation spatiolinguistique mise en mots au sein du village. Sur le plan terminologique et conceptuel, cela peut sembler contradictoire d’utiliser le cadre théorique « d’une sociolinguistique qui a pour terrain la ville » (Calvet, 2005, p. 13) pour décrire les dynamiques socio-langagières d’un village et il convient donc d’apporter quelques précisions épistémologiques à ce sujet. En nous focalisant sur la notion d’espace qui, comme nous le démontrerons, est centrale à la sociolinguistique urbaine, notre démarche est la transposition des concepts dudit domaine au terrain mauricien. 2 Y Bosquet Ballah 2. LA SOCIOLINGUISTIQUE URBAINE COMME CADRE THÉORIQUE Nous justifions l’inscription de notre étude sur un espace traditionnellement qualifié de « rural » dans le domaine de la sociolinguistique urbaine par la centralité de la notion « d’espace ». Pour Bulot (2002, p. 91), l’espace « est l’aire matérielle, symbolique qui inscrit l’ensemble des attitudes et des comportements dans une cohérence globale (…) et est pour le moins un espace social parce qu’il rend compte des rapports complexes entre socialisation, lien social versus langues et pratiques langagières ». Ainsi nous n’entendons pas opposer les comportements sociolinguistiques issus des villes d’une part et des villages d’autre part, car nous croyons que la dichotomie urbain/rural ne peut rendre compte de toutes les complexités d’espaces en mutations (Thomsin 2001). Le refus d’une catégorisation urbain/ rural pourrait ouvrir la voie à la tentation de placer l’espace en situation d’urbanisation dans un espace interstitiel entre ville et village. Ce serait également simpliste et ne permettrait pas de saisir les spécificités sociolinguistiques de l’espace observé, qui elles-mêmes sont façonnées par les populations qui y vivent, car comme le dit Calvet, (2005, p. 14) « il n’y a pas de langue sans locuteurs, et (…) la ville n’est donc qu’une façon parmi d’autres qu’ont les locuteurs d’organiser leurs rapports sociaux ». Ainsi, tout espace socialisé, qu’il soit cité, ville, village, hameau représente une façon différente d’organiser les rapports entre locuteurs et peuvent être mis en corrélation avec les spécificités sociales et linguistiques de l’espace en question. Nous souhaitons avant tout comprendre les dynamiques sociolinguistiques qui sont en œuvre au sein de l’espace observé. Ainsi nous ne souhaitons pas envisager Tamarin comme un village, mais comme un espace1 social et discursif entre autres que nous analysons à travers la mise en mots de ses habitants. La dialectologie, champs d’étude traditionnellement associé aux variations des pratiques linguistiques issues des régions rurales et aux langues régionales 1 L’utilisation du mot “espace” apporte, par ailleurs, un semblant de neutralité face à un objet d’étude qui, sur le plan infrastructurel et super-structurel, réunit « la ville » et « le village », vocables diversement connotés. 3 Urbanisation sociolinguistique : Le cas du village de Tamarin apportent peu de réponses quant à ce lien « langue et espace » comme le souligne Gasquet-Cyrus : « Les problèmes dialectologiques concernent, en France surtout, les langues régionales et les espaces ruraux. (…) les variantes géographiques tendent à devenir sociologiques lorsqu’elles entrent en ville, même lorsque les pratiques sont très faibles (cf. Calvet 2000 pour un développement de la notion de réallocation de Trudgill). J.-M. Eloy (1992 : 251) affirme que « la géographie linguistique doit être complétée et même relayée par la sociolinguistique ». Une césure sociolinguistique /dialectologie reposant sur une césure ville / campagne doit donc être évitée. » (2002, p. 61) C’est dans cette optique que nous avons recours à la sociolinguistique urbaine qui offre une armature méthodologique et théorique permettant de rendre compte des dynamiques « spatio-linguistiques » qui nous intéressent et c’est ainsi que nous retenons la définition suivante de la sociolinguistique urbaine (Bulot, 2008, p. 5) : « Une sociolinguistique de la spatialité où le discours sur l’espace, corrélé au discours sur les langues, permet de saisir des tensions sociales, les faits de ségrégation, la mise en mots des catégories de la discrimination ». Cette approche sociolinguistique a pour but, entre autres, de décrire la structuration sociocognitive de l’espace, les pratiques discursives qui y sont associées ainsi que les représentations et attitudes linguistiques. C’est ainsi que nous prônons une approche dite spatiale de l’étude sociolinguistique et nous faisons nôtre le postulat que les spécificités d’un espace engendrent des spécificités langagières et représentationnelles observables à travers les pratiques et les discours. C’est dans cette optique que nous observons Tamarin. 4 Y Bosquet Ballah 2.1 Le Cadre Conceptuel Nous présentons le cadre conceptuel à partir duquel nous nous proposons d’effectuer l’analyse des données recueillies lors des enquêtes de terrain. 2.1.1 L’urbanisation Sociolinguistique Parce que l’urbanisation sociolinguistique est au centre de notre recherche, il nous semble pertinent de préciser l’acception que nous en retenons. Nous la concevons comme un processus, observable, sur le plan sociolinguistique, de modification de l’espace qui engendre des mutations à différents niveaux : des mutations du tissu social, des recompositions complexes sur le plan de l’identification et de la ségrégation, la diffusion d’un modèle linguistique et social dominant (Bulot, 2002). Elle s’organise autour de trois axes d’études (Bulot, 2008,p. 1) l’analyse des discours épilinguistiques visant à marquer l'appropriation de l'espace par des communautés sociales; 2) la description des particularités de ces communautés sociales, et 3) l’analyse des effets corrélés des représentations de l’espace social et de l'espace social sur les représentations. 2.1.2 La Ségrégation Selon la littérature scientifique, (De Rudder 1995, Grafmeyer 1994, Bulot 2001) la ségrégation est un fonctionnement identitaire disjoint qui vise la mise à l’écart de l’Autre car si l’identité est le rapprochement de soi, l’altérité est nécessairement la mise à distance de l’autre. Pour la sociolinguistique urbaine, la ségrégation qui est en étroite relation avec la notion de mobilité spatiale et d’urbanisation sociolinguistique se conçoit en deux axes. D’une part, c’est un état nécessaire des relations au sein de l’espace et d’autre part c’est un processus permanent de construction des différentes zones de l'espace (Bulot 2001). L’état renvoie au principe nécessaire et ordinaire d’association identitaire de l’individu à un groupe, une communauté, un lieu, un comportement socio-langagier. La rencontre entre l’état et le discours de mise à distance de l’Autre peut engendrer une situation de tension sociale. 5 Urbanisation sociolinguistique : Le cas du village de Tamarin Afin de mieux comprendre la complexité de ces tensions sociales, Bulot (2001) propose d’identifier deux types de processus discursifs : celui de la ségrégation à proprement parler qui renvoie au fait de mettre en mots la distance avec l’Autre : son appartenance ethnique, communautaire. Ce discours vise à mettre en place des frontières, des barrières, des sous-espaces ou sous-catégories dans une relative neutralité. La deuxième tendance est celle de la discrimination qui se fonde sur le discours ségrégant : polarisation sociale de certains lieux / groupes sociaux, une « spécialisation sélective » des lieux qui sont associés aux groupes ségrégués, et une polarisation négative de l'Autre et de l’espace qu’il occupe. 2.1.3 La Centralité et le Confinement Linguistique S’il y a l’Autre que l’on met à distance, il y a aussi l’Autre que l’on envie, celui auquel on cherche à s’identifier et il devient essentiel ici de parler du modèle dominant qu’il soit social, culturel et/ou linguistique. A cette notion de modèle dominant sera associée celle de la centralité linguistique développée dans le cadre théorique de la sociolinguistique urbaine. La centralité linguistique relève d’une dynamique de référence partagée par l’ensemble de la communauté (Bulot,2000, p. 37). Il s’agit de placer la forme linguistique employée par le groupe polarisé positivement/dominant (norme prestigieuse) en un lieu-dit central, même si cette forme n’est pas pour autant légitimée. Elle est ainsi une conséquence de la ségrégation socio-spatiale dans une dynamique de production de l’unique associé au centre, dans le sens de la relation centre-périphérie. Pour ce qui est du confinement linguistique, il s’agit ici du processus résiduel de la centralisation linguistique dans le sens où le confinement linguistique vise à associer en un lieu donné, généralement marginalisé, une catégorie de la population ainsi que ses pratiques linguistiques. Ainsi selon Bulot (2003, p. 106) le confinement linguistique a « pour objet de renforcer la minoration sociale , tout en assurant à chacun des systèmes en présence, tant sur le plan spatial que 6 Y Bosquet Ballah sur le plan sociolinguistique, une part identitaire, identificatoire ». Il s’agit donc d’une autre forme de catégorisation sociolinguistique produite dans une logique territoriale et est en ce sens liée aux pratiques ségrégatives dans l’espace. 3. ENQUETE ET ANALYSES 3.1 L’enquête L’enquête dont nous rendons compte dans cet article est donc une pré-enquête et en ce sens apporte des éléments de réponses encore incomplets mais néanmoins indicateurs de la situation sociolinguistique de Tamarin au regard du cadre théorique et conceptuel élaboré en première partie. Les données que nous présentons sont le fruit de trois séances d’observation dans le village. La première observation avait pour but d’avoir une première impression de la « géographie sociale » de Tamarin, son organisation en espaces et son fonctionnement linguistique. Nous avons par la suite effectué quatre entretiens semi-directifs à l’aide d’un guide d’entretien inspiré des travaux de Bulot (2001) et Labridy(2009). Ce guide comporte trois parties, notamment des questions relatives au profil sociolinguistique des témoins, des questions relatives aux représentations des langues et des questions relatives à l’organisation et aux représentations associées à l’espace observé. Le guide d’entretien était rédigé en français mais a été administré à l’oral en fonction de la/des langue(s) dans laquelle le témoin se sentait plus à l’aise. A l’exception du témoin C pour qui l’entretien s’est déroulé en exclusivement en créole, le français et le créole ont été les langues utilisées durant les entretiens. 7 Urbanisation sociolinguistique : Le cas du village de Tamarin Nous présentons, dans le tableau suivant, le profil anonymisé des témoins selon leurs réponses aux questions y étant relatives. Identifiant Age Activité déclarée Appartenance ethnique déclarée Temps à Tamarin Langue parlée au quotidien C 19 Dans la cour Blancs2 créole Depuis la naissance créole E 53 Directric e école préprimaire créole Depuis l’âge de 12 ans créole et français A 21 étudiante créole Depuis la naissance créole et français V 20 étudiant créole Depuis la naissance créole et français Tableau 1: Profil des Témoins Dans une Île Maurice plurielle, l’appartenance ethnique est un critère de catégorisation et d’organisation essentiel de la société et si nos témoins sont tous d’appartenance ethnique déclarée « créole » et ne représentent pas la totalité des composantes socio-ethniques de Tamarin, c’est que nous avons choisi de débuter notre pré-enquête par cette catégorie car elle a été la plus accessible. Dans nos analyses, nous expliciterons le lien entre les différentes catégories ethniques de la population de Tamarin et leur répartition dans l’espace. L’urbanisation ne se limite bien évidemment pas aux développements infrastructurels. Car comme l’estime Bulot les mutations au sein de l’espace en 2 Il s’agit de notre traduction de la réponse du témoin à la question « Kot to travay ? » (Ou travailles-tu ?). Sa réponse signifie qu’elle travaille dans la cour d’une personne qui a la peau blanche. L’ethnonyme « Blanc » renvoie à une catégorie sociale qui est minoritaire sur le plan numérique à Maurice mais qui représente un fort pouvoir économique et détient un fort prestige social. 8 Y Bosquet Ballah situation d’urbanisation nécessitent la prise en compte des effets qui se mesurent au delà de l’accroissement infrastructurel et démographique. « Peut-on en effet poser l’urbanisation de nos sociétés – au sens ordinaire d’accroissement de la densité du bâti et des pratiques d’habitat en relevant – pour en constater positivement les seuls brassages des langues et communication interlinguistique qui renvoient à une vision iréniste des situations multilingues ? » (Bulot, 2011, sociolinguistique.fr cours 6-2) Ainsi, à travers notre enquête de terrain, il nous a semblé essentiel de comprendre comment l’urbanisation infrastructurelle de Tamarin agit sur la répartition géographique des différentes catégories socio-ethniques et l’identification de ces catégories à travers le discours. 3.2 Les Analyses Nous débutons, dans cette partie, nos analyses de la mise en mots de l’espace corrélé à celle de l’identité en nous focalisant sur les spécificités relatives à l’ethnicité et à la stratification sociale des populations vivant à Tamarin et à leur répartition géographique pour mieux comprendre les dynamiques socio-spatiales structurant cet espace. Selon Carpooran (2003, p. 83) les rapports entre les différentes couches de la population sont caractérisées par des « stratégies d’exclusion et d’évitement mutuels » sur des bases identitaires et aussi de « collaborations et d’ententes périphériques » inter-ethniques, qui ne pénètrent pas la sphère privée. Pour analyser la répartition socio-géographique de la population de Tamarin, nous proposons la carte suivante publiée par le « Cartographic Section, Ministry of Housing and Lands ». 9 Urbanisation sociolinguistique : Le cas du village de Tamarin 1 2 4 3 5 3 6 7 Les quartiers identifiés par les flèches sont: 1 : Le Tamarina (Golf Estate) Rock 2 : Le quartier de la plage/ des Roses 3 : Les Salines3 4 : La Cité 5 : Le Morcellement Black 6 : Le Morcellement Carlos 7 : Le Carré d’Aces 3.2.1 L’organisation Socio-Géographique de Tamarin Cette partie de l’analyse est à lire avec la carte présentée ci-dessus. L’analyse est organisée selon les catégories socio-ethniques identifiées par les témoins interrogés. Les Sud-Africains Le « Tamarina Golf Estate » est une structure hôtelière et résidentielle de type IRS4 accueillant principalement de riches investisseurs étrangers. Le village a 33 Le deux flèches identifiées « 3 » renvoient à l’emplacement de deux salines respectives dont une seule ( celle du haut de la carte) est encore en opération, l’autre ayant été reconvertie partiellement en morcellement résidentiel. 4 Le projet “Integrated Resort Scheme” a été mis en place en 2002 par le gouvernement mauricien afin de redynamiser le secteur de l’investissement étranger. Ce plan donne aux 10 Y Bosquet Ballah connu une nouvelle vague de migration avec l’arrivée en nombre de SudAfricains aisés à la recherche d’un coin de paradis et cela depuis l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud. Au delà du simple développement foncier, ce flux migratoire entraîne aussi des modifications dans la structuration sociale du village, car il existe maintenant à Tamarin des ghettos pour très riches expatriés, des ghettos pour riches Franco-Mauriciens surplombant des zones résidentielles plus pauvres voire marginalisées. L’arrivée des Sud-Africains a suscité des controverses dans les journaux locaux 5 dans lesquels nous lisons des articles faisant état de refus d’admission de certains Mauriciens dans des restaurants/pubs qui seraient réservés aux Sud-Africains ou même de l’interdiction de parler le français dans ces endroits. Nous avons également entendu parler de tags racistes sur les murs de certaines villas à Tamarin. Si notre enquête, à ce stade, n’a pas encore permis de vérifier de façon empirique ces informations, il n’en est pas moins que le discours autour de la présence grandissante des Sud-Africains dans l’île révèle un malaise, un refus de l’autre ainsi qu’un nouveau fonctionnement de ségrégation dans la vie du village de Tamarin. Les réactions de nos témoins face à la présence des Sud-Africains à Tamarin peuvent être classées dans deux catégories. Il y a les réactions de type sociolinguistique d’une part que nous résumerons par ‘l’anglicisation’ de la vie à Tamarin : « On entend parler anglais de plus en plus ici ; Oui l’anglais est plus présent qu’avant ». Nous avons effectivement constaté qu’il y avait beaucoup d’annonces rédigées en anglais sur les panneaux d’affichage destinés au public et selon nos témoins cette pratique relativement récente doit être associée à la présence des Sud-Africains. D’autre part il y a des réactions d’ordre social : « les Sud-Africains sont dans leur coin ; Je sais qu’ils sont là mais je ne les vois pas trop ; Il y a beaucoup de ti-créole qui travaillent dans la cour des Sud-Africains investisseurs étrangers la possibilité d’acheter des villas de grand luxe à Maurice et d’obtenir un permis de résidence ou de travail selon les cas. 5 Je fais ici référence aux articles de J.C Antoine paru dans les éditions du journal WeekEnd du 6 et 13 juin 2010, à l’article paru dans l’express.mu du 27 mai 2010 «Des Sudafricains gérant des night-clubs accusés de pratiquer la discrimination », ainsi qu’au billet « Toomany South Africans in Mauritius ? » paru le 22 juillet 2009 sur le Captain’s Blog http://mauritiusinsider.blogspot.com/2009/07/too-many-south-africans-in-mauritius.html 11 Urbanisation sociolinguistique : Le cas du village de Tamarin maintenant ; non moi je ne les côtoie pas ». Nous devons également signaler que le Morcellement Black-Rock, nouvellement créé sur un ancien site des salines abrite une importante population de Sud-Africains accentuant ainsi la ségrégation spatiale entre les différents groupes de Tamarin. Les Créoles Catégorisés officiellement selon les recensements comme appartenant à la communauté de la population générale6, les Créoles sont des descendants d’esclaves ou métisses qui représentent la « strate socio-économique la moins élevée » de cette communauté (Carpooran 2003, p. 96). Ce qui complique encore plus les choses c’est que la couche créole est aussi très stratifiée selon des critères anthropomorphiques et sociaux comme le démontrent les propos de nos témoins : Il y a un peu de tout : des Créoles cheveux droite, des Créoles cheveux crépus, des Créoles qui ont un peu de couleur, les fer-blan7 ; les Créoles nation qui vivent dans la cité, les Créoles comme nous qui travaillent dur qui vont à l’église ; les ti-Créoles, les miséreux, ceux qui vivent au jour le jour, ki dan la bwason; Bann Kreol mizer, fami peser, bann milat8 Nous identifions ainsi trois catégories de Créoles que nos témoins associentà des quartiers spécifiques : 1. Les « ti-Créoles » : de type négroïde ou métissé, ces Créoles vivent en marge de Tamarin dans la Cité et au Carré d’Aces et qui sont stigmatisés par leur mode de vie. 2. Les « Créoles » : de type métissé, ces créoles vivent essentiellement dans le quartier de la plage et sont issus de familles ayant travaillé dans les Salines autrefois. 6 Selon Carpooran 2003, l’appellation « communauté » n’est pas appropriée pour ce groupe qui est loin d’être homogène car elle regroupe des populations diverses du point de vue du phénotype, des pratiques linguistiques, du mode de vie et de la situation socioéconomique. 7 L’expression créole « fer-blan » est littéralement traduite en français par« faire comme les Blancs » 8 Traduction littérale des segments en créole: « Ceux qui sont alcooliques, les créoles miséreux, qui viennent de familles de pêcheurs, les mulâtres » 12 Y Bosquet Ballah 3. Les « fer-blan » : de type métissé également, ces Créoles s’apparentent aux mulâtres et ont des traits anthropomorphiques et sociaux se rapprochant du Blanc, d’où le nom « fer- blan » (faire comme les Blancs). Ils sont peu nombreux selon nos témoins et vivent dans le quartier des Marguerites entre la Cité et le Morcellement Carlos qui abrite les Blancs. Au delà de la ségrégation spatiale entre les différentes couches de la population et à l’intérieur de la communauté créole, nous observons que le discours à l’égard d’une partie de cette population est particulièrement discriminant. Les Créoles sont encore réricents / zot ankor pe mazin lesklavaz, zot ledan ankor pe grinse9/ Beaucoup de défauts de lacunes, négligences chez les Créoles/blan la tannzot la main zot pa fer enn zefor mem, zot an fou pa mal, manze zordi apre va gete demin, pou zot au jour le jour10 Les Blancs Population implantée durant la colonisation française, les Blancs ou FrancoMauriciens, catégorisés également parmi la communauté de la population générale selon les recensements représentent, pour faire simple, la descendance des anciens propriétaires d’esclaves. Même si ce groupe est relativement hétérogène de nos jours en terme de situation socio-économique : Grand Blanc vs Petit Blanc11 (Baggioni et de Robillard, 1990) il a su préserver le prestige qui lui a été historiquement associé par son mode de vie et son appropriation revendiquée du français qui le conforte dans une situation de sécurité linguistique statutaire (Calvet, 1999, p. 159, pour ce point). Les Blancs ont progressivement investi Tamarin au point de complètement transformer l’organisation de la vie du village. Etant donnée la classification utilisée dans les recensements nationaux qui intègrent les Blancs et les Créoles 9 Traduction littérale: Ils pensent encore à l’esclavage, ils ont les dents qui grincent encore. 10 Le Blanc leur tend la main [mais] ils ne font pas le moindre effort, ils s’en foutent, manger aujourd’hui, après demain on verra, pour eux c’est au jour le jour. 11 Ces appellations renvoient à une distinction basée sur les richesses et le pouvoir économique de certains Blancs. 13 Urbanisation sociolinguistique : Le cas du village de Tamarin sous la même catégorie de « Population générale », il nous est difficile de comptabiliser l’effectif de cette population pour démontrer sa présence importante à Tamarin. Toutefois, pour tenter de soutenir nos propos, et démontrer sur le plan de l’argumentaire scientifique ce qui est une évidence pour quiconque traverse le village, nous utiliserons deux références scientifiques. La première est une référence à l’ouvrage de Baggioni et Robillard de (1990, p.125) qui déjà à l’époque notaient, à propos de la localisation géographique de la population francophone et blanche à Maurice, que « habiter la côte est le mode de vie "chic" récemment apparu ». De plus ces auteurs précisent clairement que la ville de Curepipe est « l’ancien bastion de l’aristocratie blanche ». Or en corrélant ces propos à notre deuxième référence que sont les données sur la mobilité interne entre les districts, nous constatons qu’entre 2000 et 200512, le district de Rivière Noire, dans lequel se situe Tamarin, accueille le deuxième plus fort taux de migration de la population mauricienne, qui provient également des « Plaines Wilhems », district dans lequel se situe la ville de Curepipe. De plus, les données du recensement de 2000, que nous présentons dans le tableau suivant, indiquent que Tamarin connait la plus forte concentration de Mauriciens déclarant parler le français au quotidien. Ceci nous permet ainsi de faire le lien avec la population blanche qui, comme nous l’avons déjà expliqué est réputée être francophone. Notre connaissance du terrain nous permet d’affirmer que les Blancs vivent surtout à flanc de montagne dans le Morcellement Carlos et sur le bord de plage. Leurs résidences sont en général protégées par de hauts murs, révélant ainsi une forme de ségrégation spatiale. 12 Toutes les données statistiques que nous présentons ci-après sont issues des recensements de 2000 et 2010 et disponibles sur le site www.cso.gov.mu 14 Y Bosquet Ballah Espace Localité Population Totale Francophones Urbain Beau-Bassin/ Rose-Hill 103,872 9.76% Quatre Bornes 72,147 8.26 % Curepipe 78,920 9.04 % Tamarin 3,256 26.87 % Grande Riviere Noire 2,042 15.6% Flic en Flac 1,739 19.06 % Grand Baie 10,611 10.34 % Saint Hubert 3,851 2.20 % Rural Tableau 2 : Effectif de francophones par localités Les représentations associées aux Blancs sont dans l’ensemble valorisantes au point où les témoins interrogés admettent que le village ne serait pas le même sans eux. Beaucoup d’évolution de la communauté blanche, ils ont aidé la population, ils ont dépensé une fortune pour aider les autres/ Ils ont fait beaucoup d’efforts de progrès (…) ma fille a été transportée par ces gens-lá. Ils ont compris que la langue doit se partager/ Très peu de gens peuvent s’en sortir sans l’aide des Blancs, les maçons, les pêcheurs / Le Blanc c’est le patron Mais ceux qui viennent d’ailleurs là tu vois la différence dans les catégories de Blancs, dans leur statut ; il y en a qui ont développé l’Île Maurice et ceux de Tamarin. Les M13 ils ont tout fait dans Tamarin. Mais allons dire les H, eux ils sont un peu plus bas, excuse-moi de parler comme ça. La survalorisation statutaire de la communauté blanche est telle qu’un des témoins se sent obligé de s’excuser d’utiliser un terme relativement péjoratif 13 Il s’agit d’un nom de famille anonymisé 15 Urbanisation sociolinguistique : Le cas du village de Tamarin «bas »pour parler de cette communauté alors qu’elle le fait sans aucun détour pour la communauté des Créoles. 3.2.2 La Fragmentation des Quartiers et la Ségrégation Socio-Spatiale L’étude des représentations associées aux quartiers de Tamarin résumé dans le Tableau 2 permet de constater qu’il y a une fragmentation dans la dénomination des quartiers, car il n’y a pas d’appellation stable pour désigner un même quartier. Quartiers Population Associée Représentations Langue Associée Carré d’Aces créole Dangereux, fréquentable, dimoun14 pas Move créole Kot legliz, Vilaz, anba15, Quartiers des Roses mélangé Ena bon seve, Enabanvivau jour le jour16, Mélangé: il y a des paresseux, des travailleurs, de tout créole Kot Marguerit/ Les Marguerites bannblan Ban blan ;Bann dimou nena Bann dimoun ki ena, bann dimoun ki koz angle franse17 français et anglais Camp/ Cité créole/ nation Basanés, Descendants d’Afrique, un Créole qui n’a pas les cheveux droits Créole, Kreolkreolmem laeksobannzouretou18 Dans Morcellement créole,bann milat, bann fer blan19 Bann dimoun ok créole, français Carlos/ Jacarandas Les Blancs Calme, fermé, des gens de bien français Tableau 3 : Représentations Spatio-Linguistiques des Témoins 14 Traduction littérale : Mauvaises personnes Traduction littérale: Près de l’église, le village,En bas 16 Traduction littérale: Qui ont de bons cheveux/ qui vivent au jour le jour 17 Traduction littérale:Les Blancs, Des personnes qui ont (les moyens), des personnes qui parlent anglais et français 18 Traduction littérale: Créole, le créole même, avec ses jurons aussi 19 Traduction littérale: Des mulâtres, des “ faire-blanc”, des personnes qui sont ok 15 16 Y Bosquet Ballah Nous constatons que le choix des appellations se fait en fonction de l’identification du témoin au quartier dont il est question. Il y a là une expression de la ségrégation par état de l’espace et des populations associées à l’espace : puisque je n’habite pas ce quartier, je le désigne comme étant loin de moi : « Kot legliz, anba, dans camp, dans cité ». Le questionnement des représentations liées à ces quartiers permet de mettre à jour des processus polarisants, voire discriminants. L’examen du Tableau 2 permet de constater qu’il y a deux dynamiques : la première plutôt méliorative associée à la population blanche / mulâtre comme étant « calmes, des gens de bien ». La deuxième tendance qui relève d’une ségrégation socio-spatiale voire d’une discrimination révèle une tension sociale entre personnes partageant la même appartenance ethnique. Il y a ainsi deux catégories de Créoles : 1) selon des critères anthropomorphiques : « descendant d’Afrique, créole " bon seve" » et 2) selon les mœurs : « créoles adultères, kontan amize, manze bwar pa pans demin20 ». Selon les dires de nos témoins et à l’exception de C, ces Créoles se trouvent dans deux espaces précis : Dans Camp/ Cité et au Carré d'Aces et ils parleraient « un créole vulgaire ». Nous prenons pour exemple les propos du témoin E qui déclare: « Il y a une grande différence entre ici et la cité… cité ça veut dire la boisson est prioritaire, cigarette, les jeux mais ici ils peuvent travailler trois places en même temps ». Selon les témoignages que nous avons recueillis, l’Autre que l’on exclut à Tamarin c’est le Créole « de la cité » et qui n’a pas « les bons cheveux », alors que l’Autre que l’on envie renvoie au Blanc francophone qui vit enfermé dans sa villa. Il y a donc à proprement parler une ségrégation socio-spatiale dans l’espace de Tamarin qui est exacerbée par le flux migratoire de la population blanche. La cité et le Carré d’Aces deviennent ainsi des zones confinées sociologiquement et linguistiquement, presqu’en marge de l’urbanisation et de la richesse ostentatoire des autres quartiers de Tamarin. 2020 Traduction littérale: Qui aiment s’amuser, manger et boire sans penser à demain. 17 Urbanisation sociolinguistique : Le cas du village de Tamarin 3.2.3 Le confinement et la Centralité Il y a, à Tamarin, une double dynamique de confinement linguistique. Dans les discours, la variété de créole parlée par les « créoles cité » et du Carré d’Aces doit être marginalisée, cachée, tout comme l’est cette population qui est presque invisible des routes principales. Ainsi cette population de Tamarin est marginalisée des quartiers plus riches et des populations migrantes tant sur le plan des pratiques linguistiques que sur le plan de leur position sociale. Nous en voulons pour preuve les propos d’un de nos témoins à ce sujet Ayo ! Je vous dis il faut entendre ce créole la ! Et avec ça tous ces jurons-là… vulgaire ! Et les enfants … Je ne sais pas comment les parents font pour élever des enfants comme ça… gros bêtises même chez les petits petits (…) Mais enfin je ne vais pas souvent par là-bas, mais des fois quand je passe où c’est ce qu’on dit de ces gens-là. On a beau les aider. Ces Blancs-là ont fait beaucoup pour eux enfin pour nous tous, mais pour eux-là rien à faire même ça ! La dynamique opposée au confinement linguistique est celle de la centralité linguistique qui pose le français des Franco-Mauriciens comme le modèle dominant qu’il faudrait adopter et qui impose à perte de vue sur le flanc de montagne sa richesse et sa puissance. Toutefois, sur la question de centralité linguistique, il faut préciser que si cette centralité est socialement et linguistiquement située en association aux Blancs, elle est néanmoins fragmentée sur le plan géographique comme le montre le Tableau 3. Il nous semble que cette fragmentation discursive du centre de Tamarin reflète la réorganisation de l’espace sous l’influence de l’urbanisation sociolinguistique. Le centre historique (la plage, l’Eglise, les Salines) ne l’est plus sous la pression du développement qui crée d’autres centres (commerciaux) susceptibles de symboliser le regroupement de populations plus prestigieuses sur le plan sociolinguistique. 18 Y Bosquet Ballah Centre Langue Représentations Kot laplenn créole - Les Salines créole Tout tournait autour d’ici avant Le supermarché London créole- français C’est le lieu où tout le monde vient Tableau 4 : Représentations du centre de Tamarin 4. CONCLUSION Nous avons constaté une double articulation de la ségrégation à Tamarin : il y a, d’une part, la ségrégation spatio-linguistique qui est une conséquence de la ségrégation socio-économique entre des populations ethniquement et économiquement polarisées vivant dans des quartiers isolables selon les mêmes critères. Il y a, d’autre part, une ségrégation spatio-linguistique interne à une couche ethniquement et socialement marquée qui fait des « Créoles cité », population originelle de Tamarin les exclus, les marginaux de ce nouvel espace en voie d’urbanisation. Par ailleurs, cette étude nous a permis de constater, qu’à travers l’analyse des discours sur l’espace et sur les langues, Tamarin se révèle être un espace fragmenté sous l’impulsion de l’urbanisation. Ce phénomène contraint ainsi une réorganisation de l’espace et des discours sur l’espace, prouvant ainsi que l’espace vécu et l’espace perçu, à la fois sur les plans sociolinguistique et géographique, sont étroitement corrélés. Il y aurait encore plusieurs éléments à passer « sous la loupe » de la sociolinguistique urbaine, notamment le cas du témoin C qui fait partie du quartier le plus oublié, le plus marginalisé se trouvant à la lisière de Tamarin et de Rivière Noire, le Carré d’Aces. Il y aurait encore l’observation de la disparité du discours produit entre deux personnes de génération différente sur l’espace de Tamarin, permettant ainsi une analyse sociolinguistique fine, et l’émergence de la mémoire sociolinguistique de Tamarin, ou encore l’étude de la structuration identitaire d’un jeune créole de Tamarin et le paradoxe constitutif de ce même 19 Urbanisation sociolinguistique : Le cas du village de Tamarin jeune qui déclare faire partie de l’espace observé mais qui s’en distancie. Il y a aussi cette ségrégation socio-spatiale des Sud-Africains dont nous avons beaucoup entendu parler, mais que nous n’avons pu que vaguement approcher. Pour conclure, nous dirons, qu’il y a encore tant de pistes à explorer qu’elles reflètent la complexité et les paradoxes de Tamarin, qui est à l’image de cette société mauricienne en proie à la tendance mondiale de l’urbanisation et qui doit prévoir son futur tout en intervenant sur son présent et en se réconciliant avec son passé. 5. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES BAUER, G. & ROUX, J-M., 1976.La rurbanisation ou la ville éparpillée. Paris : Éditions du Seuil. BAGGIONI, D.,& ROBILLARD, D., (de). 1990. Ile Maurice une francophonie paradoxale.Paris : L’Harmattan. BERTRAND, M., MARCELPOIL E, M.,& MARTIN, S., 1999. La gestion de l’espace périurbain. Quelle communal ?,InVille- articulation commune/niveau Managementno. supra- 3,http://www.ville- management.org/forum/fîles/vm3_09_bertrand_149_161_183.pdf BULOT, T., 2011. Définir la sociolinguistique urbaine, Cours de sociolinguistique en ligne, www.sociolinguistique.fr BULOT, T., 2009. 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