looking at the world through a gem myriam pellicane, oniriquement

Transcription

looking at the world through a gem myriam pellicane, oniriquement
le 19 octobre 2013
journal de la maison des arts de la parole
looking at the world
through a gem
myriam pellicane,
oniriquement vôtre
les contes de la mare :
j'ai fait le saut
assis en cercle
la disparition de colette migné
neuf secrets bien gardés
ivan coyote,
par claude hamel
LOOKING
AT THE
WORLD
THROUGH
A GEM
or do transgendered tellers
tell trans-genre tales?
par jean-sébastien dubé
Oh, COME ON, didn’t you wonder ? Not even a little ?
I know I did.
journal de la maison des arts de la parole
Créé en septembre 2012, pour le lancement officiel
de la Maison des arts de la parole (anciennement
Productions Littorale), Le porte-voix prend le plus
souvent la forme d’un bulletin web. Pour toute la
durée du festival, il se métamorphose en un véritable journal, imprimé quotidiennement. Un projet
réalisé en collaboration avec le cercle des conteurs
des Cantons de l’Est, grâce au soutien financier de la
Ville de Sherbrooke et du Conseil des arts et lettres
du Québec.
DIRECTION ET RÉDACTION
sophie jeukens
COLLABORATEURS
jean-sébastien dubé,
claude hamel,
florence hellin,
maïa pons,
simon venne-landry
DESIGN GRAPHIQUE
maïa pons
IMPRESSION
imprimerie a. beaulieu,
sherbrooke
Since telling is linked so much to the teller’s specific identity, how does one who’s had to struggle, redefine and
affirm her identity tell ? What kind of stories will be told ?
How will they be embodied for transmission ? Tales of
Love ? War ? Horror ? Humor ? All of those wrapped into
one, in a unique genre that cuts through all categories ?
In French, the words for gender and genre are the same.
And while I did not want to reduce Ivan Coyote’s telling
to this one aspect of all that she is as a person, I was
curious… and clueless.
Curious enough to step up in front of her, extend my hand
and play it cool while thousands of questions burned
my lips. As I watched her shy smile and listened to her soft,
soothing voice — the voice one usually keeps for one’s
friends’ confidence — I kept wondering : what’s the secret
of her charisma ? And I already had part of the answer.
That voice. That smile.
Clueless enough to think I knew enough about samesex relationships because I had a few gay friends, while
three weeks ago, I didn’t know the difference between
transsexual and transgendered… Intimidated by her gentle
gaze, I babbled and flustered and blustered and blurted
out sentences trying to look intelligent. Failing miserably.
She never judged… or let it show if she did.
Her stories ended up being about family, hardships, care,
death, grief, faith and, yes, love. Passionate, enduring, conflictual, waning, silly… Love in all its forms. Father-daughter
relationships, meeting one’s partner, the parting of a dear
grandmother. What it is to be human. Whether or not
those feelings are experienced between women or men
matters little.
The fact is, storytelling opens up spaces where, by becoming the subject of narratives, differences can be exposed out in the open, talked about. Where the richness
of varied experiences is cause for celebration. Through
the years, the festival Les jours sont contés en Estrie has
allowed me to rethink what I thought I knew about Africans, Arabs, Europeans, First Nations, Creoles, Women,
Queers…
In a Quebec torn apart by much-needed but not so
respectful discussions around La Charte des valeurs,
with France — land of Fraternity, Equality, Liberty — where
bigotry was lately rearing up its ugly head, the world
doesn’t always show the signs of openness we should
expect. We need Ivan and many others like her to help
us rediscover the world by looking through the multifaceted gem of those experiences retold. Only then
can understanding and empathy truly take root.
If the Coyote is the Trickster, showing us the folly of our
rigidly set ways by walking their narrow boundaries,
we need Her more than ever. Cette année, le Cercle des conteurs des Cantons de
l'Est fête ses dix ans ! Dans chacun des numéros du
Porte-voix, un membre du cercle vous livre ses réflexions, ses souvenirs ou ses anecdotes favorites,
histoires d'hier ou d'aujourd'hui. Regard sur un pilier du conte en Estrie.
LES CONTES DE LA MARE : J'AI FAIT LE SAUT
par claude hamel
MYRIAM PELLICANE,
myriam pellicane,
par maïa pons
ONIRIQUEMENT VÔTRE
par claude hamel
Elle bouge, toute de noire vêtue, comme une samouraï
avec de longs mandibules, et des oreilles blanches de
chatte. La lune rouge rêve. Jupiter, la femme, entre en
scène. Son homme rêve de casseroles et de crapauds.
Une dame, qui garde un tas de singes morts tués par
son mari parti chasser ailleurs, s'ennuie. Elle joue à la
poupée. Avec l'un des singes. Elle soupire. Le singe se
change en homme, ils se marient, ils s'enfuient. Quand
son mari la retrouve, elle a une longe queue. Des poils
partout. Et puis voilà, c'est comme ça, c'est tout.
Un moineau a peur de voir fondre ses quatre mille kilos
de graisse. Chacun ses grammes, chacun ses kilos, vous
pouvez pas comprendre.
Elle a l'œil allumé, Myriam. Très. Et elle nous aspire dans
son monde où un pivert penche la tête et demande à
une jeune fille en minijupe : « est-ce que tu veux être
ma femme ? » Et la gamine lui répond : « ah, ben non. »
Un pois chiche, un coq, une vache, une jeune femme
dans un sac. Jamais décousue, jamais dépourvue, elle
est belle Myriam. Et forte. Elle nous mène par le bout des
sens, on s'émerveille puis on s'inquiète : qu'est-ce qu'elle
raconte ?
Je ris ? Mais non, faut pas. Je ris pas ! Elle a l'air sérieux.
Mais non, elle s'amuse. Regarde l'étincelle au fond de
son œil. Elle cabriole, tournoie, festoyante, enivrante,
elle nous chamboule la logique à coup de pics. Myriam,
la démiurge d'un monde où l'inconscience pèse aussi
lourd que la conscience. J'ai repris l'animation et la programmation des Contes de la Mare au
diable cette année, motivée par le
souhait de voir se perpétuer ces dimanche-événements, motivée également par un goût personnel de
m'impliquer davantage dans le milieu du conte au Québec. Et aussi en
particulier parce que j'aime l'idée de
pouvoir donner la chance à un conteur
et une conteuse peu connu(e) de faire
une première partie à la Mare. Nous
avons eu à cet effet Étienne Gravel
lors du Diable-O-thon, première soirée de la saison 2013-2014, et nous
aurons le plaisir d'entendre MarieCécile Pouliquen clore cette même
saison... avant bien sûr qu'en mai ne
revienne le Slam de contes, toute
dernière activité.
C'est une bien belle bulle qui vogue,
iridescente sur la Mare, une bulle remplie de contes variés et de fous rires,
puisque j'ai décidé de co-animer
avec Michel Fisch. Sans lui demander
son avis, je l'ai para­chuté, en public,
le 29 septembre dernier. Michel a généreusement et joliment accepté ma
proposition qui, quoique honnête,
était tout de même quelque peu ahurissante. Et il a saisi la bulle au bond.
Nous vous convions donc à des soirées, tout à fait improvisées en ce
qui concerne notre duo, où, je crois,
sera à l'honneur ce qui nous caractérise tous les deux : une propension à ne pas se prendre au sérieux,
une affection certaine pour l'humain
et un goût d'entendre conter. Bienvenue dans notre bulle, venez en faire
avec nous, la Mare est grande et profonde. Venez y faire un saut. ASSIS EN CERCLE
par simon venne-landry
Nous sommes assis en cercle… Pas étonnant compte tenu
du nom du groupe. Mais c’est surtout la forme naturelle
qu’on prend lorsqu’on s’installe autour de la parole.
Ces amants des mots, des cordes vocales et des osselets
qui vibrent sont pour moi beaucoup plus que les membres
d’un cercle. Ces trois dernières années, ils sont devenus
des alliés essentiels à la réalisation de mon rêve un peu
fou de tenir un spectacle de contes par semaine, l’été,
dans notre petit camping rustique à Orford.
Il y a peu ou pas d’autres endroits au Québec où cette
idée aurait pu germer de façon aussi naturelle et spontanée. Avec un minimum d’effort, il s’est organisé une vingtaine de spectacles de contes de qualité, tous très variés
et riches, qui ont enchanté plus de mille deux cent oreilles
venant des trois coins du Québec. La grande majorité des
spectacles ont été offerts par un ou plusieurs membres du
Cercle des conteurs des Cantons de l’Est. Cela témoigne
bien de la vitalité de ce groupe de conteurs, ici en Estrie.
Je leur en suis très reconnaissant.
Le cercle s’anime. La parole commence à circuler, on se
réchauffe, d’abord on s’informe, on partage, puis il y a des
idées qui résonnent et qui en brassent d’autres. Finalement,
deux ou trois contes prennent vie dans l’air ambiant et
viennent s’installer dans nos mémoires. On jase encore
un peu et on rentre chacun chez soi. Au bout du conte,
on ressort toujours plus riches d’une ou l’autre de nos
rencontres. Merci au Cercle! Un festival digne de ce nom ne saurait se dérouler
sans son lot de petits imprévus sympathiques. Mais
quand ils s’acharnent tous sur la même personne,
il arrive que les imprévus perdent un peu de leur
côté souriant, et deviennent carrément bizarres.
LA DISPARITION DE
Petronella van Dijk — fondatrice et ancienne directrice artistique — nous avait raconté. Colette Migné était la seule
artiste qu'elle avait déjà (par un bête malentendu) oubliée
à l'aéroport. Il y avait de ça neuf ans. C'était quel­ques jours
avant le début du festival et nous nous étions promis que
cette fois, nous l'accueillerions comme il se doit.
1
4
Coaticook a rapidement
séduit Colette Migné.
D’abord par la sonorité
loufoque de son nom,
ensuite par sa crème
glacée molle et fina­lement,
par ses gorges éblouissantes.
(Celles de la rivière,
s’entend.)
Quelques heures avant que l'avion de Colette ne se pose
en sol montréalais, le bénévole qui devait aller la chercher
nous informe qu'il a un empêchement. C'est la panique au
bureau. On se cherche un superhéros de dernière minute,
pour sauver les meubles. On en trouve un, en la personne
du papa de Marie Lupien-Durocher. (Ouf.)
Le lendemain matin, Colette arrive à la Maison des arts de
la parole épuisée. Elle nous raconte qu'il lui a fallu 19h30
pour se rendre de Toulouse à Montréal, en passant par Amsterdam et... Detroit. (Celui de Béring ou celui de Magellan ?
demandera plus tard Jean-Claude Botton.) On se promet
de ne plus jamais laisser un conteur acheter son propre
billet d'avion.
7
Avant de débarquer
à Sherbrooke, Florence
Hellin n’avait bu qu’un
seul café dans toute
sa vie. Depuis le début
octobre, elle en boit au
moins deux par jour
(et y met de moins en
moins de sucre…)
Ce soir-là, on se donne rendez-vous à 18h à la Brûlerie de
café, à quelques pas de nos bureaux, question d'aller souper tous ensemble. C'est avec une ponctualité exemplaire
qu'on s'y rend, à quatre plutôt qu'une. Pas de Colette. On
attend quelques minutes, refait le tour du café. Pas de
Colette. On cherche à la joindre par tous les moyens possibles. Sur les portables de tous ceux qui pourraient être
en sa compagnie. On s’inquiète. On commence à se dire
que vraiment, Colette et Sherbrooke ne sont pas faits
pour s’entendre.
Savez quoi ? La demoiselle était sagement installée à la
Brûlerie depuis plus d’une heure. On se demande toujours comment on a pu manquer une clown toulousaine
au milieu d'une foule de vingt-quelques personnes. SUR LES ARTISTES ET LES ORGANISATEURS DU FESTIVAL
Jean-Claude Botton craint
les femmes. Surtout quand
elles ont des gants de boxe.
COLETTE MIGNÉ
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SECRETS BIEN GARDÉS
3
Après quelques coupes
de vin, Marta Singh parle
très bien le français.
6
Catherine Gaillard fait
de la promo­tion pour
le festival, lors de ses visites
clandestines à la tabagie.
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2
5
Myriam Pellicane a
développé une affection
particulière pour les
mouffettes québécoises.
Patrik Ewen rentrera en
France avec quelques
pots de gelée aux trois
piments de la ferme aux
Champêtreries cachés
dans son étui de guitare.
8
À force d’animations
en duo, Sophie Jeukens et
Marie Lupien-Durocher se
sont trouvé une nouvelle
vocation. Elles envisagent
de créer ensemble, très
bientôt, un spectacle de
stand up comic et danse
contemporaine.
Le soir, au souper, il arrive
parfois qu’on invente des
contes…
myriam et patrik font relâche,
on ne sait toujours pas
s'ils ont quelque chose à voir avec
la disparition de colette.
Nasreddine et son voisin ont passé onze jours à écouter des contes. Alors qu’il s’apprête
à rentrer chez lui, le voisin dit, à bout de forces : « Je vais aller embrasser la nuit. » « Ah bon.
Moi, dit Nasreddine, je vais me contenter d’aller dormir. »
(issu d’une création collective spontanée, autour de la table)
Spectacles du 20 octobre 2013
Aweti
Jean-Claude Botton
10 h Maison des arts de la parole,
138 rue Wellington Nord, 2e étage, Sherbrooke
Féminin pluriel
Catherine Gaillard, Myriam Pellicane et Marta Singh
20 h Salle le Tremplin,
95 rue Wellington Sud, Sherbrooke
anciennement productions littorale
138 rue Wellington N., 2e étage 819 566 6996 [email protected]
www.lesjourssontcontes.com

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