La question de la densité

Transcription

La question de la densité
Cahiers de la forme urbaine
Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage
La question
de la densité
Atelier 1 - Mardi 25 novembre 2008
MATP - 312 avenue René Gasnier - 49 100 Angers / www.matp-angers.eu
SOMMAIRE
- Blaison-Gohier, Clos de la Perchardière - Bruno DUQUOC, architecte........................................................ p.6
- Pellouailles-les-Vignes, Maison Neuve - Bruno DUQUOC, architecte......................................................... p.8
- Beaucouzé, La Picoterie, Didier ROISNE, Maire de Beaucouzé / Jean-Pierre LOGERAIS, architecte........... p.16
Les cahiers de la forme urbaine sont téléchargeables sur le site de la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage
www.matp-angers.eu
Jean-Pierre DUCOS, adjoint au directeur du CAUE de Maine-et-Loire
Bonjour à tous et à toutes, bienvenue à ce premier « Atelier de la Forme
Urbaine ».
Dans le cadre de la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage,
ces Ateliers sont une initiative de l’AUGO (Association des Urbanistes du
Grand Ouest), l’Agence d’Urbanisme de la Région Angevine dont la nouvelle directrice
Emmanuelle QUINIOU s’est excusée (le CAUE avait donc travaillé avec Christophe LESORT pour l’engagement de ces premiers ateliers), la SODEMEL représentée par son
directeur Michel BALLARINI, le Conseil général qui sera représenté par Laurent COLOBERT, chef du Service Habitat et Cohésion Sociale, et le CAUE de Maine-et-Loire
représenté par Bruno LETELLIER, directeur et moi-même Jean-Pierre DUCOS, adjoint
au directeur et qui aurai le plaisir et la charge d’animer ces débats.
Ces ateliers se présentent sous forme de rendez-vous thématiques avec l’objectif de
laisser le plus de place possible au débat, à la discussion, aux questions autour d’un
certain nombre de thèmes qui alimentent nos réflexions en tant qu’aménageurs publics
ou privés ou en qualité de maîtres d’ouvrages.
Le 1er thème aujourd’hui est « la question de la densité » et les prochains rendez-vous
porteront sur :
- La mixité sociale et urbaine en janvier
- L’approche environnementale en février
- Le contexte patrimonial et paysager en mars
- La construction de la ville sur la ville en avril
- La participation des habitants en mai
et ce cycle d’ateliers se terminera par une proposition de visite sur l’agglomération rennaise en juin.
L’objectif de ces ateliers, au-delà du débat et de l’échange autour de ces thèmes, est aussi
de produire une trace de ces discussions. Nous avons l’intention de publier les échanges
qui auront lieu au cours de ces ateliers sous forme de « Cahiers de la forme urbaine »,
c’est la raison pour laquelle les exposés de chacune de ces rencontres sont enregistrés.
Une petite organisation pratique pour le bon déroulement de ce 1er atelier nécessite que
les différents intervenants parlent bien dans le micro et se présentent afin de faciliter le
travail de retranscription qui sera assuré par Catherine DADOUCHE, assistante de direction qui a déjà démarré la prise de notes.
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Ile Feydeau, Nantes
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La question de la densité
Le Grand Clos, Nantes
La Chabossière, Couëron
Rue Félicien Thomazeau, Nantes
Rue du Lutin, Angers
Ce premier sujet sur la question de la densité sera abordé à travers quelques illustrations
pour poser les termes du débat et de la discussion avec quelques images qui pourront
susciter des réactions. L’idée est aussi d’illustrer ce débat à travers quelques réalisations
dans le département et hors département.
- Sans doute encore un peu moins dense mais toujours avec un travail de recherche sur
l’optimisation de l’espace (pour ne pas parler de densité), une opération à Couëron qui
a plutôt orienté la réflexion sur la mitoyenneté et qui, là encore, a produit des formes
architecturales particulières.
Pour cette première séance, nous avons retenu trois témoignages. Malheureusement
une des opérations n’a pas pu être présentée, c’est la ville de Cholet qui devait nous
présenter les Arcades Rougé mais les élus et le directeur de service n’ont pas pu se
libérer aujourd’hui. Cette opération pourra toutefois être présentée lors de l’atelier d’avril
qui portera sur la construction de la ville sur la ville.
- La rue Félicien Thomazeau à Nantes où on traite plutôt de la maison de ville. La maison
de ville, même si l’image ne le fait pas apparaître explicitement, ne signifie pas forcément absence d’espaces extérieurs privatifs ou d’espaces d’intimité.
Pour aujourd’hui, deux témoignages vous seront présentés :
- Bruno DUQUOC nous parlera du Clos de la Perchardière à Blaison-Gohier et de l’opération Maison Neuve à Pellouailles-les-Vignes
- Didier ROISNE, Maire de Beaucouzé et Jean-Pierre LOGERAIS architecte, nous présenteront l’aménagement du secteur de La Picoterie, opération de renouvellement urbain en centre-ville de Beaucouzé pilotée par la SODEMEL.
Pour lancer la réflexion, quelques éléments sur la densité : pourquoi avoir démarré cet
atelier sur ce premier thème ? C’est vrai que dans nos préoccupations, nous mettons
souvent en avant la nécessité de travailler sur des opérations denses et on s’aperçoit
alors que ce mot renvoie à des images le plus souvent négatives associant la densité
et une vision très urbaine. Le sujet est un peu tabou, c’est la raison pour laquelle nous
avons souhaité qu’il soit débattu dès ce premier atelier.
On s’aperçoit en fait que, si on fait une petite rétrospective historique, la densité fait
partie de la ville et que c’est l’une de ses principales qualités.
Nous avons emprunté quelques images à nos collègues de Loire-Atlantique, quelques
exemples de morceaux de ville hyper dense :
- L’Ile Feydeau à Nantes : quartier très dense de Nantes et qui a su, malgré une hyper
densité, produire un patrimoine urbain et architectural de grande qualité.
- Autre forme, sans doute un peu singulière, une réinterprétation de l’habitat en bandes,
qui est souvent aussi décriée, sur l’opération du Grand Clos à Nantes et qui, elle aussi,
produit d’autres formes d’architectures sans doute moins denses mais dont la typologie
n’est pas sans rappeler quelques rues d’Angers.
J’ai oublié de dire que l’Ile Feydeau est construite au 18e siècle et que là, on est plutôt
sur des quartiers des années 30 ; on retrouve un peu cette typologie urbaine sur Angers
avec le quartier du Lutin : de la maison de ville en alignement sur voie avec des espaces
privatifs à l’arrière, typique de cette même typologie des années 30.
Mais le terme de densité n’est pas forcément une notion réservée aux espaces urbains
de la ville, c’est une réflexion ou un regard que l’on peut porter sur un certain nombre de
villages de notre territoire. Pour exemple ici, un village pris au hasard dans les Mauges
où l’on voit bien qu’autour du cœur historique s’organise une forme que l’on peut appeler urbaine, avec un habitat relativement dense, mitoyen, aligné sur rue. On peut voir un
petit début d’ersatz de pavillonnaire qui vient se glisser dans ce tissu historique.
Même si la notion de densité, surtout en milieu rural, fait peur, on peut la dédramatiser
en faisant quelques petites analyses simples comme cela, en prenant une photo aérienne de la partie du centre-bourg historique. C’est la partie la plus patrimoniale, celle
pour laquelle le village met en avant son identité et la dimension de son attractivité et
c’est souvent la partie la plus dense par rapport à des opérations plus récentes où, si on
fait un petit calcul très simple, on s’aperçoit que l’on a moitié moins de densité certes
mais production de nouvelles formes urbaines qui conduisent à un phénomène que l’on
connaît bien maintenant, que l’on sait analyser : le phénomène d’étalement.
Voilà rapidement quelques images. Nous allons passer maintenant à deux exemples
de réalisations d’opérations urbaines, l’une en milieu rural à Blaison-Gohier et l’autre en
deuxième couronne, à Pellouailles-les-Vignes.
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Bruno DUQUOC, architecte
Bonjour, je me présente, Bruno DUQUOC, architecte à Angers.
On m’a demandé d’intervenir dans le cadre de ce débat sur la densité sur
deux opérations très différentes.
La première opération, qui a déjà plus d’une douzaine d’années, est une opération à
Blaison-Gohier, petite commune de 950 habitants qui est à 20 kms d’Angers et dans
laquelle on m’a demandé, avec Christian GRIMAUD, architecte, de réaliser une zone
d’extension urbaine par le biais de la création de locatifs sociaux dont le maître d’ouvrage
était Habitat 49.
Au départ, ce terrain de 8 000 m2 avait été prévu pour faire 5 lots d’habitation à proximité
du bourg, en lots libres. Par la suite, une nouvelle municipalité avait décidé de faire quelque chose de plus urbain, c’est-à-dire de plus lié avec le vieux centre de Blaison.
On a donc réalisé cette opération que vous voyez en partie basse ici en extension du
bourg. L’idée était de repartir simplement de la structure de Blaison qui s’est créée durant les cinq ou six derniers siècles et une grande partie au xixe siècle et qui était donc
quelque chose d’extrêmement éclatée avec des orientations différentes et des maisons
qui viennent s’adosser, se rajouter, s’agrandir etc. au cours des siècles.
On est parti sur cette idée-là et pour la réaliser, en accord avec Habitat 49, on s’y est pris
de la manière suivante. On va créer des maisons qui vont être toutes différentes, comme si on était avec des parcelles et des lots libres dans lesquels chacun a la liberté de
faire sa maison. Puis, on va les lier en fonction des orientations, en fonction des jardins,
en fonction des privatisations de petits espaces, pour essayer de créer un ensemble qui
ne soit pas un ensemble avec une cohérence architecturale du type de ce que l’on voit
souvent aujourd’hui mais une cohérence architecturale liée au bâti existant.
Vous voyez en bas l’église de Blaison, l’ancien habitat et les lots que l’on a créés ici qui
s’appuient sur une grande parcelle boisée qui se trouve derrière.
Ici on a donc créé 12 logements, c’est une densité moyenne mais cela permet de créer
12 logements sur une parcelle de 8 000 m2, logements dans lesquels il y a une grande
majorité de logements de grandes surfaces avec 70% de Type 4 et de Type 5.
Par rapport à ce lotissement-là, il y avait à Blaison-Gohier une école où une fermeture de
classe était envisagée pour la rentrée suivante. Cette fermeture de classe a été annulée
par le fait qu’à l’intérieur bien entendu de ces logements, il y avait, je crois, 17 enfants
en âge d’école maternelle et primaire donc renouvellement en même temps de la population de Blaison qui commençait à vieillir sérieusement.
Cette opération vous est présentée simplement pour montrer comment on peut faire
une greffe urbaine, c’est-à-dire de ne pas provoquer, par la création de ce que l’on fait
aujourd’hui, une image totalement différente de ce qui existait avant.
C’est une démarche qui peut être critiquée, ce n’est pas un exemple, c’est une opération qui fonctionne. Pour les gens qui y habitent, l’ambiance est bonne. Vous allez me
dire : « Est-ce un critère ? ». Pour moi, oui, c’est un critère puisque dix ans après, l’ambiance à l’intérieur de ce lotissement est bonne, c’est-à-dire que les gens sont intégrés à
Blaison, intégrés dans l’école et les relations de voisinage sont plus que correctes ; cela
me paraît extrêmement important et c’est un critère dont il faut tenir compte bien qu’il
ne puisse être analysé uniquement après.
Voilà la première opération dont je voulais vous parler.
La deuxième opération se trouve dans un secteur beaucoup plus dense de Pellouaillesles-Vignes.
C’est une opération qui a été réalisée avec la SODEMEL ici présente, en relation avec
la commune de Pellouailles. C’est une opération de plus grande envergure, puisque l’on
travaille sur un secteur globalement de 7 hectares, un secteur d’entrée de Pellouailles
avec la création d’une nouvelle voirie.
La méthode de travail a été la suivante. Sur un ensemble de 7 hectares, il y a eu un
nombre fantastique d’allers-retours et cette nouvelle voie a été créée pour une nouvelle
entrée de Pellouailles, adossée à un parc, avec deux opérations totalement différentes.
Cette opération est intéressante pour notre discussion car, bien entendu, elle reste critiquable. La première chose est que l’on avait à gérer le problème des eaux pluviales de
l’ensemble des secteurs d’où la nécessité d’avoir un bassin de rétention de 8 000 m3, ce
qui était assez impressionnant. On avait en fait deux solutions, soit la création d’un petit
bassin avec des barrières autour, soit le traitement de cet espace comme un espace vert
à l’entrée du bourg en liaison avec la partie boisée. C’est la deuxième solution qui a été
décidée, mais à condition de créer, au-delà, une opération de densité importante.
Cette opération est intéressante car il y a eu un aller-retour de deux ans à peu près sur
l’opération et l’on est arrivé à ce plan qui prévoyait la création de petits immeubles et
non pas d’habitat groupé, des petits immeubles en R+1 qui soient posés sur l’espace
vert sans clôture individuelle.
Le programme avec l’implantation des immeubles, des voiries, des stationnements a
été proposé à un certain nombre de constructeurs, quatre ont répondu. Ce programme
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leur proposait des règles : poser les bâtiments sur des espaces verts avec un maximum
d’immeubles en R+1 et R+2, avec les espaces verts respectés, les zones d’extension,
les périmètres, etc. tout était parfaitement défini.
Il y a eu des réponses très intéressantes des constructeurs et c’est Logi-Ouest qui a été
choisi pour faire cette opération, réalisée avec Pascal THOMASSON, architecte. On est
arrivé à une opération qui répond parfaitement à cette nécessité de densité.
D’un autre côté, nous avons fait une opération avec une extension sur une quinzaine de
logements et au total on a 55 logements groupés sur une petite surface, si on ne compte
pas, bien entendu, la surface de la parcelle de 8 000 m2 en partie basse qui permet de
traiter le problème des eaux pluviales.
J’aime bien cette opération par rapport au thème d’aujourd’hui qui est la densité.
En effet, parfois on me dit « vous avez 40 logements, soit 20 logements à l’hectare »,
cela est vrai si on prend la totalité de la parcelle mais là on est en urbanisme, cela veut
dire qu’une décision a été prise entre la Sodemel et la commune qui était de traiter ce
grand espace en entrée de Pellouailles, donc pas de construction. Derrière, par contre,
avec au total 85 logements, on a une opération qui est dense, dans sa partie haute.
Ce que j’aime bien dans cette opération et dans le débat d’aujourd’hui, c’est que ce
phénomène de densité permet aussi de créer des espaces publics de qualité.
Il y a eu sur ce terrain avant la réalisation de cette opération, un projet d’un aménageur
qui prévoyait 40 lots sur cette parcelle et qui prenait l’ensemble du terrain avec des lots
de 500 m2, donc plus aucun espace collectif et plus aucun espace vert.
Même Logi-Ouest, au départ, était un peu inquiet, en particulier sur le fait de n’avoir
qu’un espace extérieur qui soit un espace collectif. Il y a eu quelques réticences et ça a
été assez délicat au départ pour faire admettre cela, mais finalement ils ont accepté et
ça s’est réalisé et, surtout, ça s’est vendu.
Cette opération-là, maintenant, on la visite de temps en temps avec des maîtres d’ouvrage pour montrer que c’est possible en dehors d’un milieu purement urbain, comme
Pellouailles-Les-Vignes. Je connais deux couples qui habitent dans ces immeubles-là et
l’ambiance est plus que correcte, les espaces collectifs servent, comme le terrain en bas
qui est en eau cinq jours par an et qui sert de terrain de foot qui, en plus, est un terrain
de foot encastré.
Sur la partie gauche de l’opération, nous avons un système de ventes de lots libres avec
des surfaces relativement réduites et dans lesquelles on a mis des contraintes extrêmement importantes, en particulier sur le maintien et la création des espaces verts. Il y a
des règles assez strictes sur tout ce qui est espace vert sur l’ensemble de l’opération.
Cela a été un peu compliqué, mais un certain nombre d’arbres à l’intérieur des lots ont
été définis avec François TAVERNIER, paysagiste, comme devant être conservés. Ainsi,
chaque propriétaire de parcelle avait sur le document du géomètre une indication des
arbres devant être conservés. La règle a été bien suivie et dans tout ce qui est architecture aussi, il y a eu une grande diversité dans les types d’habitats avec une espèce de
mélange qui fait la ville, qui fait un lieu, un mélange entre des sensibilités différentes des
propriétaires et qui se traduit architecturalement. Je pense que c’est très important qu’à
l’intérieur d’une nouvelle structure urbaine on ait un peu de tout.
Nous travaillons aussi avec la SODEMEL sur le centre-ville de Pellouailles. On essaie de
faire de la haute couture en quelque sorte, c’est-à-dire de lier différentes époques. Dans
les années 80, il s’est construit quelque chose d’extrêmement dense dans le centre-ville
de Pellouailles, puis au fil des années on est rentré dans le système plus lotissement
avec des parcelles relativement importantes ; les parcelles se sont agrandies dans les
années 90 elles se sont rétrécies depuis 2000.
Nous avons réalisé tout cet ensemble-là avec simplement l’oubli de « recouturer » tout
cela dans un centre-ville qui soit un véritable centre-ville. C’est un peu le défi actuel qui
n’est pas du tout évident, mais dans lequel nous essayons de ne pas simplement rajouter une autre époque mais d’essayer de retravailler avec tout ce qui s’est fait depuis 30
ans et ça c’est une grosse difficulté.
Le thème d’aujourd’hui de la densité permet sans doute, comme on le fait souvent dans
une ville, de travailler comme cela, car une ville s’est faite à coups justement de petites
coutures de ce type-là dans lesquelles on vient remplir un lieu, on vient rajouter quelque
chose, on vient retransformer, on vient réaménager à l’intérieur d’un même terrain une
autre maison qui vient au fond du jardin, etc.
Tout cela, ça fait la ville et on peut aujourd’hui, sur le thème de la densité, travailler ainsi
et pas uniquement à grandes masses de m2 mais sur de la couture un peu plus fine.
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Jean-Pierre LOGERAIS, architecte
On parle toujours de ce phénomène de densité, en fait, je crois que c’est
un mot qui n’a pas de sens, on ferait bien de l’évacuer, parce que c’est le
modèle urbain qui compte, c’est-à-dire : « Qu’est-ce que l’on fait, qu’est-ce
que l’on fait dans un espace pour qu’il y ait une cohérence. »
Sur un lotissement où l’on a 4 mètres tout autour de la parcelle où tout le
monde voit tout le monde, on peut dire qu’il y a une folle densité de vie et si on a un village, très organisé, avec des parcelles cinq fois moins grandes mais où c’est totalement
intime, on n’a pas la même sensation.
Dans l’esprit du public en tout cas, ce mot densité est un peu synonyme d’entassement
et donc de mal vivre.
Je crois que c’est un vrai problème, il faudrait que l’on arrive à l’évacuer du langage et à
trouver d’autres expressions pour mieux parler de la forme urbaine que ce mot-là.
Bruno LETELLIER, directeur du CAUE
C’est la raison pour laquelle nous avons voulu s’en « débarrasser » en consacrant le 1er
atelier de la forme urbaine à ce thème-là.
Jean-Pierre DUCOS
J’ai une petite question à Bruno DUQUOC, je reviens sur l’opération de Blaison-Gohier
qui a maintenant une quinzaine d’années : « Si c’était à refaire aujourd’hui ? »
Bruno DUQUOC
C’est une question très difficile : « Si c’était à refaire aujourd’hui ? »
Quand nous avons fait cette proposition à Habitat 49, ça a toussé justement sur la densité et sur le fait que les gens pouvaient être les uns sur les autres, ce qui n’est pas
vraiment le cas.
Aujourd’hui on aurait un programme plus important sur le même terrain ; on aurait une
vingtaine de logements à faire sur le même terrain et je pense que l’on pourrait y répondre. Cela peut être plus dense que cette opération dans laquelle chacun a des surfaces
de terrains non négligeables.
Bien sûr, nous sommes à Blaison-Gohier et à l’intérieur même du bourg, il y a pas mal
de petites maisons dans des ruelles qui sont beaucoup plus denses, dans lesquelles les
gens vivent très bien et ils ont aménagé leurs petits jardins en partie arrière.
En partie avant, nous avons des espaces dans lesquels il y a à la fois des voitures, des
gens, des piétons, des liaisons avec l’école ; il manque un petit espace commun dans
lequel les gens puissent se retrouver en toute quiétude.
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Une opération comme celle-là peut être possible aujourd’hui et je pense que c’est un
exercice intéressant dans un esprit pareil de découpages ; on peut peut-être avoir plus
de logements à l’intérieur mais est-ce que c’est un but ?
Admettons que ce ne soit pas des logements locatifs, je pense que l’on peut faire des
structures urbaines de ce type-là.
Nous avons travaillé dans le cadre d’un PLU dans un secteur sur 9 communes entre
Fontevraud et Chinon, un secteur très patrimonial, et à partir de formes urbaines de
ce type-là, nous avons essayé de les mettre en forme sous formes de lots libres pour
ensuite vendre les lots avec certaines contraintes d’orientation etc. mais c’est beaucoup
plus compliqué.
J’ai l’impression qu’aujourd’hui il est beaucoup plus facile de créer à l’intérieur des opérations, des îlots dans lesquels on puisse faire des ensembles de ce type-là et vendre
clés en main. En plus financièrement, par rapport au budget des gens susceptibles d’aller dans ces opérations, c’est beaucoup plus facile d’arriver à leur budget.
Voilà c’est aussi un débat, c’est plus une question que je lance
Jean SOUMAGNE, professeur d’Université
C’est une question : « Comment se trouve réglée la question de la présence et du stationnement en particulier des voitures, sachant que progressivement on tend à passer
de une à deux voitures par ménage dans les classes moyennes et que c’est un élément
qui contribue à l’impression de densité et de compacité ? En d’autres termes, est-ce que
les gens ont eu tendance à transformer leur garage en atelier et laissent leur voiture sur
l’espace semi-public ou y a-t-il d’autres pratiques ? »
Bruno DUQUOC
Dans cet espace, il y a eu des parkings de créés et des espaces de libérés, c’était une
volonté. En effet, aujourd’hui il y a deux fois plus de voitures qu’il y a dix ans dans ce lotissement. Ce n’est pas un hasard car les gens qui viennent habiter en logement social à
Blaison-Gohier, en général, travaillent sur Angers et quand ils peuvent, ont deux voitures.
Ainsi un certain nombre d’espaces ont été libérés dans lesquels les gens stationnent. Il
y a une espèce d’auto-réglementation qui marche très bien. Au départ, on avait un peu
peur, mais ça marche très bien. Chacun se gare de manière à ce que les autres puissent
soit rentrer dans leur garage, soit se stationner à proximité de chez eux.
Il n’y a pas de dessinées au sol deux places de garage par logement. C’est un espace
relativement libre dans lequel les enfants font du vélo, d’autres garent leur voiture, c’est
un espace volontairement totalement privatif, ce n’est pas un espace dans lequel on
passe.
Mais, c’est un autre débat car j’ai un peu l’impression que là on est sur un système de
petites raquettes avec six logements et le gros intérêt justement c’est qu’il y a une autorégulation à l’intérieur qui est très intéressante et qui fonctionne très bien.
On n’a pas besoin de créer de parking, deux parkings par logement par exemple qui sont
dessinés avec des raies blanches au sol, ce n’est pas indispensable.
Ça peut aussi être un terrain vert, il y a une partie qui est en terrain vert dans lequel,
quand il y a un problème de stationnement, quatre personne peuvent se garer mais
uniquement quand il y a problème et là encore cela ne pose pas non plus de question
particulière.
Nathalie MONTOT, chargée d’étude à l’AURA
Je voudrais revenir sur ce que vous disiez à propos de votre expérience
entre Chinon et Fontevraud sur des lots libres où vous disiez que c’est plus
difficile. Qu’est-ce qui est plus difficile ? Est-ce parce que la population est
contrainte par les architectes ? Qu’est-ce qui fait que c’est plus difficile ?
Bruno DUQUOC
Ce qui est difficile, c’est que tout est dessiné, il y a une idée et après on essaie de la traduire réglementairement. Par exemple, il y a eu une fois un type de maison très intéressant dans la parcelle, je ne voyais pas très bien pourquoi on la refuserait et le règlement,
qui était très contraignant pour obtenir ce que l’on voulait, a fait que la maison ne pouvait
pas se faire. C’est très gênant quand on marche à coup de règlement comme cela.
Nathalie MONTOT
Pourquoi faire un règlement si contraignant ? Ce règlement était dans le PLU ?
Bruno DUQUOC
Oui, ce règlement était dans le PLU. C’est un secteur sur lequel il y avait aussi une zone
de protection du patrimoine architectural avec un regard de l’architecte des Bâtiments
de France. Tout ça, c’est pour lancer le débat sur le fait que l’on ne gère pas les choses
uniquement réglementairement. S’il y en a qui ont des expériences autres, je suis preneur car tout cela est extrêmement difficile.
Isabelle LEULIER, architecte à l’AURA
L’expérience de Pellouailles est intéressante puisqu’elle est sortie sous
un permis groupé, donc vous vous êtes affranchis d’un certain nombre de
contraintes.
Bruno DUQUOC
Le permis groupé de Pellouailles est très intéressant car il a posé des problèmes énormes à l’administration.
Il fallait définir des îlots, mais les espaces publics étaient déjà créés par l’aménageur,
stationnement, etc., et les seuls lots qui étaient vendus et qui appartenaient en fait au
constructeur, étaient des lots construits, uniquement les lots bâtis. Cela a permis aussi
de gérer l’ensemble des espaces extérieurs et d’obtenir ce que l’on voulait, c’est-à-dire
pas de petits jardinets clos devant, etc.
En fait, il a fallu jongler avec un permis groupé qui était sur plusieurs îlots. Finalement ça
a énormément intéressé la DDE car ils ont trouvé la preuve qu’administrativement cela
était possible. C’est donc un bon signe.
Michel BALLARINI, directeur de la SODEMEL
C’est effectivement important parce que sortir de la densité c’est aussi
sortir de la manière dont traditionnellement on morcelle le foncier.
Bruno DUQUOC l’a dit, peut-être que s’il refaisait l’opération, même de
Blaison-Gohier aujourd’hui, nous n’aurions peut-être plus ce parcellaire.
On essaie aujourd’hui de produire un habitat dont la forme n’est pas forcément en relation avec la structure foncière.
C’est comme cela que sont apparues dans les dix dernières années des manières d’habiter que l’on appelle intermédiaires, c’est-à-dire un habitat un peu plus diversifié avec
des accès divers qui ne correspondent pas forcément avec une retombée au sol où
chacun est sur son sol.
Là, on passe en volumes, même si les volumes ne sont pas hauts (tout ce que l’on a vu
c’est du R+1), mais l’opération de Pellouailles, c’est bien cela, c’est-à-dire que c’est de
l’habitat intermédiaire, il n’y a pas de partie collective mais les groupes d’habitation sont
posés sur le sol, pas forcément un par un.
Là effectivement, on avait utilisé quelque chose d’assez original, une espèce de permis
groupé multi-sites sur un lotissement.
Le lotissement c’est la forme la plus contraignante de l’aménagement et le permis groupé nous avait permis de sortir de cette forme-là.
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À part évidemment le travail de conception urbanistique et architectural, ne pas oublier
le travail foncier parce que si chaque fois on essaie de retomber dans la procédure classique, on n’y arrive pas. C’était une petite diversion.
Nathalie MONTOT
Quels sont les autres projets aujourd’hui ? Qu’est-ce que ces exemples-là ont fait évoluer auprès d’autres élus avec lesquels vous êtes en contact ? Et est-ce qu’il y a d’autres
projets intéressants comme cela sur notre territoire ?
Bruno DUQUOC
Oui, il y a d’autres projets et là je vais sûrement lancer le débat sur la densité.
Tant que l’on en parlait pas en tant que phénomène nouveau, on arrivait à faire des opérations qui intègrent des bâtiments relativement groupés dans un site ; je fais exprès de
ne pas l’utiliser.
Depuis que l’on parle de densité, j’ai l’impression que l’on essaie de retraduire, avec les
formes traditionnelles du lotissement par exemple, ce phénomène de densité.
Cela veut dire par exemple, il y a dix ans, on nous demandait de faire tant de logements
par hectare, aujourd’hui au lieu de faire 20 logements à l’hectare, on en fait 35.
Et les formes, c’est ce que disait Monsieur BALLARINI, les formes, par exemple du
lotissement traditionnel avec son règlement, ne me semblent pas fonctionner.
L’exemple de Pellouailles est un excellent exemple et c’est vrai qu’avec l’administration,
on a vu que l’histoire du permis groupé était résoluble et je pense qu’il est important
par rapport à cette grande question de la densité de définir un mode opératoire qui soit
autre que le lotissement traditionnel avec sa parcelle découpée et son règlement dans la
parcelle. Il y a quelque chose qui ne va pas là ; cela reste à inventer, cela reste à discuter.
Je sais qu’il y a déjà des pistes.
Les opérations que l’on peut avoir dans différentes communes font que l’on est obligé
de passer très souvent par des opérateurs.
L’autre jour, j’étais dans une commune qui avait décidé de ne pas avoir plus de 70 logements en extension du bourg dans les dix ans qui viennent. Cette décision avait été mise
dans le PADD du PLU depuis 7 ans et tenue par la commune depuis 7 ans.
Il y a une opération qui se monte sur une surface de 6 ou 7 hectares et dans laquelle,
bien entendu, par rapport à la nécessité et au programme d’îlots, de constructions groupées, etc. qui est proposé, on se retrouve avec plus de logements. Le maire refuse et
veut que l’on revienne à la densité d’avant. Le débat que j’ai avec ce maire est que l’on
ne revient pas à la densité que l’on avait avant car si ce maire décide de travailler comme
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cela c’est simplement que le terrain d’assise de l’extension urbaine est trop important.
Ce qu’il faut remettre en cause, c’est le terrain d’assise de l’opération.
Ce débat-là, on doit l’avoir par rapport à ce phénomène de densité afin que cela ne
devienne pas simplement la création d’une multitude de logements. Il faut donc définir
les besoins, définir le mode opératoire et le type d’urbanisation que l’on veut et ensuite
définir le terrain nécessaire.
La loi SRU, pour cela, est fort intelligente puisque dans les PLU, on faisait le projet avant
de le traduire juridiquement, c’est toute l’intelligence de la Loi SRU et des Plans Locaux
d’Urbanisme, il suffirait de l’appliquer.
Ainsi, logiquement (et certaines communes commencent à le faire), on doit faire les projets d’extension et d’aménagement urbain avant de faire les PLU. Cela a l’air compliqué
mais beaucoup de communes commencent à travailler dans cet esprit-là.
Jean-Pierre LOGERAIS
Il me semble qu’il y a deux éléments qui sont très importants dans la densité, dans l’assemblage, c’est la façon dont les éléments sont organisés.
Quand on parle d’habitat individuel, par exemple, c’est vrai que si l’on arrive à créer de
l’intimité (et c’est pas forcément simple) aujourd’hui avec la dimension des maisons, ça
marche bien.
C’est-à-dire qu’en fait, si on a de toutes petites parcelles, il faut que l’on puisse créer
avec des annexes, avec un aménagement, une vraie intimité. Je crois que c’est la vraie
question en vérité quand on fait de la maison individuelle.
C’est vrai qu’aujourd’hui, on a tendance à faire des maisons de plus en plus petites et
des annexes de moins en moins grandes, si je puis dire, donc c’est assez difficile de
se servir du bâti pour faire de l’autoprotection ; pourtant, c’est quand même le point
fondamental.
Et puis, je crois qu’il y a un élément dont on parle moins, mais qui me paraît extrêmement important et dont on verra les effets pervers dans un certain nombre d’années,
c’est ce que vont devenir les bâtiments et leur état quand on arrive à des grands secteurs d’urbanisation, de regroupements de volumes construits. Ce qu’ils vont devenir ?
Quel aspect vont-ils avoir ? Quelle image vont offrir ces bâtiments au bout d’un certain
nombre d’années ? Ça, je crois, qu’en termes d’assemblage, en termes de densité, en
termes de composition urbaine, c’est peut-être l’élément fondamental qu’il faut avoir
en tête, sur lequel il faut développer de la recherche et de l’attention car ça va jouer
terriblement sur les ambiances et sur la vie de ces quartiers sur leur devenir et sur leur
classement social.
Emmanuel DURET, géomètre-expert
C’est en tant qu’élu de ma commune que j’interviens pour vous demander
quels conseils vous nous donnez pour faire passer le message de la densité
auprès des acquéreurs tout simplement, car la grande question, elle est là,
il ne faut pas tourner autour du pot.
Aujourd’hui, on a beau concevoir les plus beaux projets, on est tous d’accord là-dessus, au moment de la commercialisation, on va quand même discuter, peutêtre moins en milieu urbain ou proche en tout cas des agglomérations, mais un peu plus
en milieu rural où je travaille et où, effectivement, il n’est pas facile de convaincre des
gens de descendre en termes de superficie de terrain.
Même si je rejoins Monsieur BALLARINI, même si je suis géomètre, même si je sais
qu’il faut que ça change, je pense que c’est une question de culture. Je connais un petit
peu les réponses, mais j’aimerais vous entendre les uns et les autres à ce sujet.
Bruno DUQUOC
C’est la question que l’on a en permanence à l’esprit aujourd’hui quand on travaille dans
les communes rurales. Le problème est que l’on est toujours dans le même système.
Par exemple, on nous dit que quand la façade fait moins de 16 mètres, on ne peut pas
mettre une maison, on entend ça en permanence.
Cela veut dire simplement que chacun va aller après chercher sa maison ou a déjà acheté sa maison, car le problème énorme c’est que souvent la maison est déjà achetée et
qu’on cherche un terrain pour la poser.
On s’aperçoit que le problème est principalement d’être chez soi, c’est l’intimité et ça,
je suis désolé, mais c’est la conception même de départ et c’est la liaison entre l’urbanisme et l’architecture qui fait que l’on va traiter ça. Donc, ça veut dire maîtriser tout ce
qui se passe dans les liaisons entre l’espace public et l’espace privé, il faut que ça soit
créé, que ça soit réalisé.
Puis ensuite, tout est dans la conception même des maisons. Je parlais tout à l’heure
de Blaison mais c’est le cas, on a fait extrêmement attention à ce que quelqu’un qui est
dans son séjour ne plonge pas directement dans le séjour du voisin et ce n’est pas à
coups de maisons en milieu de terrain que l’on peut faire ça !
Quelle est la méthode ? Je ne sais pas et celui qui a la solution ici j’aimerais bien qu’il
nous la donne. Quelle est la méthode pour qu’aujourd’hui on fasse accepter cela ? Je
pense qu’il faut construire sa maison de manière différente. Il ne faut pas construire tout
seul au milieu de son terrain.
Cela existe quand même car je me suis promené un peu en Europe et même dans différents pays, cela existe et cela fonctionne. Cela veut dire que l’on accepte d’avoir des
voisins. On est chez soi, mais on a des espaces communs. Chez nous, on a un mal fou
pour avoir cela. Rien que par exemple la petite question des espaces extérieurs devant
qui ne sont pas obligatoirement clôturés et dans lesquels moi j’ai vu dans de nombreux
pays, un samedi matin, quelqu’un tondre cinq terrains devant, en ne se limitant pas
uniquement au sien ; c’est un état d’esprit, mais j’ai l’impression que cela vient chez
nous aussi.
Des opérations comme Pellouailles sont intéressantes pour cela, car cela veut dire que
ça peut exister et c’est louable. Mais ce n’est pas facile, c’est évident.
Actuellement, on a la question de certaines communes qui nous disent qu’à moins de
1 500 m2 pourquoi voulez-vous que les gens viennent chez nous ? C’est une question qui
est posée, mais que voulez-vous répondre à cela? Ce n’est pas possible aujourd’hui…
C’est un temps révolu. Mais ces communes nous disent aussi que les communes au
bord du Loir, pour ne pas les citer, ont des parcelles de 2 000 m2, donc pourquoi nous,
nous n’avons pas le droit ?
Ces questions sont posées en permanence et l’on doit y répondre par rapport à une
certaine logique d’espaces, répondre en urbanisme et non pas en architecture.
Nathalie MONTOT
Pour qu’il y ait urbanisme, il faut que les communes s’investissent un peu plus aussi
avec les aménageurs qui viennent acheter des terrains sur leur commune et qu’elles
laissent faire.
Il y a eu une période où les communes faisaient beaucoup de lotissements communaux
et après elles ont laissé faire les aménageurs.
Effectivement, il faut qu’elles retrouvent leur place dans la discussion auprès des aménageurs et des promoteurs, je ne sais pas s’il y en a dans la salle mais il faut aussi sensibiliser à cet aspect-là des choses.
Jean-Pierre DUCOS
Nous abordons maintenant le troisième exemple retenu en illustration de nos débats et
laissons la parole à Didier ROISNE, maire de Beaucouzé et Jean-Pierre Logerais, architecte, qui nous présentent une opération d’extension du centre bourg de Beaucouzé,
La Picoterie.
La question de la densité
15
Didier ROISNE, Maire de Beaucouzé
Dans un premier temps, ce qu’il faut bien préciser, c’est que ce n’était pas
simplement une opération d’habitat mais la reconstruction et l’extension
du centre-bourg.
Nous avions sur Beaucouzé un centre-bourg qui se limitait à l’arrêt du bourg,
donc on ne pouvait pas faire mieux, mais cela manquait de vie et notre idée
était donc d’étendre le centre-ville.
Ce qui est extraordinaire sur Beaucouzé, c’est que nous avions 2 hectares de disponibles, 1 hectare qui appartenait à la commune et 1 hectare à des particuliers.
Nous avons donc confié cette pré-étude à la SODEMEL et au Cabinet RO.ME qui nous
a défini le cahier des charges. Ce cahier des charges, nous l’avions aussi étayé par une
étude commerciale qui nous a permis de déterminer qu’il nous fallait environ 1 000 m2
de commerces avec certains commerces qui étaient privilégiés.
Ce qui avait été déterminé également, c’est la hauteur maximale qui ne devait pas dépasser le presbytère, ce qui n’est pas forcément une référence, mais cela limitait les
bâtiments à R+2.
Comment avons-nous travaillé? Nous avons travaillé en faisant un mini-concours; ce
n’était pas un concours officiel mais une consultation, que ce soit sur la partie privative
ou sur la partie bailleurs sociaux, là on a eu quelques réticences car ce n’était pas forcément dans leurs habitudes.
On a eu des projets très différents qui allaient du domaine de luxe avec piscine jusqu’à
des zones un peu plus pavillonnaires.
Parmi les projets, nous avons retenu celui de Monsieur LOGERAIS pour deux raisons. D’une
part, il était le même architecte, que ce soit sur la partie privative ou sur la partie bailleur
social et il nous a donc donné un projet bien mieux structuré, bien mieux pensé sur les 2
hectares. D’autre part, c’est le seul architecte qui soit venu sur le terrain et qui s’est aperçu
qu’il y avait une bonne pente, les autres architectes n’étant pas venus voir le terrain.
Monsieur LOGERAIS s’est aperçu que notre demande de faire simplement des parkings
en sous-sol, était plutôt un avantage pour lui car cela lui a permis de résoudre un certain
nombre de problèmes.
L’autre difficulté rencontrée c’était la notion de parking. Il y a une photo que l’on a vue
tout à l’heure qui m’a fait très plaisir car quand on regarde et quand on voit le quartier,
en fait, on voit une tache verte malgré les 118 logements sur 2 hectares soit presque 50
logements à l’hectare, on a quand même une tache verte et cela me fait plutôt plaisir.
16
La question de la densité
Notre cahier des charges n’était pas de faire de la densification.
Notre idée était que nous avions un centre-ville, que nous voulions des commerces
et que cela soit bien intégré, le mieux intégré possible c’est-à-dire qu’à la limite, on ne
s’aperçoive pas que ce quartier-là était un quartier neuf.
On voulait que cela s’intègre; on voulait qu’il y ait une liaison avec l’existant. Sachant que
tout autour c’est du pavillonnaire, on voulait une liaison un peu douce, ce qui a été fait
avec des petits pavillons groupés et une montée en puissance au niveau de la hauteur.
Voilà le cahier des charges et je vais passer la parole à Monsieur LOGERAIS, architecte,
c’est lui qui a fait le projet.
Jean-Pierre LOGERAIS
En fait, il y a un certain de nombre de logements à l’hectare mais on est en plein cœur
du centre de la ville de Beaucouzé.
On bénéficiait, il faut le dire, d’un contexte très agréable, avec un environnement paysager de verdure et d’eau très bien structuré au cœur de la ville.
Il y a également l’Hôtel de Ville qui est juste en face du quartier que l’on a créé et un
certain nombre de bâtiments qui étaient assez harmonieux, assez homogènes et qui
offraient un contexte global intéressant.
C’est donc dans ce contexte-là que l’on s’est inscrit et c’était effectivement assez favorable au départ. Il s’agissait d’offrir des opérations où la notion de mixité était véritablement présente puisque nous avions à travailler du logement collectif en logement
social avec insertion de commerces autour de la place. Nous avions à créer du logement
collectif en accession et de l’habitat individuel. Tout cela dans un ensemble paysager qui
était en partie une réintégration de plantation d’arbres existants et de nouvelles plantations. La place publique était également un élément très important, on voulait qu’elle
soit gérée et totalement intégrée.
En fait, le but était véritablement de faire en sorte que cet ensemble nouvellement
construit apparaisse comme ayant pratiquement toujours été là dans son échelle, dans
sa disposition et dans ses éléments de proximité.
Sur cette vue de la place commerçante, on aperçoit tout à fait à droite le Crédit Mutuel,
qui est un élément de l’ensemble commercial avec boulangerie, cordonnerie, coiffure
et un certain nombre de commerces qui s’enroule. En face l’Hôtel de Ville, nous avons
également travaillé en relation avec le paysagiste qui a traité l’ensemble devant la mairie,
afin que tout cela soit homogène au niveau des matières et au niveau des traitements.
L’idée était également d’avoir une architecture extrêmement simple, qui respecte aussi
un certain nombre de données thermiques car à l’époque on cherchait à être dans les
performances assez significatives.
Il y a 3 niveaux seulement, R+2 . Les rez-de-chaussée sont entièrement traités en schiste avec les commerces composés dans cet ensemble-là, tout ce qui est enseigne est
fait dans une même unité également pour traiter une cohérence d’ensemble.
Au-dessus, on a un étage de logements, un étage au-dessus avec, en fait, comme matériaux le blanc, le bois et le schiste.
Au niveau des sols, on le fait sur tous nos aménagements urbains, on n’utilise à peu près
que 2 ou 3 matériaux globalement, c’est-à-dire le granit ou le grès et l’enrobé, de façon
à ce qu’il n’y ait jamais de vieillissement au niveau des aménagements en rejetant systématiquement tout ce qui peut être pavé, béton coloré, etc., tout ce qui ne vieillit pas
bien, car dans mes préoccupations, ce qu’il y a aujourd’hui d’extrêmement important
c’est de dire : « Nos bâtiments, comment seront-ils dans dix ans ? Comment seront-ils
dans quinze ans ? Auront-ils encore une place digne là où on les a implantés ? »
C’est vrai dans un centre-bourg, c’est encore plus vrai dans des grandes zones d’habitation mais en tout cas dans des endroits significatifs comme ici, cela a aussi toute son
importance.
Après l’idée était de créer une harmonie qui soit à la fois basée sur l’homogénéité et sur
la complémentarité. C’est-à-dire faire en sorte que, que ce soit les collectifs autour de
la place ou que ce soit les collectifs en accession, on ait un travail qui soit homogène,
toujours avec les mêmes matières.
La question de la densité
17
finances locales. Le problème est que les bailleurs sociaux ont des parkings payants
donc pour certaines familles gagner dix euros par mois, c’est toujours ça de pris, donc ils
utilisent les parkings devant les commerces, pour un problème financier uniquement.
Ainsi, il y a des parkings payants libres derrière, où personne ne stationne et plein de
parkings devant qui sont utilisés à tort.
Nous avions aussi dans le cahier des charges un certain nombre de liaisons douces car
sur Beaucouzé il y a beaucoup de chemins piétonniers et nous voulions aussi en profiter
pour faciliter l’accès jusqu’au centre ville. Il y a des chemins piétonniers qui traversent
complètement la zone dont un qui traverse toute la partie privative et sur lequel on continue de travailler pour permettre l’accès au centre-ville.
Jeanne ROBINSON, adjointe au Maire d’Avrillé chargée de l’Urbanisme
L’exemple de Beaucouzé est intéressant et Monsieur le Maire, nous sommes allés visiter votre commune il n’y a pas très longtemps avec le groupe
de pilotage que nous avons mis en place pour le centre-ville d’Avrillé.
C’est vrai que l’expérience est intéressante parce que vous parliez d’intégration, Monsieur LOGERAIS, et c’est complètement réussi car on voit
bien que lorsque l’on fait le tour, on a bien l’impression d’être dans un centre-ville où il
y a de l’habitat et où tout semble effectivement avoir toujours existé et où tout pourra
continuer d’exister de la même manière.
Pour ce qui collectif sur l’accession, nous avons glissé deux bâtiments au milieu de grands
arbres existants pour traiter des sortes de villas urbaines. La tache verte, dont parlait
Monsieur le Maire, existe bien en effet, tous ces bâtiments sont réinsérés dans l’espace
paysager avec beaucoup de soin et tout cela a maintenant sa place dans ce centre-ville.
C’est vrai que la densité n’existe pas, on n’en a absolument pas la sensation. Le parking
a été traité en sous-sol, pour la plus grande partie même si ce n’était pas tout simple car
on avait des petites unités, mais on a réussi à mettre le nombre de places nécessaires
pour les logements en sous-sol et la place devant les commerces est destinée uniquement aux usagers des commerces.
Didier ROISNE
Ce qui n’est pas toujours vrai et les commerces s’en plaignent, mais c’est pour un autre
problème. En effet, les bailleurs sociaux ont un parking par logement, ce qui est un petit
peu juste dans ces quartiers-là, donc nous avons fait des parkings municipaux avec les
18
La question de la densité
Vous parliez de la durabilité des matériaux, on voit bien avec le schiste que le traitement
est qualitatif et on a bien l’impression d’être dans un centre-ville avec des éléments qui
ont des références et donc il y a vraiment cet aspect historique qui est complètement
réussi.
En tous cas, nous sommes revenus, nous étions une dizaine dont Didier ROGER de la
SODEMEL, complètement emballés par l’expérience.
J’espère que dans dix ans quand le centre-ville d’Avrillé sera refait, on pourra se dire
également que ça a toujours existé. Mais il y aura le tramway en plus, ce sera aussi un
autre enjeu.
Ce qui est intéressant aussi c’est l’aspect des logements autour et derrière et moi j’ai
bien aimé aussi ce que vous disiez tout à l’heure sur l’intimité. On voit bien dans une
espèce de grande villa, que celui qui est au-dessus ne voit pas ce qui se passe en-dessous, celui qui est à côté ne voit pas non plus forcément ce qui se passe chez son voisin
et pour autant, on a quand même un certain nombre de logements, on peut peut-être
commencer à parler de densité mais sans pour autant avoir l’impression d’avoir des
choses qui montent, qui peuvent effectivement faire peur et qui ne correspondent pas
au tissu bâti existant.
La dernière chose que je trouve intéressante et je retiens l’idée de Monsieur BALLARINI, c’est l’idée du concours, ce n’est pas mal aussi de voir comment plusieurs architectes peuvent envisager les choses sur un même espace. C’est là que l’on voit en fait
que tout est à réinventer.
Jean-Pierre LOGERAIS
Cette notion d’intimité est fondamentale et peut se traduire de toutes sortes de manières mais c’est vrai que du coup, je le dis souvent, on s’auto-protège en se regroupant,
c’est-à-dire en faisant en sorte que les choses puissent se combiner pour que chaque
élément apporte de l’intimité à l’autre. C’est évidemment beaucoup d’attention, mais ça
marche en fait bien quand on le met en place.
Je parlais de villa urbaine car je pense qu’il y a des formes que l’on a encore assez peu
exploré. C’est-à-dire que l’on a souvent utilisé la maison individuelle et le collectif.
Le collectif, on l’a souvent traité pendant de très nombreuses années comme un grand
bâtiment avec un certain nombre de cages d’escaliers et avec un certain nombre d’espaces collectifs.
Moi, je crois beaucoup à une formule que l’on a assez peu expérimentée et qui est là
présente sur cette petite opération de Beaucouzé, qui est la notion de villa urbaine.
Je crois qu’en créant de toutes petites unités d’une dizaine ou d’une douzaine de logements avec un accès indépendant, avec un espace de protection autour, avec le fait
qu’un enfant qui sort de ce petit immeuble, comme d’une grande maison, puisse être
dans un lieu de proximité qui lui appartient, qu’il connaît et qui n’est pas un véritable
lieu collectif. On aurait une sorte d’alternative entre le tout grand collectif et la maison
individuelle à un moment où on ne peut pas forcément faire de la maison dite de ville
partout.
Je le disais tout à l’heure, la maison de ville, lorsqu’elle a une certaine dimension et
qu’elle a ses annexes pour protéger les espaces qui vont être au sol parfaitement intimes et pouvant être utilisés, est souvent une petite maison et on arrive assez difficilement à faire cela. Parfois cela se caricature et on obtient des espèces de maisons de ville
de poupée avec des terrains qui voudraient être protégés, mais qui ne le sont pas et qui
se terminent avec un grillage; là ça devient plus dramatique qu’intéressant.
La question de la densité
19
Je crois, à travers les difficultés que l’on retrouve aujourd’hui et en particulier la surface
des logements, qu’il y a à retrouver une nouvelle forme de collectif qui est une forme
plus inventive, utilisée dans un certain nombre de pays nordiques, qui peut se mettre
en place et qui est une vraie alternative dans toutes ses problématiques. Je crois qu’elle
peut apporter une nouvelle façon d’habiter ensemble dans une petite unité.
Cela suppose un certain nombre de choses, un peu de subtilité au niveau de l’organisation du stationnement, un peu de subtilité au niveau du découpage foncier pour créer
ces unités. Moi, j’y crois beaucoup, je l’ai proposé à Monsieur le Maire dans une opération à venir, je crois qu’il faut bien la percevoir cette notion, elle est importante, elle est
innovante, elle est significative et elle apportera d’autres réponses.
mais rentré par la clé densité ; c’est-à-dire que la densité est un outil au service d’autres
choses. Ce que vous avez voulu réaliser, c’est d’abord une opération qui s’intègre et qui
respecte ce qu’un urbaniste hollandais, je crois, appelle le génie du lieu ; j’aime beaucoup cette expression « le génie du lieu », le respect du génie du lieu.
C’était très clair sur Blaison-Gohier ou ici sur le tissu urbain de Beaucouzé et la volonté
d’améliorer la qualité de vie des habitants.
Or, c’est vrai que dans les opérations qui étaient montrées tout à l’heure pour caricaturer
un peu cet étalement urbain avec la banalisation de l’espace par les lotissements en
tablettes de chocolat, ici, j’ai l’impression que l’on veut s’inscrire en rupture et c’est en
cela que la densité peut aider.
Didier ROISNE
Ma position d’élu est assez simple, je voudrais offrir aux futurs habitants de Beaucouzé
la qualité de vie que j’ai trouvé, moi, à Beaucouzé. J’ai 314 m2 de terrain donc ne suis pas
un riche propriétaire terrien mais là où j’habite je n’ai pas de problème de voisinage car
la rue au bout de chez moi est en contrebas donc je vois tout juste le haut des voitures
et derrière ce sont des espaces verts. Donc, j’ai une très grande qualité de vie qui n’est
pas liée à l’espace que j’ai en tant que privé.
Ce que j’ai remarqué dans ma petite expérience d’élu, sans être un spécialiste d’urbanisme, c’est que les erreurs d’urbanisme sont très difficiles à corriger, voire impossibles
quand il faut, par exemple, détruire un pavillon.
Les problèmes que j’ai de voisinage sont souvent des erreurs d’urbanisme, c’est-à-dire
quand je regarde là où ils s’engueulent ou se tapent dessus de temps en temps pour
des problèmes de parkings ou des choses comme ça, c’est parce que c’est mal foutu là
où ils habitent, tout simplement.
Je suis donc très attentif à cela, je ne suis pas réputé pour être Monsieur densité dans
mon équipe, je suis plutôt le contraire, je suis là pour essayer d’équilibrer et ce dont je
voudrais être sûr c’est la qualité de la vie.
Si on me propose quelque chose avec une densité, à la limite, je m’en fous si on me
démontre qu’il y a une qualité de vie qui sera là, c’est tout.
Le deuxième point, c’est la question de l’économie de ressources; ça c’est mon petit côté Ministère de l’Écologie, Grenelle de l’Environnement. On s’est aperçu que les
ressources n’étaient pas inépuisables, à commencer par les questions foncières. Je
regarde Michel BALLARINI droit dans les yeux parce que ces questions foncières nous
occupent régulièrement.
L’espace n’est pas infini et à chaque fois que l’on construit, on construit sur autre chose
et souvent en Maine-et-Loire sur de l’agriculture.
On s’est livré à quelques analyses : en Maine-et-Loire, pour le logement, c’est 1 hectare
par jour que l’on consomme pour le logement depuis dix ans à peu près.
Ce qui me frappe beaucoup c’est que, quand on analyse les permis de construire, le
nombre de m2 par logement, dans la période récente, a plutôt augmenté, c’est-à-dire
qu’aujourd’hui on fait le débat sur la densité mais sachez que l’on n’est pas en train de
construire de plus en plus dense, malgré tous les efforts que font les agglomérations et
un certain nombre d’aménageurs ou d’architectes.
Jean-Luc MALGAT
Chef Service Prospective Aménagement Durable DDE Maine-et-Loire
Je voudrais réagir directement car j’ai le sentiment, en venant d’écouter
Monsieur le Maire et en ayant écouté les exposés, qu’au fond, la densité,
ce n’est pas une fin en soi, évidemment. Ce qui me frappe surtout, dans la
manière dont vous avez présenté les opérations, c’est que vous n’êtes ja-
20
La question de la densité
Je peux vous donner les chiffres en gros :
Entre 90 et 97, c’était 774 m2 par logement ; aujourd’hui, dans la période très récente,
98 - 2007, on est plutôt à 850, parce qu’on construit beaucoup en diffus et l’on construit
beaucoup en dehors des opérations dites groupées ou d’aménagement.
Donc, il me semble qu’un des enjeux de la planification, ce sera aussi de faire en sorte
que l’on construise probablement moins en diffus et davantage sur des opérations étudiées et d’aménagement.
Dernier point et je terminerai là-dessus, ce qui m’interpelle également c’est la question
des coûts, pas seulement la question du coût du foncier, qui est cher, mais également la
question du coût de la construction.
Au fond, ces opérations (vous n’êtes pas trop venus là-dessus d’ailleurs), il faut bien
se le dire quand même, ces opérations coûtent cher et j’aimerais bien vous interroger
d’ailleurs là-dessus.
Par rapport à une maison individuelle, moi, je vois passer des permis de construire très
simples où l’on met quatre murs, deux fenêtres et une porte. Je viens de voir passer un
permis d’une maison de 65 m2 avec simplement un séjour commun, deux pièces et un
garage accolé avec quatre murs et il y a juste un tuyau qui rentre et tous les sanitaires
sont regroupés autour de ce tuyau qui rentre dans la maison, c’est vraiment la maison
minimale avec un toit bac acier basique.
Cela ne coûte pas cher du tout par rapport à ce que vous avez fait! Donc densité, oui,
mais à quel prix ?
Bruno DUQUOC
Première réponse d’abord sur les prix, car il est vrai que nous n’en avons pas parlé.
Sur Blaison-Gohier, c’est de l’habitat social, donc un coût d’habitat social avec Habitat 49.
Il y a eu un petit coup de main de la municipalité sur le foncier mais ce n’est pas la seule
opération, il y a des opérations beaucoup plus traditionnelles dans lesquelles de toute
façon, il y a l’aide de la municipalité sur le foncier.
C’est donc une opération d’habitat social et les loyers des logements sont des loyers
d’habitat social, ainsi, aujourd’hui, un Type 4 est loué autour de 350 euros.
Pour l’opération de Pellouailles, Monsieur BALLARINI pourra peut-être le dire car on en
parlait l’autre jour, l’opération est équilibrée.
Logi-Ouest a fait à la fois de l’accession à la propriété et du locatif social. Il y a une vingtaine de logements au total qui sont en locatif.
Quand je dis que l’opération est équilibrée, cela veut dire sur l’ensemble de l’opération
globale et que les lots, qui ont été bâtis et qui sont en libres mais intégrés à cette opération, ont permis cet équilibre. Mais globalement, c’est une opération équilibrée.
Ainsi, cela ne coûte pas plus cher et je crois que l’on peut l’affirmer, ces opérations-là
sont dans des bilans financiers équivalents à n’importe quelle opération.
Jeanne ROBINSON
Je dirais une chose par rapport à la densité parce que c’est là où finalement le débat va
commencer. On est resté sur des choses plutôt intéressantes, plutôt qualitatives, qui
finalement correspondent bien aux villes dans lesquelles nous sommes.
Le projet de Beaucouzé, j’y adhère totalement, maintenant j’entends bien dans les discussions que nous avons en ce moment qu’on ne nous parle plus de la même densité.
On nous parle d’économiser le foncier, évidemment, on ne peut que partager cet objectif-là. On nous parle de lutter contre l’habitat diffus, là on commence à être moins
d’accord. Et puis ensuite, on nous dit qu’effectivement on est vraiment méchant parce
qu’on prend sur les terres agricoles. Alors, on ne mange pas encore les agriculteurs,
mais ça va peut-être venir !
Moi, je suis quand même inquiète par rapport à ce débat-là.
L’autre jour, en allant vers Pouancé avec mon député-maire, il me rappelait que dans les
vingt dernières années, on a beaucoup reboisé. Je pense qu’il y avait pas mal de terres
agricoles qui n’avaient plus d’agriculteurs et dont les terres étaient abandonnées et donc
il me rappelait que l’on a beaucoup reboisé et qu’aujourd’hui on est quand même revenu
au niveau de boisement du Moyen Âge.
Moi, je préfère plutôt revenir à ce que disait Monsieur le Maire de Beaucouzé, à savoir,
quelle qualité de vie aujourd’hui est on en capacité d’offrir à ceux qui demain vont nous
rejoindre dans toutes les communes dans lesquelles nous vivons et dont nous avons la
responsabilité?
Je pense que cette responsabilité-là, elle se fait aussi sur la durée, c’est-à-dire que ce
n’est pas uniquement à l’occasion d’une opération qui va se faire à un moment ou à un
autre où l’on aura bonne conscience en se disant que finalement on a plutôt bien fait les
choses et que l’on respecte tel ou tel objectif.
Moi, la durabilité, je la percevrais plus (et là je pense que c’est vraiment du développement durable) lorsque dans dix, quinze ans, et c’est tout à fait intéressant ce que disait
Monsieur DUQUOC, que finalement ça marche plutôt bien, c’est que les gens s’entendent plutôt bien et qu’il n’y a pas de conflit.
Je pense que là c’est intéressant et c’est là qu’on peut se dire en tant qu’élu, en tant
qu’urbaniste ou en tant qu’aménageur, on a réussi notre boulot quand on voit que finalement les choses marchent plutôt bien. Tant pis, quitte à être un peu à contre-courant,
moi, je préfère avoir des choses d’une densité qui corresponde un peu à ce qu’a fait
Beaucouzé, plutôt que d’avoir des espèces de tours où l’on est vraiment les uns sur les
autres et l’on a vu ce que donnait la concentration. C’est cela qui m’inquiète.
Jean-Pierre LOGERAIS
Je veux bien répondre à la question en ce qui concerne la notion du coût car sur l’opération de Beaucouzé, cela a plutôt été quelque chose d’extrêmement économique avec
des budgets très serrés.
La question de la densité
21
Le travail que l’on a fait à Beaucouzé, on l’a fait sur d’autres opérations, par exemple,
on vient de terminer un quartier entier, à Nantes dans le même esprit de villas urbaines,
dans des jardins, dans des cours fermées, etc. et l’on a travaillé tout cela sur des bases
qui sont assez simples.
À Beaucouzé, en particulier, pour des questions de haute qualité environnementale et
pour des questions d’économie d’énergie, on a utilisé un matériau, le béton cellulaire,
qui est un matériau assez difficile à utiliser pour que ce soit rentable. En fait, toute cette
opération a été extrêmement détaillée y compris le calpinage des blocs, de façon à ce
que l’on n’ait pas de coupes, pas de détails complexes et l’on est arrivé là à des prix de
revient extrêmement bas.
À l’époque, on était à 880 euros du m2 de surface habitable, ce qui était déjà très bas,
aujourd’hui cela correspondrait à 1 200 euros du m2 sur le marché.
Cela n’a pas été facile, c’était complexe, mais cela veut dire aussi que dès l’origine, il
faut respecter deux choses, le rapport surface habitable, surface construite, là il y a un
gros travail de base au départ.
Mais cela va aussi avec le concept. Nous, on cherche à faire des unités dans lesquelles
l’accès est facile, dans lesquelles il y a peu de circulation, dans lesquelles la convivialité
est fondamentale.
C’est vrai aussi dans tout ce qu’on peut réaliser en équipements publics, scolaires en
particulier, on en fait énormément et je tiens beaucoup à ce que l’unité, l’accès, soient
respectés. Ce sont des choses extrêmement importantes. Cela joue sur le prix évidemment et après les intérieurs sont extrêmement soignés, détaillés, avec un design très
travaillé et tout cela dans des coûts tout à fait acceptables parce que sur la technique, il
y a eu de gros efforts dès le départ du concept.
Je voudrais juste dire un mot sur la hauteur car quand on parle de la notion de densité,
il ne faut pas non plus arriver à une ville horizontale. Je n’y crois pas non plus à la ville
horizontale. Ce qui a fait toujours et de tout temps la beauté des sites, c’est le jeu de
la volumétrie dans l’espace. Je crois qu’il y a à travailler là-dessus car on peut avoir en
effet des choses qui viennent s’insérer très basses, qui viennent se composer dans le
paysage, se fondre avec la nature.
Je crois que l’on n’ose pas assez. On est un peu timoré dans nos formes architecturales,
dans notre culture de mise en place et l’on aurait beaucoup à évoluer là-dedans. On a
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La question de la densité
tous des efforts à faire pour pouvoir communiquer sur des formes totalement différentes
et je pense qu’en même temps, on doit pouvoir jouer sur les volumes. C’est peut-être
très bien de monter parfois à six niveaux puis après être à un niveau ou à deux niveaux,
avec le jardin qui passe par-dessus etc. mais je pense qu’on est vraiment, vraiment trop
coincés dans nos espèces de répétitions d’imageries, de reproduction traditionnelle.
Je crois que la vie a changé, que la façon d’aborder le logement, la circulation, d’aborder
les accès, d’aborder la convivialité, n’est plus la même.
Je me demande si on n’est pas encore sur des schémas qui sont périmés.
Je me demande si on n’a pas à réfléchir vraiment sur des réalités qui sont d’autres réalités que celles que l’on met en place.
Il y a beaucoup de choses à ouvrir, beaucoup de choses à débattre, beaucoup de choses
à développer dans ces thèmes quand on envisage un nouveau quartier, je crois que l’on
a trop dans la tête des images toutes faites. C’est un peu comme quand un client vient
nous voir pour faire une maison, il ne se rend pas compte qu’il est en train d’essayer de
reproduire l’appartement dans lequel il a vécu. Or, si on a travaillé quatre ou cinq jours
avec lui ou passé trois apéros avec lui, il a complètement oublié cela pour réinventer un
nouvel espace de vie qui sera le sien et qui aura un sens par rapport à l’organisation de
son existence.
Je crois que l’on pourrait aussi retravailler comme cela car finalement ce qu’il y a de passionnant et ce qu’il y a d’absolument extraordinaire et toujours renouvelé avec un groupe
de travail qui se donne cette volonté et l’envie de le faire, c’est la capacité de réinventer
quelque chose et pas de reproduire des schémas.
Isabelle LEULIER
Moi, je pense que ce qui est important, c’est aussi la taille en fait de l’opération.
C’est vrai, j’entends bien la réaction sur les quartiers où il y a une monotonie de l’architecture, mais c’est aussi la taille.
Ce qui est intéressant sur Beaucouzé, c’est que vraiment c’est une greffe sur de l’existant et que par la trame de l’espace public, on peut se dire que l’on pourra aller au-delà,
s’il le faut. Donc il y a une perméabilité.
Je pense que c’est important et que justement à cette échelle-là existe déjà une diversité et que plus loin, si il y a une autre opération, il y aura une autre diversité. C’est bien
çà la richesse de nos villes et ce n’est pas le tissu homogène sur des hectares.
Vincent DEGROTTE, directeur du CAUE de Loire-Atlantique
Je voudrais juste faire deux petites observations. Je pense que le mot densité est un mot qui peut à la fois faire peur à un certain niveau de collectivité
où la notion de densité peut être apparentée à de l’entassement. Je pense
que cela peut alors desservir le projet. Par contre cela peut être un projet
politique à une autre échelle de collectivité. Je pense donc que l’utilisation
du mot est très difficile à faire.
L’autre observation, c’est de dire que la densité n’est pas une cause mais une conséquence et que c’est tout d’abord le projet urbain qui doit être à la base de tout en matière
d’urbanisme et de développement urbain. Les mots forme urbaine, urbanité, mixité,
intimité me paraissent essentiels parce que la forme urbaine définit le paysage urbain.
L’urbanité organise le vivre ensemble, la mixité propose une diversité de formes et d’habitants et l’intimité qualifie le vivre en famille.
Donc, la question de la densité découle après de tous ces paramètres-là et on fait de la
forme urbaine, on fait de la densité suivant la définition des projets urbains.
Jean-Pierre BASTIDE, architecte
Je suis surpris par ce débat sur la densité car on vit dans une ville haussmannienne qui
est l’exemple même de la densité et du mélange des fonctions.
Les sous-sols, les caves dans les immeubles haussmanniens étaient occupés par le
stockage des marchandises, le rez-de-chaussée par le commerce et le 1er étage par les
gens les plus aisés. Et plus on montait, plus on avait les gens modestes.
Est-ce que l’on va prendre le sous-sol pour le mettre en dehors de la ville et l’on va en
faire une zone d’entrepôts ? Est-ce que l’on va prendre le commerce, le mettre en dehors de la ville pour en faire une zone commerciale et le 1er étage on en fait une zone
résidentielle ? Etc.
Je regrette le démontage de ces immeubles, qui était très intégratif. Aujourd’hui on a
cette espèce d’envie de remonter des choses comme cela et c’est excessivement difficile et extrêmement complexe.
On commence à y arriver, comme à Beaucouzé, mais quand on parle de villas urbaines,
on a tout sous les yeux. Quand vous allez à Trélazé, les maisons ouvrières les unes à
côté des autres ou les corons du Nord, ce sont des villas urbaines, c’est la forme qui
change, c’est l’architecture qui change mais c’est le même principe.
Je crois que l’exemple haussmannien nous donne une très bonne réponse d’une ville
tout à fait adorable, tout à fait habitable et pas oppressante.
Je crois qu’aujourd’hui on est en train de relire ce que l’on a fait avant, on va le relire
d’une manière différente avec le regard que l’on a aujourd’hui sur notre société.
Pierre JAHAN, architecte
Pour compléter ce que dit mon confrère, je crois qu’il ne faut pas oublier qu’autrefois,
avant les années 60-70, la ville se reconstruisait sur elle-même; il ne faut pas l’oublier ça.
Peu importe la forme architecturale, et je rejoins mon confrère Jean-Pierre LOGERAIS,
ce qui compte c’est le modèle urbain que l’on est en train de retrouver en fait.
Pourquoi la ville se construisait sur elle-même ? C’est parce qu’avant on n’avait pas les
moyens techniques que l’on a eus après guerre.
On a toujours les moyens techniques que l’on a eus après guerre, mais on revient à un
urbanisme différent, que l’on a connu au début du xxe siècle jusqu’à la dernière guerre
mondiale.
Jean-Pierre DUCOS
Pour conclure ce premier atelier sur la densité, je voudrais donner la parole à Laurent
COLOBERT, pour qu’il nous donne, juste en deux minutes, l’état d’esprit de la politique
départementale qui aborde cette question-là, pour revenir dans l’actualité du moment.
Laurent COLOBERT, chef du Service Habitat et Solidarité au Conseil général
Je n’ai pas demandé la parole, tu me la donnes. Je dirais que ce que j’ai
entendu aujourd’hui sur la densité correspond bien à ce que l’on pensait.
En effet, quand on avait préparé un petit peu ce premier atelier, on s’est
dit, et c’est un peu ce qu’a dit Bruno LETELLIER, que la densité est un
gros mot et qu’il fallait plutôt parler de problématiques de formes urbaines, de diversification des formes pour répondre aux besoins diversifiés en logement
des différentes populations.
Aujourd’hui, le département dans sa nouvelle politique départementale de l’habitat a
divers objectifs. Ma voisine parlait tout à l’heure du danger des tours, des formes urbaines qui génèrent la promiscuité ou qui peuvent générer de la promiscuité ou en tout cas
du mal vivre. Je crois qu’il y a aussi un vrai problème dans ce département, qui n’a pas
été abordé, c’est que l’on a eu un urbanisme sur les dix ou quinze dernières années,
et (ça n’engage que moi et je le dis quand même), on a eu des champs de maisons,
La question de la densité
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des tablettes de chocolat, comme disait Monsieur MALGAT. Aujourd’hui, nous, dans la
politique du département, à travers un certain nombre d’outils, on veut inciter les collectivités à produire des zones diversifiées à l’exemple de ce que l’on là à l’image, mais pas
seulement dans les villes mais aussi dans les communes rurales, dans les centre-bourgs
afin qu’il y ait vraiment une diversité des formes.
Le discours que je tiens dans les communes que je rencontre aujourd’hui, c’est de
leur dire que ce n’est pas avec la maison individuelle pavillonnaire sur 1 500 m2 que
l’on répond à tous les besoins de toutes les populations, jeunes, personnes âgées ou
familles.
Et puis aujourd’hui, on me rétorque souvent que la demande majoritaire c’est la maison
sur 1 500 m2, individuelle, pavillonnaire, or, je crois que la demande est formatée par
l’offre que l’on fait.
Aujourd’hui, il faut essayer de construire un nouveau modèle d’aménagement. On a
mis en place un dispositif avec le CAUE et la SODEMEL et on va travailler avec les collectivités sous formes d’appels à projets. On va financer et accompagner les concours
d’urbanisme dans les collectivités sur des zones à aménager.
L’idée et la volonté de la collectivité départementale c’est d’être très en amont et d’essayer d’inscrire de nouveaux modes d’aménagement des zones d’habitat.
Jean-Pierre DUCOS
Nous avons débordé de vingt bonnes minutes, mais le sujet le nécessitait sans doute.
Je remercie les intervenants, l’ensemble des participants et je vous donne rendez-vous
le 27 janvier pour le prochain atelier.
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La question de la densité
Liste des participants
BALLARINI Michel, directeur de la SODEMEL
BANNÈS Christophe, architecte
BASTIDE Jean-Pierre, architecte
BELE Richard, urbaniste
BOIREAU Sébastien, AURA
BUDAIL Serge, conseiller municipal de Villevêque
CAILLEAU Michel, adjoint au maire de Bouchemaine
CAILLEAU Jean-Grégoire, architecte
CHAPELET Claire, architecte CAUE 49
CHAZOT Jacques, adjoint Urbanisme Chalonnes-sur-Loire
CHEVALIER Joël, urbaniste
CHEVROLLIER Guillaume, directeur de programmes FRANCELOT
CHOUTEAU Julien, service Urbanisme Ville de Cholet
COLOBERT Laurent, service Habitat et Solidarité Conseil général
COTTENCEAU Benoît, directeur FONCITER SAS
DEGROTTE Vincent, directeur CAUE 44
DELOURMEL Géraldine, directrice adjointe dept Territoires Angers Loire Métropole
DENIS-CALLIER Bernard, architecte
DEVALENCE Coline, urbaniste Angers Loire Métropole
DOUESNEAU Luc, architecte
DUCOS Jean-Pierre, adjoint au directeur du CAUE
DUQUOC Bruno, architecte
DURAND Roselyne, adjointe Ville de Cholet
DURET Emmanuel, géomètre-expert
DUVERGER Nicolas, directeur du CAUE de la Sarthe
DE FERRIERES Joseph, géomètre-expert - TOPLIGER Angers
GAIGNARD Michel, architecte
GAUTIER Pascal, architecte de la Ville d’Angers
GOURNAY Yves, aménageur foncier
GREGOIRE Bernard, architecte
GUIHAIRE Vincent, géomètre-expert
HADRY Jérémy, chargé d’opération CAC
IZZO Jacques
JAHAN Pierre, architecte
JOULAIN Yves, adjoint Urbanisme Mairie Saint-Mathurin-sur-Loire
LEULIER Isabelle, architecte à l’AURA
LOGERAIS Jean-Pierre, architecte
QUINIOU Emmanuelle, directrice de l’AURA
LAIRE Pierre-Yves, prospecteur Foncier
LETELLIER Bruno, directeur du CAUE
LEON Dominique, gérant SARL Lotisseur
MALGAT Jean-Luc, chef Service Prospective Amanegement Dévelopt Durable DDE 49
MANCEAU Denis, directeur Services Techniques Ville de Trélazé
MARIA Jean-Charles, directeur général de la SARA
MARTIN Guy, mairie de la Meignanne
MENARD Philippe, gérant Urbanisme
METIVIER Patrice, président de l’AUGO
MICHEL Yannick, chargé d’opération NEXITY
MICHEL Bernard, maire de Saint-Martin-du-Fouilloux
MONTOT Nathalie, AURA
OAKFORD Richard, architecte
REBOUL Agnès, urbaniste Angers Loire Métropole
ROBINSON-BEHRE Jeanne, adjointe Urbanisme-Aménagement Mairie Avrillé ROGER Jean-Luc, architecte
ROGER Didier, SODEMEL
ROISNARD Stéphane, architecte
ROISNE Didier, maire de Beaucouzé
SAMSON Emmanuel, architecte
SOUMAGNE Jean, professeur d’Université
SUREAU Karine, responsable Urbanisme Mairie Saint-Sylvain-d’Anjou
TRÉNIT François, architecte CAUE 49
Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage
312 avenue René Gasnier - 49 100 Angers
Tél. 02 41 22 99 99 (CAUE de Maine-et-Loire) - [email protected] - www.matp-angers.eu
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