Histoire de la fixation de la date de la fête de Pâques et de
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Histoire de la fixation de la date de la fête de Pâques et de
Histoire de la fixation de la date de la fête de Pâques et de son calcul Damien W YART [email protected] 13 mars 2002 Séminaire-laboratoire Pensée des sciences, ENS/Ulm « É, ’, : Sur les calendriers, on ne sait pas ce que c’est. » Gustave F, Dictionnaire des idées reçues, 1879. Page 2 Introduction Introduction Page 3 Introduction Interrogations intuitives – Pour quelles raisons la date de Pâques change-t-elle chaque année ? – Comment cette date est-elle déterminée ? – Peut-on connaître cette date pour une année donnée sans utiliser un calendrier ? – Ces dispositions vont-elles changer un jour ? – Quelles sont les applications pratiques de tout cela ? Page 4 Introduction Mes objectifs – Aspects historiques du comput (notions et techniques utilisées pour déterminer Pâques). – Synthèse non-technique de mes recherches sur les aspects algorithmiques des calendriers. – Partager cette passion. Vulgariser ces questions très peu connues des non-spécialistes. Page 5 Introduction Vos objectifs – Origine et signification des principaux éléments du comput, dont la date de Pâques. – Algorithme de G. – Quelques aspects quotidiens ou insolites qui sont liés au caractère mobile de la fête de Pâques. Page 6 Introduction Remarques 1. Exposé non exhaustif : thème très riche. 2. Aspects laissés de côté : – questions théologiques, – détails historiques précis, – détails bibliographiques. 3. Vous pouvez poser des questions au cours de l’exposé. Page 7 Introduction Plan 1. Quelques anecdotes personnelles. 2. Aspects concernant l’histoire religieuse et le comput. 3. Aspects directement liés à l’histoire des sciences. 4. Sélection d’aspects plus anecdotiques. 5. Conclusion. Page 8 Introduction Points de repère importants 325 525 1582 Travaux de Denis le Petit Concile de Nicée Réforme grégorienne du calendrier 1800 1876 1941 1997 après J.C. Dernier algorithme d’O Algorithme de G Algorithme anonyme de Nature Page 9 Algorithme de L (échelle non linéaire) Première partie : Quelques anecdotes personnelles Première partie : Quelques anecdotes personnelles Page 10 Première partie : Quelques anecdotes personnelles Calcul de la date de Pâques : très anecdotique, très peu connu du « grand public ». Pourquoi s’y intéresser ? Vieux livre de récréations mathématiques, qui présentait (de manière erronée !) l’algorithme de G pour déterminer Pâques. Obtention de quelques articles classiques, recherche des références citées. Et ainsi de suite... Une passion ! Page 11 Première partie : Quelques anecdotes personnelles Actuellement – Plusieurs centaines de références bibliographiques – Projet de livre (en collaboration) pour présenter les différents aspects du comput. Documentation disponible : éparpillée, souvent ancienne. – Plus de recul sur ce sujet et ses multiples facettes. – Intérêt marqué pour les calendriers en général (pas uniquement la date de Pâques !). Page 12 Première partie : Quelques anecdotes personnelles Thème très riche Comput ecclésiastique recouvre : – théologie, – histoire, diplomatique et chronologie, – épistémologie, – hémérologie (science des calendriers), – astronomie, – mathématiques (pas seulement amusantes), – informatique, théorique (algorithmique) et pratique (dates), – horlogerie... Vie quotidienne : vacances scolaires, jours fériés, fabricants de calendriers et d’agendas... Page 13 Deuxième partie : Aspects concernant l’histoire religieuse et le comput Deuxième partie : Aspects concernant l’histoire religieuse et le comput Page 14 Deuxième partie : Aspects concernant l’histoire religieuse et le comput Quand la fête de Pâques a-t-elle lieu ? Pâques est le dimanche qui suit immédiatement la première pleine lune venant après (ou le jour même de) l’équinoxe de printemps (qui tombe toujours le 21 mars pour la lune fictive du comput). Concile de Nicée : 325 après .. Impose Pâques entre le 22 mars (inclus) et le 25 avril (inclus). Page 15 Deuxième partie : Aspects concernant l’histoire religieuse et le comput Origines et significations de la fête de Pâques À l’origine, Pâques = fête célébrant les moissons à venir. Fixée à la première pleine lune du printemps. Coïncidence avec la fuite vers l’Égypte : modifie sa charge symbolique. Dans le calendrier juif, date fixe. Chez les chrétiens, deux camps : fêter la Cène, la veille de la passion et de la mort du Christ, ou fêter sa résurrection. Chrétiens d’Asie (proches de la tradition juive) : optent pour la première solution. Pâques au 14 Nisan (la Cène : repas de la Pâque juive). Page 16 Deuxième partie : Aspects concernant l’histoire religieuse et le comput Vers la définition actuelle Fin du e siècle : Victor er impose la célébration de la résurrection du Christ. Excommunie les réfractaires. Hésitation subsiste : suivre à la lettre le calendrier juif ou conserver une allusion au dimanche (jour du constat de la résurrection) ? Polémiques jusqu’au concile de Nicée, en 325. Adoption de la règle très générale citée précédemment. Divergences résiduelles pendant plusieurs siècles. Page 17 Deuxième partie : Aspects concernant l’histoire religieuse et le comput La lune fictive du comput Détermination de la date de Pâques relativement compliquée car liée au calendrier juif (basé sur les cycles solaires et lunaires). Calendrier grégorien : cycle solaire uniquement. Attendre chaque année le nouveau croissant de lune ? Non : Plus commode (et plus simple techniquement) d’établir la date de Pâques longtemps à l’avance. Utilisation d’une lune fictive moyenne (lune du comput). Calcul introduit en 525 par Denys le Petit (inventeur de l’ère chrétienne). Fixe le calendrier julien par la même occasion. Page 18 Deuxième partie : Aspects concernant l’histoire religieuse et le comput La réfome grégorienne Imperfections du calendrier julien : consternation parmi les dignitaires de l’Église chrétienne. Maintien du pouvoir : réforme compliquée. Clavius (un des auteurs de la réforme grégorienne de 1582) reconnaît : on aurait pu en profiter pour fixer la date de Pâques, ou la rendre presque fixe (en choisissant par exemple le premier dimanche d’avril). Page 19 Deuxième partie : Aspects concernant l’histoire religieuse et le comput Les Orthodoxes Certains orthodoxes (Grèce) : se basent sur le calendrier julien. Transition difficile vers une nouvelle définition unifiée et astronomique du comput. De la fête juive de Pessah à la date de Pâques dans le calendrier grégorien : calculs de plus en plus sophistiqués. Page 20 Deuxième partie : Aspects concernant l’histoire religieuse et le comput Pâques unifié ou fixé ? Congrès d’Alep (mars 1997) : tentative d’adoption d’une nouvelle définition unifiée pour Pâques, basée sur la lune réelle (méthodes modernes de prévision très précises). 2001 : concordance de Pâques en julien et en grégorien. Opportunité d’amorçage. Églises orthodoxes : réticentes à ce changement. Abandon du projet. Définition actuelle : n’est plus menacée. Fixation de cette fête très peu probable. Page 21 Deuxième partie : Aspects concernant l’histoire religieuse et le comput Éléments du comput Pourrait constituer un exposé à part entière. Liste extrêmement succinte de ces notions. La lettre dominicale : liée à la position relative des dimanches dans une année. Le nombre d’or : rang d’une année dans un cycle privilégié de périodicité de la lune par rapport à notre calendrier. L’épacte (introduite par la réforme grégorienne) : clé de voute du comput. Représente l’âge de la lune fictive au 1er janvier, diminué de un. Date de Pâques d’une année : combinaison de ces trois quantités. Page 22 Troisième partie : Aspects liés à l’histoire des sciences Troisième partie : Aspects liés à l’histoire des sciences Page 23 Troisième partie : Aspects liés à l’histoire des sciences Calendrier julien : seule façon de connaître la date de Pâques = consultation de tables. Pas de formules ! Tables : nombre d’or et lettre dominicale sur de longues périodes (épacte non utilisée pour le calcul de la date de Pâques en style julien). Table perpétuelle sur tout le cycle pour le calendrier julien. Impossible en style grégorien. Comput (une étymologie de computer) : principale motivation pour le développement de l’arithmétique à cette époque. Page 24 Troisième partie : Aspects liés à l’histoire des sciences Méthode de Gauss (1) Première méthode complètement basée sur l’algèbre. Publiée en 1800 (Gauss a 23 ans). Sa mère voulait savoir quel jour il était né. Un mercredi, huit jours avant une fête de l’Ascension. G : résout le problème le 16 mai 1800 (journal) Très grande influence. Caractère très frappant (à l’époque). Fonctionnement non calqué sur les tables officielles. Page 25 Troisième partie : Aspects liés à l’histoire des sciences Méthode de Gauss (2) Continue de susciter des publications. Nombreux auteurs (parmi les plus connus : C, D, G, B, O, G) : démonstrations, corrections, généralisations. G : rectifie lui-même quelques années plus tard. G également célèbre pour sa méthode de détermination de la date grégorienne de la Pâque juive (fixe dans le calendrier juif). Publiée en 1802. Sans erreur. Problème beaucoup plus difficile. Page 26 Troisième partie : Aspects liés à l’histoire des sciences Passage célèbre : G explique pourquoi il ne démontre pas ses formules. Termine une de ses œuvres les plus importantes (il est encore très jeune !) : les Disquisitiones arithmeticae, publiées en 1801. Pose les fondations de l’arithméthique moderne et de la théorie moderne des nombres. Exemple : notation actuelle des congruences d’entiers Page 28 Troisième partie : Aspects liés à l’histoire des sciences La méthode de Gauss (3) (1) Y ←− année (2) a ←− Y mod 19 (3) b ←− Y mod 4 (4) c ←− Y mod 7 (5) ←− k (6) (7) p ←− q ←− Y 100 8k + 13 25 k 4 Page 29 Troisième partie : Aspects liés à l’histoire des sciences La méthode de Gauss (4) (8) M ←− 15 + k − p − q (9) N ←− 4+k−q (10) d ←− (19a + M) mod 30 (11) e ←− (2b + 4c + 6d + N) mod 7 le (22 + d + e − 7) mars date de Pâques ←− ou le (22 + d + e) mars Page 30 d = 29 et e = 6 si sinon. ou d = 28, a > 10 et e = 6 Troisième partie : Aspects liés à l’histoire des sciences La méthode de Gauss (5) En 2002 : a = 7, b = 2, c = 0, k = 20, p = 6, q = 5, M = 24, N = 19, d = 7 et e = 2. Pâques : 31 mars 2002. Page 31 Troisième partie : Aspects liés à l’histoire des sciences Quelques autres méthodes importantes Nombreux auteurs : méthodes « plus générales », plus « simples », etc. Très subjectif. Principaux algorithmes de détermination de Pâques : – Algorithmes d’origine française : F (1813), D (1815–1821), A (v. 1917), O (1940–1941), T (1992). – Algorithmes italiens : C (1817), G (1818), – Algorithmes anglo-saxons : le fameux anonymous New-York correspondant de la prestigieuse revue Nature (1876), B (1877), K (1962), O’B (1965), B (avec C et G, 1982), C (1986 ?), M (1995), R (1998). – Algorithmes allemands : G (1800, corrigé en 1807 et 1816), P (1841), L (1997). Page 32 Troisième partie : Aspects liés à l’histoire des sciences Beaucoup d’autres... Plus de simplicité → période réduite de validité des calculs. Cycle pascal complet : période de 5 700 000 ans dans le calendrier grégorien. Concepteurs très confiants en sa pérennité... Page 33 Quatrième partie : Sélection d’aspects plus anecdotiques Quatrième partie : Sélection d’aspects plus anecdotiques Page 34 Quatrième partie : Sélection d’aspects plus anecdotiques Méthodes basées sur les doigts de la main Méthodes mnémotechniques étudiées et exposées dans deux articles (1926–1928) par Florian C (célèbre historien et épistémologue des mathématiques). Datent souvent de plusieurs siècles. Permettent de retenir certaines tables en associant des éléments à des phalanges. Il faut mémoriser des données annexes. Page 35 Quatrième partie : Sélection d’aspects plus anecdotiques L’horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg Thème extrêmement riche. Plusieurs livres sur ce sujet. Réalisation très impressionnante (achevée en 1842, après 40 années de réflexion et de conception et 4 années de construction). Beauté, soin apporté à sa réalisation, ampleur du travail nécessaire à sa construction : remarquables ! Horloge de Copenhage : seule à avoir un mécanisme de comput aussi général. Page 37 Quatrième partie : Sélection d’aspects plus anecdotiques Nomogramme de Damien Garrigues Publié en 1939. Remarquable dans le contexte de l’époque. Page 40 Quatrième partie : Sélection d’aspects plus anecdotiques La montre Calibre 89 de Patek Philippe Seule montre mécanique qui calcule la date de Pâques. Montre la plus compliquée jamais réalisée (1728 pièces). Fonctions : Heures, minutes et secondes du temps sidéral - Heures pour un second fuseau horaire - Heures de lever et de coucher du soleil - Equation du temps - Régulateur à tourbillon Calendrier perpétuel - Correction séculaire de l’année bissextile - Date du mois - Siècle, décade, année - Jour de la semaine - Mois de l’année - Cycle de quatre ans des années bissextiles Aiguille du soleil (saisons, équinoxes, solstices et signes du zodiaque) - Carte du ciel - Age et phases de la lune - Date de Pâques - Chronographe - Rattrapante - Compteur totalisateur sur 30 minutes - Compteur totalisateur sur 12 heures - « Grande sonnerie » avec carillon - « Petite sonnerie » avec carillon - Répétition minutes - Réveil - Indication de réserve de marche du train principal - Indication d’armage du train de sonnerie - Blocage de sécurité du train de sonnerie en fin de course - Double barillet avec remontage différentiel - Dispositif de mise à l’heure et de remontage à quatre positions - Indication de la position de la couronne. Pas vraiment de calcul de Pâques : mécanisme (breveté) affiche la date précalculée et « stockée » grâce à des rouages spécialement étudiés. Page 42 Conclusion Conclusion Page 44 Conclusion Plusieurs aspects complémentaires du comput ecclésiastique : histoire, principes, rapport avec notre calendrier, étude par les mathématiciens au cours des siècles, applications insolites. Difficile de résumer de façon intéressante et pertinente un sujet aussi riche. Présentation rapide de plusieurs points de vue très différents. Compromis : niveau de détail, nombre d’aspects de la question abordés, caractère anecdotique de certains exemples et trame générale du sujet. Page 45 Conclusion Merci d’être venus assister à cette présentation ! Des questions ? Des avis sur cet exposé ? Transparents disponibles en ligne : <http://damien.wyart.free.fr/paques.pdf> Me contacter par courrier électronique pour obtenir des précisions supplémentaires... Page 46