Kérity Dossier Pédagogique Enseignement Catholique de la

Transcription

Kérity Dossier Pédagogique Enseignement Catholique de la
Document de travail
pour une approche de l'oeuvre
Rédigé par Yannick QUILLET
Formation cinéma
Enseignement Catholique
octobre 2010
Filmographie de d. monféry
Introduction
Les contes et les personnages de conte nous
ramènent immanquablement à notre enfance. L'un se souviendra d'un parent ou d'une enseignante lui racontant les aventures de tel ou tel héros ;
l'autre se souviendra de l'ouvrage un peu abîmé qu'on
feuilletait avec précaution car il avait déjà fait rêvé les
générations passées...
C'est à la rencontre des héros traditionnels que nous
convie ce film de Dominique Monféry, Kerity, la maison des contes.
C'est assurément un support intéressant pour faire
découvrir ou redécouvrir à des enfants de primaire
ces contes classiques. Mais, il ne faudrait pas réduire
l'oeuvre, car c'en est une, à un discours seulement pédagogique. Aussi, ce dossier vise à donner des pistes
pour approcher ce film dans toutes ses dimensions.
2009
2006
2003
Bibliographie de R. DAUTREMER
2010
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2009
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Elvis, texte de Taï-Marc Le Thanh, Gautier-Languereau
Le loup de la 135e, Seuil Jeunesse
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Séraphin Mouton, série d'albums de Taï-Marc Le Thanh, GautierLanguereau
Nasreddine et son âne, texte d'Odile Weulersse, Père Castor
Flammarion
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2007
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2006
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La tortue géante des Galapagos, tragédie en cinq actes pour
une coccinelle, un moustique et 8 animaux de ferme, GautierLanguereau
Le grand courant d’air, de Taï-Marc Le Thanh, Gautier-Languereau
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Cyrano, de Taï-Marc Le Thanh, Gautier-Languereau,
Nasreddine, textes Odile Weulersse, Père Castor Flammarion
Sentimento, de Carl Norac, Bilboquet
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Lili la libellule, de Florence Jenner Metz, Bilboquet
Princesses oubliées ou inconnues…, de Philippe Lechermeier,
Gautier-Languereau
2005
Introduction
Filmographie de D. Monféry
Bibliographie de R. Dautremer
1- Le Film
2- Analyse filmique : Découpage séquentiel
3- Un genre : le cinéma d'animation / Le Dessin animé
4 - Analyse thématique
5- Trame d’Exploitation pédagogique d’un film
6- Propositions pédagogiques autour du film
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2004
2003
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2002
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2001
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Ce dossier a été rédigé par Yannick Quillet. Il a été réalisé
dans le cadre d’une formation à destination des enseignants
des écoles catholiques de la Mayenne, en lien avec la programmation du dispositif Ciné-enfants mené par l’association
“Atmosphères 53” sur le département.
Aucune exploitation commerciale de ce dossier ne peut être
faite sans l’autorisation de l’auteur. Le contenu est disponible
sous GNU Free Documentation License. Toutes les
photographies et visuels du film ont la propriété de
2
Gaumont-Alphanim, La Fabrique, Lanterna Magica.et Haut et Court.
Alice au pays de merveilles, de Lewis Carol, à paraître fin 2010.
Le prince heureux, d'Oscar Wilde, Le livre de poche jeunesse
La septième fille du Diable (Tome 1) : La Prophétie, Alain Surget,
Père Castor Flammarion
Kérity, la Maison Des Contes, texte d'Anik Leray, Père Castor
Flammarion.
Journal secret du Petit Poucet, texte de Philippe Lechermeier d'après Charles Perrault, Gautier-Languereau
Art Book, monographie/carnet de route annoté par Rebecca
Dautremer, Editions du Chêne
Swing Café, texte de Carl Norac, Didier Jeunesse
2008
Sommaire
Kérity, la maison des contes
Franklin et le trésor du lac
Destino
Babayaga, de Taï-Marc Le Thanh, Gautier-Languereau
L’Amoureux, Gautier-Languereau
Je suis petite, mais… mon arbre est grand ! de Christine Beigel,
Magnard jeunesse
Le Livre qui vole de Pierre Laury, Bilboquet
Une lettre pour Lily la licorne de Christian Pochon, GautierLanguereau
•
Le Géant aux oiseaux de Ghislaine Biondi, Gautier-Languereau
Les deux mamans de Petirou de Jean-Vital de Monléon, GautierLanguereau
Les fables de La Fontaine, Magnard jeunesse
•
•
Le ciel n'en fait qu'à sa tête, Gautier-Languereau
Tant espéré, tant attendu de Diane Cadieux, Gautier-Languereau
•
Au clair de la terre, Gautier-Languereau, 1997.
•
La Chèvre aux loups de Maurice Genevoix, Gautier-Languereau
•
L'Enfant espion d'Alphonse Daudet, Deux Coqs d'Or
2000
1997
1996
1995
1- Le Film
Fiche technique et artistique
Kérity, La Maison des Contes
Réalisation Dominique Monféry.
Création graphique originale Rébecca Dautremer.
D'après un scénario original de Anik Le Ray.
Scénario Anik Le Ray
Alexandre Révérend.
Développement
Henri Heidsieck.
Story board
Dominique Monféry
Rémi Chaye.
Direction artistique
Rébecca Dautremer
Richard Despres.
Directeur Compositing Raphaël Vincente-Zamarreno.
Chef monteur Cédric Chauveau.
Musique originale Christophe Heral.
Post-production image MIKROS IMAGE - ARANE.
Post-production son ELUDE.
Production exécutive
Jean-Pierre Quenet
Jean-Baptiste Lère
Anne–Sophie Vanhollebeke.
Direction de production
Thierry Pinardaud
Elena Toselli.
Producteurs délégués
Clément Calvet
Christian Davin
Maria Fares
Roberto Baratta
Xavier Julliot.
Produit par Clément Calvet.
Avec les voix de : Jeanne MOREAU, Julie GAYET,
Liliane ROVERE, Pierre RICHARD, Denis PODALYDES (sociétaire de la Comédie-Française), Lorant
DEUTSCH,GONZALES.
Production
Gaumont-Alphanim,
La Fabrique,
Lanterna Magica
Distributeur
Haut et Court
Synopsis
Natanaël a bientôt 6 ans mais il ne sait toujours pas lire…
Lorsque sa tante Eléonore lui lègue sa bibliothèque contenant des centaines de livres,
Natanaël est très déçu !
Pourtant chacun de ces contes va livrer un
merveilleux secret : à la nuit tombée les petits héros, la délicieuse Alice, la méchante
fée Carabosse, le terrible capitaine Crochet,
sortent des livres...
Ils doivent prévenir Natanaël qu’ils courent
un grand danger et risquent de disparaître à
jamais.
Pour sauver ses minuscules amis et leurs
histoires, Natanaël, rétréci par la Fée Carabosse, se lance dans l’aventure !
Il affrontera vaillamment le très fourbe Pictou, les crabes géants, l’Ogre affamé...
Arrivera-t-il à temps à lire la formule magique qui les sauvera tous ?
Ce n'est pas parce que c'est inventé que ça
n'existe pas !
http://www.hautetcourt.com/fiche.php?pkfilms=154/
Sortie le 16 décembre 2009
France - Couleurs - 1 h 20 - visa 119 813
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 Dominique Monféry Réalisateur
Gaumétou, et le studio Welldone Films dont Dominique Monféry fut l'initiateur, dans le but de sauvegarder et réutiliser les compétences de l'ancienne équipe
du studio Disney.
Dominique Monféry est un
réalisateur français, également superviseur d'effets
visuels. Concernant son parcours, il affirme que comme
beaucoup de monde, il est
tombé dans le dessin animé
tout petit, et qu'en grandissant il a cherché à réaliser
sa passion. Passé par les arts appliqués à Roubaix puis
aux Gobelins pendant deux ans, il a commencé à travailler à France Animation comme layoutman, sur des
séries célèbres telles que Les Mondes Engloutis et Rahan, puis sur les moins connus Polluards. Il a travaillé
également sur les aventures de Pif et Hercule dans un
autre studio, pour finalement intégrer le studio Walt
Disney Feature Animation France.
" Pour l'anecdote, le nom de la société vient d'un amusant réflexe que je répétais quand nous étions en phase
de production de séquences
animées. Je disais systématiquement « well done »,
c'est-à-dire « bien joué »
quand le travail allait dans
le bon sens. Au moment de
baptiser notre projet d'entreprise, l'expression est tout
naturellement revenue en
guise de clin d'oeil de la part
de mes associés et elle a été
adoptée." (ibid.)
Depuis, Dominique Monféry a réalisé Franklin et le
trésor du lac en 2006, a été animateur sur le film Igor
Ce studio d'animation situé à Montreuil-sous-Bois (2008) et a réalisé enfin Kérity, la maison des contes
(France) a travaillé à la fois sur des longs-métrages et en 2009.
des séries animées télévisées. Créé par Gaëtan et Paul
Brizzi, le studio Brizzy Films fut racheté par la Walt
Disney Company en septembre 1989. En 1994, il fut  Rébecca Dautremer intégré à l'empire Disney sous le nom de Walt Disney
Feature Animation France.
Au début, on y travaille pour Disney télévision sur
plusieurs séries, puis le studio est passé dans le giron de la division long métrage. D'assistant animateur, Dominique Monféry est passé à animateur, puis
à chef animateur sur Dingo et Max, pour redevenir
animateur sur Le bossu de Notre Dame, qui représente
le premier vrai morceau de bravoure. "J'ai supervisé
des animations sur Hercule, avec la charge des personnages du Cyclope et des Titans, puis de la panthère
au début de Tarzan. J'ai managé l'équipe française sur
Kuzco, qui reste l'un de mes moments préférés. Parallèlement, nous avons réalisé quelques courts métrages et quelques commandes spécifiques. Parmi ces
sujets, il y a eu l'actualisation du projet Destino, initié
par Walt Disney et le peintre Salvador DALI, qui fut
nommé aux Oscars dans la catégorie meilleur court
métrage d'animation. Ensuite, les grands chambardements au sein de la maison mère Disney ont remis en
cause nos espoirs d'expansion et de développement,
pour aboutir à une triste fermeture à l'automne 2003."
(Interview au magazine Anime Land, mai 2004)
4
Illustratrice
Rébecca Dautremer est une
illustratrice française, née à
Gap en 1971. Passionnée par
la photographie, elle quitte
l’Isère pour suivre les cours
de l'ENSAD (Arts Décoratifs) de Paris, avant de devenir graphiste et illustratrice à la suite d'une rencontre imprévue avec la directrice artistique des éditions Gautier Languereau qui va
changer le cours de son destin.
Ainsi, son nom apparaît pour la première fois sur un
album L’Enfant espion en 1995, puis La Chèvre aux
loups l'année suivante. Le particularisme de son trait,
la richesse des couleurs, ses personnages inspirés des
fées et la poésie qui en émane lui donnent un véritable
style reconnaissable entre tous.
Dans les années 2000 elle collabore avec de nombreux auteurs pour Les Fables de La Fontaine, Le
Géant aux oiseaux, Une lettre pour Lily la licorne ou
encore Princesses oubliées ou inconnues.
Suite à cette fermeture, deux structures furent créées par les anciens salariés du studio En plus de l'édition, elle travaille pour la presse jeuWalt Disney Feature Animation France : le nesse, et ponctuellement pour la publicité (parfum
studio Néomis Animation dirigé par Bruno Kenzo).
Elle est également auteure de plusieurs albums, dont
certains ont été adaptés en pièces de théâtre, ce qui l'a
amenée à concevoir les costumes et la scénographie
d'autres spectacles ( Seule dans ma peau d’âne, mise
en scène d'Estelle Savasta ).
Elle a enseigné à l'École Émile Cohl, à Lyon et a assuré la direction artistique du film d'animation : Kérity,
la Maison Des Contes.
Sa technique de prédilection est la gouache. Certains
de ses originaux sont visibles à La Galerie Jeanne
Robillard, à Paris,10e. Elle est l'épouse de Taï-Marc
Le Thanh, auteur de plusieurs ouvrages qu'elle a illustrés.
 Des avis sur le film
Première - Véronique Le Bris (Déc. 2009)
Télérama - Pierre Murat (16 déc. 2009)
Le plus réussi, c'est le gra­phisme : une magie de
couleurs vives... Le camaïeu de rouges et d'ocres que
la graphiste Rebecca Dautremer a imaginé pour la
bibliothèque est une splendeur, à la fois chatoyante
et chaleureuse. Les lumières changeantes éclairent
successivement un détail carmin, un autre plus
magenta. C'est magnifique...
Ces livres, tous ces livres, Natanaël, un petit garçon
de 7 ans, les reçoit en héritage et il en est tout déçu.
Pourquoi la chère tante Eléonore, généralement si
bien inspirée, lui a-t-elle fait ce cadeau, à lui qui ne
sait toujours pas lire ?
Échappés des collections originales accumulées par
la vieille dame, les person­nages des contes (Alice,
le Petit Chaperon rouge et le Grand Méchant Loup,
curieusement très amis, Pinocchio et le Chat botté)
révèlent vite à Natanaël le danger qui les guette. Une
menace mortelle. Et que deviendraient les enfants du
monde entier si, soudain, leurs héros favoris venaient
à disparaître ? Les péripéties se succèdent, légères
et attendrissantes, surannées au point d'en redevenir
merveilleuses. Avant que Natanaël devienne, enfin,
le sauveur que tout le monde es­père, on éprouve un
drôle de pincement de coeur lorsque toutes ces petites
silhouettes, traquées par les méchants, deviennent peu
à peu transparentes : elles semblent, alors, se vider
de leurs couleurs, comme les êtres humains de leur
sang...
C’est sans doute l’un des films pour enfants les moins
attendus de cette fin d’année et pourtant l’un des plus
réussis. Tout y est charmant : les dessins colorés,
crayonnés et scratchés au cutter pour amplifier l’aspect
un peu suranné des décors, le graphisme savamment
étudié, les personnages très attachants de la famille du
petit garçon, et tout simplement l’histoire, originale
et intelligente. Conçu à partir des classiques de la
littérature enfantine, ce conte initiatique, dédié de
manière un peu didactique à l’apprentissage de la
lecture, est aussi un film d’aventure riche en suspense Excessif.com - Eric Vernay (Déc. 2009)
dont on ressort grandi, que l’on ait 7 ou 77 ans..
Kérity, la maison des contes réunit une solide équipe
artistique : Dominique Monféry, homme d'expérience
Le Monde - Jean-Luc Douin (15 déc. 2009)
à qui l'on doit la mise en scène de dessins animés
C'est à partir d'un album de l'illustratrice Rebecca Disney (Hercule, Tarzan, Kuzco l'empereur mégalo),
Dautremer (Flammarion) que Dominique Monféry s'est associé à l'illustratrice de livres pour enfants
a animé ces personnages jadis créés à la gouache. Rébecca Dautremer (Princesses, Elvis, Cyrano),
N'importe quel enfant pourra reconnaître ces héros ainsi qu'à de prestigieux acteurs au doublage (Denis
de contes célèbres, que la créatrice a débarrassés de Podalydès, Pierre Richard, Jeanne Moreau) pour
leur profil habituel - droits d'auteurs ? - tel le Petit donner vie à ce film d'animation français. Est-ce
Chaperon rouge vêtu d'un bonnet péruvien et d'un suffisant pour enchanter les salles obscures ? En
poncho, et égayés d'un rien d'humour (les sept nains grande partie, oui.
empêchent Blanche Neige d'avaler une pomme). Ce Basé sur un scénario original d'Anik Leray, Kérity,
relookage est un rien décevant, car il ôte aux créatures la maison des contes est une histoire brodée main, à
une partie de leur personnalité. Mais pas un enfant qui, l'artisanal, entièrement dédiée à la maxime suivante :
« Ce n'est pas parce que c'est inventé que ça n'existe
sachant lire ou pas, n'aura envie d'avaler ces livres.
C'est d'ailleurs le but de ce récit pimpant, initiatique, pas. » Cette phrase paradoxale prônant la vérité du
au graphisme original qui oscille entre un décor conte, le petit héros de Kérity ne peut la déchiffrer,
familier et un réalisme fantastique parfois kafkaïen lorsqu'il pénètre dans la bibliothèque que lui a léguée
(lorsque les rêves de Natanaël l'entraînent dans des sa grand-mère. Natanaël, 7 ans, ne sait pas
5
dédales de pages imprimées sous une pluie de lettres lire, et il en souffre, devant faire face aux
railleries continuelles de sa grande sœur
de l'alphabet). Un joli spectacle pour les petits.
jalouse. Dépité, il cède la collection de livres
à ses parents, dans le besoin après la destruction du
toit de la maison. Un geste généreux que le petit
garçon regrette aussitôt, dès lors qu'une nuit, les
personnages des contes lui apparaissent en chair et en
os. Pour sauver ses nouveaux amis (Pinocchio, Peter
Pan, Alice, la belle au bois dormant, etc.), menacés
par la vente des livres, Natanaël devra surmonter et
affronter ses peurs, et notamment sa difficulté à lire.
Réduit à la même taille que les héros des contes
par la fée Carabosse, Natanaël part à la découverte
d'un monde étrange, où tout paraît gigantesque.
Accompagné d'Alice et du Lapin Blanc (évadés du
pays de merveilles), mais aussi de l'Ogre, l'enfant
bascule de l'autre côté du miroir, façon l'homme qui
rétrécit au pays de Coraline. Un bébé ou un crabe
s'avèrent alors de redoutables dangers, tandis qu'un
cerf-volant peut servir d'avion. Naïf, le graphisme de
Rébecca Dautremer atténue la violence potentielle de
ce périple, en misant sur les teintes chaleureuses de
ses gouaches. D'aspect simple, presque rustique, le
film pallie ses carences en fluidité (fixité des décors,
traits peu expressifs des personnages) dans le soin
d'orfèvre porté aux contrastes, notamment au niveau
des textures (rideaux japonais transparents, strates
géologiques sur les falaises, etc.) et de la luminosité
(superbes séquences dans la bibliothèque).
Destiné aux petits, et raconté par des voix joliment
habitées, ce conte ne séduit pas complètement,
oubliant parfois un peu le public adulte, en négligeant
l'humour (très pauvre et premier degré), les sujets
« graves » (la mort de la grand-mère) et le rythme.
Pas grave : à travers ce voyage initiatique un poil trop
figé, le film de Dominique Monféry joue néanmoins
plutôt plaisamment avec l'imaginaire collectif tout en
lui rendant un hommage sincère.
une vision aboutie des contes avec un retour au
source : la tradition orale.
Il était une fois un loup et un chaperon - rouge,
bien sûr - amis pour la vie, partis à la recherche
de compère l’ogre, pour se rendre à la soirée des
trois petits cochons, donnée en l’honneur de la Fée
Carabosse. Impossible me direz-vous. Chez Grimm
ou Charles Perrault, sûrement, mais pas dans le longmétrage de Dominique Monféry. En effet, dans cette
œuvre d’animation, les héros de contes de fées sortent
des livres, créent des liens d’amitié et partagent des
aventures passionnantes. Prenant vie, ces personnages
ne sont pas uniquement les protagonistes d’histoires
enfantines mais bel et bien des compagnons de route.
(...) On remarque que loin de toute représentation
communément acquise (notamment disneyenne), on
reconnaît facilement les personnages d’Andersen,
Collodi ou James Matthew Barry - démontrant
par là-même qu’il s’agit bien de figures littéraires
prototypiques que chaque imagination illustre à sa
manière sans pour autant en détourner l’essence. La
littérature du conte est bien un vecteur de transmission
de l’imaginaire.
Kérity, la maison des contes constitue un récit
d’initiation dont la photographie illustre les émotions
et l’évolution du jeune héros dont les traits ne sont pas
très marqués (mais néanmoins travaillés : ses yeux
sont très expressifs) afin de faciliter la reconnaissance
du spectateur, enfant ou adulte, face à cet enfant
qui se bat pour conserver ces récits formateurs
et enchanteurs. La bibliothèque, lieu de mystère
constitué de poutres et de kakémonos est présentée
dans une pénombre rougeoyante au début du récit, à
l’instar des craintes du petit garçon. Lorsque celui-ci a
surmonté ses angoisses, cette pièce de rassemblement
des savoirs devient un havre de paix dont les tons
Paris Match - Alain Spira (Déc. 2009)
rosés incitent au calme et à la détente. Ainsi, parAlors que la tendance est aux films d'animation high- delà même ses qualités plastiques, le long-métrage
tech en 3D, Kérity, la maison des contes revient aux de Dominique Monféry offre une vision réellement
sources du dessin animé pour nous entraîner dans personnelle des contes où chaque spectateur, chaque
une aventure haletante et magnifique. Dessiné par auditeur devient un actant du récit et laisse à chacun
Rebecca Dautremer, une magicienne du graphisme, le soin de se constituer son propre imaginaire.
Kérity est un cadeau de Noël inespéré qui enchantera
les petits et émerveillera les adultes. Ce beau film est
comme les vieux contes éternels, il sentira le neuf à
jamais...
A voir, à lire - Marine Bénézech
Tous les personnages des récits populaires se
retrouvent dans Kérity La maison des contes
pour participer à l’initiation littéraire du
6
héros. Convaincant et enchanteur, ce longmétrage d’animation peut prétendre proposer
2- Analyse filmique : Découpage séquentiel
La première étape du travail de l’analyse consiste en une segmentation de l’histoire. Une séquence est
« une unité narrative (ou segment) autonome, possédant généralement une unité de temps et d’action,
ou du moins l’un de ces deux éléments. » Le découpage séquentiel est en quelque sorte une recréation du scénario du film a posteriori ; il ne se confond pas avec le découpage technique effectué lors de la préparation du
film. Il relève forcément déjà d’une interprétation du film ; voici donc le séquençage que je propose, basé sur
le chapitrage du DVD - "Studio Canal".
Chapitre 1 = 00:00:00:00
Séq. 1 : Générique
En alternance, cette séquence introductive du
film va montrer deux types de plans :
• des livres de contes dans les rayonnages
d'une bibliothèque. On reconnaît des
titres comme Le chat botté, Le Petit
Chaperon rouge ou Babayaga, ou bien
encore Alice's adventures in Wonderland
(en anglais) ;
• des plans d'une voiture rouge quittant la
ville sous la pluie et se rendant au bord
de la mer.
Au milieu des rayonnages, une ombre apparaît
sur la tranche des livres, on croit reconnaître
celle de Peter Pan. Avec des lettres de
différentes tailles, le titre du film vient s'écrire
(on reconnaît d'autres mots qui auront une
importance dans la suite de l'histoire, mots qui
semblent flotter dans l'air).
Sur le bord de la route, un panneau indicateur
situe déjà le lieu de l'action, le village de
Kérity. Deux enfants à l'arrière de la voiture se
chamaillent. Le petit garçon demande si l'on
est bientôt arrivés et la jeune fille se moque
de lui. "Tu le saurais si tu savais lire parce
que c'est écrit sur le panneau là !". La maman
demande à Angélica d'arrêter et précise qu'ils
y sont presque. En sourdine, elle chantonne
encore cependant à son frère : "Il sait pas
lire..."
Séq. 2 : Dans la maison d'Eléonore (00:02:27)
La voiture se gare devant la maison. Le petit
garçon a l'air songeur et triste. "Ca va faire
tout bizarre qu'elle soit pas là cette année." On
apprend alors que l'occupante de la maison la
leur a léguée à sa mort (sans doute récente).
Angélica court ouvrir la maison qui sent le
renfermé. Natanaël qui la suit se remémore les
histoires que Tante Eléonore a pu lui lire dans
les différentes pièces ; c'est d'abord Ali Baba
puis un passage d'Alice. Le garçon s'arrête
devant une porte mystérieuse ; Eléonore lui
avait fait la promesse qu'il saurait un jour ce
qu'il y avait derrière, lui confiant aussi une
idée très importante : "une chose réunit les
hommes sur cette terre, c'est que personne ne
peut vivre sans rêve."
Natanaël s'approche de la porte et essaie de
voir par le trou de la serrure mais il est surpris
par sa soeur qui lui rappelle que cette pièce
est interdite. Elle se moque encore une fois de
l'incapacité du garçon à lire. Comment va-til faire pour entendre ses histoires préférées
maintenant qu'Eléonore, qui est morte, n'est
plus là pour lui lire ?
Séq. 3 : L'antiquaire (00:04:51)
Le père essaie d'ouvrir une porte dans le jardin
mais elle résiste. Un voisin et ami, Adrien,
dit qu'il faudrait que cette maison soit habitée
toute l'année mais, c'est impossible, le travail
du père étant à la ville.
Une camionnette verte s'approche (ce qui
semble déplaire à Adrien), c'est celle de Pictou,
l'antiquaire, qui vient proposer ses services.
Mais le père décline l'offre pour l'instant.
Adrien ne semble pas apprécier l'antiquaire,
et, sous la colère, réussit d'un coup de pied à
débloquer la porte.
Avec ses amis, il évoque la vie heureuse qu'a
eu Eléonore qui vient de mourir à la veille de
ses 100 ans. La discussion se prolonge sur
les maigres progrès de Natanaël en lecture ;
la maman aurait souhaité qu'Eléonore soit
encore là pour trouver comment surmonter
ce blocage. Adrien en est sûr : "elle l'aimait
ce gamin. Ils faisaient une sacré paire tous les
deux".
Séq. 4 : Jeux sur la plage (00:07:20)
Dans la séquence précédente, on avait vu les
deux enfants quitter la maison avec un cerf
volant et des affaires de plage. On les retrouve
descendant une passerelle métallique qui leur
permet de descendre sur le sable.
Pendant qu'Angélica essaie son cerf volant,
Natanaël déloge un crabe et s'amuse à
construire un château. Il fait un passage pour
le roi Arthur prêt à rejoindre les chevaliers de
la Table Ronde, déloge une nouvelle fois le
crabe devenu un dragon attaquant le chevalier
Natanaël...
Adrien descendu sur la plage essaie d'être
de bon conseils mais Angélica n'arrive pas à
maîtriser le cerf volant qui vient s'abîmer sur
le sable.
Chapitre 2 = 00:08:52:68
Séq. 5 : Les cadeaux d'Eléonore
Le soir, les parents expliquent qu'Eléonore, en
plus de leur léguer la maison, a écrit une lettre
aux enfants pour leur expliquer les cadeaux
qu'elle leur a laissés, lettre qu'ils ne devaient
lire qu'en leur présence.
Le père demande à Natanaël de la lire mais,
hésite par crainte de ne pas réussir. Sa soeur
lui prend la feuille des mains et commence
la lecture à haute-voix. (Progressivement,
la voix de l'enfant est remplacée par celle
d'Eléonore...)
Angélica reçoit la poupée qu'elle affectionnait
particulièrement quand elle était petite : "je
crois qu'il est temps que tu lui racontes tous
tes secrets car, en échange, elle aussi te livrera
les siens."
Natanaël lui, se voit révéler la cachette de la
clef de la pièce secrète. "Je t'offre la clef du
royaume ; tu es le maître des lieux à présent.
Je te confie tout ce qui s'y trouve. Prends-en
grand soin !"
On voit Natanaël trouver la clef dans le moulin
à café puis se précipiter à l'étage pour ouvrir
la pièce. Angélica voudrait courir le retrouver
mais son père l'arrête : "ça doit rester entre ton
frère et Eléonore ; ça ne nous regarde pas."
Séq. 6 : Natanaël découvre la bibliothèque
(00:10:12)
Devant la porte, l'enfant se souvient d'avoir
souvent demandé, sans succès, à Eléonore ce
qu'il y avait derrière ; "sois tranquille, tu le
sauras un jour, mon petit Nat."
Confiant, l'enfant tourne la clef
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dans la serrure et ouvre la porte,
mais avec un peu d'appréhension
quand même.
Cachés derrière des rideaux, il finit par
découvrir les rayonnages que nous avions
aperçus dans le générique. Déception : "des
livres, tant de mystère pour des livres !"
Natanaël est déçu et, de dépit, claque la porte,
laissant tomber la clef sur le sol. Un plan
nous montre que la poupée a elle aussi été
abandonnée au sol par Angélica.
Séq. 7 : Le cauchemar (00:11:41)
C'est la nuit. L'orage monte et une tempête
s'approche. De petites voix se font entendre sur
le seuil de la chambre de Natanaël. "Pourquoi
il ne nous a même pas ouvert ?
- Ca doit être l'émotion ; il était trop
bouleversé !
- Vous êtes sûrs que c'est bien lui qu'elle nous
a envoyé."
L'orage devenant plus fort semble être
l'élément déclencheur du cauchemar de
Natanaël.
La maison tombe de la falaise et plonge avec
un livre ouvert dans une mer où nagent des
lettres et où les vagues sont des pages noircies
de lignes incompréhensibles.
Séq. 8 : Les conséquences de la tempête
(00:13:28)
La toiture de la maison a été très endommagée
et la situation financière des parents ne
permettra pas de payer les réparations. Ils
envisagent de s'en séparer mais Natanaël leur
interdit. Il faut donc trouver une solution :
vendre des meubles, la poupée d'Angélica...
Elle refuse, arguant du fait qu'elle n'a quasiment
rien eu, en comparaison de Natanaël qui "a eu
droit à plein de trucs, je parie."
Natanaël rétorque qu'il n'a eu que des livres, ce
qui lui vaut de nouvelles railleries. Le garçon
est prêt à se séparer des ouvrages ; il connaît
déjà toutes les histoires et, de toute façon,
c'est le seul moyen de trouver de l'argent pour
garder la maison. Son père s'apprête à appeler
Pictou, l'antiquaire mais, avant, sa maman
lui propose de choisir un livre en souvenir
d'Eléonore. Natanaël retourne donc à l'étage.
Chapitre 3 = 00:15:21:48
Séq. 9 : Un cauchemar éveillé
Natanaël reprend la clef qu'il avait laissé la
veille et retourne dans la pièce. Il explore les
lieux, grimpe les escaliers, relève un livre
tombé qu'il remet en place dans l'étagère.
Mais, ce dernier retombe, ouvert sur une
illustration d'Alice au Pays des Merveilles.
Aussitôt, Natanaël entend dans sa tête la voix
d'Eléonore lisant un passage de ce livre, ce qui
suscite un sourire sur le visage de l'enfant.
Mais, la page se tourne toute seule et Natanaël
est confronté à une feuille couverte de signes
"cabalistiques" incompréhensibles pour lui.
On entend la chansonnette
ironique de sa soeur (voir séq. 1),
"il sait pas lire..."
8
Le cauchemar de la nuit
précédente semble se poursuivre.
Des lettres sortent des livres et se dirigent
vers l'enfant ; ensuite, ce sont carrément les
livres qui l'encerclent puis lui tombent sur la
tête. Il se met à courir pour essayer de s'enfuir
mais il est rattrapé par le flot noir des lettres
qui est prêt à l'engloutir. (Plusieurs plans nous
montrent que tout ceci se passe dans la tête de
l'enfant puisque il est debout et immobile ; on
est rassuré, le danger n'est pas véritable...)
Finalement, il arrive à s'échapper et descend
l'escalier (dans son rêve comme dans la réalité)
et tombe épuisé sur le sol. (Fondu au noir).
Séq. 10 : La bibliothèque s'anime (00:18:38)
L'image
est
d'abord
floue
puis,
progressivement, devient plus nette. On
entend des voix qui s'interpellent : "c'est lui
alors, c'est lui le remplaçant ? Il est drôlement
petit pour un grands-pieds" Natanaël se
réveille et, aperçoit en haut de l'escalier
quelques créatures qui s'adressent à lui (un
pirate - le capitaine Crochet, une jeune fille
avec un balai - Cendrillon sans doute-, un
grand méchant loup et... le Petit Chaperon
Rouge !) Il prend d'abord peur mais, quand il
entend le nom d'Eléonore prononcé par l'une
d'elles, il se retourne. Il demande si sa tante
les voyait comme il les voit maintenant et, il
poursuit en leur demandant d'où ils viennent.
A ses questions, les personnages de contes,
auxquels vient se joindre le Chat Botté,
comprennent que Natanaël n'a pas été informé
par Eléonore de l'importance de cette pièce. Ils
lui apprennent que tous les ouvrages présents
dans cette bibliothèque sont des originaux.
"C'est dans les livres qui t'entourent que nos
histoires ont été éditées pour la toute première
fois."
"Ta mission est toute simple, lui dit le loup.
Pour que nos histoires perdurent à travers
le monde, tu dois nous protéger et, le plus
important, tu ne dois jamais parler de nous, à
personne." Le Petit Chaperon Rouge demande
si Natanaël les reconnaît. Voyant qu'il les
connaît tous, le Chat Botté invite tout le monde
à sortir. C'est une véritable fête qui se met en
place, tous les personnages sortant au fur et à
mesure des ouvrages, Natanaël criant de plus
en plus fort les noms de ceux qu'il reconnaît au
fur et à mesure que sa joie grandit.
Alice le félicite, ce qui entraîne un certain
trouble chez Natanaël qui lui avoue : "je t'ai
toujours aimé... euh, enfin, ce que je veux dire,
c'est que j'ai toujours adoré tes aventures."
Tous applaudissent Natanaël qui va les sauver
et permettre à tous les enfants du monde de
rêver !
Séq. 11 : La Formule magique (00:21:10)
Pendant que, dans l'ombre, un personnage
observe la scène, les autres héros des contes
conduisent Natanaël devant une plaque qu'ils
dévoilent. Sur celle-ci, nous lisons "ce n'est
pas parce que c'est inventé que ça n'existe
pas". Mais, devant la stupeur de l'enfant, alors
qu'on entend quelqu'un demandant le silence
("taisez-vous, il va lire la formule"), les lettres
se mettent de nouveau à danser. Alice essaie de
rassurer le garçon et Pinocchio explique que
grâce à lui, ils pourront vivre plus longtemps,
jusqu'à ce qu'il passe la main à quelqu'un
d'autre et ainsi de suite... "
Chapitre 4 = 00:22:04:72
Mais, une voix retentit : "Ce n'est pas lui !"
Cette voix, c'est celle de la fée Carabosse,
furieuse d'avoir encore une fois été mise de
côté, et qui le met au défi de lire la formule.
Tous l'encourage mais, Natanaël se montre
incapable de prononcer un mot.
Carabosse constate alors : "il ne sait même pas
lire. Vous croyez vraiment qu'Eléonore nous
aurait envoyé quelqu'un qui ne sait pas lire !"
"Les héros de conte non plus ne savent pas lire ;
c'est pourquoi ils ont besoin d'un protecteur" lui
rétorque-t-on. Natanaël, devant l'importance
de la tâche, s'apprête à essayer mais, le Chat
Botté le met en garde : "surtout pas d'erreur,
tu n'as droit qu'à une seule tentative." Le lapin
blanc d'Alice dit qu'il reste de l'espoir ; la
limite pour la lecture de la formule est à midi,
sinon, tous vont disparaître. "Si ça arrive, on
ne lira plus que des histoires vraies à tous les
enfants."
Séq. 12 : Natanaël subit la colère de carabosse
(00:23:33)
Un plan de coupe nous montre le camion Antik
qui se gare devant la maison. Pendant ce temps
là, Natanaël se désole dans la bibliothèque ;
"je ne peux pas les amis." Alice se veut
rassurante : "calmez-vous, il va y arriver,
laissez-le se concentrer une minute !"
Lorsqu'on entend Pictou arriver et dire, dans
le hall, qu'on l'a appelé pour de vieux livres,
Natanaël n'arrive pas à se justifier et s'enfonce
un peu plus à chaque parole. Carabosse tient
selon elle la preuve de l'imposture. Quand
l'enfant dit qu'il ne savait pas que les livres
étaient habités et qu'il va tout arranger en
expliquant à ses parents (alors qu'il a consigne
de ne rien dire), la fée Carabosse veut le punir
et le réduit à la taille des héros des contes.
Les autres réagissent : "vous nous mettez tous
en danger en le faisant rapetisser, et ça vaut
aussi pour vous !", déclare Alice. Carabosse
justifie son acte, par le fait d'être toujours mise
à l'écart.
Séq. 13 : Pictou dévalise la bibliothèque (00:24:50)
Tous les personnages de contes courent se
cacher alors que l'antiquaire fait son entrée
dans la pièce. Pictou va d'une étagère à l'autre,
en dissimulant la joie qu'il a de découvrir des
éditions originales. Il va réaliser assurément
l'affaire du siècle.
Aux parents de Natanaël, il dit qu'il ne sait pas
trop ce qu'il va pouvoir tirer de ces bouquins
trop vieux, peut-être au poids... S'ils ne valent
rien, le père dit que Natanaël ne va pas vouloir
s'en séparer !
L'attitude de Pictou change alors ; il ne veut pas
prendre le risque de laisser passer cette affaire.
Il propose donc de les prendre en dépot-vente.
En deux temps, trois mouvements (sur fond
de musique entraînante !), les étagères sont
vidées. Natanaël a beau essayer d'appeler ses
parents à l'aide, il n'est pas entendu. Pictou ne
laisse finalement qu'un seul livre, vraiment
trop vieux, qu'il jette à part !
Séq. 14 : Prisonniers dans la boutique (00:26:29)
(Fondu au noir, par une plongée et une
contre-plongée dans un carton.) Les cartons
sont d'abord mis à l'arrière de la voiture ; les
personnages de contes veulent se rassurer. "Le
bon côté des choses, c'est que nous sommes
ensemble." Mais, bien vite, ils s'aperçoivent de
l'absence de Carabosse.
Pendant le voyage, Pictou commence déjà
à ameuter des clients potentiels, friands de
livres rares et de premières éditions. Arrivé
à sa boutique, il décharge son camion puis,
dans l'entrepôt, se félicite encore une fois de
sa bonne fortune, avant de monter à l'étage,
pour négocier la vente de ces livres, qu'il est
prêt à vendre à l'unité, ce qui signifierait leur
séparation.
Tout les personnages sont sortis des cartons.
Natanaël a été le premier à soulever le carton,
mais, derrière lui, l'ogre menaçant voudrait
bien déguster un bon repas !
Tous espèrent en Natanaël, mais le petit
garçon ne voit pas d'abord ce qu'il peut faire
; "c'est vous les héros. Je sors pas d'un livre,
moi. J'connais pas mon histoire, je sais même
pas comment ça finit !" Natanaël rattarapé par
l'ogre, court se cacher, imité juste après par
le capitaine Crochet qui lui, a cru entendre le
crocodile.
Pictou retourne à sa camion et, très content,
repart. La situation semble bloquée : seul un
humain peut lire la formule, le temps presse,
certains commencent à perdre espoir (Blanche
Neige est empêchée juste à temps de manger
sa pomme...).
La voix d'Eléonore se fait entendre une
nouvelle fois dans la tête de Natanaël. Il
reprend du courage et annonce aux autres
qu'il va tout faire pour les sauver, d'abord
convaincre Carabosse de lui redonner sa taille
normale, ensuite, informer son père qu'il ne
doit pas vendre les livres. Dans ce laps de
temps, Natanaël fait confiance aux héros pour
trouver un moyen d'empêcher la vente.
Séq. 15 : Préparatifs (00:30:39)
Angélica cherche son frère ; au sol, elle trouve
le livre abandonné par Pictou, celui racontant
l'histoire de la fée Carabosse. Elle croit alors
que c'est le livre qu'a retenu Natanaël et le pose
sur une table.
Chapitre 5 = 00:31:34:00
En travelling arrière, nous mesurons l'espace
qui sépare la maison de la boutique de Pictou.
Dans la vitrine, la petite fille aux allumettes
confie son précieux trésor à Natanaël, sa
dernière allumette. Pinocchio lui, prend les
lunettes "magiques" de Gepetto et les tend ;
elles permettent de lire tout, sans difficulté.
Mais, quand Natanaël a le dos tourné,
Pinocchio peine à cacher son nez qui s'allonge
; on comprend alors que c'est un mensonge !
Alice et le lapin blanc se propose eux,
d'accompagner Natanaël pour l'aider ; l'ogre
voudrait bien être de la partie mais, on lui
refuse, de crainte qu'il ne veuille dévorer
l'enfant au lieu de l'aider. Les trois aventuriers
sortent par un carreau cassé et s'éloignent, sous
la surveillance du capitaine Crochet dans sa
vigie.
Séq. 16 : En route vers la maison (00:33:37)
Ils commencent à s'avancer vers la plage
mais, leur progression est difficile, leurs pas
s'enfonçant dans le sable sec. Le sol s'effondre
même parfois ; Natanaël se retrouve le visage
plein de sable qu'Alice va faire s'envoler d'un
simple souffle.
Ils reprennent la route mais, sont arrêtés par
des traces de pas appartenant à une maman
et son jeune enfant. Natanaël préfère passer
par un autre chemin, car il ne faut surtout pas
être vus par ces "monstres" qui pourraient s'en
prendre à eux.
Ils s'enfoncent alors dans ce qui s'apparente
pour eux à une immense forêt mais, d'abord
émerveillée, Alice commence à s'inquiéter car
elle semble avoir décelé une présence.
Chapitre 6 = 00:36:04:72
On perçoit une silhouette qui passe furtivement
derrière Alice mais, le danger va d'abord venir
de l'avant ; une vague arrive et les emporte.
Natanaël attrape la main d'Alice et, alors qu'ils
s'éloignent de plus en plus du rivage, une
boule est lancée d'une barque, boule à laquelle
ils vont s'aggriper pour pouvoir atteindre la
plage. Mais, un nouveau danger survient : une
mouette qui veut en faire son repas. Un coup
de pelle la chasse et, au bout du manche, c'est
l'ogre que l'on aperçoit. Ils sont sauvés mais,
l'ogre, qui poursuit son idée fixe, soulève
Natanaël pour l'approcher de sa bouche. Alice
réussit toutefois à le raisonner ; ce n'est pas
comme ça que l'on aime ses amis. "Quand on
aime un ami, c'est pour toute la vie."
Le lapin les presse ; un insert sur la montre nous
informe qu'il est 10h45. Sur les plans suivants,
on voit les deux enfants et le lapin perchés sur
les épaules de l'ogre. La progression vers la
maison en est facilitée.
Séq. 17 : Le premier client (00:38:30)
A l'autre bout de la plage, dans la boutique,
Crochet et Peter Pan se battent pour disposer
de la longue-vue lorsqu'un premier client fait
son entrée à la suite de Pictou. Tous les héros
se cachent une nouvelle fois. Le client, en
admiration devant l'édition originale des Mille
et une nuits va vite se mettre en colère quand,
en observant les illustrations, il va découvrir
Cendrillon croisant la route du grand méchant
loup. Nos héros ont échangé leur place
habituelle pour faire rater la vente.
Stupéfaction de Pictou qui ne comprend pas
mais qui ne se laisse pas démonter par le départ
du premier acheteur. Il saute sur le téléphone
pour contacter une nouvelle cliente. Pinocchio
n'est pas dupe ; ce qui a marché une fois ne
fonctionnera pas toujours !
Chapitre 6 = 00:40:01:32
Séq. 18 : Nouveaux dangers sur la plage
L'ogre a de plus en plus de mal à s'empêcher
de croquer Natanaël ; aussi, Alice et le garçon
descendent de son dos et se remette à marcher
sur le sable, prétextant que l'ogre ne doit pas
épuiser ses forces. Un danger rôde, le jeune
enfant aperçu au début de la séquence 16 qui
va se mettre à leur courir après, les prenant
pour des jouets animés.
Nos héros s'abritent in extremis dans un tunnel
de sable, duquel la petite essaie de les extraire.
(plan de coupe où l'on voit que Peter Pan a
pris la place dans la vigie, après avoir attaché
Crochet !) Ils s'enfoncent un peu plus sous le
château qui s'averre être celui construit par
Natanaël (séq. 4).
L'occupant du château que le garçon s'était
amusé à chasser au début du film prend tout
à coup une autre dimension ; le crabe devient
un danger bien plus monstrueux encore ! Dans
l'obscurité, on le voit et on l'entend se préparer
à fondre sur les quatre proies qui se présentent
à lui.
Le jeune enfant va se faire pincer par le crabe,
permettant aux héros de prendre un peu
d'avance sur le prédateur mais très vite ils sont
rattrapés, coincés dans un cul de sac.
Utilisant la montre du lapin comme bouclier
et l'allumette donnée par la "petite fille aux
allumettes" (séq. 15) comme épée, Natanaël
va défendre ses nouveaux amis et faire reculer
le monstre.
La marée approche et les amis se donnent
la main, formant une chaîne pour pouvoir
s'échapper. Emportés par le flot, ils vont être
séparés un temps. Le jeune enfant
attrape l'ogre et le met dans son
9
camion. Assommé, celui-ci ne
réagira que lorsque Natanaël
le rejoint et lui jette de l'eau au
visage. Il faut se dépêcher de descendre du
camion qui les éloigne à chaque tour de roue
de la bibliothèque ; en effet, Alice et l'ogre
commence à disparaître.
Séq. 19 : La collectionneuse (00:46:13)
Dans la boutique, les autres personnages de
conte font le même constat ; le petit chaperon
rouge commence à perdre ses couleurs... Le
chat botté rappelle l'enjeu : il ne reste plus
qu'une demi-heure à Natanaël pour lire la
formule.
La nouvelle cliente arrive dans la boutique ;
elle vient de commencer une collection de
contes de fées car ses ancêtres en ont écrit.
Pictou vante la qualité des illustrations des
ouvrages qu'il a à vendre mais, stupeur, il
réalise que les images ont carrément disparues
de tous les livres. (On aperçoit les personnages
cachés en haut des poutres métalliques). La
cliente le laisse, sans être plus ennuyée que
cela ; elle reviendra pour lui acheter une
nappe !
Séq. 20 : A la recherche de Natanaël (00:48:02)
La soeur de Natanaël est assise à réparer
son cerf-volant. Les parents commencent à
s'inquiéter de l'absence de leur garçon et ils
envoient Angélica chez Adrien pour voir s'il
n'est pas là-bas. En ralant, Angélica se lève,
espérant trouver un moment pour pouvoir faire
voler son cerf-volant.
Chapitre 7 = 00:48:33:00
Retour sur la plage. Les héros ont finalement
atteint l'escalier qui conduit à la maison mais,
celui-ci est bien trop haut pour qu'ils puissent
l'atteindre.
Séq. 21 : Les poupées russes (00:49:00)
La soeur arrive chez Adrien qui n'a pas vu
Natanaël de la matinée. Il l'invite à rentrer et
elle tombe sur la collection de poupées russes
à laquelle il tient beaucoup. Eléonore lui en
apportait à chacun de ses retours de Russie
; elle disait : "les poupées, c'est comme les
humains ; leur trésor se cache à l'intérieur."
Angélica lui confie qu'elle aurait préféré une
de ces poupées à la "vieille moche" qu'elle a
reçu. Elle remet en cause le choix d'Eléonore
d'avoir donné les livres à "Natalphabète"
comme elle appelle son frère, le chouchou.
Adrien est persuadé qu'Eléonore les aimait
tous les deux et qu'elle n'a sûrement
pas voulu lèser l'un par rapport à
10 l'autre. Pour Angélica, ça n'a plus
d'importance puisque les livres
sont partis chez Pictou, ce qui met
en colère Adrien. Il aimerait bien pouvoir faire
quelque chose.
Angélica repart sur la plage pour essayer son
cerf-volant.
Séq. 22 : Le cerf-volant (00:50:30)
Alors qu'ils marchent sur la plage, Natanaël,
Alice, le lapin et l'ogre reçoivent sur la tête
le cerf-volant d'Angélica? Si l'ogre croit qu'il
vient d'être avalé par un humain, seul Natanaël
a reconnu l'objet et dit à ses amis qu'ils doivent
s'accrocher le plus fort possible. Au même
moment, le cerf-volant décolle et l'ogre a du
mal à s'accrocher. Finalement, les trois héros
sont pour un temps à l'abri dans un repli du
cerf-volant qui monte haut dans le ciel.
Natanaël parlant de sa soeur : "si elle est
toujours aussi douée, on ne devrait pas tarder à
s'écraser sur le sable." Le vent ayant forci, c'est
ce qui ne tarde pas à se produire...
Les héros de conte sont de plus en plus
transparents ; l'ogre, aggacé, veut partir et
redescend sur le sable. Angélica rembobine le
fil du cerf-volant et l'ogre n'a pas le temps de
se cacher de nouveau. La jeune fille le repère
et découvre aussi Natanaël. Elle se met d'abord
à hurler sur son frère mais, quand il essaie de
s'expliquer, elle se moque encore de lui et de
sa taille.
Devant son insistance, elle comprend que
l'instant est grave et on sent qu'elle n'a plus
envie de se moquer.
Séq. 23 : Les adieux (00:53:10)
Pour faire suite aux supplications de Natanaël,
on découvre les héros de "papier" qui perdent
espoir et font leurs adieux : le loup et le petit
chaperon rouge s'embrassent, Pinocchio veut
ramener Gepetto toujours à la recherche de ses
lunettes, Crochet et Peter Pan se réconcilient...
Séq. 24 : Retour dans la bibliothèque (00:53:48)
Dans la maison, Natanaël et ses compagnons
ont du mal à atteindre l'étage. Alice s'étonne
de ce qu'Angélica ne les ait pas emmenés
jusqu'en haut et qu'elle soit partie aussi vite.
Mais, il ne reste plus que cinq minutes leur
rappelle le lapin blanc.
Par la fenêtre, Natanaël la suit du regard ; on
la retrouve en grande discussion chez Adrien...
Retour dans la bibliothèque ; Carabosse,
moqueuse, les accueille avec une certaine
ironie : "tiens, on aurait besoin de moi !"
Mais, les héros passent devant elle sans
même marquer un temps d'arrêt. Vite, ils se
précipitent vers la formule et Natanaël prend
dans sa poche les lunettes de Pinocchio. Il
ne voit rien avec et, il ne reste plus qu'une
minute. L'enfant perd tout espoir mais, Alice
prend son visage dans ses mains et lui affirme
sa confiance en lui. "Tu nous as conduit ici,
sans toi on n'aurait jamais réussi. Dépasse tes
peurs. Tu connais l'alphabet, tu sais lire ; tu
dois croire en toi, tu peux le faire..." Il lache
les lunettes sur le sol...
Séq. 25 : Les héros sont sauvés... (00:56:05)
Un drôle de personnage vient tirer Pictou de
son repos ; il se dit à la recherche de vieux
bouquins, n'importe quoi pourvu que ce soit
ancien.
Retour dans la maison ; Natanaël commence
à lire la formule qui elle aussi commence à
disparaître mais, les lettres recommencent
à danser autour de lui. Insert sur la montre :
les aiguilles s'approchent de plus en plus de
l'heure fatidique. Il finit de la lire juste à temps,
même si, d'abord, on a l'impression que c'était
trop tard car, on a vu l'ogre et Alice disparaître
totalement. Mais, dans la bibliothèque comme
dans le magasin de Pictou, les héros ont
retrouvé leurs couleurs. Carabosse, obligée
de reconnaître son erreur, lui annonce qu'elle
lui rendra sa taille quand les livres auront
retrouvés leur place.
L'ogre la saisit par le col ; "cette fois-ci, vous
venez avec nous".
Chapitre 8 = 00:58:06:60
Séq. 26 : … Il faut encore sauver les livres…
On les voit sortir de la bibliothèque et essayer
de sortir de la maison très discrètement.
Angélica revient ; Natanaël croit qu'elle va
trahir son secret mais, bien vite, il comprend
que sa soeur ne cherche qu'à l'aider. D'abord,
elle dit à son père que Nat les attend chez
Pictou ; ensuite, elle indique à son frère
la poche du manteau de son père comme
moyen de locomotion pour quitter la maison.
En prenant la rampe de l'escalier comme
toboggan, les héros arrivent finalement, avec
l'aide d'Angélica, à tomber dans cette poche...
Dans la boutique de Pictou, Adrien essaie de
gagner le plus de temps possible en lui parlant
de tout et de rien, allant de digression en
digression pour retarder la vente.
Séq. 27 : Le secret de la poupée (01:00:08)
Angélica est sur le seuil de la maison,
visiblement inquiète. Le chat d'Adrien pousse
la poupée d'Eléonore auprès d'elle puis s'en va.
Les paroles d'Adrien (séq. 21) lui reviennent
en tête, avec la voix d'Eléonore. Elle défait
les lacets de la poupée et, tout d'un coup, son
visage s'éclaire et elle laisse échapper un petit
rire ; on n'en saura pas plus pour l'instant.
Séq. 28 : Le père retrouve son fils chez Pictou
(01:00:58)
Pictou en a assez de ce client qui n'en est pas un.
La voiture qui arrive lui donne l'opportunité de
s'en débarasser mais, c'est un père furieux qu'il
voit surgir dans sa boutique. Il prend la porte
dans le nez lors de son entrée fracassante.
Natanaël et ses compagnons sautent de la
poche et rejoignent les autres héros, montrant
ainsi à Carabosse qu'ils sont eux aussi sauvés.
Les héros éclatent de joie, oubliant qu'ils
pourraient ainsi révéler leur existence.
D'ailleurs, le père de Natanaël se retourne
vers les cartons, croyant avoir entendu du
bruit. Le petit garçon exige de Carabosse
qu'elle lui rende sa taille mais elle traine à le
faire et lorsque s'approchant pour la menacer,
l'ogre fait tomber un livre, leur présence est
sur le point d'être découverte par le père qui
s'approche.
Alice se précipite à l'opposé et fait, une
nouvelle fois, tomber une pile de livres pour
détourner l'attention, le temps pour Natanaël
de retrouver enfin sa taille normale.
Natanaël explique qu'il faut garder les livres,
que ce sont des exemplaires uniques. Il se
montre si convaincant que son père accepte
de reprendre les livres mais, Pictou ne l'entend
pas de la même façon ! Il a un client prêt, selon
lui, à acheter l'ensemble. Adrien révèle alors
son vrai visage, provoquant l'évanouissement
de l'antiquaire.
Séq. 29 : Tout reprend sa place (01:03:56)
Adrien explique qu'Angélica l'avait prévenu et
qu'il a tout fait pour gagner du temps. Natanaël
se moque de Pictou et lui tire la langue ; celuici réagit, le qualifiant de morveux. Il va subir
le châtiment de Carabosse qui va le réduire à
la taille des personnages des livres.
Tous les cartons sont ramenés en voiture dans
la maison d'Eléonore. Angélica vient vers eux
en criant : "la maison est sauvée." Elle révèle à
tous le contenu de la poupée qu'elle a reçue en
héritage ; elle contient les bijoux d'Eléonore.
Séq. 30 : L'élu (01:05:10)
C'est la nuit ; Angélica et Natanaël se rendent
dans la bibliothèque. Tous les personnages
révèlent leur présence à la jeune fille en sortant
des livres. On retrouve Pictou qui doit se
méfier de l'ogre qui en ferait bien son repas...
A la suite de l'ogre, tous les héros font une
ovation au nouvel élu ; c'est désormais
Natanaël qui doit veiller sur eux. Alice
s'approche avec le livre de ses aventures au
pays des merveilles.
Natanaël ouvre l'ouvrage et avec lui, on peut
lire le début du texte. Sa lecture est devenue
très fluide. La caméra s'éloigne des enfants,
traverse le toit... Elle entame un tour du monde
au cour duquel, de ville en ville, on entend
la suite de l'histoire d'Alice dans diverses
langues. Les contes sont sauvés... On revient
pour terminer à la maison où on entend la voix
d'Eléonore qui achève la lecture de l'histoire,
tandis que les deux enfants sont endormis sur
le sol de la bibliothèque.
FIN
Adaptation en album
Anik Le Ray est scénariste et a écrit de nombreux scénarios pour le cinéma d'animation (L'ïle de Black Mor, Le
Chateau des Singes...) et la télévision (Un cadeau pour
Sélim, Le Petit Wang...)
Kérity, La Maison des contes, est sa dernière oeuvre sortie au cinéma, avant le Tableau en cours de production.
À partir de ce film est née la publication d’un album de
jeunesse aux éditions Flammarion. Cet album prend trois
formes distinctes et complémentaires : l’album du film cartonné, le grand album du film
broché et l’album jeunesse accompagné d’un CD audio. Cet ensemble de différents supports représente un outil précieux pour une exploitation dans la classe, puisqu'on pourra,
entre autres, observer les différences, les manques de l'album par rapport au film....
11
3- Un genre : le cinéma d'animation / Le Dessin animé
Avant de développer plus précisément des aspects liés au film Kérity, la maison des contes, nous
allons nous intéresser un peu plus au film d'animation dans son ensemble et au dessin animé en particulier, en marquant les grandes étapes de son histoire et repérant ce qui en fait un genre cinématographique à part entière.
des images successives passe éga Définition de l'animation L’interprétation
lement par une interprétation psychologique, car ce
L'animation consiste à donner l'illusion d'un mou- n’est pas la persistance rétinienne qui rend l’impresvement à l'aide d'une suite d'images. Ces images sion du mouvement au cinéma. Elle ne fait que rendre
peuvent être dessinées, peintes, photographiées, nu- une impression de continuité entre les images, qui ne
mériques, etc. Quelles que soient les techniques utili- nous semble plus être des images mais une action qui
sées, le principe est toujours le même : le mouvement se déroulerait réellement devant nous.
est décomposé en une succession d'images fixes dont
Le phénomène responsable de l’impression de moula vision à une fréquence donnée donne l'illusion du
vement au cinéma est un phénomène psychologique
mouvement continu. Deux aspects sont importants :
appelé effet PHI. Ce phénomène se traduit par l’im• Image par image : il faut représenter chacune des pression de mouvement que l’on a en regardant deux
phases du mouvement réalisées et enregistrées image images successives légèrement décalées. L’effet phi
par image, quel que soit le système de représentation est en fait une interprétation inconsciente de notre
choisi, quel que soit le moyen d'acquisition employé, cerveau qui voit un changement de position d’un obquel que soit enfin le procédé de restitution visuelle jet sur deux images successives comme un déplacede l'animation.
ment de cet objet.
• Fréquence de restitution : les images sont restituées
à une fréquence régulière suffisante pour que le cerveau et l'inertie des phénomènes entrant dans la vi-  Histoire de l'animation
sion, dont la persistance rétinienne, jouent leurs rôles (source principale : Animage.org - Ludovic MESSINGER)
dans l'illusion.
Le principe de la persistance rétinienne est à la base
même du cinéma (mais n'est pas le seul élément entrant en compte). La découverte du principe de persistance des impressions rétiniennes remonterait au
IIe siècle. En 1829, le Belge Joseph Plateau établit
qu'une impression lumineuse reçue sur la rétine persiste 1/12e de seconde après la disparition de l'image ;
il en conclut que des images se succédant à plus de 12
par seconde donnent l'illusion du mouvement.
Les images que nous recevons de l’extérieur se forment au fond de notre œil sur une couche sensible appelée la rétine. Cette rétine envoie le message visuel à
notre cerveau par l’intermédiaire du nerf optique. La
rétine possède une substance, "le pourpre rétinien",
qui est décomposé par la lumière mais se reforme
extrêmement vite (en environ 1/12ème de seconde).
Mais il existe tout de même une rupture à cause de ce
très court instant. Il suffit donc de regarder des images
qui défilent à un rythme de plus de 12 images par
seconde pour avoir l’impression qu’elles se suivent
sans rupture. En cinéma, la fréquence minimale était
établie à 12 images/seconde aux origines.
Mais
pour éviter un papillotement désa12
gréable la fréquence de 16 images/seconde
s'imposa rapidement comme un minimum.
Remonter aux origines de l'animation, c'est remonter
aussi le cours de l'histoire du cinéma et de la photographie. Cette histoire est jalonnée de différentes
inventions techniques qui ont permis d'aboutir à la
naissance du cinématographe en 1895.
L'image fixe - la lanterne magique
Premier objet de projection, la lanterne magique a fait
récemment l'objet d'une exposition à la Cinémathèque
de Paris. On pouvait se rendre compte que cette lanterne, d’abord baptisée "de peur", "mégalographique",
"thaumaturgique", puis enfin magique, constitue probablement la plus surprenante, la plus imaginative, la
plus dérangeante et artistique de toutes les machines
inventées au cours de l’histoire de la naissance du cinéma. C’est l’ancêtre de l’actuel projecteur de diapositives. La lanterne magique est une inversion de la
chambre noire, elle permet de projeter, ou agrandir
sur un écran des images peintes sur verre. La chambre
noire contient cette fois-ci une source lumineuse.
La projection se fait à l’extérieur dans l’obscurité.
On ignore qui est l’inventeur de la lanterne magique.
En effet, certains pensent que la lanterne magique fut
inventée au Moyen-Âge par le moine anglais Roger
Bacon, alors qu'il étudiait la nature des ombres, leur
décroissance et leur extension progressive ; d'autres
l'attribuent au père Athanase Kircher, qui la décrit
dans son ouvrage de 1646 Ars Magna Lucis et Umbrae. De nombreuses autres descriptions de la lanterne magique ont également été rédigées, par Damascius, Giambatista della Porta...
Certains pensent que la projection d'ombres aurait
inspiré Platon pour l'allégorie de la caverne. Bon
nombre de spectateurs, stupéfaits par quelques projections de dessins naïfs sur un drap blanc, ont donné
à ce phénomène un caractère magique d'où son nom.
La lanterne projetait des images dessinées sur des
plaques de verres placées entre un faisceau lumineux
et une lentille grossissante. Une cheminée évacuait la
fumée et la chaleur que dégageait la chandelle servant de source lumineuse. Les plaques étaient le plus
souvent peintes à la main, et représentaient des paysages, des animaux, des scènes de la vie
quotidienne, etc. Elles pouvaient raconter une histoire, une fable ou un conte
populaire. Certaines plaques combinaient
une plaque fixe avec un décor et une
plaque munie d’un ingénieux mécanisme et donnaient l’illusion
d’un mouvement, par exemple
un bateau sur la mer agitée, un
moulin dont les ailes tournent, un
diable sortant de sa boîte, etc. Certains spectacles sont si effrayants que
des spectateurs s’évanouissent !
Quoi qu'il en soit, la lanterne magique constitue un
divertissement très prisé au 18e siècle. Le physicien
Johannes Zahn et le projectionniste Etienne Gaspard
Robert, dit Robertson, perfectionnent le procédé. Par
ailleurs, au début du 19e siècle, le métier de "montreur de lanterne magique" se développe, plus particulièrement en Savoie. Il disparaît avec la commercialisation des lanternes magiques. En 1843, le français
Auguste Lapierre produit, en série, la première lanterne magique.
Cet engouement pour ce projecteur d'images provient
du spectacle qu'il procure. A partir de la fin du 19e
siècle, afin de diminuer les coûts de production, une
nouvelle technique d'illustration est employée : la
chromolithographie. Industrialisées, les projections
de lanternes magiques se poursuivront jusqu'à l'invention du Cinématographe.
La lanterne magique, grâce à la source lumineuse, reproduit les dessins de l’artiste. Mais il faudra attendre
la venue de la photographie pour enregistrer véritablement la nature et la reproduire telle qu’elle est à
nos yeux …
L'image fixe - Chambre noire et photographie
Principe de la chambre noire : en perçant un trou
minuscule (sténopé) dans une chambre noire, on peut
obtenir l'image renversée d'un objet sur un écran (ou
sur une pellicule) situé en aval de la chambre.
D'abord utilisée à des fins d'observation astronomique, la "chambre noire" ou camera obscura, telle
qu'elle apparaît dans les écrits d'Aristote, se présentait
sous la forme rudimentaire d'une pièce plongée dans
l'obscurité dont l'une des parois, munie d'un orifice,
permettait à la lumière d'entrer et de former, sur la
paroi opposée, l'image inversée d'une éclipse solaire.
Au XVIe siècle, on conseillera l'ajout d'une lentille
afin d'obtenir une image de meilleure qualité.
L'apparition au XVIIe siècle de chambres noires portatives de petit format représenta une étape déterminante dans l'histoire de la morphogenèse de l'appareil
photographique. Composées de deux pièces s'emboîtant l'une dans l'autre
de manière à régler efficacement la mise au
point, ces chambres
ressemblaient beaucoup
aux premiers appareils
photographiques. Compactes, munies de lentilles permettant différentes longueurs focales, elles
constituaient les prototypes des appareils employés
par les inventeurs de la photographie au début du
XIXe siècle.
La naissance de la photographie est liée à trois inventeurs :
• Niépce invente l'héliographie en 1826 ou 1827.
• Daguerre invente en 1839 un procédé photographique plus fiable que l'héliographie de Niépce :
le daguerréotype.
• Fox Talbot réalise le premier négatif de l'histoire
permettant de tirer plusieurs copies positives en
1835.
Joseph Niépce naît en 1765 à Chalon-sur-Saône (il
prendra plus tard le surnom de Nicéphore). Nicéphore
passionné de physique-chimie entreprend des recherches sur une idée qui l'obsédait depuis de nombreuses années : fixer sur une substance, les images
reçues au fond des chambres noires. Jusqu’alors, ces
boîtes percées d’un trou muni d’une lentille projetant
sur le fond, l'image renversée de la vue extérieure,
n’avaient été utilisées que comme instrument à
dessiner.
13
En fait, c’est avec son frère que ce physicien fit des recherches, essentiellement sur
la fixation des images. Celles-ci étaient obtenues
grâce à une chambre noire portative : pour ses premières expériences, Nicéphore disposait au fond
d’une chambre noire des feuilles de papier enduites
de sels d'argent, connus pour noircir sous l'action de
la lumière. Seulement, la chambre noire ne permettait pas de fixer durablement les images, même si on
obtenait des images fidèles à la réalité. C’est après de
nombreux essais photographiques que Niépce fut le
premier à obtenir des images stables en exposant à
la lumière en chambre noire des supports enduits de
bitume de Judée qui est une matière photosensible.
Cependant le procédé que Niépce utilise est très lent
et compliqué. Mais c’est en 1826 que Niepce réussit
à photographier le paysage qui était devant sa fenêtre,
l'héliographie est née. Il s’agissait d’un négatif, mais
l’image ne restait pas fixée car, en pleine lumière, le
papier continuait de se noircir complètement. Il appela ces images des "rétines".
Trois ans plus tard, en 1829, il fit la rencontre de
Jacques Daguerre avec lequel il s’associa afin d’améliorer la luminosité et la qualité des images au fond de
la chambre noire. Chacun travailla de son côté en se
transmettant les résultats de leurs travaux respectifs.
Jacques Daguerre est né en 1787 et mort en 1851.
Il est inventeur, photographe mais aussi peintre. Et
c'est en 1822 que Daguerre crée le Diorama, spectacle
vraiment magique, dans lequel l'habile combinaison
de la peinture et de l'éclairage produit sur le spectateur
une saisissante illusion. Il présente des toiles peintes
translucides, éclairées et en mouvement. Et c’est à ce
moment qu'il connut ses premiers grands succès. Il
impressionna donc Niépce. Si Daguerre s'était déjà
montré intéressé par la "reproduction spontanée" des
images, ce n'est donc qu'à partir de 1829 qu'il commença véritablement ses travaux chimiques.
Les associés utilisaient comme produit pho14 tosensible le résidu de la distillation de l’essence de lavande et obtenaient des images
en moins de 8 heures de temps de pose. Ils
nomment leur nouveau procédé : le Physautotype. Ils
continuèrent donc leurs travaux chimiques mais cette
fois en utilisant comme agent sensibilisateur l’iode
sur argent dépoli. Malheureusement le 5 juillet 1833,
Niépce meurt subitement sans qu’aucune de ses inventions n’aient été reconnues. Cependant, Daguerre
continuera à approfondir leurs recherches sur les propriétés photochimiques de cette substance.
Il employa alors, comme agent sensibilisateur, l'iode
sur argent dépoli. Mais la plaque iodurée, après son
exposition dans la chambre noire, ne présente aucune
altération visible ; l'image y est pour ainsi dire latente
; il faut la faire apparaître au moyen d'un agent révélateur. Daguerre découvrit, et c'est là le point capital de
son invention, que si l'on place une plaque iodurée audessus d'un vase rempli de mercure chauffé, la vapeur
métallique ne se dépose que sur les points que la lumière a touchés, et qu'elle s'y attache en quantité d'autant plus grande que la lumière a été vive. Sur cette
plaque, qui, au sortir de la chambre noire, ne présente
encore qu'une teinte jaune uniforme, on voit l'image
se développer comme par enchantement. Il découvrit
ainsi, en 1835, que les vapeurs de mercure agissent
comme révélateur de l'image et que le sel marin permet de la fixer définitivement.
En 1839, Jacques Daguerre invente un procédé photographique plus fiable que l'héliographie de Nicéphore
Niépce : le daguerréotype. Les particuliers ne s’intéressant pas à ses découvertes autant qu’il l’aurait
pensé, Daguerre proposa son projet à l’Etat français.
Ainsi le procédé fut divulgué le 19 août 1839, devant
les Académies des sciences et des beaux-arts réunies.
Le brevet du daguerréotype entre enfin dans le domaine public. Le procédé est vite exploité pour la réalisation de portraits, puis des premiers reportages.
Le daguerréotype est alors un succès commercial,
des milliers de plaques sont vendues. Le daguerréotype fournit une étonnante précision dans la restitution des détails et une grande diversité de valeurs de
gris. Mais des caractéristiques désavantageuses sont
observables : l’image est inversée, l’exemplaire est
unique et la contemplation difficile. Subsistent également des difficultés de manipulation ; les étapes
de sensibilisation, d’exposition, de développement
sont longues et la conservation des plaques est délicate. L'inconvénient majeur reste cependant l'unicité
de l'image directement noircie sans l'intermédiaire
de négatif. En effet, l’observateur peut voir l’image,
suivant l’incidence de la lumière, l’angle d’inclinaison, comme un positif ou comme un négatif, voire
un mélange des deux. Les longues minutes de pose
excluent l’enregistrement des sujets mobiles. "La Vue
du boulevard du Temple", prise à Paris par Daguerre
en 1839 n’a pas enregistré les piétons ou les fiacres.
Seuls subsistent un cireur de chaussures et son client
contraints pendant l’opération à une certaine immobilité. Les premières photographies sont des vues de la
ville puis des natures mortes (Cabinet de curiosités,
Jacques Daguerre, 1837). Le portrait n’est pas encore possible : comme le temps de pose est extrêmement long, il est nécessaire qu’on maintienne la tête
à l’aide d’un appui et le modèle qui ne peut s’empêcher de ciller des yeux présente à l’image un regard
morne. Dernière particularité : la plaque fragile doit
se conserver sous verre. Cependant ce procédé va
bénéficier de nombreuses améliorations : l’inversion
va être corrigée par l’adjonction d’un prisme qui va
rétablir la vue originelle, un objectif plus lumineux
va permettre de réduire le temps de pose permettant
la création de portraits. Le daguerréotype devient un
substitut du portrait pictural avec un modèle moins
apprêté dans sa mise vestimentaire et sans le décorum
des tableaux.
C’est Samuel Morse, peintre et inventeur du télégraphe électrique, qui diffuse le daguerréotype aux
États-Unis. La non-reproductibilité du daguerréotype
est la limite qui mettra fin à son engouement. C’est la
raison de son abandon vers 1855 pour un procédé qui
permet la reproduction de l’image avec rapidité, netteté et stabilité à la lumière : le calotype mis au point
par William Henry Fox Talbot en 1841.
William Henry Fox Talbot est photographe et inventeur britannique, né en 1800 et mort en 1877.
Talbot utilisa tout d’abord une chambre noire pour
ses besoins de reproduction, mais ensuite en 1835,
il réalisa le premier négatif de l'histoire, une image
représentant la fenêtre de la bibliothèque de Lacock
Abbey, prise de la maison du photographe. Accompagnée d'une inscription de celui-ci, elle marque le point
de départ de sa carrière photographique.
Elle fut réalisée avec un procédé chimique permettant
d'enregistrer sur du papier une image en négatif. Cette
image négative était obtenue par le contact d'un objet
sur papier sensibilisé, sans utiliser de chambre noire,
et permettait de tirer plusieurs copies positives. Il publia le compte rendu de son procédé, appelé "dessin
photogénique", le 25 janvier 1839, huit mois avant
que le peintre français Jacques Daguerre ne rende publique son invention, le daguerréotype. Pour les deux
procédés, l'image développée est fixée par immersion
dans un bain d'eau salée ; le processus de développement est ainsi arrêté et l'image devient permanente.
Talbot appela calotype cette nouvelle méthode, qui fut
plus tard rebaptisée Talbotype. Il avait constaté que la
sensibilité à la lumière d'un papier couché d'iodure
d'argent pouvait être augmentée si ce dernier était im-
mergé, avant exposition, dans un bain de nitrate d'argent et d'acide gallique.
Breveté en 1841, le calotype sera utilisé pendant une
décennie environ. C'est un procédé négatif positif,
les images sont donc reproductibles. Les temps de
pose sont variables de quelques minutes à quelques
secondes (selon la méthode). Les approches autorisant des temps de pose courts ne donnent pas forcément les meilleurs résultats, mais on tente de saisir
le mouvement. William Henry Fox Talbot lui-même
publiera le premier ouvrage illustré par la photographie, The Pencil of Nature (1844-1846). Le calotype
n'a pas connu l'essor immédiat qui aurait dû être le
sien. L'image obtenue n'avait certes pas la finesse du
daguerréotype mais l'obstacle majeur à la diffusion du
procédé fut la protection par brevet que l'inventeur ne
souhaitait pas abandonner (il fallait payer une patente
pour l'utiliser commercialement).
Les Jeux optiques - prémices de l'animation
Si le cinéma a une dette importante à ces deux procédés majeurs (la lanterne magique et la photographie)
qui ont permis la projection d'images fixes et la prise
de vues réelles, il découle aussi de différents travaux
et objets qui ont visé à reproduire le mouvement. Ainsi, l'image animée
est d'abord née avec
les jouets optiques
apparus plus particulièrement au cours du
19ème siècle.
Le Thaumatrope a été inventé par l’astronome John
Hershel, et est commercialisé par l'Anglais John Ayrton Paris en 1825.
C'était le premier jouet basé sur la persistance rétinienne. Sur une face il avait dessiné un oiseau, sur
l'autre une cage. Des ficelles sont accrochées aux extrémités et lorsqu'on fait tourner le disque rapidement
par l'intermédiaire des ficelles, les deux images se superposent et n’en forme plus qu’une. On a l'impression que l'oiseau se trouve dans la cage.
Du grec phenakidzein, tromper, et –scopeo, je regarde, le Phénakistiscope a été
inventé simultanément par le
Belge Joseph Antoine Ferdinand
Plateau (1811-1883) et l’Autrichien Stampfer en 1832. C’est un
disque contenant une séquence
d'images fixes et autant de fentes
qu’il y a d’images. Si l’on observe à travers les
fentes obturatrices du disque en rotation les
15
vues successives se reflétant dans un miroir,
on voit les images s’animer parfaitement.
Le zootrope à été inventé simultanément par l’Anglais William George Horner (1786-1837) à Londres
et l’Autrichien Stampfer à Viennes en 1834.
Sur une longue bande de papier sont
imprimées les différentes phases
d’un mouvement. On place la bande
à l’intérieur d’un tambour ayant autant de fenêtres qu’il y a d’images
sur la bande et si l’on fait tourner celui-ci, on peut observer une analyse
complète du mouvement. L’œil perçoit la première
image à travers une fente du tambour, puis le noir,
ensuite la deuxième image et, de nouveau, le noir et
ainsi de suite. C’est ce noir, couleur neutre pour notre
œil, qui assure la liaison entre les différentes images.
Il fut aussi utilisé comme stroboscope car il permettait
de décomposer le mouvement d'objets en tout genre
comme les vibrations d'un diapason ou la chute d'un
liquide. On peut aussi faire varier le nombre de dessins par rapport au nombre de fentes du cylindre. Si ce
nombre est égal, l'objet parait se mouvoir sur place.
Si le nombre de dessins est supérieur, l'objet parait se
mouvoir verticalement avec un mouvement apparent
similaire au mouvement réel des dessins. Enfin, si le
nombre est inférieur, le mouvement est inversé. Cet
appareil ne sera commercialisé qu’en 1867. Il fut un
jouet en vogue dans la deuxième moitié du XIXème
siècle.
Breveté en 1868 par l'anglais Thomas LINETT sous
le nom de "Kinéographe",
le folioscope a sans doute
été inventé par le Français
Pierre-Hubert Desvignes
dès 1834. A la fin du 19ème siècle, on peut donc acheter ces drôles de petits livres, des folioscopes (du latin folium, la feuille) ou Flip-books, qui fonctionnent
sur le principe très simple d'un effeuillage rapide avec
le pouce d'une série empilée de vignettes dessinées
dont la succession donne l'illusion d'un mouvement
continu.
Le praxinoscope (du grec praxis, action), a été inventé par le Français Émile Reynaud (1844-1918)
en 1876. L’obturation des images ne se fait plus par
des fentes obturatrices (qui avaient l’inconvénient
de "voiler" les images d’un ton sombre), mais par
compensation optique, grâce à 12 miroirs montés en
prismes. Les images se reflètent sur le jeu de miroirs
placés au centre du disque. Ces miroirs
permettaient d’avoir une netteté, une clar16
té et une luminosité des images jamais obtenues auparavant. Un autre avantage était
qu’on pouvait regarder ce petit spectacle à plusieurs.
En 1879 Reynaud perfectionne le praxinoscope en lui
ajoutant un boîtier et des décors. Ce théâtre lilliputien obtiendra un grand succès : le Théâtre optique est
né. Le Théâtre optique d’Émile Reynaud utilisait une
bande perforée (préfigurant le film perforé) et d’une
longueur indéterminée contrairement au 12 images de
son Praxinoscope, ce qui permettait de présenter un
véritable spectacle. Mais la confection artisanale de
cette bande avec des images peintes à la main était un
travail fastidieux. Principe : les images sont lithographiées sur de petites plaquettes de verres. Elles sont
ensuite disposées dans la "cage prismatique" dont
les 12 miroirs inclinés à 45 degrés, forment le tronc
d’une pyramide renversée. Une lanterne à pétrole permet d’éclairer les vues sur verre, dont les images se
réfléchissent sur les miroirs prismatiques en rotation.
Un second objectif capte cette animation lumineuse et
la renvoie sur un écran.
Le Théâtre optique fut présenté au public le 28 octobre
1892 au théâtre du musée Grévin avec la projection
du premier dessin animé du monde : Pauvre Pierrot,
succession d’environ 500 poses toutes dessinées et
peintes à la main. Reynaud fait imprimer trois séries
de bandes lithographiques mesurant 66 x 5,2 cm où
sont mis en scène l’univers du cirque et de la foire
(Le Jongleur, L’ Équilibriste, La Danse sur la corde,
les Chiens savants, Le Trapèze, Le Clown, etc.), les
jeux d’enfants (Les Bulles de savon, La glissade, La
Balançoire, etc.) ou la vie quotidienne (Le Rôtisseur,
Le Déjeuner de bébé, Le Fumeur). Il emprunte aussi
au répertoire des bandes de zootrope et de la lanterne
magique comme Le jeu de la corde, l’une des plaques
animées les plus appréciées du XIXème siècle. Émile
Reynaud peut être considéré comme l’inventeur du
dessin animé. En 8 ans, il fit 12 000 séances et 500 000
personnes assistèrent aux pantomimes lumineuses.
Mais avec l'arrivée du cinématographe, les gens vont
peu à peu se détourner des séances au musée Grévin.
Photographie et Analyse du mouvement
Parallèlement à l'invention de tous ces jeux optiques,
d'autres scientifiques comme Muybridge et Marey,
ont utilisé la photographie pour analyser le mouvement.
lui-même. En effet, à chaque pas, le cheval casse un
fil tendu en travers de la piste, chacun de ces fils étant
relié à l’obturateur d’un appareil photographique,
un cliché est effectué. Ensuite, la juxtaposition des
images reconstitue le déplacement.
Eadweard Muybridge, de son vrai nom : Edward
James Muggeridge, naquit en 1830 à Kingston-onThames, où il fit ses études. Il émigra aux États-Unis
en 1852 et devint photographe paysagiste pour le
Coast and Geodetic Survey. Ses photographies furent
rapidement remarquées. Il est célèbre pour ses photographies d'hommes et d'animaux en mouvement.
Etienne Jules Marey, naquit en 1830 à Beaune.
Médecin et physiologiste français, professeur d’histoire naturelle au Collège de France dès 1867, il fut
un scientifique de renom. Il n’employa la photographie qu’à partir de 1882, après avoir vu les images
de cheval au galop réalisées par l’Américain Eadweard Muybridge, dont il perfectionna le protocole
technique. Il est le créateur d’un procédé de prises de
vues, la chronophotographie, permettant de décomposer les différentes phases de la locomotion humaine
ou animale.
Marey n’était pas satisfait par le système de Muybridge : il était cher, lourd, la disposition en batterie entraînait un effet de parallaxe et le système de
déclenchement était imprécis et inadapté à certaines
analyses comme le vol des oiseaux.
Marey mit donc au point un fusil photographique comprenant un appareil photographique unique équipé
d’un seul objectif derrière lequel la surface sensible,
un disque circulaire composé de douze petites images,
se déplaçait entre les enregistrements successifs. Ce
système s’inspirait du revolver photographique conçu
par l’astronome Pierre Jules César Janssen pour observer les astres. Le disque de verre était sensibilisé
au gélatino-bromure et permettait de décomposer le
vol des oiseaux au rythme de 12 images par secondes
et rendait possibles des temps d’exposition extrêmement courts.
Le fusil avait
comme avantages
d’être léger et son
seul objectif offrait un point de
vue unique. Néanmoins Marey déplorait la qualité
et la petitesse des
images et surtout trouvait leur nombre trop limité.
La même année (en 1882), il mit au point la chronophotographie sur plaque fixe. Le système comprenait
une chambre photographique avec un obturateur rotatif comprenant une étroite fenêtre. Le sujet vêtu de
clair se déplaçait devant un fond noir et à chaque tour
de l’opérateur, la plaque était impressionnée par
une nouvelle image. Selon le nombre de pas17
sages de la fenêtre durant la durée d’exposition, il obtenait un nombre variable d’images
Ce n'est qu'en 1878, alors qu'un riche propriétaire
de chevaux, Leland Standford (ayant parié avec ses
amis que lorsqu’un cheval galope, ses sabots ne touchent plus terre pendant une fraction de seconde) lui
avait demandé en 1872 de vérifier les affirmations du
physiologiste français Marey, qu'il parvint à prouver,
photographies à l'appui, que lorsqu'un cheval galope,
il garde pendant un instant les quatre pieds décollés
du sol et que, à cet instant, les pieds se trouvent sous
le ventre de l'animal. À la suite de cette première et
spectaculaire décomposition du mouvement pour
laquelle il utilisa une série de douze appareils à déclenchements successifs, il entreprit une exploitation
systématique de ce procédé.
En 1881, il mit au point le zoopraxiscope, projecteur
lui permettant de recomposer le mouvement (courses
de chevaux, vols d'oiseaux ou compétitions sportives) à travers la vision rapide et successive de ses
phases décomposées. Ses expériences le conduisirent
à publier plusieurs livres, très appréciés des artistes
de l'époque, dont les plus importants sont Cheval en
mouvement (1878) et Locomotion animale (11 volumes de 100 000 plaques photographiques, 1887).
Des extraits de ce dernier ouvrage furent publiés sous
le titre la Figure humaine en mouvement (1901). Ses
travaux placent en quelque sorte Muybridge comme
l'un des précurseurs du cinéma, c’est l’un des premiers à décomposer le mouvement.
Les photographies sont prises sur une distance couverte par une multitude d'appareils photographiques
côte à côte, déclenchés par le mouvement de l'animal
sur la même plaque décomposant donc le mouvement
en une suite d’images arrêtées. À force de multiplier
le nombre d’expositions pour analyser plus finement
le mouvement, Marey obtenait des images imbriquées
les unes sur les autres et donc difficiles à analyser.
Pour remédier à ceci, il revêtit son sujet de noir, plaça
des boutons blancs au niveau des articulations et des
bandes métalliques le long des bras et des jambes.
En 1888, Marey présenta un nouvel appareil constituant une étape décisive de la pré-cinémaphotographie : le Chronophotographe sur bande mobile
assurant l’enregistrement d’un chapelet d’images
photographiques successives. Vingt fois par seconde,
à chaque exposition, une mâchoire commandée par
un électro-aimant bloquait la course de la bande. Avec
ce dernier appareil, Marey avait inventé la caméra de
prises de vues, aux détails près que la bande ne comportait pas de perforation et que les photographies
successives s’y inscrivaient de façon irrégulière. Toutefois la synthèse du mouvement n’était pas possible,
à moins de découper, recaler et coller les images, un
travail fastidieux.
Synthèse du mouvement
Finalement c'est Edison qui a réalisé la synthèse du
mouvement avec son kinétoscope. En 1889 Thomas
Alva Edison donna la définition du film au sens moderne : long ruban transparent, perforé et recouvert
d’une émulsion photographique.
Durant les années 1891 et 1892, il mit au point avec
William K. L. Dickson, son collaborateur, un appareil de prises de vues à entraînement saccadé. Cette
idée lui avait donné par le Chronophotographe de
Marey et par le ruban perforé du télégraphe automatique qu’Edison avait lui-même contribué à améliorer. Avec cet appareil l’analyse photographique d’un
mouvement avec des images régulièrement espacées
était réalisée.
En 1894 il commercialisa son
Kinétoscope,
c’était
une
grande caisse en
bois où le spectateur
unique
mettait
une
pièce et se penchait pour voir,
pour observer l’image à travers un oculaire grossissant. Le film se déroulait de façon continue et imposait donc un temps d’obturation très bref. La
18 lumière ainsi délivrée ne permettait pas la
projection sur écran.
Les kinétoscopes étaient présents dans les magasins
et les foires. Le succès est immense mais de courte
durée, car une seule personne à la fois peut voir le
film.
Naissance du cinématographe
Soixante-dix ans après l'invention de la photographie, ce sont encore deux Français, les frères Lumière, qui mettent au point l'invention d'Edison, le
"cinéma" (mouvement en grec). Les uns et les autres
participaient sans le savoir à la naissance du cinématographe. Mais c'est aux frères Lumière que l'on
attribuera la paternité de cette invention. D'abord, le
cinéma, en raison de son format court (les bobines ne
dépassant pas la minute) se contenteront de scènes de
vie, à caractère souvent documentaire, mais aussi à
visée comique (ex. Le petit jardinier espiègle...).
Vers 1900, Segundo De Chomon découvre le principe de la prise de vue image par image, ouvrant un
champ infini aux trucages. Il suffit d'arrêter la caméra
de changer une personne ou un objet par un autre.
Par la suite vinrent les premiers effets spéciaux, dont
Georges Mélies est un pionnier "Je suis à la fois un
travailleur intellectuel et un manuel. Le cinéma est intéressant parce qu'il est avant tout un métier manuel."
Les premiers films d'animation
Le cinéma naît en même temps que les comics-strips
(bandes dessinées) dans la presse. Aussi, naturellement, les caricaturistes vont s'essayer au cinéma.
D'abord on assiste aux premiers essais d'animation,
utilisant l'arrêt sur image (stop motion) comme The
Enchanted Drawing (1900) ou Humorous Phases of
Funny Faces (1906), tous deux de J. Stuart Blackton.
Plus tard le Français Émile Courtet, dit Émile Cohl,
innove en produisant le premier dessin animé sur
pellicule de cinéma avec Fantasmagorie. Ce court
métrage qui dure 2 minutes, projeté le 17 août 1908
pour la première fois est considéré comme le premier
vrai dessin animé du monde. Il crée le personnage de
Fantoche, premier héros de dessin animé. Il réalisera
trois cents films, dont une majeure partie de films
d'animation mêlant différentes techniques de prise de
vue réelle au dessin animé. Il amène son savoir-faire
aux États-Unis entre 1912 et 1914 dans des studios
de Fort Lee, non loin de New-York. Ses techniques
inspireront de nombreux studios et se développeront
aux États-Unis.
Windsor McCay, dessinateur new-yorkais, qui voyait
dans l’animation un art original, pousse le contrôle
du mouvement et du dessin à un point qui n’a pas
été dépassé (Little Nemo, Gertie a Trained Dinosaur,
1909).
métrages rentables en dessin animé (Blanche-Neige,
1937; Pinocchio, 1940; Bambi, 1942...)
Le dessin animé devient une industrie
À partir de 1928, les dessins animés sont devenus
Il apparaît rapidement que le dessin animé ne peut un élément indispensable du spectacle cinématograêtre réalisé par des artisans solitaires. Des progrès phique. Les grandes compagnies de production outechniques vont permettre petit à petit de passer du vrent à Hollywood leur propre département d’anistade du bricolage à la grosse industrie. En 1910, les mation. Hugh Harman et Rudolph Ising parviennent
animateurs tracent encore, pour chaque image du film seuls à égaler occasionnellement la fantaisie et la
un dessin entièrement nouveau, comprenant la posi- musicalité maîtrisée des oeuvres disneyennes avec
tion nouvelle du personnage mais aussi la répétition leurs séries Looney Tunes (1930) et Merrie Melodies
du fond.
(1931), produites pour la Warner, ou les Happy HarRaoul Barré introduit les perforations standard monies, réalisées aux nouveaux studios de la M.G.M.
(barres à tenons) qui permettent un repérage parfait fondés en 1934.
des dessins les uns par rapport aux autres. John Randolph Bray songe à tracer un décor unique sur une
Le paroxysme burlesque
feuille transparente utilisable pour tout le plan. Mais,
La grande dépression économique des années trente
c'est Earl Hurd en 1914, qui fait breveter le principe
puis la Seconde Guerre mondiale vont conduire les
du dessin des phases du mouvement sur des cellulos
animateurs américains à accentuer la force burlesque,
transparents qui permettent de séparer le dessin du
avec des personnages comme Betty Boop (1932) ou
décor fixe.
Popeye (1933) animés par Dave et Max Fleischer ;
Ces innovations vont permettre une plus grande présous l’influence de Ben Hardaway, Frank Tashlin,
cision de l'animation et vont faciliter une division du
Isadore Freleng, Fred (Tex) Avery, Charles Jones et
travail et une concentration des talents qui se traduiRobert Clampett, à la Warner ; avec des personnages
sent d’abord par une augmentation quantitative de la
comme Porky et Beans (1936), Duffy Duck (1937) ou
production. Les premières séries apparaissent, cenBugs Bunny (1940) dans les séries Merrie Melodies
trées sur des personnages originaux ou sur des héros
et Looney Tunes... Le degré de folie des personnages
de bandes dessinées : la série L'encre invisible dont le
comme la violence du traitement
héros Koko le Clown (1915) de Max Fleisvisuel s’accroissent. Pour
cher est un personnage très libre ou
la Universal, Walter Lantz
encore en 1921, Félix le chat : prelance un pivert «survolté»
mier personnage dessiné universelet bavard, Woody Woodpecker
lement apprécié créé par Pat Sullivan et
(1940). À la M.G.M., à partir
Otto Mesmer. Félix est l’archétype de tous
de 1942, Tex Avery va pouvoir
les personnages animés jusqu’en 1940 (de
déployer son goût pour les traiCrazy Cat à Mickey Mouse).
tements «explosifs», tournant
en dérision les stéréotypes de la
L’âge classique de l’animated cartoon
vie américaine, du cinéma
Le maître incontesté de ce nouveau genre qu'est le et même du dessin animé.
dessin animé arrive à Hollywood. En 1926, ce sont Dans leur série Tom and
les premiers Mickey (Steamboat Willie, Plane Crazy) Jerry (1940), réalisée pour la M.G.M., William
et les Silly Symphonies (1929). L’apparition du son Hanna et Joe Barbera résument toutes les tendances
et l’entrée de la couleur en 1932 seront de nouvelles modérées ou corrosives de l’animated cartoon, donsources d'attraction vers ce genre. Grâce à une tech- nant au système «poursuite chien-chat-souris» son
nique et à une organisation rigoureuse, les ateliers de aspect définitif. Après la Seconde Guerre mondiale,
Disney pourront lancer une galerie de personnages dernier représentant magistral du cartoon caricatural
très populaires à la suite de Mickey : Pluto (1930), classique, Charles (Chuck) Jones tire quelques éclats
Goofy (1935), Donald Duck (1936). Les productions inédits de la forme usée des poursuites animales (The
de Disney ont imposé au dessin animé des modèles Roadrunner, 1956; Sam and Ralph, 1954). De nougraphiques, mimiques et rythmiques qui, pendant veaux styles et de nouveaux genres se développent
vingt années, serviront de modèles aux animateurs tandis que le cartoon classique disparaît lendu monde entier. Après 1936, les ateliers de Disney, tement - plus lentement cependant qu’on au19
devenus des usines modèles, parviendront à produire rait pu le croire.
ce que l’on croyait jusqu’ici impossible : des longs
 L'essor du "Cartoon"
 D'autres techniques d'animation
Plusieurs techniques d'animation de dessins
Les techniques classiques les plus utilisées sont des
décors peints sur papier, des personnages et objets
mouvants dessinés et gouachés sur celluloïd (ou cellulos, feuille transparente d'acétate de cellulose). Mais
il existe aussi d'autres techniques comme l'animation
de personnages sur des feuilles de papiers, coloriés à
la craie ou aux crayons de couleur. Dans les années
1990, l'informatique a bouleversé les techniques
traditionnelles, et aujourd'hui la plupart des dessins
animés sont partiellement ou entièrement réalisés
par ordinateur image par image ; Walt Disney Pictures abandonne la technique du cellulo sur Bernard
et Bianca en Australie en faveur d’un système permettant de colorer et d’assembler les dessins après les
avoir numérisés. Progressivement, les autres sociétés
lui emboîteront le pas.
Inventé en 1915 par l’Américain Max Fleischer, le
rotoscope est un dispositif permettant de redessiner,
image par image, une action filmée en prises de vues
réelles. Max et Dave Fleischer l'ont notamment utilisé pour créer le personnage de Gulliver dans Les
voyages de Gulliver (1939).
On utilise l'expression « animation sans caméra »
pour désigner les techniques du dessin et de la gravure sur pellicule. Ces procédés, en effet, ne nécessitent aucune prise de vues mécanique, l'image étant
tracée directement sur la pellicule par le cinéaste, à
l'aide d'encres (dans le cas du dessin) ou d'un instrument pointu avec lequel on gratte l'émulsion (dans le
cas de la gravure). Le Néo-Zélandais Len Lye et le
Canadien d'origine écossaise Norman McLaren sont
les deux premiers cinéastes à avoir réalisé une œuvre
accomplie et soutenue à partir des techniques d'animation sans caméra.
La Manipulation d'objets 2D
Papier découpé :
Cette technique, vieille
comme le cinéma d'animation (Émile Cohl l'a
utilisée), est aussi l'une
des plus économiques.
De plus, ses applications sont diverses. On peut obtenir le mouvement en
remplaçant divers éléments découpés ou en animant
des personnages composés d'éléments articulés
(dans le prolongement de la technique de
20
silhouettes animées créée par l'Allemande
Lotte Reiniger dans des films comme Les
aventures du prince Achmed, 1926). On peut
aussi travailler en posant directement les éléments
mobiles sur un dessin de fond ou sur plusieurs plans
éclairés séparément.
Sable animé : technique qui consiste à tracer le dessin sur du sable placé sur une table lumineuse, directement sous la caméra. L'imagerie qu'elle crée est
ainsi très stylisée et fortement contrastée.
En 1976, Caroline Leaf a recours à une technique
connexe pour The Street qu'elle réalise à l'aide de la
peinture animée, c'est-à-dire qu'elle modifie ses tableaux, directement sous la caméra, avant que la peinture ne soit sèche. Pour L’étranger (1988), George
Ungar peint directement sous la caméra des tableaux
qu’il gratte ensuite pour les modifier et créer le mouvement. La peinture sur verre est une approche tout à
fait singulière car elle permet des effets visuels, des
esthétiques fortes, des variations de profondeur de
champs et d'éclairages presque infinies. Elle impose
toutefois que chaque image soit éphémère, une image
disparaissant après avoir été filmée au profit de la suivante et ainsi de suite. Parmi les quelques artistes majeurs, Alexander Petrov, cinéaste russe passé maître
dans l'adaptation d'oeuvres littéraires dont Le vieil
Homme et la mer.
Il est aussi possible d’appliquer une mince couche de
pâte à modeler sur verre pour réaliser une image
qu’on anime ensuite par transformations successives
afin de créer un mouvement.
Au début des années 1930, le graveur Alexandre
Alexeïeff, un Français d'origine russe, décide de passer au cinéma. Désirant réaliser des films dont l'esthétique serait fidèle au graphisme et aux dégradés de
gris présents dans ses gravures, il imagine un outil
d'un genre nouveau : l'écran d'épingles. Cet appareil
serait constitué d'un écran blanc percé de centaines de
milliers de trous, chacun traversé par une épingle rétractable. En plaçant des sources lumineuses des deux
côtés de l'écran, chaque épingle jetterait de l'ombre et
la somme de ces ombres permettrait d'obtenir le noir
total. En revanche, il suffirait d'enfoncer certaines
épingles dans l'écran pour que leur ombre raccourcisse et qu'ainsi le gris remplace le noir. Selon cette
logique, en enfonçant complètement les épingles dans
l'écran, l'ombre se résorberait et ferait place au blanc
de la surface. C'est en 1933 qu'Alexeïeff, aidé de sa
collaboratrice Claire Parker, termine Une nuit sur le
mont Chauve.
Animation en volume (objets 3D)
Ces techniques ont en commun d'exiger du cinéaste
qu'il tienne compte d'éléments de mise en scène très
proches de ceux avec lesquels compose le réalisateur
de prises de vues réelles. En effet, dans l'animation à
trois dimensions, l'éclairage, les mouvements de caméra, le choix de l'objectif, la profondeur de champ
et les rapports spatiaux entre les éléments ne sont pas
virtuels, comme en dessin animé, mais plutôt réels,
comme dans les films de fiction avec acteurs.
Marionnettes : l'animation de marionnettes, qu'on
appelle aussi « animation de poupées », trouve son
origine dans la tradition millénaire du théâtre de marionnettes. Cette tradition fait partie de la culture populaire d'Europe centrale depuis des siècles, ce qui
explique pourquoi c'est dans cette partie du monde
que l'animation de marionnettes s'est d'abord implantée. Le Russe Ladislas Starewitch, avec des films
comme La vengeance de l'opérateur cinématographique (1912) ou le Roman de Renard (1929), a été le
premier maître de cette technique. Il fut bientôt suivi
dans cette voie par plusieurs animateurs russes, mais
surtout tchèques. Aux Etats-Unis, Willis O'Brien systématise son utilisation dans le cinéma de prises de
vues réelles dans le cadre d'effets spéciaux (Le Monde
Perdu - 1925, King Kong - 1933). Cette discipline
sera sans cesse améliorée par des artistes comme Ray
Harryhausen (Jason et les Argonautes), Phil Tippet
(Star Wars) jusqu'à l'avènement des techniques numériques.
Pâte à modeler : l'animation de structures de pâte à
modeler, qu'on appelle en anglais "claymation" est
une technique qui fait la gloire de cinéastes comme
l'Anglais Nick Park (Wallace et Gromit) et le Russe
Garri Bardine (La Nounou). L'animation de pâte à
modeler est une forme d'animation en volume utilisée
dans des films animés image par image. Elle inclut
un élément scénique déformable, figure, personnage
ou décor, fait d'une substance malléable et élastique,
comme la pâte à modeler plasticine ou certaines matières latex (L'Etrange Noël de Mr Jack).
C'est Norman McLaren qui, le premier, nomma
« pixilation », la technique consistant à photographier image par image des personnages ou des objets dont les déplacements sont entièrement sous le
contrôle du cinéaste. Il utilisa cette technique dans
Voisins (1952), une puissante fable antimilitariste,
puis dans Il était une chaise (1957) et Discours de
bienvenue de Norman McLaren (1961), deux films
dont l'anecdote repose sur la rébellion d'un objet de
la vie courante (respectivement une chaise et un microphone). La pixilation trouve sa lointaine origine
dans les « trick films », ces films reposant sur les
trucages et qui marquèrent les débuts de l'histoire du
cinéma. Plus que toute autre technique d'animation,
la pixilation contraint à un étroit rapport au réel. En
effet, la présence d'acteurs et d'objets évoluant dans
un environnement en trois dimensions a pour effet
d'introduire dans l'œuvre une série de références à la
réalité. Cela a pour conséquence d'infléchir le choix
des thèmes abordés dans les films faisant appel à cette
technique.
Image de synthèse
Les images générées par ordinateurs ont constitué une
grande révolution dans le cinéma d'animation international. Considérée dès le début, et jusqu'à très récemment, comme pervertissant les fondements artistiques
et artisanaux de l'animation, l'animation numérique en
3D est devenu aujourd'hui la technique la plus utilisée
dans le monde. Peu coûteuse, rapide, potentiellement
illimitée, elle a ouvert des champs jusque-là inexplorés tant d'un point de vue esthétique qu'économique.
On retiendra juste, historiquement, qu'après avoir été
développées sous couvert scientifique, les images de
synthèse ont intégré le cinéma sous l'impulsion d'un
homme en particulier, John Lasseter. Son premier
court métrage, Luxo Junior a prouvé que les images
numériques pouvaient véhiculer des émotions. Toy
Story, aussi de John Lasseter (1995) fut le premier
long métrage réalisé entièrement sur ordinateur. Les
images de synthèse sont par ailleurs désormais omniprésentes dans les films de prises de vues réelles pour
générer des effets spéciaux des plus spectaculaires et
photoréalistes, voire pour en remplacer totalement les
acteurs ou les décors.
Mixité
Les cas de mélange de techniques d'animation sont
nombreux et pour certains très anciens. Ladislas
Starewitch combinait dans les années 1920 acteurs et
marionnettes animées. Les studios Disney ont très vite
saisis l'intérêt de mixer personnages dessinés et acteurs
(Fantasia, Les Trois caballeros, Mary Poppins, ...)
jusqu'à l'inévitable
Qui
veut la peau
de Roger Rabbit, paroxysme
de l'animation
mixte.
(sources principales :Wikipédia ; site "Objectif Animation" de l'Office National du Film du Canada)
21
4 - Analyse thématique
On peut entrer dans l’analyse approfondie d’un film de différentes manières. Dans un premier temps,
nous essaierons d’approcher les thèmes principaux de ce long métrage. Ensuite, nous verrons comment des éléments plus dramaturgiques et cinématographiques (personnages, lieux, techniques...) viennent
appuyer et se mettre au service de ces thèmes.
La diégèse ou l'univers interne d'une œuvre
Le terme de diégèse est apparu pour la première fois
Les toutes premières images d'un film établissent une en 1951 sous la plume d'Étienne Souriau. Cette notion
sorte de pacte avec le spectateur ; elles définissent s'applique à tout art représentatif et pas seulement au
souvent le genre du film et laissent déjà l'imagination cinéma. Etienne Souriau la définit ainsi : « tout ce qui
du spectateur travailler. La musique aussi prend une est censé se passer, selon la fiction que présente le
film ; tout ce que cette fiction impliquerait si on la
grande place...
supposait vraie. » (Vocabulaire d'esthétique, p. 240).
Par exemple, un lieu représenté, fictif ou non, fait partie de l'univers et de la réalité diégétique. Il s'agit donc
du monde fictif, de sa cohérence et des lois qui le régissent, à l'intérieur duquel l'histoire racontée prendra
place. Cependant, ce terme ne s'applique pas à la réalité extérieure à l'œuvre : cette notion ne s'embarrasse
pas des frontières entre fiction et réalité.
Le fait que Kérity ait une existence réelle n'a pas d'influence sur l'histoire ; d'ailleurs, il ne sera plus fait
référence à ce lieu dans le film après l'arrivée de la
voiture dans la maison d'Eléonore.
 L'ouverture du film
Ici, dans les premiers plans, on va d'abord noter un
montage alterné entre deux réalités :
- des livres, assez anciens, dans une bibliothèque inconnue ;
- une ville sous la pluie que quitte une famille en voiture, dans un certain état de mélancolie (renforcé par
la musique).
Leur destination est connue assez vite ; à la sortie du
péage, on découvre un panneau qui indique le lieu
où ils se rendent, Kérity, qu'ils atteindront après un
voyage sur une route sinueuse. Sans cesse, on passe
d'un lieu à l'autre. Un travelling avant retrouve la
voiture rouge sur la route escarpée du bord de mer.
La musique devient alors plus orientale, plus mystérieuse le temps d'apercevoir un ombre furtive courir
entre les livres. Le titre du film s'affiche alors, associant les deux lieux, le village de Kérity et la maison
des contes !
Ce village existe vraiment ; c'est une ancienne commune ayant fusionné en 1960 avec Plounez et Paimpol. Nous, spectateurs, sommes donc conduits avec
cette famille dans une maison au bord de mer,
où vraisemblablement, assez rapidement,
22
nous devrions découvrir une bibliothèque
remplie d'ouvrages.
 Les personnages principaux
Natanaël
C'est le premier qui fait
entendre sa voix dans le
film. On apprend ainsi
dès le début, grâce à sa
question qu'il ne sait pas
lire. Après une année de
CP, il continue à souffrir d'un blocage important ; les
railleries de sa soeur ne sont pas pour le mettre en
confiance.
Natanaël a depuis toujours pourtant été très intéressé par les histoires que pouvait lui lire Eléonore, sa
grande tante. Ceci fait de lui un enfant d'un naturel
rêveur, qui dans ses jeux devient un des plus grands
chevaliers de la Table Ronde... Mais c'est aussi un enfant responsable, prêt à aider ses parents pour garder
la maison, prêt à affronter ses peurs pour sauver les
héros de conte...
Angélica
Comme toutes les grandes soeurs, Angélica aime bien
se moquer de son petit frère. A dix ans, elle aimerait
aussi souvent un peu plus
Les Alliés de Natanaël
de tranquillité et ne pas
avoir systématiquement à
Les personnages de contes
s'occuper de lui. Elle peut
"Pour les personnages de contes, j’ai essayé d’oublier
faire preuve de jalousie.
tous les clichés et de revenir à mes propres versions
Par contre, lorsqu'elle va
étalon. Il n’a jamais été dit qu’Alice est habillée en
découvrir que son frère
bleu ou en rouge. Ceci dit, elle est blonde, il n’y a
est en danger, elle va tout mettre en oeuvre pour le
pas de doute à ce sujet. Dans le film c’est une Alice
tirer de ce faux pas.
qui a une vraie personnalité. Je l’ai imaginée avec des
cheveux en pointe.
Les parents
Le Petit Chaperon Rouge est moins prédéfini parce
A l'écoute de leurs enfants,
qu’il n’y a pas eu de film de Disney à son sujet. J’aiils leur font confiance
mais bien cette idée du bonnet péruvien et du poncho.
pour un certain nombre
Le Loup, il fallait qu’il soit un peu penaud, qu’il ait la
de choses et les laissent
tête lourde. Pour la mise en matière, je le voyais très
plutôt autonome en ce dédoux, pelucheux.
but de vacances à la mer.
L’Ogre est un personnage relativement ambigu. Il
Toutefois, ils restent vigipeut faire très peur mais sa condition physique le rend
lants et lorsqu'ils se rendent compte de la disparition
fragile. Il fallait qu’il soit méchant tout en étant tendre
de Natanaël, ils vont chercher à le retrouver. Le père
et bienveillant par moments. J’ai finalement dessiné
s'énervera lorsqu'il croira Natanaël chez Pictou mais,
un gros corps sur ses petites jambes, ce qui le rend
lorsqu'il retrouve son fils, il lui pardonne immédiaforcément un peu maladroit et renforce sa dualité.
tement son absence et accède à son désir de garder
Pour le Chat Botté, je ne voulais pas qu’il ait son chales livres, sans savoir comment faire pour sauver la
peau à plume habituel. On a travaillé sa gestuelle et
maison à ce moment là. Avec leurs deux enfants, ils
son look en s’inspirant du Charleston.
donnent l'image d'une famille très unie.
Il y a plus de 40 personnages au final, et pour des
raisons évidentes nous n’avons mis l’accent que sur
Eléonore
certains." (Rebecca Dautremer, extrait du dossier de
Grande-tante des enpresse du film).
fants, elle vient de mouParmi ces personnages
rir à la veille de ses 100
de conte, on notera donc
ans. Elle était la gard'abord
la
présence
dienne des contes et, on
d'Alice. C'est le personle découvrira plus tard (à partir de la séq. 7), elle a
nage préféré de Natanaël
choisi Nat pour lui succéder. Bien que physiquement
(l'amour n'est pas loin) et
absente, sa présence est perceptible tout au long du
c'est elle qui d'abord essaie de rassurer le garçon dans
film (tableaux, séquences "flash-back", voix-off).
la bibliothèque. Elle sera aussi la première à se proposer pour l'accompagner dans le difficile retour vers la
Adrien
bibliothèque. Enfin, c'est elle qui sera portée "royalePlus proche voisin et ami
ment" vers l'enfant pour la lecture de la première hisd'Eléonore et de sa fatoire par l'Elu à la fin du film. Elle est le plus souvent
mille, Adrien est plutôt
accompagnée du lapin blanc qui n'aura de cesse de
jovial, sauf lorsque l'on
rappeler l'urgence de la situation (comme dans le livre
parle de l'antiquaire. Il rede Lewis Caroll).
grette lui aussi l'absence
L'Ogre joue lui aussi un rôle très important dans
de son ami Eléonore. Il
l'histoire. D'abord plusieurs fois menaçant (il essaie
semble avoir partager de nombreux moments avec
de faire de Natanaël son repas dès leur arrivée dans
elle et sa famille. Sans poser de question, en ami indéla boutique de l'antiquaire), il va se proposer pour acfectible, il acceptera d'aider Angélica pour empêcher
compagner l'expédition, mais il est écarté car on craint
la vente des livres ; l'idée que Pictou puisse profiter de
qu'il cède à ses pulsions. Il va pourtant les
la situation lui étant particulièrement insupportable, il
suivre de loin et va les sauver. Alice aidera
23
n'hésitera pas longtemps.
l'ogre à regarder Natanaël comme un ami et
non un dîner ! Sa taille les aidera à atteindre
la bibliothèque. Lorsqu'à
la fin du film, Pictou "rejoint" les personnages de
contes, l'Ogre aura retrouvé un nouvel être à
chasser !
Pinocchio et la petite
fille aux allumettes joueront un rôle important eux
aussi dans l'histoire, en confiant à Natanaël un objet
(les lunettes de Gepetto ou la dernière allumette). Des
personnages comme le Chat Botté, Peter Pan et Crochet, le Chaperon rouge et le loup, bien qu'identifiés
et récurrents, ont un rôle minime dans l'histoire.
le réduit à la taille des héros et que, du coup, il risque
d'être la proie de l'ogre.
La fée Carabosse
Personnage célèbre de conte, "à l'opposé des belles et
bonnes fées, marraines des princesses de contes merveilleux, la fée Carabosse est très vieille, très laide et
très méchante. Incarnation du personnage-type de la
méchante marraine ou vieille fée, elle doit son nom
au fait qu'elle est bossue « à trente-six carats », c'està-dire vraiment très bossue. Si son apparition dans les
contes est rare, elle n'en demeure pas moins célèbre
pour être à l'origine de la malédiction qui frappe la
princesse héroïne de La Belle au bois dormant." (WiLe chat
kipédia).
A plusieurs reprises au Carabosse n'apprécie pas
cours du film, on va re- d'être tenue à l'écart la
trouver ce chat, qui a plupart du temps, aussi,
sans doute appartenu à lorsque Natanaël n'arrive
Eléonore et qui est soigné pas à lire la formule et
maintenant par Adrien. Il qu'il s'enferme dans ses
semble observer les faits explications, par esprit de vengeance, elle lui jette un
et gestes des uns et des autres. C'est lui qui va ame- sort et le réduit à la taille des héros de contes.
ner à Angélica la poupée qu'elle avait abandonnée très Elle sera de nouveau mise à l'écart du groupe car elle
rapidement ; grâce à lui, elle va pouvoir découvrir la appartient au seul livre que Pictou écartera : "un vieux
cachette des bijoux d'Eléonore. Confiant de l'avenir bouquin !"
assuré, il pourra se reposer (on le voit bailler à la fin Pourtant, Natanaël doit à tout prix la retrouver pour
de la séq. 29).
pouvoir mener à bien sa quête. Lorsqu'il lit la formule, il pense que Carabosse va sans problème lui
redonner sa taille normale mais, elle veut une preuve
la bonne santé de ses compagnons aussi, elle va
 Les Opposants de Natanaël de
rechigner un temps. C'est sous la menace de l'Ogre
qu'elle finit par s'exécuter.
Deux personnages se distinguent plus particulièreElle trouvera une nouvelle victime en la personne de
ment parmi les opposants directs : Carabosse et PicPictou dont elle réduit aussi la taille ; Carabosse ne
tou. On va aussi retrouver le crabe et l'enfant sur la
peut s'empêcher de jeter des sorts.
plage.
Pictou, l'antiquaire
Il fait son apparition dès
les débuts du film (séq. 3).
On découvre tout de suite
que c'est un personnage
assez fourbe ; ceci est
souligné par le sourire de
façade qu'il compose dès
qu'il baisse la vitre de son véhicule pour se présenter
au père de Natanaël. Quand il découvre la valeur des
livres d'Eléonore, il va tout faire pour les récupérer
pour rien. Son nom est bien entendu en rapport direct
avec ses activités et sa malhonnêteté.
Les ruses pour empêcher la vente que vont utiliser les
héros de conte ne sont qu'un juste retour des choses.
La morale est sauve lorsque, à la fin, la fée Carabosse
Le crabe et l'enfant sur la plage
Deux adversaires "de taille" vont s'en prendre à Natanaël et ses compagnons sur la plage. Le premier danger dont ils s'écartent, c'est l'enfant, après avoir vu les
traces de pas humains sur le sable. Lorsque l'enfant
les aperçoit, il va essayer de les attraper pour jouer
avec eux, les prenant pour des jouets (ce qu'il réussira
à faire un temps en mettant l'ogre à l'arrière de son
camion).
Mais le second danger est beaucoup plus important, il
s'agit du crabe qui essaie de les attraper dans le château
de sable et contre lequel Natanaël va combattre, réellement cette fois. En effet, nous avons déjà rencontré
cet animal au début du film ; il devait subir
24
les assauts de Natanaël qui essayait de le déloger du château qu'il venait de construire, en
se prenant pour un des chevaliers de la Table Ronde.
Aussi, dans la séquence du combat, il devra vraiment
faire preuve de bravoure, comme un preux chevalier, pour défendre Alice et ses compagnons. Pour ça,
armé de l'allumette confiée plus tôt en guise d'épée
et du gousset
du lapin comme
bouclier, il prendra l'espace d'un
instant, l'attitude
qu'on pourrait
prêter à un Lancelot ou Arthur.
L’espace (les lieux de l'action)
La Plage
C'est, dans le film, d'abord un lieu de détente ; Natanaël y construit son château, Angélica essaie, tant
bien que mal de faire voler son cerf-volant. On y accède de la maison d'Eléonore par un escalier particulier. A l'autre bout de la plage, on trouve la boutique
de Pictou. La distance qui les sépare est mise en scène
dans la séquence 15 par un mouvement d'appareil
(travelling arrière) qui nous fait passer de la maison à
la boutique de l'antiquaire.
Cette distance va apparaître immense lorsque Natanaël, réduit en taille, va devoir la retraverser pour rejoindre la bibliothèque. La plage est alors le lieu de
tous les dangers (l'enfant, le crabe, la marée, les goélands...)
La Boutique
C'est un vieux hangar à bateaux assez grand, dans lequel Pictou reçoit ses clients. A l'étage, il a placé son
bureau. On y retourne à plusieurs reprises, d'abord
La maison et la bibliothèque
lorsque Pictou amène les cartons puis, régulièrement
Lieu de villégiature habituelle de la famille, elle aplors de l'arrivée des différents clients.
partenait à Eléonore qui leur lègue afin qu'ils puissent
On retrouve aussi les personnages de contes au fur
continuer à en profiter. Cette maison est assez âgée et,
et à mesure du passage du temps, afin d'amplifier le
le fait qu'elle ne soit plus habitée depuis sa disparition
sentiment d'urgence et la peur de les voir disparaître
entraînent différents désagréments, ses portes ont un
à tout jamais.
peu de mal à s'ouvrir par exemple. Ce mauvais état
sera fortement aggravé par la tempête. La famille n'a
Les maisons du monde
pas les moyens de réparer la toiture aussi, ils doivent
A la toute fin du film, pour marquer le caractère unitrouver des ressources pour ne pas avoir à s'en sépaversel des contes, lorsque la voix de Natanaël lisant
rer.
Alice au Pays des Merveilles s'élève, elle se transLa pièce la plus importante de la maison, bien entenforme en différentes langues et, on commence à ce
du sera la bibliothèque, située à l'étage, pièce qui était
moment là un tour du monde. Les différentes régions
interdite aux enfants du vivant d'Eléonore. La clef en
de la planète sont représentées par leur habitat...
était cachée dans un vieux moulin à café. Cette pièce
est remplie d'ouvrages originaux. A la fin du film,
après les différentes péripéties que vont vivre Nata- Le temps (époque et chronologie)
naël et Angélica, la maison sera sauvée et, forts d'une
complicité découverte à la traversée de ces épreuves, L'Époque de l'histoire
les deux en- Si le caractère de l'histoire est plutôt intemporel, on
fants
auront peut la situer à notre époque. Les enfants ne possèplaisir à se re- dent pas d'objets électroniques qui pourraient la situer
trouver
dans plus précisément.
la bibliothèque
avec les per- La Chronologie : une période concentrée
sonnages
de L'ensemble de l'histoire se déroule sur une période
contes.
très ramassée. En effet, entre l'arrivée à Kérity et la
fin de l'histoire, il semble ne se passer que deux jours :
LA Maison d'Adrien
- jour 1 : l'arrivée, l'accueil par Adrien, les jeux sur la
Voisine de celle d'Eléonore, la maison d'Adrien est plage et en fin de journée, les cadeaux d'Eléonore puis
montrée deux fois dans le film : tout d'abord lors de la tempête la nuit.
la scène des poupées russes, ensuite quand Angélica - jour 2 : le réveil et la constatation des
25
vient demander son aide.
dégâts, la découverte des personnages de
contes dans la bibliothèque, l'impossibiToute l'action est concentrée sur un nombre assez limité de lieux, facilement identifiables.
lité de lire la formule et l'enlèvement des livres par
Pictou, la traversée de la plage, le sauvetage des personnages de contes puis des livres et enfin, la nuit
tombée, la conclusion avec la lecture d'Alice. On a
même presque l'impression que l'action de la seconde
journée se déroule en temps réel, même si ces actions
s'étalent sur un peu plus de trois heures. Il y a très peu
d'ellipse dans le récit ; la seule que l'on peut repérer
facilement est celle du début de la séquence 24, où
l'on retrouve les héros en haut de l'escalier. Ce n'est
que par leur dialogue que l'on comprend qu'ils ont été
amenés au pied de l'escalier par Angélica et qu'il leur
a fallu du temps pour arriver jusqu'en haut.
un gilet et une montre à gousset ; "ah ! j’arriverai trop
tard !" répète-t-il. C'est donc tout naturellement ce
personnage qui, dans Kérity, va rappeler l'importance
du temps et tiendra le décompte avant l'heure fatidique (midi). Il sera relayé par le Chat Botté qui montrera l'horloge de
la boutique dans
certaines scènes,
lorsque le lapin
est sur la plage
avec Alice et Natanaël.
Le montage
Le film fait énormément appel au montage alterné.
Le montage alterné fait se succéder des séries d'images
qui ont une liaison de simultanéité temporelle entre
elles. Pour Marcel Martin, le montage alterné appartient à la syntaxe classique du cinéma. Ce montage
articule les plans les uns par rapport aux autres pour
donner de la continuité, de l'unité (à ne pas confondre
avec le montage parallèle qui met en rapport deux éléments différents pour produire par leur parallélisme
un effet de comparaison. C'est l'association des plans
qui crée du sens. On est dans le domaine de la comparaison visuelle.)
On suit plusieurs actions simultanées pendant le film,
à partir de la séquence 15 : la quête de Natanaël et
de ses compagnons, l'inquiétude et l'ingéniosité des
personnages de contes dans la boutique, les activités d'Angélica tout au long de la matinée. Ce type de
montage ne prendra fin qu'à la séquence 29, quand
tout reprend sa place.
 Les Thèmes principaux
Les "graines semées" au cours du récit
Une histoire, au cinéma comme en littérature, ne
progresse pas toujours d'une manière complètement
linéaire. Un certain nombre d'éléments peuvent être
avancés lors d'une séquence et trouver un écho lors
d'une autre séquence.
Ainsi, on l'a vu pour les lunettes ou pour l'allumette,
objets confiés à Natanaël à son départ de la boutique
et qui trouveront leur utilité plus tard.
De la même manière, le duel initial entre Natanaël et
le crabe trouve un écho plus tard ; la supériorité des
forces est inversée. Le personnage du crabe, inoffensif dans la première séquence de la plage devient effrayant et menaçant à l’intérieur du château de sable.
26
La lecture
Kérity, la maison des contes, est sans conteste un film
que les enseignants vont adorer ! Un film qui met à ce
point en avant l'importance de savoir lire mais aussi
le fait que malgré des blocages, on puisse trouver les
ressources pour déchiffrer, semble fait pour une exploitation en classe. Mais, Kérity n'est pas à proprement parler un film sur la lecture et il ne faudrait pas
réduire son propos à du "pédagogisme". Natanaël ne
sait pas lire ; on le sait dès le début car il ne lit pas
les panneaux indicateurs, ce qui lui vaut les premières
railleries de sa soeur, premières dans le film car il les
a sans doute subies toute son année de CP. Cette difficulté à lire est évoquée par les parents et Adrien dès
la séq. 3 ; on comprend qu'il s'agit d'un blocage dont
ils n'ont pas trouvé la clef. Eléonore n'étant plus là, ce
sera encore plus difficile car elle aurait su comment
faire.
Le deuxième moment où Natanaël renonce à lire, c'est
lorsque son père essaie de le valoriser en lui confiant
la lecture de la lettre d'Eléonore (séq. 5). Il n'essaie
pas et donne la feuille à sa soeur immédiatement.
On saisira vraiment son malaise, d'abord lors du cauchemar pendant la tempête (séq. 7) mais plus encore
lors du rêve éveillé dans la bibliothèque (séq. 9).
Lorsque Natanaël découvre la formule, les mots, une
nouvelle fois se mettent à danser, comme dans le générique ; d'ailleurs, on reconnaît certains mots qu'on
avait déjà aperçus.
Natanaël devra dépasser son blocage ; les lunettes
de Gepetto ne lui seront d'aucun secours. C'est en lui
qu'il doit trouver la force de lire.
La référence constante au temps
Dans Alice au pays des merveilles, le lapin Kérity, Un récit iniatique
blanc apparaît au tout début du livre, portant Plus que la lecture, le thème du film pourrait être celui
du dépassement de soi et de ses propres peurs. Na-
tanaël est un vrai personnage de conte finalement ;
d'ailleurs, comme eux, au début, il ne peut pas lire ! A
cause du sort jeté par la fée Carabosse, il prend aussi
leur taille. Pourtant, il se défend d'être comme eux au
début, il ne vient pas d'un livre lui ; d'ailleurs, il ne
sait même pas comment finit son histoire. Pourtant, il
va vivre une véritable initiation à travers les épreuves
qu'il va traverser.
L'une des grandes caractéristiques du récit initiatique est de présenter un certain nombre d'épreuves et
d'obstacles qui se déroule sur un temps plus ou moins
long, et implique souvent des souffrances dont le personnage doit triompher et sortir « grandi ».
En acceptant finalement sa responsabilité lorsqu'il
annonce qu'il va tout faire pour sauver ses nouveaux
amis, il accepte l'héritage d'Eléonore et est prêt à endosser la nouvelle vie qui s'offre à lui, celle de l'Elu.
Il est alors capable d'affronter le danger (l'attaque du
crabe au cours de laquelle il se montre très "chevaleresque") puis ensuite, de dépasser sa peur de lire.
Par certains côtés, on peut dire aussi que Natanaël va
découvrir l'amour, tel qu'on peut le vivre à son âge.
Sa complicité avec Alice et son désir de la sauver,
elle et ses amis le rendront plus fort. Il pourra alors
retrouver sa véritable taille (il grandit au sens premier
du terme) et devenir le gardien des contes, jusqu'à ce
que lui aussi doive transmettre cette charge. Ce récit a
donc aussi à voir avec la transmission.
"Graphiquement, c’était un vrai pari. Le travail de Rébecca a permis aux personnages d’appartenir à la fois
au passé tout en étant très contemporains. Pour moi
c’est comme s’ils avaient deux vies, un peu comme
des acteurs de théâtre : ils sont à la ville et à la scène.
Dans leur histoire littéraire, ils sont à la scène et dans
la bibliothèque, ils sont à la ville. Par exemple, je
trouvais intéressant que le Loup et le Petit Chaperon
Rouge soient très amis. Qu’ils aient une vraie intimité et forment une sorte de couple qui vit ensemble
depuis des siècles." (Anik Le Ray, dossier de presse)
Lorsque les héros de contes doivent empêcher la
vente des livres, leurs regroupements ne manquent
pas d'humour et
créent des rencontres pour le
moins
inédite
comme
Cendrillon croisant
le grand méchant
loup.
Le récit laisse la part belle à des clins d'oeil aux histoires les plus connues. Dès le générique, Peter Pan
poursuit son ombre. Il s'amuse plus tard des craintes
du Capitaine Crochet qui a cru reconnaître dans la
montre du lapin blanc le tic-tac du crocodile qui lui a
dévoré la main.
Pinocchio et son créateur, Gepetto, sont assez récurrents dans le film. Lorsque Pinocchio confie les lunettes de Gepetto à Natanaël, on comprend tout de
héritage et Transmission
La famille hérite d'abord de la maison. Les enfants, suite qu'elles n'ont aucun caractère magique puisque
eux, reçoivent l'un la clef d'une pièce remplie de le nez du pantin commence à s'allonger dès que le
garçon a tourné le dos. A plusieurs reprises, on retroulivres, l'autre une poupée.
Chaque cadeau donné aux enfants révélera au cours vera le marionnettiste cherchant ses lunettes et étant
du récit ses mystères et ses secrets. Mais, au-delà du écarté du vide par Pinocchio in extremis, créant une
don matériel, Eléonore leur confie d'autres cadeaux sorte de "running-gag" (ou comique de répétition, le
beaucoup moins matériel : le bonheur de passer du running gag est une blague qui revient plusieurs fois,
temps en famille dans sa maison, une complicité nou- sous la même forme ou sous une forme légèrement
velle entre frère et soeur, le plaisir de lire et de racon- modifiée).
Ces clins d'oeil sont assez évidents et facilement dister des histoires...
Enfin, la transmission est aussi du côté de la culture cernables par des enfants. D'autres sont plus subtiles
qui ne doit pas se perdre et qui se transmet de géné- et furtifs : c'est la Belle au Bois dormant qui se plaint
ration en génération. Si on ne raconte plus les contes, d'avoir subi la colère de Carabosse, ce qui lui a valu
les enfants n'entendront plus que des histoires vraies ! un profond sommeil. Le joueur de flûte de Hamelin
sonne l'alerte lorsque la deuxième cliente apparaît.
On voit passer Blanche Neige portée par les nains,
Les références aux contes et l'humour
Si le titre du film fait référence à la maison des contes, alors qu'ils avaient pourtant essayé auparavant de
c'est que les livres et leurs habitants sont très présents l'empêcher de croquer la fameuse pomme.
dans l'histoire. On pourra s'amuser à essayer de reconnaître tous les personnages (plus de 40, voir plus La Mort / la disparition
haut). Natanaël prend un immense plaisir à les recon- La mort d'Eléonore est évoquée d'abord
27
naître dans la bibliothèque et il crie leurs noms au fur comme une absence ; "ça va faire tout bizarre
qu'elle soit pas là cette année" dit Natanaël.
et à mesure qu'ils apparaissent.
Mais on comprend assez vite qu'elle vient de mourir
puisque la maison leur appartient maintenant.
Si pour Angélica, la réalité est indiscutable, Natanaël
lui a du mal à accepter ce mot. "Tu te demandes qui va
te lire des histoires, hein, maintenant que tante Eléonore est morte ?
- Arrête de dire qu'elle est morte, j'aime pas ça !
- Pourquoi ? C'est la vérité non ?"
Pourtant, la mort d'Eléonore ne signifie pas la disparition et l'oubli total ; ce qu'elle a laissé reste, on l'a
vu plus haut en parlant de transmission mais, elle est
aussi très présente dans les souvenirs du garçon et sa
voix revient souvent dans le récit (voir le paragraphe
plus loin sur la voix-off).
Cette mort, naturelle puisqu'elle a vécu presque cent
ans, est à différencier de la disparition programmée
des personnages
de contes si l'enfant ne lit pas la
formule.
Cette
disparition
est
traduite visuellement par un
effacement progressif puis par une perte de couleur jusqu'à la transparence. On pressent même ce que serait leur absence
puisqu'Alice disparaît aux yeux de Natanaël l'espace
d'une seconde quand il finit de lire la formule en
même temps que la montre marque midi.
bliothèque il fallait que ce soit rougeoyant, comme
dans un ventre. Selon les séquences, avec Dominique
Monféry, on a travaillé les rouges de différentes façons. Par exemple, lorsque Natanaël rentre et découvre la bibliothèque avec effroi, on a des rouges
plus durs, crus et agressifs. On a choisi une palette qui
va du carmin au magenta. Au moment où sa grande
soeur se retrouve devant la bibliothèque vide, on a
fait virer la couleur vers quelque chose de plus doux
et neutre ; du kaki et une nuance orangée. Les rêves,
par exemple, ont été conçus à partir des variations de
roses.
Au-delà de la couleur, ce qui m’intéresse c’est la
composition et le travail sur la lumière. J’ai plus cherché à obtenir des lumières particulières, des reflets,
des transparences que des dessins parfaits. C’est toujours à travers la lumière qu’on donne du volume aux
choses. Je voulais absolument que par moments on
soit presque cachés dans l’ombre.
Que ce soit le château, la bibliothèque ou le hangar de
Pictou, c’est toujours en lumière et en ombre qu’on a
traité les espaces. Tout le coloriage du film est effectué
sur la base de plusieurs matières qui ont été spécialement créées où qui proviennent de mes livres. Les décors sont comme du papier peint, on a pris des bouts
de textures et ensuite on a ajouté des ombres. Rien n’a
été créé sur Photoshop. C’est un travail artisanal, tout
a été conçu et fait à la main. Même si le plan ne dure
que deux secondes, tout a été dessiné avec la même
passion du détail." (Rebecca Dautremer)
Chaque lieu possède donc une couleur dominante :
Imaginaire / réalité
Si l'on prend comme point de vue celui de la diégèse la maison plutôt dans les jaunes, le hangar de Pictou
du film, on peut essayer de séparer ce qui est réel de ayant une dominante de bleus. La peur qu'éprouvent
ce qui est imaginaire. Mais, la frontière entre ces deux les héros lors de leur rencontre avec le crabe dans le
tunnel est amplifiée par l'absence de lumière, ceci faimondes est pour le moins floue.
Si les parents, Pictou et Adrien appartiennent au sant ressortir les yeux de l'animal.
monde réel sans conteste, de même que les clients et Les cauchemars vécus par Natanaël ont eux aussi une
la mère et son enfant sur la plage, pour les autres per- couleur particulière, qui tranche avec le reste de la séquence ; par l'alternance des couleurs et l'immobilité
sonnages, on est à la limite entre les deux mondes.
" Par la mise en scène on devait être proche de la sen- de Natanaël, on comprend aisément que nous sommes
sation d’un enfant fasciné par l’univers mi-réel, mi- témoins de ce que ressent l'enfant à ce moment-là vis
fantastique d’un conte. L’idée était de faire appel aux à vis de la lecture.
souvenirs d’enfance et de garder cette sincérité première du rapport aux histoires." (Dominique Monfé- voix-off / voix intérieure
La voix off est un procédé narratif utilisé dans le dory, dossier de presse)
maine audiovisuel et consistant à faire intervenir une
voix qui n'appartient pas à la scène. Elle se distingue
de la voix intérieure qui désigne un monologue qui
Des aspects techniques qui
n'est pas prononcé par un personnage mais qui exéclairent l'oeuvre
prime ses pensées au moment de la scène.
On ne trouve de réelles voix-off, en prolongement
La lumière
28
d'une voix d'un personnage, que deux fois dans le
"Je travaille beaucoup intuitivement en me film. D'abord lorsqu'Angélica commence à lire la
laissant guider par mes émotions. Pour la bi-
lettre d'Eléonore. La voix de la tante prend le relais,
ce qui va nous permettre de voir les objets et les lieux
qu'elle évoque en même temps que se poursuit la lecture. A la fin du film, par le même procédé, à la voix
de Natanaël commençant la lecture se superposeront
des voix étrangères pour retrouver celle d'Eléonore
achevant l'histoire d'Alice.
Mais, la plupart du temps, les voix utilisées sont des
réminiscences de paroles antérieures que l'on entend,
avec les voix des personnages qui les ont prononcées.
Ainsi, celle que l'on va entendre le plus est la voix
d'Eléonore qui va servir de guide à Natanaël à chaque
fois qu'il hésitera. La voix d'Adrien aura aussi une importance puisque les paroles entendues d'abord dans
la séquence 21 vont prendre un nouveau sens lorsque
le chat apporte la poupée russe abandonnée à Angélica (séq. 27).
où Natanaël est réduit à leur échelle et rentre dans leur
monde. A la fin du film, la solution classique aurait été
de retourner au bruitage papier et de séparer encore
une fois les deux mondes. Mais on a décidé de garder
le traitement sonore « réaliste ». À ce stade, les personnages existent vraiment pour Natanaël. Les deux
mondes n’en forment qu’un."
Le doublage (les voix)
Kérity, la maison des contes peut se vanter d'avoir
de prestigieux acteurs au doublage pour donner vie
aux différents personnages. On pourra s'amuser à réécouter quelques passages du film et essayer de reconnaître les personnages car les acteurs, en leur prêtant
leur voix leur donnent une personnalité particulière.
La voix de Jeanne Moreau donne à Eléonore une voix
assez envoûtante, qui convient bien à la conteuse
qu'elle est. Denis Podalydès et Julie Gayet forment un
couple de parents particulièrement calmes et attentifs
à leurs enfants ; ils prennent le temps de leur parler.
Lorant Deutsch est beaucoup moins calme, jouant le
lapin blanc. Pierre Richard lui forme un Adrien assez
joueur, profitant de la vie. Liliane Rovère, elle, compose une fée Carabosse très en colère.
La musique et le son
Dominique Monféry, dans le dossier de presse, explique ce qu'ils ont souhaité avec le compositeur de la
musique du film. "Tout au long du récit, on a décidé
avec Christophe Héral d’osciller entre une orchestration sobre, une sorte de thème unique qui revient, joué
de manière très épurée, et des orchestrations plus ambitieuses. Au niveau des bruitages, on voulait quelque
chose de très naturel, d’organique. Au début, les deux
mondes sont séparés, ils sont mis en parallèle. On a
traité différemment l’univers sonore d’un même personnage selon les enjeux de la scène et le contexte.
Par exemple, le personnage du crabe est à la fois inoffensif dans la première séquence de la plage et devient effrayant et menaçant à l’intérieur du château
de sable. Pour les personnages de contes, on a principalement travaillé sur des froissements de papier. On
revient sur des bruitages plus « réalistes» au moment
29
5- Trame d’Exploitation pédagogique d’un film
« Le cinéma est avant tout un art et il revient à l’école de le traiter comme tel. Quand les élèves sont
confrontés à des oeuvres du patrimoine cinématographique, ils interrogent le monde et se confrontent
à d’autres. Ainsi, le cinéma peut occuper une part entière dans l’enseignement, non pas à côté, mais en
interrelation avec les divers champs d’apprentissage. »
JDI n°3 - Novembre 2003
Cette exploitation pédagogique d’un film prend sa place pleinement au sein de l'enseignement de l'histoire des
arts à l'école, tel qu'il est définit dans le bulletin officiel du 28 août 2008. Entrant dans le domaine artistique
des "arts du visuel", le cinéma y trouve sa place au côté des arts plastiques... L'étude d'une oeuvre passe par
trois phases : une phase de préparation au visionnage, la séance au cinéma, le temps d’exploitation de l’oeuvre
en classe ensuite. Beaucoup d’activités sont possibles et il conviendra à l’enseignant d’en choisir parmi le
champ des possibles, en fonction de ce qu’il souhaite développer chez ses élèves, en fonction aussi de la manière dont lui d’abord aura reçu le film.
 - Avant la séance (anticipation)
Il est préférable que l’enseignant ait vu au moins une fois
le film avant d’emmener ses élèves à la séance, ceci afin
d’envisager la meilleure préparation au film qui soit. Les
enfants doivent avoir une idée de ce qu’ils vont aller voir.
Les préparer, c’est déjà les mettre en projet pour la suite,
leur montrer que la séance n’est pas là que dans le but de
les distraire (même s’il faut le souhaiter, ils trouveront
du plaisir dans l’activité). On peut mener ce travail de
préparation quelques jours avant la projection.
Ainsi, on peut utiliser l’affiche, des photos du film...
Dans le cas de films muets ou en version originale soustitrée, il importe aussi d’expliquer aux élèves qu’ils devront lire sur l’écran (cartons ou sous-titres).
Enfin, il est important d’expliciter les “règles du jeu” du
visionnage en salle. Le dossier intitulé Tous au cinéma
du mensuel La Classe n°153 - nov. 2004, en donne une
bonne définition reproduite ci-contre, à adapter en fonction de l’âge du public d’enfants concerné.
 - La séance (réception)
La règle du jeu
Dans une salle de cinéma, il fait noir, l’image
est grande, on entend bien, les fauteuils sont
confortables et « je fais le vide » juste avant
d’entrer ; je ne suis ni à l’école, ni au stade, ni
à la maison.
Dans un cinéma, on ne peut pas changer de film
ou le prendre en cours de route et attendre la
publicité pour aller faire pipi, on ne peut pas se
déplacer, ni manger, ni boire, ni faire du bruit
pendant le film...
Je peux rire, pleurer, avoir peur, être ému et ne
pas tout comprendre du premier coup.
Après la projection, j’évite les jugements brutaux et trop rapides. J’essaie d’abord de retrouver tout ce que j’ai vu, entendu, compris. J’ai
absolument le droit de garder pour moi les émotions très personnelles que j’ai ressenties, mon
interprétation du film, même si ce n’est pas celle
des autres.
Les élèves doivent avoir le temps de s’installer dans la
salle. A la fin de la séance, on peut aussi ralentir le mouvement qui consiste souvent à quitter la salle le plus vite
possible. Prendre son temps participe à la ritualisation du Pistes pédagogiques
visionnage en salle.
Avant d’aller en salles, on pourra questionner les
Ce temps va permettre de quitter tranquillement le film, enfants sur les dessins animés qu'ils connaissent...
avant de retourner en classe, car c’est là le plus souvent On peut aussi simplement leur faire découvrir
que va se dérouler le moment suivant des premières l'affiche du film, quelques photos.
On peut aussi faire écouter aux enfants des
réactions à chaud.
extraits de la musique du film, afin de les plonger
30
aussi dans l’ambiance.
Ces trois objectifs ne sont pas à séparer en soi ; ils
sont mêlés dans ces premières séances d’après vi(compréhension et interprétation)
sionnage. Toutefois, certains exercices viseront plus
Le temps d’échange avec les élèves, qui doit avoir
l’un ou l’autre. Un questionnaire sur le film permettra
lieu assez rapidement après la séance au cinéma, vise
de s’assurer de la bonne compréhension, l’utilisation
trois objectifs principaux :
d’images séquentielles ou de fiches de personnages
 l’expression, par les élèves, de leurs impressions consolideront la mémorisation.
sur le film ; phase d’autant plus importante que des
enfants peuvent avoir eu peur de certaines scènes. Mener tout ce dispositif - en sélectionnant quelques
Pour cette phase, lorsque l’âge des enfants le permet, activités pertinentes - participe déjà à l’éducation à
il est intéressant qu’ils puissent écrire quelques mots, l’image. Amener des élèves à réfléchir sur un film, à
avant de débuter l’échange, afin d’en garder une trace. donner un avis, à mémoriser des informations... est
Ceci pourra aussi éviter peut-être une redite d’un déjà une gageure. Pendant quelques heures, les élèves
élève à l’autre. Il faut minimiser “l’uniformisation” auront été acteurs devant un film... Ils auront apprédes discours, notamment en insistant, au moment des hendé un temps qu’un film est une œuvre, pas un siméchanges, sur le fait que tous les avis sont acceptables ple produit de consommation.
 - Après La séance
s’ils sont argumentés, qu’il n’y a pas de bonnes ou
mauvaises réponses à donner (voir le texte ci-dessous,
« ma cinémathèque personnelle »).
Ma cinémathèque personnelle
Il est important de savoir choisir un film. Peu à
peu, notre goût personnel se forme, même s’il est
“dirigé” par la publicité qui incite en permanence
à “consommer” de l’image. Donnons-nous le droit
de tout voir, de tout aimer. (...)
Ainsi se constitue peu à peu notre “culture de cinéma”... Chacun se construit sa “cinémathèque
personnelle”. Un endroit secret où l’on entasse
une part de rêve, une part de plaisir et une part
de “savoir”. Plus on voit de films, plus notre goût
pour le cinéma se développe : on devient un cinéphile, un amoureux du cinéma.
Un film constitue un inépuisable sujet de discussion. On peut être parfaitement d’accord ou en opposition totale sur le sujet ! En dehors des simples
formules « j’ai aimé » ou « je n’ai pas aimé », ce
qui est vraiment amusant est de trouver des arguments !
Mais on peut aussi ne pas s’arrêter là. Si le film peutêtre étudié sous l’angle interdisciplinaire (lecture,
écriture...), il est aussi un objet d’analyse en soi. Il ne
doit pas être rencontré, au cours de la scolarité d’un
élève, que comme un “prétexte” à d’autres apprentissages. Les thèmes abordés dans la partie précédente
de ce dossier sont là pour donner des pistes d'analyse
filmique.
La suite de ce dossier présente quelques idées de séquences pédagogiques pouvant être menées en classe
avec des élèves. Ces séquences visent des apprentissages précis sur certains aspects du film Kérity, la
maison des contes ou du cinéma d'animation en général.
« Quel cinéma ! » Catherine Schapira et
Claude Reyt, Autrements Junior, 2003
 l’élucidation, par l’enseignant ou par d’autres
élèves, d’éléments qui n’auraient pas été compris
par certains enfants au cours de la projection ; ainsi,
il convient de s’assurer d’une bonne compréhension
des éléments importants du film (personnages, relations entre eux...)
 la mise en mémoire du film pour permettre ensuite le travail plus particulier que vont constituer
les analyses thématiques et filmiques.
31
6- Propositions pédagogiques autour du film
Le principe général que l’on peut d’emblée poser au sujet de ces propositions est le suivant : l’utilisation
de ces fiches, ainsi que du matériel vidéo se feront selon les besoins et centres d’intérêts dégagés
dans la phase de confrontation. Ces activités viseront à enrichir la mémorisation et à découvrir des
procédés d’expression cinématographiques (montage, musique...). Ainsi, on doit parvenir à une perception
plus large et plus fine du film et du genre abordé, par les élèves.
Fiche n° 1 : réorganiser les scènes clés du film
Objectifs :
• se remémorer et reconstruire l’histoire du film ;
• susciter une discussion autour du film (début d’interprétation) ;
• aborder, de manière plus ou moins implicite, les notions de montage au cinéma ;
• comprendre qu’un film est une succession de séquences qui forment un objet final.
Démarche générale :
Il s’agit de réorganiser des dessins d’élèves (à partir des scènes qui les ont marqués) ou des photogrammes tirés du film dans l’ordre chronologique. On privilégiera plutôt les photogrammes si l’on souhaite que la plupart
des scènes marquantes soient représentées.
Cet exercice réalisé collectivement, consistera donc à afficher les images dans l’ordre, sur une ligne horizontale au tableau (ou épinglées sur une corde à linge qui devient le fil de l’histoire). Une scène oubliée un temps
peut venir s’intercaler entre deux autres, on peut tout décaler pour en intégrer une nouvelle... mettant ainsi
en scène le travail du monteur qui doit reconstruire le film sur le banc de montage. On peut aussi développer
plusieurs lignes pour mettre en évidence des actions parallèles (dans la boutique de Pictou, sur la plage, dans
la maison...)
L’affichage sera donc un moment de discussion ; si l’ensemble de la classe n’est pas d’accord avec la proposition, il faudra expliquer pourquoi, retrouver ce qui dans l’histoire est compatible ou incompatible avec
cette idée... Si la mémoire des enfants fait défaut, l’enseignant pourra "combler les trous" en s’appuyant sur le
découpage séquentiel fourni dans ce dossier.
Trame de variance :
En fonction de l’âge des enfants, on fera varier le nombre de photogrammes. On choisira alors les images des
scènes clés sur lesquelles on souhaite s’étendre par la suite. On pourra aussi intégrer des images intruses :
• des dessins préparatoires au film qui ne reprennent pas tout à fait le même graphisme ;
• des scènes tirés d'autres dessins animés, par exemple des films que les enfants auront pu déjà rencontrer
par ailleurs dans d'autres opérations cinéma.
Fiche n° 2 : reconnaître les personnages du film
Objectifs :
• reconnaître chacun des personnages et le situer dans l’histoire du film ;
• susciter une discussion autour d'un personnage, de ses motivations...
Démarche générale :
Il s’agit d'associer des photogrammes des personnages à leurs noms écrits sur des étiquettes.
Trame de variance :
Même trame que pour la fiche 1 ; on pourra donc aussi intégrer des images intruses, des personnages de
contes non présents, des personnages représentés autrement (ouvrant à discussion : ex. Alice dans le
film
des productions Disney...).
32
On pourra jouer aussi sur la distinction personnage réel dans l'histoire (diégèse) et personnage imaginaire. Le cas d'Eléonore, dont la mort est signifiée au début du film, peut ouvrir à discussion...
Fiche n° 3 : Histoire des arts - LE Film d'animation
Objectifs :
• approcher des éléments de l'histoire du cinéma ;
• découvrir quelques notions simples (plans, séquences, montage, trucage) ;
• comprendre la notion de fiction et saisir qu'une image peut être fabriqué, manipulée, indépendamment de la
réalité ;
• réaliser des objets technologiques en observant, questionnant, expérimentant...
Démarche générale :
Cette séquence va être l’occasion, à la fois de découvrir quelques grandes étapes de
l'histoire du cinéma, de découvrir différents objets optiques et aussi d'approcher les
techniques simples (arrêts de la caméra...) qui permettent l'animation. Ceci pourra
amener les élèves ensuite à réaliser eux-mêmes un petit film d'animation.
On pourra utiliser différents extraits de films, des émissions documentaires. Nous utiliserons plus particulièrement les courts métrages de J. Stuart Blackton (The Enchanted Drawing et Humorous Phases of Funny Faces)
ou de Winsor Mc Kay (Little Nemo ou Gertie the dinosaur) comme oeuvres de références. Des émissions
documentaires pourront compléter le dispositif.
Trame pédagogique
On pourra tout d'abord montrer une des premières oeuvres du cinéma d'animation et recenser les représentations qu'ont les enfants sur la manière de réaliser ces films et les films d'animation d'une manière générale. La
question qu'on pourra se poser alors est comment avec des dessins, peut-on donner l'illusion du mouvement ?
• Lancement d'une première situation problème : avec deux dessins, comment en faire un seul ? (mise en
évidence de la persistence rétienne en fabriquant des thaumatropes).
• Seconde situation problème : comment, avec deux images, peut-on faire un mouvement ? (mise en
évidence de l'effet phi cumulé à la persistence rétinienne en construisant un flip-flap).
• Ensuite, avec plusieurs images (une dizaine), comment créer un véritable mouvement ? Divers procédés
peuvent être utilisés : flip-book, zootrope...
A travers cette première séquence, on aura refait le parcours qui a mené à l'invention du cinéma.
Dans un second temps, on pourra mettre les enfants en situation véritable de création. Un simple camescope
ou appareil photo numérique, un ordinateur ouvre les portes de la réalisation très facilement. Un logiciel
comme "AnimatorDV Simple+", gratuit pour l'enseignement ou "Windows Movie Maker", permettront
de réaliser facilement un petit film avec les élèves, en utilisant différentes techniques (dessin découpé,
pixilation, animation d'objet...). De nombreuses séquences pédagogiques détaillées sont consultables sur
Internet (voir bibliographie ci-dessous).
Documents
• Les films The Enchanted Drawing: http://www.archive.org/details/TheEnchantedDrawing1900-ThomasAEdisonIncProducerJStuartBlackton, Humorous Phases of Funny Faces : http://www.archive.org/details/HumorousPhasesOfFunnyFaces et Gertie the Dinosaur, http://www.archive.org/details/Gertie téléchargeables sur Internet légalement.
• Documentaires dans la collection C'est Pas sorcier : " Il était toon fois... le dessin animé " (http://cest-pas-sorcier.france3.fr/?page=emission&id_article=150) ou La leçon du Professeur Kouro, série issue
du magazine Court-Circuit d'Arte, traitant des différentes techniques d'animation (http://php.arte-tv.com/
court-circuit-off/index.php?page=compil&mag=la_lecon)
• des livres : Un projet pour travailler l'image et les médias de Damien Bressy - Delagrave ; Techniques
d'animation pour débutants de Mary Murphy - Eyrolles.
• des sites internets : Réseau éducation médias (site québecois) : http://www.media-awareness.ca/
francais/ressources/educatif/activities/primaire_5-6/cinema/realiser_film_animation.cfm ; Ci33
néma d'animation : http://www3.ac-nancy-metz.fr/cddp57/cinema/ ; Les petites lanternes magiques : http://festival.inattendu.org/
Fiche n° 4 : Débat philo / débat réglé
Objectifs :
• faire se questionner les enfants à partir d'un problème de nature philosophique ;
• animer une situation de débat au sein de la classe.
Démarche générale :
Le but d'un débat philosophique en primaire est d'apprendre aux élèves à structurer leur pensée. A partir d'une
question posée quelques jours avant un débat, les enfants sont invités à réfléchir puis à s'exprimer lors d'un
temps de débat réglé en classe. Autour du film Kerity, de nombreuses questions peuvent être posées autour de
la mort, du dépassement de soi, de l'amitié, des désirs - pulsions (voir le personnage de l'ogre, du crabe). Les
questions qui suivent sont empruntées à un travail d'Olga Azocar et Bruce Demaugé-Bost, mis en ligne sur le
site : http://bdemauge.free.fr/index_philo.htm
Questions
Qu’est-ce que la mort ? Pourquoi est-on vivant et d’autres morts ? Pourquoi l’homme doit-il mourir ?
Comment faire pour savoir que quelqu’un est vraiment notre ami ?
Qui décide de ce qui est bien et de ce qui est mal ?
Autres pistes de réflexions
On peut imaginer de passer un extrait de film qui peut amorcer un débat en classe. Par exemple, sur la question
de nos désirs, on peut faire le lien entre l'enfant qui veut faire de nos héros ses jouets lorsqu'ils les aperçoit sur
la plage et le film Le Jouet de Francis Veber avec Pierre Richard. L'extrait où l'enfant choisit François Perrin
pour jouet peut être l'amorce d'une réflexion.
(pour voir l'extrait, http://www.youtube.com/watch?v=rwBU_LuQCVA)
Lexique
Angle de prise de vue : détermine le champ, c’est- àdire la partie de l’espace visuel enregistré par la caméra.
Diégèse : "tout ce qui est censé se passer, selon la fiction
que présente le film ; tout ce que cette fiction impliquerait si on la supposait vraie." (Étienne Souriau)
Doublage : opération consistant à remplacer la bande
"paroles" originale par une bande dans la langue souhaitée.
Echelle des plans : traduit un rapport de proportion
entre le sujet et le cadre ; il existe une infinité de plans
intermédiaires entre le très gros plan (TGP) et le plan de
grand ensemble (PGE).
Ellipse : Effet narratif qui consiste à ne pas montrer,
à ne pas décrire un moment de l’action. L’imagination
comble alors l’intervalle.
Fondu : action d’obscurcir ("fermeture") ou faire apparaître ("ouverture") l’image progressivement, souvent
en passant par le noir. S’il y a surimpression d’une fermeture et d’une ouverture, on parle de fondu-enchaîné.
Insert : très gros plan, souvent bref, appliqué plutôt à
un objet.
Montage : opération d’assemblage des images et d’assemblage des sons.
• Montage alterné : des plans tournés dans un même
lieu et en un même temps traitent d’actions différentes.
• Montage parallèle : des plans tournés dans un lieu et
dans un temps différents se succèdent.
Photogramme : image isolée d’un film
Plan : portion de film impressionnée par la caméra entre
le début et la fin d’une prise ; sur un film fini, le plan est
limité par les collures qui le lient aux plans précédent et
suivant.
Plongée : prise de vues dans laquelle la caméra est inclinée sur son axe vers le bas. Lorsque la caméra se situe en
dessous du sujet filmé, on parle de contre-plongée.
Plan fixe : la caméra reste fixée sur le pied, il n’y a aucune modification du cadre.
Panoramique : mouvement giratoire de la caméra
dont le pied reste fixe.
Travelling : mouvement de tout l’appareil de prise de
vues. On distingue les travellings avant, arrière ou latéraux.

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