Cite des fourmis J-P Geslin
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Cite des fourmis J-P Geslin
Madame Vilac Evelyne Ecole Marc Bloch 2 à Gonesse (CE1) JeanJean-Pierre Geslin Professeur d’Ecole Normale - IUFM Qu’il me soit permis d’exprimer ma joie profonde face à la curiosité, chaque jour renouvelée et aux remarquables productions de ces chers petits… Talon, moi Le Funeste, pour la première fois, et très probablement pour la dernière, je ne peux qu’approuver votre analyse… Deviendriezvous intelligent ? Réédition I- Nos objectifs : IA) Objectifs notionnels : Nous nous proposions d’observer différentes manifestations de la vie : - Concept du vivant : naître, grandir et se développer, réagir à son environnement, se nourrir et se reproduire, vieillir et mourir. - Concept de fonctions vitales : * Fonctions de nutrition : Que mangent les fourmis ? Que préfèrent-elles ? Relations trophiques (= relations alimentaires entre individus)… * Fonctions de reproduction : la ponte, les larves, les nymphes et les adultes, les reines et les mâles ailés (les enfants avaient déjà travaillé sur le cycle du papillon). * Fonctions de relation : déplacements, sensibilité, comportement de défense et recherche de la nourriture. Nymphe nue de fourmi Nous souhaitions de plus introduire la Image du site notion de société animale avec répartition http://www.multimania.com/lesfourmis/ des tâches (reines, ouvrières, soldats…) et remaniement permanent de la cité. IB) Objectifs méthodologiques : L’introduction de cet élevage dans la classe devrait permettre aux enfants de formuler des questions pouvant être résolues par l’observation et l’expérimentation. Nous envisageons donc une initiation à l’observation (et en particulier au dessin d’observation) et à la démarche expérimentale. IC) Objectifs de savoir être : Les fourmis rousses manifestent : elles détruisent de nombreux insectes nuisibles, disséminent les graines et aèrent les sols. Leur diminution est un signe de mauvaise santé de la forêt… menons à une prise de conscience. Dessin : BT n° 954. Jean-Pierre GESLIN, professeur. 2 Les représentations des enfants avant l’observation des… « Ayant recueilli des fourmis, je les ai emmenées en classe. Avant de les montrer aux enfants, je leur ai dit que nous allions voir des fourmis mais qu’avant j’aimerais bien qu’ils dessinent une fourmi telle qu’ils l’imaginaient ». Consigne : « Dessine une fourmi… le mieux possible ». Jean-Pierre GESLIN, professeur. 3 Les représentations des Jean-Pierre GESLIN, professeur. (suite) 4 : Schémas (remaniés) extraits de Biologie 5ème par Astolfi, Borgel, Faure et Vogel. Librairie Belin 1978. * Il faut d’abord préparer les éléments en pâte à modeler comme indiqué sur le schéma 1. * On dépose ensuite la vitre au fond de la caisse et on dispose les éléments en pâte à modeler sur cette vitre. * On coule du plâtre à modeler fin et on laisse sécher pendant au moins 2 jours. * On retourne alors la caisse et on démoule la fourmilière obtenue. * On soulève la vitre, on retire la pâte à modeler en totalité (elle contient de l’huile que les fourmis n’aiment pas) puis on remet la vitre. * On creuser un tunnel afin de raccorder le tuyau allant de l’avant-nid à la fourmilière. * Enfin, remplir d’eau le compartiment humificateur et installer les fourmis. Recouvrir d’une feuille de papier noir. Jean-Pierre GESLIN, professeur. 5 Voici un modèle légèrement différent de moule pour fourmilière en plâtre. L’objet peut être employé pour réaliser plusieurs fourmilières. La photographie est extraite de « Biologie 5ème » par Hervé, Le maître et Monier. Editions Hatier. Je propose que vous installiez des fourmis à miel… c’est une espèce pleine d’intérêt ! Mise en service de la fourmilière artificielle : « Il faut vous procurer de nombreuses fourmis, d’une même colonie, comprenant des ouvrières (au moins 100), des reines (au moins 1), des œufs, des larves et des nymphes. Le plus simple est de remplir rapidement, avec une cuiller ou une pelle d’enfant, un récipient apporté à cet effet (bocal en plastique, boîte de conserves) de la terre de la fourmilière et de ses occupantes. Puisez à différents niveaux du nid et couvrez soigneusement avec un morceau de plastique serré par un bracelet de caoutchouc. Au retour, vous transvaserez vos prisonnières. Nous vous proposons d’opérer – pour un modèle en plâtre – comme l’indique la figure cidessous. » Texte et schéma extraits de « Biologie 5ème » par Hervé, Le maître et Monier. Editions Hatier. « Si l’opération réussit, vous passerez des moments extraordinaires à observer le jeu hésitant des éclaireuses explorant leur nouveau domaine, leur retour vers leurs compagnes, et l’exode avec "armes et bagages" c’est-à-dire, œufs, larves, nymphes et même une partie de la terre, de toute la population. » Jean-Pierre GESLIN, professeur. 6 Un aspirateur à fourmis… Pour prélever des fourmis (lors de la capture ou dans la fourmilière artificielle, on peut utiliser un aspirateur. Schéma (remaniés) extrait de Biologie 5ème par Astolfi, Borgel, Faure et Vogel. Librairie Belin 1978. J-P Geslin vous prépare une version plus sophistiquée pour la capture de l’ours qui a pénétré sans autorisation dans la page précédente. Illustration : P. Oldfield et V. Quelle espèce de fourmi avons-nous capturé ? Les fourmis à aiguillon (Myrmica laevinodis) Communes partout, construisent leur nid sous une pierre, dans une souche ou un arbre creux. 3, 5 à 7 mm selon les individus. Elles piquent… Les fourmis noires (Lasius fuliginosus). Corps noir très brillant. Construisent leur nid un arbre creux (bouleau, chêne, peuplier, saule, tilleul). 3 à 6 mm selon les individus. Elles ne piquent pas mais projettent, au niveau de l’abdomen, un liquide corrosif… Elles se nourrissent de miellat de pucerons et cultivent des champignons. Les fourmis rousses (Formica rufa). Vivent en forêt dans des grandes fourmilières avec dôme en aiguilles de conifères et en brindilles. 6 à 11 mm selon les individus. Elles ne piquent pas mais possèdent 1 glande à venin. Sollicitent les pucerons pour obtenir du miellat. Protégée dans certains pays car elles exterminent des larves nuisibles (environ 1 kg par jour pour une fourmilière moyenne)… Remanié d’après « Petits animaux des bois et des champs » par G. MandahlBarth. Editions F. Nathan. Jean-Pierre GESLIN, professeur. 7 Les questions des enfants Questions : Suppositions : Comment procéder Conclusions : pour savoir ? 1. Que mangentDu sucre, du pain, Proposer les aliments Elles mangent du pain, des graines, du elles ? des graines, des vers, puis observer. sucre. Elles tuent des vers. Elles sont de la viande. mortes sur la viande (tête de lapin)… 2. Pourquoi les Parce que la tête Apporter de la Les fourmis ne meurent pas et mangent la fourmis qui sont sentait mauvais, que viande, en plus faible viande. allées sur la tête de la viande, en trop quantité et qui ne lapin sont-elles grosse quantité, a sente pas mauvais. mortes ? pourri. 3. Comment fontElles creusent avec Il faut les observer. Elles creusent et transportent les brindilles elles les galeries ? les pattes, avec la avec leurs mandibules. bouche. 4. Savent-elles Oui, non. Mettre une fourmi Elles ne savent pas nager. nager ? dans un verre d’eau et voir ce qui se passe. Oui !! Elles s’assoient sur leur derrière 5. Les fourmis Oui. En prendre une dans (abdomen) quand on s’approche, pour mordent-elles ? la main. mieux se défendre. Quelques mois pour une ouvrière. 6. Combien de Regarder dans un Quelques années pour une reine. Elles ont temps vit une livre. un cimetière comme nous. Elles meurent fourmi ? parce qu’elles travaillent trop ou qu’elles sont vieilles. 7. Combien d’œufs ? Chercher dans un Un œuf toutes les 2 minutes. pond la reine ? livre. 8. Est-ce que ce Oui, ce sont des Regarder si elles les Ce sont des cocons. sont des œufs, « les œufs. Non, c’est de la mangent, s’il en sort Œufs Larves Cocons Fourmis grains de riz » ? nourriture. des fourmis. Chercher dans un livre. 9. Pourquoi Elles ont peur qu’on Les éclairer Les fourmis se sauvent avec les cocons. cachent-elles les les tue. C’est à cause brusquement. C’est difficile de savoir si elles ont peur. cocons ? de la lumière. ? Dessin : BT n° 954 Jean-Pierre GESLIN, professeur. 8 Que mangent les fourmis ? Dessin : BT n° 954 Jean-Pierre GESLIN, professeur. 9 Comment font-elles les galeries ? Mandibules grossies de fourmi. Image du site http://www.multimania.com/lesfourmis/ Si on installe une fourmilière constituée de deux vitres appliquées contre 2 tasseaux de bois de 2 cm de section, il ne reste que peu d’espace aux fourmis. Il suffit alors de fixer un carton noir sur chacune des vitres pour que les fourmis creusent contre celles-ci. Quand on enlève les cartons, on peut observer le travail des fourmis dans la terre y compris le creusement des galeries. J-P Geslin. « On a une fourmilière en classe. Les fourmis on fait des galeries. » « Ce sont les ouvrières qui creusent les galeries. » Enfants de la classe. Fourmis au travail dans leurs galeries creusées grâce aux mandibules. « Les mandibules s’articulent horizontalement comme une pince. Elles sont à la fois scies ou ciseaux (pour découper), "mains" pour transporter, tenailles pour saisir, pelles pour creuser. » BT n° 954 du 20 juin 1984. Jean-Pierre GESLIN, professeur. 10 Les fourmis nagent-elles ? Les fourmis mordent-elles ? Jean-Pierre GESLIN, professeur. 11 Correspondance scolaire Les antennes sont les organes du toucher et de l’odorat. Elles jouent un rôle essentiel à la fois dans l’orientation et dans la communication des individus au sein de la colonie. Jean-Pierre GESLIN, professeur. 12 Correspondance (suite) Jean-Pierre GESLIN, professeur. 13 Correspondance (fin) Fourmi rousse (Formica rufa) en position de défense. Il n’existe pas d’aiguillon mais elle est capable d’expulser de l’acide formique par son abdomen. Le jet peut être projeté à 30 centimètres de distance. Photographie : Daudt. La fourmi à parasol (Atta sexdens) vit en Amérique du Sud où elle est appelée « saubas ». On distingue 3 types d’ouvrières : * des soldats à tête énorme et à mandibules hypertrophiées qui défendent la colonie (voir photo ci-dessus). * des ouvrières qui coupent les feuilles * d’autres plus petites qui s’occupent du nid. Photographie : J. Six. Jean-Pierre GESLIN, professeur. 14 Documents de recherche Document 1 : Les fourmis Il existe de nombreuses espèces de fourmis : plus de 7600 ( … et aux dernières nouvelles 180 en France). I) La fourmilière Les fourmis vivent en société dans une fourmilière souterraine faite de nombreuses galeries, de chambres aux contours irréguliers où la température est peu différente du milieu extérieur. L'hiver, elles émigrent vers les zones profondes et cessent leurs activités. Le tout constitue un ensemble complexe, parfois surmonté d'un monticule formé par l'évacuation des déblais de terre. Chez les fourmis rousses le nombre d'individus que comprend une fourmilière est très variable: de 10 000 à 500 000. II) Les habitants de la fourmilière Dans une fourmilière on trouve une ou plusieurs reines, des ouvrières, de loin les plus nombreuses et des mâles. Les ouvrières. Ce sont de petites femelles, presque toujours stériles, sans ailes, au thorax rétréci. Elles vivent de trois à quatre mois pendant la belle saison. Ce sont elles qui construisent la fourmilière à l'aide de leurs mandibules, s'occupent des oeufs, des larves et des nymphes, distribués sans ordre dans la fourmilière et fréquemment déplacés. Elles vont à la recherche de la nourriture à l'extérieur de la fourmilière, et rapportent des proies, des graines, des pétales. Dépecés par leurs puissantes mandibules à l'intérieur de la fourmilière, les aliments sont dévorés par les adultes ou déposés sur le ventre des larves, qui les consomment. Les aliments liquides (nectar par exemple) sont rapportés dans le jabot des pourvoyeuses. Celles-ci sont sollicitées par les fourmis restées à la fourmilière, qui frappent ou caressent avec leurs antennes la tête de la pourvoyeuse, laquelle rejette une goutte de 1iquide provenant du jabot. La fourmi demandeuse absorbe cette goutte, puis est sollicitée à son tour et ainsi de suite ; l'aliment liquide est donc réparti entre Echange de nourriture entre 2 fourmis brunes. tous les membres de la société. Les Photographie Jacques Six. pucerons fournissent une sécrétion sucrée dont les fourmis sont friandes ; elles peuvent les transporter et les grouper sur les plantes dont ils sucent la sève. Les fourmis s'orientent, elles aussi, par rapport au soleil : leur route fait un angle constant avec la direction du soleil ; le retour à la fourmilière se fait de la même façon. Nous le savons déjà, les fourmis perçoivent les odeurs des objets en les touchant avec leurs antennes. Remarque. La division du travail est beaucoup moins nette chez les Fourmis que chez les abeilles. Jean-Pierre GESLIN, professeur. 15 Document 1 (suite) : Les fourmis La reine et les mâles de fourmis. Selon les fourmilières, il peut y avoir une seule ou plusieurs reines, et de cent à deux cents mâles. La reine porte des ailes qu'elle arrache après le vol nuptial. Son thorax est volumineux. Elle fonde seule son nid après avoir été fécondée. Les ouvrières issues des premiers oeufs sortent et nourrissent leur mère qui, auparavant, a parfois dévoré une partie de sa ponte. Durant les premières années qui suivent la fondation du nid, la société ne se développe guère. Puis, une ou deux fois par an, les nymphes donnent naissance à une génération de fourmis Reine dévorant une partie de sa ponte. Site internet : ailées, comprenant des mâles, relativement petits, http://www.multimania.com/lesfourmis/ et des femelles, beaucoup plus grosses. Au bout de quelque temps, mâles et femelles s'envolent pour un vol nuptial nommé essaimage. L'accouplement a lieu à terre, au retour du vol. Chaque femelle, fécondée par plusieurs mâles, fonde une nouvelle société dont elle sera la reine. Parfois, elle se fait accepter par une autre fourmilière. La reine peut vivre une dizaine d'années ; en période active, elle pond un oeuf toutes les deux minutes. Remarque. On ne sait pas exactement pourquoi une larve, qui est du sexe femelle, se développe soit en reine, soit en ouvrière stérile. Comme les abeilles, les fourmis (tout au moins les mâles et les femelles) ont quatre ailes membraneuses, des métamorphoses complètes. Ces caractères les placent dans les Hyménoptères. Leur Reine de fourmis brunes entourée d’ouvrières et de appareil buccal est du type lécheur, avec nymphes. Photographie Jacques Six. des mandibules bien développées cependant. Conclusion : Les sociétés d'insectes sont caractérisées par la présence de nombreuses ouvrières, d'une femelle pondeuse appelée reine (parfois plusieurs) et d’un nombre variable de mâles dont l'existence est le plus souvent éphémère. La division du travail est parfois très poussée, chaque individu étant spécialisé dans une tâche. Les insectes sociaux possèdent des moyens leur permettant de communiquer entre eux, ce qui rend possible l'existence de la société. Texte extrait du livre de M. Bouet et J. Vallin : Biologie 5ème. Collection Charles Désiré. Editions Bordas. Jean-Pierre GESLIN, professeur. 16 Documents de recherche Document 2 : Les fourmis Les fourmis, d'espèces nombreuses, forment des sociétés plus curieuses encore que celles des abeilles. Vous connaissez ces petits insectes noirs rencontrés partout en été, jusque dans nos maisons et nos pots de confitures : il s’agit le plus souvent de l’espèce « Fourmi noire ». Dans nos forêts, les fourmis rousses, plus grandes que les précédentes, construisent des demeures importantes en dômes bruns faits de multiples brins de feuilles, brindilles, morceaux de bois. Une population de fourmis comprend des femelles ou reines, des mâles, des ouvrières. Femelles et mâles ont 4 ailes membraneuses. Après le vol nuptial, qui se fait en grande troupe, les femelles les perdent. L'abdomen renferme une glande à venin. Dépourvue d'aiguillon la fourmi rousse mord avec ses mandibules tranchantes, recourbe l'abdomen et laisse tomber dans la blessure quelques gouttes de liquide. Quand l’insecte est furieux, il lance un jet qui peut atteindre 30 voire 50 centimètres. Avec leurs fortes mandibules, les fourmis cisaillent des cadavres d’insectes et d'autres animaux, grignotent la pulpe des fruits, broient les bourgeons, les jeunes pousses. La langue n'a plus qu’à lécher les liquides qui sortent. Les fourmis sont omnivores. Mais ce sont surtout les mets sucrés qu’elles préfèrent : nectar, sève, jus de fruits. Certaines espèces… caressent les paisibles pucerons de leurs antennes. Ceux-ci, tout occupés à puiser la sève du végétal, expulsent de temps à autre une gouttelette sucrée immédiatement absorbée. Certaines espèces de fourmis emportent des pucerons dans leur demeure et en font l’élevage. La demeure des fourmis est toujours prodigieuse. Le dôme des fourmis rousses peut atteindre 1,80 voire 2 mètres de hauteur et 4 à 10 mètres de diamètre, avec étages horizontaux et puits verticaux (mais une fourmilière de fourmis rousses mesure le plus souvent 60 cm de hauteur pour 1,20 m de diamètre). Les galeries inférieures sont creusées dans le sol. On compte jusqu’à 40 étages. La fourmilière a plusieurs ouvertures qui sont fermées à la chute du jour et par temps de pluie au moyen de bûchettes entrecroisées. Extraits du M. Oria, biologie 5ème. Editions Hatier. Jean-Pierre GESLIN, professeur. 17 Document 2 : Les fourmis (suite) Une société de fourmis rousses compte jusqu’à 500 000 individus parmi lesquels 20 à 30 reines. Au milieu de l’été, des milliers de jeunes femelles et de mâles quittent la fourmilière et s’envolent : c’est le vol nuptial. Puis ils reviennent sur le sol. Les mâles, abandonnés à eux-mêmes, et incapables de rechercher leur nourriture, ne tardent pas à mourir. Des femelles disparaissent aussi. Celles qui restent, en s’aidant de leurs pattes, se débarrassent de leurs ailes. La plupart ne rentrent pas à la fourmilière, mais vont fonder chacune pour leur compte une nouvelle colonie. Les autres sont ramenées au logis par les ouvrières. Elles n’en sortiront plus. Dès le printemps suivant leur unique fonction sera de pondre. Les ouvrières les nourrissent, en dégorgeant de temps à autre dans leur bouche quelques gouttes de miellée, liquide sucré régurgité par le jabot. Elles les nettoient, les entourent, les caressent et souvent même les portent. Copulation après le vol nuptial. Dans les obscures galeries, les reines pondent des milliers d’œufs, un toutes les deux minutes, que les Site internet : http://www.multimania.com/lesfourmis/ ouvrières transportent dans des chambres spéciales. Ces œufs, humectés de salive, donnent naissance à de petites larves sans yeux ni pattes. Les larves sont l’objet de soins assidus, nourries, léchées. Elles finissent par filer un cocon de soie blanche dans lequel elles deviennent des nymphes. Les cocons, qui enferment les nymphes, sont souvent appelés improprement "oeufs de fourmis". Larves et nymphes sont transportées d’une Arrachage des ailes après la copulation. chambre à l’autre, descendues aux étages inférieurs le soir et les jours de pluie, remontées aux étages Site internet : http://www.multimania.com/lesfourmis/ supérieurs par les temps de soleil. Dans le cocon, les nymphes deviennent insectes parfaits. Les ouvrières, avec leurs mandibules, aident Les fourmis gâte-bois (Camponotus leurs nouvelles compagnes à sortir de leur prison de ligniperda) creusent leur nid dans les troncs soie. Et les jeunes fourmis entrent en vie commune. d’arbres morts et peuvent sérieusement Dans leur écrasante besogne les ouvrières endommager les arbres abattus avant qu’ils s’entraident. Un fardeau trop lourd pour une seule sera ne parviennent à la scierie. La fourmi d’Argentine (Iridomyrmex porté par plusieurs ; des centaines se grouperont pour humilis), qui est originaire d’Amérique du chasser un intrus. L’ouvrière qui rentre de campagne, Sud, envahit souvent les maisons du Sud de dégorge, en passant, une goutte de miellée à sa la France et cause des dégâts, en particulier compagne en plein travail. Les individus, harassés de aux aliments. J-P Geslin. fatigue ou blessés, sont portés et soignés dans les salles de repos. Les fourmis font preuve d’initiative. Ainsi, l’habitation varie avec la nature du terrain et des matériaux trouvés. Il arrive qu'une ouvrière défait ce que l’autre a construit pour le refaire à sa guise. La vie de la fourmilière n'est pas réglée par des lois immuables comme celle de la ruche. Les mœurs des fourmis présentent une certaine souplesse. … Les fourmis… se font la guerre entre espèces différentes, ou, dans la même espèce, entre tribus voisines. Les mandibules et le venin sont des armes redoutables… Elles font preuve de "courage". Des prisonnières sont gardées comme esclaves. Au début de l’hiver, beaucoup de fourmis meurent. Les autres s’engourdissent dans leur demeure et passent la mauvaise saison en vie ralentie, sans manger. Les fourmis ne font donc pas de provisions pour l’hiver. Certaines fourmis des pays chauds et même du littoral méditerranéen n’hibernent pas. Celles-ci font alors des provisions de grains. Il y a plus de 7600 espèces de fourmis dont la plupart n'habitent que les régions tropicales. Certaines possèdent un aiguillon. Beaucoup commettent d’importants dégâts, en perforant les arbres, les poutres, en envahissant nos maisons et nos réserves alimentaires. Certaines grosses fourmis tropicales sont redoutées de l’homme qui préfère céder la place plutôt que d’essayer le combat. Jean-Pierre GESLIN, professeur. M. Oria, biologie 5ème. Editions Hatier. 18 Documents de recherche Document 3 : Des sociétés organisées dans la forêt Vous rencontrerez sous bois, et particulièrement sous les résineux, des amas importants de brindilles, d’aiguilles de pins ou de sapins, de débris de feuilles, où vous verrez entrer et sortir de grosses fourmis : ce sont les fourmilières de la fourmi rousse. Le dôme extérieur qui, en toutes saisons, assure une bonne protection contre l’humidité et le froid, couvre un logis souterrain très étendu, l’ensemble comptant de nombreux étages de chambres et de galeries. Ce dôme, qui reçoit les rayons du soleil sous tous les angles où ils arrivent, emmagasine plus de chaleur que ne le ferait le toit d’un nid au ras du sol. Et cependant, aux jours pluvieux et froids, les fourmis adultes transportent les nymphes aux étages inférieurs mieux protégés, pour les remonter ensuite quand il fait beau. Observer les fourmis qui sortent et vont parfois à plus de 50 mètres du nid, au long des pistes quelles marquent de leur odeur. Voyez leur affairement dans leurs recherches, et leur comportement quand elles en croisent d’autres. Notez ce que transportent celles qui reviennent au nid. Les unes portent ou traînent des matériaux pour le dôme qui s’accroît sans cesse ou des nourritures diverses, graines, menus insectes ou fragments d’insectes plus gros découpés par leurs puissantes mandibules. Voyez comment elles s’entraident pour le transport de fardeaux souvent plus lourds qu’ellesmêmes. D’autres ont le jabot plein de sucs nourrissants qu’elles ont pris aux plantes ou aux pucerons qu’elles ont tapotés pour sucer le miellat qu’ils rejettent alors. Elles en dégorgeront une gouttelette dans la bouche des compagnes fatiguées qu’elles croiseront, ou dans celle des larves à nourrir au nid, ou des reines trop occupées à pondre pour chercher elles-mêmes leur nourriture. Car l’organisation de la fourmilière est remarquable, et se retrouve identique chez la plupart des nombreuses espèces. Elle est aussi celle des petites fourmis noires des jardins, ou des grosses fourmis noires qui font leur nid sous l’écorce des arbres abattus, ou de celles qui, vraies guerrières, réduisent d’autres espèces en esclavage pour effectuer tous les travaux nécessaires à la vie de leurs colonies. Chaque fourmilière comprend des individus différenciés : des mâles petits et ailés, des femelles de plus grande taille, et des fourmis moins grosses, stériles, qui sont les ouvrières que vous voyez, ou parfois les " soldats" à grosse tête munie de fortes mandibules chargés de la défense du nid. Aux beaux jours, mâles et Fourmis rousses. femelles ailés, nés en abondance à la Dessins extraits du livre de P. Vincent : Sc. Nat. 5ème. belle saison, quittent les nids par milliers Editions Vuibert. pour un vol nuptial où ils s’accouplent. Après l’accouplement, … à terre, abandonnés et incapables de se nourrir eux-mêmes, les mâles meurent. « Ce que dit la nature dans le bois » par S. Duflos et R. Brandicourt. Hatier. Jean-Pierre GESLIN, professeur. 19 Document 3 : Des sociétés organisées dans la forêt (suite) Les femelles, fécondées pour toute leur vie, se débarrassent de leurs ailes, ou laissent des ouvrières les leur arracher. Elles deviennent les " reines" chargées uniquement de la ponte qui peuplera le nid. Si ces femelles restent isolées, après avoir passé l’hiver à l’abri sous terre, chacune pond, élève elle-même les premières larves qui, peu nourries, seront stériles : ce sont des "ouvrières" qui se mettent tout de suite à l’ouvrage. Alors la colonie est fondée. La reine bien nourrie par les ouvrières ne quittera plus le nid où elle pondra sans cesse. La colonie s’accroît. Les ouvrières, de plus en plus nombreuses, assurent aux larves une nourriture abondante ou spéciale qui provoquera la naissance de nombreux individus sexués (mâles ou femelles), dont le vol nuptial, aux beaux jours, permettra l’extension du nid par l’apport de nouvelles reines fécondées, ou la création de colonies nouvelles. Sachez que certaines espèces ne se contentent pas de "traire" les pucerons sur leurs branches, mais en élèvent dans la fourmilière, les soignent et nourrissent comme un vrai bétail pour profiter sur place du miellat qu’ils produisent. D’autres cultivatrices entreposent des débris végétaux sur lesquels se développent certaines moisissures pour se nourrir de ces minuscules champignons ou bien plantent des graines autour de la fourmilière et moissonnent la récolte. Quel travail ! Et quelle solidarité dans l’effort ! … Si l’on pense quelles font seules toutes les besognes nécessaires, construction, entretien, nourriture et défense des hôtes du nid, élevage des larves, et qu’elles vivent cependant peu de temps, la plupart mourrant dès l’hiver, combien d’œufs les reines doivent-elles pondre pour assurer pendant des années la vie de cette étonnante société ! Extrait de « Ce que dit la nature dans le bois » par S. Duflos et R. Brandicourt. SAVEZ-VOUS QUE… * Certains nids de fourmis rousses abritent jusqu’à 500 000 individus en une quarantaine d’étages de galeries ? * Les fourmis rousses ferment les entrées de leur fourmilière le soir et les jours de pluie ? * Une reine de fourmi rousse pond un œuf toutes les 2 minutes ? * La fourmilière peut comprendre 20 reines et plus ? * Chez les fourmis, une reine peut vivre plus de 10 ars tandis qu’une ouvrière ne vit que Photographie d’une fourmilière en dôme quelques mois ? Document de l’APEF (association française de * Il existe plus de 7 600 espèces de fourmis de protection et de sauvegarde des fourmis). par le monde ? * Les fourmis forment plus de 90 % de la nourriture des piverts ? * Les nymphes (dites "œufs de fourmis") sont une alimentation de base pour les faisandeaux d’élevage ? Jean-Pierre GESLIN, professeur. 20 Documents de recherche Document 4 : Les fourmis (page 1) La société des fourmis est sans conteste la plus proche par ses réalisations, de la société humaine. La fourmi pratique comme l’espèce humaine les trois méthodes principales pour se procurer de la nourriture: cueillette, chasse et culture. Il semble que les sociétés de fourmis existent depuis très longtemps puisqu'on a retrouvé dans l'ambre de la Baltique vieux de 30 à 40 millions d'années les fossiles des divers types morphologiques d'une même espèce. Toutes les sociétés de fourmis se composent de 3 castes : les reines qui fondent les colonies et dont le seul rôle est de pondre ; les mâles qui fécondent la reine et meurent après et les ouvrières qui sont les éléments actifs de la fourmilière. La fourmilière est une société pérenne : on en a connu qui sont restées prospères durant une quarantaine d'années. Les ouvrières : Ce sont des femelles en général de petite taille et toujours dépourvues d'ailes. Elles possèdent un organe de nettoyage des antennes. Quel est le rôle des ouvrières ? La division du travail est beaucoup moins développée chez les fourmis que chez les abeilles. Toutefois, chez l'espèce Atta les jeunes ouvrières restent au nid. Ce sont les ouvrières qui construisent les nids. Ces nids sont, de façon générale beaucoup plus simples que ceux des abeilles ou des guêpes. Il existe de nombreuses variétés de nids. Le plus fréquent est le nid creusé dans le sol, formé de chambres reliées par des galeries. Le nid souterrain de la fourmi jaune (la plus banale) est surmonté d'un monticule formé des déblais de la construction de la fourmilière. BT n° 954 du 20 juin 1984. THEMES, no 90 (Juin 1973). Jean-Pierre GESLIN, professeur. 21 Document 4 : Les fourmis (page 2) Mais d'autres espèces, ou même d'autres genres de fourmis installent leur nid sous une pierre, dans une fente de rocher ou sous l'écorce des arbres. Certaines espèces bâtissent des nids aériens sur les branches des arbres ; le matériau de construction de tels nids ressemble à du carton, il s'agit en fait de bois malaxé avec de la salive par les ouvrières. La construction du nid de l'espèce Oecophylla est particulièrement curieuse : « Un premier groupe d'ouvrières rapproche deux feuilles voisines de manière à amener le bord de leurs limbes sensiblement en contact. Si les deux feuilles à rapprocher sont éloignées l'une de l'autre, les ouvrières font la chaîne... Un deuxième groupe d'ouvrières survient alors, chacune porte une grosse larve entre ses mandibules. Elle la caresse de ses antennes : la larve secrète aussitôt un fil de soie. L'ouvrière approche la tête de la larve du bord du limbe, y fixe la soie, puis transporte la larve sur le limbe voisin et ainsi de suite. Elle se sert de la larve comme d'une pelote de soie qu'elle dévide peu à peu. A la fin de l'opération, un tissu fin et solide unit les deux feuilles.» Les ouvrières de l'espèce Messor circulent toujours en colonne. Chaque ouvrière de la file dépose sur le sol une goutte d'un liquide anal très odorant. De ce fait, le chemin suivi par la colonne est une « piste odoriférant » que les ouvrières n'ont qu'à suivre. Il semble bien que les fourmis circulent à l'aide d'un « compas lumineux », le trajet emprunté par l'insecte faisant un angle constant avec son oeil. Au retour, l'insecte utiliserait ce même procédé, le soleil étant observé sous le même angle, mais de l'autre oeil. Les fourmis rapportent au nid des proies, des fragments de feuilles ou de pétales mais aussi des graines... Les proies satisfont un double but : nourrir les adultes au nid et les larves. Les ouvrières peuvent aussi rapporter des aliments liquides. Elles les stockent alors dans une poche de leur tube digestif appelé « jabot ». Arrivées au nid, elles sont alors sollicitées par les antennes des ouvrières restées dans la fourmilière. Les ouvrières ainsi sollicitées régurgitent une goutte de liquide provenant du jabot. Certaines espèces d'ouvrières sont appelées « pot à miel » car elles accumulent tant de liquide dans leur jabot que leur abdomen devient sphérique. Elles sont quasiment incapables de se déplacer et passent leur vie suspendues au plafond du nid, jouant le rôle « d'estomac social » pour la communauté. Les ouvrières nourrissent aussi la reine et les larves. Les larves émettent de temps en temps par l'anus un liquide proctodéal que les ouvrières lèchent. BT n° 954 Ces échanges de nourriture et de sécrétions ont été appelés « trophallaxie.» Il semble que de tels échanges soient indispensables à la bonne coordination de la société car on ne les observe pas chez les espèces primitives et la survie expérimentale de fourmis isolées est extrêmement difficile. Les ouvrières se lèchent réciproquement et la reine et le couvain sont l'objet d'un léchage constant de la part des ouvrières. L'unité de la colonie est liée à ces léchages qui permettent la reconnaissance entre les individus. Les antennes jouent un rôle essentiel dans ces phénomènes de reconnaissance. Les antennes sont constamment en mouvement. Les fourmis tâtent tout ce qu'elles rencontrent avec leurs antennes et en perçoivent les odeurs. Un tel odorat est qualifié de topochimique. Les ouvrières sont… stériles. (…) Les ouvrières ont une vie assez brève : trois ou quatre mois en moyenne. Jean-Pierre GESLIN, professeur. 22 Document 4 : Les fourmis (page 3) La reine et la fondation de la fourmilière. La reine possède des ailes qu'elle perd lors du vol nuptial ou peu après. La reine est en général de plus grande taille que les ouvrières. Dans la plupart des cas, la reine fonde seule son nid. Une jeune femelle, inutile pour la fourmilière où elle a vu le jour s'envole, rencontre un mâle (ou plusieurs) qui la féconde(nt). Elle se met alors à construire son nid où, quelques semaines après ce vol nuptial, elle commence à pondre. Les 1ières ouvrières issues de ces oeufs nourrissent alors leur « mère ». Parfois, la reine doit pour se nourrir dévorer une partie des oeufs qu'elle a pondus. C'est le BT n° 954 du 20 juin 1984. phénomène dit d'oophagie. Dans certains cas, la reine n'est pas capable de fonder seule son nid. Il s'agit d'espèces parasites ou esclavagistes où la reine utilise comme esclaves les ouvrières d'une autre espèce : elle pénètre dans le nid de l'autre espèce, en tue les ouvrières de telle sorte que les jeunes ouvrières qui écloront l'adopteront comme leur reine. La reine a une vie beaucoup plus longue que les ouvrières puisqu'elle peut vivre jusqu'à 15ans. Les mâles : Les mâles possèdent des ailes et leur rôle est essentiellement de féconder les femelles (pendant ou au sol après le vol nuptial). Ils ne vivent que quelques jours… Les « métiers » des fourmis : "Paresseux, va vers la fourmi", conseille le roi Salomon dans ses proverbes. "Observe son comportement et devient sage. Elle n'a ni chef, ni inspecteur, ni maître, et elle prépare en été sa provision, amassant à la moisson de quoi manger". Mais rien ne prouvait que les fourmis amassaient des grains jusqu'au siècle dernier quand un naturaliste anglais BT n° 954 du 20 juin 1984. découvrit sur la côte méditerranéenne des fourmis possédant de véritables greniers. Ces fourmis dites moissonneuses habitent des régions arides et doivent amasser les grains en prévision de la sécheresse. Les graines sont broyées et réduites en pâtée avant leur utilisation. Autour des fourmilières de moissonneuses on trouve souvent des végétaux, ce qui a fait croire longtemps que ces fourmis « cultivaient » des plantes pour ne pas manquer de graines. Selon toute vraisemblance, le développement de ces plantes est dû à la germination fortuite des graines accumulées par les moissonneuses. Les fourmis ramassent probablement les grains de ces végétaux mais elles ne doivent, là encore, cette récolte qu'au hasard. Jean-Pierre GESLIN, professeur. 23 Document 4 : Les fourmis (page 4) Plusieurs espèces de fourmis possèdent au sein de la fourmilière une culture de champignons. Les fourmis champignonnistes sont très fréquentes dans les pays tropicaux. Elles sont aussi appelées coupeuses de feuilles car el1es se servent de fragments de feuilles réduits en pâtée et transformés, grâce à leur salive, en une sorte de fumier pour la culture de leurs champignons. Ces fourmis peuvent dépouiller en une nuit un arbre de l'ensemble de ses feuilles. Chaque espèce de fourmi champignonniste cultive une espèce bien déterminée de champignon. Les « nourrices » apportent les larves sur la champignonnière et les laissent brouter à leur guise. Les fourmis visiteuses, ou fourmis légionnaires, elles, sont carnassières et nomades. Le naturaliste Henry Walter Bates écrivait à leur propos : « partout où elles passent, tous les autres représentants du règne animal sont pris de panique. Elles déferlent partout, elles grimpent sur les arbres bas... elles se concentrent là où les proies abondent. La phalange serrée de ces petits corps brillants et extrêmement mobiles fait penser à un torrent de liquide rouge foncé. Tous les insectes à corps mou leur succombent et sont aussitôt déchiquetés pour être transportés plus facilement. La colonie se reforme ensuite et se remet en marche pour déborder de temps en temps sur les flancs afin de livrer de nouvelles attaques.» On pourrait croire que ces fourmis nomades quittent leur territoire quand la nourriture vient à manquer. Il n'en est pas ainsi. Le rythme de changement de camp est lié à la production d’œufs par la reine et au stade de développement des larves. Les larves secrètent, en effet, en échange de nourriture un liquide qui stimule le déplacement de la colonie. La reine, contrairement à bien d'autres reines de sociétés d'insectes ne pond pas de façon continue mais à des intervalles d'environ un mois. Quand les larves de la société commencent à filer leur cocon, l'armée s'installe pour une vingtaine de jours. Les larves qui sont alors en état de vie ralentie ou nymphose (pendant laquelle s'effectuent les grandes modifications qui les transformeront en insectes parfaits), n'ont plus besoin de nourriture et ne secrètent rien. La reine pond pendant ces haltes jusqu'à 25000 oeufs par semaine. Les fourmis quittent le campement lorsque les oeufs sont éclos, de nouveau excitées par les secrétions larvaires. A ce moment les nymphes ont achevé leurs métamorphoses et ce sont de nouveaux insectes adultes qui se joignent à la colonne. Les pucerons se nourrissent de sucs végétaux qu'ils absorbent en beaucoup plus grande quantité qu'ils n'ont besoin. Ces sucs en excès exsudent à l'extrémité de leur abdomen s'ils sont sollicités, ce que les fourmis éleveuses de pucerons ne manquent pas de faire. En échange, les fourmis protègent les pucerons des prédateurs. Elles appliquent à leurs pucerons le même traitement qu'à leurs larves. En effet, il semble que les fourmis sollicitent les pucerons comme elles le font avec leurs larves et les protègent au même titre que le couvain. THEMES, no 90 (Juin 1973) Les blaireaux et les renards éventrent les fourmilières et se nourrissent des larves et les nymphes. BT n° 954 du 20 juin 1984. Jean-Pierre GESLIN, professeur. 24 Evaluation 1… Dans ce dessin de Nicole Frarier, recense sous forme de tableau, ce qui est vrai et ce qui est faux… VRAI FAUX Il existe des gardiennes aux entrées de la fourmilière Ces gardiennes ne disposent que de leur glande à venin et pour certaines de leur aiguillon. Pas de lance… ni aucune autre arme. Pas de panier, de ballot, de fichu sur la tête… Des fourmis « pourvoyeuses » ramènent de la nourriture dans la fourmilière. Leurs seuls outils sont les mandibules. ------------- Les déplacements s’effectuent sur les 6 pattes --------------- … et non pas sur 4. Jean-Pierre GESLIN, professeur. 25 Evaluation 1… suite Dans cet autre dessin de Nicole Frarier, recense toujours sous forme de tableau, ce qui est vrai et ce qui est faux… VRAI FAUX Il existe bien des œufs et des larves sans pattes. (Celles-ci deviendront des nymphes puis des fourmis adultes). Les seuls « enfants-fourmis » sont les larves et les nymphes… Représenter des « élèves-fourmis » plus petits que des adultes, dans une salle de classe, est donc une bonne blague. Même remarque pour le « dortoir » à « enfants-fourmis » situé à droite. … mais pas dans des berceaux ! Elles les portent dans leurs mandibules. Les larves ne sont pas rangées dans des alvéoles comme chez les abeilles. Les larves n’ont pas d’yeux. Pas d’outils ni de mobilier : rideau, lit, bancs, bureau, chaise, tableau… sont pures inventions… Les ouvrières déplacent les larves … ------------- Jean-Pierre GESLIN, professeur. 26 Evaluation 2… Commentaire de diapositives : Les fourmis adultes… non ! Mais j’aime bien les larves, les nymphes… Jean-Pierre GESLIN, professeur. 27 Evaluation 2 (suite) La maîtresse a dit que les traits de flèches devaient être tracés à la règle avec une pointe dirigée vers « l’objet » (ici la fourmi) et que les légendes devaient être écrite en « scripte minuscule.» Jean-Pierre GESLIN, professeur. 28 Documents plus techniques destinés aux maîtres Document 1 : Les fourmis peuvent se droguer ! Un coléoptère : « la lomechuse » est la pourvoyeuse : « Ces pourvoyeuses de drogue s’introduisent dans la cité sans que quiconque les arrête. Dès qu’une fourmi a humé son parfum, elle accourt pour absorber le poison. La queue des lomechuses ressemble précisément à des gueules de fourmis et lorsqu’elles tètent, elles doivent avoir l’impression de discuter avec une congénère. Dès que la fourmi a goûté à ce nectar, elle ne pense qu’à une chose : continuer. Lomechuse au centre, entourée par des fourmis. Ce Pour avoir de la drogue, sont des touffes de poils ou trichomes de l’abdomen elle est prête à laisser la lomequi libèrent la substance aromatique. chuse manger les habitants les Photographie extraite du site internet plus précieux : les couvains et la http://www.multimania.com/dmouli/ reine. Elle est même prête à se laisser dévorer. On a assisté par exemple à des scènes où la tête de la fourmi continuait de sucer la lomechuse pendant que celle-ci lui dévorait l’abdomen. Parfois, cependant, lorsque la lomechuse s'est bien gavée d’œufs, de reine et d’ouvrières ; elle s’en va en laissant les fourmis dépendantes. Les fourmis partent alors seules dans la nature à la recherche de leur pourvoyeuse. Si elles ne la trouvent pas, elles restent de longues heures suspendues aux extrémités des herbes. Et ce jusqu’à la mort.» Texte du site http://www.multimania.com/dmouli/drogue.html Jean-Pierre GESLIN, professeur. 29 Documents + techniques (destinés aux maîtres) Document 2 page 1 : organes des sens et orientation chez les fourmis… Les insectes possèdent 2 types d’organes sensibles à la lumière : les ocelles (généralement 3) et les yeux composés (au nombre de 2 mais qui peuvent manquer), tous localisés sur la tête et tous en relation avec le cerveau antérieur ou protocérébron. Les ocelles n’interviennent pas dans la vision mais leur excitation accroît la vigilance du système nerveux et augmente le tonus musculaire. Si on les oblitère par un vernis opaque ou si on les détruit, le vol et la marche sont diminués voire annihilés. Les formes aptères (= sans ailes) des fourmis (donc les ouvrières) sont dépourvues d’ocelles. Les yeux composés sont formés d’une somme d’éléments fonctionnels : les ommatidies. Pour qu’il y ait impression de changement de l’environnement ou de mouvement, il faut qu’un rayon lumineux passe d’une ommatidie à l’autre. Les études électrophysiologistes et les travaux portant sur l’acquisition de réflexes conditionnels ont permis de montrer que les fourmis (et les abeilles) ne voient pas le rouge mais sont sensibles à l’ultraviolet non visible pour l’homme. Réservé aux physiciens… Contrairement aux êtres humains, les insectes sont capables de repérer le plan de vibration de la lumière polarisée. Les fourmis semblent ainsi repérer celui de la lumière réfléchie pour orienter leurs déplacements. Les organes olfactifs (organes sensibles aux substances chimiques à l’état gazeux) sont les antennes, les palpes (portés par les mâchoires et la lèvre inférieure) et les tarses (extrémités des pattes formés de plusieurs articles). Les organes gustatifs (organes sensibles aux substances en solution) sont localisés sur l’épipharynx (face interne de la lèvre supérieure ou labre), les palpes et les tarses. Les insectes possèdent de plus des organes sensibles aux vibrations : les organes chordotonaux intervenant dans l’audition, l’équilibration ou la sensibilité aux mouvements de l’air. Tête de fourmi. 3 ocelles frontaux dont un est bien visible ici. Détail d’un ocelle (mâle ou reine). Œil à facettes. Texte : Jean-Pierre Geslin. Photo extraites du site http://www.multimania.com/dmouli/ Jean-Pierre GESLIN, professeur. 30 Document 2 page 2 : organes des sens et orientation chez les fourmis… * la glande de Dufour et les phéromones : un réseau routier pour les fourmis Les phéromones sont des substance émise dans l’environnement par un individu (animal ou homme) et qui, agissant à proximité ou à distance, provoquent un comportement particulier chez un autre individu de la même espèce : attraction sexuelle, rassemblement, alarme, fuite, marquage territorial, suivi d'une piste… Si les chiens et chats s’agitent en arrivant chez le vétérinaire c’est parce qu’il perçoivent des phéromones de stress, émises par leurs congénères, dans un périmètre de 50 mètres autour de la clinique. On sait imiter certaines phéromones d'insectes nuisibles et les utiliser ensuite pour les capturer dans des pièges. La glande alcaline ou glande de Dufour, présente chez les fourmis et située à proximité de la glande à venin, débouche à la base de l’aiguillon (quand il existe). « C’est le " flacon à parfum " de la fourmi. Le composé déposé sur le sol trace un rail odorant qui conduit généralement à une source de nourriture. L’activité du composé a une durée de 100 secondes… La glande de Dufour, chez les fourmis, produit une grande quantité d'hydrocarbures, d'alcool, de cétones, d'esters et d'acides, qui peuvent être injectés en même temps que le venin. » Texte entre « » provenant du site http://www.multimania.com/dmouli/ Comme la plupart des hyménoptères, les fourmis empruntent des routes familières entre leur nid et leurs lieux de ravitaillement alimentaire. Suivons l'une d'elles, prise au hasard parmi les milliers espèces qu'héberge notre planète. Ouvrière chargée des provisions, elle a quitté la fourmilière et chemine sans hâte. Sur sa route, grâce au fin aiguillon situé à la pointe de son abdomen, elle dépose par traces infimes une phéromone d'orientation, composé odorant spécifique à l'espèce. Tête de fourmi : Cliché Jean-Pierre Martin. Joue-t-elle au Petit Poucet, et balise-t-elle ainsi la voie qui la ramènera au logis ? La réalité est moins égoïste. Pour les fourmis, les phéromones constituent avant tout un moyen de communication. Celles dévolues au pistage des routes ne font pas exception : elles servent surtout à informer les congénères du meilleur chemin à prendre. L'individu qui a laissé ainsi son parfum ne l'humera guère lui-même, sauf, peut-être, s'il fait nuit ou par mauvais temps. Grâce à leurs phéromones d'orientation, dont elles font un usage collectif, de nombreuses espèces de fourmis construisent et entretiennent autour de leur nid un vaste réseau de pistes chimiques, doté de voies principales, secondaires et tertiaires. Certaines vont même jusqu'à créer d'immenses réseaux d'unités sociales : les nids sont reliés les uns aux autres par ces pistes odorantes, ce qui permet de pratiquer à volonté l'échange d'informations, de nourriture ou de populations. Catherine Vincent, Le Monde, samedi 3 juillet 1999 Jean-Pierre GESLIN, professeur. 31 Document 2 page 3 : organes des sens et orientation chez les fourmis… * L’orientation par rapport au soleil : Dans l'équipement de ces randonneuses à six pattes, il y a aussi une boussole. Les fourmis moissonneuses Messor barbarus ont été les premières à en faire la démonstration, en 1911, sous l’œil de l'entomologiste suisse Félix Santschi. Alors qu'elles s'en retournaient au bercail, il interposa entre elles et le soleil un écran opaque, et plaça un miroir de l'autre côté de leur route. Voyant ainsi l'image de leur astre déplacée de 180 degrés, les fourmis firent aussitôt volte-face. Aujourd'hui, on sait que de multiples hyménoptères s'aident de cette boussole interne, selon un principe immuable : ils s'éloignent de leur point de départ dans une direction à peu près constante, et prennent au retour la direction opposée. Catherine Vincent, Le Monde, samedi 3 j/7/1999 * Des repères visuels stockés en mémoire : Après la croix prendre à droite, choisir l’étoile puis aller au triangle avant de rejoindre le losange… fastoche… Mais la méthode a ses limites, et son imprécision, qui augmente avec la distance parcourue, peut entraîner de sérieuses déviations. Or la fourmi ne se perd pas. Bien au contraire, elle témoigne d'un sens de l'orientation à toute épreuve. Dans les forêts tropicales d'Afrique, l'espèce primitive Paltothyreus tarsatus bat tous les records : alors que sa fourmilière, de grande taille, comporte plusieurs sorties situées à plusieurs mètres les unes des autres, c'est à son point de départ, et nulle part ailleurs, que revient l'ouvrière. La boussole, cette fois, n'y est pour rien. Pour retrouver si précisément le chemin de son nid, elle stocke dans sa mémoire certaines des images rencontrées à l'aller - buissons, séquences d'ombre et de lumière, losanges de ciel découpés par les branches d'arbre. Au retour, il lui suffira de retrouver ces repères topographiques pour se savoir sur la bonne voie. Voilà qui est plus familier ? C'est de cette proximité avec notre propre système d'orientation que, justement, surgit l'étonnement. Car ce qui n'est pour notre cortex que léger exercice de mémoire semble relever, pour un organe dont le diamètre n'excède pas le millimètre, de la prouesse pure et simple. Comment un cerveau de fourmi, riche d'un si petit capital de neurones (quelques milliers), apprend-il à reconnaître ces repères visuels ? C'est ce que tentent de comprendre depuis des années les chercheurs du laboratoire d'éthologie et de psychologie animale (CNRS-université Paul-Sabatier, Toulouse), dont une partie des travaux vient d'être publiée dans la revue Nature (datée du 24 juin). Leurs expériences, menées sur l'espèce méditerranéenne Cataglyphis cursor, ont donné des résultats stupéfiants. L'objectif : entraîner les fourmis à retourner au nid par le chemin le plus court, en traversant un labyrinthe constitué de 4 boîtes successives. Sur chaque boîte, 2 issues, chacune surmontée d'un dessin noir ne différant de l'autre que par sa forme géométrique (rond/croix, étoile/carré, rectangle/triangle, losange/ovale). De ces 2 issues, une seule conduit à la boîte suivante. Or les fourmis, après quelques séances d'entraînement, choisissent sans se tromper, sans même hésiter, la séquence de repères visuels qui les ramèneront le plus rapidement au nid. Et dans le bon ordre ! De l'astuce cérébrale qui permet à cet insecte de distinguer des signaux si proches les uns des autres, et de les utiliser à bon escient sur des routes longues et changeantes, les chercheurs ne savent rien encore. Mais ils soupçonnent l'existence d'un mécanisme comportemental particulier, qui minimiserait la charge de mémoire nécessaire à ce mode de navigation si enviable, à la fois fiable, robuste et efficace. Catherine Vincent, Le Monde, 3 j/7/1999. Jean-Pierre GESLIN, professeur. 32 Document 3 : les pièces buccales et la métamérie (pour les étudiants en biologie) : On sait que le corps des insectes est formé de 3 parties : la tête, le thorax (portant en général 2 paires d’ailes et 3 paires de pattes) et l’abdomen postérieur. La tête des insectes est constituée (de l’avant vers l’arrière) : 1) D’un acron (ce n’est pas un métamère car il ne porte pas d’appendices et ne renferme pas de vésicules de coelome) suivi par 6 métamères… voir 2) à 7) 2) D’un segment préantennulaire qui renferme la partie la plus antérieure du cerveau ou protocérébron et qui porte les yeux composés et les ocelles. 3) D’un segment antennulaire qui renferme la partie moyenne du cerveau ou deutocérébron et qui porte les a1 ou antennes. Ces a1 sont l’homologue des antennes des mille-pattes ou myriapodes et des antennules (1ère paire d’antennes) des crustacés. 4) D’un segment intercalaire (ou prémandibulaire) qui renferme la partie postérieure du cerveau ou tritocérébron et porte la lèvre supérieure ou clypéo-labre formée de 2 segments : le clypéus proximal et le labre distal. Du coté intérieur du labre existe une saillie : l’épipharynx. C’est, chez les crustacés, ce métamère qui porte la 2ème paire d’antennes ou a2 , chez les araignées les crochets ou chélicères et chez les scorpions les plus petites "pinces" également appelées chélicères. 5) D’un segment mandibulaire qui porte des structures paires : les mandibules qui broient et coupent. 6) D’un segment maxillulaire qui porte 2 appendices : les mâchoires ou maxillules parfois appelées (à tort) maxilles. Elles sont chacune formées de 2 articles de base portant 2 rames. La rame interne ou lacinia déchiquète et lacère et la partie externe ou galéa possèdent des rôles gustatif et tactile et porte un palpe maxillulaire à fonctions identiques. 7. D’un segment maxillaire portant 2 maxilles soudées qui ensemble forment la lèvre inférieure ou labium (correspondant aux Mx2 des crustacés) portant de part et d’autre un palpe labial à rôle gustatif (et tactile ?). Cette lèvre inférieure effectue des mouvements de haut en bas et pousse les aliments vers la bouche. Jean-Pierre Geslin Cavité buccale de fourmi, la lèvre supérieure ou labre est bien visible sur la gauche. Détail de la cavité buccale : les palpes des mâchoires = maxillules et de la lèvre inférieure = labium sont bien visibles. Jean-Pierre GESLIN, professeur. 33 Documents + techniques (destinés aux maîtres) Document 4 : le venin des fourmis « La fourmi utilise sa glande à venin (glande acide venimeuse, dorsale, qui débouche dans un réservoir situé à la base de l’aiguillon) pour tuer ses proies ou pour se défendre de ses ennemis. Chez les espèces du genre Formica, cette glande sécrète de l’acide formique, qui brûle les chairs. Chez d’autres espèces, elle sécrète un venin paralysant (…). On a identifié chez certaines de celles-ci, des venins Fourmi injectant son venin à un criquet riches en histamine, hyaluronidase et phospholipases A (pour ces deux dernières molécules, la concentration la plus forte parmi les hyménoptères a été rencontré chez une Myrmicinae : Pogonomyrmex badius). On a aussi isolé des venins contenant des alcaloïdes dérivés de la pipéridine chez les " fourmis de feu " (Myrmicinae, genre Solenopsis), provoquant hémolyse et nécrose tissulaire. Quant à l'acide formique, on ne le trouve que chez les seules Formicinae et à l'état de trace chez certaines autres espèces. » Site internet http://www.multimania.com/dmouli/ Jean-Pierre GESLIN, professeur. 34 Nous ne pouvions pas y échapper … La cigale et la fourmi de Jean de La Fontaine : La cigale, ayant chanté Tout l'été, Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue. Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. Elle alla crier famine Chez la fourmi sa voisine, La priant de lui prêter Quelque grain pour subsister Jusqu'à la saison nouvelle. "Je vous paierai, lui dit-elle, A l'août, foi d'animal, Intérêt et principal." La fourmi n'est pas prêteuse ; C'est là son moindre défaut. "Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse. -Nuit et jour à tout venant Je chantais, ne vous déplaise. -Vous chantiez? j'en suis fort aise. Eh bien! dansez maintenant." Les dessins sont de Gotlib : « La cigale et la fourmi » Jean-Pierre GESLIN, professeur. 35