L`art et la machine - Musée des Confluences
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L`art et la machine - Musée des Confluences
dossier enseignants s e d e é mus confluences exposition du 13 | 10 | 2015 au 24 | 01 | 2016 1 éion. Fonds Ark 29. Droits pidou 19 v, to re er tu V e Pom Dziga couver Visuel de mme à la caméra, 1935, photo ©Centr ho Stahltier, di Baur Haut —L’ as D , ke Rue y Ziel Bas —Will graphique : Intégral Conception 2 Sommaire Présentation de l’exposition....................... p.4 Plan..........................................................p.5 Le parcours.............................................. p.6 Prologue................................................................................................................ p.6 Partie 1 : Fascination de la machine ...................................................................... p.6 Partie 2 : La machine : un modèle ?........................................................................ p.6 Partie 3 : La machine à l’œuvre............................................................................... p.8 Partie 4 : Machines en rêves.................................................................................. p.8 Fiches œuvres.......................................... p.9 Lilienthal ‘‘type 1895’’.............................................................................................. p.9 Le Rhône, moteur rotatif type C avec son hélice de Louis Bréguet (1928).............p.10 Le laminoir – Ferdinand-Joseph Gueldry – 1901......................................................p.11 La gare d’Argenteuil – Claude Monet – vers 1872...................................................... 12 Rotorelief – Marcel Duchamp – 1935-1953................................................................ 13 Portrait de Jacques Hébertot – Francis Picabia – 1924............................................. 14 Le remorqueur – Fernand Léger – 1920.................................................................... 14 Activités programmées................................17 Parcours découverte (Lycée)....................................................................................17 Conférences/ Projections........................................................................................17 Convergence avec les programmes officiels ............................. 18 Bibliographie.............................................. 18 3 Présentation de l’exposition ‘‘L’Art et la Machine’’ est une exposition qui explore la frontière évanescente entre l’activité scientifique, la technologie et la pratique artistique. À travers l’évolution historique de ce rapport, c’est la question de la place de la machine dans notre société qui est ainsi posée. Les arts plastiques et les technologies industrielles entretiennent depuis longtemps des rapports complexes. Ils sont passés tour à tour de l’indifférence à la haine, de la fascination à la collaboration en attendant l’adoption, voire la fusion. C’est cette histoire, ces liens, qui sont mis en scène. Depuis la décennie 1990, nous assistons à une mutation rapide et sans précédent de notre société : la mondialisation et l’informatisation sont en train de bouleverser notre planète. L’art moderne n’échappe pas à cette mutation accélérée. Ses bases, jetées au début du XIXème siècle, sont sans doute en train de se modifier en profondeur. Dans l’histoire de cette évolution, le rôle de la machine, née du creuset industriel, est fondamental. C’est ce que montre l’exposition en confrontant des œuvres d’art et des éléments de la production industrielle. Au sein d’un parcours de plus de 1500 m2, cette exposition réunie plus de 170 pièces remarquables issues de 44 musées en Europe. 4 Plan du parcours 3. La machine à l’œuvre 4. Machines en rêve 2. La machine, un modèle ? Prologue 1. Fascination de la machine 5 Le parcours de l’exposition Prologue Le visiteur découvre deux films qui mettent la machine en vedette puis il s’interroge autour d’une œuvre surprenante : Où se situe la frontière entre l’art et la machine ? S’agit-il d’art ? Ce questionnement pose le propos de l’exposition qui cherche à explorer le rapport ambivalent entre art et machine. Mis dans le contexte, le visiteur découvre alors l’histoire des représentations de la machine par les artistes depuis le XIIIème siècle jusqu’à nos jours. À voir : La D.S. 1993 de Gabriel Orozco Un court extrait du film de Louis Lumière : ‘‘L’arrivée d’un train en gare de la Ciotat’’ (1895) Partie 1 : Fascination de la machine Le visiteur prend ici la posture des artistes qui découvrent la machine pour la première fois. Au milieu des moteurs, des hélices et autres machines spectaculaires, il est invité à découvrir des pièces qui ont fasciné les artistes tel Marcel Duchamp qui visite en 1912 la 4ème exposition de la locomotive aérienne. Celui-ci s’exclame et interpelle d’autres artistes : ‘‘C’est fini la peinture. Qui ferait mieux que cette hélice ? Dis, tu peux faire ça ?’’. Cette découverte déclenche chez lui l’envie de faire de l’art à partir d’éléments mécaniques. Cette ‘‘révolution duchampienne’’ crée un changement dans la représentation de la machine. Le visiteur est alors amené à s’interroger : Comment les artistes vont-ils réinventer la machine ? À voir : Lilienthal ‘‘type 1895’’ Le Rhône, moteur rotatif type C avec son hélice de Louis Breguet (1928) Partie 2 : La machine : un modèle ? Cette partie, qui se veut chronologique, démarre par la présentation de planches de l’Encyclopédie. Avec l’émergence des Lumières, c’est en effet la première fois que les amateurs éclairés vont être confrontés à des dessins de machines. L’exposition se poursuit avec le 19ème siècle au cours duquel l’artiste participe à la légende de l’industrie. Il est le plus souvent ‘‘invité’’ par l’entrepreneur pour peindre l’usine. Les machines sont alors représentées dans leur contexte et en action. Peu à peu, les artistes s’intéressent à la figure de l’ouvrier représenté en héros. L’artiste se fait militant en montrant la réalité des conditions de travail. Ces représentations constituent l’apogée mais aussi la fin de la représentation picturale ‘‘classique’’ de l’intérieur de l’espace usinier, donc de la machine. A partir de la fin du 19ème siècle, la machine est représentée pour elle-même. Ses représentations seront présentes dans les différents courants artistiques. 6 Le visiteur découvre alors des œuvres des impressionnistes. Grands utilisateurs du train pour aller peindre sur le motif de nouvelles machines, ces derniers célèbrent les locomotives, symboles de la technique et de la modernité. Avec le dadaïsme, les œuvres de Marcel Duchamp proposent ensuite une rupture entre la représentation traditionnelle de la machine et la machine élevée au rang d’art comme un objet esthétique. Le visiteur découvre alors un univers particulier composé notamment d’objets manufacturés qui témoignent de la curiosité de l’artiste pour la machine. Un autre univers, celui de Francis Picabia propose d’autres représentations qui s’amusent des éléments mécaniques pour raconter des histoires et réaliser des portraits. Puis, l’exposition donne la parole aux futuristes et cubistes qui, comme Fernand Léger, cherchent à retranscrire le mouvement et le rythme des machines. L’exposition se poursuit ensuite avec les années 1960 au cours desquelles la machine revient en force dans le regard des artistes. Production à la chaîne, standardisation, libération des mœurs, société de consommation incitent les artistes à se réapproprier le réel pour en faire de l’art. La machine est empilée, compressée, détruite, voire recréée, à l’image des œuvres de César et Armam. Un mouvement artistique proposant un recyclage poétique du réel émerge : le Nouveau Réalisme. Des artistes comme Jean Tinguely vont même jusqu’à créer de nouvelles machines en récupérant et en bricolant. D’un point de vue scénographique, des perspectives proposent au visiteur de découvrir à la fois les œuvres et leurs machines inspiratrices. À voir : Des planches extraites de l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1751-1772) Le Laminoir (1901), Huile sur toile de Ferdinand-Joseph Gueldry La gare d’Argenteuil (vers1872), Huile sur toile de Claude Monet Roue de bicyclette (1913-1964), Marcel Duchamp Rotorelief (1935-1953), Marcel Duchamp Portrait de Jacques Hébertot (1924), Francis Picabia Automobile in corsa (1912-1913), Luigi Russolo Le Remorqueur (1920), Fernand Léger 7 Partie 3 : La machine à l’œuvre Le visiteur découvre la machine qui devient productrice d’art. L’industrialisation va en effet mettre à la disposition des artistes des outils qui leur ouvrent de nouveaux horizons : c’est l’apparition de la photographie et du cinématographe. Cette partie se structure alors en deux sections : • • Une première section relate l’histoire de la photographie et expose des photos représentant des machines Une deuxième section s’intéresse au cinéma et propose de découvrir des extraits de films dont la machine est la vedette. À voir : Des extraits de films : ‘‘Métropolis’’ —1926 ‘‘L’homme à la caméra’’ —1929 ‘‘À nous la liberté’’ —1931 ‘‘Les temps modernes’’ —1936 ‘‘La machine à explorer le temps’’ —1960 ‘‘Retour vers le futur’’ —1989 Kinétographe Robert-Houdin de Georges Méliès (1896) Partie 4 : Machines en rêves Dans une scénographie inspirée de musées d’art contemporain, le visiteur découvre des œuvres réalisées à partir des années 1980. Les artistes s’amusent avec la machine et déclinent les thèmes identifiés par leurs prédécesseurs comme le cycle, la voiture ou l’avion mais ici, la machine porte un message autre qu’elle-même. Traitée avec ironie, humour, dérision elle exprime la nostalgie du progrès ou les enjeux liés à la modernité. Les artistes sont ici présentés comme les nouveaux ingénieurs du rêve. L’exposition prend fin avec une œuvre monumentale de Tinguely que le visiteur peut découvrir régulièrement en mouvement. Elle donne une sensation de force et de puissance onirique et dévoile une mécanique qui n’est plus utilisée aujourd’hui. À voir : Meta Maxi (1986), Jean Tinguely 8 Fiche objet — L’art et la machine Lilienthal ‘‘type 1895’’ Otto Lilienthal Réplique du planeur ‘‘type 1895’’ Le Bourget, musée de l’air et de l’espace Photographie : Olivier Garcin - musée des Confluences, Lyon Ce planeur est conçu par l’ingénieur allemand Otto Lilienthal en 1895. Otto Lilienthal est considéré comme le pionnier de l’aéronautique. Il effectua entre 1871 et 1896 deux mille vols planés depuis une colline artificielle à proximité de Berlin. Il construisit 16 machines dont les voilures sont réalisées en bois de saule entouré de coton. La surface portante variait de 10 à 20 m2. Il expérimentait lui-même en vol les machines qu’il avait construites. En se lançant du haut d’une colline haute d’environ vingt mètres, il pouvait planer jusqu’à 300 mètres dans les meilleures conditions. Le contrôle de la machine se faisait par des déplacements du corps comme pour les deltaplanes pendulaires contemporains. Otto Lilienthal meurt suite à une chute en plein vol. Ses publications, ses nombreuses correspondances ainsi qu’un grand nombre de photographies ont permis aux frères Wright, une décennie plus tard, de réaliser le vol motorisé. Ce type de machine était exposé lors des Expositions internationales de la Locomotion aérienne au Grand Palais. La première eut lieu en octobre 1909. Ces expositions étaient à l’époque de véritables évènements mondains qui attiraient aventuriers, badauds et acheteurs. Référence sitographique : www.lilienthal-museum.de/olma/f_muse.htm 9 Fiche objet — L’art et la machine Le Rhône, moteur rotatif type C avec son hélice de Louis Bréguet (1928) Le Rhône (moteur rotatif) Le Bourget, musée de l’Air et de l’Espace Photographie : Olivier Garcin - musée des Confluences, Lyon Le Rhône était un moteur rotatif produit en France par la Société des Moteurs Le Rhône en 1916. Il a équipé de nombreux avions de la première guerre mondiale. Ce moteur en étoile, à combustion interne, tourne autour d’un vilebrequin fixe. Ce type de moteur était très courant au début de l’aviation quand le rapport puissance/poids était le critère principal devant la consommation et la fiabilité. C’est certainement un moteur de ce type, avec son hélice, que Marcel Duchamp admira lors de la 4ème Exposition de la locomotion aérienne à Paris, au Grand Palais, en 1912. 10 Fiche objet — L’art et la machine Ferdinand-Joseph Gueldry Le Laminoir Ferdinand-Joseph Gueldry Le laminoir (1901) Huile sur toile, 90x120 - Nîmes, Musée des Beaux-Arts Photographie Florent Gardin Description de l’œuvre Le laminoir est une machine destinée à laminer un produit métallurgique par le passage entre deux cylindres. Dans la chaleur du feu, qui vient sublimer les corps mobilisés par l’effort, six hommes travaillent auprès du laminoir. Le point de vue adopté souligne l’ambition narrative du peintre : il livre une vision quasi documentariste du labeur de ces hommes. Ce que l’œuvre nous apprend Ferdinand Joseph Gueldry (1858-1945) s’est introduit au cœur des usines pour livrer une vision réaliste du monde industriel et des ouvriers. Ce thème est choisi par un certain nombre d’artistes depuis le second tiers du XIXe siècle. L’industrialisation fascine ces artistes. Vers 1850, un premier processus d’industrialisation, qui repose sur l’exploitation du charbon, connaît son apogée. À partir de 1880, un second processus d’industrialisation, lié à l’exploitation du pétrole et à la production de l’électricité, permet des innovations techniques encore plus nombreuses qui, à leur tour, favorisent l’essor de nouvelles industries. La croissance est spectaculaire. Les révolutions industrielles provoquent l’émergence de nouveaux groupes sociaux, comme les ouvriers. La condition ouvrière est précaire. Des auteurs comme Émile Zola ou Victor Hugo ont dénoncé à juste titre la misère du prolétariat. La situation s’améliore cependant en Europe à partir de la fin du XIXe siècle. Ces progrès sont le fruit des luttes collectives notamment. Ferdinand Joseph Gueldry livre ici une vision sans fard de la réalité du labeur ouvrier. Bibliographie • • DAVIET Jean-Pierre, La société industrielle en France (1814-1914), Paris, Seuil, 1997. NOIRIEL Gérard, Les Ouvriers dans la société française au XIXe siècle, Paris, Seuil, 1986. 11 Fiche objet — L’art et la machine Claude Monet La gare d’Argenteuil Claude Monet La gare d’Argenteuil (vers 1872) Conseil départemental du Val d’Oise Photographie J-Y Lacôte Description de l’œuvre Une locomotive fait irruption dans la gare d’Argenteuil. Face à elle, on discerne au loin une autre machine. L’épaisse fumée qui se dégage de leurs cheminées se noie dans le ciel menaçant, raviné par différentes nuances de gris. Ce que l’œuvre nous apprend C’est une œuvre de Claude Monet peinte en 1872, qui donne son nom au mouvement. La critique satirique de Louis Leroy, parue dans Charivari, fait de ‘‘l’impression’’ la notion essentielle du mouvement. ‘‘Impression, j’en étais sûr. Je me disais aussi, puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans… Et quelle liberté, quelle aisance dans la facture ! Le papier peint à l’état embryonnaire est encore plus fait que cette marine-là !’’ De fait les critiques déplorent avec virulence cette rupture avec le fini. Il y a dans ‘‘l’impression’’ quelque chose de fugace, d’instantané que l’on récuse, comme si la peinture restait à l’état d’ébauche. Elle n’a plus rien à voir avec l’œuvre pensée et conçue dans l’atelier. Les critiques fustigent aussi la fascination des artistes pour le monde moderne. Une innovation permet ce travail hors de l’atelier et offre une formidable liberté pour ces artistes qui veulent capter la variété des couleurs sous l’effet de la lumière : le conditionnement de la couleur en tubes. Claude Monet (1840-1926) se forme dans l’atelier de Charles Gleyre. Longtemps, il vit pauvrement. C’est grâce à la rencontre avec l’un des plus importants galeristes de l’époque, Paul Durand-Ruel, que l’artiste peut vivre de son art. Il peint à plusieurs reprises les différents visages de la ville, notamment les gares. L’éclat métallique des machines, les brumes fantasmagoriques des vapeurs, tout est prétexte à capter l’éphémère et à rendre l’émerveillement devant la vie moderne. Bibliographie • • • 12 Monet, l’œil impressionniste, Paris, Musée Marmottan, 2008. MORVAN Bérénice, Impressionnisme, Paris, Terrail, 2006. WELTON Jude, Claude Monet, La lumière et l’instant, Paris, Gallimard, 1993. Fiche objet — L’art et la machine Marcel Duchamp Rotorelief Description de l’œuvre Les rotoreliefs sont des disques de carton imprimés de motifs concentriques qui, actionnés sur des tournedisques, donnent l’illusion du volume. Marcel Duchamp dépose l’idée auprès du Tribunal de commerce en 1935 et cherche à vendre son invention. L’entreprise se solde par un échec. Les rotoreliefs témoignent cependant de la curiosité de l’artiste pour la machine. Ce que l’œuvre nous apprend Dada est un mouvement international né en réaction à la Première guerre mondiale. Marcel Duchamp ‘‘Dada a son origine dans le dictionnaire. C’est terriblement Rotorelief (1935-1953) Set de six disques en carton et tourne-disque simple. En français cela signifie ‘cheval de bois’. En allemand ‘va Paris, Galerie 1900-2000 te faire, au revoir, à la prochaine’. En roumain ‘oui, vraiment, vous avez raison, c’est ça, d’accord, vraiment, on s’en occupe’ etc. C’est un mot international. Seulement un mot. Et ce mot comme mouvement. C’est simplement terrible. Si on en fait une tendance de l’art, cela signifie qu’on veut prévoir des complications. Psycho dada, littérature dada, bourgeois dada, et vous très honorés poètes qui avez toujours fait de la poésie avec des mots, mais jamais avec le mot même. La guerre mondiale dada et pas de fin. La révolution dada et pas de commencement. Dada vous les amis, qui faites aussi de la poésie, très chers évangélistes. Dada Tzara, Dada Huelsenbeck, Dada m’dada, Dada mhm’dada, Dada Hue, Dada Tza. Comment atteindre la félicité éternelle ? En disant Dada. Comment devient-on célèbre ? En disant Dada. Avec un geste noble et des manières raffinées. Jusqu’à la folie, jusqu’à l’évanouissement. Comment peut-on se débarrasser de tout ce qui est anguille et journalier, de tout ce qui est l’aimable et l’adorable, de tout ce qui est moralité, animalité, préciosité ? En disant Dada. Dada c’est l’âme du monde, Dada c’est le grand truc, Dada c’est le meilleur savon au lait de lys du monde’’. —Hugo BALL Marcel Duchamp (1887-1968) est à la fois un protagoniste à part entière de Dada et du Surréalisme. Mais c’est aussi et surtout une personnalité à part. Il naît dans une famille d’artistes : ses frères sont peintres et tous prennent part aux recherches menées par les avant-gardes de ce début du XXe siècle. En 1917, il fait une entrée fracassante sur la scène artistique internationale. ‘‘Fontaine’’, urinoir en porcelaine qu’il signe d’un pseudonyme, R. MUTT, est présenté à l’exposition de la Society of Independant Artists, à New York. L’œuvre est rapidement enlevée, manifestant bien les résistances à admettre que n’importe quoi peut devenir art : même l’objet le plus trivial peut être érigé, ‘‘sacralisé’’, au rang d’œuvre d’art. Il joue ici encore de l’objet et de sa polysémie. Bibliographie • • • • CROS Caroline, Marcel Duchamp, Paris, Éditions du Centre Georges Pompidou, 2014. DUCHAMP Marcel, Duchamp du signe, Paris, Flammarion, 2013. HUELSENBECK Richard, En avant Dada, L’histoire du dadaïsme, Dijon, Les presses du réel, 2000. NAUMANN Francis M., Marcel Duchamp, L’art à l’ère de la reproduction mécanisée, Paris, Hazan, 1999. 13 Fiche objet — L’art et la machine Francis Picabia Portrait de Jacques Hébertot Description de l’œuvre Jacques Hébertot (1886-1970), pseudonyme d’André Daviel, était poète et homme de théâtre. Francis Picabia livre ici un portrait énigmatique, rompant avec le genre du portrait. À l’encre de Chine, il dissémine sur le papier des formes géométriques et des lignes afin de saisir l’essence de son modèle. Ce que l’œuvre nous apprend Dada est un mouvement international né en réaction à la Première guerre mondiale. ‘‘Dada prenait l’offensive et attaquait le système du monde dans son intégrité, dans ses assises, car il le rendait solidaire de la bêtise humaine, de cette bêtise qui aboutissait à la destruction de l’homme par l’homme de ses biens matériels et spirituels. Aussi fûmes nous désignés à prendre comme objet de nos attaques les fondements mêmes de la société, le langage en tant qu’agent de communication entre les individus, et la logique qui en était le ciment.’’ —Tristan TZARA La barbarie et l’absurdité de la guerre opère un renversement total des valeurs : désormais les artistes jouent et se jouent de tout. L’art cristallise cette contestation. ‘‘Les idéaux culturels et artistiques – pris comme programme de variété – c’est là notre façon de faire du candide contre l’époque. Tout le monde fait comme si de rien n’était. La boucherie s’amplifie et on s’accroche fermement au prestige de la magnificence européenne. On cherche à rendre l’impossible possible et, se servant du mensonge, on transforme la trahison faite à l’homme, l’exploitation abusive de l’âme et du corps des peuples, le massacre civilisé, en un triomphe du génie européen’’.—Hugo BALL Francis Picabia Portrait de Jacques Hébertot (1924) Encre sur papier Collection David et Marcel Fleiss Paris, Galerie 1900-2000 Dada se veut donc provocateur voire nihiliste. C’est une remise en question de la tradition et une entorse tonitruante au mythe du Beau. Francis Picabia (1879-1983) est l’un des protagonistes emblématiques de Dada. C’est un artiste hors norme, profondément iconoclaste. D’abord parce qu’il va rompre avec l’image traditionnelle en se tournant vers l’abstraction. Ensuite parce qu’il revendique sa liberté et s’il fréquente les avant-gardes, il n’hésite pas à les fustiger aussi. 14 Les cubistes veulent couvrir Dada de neige : ça vous étonne mais c’est ainsi, ils veulent vider la neige de leur pipe pour recouvrir Dada. Tu en es sûr ? Parfaitement, les faits sont révélés par des bouches grotesques. Ils pensent que Dada peut les empêcher de pratiquer ce commerce odieux : Vendre de l’art très cher. L’art vaut plus cher que le saucisson, plus cher que les femmes, plus cher que tout. L’art est visible comme Dieu ! L’art est un produit pharmaceutique pour imbéciles. Les tables tournent grâce à l’esprit ; les tableaux et autres œuvres d’art sont comme les tables coffres-forts, l’esprit est dedans et devient de plus en plus génial suivant les prix de salles de ventes Comédie, comédie, comédie, comédie, comédie, mes chers amis. Les marchands n’aiment pas la peinture, ils connaissent le mystère de l’esprit… Achetez les reproductions des autographes. Ne soyez donc pas snobs, vous ne serez pas – intelligents parce que le voisin possèdera une chose semblable à la vôtre. Plus de chiures de mouches sur les murs. Il y en aura tout de même, c’est évident, mais un peu moins. DADA bien certainement va être de plus en plus détesté, son coupe-file lui permettant de couper les processions en chantant ‘‘Viens Poupoule‘‘, quel sacrilège !!! Le cubisme représente la disette des idées. Ils ont cubé les tableaux des primitifs, et les sculptures nègres, cubé les violons, cubé les guitares, cubé les journaux illustrés, cubé la merde et les profils de jeunes filles, maintenant il faut cuber l’argent !!! Dada, lui, ne veut rien, rien, rien, il fait quelque chose pour que le public dise : ‘‘nous ne comprenons rien, rien, rien’’. ‘‘Les Dadaïstes ne sont rien, rien, rien, bien certainement ils n’arriveront à rien, rien, rien’’. — Manifeste DADA (lu au Salon des Indépendants, 1920) Bibliographie • • MASSOT Pierre de, Francis Picabia, Paris, Seghers, 2002. PRADEL Jean-Louis, Francis Picabia, La peinture mise à nu, Paris, Gallimard, 2002. 15 Fiche objet — L’art et la machine Fernand Léger Le Remorqueur Fernand Léger Le Remorqueur (1920) Huile sur toile, 103 x 132,5 cm Musée de Grenoble Photographie : Musée de Grenoble Description de l’œuvre Le Remorqueur appartient à une série dans laquelle Fernand Léger cherche à retranscrire le rythme syncopé des machines dans un paysage réduit à des volumes géométriques et traversé par des personnages déshumanisés, assemblages de volumes tubulaires à la couleur grise évoquant le métal rutilant des mécaniques. La dislocation des formes est une ode joyeuse et pétaradante à la modernité. Ce que l’œuvre nous apprend Les recherches de Fernand Léger se rapprochent de celles menées par les peintres cubistes, au début du XXe siècle. Le cubisme est une double révolution, d’abord parce qu’il est une rupture radicale avec la conception de l’espace pictural hérité de la Renaissance : le support devient une surface protéiforme, affranchie de l’illusion donnée par les différents plans. Ensuite parce qu’il est une rupture avec la figuration : la réalité est décomposée et recomposée en formes et en volumes géométriques. Fernand Léger (1881-1955) étudie l’architecture à Caen, puis la peinture à Paris, à l’Académie Julian. En 1907, la rétrospective consacrée à Paul Cézanne est un choc : dès lors, Fernand Léger s’intéresse au volume que le peintre aixois s’était attaché à simplifier. La période ‘‘cubiste’’ de Fernand Léger est relativement courte. Son expérience sur le front, durant la Première guerre mondiale, exacerbe sa fascination pour la machine. ‘‘Cette guerre-là, c’est linéaire et sec comme un problème de géométrie. Tant d’obus en tant de temps sur telle surface, tant d’hommes par mètre et à l’heure fixe en ordre. Tout cela se déclenche mécaniquement. C’est l’abstraction pure, plus pure que la peinture cubiste […] il n’y a pas plus cubiste qu’une guerre comme celle-là qui te divise plus ou moins proprement un bonhomme en plusieurs morceaux et qui l’envoie aux quatre points cardinaux’’. Après la Première guerre mondiale, il garde du cubisme le goût pour les volumes, mais il en donne une vision très colorée et gaie. Bibliographie • • 16 • CABANNE Pierre, Le cubisme, Paris, Terrail, 2002. FRÉCHURET Maurice, CHAVANNE Blandine, LEBOSSÉ Claire et alii, Fernand Léger, Reconstruire le réel, Paris, RMN, Grand Palais, 2014. VALLYE Anna (éd.), Léger. Modern Art and the Metropolis, Philadelphia, Philadelphia museum of Art, New Haven, Yale University Press, 2013. Activités programmées Parcours découverte Niveau scolaire— Lycée Durée— 1h30 Espaces— Salles 11 et 12, entrée salle 11 Nombre— Classe entière (un médiateur pour 28 élèves) Résumé de l’activité— Accompagnés du médiateur culturel, les élèves parcourent l’exposition pour observer et s’interroger autour d’œuvres choisies. Ils découvrent l’histoire des représentations de la machine dans l’art à partir du 18ème siècle. A travers elles, ils appréhendent l’évolution de notre société, depuis l’industrialisation jusqu’à nos jours. Des œuvres d’artistes comme Bonhommé, Monet, Duchamp, Léger, Tinguely ou Picabia seront particulièrement analysées. Objectifs généraux— • • Décrire et analyser des œuvres À travers le regard des artistes, découvrir l’évolution de la machine dans notre société depuis le 18ème siècle jusqu’à nos jours. Questions posées— • • • Comment les artistes perçoivent la machine et l’histoire de l’industrie en France ? Comment évolue la machine dans notre société ? Que nous apprennent les œuvres sur la place de la machine dans notre société ? Conférences/ Projections Consulter le programme culturel de l’automne 2015 : www.museedesconfluences.fr/fr/le-programme-automne-2015 17 Convergence avec les programmes officiels Histoire Collège 4e— ‘‘L’âge industriel’’ 3e— ‘‘Un siècle de transformations scientifiques et technologiques’’ Lycée technologique 1ère STMG— ‘‘Diffusion du modèle industriel’’ 1ère ST2S— ‘‘Science, innovation, société. 1850-1950’’ Philosophie Lycée général L | ES | S— ‘‘La culture’’ (art, travail, technique...) Français Lycée professionnel CAP— ‘‘Être ouvrier en France du XIXe au XXIe siècle’’ 1ère Bac Pro— ‘‘L’homme face aux avancées scientifiques et techniques : enthousiasmes et interrogations’’ Bibliographie • • • • • 18 WORONOFF Denis, Histoire de l’industrie en France, Seuil, 1994. BENJAMIN Walter, L’œuvre d’art à l’époque de la reproductibilité technique, Paris, Gallimard, 2007. DAUDEL Raymond, LEMAIRE D’AGAGGIO Nicole, Sciences et métamorphose des arts, Paris, PUF, 1994. HAYAT Michel, Arts assistés par machine et arts contemporain : vers une nouvelle philosophie de l’art, Paris, L’Harmattan, 2002. JANE Jennifer, Machine Art 1934, Chicago, Londres, 2012. 19 museedesconfluences.fr 20