études et recherche variantes mig -mag à faible énergie et à forte
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études et recherche variantes mig -mag à faible énergie et à forte
ÉTUDES ET RECHERCHE VARIANTES MIG-MAG À FAIBLE ÉNERGIE ET À FORTE PÉNÉTRATION : PRINCIPES ET APPLICATIONS FABRICE SCANDELLA, JESSY HAOUAS1 INSTITUT DE SOUDURE RECHERCHE ET ENSEIGNEMENT LAURENT JUBIN, ET OLIVIER CHEMINAT2 CETIM Le procédé de soudage MIG-MAG a fait l’objet de nombreuses évolutions ces dix dernières années avec d’une part l’apparition de « variantes » à faible énergie et, d’autre part et relativement récemment, des « variantes » à forte pénétration. Ces variantes font appel à la technologie des onduleurs, qui offrent un contrôle très précis des formes d’ondes (tension et intensité) ainsi que leur asservissement dynamique. Certains procédés de soudage MIG-MAG à faible énergie permettent de souder des pièces très fines (à partir de 0,5 mm) ou d’atteindre des vitesses de soudage de l’ordre de 5 m/ min, qui étaient auparavant le champ d’applications de quelques procédés tels que le soudage laser. Les variantes MAG à forte pénétration permettent quant à elles de réduire l’angle d’ouverture des chanfreins, donc le nombre de passes, le temps de soudage et les déformations des pièces. Des assemblages MAG bout à bout sur bords droits peuvent même être obtenus en une seule passe jusqu’à une épaisseur de 15 mm. 1. INTRODUCTION Le procédé MIG a été initialement développé aux États-Unis d’Amérique et a été commercialisé en 1948. Les premières applications du procédé ont été le soudage de pièces en alliage d’aluminium, avec un gaz inerte, d’où le terme « MIG » qui est toujours utilisé de nos jours. Le terme MAG est apparu dans les années 60, avec l’utilisation de gaz actifs (à l’origine, le CO2), qui ont permis de souder des aciers. Les applications du procédé MIG-MAG sont très vastes. Le procédé MIG-MAG a largement remplacé le procédé de soudage à l’électrode enrobée dans de nombreuses applications, notamment en atelier, car il offre une productivité bien plus élevée, est très polyvalent et peut être facilement automatisé. De ce fait, de nos jours, on estime que plus de 75 % des fils de soudage produits sont destinés au procédé MIG-MAG. Si l’on considère l’ensemble des procédés de soudage, le procédé MIG-MAG est de loin le plus utilisé dans l’industrie. Il est également le procédé de soudage le plus robotisé (85 % des applications) [1]. Etant donné la place prépondérante de ce procédé, les fabricants d’équipements de soudage MIG-MAG cherchent, au travers d’innovations technologiques qu’offre l’électronique de puissance, à repousser les limites du procédé pour se démarquer de leurs concurrents. De ce fait, si l’on peut considérer le procédé de soudage MIG-MAG comme une technologie mature, ses principes fondamentaux restants inchangés, il reste en mutation constante avec la mise sur le marché de nouveaux produits à un rythme soutenu. L’objectif de cette publication est de rappeler brièvement les principes du procédé MIG-MAG avec une attention particulière aux modes de transfert, puis de passer en revue les procédés à faible énergie et à fort pouvoir pénétrant en s’intéressant à leurs principes, à l’offre actuelle et à leurs avantages et limites. Des exemples d’applications industrielles et en laboratoire sont également présentées pour illustrer les possibilités que peuvent offrir ces procédés. Ces procédés peuvent révolutionner la façon de fabriquer des composants mécano-soudés ; certains sont méconnus et méritent un éclairage. 1.1 LES FONDAMENTAUX DU PROCÉDÉ DE SOUDAGE MIG-MAG 1.1.1 Principes du procédé Le procédé MIG-MAG (Metal Inert Gas ou Metal Active Gas, suivant que le gaz utilisé soit inerte ou actif), également appelé GMAW (Gas Metal Arc Welding) utilise la chaleur générée par un arc électrique, entre une électrode fusible continue et les pièces, pour établir une liaison soudée. Dans les pays francophones, le procédé MIG-MAG est souvent appelé « semi-automatique » par les soudeurs, car dans sa version manuelle, l’apport de fil est mécanisé. Ce terme est ambigu, car par exemple le procédé TIG peut lui aussi être opéré de façon manuelle avec un dévidage mécanisé du fil. Une distinction est faite si l’on met en œuvre le procédé MIG-MAG avec un fil massif ou un fil fourré, ce dernier pouvant par ailleurs être uniquement à poudre métallique ou pouvant contenir à la fois des poudres métalliques et minérales permettant de former un laitier, comme c’est le cas en soudage à l’électrode enrobée. Cette distinction, qui ne transparait pas dans l’emploi du vocable MIG-MAG, est par contre nette dans les documents américains où l’utilisation d’un fil fourré à fourrage partiellement ou totalement minéral correspond à l’acronyme FCAW pour Flux Cored Arc Welding. Un équipement de soudage MIG-MAG se compose au minimum d’un générateur, d’un dévidoir et d’une torche. Le fil-électrode, conditionné généralement sur une bobine, est entraîné avec une vitesse constante de plusieurs mètres par minute par les galets du dévidoir. Le fil, le courant électrique, le gaz de protection et le liquide de refroidissement de la torche 1. Institut de Soudure, Plate-forme Assemblage et Matériaux, 4, boulevard Henri Becquerel, 57970 Yutz (France), Tél. : 03 82 88 79 42 2. CETIM, 74 Route de la Jonelière, 44000 Nantes, France, Tél. : 03 82 59 86 47 I SEPTEMBRE - OCTOBRE 2015 I S OUDAGE ET T ECHNIQUES C ONNEXES 1507_0340_P_000_000_ETUDES_ET_RECHERCHE.indd 1 1 10/09/2015 16:37 CONJONCTURE ÉTUDES ET RECHERCHE sont acheminé dans une gaine reliant le dévidoir à la torche. L’extrémité de la torche se compose d’un tube contact qui a pour rôle principal de transférer le courant électrique au fil fusible, ainsi que d’un diffuseur et d’une buse permettant de canaliser le gaz de protection au-dessus de la zone fondue. Le procédé MIG-MAG peut être manuel, automatisé ou robotisé. Les paramètres du procédé MIG-MAG sont relativement nombreux, avec notamment la tension d’arc, l’intensité (liée à la vitesse de dévidage du fil), la vitesse de soudage, la distance tube-contact/pièces, les angles de la torche par rapport aux pièces à souder, la nature et le diamètre du fil ou encore la nature et le débit du gaz de protection. Contrairement au soudage à l’électrode enrobée, le procédé MIG-MAG peut être mis en œuvre avec une plage étendue d’intensité de soudage, pour un diamètre de fil donné. Il en résulte plusieurs modes de transfert en régime libre (c’est-à-dire lorsque le régime est uniquement imposé par la vitesse de dévidage du fil et la tension d’arc) et ceux-ci ont une importance fondamentale car ils déterminent notamment la stabilité de l’arc électrique. Les modes de transfert que l’on peut qualifier de « classiques » sont, en ordre croissant d’énergie de soudage, les modes court-circuit, globulaire, pulvérisation axiale et arc tournant, cf. figure 1. Ces modes de transfert peuvent être obtenus dans le cas du soudage MIG-MAG avec un fil massif, si toutefois la composition du gaz de protection le permet. Les modes de transfert ne seront pas détaillés ici, mais on peut noter les points suivants : • le mode court-circuit est particulièrement intéressant pour le soudage de pièces de faible épaisseur ou pour réaliser des passes de pénétration compte tenu des niveaux faibles de tension et d’intensité. L’inconvénient principal de ce mode de transfert est qu’il génère des projections, qui peuvent nécessiter des opérations de parachèvement après soudage. Cela est particulièrement vrai avec les générateurs les plus anciens. Le risque d’obtenir des manques de fusion est également à prendre en considération ; • le mode globulaire génère de grosses gouttes métalliques qui se déplacent de façon aléatoire, parfois en-dehors du plan de joint, d’où la formation de projections adhérentes nécessitant souvent une opération de parachèvement après soudage. Ce mode de transfert est à éviter, d’autant plus qu’en comparaison avec les autres modes, il engendre un volume important de fumée de soudage rapporté à la masse de métal déposé ; • le mode pulvérisation axiale est très stable (il génère très peu de projections) et offre une bonne pénétration. Il est donc utilisé dès lors que l’épaisseur des pièces à souder est suffisante. Cependant, le volume important du bain ne permet pas l’utilisation de ce mode de transfert dans toutes les positions de soudage ; • le transfert par veine liquide tournante engendre une pénétration importante et de forme arrondie, Figure 1 : Représentation des modes de transfert « classiques » en fonction du niveau d’énergie. Photographies issues de différentes vidéos rapides. 2 mais ce mode de transfert est peu utilisé et ne convient pas au soudage MIG-MAG manuel étant donné la chaleur dégagée par l’arc électrique. De plus, l’instabilité de l’arc est une gêne même en soudage automatique, ce qui a conduit les fabricants de source à contrôler l’arc pour éviter ce mode de transfert. À ces modes de transfert s’ajoute le « mode pulsé », qui a été développé pour pouvoir souder des pièces de faible épaisseur tout en limitant les projections. Le procédé MIG pulsé a d’abord été mis au point pour le soudage d’alliages d’aluminium et d’aciers inoxydables. Il est aujourd’hui également utilisé d’une certaine manière en dehors du domaine d’application pour lequel il a été conçu, pour le soudage MAG pulsé de pièces épaisses en aciers, afin de bénéficier d’un faible taux de projection. En toute rigueur, il ne s’agit pas d’un mode de transfert, car il ne résulte pas du seul réglage de la tension et de l’intensité, mais nécessite en plus que le générateur impose une pulsation synchronisée du courant et de la tension (avec des niveaux hauts et bas du courant et de la tension). Les différents paramètres définissant les ondes (fréquence, temps chaud et froid, niveaux d’intensité et de tension hauts et bas) dépendent entre-autres de la vitesse de dévidage du fil et les lois de synergie sont indispensables pour régler rapidement tous ces paramètres. L’objectif est de provoquer le détachement de la goutte lorsque les niveaux de courant et de tension sont hauts et de garder l’arc électrique allumé sans faire fondre le fil lorsque ces niveaux sont bas. Le soudage MIG-MAG pulsé est une très bonne alternative aux modes court-circuit et globulaire car il combine les avantages du mode court-circuit et celles du mode de transfert par pulvérisation axiale. Les modes de transfert sont clairement établis dans le cas du soudage en courant continu en régime libre avec des fils massifs. Pour les fils fourrés, les modes de transfert sont très fortement dépendants du type de fourrage : • les fils fourrés contenant très peu ou pas de charges minérales (fils fourrés de poudre métallique) se comportent de façon similaire aux fils massifs ; • pour les fils rutiles, les paramètres de soudage sont ajustés de façon à obtenir un transfert en mode pulvérisation axiale ; • les fils basiques ont un mode de transfert plutôt globulaire ; • les fils fourrés auto-protecteurs (fils fourrés « sans gaz ») ont un mode de transfert semblable au court-circuit. La gamme de fils utilisés en soudage MIG-MAG est extrêmement vaste, avec des produits destinés au soudage des aciers de construction, des aciers HLE et THLE, des aciers inoxydables et de nombreux alliages base Al, Ni, Co, Cu et même parfois du titane. Les fils utilisés en soudage MIG-MAG ont un diamètre compris entre 0,6 et 2,4 mm, les diamètres S OUDAGE ET T ECHNIQUES C ONNEXES I SEPTEMBRE - OCTOBRE 2015 I 1507_0340_P_000_000_ETUDES_ET_RECHERCHE.indd 2 10/09/2015 16:37 VARIANTES MIG-MAG À FAIBLE ÉNERGIE ET À FORTE PÉNÉTRATION : PRINCIPES ET APPLICATIONS les plus couramment utilisés étant 1,0 et 1,2 mm et sont soit des fils massifs ou des fils fourrés. Les fils massifs, qui représentent la part la plus importante en volume, garantissent une bonne pénétration (à condition d’utiliser des paramètres de soudage adéquats) et ne présentent intrinsèquement aucun problème de reprise d’humidité : la teneur en hydrogène diffusible d’un fil massif est inférieure à 2 ml/100 g de métal déposé. Les fils fourrés se déclinent en deux grandes familles, ceux possédant un fourrage contenant des charges minérales (flux cored) et ceux contenant presque uniquement des poudres métalliques (metal cored). En fonction du type de fourrage, les fils fourrés peuvent améliorer la productivité car le taux de dépôt obtenu peut être significativement supérieur à celui des fils massifs à intensité égale. Les fils fourrés sont généralement utilisables avec une gamme d’intensité supérieure [2]. Certains fils fourrés sont également élaborés pour faciliter grandement le soudage en toutes positions, parfois avec les mêmes paramètres électriques quelle que soit la position de soudage. En outre, ils offrent de larges possibilités au niveau de leur composition chimique. Ces produits nécessitent généralement des précautions supplémentaires pour leur stockage afin d’éviter la reprise d’humidité, cf. figure 2 [3, 4]. Les gaz de protection utilisés en soudage MIG sont l’argon et des mélanges Ar-He pour les alliages non ferreux. Bien que le CO2 pur soit parfois utilisé dans certains pays, le gaz de protection en soudage MAG est souvent un mélange constitué d’Ar avec entre 8 et 18 % de CO2 et des additions d’autres gaz tels que O2, H2 et He dont les proportions varient en fonction des applications. L’azote est également utilisé (avec une teneur jusqu’à environ 2,5 %) pour le soudage des aciers inoxydables austéno-ferritiques. 1.1.2 Avantages et limites du procédé En comparaison avec les procédés de soudage à l’électrode enrobée et TIG manuel, le procédé MIGMAG manuel offre un facteur de marche et un taux de dépôt bien plus élevés, donc un accroissement substantiel de la productivité. Ce procédé est par ailleurs très polyvalent et l’investissement reste faible. Si l’image du procédé MIG-MAG a parfois souffert par le passé du fait des difficultés rencontrées pour obtenir une qualité constante des soudures, les nombreux développements dans le domaine de l’électronique de puissance ont permis un contrôle relativement précis des paramètres électriques, pour garantir des niveaux de qualité très satisfaisants. Le soudage MIG des alliages d’aluminium reste problématique, du fait de l’apparition de défauts tels que des manques de fusion en début de cordon et surtout la présence sporadique de porosités, lesquelles ont des origines multiples et sont très difficiles voire impossible à éradiquer [5]. Figure 2 : Reprise en humidité de différents types de fils fourrés en fonction du temps d’exposition à une atmosphère contrôlée (35 °C, 85 % d’humidité relative). La reprise en humidité est exprimée en termes de taux d’hydrogène diffusible, par ml pour 100 g de métal fondu [3]. 1.1.3 Soudabilité des matériaux Les aciers de construction présentent généralement une excellente soudabilité métallurgique ; les aciers HLE et THLE nécessitent des précautions (choix des produits d’apport, énergie de soudage, préchauffage/postchauffage) en fonction de leur formulation. Comme évoqué précédemment, la teneur en hydrogène diffusible est faible dans les fils massifs. L’utilisation ce type de produit est donc plus sécurisant vis-à-vis du risque de fissuration à froid pour le soudage d’aciers à forte teneur en carbone pour traitement thermique ou encore pour le soudage d’aciers HLE ou THLE. La soudabilité des alliages base nickel est variable suivant les nuances, certaines d’entre-elles étant sensibles à la fissuration à chaud. La plupart des nuances d’alliage d’aluminium sont soudables avec le procédé MIG en choisissant un produit d’apport compatible du point de vue métallurgique. S’il n’est pas couramment utilisé pour le soudage du titane et ses alliages, le procédé MIG peut être utilisé à condition de garantir une excellente protection gazeuse, notamment en utilisant un traînard pour éviter toute fragilisation de la zone soudée. 1.1.4 Applications Les secteurs industriels utilisant le procédé MIGMAG sont extrêmement variés, les applications en mécano-soudage étant très nombreuses. On peut citer notamment le transport terrestre : l’industrie automobile pour le soudage des éléments de caisse jusqu’aux pots d’échappement, les applications dans le transport routier pour la fabrication de remorques et d’essieux et le transport ferroviaire pour la fabrication des boggies, des wagons et voitures ainsi que des éléments de voie. D’autres applications concernent la fabrication de réservoirs, de conduits de chauffage et de ventilation, le secteur pétrolier (éléments de structure, tuyauteries), les engins mobiles pour le BTP et le secteur minier (fabrication d’équipements de levage et de terrassement) ainsi que le machinisme agricole, le mobilier métallique. La facilité d’intégration du procédé MIG-MAG dans les cellules robotisées le rend quasiment incontournable pour tous les fabricants d’équipements en série (de l’automobile à l’électro-ménager). Les technologies MIG-MAG ont acquis la maturité et un retour d’expérience suffisant pour être utilisées dans des secteurs très exigeants tels que le nucléaire ou l’aéronautique. Le secteur aéronautique, après avoir longtemps exclu le procédé dans ses gammes de fabrication, l’intègre pour certaines applications depuis quelques années. 1.2 LES ÉVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES Parmi toutes les évolutions du procédé MIG-MAG, on peut citer deux familles de procédés qui visent à améliorer la qualité des soudures et la productivité, avec : • d’une part des variantes MIG-MAG à faible énergie : plusieurs technologies sont aujourd’hui disponibles pour assembler des pièces de faible épaisseur, dans certains cas jusqu’à 0,5 mm dans des conditions industrielles, ce qui était impensable il y a 10 ans. Chaque fabricant a développé sa propre stratégie pour souder les pièces de faible épaisseur, avec pour objectif d’améliorer la qualité des soudures en réduisant le nombre de projections adhérentes sur les pièces soudées (grâce à des alternatives au mode de transfert court-circuit « classique ») et d’améliorer la productivité en augmentant la vitesse de soudage ; • d’autre part des variantes MAG à fort pouvoir pénétrant : plusieurs technologies ont été développées ces dernières années pour augmenter I SEPTEMBRE - OCTOBRE 2015 I S OUDAGE ET T ECHNIQUES C ONNEXES 1507_0340_P_000_000_ETUDES_ET_RECHERCHE.indd 3 3 10/09/2015 16:37 CONJONCTURE ÉTUDES ET RECHERCHE la profondeur de pénétration, afin de pouvoir par exemple souder des pièces d’épaisseur 10 mm avec une pénétration totale sans chanfrein, grâce à une pression d’arc très élevée. Là aussi, la qualité des soudures peut être améliorée par exemple grâce au pouvoir pénétrant de l’arc électrique (c’est un atout pour éviter un manque de fusion en racine) et les gains de productivité se traduisent par une réduction du nombre de passes, donc du temps de soudage. Les sections suivantes concerneront ces deux familles de procédés. 2. LES VARIANTES MIG-MAG À FAIBLE ÉNÉRGIE 2.1 PRINCIPES La technologie onduleur a révolutionné le soudage MIG-MAG. En effet, l’électronique de puissance et les microprocesseurs permettent un contrôle relativement précis des paramètres électriques (tension d’arc et intensité de soudage) ainsi que leur synchronisation. Comme le montrent les figures 3(a) et 3(b), la durée d’une période en mode court-circuit libre peut être relativement variable dans le cas d’un générateur d’ancienne génération. Les fluctuations d’intensité sont importantes car le générateur de soudage ne régule pas suffisamment les paramètres électriques et le transfert de métal de l’extrémité du fil dans le bain de soudure s’opère de façon erratique. Les projections sont nombreuses. Les figures 3(c) et 3(d) montrent au contraire qu’un onduleur permet d’imposer des formes d’ondes (intensité et tension) ainsi que la durée de la période au sein de laquelle les valeurs instantanées d’intensité et de tension sont prédéfinies et synchronisées. On notera de légères différences entre les signaux électriques obtenus pour des périodes successives, mais elles restent sans commune mesure avec les fluctuations naturelles du mode court-circuit « classique ». Il en résulte un transfert de métal bien maîtrisé et peu de projections, ou des projections très fines ne nécessitant pas d’opération de parachèvement. Une étude datant de 1997 avait montré que la technologie onduleur et les modes court-circuit contrôlé disponible à l’époque permettaient déjà d’obtenir un taux de projection 6 à 8 fois inférieur à celui d’un mode court-circuit « classique » [6]. La technologie a bien évolué depuis : chaque constructeur a développé sa propre stratégie pour proposer une alternative au mode court-circuit « classique » à ses clients, en définissant ses propres formes d’ondes, que l’on peut sélectionner dans la liste des lois de synergie proposées par l’onduleur. Ainsi, la plupart des onduleurs offrent aujourd’hui une ou plusieurs lois de 4 synergies correspondant à un mode de transfert de type court-circuit contrôlé. Quelques fabricants proposent en plus un système mécanique de cadençage à haute fréquence du fil-électrode, également synchronisé avec les paramètres électriques. Ce mouvement mécanique apporte plus de stabilité lors du transfert de la goutte de métal de l’extrémité du fil au bain. La figure 3 illustre le mouvement d’avance puis de recul du fil pendant une période pour l’un de ces procédés. « Traditionnellement », le courant de soudage utilisé pour le procédé MIG-MAG est continu (ou redressé). Presque toutes les installations de soudage MIGMAG utilisées dans l’industrie fonctionnent avec un générateur de courant continu. Dans un arc électrique alimenté en courant continu, les électrons sont émis par la cathode (pôle –) et vont bombarder l’anode (pôle +). En soudage MIG-MAG avec un fil massif, le fil-électrode est à la polarité + et donc l’extrémité du fil subit le bombardement des électrons permettant ainsi de favoriser sa fusion sous l’effet de la chaleur produite, cf. figure 5(a). Cette polarité positive assure une bonne stabilité de l’arc, une bonne pénétration et un faible taux de projections. À l’opposé, la polarité négative (– au filélectrode, cf. figure 5(b) ) permet d’obtenir un dépôt large et moins pénétré (ce qui peut être intéressant pour augmenter le taux de dépôt), mais tend à former des gouttes de métal de plus grande taille qui se détachent plus difficilement, ce qui augmente le taux de projections. Le soudage MIG-MAG en polarité négative n’est donc pas utilisé si le produit d’apport est un fil massif, mais il est possible de faire appel à un courant alternatif pour combiner les avantages qu’offrent des deux polarités. Certains constructeurs ont donc intégré des lois de synergie utilisant un courant alternatif dans leurs onduleurs. Plus répandue au Japon, cette technologie est apparue en Europe à la fin des années 90. En réglant la balance de polarité, il devient possible de favoriser soit la pénétration ou le taux de dépôt. L’intérêt principal de cette technologie est le soudage de pièces de faible épaisseur, car les tolérances d’accostage sont plus importantes et les déformations moindres par rapport au soudage MIG-MAG en courant continu. La tendance actuelle est de créer des lois de synergie combinant des périodes en mode court-circuit contrôlé avec par exemple un courant pulsé ou encore des périodes en mode court-circuit contrôlé avec des phases positives et des phases négatives. Si les technologies le permettent, un cadençage du fil-électrode peut également y être associé. Les formes d’ondes deviennent de ce fait extrêmement complexes et il est quasiment impossible de les développer sans l’utilisation de caméras rapides couplées à des systèmes d’acquisition des paramètres. On comprend aisément que les lois de syner- gies sont incontournables pour faciliter le réglage des paramètres dans un environnement de production, c’est-à-dire pour que ces onduleurs se vendent. 2.2 L’OFFRE ACTUELLE Chaque constructeur possède sa propre technologie. Par ailleurs, les noms commerciaux de ces procédés changent parfois lors de la commercialisation de la génération suivante d’onduleurs. Les procédés de soudage MIG-MAG à faible énergie disponibles à ce jour sont (liste non exhaustive) : • chez Air Liquide Welding : Speed Short Arc, • chez Cloos Schweißtechnik : Coldweld, • chez ESAB : Superpulse, • chez EWM : coldArc, rootArc, pipeSolution, • chez Fronius : CMT (Cold Metal Transfer), CMT advanced, Transteel, • chez Lincoln Electric : STT (Surface Tension Transfer), STTII, • chez Panasonic : AWP (Active Wire feed Process), HD-Pulse, SP-MAGII. 2.3 AVANTAGES ET LIMITES Les avantages et limites de ces procédés sont considérés de manière générale (toutes technologies confondues), cf. tableau 1. Le Tableau 1 montre très clairement qu’il n’y a presque que des avantages à choisir les nouveaux onduleurs, plutôt que des générateurs d’ancienne génération, qui sont de toute manière voués à disparaître progressivement. Leur prix d’achat est certes un peu plus élevé, mais leurs avantages permettent un retour sur investissement rapide (augmentation de la productivité, élimination d’opérations de parachèvement, etc.). On peut aussi noter que certains onduleurs sont capables de compenser en temps réel des variations liées à la mise en œuvre du procédé, par exemple des variations relativement importantes de longueur de fil sorti. Ce type d’autorégulation est généralement un avantage, notamment en soudage manuel, mais cela peut aussi être un inconvénient par exemple en soudage robotisé, le contrôle en temps réel des paramètres électriques à des fins de suivi de la qualité en production ne pouvant plus être réalisé. Le taux de projection est très bas avec la technologie onduleur et des réglages optimisés. Pour autant, aucun produit du marché ne peut aujourd’hui garantir « zéro projections », cette caractéristique restant inhérente au procédé MIG-MAG. Pour certaines applications ne pouvant tolérer la moindre projection adhérente, la solution reste l’utilisation d’un procédé tel que le TIG ou la protection des zones adjacentes avec un produit anti-adhérent (à utiliser avec beaucoup de précautions) ou mieux, avec un « pare-feu ». S OUDAGE ET T ECHNIQUES C ONNEXES I SEPTEMBRE - OCTOBRE 2015 I 1507_0340_P_000_000_ETUDES_ET_RECHERCHE.indd 4 10/09/2015 16:37 VARIANTES MIG-MAG À FAIBLE ÉNERGIE ET À FORTE PÉNÉTRATION : PRINCIPES ET APPLICATIONS Figure 3 : Signaux électriques enregistrée avec un oscilloscope lors du soudage MIG-MAG, dans le cas (a, b) de l’utilisation d’un générateur d’ancienne génération avec un mode de transfert court-circuit « classique » (intensité uniquement) et (c, d) de l’utilisation d’un onduleur moderne proposant un mode de transfert court-circuit contrôlé (intensité et tension). Données Institut de Soudure. ➤ Figure 4 : Séquence issue d’une vidéo rapide montrant le mouvement de va et vient du fil-électrode pendant une période de soudage en mode court-circuit contrôlé CMT (Cold Metal Transfer). Document Fronius. ➤ Figure 5 : Images extraites d’une vidéo rapide montrant l’arc électrique dans le cas du soudage MIG-MAG avec un fil massif momentanément au pôle (a) positif et (b) négatif. Issu d’un document Fronius. I SEPTEMBRE - OCTOBRE 2015 I S OUDAGE ET T ECHNIQUES C ONNEXES 1507_0340_P_000_000_ETUDES_ET_RECHERCHE.indd 5 5 10/09/2015 16:37 CONJONCTURE ÉTUDES ET RECHERCHE Tableau 1 : Avantages et limites des procédés MIG-MAG à faible énergie. Avantages • Amélioration de la stabilité d’arc : peu voire quasiment plus de projections • Possibilité de souder des pièces fines (à partir de 0,5 mm dans certains cas) • Productivité élevée : vitesses de soudage de plusieurs m/min • Mise au point aisée des paramètres (lois de synergie) • Procédés polyvalents (matériaux, épaisseurs, positions de soudage, …) • Investissement faible (10 à 20 k€ pour l’ensemble générateur, dévidoir, torche et faisceaux) Une difficulté majeure subsiste : la mesure des énergies de soudage. Si le problème n’est pas nouveau, les écarts moyens entre les valeurs mesurées et les valeurs réelles étant parfois de plus de 25 % avec certains modes de transfert délivrés par des générateurs plus anciens, le développement de lois de synergie complexes avec des courants alternatifs et des fréquences de pulsation relativement élevées rendent les résultats plus incertains [7]. Les onduleurs avec wattmètre intégré peuvent cependant apporter une certaine sécurité vis à vis des risques métallurgiques pouvant découler de l’utilisation d’une énergie de soudage trop faible ou trop élevée. Les modes opératoires doivent être validés pour chaque marque, référence et génération d’onduleur sur un assemblage représentatif, surtout lorsque le domaine d’application se situe en marge des applications courantes du soudage MIG-MAG. Limites • Risque accru d’obtenir des manques de fusion et des porosités lors du soudage d’alliages d’aluminium • Les fils fourrés ne peuvent parfois pas être utilisés (mais cela dépend de la technologie et du mode de transfert) On notera également que tous ces procédés permettent de réaliser certains assemblages hétérogènes (par exemple des liaisons aluminium/acier) par soudo-brasage, qui est un besoin croissant dans de nombreux secteurs industriels. Les produits d’ap- Figure 8 : Soudage d’une collerette et d’un piquage sur un chauffe-eau, procédé CMT. Vitesse de soudage de 90 cm/min, absence de projections. Documents Fronius. 2.4 EXEMPLES D’APPLICATIONS Les figures 6 à 10 illustrent quelques applications industrielles de procédés de soudage MIG-MAG à faible énergie. 2.5 LEQUEL DE CES PROCÉDÉS FAUT-IL CHOISIR ? Le choix du procédé dépend directement des applications et des critères d’acceptation des soudures : par exemple, pour certains produits, l’aspect des cordons peut être de première importance ; pour d’autres, la vitesse de soudage sera le facteur prédominant. Il n’y a donc pas de procédé MIG-MAG à faible énergie « universel », chacune des variantes proposées par les constructeurs aura un champ d’applications pour lesquelles les fonctionnalités de l’onduleur seront particulièrement adaptées. Avant d’investir, il est recommandé de réaliser des essais sur des pièces représentatives d’une production avec plusieurs de ces procédés pour disposer de données factuelles permettant ensuite de faire le meilleur choix technico-économique. L’expérience montre qu’il ne faut pas se fier aux a priori. 6 Figure 6 : Sous-ensembles d’une structure de karting, procédé Superpulse (robotisé) en régime mixte pulsé/court-circuit contrôlé. Ce procédé permet d’obtenir des soudures MAG avec l’aspect de soudure TIG, quasiment sans projections adhérentes. Documents ESAB. Figure 7 : Assemblage en angle de plaques en alliage d’aluminium, procédé Superpulse (manuel). Document ESAB. Figure 9 : Soudage en position plafond de feuilles d’aluminium de série 6xxx et d’épaisseur 0,8 mm (fuselage d’hélicoptère). Procédé CMT, vitesse de soudage de 1,8 m/min. Documents Fronius. port classiques (Cu-Al, Cu-Si, Cu-Mn-Al) permettent d’obtenir des assemblages avec des résistances mécaniques adaptées aux matériaux en présence (jusqu’à 750 MPa en sollicitation statique de traction-cisaillement). Des produits d’apport spécifiques de soudo-brasage, par exemples de fils base Zn, ont été développés pour être utilisés avec certains onduleurs (donc avec une loi de synergie ad hoc). S OUDAGE ET T ECHNIQUES C ONNEXES I SEPTEMBRE - OCTOBRE 2015 I 1507_0340_P_000_000_ETUDES_ET_RECHERCHE.indd 6 10/09/2015 16:37 VARIANTES MIG-MAG À FAIBLE ÉNERGIE ET À FORTE PÉNÉTRATION : PRINCIPES ET APPLICATIONS 3.4 AVANTAGES ET LIMITES Figure 10 : Soudage de réservoirs en acier inoxydable ferritique d’épaisseur 1 mm avec un jeu variable (0 à 1,5 mm). Procédé CMT advanced, vitesse de soudage de 76 cm/min. Documents Fronius. 3. LES VARIANTES MAG À FORTE PÉNÉTRATION 3.1 INTRODUCTION De nouveaux « modes de transfert » contrôlés sont également apparus depuis quelques années pour obtenir de fortes pénétrations, là aussi grâce à la technologie onduleur. Ces procédés étant plus ou moins nouveaux, l’un d’entre eux étant commercialisé depuis moins d’un an, très peu de documentation technique est disponible. C’est pourquoi plusieurs études ont été menées à l’Institut de Soudure pour évaluer le potentiel de l’une ou l’autre de ces technologies sur des applications pour des clients (données confidentielles non publiables) et une étude plus générique est en cours pour la Commission Interprofessionnelle Soudage de la FIM, en collaboration avec le CETIM. Ces travaux visent à évaluer les avantages et limites de l’ensemble des procédés disponibles sur le marché dans le cas du soudage en angle d’aciers de construction (par exemple l’effet du jeu entre pièces sur la valeur de gorge efficace obtenue) et bout à bout en chanfrein, notamment pour connaître l’angle minimal qu’il est possible d’utiliser sans risque majeur de créer des manques de pénétration ou de fusion. Des travaux à venir porteront également sur le soudage d’aciers présentant une certaine sensibilité à la fissuration. 3.2 PRINCIPES Étant donné le faible volume de données disponibles pour l’instant, on peut se référer en premier lieu aux données fournies par les constructeurs. D’après les documentations technico-commerciales, les variantes MAG à forte pénétration permettent de combiner la facilité opératoire du mode de transfert par court-circuit avec le pouvoir pénétrant du mode de transfert par pulvérisation axiale. Ce type de variante est également mise en avant pour souder à forte énergie tout en conservant un arc électrique court et étroit, ce qui permet de limiter les risques de morsures, de caniveaux ou de porosités et d’améliorer la pénétration en fond de chanfrein tout en réduisant l’angle d’ouverture. La figure 11 montre des enregistrements de tension et d’intensités obtenus pour deux onduleurs réglés sur leur loi de synergie respective permettant de souder avec un « mode de transfert » MAG à forte pénétration. Dans un cas, on peut observer que les ondes ressemblent à un mode de transfert par pulvérisation axiale quelque peu instable et avec une tension d’arc moyenne de 31 V, cf. figure 11 (a,b), et que dans le second cas, il s’agit d’un mode de transfert avec un courant pulsé et une tension moyenne de 37 V, cf. figure 11 (c,d). Les différences de valeur moyenne de tension ou d’intensité présentent ici peu d’intérêt, le point important étant que les constructeurs développent, comme pour les variantes MIG-MAG à faible énergie, des lois de synergies différentes dans un même but. Les résultats obtenus avec les procédés à forte pénétration seront donc quelque peu différent d’un onduleur à l’autre. Les travaux en cours permettront de mettre en évidence ces différences. 3.3 L’OFFRE ACTUELLE Quelques constructeurs proposent aujourd’hui un onduleur et une loi de synergie permettant de réaliser du soudage MAG à forte pénétration : • chez Air Liquide Welding : HPS (High Penetration Speed), • chez EWM : forceArc, • chez Fronius : PCS (Pulse-Controlled Spray arc). Les avantages et limites de ces procédés sont considérés de manière générale (toutes technologies confondues), cf. tableau 2. Ce tableau montre que ce type de procédé est intéressant si l’on souhaite réaliser des gains de productivité pour souder des pièces en acier C-Mn dans la gamme d’épaisseurs 5 à 20 mm environ (voire beaucoup plus), non pas en augmentant la vitesse de soudage, mais en réduisant le volume de produit d’apport à déposer. La réduction des déformations est un avantage induit non négligeable en fabrication. La limite principale de ce type de procédé concerne la soudabilité métallurgique et il est indispensable de valider le mode opératoire de soudage (MOS) au travers d’essais sur des coupons représentatifs puis de respecter ce MOS, surtout dans le cas du soudage de matériaux sensibles à la fissuration à chaud. Par ailleurs, le risque de fissuration à chaud de solidification devient important si l’on cherche à utiliser des chanfreins très fermés (moins de 35°), car le ratio hauteur sur largeur des cordons devient très défavorable, comme le montre la figure 12. Certains industriels utilisent néanmoins des chanfreins plus fermés (30°) lorsque le procédé est parfaitement sous contrôle. Les autres limites concernent les matériaux soudables et la vitesse de soudage : • L’effet pénétrant n’est obtenu que pour le soudage des aciers C-Mn, en tout cas pour le moment. Les aciers C-Mn étant les matériaux métalliques les plus fréquemment soudés, le potentiel de développement de ce type de technologie reste très important. • La vitesse de soudage est faible au regard de celle que l’on peut obtenir avec des procédés à faible énergie automatisés ou robotisés (plusieurs m/min). Néanmoins, elle reste compatible avec le soudage manuel et le fait de réduire le nombre de passe permet déjà d’optimiser les temps globaux de soudage. L’excellente nouvelle pour tout industriel souhaitant investir dans des onduleurs MIG-MAG est que l’une ou l’autre des lois de synergie nécessaire pour réaliser du soudage MAG à forte pénétration est parfois déjà intégrée dans les onduleurs des constructeurs Tableau 2 : Avantages et limites des procédés MIG-MAG à forte pénétration. Avantages • Réduction de la quantité de produit d’apport • Réduction des déformations (par la diminution du volume de la zone fondue et/ou du nombre de passes) • Réduction du temps de soudage. • Plus d’opérations de chanfreinage dans certains cas. • Gains de productivité substantiels même en soudage manuel Limites • Lois de synergie disponibles réservées au soudage des aciers C-Mn • Énergie de soudage relativement importante pour bénéficier de l’effet pénétrant de l’arc électrique • Géométrie des cordons peu favorable d’un point de vue métallurgique : ratio hauteur sur largeur élevé, ce qui provoque des ségrégations et augmente le risque de fissuration à chaud • Vitesse de soudage limitée à environ 50 cm/min. I SEPTEMBRE - OCTOBRE 2015 I S OUDAGE ET T ECHNIQUES C ONNEXES 1507_0340_P_000_000_ETUDES_ET_RECHERCHE.indd 7 7 10/09/2015 16:37 CONJONCTURE ÉTUDES ET RECHERCHE Figure 11 : Signaux électriques (intensité et cinq fois la valeur de la tension) enregistrée avec un oscilloscope lors du soudage MAG, dans le cas (a, b) de l’utilisation d’un onduleur A réglé sur une loi de synergie MAG à forte pénétration et (c, d) de l’utilisation d’un onduleur B réglé sur une autre loi de synergie MAG à forte pénétration. cités dans la section 2.2. Dans ce cas, il n’est pas nécessaire d’investir dans deux onduleurs distincts pour souder dans des conditions optimales à la fois des pièces très fines et des pièces épaisses. Il conviendra cependant de vérifier que l’onduleur est capable de délivrer un niveau d’intensité suffisant pour bénéficier des lois de synergie MAG à forte pénétration et que la torche est également adaptée. Il est également possible de rajouter très facilement la loi de synergie MAG à forte pénétration à un poste de soudage existant compatible (donc de la même marque), au travers d’un port USB. 3.5 EXEMPLES D’APPLICATIONS La figure 13 montre un exemple d’application industrielle avec l’un des procédés de soudage MAG à 8 forte pénétration. De nombreuses autres applications existent dans l’industrie, mais sont soumises à des clauses de confidentialité. Les figures 14 et 15 sont issues de travaux menés par l’Institut de soudure et la figure 16 de travaux réalisés par TWI pour le compte d’EWM. 3.6 LEQUEL DE CES PROCÉDÉS FAUT-IL CHOISIR ? Figure 12 : Macrographie d’une soudure obtenue avec une variante MAG à forte pénétration sur acier C-Mn avec un chanfrein en demi V à 30°. On peut noter à la fois une fissure à chaud de solidification dans l’axe du cordon et un manque de fusion en racine. Document issu d’une étude CIS-FIM en cours. La figure 11 a montré que les formes d’ondes sont différentes d’un constructeur à l’autre, comme cela est le cas pour les variantes MIG-MAG à faible énergie. On peut donc s’attendre à ce que les résultats diffèrent suivant la technologie choisie. Des campagnes d’essais réalisés pour plusieurs clients montent en effet des différences en termes de stabi- S OUDAGE ET T ECHNIQUES C ONNEXES I SEPTEMBRE - OCTOBRE 2015 I 1507_0340_P_000_000_ETUDES_ET_RECHERCHE.indd 8 10/09/2015 16:37 VARIANTES MIG-MAG À FAIBLE ÉNERGIE ET À FORTE PÉNÉTRATION : PRINCIPES ET APPLICATIONS Figure 13 : Application industrielle utilisant le procédé forceArc : divers sous-ensembles sont soudés avec ce procédé pour la fabrication de grues mobiles. Ce procédé a permis de modifier le type de chanfrein et de réduire l’angle d’ouverture : le chanfrein initial en K à 45° nécessitait 32 passes de remplissage (de part et d’autre du chanfrein) alors que le chanfrein en demi-V à 30° n’en nécessite que 13, toutes déposées du même côté, ce qui limite la manipulation des structures. [8] Figure 15 : Macrographie d’une soudure bout à bout de plaques en acier C-Mn d’épaisseur 15 mm, obtenue en une seule passe avec un procédé MAG à forte pénétration. Documents Institut de Soudure. lité de l’arc électrique et du pouvoir pénétrant, ce qui rend par ailleurs délicate la transposition de paramètres de soudage d’une technologie à une autre. Toutefois, pour l’instant, ces différences restent assez peu marquées, contrairement à celles que l’on Figure 14 : (a) Assemblage d’angle interpénétré (acier C-Mn, épaisseur 10 mm) réalisé de façon conventionnelle, avec un chanfrein et 4 passes alternées ; (b) le même assemblage réalisé avec un procédé MAG à forte pénétration, en seulement 2 passes et sans chanfreinage. Document Institut de Soudure. observe avec les procédés MIG-MAG à faible énergie. L’étude CIS-FIM en cours permettra de mieux connaître le potentiel et les limite des procédés actuellement sur le marché. 4. CONCLUSIONS Figure 16 : Macrographies de soudures bout à bout sur latte support de plaques en acier S355 d’épaisseur 20 mm avec (a) le procédé MAG conventionnel, en 11 passes ; (b) le procédé forceArc, avec un angle d’ouverture de chanfrein de 40°, en 5 passes ; (c) le procédé forceArc, avec un angle d’ouverture de chanfrein de 30°, en 5 passes et une réduction du temps de soudage de 50 % par rapport au procédé MAG conventionnel. Document EWM/TWI [9]. Ce rapide tour d’horizon des variantes MIG-MAG mono-fil et mono-procédé a permis de cerner les bénéfices substantiels que l’on pouvait tirer de ces technologies. Bien entendu, d’autres procédés MIG-MAG à forte productivité existent, tels que : I SEPTEMBRE - OCTOBRE 2015 I S OUDAGE ET T ECHNIQUES C ONNEXES 1507_0340_P_000_000_ETUDES_ET_RECHERCHE.indd 9 9 10/09/2015 16:37 CONJONCTURE ÉTUDES ET RECHERCHE • les procédés tandems, bi-fil, twin arc ou plus simplement le soudage MIG-MAG avec fil-électrode de fort diamètre ; • plusieurs procédés hybrides tels que laser/MIGMAG ou le moins bien connu plasma/MIG-MAG et les nombreuses autres combinaisons qui ont vu le jour en laboratoire depuis des décennies. Les points communs des variantes considérée ici sont que leur mise en œuvre peut aussi bien être manuelle, automatisée ou robotisée, avec très peu de contraintes supplémentaires par rapport au soudage MIG-MAG « classique » et avec un surcoût minimal. Bien entendu, la robotisation de ces variantes permet de bénéficier pleinement de leurs possibilités et le couple robot/variante MIG-MAG est sans aucun doute un atout pour la compétitivité des ateliers de mécano-soudage. [3] F. Maltrud et F. Decaesteker, « Étude des conséquences de [6] P. Couderc, « Étude des possibilités de réduction des projec- l’exposition des fils fourrés à l’humidité atmosphérique sur tions en soudage MAG sur tôle mince », Rapport technique leur teneur en hydrogène diffusible », Rapport technique IS IS no 31878 / CETIM réf. 1A7210 (non publié), 1997. n° 28715 / CETIM n° 180710 (non publié), 1993. [4] F. Maltrud et F. Decaesteker, « Évaluation de l’efficacité d’un traitement de séchage d’une bobine de fil fourré dégradée par une exposition à l’humidité », Rapport technique IS no 30014 / CETIM no 195350 (non publié), 1993. [5] S. Cretin, « Influence des caractéristiques des fils sur l’apparition des soufflures en soudage MIG des alliages légers », Rapport technique IS no 33528 / CETIM no 1D1880 (non publié), 2000. [7] J. Haouas, « Évaluation des appareils de mesure de type wattmètres », Rapport technique IS réf. 4237-VPEIE-V1/ CETIM no 060311 (non publié), 2014. [8] « Un nouveau procédé de soudage révolutionne la production chez Manitowoc », Soudage et Techniques Connexes, Institut de Soudure, Septembre-Octobre 2011, p. 16-18. [9] Documentation commerciale EWM Hightec Welding GmbH réf. WM.0739.02, 02/2002. 5. REMERCIEMENTS Les auteurs tiennent à remercier les sociétés ESAB, Fronius, et Sodec/EWM pour la fourniture d’illustration. 6. RÉFÉRENCES [1] « Robotisation – Mode d’emploi », Publication du SYMOP et des Techniques de l’Ingénieur, 2011, p. 13. [2] F. Maltrud et F. Decaesteker, « Étude des vitesses de dépôt des fils fourrés avec gaz - Détermination de données pour le calcul des temps de soudage », Rapport technique IS ABSTRACT The MIG-MAG welding process has benefited from many improvements over the last ten years, with on one hand the development of low heat input variants and, on the other hand and more recently, highly penetrating variants. Both make use of the inverter power supply technology, which enables a very precise current and voltage wave control, as well as their dynamic synchronisation. Some low heat input variants enable welding of very thin parts (0.5 mm and above) or, in some cases, welding speeds up to 5 m/min, which has for long only been possible with a few processes such as laser welding. Highly penetrating variants enable the reduction of bevel opening angles, hence the number of weld passes, reduced arc time and less workpiece deformation. C-Mn steel plates up to 15 mm – thick may be butt welded without bevel in just one pass. no 30210 / CETIM no 187470 (non publié), 1995. 10 S OUDAGE ET T ECHNIQUES C ONNEXES I SEPTEMBRE - OCTOBRE 2015 I 1507_0340_P_000_000_ETUDES_ET_RECHERCHE.indd 10 10/09/2015 16:37