Monteverdi Libro 8 Madrigali Amorosi Altri canti

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Monteverdi Libro 8 Madrigali Amorosi Altri canti
Monteverdi
Libro 8
Madrigali Amorosi
Altri canti di Marte e di sua schiera
Ardo, e scoprir, ahi lasso, io non ardisco
Non partir, ritrosetta
Mentre vaga Angioletta
Perché t’en fuggi, o Fillide
Lamento de la Ninfa
Chi vuol haver felice, e lieto il core
Ninfa, che scalza il piede e sciolta il crine
Dolcissimo usignolo
ENTRACTE
Vago augelletto che cantando vai
O sia tranquillo il mare o pien d’orgoglio
Su su su pastorelli vezzosi
Ballo delle Ingrate
Textes chantés
Altri canti di Marte e di sua schiera
Gli arditi assalti, e l'honorate imprese,
Le sanguine vittorie, e le contese,
I trionfi di morte horrida, e fera.
Qu’un autre chante, de Mars et de sa troupe,
Les hardis assauts, les exploits glorieux,
Les sanglantes victoires et les combats,
Triomphes de la Mort, effroyable et féroce.
I' canto, Amor, da questa tua guerriera
Quant'hebbi a sostener mortali offese,
Com'un guardo mi vinse, un crin mi prese:
Historia miserabile, ma vera.
Moi je chante, Amour, de cette héroïne tienne
Les mortelles attaques que j’eus à soutenir, comment
Un regard m’a vaincu, des cheveux m’ont pris :
Histoire malheureuse, mais vraie.
Duo begli occhi fur l’armi, onde trafitta
Giacque, e di sangue in vece amaro pianto
Sparse lunga stagion l'anima afflitta.
Deux beaux yeux furent les armes dont, transpercée,
Resta gisante mon âme affligée, versant longtemps,
Au lieu de sang, d’amères larmes
Tu, per lo cui valor la palma, e 'l vanto
Hebbe di me la mia nemica invitta,
Se desti morte al cor, dà vita al canto.
Toi dont la force a procuré, contre moi, palme
Et gloire à mon ennemie invaincue, si tu donnas
La mort à mon cœur, donne vie à mon chant !
(Della Lira del Cavalier Marino, parte prima - Rime
amorose. In Venetia, Appresso Gio. Batt. Ciotti, 1602)
(De la Lyre du Chevalier Marino, première partie,
Poésies amoureuses, Venise, chez Giovanni Battista Ciotti, 1602)
Ardo, e scoprir, ahi lasso, io non ardisco
Quel che porto nel sen rinchiuso ardore,
E tanto più dolente ogn'hor languisco
Quanto più sta celato il mio dolore.
Fra me tal'hor mille dissegni ordisco
Con la lingua discior anco il timore,
Ed all'hor, fatto ardito, io non pavento
Gridar soccorso al micidial tormento.
Je brûle, et n’ose pas montrer, hélas,
Ce que je porte dans mon sein d’ardeurs cachées,
Et d’autant plus souffrant languis à tout moment,
Qu’au plus profond ma douleur reste celée.
À part moi, quelque fois, j’ourdis mille desseins
De délier ma langue et supprimer ma crainte,
Et alors, enhardi, je ne redoute plus
D’appeler au secours le tourment qui me tue.
Ma s'avvien ch'io m'appressi a lei davante
Per trovar al mio mal pace e diletto,
Divengo tosto pallido in sembiante
E chinar gl'occhi a terra son costretto.
Dir vorrei ma non oso, indi tremante
Comincio, e mi ritengo; al fin l'affetto
S'aprir, nuntia del cor, la lingua vole,
Si troncan su le labra le parole.
Mais s’il advient que je m’avance devant elle
Pour apaiser mon mal et trouver mon bonheur,
Je deviens bien vite tout pâle,
Et suis forcé de baisser les yeux vers la terre.
Je voudrais parler, mais je n’ose, et tout tremblant
Je commence, puis me retiens ; et à la fin,
Si la langue, messagère du coeur, veut révéler
Le sentiment, les mots se brisent sur les lèvres.
(D'incerto)
(Attribution incertaine)
Non partir, ritrosetta,
Troppo lieve [e] incostante,
Senti, me non fuggir.
Aspetta, odi il pregar,
Del tuo fedel amante
Tu non senti i lamenti.
Ah tu fuggi, io rimango,
Ah tu ridi, ed io piango.
Ne pars pas, polissonne,
Trop légère, trop inconstante,
Écoute, ne me fuis pas.
Attends, écoute ma prière,
De ton fidèle amant
Tu n’entends donc pas les gémissements ?
Ah, tu fuis, moi je reste,
Ah, tu ris, moi je pleure.
L'alma vola disciolta,
Teco parte il mio core.
Ferma il piè , non fuggir,
Ascolta, torna a gioir.
Almen d'un che si more
Tu non miri i martiri,
Tu non odi, io ti chiamo,
Tu mi sprezzi, ah, io ti bramo.
L’âme s’envole, séparée,
Avec toi s’en va mon cœur.
Arrête tes pas, ne fuis pas,
Écoute, retourne aux plaisirs.
À moins qu’on ne meure,
Tu ne prends pas garde aux martyres ?
Tu n’entends pas : moi, je t’appelle ;
Tu me méprises : ah, moi je t’aime.
Tu crudel più offendi
Quanto più sei fugace,
Già dal sen l'alma fugge.
Attendi, se il mio languir
A te cotanto piace,
Oh non ridi, non ridi
Tu mi sprezzi, io t'adoro,
Tu mi lasci, ed io moro.
Cruelle, tu blesses d’autant plus
Que plus vite tu fuis,
Déjà de mon sein l’âme s’enfuit.
Reste, si tu prends autant de plaisir
À me voir languir,
Oh ne ris pas, ne ris pas,
Tu me méprises : moi, je t’adore,
Tu m’abandonne : et moi, je meurs.
(D'incerto)
(Attribution incertaine)
Mentre vaga Angioletta
Ogn'anima gentil cantando alletta,
Corre il mio core, e pende
Tutto dal suon del suo soave canto.
E, non so come, intanto
Lorsque la belle Enfant
Attire, en chantant, toute âme noble,
Mon cœur accourt, et se suspend
Tout entier au son de son chant suave.
Alors, je ne sais comment,
Qui entra l'istromento
Ici entre l’instrument
Musico spirto prende
Fauci canore, e seco forma, e finge,
Per non usata via,
L’esprit de la Musique prend
La gorge mélodieuse, et en forme, et sculpte,
Par des chemins nouveaux,
Qui entra l'altra parte dopo aver cantato le sue
batute.
Ici entre l’autre partie, aprè s qu’on a chanté les mesures
pré cé dentes
Garrula, e maestrevole armonia.
Tempra d'arguto suon pieghevol voce,
E la volve, e la spinge
Con rotti accenti, e con ritorti giri,
Quı̀ tarda, e là veloce;
E tal'hor mormorando
In basso, e mobil suono, ed alternando
Fughe, e riposi, e placidi respiri,
Hor la sospende, e libra,
Hor la preme, hor la rompe, hor la raffrena,
Hor la saetta, e vibra,
Hor in giro la mena,
Quando con modi tremoli, e vaganti,
Quando fermi, e sonanti.
Cosı̀ cantando, e ricantando il core,
O miracol d'Amore,
E; fatto un usignolo,
Une gazouillante et toute puissante harmonie.
Il tempère d’un son subtil la voix docile,
Et la tourne, et la pousse,
Avec des accents brusques et des tours sinueux,
Ici lente, là rapide ;
Et tantôt murmurante,
Avec un son bas et labile, et alternant
Fugues, et pauses, et paisibles soupirs ;
Là il l’élève et la libère,
Là il la presse, ou bien la brise, ou la réfrène,
Là il en fait une flèche qui vibre,
Et là il la fait tournoyer,
Tantôt sur des modes tremblants, languissants,
Et tantôt fermes et sonores.
Et tandis qu’elle chante, et toujours chante,
Le cœur, ô miracle d’Amour,
Se change en rossignol,
E spiega già per non star mesto il volo.
Et, fuyant la tristesse, prend son vol.
(Battista Guarini, Rime, 1602.
Madrigal CXLV - Gorga di cantatrice)
(Battista Guarini, Poésies, 1602.
Madrigal CXLV – Gorge de cantatrice)
Perché t’en fuggi, o Fillide,
Perché t'en fuggi? Ohimè , deh Filli, ascoltami,
E quei begli occhi voltami!
Già belva non son io, né serpe squallido,
Aminta io son, se ben son magro e pallido.
Pourquoi t’enfuir, ô Phyllis,
Pourquoi t’enfuir ? Hélas, Phyllis, écoute-moi,
Et tourne tes beaux yeux vers moi !
Je ne suis ni bête féroce, ni sinistre serpent,
C’est moi, Amynthe, tout maigre et pâle que je sois.
Queste mie calde lacrime,
Che da quest'occhi ogn'hor si veggon piovere,
Han forza di commovere
Ogni più duro cor spietato e rigido,
Ma 'l tuo non già , ch'è più d'un giaccio frigido.
Ces chaudes larmes
Qui de mes yeux, à toute heure, tombent en pluie,
Ont le pouvoir d’émouvoir
Tous les cœurs les plus durs, sans pitié et rigides,
Mais pas le tien, qui est plus froid que de la glace.
Mentre spargendo indarno a l'aura
Pianti e lamenti, indarno il cor distruggesi,
Filli più ratta fuggesi,
Né i sospir che dal cor sı̀ dolenti escono,
Non voci o prieghi, i piè fugaci arrestano.
Tandis que, répandant, en vain, à tous vents
Plaintes et gémissements, en vain le cœur se brise,
Phyllis, plus rapide, s‘enfuit :
Ni les soupirs qui, si douloureux, sortent du cœur,
Ni les cris, ni les prières n’arrêtent ses pieds en fuite.
(Attribuito a Rinuccini)
(Attribué à Rinuccini)
Lamento de la Ninfa
Lamento de la Nymphe
Non havea Febo ancora
Recato al mondo il dı̀,
Ch'una donzella fuora
Del proprio albergo uscı̀.
Phébus n’avait pas encore
Rendu au monde le jour,
Quand une donzelle
Sortit de sa demeure.
Sul pallidetto volto
Scorgeasi il suo dolor
Spesso gli venı̀a sciolto
Un gran sospir dal cor.
Sur son visage pâli
Se lisait sa douleur,
Souvent un grand soupir
S’exhalait de son cœur.
Sı̀ calpestando [i] fiori
Errava hor qua hor là .
I suoi perduti amori
cosı̀ piangendo và :
Piétinant les fleurs
Elle errait ça et là,
Pleurant ainsi
Ses amours perdues :
Amor dicea, il ciel
Mirando, il piè fermò
Dove, dov'è la fé
Che 'l traditor giurò .
Miserella, ah più , no, no,
Tanto gel soffrir non può .
Amour, disait-elle ˗ et regardant le Ciel
Elle arrêta ses pas ˗,
Où est, où est la foi
Que ce traître m’avait jurée ?
˗ Pauvre petite, ah, non, non
Elle ne peut souffrir tant de glace.
Fa che ritorni il mio
Amor com'ei pur fu,
O tu m'ancidi, ch'io
Fais qu’il soit de nouveau mien,
Amour, comme autrefois,
Ou bien tue-moi, pour que je cesse
Non mi tormenti più .
Miserella, &c.
De me tourmenter.
˗ Pauvre petite, &c.
Non vò più ch'ei sospiri
Se non lontan da me.
No, no, che i suoi martiri
Più non dirammi affè .
Miserella, &c.
Je ne veux plus qu’il soupire
Sinon loin de moi.
Non, non, puisqu’il ne me parlera plus,
En vérité, de son martyre.
˗ Pauvre petite, &c.
Perché di lui mi struggo,
Tutt'orgoglioso sta.
Che sı̀, che sı̀, se 'l fuggo
Ancor mi pregherà .
Parce que je me consume pour lui,
Le voilà plein d’orgueil.
Mais oui, mais oui, si je le fuis
De nouveau il me suppliera.
Miserella, &c.
˗ Pauvre petite, &c.
Se ciglio ha più sereno
Colei, che 'l mio non è ,
Già non rinchiude in seno,
Amor, sı̀ bella fé .
Miserella, &c.
Si le regard de cette femme
Est plus serein que le mien,
Elle ne renferme pas dans son sein,
Amour, une foi aussi belle.
˗ Pauvre petite &c.
Né mai sı̀ dolci baci
Da quella bocca havrà ,
Né più soavi, ah taci
Taci ché troppo il sà .
Et jamais de cette bouche
Il n’aura d’aussi doux baisers,
Ni d’aussi suaves, ah taisons-nous,
Silence : il ne le sait que trop.
Sı̀ tra sdegnosi pianti
Spargea le voci al ciel.
Cosı̀ nei cori amanti
Nasce Amor fiamm'e gel.
Ainsi, entrecoupée de sanglots furieux,
Sa voix s’élevait jusqu’au ciel.
C’est ainsi que, dans les cœurs amoureux,
Amour mélange flamme et gel.
(Ottavio Rinuccini, Rime)
(Ottavio Rinuccini, Poésies)
Chi vuol haver felice, e lieto il core,
Non segua il crudo Amore,
Quel lusinghier ch'ancide
Quando più scherza, e ride,
Ma tema di beltà , di leggiadria,
L'aura fallace e ria.
Al pregar non risponda, alla promessa
Nol creda, e se s'appressa,
Fugga pur, ché baleno è quel ch'alletta,
Né mai balen'Amor, se non saetta.
Toi qui veux heureux et gai garder ton cœur,
Ne suis pas Amour, le cruel,
Ce trompeur qui tue
Quand il rit et joue,
Mais crains son air faux et mauvais
De beauté, de légèreté.
Ne réponds pas à ses prières, à sa promesse
Ne crois pas, et s’il s’approche,
Fuis : ce qui attire en lui n’est qu’un éclair,
Et les éclairs d’Amour, ce sont des flèches.
(Battista Guarini, Rime, 1602,
Madrigal CVII - Fuggasi Amore)
(Battista Guarini, Poésies, 1602,
Madrigal CVII – Fuyez l’Amour)
Ninfa, che scalza il piede e sciolta il crine
Te ne vai, di doglia in bando,
Per queste piaggie lieta cantando,
E ballando,
Nymphe qui, les pieds nus et les cheveux défaits,
T’en vas, loin des soucis,
Tout en chantant, joyeuse, sur ces rives,
Et dansant,
Non scuoti a l'herbe le fresche brine.
N’ôte pas de l’herbe le givre glacé.
Qui, deh, meco t'arresta, ove di fiori
S'inghirlanda il crin novello
Questo ch'imperla fresco ruscello
Bel pratello,
Co' suoi correnti limpidi humori.
Ici, ah, près de moi arrête-toi, là où de fleurs
Se pare la chevelure nouvelle,
Ce beau pré
Que le frais ruisseau couvre de perles,
Avec ses eaux courantes et limpides.
De l'usate mie corde al suon potrai
Sotto l'ombra di quest'orno
A tempo il passo mover d'intorno,
Né del giorno
Faran te bruna gl'ardenti rai.
Au son de mes cordes frappées, tu pourras,
Sous l’ombre de cet orme,
En mesure avancer tes pas alentour,
Et du jour
Les ardents rayons ne te bruniront pas.
Ma, senza pur mirarmi, affretta il passo
Dietro forse a Lillo amato.
Ah che ti possa veder cangiato
Quel piè ingrato
Fera fugace, in un duro sasso!
Mais, sans même me regarder, elle hâte ses pas
Sans doute vers ce Lillo aimé.
Ah si je pouvais voir changé
Ton pied ingrat,
Cruelle fuyarde, en un dur rocher !
(D'incerto)
(Attribution incertaine)
Dolcissimo usignolo,
Tu chiami la tua cara compagnia
Cantando : - vieni, vieni, anima mia.
A me canto non vale,
E non ho come tu da volar ale.
O felice augelletto,
Come nel tuo diletto
Ti ricompensa ben l'alma natura,
Se ti negò saver, ti diè ventura.
Délicieux rossignol,
Tu appelles ta chère compagne
En chantant “Viens, viens, mon âme !”
Mais à moi, le chant ne vaut rien,
Je n’ai pas comme toi des ailes pour voler.
Heureux oiselet,
Comme avec cette joie
Te récompense bien alme Nature : elle te refusa
La conscience, mais t’a donné le bonheur.
(Battista Guarini, Rime, 1602.
Madrigal XIX - Felicità d'usignolo)
(Battista Guarini, Poésies, 1602.
Madrigal XIX – Joie du rossignol)
*** ENTRACTE
*** ENTRACTE
Vago augelletto che cantando vai,
Ovver piangendo, il tuo tempo passato,
Vedendoti la notte e 'l verno al lato,
E 'l dı̀ dopo le spalle, e i mesi gai,
Bel oiselet qui vas chantant,
Ou plutôt pleurant, ton temps passé,
Voyant la nuit et l’hiver à côté,
Et le jour, et les mois gais, derrière tes épaules,
Se, come i tuoi gravosi affanni sai,
Cosı̀ sapessi il mio simile stato,
Verresti in grembo a questo sconsolato
A partir seco i dolorosi guai.
Si, aussi bien que tu sais tes graves souffrances,
Tu savais mon état, semblable au tien,
Tu viendrais dans le sein de cet inconsolé
Partager avec lui ses douloureux malheurs.
(Francesco Petrarca, Il Canzoniere, Sonetto XC.)
(François Pé trarque, Sonnet XC)
O sia tranquillo il mare o pien d’orgoglio
Que la mer soit tranquille ou pleine d’arrogance,
Mai da quest'onde io non rivolgo il piede;
Io qui t'aspetto e qui de la tua fede,
Tradito amante, mi lamento e doglio.
Jamais je ne m’éloigne de ces ondes ;
Moi, je t’attends ici : ici, de ton infidélité,
Amant trahi, je me plains et je souffre.
Spesso salir su queste rupi io soglio
Per veder se 'l tuo legno ancor sen riede,
Quivi m'assido e piango, onde mi crede
Il mar un fonte e 'l navigante un scoglio.
Souvent je viens monter sur ces rochers
Pour voir si ton esquif ne revient pas enfin,
Là, je m’assieds et pleure, et la mer crois
Que je suis une source, le marin un récif.
E spesso ancor t'invio per messaggieri,
A ridir la mia pena e 'l mio tormento,
Dell'aria vaga i zeffiri leggieri.
Et souvent je t’envoie, en messagers,
De l’air serein les zéphyrs légers,
Pour te redire ma peine et mon tourment.
Ma tu non torni, o Filli, e 'l mio lamento
L'aura disperge, e tal mercé ne speri
Chi fida a donna il cor e i prieghi al vento.
Mais tu ne reviens pas, Phyllis, et cette plainte,
La brise la disperse : c’est tout ce que peut espérer
Qui à femme confie son cœur, et ses prières au vent.
(D'incerto)
(Attribution incertaine)
Su su su pastorelli vezzosi,
Correte, venite
A mirar a goder
L'aure gradite
Ch'a noi porta ridente,
Mirate i prati,
Pien di fiori odorati,
Ch'al suo vago apparir
Ridon festosi.
Su su su pastorelli vezzosi.
Allez, allez, joyeux pastoureaux,
Courez, venez
Admirer, goûter
Ce que le beau temps
Nous apporte en riant,
Admirez les champs
Pleins d’odorantes fleurs,
Qui rient et fêtent
Sa belle apparition.
Allez, allez, joyeux pastoureaux
Su su su augelletti canori,
Sciogliete, snodate
Al cantar al gioir
Le voci amate,
Del sol ch'ei monti indora
E suoi rametti
Pien di vaghi fioretti
Del leggiadro suo crin
Dite gli honori.
Su su su augelletti canori.
Allez, allez oiselets chanteurs,
Déliez, dénouez,
En chantant, en jouissant,
Vos voix bien aimées.
Au soleil qui dore les monts
Et leurs ramures
Pleines de belles fleurs,
À sa blonde chevelure,
Faites honneur.
Allez, allez, oiselets chanteurs.
Su su su fonticelli loquaci,
Vezzosi correte
A gioir a scherzar
Come solete.
Di quai splendor si veste
E di quei lampi
Coloriti son i campi
Che promettono ai cor
Gioie veraci
Su su su fonticelli loquaci.
Allez, allez, fontaines bavardes,
Joyeuses, courez
Jouir et vous amuser
Comme à l’accoutumée.
De ces splendeurs se revêtent
Les champs, et de ces éclats
Les voici colorés,
Qui promettent aux cœurs
Des joies véritables.
Allez, allez, fontaines bavardes.
(D’incerto)
(Attribution incertaine)
Ballo delle Ingrate
Ballet des Ingrates
Amore
De l'implacabil Dio
Eccone giunti al regno
Second'o bella Madre,il pregar mio.
Amour
De l’implacable Dieu
Nous voici au royaume,
Comme je t’en ai prié, o Mère très belle.
Venere
Non tacerà mia voce
Dolci lusinghe e prieghi,
Fin che l'alma feroce
Del Re severo al tuo voler non pieghi.
Vé nus
Ma voix n’interrompra pas
Ses douces séductions, ses prières,
Tant que l’âme féroce
Du Roi sévère n’aura pas cédé à tes volontés.
Amore
Ferma, Madre, il bel piè , non por le piante
Nel tenebroso impero,
Ché l'aer tutto nero
Non macchiasse il candor del bel sembiante.
Io sol n'andrò nella magione oscura
E progando il gran Re trarrotti avante.
Amour
Arrête, Mère, ton beau pied, ne porte pas tes pas
À l’intérieur du ténébreux empire
De crainte que son air tout noir
Ne souille la blancheur de ton si beau visage.
Moi seul j’irai dans la demeure obscure
Et, priant le grand Roi, te le ferai venir.
Venere
Va pur come t'aggrada : io qui t'aspetto,
Discreto pargoletto.
Vé nus
Fais comme tu voudras : je t’attendrai ici,
Charmant petit enfant.
Sinfonia
Symphonie
Venere
Udite, donne, udite, i saggi detti
Di celeste parlar nel cor serbate.
Chi, nemica d'Amor, ne crudi affetti
Armerà il cor nella fiorita etade,
Vé nus
Écoutez, dames, écoutez ! Ces propos sages,
Oracles du ciel, conservez-les dans votre cœur :
Qui, ennemie d’Amour, contre ses durs affects
Cuirassera son cœur dans la saison fleurie,
Sinfonia
Symphonie
Venere
Sentirà come poscia arda e saetti
Quando più non havrà gratia e beltate,
E in van ricorrerà , tardi pentita,
Di lisci e d'acque alla fallace aita.
Vé nus
Sentira plus tard comme il brûle et transperce,
Quand elle n’aura plus ni grâce ni beauté,
Et qu’elle recourra, bien trop tard repentie,
Au secours illusoire d’onguents et bains de peau.
Plutone
Bella madre d'Amor, che col bel ciglio
Splender l'Inferno fai sereno e puro,
Qual destin, qual consiglio
Del ciel t'ha scorta in quest'abiss'oscuro?
Pluton
Mère très belle de l’Amour, dont les beaux yeux
Font resplendir l’Enfer, rendu serein et pur,
Quel dessein, quelle intention
Du ciel t’aura conduite en cet abîme obscur ?
Venere
O de la morte innumerabil gente,
Tremendo Re, dal luminoso cielo
Traggemi a quest'orror materno zelo.
Sappi ch'a mano a mano
Vé nus
Ô du peuple innombrable des morts
Terrible Souverain, c’est l’amour maternel
Qui m’arracha du ciel brillant vers cette horreur.
Sache que, de plus en plus,
L'unico figlio mio di strali e d'arco
Arma, sprezzato arcier, gli omeri e l'ali.
C’est en archer méprisé que mon fils unique
Arme d’arc et de flèches ses épaules et ses ailes.
Plutone
Chi spogliò di valor l'auree saette
Che tante volte e tante
Gionsero al cor de l'immortal Tonante?
Pluton
Qui a privé de valeur les flèches d’or
Qui tant et tant de fois
Ont été jusqu’au cœur de l’immortel Tonnant ?
Venere
Donne, che di beltate e di valore
Tolgono alle più degne il nome altero,
Là nel Germano Impero
Di cotanto rigor s'en vanno armate
Che di quadrell'aurate,
E di sua face il foco
Recansi a scherzo e gioco.
Vé nus
Des femmes, qui en beauté, en valeur,
L’emportent sur les plus dignes,
Là, dans l’Empire germain,
S’arment d’une telle rigueur,
Qu’elle rient et se jouent
Et de ses flèches d’or
Et du feu de sa torche.
Plutone
Mal si sprezza d'Amor la face e 'l telo
Sallo la terra e 'l mar, l'Inferno, e 'l Cielo.
Pluton
Malheur à qui méprise flamme et flèche d’Amour !
Terre, Mer, Enfer et Ciel en savent quelque chose
Venere
Non de più fidi amanti
Odon le voci e i pianti,
Amor, costanza e fede
Non pur ombra trovar può di mercede.
Questa gli altrui martiri
Narra ridendo, e quella
Sol gode d'esser bella.
Quanto tragge d'un cor pianti e sospiri
In van gentil guerriero
Move in campo d'honor leggiadro e fiero.
Indarno ingenio altero
Fregia d'eterni carmi
Beltà che non l'ascolta e non l'apprezza.
O barbara fierezza,
O cor di tigre e d'angue,
Mirar senza dolore
Fido amante versar lagrime e sangue,
E per sua gloria e per altrui vendetta
Ritrova in sua faretra Amor saetta.
Venus
Non, des amants les plus fidèles
Elles n’entendent ni mots, ni pleurs.
L’Amour, la constance, la foi
Ne trouvent plus l’ombre du moindre crédit.
L’une conte en riant
Le martyre d’autrui, et l’autre
Ne pense qu’à jouir d’être belle.
Quand elle arrache au cœur pleurs et soupirs,
En vain noble guerrier
S’élance au champ d’honneur, vigoureux et féroce,
En vain génie altier
Tresse des chants éternels
Autour d’une Beauté qui n’écoute ni n’apprécie rien.
Ô barbare sauvagerie,
Ô cœur de tigre et de serpent !
Voir sans sentir de douleur
Fidèle amant verser des larmes et du sang !
Que pour sa gloire et pour les venger tous,
Amour retrouve dans son carquois des flèches !
Plutone
Se in van su l'arco tendi
I poderosi strali,
Amor, che speri e che soccorso attendi?
Pluton
Si c’est en vain que sur ton arc
Tu tiras tes puissantes flèches,
Amour, qu’espères-tu, quel secours attends-tu ?
Amor
Fuor de l'atra caverna,
Ove piangono in van di speme ignude
Scorgi, Signor, quell'empie e crude,
Vegga su l'Istro ogni anima superba
A qual martir cruda beltà si serba.
Amour
Hors de l’antre noir
Où elles pleurent en vain, privées d’espoir
Fais surgir, Seigneur, ces impies, ces cruelles :
Que voie, sur le Danube, toute âme vaniteuse
À quels martyres les beautés cruelles s’exposent.
Plutone
Deh, chi ricerchi Amore? Amor, non sai
Che dal carcer profondo
Calle non è che ne rimeni al mondo?
Pluton
Ah, que demandes-tu, Amour ? Ne sais-tu pas
Que du fond de cette prison
Il n’est pas de chemin qui en ramène au monde ?
Amor
So che dal basso Inferno
Per far ritorno al Ciel, serrato è il varco,
Ma chi contrasta col tuo poter eterno?
Amour
Je sais que, du fond de l’Enfer,
Pour revenir au Ciel le chemin est étroit,
Mais qui peut entraver ton pouvoir éternel ?
Plutone
Saggio signor, se di sua possa è parco.
Pluton
Il est sage le maître qui sait épargner son pouvoir.
Venere
Dunque non ti rammenti
Che Proserpina bella a coglier fiori
Guidai su 'l monte degli eterni ardori?
Deh per quegli almi contenti
Deh per quei dolci Amori,
Fa nel mondo veder l'ombre dolenti.
Vé nus
Tu as donc oublié
Que c’est toi qui guidas la belle Proserpine
Sur le mont des ardeurs éternelles pour y cueillir
Des fleurs ? Ah, au nom de vos âmes heureuses,
Ah, au nom de ces douces amours,
Fais apparaître jour les ombres douloureuses !
Plutone
Troppo, troppo possenti,
Bella Madre d'Amore,
Giungon del tuo pregar gli strali al core.
Udite, udite, o de l'infernal corte
Fere ministre, udite.
Pluton
Bien trop, bien trop puissantes,
Mère très belle de l’Amour,
Les traits de ta prière arrivent à mon cœur.
Oyez, oyez, atroces ministres
De l’infernale cour, oyez !
Ombre d'Inferno
Che vuoi? ch'imperi?
Les Ombres d’Enfer
Que veux-tu? Qu’ordonnes-tu?
Plutone
Pluton
Aprite
Le tenebrose porte
De la prigion caliginosa e nera
E de l'anime ingrate
Trahete quı̀ la condannata schiera.
Ouvrez
Les ténébreuses portes
De la prison fuligineuse et noire
Et des âmes ingrates
Faites monter ici la troupe condamnée.
Venere
Non senz'alto diletto
Di magnanimi Regi
Il piè porrai ne l'ammirabil tetto.
Ivi di fabri egregi
Incredibil lavoro
O quante ammirerai marmorii fregi
D'ostro lucenti e d'oro
Splendon pompose le superbe mura,
E per dedalea cura
Sorger potrai tra l'indorate travi
Palme [e] trionfi d'innumerabil avi.
Né minor meraviglia
Ti graverà le ciglia
Folti theatri rimirando e scene,
Scorno del Tebro e de la dotte Atene.
Vé nus
Non sans grand plaisir
Vous porterez vos pas
Sous l’admirable toit de palais splendides.
Là, incroyable travail
D’excellents ouvriers,
Oh, combien vous verrez de frises marmoréennes !,
Brillantes de pourpre et d’or,
Resplendissent, pompeuses, les superbes murailles,
Et, grâce aux soins dédaliques,
Vous pourrez voir surgir, dans les travées dorées,
D’innombrables aïeux les palmes et trophées.
Et, pas moindre merveille
Vous frappera les yeux, quand vous verrez
Les pleins théâtres et les scènes
Qui font rougir le Tibre et la savante Athènes.
[Bc] Qui incominciano apparere le Donne
ingrate, & Amore, e Venere così dicono.
Ici commencent à apparaître les Dames ingrates, et
Amour et Vénus s’expriment ainsi :
A doi voci - Amore e Venere
Ecco ver noi l'addolorate squadre, o miserelle,
Di quell'alme infelici, miserelle,
Ahi vista troppo oscura, o miserelle,
Felici voi se vi vedeva il fato
Men crude e fere, o men leggiadre e belle.
O miserelle.
A; deux voix – Amour et Vé nus
Voici venir vers nous la troupe douloureuse,
(Oh, malheureuses !) De ces âmes infortunées,
Malheureuses. Ah vision sinistre (oh, malheureuses !),
Plus chanceuses, si le destin vous avait vues
Moins cruelles, moins féroces, ou moins coquettes
Et moins belles (oh, malheureuses !)
[Bc] Plutone rivolto verso Amore e Venere, così dice.
Pluton, Parlant à l’Amour et à Vénus, s’exprime ainsi :
Tornate al bel seren, celesti Numi.
Regagnez votre jour serein, célestes divinités.
[Bc] Rivolto poi all'Ingrate; così segue.
Et parlant aux Ingrates, il poursuit ainsi :
Movete meco voi d'Amor ribelle.
Venez avec moi, vous, à l’Amour rebelles.
[Bc] Qui con gesti lamentevoli, le Ingrate
a doi a doi incominciano a passi gravi a
danzare la presente entrata, stando Plutone
nel mezzo, caminando a passi naturali, e gravi.
Ici, avec des gestes de déploration, les Ingrates
commencent, deux à deux, à pas lents, a danser la
présente entrée, Pluton restant au milieu et marchant à
pas naturels et lents.
Entrata
Entré e
[Bc] Gionte tutte al posto determinato,
incominciano il ballo come segue.
Une fois toutes arrivées à leur place déterminée,
Elles commencent le ballet comme suit.
Ballo
Ballet
[Bc] Danzano il ballo fino à mezzo; Plutone
si pone in nobil postura, rivolto verso la
Principessa e Dame, così dice.
Elles dansent le ballet jusqu’à la moitié ; Pluton prend
une pose noble, puis, tourné vers la Princesse et les
Dames, s’exprime ainsi :
Plutone
Dal tenebroso orror del mio gran Regno,
Fugga, donne, il timor dal molle seno,
Arso di nova fiamma al ciel sereno,
Donna o donzella per rapir non vegno.
Pluton
Que la frayeur, Mesdames, fuie votre doux sein :
De l’horreur ténébreuse de mon vaste royaume
Je ne viens pas, brûlant d’une flamme nouvelle,
Ravir ici Dame ni damoiselle.
Ritornello
Ritournelle
Plutone
E quando pur da vostri rai nel petto
Languisse immortalmente il cor ferito
Non fora disturbar Plutone ardito
Di cotanta Regina il lieto aspetto.
Pluton
Et quand bien même, frappé par vos rayons,
Son cœur devrait languir pour éternellement,
Pluton ne saurait s’enhardir à troubler
La joyeuse beauté d’une si grande Reine,
Donna, al cui nobil crin non bassi fregi
Sol ponn' del cielo ordir gli eterni lumi,
Di cui l'alma virtù gli aurei costumi,
Farsi speglio devrian monarchi e regi.
D’une Dame, dont les nobles cheveux ne peuvent
Recevoir comme digne parure que les feux éternels
Du ciel ; et dont la douce vertu, les manières dorées
Serviraient de miroir aux rois et aux monarques.
Ritornello ut supra.
Ritournelle, ut supra
Plutone
Pluton
Sceso pur dianzi Amor nel Regno oscuro,
Preghi mi fé ch'io vi scorgessi avanti
Queste infelici, ch'in perpetui pianti
Dolgonsi invan, ché non ben sagge furo.
Descendu à l’instant dans le Royaume sombre,
Amour m’a supplié d’avancer devant vous
Ces malheureuses, qui, par d’éternelles plaintes,
Se désolent en vain d’avoir été peu sages.
Ritornello ut supra.
Ritournelle, ut supra
Plutone
Antro è là giù di luce e d'aer privo,
Ove torbido fumo ogn'hor s'aggira.
Ivi del folle ardir tardi sospira
Alma ch'ingrata hebbe ogni amante a schivo.
Pluton
Il est un antre, en bas, sans air et sans lumière,
Où d’épaisses fumées à toute heure tournoient.
Là d’une folle ardeur, trop tard, soupire l’âme
Ingrate, qui voulut éviter tout amant.
Indi le traggo, e ve l'addito e mostro,
Pallido il volto e lagrimoso il ciglio,
Perché , cangiando omai voglie e consiglio,
Non piangeste ancor voi nel negro chiostro.
C’est de là que je les fais sortir et vous les montre,
Le visage pâli et les yeux larmoyants,
Pour que, chant bientôt d’intention et de dessein,
Vous n’alliez pas aussi pleurer dans l’obscur cloître.
Ritornello ut supra.
Ritournelle, ut supra
Plutone
Vaglia timor di sempiterni affanni
Se forza in voi non han sospiri e prieghi.
Ma qual cieca ragion vò l che si nieghi
Quel che mal grado al fin vi tolgon gli anni?
Frutto non è da riserbarsi al fine;
Trovi fede al mio dir mortal beltate.
Pluton
Que la peur des tourments éternels soit plus forte,
Si soupirs et serments ne peuvent rien sur vous.
Mais quelle aveugle raison veut qu’on refuse
Ce qu’à la fin, bon gré, malgré, les ans arrachent ?
Il ne sert de rien de se garder pour la fin :
Que toute mortelle beauté croie mes paroles.
[Bc] Poi rivolto al Anime Ingrate così dice.
Ma qui star più non lice, Anime Ingrate,
Tornate a lagrimar nel Regno inferno.
Puis, se tournant vers les Âmes ingrates, il dit :
Il n’est plus permis de rester ici, Âmes Ingrates,
Retournez donc pleurer au Royaume infernal.
[Bc] Qui; ripigliano le Anime Ingrate la
seconda parte del Ballo al suono come
prima la qual finita, così Plutone gli parla.
Ici, les Âmes Ingrates reprennent la seconde partie du
ballet sur la même musique, et à la fin Pluton s’exprime
ainsi :
Plutone
Tornate al negro chiostro,
Anime sventurate.
Tornate ove vi sforza il fallir vostro.
Pluton
Retournez dans le cloître ombreux,
Âmes infortunées,
Retournez où vous contraint d‘aller votre péché.
[Bc] Qui; tornano al'Inferno al suono della
prima entrata, nel modo con gesti, & passi
come prima; restandone una in s[c]ena, nella
fine facendo il lamento come segue; e poi
entra nel'Inferno,
Ici, elles retournent dans les Enfers au son de la première
entrée, avec les mêmes gestes & les mêmes pas que la
première fois ; une seule reste en scène et donne à la fin le
lamento suivant, avant d’entrer dans les Enfers :
Una dell'Ingrate
Ahi troppo, ahi troppo è duro,
Cruel sentenza e vie più cruda pena,
Tornar a lagrimar ne l’antro oscuro.
Aer sereno e puro,
Addio per sempre, addio,
O cielo, o sole, addio lucide stelle
Apprendete pietà , donne e donzelle.
Une des Ingrates
Ah c’est trop, c’est trop dur
˗ Sentence cruelle et peine plus cruelle ˗
De retourner pleurer dans l’antre obscur.
Air serein et pur,
Adieu, adieu pour toujours,
Ô ciel, ô soleil, ô brillantes étoiles, adieu !
Apprenez la pitié, dames et damoiselles !
Quatro Ingrate insieme
Apprendete pietà , donne e donzelle.
Quatre Ingrates, ensemble
Apprenez la pitié, dames et damoiselles.
[Bc] Segue una delle Ingrate
Al fumo, a' gridi, a' pianti
A sempiterno affanno,
Ahi dove son le pompe, ove gl'amanti?
Dove, dove sen vanno
Donne che sı̀ pregiate al mondo furo.
Aer sereno e puro,
Addio per sempre, addio,
O cielo, o sole, addio lucide stelle,
Apprendete pietà , donne e donzelle.
Une Ingrate ensuite
Dans les nuées, dans les cris, les clameurs,
Dans l’éternelle douleur,
Hélas, où sont les amants, les splendeurs ?
Où s’en vont, où s’en vont ces femmes
Qui furent à ce point fameuses dans le monde ?
Air serein et pur,
Adieu, adieu pour toujours,
Ô ciel, ô soleil, ô brillantes étoiles, adieu !
Apprenez la pitié, dames et damoiselles !
(D'incerto)
(Attribution incertaine)
© Traduction de Jean-Pierre Darmon

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