BOSTON - LE LONG WEEK-END

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BOSTON - LE LONG WEEK-END
22 AVRIL 2014
BOSTON - LE LONG WEEK-END
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BOSTON - LE LONG WEEK-END
Le Marathon de Boston,
on m’en avait parlé mais
le vivre est indescriptible.
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Ce texte à été écrit en majorité lors du
voyage de retour.!
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Le fameux marathon de Boston. Le
plus vieux marathon, celui que tout
marathonien rêve un jour de faire. Je
ne parlerai pas de tout ce qui vient avant ni de son historique mais de ce que
moi j'ai vécu le 21 avril 2014.!
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LE VOYAGE ORGANISÉ!
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J'ai fait affaire avec un voyagiste qui nous a organisé un superbe voyage.
Jean-Francois Rancourt et moi-même avions pris cette décision suite à notre
inscription au marathon. Sur le forfait, transport de Québec, hôtel et toutes les
informations utiles afin que notre séjour se passe confortablement. Il prenait
même le temps de traduire les informations envoyées par le BAA (Boston
Athletic Association) et d'en faire un résumé. Un aller sans tracas, arrêt à
Drummonville et Magog pour embarquer des gens, on file au douanes et un
arrêt pour dîner au États-Unis, à Lebanon…au Liban, West Lebanon pour être
précis. Suite à cette pause, il restait un dernier 2h avant d'arriver à l'hôtel. Nous
étions au Midtown sur Huntington, un endroit bien placé pour tout faire sans
avoir de long déplacement. Donc samedi pm, nous étions à Boston, il y avait
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encore 2 dodos avant le grand jour. Ce qui était sûr,
c'est que nous irions prendre un bon souper. Mais
avant tout, il fallait récupérer nos dossards au salon
des exposants. Rien à dire sur ce sujet, ni sur la
soirée.!
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LE PASTA PARTY!
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Dimanche, on ne peut passer notre souper, le
fameux Pasta Dinner! Au début, on ne tenait pas à
y aller mais après coup, ce fut un très bon moment.
Nous sommes arrivés très tôt, comme on nous
l'avait suggéré, car nourrir 36 000 coureurs prend
quand même un minimum de logistique et
d'organisation. S'il y avait un seul département à
féliciter, cela aurait été celui-là. Incluant :
bénévoles, sourires, qualité de la nourriture...!
2 sortes de pâtes chaudes, penne marinara et rotini
sauce crémeuse, en à côté boulettes et saucisses
dans une sauce tomate. une salade froide de fusilli,
petit pain, limonade, thé glacé, un verre de Samuel
Adams brassée pour l'occasion, la 26.2. À la fin, un
sac dessert avec chocolat, pâtisseries et autre trucs
sucrés, le tout en format prê-à-partir! Vous avez
mangé? Alors laissez vos places! Inutile de
mentionner les sourires des bénévoles et leur
empressements à nous aider, nous servir et
s'assurer qu'on manque de rien.,!
Il est 18h30, on est déjà de retour à l'hôtel, prêt à se
reposer car demain est le grand jour. Lever à 4h et
le départ vers le site est à 5h30.!
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DIRECTION HOPKINTON - la ville du départ!
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C’est en recevant
ceci que tout a
vraiment
commencé!
Il faut vivre le
Marathon de
Boston, pas
seulement le
courir
Avant même que le cadran sonne, à quelques
secondes, je me réveille et entend JeanFrançois me demander: est-il l'heure? Le cadran
nous confirme que oui 10 secondes plus tard.
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Debout, et hop! nous étions entrain de descendre au lobby prêt pour notre
warm-up-à-frette! Un 15 minutes où nous avons vu défiler motos de polices
par dizaines et autobus en plus grand nombres. Tous se rendaient sur le
parcours afin de se préparer à reconduire toutes ces gens au lieu de départ, la
petite ville de Hopkinton, qui compte 15 000 habitants et qui, à chaque 3e lundi
d'avril voit sa population plus de doubler. Situé 7 villes en amont ( ou en aval)
de Boston, c'est le lieu de RV pour le départ du marathon de Boston. Au
départ, les 25 000 qualifiés, les 5600 qui n'ont pu terminer l'épreuves en 2013,
le personnel médical qui a soigné les gens, les forces de l'ordre ( pas tous,
mais celles et ceux qui le voulaient) et un autre 600 places à des gens qui ont
soumis leur candidatures pour des raisons reconnues. En exemple , une
commerçante qui a accueilli des blessés et est demeurée avec eux pour les
réconforter. Pour un total de 35 800 personnes qui ont pris le départ avec 19
500 hommes et 16 500 femmes ( approximativement) . !
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LE VILLAGE DES ATHLÈTES!
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Notre trajet d'autobus a durée près d'une heure, c'est en fait le trajet en sens
inverse que nous faisons mais sur les voies rapides. Bref , si vous pensiez que
faire le trajet dans un des 12 autobus lors de la course de l'Islet est long...
Dites vous que c'est vraiment plus long et plus complexe. Près de 600
autobus, sinon plus pour transporter tout ce monde. !
A notre arrivée, nous étions dans les premiers, facile de le savoir juste par
l'utilisation des toilettes chimiques. 2 indices, l'odeur et le fait qu'il restait du
papier hygiénique. Encore une fois, une organisation grandiose sur un site, 3
immenses chapiteaux, des stations à café, déjeuner, distribution de power bar,
Gatorade ainsi que plusieurs centaines de toilettes chimiques. Le "village des
athlètes" est complètement sécurisé est est à 1/2 km de notre zone de
débarquement. Je peux vous dire qu'il y avait de la police et du militaire. Une
présence marquée, une zone de fouilles avec détecteur de métal: Hands up!
What´s that? Remove your hat! Keep going! Sur les toits, par groupe de 2
chacun scannait une zone avec des jumelles au son des hélicoptères qui
tournaient autours du site. Il est 7h du matin, le départ est prévu à 10h et dans
ce genre d'événement, pas de retard possible. On voit des marées de coureurs
arriver via les autobus et moi, j'en profite pour observer les gens, leur kit de
course, leur montres, leur ceintures, chacun a la meilleure stratégie pour eux. !
Il est 8h45, les premiers corrals sont appelés: Red wave! Corral 1-2-3 please
move to the exit near the giant..rchhalanm! ( je n'ai pas compris mais j'ai
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supposé que c'était la TV géante de 3000 pouces) ils ont fait sortir ces gens
puis ont appelé les corrals 4-5-6, puis 7-8-9... Le mien (8) enfin! Ce fut juste
une stratégie pour nous déplacer dans le stationnement et nous faire patienter
encore 20 minutes. Il est 09h30. On bouge, enfin-pour-la x ième fois. Nous
sommes invités à quitter le stationnement et nous diriger vers le site où est
située la ligne de départ, soit à 1 mile ou 1.6 km. Le long de cette route
complètement clôturée, encore une présence policière, un à chaque 50 m, des
2 côtés. Disons que les citoyens ne pouvaient pas sortir leur auto, pas avant le
départ de la course. Déjà beaucoup de gens nous encourageaient, nous offrant
même " beer-donuts and cigarettes". A quelques dizaines de mètres de la rue
qui mène à la ligne de départ, une stationnement rempli de toilettes, et oui,
encore près de 100 toilettes qui ne suffisent pas. A voir les gens se diriger vers
le peu de buissons et même des filles moins gênées s'assoient près de vous
pour faire leur pisse-nerveuse. On continue à marcher, juste en passant de
l'autobus au site, 1/2 km, traverser le site, 1/2 km, se rendre à la ligne, euh, à
la zone près de la ligne, 1.5 km et finalement, de la zone à la ligne, encore 1/2
km. Juste avant notre 42.2 km! Il est 9h50! Dans le ciel, un "fly over", 4
hélicoptères de la garde nationale nous survole lentement en formation.
Présentation des 5 prétendants au titre et enfin ...le départ! Il est 10h03 on a
pas bougé! Le temps que les élites hommes partent, les corrals 1-2-3-4-5-6-7...
Il est passé plusieurs minutes et enfin on commence à trotter. !
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LA COURSE!
Je me suis permis un peu de recul afin de
reprendre conscience de ce que j'ai vécu.
Somme toute, je me sens plus content de
vous voir finir vos courses que de vivre mon
moment. Comme souvent mentionné lors
d'aventures ou d'événement extraordinaire,
rien ne pouvais me préparer à ça. Même en
paroles, en textes, en anecdotes... Vivre cette
course est indescriptibles. Je comprend
mieux lorsque les gens me disaient, tu es là,
maintenant, vis ton moment, vis la
course! Moi je l'ai couru! !
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Voici tout de suite ce que je voudrai faire si c'était à refaire. !
Partir trop vite pendant les 3 premiers mile et zigzaguer à travers les
gens, pousser le chariot de Hoyt avec son fils pendant 1 mile ( je l'ai croisé,
j'aurais pu juste lui demander), claquer les mains de tous les jeunes qui la
tendait ( et il y en avait), embrasser une jeune fille du collège (Julie m'avait
donné sa permission), monter les côtes du Heartbreak Hill de reculons, me
rouler sur la ligne d'arrivée et faire quelques push-up... Rien de tout cela, j'ai
juste couru comme un...coureur! Ce n'est pas moi et je suis un peu fâché.
J'aurais du courir en 4h ou 4h30, profiter de la foule, leur demander n'importe
quoi juste pour voir à quel point ils nous adorent. Arrêter demander un Pepsi,
aller faire pipi chez quelqu'un, demander un massage de trapèze ou de cuisse,
courir avec un jeune, crier : Help! Help! Dans une toilette chimique, manger
tout ce qu'on me tend sous la main, orange, banane, beigne, réglisse, mr.
Freeze, hot-dog, bière... Bref faire de cette course une vraie course. Une
prochaine fois?!
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VOICI MA COURSE!
Voici la course plate de Phong Bui. Un départ correct, on se faufile un peu mais
pas longtemps car on se rend vite compte qu'il y a tellement de gens que c'est
peine perdue de tenter de se trouver une ligne droite. J’ai à peine pris le temps
de voir que tout au long du premier 5 km il y avait des gens partout, des 2
côtés et pas seulement une rangée de large, mais 2-3-4... Que tout ce temps, il
y avait une foule présente et bruyante. 5km, 21 minutes. Bon pace me disje! Mais on s'en fout, je cours la portion entre le 5 et 10 km de la même
manière. Je remarque par contre que les gens se débarrassent de leur
équipement et pas juste des trucs à 1$. Je parle de paires de gants Asic@
12$, des gants techno @ 20$, des manches @ 30$, des ceintures @ 25$... Il y
en avait partout. Assez pour que je me dise: je pourrais en ramasser et
financer mon voyage, mais non, je suis venu pour courir alors j'ai couru.
5-10-15-20 km, toujours même pace. Tellement qu'au 20e près du collège de
"girls" je demeure sérieux et ne diminue pas mon rythme, mais je prend le
temps de regarder du côté des ces jeunes dames et cela pendant presqu'un
km. Yves Boiverst a tenté son expérience et l’écrit dans un billet. La fatigue
commençait déjà pour lui et il espérait, en embrassant cette princesse, que ses
voeux et son énergie allait pousser en lui. Il s’est rendu compte que, soit la fille
était une supercherie ou que le la magie est inexistante. À savoir lequel ou
même les deux sont faux. Voilà le 21.1km, enfin mi-parcours, 1h30. J'aurais
du le faire en 1h31-32. Et puis le 25e km, je conserve pas mal mon allure, mes
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jambes font mal mais rien de sérieux. Je cherche un toilette libre depuis la miparcours. 25 km de foules sans arrêt. Des milliers de gens entassés tout au
long du parcours, des cris et encouragements depuis plus de 2 h, sans
relâche. J'ai franchi 4 villes, chacune nous a accueilli avec ses habitants, sa
musique, ses policiers, ses ravitos... !
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LA ROUTE DES CRAMPES!
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Vers le 30e km mes amis les crampes se sont présentées sans invitation. Je
commençais à sentir des signes, des spasmes. Un peu au cuisses puis les
abducteurs ont pris la place, suivi des mollets et les cuisses sont finalement
entrés dans la danse. Les montées étaient moins souffrantes pour les cuisses
mais atroces pour les mollets et vice versa. J’ai essayé de combattre fort car
mon échelle de « power » était encore très haute. J’avais vraiment la tête
prête mais les jambes étaient une fois encore, barrées. Je savais alors que je
ne serais pas capable de conserver mon allure.!
C’est dommage car plus on arrivait, plus l’ambiance était festive (du moins
dans ma tête). Je me dirigeais vers la fin de mon 2e marathon, j’avais eu
beaucoup de plaisir à le courir et il ne restait qu’à le terminer. C’est à ce
moment que différentes images me passent par la tête, des images qui me font
revenir en arrière alors que je courais. Je peux dire que j’ai commencé à vivre
mon marathon au 35e km, alors que mon sort était jouée, alors que le temps
n’avais plus aucune importance.!
Entering Boston!, la dernière ville, la dernière étape. et là je voyais des gens
épuisés, qui avaient presque tout donné. Plusieurs marchaient ou s’arrêtaient.
Moi je voulais faire parti des gens qui couraient, alors je courais. J’ai eu une
seule fois, l’envie de marcher et j’ai croisé une femme, une « blade runner ».
Une jambes artificielle en composite qui continuait sa montée et son chemin
vers la ligne d’arrivée…je suis resté en mode jogging. Il y en avait plusieurs
« blade runner » sur le parcours. Pas des pauvres-qui-font-pitiés-alors-on-va te-donner-un-dossard… Non, des coureurs, des vrais coureurs aguerris!
Tranquillement, les kilomètres diminuent, je commence à regarder la foule et
les coureurs et sans m’en rendre compte, sur un viaduc, une immense
banderole affiche: Last Km ou est-ce 1 km to go? Bref, il me restait 1 km. 5
minutes de ma vie, 5 minutes sur ce marathon avant d’avoir ma plce au sein
des « Finishers de marathon » et encore plus des: Finisher of the 118th Boston
Marathon ». on vire à gauche et on voit à 250m la Boylston St, le dernier droit
qui va nous mener tous vers la ligne d’arrivée. Je ne me rappelle plus où est la
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puce, est-ce avant la ligne, sur la ligne, après, si après de combien de mètres?
Dois-je me rendre jusqu’à l’arche? Lorsque tu te poses la question si tu dois
faire 10 ou 20 m de plus, je crois que tu peux dire que tu as hâtes de terminer.
A ce moment, complètement crampés, un type m’accroche le bras et me crie
(gentilment) après: Keep running, look at me! Do I look better than you?
Visiblement, je devais démontrer un peu de « souffrance ». Le type, un kit
super en camisole-short, on voyait un coureur bien musclé qui courait tout
croche tellement ses jambes lui faisaient mal. Il me dit de rester avec lui, ce
que j’ai fait, on a tourné le coin ensemble, on a vu la ligne d’arrivée. Il m’a dit:
go man, go finish what you came for… et il a poussé mon épaule légèrement.
J’ai continué à manger les dernier mètres, j’ai redressé mon dos, ouvert mes
épaules, fait fi de tout mes maux de jambes et j’ai croisé la ligne la tête haute
en tentant de vivre ce moment. Mon gars est entré quelques secondes derrière
moi, et déjà plusieurs de ses amis l’entouraient. Dans cette foule immense, on
est quand même un peu seul! C’était le moment de vivre mon moment, mon
marathon! Finalement je l’ai couru et je l’ai vécu!!
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On m’avais dit d’aller le vivre, de voir le côté immense et fanatique de la foule,
la gentillesse des gens, bénévoles et personnel médical. Vivre l’ambiance. Je
l’ai déjà dit dans un autre récit: rien ne m’avait préparé à ça!!
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Le Marathon de Boston, il faut
le vivre et non seulement le
courir! J’avais dit : temps voulu
3h08, meilleur temps 3h05 et
content si 3h20! Alors je suis
content avec mon 3h19! A la
prochaine? Je ne crois pas, le
monde est tellement grand et il
n’y aura pas d’édition aussi
grandiose que celle-ci, du
moins pas avant un bon bout
de temps!!
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Phong!
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