Cosy Mountain - My Home in the Alps

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Cosy Mountain - My Home in the Alps
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650 kilomètres de glisse, 283 rouges, noires, vertes
et bleues, 197 remontées, 90 restaurants sur les pistes,
10 snowparks… Evidemment, on peut toujours présenter
les Portes du Soleil en alignant les chiffres marquants
du domaine skiable. Après tout, c’est d’abord lui qui fait
se déplacer la majorité des visiteurs. Mais le tout petit
chiffre 2 peut aussi venir en tête. Il y a deux Portes du
Soleil. Celles de Suisse, et celles de France. Celles des
villages de montagne, et celles des stations les plus
pointues. Celles qui subissent les influences des rives
toutes proches du lac Léman, et celles qui se trouvent
non loin du Mont-Blanc. Celles du ski, et celles du VTT.
Bienvenue !
Petite présentation des Portes du Soleil, son histoire, ses
vallées, ses habitants... Archtecture
Jacques Labro, l’architecte d’Avoriaz.
COSY STORY
A Morzine, l’une des dernières ardoisières de France. PAGE
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VISITE Privée I
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Décryptage
Éléments de lecture de l’architecture des Portes
du Soleil.
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I 38
I 40
Au détour du chemin de la vieille Plagne, dans un vieux
quartier de Morzine, se dresse la Muraille, une imposante
et fière maison de village.. I 52
Visite privée II
Le Nid des Merles, un cocon qui respire la force
à Montriond. I 56
Nos adresses Cosy
Sélection des meilleures adresses dans les Portes du Soleil :
bien manger, bien dormir, sortir... On vous dit tout ! I 60
I 46
Dossier réalisé par Myriam Cornu, Loïc Martin et Claude Borrani (remerciements à Aurélie Bonnet et la photographe Valérie Bron)
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numéro 13 \ OCTOBRE 2012
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Ticket d’entrée
pour le
paradis
D
Par Myriam Cornu / Photos Valérie Bron
es chiffres, encore deux, pour résumer l’histoire des Portes du Soleil. Cet
immense domaine est d’abord un rêve de liaison qu’ont fait, il y a 40 ans,
12 stations. Reliées les unes aux autres, elles forment l’un des plus beaux
domaines skiables du monde. Abondance, Avoriaz, Châtel, La Chapelle
d’Abondance, Les Gets, Montriond, Morzine-Avoriaz, Saint-Jean-d’Aulps,
Champéry, Morgins, Torgon, Val-d’Illiez, Les Crosets, Champoussin.
Côté glisse, le créneau « marketing » local se veut simple et joyeux : le ski-safari ou le
« voyage skis aux pieds, de station en station, de vallée en vallée, d’un pays à l’autre ».
Morzine, on en ouvre la porte en abandonnant la voiture au parking. Se
nomique original imaginé par Valérie Blanc, une spécialiste, mais un peu
Avec sa baseline Ski & Bike clairement affichée sous le logo, l’immense domaine
délestant de ce symbole d’une vie quotidienne vrombissante et polluée, on
dénaturé, une fois encore, par les acteurs touristiques locaux qui peinent à
annonce la couleur. Les Portes du Soleil font figure de pionnier de la montagne
déambule dans les rues piétonnes en croisant des conducteurs de traî-
s’ouvrir vers l’extérieur. On file en direction de la Suisse au regard portant
version 2012, une montagne où le vélo de DH (VTT de descente) fait le pendant du ski,
neaux aux airs de Père Noël. Plus simples, moins « branchés », Montriond
sur le Valais. On y découvre quelques perles qui se délectent du panorama
une fois les flocons disparus. « A Morzine, la pratique a explosé ces dernières années »,
et Saint-Jean-d’Aulps sont les repaires des locaux, qui y trouvent une
sur les Dents du Midi : Champéry la carte postale, Morgins et ses carillons,
confirme Aurélie Bonnet de l’agence My home in the Alps. « Les amateurs du genre
vie animée à l’année autour des écoles et des places des mairies. On y
Torgon et sa vue sur le Léman et les paisibles Val d’Illiez, Crosets et Cham-
? Une faune variée mais, parmi elle, beaucoup de Britanniques de 25 à 40 ans. » Une
trouve aussi le village des Lindarets, paradis blanc déconnecté, pur.
poussin. « Le cachet suisse fonctionne toujours » sourit le local Xavier
Léonti, skieur professionnel, « mais l’ambiance Portes du Soleil est assez
clientèle « fish and chips » qui marque l’ambiance de la station avec, notamment, la
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création récente de nombreux commerces imaginés (par et) pour des Anglais. C’est
Un deuxième monde derrière les Portes
homogène, avec ses stations-village de caractère. Dans le Chablais, la
notamment un certain Roger Mandin, dit Tarzoon, qui implanta ici l’esprit VTT comme
En changeant de vallée, côté Abondance et la Chapelle d’Abondance,
nature se prête volontiers au ski de randonnée, avec ses secteurs très na-
on aime. Une prouesse quand on connaît l’immobilisme des acteurs touristiques
on entre dans un deuxième monde. Une culture patrimoniale très ancrée
tures, sauvages. Seule Avoriaz tranche vraiment. On aime ou on aime pas,
locaux, jamais vraiment imaginatifs et très peu enclins à bouger ou communiquer. Les
(avec un site abbatial d’exception valorisé par un musée d’art religieux),
c’est selon, mais cela frappe tout le monde, cette station n’est pas comme
Gets ont également gagné leurs lettres de noblesse en la matière. L’effervescence
un univers plus rural qui tourne autour de l’Abondance. Le fromage
les autres. On y trouve, comme à Morzine, une clientèle cosmopolite, même
qu’on y constate le prouve sans peine : le VTT fait revenir les gens en montagne, l’été.
donne d’ailleurs son nom à la vallée, ce qui ne saurait être neutre. Châtel,
si on n’est pas à Courchevel et que les Russes ne sont pas très nombreux.
En hiver, une clientèle plus familiale vient profiter du domaine sous l’œil complice
station-village labellisée Famille Plus Montagne, se trouve aussi au cœur
Les étrangers me font sourire, ils nous demandent souvent : « C’est joli ici,
de puristes propriétaires ici depuis 30 ans. A Avoriaz, l’hiver pousse la magie à son
de cette vallée labellisée « Pays d’art et d’histoire ». Châtel accueille depuis
mais vous y habitez toute l’année ? ». La réponse est évidemment oui et,
paroxysme. Montant jusqu’à atteindre un plateau plein Sud surplombant la vallée de
quelques années l’événement « Les Neiges Etoilées », un concours gastro-
qu’on se rassure, on y vit même très bien ! »
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bulthaup
La station d’Avoriaz a été pas mal chahutée.
Cette destination renommée a perdu de son
lustre une fois le Festival du Film Fantastique délocalisé. Les choses ont été reprises
en main, avec notamment des travaux de
réhabilitation.
Ci-contre, la salle polyvalente de Montriond.
Décryptage
Éléments de lecture d’architecture locale
Vieilles fermes réhabilitées et « chalets traditionnels », les Portes du Soleil, comme
toutes les zones de montagne, ne manquent pas de cachet architectural. Mais il
suffit de passer d’une vallée à l’autre pour réaliser qu’il n’y a pas de modèle type,
seulement des caractéristiques locales communes.
Par Myriam Cornu / Photo Hervé Monnet
Ala question, « A quoi ressemble le chalet traditionnel des Gets ? », Hervé Monnet, le sympathique architecte à l’origine haut-savoyarde contrôlée, nous recadre à raison ! « Parler de
chalet traditionnel est une aberration. Soyons précis : le chalet n’a rien de traditionnel, c’est
une invention du monde moderne. Le chalet de loisir a été imaginé et créé de toutes pièces, il
ne repose sur aucune réalité. « Traditionnellement », on habitait des fermes au faîtage parallèle aux courbes de niveaux. Une courtine - renfoncement abrité - accueillait le cheval ou les
villageois en discussion, les habitants occupés à fendre les « effanles » (60 cm contre 30
pour les tavaillons). Les anciens savaient très bien se jouer des éléments : les « effanles »
étaient fendus, pas sciés, pour que l’eau s’évacue au mieux. Ainsi, à l’étage pour protéger les
foins, trouve-t-on un bardage réalisé avec l’extérieur du sapin (scié d’un côté et naturellement
courbe de l’autre). Cette première tranche du billot protège mieux des intempéries. Le Centre
médical des Gets, restauré, permet de bien observer le principe des modules que déclinaient
ces vieilles fermes au fur et à mesure de l’agrandissement des familles. « S’il a plusieurs
typologies de corps de ferme dans les Portes du Soleil, l’équation que tous les anciens avaient
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à résoudre, c’était de réussir à se protéger des contraintes climatiques et à s’intégrer à la
pente » témoigne Hervé Marullaz du cabinet du même nom.
« Sur Morzine, par exemple, on ne trouve pas de grosses fermes, contrairement à ce qu’on
voit à la Chapelle d’Abondance. Notre vallée est plus fermée, moins facile à cultiver avec ses
terrains moins plats. Et, clairement, les gens y étaient moins riches à l’époque, la taille des
fermes originelles s’en ressent » poursuit l’architecte DPLG de Morzine. « Avant, les gens habitaient en bas, dans le soubassement à côté de l’écurie, pour profiter de la chaleur des bêtes.
Aujourd’hui c’est l’inverse, on veut habiter sous les toits. Les besoins et envies ont changé, tout
comme nous travaillons très différemment pour les gens qui vivent ici à l’année et pour les
propriétaires de résidences secondaires. » Les PLU des différentes communes imposent des
styles traditionnels et leur rigidité laisse les architectes forcément partagés. « Pour notre
créativité, nous aimerions parfois plus de liberté mais je dois avouer qu’on doit certainement au
PLU cet ensemble plutôt préservé, une ambiance de village conservée » se réjouit Hervé Monnet.
« Si notre village ressemble encore à un village, c’est sans doute grâce à lui. »
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ARCHITECTURE
Jacques Labro
© J. F. Lyon-Caen – APM/ENSAG
« Ne pas banaliser la montagne »
A 77 ans, Jacques Labro, architecte reconnu notamment
pour la conception moderne de la station d’Avoriaz,
poursuit actuellement son travail dans la station hautsavoyarde. Un nouveau livre vient d’être consacré à cette
figure de l’architecture afin de mieux comprendre son
© Arch. Dep. Haute-Savoie 153J
L
a boucle est bouclée. La station d’Avoriaz était sa première commande de jeune architecte
en 1964. Aujourd’hui, 48 ans après, Jacques Labro continue de dessiner les bâtiments qui
sortent de terre. « Je suis très attaché à Avoriaz et c’est naturellement que je suis les projets
d’extension. La retraite ? Je n’aime pas ce mot. Je préfère retraiter les choses. J’ai com-
Station de La Tania, La Perrière (Savoie),
1989-1992 (tranche 1).
Coupe transversale sur la grenouillère.
Helvim France, maître d’ouvrage.
mencé ma carrière avec Avoriaz et je la finirai avec elle. Chaque projet est une aventure »
nous confie-t-il.
Jacques Labro dans sa maison-atelier à Paris, en 2011.
Toujours vif d’esprit, il fréquente la station plusieurs fois dans l’année, notamment lors du Festival de
jazz. Il pratiquait autrefois le ski et le parapente. Il se contente aujourd’hui de rouler en scooter dans
Résidence le Sosna, Avoriaz, Morzine (Haute-Savoie), 1968-1971. Collectif architecture /
Sica maître d’ouvrage.
Centre de rencontre international de la Facim, Courchevel 1850, Saint-Bon-Tarentaise
(Savoie), 1973. Collectif architecture – Facim maître d’ouvrage.
>>
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© D. Dereani – Fondation Facim
Eric Dessert © Region Rhone-Alpes, Inventaire general du patrimoine culturel – ADAGP
oeuvre.
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ARCHITECTURE
Chalet Arketa, Avoriaz, Morzine
(Haute-Savoie), 1979. Vue extérieure.
. © J. F. Lyon-Caen – APM/ENSAG
Eric Dessert © Service de l’inventaire general du patrimoine culturel, Region Rhone-Alpes - ADAGP Paris 2010 et 2011
S o n a p p r o c h e : « L’ a r c h i t e c t u r e a p p a r t i e n t a u p a y s a g e
et le p ay s a g e a p p a r t i e n t à l ’ a r ch i t e c t u r e »
Résidence le Sosna, Avoriaz, Morzine (Haute-Savoie),
1968-1971. Façade nord. Collectif architecture / Sica maître
d’ouvrage.
les rues de Paris. Parmi ses admirateurs, Simon Cloutier, architecte de
l’Atelier d’architecture d’Avoriaz, qui travaille avec Jacques Labro pour
poursuivre son œuvre. Il ne tarit pas d’éloges pour son maître : «A l’ère de
la voiture, il a su imposer une station sans voiture. C’était complètement
© J. F. Lyon-Caen – APM/ENSAG (2011)
Il a une liberté d’expression dans sa façon de bâtir qui fait rêver ».
Habitat de montagne : « Je regrette le manque
d’inventivité » La retraite ?
Je n’aime pas ce mot.
Je préfère retraiter
l e s c h o s e s.
Jacques Labro est un génie du lieu qui a révolutionné le bâti en montagne et influencé d’autres architectes comme Guy Rey-Millet pour la
station des Arcs. Son approche : « L’architecture appartient au paysage
et le paysage appartient à l’architecture ». En ville, il réalise des opéra-
Résidence Tillia quartier de la falaise, Avoriaz, Morzine
(Haute-Savoie) 1989-1992. Détail des parois en caillebotis
de bois protégeant les coursives adossées aux parois nord.
Commune de Morzine, maître d’ouvrage.
tions très novatrices, avec des îlots, sans tour, ni barre, à l’opposé de ce
qui se faisait à l’époque.
Nous lui avons demandé quel regard il portel aujourd’hui sur l’habitat de
Station de La Tania, La Perrière (Savoie), 1989-1992
(tranche 1). Détail de la résidence Le Grand Bois. Helvim
France, maître d’ouvrage.
© J. F. Lyon-Caen – APM/ENSAG
dingue ! Ce qui m’impressionne le plus chez lui, c’est son indépendance.
Maison d’Avoriaz, Morzine
clocher de la chapelle.
(Haute-Savoie),
montagne. Voilà ce qu’il nous a confié : « Je regrette qu’il n’y ait pas plus
d’inventivité. Je ne retrouve pas la singularité que mérite le paysage de
montagne à part peut-être quelques refuges en montagne. Il ne faut pas
banaliser la montagne. »
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numéro 13 \ OCTOBRE 2012
numéro 13 \ OCTOBRE 2012
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© J. F. Lyon-Caen – APM/ENSAG (2007)
Eric Dessert © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel – ADAGP
ARCHITECTURE
>>
Quant au livre, édité par le Conseil d’Architecture d’urbanisme et de
l’environnement de Haute-Savoie, il décortique le parcours de Jacques
Labro, nous aide à comprendre sa démarche ainsi que son intuition
architecturale. L’ouvrage de 192 pages nous permet de découvrir la
À gauche : Îlot Nicolo (Paris 16ème), maison de ville, 1985-1989. Jacques Labro,
avec Bouchard et Theil architectes / R.
Rongier et G. Vernerey, maîtres d’ouvrage.
quantité de projets réalisés en montagne (Avoriaz, la Tania, Courchevel,
Val d’Isère…), sur le littoral, en périphérie urbaine en France comme à
l’étranger. Il constitue une base importante pour tous ceux qui veulent
aborder l’œuvre de Jacques Labro, un architecte vraiment pas comme
Vue oblique de la station d’Avoriaz,
Morzine (Haute-Savoie), prise au-dessus
des pentes des Hauts-Forts.
les autres.
A l’ère de la voiture,
il a su imposer une
s t a t i o n s a n s v o i t u r e.
C’était complètement dingue !
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« Jacques Labro, architecte urbaniste, de l’imaginaire au réel », écrit par Jean-François Lyon-Caen,
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numéro 13 \ OCTOBRE 2012
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cosy story
L’or noir
de
Morzine
Franck Buet fait partie d’une espèce en voie de disparition :
il lutte âprement pour préserver l’une des dernières
ardoisières de France. Les « 7 Pieds » extraient la pierre
de Morzine, la célèbre ardoise, l’un des plus puissants
symboles du chalet haut-savoyard tel qu’on le rêve. Si le
travail ne manque pas – signe de l’engouement d’une clientèle soucieuse d’utiliser des matériaux de grande qualité
et d’une noblesse incontestée – les soucis proviennent
de l’anthracite pierre elle-même. Parce qu’ici comme
ailleurs, c’est toujours la nature qui décide in fine.
Par Myriam Cornu / Photos : Pascal Lebeau
L
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’ardoise de couverture estampillée
effectuer un virage à 90° et me mettre à importer
Morzine est de retour ! Si l’ardoisière
de la pierre d’Italie ou du Brésil, pour compenser
des « 7 pieds » a toujours proposé de
et continuer à faire tourner ma boutique. D’où la
la pierre de pays, d’une provenance ga-
confusion», nous éclaire Franck Buet, proprié-
rantie « made in Portes du Soleil », une
taire de l’ardoisière des « 7 pieds ». « L’ardoise de
rumeur la donnait moribonde. Or c’est seulement
ma carrière, striée ces quatre dernières années
pour les toits que la matière première locale
de « poils », ne pouvait servir qu’à la décoration,
n’était plus utilisée. C’est que l’extraction de la
pas à la couverture des toits de pays. » Respon-
pierre n’est pas une « science » exacte : comme
sables de la pénurie passagère, donc, ces « fils »
souvent en montagne, il faut s’adapter à la na-
blancs le long desquels la pierre se fend sous
ture, même si elle nous contrarie parfois ! « Nous
l’effet du gel et du réchauffement. Là où il fallait
sommes tombés sur un filon particulier et j’ai du
auparavant plusieurs mois pour excaver
Pour l’aménagement,
compter entre 360€
à 960€ TTC le m2, en
fonction de la complexité
des découpes. Pour la
couverture, les prix varient
de 35€ HT le m2 en pierre
du Brésil à 65€ HT en
ardoise de Morzine.
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numéro 13 \ OCTOBRE 2012
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cosy story
L’Ardoisière des 7 Pieds travaille sur un projet d’envergure, la réfection de la toiture de
l’abbaye d’Abondance. Les architectes des Monuments de France savaient qu’il y avait
pas mal de choses à rénover en local et ils aiment bien remettre les produits du pays, en
l’occurrence l’ardoise.
et écouler le stock d’ardoises « poilues », quelques semaines suffisent
aujourd’hui. Une prouesse rendue possible par la haveuse de galerie que
vient d’acquérir Franck, qui n’a jamais fait appel à l’explosif pour exploiter
les ressources. Trop dangereux, trop imprécis, trop « déchiquetant » alors
que le câble diamanté permet, lui, de scier l’ardoise au rocher proprement, « comme dans du beurre ».
Matière à… tout !
Installé depuis trois ans dans un atelier conçu spécifiquement (après
avoir passé quinze ans dans une écurie non isolée), Franck et son salarié transforment une partie des quatre-cents tonnes de matière extraites
annuellement. Crédences sur-mesure, plans de travail, vasques de salles
La mine affiche un taux
d’humidité de 90 %.
« Quand on sort la pierre,
on la laisse toujours
humide de manière à ce
qu’elle demeure facile à
travailler. »
de bains, habillages de douche, aménagements de jardin ou de piscine,
bancs de massage, dallages, arts de la table, objets de décoration, pierre
de soutien de poëles à granules, noms de chambres ou numéros de rue,
les usages de l’ardoise n’ont de limite que la créativité des clients de
Franck, particuliers ou architectes, décorateurs. Si l’Ardoisière des « 7
pieds » propose fourniture et pose, elle se met aussi au service d’artisans
ou de vacanciers. « Certains m’envoient leurs cotes par mail et passent
prendre possession de la marchandise quand ils viennent en vacances
dans la région. Cela plaît beaucoup aux gens de pouvoir venir ici. Commander en direct ce qui sera l’une des pièces maîtresse de leur salle de
bain ou leur cuisine.» De la chute d’ardoise à un euro à 1000 m2 de couverture pour un chantier de restauration d’un monument historique, on
peut envisager toutes les utilisations, il suffit de bien choisir la matière.
L’ardoise de Morzine – toujours d’un élégant anthracite - est constituée
de schiste, celle du Val d’Aoste (noire), qu’importe Franck Buet, de granite un peu schisteux. La pierre locale, pas forcément toujours plane,
revêt un aspect légèrement plus rustique que l’italienne ou la brésilienne.
Cette dernière arbore des teintes diverses (noir, prune, gris vert ou multicolore). Quelle qu’en soit la provenance, l’entretien de la pierre, aisé,
s’avère le même. Après un traitement chimique hydrofuge et oléafuge
réalisé par l’Ardoisière des « 7 pieds », nul besoin de trop en faire. La
pierre étant nourrie en surface, le seul incident qui puisse survenir relève
de l’attaque du citron ou du vinaigre sur le traitement. Rien ne pénètre à
cœur de l’ardoise, totalement étanche, contrairement au marbre ou au
granite (sur lesquels on peut constater des auréoles, après une dizaine
d’années d’usage). En cas de tâche de vinaigre, pas d’inquiétude pour
autant. On nettoie et on passe un peu d’huile de parafine pour
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cosy story
cosy story
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nourrir le dépoli : la pierre redevient noire. « Avec l’ardoise de Morzine, on
est tranquille à vie, esthétiquement parlant », assure Franck Buet. « Par
contre, cela reste un matériau tendre dont il faut prendre soin. Interdit
Après une mauvaise passe de quatre ans où il lui a été impossible de fournir de l’ardoise
de couverture (en raison de l’irrégularité de la pierre sur une portion), Franck Buet peut à
nouveau proposer ce qui fait l’emblème des Portes du Soleil.
de couper directement sur la pierre, il faut utiliser une planche, évidemment. Avec ce matériau non poreux, pas de souci d’hygiène : la preuve,
on sert beaucoup sur ardoises aujourd’hui. » Et c’est d’ailleurs d’ici qu’est
née cette tendance forte : « Les premiers à servir sur ardoises ont été
Les fontaines blanches, à Avoriaz. Des touristes passés par là en ont
fait le succès qu’on connaît. Et qui fait qu’aujourd’hui, malheureusement,
beaucoup de produits du genre sont manufacturés en Chine. Des objets qui n’ont absolument rien à voir avec la qualité et l’authenticité de
Lauze ou ardoise ? De taille bien plus imposante, la lauze ressemble à une grosse dalle.
A l’époque, les toits des habitations morzinoises pouvaient se couvrir de l’une ou de l’autre.
Tout dépendait de la qualité de la pierre extraite au moment de la construction. L’ardoise,
plus fine (5 mm d’épaisseur), est aussi plus rentable. Avec une pierre trop dure à fendre,
les villageois faisaient des lauzes.
ce que nous proposons aux 7 pieds. » La présence d’ardoise véritable se
sent inévitablement : rien ne peut l’altérer, ni la température, ni l’humidité.
Le matériau ne connaît pas de retrait, ne bouge pas. La preuve, les plateaux des tables de billard ne sont-ils pas faits de ce « bois » ?
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VISITE PRIVÉE i
La Muraille
secrets
et ses
Au détour du chemin de la vieille Plagne, dans un vieux quartier de Morzine, se dresse la
Muraille, une imposante et fière maison de village. Ses murs virils cachent en leur sein un
endroit « Cosy » à souhait, un diamant de 330 mètres carrés à la décoration minérale ni
précieuse ni prétentieuse, toute en élégance racée et subtile.
Par Myriam Cornu / Photos Pascal Lebeau
Q
u’est-ce qui peut bien pousser un plombier chauffagiste à
acquérir un bien dans les Portes du «Soleil» orienté plein
Nord ? Une maison en montagne qui ne possède pas la
moindre parcelle de terre, pas l’ombre d’un jardin ? Sur le
papier, ces «critères» pourraient faire pâlir un agent immobilier… Et pourtant, dès lors qu’on approche la bâtisse, on comprend. Les pierres de
1780 parlent d’elles-mêmes : l’âme de la maison est puissante. « Quand
elle a été mise en vente, j’ai décidé de l’acheter sans projet concret, simplement parce qu’elle est voisine celle de mes parents» avoue Christophe
Marcellin. « J’aime la légende qu’elle cache en son sein. A l’époque, tout
le monde mettait la main à la pâte quand on construisait. Tous les villageois se rendaient service mutuellement. La ferme aurait du être entièrement en bois mais, une nuit, des vauriens d’un village voisin avaient
volé la charpente… Les Morzinois, solidaires, ont eu l’idée d’ériger un
confié à personne le suivi du chantier ! » plaisante Christophe, dans
mur derrière lequel protéger la nouvelle charpente qui serait installée. »
une allusion à son statut d’artisan. La célèbre charpente et les murs
L’anecdote a baptisé la construction « La Muraille ». Le nom et les pierres
extérieurs, d’une grande beauté, ont donné le la. «Nous avons vidé tout
sont restés. l’intérieur pour conserver la structure, la mettre en valeur. Pour rester
Des propriétaires investis
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au niveau du bel ouvrage existant, nous avons décidé d’emblée de nous
positionner haut de gamme. Lors de la conception puis des travaux, nous
L’escalier raconte tout, dès l’entrée, de l’appellation minérale du chalet.
avons particulièrement veillé aux volumes, aux espaces et à la qualité des
Et caractérise bien la démarche des propriétaires, qui ont tout fait eux-
finitions.» Les artisans, tous choisis en local, l’ont été sur une base très
mêmes sans l’aide d’architectes intérieurs ou de décorateurs. « Seuls les
simple : « Je savais qu’ils feraient ce que j’attendais d’eux… Gérer les
plans extérieurs et la dépose de permis ont été réalisés par l’architecte
différents corps de métier, c’est le côté délicat des travaux, non ? » glisse
local Hervé Marullaz. Gabrielle et moi avons imaginé l’aménagement et
celui qui, pour une fois, se trouvait de l’autre côté de la barrière. L’ébéniste
l’ambiance intérieure de ces 330 mètres carrés habitables et je n’aurai
vernisseur de Taninges David Jaupard s’est chargé des
>>
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Plusieurs chambres romantiques cohabitent :
Paris, Vienne, Venise, la très « Cosy » SaintMoritz et ici la plus épurée Nagano.
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VISITE PRIVÉE i
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boiseries alors que les artistes de Morzine Martine et Robert Vernet ont
tion « sur le fil », difficile à décrire, qui flirte avec l’art contemporain par
conçu l’escalier. « Principal point faible de cette maison de village : sa
endroits, comme avec cette sculpture-arbre inondée de lumière. Cette
mitoyenneté. Il nous fallait absolument créer des puits de lumière pour
visite privée nous laisse un effet d’équilibre, d’harmonie, impression que
compenser l’absence d’ouvertures de façade. » Neuf velux dentellent
confirme le propriétaire lui-même. « On est un peu « à la limite » avec ce
ainsi la toiture, des dalles de verre poinçonnent la bibliothèque en mez-
style qui ne laisse personne indifférent. A peu de choses près, ça peut
zanine ou surplombent l’entrée, qu’elles contribuent à éclairer. Dans cette
être raté. On a quand même pris pas mal de risques, je crois. Finalement,
optique, l’escalier a été envisagé en verre pour apporter de la clarté aux
c’est un projet un peu surprenant. »
parties communes. « Les contraintes de fixation de cet ouvrage nous ont
Tons de bronze, cuivre au sol, transparences, lumière minérale du verre,
portés vers l’acier qui, du coup, s’est un peu propagé par touches… Nous
baignoires qu’on expose, couleurs poudrées, beige chic côtoient un sens
avions, de toute façon, envie d’éviter l’inox, trop vu à notre goût. »
du détail poussé à l’extrême. Ainsi la vitre craquelée de la salle de bains
Leur goût, c’est ce qui a guidé constamment Gabrielle et Christophe.
de la chambre Vienne fait-elle écho à sa délicate baignoire à pattes de
Les propriétaires se sont investis comme des professionnels, courant les
lion. De la tapisserie façon cuir surpiqué de l’univers « Le Cap » aux élé-
salons de Milan à Paris, sélectionnant des produits au Luxembourg (la
gants cintres en crochet de la chambre romantique, ici, rien n’est laissé
fontaine en résine, comme une serrure-sculpture, imite la pierre à la per-
au hasard, la moindre poignée de porte répond au thème choisi… et à
fection), en Belgique (difficile, à l’époque, de trouver une table ovale de si
un grand sens de la déco. Pas forcément des inventions mais de jolies
grande taille) ou en Espagne… De ce côté-là, le fait de pouvoir acheter
combinaisons et un style abouti, que Gabrielle et Christophe ont su me-
en direct, par son entreprise, a bien aidé Christophe à réaliser son rêve,
ner de bout en bout. Seul le local technique de la cuisine cache - outre
c’est une évidence. « Improvisation sur toute la ligne, la décoration de la
les appareils professionnels forcément un peu disgrâcieux - un petit
Muraille suit tout de même une idée directrice : chaque chambre devait
« regret » de leur part : « Nous avions envie d’une cave à vins comme
nous faire voyager dans un univers. En dehors de ce prérequis, nous
une geôle, avec une grille et des portes vitrées, mais nous avons préféré
nous sommes laissés carte blanche. La chose qui nous tenait à cœur ?
installer une cuisine semi-professionnelle. L’hiver, le chalet est loué à un
Tourner autour du cœur de la maison justement, le vieux bois, la pierre.
tour-operator qui propose un service hôtelier. » Gabrielle et Christophe
Autour de l’existant mis en avant dans les parties communes. Lorsqu’on
ne s’arrêtent pas là : ils vont encore frapper cet hiver avec l’ouverture d’un
pousse la porte de chaque chambre, en revanche, on est happé dans un
nouvel endroit, La vieille Crusaz au 93, rue du Bourg. « Le lieu, un peu
thème précis. »
plus « classique », s’habillera de meubles belges en bois grisés et parties
La cheminée, une pièce unique
réalisée par des artistes de
Morzine, une pièce maîtresse
de la décoration made in
Muraille. Cette création
de Robert Vernet n’est pas
« attendue ». Elle ne ressemble
en rien aux âtres de pierre et
de vieux bois qu’on rencontre
habituellement dans ce genre
de chalet. Cette réalisation
semble vêtue de zinc ou
de métal mais elle est en
réalité constituée de blocs de
pierre reconstituée composés
d'alumine stabilisée et de
silice. « La mise en oeuvre
reste assez complexe avec son
coulage sous plastique et sans
air » expliquent Martine et
Robert Vernet. « Entre chaque
bloc se trouvent des joncs en
inox. Le foyer utilise aussi de
la pierre reconstituée à base
d'alumine stabilisée à haute
température et de corindon
noir. La couleur anthracite et
gris souris se trouve dans les
composants. »
métalliques, dans une ambiance plus contemporaine, avec une pièce à
54
Une décoration sur le fil
vivre, en haut, aux airs de loft. » Les salles de bain y seront particulière-
Fourrures sur les lits, luminaires boisés, rien ne manque à l’appel des
ment léchées, preuves matérielles que Passion et Raison peuvent parfois
conventions actuelles de l’ambiance chalet et pourtant… Pourtant,
convoler en justes noces puisqu’elles font aussi office de showroom pour
ici, tout sonne un peu différemment. On y a la sensation d’une décora-
l’artisan…
numéro 13 \ OCTOBRE 2012
numéro 13 \ OCTOBRE 2012
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Pour la décoration, Dominique Merle a fait
appel à une spécialiste, Laurence Palayer.
Son travail ? Insérer un confort moderne
dans une beauté rustique.
VISITE PRIVÉE ii
nid des merles
Simpli-cime de nature
Chez Monsieur et Madame Merle, c’est madame qui fait le nid. Certes, le mâle participe en
amenant la matière première – mousse, brindilles et feuilles - mais c’est la femelle qui
aménage l’abri. Un cocon d’allure douce, une coupelle aux formes bien définies. Est-ce le nom
du propriétaire, Dominique Merle, qui a inspiré la décoratrice ? Reste que ce Nid-là, tout sauf
précaire, respire force, simplicité et naturel. Petit survol de ce chalet confortablement niché à Montriond, à deux coups d’ailes de Morzine.
Par Myriam Cornu / Photos Erick Saillet
D
ans cette ferme de 1900, Dominique Merle, ancien gérant du
golf de Saint-Cloud, ancien restaurateur, « s’est fait plaisir à
élaborer (son) petit hôtel ». S’il a, dans les premiers temps, investi à
Courchevel, c’est sur les Portes du Soleil qu’il jette son dévolu à
l’heure de la retraite. « Cet endroit correspond plus à mes aspirations du
moment. Morzine est un lieu très cosy. Ici, on se rapproche de la Suisse,
c’est très propre. » Sa rencontre avec la montagne datant de son passage
au « 7 », l’ancien Chasseur alpin du bataillon de Bourg-Saint-Maurice a
aussi été séduit par le petit côté « peaux de phoque » du coin.
« La ferme de mes rêves devait forcément avoir une « vue ». Etre bercée
d’un environnement naturel d’une vraie beauté. Mais, parallèlement, se
trouver à proximité de remontées mécaniques qui mènent aux plus belles
pistes, pour le côté facile à vivre. On devait pouvoir rejoindre aisément des
champs de ski des plus intéressants ! », résume le propriétaire de cette
bâtisse exposée plein Sud.
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numéro 13 \ OCTOBRE 2012
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VISITE PRIVÉE ii
Page de gauche : un grand
espace de vie au coeur du
chalet, la cuisine s’ouvre sur
l’espace cheminée. À noter la
banquette de la grande table
qui vient s’appuyer sur le muret
de la mezzanine. Astucieux !
>>
Cette vieille montagnarde, Dominique tente, durant la rénovation, de
C’est un métier et ce n’est pas le mien. Je me suis chargé des volumes,
la garder la plus possible « dans son jus » comme aiment à le dire les
du côté fonctionnel, Laurence est reine dans l’art de détourner les
acquéreurs de biens anciens. « Je viens de prendre ma retraite, ce qui
objets, de trouver la place qui les attendait. Je lui ai donné carte blanche…
m’a permis de camper, au sens strict, sur le chantier », précise l’ancien
sauf pour ce qui concerne le budget ! Elle a mixé des produits haut de
du « bataillon de fer, bataillon d’acier ». Et c’est avec une poigne de fer,
gamme à des objets de grande distribution moins onéreux, piochant sans
justement, qu’il a pris les choses en mains. « Il m’est arrivé de défaire
honte des accessoires chez Ikea.» En revanche, l’ancien traiteur a veillé
des choses dans la nuit, qui n’étaient pas conformes à mes directives, de
personnellement au côté luminosité : « Quand on donne dans la
manière à obliger l’artisan à le refaire correctement. Mes relations avec
restauration, on joue du théâtre. Recevoir des convives pour un mariage
les différents corps de métier étaient bonnes et cordiales mais j’avais à
est tout un art : tout doit se révéler superbe. Il faut illuminer la moindre
cœur d’obtenir ce que je voulais. Mon menuisier, un homme remarquable
carotte pour qu’elle se donne des airs glamour. J’ai gardé de mes
malheureusement décédé, a fait du travail extraordinaire. »
expériences passées une attention particulière pour les éclairages, les
Pour la décoration, Dominique Merle a fait appel à une spécialiste,
ambiances de lumière et j’ai fait en sorte qu’on se sente bien ici. » Mission
Laurence Palayer : « Ma commande : insérer un confort moderne dans
accomplie, monsieur le chasseur alpin !
une beauté rustique. Je ne me suis pas du tout occupé du look intérieur.
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nos
adresses
cosy
© Pascal Lebeau / Free Presse
Par Myriam Cornu
© Pascal Lebeau / Free Presse, DR Les Gentianettes, DR My Homes in the Alps, DR Les Rhodos, DR La Chaudanne
A gauche, une des chambres de
La Tapiaz, le nouveau chalet-hôtel
de la famille Mirigay, aux Gets.
u
n vieux sac à dos pendu aux côtés de chaussures de montagne en cuir posées nonchalamment dans l’entrée de l’hôtel, comme au retour
de « là-haut », donne tout de suite le ton : ici, on est en montagne. Dans cet établissement familial, une clientèle bigarrée se presse depuis
quatre générations de Mirigay. La chef de cuisine qui officie l’hiver, Camille Cimbault, est d’ailleurs la cousine d’Alexis, le gérant. Elle doit
une partie de son talent à l’école Paul Bocuse de Lyon, à un passage au Bernardin de New York (3 étoiles) et au Mas de Pierre (supervisé par
Michel Rostang). Si le restaurant, qui sert une cuisine dont on se souvient, n’est ouvert pour l’instant qu’aux pensionnaires, il se pourrait que les
choses évoluent, affaire à suivre… Le centre de bien-être, lui, est accessible à tous (moyennant 20 euros la journée pour les non résidents).
Sauna, hammam, douche sensorielle expérience, zone de détente des pieds Kneipp très appréciée après le ski ou la randonnée, tisanerie, cet
espace hydro-détente n’est pas un « argument marketing » de plus. Ses 750m2 valent vraiment le coup d’œil. Mais les baigneurs qui se prélassent
dans sa piscine de 17 mètres par 7 se doutent-ils qu’un bijou les surplombe ? Juste au-dessus du spa se cache une nouveauté de toute beauté :
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Hôtel la Marmotte et Chalet La Tapiaz
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Photos Pascal Lebeau / Free Presse
nos adresses cosy
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le chalet La Tapiaz et ses 8 nouvelles chambres, dont la plus petite mesure 29m2 et la plus grande… 76 m2 !
Bois flotté, bois brûlé, vieux bois, ici la matière reine est emblématique des montagnes entourant les lieux.
Mixé avec pierre et béton, elle prend toute la mesure de sa modernité. Côté déco, ce matériau chaleureux
investira d’ailleurs la salle de restaurant en passe de réinterprétation. Côté prestations, les résidents de
Bois flotté, bois brûlé, vieux bois,
à La Tapiaz la matière reine est
emblématique des montagnes
entourant les lieux.
La Tapiaz et de la Marmotte sont servis : ici, les enfants sont rois (et les parents tranquilles !). Un restaurant est dédié aux petits où ils sont pris en charge pas une salariée spécialisée dans l’accueil de ce public
exigeant. On peut aussi se dégager un petit moment de solitude en confiant ses bambins au maître
nageur, à la piscine, où l’on peut les laisser seuls en toute confiance. Dès l’été prochain, un concept de
multi-activités pour les 4-12 ans sera relancé mais, d’ores et déjà, les plus jeunes adorent l’hôtel. Grâce
peut même y crier à son aise, rendez vous compte !) et l’autre possède un baby-foot, un ping-pong et des
jeux d’arcades. Enfin, si l’art de vivre version Mirigay vous manque, quand vous skiez, vous pouvez toujours
rejoindre La Païka sur le domaine de la Turche pour déjeuner. Cette ferme d’altitude propose coquelet,
seiche et jambonneau grillés, sur une terrasse « cosy » à souhait avec une vue sur le Praz de Lys à couper
le souffle. Pour un moment d’évasion loin du brouhaha de nos vies surchargées…
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Chalet-Hôtel La Marmotte / La Tapiaz
61 rue du Chêne
74260 Les Gets
+33 (0)4 50 75 80 33
www.hotel-marmotte.com
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Photos Pascal Lebeau / Free Presse
à une idée toute simple : le complexe compte deux salles de jeux, dont l’une réservée aux tout petits (on
© DR My Home In The Alps
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Morzine
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My home in the alps
l était une fois Aurélie et Nicolas. Ces deux trentenaires originaires de Haute-Normandie et d’Alsace se sont rencontrés en montagne, mais pas sur la même montagne.
Agents immobilier, dans les Portes du Soleil pour madame et à Chamonix pour monsieur, ils se sont croisés sur un séminaire d’entreprise. De cette rencontre sont nés
trois beaux bébés, Max, Romy et… My home in the Alps. « Je voulais changer, apporter un service plus personnalisé encore. Ce sont des clients qui m’ont donné l’idée,
me faisant part de leur besoin : dénicher quelqu’un qui puisse avoir l’œil sur leur propriété tout au long de l’année, en dehors des quelques semaines où ils y résident. »
Juriste de formation, le rigoureux Nicolas gère l’administratif alors que la chaleureuse Aurélie se charge plus volontiers de la communication. « Cela dit, nous n’avions
encore pas fait beaucoup de promotion, c’est surtout le bouche-à-oreilles qui a fait notre réputation. » Au départ service de conciergerie, My home in the Alps s’est lancée
cet été dans la location, toujours pour le compte de ses clients et sur leur demande. C’est elle qui commercialiste les Murailles, en dehors du plein hiver (où le chalet est
réservé à un tour-operator irlandais), mais aussi le Nid des Merles ou la très belle Ferme de Marie, à la Cote d’Arbroz. Le positionnement ? Clairement haut de gamme.
«Nous proposons peu de biens pour le moment, mais des biens de très grande qualité. Nous souhaitons que les gens soient choyés» précise Aurélie Bonnet. Ce qui fait la
différence ? Un sens du service poussé, avec disposition de cosmétiques dans les salles de bains, livraisons des skis à domicile, babysitter and so on. « Quand on se donne
les moyens, rien n’est impossible. Je fais les choses avec le cœur et je crois qu’on touche les gens qu’on mérite quand on procède ainsi. My home in the Alps se veut une
sorte de plateforme entre gens qui se ressemblent. Le relationnel compte énormément pour nous : les clients ont envie que nous faisions affaire avec des locataires qui
soient capables d’apprécier leur bien. » Pour réussir, le couple peut compter sur son goût sûr en matière d’architecture, des réminiscences d’études en arts plastiques et
une très bonne connaissance du territoire. Pour preuve, Aurélie nous a ouvert en grand son carnet d’adresses pour ce dossier spécial Portes du Soleil. Qu’elle en soit ici
remerciée !
En savoir plus : www.myhomeinthealps.com
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© DR Les Gentianettes
nos adresses cosy
Chapelle d’Abondance
Hôtel Les Gentianettes
L’un des salons de l’hôtel.
Ci-contre, Claude Trincaz,
l’hôte de ces lieux.
Hôtel cocon au sein du cadre luxuriant de la Chapelle d’Abondance, les Gentianettes abritent un repaire hors pair, celui de son chef, Claude
Trincaz. Rencontre avec un cuisinier épicé, fier de son terroir et des produits savoyards qu’il met en valeur grâce aux saveurs du monde.
© DR La Chaudanne
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Morzine
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La Chaudanne
don et sa marinade aux fruits de la passion, crème légère au wasabi ou duo d’omble chevalier et féra frais du Léman cuits
en basse température, bocal gourmand de fenouil parfumé à l’anis ? La carte de Claude Trincaz raconte l’histoire de sa
famille, de sa provenance haut-savoyarde garantie (son père et son grand-père étaient déjà cuisiniers à la Chapelle), à son armée
Ci-dessus, le côté bar à vins
de La Chaudanne. Ci-contre,
la salle de restaurant.
dans les îles, en passant par ses voyages avec Nathalie, son épouse. Féra, tomates fraîches, basilic du jardin, fenouil, huile d’olive,
citron confit se mêlent avec délices au safran, à la fève du Tonka. Gingembre et citronnelle valsent avec la lavande et la verveine, le
fenouil cuit dans l’anis étoilé. Les saveurs, toujours de saison, évoquent parfois les pays lointains, les plats au goût de tajine, parfois
la Provence, les épices s’invitent à l’improviste là où on les attend pas forcément. S’il travaille volontiers des territoires étrangers,
maginer un élégant et confortable bar à vin en sous-sol ? Une gageure. Thierry Marchand a fait appel à des artisans italiens
Claude Trincaz n’en renie pas ses racines montagnardes. « Nous faisons tous nos jambons et viandes séchées dans notre fumoir
pour obtenir le rendu souhaité, façon cave voûtée. « Quatre types de matériau sont mis en œuvre, la pierre de Cogne, la pierre
et faisons la part belle aux herbes sauvages : ciboulette de Bassachaux, ail des ours, cumin sauvage… La crème brûlée aux bour-
de Courtil, la pierre de Morgex et le Vert d’argent » détaille le propriétaire. Après un gros travail de terrassement, le coffrage
geons de sapins avec un sorbet myrtilles, ça vous a des airs de balade en forêt, c’est rafraîchissant, j’adore ! » Le chef des Gentia-
de la voûte a été réalisé en bois très épais. Le plancher a suivi, puis les tailleurs de pierres ont collé les pièces une à une. Après six
nettes met aussi à l’honneur les fromages locaux des frères Girard à Abondance et de Michel Cruz, à Châtel, notamment dans sa
semaines de séchage, le « moule » - la voûte boisée - a été supprimé. Une pierre singulière occupe une place de choix dans le bar.
déclinaison des alpages avec son incroyable glace au reblochon. « Nous proposons deux types de restauration », détaille Nathalie
Estampillée BJ 1923, elle provient de la vieille grange bâtie par le grand-oncle à cet emplacement. A l’étage, dans la salle de restau-
Trincaz. « Une cuisine tendance au goût du jour, élaborée, élégante, dans notre salle du haut. En bas, dans un cadre incomparable
rant, des vitres au sol donnent à voir le résultat, très classe. « Ces vitres sont un peu notre curiosité. Comme elles se trouvent juste
aux airs de vieux chalet, nous vous proposons de dîner dans « carnotzet », à l’ambiance qui rappelle celles des salles de ferme de la
à l’entrée, certains les contournent de peur de tomber, d’autres sont attirés par la cave qu’elles laissent apparaître. Nous essayons
Vallée d’Abondance, nous proposons une carte de grillades sur plancha, de pierrades, le célèbre berthoud, etc. » En dehors des in-
de proposer la plupart des cépages, nous avons pour vocation de faire découvrir des petits producteurs méconnus mais la carte
contournables, la carte change toutes les saisons. Les filets de cannettes aux pêches de vigne de Marin succèdent, l’été venu, aux
ne délaisse pas les Châteaux Latour ou Châteaux Margaux, cela va sans dire. » Le breuvage, français s’il en est, a les faveurs des
légumes oubliés, topinambour, endives et panais. Les premiers testeurs de ses associations gourmandes, sa charlotte d’écrevisses
étrangers mais, plus original, chacun peut aussi y trouver son plaisir en matière de whisky. Côté cuisine, l’accent est porté sur la pré-
et bisque de brochet du Léman, son foie gras en panna cota au vieux porto et crumble de spéculoos ou poêlé aux fraises des bois
sentation et la qualité des produits. Le cœur du chef oscille entre poissons et pâtisseries. Ombles chevaliers de Morzine (produits
? Sa femme et ses enfants. Sandrine, en tête. Après une formation à l’Ecole hôtelière de Thonon, comme papa, la jeune femme a
par Raymond, le papa de Franck l’ardoisier), cabillauds et saumons se retrouvent rôtis, pochés ou au four. Mais ici, il se peut qu’on
travaillé à Saint-Barth, en Floride, au Vietnam, en Suisse, à Vancouver et à Orlando. La complice du chef veille au grain et aux vins,
préfère choisir… un hamburger. Le sandwich revisité par Philippe vaut le détour avec son magret et son foie gras de canard, sa
qui occupent évidemment une place importante. Les vignobles savoyards sont très représentés dans la carte où pointe l’humour
sauce aux morilles, sa compotée d’oignons au miel et ses röstis en lieu et place du plain ! Casser les codes, chercher le raffinement,
de Sandrine. Ainsi peut-on lire à propos d’un vin rouge du Domaine Grisard « Qui boit la Mondeuse benne la dameuse ». Nathalie,
La Chaudanne se fait une certaine idée du « luxe » en matière de gastronomie qui se traduit par une cuisine imaginative, inventive,
l’épouse du chef, ne cache pas sa fierté : « La relation de ma fille et du chef, son papa, nous tire vers le haut. Le niveau de confort,
créative. Seules les spécialités montagnardes sont considérées comme sacrées par le chef, qui ne touche pas aux recettes ances-
les prestations, font venir les gens, c’est sûr mais leur cuisine les fait revenir ! ». trales : « Nos clients m’en voudraient, elles sont parfaites telles quelles » admet-il. 66
illefeuilles de brebis frais des alpages avec tuile au beaufort ou baba bouchon au rhum des Antilles ? Carpaccio d’espa-
www.gentianettes.fr / 04 50 73 56 46
www.lachaudanne-morzine.com / 04 50 79 12 68
numéro 13 \ OCTOBRE 2012
numéro 13 \ OCTOBRE 2012
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La Marmotte
nos adresses cosy
Depuis 1947
LaTapiaz
Hôtels
&
SPA
Les Gets - Portes du Soleil
Morzine
Photos Myriam Cornu
De la tradition à la modernité
Les Rhodos – Lindarets
o
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n s’élève au-dessus de Morzine et, à une dizaine de minutes de route à peine,
office de dessert. « Dans ce petit trésor ouvert par mes grands-parents en 1956, je fais
le hameau des Lindarets nous fait entrer dans un autre monde. Le hameau
en sorte de respecter le produit, surtout. Je choisis avec soin mon comté pour la fon-
semble appartenir aux chèvres auxquelles il faut d’ailleurs prendre garde en
due, je sélectionne des pommes de terre chez les paysans pour ma tartiflette, je pré-
repartant : elles se couchent à l’ombre des voitures stationnées là. Ce n’est pas pour
pare mes lardons moi-même. Je n’utilise pas de produits tout faits qui facilitent la vie,
cette ambiance bucolique que nous sommes venus mais pour découvrir le restaurant
le résultat n’est pas le même. » Très attachée à la cuisson de ses légumes, elle fait des
des Rhodos. Christel et Gilles sont réputés pour leur gentillesse mais c’est par le biais
saveurs sa priorité. « des clients qui me disent « J’ai encore le goût de votre omelette
du concours Neiges étoilées de Châtel que nous les avons repérés. Le chef, Christel,
aux girolles en bouche ! ». Je ne peux pas rêver mieux comme commentaire. » Pendant
affiche d’emblée la couleur : bleue ! « Je vais vous faire une truite au bleu, le poisson,
que ses clients se détendent devant l’apéritif maison aux framboises fraîches, Christel
c’est mon dada ! » Face à mon inculture, Christel, vainqueur du concours avec une
s’affaire devant ses ustensibles typiquement savoyards : « Je ne me sers que de ça,
féra à l’oseille, m’explique que le plat n’a aucun rapport avec un fromage : « Je poche
le jury du concours avait d’ailleurs bien ri en me voyant arriver avec ma batterie de
la truite sortie tout droit de notre vivier, donc absolument fraîche, dans un bouillon
caquelons ! ». L’hiver venu, le village des chèvres fait le bonheur des skieurs : « Depuis
aromatique et ce mode de cuisson donne une belle couleur ciel au poisson. Je ne sers
le plateau, nous allons en Suisse, à Châtel, à Avoriaz, le restaurant est situé sur une
pas une cuisine compliquée, bien au contraire, je me focalise sur le goût. » Pour ma
plaque tournante mais l’endroit demeure sauvage. On n’a pas l’impression d’être dans
part, je n’aurai d’ailleurs pas le temps pour un menu complet mais ses carottes toutes
ce monde moderne des remontées mécaniques. » Un instant aux Rhodos ou la possi-
simples – de véritables sucreries - et sa purée de patate douce m’ont largement fait
bilité d’une île… Plus d’infos : 04 50 74 07 86
numéro 13 \ OCTOBRE 2012
Chalet-hôtel La Marmotte
61 rue du chêne - 74260 Les Gets - Haute-Savoie - France
Tél. 00 33 (0) 450 75 80 33 - Fax 00 33 (0) 450 75 83 26
[email protected]
www.hotel-marmotte.com
Nos adresses cosy
Morzine
s
Nos adresses cosy
Nathalie Converset
avant mélange d’aptitudes manuelles transmises de famille (« Nos mères faisaient l’école ménagère, elles savaient tout faire,
couture comprise ») et de créativité (elle a fait les Beaux-Arts à Annecy), l’expérience de Nathalie Converset est protéiforme.
« Depuis toujours, j’ai les mains dans les réalisations de toutes sortes, subjuguée par les matières, les couleurs. Toute petite,
je faisais déjà mes propres bijoux. Je couds depuis que j’ai 13 ans », sourit la créatrice basée sur un joli plateau de Morzine, un cadre
« inspirant ». « Haut-Savoyarde d’origine, je suis venue m’installer en station parce que j’aime les jolis lieux géographiques… Pour le
choix du métier aussi, les choses étaient simples : il n’y a que devant une machine à coudre que je suis bien ! Toute mon expression
sort par mes mains. » Dessin, modelage de la terre, tissu, bois, teintes de toutes sortes, Nathalie se trouve dans la plénitude de ce
qu’elle voulait « faire dans la vie ». Skipper, elle répare des voiles, couds du cuir, des sangles, répare l’irréparable mais son besoin de
créer la pousse vers la décoration d’intérieur. « Ce qui m’exalte, c’est de pénétrer un intérieur pour la première fois, y rencontrer les
propriétaires. » Suit un temps d’attente puis, soudain, l’évidence jaillit. « En réalité, ce sont les gens qui trouvent leurs propres idées, vers
lesquelles je les emmène. Mon plaisir, c’est qu’ils trouvent leur voie. Je me charge des états techniques, je porte la responsabilité d’exé-
cution, j’accompagne, eux s’éclatent. » La décoratrice, qui dit savoir « jusqu’à la couleur des yeux des gens », s’intéresse à leur image, leur personnalité, pour créer un décor
qui soit vraiment le leur, pas une simple transposition de son propre goût dans un lieu qui ne lui appartient pas. Le résultat ? Un intérieur ultra contemporain ou un mazots
transformé en maison d’Heïdi, selon le brief même de sa propriétaire. Si elle confectionne elle-même tout ce qui tourne autour de la couture (il arrive que des clients lui
fournissent leurs propres tissus), elle accompagne également le choix du mobilier. « Je suis en train de me former dans l’éclairage, la sculpture de la lumière toujours dans
l’esprit Beaux-Arts pour amener mes clients à faire quelque chose de très personnel. Neuf ou rénovation, je m’adapte au contexte et au budget mais je les tire toujours vers le haut, ensuite ils décident. » Ambiances de couleurs un
Photos Hotel Labrador
www.nathalie-c.com / 06 86 44 10 37
Photos Atout Coeur
peu froides ou atmosphère montagnarde plus typique, au final, ce qu’offre le regard et le travail de Nathalie, c’est toujours l’harmonie. Les Gets
s
70
Les Gets
Atout Cœur, la boutique
« généreuse » de Gaël Degout.
Atout Cœur
à
Hôtel Labrador
l’hôtel Labrador, cosy rime avec gastronomie. « Le bien-être de nos clients,
les cloches des troupeaux du propriétaire s’offrant fièrement au regard, revendi-
nous l’envisageons évidemment par la qualité de nos équipements mais aussi
quant la culture locale. « Faisant fi de la mode du contemporain, nous n’avons pas
par les bons moments qu’ils passent à la table de notre jeune chef», souligne
voulu changer le style que nous avons créé avec mon mari et intensifié au fil du
a boutique affiche d’emblée la couleur : cœur ! Piquée de déco, Gaël Degout
linge de maison, décoration de salon, toutes les facettes de la maison se sont
la propriétaire, Madame Gallay. Jonathan Marzocca travaille une cuisine de pays, sur
temps autour des teintes chaudes, du rouge au chocolat. Nous sommes restés dans
a choisi comme symbole ce qui est l’un des premiers éléments stylistiques
insérées petit à petit. La boutique ayant trouvé son rythme de croisière, la jeune
la base du bœuf issu de l’élevage de Monsieur Gallay. Directement du producteur au
notre jus ! », plaisante Madame Gallay, « Nos clients de Bruxelles ou d’Angleterre se
introduits dans le chalet montagnard (pour « percer » les granges et ainsi
femme s’est tournée vers le suivi de chantier pour quelques clients « triés sur le
consommateur, la traçabilité ne peut être meilleure pour les viandes ! Mais homard
sentent dépaysés, ils se savent ici et pas ailleurs. » D’antiques patins à glace imma-
les aérer). Symbole de générosité, il fait office de ligne directrice : « Mon magasin
volet », en fonction de l’adéquation de leur projet avec les goûts de Gaël toujours
et saint-jacques sont aussi servis. « La star, chez nous, c’est le produit. » L’autre
culés pendus à l’âtre d’une cheminée centrale vêtue de bois, une vieille comtoise qui
s’est étoffé avec le temps, au fil de mes coups de cœur » explique Gaël qui avait
– et de sa disponibilité : « J’accepte peu de missions de ce genre, pour ne pas me
marque de fabrique Labrador réside dans ce côté « maison de famille ». « Nous fai-
trône sereinement dans le grand salon où se délasser confortablement installé dans
envie d’une « maison généreuse qui prend en compte tout le monde, du tout petit
disperser, le conseil en décoration demandant beaucoup de temps. » Mais comme
sons en sorte que les gens se sentent ici comme chez eux », confirme la propriétaire
l’un des dodus fauteuils clubs de cuir vieilli : l’ambiance prête à la détente, au pre-
à l’ancien. » Le corner enfant, peu courant en station, en est l’une des illustra-
elle ne manque pas d’énergie, cette fille pleine d’atouts est en train de se lancer
de cet établissement idéalement situé à proximité des pistes mais au calme, loin des
mier coup d’œil. Et lorsque cela ne suffit pas, le spa et la piscine intérieure ont raison
tions. La peluche, la chambre, le vêtement, on trouve ici tout ce qu’il faut pour des
dans la reprise d’activités de certains de ses fournisseurs. Quand décoration rime
rues passantes. Très typé haut-savoyard, le décor fait la part belle au patrimonial,
du stress le plus récalcitrant. cadeaux ou pour sa tribu. Côté grands, on trouve tout également : arts de la table,
avec création…
numéro 13 \ OCTOBRE 2012
numéro 13 \ OCTOBRE 2012
www.labrador-hotel.com / 04 50 75 80 00
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nos adresses cosy
The premier online design review
Valérie Bron photographie
d
e ses compositions léchées, mettant en scène des éléments typiques de nos contrées, Valérie
fait des images fortement évocatrices qui alimentent sa bien-nommée collection «Là haut sur
la montagne». Toiles, albums, cartes postales, marque-pages et autres petites beautés égrènent
son catalogue, qu’on peut télécharger sur Internet (www.lahautsurlamontagne.fr). Cette maman de trois enfants
possède, comme sa sœur Nathalie du spa Un cocon, plusieurs cordes à son arc : en plus de ses métiers
© Valerie Bron
de photographe et de monitrice de ski, elle tient le gîte La cordée (http://cordee.fr). Elle nous fait la gentillesse d’illustrer une partie de ce spécial Portes du Soleil : qu’elle en soit ici chaleureusement remerciée !
Par Myriam Cornu et Aurélie Bonnet
r
Un cocon au pays des flocons
arement spa n’aura si bien porté son nom, certes dû à l’emplacement de l’établissement en plein
cœur des Portes du Soleil mais aussi à l’autre métier de Nathalie Bron, la maman de ce « cocon »,
monitrice de ski. A 20 ans, brevet d’état ski et BTS d’esthétique en poche, elle parcourt le monde
avant de revenir dans ses montagnes. « Faire de la thalasso a toujours été mon rêve, alors il y a 12 ans, j’ai
créé des cabines dans les hôtels, avant de tout centraliser dans mon spa, il y a 5 ans ». Dans ce cadre chic
d’ardoise vêtu, où le wengé chaleureux le dispute à l’énergétique rouge, elle a mis tout son cœur. Surmontant les nombreuses embuches, elle a réussi son pari d’ouvrir cet espace bien-être et cabinet d’esthétique
tout à la fois. La star de cet institut-spa ? La table en marbre où se succèdent gommages, enveloppe-
© Valerie Bron
ments et massages sous l’eau. Les cinq esthéticiennes ont fort à faire puisque, dorénavant, les clientes
s’occupent de leur épilation et autres considérations esthétiques en arrivant en station : « Elles nous disent
que c’est plus sympa de faire cela ici que de courir partout avant de boucler les bagages ! » Prendre soin
de soi, n’est-ce pas l’objectif numéro 1 des vacances, après tout ? www.uncoconaupaysdesflocons.com / 04 50 75 81 29
r
Chez Roger
oger, dans le milieu, c’est tout simplement Tarzoon. Pionnier du deux-roues en montagne,
il a créé le Mondial du VTT, un événement organisé depuis par les 2 Alpes, ce qui n’a
pas été forcément pour plaire aux autorités locales. Mais Tarzoon est plus fort que la
politique et ses frontières : son bar à vin morzinois plaît énormément aux Britanniques qui voient
en lui un « caractère » qui baragouine trois mots d’anglais sans complaisance, un personnage « so
French ». Petit et cosy à souhait, son antre reçoit donc aussi bien les amateurs de bon vin que les
Une source d'inspiration unique
www.yooko.fr
puristes passionnés de VTT venus rendre visite au « mythe » Tarzoon.
Décoration, design, architecture d'intérieur
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nos adresses cosy
Jardiflore Tavernier
d
ans cette affaire familiale, Denis Tavernier, sa femme, sa fille et son gendre sont aux petits
soins pour leurs clients, et sur tous les fronts, quels que soient leurs projets d’aménagement.
Paysagisme, jardinerie, magasin de déco, ils ont tout ce qu’il faut pour la maison et ses environs.
Leur très talentueuse fleuriste/décoratrice Fanny n’est pas non plus pour rien dans la réputation de
l’enseigne.
a
Agence créer et rénover
l’origine du concept, trois frères, Jean-Guillaume, Benjamin et Julien. Avec le soutien non
négligeable de leurs épouses qui s’investissent avec eux, ils ont créé plusieurs sociétés, reflets
de leur goût pour la construction et la rénovation (menuiserie, peinture, isolation extérieure,
carrelage...). De leur sens du service est née l’agence Créer & Rénover. Basée au centre de Morzine,
elle regroupe l’ensemble des activités, de l‘agence immobilière Call Home à la construction/rénovation
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en passant par le cabinet d’architecture pour des gestions de projets de A à Z.
LE MAGAZINE DE L’ART DE VIVRE EN MONTAGNE
Bar Crépuscule et restaurants Lotthys et Changabang
l
4 NUMÉROS = 18 EUROS
e Changabang, c’est d’abord l’histoire de deux amis originaires du Havre arrivés il y a plusieurs
années avec leurs petites familles sous le bras. Ils ont réussi ce qui ressemble à un tour de force
en montagne, en s’imposant dans l’univers prisé des nuits de Morzine et de la restauration sur
les pistes. Plus que les murs de ces établissements chaleureux, ce sont l’accueil des hôtes, Nicolas et
Vincent, et le sourire omniprésent qui en font des endroits incontournables !
s
!
BULLETIN D’ABONNEMENT
Oui, je m’abonne à Cosy Mountain pour 1 an (4 numéros) et je joins mon règlement de 18 euros par chèque bancaire à l’ordre de
FREE PRESSE. A renvoyer à : FREE PRESSE - Savoie Technolac 18 allée du lac st André - 73 382 LE BOURGET DU LAC
© Valerie Bron
ski-mobile.com
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eule compagnie à livrer et récupérer le matériel de location directement sur le lieu de résidence
des skieurs, ski-mobile propose un service « confort » moderne à souhait. C’est aussi ça, l’art
de vivre en montagne : se délester d’un maximum de soucis, de préoccupations. Avec Luc et
NOM ___________________________________________ PRENOM _________________________________________
Olivier, fini le cauchemar de l’arrivée en station : vous savez ce moment où on pourrait se détendre un
ADRESSE _______________________________________________________________________________________
peu du voyage mais où, stupeur, on réalise qu’on a plutôt intérêt à aller faire la queue au magasin, si on
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veut pouvoir skier le lendemain. Là, vous passez un petit coup de fil, et hop, on vient vous livrer à l’heure
CODE POSTAL ______________________________________ VILLE __________________________________________
du petit-déjeuner. Si essayer ses chaussures depuis son canapé semble parfaitement convenir à la
clientèle britannique, nul doute que nous, les Frenchies, sommes tout à fait habilités à en profiter aussi !
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