Bulletin d`information n°59

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Juillet-Août 2015
Mais qui veut tuer les « SHA »?
Selon une étude publiée dans la revue "Plos One", les solutions hydroalcooliques seraient
dangereuses pour la santé, car favorisant l'absorption par la peau de bisphénol A, un perturbateur endocrinien nocif. Le Dr Pierre Parneix, président de la Société française d'hygiène
hospitalière explique pourquoi ces arguments sont infondés. Les titres alarmistes, repris en
masse par les médias sur les dangers des SHA, ne reflètent en rien le contenu de l’étude
effectuée par des chercheurs de l’université du Missouri. Tout d’abord, il faut toujours se
méfier des publications sur des plateformes en "open access" comme Plos One, dont la qualité scientifique n’est pas toujours très rigoureuse.
Une étude qui n'a pas de sens expérimentalement
Les nombreux articles publiés sur cette étude laissent penser que les SHA contiendraient du
bisphénol A, un perturbateur endocrinien, ce qui n’est pas le cas. En réalité, les chercheurs
ont demandé dans ce cas précis aux volontaires de mettre une dose importante de SHA sur
leurs mains sans exercer de friction, puis de tenir un ticket de caisse dans leur main et observé si du bisphénol A (contenu dans ces tickets) pénétrait dans la peau au bout de quatre
minutes. Expérimentalement, cette étude n’a pas vraiment de sens. D’une part parce que les
mains mouillées à l’eau favorisent également l’absorption de bisphénol A. D’autre part car on
ne met jamais une quantité aussi élevée de solution hydroalcoolique sur les mains. Et enfin,
parce que personne ne reste tenir un ticket de caisse les mains mouillées ou recouvertes de
solution hydroalcoolique pendant quatre minutes.
Le danger, c'est le bisphénol, pas le gel antimicrobien
En outre, cette étude porte sur les dangers du bisphénol A, et non sur les SHA en lui-même.
Or la France est en avance sur la prise en compte des risques entraînés par l’absorption de
bisphénol A, classé comme perturbateur endocrinien et sous surveillance . Notre pays a notamment interdit son utilisation dans les emballages des produits alimentaires et de nombreuses grandes enseignes ont éliminé ce composé de leurs tickets de caisse.
Dans ce numéro :
Les SHA en danger
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A l’agenda
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GEA en EHPAD
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Septicémies néonat
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KT + chlohexidine
5
Antibiorésistance et ARS
6
Annuaire national
7
Soignants malades
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Chaque bulletin contient des points de :
• Formations
• Surveillances
• Signalements
Les solutions hydroalcooliques sont indispensables en établissements de santé
Quant au SHA, il n’est pas pour le grand public une référence pour l’hygiène des mains, pour
laquelle on privilégie de l’eau et du savon quand c’est possible. Mais en cas d’absence de
point d’eau ou de présence d’épidémie, cette solution reste la plus efficace contre les microorganismes. En créant une alerte autour d’un produit et en le détournant complètement de
son usage normal, l’étude est contraire aux bonnes pratiques d’utilisation des SHA. La friction des mains avec les SHA est en effet devenue une technique de référence en établissement de santé. Grâce à son utilisation dans les services, on augmente le taux d’observance
et on baisse le taux d’infections, notamment les infections nosocomiales comme le staphylocoque doré. C’est aujourd’hui un élément crucial pour assurer des soins de qualité.
Les SHA sont des produits efficaces, rapides, utiles et primordiaux dans la gestion de la prévention des infections associées aux soins. Par ailleurs, son utilisation très large, à l’échelle
mondiale, n’a jamais montré de toxicité particulière. Halte à la désinformation!
Pour en savoir plus : Article à votre disposition sur simple demande au CClin Est
Holding Thermal Receipt Paper and Eating Food after Using Hand Sanitizer Results in High Serum Bioactive and Urine Total Levels of Bisphenol A (BPA), Annette M. Hormann and coll, PLOS One, October
2014, vol 9, issue 10.
• Réglementation
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ACTUALITÉS DU CCLIN EST
ET DE SES 5 ANTENNES
J u i l l e t - ao û t 2 0 1 5
Calendrier des événements
Pour toutes difficultés concernant
les inscriptions ou la compréhension d’une surveillance (AES,
ATB, ISO, BMR et REA ) :
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mer.
jeu.
ven.
sam.
dim.
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Prendre contact si nécessaire avec
le secrétariat : 03-83-15-34-73
Les inscriptions se font en ligne sur
le site du CCLIN Est à la rubrique
surveillance. Vous trouverez également tous les outils nécessaires à la
réalisation de ces surveillances (et
audit) et les moyens de contacter les
personnes responsables de chacune d’elles en cas de nécessité.
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Rapport national ISO RAISIN : résultats 2013 en ligne
http://www.invs.sante.fr/Publications-et-outils/Rapports-et-syntheses/Maladies-infectieuses/2015/Surveillance-des-infectionsdu-site-operatoire-France-2013
Audit Endoscopie du Grephh : fin juillet, il y a actuellement 90 établissements inscrits à cet audit dans l’Est
Le retour de vos données se fait obligatoirement à l’adresse suivante : [email protected]
Audit et enquête facultatifs toujours mis à disposition des établissements :
Audit proposé : Précautions Complémentaires (http://cclin-est.fr/spip.php?rubrique285)
Enquête proposée : enquête de prévalence (http://cclin-est.fr/spip.php?article251)
COLLOQUESCOLLOQUES-JOURNEESJOURNEES- CONGRES
Journée ARLIN Bourgogne, Chalon sur Saône le 15 septembre 2015 sur « Prévention et maîtrise du risque infectieux
en EMS : quelle stratégie pour les décideurs ? » programme http://www.cclin-est.org/spip.php?article160
XXIème Journée "Hôpital propre en Franche-Comté" , Besançon le 15 octobre 2015, Chambre de commerce et d’industrie du Doubs - 46, avenue Villarceau , programme : http://neptune.chu-besancon.fr/rfclin/congres/programme_hpfc_2015.pdf
Journée CClin Est/ARLIN Bourgogne : Dijon le 27 octobre 2015 sur « Les infections urinaires nosocomiales – prévention et traitement.» - programme et bulletin d’inscription à venir
IIIème Journée «Hygiène et prévention des infections en EMS», Besançon le 3 novembre 2015, Chambre de commerce
et d’industrie du Doubs - 46,avenue Villarceau, programme :http://neptune.chu-besancon.fr/rfclin/congres/programme_ems_2015.pdf
Journée CClin Est/ARLIN Champagne-Ardenne : Reims le 13 novembre 2015 sur « Les indicateurs et les cibles du
PROPIAS» - programme et bulletin d’inscription http://www.cclin-est.org/spip.php?rubrique291
Colloque concernant l’antibiorésistance : Paris le 17 novembre 2015 sur "La démarche « une seule santé » appliquée
à l’antibiorésistance : le temps des actions" Lieu : Amphithéâtre Laroque - Ministère des Affaires sociales et de la santé 14, Avenue Duquesne 75007 Paris - programme et bulletin d’inscription à venir
1ére Journée régionale antibiothérapie, Besançon le 18 novembre 2015, Centre Diocésain - 20 rue Mégevand - 25 000
Besançon, programme : à venir
10ème congrès « Biologie et Hygiène Hospitalière », Paris le jeudi 31 mars 2016 au Lycée Pierre-Gilles de Gennes ENCPB 11 rue Pirandello 75013 Paris. Inscription gratuite par mail à l'adresse suivante : [email protected]
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ACTUALITÉS DU CCLIN EST
Epidémies de gea en ehpad : les particularités
Les épisodes de gastro-entérites qui touchent les institutions
accueillant des personnes âgées et/ou dépendantes ne suivent pas les épidémies en population générale, selon une
étude réalisée en Alsace. Dans les institutions de personnes
dépendantes, les gastro-entérites virales sont fréquentes et
hautement contagieuses.
L'analyse portait sur des services de médecine gériatrique et
de réadaptation, de psychogériatrie, d'établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et de
maisons d'accueil spécialisées pour adultes handicapés.
L'analyse a porté sur 98 épisodes dans 35 unités. La fréquence des épisodes de gastro-entérites était très variable
d'un hiver à l'autre. Elle oscillait entre 22% et 75% des services d'une année sur l'autre.
A la différence de la grippe, les épisodes ne se sont pas forcément produits en même temps que les épidémies affectant la
population générale. Au terme de la septième saison, ce travail met en évidence que le taux d'attaque ne décline pas
malgré le renforcement de la surveillance et de la déclaration.
Pendant les six années analysées dans la publication, celui-ci
variait de 23% à 66%. En 2015, le taux d'attaque a été supérieur à la médiane des sept dernières années.
Les salles à manger pourraient constituer un facteur d'infection croisée, estiment les auteurs de l'article.
Pour en savoir plus : Article à votre disposition sur simple
demande au CClin Est
Gaspard P, Ambert-Balay K, Mosnier A, Aho-Glélé S, Roth C,
Larocca S, Simon L, Talon D, Rabaud C, Pothier P, Burden of
hp://www.lerelays.fr/?
gastroenteritis outbreaks: specific epidemiology in a cohort of
institutions caring for dependent people, Journal of Hospital
Pour caractériser les épisodes de gastro-entérites et leur évoInfection (2015), doi: 10.1016/ j.jhin.2015.05.012
lution, les données relatives à 35 unités réparties sur 18 sites
en Alsace chaque saison entre 2008 et 2014 ont été colligées.
Surveillance des bactéries multirésistantes dans les
établissements de santé en France : résultats 2013
La hausse de la densité d'incidence des entérobactéries productrices de bêta-lactamases à spectre étendu (EBLSE) se poursuit en France, selon le rapport de la surveillance nationale des bactéries multirésistantes dans les établissements de santé
RAISIN 2013.
La surveillance des Staphylococcus aureus résistants à la méticilline (Sarm) et des EBLSE, prônée par différentes recommandations et programmes de prévention nationaux, est menée par les Centres de coordination de la lutte contre les infections
nosocomiales (CClin). Le principal indicateur retenu au niveau national est la densité d'incidence pour 1.000 journées d'hospitalisation (JH) des malades ayant au moins un prélèvement à visée diagnostique positif à Sarm ou EBLSE.
En 2013, 1.347 établissements de santé ont participé à la collecte des données sur les bactéries multirésistantes (BMR) dans
le cadre du réseau d'alerte, d'investigation et de surveillance des infections nosocomiales (Raisin).
La densité d'incidence globale des EBLSE était en 2013 de 0,55 pour 1.000 JH. Cela représente une hausse d'un facteur 4,3
par rapport à 2002 (0,13 pour 1.000 JH). Toutefois, la hausse en 2013 est moins forte que les années précédentes, la densité
d'incidence étant de 0,53 en 2012, alors qu'elle était de 0,46 en 2011, 0,39 en 2010 et de 0,32 en 2009, note-t-on.
Escherichia coli reste de loin la première espèce isolée parmi les EBLSE (58,8%), devant Klebsiella pneumoniae (22,9%). La
densité d'incidence d'E. coli, multipliée par 14 depuis 2002, était de 0,32 pour 1.000 JH en 2013, plutôt stable par rapport à
2012 (0,31), contre 0,27 en 2011, 0,23 en 2010 et 0,19 en 2009.
Pour les Sarm, en revanche, la baisse continue, la densité d'incidence atteignant 0,30 pour 1.000 JH en 2013, soit une diminution globale de 53% depuis 2002.
Les auteurs du rapport insistent une fois de plus sur l'importance de "continuer à agir non seulement sur la transmission croisée avec une emphase particulière sur l'hygiène de l'environnement dans les services de soins pour maîtriser la diffusion des
entérobactéries liée au 'péril fécal' (gestion des excreta) mais aussi sur la pression de sélection par les antibiotiques".
Compte tenu du caractère parfois communautaire des EBLSE, ces actions pour réduire la pression de sélection antibiotique
doivent se renforcer et mobiliser l'ensemble de la communauté médicale, dans les établissements de soins comme en ville.
Pour en savoir plus rapport national de 107 pages
http://www.invs.sante.fr/Publications-et-outils/Rapports-et-syntheses/Maladies-infectieuses/2015/Surveillance-des-bacteries-multiresistantesdans-les-etablissements-de-sante-en-France
ANNÉE 2015, JUILLET-AOÛT
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Moins de staphylocoque à coagulase négative dans
les septicémies néonatales?
Les septicémies néonatales sont classées en précoces lorsque qu’elles surviennent au cours des trois premiers jours de
vie, puis en tardives après le 3ème jour. Le type et la fréquence des germes rencontrés pendant ces deux périodes
ont subi quelques variations au cours du temps du fait en
particulier de la mise en place de différentes mesures telles
que le dépistage et le traitement des colonisations maternelles à streptocoque B (SB), mais aussi le développement
des soins prodigués aux grands prématurés, à l’origine de
complications infectieuses.
A l’hôpital universitaire de Yale les données bactériologiques
sont prospectivement enregistrées depuis 1928. Une équipe
d’épidémiologistes pédiatres s’est particulièrement intéressée aux infections notées pour la période 2004-2015 dans
un seul service de soins intensifs néonatals et a comparé
ces données avec celles des décennies précédentes. De
1989 à 2003, 27 % des nouveau-nés de très petit poids
avaient au moins une infection, principalement à Staphylocoque à coagulase négative (SCN). A partir de 2003, des
mesures d’hygiène strictes ont été progressivement mises
en place. Les auteurs ont retenu le diagnostic de septicémie
si l’hémoculture était positive à l’un des germes classiques
des infections néonatales et en cas de SCN, si 2 hémocultures étaient positives ou s’il existait des signes cliniques
d’infection suivi d’une antibiothérapie adaptée.
En 2004-2015, 452 micro-organismes ont été identifiés lors
de 410 épisodes infectieux chez 340 nourrissons. Les infections précoces ont concerné 42 d’entre eux avec 44 germes
incriminés. Le taux est resté relativement stable sur toute la
durée de l’étude (0,9/1 000 naissances vivantes). Pour la
première fois par rapport aux décennies précédentes, la
majorité (60 %) des nouveau-nés infectés étaient de très
petit poids de naissance et E. coli le 1er germe dans 45 %
des cas, devançant les SB (36 %).
Les résultats du prélèvement vaginal à la recherche de SB
étaient inconnus ou négatifs 11 fois sur 15 et 8 nourrissons
étaient prématurés. En ce qui concerne les 368 épisodes
d’infections tardives, elles ont concerné 298 nouveau-nés et
408 germes ont été impliqués. Les SCN étaient les germes
les plus communs (31 %), suivis de S. aureus (17 %), Enterococcus faecalis (13 %), E coli (11 %). Les taux de ces infections tardives à J 33 ± 32, particulièrement de celles à SCN,
ont baissé significativement après mise en œuvre de plusieurs mesures préventives dont l’arrêt des prélèvements
sanguins par cathéter, le raccourcissement des périodes de
maintien d’un cathéter central. Les SCN étaient responsables
de 31 % des infections en 2004-2009 contre aucune à partir
de 2011.
En conclusion, les mesures préventives des infections néonatales ont modifié profondément leur épidémiologie. Leurs nouvelles caractéristiques doivent être prises en compte pour la
prescription de l’antibiothérapie.
Pour en savoir plus :
Bizzaro MJ et coll. : Neonatal sepsis 2004-2013: the rise and
fall of coagulase-negative staphylococci. J Pediatr., 2015;
166: 1193-9 (Article à votre disposition sur simple demande
au CClin Est)
Rapport annuel de surveillances des infections nosocomiales
en maternité : MATER 2014 :
http://cclin-sudest.chu-lyon.fr/Reseaux/MATER/Resultat/2014/Rapport2014.pdf
Un voyageur sur deux en zone tropicale rapporte
des bactéries multirésistantes
La moitié (51%) des personnes qui voyagent en zone tropicale « rapportent » des Entérobactéries multirésistantes, selon une
étude Française. Cette fréquence élevée diffère selon les zones géographiques visitées : au retour d’Asie, plus de 72 % des
voyageurs en sont porteurs, plus de 47 % au retour d’Afrique subsaharienne et un peu plus de 31 % au retour d’Amérique du
Sud. Le suivi prolongé des voyageurs montre que 95 % d’entre eux éliminent spontanément ces bactéries multirésistantes
dans les 3 mois suivant leur retour.
L’étude a été menée sur 824 personnes bien portantes avant et après un séjour en zone tropicale (Afrique subsaharienne,
Asie ou en Amérique du sud). Les sujets ont répondu à un questionnaire et fourni un prélèvement de selles dans la semaine
précédant leur départ et dans les trois jours suivant leur retour. L’étude montre également que l’acquisition de ces microorganismes est favorisée par la prise d’antibiotiques, la survenue d’une diarrhée pendant le voyage et le type de voyage : les
séjours ouverts (voyage organisé, familial ou de type « routard ») présentent un risque plus élevé que les séjours fermés en
hôtel club. Ces résultats rappellent l’importance d’un usage prudent des antibiotiques (souvent consommés de manière excessive en cas de simple diarrhée), celle du respect des règles de prévention et d’hygiène élémentaires (laver les aliments, se
laver les mains, boire de l’eau en bouteille, etc.) pendant le voyage, indiquent les auteurs. Ils soulignent également la nécessité d’étudier l’implication possible des entérobactéries multirésistantes chez les patients déclarant une infection dans les trois
mois suivant leur retour de zone tropicale. Ainsi, les professionnels de santé de ville et hospitaliers pourront prescrire un traitement adapté à une éventuelle résistance aux antibiotiques.
Pour en savoir plus : Article à votre disposition sur simple demande au CClin Est
High Rate of Acquisition but Short Duration of Carriage of Multidrug-Resistant Enterobacteriaceae After Travel to the Tropics
Etienne Ruppé and coll, Clin Infect Dis. first published online April 22, 2015 doi:10.1093/cid/civ333
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ACTUALITÉS DU CCLIN EST
P r é v e n t i o n i n f e c t i o n s s u r c at h é t e r s :
pa n s e m e n t s i m p r é g n é s d e c h lo r h e x i d i n e
Les pansements imprégnés de chlorhexidine semblent coût-efficaces dans
la prévention des infections liées aux
cathéters posés chez les patients en
réanimation, selon une étude française
financée par la société 3M.
Les infections sanguines liées aux
cathéters sont associées à une mortalité accrue et à un allongement de la
durée du séjour en réanimation. Ce
risque dépend notamment des mesures d'hygiène, du choix du matériel,
du type d'antisepsie, de la fréquence
de changement du cathéter et du type
de pansement.
Dans cette étude Française, les auteurs ont évalué l'impact médicoéconomique des pansements imprégnés de chlorhexidine commercialisés
par 3M (Tegaderm* CHG) par rapport
aux pansements transparents sans
action antibactérienne. Pour cela, ils
ont bâti un modèle de Markov évaluant
l'impact sur 30 jours, à partir des don-
nées d'un essai clinique contrôlé randomisé mené auprès de 1.898 patients pris en charge dans 12 services
de réanimation français.
Les auteurs ont effectué 1.000 simulations pour une stratégie de 1.000 patients, avec huit états de santé (avec
ou sans infection liée au cathéter,
avec ou sans dermatite de contact, un
seul ou plusieurs cathéters, sortie de
l'hôpital, décès).
Pour l'analyse économique, ils ont
tenu compte notamment des coûts liés
aux pansements, à la pose et au changement de cathéter, aux jours supplémentaires en réanimation et à la prise
en charge des dermatites de contact
et des infections liées aux cathéters.
Selon la modélisation, le recours aux
pansements imprégnés de chlorhexidine permet de prévenir 11,8 cas
d'infection liée au cathéter pour 1.000
patients, soit des pansements à utiliser
pour 85 patients pour éviter un cas
d'infection.
Sur 30 jours, le coût moyen par patient
était de 16.461 euros avec des pansements imprégnés de chlorhexidine,
contre 16.320 euros avec des pansements classiques, soit un coût supplémentaire de 141 euros non significatif
au plan statistique.
Le coût supplémentaire entraîné par
l'usage des pansements imprégnés de
chlorhexidine pour un cas évité
d'infection liée au cathéter était de
12.046 euros, ce qui est bien inférieur
au coût de prise en charge d'un patient avec une telle infection en réanimation, autour de 40.000 euros.
Ces résultats suggèrent que les pansements imprégnés de chlorhexidine
semblent plus coût-efficaces que les
pansements classiques, avec un bénéfice net par patient de 344 euros.
Pour en savoir plus : Article à votre disposition sur simple demande au CClin Est
Cost-Effectiveness Analysis of a Transparent Antimicrobial Dressing for Managing Central Venous and Arterial Catheters in
Intensive Care Units, Franck Maunoury, Anastasiia Motrunich, Maria Palka-Santini, Stéphanie F. Bernatchez, Stéphane Ruckly,
Jean-François Timsit Research Article | published 18 Jun 2015 | PLOS ONE 10.1371/journal.pone.0130439
A lire - A voir - a découvrir
Ebola : le Libéria a été de nouveau inclus dans la zone à risque Définition de cas au 01 juillet 2015 http://www.invs.sante.fr/Dossiersthematiques/Maladies-infectieuses/Fievre-hemorragique-virale-FHV-a-virus-Ebola
Les Pays Scandinaves découvrent aussi les EPC : Coincidental detection of the first outbreak of carbapenemase-producing Klebsiella pneumoniae colonisation in a primary care hospital, Finland, 2013 http://www.eurosurveillance.org/ViewArticle.aspx?ArticleId=21172
Les bactéries résistantes aux ATB seraient aussi plus virulentes??? L'antibiorésistance acquise par des bactéries semble stimuler leur
aptitude à infecter et tuer leur hôte, contrairement au paradigme du coût biologique de l'antibiorésistance, montre une étude expérimentale française. On suppose que l'acquisition de résistances aux antibiotiques a "un coût biologique" pour la bactérie, que les changements génétiques
associés à l'antibiorésistance réduisent globalement ses aptitudes, à la fois son pouvoir infectieux et sa virulence. Mais "la validation expérimentale de ce paradigme accepté par la communauté scientifique est modeste". Les chercheurs ont testé des gènes mutés de Pseudomonas aeruginosa dans des modèles animaux, observant que les gènes qui confèrent la résistance aux antibiotiques à la fois intrinsèque et acquise renforcent
la bactérie in vivo au cours de l'infection pulmonaire. Ils ont fait les mêmes observations dans des modèles animaux d'infection avec Acinetobacter baumannii et Vibrio cholerae. Ces résultats soulignent la nécessité de contrôler l'émergence de pathogènes résistants et de développer
d'autres approches de traitement et de prévention des infections. Fitness cost of antibiotic susceptibility during bacterial infection. Roux D, Danilchanka O, Guillard T, Cattoir V, Sci Transl Med. 2015 Jul 22;7(297):297ra114. Article à votre disposition sur simple demande au CClin Est
Les vaccins imparfaits représentent-ils un risque? Certains vaccins pourraient doper la virulence des agents pathogènes, comme cela vient
d’être observée pour la première fois expérimentalement avec le virus de la maladie de Marek, très répandue chez les volailles. Les vaccins incriminés, dit imparfaits, protégeraient les individus vaccinés tout en permettant au virus de survivre et d'évoluer pour devenir plus virulent. Il infecterait ainsi les sujets qui n'ont pas eu le vaccin, les rendant encore plus malades. Ce phénomène n'a été observé, jusqu'à présent, qu'avec des
vaccins contre des agents pathogènes affectant les animaux. […] Les vaccins humains ne sont pas concernés. Il y a une inquiétude pour les
futurs vaccins actuellement en développement contre Ebola, le paludisme ou, dans le futur, contre le VIH. Dans la mesure où il est quasiment
impossible de développer une immunité naturelle totale contre ces infections, il est probable que les premiers vaccins efficaces qui seront produits seront «imparfaits». Cependant un vaccin même «imparfait» sera mieux que rien et représentera malgré cela une percée très importante
contre ces maladies dévastatrices. C'est important de ne pas interpréter cette étude comme un argument contre la vaccination des enfants contre
la grippe et d'autres maladies. Les vaccins actuels sont le moyen le plus sûr et le plus efficace pour protéger les individus contre les maladies et ne risquent pas de provoquer l'émergence de souches virales plus dangereuses. Imperfect Vaccination Can Enhance the Transmission of Highly Virulent Pathogens. Read AF, Baigent SJ, Powers C, Kgosana LB, Blackwell L, Smith LP, Kennedy DA, Walkden-Brown SW,
Nair VK. PLoS Biol. 2015 Jul 27; 13(7):e1002198. Article à votre disposition sur simple demande au CClin Est
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ACTUALITÉS DU CCLIN EST
Politique
régionale
de
lut te
l’antibiorésistance : rôle des ars
contre
Les agences régionales de santé (ARS), avec l'assurance maladie, joueront un "rôle de pilotage" pour "mener une politique
régionale autour du bon usage des antibiotiques", selon une instruction de la ministre des affaires sociales, de la santé et des
droits des femmes.
Cette instruction a vocation à remplacer une circulaire de 2002 sur les "mesures relatives au bon usage des antibiotiques dans
les établissements de santé", qui mettait en place, à titre expérimental, des centres de conseil en antibiothérapie pour les médecins libéraux.
Le texte enjoint aux ARS, en coordination avec les services de l'assurance maladie de:
- mobiliser l'ensemble des professionnels de santé du secteur des soins de ville et des établissements de santé et médicosociaux
- garantir une mise en œuvre effective du conseil en antibiothérapie
- mettre en place des actions prioritaires à destination des professionnels et des établissements
- développer le partage d'expériences
- promouvoir l'implication et l'information du patient sur "l'usage raisonné" des antibiotiques.
L'instruction cible deux actions à mettre en œuvre "de façon prioritaire": la mise en place du suivi des consommations et des résistances au niveau local, ainsi que le renforcement de l'utilisation des données; le développement du
conseil en antibiothérapie.
Parmi les "autres actions" prioritaires, il est demandé, pour les établissements de santé, une "attention particulière" à:
- la "protocolisation" des antibiothérapies de première intention
- la réévaluation des antibiothérapies
- l'informatisation et "l'interfaçage" entre les logiciels
- la liste d'antibiotiques "critiques" établie par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM)
et des bactéries les plus génératrices de résistances.
Pour la médecine de ville, les autres actions prioritaires consistent à:
- favoriser le respect des recommandations d'antibiothérapie et des stratégies thérapeutiques
- augmenter l'usage des tests rapides d'orientation diagnostique (TROD)
- centrer les actions à partir de la liste d'antibiotiques "critiques" établie par l'ANSM et des bactéries les plus génératrices de
résistances
- engager les actions spécifiques sur la réévaluation de l'antibiothérapie
- évaluer les pratiques en matière de qualité des prescriptions
- assurer une vigilance accrue sur les durées de prescription.
Dans le secteur médico-social, "des actions ont d'ores et déjà été développées dans les établissements d'hébergement pour
personnes âgées dépendantes (Ehpad) [...] mais nécessitent d'être renforcées", est-il précisé dans l'instruction.
L'élargissement des actions engagées en ville et en établissement de santé au secteur médico-social devra faire l'objet d'une
réflexion et d'un repérage des actions innovantes, qu'il conviendra de transmettre pour information au secrétariat général chargé du ministère de la Santé, les ARS devant accompagner les établissements médico-sociaux dans la mise en œuvre d'actions "via la contractualisation, les structures d'appui ou l'animation d'un réseau".
Par ailleurs, les directeurs généraux d'ARS sont tenus de mandater un chargé de mission sur l'antibiorésistance pour élaborer
et mettre en œuvre de cette politique régionale sur les antibiotiques.
Pour en savoir plus :
Instruction relative à la mise en œuvre de la lutte contre l'antibiorésistance sous la responsabilité des ARS :
http://www.cclin-est.org/spip.php?rubrique54 (rubrique Antibiotiques)
ANNÉE 2015, JUILLET-AOÛT
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Notre annuaire est votre annuaire
Le réseau CClin-Arlin met progressivement en place, sur internet, un annuaire national partagé, répertoriant :
- tous les professionnels de santé exerçant dans le domaine de la prévention des infections associées aux soins et la gestion des risques,
- ainsi que les établissements de santé et médico-sociaux, des 5 interrégions (CClin) et des 26 régions (Arlin)1.
Initié en 2013 et piloté par le CClin Ouest, ce projet a pour objectifs de permettre :
• la consultation de l’ensemble de l’annuaire par tous les professionnels inscrits (identifiants nécessaires) ;
• les inscriptions en ligne pour les surveillances, les audits et les enquêtes ;
• la mise à jour en continu des données par les CClin et les Arlin.
Sa mise en ligne a débuté à la mi-juillet. Les professionnels présents dans cet annuaire ont reçu automatiquement un
message leur indiquant leurs identifiants de connexion.
Si vous n’avez rien reçu, vous pouvez contacter le CClin Est. Nous invitons chaque professionnel à consulter ses informations personnelles et à nous signaler tout changement ou complément d’information.
Ce que vous pourrez faire ?
• La recherche des structures et des professionnels pourra se faire sur plusieurs critères.
• Cette recherche sera possible sur l’ensemble des professionnels et structures, quel que soit leur CClin d’appartenance.
• Chaque site des établissements apparaîtra comme une structure à part entière et sera accessible de façon individuelle2.
• Tous les professionnels présents dans l’annuaire, incluant les professionnels des tutelles (au sens large : ARS, DGOS,
DGS, assurance maladie…), mais aussi les professionnels des Structures Régionales d’Appui (SRA)3 auront un accès aux
informations.
• En 2016, l’annuaire national permettra les inscriptions aux surveillances, audits et enquêtes.
[1] L’annuaire national a fait l’objet de la déclaration - n°1783161– à la CNIL.
[2] Les établissements sanitaires, médico-sociaux, mais aussi les laboratoires sont identifiés en tant que structure juridique
par un code Finess juridique. Les différents sites d’une même structure juridique sont à leur tour identifiées par un code
Finess établissement ou géographique. Les établissements ne comportant qu’un site, sans structure adossée, sont identifiés par leur code Finess juridique et Finess établissement.
[3] Pour les SRA souhaitant utiliser l’annuaire national, une convention sera établie avec le CClin de rattachement.
Pour en savoir plus : vous aurez des explications plus développées du contenu du futur annuaire à la lecture
du document suivant : https://cclino.chu-rennes.fr/cclin/Annuaire/aide/doc_aide.pdf
D.U. Prévention des infections nosocomiales
nancy 2015-2016
ANNÉE 2015, JUILLET-AOÛT
Page 8
Les soignants avec symptômes infectieux ne sontpas souvent en arrêt de travail : pourquoi ?
Beaucoup de professionnels de santé souffrant d’une maladie aiguë telle qu’une rhinopharyngite, une grippe ou une gastroentérite, ne se mettent pas en arrêt de travail. Ils constituent alors pour leurs patients, notamment les plus fragiles (nouveau-nés,
immunodéprimés, etc.), une source d’infections liées aux soins. Une enquête transversale par questionnaire, menée dans un
hôpital d’enfants de Philadelphie (USA), précise la fréquence de ce comportement à risque et explore ses motivations.
Le questionnaire a été adressé par mail à tous les médecins traitants et auxiliaires médicaux de l’hôpital. Il y a eu 58 % de réponses (n=538/939), à peu près autant chez les médecins (n=280/459) que chez les auxiliaires médicaux (n=256/470). Environ
quatre soignants sur 5 (83,1 %) ont déclaré être venus travailler bien que malades au moins une fois au cours de l’année écoulée et, un sur 10 (9,3 %), cinq fois ou plus. Des médecins, et moins fréquemment des auxiliaires médicaux, étaient disposés à
travailler avec de la toux et une rhinorrhée (en tout 75 %), des symptômes respiratoires à début aigu (55 %), de la diarrhée (30
%), de la fièvre (16 %)… et même des vomissements (5 %). Pourtant, 95,3 % des soignants étaient conscients du risque de
contaminer leurs patients.
Les raisons pour continuer à travailler étaient par ordre de fréquence décroissant :
•
« ne pas laisser tomber les collègues » (98,7 %),
•
le manque de personnel (94,9 %),
•
« ne pas laisser tomber les patients » (92,5 %),
•
la crainte d’être mis à l’écart par les collègues (64,0 %), plus exprimée par les auxiliaires médicaux,
•
le souci de la continuité des soins (63,8 %), plus exprimé par les médecins traitants.
Une analyse qualitative des réponses aux questions ouvertes a isolé trois sortes de facteurs poussant à continuer à travailler
malgré une maladie aiguë :
•
des problèmes logistiques : l’absence d’un système de remplacement des arrêts maladie, l’extrême difficulté à trouver
un remplaçant, le manque de flexibilité du système dû à l’objectif de productivité ;
•
des normes socioculturelles : l’usage de ne pas s’arrêter sauf pour les symptômes les plus sévères, le désir très fort
de ne pas surcharger les collègues, un sentiment de culpabilité à demander aux autres de travailler à sa place ;
•
une ambiguïté sur les symptômes et les risques : il y a des degrés dans les symptômes, et la limite justifiant un arrêt
de travail n’est pas toujours nette ; il n’est pas concevable de s’arrêter de travailler pour tous les symptômes infectieux.
Pour les auteurs, les résultats de l’enquête pourraient inspirer la conception de systèmes permettant aux professionnels de
santé malades de protéger leurs patients et leurs collègues tout en se soignant eux-mêmes. En cas de virose respiratoire, un
changement de poste temporaire, le télétravail, le port d’un masque sont des alternatives à l’arrêt de travail.
Pour en savoir plus :
Szymczak JE et coll.: Reasons why physicians and advanced practice clinicians work while sick: a mixed-methods analysis.
JAMA Pediatr publié en ligne le 6 juillet 2015.
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