Chronique d`une résidence Grande Image Grande Surface
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Chronique d`une résidence Grande Image Grande Surface
Photo © NCS / Impression : Imprimerie départementale dreaming of trees NIKOLAS CHASSER SKILBECK ARTHUR ZERKTOUNI Le dispositif Résidence territoriale annuelle en établissement scolaire est soutenu par la DRAC Île-de-France. La résidence de Nikolas Chasser Skilbeck et Arthur Zerktouni Grande Image Grande Surface a été mise en œuvre et cofinancée par le MAC/VAL-Conseil général du Val-deMarne. Elle s’est déroulée au lycée Adolphe Chérioux à Vitry-sur-Seine de septembre 2012 à mars 2013. Avec le soutien technique et logistique de Grande Image Lab (ESBA TALM – Le Mans), Projectile, ETC London-Paris. Lycée Adolphe Chérioux à Vitry-sur-Seine Sophie Bloch et Myriam Merlin, proviseur et proviseur adjointe Claire Jaouen et la classe de Seconde SED Signalétique Enseigne Décor Laurent Maria et la classe de Première Horticulture Rabia Zayani et la classe de Terminale Bâtiment Gros œuvre Élise Benard, Jodel Oualembo et la classe de Première ÉlectroTechnique Camille Caron et la classe de Brevet Métiers d’Art CHRONIQUES D’UNE RÉSIDENCE GRANDE IMAGE GRANDE SURFACE, 2012-2013 Lycée Adolphe Chérioux à Vitry-sur-Seine MAC/VAL, Musée d’art contemporain du Val-de-Marne à Vitry-sur-Seine Équipe des publics / Régie audiovisuelle Remerciements Christophe Domino, critique d’art, enseignant, responsable de l’unité de recherche Grande Image au sein de l’École supérieure des beaux-arts Tours-Angers-Le Mans PRÉFET DE LA RÉGION Grande Image Grande Surface Chroniques d’une résidence Présentation Le destin des images, c’est leur partage : par ceux qui les regardent comme par ceux qui les font. L’expérience de la Grande Image telle qu’elle a été développée à l’École supérieure des beaux-arts du Mans depuis près de cinq ans est un projet de partage. D’où la grande image, qui amène à la vidéo la dimension de ce partage, à l’échelle de l’architecture. Partage avec des étudiants, des artistes, dans les rues de Lyon, de Paris, de Nantes, au Mans et ailleurs, aujourd’hui à Vitry et avec le public, « grand » lui aussi. Ainsi, si la démarche relève des programmes de recherche commune à l’enseignement supérieur, en l’occurrence au travail du Grande Image Lab, elle a vocation à s’ouvrir vers le musée, d’où les collaborations avec le MAC/VAL, et, à travers l’engagement des artistes, vers tous ceux que l’image concerne. Au travers de la résidence au lycée Chérioux de Nikolas Chasser Skilbeck et Arthur Zerktouni, jeunes artistes qui participent aux projets du laboratoire et de ses programmations, c’est non seulement comme spectateurs mais aussi en tant qu’inventeurs d’image que les lycéens sont invités. Avec toutes les questions et exigences que mène à poser la démarche créatrice, sur les formes mais aussi les enjeux de l’image. Au travers des engagements individuels et institutionnels, c’est finalement un lien précieux qui se tisse, de l’enseignement supérieur au lycée, des artistes-chercheurs aux lycéens, par l’image et sa pratique partagées. 1 Couverture : Nikolas Chasser Skilbeck, Arthur Zerktouni, Dreaming of Trees, 2013, installation audiovisuelle. Photo © NCS Ci-contre : Projecteur aux fêtes des lumières à Lyon. Photo © NCS Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 Christophe Domino Critique d’art, enseignant, responsable de l’unité de recherche Grande Image au sein de l’ESBA TALM. En engageant un projet artistique nouveau, dans le cadre de la résidence et en parallèle au travail avec les lycéens, Nikolas Chasser Skilbeck et Arthur Zerktouni ont souhaité inscrire dans l’architecture du lycée ce moment sonore et imagé en quoi consiste la vidéo installation Dreaming of Trees : récit suspendu, entre énigme et allégorie, qui se glisse dans l’espace familier le temps d’une apparition par la puissance de la projection. Texte de Christophe Domino LE MOT DE L’ARTISTE La résidence Grande Image-Grande Surface au lycée professionnel Adolphe Chérioux a été l’occasion de créer Dreaming of Trees, installation audiovisuelle composée d’une projection à grande échelle et d’une installation sonore. L’image projetée a été filmée au cours de déambulations dans le domaine, elle est habitée et modifiée par des incrustations de paysages dans des silhouettes féminines. Projetée, la vidéo entre en dialogue et transforme la nature de l’architecture du bâtiment du Génie Civil, devenue alors surface de projection. L’installation sonore prend place en deux lieux, dans une allée d’arbres menant à la projection, puis s’ouvrant sous la forme d’une quadriphonie devant le bâtiment. Ces deux lieux présentent deux points de vue différents sur l’image, le son en redétermine notre interprétation et renforce la sensation d’une réalité transformée. Tout au long de cette création, des ateliers ont été organisés avec les élèves pour leur transmettre notre processus de création : recherche Ci-contre, ci-dessous : Installation audiovisuelle Dreaming of Trees, Lycée Chérioux, 8 février 2013. Photo © Lee Jaffe Page de droite : Présentation du projet aux élèves et enseignants, auditorium du lycée. 2 Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 d’une image, recherche d’un thème, découverte du vocabulaire cinématographique, du vocabulaire sonore, des logiciels de postproduction, mais aussi apprentissage de premiers outils d’analyse face à non seulement l’art contemporain mais également toutes formes d’images en mouvement. La dimension collaborative de leurs vidéos ainsi que celle de Dreaming of Trees ont permis aux élèves de découvrir la manière dont deux médiums, deux pratiques artistiques peuvent entrer en résonance. Texte de Nikolas Chasser Skilbeck Nikolas Chasser Skilbeck Artiste, membre du laboratoire de recherche Grand Image Lab LE PROJET PEDAGOGIQUE La résidence de Nikolas Chasser Skilbeck et Arthur Zerktouni a été une opportunité exceptionnelle pour les élèves qui ont participé aux ateliers. Les deux artistes ont en effet fait partager leur pratique artistique et fait réaliser aux élèves l’expérience du processus de production. Le nombre élevé des séances et l’engagement des artistes ont permis plusieurs types de transmissions. Des apprentissages concernant la prise de vue vidéo, le montage, la richesse expressive du son, les choix de mise en espace d’une œuvre. Une valorisation à la fois individuelle et collective. Par le fait d’être encouragés, de voir leurs idées, leurs envies, leurs trouvailles légitimées et reconnues comme étant de valeur. Mais également par l’investissement, en heures de travail et en exigence, des artistes dans la production des élèves. La découverte de l’expression personnelle, à travers le médium de la vidéo. Ce qui a été, pour la majorité des élèves, une expérience joyeuse et stimulante. L’ensemble de ce parcours a permis une initiation non seulement à l’acte créateur mais à la diversité des expressions plastiques de la vidéo, du son, de l’installation. Arnaud Beigel, conférencier au MAC/VAL et accompagnateur de la résidence. Texte de Arnaud Beigel 3 Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 Dossier d’élèves Ce dossier d’élèves existe sous deux formats complémentaires, papier et web, pour permettre la documentation et la diffusion de la production des élèves. La diffusion des vidéos réalisées par les élèves Toutes les vidéos sont consultables en ligne sur le site de Nikolas Chasser Skilbeck : http://ncsvideoart.com/cherioux.html Les élèves peuvent naviguer en cliquant sur leur classe puis sur les titres des vidéos. Le site est optimisé pour Google Chrome et Internet Explorer. Toutes les vidéos sont téléchargeables au format .mov, en faisant un click droit. Elles sont toutes compatibles avec VLC (un lecteur vidéo gratuit qui fonctionne sur tous les ordinateurs) et avec la plupart des autres lecteurs vidéos. Ces vidéos, faites à partir de sujets trouvés à l’intérieur des premières intuitions des élèves dans leur rapport à la capture d’images, présentent une grande variété de sujets, d’idées, de mouvements et de traitements. Certaines des réalisations reviennent sur un style de cinéma, d’autres vont se placer dans l’expérimentation artistique autour du travelling et d’autres encore traitent simplement d’une situation d’élèves au lycée. Cette variété reflète bien notre société actuelle. Nos champs d’intérêts, nos loisirs et toutes les connaissances spécifiques qui nous définissent en tant qu’individus sont multipliés par l’usage massif des médias et d’internet. Le monde de l’art subit également cette influence et les champs par lesquels il existe n’ont jamais été si vastes. À la manière dont les individus forment une société, les vidéos prennent une nouvelle dimension dans leur installation : leur variété est source de confrontations, de conciliations, de liens par la forme, par l’idée, par le mouvement et devient la force sous-jacente de cette pièce. Ainsi, les vidéos, sous une nouvelle forme, se déterminent et se définissent par une accommodation à l’espace d’accrochage, une cohabitation, une entente parfois tacite entre elles. Les classes participantes : Signalétique avec Claire Jaouen Horticulture avec Laurent Maria Bâtiment Gros-Œuvre avec Rabia Zayani Ci-dessus : Les élèves en atelier, collecte d’images. 4 Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 1 2 4 Classe Horticulture avec Laurent Maria 3 1 - Alexandre, Lola, Warrem, Le Ralenti. En entrant dans le cadre, deux personnages ralentissent le temps. Travail sur le plan tableau et le ralenti. 2- Catherine, Triptyque. Un triptyque où se mêlent arbres et ciel. Travail sur le split-screen et le rapprochement entre vidéo et peinture. Travail sonore sur l’enregistrement et la masterisation. 3 - Brian, Nicolas, Valentin, La Pomme. Mouvements et humour dans le parc. Travail sur le hors-champ et illusions cinématographiques. 4- Bruno, Gabriel, Seven, Telekinesis. Une main semble agir sur les éléments. Travail sur les illusions cinématographiques et abstractions sonores. 5 - Dylan, Olivier, Univers inconnu. Une araignée apparaît. Travail sur le plan tableau, caméra au sol et point de vue rapproché et l’abstraction sonore. 5 6 7 5 6 - Alexandre, Azzdi, Catherine, Insectes. Du point de vue du sol, un microcosme se dévoile. Travail sur le raccord par la couleur, le montage expérimental, l’échantillonnage et les effets de MAO. 7 - Armand, Nicolas, La Marche funèbre. Un parcours tête baissée. Travail sur la caméra subjective, la plongée, la mise en abyme, l’échantillonnage, la hauteur tonale. Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 1 2 Classe Signalétique avec Claire Jaouen 1 - Angélique, Ines, Léa, Pas d’entrée après la sonnerie. Une histoire de retard entre amies. Vidéo : travail autour de la série télé et du raccord mouvement en montage. Son : enregistrements et bruitages. 3 2 - Jérémie, Lucas, Morganne, Tu ne rentres pas. La propagation d’une percussion vue avec humour. Travail sur la répétition. 3 - Florian, Hamza, James, Le Chat étrange. Une ambiance angoissante entre murs et graffitis. Mettre en évidence la manière dont le son détermine l’interprétation d’une image. 4 4 - Amanda, Clément, Kevin, Nastasia, Rebecca, Entre parenthèse(s). Une scène burlesque dans un atelier de peinture. Travail sur le genre burlesque. Comment vieillir un son et une image ? 5 5 - Corantin, Entrer dans l’image mystérieuse. Expérimentations cinématographiques. Modifications de l’outil caméra. Donner du mouvement à l’immobile. Échantillonnage et détournement de Bach. 6 -Jennyfer, La Porte. Juste avant d’ouvrir une porte. Caméra subjective. Création d’une ambiance sonore en décalage par rapport à l’image. 6 6 Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 1 Classe Bâtiment Gros-Œuvre avec Rabia Zayani 2 1 - Andrei, Fabrice, Hatem, Luca, Onintsoa, Samuel, Toirik, Victor, Vlad, Wally, Case Prison. Un mini-métrage mêlant trafic de drogue, police et course poursuite. Travail vidéo sur le film policier, le raccord mouvement et le raccord caméra. Travail sonore sur l’échantillonnage, le tempo et les instruments virtuels. 2 - Djibril, Machines. Une utilisation cinématographique des machines et outils de l’atelier. Poser un nouveau regard sur son atelier : utiliser ses outils à des fins cinématographiques. Travail sur le décalage sonore, bruitages et effets de MAO. 3 3 - Allan, Milos, Wyssem, Le Clip. Un clip avec une danse minimale et étrange. Travail autour du genre du clip. Raccords mouvements et effets de transition. Création d’un morceau de musique électronique : sampling et sons synthétiques. 4 - Nicolas, Onintsoa, Victor, Parkours. Sauts, équilibre, escalade… Le lieu de travail devient un terrain de jeu. Travail sur la bande-annonce, les jeux de plongées et contre-plongées. Travail sonore sur le silence et le suspens 4 7 Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 Déroulé des séances Séance 1 Séance 2 (18 et 25 sep.2012) (2 et 9 oct. 2012 ncs&az ncs&az (Nikolas Chasser Skilbeck, 8 h Arthur Zerktouni, RDV en salle de cours. 8 h RDV dans l’atelier / classe des élèves.Présentation rapide des artistes et des élèves. Présentation rapide du projet. Distribution des caméras et micro. Explication du fonctionnement de la caméra et du micro. Les élèves sont invités à filmer librement. 8 h 40 Prise d’images et de sons dans l’atelier. Les élèves sont en groupes d’affinités, ils intervertissent les rôles d’acteur et de cameraman. Les artistes supervisent, répondent aux questions, racontent des anecdotes liées aux tournages. 9 h 20 Fin du tournage, retour avec les élèves dans la salle des deux artistes pour visionner et discuter autour des vidéos produites. Les artistes questionnent les élèves sur ce qui les a intéressés lors de cette première expérimentation. À partir des problématiques dégagées, les artistes proposent des sujets artistiques directement liés aux envies créatives des élèves. 9 h 55 Ci-dessus : Prise de vue, prise de son par les élèves. Fin de l’atelier. Travail de préparation des artistes pour la séance suivante. Création des « feuilles de route » contenant le/les sujet(s) trouvé(s) par chaque groupe et une image extraite de leurs vidéos. 8 Distribution des feuilles de route. Discussions autour des sujets trouvés lors de la séance précédente.Discussions autour de l’aspect sonore des vidéos. 8 h 30 Distribution des appareils photo, d’un trépied (sauf groupes travaillant le déplacement) et du zoom H1 avec un casque audio. Explications concernant l’utilisation du trépied. 8 h 35 Tournage en atelier. Les élèves tournent des images en suivant leur sujet. Ils essaient de le développer. Feuilles de route en main, ils notent les idées qu’ils ont. Les artistes vont de groupe en groupe et supervisent la réalisation d’une ou plusieurs prises entières. 9 h 15 Fin du tournage, retour avec les élèves dans la salle d’atelier des artistes pour visionner et discuter autour des vidéos produites. Discussion autour des nouvelles images.Décisions concernant l’ambiance sonore des projets. Commentaires des artistes. Travail de préparation des artistes pour la séance suivante. Réalisation de premiers sons et d’un premier montage de certaines images. Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 Séance 3 (16 et 23 oct.) ncs Séance 5 (du 11 déc. au 15 jan. 2013 8 h ncs&az RDV en salle de cours. Regarder les vidéos avec un premier montage, ainsi que les projets réalisés dans les autres classes. 9 h Filmer en ayant à l’esprit : « Filmer les éléments qui manquent au projet ». 9 h 55 Fin de l’atelier. Travail de préparation des artistes pour la séance suivante. Préparation des projets « final cut ». Séance 4 (du 4 au 18 déc. ncs 8 h RDV en salle de cours. Installation des vidéo-projecteur, ordinateur et haut-parleur. Regarder ce que les élèves ont réalisé lors de la séance précédente, ainsi que les nouveautés amenées par le montage. 8 h RDV en salle de cours. Séance de création sonore. Introduction : Qu’est-ce que le son ? Explication rapide des logiciels et présentation de la « banque sonore ». Présentation de quelques expériences sonores (fréquences pures, effets…). 8 h 45 Création de la bande sonore. Regarder les vidéos sans le son. Discussion autour des envies et des attentes des élèves : adopter un vocabulaire, éveiller la curiosité. Faire divers tests et mettre en place les différents éléments de la bande-son. 9 h 50 Réfléchir à la manière dont le son sera diffusé lors de la présentation des vidéos au public. 8 h 30 Montage. Explication des différents raccords (fondu, cut…). Explication des effets vidéos (échelle, étalonnage…). Explication de l’origine du montage et discussion autour de la notion de rythme. Montage des vidéos avec les élèves. Ci-dessus : En atelier … 9 Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 Séance 6 Séance d’installation des vidéos dans l’espace d’exposition (du 8 déc. au 29 jan. 2013) ncs&az 8 h RDV en salle de cours. Regarder l’ensemble des vidéos et les commenter. 8 h 30 Chaque groupe réfléchit à un titre pour sa vidéo. Chaque groupe détermine le support de diffusion souhaité (écran ou vp, casque ou hp). 8 h 45 Les artistes parlent de l’installation. 10 Analogie entre l’installation artistique et le plateau d’échecs au travers d’une relation de mouvements géométriques invisibles, de l’influence des pièces entre elles. Penser la globalité sonore : métaphore de l’orchestre. 9 h Installation avec les élèves. Les élèves essaient de placer leurs vidéos à différents endroits et sur différents supports. Les artistes commentent et induisent les élèves à trouver une direction répondant ou transformant les problématiques citées en début d’atelier. 9 h 40 Les artistes parlent de leur projet personnel en les poussant à utiliser les outils de compréhension acquis lors des ateliers. Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 Vues partielles de l’installation des vidéos des élèves, lycée Chérioux, salle Vertadier, 8 et 9 février 2013 11 Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 LE PROJET ARTISTIQUE «DREAMING OF TREES» Transposition Poétique Ce projet exprime la volonté d’inscrire l’espace diégétique d’une image dans le réel. Lors de nos travaux à l’intérieur du groupe de recherche Grande Image Lab, nous avons remarqué que lorsqu’on projette à grande échelle, hors des formats traditionnels de la vidéo (16/9, 4/3…), l’image redéfinit, remplace le support de projection et crée l’illusion de s’inscrire directement dans la réalité. J’ai réalisé une image jouant de cette nature de la projection, filmée à l’intérieur du domaine de Chérioux, elle se mêle naturellement à l’espace qui l’accueille. Elle propose un univers proche du réel où le traitement esthétique de l’image et des effets relevant de spécificités vidéographiques (l’incrustation d’une silhouette entre autres) apporte une étrangeté poétique et crée un espace diégétique s’inspirant du conte. Cet espace est accentué, renforcé par une installation sonore d’Arthur Zerktouni qui, d’une part, pose un son d’ambiance accompagnant l’image et, d’autre part, apporte une modification visuelle en s’implantant dans les arbres d’une allée menant à la projection. Les sonorités discrètes nous parviennent subtilement, à la manière d’hypnagogies auditives. Ainsi, le spectateur entre dans l’espace diégétique dès le début de l’allée jusqu’au point de vue frontal donnant sur la projection. À cela s’ajoute le fait que l’espace sonore dans l’allée et l’espace sonore devant la projection proposent deux points de vue, deux interprétations et deux sensations différentes de l’image. L’étrangeté de la vidéo et de la gestuelle du personnage incrusté participe à cela. Tous ces éléments combinés créent un dispositif subtil jouant sur l’affect du spectateur qui a la sensation de participer à une réalité transformée. Texte de Nikolas Chasser Skilbeck Paysage filmé dans le domaine de Chérioux servant de fond aux incrustations. 12 Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 Implantation du projet dans le domaine de Chérioux Nous avons choisi de projeter sur la façade du bâtiment « Génie Civil ». Ce bâtiment répond à plusieurs paramètres allant dans le sens de nos attentes en vue d’une projection à grande échelle. Il se situe au cœur du domaine, devant lui se trouve un espace ouvert assez grand pour accueillir un large nombre de spectateurs. Nous pourrons voir l’image de plusieurs points de vue dont un point de vue frontal permettant d’apprécier le bâtiment de plain-pied et une allée d’arbres menant à celui-ci permettant de le voir d’un point de vue éloigné. Nous installerons la régie de laquelle nous contrôlerons la projection vidéo et la diffusion sonore dans l’espace ouvert en face du bâtiment. Cet espace bénéficiera d’une quadriphonie créée à l’aide de quatre enceintes disposées en carré. Les arbres dans l’allée menant au bâtiment seront investis d’une installation sonore composée de tubes PVC avec de petits hautparleurs à l’intérieur. Cette disposition permettra une entrée dans l’espace diégétique de l’image dès le point de vue le plus éloigné contenant l’installation sonore et la projection. L’image aura deux espaces d’interprétation différents : le chemin menant à elle et son point de vue frontal. Ci-dessus : Bâtiment Génie civil dans le domaine de Chérioux. Allée menant au bâtiment Génie civil. Ci-contre : Implantation du lycée dans le Domaine départemental Chérioux. Plan d’implantation du projet artistique dans le lycée Chérioux. 13 Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 Création vidéo Synopsis Dans un monde à la temporalité étirée, des apparitions féminines métamorphosent l’espace. À travers leur silhouette, on découvre un paysage transformé. Intentions Cette vidéo a été conçue pour être projetée à grande échelle, elle fonctionne avec une installation sonore. Ce travail se place dans une continuité de mes recherches autour du « plan tableau » et de l’image à grande échelle. Il se situe dans un temps contemplatif, onirique, à l’opposé du temps du spectacle, bien qu’il joue d’un effet spectaculaire en soi au travers de sa projection mais aussi de ses incrustations. Il invite le spectateur dans un rapport d’absorption, renforcé par le changement d’échelle des détails et micro-mouvements de l’image. J’ai voulu, par ce travail, apporter des spécificités de la vidéo à l’intérieur du champ de représentation du paysage. La vidéo présente un paysage filmé dans le domaine de Chérioux et habité par les incrustations d’un personnage féminin. D’autres paysages sont à leur tour incrustés dans le personnage, ce qui a pour effet de métamorphoser l’image originale. Les métamorphoses amènent d’autres arbres dans le paysage, une image de ciel ou encore des ombres. La gestuelle du personnage est étrange, connectée aux arbres, elle paraît parfois à la recherche de quelque chose, d’autres fois reste immobile. Cette étrangeté et les métamorphoses permettront une interprétation différente de l’image selon le son et le point de vue l’accompagnant. Cette vidéo s’inspire d’un univers proche du conte, elle porte en elle une poétique, une beauté associée à une profondeur psychologique nourrie par une inquiétante étrangeté. Six visuels en bande verticale – Incrustation d’un personnage. 14 Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 Nikolas Chasser Skilbeck, Arthur Zerktouni, Dreaming of Trees, 2013, installation audiovisuelle. Photo © NCS 15 Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 Création sonore La résidence Grande Image-Grande Surface a été l’occasion de développer l’aspect sonore d’une vidéo projetée à grande échelle en le pensant comme un Grand Son-Grand Espace. Ainsi, j’ai délimité deux espaces sonores, le premier sous la forme d’un parcours accompagnant l’auditeur vers l’image, le second entourant le spectateur quand il se place face à la vidéo. Le parcours sonore s’est alors implanté dans les arbres d’une allée menant au bâtiment sur lequel est projetée la vidéo. Par les multiples points de diffusions, il offrait une pluralité de points de vue éloignés sur l’image. Dès lors, l’aspect sonore a été pensé dans les décalages temporels entre les différentes sources dont le montage se faisait naturellement par la marche du spectateur et conférait ainsi à chacun une expérience personnelle. Cette expérience, comme une intrusion de l’espace diégétique dans le réel, était accentuée par la forme tubulaire des points de diffusion qui rappelait la forme des branches dans lesquelles elle s’inscrivait, mais également par un jeu de volume entre ce qui faisait musique et la réalité sonore inhérente du lieu d’accueil. C’est donc à la manière d’une onirisation que cette introduction sonore menait le spectateur vers l’image et l’espace qui lui faisait face. Ce second temps proposait une narration sous-jacente à la vidéo en évoquant les différents lieux qui la composent et en définissant la spatialité des apparitions et disparitions des silhouettes qui la caractérisent. De longues trames englobant le spectateur agissaient ainsi comme un miroir sonore et développaient par ce biais l’idée d’une intrusion vidéographique dans l’espace même de sa visibilité. C’est donc une composition globale qui s’est dessinée, toujours relative à la position ou à l’attitude du spectateur et à celles des silhouettes géantes qui lui faisaient face. Texte de Arthur Zerktouni Arthur Zerktouni, Dreaming of Trees, 2013, installation sonore dans les arbres. Photo © Lee Jaffe 16 Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 17 making off Dreaming of trees Chroniques d’une résidence Grande Image Grande Surface, 2012-2013 biographies Nikolas Chasser Skilbeck est un artiste vidéaste né à New York et diplômé avec les félicitations du jury de l’ENSA de Bourges en 2010. Son travail s’appuie sur la notion qu’il nomme « Plan Tableau ». Il s’agit d’images en plansséquences, s’inspirant de la peinture, du cinéma ou de la photographie, dans laquelle des micro-événements, micro-mouvements induisent une réalité vidéographique et la création d’une étrangeté poétique. www.ncsvideoart.com Arthur Zerktouni est un plasticien sonore né à Casablanca, diplômé du Studio National du Fresnoy avec mention en 2012. Il réalise des installations sonores interrogeant les fondements de la pensée humaine, le mythe et le temps de la mémoire. Il compose également une musique expérimentale fondée sur la latence et la répétition. Dans un esprit de travail transdisciplinaire, il réalise depuis plusieurs années les bandes sonores des œuvres vidéographiques de Nikolas Chasser Skilbeck. www.arthurzerktouni.net 20