orsque Thérèse de Lisieux entre au Carmel, elle découvre une

Transcription

orsque Thérèse de Lisieux entre au Carmel, elle découvre une
L
orsque Thérèse de Lisieux entre au Carmel, elle découvre une manière de vivre la
spiritualité carmélitaine orientée surtout vers la crainte de Dieu et la réparation.
Si bien que « certains même pensaient que la justice prévalait sur la
miséricorde »1. Bon nombre de carmélites s’offraient alors à la justice divine. Malgré
cette manière de vive à une époque marquée par le jansénisme, certaines sœurs avaient
un autre regard sur Dieu. Mère Agnès par exemple, qui fut marquée par l’éducation
spirituelle reçue chez les religieuses Visitandines, comprend à la suite de saint François
de Sales, que Dieu est Amour. Thérèse aussi fut marquée par l’esprit Salésien grâce à
leur tante religieuse visitandine. Vu son âge et sa santé, Thérèse ne peut faire les
pénitences surérogatoires en usage au Carmel. Elle ressent alors le besoin de s’ouvrir à
Dieu par une autre voie.
Thérèse se sent attirée, elle, à aimer autrement. Dans ce contexte, elle se trouve
isolée, mais elle découvre Saint Jean de la Croix dont les écrits vont l’éclairer. Ils la
confirment dans ses intuitions sur l’amour infini de Dieu. Elle écrit : « Que de lumières
n’ai-je pas puisées dans les œuvres de notre père saint Jean de la Croix ! »2. « Pour
Thérèse, saint Jean de la Croix est par excellence le docteur de l’amour ; c’est son
enseignement sur l’amour qu’elle a le plus assimilé »3. C’est dans cette ambiance, à
travers une expérience de sécheresse, qu’elle va faire la découverte du Dieu de
Miséricorde. Par son intuition intérieure elle a su rejoindre saint Jean, qui définit Dieu
comme étant l’Amour (Cf. Jn 4,16).
La lumière reçue par Thérèse sur Dieu n’est pas dirigée surtout sur la justice, mais sur le
Dieu Miséricordieux. Il reste clair qu’elle ne nie pas l’existence de la justice divine en
tant qu’attribut divin aussi importante que la miséricorde. Cependant, elle fait une
distinction. C’est dans sa contemplation qu’elle découvre cet amour de Dieu qui se
donne à elle sans mérite de sa part. C’est le visage de miséricorde que Thérèse
rencontre, le visage doux et tendre de Dieu Père. Thérèse croit à son amour. Car « sous
l’action de l’Esprit Saint, elle comprend que Jésus Christ n’est pas l’incarnation de
n’importe quel visage de Dieu, mais l’incarnation de son visage le plus profond et le plus
mystérieux, à savoir son visage de miséricorde. C’est pour révéler la tendresse de Dieu
envers ceux qui sont loin et misérables que Jésus est venu sur la terre »4.
Dieu a tant aimé le monde qu’Il lui a envoyé son Fils unique (cf. Jn 3,16). Cette affirmation
de Jean nous signifie que, ce n’est pas pour exercer sa justice divine sur l’homme faible
et pécheur que Dieu s’incarne en Jésus Christ, mais c’est pour révéler son immense
1
Cf. Jean Lafrance, Ma vocation c’est l’amour, Thérèse de Lisieux, Paris-Médiaspaul, 1985. p.46
Ms A, foi 83, f° p.208
3
François Lethel, Connaître l’amour du Christ, p. 478
4
Jean Lafrance, Ma vocation c’est l’amour, Thérèse de Lisieux, Paris-Médiaspaul, 1985. p.29
2
amour à l’homme. Car la misère de l’homme touche le cœur de Dieu et appelle sa
miséricorde. Les intuitions de Thérèse se trouvent confirmées par certains saints,
comme saint Thomas quand il affirme que : « En elle-même, la miséricorde est la plus
grande des vertus, car il lui appartient de donner aux autres, et, qui plus est, de
soulager leur indigence ; ce qui éminemment le fait d’un être supérieur. Aussi se
montrer miséricordieux est-il regardé comme le propre de Dieu, et c’est là surtout que
se manifeste sa toute-puissance »5.
C’est grâce à cette miséricorde qu’Il nous envoie son Fils. Car, « lorsque Dieu aime
l’homme, (…) c’est essentiellement un amour entre deux êtres inégaux, où le plus Grand
tend la main au plus petit »6. C’est cette attitude paternelle de Dieu que Jésus révèle à
travers ses paraboles et ses enseignements. Surtout il insiste sur la gratuité divine (cf. I Cor
4,7). En s’appuyant sur cette manière de manifester la présence de Dieu, qui est Père,
amour et miséricorde, Jésus fait de la miséricorde un des principaux thèmes de sa
prédication »7.
Thérèse comprend que Dieu, dans ses
rapports avec l’homme, est toujours
miséricordieux. Cette attitude de Dieu
se révèle pleinement dans tous les
mystères de la vie du Christ, est la
conséquence de ce qu’il est lui-même
et de ce que nous sommes. « LA
MISERICORDE DE DIEU EN VERITE C’EST
SON AMOUR A L’ŒUVRE ENVERS NOUS.
LA REDEMPTION TOUT ENTIERE N’EST
QUE LA DEMARCHE DE L’AMOUR
MISERICORDIEUX,
DE
L’AMOUR
GRATUIT,
VENANT
SAUVER
LES
8
PECHEURS » .
Extrait de la thèse pour maîtrise en sciences
religieuses
Le Rôle de Sainte Thérèse de Lisieux dans la FMDD :
l’acte d’offrande comme engagement définitif des
Travailleuses Missionnaires,
Rome, 1991-1992
5
Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, Paris, Cerf, 1985, II-II Partie, Qu.30, a.4,co.
C. de Meester, Les mains vides, le message de Thérèse de Lisieux, Paris, Cerf, 1972, p.91
7
Jean-Paul II, Lettre encyclique, Dives in misericordia, présentation de Gérard Defois, Paris, Centurion, 1980, n.3, p.31
8
Victor de la Vierge, Réalisme spirituel de Thérèse de Lisieux, Paris, éd. Revue et corrigée, Foi vivante 143, 1986, p.132
6

Documents pareils

Thérèse de Lisieux : Sa vie au carmel, son message, son

Thérèse de Lisieux : Sa vie au carmel, son message, son Sa vie au carmel, son message, son rayonnement En octobre 2011, les carmélites de Lisieux, soutenues par l’association des « Amis de sainte Thérèse et du Carmel de Lisieux » ont entrepris la refont...

Plus en détail

3 JOURS AVEC SAINTE THERESE DE LISIEUX DU 3 OCTOBRE

3 JOURS AVEC SAINTE THERESE DE LISIEUX DU 3 OCTOBRE Nous étions à 25 pèlerins à monter dans le car le vendredi matin 3 octobre à 7 h. en direction de Lisieux sous la responsabilité de Réjane Blondy. Nous arrivons à Alençon, 1ère étape de notre pèler...

Plus en détail