discours de dominique bonnet, maire de poligny commemoration du

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discours de dominique bonnet, maire de poligny commemoration du
DISCOURS DE DOMINIQUE BONNET, MAIRE DE POLIGNY
COMMEMORATION DU 19 MARS 1962
Monsieur le président de la communauté de communes,
Madame et Monsieur le Maire,
Monsieur le président de la FNACA,
Monsieur le président du Souvenir Français et des Anciens Combattants,
Messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames et messieurs les anciens combattants,
Nous sommes ici rassemblés pour commémorer les accords d’Evian du 19 mars 1962.
Des accords d’Evian qui mirent un terme à l’un des conflits les plus douloureux qui
concerna notre République.
La douleur ne provient pas seulement du nombre de morts. Nous savons que les deux
guerres mondiales firent plus de victimes parmi les enfants de France qui
combattirent sous le drapeau national. Elles firent plus de morts parmi les
belligérants et parmi les populations civiles que la guerre d’Algérie.
Non, la douleur de la guerre d’Algérie, car cela fût une guerre, la douleur de cette
guerre provient de ce qu’elle mit progressivement face à face deux légitimités, deux
communautés qui finirent par ne plus trouver de raisons de vivre ensemble et dont le
point final fût d’aboutir à une douloureuse séparation et un départ ressenti
inévitablement comme une expatriation pour l’une de ces communautés.
Le drame de l’Algérie française fût que notre République n’eut ni le courage, ni la
force d’y imposer ses valeurs. Pourtant, tout au long de la présence française en
Algérie, des esprits courageux tentèrent d’engager un processus de réforme qui eut,
peut-être s’il avait pu aller à son terme, changé le cours inexorable des choses.
Alors l’espoir quitta définitivement les rangs des 8,5 millions d’indigènes algériens
devenus, entre temps, des Français musulmans. Quand l’espoir les abandonna, ils
abandonnèrent alors la France, scellant ainsi la fin programmée de la présence
française en Algérie.
Dès 1945 commencèrent à Sétif et Guelma les terribles convulsions qui allaient agiter
l’Algérie jusqu’à la proclamation de son indépendance et sa transformation en
république algérienne le 25 septembre 1962. Pendant neuf années, l’Algérie connut
une accalmie relative qui prit fin le 1er novembre 1954 par des attentats commis par
des combattants algériens et qui ouvrirent la période de la guerre d’Algérie. Une
guerre que la France ne voulut pas reconnaître comme telle, refusant de légitimer
même sous le vocable d’adversaire ceux qu’elle ravalait au simple rang de terroriste.
Ce fut la période de ce que l’on appela les « évènements », évènements devant
entraîner des opérations de « pacification ». Une guerre, une vraie guerre mais aussi
une sale guerre car ce fut aussi une guerre civile mettant aux prises deux
communautés appelées progressivement à s’entredéchirer. Les Algériens ont payé un
lourd tribut à cette guerre où près de 270 000 d’entre eux y laissèrent leur vie, une
vie de civil ou de combattant. Mais la France aussi paya un lourd tribut à cette guerre.
Près de 30 000 de ses enfants y laissèrent leur vie et 65 000 furent blessés, militaires
de carrière mais aussi simples appelés du contingent.
30 000 soldats français dont beaucoup de jeunes appelés du contingent et combien
parmi ceux qui en revinrent ayant perdu leur innocence et réduits à essayer d’oublier
péniblement ces années, leurs plus belles qui leur furent injustement volées.
Combien d’entre vous ici présents parmi nous aujourd’hui, et je les en remercie, sont
là pour témoigner ?
N’oublions pas les 4 000 victimes d’attentats terroristes en France et en Algérie, les
exactions et les tortures commises. N’oublions pas les 200 000 harkis qui servirent la
France et dont plusieurs dizaines de milliers d’entre eux furent massacrés après le
cessez-le-feu et dont celles et ceux qui purent rejoindre le territoire national furent
abandonnés à leur condition misérable.
N’oublions pas le million de Français d’Algérie contraints de quitter leur terre natale y
laissant leurs souvenirs de jeunesse, leurs vies d’adulte et pour beaucoup d’entre eux
leurs morts. Ce million de Français d’Algérie, souvent des petites gens, contraints à
l’exil dans leur propre patrie où ils ne furent pas très bien reçus, disons-le
franchement.
Le 19 mars est une commémoration importante et nécessaire pour jeter des ponts
vers l’avenir, des ponts entre les deux rives de la Méditerranée, des ponts entre le
peuple français et le peuple algérien.
Bâtir un avenir de paix et de fraternité entre nos deux peuples, c’est honorer de la
plus belle manière le sacrifice héroïque de nos soldats morts au combat dans cette
sale guerre d’Algérie.
Vive la République !
Vive la France !

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