La république dominicaine au rythme du merengue

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La république dominicaine au rythme du merengue
 vivre‐match | Samedi 12 Mars 2011 La république dominicaine au rythme du
merengue
Le merengue est un mélange de danse africaine et de menuet français inventé par les esclaves. Ils parodiaient les colons, trop
raides selon eux, en bougeant leurs épaules et leurs hanches. Il deviendra la danse nationale. | Photo Kasia Wandycz
Paru dans Match
De cette île chérie des Français, on ne connaît que Punta Cana et les hôtels-clubs de la côte est. Mais pour partager avec les
Dominicains la culture caraïbe, cap au Nord, sur la presqu’île de Samana. D’adresses de charme en guinguettes de plage,
vous succomberez à la sensualité du merengue ou de la bachata, dans un pays où l’on danse comme on respire.
Reportage Florence Saugue - Paris Match
Autour de deux rues principales, des maisonnettes aux couleurs joyeuses côtoient des hôtels et des restaurants de petite
envergure. Les autres voies sont en terre battue, ravinées d’ornières. On y croise des fillettes en uniforme d’écolière, des
mamans en bigoudis, des hommes qui jouent aux dominos. Tel est Las Terrenas, un village balnéaire de la péninsule de
Samana, qui tente de préserver un équilibre entre tourisme et mode de vie authentique. Des épiceries, des bars, des sonos des
voitures, s’échappent, comme une onde fluctuante mais permanente, parfois à vous percer le tympan, les rythmes du
merengue ou de la bachata. Sur cette île, comme sur beaucoup d’autres dans les Caraïbes, la danse fait partie intégrante de
l’art de vivre.
Elle représente un rempart contre les épreuves de la fatalité. Elle est, pour les Dominicains, au même titre que leur sourire et
leur gentillesse, un antidote contre les destins accidentés. Un couple dominico-français s’en est inspiré pour ouvrir le pays
aux visiteurs autrement que par des séjours « tout inclus » dans des « hôtels forteresses ». Cathy, professionnelle du tourisme,
s’est posée en République dominicaine il y a dix ans. Pour pratiquer une activité sportive, elle décide de s’initier à la danse
avec Pipo, professeur et artiste reconnu sur la scène nationale. « Envoûtée » par les rythmes et l’énergie vitale qui s’en
dégage, la Française deviient très vite la partenaire
p
du maître.
m
Et bientô
ôt sa femme. « Nous
N
voulions ddévoiler l’île à travers
notre passiion, la danse », explique Cathyy. Depuis, ils onnt créé une école, Salsa Caribee, et un circuit, Altilis, associés avec
Alain et Christine,
C
deux autres
a
Français. Le principe : découvrir
d
la pén
ninsule de Samaana et suivre dees cours de merengue, de
bachata (lees danses nationnales), salsa, booléro, « son » (eeffluves des auttres îles des Carraïbes). Cela duurant la journée. Le soir,
on teste soon déhanché : chhaloupé, langouureux, ou syncoopé, dans les en
ndroits où guincchent les Dominnicains. Pas bessoin de
parler l’esppagnol : le langgage du corps suuffit à établir lee contact.
En quête du paradis terrrestre
munauté de Fraançais, depuis quinze
q
ans. En quête
q
du paradiss terrestre, ils on
nt
Las Terrennas a vu arriverr une forte comm
découvert l’endroit à l’occcasion de vacannces et s’y sontt installés. Ils so
ont aujourd’hui près de deux m
mille. Beaucoup
p
détiennentt des hôtels, dess bars, des restaaurants. Riches de leur métissaage, Cathy et Pippo se sont appuuyés sur leurs am
mis «
gaulois » et
e « îliens » pouur concocter une « salsa dominnicana ». Une saauce dominicaine, symbole duu mélange et du
u partage
des culturees. Leur premièère adresse est à quelques mètrres de la route principale,
p
derriière le cimetièree, côté mer. Surr le sable,
face à la mer
m turquoise, see dresse un cabbanon de tôle roose pastel à l’abri des cocotierss. Paco est le preemier Français à avoir
posé ses valises là, il y a vingt-cinq
v
ans. Il a épousé l’île en même tem
mps que Sarah, une
u Dominicainne, aujourd’hui son exc de l’associiation des pêcheeurs,
femme, mais qui continuee à cuisiner danns leur paillote. Placée juste à côté
d poisson qui frétille
f
encore, et
e du lambi de la
l baie. Et, le diimanche, on y danse
d
lors des aaprès-midi « Disscolatino
on y sert du
».
ble de la péninsuule : Gérard. Lee directeur et ch
hef de
Plus à l’esst de Las Terrennas, s’est installlé un personnagge incontournab
l’Atlantis, ancien cuisinieer de Mitterrandd, est aussi le coonsul honorairee de la zone norrd de l’île. « Aloors en vacancess à Playa
m
je suis passé
p
devant cett hôtel, délabré à l’époque. Maa femme m’a dit : “C’est
Bonita, l’uune des plus bellles plages au monde,
là que je veux
v
vivre !” Allors, je l’ai acheeté, avoue-t-il. C’était
C
il y a qu
uinze ans. » Sonn établissement,, composé de maisonm
nettes blannches biscornuees, imbriquées les
l unes dans lees autres, ressem
mble à un villagge de Schtroumppfs planté dans le sable.
On ressentt immédiatemennt un avant-goûût d’éden. Quannt à sa cuisine, inspirée
i
et maîtrrisée (il a fait sees classes dans des
grandes taables étoilées), elle
e exalte les produits de la mer.
m
La ville dee Samana, la caapitale de la régiion, est à une heure
h
de route de
d Las Terrenas.. Moderne, elle a vu fleurir dess hôtels
sans âme. Cependant, au bout du « maleecon », sorte de promenade dess Anglais, Cathyy et Pipo vous pproposent d’em
mbarquer à
bord du caatamaran « El Salsero
S
». Au prrogramme : déccouverte de la baie, danses sur le pont et boisssons à volonté. Certains
C
pourront pêcher
p
avec massques et tuba, d’autres
d
simplem
ment nager au laarge du Cayo Levantado.
L
Ce ssuperbe îlot trop
pical a vu
son charm
me brisé par le toourisme. Un hôttel de luxe en occupe
o
une gran
nde partie et les croisiéristes y font débarquer leurs
passagers. Mais aux alenttours de Las Teerrenas, se trouvve un chapelet de
d plages superrbes et encore saauvages, sur lessquelles
vous pourrrez vivre la sennsation unique d’être
d
sur une île déserte...
Florence Saugues
S