Philippe Ramette

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Philippe Ramette
 LE PORTIQUE
espace d’art contemporain
…Philippe Ramette…
DOSSIER PEDAGOGIQUE Le Portique espace d’art contemporain 9 novembre au 22 décembre 2012 …PHILIPPE RAMETTE… ____________________________________________________________________________________ Philippe Ramette ELEMENTS BIOGRAPHIQUES Né en 1961 à Auxerre, vit à Paris. Il est représenté par la galerie Xippas à Paris. Il a étudié à la Villa Arson à Nice. Philippe Ramette pratique la sculpture, et par extension, la photographie et le dessin. L’artiste se définit comme un réalisateur d’images. Sa pratique en général joue sur l’imaginaire, le déplacement de sens et les modifications de la perception. Ses œuvres témoignent d’un sens aigu de la démonstration par l’absurde. L’humour se teinte souvent d’autodérision. C’est au début des années 1990 que sont apparues les premières œuvres de Philippe Ramette. Après des études à la Villa Arson, à Nice, où il renonça rapidement à poursuivre ses tentatives de peintre, il commença à réaliser d’étranges installations, mélanges de bricolages ingénieux et d’objets délicatement fabriqués d’où émanaient déjà ce qui aujourd’hui encore trame son travail : l’humour, le grincement, la peur, l’ironie, parfois le dérisoire, mais aussi la mise en jeu de l’art, au sens premier du terme. Enoncés dans leur relation au corps comme étant des objets à réflexion, ses œuvres, dont le titre occupe une place importante, se présentent souvent comme autant d’appareils ou de dispositifs à expérimenter physiquement ce qui ne devrait être qu’un processus de pensée : -­‐ Fauteuil à voyager dans le temps (1991), -­‐ Objet à se voir regarder (1990), -­‐ Point de vue individuel portable (1995), -­‐ Potence préventive pour dictateur potentiel (1993), -­‐ Prothèse à Dignité & Prothèse à Humilité (1992). Si Philippe Ramette se définit avant tout comme un artiste sculpteur, la photographie, souvent restée confidentielle au départ, est très vite intervenue dans son œuvre comme une manière d’attester, se mettant lui-­‐même en scène comme utilisateur de ses propres objets ; -­‐ Socles à réflexion (utilisation), -­‐ 1989-­‐2002, Boîte à isolement (utilisation), -­‐ 1989-­‐2004, Objet à voir le monde en détail (utilisation), -­‐ 1990-­‐2004, Objet à voir le chemin parcouru (utilisation), -­‐ 2003-­‐ est devenue le prétexte à toutes sortes d’expériences et de mises à l’épreuve. En 1996, il réalisait le Balcon 1 de Bionnay où lui-­‐même en situation se maintenait horizontalement au-­‐dessus d’une tranchée creusée dans la terre. La photographie de cette performance étant présentée à la verticale. La seconde photographie de cette série, réalisée en 2001 le présentait en position sur ce même balcon émergeant des eaux de la baie de Hong-­‐Kong. 2 DOSSIER PEDAGOGIQUE Le Portique espace d’art contemporain 9 novembre au 22 décembre 2012 …PHILIPPE RAMETTE… ____________________________________________________________________________________ Exploration rationnelle des fonds sous-­‐marins : promenade irrationnelle, 2006 150 x 120 cm, photographie couleur. 3 DOSSIER PEDAGOGIQUE Le Portique espace d’art contemporain 9 novembre au 22 décembre 2012 …PHILIPPE RAMETTE… ____________________________________________________________________________________ En 2004, lors de sa seconde exposition personnelle à la galerie Xippas, Philippe Ramette présentait un ensemble de prothèses sculptures de forme « abstraite » et d’apparence énigmatique, installées au sol, au mur et au plafond de la galerie, reprenant ainsi les situations pour lesquelles elles ont été adaptées. Ces objets ergonomiques ont en effet été conçus pour la réalisation d’une série d’une dizaine de photographies présentées en parallèle. Ces photographies s’inspirent du dispositif de basculement expérimenté dans la série des Balcons. Utilisant le procédé de renversement de l’image ou de son propre corps comme objet de la démonstration, l’artiste se met à l’épreuve du monde et défie les principes de l’apesanteur. Les prothèses, invisibles à l’image, camouflées sous ses vêtements, habituel costume-­‐cravate, permettent à l’artiste d’expérimenter des positions qu’il nomme « irrationnelles », Inversions de pesanteur durant le bref instant d’une prise de vue. Dans la continuité des projets photographiques initiés en 2004, Philippe Ramette réalise en 2006 un ensemble de photographies intitulées Explorations rationnelles des fonds sous-­‐marins. Ces photographies présentent l’artiste évoluant sous l’eau en promeneur solitaire, ignorant les contraintes des profondeurs. Parallèlement, Philippe Ramette réalise un ensemble de Lévitation de Chaise, dont on avait pu voir une première réalisation lors de la FIAC en 2005. Ces sculptures réalisées en bronze peint simulent les véritables textures et couleurs du bois et de la corde, créant l’illusion d’une lévitation sur le mode poétique. L’artiste qualifie lui-­‐même ses œuvres de « sculptures photographiques ». Elles figurent l’instantané d’un mouvement : le moment où la chaise s’envole et s’échappe de la corde qui la retient. Par ailleurs, un moulage en bronze de son avant-­‐bras qu’il fixe au plafond offre « une main tendue » à l’attention du spectateur. Sans Titre, 2007 Photographie couleur 150 x 120 cm 4 DOSSIER PEDAGOGIQUE Le Portique espace d’art contemporain 9 novembre au 22 décembre 2012 …PHILIPPE RAMETTE… ____________________________________________________________________________________ La Photographie Eloge de la clandestinité (Hommage à la résistance) est un agrandissement d’un format photomaton d’un portrait de l’artiste au look inversé, inspirée de la photographie du faux passeport de Che Guevara déguisé créé par les services secrets cubains en 1964 pour ses voyages clandestins. Eloge de la Clandestinité (Hommage à la résistance), 2011 Photographie couleur 150 x 120cm Photo: Marc Domage Courtesy Galerie Xippas 5 DOSSIER PEDAGOGIQUE Le Portique espace d’art contemporain 9 novembre au 22 décembre 2012 …PHILIPPE RAMETTE… ____________________________________________________________________________________ Sans titre (La silhouette nº1), 2012 Résine peinte, bois Photo : Frédéric Lanternier © Philippe Ramette – ADAGP, Courtesy Galerie Xippas
6 DOSSIER PEDAGOGIQUE Le Portique espace d’art contemporain 9 novembre au 22 décembre 2012 …PHILIPPE RAMETTE… ____________________________________________________________________________________ Des autoportraits allégoriques La présence de l’artiste dans plusieurs œuvres de l’exposition s’explique au regard de la dimension performative de l’art qu’il pratique en général. Dans l’exposition, l’artiste déjoue les représentations de lui auxquelles les photographies avaient habitué le public. Il laisse choir le traditionnel costume cravate. Dans Les sculptures de Philippe Ramette fonctionnent également comme des vanités*, qui appellent avec humour l’artiste et le visiteur à faire preuve d’humilité. Homme-­‐orchestre, Philippe Ramette recourt au procédé de l’autoportrait comme filtre à travers lequel la sculpture s’incarne. La Sculpture Sans titre (la silhouette) résulte d’un effacement des traits caractéristiques de l’artiste pour ne laisser subsister qu’une silhouette, une forme générique de l’errance. La sculpture Sans titre (la silhouette) devient une métaphore du doute, issue de la contradiction entre le désir de progresser et la peur d’échouer. L’explorateur, 2011 Résine polyester peinte 165x 130 x 55cm Photo: Frédéric Lanternier Courtesy Galerie Xippas 7 DOSSIER PEDAGOGIQUE Le Portique espace d’art contemporain 9 novembre au 22 décembre 2012 …PHILIPPE RAMETTE… ____________________________________________________________________________________ Une ambiance burlesque* Dans l’exposition, Philippe Ramette joue à cache-­‐cache avec sa propre image sur un mode burlesque. L’humour permet d’introduire une certaine distance et les quiproquos suscités par les œuvres introduisent autant de points de vue multiples. Il recourt au masque de la comédie dans la sculpture Portrait tragi-­‐comique et au travestissement dans la photographie Eloge de la clandestinité (Hommage à la Résistance). L'Ombre de moi-­‐même est une sculpture qui introduit le cinéma, l'envers du décor et l'attribut (le costume) dans un propos plastique unique. Philippe Ramette créé des situations absurdes comme celle du « voyeur » mal caché derrière un drap blanc. Les œuvres jouent la carte de l’ambivalence tragi-­‐comique, renforcée par l’ambiance intrigante du son. L’Ombre de moi-­‐même, 2007. Installation lumineuse, technique mixte. Dimensions variables. 8 DOSSIER PEDAGOGIQUE Le Portique espace d’art contemporain 9 novembre au 22 décembre 2012 …PHILIPPE RAMETTE… ____________________________________________________________________________________ Aller plus loin: La pratique photographique dans le travail de Philippe Ramette : Si Philippe Ramette se définit avant tout comme un artiste sculpteur, la photographie, souvent restée confidentielle au départ, est très vite intervenue dans son œuvre comme une manière d’attester, se mettant lui-­‐même en scène comme utilisateur de ses propres objets. En 2001, il réalise la seconde photographie de la série des Balcons, dans laquelle Philippe Ramette se maintient horizontalement accroché à un balcon qui émerge des eaux de la baie de Hong-­‐Kong. Par la suite, l’artiste expérimente des positions « irrationnelles », à l’aide de prothèses camouflées sous son costume-­‐cravate. Dans la continuité des projets photographiques initiés en 2004, Philippe Ramette réalise en 2006 un ensemble de photographies intitulé Explorations rationnelles des fonds sous-­‐marins. Ces photographies présentent l’artiste évoluant sous l’eau en promeneur solitaire, ignorant les contraintes des profondeurs. La sculpture linéaire en fil de fer de Alexandre Calder renverse complètement les acquis de la sculpture traditionnelle. Aux matériaux lourds, pesants, sur la masse, elle oppose le fil de fer – un matériau industriel, léger – et des silhouettes qui correspondent à un dessin dans l’espace. Elle traduit l’humour, le souci d’expressivité et surtout le tracé et l’attention portée au mouvement propres à Calder. Attentives au mouvement, ces sculptures sont aussi sensibles à l’espace qui les environne et sujettes, elles-­‐mêmes, au mouvement. Autoportrait : le genre, qui semble absent dans l'antiquité, et exceptionnel au Moyen Âge, émerge avec la Renaissance, lorsque l’individu devient en soi un centre d’intérêt majeur. Dürer, Rembrandt, Van Gogh sont d’éminents représentants du genre de l’autoportrait. L’autoportrait suppose en principe l’utilisation d’un miroir. L’artiste se représente en tant que « persona ». Le mot persona vient du latin (du verbe personare, per-­‐sonare : parler à travers) où il désignait le masque que portaient les acteurs de théâtre. Il faut donc comprendre la persona comme un « masque social », une image, créée par le moi, qui peut finir par usurper l'identité réelle de l'individu. Vanité : c’est une catégorie issue de la nature morte. Dès la fin du XVIème siècle les objets représentés dans les vanités sont tous symboliques de la fragilité et de la brièveté de la vie, du temps qui passe, de la mort. (Les vanités associent aussi les symboles des activités humaines (savoir, science, richesse, luxe, plaisir, beauté) représentés dans les peintures par les objets et par les portraits.) Elles disent le monde comme livré à la métamorphose, à l’instabilité, au changement. Elles dénoncent la relativité de la connaissance et la vanité des activités humaines, puisque tout est soumis à la fuite du temps, à la dégradation, à la destruction, à la mort. Burlesque : Le burlesque échappe aux règles de la narration classique. Il consiste en une suite de gags qui jouissent chacun d’une parfaite autonomie et qui ne s’inscrivent pas dans une stratégie narrative globale. Le burlesque s’appelle aussi « slapstick », littéralement « coup de bâton », la bastonnade constituant, avec la chute et la tarte à la crème, à la fois les emblèmes et les 9 DOSSIER PEDAGOGIQUE Le Portique espace d’art contemporain 9 novembre au 22 décembre 2012 …PHILIPPE RAMETTE… ____________________________________________________________________________________ paradigmes du genre. Le film burlesque repose, pour une large part, sur la personnalité de l’acteur qui impose un style, un profil de personnage et constitue la vedette. Lorsqu’il n’est pas lui-­‐même le metteur en scène, l’acteur participe à l’élaboration du scénario et à la conception de la mise en scène. Le burlesque trouve son origine dans la tradition théâtrale de la commedia dell’arte et du music-­‐hall. Le burlesque critique les ordres et les institutions les mieux établis : les policiers (les fameux cops), les banquiers, les notables, les curés, les rabbins… Parmi les représentants du genre, figurent Buster Keaton aux Etats-­‐Unis, le précurseur, les Monty Python en Angleterre et Jacques Tati en France, les héritiers. Surréalisme : De très nombreux artistes comme Max Ernst ou Salvador Dali ont fait parti de ce mouvement qui voulait s’affranchir de l’esprit logique afin d’être plus libre. Ils étaient experts en provocation et en invention leur influence sur l’art est aujourd’hui considérable. Ses influences : -­‐ Buster Keaton -­‐ Charlie Chaplin -­‐ Casper David Friedrich Les Surréalistes : -­‐ Dali -­‐ Magritte -­‐ Georg Grosz -­‐ Marcel Duchamp Les artistes d’aujourd’hui : -­‐ Pierre & Gilles -­‐ Erwin Wurm -­‐ Pierrick Sorin -­‐ Maurizio Cattelan René Magritte, Le Maître d’école, huile sur toile. 10 DOSSIER PEDAGOGIQUE Le Portique espace d’art contemporain 9 novembre au 22 décembre 2012 …PHILIPPE RAMETTE… ____________________________________________________________________________________ Philippe Ramette semble influencé par Magritte dans son sens de l’insolite et du détournement. On sent aussi l’influence de Buster Keaton dans des œuvres comme (sens du burlesque et de la dérision) Hommage à Buster Keaton, 2008 Bois, inox, ventilateur, 300 x 45 x 100 cm Vue de l’exposition «Gardons nos illusions, 1987-­‐2008» Mamco, Genève 2008. 11 DOSSIER PEDAGOGIQUE Le Portique espace d’art contemporain 9 novembre au 22 décembre 2012 …PHILIPPE RAMETTE… ____________________________________________________________________________________ Le Portique espace d’art contemporain 3 rue d’Après Mannevillette 76600 Le Havre T : 02 35 45 53 64 [email protected] www.leportique.org Accueil des groupes sur réservation obligatoire du lundi au vendredi de 9h à 16h Visite commentée (1 heure) : 10€ par groupe Visite commentée + atelier créatif (2 heures) : 20€ par groupe Le Portique reste à votre disposition pour tous projets spécifiques (PAC-­‐APA-­‐CRED-­‐EREA…). Programmation 2012-­‐2013 …Philippe Ramette… 9 novembre au 22 décembre 2012 Le Jour le plus court : La fête du court métrage Vendredi 21 décembre 2012 – Projections de films expérimentaux, en continu de 15h à 18h30, durée 1 heure, entrée libre. Pierre-­‐Laurent Cassière Installation sonore 1er février au 2 mars 2013 Helmo Collectif de graphistes 17 mai au 29 juin 2013 12