Le Cri du Coyote
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Le Cri du Coyote
Revue de Musiques Américaines LE DU COYOTE Sturgill SiMPSON LONESOME RiVER BAND - James McMURTRY Le SON DE BAKERSFiELD - The SUBWAY COWBOYS Derwood BROWN - CHARLiEU - GOOD ROCKiN' TONiGHT B.B. KiNG - Tut TAYLOR - Thierry LOYER - Craig SHAW Le QUATUOR - Jean-jacques MiLTEAU Eté 2015 145 U Quel boulot incroyable ! Félicitations et respect. Courriel de Bruno B. Bonjour Jacques et tous les Coyoteurs L’encart me prévient de renouveler mon abonnement, chose que je fais avec grand plaisir. Merci à tous ceux qui bossent pour que le journal existe. Félicitations à Jean-Marie Redon pour son Award. Je me souviens -pourtant c’était il y a bien des années !- qu’une amie l’avait hébergé avec Mick pour une nuit à Nevers Comme de tradition, le chèque est un peu gonflé. Bien amicalement, Michel B. Bonjour à tous, Numéros après numéros, toujours un copieux et excellent travail. Toujours un plaisir de découvrir cette belle revue. Le Noir et Blanc lui va si bien, et apporte une atmosphère à certains articles, comme celui sur les Tennessee Ramblers. Ci-joint mon réabonnement. Merci, Jean-Louis B. Hello, Ci-joint le renouvellement de mon abonnement. Chaque numéro du Cri est un régal. Continuez l’excellent travail. Amicalement, Jack D. Bonjour Jacques et les Coyotes, Merci pour le dernier numéro paru du Coyote : enfin une belle pin up à la une ! Chouette ! Plus sérieusement, sympa l'article consacré à Roger Lyobard et sa passion photo. J'ai bien aimé aussi l'article sur la tournée européenne de Hank Williams. Ci-joint mon renouvellement en temps et en heure. Bien cordialement, Frédéric P. Bonjour Jacques Je renouvelle mon abonnement, ça va de soi. Pas de petit dessin rigolo cette année, panne d’inspiration et des soucis n’incitant guère à la fantaisie. Tous mes encouragements et félicitations pour la heure tenue du Cri. Bien cordialement, Richard S. Bonjour à toute l'équipe éditoriale, C'est toujours un plaisir de se réabonner et je vous félicité à nouveau pour vos articles et votre travail. La lecture du Cri est un bonheur dans ce monde de brutes. Stéphane LC. CARTES POSTALES Petits échos musicaux : Acoustic Boulevard (Jefferson Louvat, Thierry Massoubre, Gilles Rézard, Rachel Rézard) apprécié en Suisse au festival de Willisau. Extraits du récit de Jean-Luc Brosse sur le séjour de Mary-Lou et les Hoboes aux USA et Bluegrass Nature, des rencontres et ateliers : Acoustic Boulevard à Willisau. Ph. Lily Pavlak On a commencé en Caroline du Retour en Floride chez Elisabeth Nord pour enregistrer deux tradi(Lis) et Lon Williamson, piliers du tionnels avec Gail et Tom Watts folk local. Lis est singer songwriter (banjo et guitare). Puis en Virginie de talent. Lon est contrebassiste avec Wayne Henderson et Helen et luthier et gère leur studio au White, deux figures du bluegrass milieu des bois : nous y enregiset de la musique des Appalaches. trons une chanson de Lis inédite, Herb Key, le fidèle contrebassiste et une valse écrite à Nashville par de Wayne Henderson depuis 50 des amis à eux. ans se joint à l'enregistrement. ImEtape suivante chez Charley pressionnés et heureux de vivre Groth, à Largo, songwriter avec cette aventure, nous enregistrons qui nous avons eu le plaisir de trois titres avec eux. jouer dans un bar de St PetersStéphane, Mary burg il y a quelques années. Avec Rendez-vous avec notre pote Jean-Luc & Lee Hunter Panama Red pour un concert à Linda Pottenberg, sa compagne, Cullman (Alabama) puis chez lui, à Rockvale (TN) ils ont passé leur jeunesse à combattre le Ku Klux pour passer trois jours délicieux et enregistrer dans Klan dans les champs de maïs des environs. l'église locale. Un tour à Nashville puis Memphis, Puis nous retrouvons nos chers amis Lee Hunter sur Beale St, au club de Jerry Lee Lewis, ouvert et Arvid Smith à Jacksonville et enregistrons pludepuis notre dernière visite. Près de Little Rock sieurs titres. Dernière étape : Robin et Matt Soergel (Arkansas) nous enregistrons avec les Bluegrass du groupe Ruby Beach. Enfin retour en Bretagne, Bombers : bonne humeur et émotion ! avec des heures de musique à sélectionner avant A Clarksdale (Mississippi) cœur du blues du Delta d'envoyer les pistes en Floride pour le mixage. On et ville de BB King, visite du musée tout neuf. Nous restera sans doute plusieurs semaines sur notre avions vu BB en concert à Charleston (Ga) il y a petit nuage après ces rencontres, ces mélodies et deux ans. Ironie du sort, nous apprenons son dé- ces moments inoubliables que la musique nous a cès deux jours plus tard ! Certes, il était au bout du permis de vivre. Jean-Luc Brosse rouleau, mais n'empêche, c'est dur ... (02 98 58 42 18) Récit complet sur http://www.hoboes.fr Bluegrass Nature avec Thierry Massoubre, Jefferson Louvat, Gilles Rézard, etc. à Doucier Avril 2015 (www.bluegrassnature.com) Le Cri du Coyote n°145 page 02 NEWS Coyote Report i SAW THE LiGHT Ecrit et dirigé par Marc Abraham, inspiré de la biographie de Colin Escott, film qui évoque la vie de Hank Williams, interprété par Tom Hiddleston avec Elizabeth Olsen (Audrey). Distribué par Sony qui détient les droits musicaux et vise les Oscars ON A TOUJOURS ViNGT ANS Prison pour Chris Michael Ferrell, barman qui a tué le chanteur de country Wayne Mills d’une balle dans la nuque, (pour une cigarette allumée !) CHOiX DU PUBliC Le festival du film de Nashville, a élu Revival : The Sam Bush Story (de Kris Wheeler & Wayne Franklin) meilleur documentaire musical. Sam flatté et enchanté des témoignages mais avec un petit goût d’hommage nécrologique. Pour la BO en attendant un DVD? http://bluegrasstoday.com/sam-bushdocumentary-trailer-goes-live BANDOLERO RECORDS Viva Bandolera, de Patricia Vonne, 17 titres en espagnol SWiNG & BLUEGRASS PLUS Tom Hiddleston Plumes de Coyotes Sanseverino en tournée acoustique et musiques US avec des chansons inspirées de Papillon Nécro : Nick NASTO Mathias Nicholas Nastos, un des guitaristes de Bill Haley qui a également fait une carrière avec The Fireballers (cf le Lp instrumental Guitars On Fire) BOB TOUJOURS CHANTANT Encore un Dylan prévu chez Sony : King Of The Screen TROiSiÈME AGE ACTiF Loretta Lynn prépare un nouvel album avec John Carter Cash LiQUEUR PURPLE HAZE Lancée par Leon Hendrix (67 ans) qui le droit d’exploiter le nom de Jimi Hendrix sans toucher à la musique (réservée à Janie, la sœur adoptive) AUTOUR DE LA GUiTARE Concerts d'automne de Robben Ford, Larry Carlton, Johnny Clegg, Christopher Cross, Ronn B. Thal, Axel Bauer, Paul Personne, Dan Ar Braz, John Jorgenson, Michael Jones, Norbert N. Krief, Jean -Marie Ecay, Jean-Félix Lalanne. © NEWS Editorial Coyote Report Jacques Brémond Bonjour, Quand vous lirez ces lignes, les médias auront un peu oublié B.B. King. Nous reproduisons son interview coyotesque parue dans Le Cri du Coyote n°28 (p 53). Petit fait : ce numéro m'a valu un courrier, heureusement resté unique, disant "Un noir en couverture ? je n'aurais jamais cru qu'un journal qui dit s'intéresser à la musique américaine puisse être édité par un communiste" (sic). Puis-je ajouter que je n'ai jamais regretté d'avoir perdu ce "lecteur" ? MAC WiSEMAN A 90 ANS Bon anniversaire Mr Mac, ici en compagnie de Martha et Eddie Adcock (qui eut de Mac son premier engagement sérieux) LONG HANK NEWS Long Chris a gravé 4 titres de Hank Williams en anglais ET en français : There's a Tear In My Beer, My Sweet Love Ain't Around, Baby We’re Really In Love et I Can't Help It (If I'm Still In Love With You) pour un 45t vinyle avant le CD, avec Alexis Mazzoleni (l-gtr), Greg Garrigues (ac-r-gtr), Romain Decoret (elec-bss), Andras (cbss), Paul Susen (fdl), et Jean Yves Lozach' (pdl-stl). BLUEGRASS EUROPE Le n°95 Spring de l'EBMA est paru : Danilo Cartia, le Bluegrass en Grèce, les ateliers musicaux européens etc. BAKERSFiELD HiGH SCHOOL Merle Haggard (78 ans) a reçu un diplôme d’honneur du collège où il n'a jamais fini ses études. SECURiTE SOCiALE ? Encore un musicien dans la dèche pour se soigner. Appel à générosité pour Aubrey Holt (The Boys From Indiana) Nécro Pierre BRiCE (86 ans) acteur fétiche en Allemagne Winnetou, chef apache humaniste d'une dizaine de westerns pour des millions d'entrées ! THE TRAVELLiNG KiND Album et tournée de Emmylou Harris & Rodney Crowell © La vie des festivals est difficile : annulation parfois, budgets réduits souvent, et la programmation des artistes américains, avec le cours des monnaies, risque de créer des surprises. Jusqu'au moment du bouclage, nous avons dû ajouter des espaces consacrés aux décès dont le nombre est impressionnant, et, si l’on constate que beaucoup de nos musiciens de cœur ont un âge avancé, l’avenir risque d’être encore moins joyeux… Mais revenons aux joies musicales : j’aime bien, de temps en temps, mettre quelqu’un(e) peu (ou pas) connu(e) en couverture. Ce fut le cas, en son temps, par exemple, pour Calvin Russell (sa première couverture ?), Lyle Lovett (dont l’attachée de presse était enchantée qu’enfin quelqu'un s’intéresse à lui !), Townes Van Zandt (pour qui l’ami Spiry avait du mal à réunir 50 personnes à Lyon), Alison Krauss (toute jeunette), Steve Earle (qui m’avait valu un autre courrier rageur : "c’est quoi ce mec inconnu ?"), etc. Non que Le Cri ait la prétention de les avoir découverts, mais bien des médias ne s’intéressent aux musiciens qu’une fois le succès arrivé, ou quand ils sont morts (cf Johnny Cash, passé ainsi du bouseux à l’icône rock & roll !). Ce petit rappel étant fait, Sturgill Simpson est-il un élément important de l’avenir de la country music ? Peut-être l'est-il déjà... ou pas, car, malgré le nombre grandissant de ses fans, il semble jaloux de son indépendance et donc à l’abri des dangers du vedettariat. En tout cas sa musique allie tradition et héritage, modernisme et ouverture d’esprit, harmonies et virtuosité musicale, des thèmes originaux, avec de bons musiciens, bref c’est une agréable pousse dans le vaste buisson commercial. A ce titre il est exemplaire et à découvrir si vous aimez la country nourrie au honky tonk, à la ballade, au rock 'n' roll, etc. d'autant que ses musiciens, tous jeunes aussi, sont vraiment des pointures. Le sommaire est plein de diversité appétissante : du Lonesome River Band à James Mc Murtry, des Subway Cowboys à Derwood Brown, du son Bakersfield au rock 'n' roll d'Attignat, de Charlieu au Quatuor, de Tut Taylor à Thierry Loyer ou Jean-Jacques Milteau, histoire et actualité se mêlent, pour le partage des plaisirs. Même intention dans toutes nos chroniques habituelles, sans oublier la vaste sélection de Disqu'Airs. Une pensée affecteuse pour nos amis touchés par des ennuis de santé. Le Cri du Coyote ne guérit pas mais il croit pouvoir glisser dans ses pages des "good vibrations" à leur intention. Puissent-elles faire leur office et rendre le sourire à tous ! Bons festivals et concerts d'été. Bonnes vacances quand viendra le moment. Bien cordialement, Jacques PS : Le monde change à toute vitesse : Eric Allart vient d'avoir 50 ans ! Tous nos vœux l'ami ! Gazette Express KiNG : L'ENFANCE DE L'ART Le 1er enregistrement d’Elvis, août 1953 (My Happiness & That's When Your Heartaches Begin) payé 4$ chez Sun, a été vendu 300 000$, aux enchères. L'acheteur "anonyme" est Jack White : il propose désormais un fac-similé (78t, 25 cm) sur Third Man Records (45€ chez Bear Family) OUTLAW COUNTRY CRUiSE Oxymore ? Outlaws et croisière Marketing oblige pour remplir les 2 500 places du Norwegian Pearl avec Blackberry Smoke, Lucinda Williams, Steve Earle, The Mavericks, Bobby Bare, Bobby Bare Jr., Lukas Nelson, Shooter Jennings, Elizabeth Cook, The Bandof Heathens, Nikki Lane, Mojo Nixon Country Citation "Compter, ça il sait faire. Il a toujours aimé les maths. Il faisait le lèche-cul avec Mme Earlich pendant les cours d’algèbre, t’aurais cru que les gros nichons de la prof s’avançaient jusqu’à la table de Stu. Quand je vois la maison en briques toute neuve de Stu, plus loin sur la route, je me dis qu’on aurait peut-être tous dû téter un petit peu ce genre de nichons. C’est sûrement un radin, mais il n’est pas idiot. En plus, il a le seul bar avec une piste de danse en ville. Et il a encore Bob Wills dans son juke-box." Des hommes de devenir p144 (Men in the making) Bruce Machart, trad. François Happe (Ed. Gallmeister) Veni, Vidi, Vichy au Spring Bluegrass de la FBMA MEURTRE RAiSON D’ETAT Confession de fin de vie de Norman Hodges (78 ans) ex-agent de la CIA durant 41 ans, qui avoue 37 assassinats (1959-1972) dont celui de Marilyn Monroe "parce qu’elle couchait à la fois avec J.F. Kennedy et Fidel Castro" (?) POGNON & CRÉDULiTÉ Des faux sites et pages Facebook ont annoncé la mort de Willie Nelson ! Des centaines de milliers de "clics" ont ainsi rapporté de l’argent (pub !). NB : même si quelqu’un relaie en indiquant que c’est un faux, le compteur marche ! Le Cri du Coyote n°145 page 03 Sommaire 145 02 03 04 06 09 12 14 21 23 25 28 29 31 35 36 37 38 39 51 52 53 56 57 58 29 60 Plumes de Coyotes. News Editorial. Gazette Express Sturgill Simpson Lonesome River Band Avenue Country The Subway Cowboys Le Son Bakersfield James McMurtry Good Rockin' Tonight Derwood Brown Craig Shaw. Coyothèque Kanga Routes Buegrass & C° Rencontres de Charlieu Tut Taylor. News Thierry Loyer Le Quatuor. Western Pleasure Disqu'Airs Scalpel de Coyote Noix de Cajun B.B. King Crock 'n' Roll Jean-Jacques Milteau (DVD) Concerts Cabas du Fana News Coyote Report Anciens numéros disponibles p 52 Bons de commande/ Abonnement p 57 Sturgill SiMPSON Jacques BRÉMOND La rumeur aime les excès : Sturgill Simpson serait le sauveur de la country music face à la pop de Nashville. Lui reste lucide : "Beaucoup de journalistes veulent que je sois un étendard face à l’industrie mais je n’ai jamais eu ce genre de problèmes. Je n’ai pas d’histoire horrible à raconter sur le pouvoir de cette industrie, et je serais malhonnête et irrespectueux de me plaindre envers ceux qui en ont souffert". Mais, pas dupe, il pense que rien n’a changé depuis les 70’s et Tompall Glaser : "A moins que tu aies une vraie solution ou une alternative, ferme ta gueule. Parce que tu fais aussi partie du problème". Il veut simplement écrire sa musique lescent j’ai trouvé des trucs comme Led et continuer sa vie honnêtement. Sobre Zeppelin mais vers 20 ans j’en avais fait depuis quelques années, marié et père le tour en comprenant qu’il y avait aussi d’un fils né en 2014, avec une carrière des éléments traditionnels, en fait tout qui démarre vraiment à 34 ans, il ne se cela donnait de la soul". prétend pas la "vraie country music" et ne En 2004 il forme le groupe Sunday Valprêche rien. Il a pourtant déjà fait la pre- ley : du bluegrass en costards-cravates mière partie de Dwight Yoakam ou Willie et Stratocaster ! Un CD To The Wind And Nelson, est passé à l’Opry (présenté par On To Heaven est sur iTunes et vendu Marty Stuart) et dans les grands shows aux concert. "J’en ai encore 800 à la maiTV, a tourné en GB, avec Laura Cantrell son. J’ai arrêté parce que je n’étais pas et en solo. D’ailleurs il aime jouer seul, ce sûr de ne vouloir faire que ça, même si qu’il a longtemps fait, avant de se considérer comme un professionnel avec un groupe. Il doit gérer le succès : il y a peu il était caissier d’une épicerie de Nashville. "Je ne veux pas de cette pression, ni être un produit que les médias vont essayer en disant "on verra bien"... Je veux juste faire ce en quoi je crois, rester fier de ma musique, car mes disques resteront le reflet de ce que j’étais Laur Joamets & Sturgill à un certain moment". Il est né le 8 juin 1978 à Jackson, pe- j’écrivais de la musique (rires) j’ai pensé tite ville du Kentucky, d’une secrétaire à faire autre chose, pour changer". et d’un policier. La famille s’installe près Il trouve un boulot à Salt Lake City, est de Lexington et Sturgill revient souvent employé par l’Union Pacific Railroad à la dans les Appalaches. Le père, agent formation des trains de marchandises. Ça infiltré chez les trafiquants, était parfois lui plait, mais devenu contremaître il s’en absent durant des mois : "Je voyais un désintéresse. Il retourne à la musique : mec arriver avec des cheveux longs, une bars, petites scènes, puis à nouveau barbe, au volant d’une Mustang noire et avec Sunday Valley. Ils sont alors repéje me disais p… c’est qui ce mec ? Pas rés par Marc Dottore (manager de Marty étonnant que mes parents aient divorcé. Stuart, Connie Smith et Kathy Mattea). Ma mère avait passé presque toute sa Au festival de Portland, Pokey LaFarge, vie dans un bungalow préfabriqué près dans la foule, témoigne : "Sturgill est un d’une autoroute. Un jour elle lui a de ces mecs sur un dit c’est ton boulot ou nous." million touchés par Ces perturbations, et le métier le saint esprit de la du père n’ont pas empêché country music !. Sturgill de succomber aux drogues. "Elles ont eu un effet théMarié, Sturgill rapeutique en un sens. la réalité s’installe à Nashéchappe, on regarde l’océan, on ville et repart en respire au rythme des marées, solo. Il fréquente puis soudain on comprend l’imle Station Inn, y portance d’un événement qui prend des leçons nous a marqué à 4 ans, une (gratuites) de manchose enfouie qui ressort. Si tu ne doline par Ricky déconnes pas, ça fait une petite Classement des critiques musicaux (country music) pause pour essayer d’être meilleur. Mais 1. Sturgill Simpson, Metamodern Sounds in Country Music je n’ai plus besoin de ça maintenant". 2. Miranda Lambert, Platinum, 3. Lee Ann Womack, The Way I'm Livin', 4. Rosanne Cash, The River and the Première guitare à 8 ans, sans l'idée de Thread, 5. Angaleena Presley, American Middle Class devenir chanteur, mais la musique est 6. Eric Church, The Outsiders, 7. Dierks Bentley, Riser, présente partout. Plus tard, il passe trois 8. Little Big Town, Pain Kille, 9. Old Crow Medicine Show, ans dans l’US Navy, voyage jusqu’au Remedy, 10. Rodney Crowell, Tarpaper Sky Americana Nominations Japon, revient à Lexington. "Mes grandsSturgill est nommé dans les catégories Album, Artiste pères m’ont influencé. L’un jouait et re(avec Rhiannon Giddens, Jason Isbell, Lucinda Williams, gardait Hee Haw à la TV. J’étais entouré Lee Ann Womack) et Chanson de l'année. de country et de bluegrass. Puis adoSon guitariste Laur Joamets, nommé Instrumentiste Le Cri du Coyote n°145 page 04 Skaggs, rencontre des gens du métier. "Hélas, la moitié du temps quand on rencontre quelqu’un qu’on a porté aux nues, on tombe sur un trou du cul qui ne veut pas être dérangé… en même temps je comprends... certains jours je n’ai pas envie de causer non plus" (sourire). Shooter Jennings, fils de Waylon, est fan depuis le début : "il est aussi authentique que possible. Il y a tant de gens qui jouent comme mon père, qui l'imitent, mais personne n’y arrive vraiment. Sturgill ne l’imite pas, mais il a le son de ma période préférée de Waylon, les 70’s, quand il chantait d’une manière plus calme, posée, comme une conversation". Ce mélange trad/ outlaw/ moderne forme un équilibre noté par Sturgill : "A une époque, les gens que je voyais porter des chemises western étaient des groupes de rock, la country était plutôt affaire de rednecks… le côté redneck existe aussi parce qu’il est un prétexte de marketing, du moins aux USA. Or, les choses évoluent, on a des amateurs de punk rock qui font le lien avec Johnny Cash ! Ce mélange est intéressant : dans les 60’s on avait à la fois Buck Owens et les Beatles et chacun d’entre eux suivait ce que faisaient les autres. On a ça encore avec la filiation californienne de Gene Clark ou Clarence White, passé de l’acoustique aux Byrds et inversement, en mélangeant des styles de guitare". Nashville est plus près des racines mais Sturgill veut faire un album différent et original : "J’avais des chansons et je voulais faire ce que la country devait être selon moi. Il paraît que ce qu’une chanson d’Americana dit en 5 minutes, un country song le fait en 3, alors j’essaie d’écrire des country songs. Mais en réalité toute bonne music est de la soul music". En juin 2013, sort High Top Mountain, avec You Can Have the Crown ou Some Days à couleur Outlaw : "Je veux mon disque comme la vie : en live". Le studio est un prolongement de ma palette de sons". Le producteur Dave Cobb (Jason Isbell, Shooter Jennings) crée le son d’un vieil album et recrute Hargus Pig Robbins et Robby Turner (ex-guitariste de Waylon). Le titre du CD est le nom d’un cimetière où est sa famille, un témoin naturel de son passé où “Une image vaut mille mots, mais un mot ne vaut pas un centime”. Metamodern Sounds in Country Music sort le 13 mai 2014. C’est mon disque hippie love dit-il en souriant, mêlant des inspirations (Radiohead ou Beck qu'il écoute) en restant proche de racines country et en pensant au LP de Ray Charles (Modern Sounds in Country and Western Music) qui fut à la fois un défi et un succès. Une forme de pied de nez à Nashville ? "Pas du tout, je sais qu’on veut des symboles, car les gens sont frustrés par rapport à la country classique, mais c’est une manière négative de voir les choses. Quand on critique Luke Bryan, Blake Shelton ou Florida Georgia Line qui auraient "corrompu la musique", je trouve ça brutal. Après tout ce sont des être humains (sourire), tu sais bien qu’ils sont conscients de ce qu’ils font, alors tu choisis : tu les suis si tu aimes ou tu les ignores" (NDLR : ce que fait Le Cri). "J’en suis arrivé au point où écrire et chanter sur une peine de cœur et la boisson m’ennuyait profondément. La nuit je lis des bouquins de cosmologie et de physique. Cela a donné un groupe de chansons sur l’amour et l’expérience humaine dans le cosmos, mais avec les notions de lumière et de noirceur à l’intérieur de nous-mêmes. J’ai fait une sorte d’album de conscience humaine déguisé en disque de country… (sourire) introspectif sans larme dans ma bière, avec, pourquoi pas, une chanson sur les trous noirs ou le bouddhisme tibétain !?" Certes, mais on peut quand même être surpris par le début : "There’s a gateway in our mind that leads somewhere out there beyond this plane/ Where reptile aliens made of light cut you open and pull out all your pain*" Comment questionner l’origine de l’univers ou le rôle de l’humanité en chanson? "La tortue symbolise bien cette théorie, que je trouve belle sans la soutenir -je précise bien pour ne pas être pris pour un prêcheur justement !- Tout a été créé d’un point de vue et l’univers peu à peu va partager une forme de conscience universelle". Shooter confirme : "Il aime parler d’un tas de sujets, pas que de lui, et je partage ce goût pour les sciences et les théories. Quand on cause avec lui, c’est agréable, on se fume un petit joint, il y a sa musique et on finit ailleurs". Une sorte de prise de conscience déguisée en disque de country ? "Oui, comme si Merle Haggard avait pris du LSD (ce qu’il a peut-être fait)" se marre Sturgill. Mais il garde la tête claire : si l'idée d'une tortue qui a la terre sur son dos se retrouve dans la cosmologie Indoue et certains mythes des Indiens Nord-Américains, cette théorie est souvent plus utilisée pour contrer une autre théorie tout aussi absurde. "Oui, ce que vous proposez est intéressant et pas *"Il y a une passerelle dans notre esprit qui mène quelque part làbas au-delà de ce plan/ Où des Aliens reptiliens faits de lumière vous éventrent et retirent toute votre douleur" plus ni moins complexe ou étonnant que ce que dit l’Ancient Testament. En réalité personne n’en sait rien. On en saura peut-être plus à notre mort, et les seules réponses que j’ai, c’est en laissant sortir ma peur ou ma colère, et en trouvant quelqu’un qui m’accepte comme je suis, avec mes défauts et mon apparence, et qui m’aime. Je crois qu’on peut se servir de ces simples préceptes, même si ça fait un peu cliché hippie. Soyons sympa, et peut-être qu’un jour on saura". "Turtles All the Way Down a été écrite sous la douche et sur la route, je l’ai chantée aux copains qui m’ont regardé comme si j’étais fou mais Dave Cobb s’est marré et a dit : "Oh p. on y va !". L’album est gravé en 5 jours pour 4000$ avec un guitariste estonien "qui a grandi dans blues et le rock & roll". Peu après Simpson est signé par Atlantic Records. La pochette (de son ami peintre Jason Seiler) le montre comme surgi de la Guerre Sécession sur fond de cosmos ! www.sturgillsimpson.com La vidéo du même titre étonne : "Je m’attends à être catalogué comme "acid country" mais ce n’est pas ce que je veux. J’aimerais qu’on écoute mieux la chanson, elle n’est pas une apologie de la drogue. Elle évoque le don de son cœur à l’amour, pour que chacun soit traité avec compassions et respect, quelle que soit sa croyance ou sa foi. Cette métaphore de la tortue exprime une notion plus vaste. La vidéo a été réalisée avec Scott Draves. Quant à sa diffusion , j’avoue que je n’y ai pas songé. Ils font du bon boulot, mais CMT, canal "mainstream country", n’est pas mon but. Je suis intéressé par d’autres types de médias qui touchent des gens qui n’écoutent habituellement pas de la country mais qui peuvent trouver un lien avec ma musique". Sur ce même CD on trouve The Promise, un titre de 1988 du groupe anglais pop-électro When in Rome ! "Je crois que c’est une des quelque 3000 brillantes compositions des 80’s qui s’est perdue en production. Les paroles chantent un joli et doux chant d’amour et j’en Steve Earle & Sturgill Le Cri du Coyote n°145 page 05 ai fait une version "Countrypolitan". Long White Lines est une chanson de camionneur de Buford Abner (connue par Aaron Tippin) que Sturgill a reprise du bluegrass de Charlie Moore & Bill Napier (Truckin' Favorites). "En tournée elle évolue, elle est plus sauvage, plus funky ce sera bientôt un truc de hip-hop (rires)". La country est pleine de chants de route, mais aujourd’hui les camions sont un loisir dans les chansons. Dans les 80’s la CB était populaire après le succès de Smokey and the Bandit. Mon grand-père en avait une et j’adorais m’en servir sur la route ou dans le garage, jusqu’à ce que des camionneurs racontent des histoires sales alors il fallait que je l’éteigne !"... Lien avec la famille encore, Pan Bowl est introduite par son grand-père "Dood" Fraley, une sorte de retour à l’enfance. Sur ses goûts actuels, Sturgill reste ouvert : en dehors de la country, il apprécie un tas de choses mais ne suit pas les nouveautés : "J’ai tendance à écouter les mêmes 5 ou 6 disques six mois durant… j’ai entendu un mec au Texas, Jason Eady, avec un album magnifique, Daylight & Dark. J’aime Kenny Vaughan, capable de jouer différents styles, de Roy Nichols à Jeff Beck le tout dans un même solo ! J’aime les Beatles, j’aime pas les bottes de cow-boy mais j’aime les Beatles (rire)… Et Raul Malo (des Mavericks) un de mes héros vivants musicaux. Quand In Time est sorti je suis allé voir un set acoustique à la radio Sirius : le meilleur concert que j’aie vu en dix ans, devant 40 personnes, j’étais en lévitation !" Comment concilier ses préférences et les exigences du format country ? "Je ne veux pas refaire le même disque, or la seule manière de survivre est d’innover. Le danger est de devenir une mode et d’avoir à toujours reproduire la même image pour les fans qui attendent la même chose chaque nuit. La difficulté est le côté mécanique du boulot : il doit y avoir 200 villes aux USA où on n’a pas encore joué et où on pourrait tourner avec les mêmes chansons, mais comment savoir quand il faut changer de cycle ?" Tout est allé très vite pour Sturgill qui tourne en ce moment avec Zac Brown Band. Le 6 juillet il participera à l’hommage à Waylon Jennings à Austin, avec Willie Nelson, Kris Kristofferson, Toby Keith, Eric Church, Kacey Musgraves, Ryan Bingham, Jamey Johnson, Lee Ann Womack, Chris Stapleton, Shooter Jennings, Jessi Colter, Billy Joe Shaver. Comme ces musiciens, Sturgill Simpson a tout d’un grand. © Dominique FOSSE LONESOME RiVER BAND Le Cri du Coyote n°60 vous avait présenté le groupe Lonesome River Band à l'occasion de son passage au Country Rendez-Vous de Craponne-sur-Arzon en juillet 2000. Lonesome River Band était alors considéré comme une des formations majeures du genre car elle avait fortement marqué le bluegrass des années 90 avec son mélange de traditionnel et de country-grass. Pour la première fois depuis ses débuts en 1982, le groupe se présentait sous la forme d'un quintet, Rickie Simpkins (fdl) ayant rejoint depuis quelques mois Sammy Shelor, Ronnie Bowman, Don Rigsby et Kenny Smith. C'est cet été-là qu'est sorti l'album Talkin' To Myself, un disque très appréciable mais cependant moins réussi que Old Country Town (avec Tim Austin et Dan Tyminski en 1994), One Step Forward (1996) et Finding The Way (1998). La formation de Lonesome River Band allait bientôt connaître de nombreux bouleversements. En août 2001, Don Rigsby décide de quitter le groupe pour diriger le programme de formation bluegrass d'une université du Kentucky. En octobre, c'est Rickie Simpkins qui rejoint The Isaacs, un groupe basé plus près de chez lui. Kenny Smith exprime alors ses propres interrogations quant à la poursuite de sa collaboration avec Lonesome River Band car il souhaite tourner avec son épouse Amanda afin de promouvoir leur premier album en duo Slowly But Surely. Sammy Shelor et Ronnie Bowman discutent alors de l'avenir du groupe. Ils en détiennent conjointement les droits bien que ni l'un ni l'autre n'ait été présent en 1982 à sa création. Tous deux sont arrivés en 1990. Le fondateur du groupe était le guitariste Tim Austin et il leur en avait confié les rênes quand il l’avait quitté en 1995. Shelor et Bowman ne peuvent que constater leurs divergences artistiques. Le bassiste-chanteur souhaite persévérer dans la veine des derniers disques du groupe et de ses albums personnels qui font la part belle au country-grass. Shelor préférerait revenir au style plus classique qu'avait adopté Lonesome River Band pour l'album (judicieusement) intitulé Carrying The Tradition en 1991. Bowman est moins attaché au groupe que Shelor. Il est plus intéressé par le songwriting que par la scène (plusieurs de ses compositions ont connu de beaux succès par des artistes bluegrass et country ces quinze dernières années). Ses albums solo rencontrent des succès comparables à ceux du groupe. De son côté, Sammy Shelor trouve dommage d'arrêter une formation dans laquelle il s'est beaucoup investi pendant dix ans. Il y a des disques à vendre, les traites du bus de tournée à payer et il ne serait pas facile de donner à un nouveau groupe la notoriété qu'affiche alors Lonesome River Band. Le banjoïste en est d'autant plus conscient qu'il a précédemment fait partie d'un des groupes les plus influents des années 80, Virginia Squires, qui s'est séparé sans lendemain. Les deux grands-pères de Sammy Shelor jouaient du banjo. Sammy avait reçu son premier instrument, fabriqué par son grand-père maternel, Cruise Howell, à l'âge de quatre ans. Son autre grandpère lui offrit son premier banjo manufacturé quelques années plus tard. Sammy apprit à jouer avec grand-père Howell qui avait lui-même appris avec le musicien old time Charlie Poole. Il pratiquait un style nommé le "Boston roll" basé sur les accords et savait aussi jouer en picking comme Earl Scruggs. Shelor attribue l’importance du drive et du timing dans son style à son initiation par des musiciens old time. Au milieu des années 70 s’établit près de chez lui en Virginie un festival bluegrass qui lui permet de voir sur scène (en compagnie de la future contrebassiste Missy Le Cri du Coyote n°145 page 06 Raines) J.D. Crowe, Seldom Scene et les Osborne Brothers. Cette expérience lui insuffle la vocation de devenir musicien professionnel. A 14 ans, il commence à jouer avec les Dominion Bluegrass Boys qui lui apprennent à chanter les harmonies vocales. Deux ans plus tard, il intègre le groupe Interstate Exchange qui devient ensuite Summer Wages. Shelor connait sa première expérience de musicien professionnel dès sa sortie du lycée, avec le groupe Heights Of Grass qui comprend le guitariste chanteur Mark Newton. Heights Of Grass devient Virginia Squires avec Shelor, Newton et les frères Rickie et Ronnie Simpkins. La jeunesse des musiciens, leur look bien dans son époque (Shelor avait encore des cheveux), leur énergie et tout simplement leur talent, les a rendus emblématiques du "bluegrass contemporain", forme dépoussiérée du bluegrass classique. Variations (1988), le dernier –et peut-être le meilleur- de leurs cinq albums est toujours disponible chez Rebel. Aux débuts des Virginia Squires, Sammy bénéficie des conseils de Sonny Osborne tant pour son jeu que pour le choix de son instrument. Osborne lui a prêté son Gibson Granada pour l’enregistrement du premier disque des Virginia Squires et a produit deux albums du groupe. Sammy Shelor s’est également inspiré du style d’autres banjoïstes classiques comme J.D. Crowe, Bill Emerson, Terry Baucom mais a aussi connu l’influence plus moderne de Béla Fleck. Il a néanmoins conservé une approche plutôt traditionnelle avec des solos mettant en valeur la mélodie qui, chez Virginia Squires, faisaient le pendant de ceux de Rickie Simpkins, plus aventureux à la mandoline et au fiddle. Après la séparation des Virginia Squires, Shelor a remplacé temporairement Ben Eldridge au sein de Seldom Scene avant de devenir le banjoïste de Lonesome River Band, groupe qui n’avait alors qu'une notoriété relative. Mais Carrying The Tradition, le premier disque avec Shelor et Ronnie Bowman, connut un succès immédiat. Il fut élu album de l'année en 1992 par IBMA. Le groupe remporta ensuite de nombreuses récompenses. Sammy Shelor a notamment été consacré banjoïste de l'année par IBMA quatre années de suite de 1995 à 1998. Pour en revenir à 2001, Ronnie Bowman et Sammy Shelor décident donc de se séparer. C'est Shelor qui conserve les droits sur le groupe. Et il a bientôt quatre musiciens à recruter puisque Kenny Smith lui donne rapidement sa démission. Parmi les musiciens embauchés par Shelor, deux font toujours partie de la formation actuelle. Brandon Rickman avait 14 ans quand est sorti Carrying The Tradition et l’album l’avait impressionné. Shelor l’avait repéré au cours d’un festival à Morehead dans Sammy Shelor le Kentucky alors qu’il était bassiste du groupe New Tradition. Il était à ses débuts essentiellement cantonné aux harmonies vocales mais s’est ensuite imposé comme chanteur principal. Après trois années avec New Tradition, il fut embauché par Larry Cordle qui cherchait un bassiste qui puisse chanter les harmonies vocales. Ce qui ne devait être qu’un remplacement temporaire dura un an. Au contact de Cordle, l’un des songwriters bluegrass majeurs de ces 20 dernières années, Rickman développe un goût pour l’écriture de chansons. Cordle lui fit rencontrer Kim Fox avec qui il cosigna son premier titre et Larry Shell (un des principaux partenaires d’écriture de Cordle –ils ont notamment écrit ensemble Murder On Music Row)- chez qui il publia ses premiers titres. Brandon Rickman ambitionnait d’autre part de devenir chanteur-guitariste dans le prochain groupe qu’il intégrerait. C’est la condition qu’il posa à Sammy Shelor quand ce dernier lui proposa de rejoindre Lonesome River Band. Shelor accepta mais imposa à Rickman de revoir complètement son accompagnement de guitare. Shelor avait en effet des idées très arrêtées sur la façon dont le groupe devait sonner. On entend communément les musiciens dire que le bluegrass se joue en avant du temps. On distingue trois façons de jouer par rapport au temps (lequel correspond à chaque battement du métronome) : en avant du temps, sur le temps, ou en arrière (ou au fond) du temps. Cette dernière manière est plutôt ce qui se pratique en country. A force d’entendre les musiciens bluegrass dire qu’ils jouent tous en avant du temps, on se demande bien qui définit le temps dans leurs morceaux. Sammy Shelor est un des rares musiciens à exprimer une vision claire de cette caractéristique essentielle du son des groupes, souvent difficile à analyser, même pour des oreilles expertes. Pour obtenir le son du Lonesome River Band, au moins pour la partie la plus classique de son répertoire, la mandoline et la basse jouent sur le temps et les trois autres instruments (guitare, banjo, fiddle) doivent jouer en avant du temps. Le Cri du Coyote n°145 page 07 Le léger décalage provoque la tension essentielle au bluegrass qui crée une (fausse) impression d’accélération alors que le tempo reste (dans l’idéal) identique. Pour apprendre à jouer de la façon souhaitée par Shelor, Brandon Rickman passa deux jours à retravailler complètement sa technique de guitare rythmique avec Tim Austin. En même temps que Brandon Rickman, arrive le fiddler Mike Hartgrove. Sans trop faire parler de lui (pas d’album solo, pas de séances de studio), Hartgrove a un des plus beaux curriculum vitae du bluegrass. Tommy Jackson, qui avait enregistré avec Hank Williams, fut sa première influence. Quand Hartgrove débarque à Nashville en 1974 à l'âge de 18 ans, il réussit à jouer avec son idole peu de temps avant que Jackson ne prenne sa retraite (il est décédé quelques années plus tard en 1979) mais rencontra surtout Norman Blake, Vassar Clements, Benny Martin et Kenny Baker dans des clubs de la capitale de la musique country. Il commence sa carrière professionnelle en accompagnant des chanteurs country : George Jones pendant deux ans puis Moe Bandy trois années supplémentaires. Après avoir vu Bill Monroe et Kenny Baker au cours d'une émission de télévision, il décide ensuite de se consacrer au bluegrass en dépit de ce que cela implique comme sacrifices financiers. Il décoche son premier job de fiddler bluegrass avec les Bluegrass Cardinals de Don Parmley de 1981 à 1989. Il était donc à Toulouse lors de la dernière édition du festival Bluegrass en 1985. Puis il passe trois années avec Doyle Lawson & Quicksilver. Avec le chanteur guitariste Russell Moore et le contrebassiste Ray Deaton, il est de la génération qui quitte massivement Lawson pour créer IIIrd Tyme Out. Après dix années (presque autant d'albums) avec cette formation qui a marqué les 90's; fatigué par les longs trajets qu'impliquait sa participation au groupe (basé à sept heures de route de chez lui), il accepta la proposition de Shelor –dont il est voisin– de rejoindre Lonesome River Band. Le premier album de Lonesome River Band nouvelle formule, Window Of Time, paraît rapidement, dès 2002. En plus de Shelor, Rickman et Hartgrove, il y a Jeff Parker à la mandoline (il restera avec le groupe jusqu'en 2007) et le contrebassiste Irl Hees qui avait précédemment joué avec Rhonda Vincent. Ce disque reste peut-être à ce jour le meilleur de la période post-Bowman dont l'influence est évidente sur la façon de chanter de Brandon Rickman, notamment pour la chanson Down This Line, très réussie. Le public ne s'y trompe pas et l'album atteint la première place des charts de la revue Bluegrass Unlimited. Il faut attendre 2005 pour voir arriver le disque suivant, Head Into Heartache. Le groupe est le même à l'exception de John Wade à la contrebasse. L'album est moins réussi et il ne fait qu'une apparition dans les charts, juste sauvé par la chanson Lonesome Won't Get The Best Of Me qui parvient en seconde position. Il y a encore l'influence de Bowman dans le chant de Rickman mais avec moins de fraîcheur. Ça frise parfois l'imitation. Hartgrove et Rickman quittent le groupe peu après. Le guitariste veut se consacrer au songwriting (comme Ronnie Bowman l'avait fait avant lui). Quant à Hartgrove, sa première intention est de se tourner vers l'enseignement musical mais il est rapidement réembauché par Doyle Lawson avec lequel il enregistre les albums He Lives In Me en 2006 (c'est la période où Lawson utilise trois fiddlers dans ses arrangements) et More Behind The Picture Than The Wall en 2007 (où Hartgrove est le seul violoniste du groupe). Pendant ce temps, Sammy Shelor poursuit l'aventure Lonesome River Band avec Parker, Shannon Slaughter (gtr), Matt Leadbetter (dob) et Barry Berrier (bss). Ce sont les musiciens qui l'accompagnent sur l'album de 2006, The Road With No End. Sammy enregistre l'année suivante Taking The Crooked Road Home en duo avec Linda Lay, la contrebassistechanteuse du groupe Appalachian Trail. C'est le seul disque de sa carrière à sortir sous son nom avec son album solo Leading Roll qui date de 1997. Rickman et Hartgrove reviennent en 2007. Le groupe se renouvelle encore presque entièrement puisque les autres musiciens sur les deux albums suivants sont Andy Ball (mdo) et Mike Anglin (bss). Brandon Rickman met en avant ses talents de songwriter dans No Turning Back (2008) avec quatre compositions qui sont parmi les meilleurs titres du disque, dont I'm Not There Yet écrit avec Jerry Salley. L'instrumental Struttin' To Ferrum est aussi un moment fort de l'album. Malgré la volonté initiale de Sammy Shelor d'un retour au son de Carrying The Tradition, No Turning Back, comme les albums précédents, associe style traditionnel et countrygrass. Il y a même un arrangement plus moderne (Darkness Wept), et Flowers est accompagné au piano. L'album et la chanson Them Blues atteignent la première position des classements de Bluegrass Unlimited. Still Learning paraît en 2010. L'album et la chanson Record Time Machine se contenteront tous deux de la seconde place des mêmes charts. Entre temps, Brandon Rickman a publié un album solo, Young Man, Old Soul qui regroupe douze titres qu'il a co-écrits avec notamment Chris Stapleton, Tammy Rogers, Craig Market et Jerry Salley, et auquel participent Ball, Anglin, Kim Gardner et Randy Kohrs (dob), le banjoïste Aaron McDaris avec qui Rickman avait joué dans New Tradition et Jenee Fleenor (fdl). Son style vocal évolue et se rapproche désormais de celui de Marty Raybon, le chanteur du groupe country Shenandoah investi dans une carrière bluegrass depuis plusieurs années. Fin 2010, Barry Reed qui avait précédemment joué avec Michael Cleveland & Flamekeeper remplace Anglin à la basse et l'année suivante, on parvient à la formation actuelle de Lonesome River Band quand Randy Jones succède à Andy Ball. Jones était apparu en 1988 sur Silver Reflections, un des meilleurs disques de Larry Sparks. Après une longue éclipse, il avait refait surface avec un groupe régional, Kentucky Wind. Dans la lignée de Bill Monroe, les mandolinistes chantent souvent les parties tenor dans les groupes bluegrass. C'est particulièrement vrai chez Lonesome River Band et Randy Jones n'échappe pas à la règle. Le Cri du Coyote n°145 page 08 Pour fêter le trentième anniversaire du groupe, Lonesome River Band se lance dans une démarche plutôt inédite : le réenregistrement de titres figurant sur les albums précédents, regroupés en trois disques intitulés Chronology I, II et III. Ils auraient facilement pu être regroupés sur deux supports car il n'y a que 8 à 10 titres par CD (vendus il est vrai à tarif promotionnel). On est souvent proche des versions originales mais avec des voix différentes (la plupart des titres sont chantés par Rickman). Quelques tempos sont légèrement plus lents. Le groupe évite les compositions de Ronnie Bowman mais reprend la plupart des titres de la discographie de Lonesome River Band issus du répertoire de Ralph Stanley. Il y a bien entendu plusieurs hits du groupe (Hobo Blues, Long Gone, Am I A Fool, Who Needs You) et un inédit de Brandon Rickman (Barley Beat The Daylight In, chanté par Jones) sur le second volume. L'instrumental Angeline The Baker tiré du premier disque de la série est élu Instrumental de l'année 2012 par IBMA et Sammy Shelor est sacré Banjoïste de l'année pour la cinquième fois. En 2011, Sammy avait aussi été le second lauréat d'une récompense instituée l'année précédente par l'acteur-banjoïste Steve Martin (Steve Martin Prize for Excellence in Banjo and Bluegrass), ce qui lui permit d’apparaître au Late Show de David Letterman. Turn On A Dime, le 17ème album du groupe, est sorti en octobre 2014 (cf Le Cri n°144). Hartgrove n'a peut-être jamais aussi bien joué, Randy Jones est un bon mandoliniste et Sammy Shelor est toujours un banjoïste recherché comme le montre sa participation régulière à des enregistrements studio, notamment pour l'album bluegrass de la vedette country Alan Jackson. La complémentarité vocale de Brandon Rickman et Randy Jones fonctionne particulièrement bien sur le blues Don't Shed No Tears. A l'heure où j'écris, l'album Turn On A Dime et la chanson Her Love Won't Turn A Dime continuent leur ascension vers les sommets des charts bluegrass et il ne serait pas surprenant qu'ils soient arrivés en tête quand vous les découvrirez à La Roche Bluegrass Festival. © NB : Au moment du bouclage, nous apprenons que Randy Jones a quitté Lonesome River Band. C'est désormais Jesse Smathers qui tient la mandoline. Jesse a une solide expérience du bluegrass, ayant déjà joué avec les groupes de James King, Nothin’ Fancy et High VolJesse Smathers tage. Jacques DUFOUR ASLEEP AT THE WHEEL : Still The King Quand Ray Benson, le chanteur leader d’Asleep At The Wheel, manque d’imagination, il sort un album hommage à Bob Wills. Le dernier en date, Tribute To The Music Of Bob Wills, est paru en 1993. Une vingtaine d’années, ce n’est pas long quand on considère que les grands classiques créés par les Texas Playboys remontent quand même aux années 40. Dans cet ouvrage précédent avaient été conviés Vince Gill, George Strait, Garth Brooks, Dolly Parton, Willie Nelson, Merle Haggard, Brooks & Dunn, Suzie Bogguss, Marty Stuart, Lyle Lovett. Difficile de faire mieux ! Pour ce nouvel opus, la distribution est davantage l’œuvre d’une série B. N’ont été rappelés que Merle Haggard, Vince Gill, Willie Nelson, George Strait et Lyle Lovett. Mais que l’on se rassure, si les nouveaux invités portent des noms moins prestigieux comme Elizabeth Cook, Old Crow Medecine Show, The Time Jumpers, Buddy Miller, Carrie Rodriguez, Pokey Lafarge, Del McCoury, Jamey AVENUE COUNTRY Johnson ou Shooter Jennings, ceux-ci ne figurent pas moins parmi les artistes les plus remarquables dans leurs genres respectifs. Et parmi tous ces nouveaux venus il y a quand même Brad Paisley ! Démarche intentionnelle ou pas, il n’y a pas de doublons avec l’album paru il y a vingtdeux ans. Il faut dire aussi que l’œuvre discographique de Bob Wills est vaste. Je ne vais pas énumérer les vingt-deux titres. Je me contente de vous citer mes favoris, privilège du Coyoteur ! Ce sont Trouble In Mind par Lyle Lovett avec ses trompettes, le shuffle rétro Keeper Of My Heart avec Merle Haggard et Emily Gimble, petite-fille du grand violoniste décédé récemment, le charleston I Can’t Give You Anything But Love par Ray Benson et Kat Edmonson (?), l’ultra rapide instrumental Tiger Rag avec Old Crow Medecine Show, la reprise du Navajo Trail par Willie Nelson et les exquises Quebe Sisters, le célébrissime Faded Love par The Time Jumpers, et qui nous offre le AARON WATSON : The Underdog Aaron Watson est loin d’être une découverte. Il est l’une des pièces maîtresses de la country traditionnelle texane, un pilier des honky tonks. Il n’a pas manqué d’être invité au Country Rendez-Vous, c’était en 2011. Ce tout nouvel album, n’est cependant pas à ranger parmi les réalisations de pure musique honky tonk. Il est beaucoup plus varié en styles et en fait ne comporte qu’un seul morceau représentatif du genre, That’s Gonna Leave A Mark. Et sur quatorze titres, cela fait peu. Si l’on évite deux ou trois chansons assez moyennes ou à l’aspect plus moderne, on obtient quand même un assez bon album de country avec quelques ballades, deux morceaux rapides, une chanson western et des country songs honnêtes. Ce n’est pas l’album de l’année mais il est agréable et bénéficie du soutien constant du violon du jeune Damian Green. Et dans le titre final, Fence Post, Aaron déclare qu’il préfère être "un vieux poteau de clôture au Texas plutôt que le roi du Tennessee". A lire comme une diatribe contre la musique commerciale de Nashville. Je l’approuve totalement. En concert le 24 janvier 2016 à Toulon (83) ANDY GRiGGS : Naked Andy Griggs fait partie de ces artistes talentueux à qui le business n’aura permis qu’une bien trop brève période de gloire. Son premier album paru chez RCA en 1998 lui offrit d’entrée deux n°2 au Billboard. Une demi-douzaine de succès plus tard Griggs avait déjà disparu de l’actualité de Nashville. La quarantaine atteinte, ce chanteur originaire de Louisiane essaie de relancer sa carrière. Celle-ci avait du reste démarré à la suite d’un événement tragique. Andy était sportif et son frère musicien. A la mort brutale de ce dernier, Andy décide de se lancer dans la musique et part à Nashville en 1995. Parmi ses influences Griggs cite Haggard, Hank Williams, Paycheck et Jennings avec qui il était très ami. Un duo récent avec Jamie O’Neal était prometteur. Hélas cet album de retour n’est pas celui que l’espérais. Il s’agit d’une œuvre intimiste et acoustique interprétée avec le seul support de sa guitare. Elle porte bien son nom, Nu. Je dirais même dépouillé. Treize chansons à la suite sans refrain particulier c’est bien trop pour moi. Ou encore il faudrait pouvoir suivre les textes. plaisir ultime d’écouter la voix délicate de Dawn Sears dans le dernier enregistrement de sa vie. Il y a aussi une excellente version de My Window Faces The South avec Brad Paisley et les amateurs de guitares seront servis avec le duel entre Tommy Emmanuel et Brent Mason au cours du western swing instrumental Twin Guitar Special. Shooter Jennings, aidé de Randy Rogers et Reckless Kelly, nous restitue une très bonne reprise de Bob Wills Is Still The King crée par son père et qui est le mot de la fin. Mais il n’y a aucun titre faible ou hors propos comme c’est parfois le cas quand des artistes rock sont invités. L'album ne s’adresse pas qu’aux amateurs de western swing car il y a du blues, du honky tonk et de la country, mais toujours avec du swing en filigrane. Ce sont les vocalistes qui sont cités, mais les véritables artistes qui font la valeur de cet album sont les musiciens d’Asleep At The Wheel et qui constituent la crème de la crème du genre. J’ai cependant décelé deux reprises, Angel Flying Too Close To The Ground (Willie Nelson) et Between An Old Memory And Me (Travis Tritt). Je sais qu’il y a des amateurs de cette sobriété musicale. Son vocal légèrement écorché est attachant. Si vous appréciez par exemple Robert Earl Keen, vous allez adorer. CLAiRE PETRiE : The One Mon attention avait été attirée par une excellente reprise du célèbre (C’Est La Vie) You Never Can Tell parue sur une compilation pour DJ’s. Une reprise dynamique soulignée par un plaisant accordéon pour une touche louisiannaise. A présent me parvient l’album de cette blonde interprète originaire de Floride. Elle possède un petit côté soul, mais bien moins prononcé que chez Wynonna ou Jo Dee Messina. Cet aspect associé à un vocal puissant apporte une coloration bluesy à son style de country qui est plus proche de la country-soul ou variété que de la country classique, ou même moderne. Plusieurs slows mettent sa voix en valeur, notamment sa reprise en final de For Once In My Life. Mais Claire ne rechigne pas à nous offrir un bon rock & roll avec Build A Bridge (And Get Over It). Une bonne chanteuse, en marge de la country habituelle. COUNTRYBREAKERS : Still Breakin’ Certes, il s’agit d’un album de reprises. Mais combien de lecteurs du Cri connaissent les versions originales de ces titres empruntés à Shane Yellowbird, Gord Bamford ou Jason Boland ? Même si les compositeurs se nomment Rodney Crowell ou Toby Keith ce ne sont pas leurs plus célèbres réalisations qui ont été retenues. Les seules exceptions étant If Tomorrow Never Comes (Garth Brooks) et Here’s A Quarter (Call Someone Who Cares) de Travis Tritt. Formé à Nîmes il y a quelques années le groupe des Countrybreakers a tourné un temps avec la chanteuse Lilavati. Les vocaux sont actuellement partagés entre trois des quatre musiciens. La country du quatuor est plus proche du rock que de la nashpop de Nashville. Il y a même deux titres de style southern-rock, ce qui est assez normal pour une formation du sud. Beaucoup de tempos rapides comme Love And Alcohol de John Michael Montgomery en ouverture, Barefeet On The Blacktop ou If I Ever Get Back To Oklahoma. Un côté plus tendre est Le Cri du Coyote n°145 page 09 souligné par White Rose qui bénéficie du renfort de Vince Berry au vocal, et par les reprises mentionnées de Brooks et Tritt. Un titre new-country, Bruises, permet d’accueillir la charmante Ledily du groupe Back West. Enfin Is It Friday Yet et Big Heart sont bien country. Sébastien Puget en invité intervient à l’harmonica sur plusieurs morceaux mais la guitare est l’instrument principal sur cet enregistrement effectué dans la cité gardoise. Les Countrybreakers doivent déployer beaucoup d’énergie sur scène et cet album est une bonne entrée en matière qui nous incite à aller les voir en "live". DWiGHT YOAKAM : Second Hand Heart L’album précédent, celui des trois poires, m’avait déçu. Dwight ne pouvait que faire mieux. Et d’après les commentaires qui me sont parvenus, son nouvel album le rapprocherait de ses premières œuvres, de sa période Pete Anderson, celle qui a forgé le style et le personnage. J’étais donc très impatient de découvrir à mon tour Second Hand Heart. D’entrée on retrouve un Yoakam plus "pêchu" avec le rockant In Another World, puis Second Hand Heart avec toujours la guitare au premier plan et une forte rythmique. Believe est dans la même veine. Puis c’est une explosion de rock and roll avec Man Of Constant Sorrow, Liar et The Big Time qui ressemble à Mystery Train. She est assez "stonien". Je suis heureux de retrouver son côté honky tonk avec Off Your Mind qui me rappelle beaucoup Jim Lauderdale. Le dixième et dernier titre est un slow. Ouf ! Nous n’avons pas encore de titres de la force de Guitars, Cadillac, Etc. mais on s’en rapproche. En tout cas c'est un album bourré d’énergie, très rock mais qui n’a rien à voir avec la mauvaise pop de Nashville. ERiCH MC MANN : Trucker Country Je n’ai pas réellement compris si Erich McMann était Américain ou Suédois car il possède une adresse courriel scandinave. Trucker Country est une œuvre réalisée, comme c’était la mode autrefois, à domicile, c’est-à-dire, enregistrée dans le salon après avoir poussé les meubles. Enfin il ne lui a pas fallu beaucoup de place vu qu’il est tout seul comme musicien. C’est le fruit du travail d’un amateur mais qui ne manque pas d’un certain charme. L’accompagnement est assez sobre mais le style bien country. Comme c’était aussi la mode dans les années 60, Trucker Country est un album à la gloire des chauffeurs routiers. McMann n’a jamais été un "trucker", mais son père si. Ses souvenirs de gamin quand il accompagnait son géniteur sur la route dans son Skannia lui ont inspiré cet album de compositions. Aussi pas de reprises de classiques de Dave Duddley ou Red Simpson. Les compositions de McMann ne sont pas spécialement "typées" comme un Truck Drivin’ Man ou un Six Days On The Road, chantées d’une voix mâle par un routier/ chanteur aux bras musclés. Le vocal est plus proche de John Denver que de Johnny Cash. Cela n’exclut pas quelques petits rocks légers parmi des country songs gentillettes. Pour collectionneurs sur ce thème particulier. GREG HAGER : In The Valley Below Inconnu pour moi, cet artiste se produit dans les foires et rodéos du nord-ouest américain. Il est né et vit toujours, avec son épouse et ses trois enfants, dans le Nord Dakota. Il a déjà réalisé 7 albums de country et de gospel. Il a été plusieurs fois nominé par l’association des artistes western. C’est donc dans un registre assez traditionnel qu’il s’exprime. Hager ne s’autorise aucune reprise, que des chansons originales. Dès la première, In The Valley Below, on comprend que Greg Hager ne va pas nous parler de faire la fête avec les filles, de bière ou de pick-up trucks. Il chante la nature ou les bons principes de vie dans une ambiance familiale avec une instrumentation typiquement country. Le problème est que son cheval ne se met jamais au galop. N’espérez pas un quelconque ersatz de Ghost Riders In The Sky ou des chansons bien typées à la Gene Autry, Johnny Cash ou Marty Robbins. Il serait plus proche d’un John Denver. Ou de Don Williams mais avec un vocal nettement plus léger. J’ai failli m’assoupir avant la fin de l’album. La mer est trop calme, ou la piste trop longue… JOHN ARTHUR MARTiNEZ : If Stars Could Sing 2003, première édition du concours Nashville Star. John Arthur Martinez termine deuxième devançant une autre jeune inconnue, Miranda Lambert. Pour la petite histoire, le vainqueur s’appelait Buddy Jewell. Si Miranda devait devenir la star de la country moderne, John Arthur n’en a pas moins poursuivi une carrière honnête qui le conduisit notamment sur la scène de Craponne-sur-Arzon en 2006. Tous les albums de JAM sont de qualité et d’une conception classique avec force honky tonk, tex mex et western swing. Parfois aussi proposant des reprises surprenantes comme When You Say Nothing At All d’Allison Krauss ou sur ce dernier album deux versions d’Hotel California. Riche de quatorze titres cette nouvelle œuvre s’ouvre sur le rapide Let’s All Go To Mexico. John propose ensuite du Creedence avec Down On The Corner, du honky tonk avec Kiss And Make Up For Lost Time et Longnecks And Heartaches, du western swing avec Little Nashville, de la valse lente, un rock and roll/ swing, un superbe Too Old To Die Young (Kevin Welch) et surtout ces splendides dix minutes d’Hotel California qui à elles seules auraient justifié un Cri du Cœur. J’ai rarement eu l’occasion d’entendre un violon aussi émouvant que dans cette reprise des Eagles où il se conjugue à merveille avec une guitare hispanisante. Un pur joyaux. Cet album risque de demeurer méconnu. Rendez-lui cette justice qui consiste à l’écouter et à le faire figurer en bonne place dans votre discothèque. John Arthur Martinez mérite d’être découvert à sa juste valeur. GiRLS GUNS AND GLORY : Good Luck GGG est un groupe qui a tourné en France. Il a un répertoire assez énergique qui doit rendre davantage sur scène que sur galette, le chanteur n’étant pas doté d’une voix exceptionnelle. Un album de reprises d’Hank Williams vient de sortir en 2015 mais Good Luck ne date que de l’année dernière. Il est constitué d’une succession de morceaux assez rock et de ballades. Le résultat est moins convainquant que les ouvrages des groupes voisins en style comme Foster Martin Band, 11 Hundred Springs ou Two Tons Of Steel. Certainement un bon groupe pour un festival. JOANNE STACEY : My September Un album qui commence par un hommage à Patsy Cline est de bonne augure. That’s What Patsy Would Do énumère quelques grands succès de la regrettée chanteuse dans un style de country classique. On retrouve cette approche traditionnelle dans Weeping Willow. Je découvre Joanne Stacey avec ce CD, en majorité acoustique et qui fait appel à des instruments qu’on souhaiterait rencontrer plus souvent dans les réalisations actuelles : dobro, banjo ou fiddle. La chanteuse nous présente une œuvre originale, variée bien qu’axée sur des mélodies calmes ou lentes. L’amusant When The Honeymoon Is over (I’ll Be Gone) et He Loves Her Still sont les deux titres rapides. Le slow I Can’t Breathe est de toute beauté, marginé de violon et de dobro. Le titre final, Lonesome Rambler, un hymne, est chanté a-capella et est très émouvant. Joanne Stacey est une chanteuse au vocal captivant à classer entre Emmylou et Patty Loveless. KENTUCKY HEADHUNTERS : Snapshot Cette formation de country-rock populaire au début des années 90 avec sa musique très musclée est toujours en activité. L’apparence de musiciens de rock sudiste de ses cinq membres n’a pas changée malgré l’arrivée de la soixantaine. Leur dernière œuvre sacrifie à la mode des albums de reprises. Notez qu’ils en ont toujours enregistrées avec du Cash, du Perkins ou leur version de Oh Lonesome Me de Don Gibson qui leur valu un Top 8 en 1990, leur meilleur score. Ashes Of Love sonne très Brooks & Dunn. Chug A Lug est très fidèle à l’original de Roger Miller. Hey Good Looking est traité en rock bluesy et Honky Tonk Blues en rock su- Le Cri du Coyote n°145 page 10 diste. Et Buck Owens ? Mise à part une guitare un peu ronflante Made In Japan demeure assez country classique. Le tendre So Sad des Everly’s est interprété en slow. Malgré de grosses guitares leur reprise de Take These Chains From My Heart passe bien. Walk A Mile In My Shoes m’a toujours laissé indifférent. Je préfère nettement la version nerveuse des Kentucky’s à celle de Joe South. Plus surprenant est de trouver Patsy Cline au répertoire. Walkin’ After Midnight est entièrement revu, transformé, interprété d’une manière plus légère, et ça passe très bien. Snapshot plaira à ceux qui ont apprécié le passage de Flynville Train à Craponne et qui acceptent une bonne dose de rock dans leur country. NiCK CROSS : Whiskey, Women & Music Le titre était pourtant prometteur mais j’avoue m’être quelque peu ennuyé à l’écoute de cet album réalisé par un chanteur originaire de l’Illinois et fixé à Nashville. A mi-écoute, quand on est arrivé au cinquième slow sur sept titres, j’ai compris que ce ne serait pas mon album du trimestre… En fait, je n’ai vraiment apprécié que les deux titres rapides, Cowgirls Drive Me Crazy et Hillbilly Heaven, ainsi que deux ou trois autres chansons dont la valse lente Ballad Of Harley Anderson. J’ai trouvé le reste un peu lassant. Pourtant la voix de fumeur de cigarettes et de buveur de bourbon de Nick Cross est intéressante. Il suffirait qu’il équilibre un peu mieux les tempos pour le prochain album car ses countryrock sont très bons. ROBERT MiZZELL : I Don’t Want To Say Goodbye A l’instar de John Permenter, Doug Adkins ou David Waddell Robert Mizzell est un chanteur Américain qui s’est établi en Europe. Né près de Shreveport, en Louisiane Mizzell, s’est fixé en Irlande depuis de nombreuses années. Il a notamment tourné dans l’ile d’émeraude avec Billy Yates. Son style est donc résolument traditionnel. Mizzell rend hommage à son pays natal et à sa terre d’accueil à travers ses chansons : Louisiana Red Dirt Highway, Sweet Home Louisiana, Down On The Bayou, Wild Irish Rose. Sa musique est dynamique et propice à faire la fête notamment avec les deux chansons de style cajun en fin d’album avec un violon qui met l’ambiance. Ballades, honky tonks et titres bien rapides se répartissent sur un album bien équilibré qui propose quelques reprises comme Your Man (Josh Turner) ou ce bon rock de Vince Gill One More Last Chance. Robert Mizzell est une valeur sûre pour un soir de fête. Très bon album. SARAH GAYLE MEECH : Tennessee Love Song Cette chanteuse sera présente cet été sur la scène de Craponne sur Arzon. Elle apparait blonde sur la pochette de son dernier album alors que sur le précédent, One Good Thing, paru en 2013, ses cheveux étaient noirs comme de l’ébène. Sera-t-elle rousse pour le Country Rendez-Vous ? Ses bras tatoués du poignet jusqu’à l’épaule nous la feraient verser dans le domaine du rockabilly alors qu’en fait Sarah chante de la country traditionnelle. Originaire de l’état du Washington, elle a vécu une dizaine d’années à Los Angeles avant d’enregistrer son premier album en 2012. D’entrée on a droit à de la country très classique, en douceur avec le slow Stormy Weather, puis très traditionnelle avec Love Of Mine, fiddle en tête. Le rockabilly n’est cependant pas oublié avec Watermelon And Toot Beer, ni le honky tonk avec Get It Over. Parmi les meilleurs titres citons aussi la ballade The Loneliest Place In Town avec sa pedal steel guitare, le slow rock Somebody’s Gonna Cry et son piano, Little Black Hole entre country et rockabilly et les slows Rain Song et Stay Gold. De quinze titres l’album aurait cependant pu être réduit à une dizaine plus percutants si l’on avait supprimé quelques chansons aux tempos plus cool ou medium. Mais cela reste une question de goût. Avec un répertoire approprié Sarah Gayle Meech peut se faire de nombreux fans à Craponne. Retrouvez Jacques Dufour dans Rockin‘ Boy Saloon sur Lyon Première 90.2 FM, le dimanche de 20h à 22h (www.lyonpremiere.com) Et dans le Web Bulletin : www.countrybulletin.free.fr LAURiE LEBLANC : 20 Je n’hésiterai pas à ranger Laurie Leblanc au côté de Paul MacBonvin et d’Eddy Ray Cooper. En effet, nous avons affaire à un excellent chanteur qui écrit des textes en français qui ne manquent pas de saveur et dans un registre totalement country. Cet album nous est parvenu parce que cet artiste Acadien fête ses vingt ans de carrière. Il s’agit de son troisième album francophone. Il est fort dommage que la scène country du Canada francophone soit totalement occultée chez nous. Cela nous prive de la découverte d’artistes qui plairaient à un large public en France comme l’ont prouvé dans le passé les Leclerc, Vigneaut, Charlebois pour la chanson française. Sans parler des échanges qui pourraient s’établir entre les artistes des deux pays. Pour en revenir à Laurie Leblanc il a estimé à juste titre qu’il y avait suffisamment de bons musiciens au Quebec sans se sentir obligé de descendre à Nashville. Et cela ne nous empêche pas d’avoir de belles envolées de fiddle (Ray Legere), de la steel ou du banjo. Cet album est gai, dynamique, avec quatre titres très rapides, six country de format bien classique et une jolie ballade acoustique en final avec le seul accompagnement d’un piano. Si cet enregistrement avait sa contrepartie en anglais, il serait très proche en style de la musique d’Alan Jackson, une des ses influences. Un excellent album. SHANiA TWAiN : Live From Vegas La musique de Shania Twain a marqué toute une génération de chanteuses dans les années 90. Son style très moderne pour l’époque la ferait presque ranger parmi les chanteuses classiques si l’on se réfère à ce que nous propose Nashville à l’heure actuelle. Certes, Shania est loin de Loretta Lynn ou Patsy Cline mais ses chansons entrainantes présentaient toutes un refrain que l’on pouvait siffloter sous la douche. Ecoutez plusieurs fois d’affilée, si vous êtes masos, les albums de Jason Aldean ou Florida Georgia Line et il vous faudra chercher ailleurs pour avoir quelque chose à fredonner dans votre salle de bain… Il ne manque aucun des nombreux succès de la carrière de la chanteuse dont la production discographique s’est achevée sur les rives du lac Léman au début des années 2000 après la naissance de son enfant. A l’instar de Garth Brooks s’en est suivie une assez longue parenthèse sans musique suivie d’une re-localisation à Las Vegas pour une seconde partie de carrière à se produire dans les casinos et ainsi rajouter quelques couches supplémentaires de beurre sur les tartines. En 2015 on parle plus que jamais du retour en studio de la belle Canadienne. En attendant nous parvient ce copieux Live In Vegas, testament d’une époque. Souhaitons à Shania Twain une nouvelle lignée de succès aussi fructueux car elle semble avoir gardé une réelle notoriété comme en témoigne cet enregistrement. En tout cas j’avoue avoir pris du plaisir à la remémoration de tous ses succès des années 90 concentrés sur une heure de show. DARYLE SiNGLETARY : There’s Still A Little Country Left Que l’on me pose la question : "Je ne connais pas très bien la musique country, peux-tu me conseiller un album bien représentatif du genre ?" A coup sûr je répondrai : "Choisis n’importe quel album d’Alan Jackson ou de Daryle Singletary". En effet, je possède tous les albums de ce dernier, né en Géorgie en 1971, depuis ses débuts en 1995, et aucun n’est décevant. Côté style on peut le ranger sagement au côté de Mark Chesnutt ou de Billy Yates. Une voix chaleureuse et un répertoire traditionnel. Plus classique que Josh Turner et plus vif que Joe Nichols. Encore que, dans cette dernière œuvre, ce sont les ballades qui dominent. Cet album, bien que riche en instrumentation typiquement country, pêche par son manque de tempos rapides et est le premier dans la discographie de Singletary à ne présenter aucun titre purement honky tonk. Aussi je ne glisserai pas There’s Still A Little Country Left parmi le meilleur de sa carrière. Et si l’on me repose la question du début, je rajouterai : "sauf le dernier paru de Daryle" ! Le Cri du Coyote n°145 page 11 SUNNY SWEENEY : Provoked Sunny Sweeney est une chanteuse Texane née à Houston en 1976. Fan de George Jones, elle a grandi à Longview, ville natale de Miranda Lambert, et vit présentement à Austin. Cela explique peut-être que son style de country emprunte au traditionnel tout en étant résolument moderne. Sur le plan commercial Sweeney a réussi il y a peu à placer trois titres au Billboard, dont un Top 10. Elle en aurait placé un quatrième si elle émargeait toujours sur une "major" avec You Don’t Know Your Husband, le titre qui ouvre son dernier album. Cette chanson dynamique qui nous vaut un bon solo de dobro irait comme un gant à Miranda et à l’étoffe d’un classique. On se croirait revenu à la grande époque des Dixie Chicks. Bad Girl Phase est aussi "lambertien" en plus moderne. Can’t Let Go est un autre titre au tempo fougueux. Used Cars est aussi rapide bien que moins trépidant et le CD se referme avec un rock percutant, Everybody Else Can Kiss My Ass, agrémenté d’un bon fiddle, et qui rappelle le meilleur de Carlene Carter. Mais tout n’est pas sous haute tension et cet album présente aussi ses moments plus tendres avec quelques slows et ballades pour composer une œuvre qui est bien variée et qui plaira aux amateurs des chanteuses qui ont été citées plus haut dans cette chronique. WELDON HENSON : Honky Tonk Frontier Weldon Henson est considéré comme l’un des plus authentiques honky tonkers d’Austin au côté de Dale Watson. Il suffit de lire les titres des deux premières chansons de cet album pour en être convaincu : Hey Bottle Of Whiskey et Honky Tonk Feels Right. Rajoutons pour faire bonne mesure I Need Wine : une chanson qui devrait passer en boucle dans toutes les caves des régions viticoles. Il serait restrictif de considérer la musique de Weldon Henson sous le seul angle du honky tonk, car cet album aborde également le style de Waylon Jennings (Heartache Game), la ballade (Not A Home), le blues rapide (Trying To Pretend), le rock and roll (That Look) et la valse lente traditionnelle (The Score). Henson est appuyé tout au long de l’album par la steel de Ricky Davis. Nashville a oublié depuis longtemps que l’on pouvait encore faire de la country aussi authentique. Recommandé. MYRA ROLEN : Hold That Thought Myra Rolen est une chanteuse de country traditionnelle qui sort en 2015 son cinquième album. Cependant, comme il ne contient que des hymnes et des gospels, je laisse le soin de le chroniquer au Révérend Boyat ou à Frère Sam. Le précédent n’étant paru que l’an dernier il n’est donc pas trop tard pour en parler. Myra Rolen est Texane et a préféré élever d’abord ses enfants avant de se consacrer totalement à la musique. Si vous placez l’aiguille sur n’importe quel titre au hasard vous ne tomberez que sur du honky tonk juteux ou de la bonne country musique classique empruntée à Johnny Paycheck, Tammy Wynette, Johnny Lee, George Jones ou Stonewall Jackson. Il y a même un titre au nom évocateur : Crying Steel Guitar. S’ils tombaient dessus (aucun risque !) les producteurs de nashpop se poseraient la question : C’est quoi, à quoi ça sert ? Myra possède un vocal aussi puissant qu’agréable et mérite d’étendre sa notoriété bien au-delà de son Texas. Leur album Honky Tonk Time était Cri du Cœur dans Le Cri n°140 qui soulignait les qualités de ce groupe français, pétri de musiques américaines puisées aux meilleures sources et jouées avec une "appropriation des morceaux et une restitution vraiment dans l’esprit". Raisons de plus pour cette rencontre avec Will Drifter, chanteur et guitariste rythmique de ce trio remarquable. Interview par Eric ALLART The SUBWAY COWBOYS Quelle différence vois-tu entre le public français et les publics américain, australien, sud-africain et anglais quand il est confronté à ce style de musique live ? L'énorme différence entre la France et n'importe quel pays anglophone, c'est bien sûr la compréhension des paroles. Une bonne chanson country, c'est tout autant une histoire qui est racontée qu'une belle mélodie. Quelqu'un qui connait une chanson et qui va chanter en même temps, ou qui ne la connait pas mais se laisse happer par l'histoire, c'est très agréable. Pour moi, qui aborde cette musique en tant que conteur, cela fait du bien de partir régulièrement pour avoir cette relation avec le public que l'on n'a pas avec autant d'acuité en France. La plupart des formations en trio en France jouent surtout du rockabilly. Comment le public rockab' réagit-il à vos reprises de titres Outlaws des 70's ou aux titres plus hillbilly ? Cela passe très bien car tous les rockeurs ayant un amour immodéré pour le rockabilly savent que Hank Williams est à la base du genre, comme à la base du mouvement Outlaws d'ailleurs. Waylon Jennings qui chante Are You Sure Hank Done It This Way ?, c'est bien entendu pour répondre à l'édulcoration d'une certaine manière d'aborder la musique. The Subway Cowboys ne se cantonnent pas à un genre musical donné et n'hésitent pas à faire le grand écart entre les 40's et les 70's, alors bien-sûr, le public rockab' aime lorsque l'on reprend du Hank Williams, ou du George Jones à sa période énervée, et maintient son intérêt lorsque l'on s'éloigne de ce qu'ils aiment au départ. Il existe un public français de la "new country" (je pense aux danseurs), avez-vous l’occasion de vous confronter à lui ? Comment réagit-il à votre style ? Les danseurs, il en existe trois sortes, pour faire simple. La première catégorie est celle qui a rejoint un club pour se socialiser et faire un peu de danse. On retient la chorégraphie sur une musique donnée. Pas un rythme sur lequel on pourrait faire ses pas et que l'on pourrait appliquer à d'autres chansons. Non, une chanson donnée. Et sorti de cette chanson, même si le rythme est le même pour une autre, eh bien le danseur est perdu car il n'a pas l'élasticité mentale de ne penser qu'en terme de rythme. Ces gens-là, on ne peut pas leur plaire car ils n'écoutent pas de country music autre que ce qu'on leur donne pour danser. Ce n'est pas bien pour nous car on les voit frustrés. Ils n'osent pas danser, et même ne veulent pas danser de simples rocks ou slows (ce qui se fait tout le temps aux US) car il leur manque cette liberté que l'on doit avoir en réaction à la musique. On a fait le deuil de ces gens-là. La deuxième catégorie est celle des danseurs-écouteurs. On sait danser. On sait écouter. On fait soit l'un, soit l'autre, soit les deux, en restant ouvert d'esprit. On en découvre pas mal, et de plus en plus, et cela fait plaisir. Des associations qui nous contactent pour un concert. Les membres sont prévenus du genre auquel ils vont avoir à faire. Le professeur peut faire écouter notre album à ses adhérents et ainsi voir ce qui peut se danser. Ce genre d'associations nous contactant est nouveau pour nous, et on adore ! Je pense aux Culs Trempés d'Abbe- Le Cri du Coyote n°145 page 12 The SUBWAY COWBOYS bluegrass ou swing, nous tournons tellement que nous n'avons pas le temps d'aller dans des festivals ou nous pourrions les entendre à l'oeuvre. Le jour ou nous avons entendu Alexis Routhiau au fiddle, jouer avec son groupe, Cattle Call, nous avons ville, à Normandy Country, à Melody Country etc. La troisième catégorie est celle des amateurs de country été ensorcelés, et il s'est imposé lors de l'enregistrement de avec une écoute religieuse. Ils sont là pour un concert. On a l'album pour ajouter la dimension plaintive chère au honky tonk. fait beaucoup de concerts en auditoriums pour des audiences Après, il nous arrive exceptionnellement d'être accompagnés assises, ce qui est bien aussi, sauf lorsque l'on tape dans le par un musicien habitant du côté du lieu du concert, comme ce registre rockab' et que nous sommes tous seuls à nous exciter fut le cas avec Benjamin Leheu la dernière fois où l'on était en Normandie. Entendre une telle maîtrise du banjo m'a laissé coi, et à sauter partout ! et ce genre d'occasion laisse de très bons souvenirs. Fabien a un background de guitariste de jazz et de blues, Qu’est ce qui est le plus compliqué quand on choisi ce c’est rare de pouvoir passer avec autant de naturel d’un répertoire en France ? genre à un autre. Sur vos vidéos de concert il Tout s'est fait naturellement dans ce groupe. reprend les standards quasiment note à Les chansons, je les ai chantées d'abord note. Comment travaille-t-il ? pour moi seul dans ma cuisine, dans les A l’oreille, avec des tablatures ? rues en Angleterre, en Irlande, aux C'est la technique de Fab. Lorsque USA, même dans le métro parisien l'on reprend divers standards, il a pendant un bon bout de temps. généralement deux solos de guitare Fab, lead guitar, m'a rejoint car il par chanson. Un qui va respecter à voulait connaître les sensations la note le solo de la chanson origidu busking (musique de rue). On nale, et un de sa composition qui a ensuite amené cette musique va partir un peu ailleurs. Il ne faut dans les bars, et on a été surpris pas oublier que cette musique est de voir que cela marchait très bien. très peu reprise, et que si l'on fait Il y a deux ans, Matt, à la contredes recherches de vidéos sur Hank basse, nous a rejoints pour ajouter du Williams, pour ne citer que lui, on ne poids et ainsi faire les festivals. Nous en trouvera pas grand chose. Nous avons sommes maintenant à plus de 150 concerts régulièrement des gens dans l'audience en trois ans. Je ne me pose pas de questions. avec les yeux rivés sur ce que fait chaque musiEspérons que notre mojo continuera à fonctionner… cien et ainsi comprendre l'alchimie de cette musique. Will Des projets pour les mois qui viennent ? » C'est la recette que l'on a trouvée... Comment travaille-t-il ? The Nous avons sorti notre premier album, et nous avons eu la A l'oreille. Malgré sa jeunesse, il a un tel background swing/ Drifter chance d'avoir eu des chroniques et des interviews dans la blues/ rock des années 40/ 50 (plus de 500 concerts, notamment avec The Swinging Dice) qu'il sait aborder toute nouveau- majorité de la presse musicale, et pas seulement country folk, ce qui est positif car nous avons maintenant la possibilité de té au répertoire de la bonne manière. Vous faites une belle version de Take Me Back To Tulsa de jouer dans des festivals divers et variés, ce qui était loin d'être gagné. Car même si les amateurs se multiplient depuis la sancBob Wills, c’est une performance d'adapter un titre écrit tification de Johnny pour un big band Cash par toute la en trio. Comment communauté musichoisissez-vous cale dans les 90's, les titres ? un groupe de notre On a la chance que genre a le postérieur Matt, notre doublecoincé entre le blues, bass man, soit un le swing, la country génie de la contreet le rockabilly et basse issu du milieu peut créer une cerdu jazz, et il n'a pas taine confusion. Les peur de prendre un projets sont donc de solo, au doigt ou à continuer à multiplier l'archet. De cette ces expériences. manière on ajoute de Nous réfléchissons à la diversité pour ce un deuxième album, genre de titre, malgré mais il est sûr qu'il le fait que nous ne ne sortira pas avant sommes que trois. septembre 2016. Fab Pour le choix des et Matt vont sortir le titres, en ce moment, premier album des le premier critère est Swinging Dice à la l'adéquation avec le rentrée 2015. Pour reste du répertoire. ceux qui sont curieux Garder le répertoire Fabien Lippens Matthieu Duretz et veulent nous écouhomogène. ter hors saison des festivals (d'autant que je pars au minimum Sur votre album il y a un fiddle. Si c’était viable, un mois par été dans le Vieux Sud des USA, donc The Subway commercialement, aimerais-tu ajouter d’autres Cowboys ne sont pas vraiment visibles en juillet/ août), nous instruments dans le groupe ? Connais-tu des musiciens jouons régulièrement au Petit Journal Montparnasse ou à l'Utoen France qui pourraient tenir ces places ? Commercialement viable, c'est çà. Avoir un violon, une caisse pia à Paris, antre du blues bien connu des Parisiens qui peuvent claire, de la steel, du banjo, une mandoline, cela donne quel- aussi écouter Jean-Jacques Milteau, Chris Lancry, Manu Galquefois envie, mais nous sommes un groupe qui se doit de ren- vin. Bien-sûr, les prévisions de concerts sont sur notre page trer dans une voiture, un groupe facilement mobilisable. Et puis Facebook (quand on pense à les mettre...). © c'est clair, un gros groupe de country music en France doit faire Will The Drifter : Vocal, Guitare rythmique trop de compromis. Hors de question de faire un concert pour Fabien Lippens : Guitare lead lequel l'organisateur nous donne une liste de chansons à chanMatthieu Duretz : Contrebasse et harmonies vocales ter pour contenter les danseurs de la 1ère catégorie mentionSubway Cowboys, 8 rue Victor Hugo, Apt 17 60100 Creil née plus haut. Pour les musiciens à instruments spécifiquement www.facebook.com/subwaycowboys Eric ALLART Le Cri du Coyote n°145 page 13 Le "son de Bakersfield" est, comme d’autres formes musicales, un hybride difficile à définir, mais facilement reconnaissable à l’oreille une fois qu’on a entendu un morceau de ce style. Cette appellation et les noms de ses artistes phares, Buck Owens, Merle Haggard, Red Simpson, Dwight Yoakam, auxquels Le Cri du Coyote a, déjà, consacré des articles conséquents, vous sont sûrement familiers. Bernard BOYAT Le SON Mais qu’en est-il des origines, de la naissance, des débuts du son de Bakersfield et de ses interprètes initiaux, aujourd’hui oubliés ou rejetés dans l’ombre ? Cet article tente de faire connaître ceux qui ont pétri la pâte, l’ont fait lever, avant quelle ne se vende comme des petits pains durant les années 1960/ 1970. Au fil des années 1950, la country enregistrée à Nashville glisse peu à peu du honky tonk à une musique qui va s’engluer dans le sirop et les chœurs féminins, avant de sombrer dans la variété. Parallèlement, se développe plus à l’ouest, à Bakersfield, en Californie, une country music plus enlevée et musclée, qui atteindra son zénith au milieu des années 1960.Elle tombera ensuite plus ou moins en désaffection, avant de ressurgir grâce à Dwight Yoakam, les Mavericks ou les Derailers. Elle perdure toujours. Bakersfield, comté de Kern, dans la vallée de San Joaquin, se trouve à michemin (180 km de chaque ville) entre Fresno et Los Angeles. A l’ère moderne, le lieu commence à être habité en 1860 par un Allemand, Christian Bohna. Parmi les premiers colons à le rejoindre, attirés par la ruée vers l’or, figure Thomas Baker, né en 1810 en Ohio. Il fait des études de droit, sans les pousser jusqu’à devenir avocat, puis part en Iowa, dont il est le premier procureur de district. En 1841, il est nommé colonel de la milice, puis devient président du sénat de l’état. En automne 1850, il part en Californie, à Benicia, puis Stockton. En 1852, il s’installe à Tulare, aide à fonder Visalia et devient sénateur de Californie. Il s’installe le long de la rivière Kern en 1863. L’endroit est appelé "Bakers' field" (le champ de Baker) et sert de lieu d’étape aux immigrants. Le nom sera ré-orthographié en Bakersfield. L’arrivée du chemin de fer dans les années 1870, puis la découverte de pétrole en 1899, contribuent à l’expansion de la cité : elle compte 600 habitants en 1870, 35.000 en 1950, deux ans avant un tremblement de terre, 57.000 en 1960. Actuellement, elle en a 350.000. Okies et Arkies Un malheur, dit-on, n’arrive jamais seul. Durant les années 1930, alors que sévit déjà la Dépression, qui durera du Mardi Noir 29 octobre 1929 jusqu’en 1936, les grandes plaines du Canada et du centre des USA sont frappées par trois vagues de tempêtes de sable, en 1934, 1936 et 1939/ 1940. Dans certaines régions, le phénomène dure même, quasiment sans interruption, pendant huit ans. On appellera cette calamité le Dust Bowl (la bassine de poussière) ou les Dirty Thirties (les sales années 30). Des milliers d’agriculteurs du Texas, Minnesota, Kansas, Nebraska, d’Iowa et, surtout, d’Oklahoma et Arkansas, sont chassés de chez eux. Ils partent, généralement par la Route 66, en direction de la Terre Promise, la Californie (cf Les raisins de la colère). Les Okies et Arkies (surnoms péjoratifs) venus dans la vallée de San Joaquin trouvent à Bakersfield des emplois dans l’industrie pétrolière, les exploitations agricoles, le BTP. Les rejetons, issus de cette classe populaire, sont adolescents ou jeunes adultes à la fin des années 1940/ au début des années 1950. La migration, y compris en ce qui concerne la musique, ne se tarit pas avec la fin du Dust Bowl, une deuxième vague ayant lieu durant la 2ème guerre pour travailler dans les chantiers navals et nombre d’artistes résidant à Bakersfield dans les années 1950 et 1960 viennent dOklahoma ou dArkansas. Une musique pour faire danser Dans les années 1940, la base aérienne de Minter, sur la nationale 99, au nord de Bakersfield, voit défiler d’importants effectifs, auxquels il faut fournir des défoulements. Les bars et boîtes de la ville sont alors en plein essor. A la fin du conflit, les soldats sont de retour dans leurs foyers. Il leur faut trouver un emploi et, aussi, une épouse. Pour se défouler, c'est-à-dire boire, se battre et, surtout, danser, les travailleurs de Bakersfield et des environs n’ont que l’embarras du choix parmi les nombreux bars, salles de bal, boîtes de nuit du coin, ouverts 7 jours sur 7. A l’époque, la musique country est perçue différemment des deux côtés du pays, ce qui reflète un peu le mode de vie des populations : A l'est, elle est plus une musique policée et de concert, jouée dans les gymnases, cinémas, auditoriums, avec des spectateurs assis et écoutant les morceaux, ne manifestant leur intérêt ou désapprobation qu’une fois ceux-ci terminés. A l’ouest, elle est plus dynamique et sa fonction essentielle, héritage des orchestres de western swing qui y ont émigré, est de faire danser. Les racines de cette musique Elles ont, sans doute, été plantées par les Maddox Brothers et leur sœur Rose. Ils ont quitté l’Alabama en 1932, pour venir au nord de Bakersfield, à Modesto. Cliff, Fred, Don, Cal, Henry, sont d’abord cueilleurs de fruits avant d’être engagés sur radio KTRB et de faire venir leur sœur (11 ans) pour chanter avec eux. Ils préfigurent ce que sera le son de Bakersfield : ils jouent fort, se démènent sur scène et font danser les gens. Roy Nichols à gauche avec Rose Maddox & les Maddox Brothers Le Cri du Coyote n°145 page 14 Bill Woods Rose & Joe Maphis Lorsque Joe et Rose Lee Maphis, originaires du sud de la Virginie, s’installent en Californie et passent au Blackboard Café de Bakersfield pour la première fois, ils sont sidérés par l’ambiance. L'expérience leur inspirera le classique Dim lights, thick smoke (lumières tamisées, fumée à couper au couteau). Car, à Bakersfield, pour remplir la piste de danse, les ingrédients nécessaires sont : une musique entraînante (d’où le mélange de western swing, honky tonk enlevé, hillbilly bop / boogie) ou incitative à la drague (les bllades à pleurer dans sa bière), rehaussée par un système d’amplification permettant de couvrir le brouhaha de la foule. D’où le loud, loud music (de la musique très, très forte) ajouté entre parenthèses par les Maphis au titre de la chanson précitée. Blackborad Cafe Cliff Crofford Fuzzy Owen rée comme la date de naissance de ce style. On parle peu de lui, mais c’est Billy Barton qui va se trouver au centre d'une série d’événements qui vont transformer Bakersfield en Nashville de lOuest. C’est une grande gueule, un buveur, un dragueur (y compris avec les épouses des autres artistes). Il est arrivé à Hollywood en 1950 et a été rebaptisé Hillbilly Barton par Fabor Robison. Ce dernier, originaire de Beebe, Arkansas, s’est engagé dans l’armée durant la 2ème guerre et s’y est retrouvé cuisinier. De retour à la vie civile, il s’installe à Hollywood, y devenant agent artistique, avec Les Anderson et Johnny Horton comme principaux clients. En 1950, il fait engager Horton dans l’émission Hometown Jamboree de Cliffie Stone et l’enregistre sur une demi-douzaine d’acétates, qu’il présente à diverses marques. Il réussit à le faire signer pour une minuscule maison de disques, Cormac, qui cesse ses activités peu après. Robison résout le problème ainsi créé en fondant sa propre marque, avec une participation financière du pharmacien Sid Abbott, du nom duquel elle est baptisée. Elle est, d’abord, entièrement dédiée à Horton, les 10 premiers simples étant par lui, deux comportant des duos Horton/ Barton, Devant le succès du rock ’n’ roll auprès des jeunes, au milieu des années 1950, les chanteurs country de Bakersfield, désireux d’étoffer leur répertoire, vont acheter les tubes du moment dans un magasin de disques tenu par des Noirs, dans l’avenue de Californie. Ils les apprennent et n’hésitent ni à les jouer sur scène ni à s’en inspirer pour leurs compositions. Un bon nombre se risquera même à sortir un ou deux disques de rock ’n’ roll ou de rockabilly. "On faisait un mélange de Bob Wills et ses Texas Playboys et de Little Richard," dira Buck Owens. La Telecaster et les guitares Mosrite font alors leur apparition au sein des groupes animant les bals. Billy Barton Le tout premier artiste country de Bakersfield à enregistrer est le pianiste Wiliam Lee Bill Woods, avec ses Orange Blossom Playboys (Clifton T. Cliff Crofford au vocal et à la trompette, Dude Wheeler à la guitare solo et William Robert Billy Mize à la steel guitare), sur Modern fin 1949 (simple 20-1020 Have I got a chance with you/ Trusting you) et on peut le considérer comme le père du son de Bakersfield. Néanmoins, c’est l’année 1953 John "Hillbilly Barton" Grimes qui est généralement considé- Lewis Talley que Robison a aussi engagé. En 1952, la marque sera vendue à Mercury, alors installée à Chicago. Robison enregistre ensuite Barton en solo, mais, après un différend entre eux, Billy part à Bakersfield en 1953. La ville deviendra sa base pendant les 3 ou 4 années suivantes. Avec l’impresario R. B. Chris Christensen, ils lancent les deux premières marques country de la ville, Grande et Mar-Vel. A l’époque, Bill Woods est à la tête de l’orchestre-maison du Blackboard Café, dont le guitariste est un certain Buck Owens et le chanteur Lewis Talley, venu d’Arkansas avec son cousin Fuzzy Owen. Barton fait enregistrer Woods sur MarVel, avec Lewis Talley (vo, gtr rtm), Buck Owens (gtr sol), Johnny Cuviello (bat), Lawrence Williams (pno), Dom Markham (sax), Fuzzy Owen (stl gtr, cbs), pour les Mar-Vel MV 100 et 101. A dear John letter Fuzzy est, alors, le petit ami de Bonnie Owens. Celle-ci, qui a épousé Buck à 15 ans en janvier 1948, s’est séparée de lui en 1951, sans divorcer, aucun des deux n’ayant les moyens d’engager un avocat. Barton (peut-être avec Owen) a composé A dear John letter, un morceau mi chanté (par une voix féminine)/ Lewis Talley & Red Simpson Tommy Dee, Bonnie Owens, Fuzzy Owens mi récité (par une voix masculine) inspiré par la guerre de Corée : une jeune fille, dont le petit ami, John, est stationné en Corée, lui écrit pour annoncer leur rupture et son mariage avec Don, le frère de John. Il est enregistré par Fuzzy et Bonnie (Mar-Vel MV 102 A dear John letter/ Wonderful world). Un animateur radio dArkansas, ami d’Owen, le programme sur sa station, où il devient N°1. Lewis Talley se dit que le morceau peut devenir un tube. Il vend sa Kaiser 1947 (selon Bill Woods, ce serait un scooter et non une voiture qu’il aurait vendu) et rachète les droits de Barton pour 150 dollars. Le nom de ce dernier disparaît ainsi des crédits de composition au profit de Talley. Bonnie Owens Le Cri du Coyote n°145 page 15 Herb Henson Dallas Frazier Si Barton est bien le seul compositeur, Talley a alors vendu la moitié des droits à son cousin Owen, qui figure comme compositeur. Barton est persuadé d’avoir fait une bonne affaire et se vante partout en ville d’avoir échangé une chanson sans valeur contre une voiture. Quelques mois plus tôt, Bill Woods a convaincu Ferlin Husky, qui n’a pas encore réussi à percer chez Capitol, de venir à Bakersfield, où il se produit à la salle de bal Rainbow Gardens le week-end et comme animateur radio à KBIS en semaine. C’est ainsi qu’il passe A dear John letter à l’antenne, à la demande de ses auditeurs et il découvre ainsi le potentiel du morceau. Une certaine Ollie Imogene Shepard, née le 21 novembre 1933 à Pauls Valley, Oklahoma, est venue, en 1945, à Visalia, 120 km au nord de Bakersfield, avec sa Tommy Collins famille. En 1948, elle forme les Melody Ranch Girls avec d’autres lycéennes, un groupe de western swing, dans lequel elle tient la contrebasse, achetée 350 dollars par ses parents qui ont hypothéqué tout leur mobilier pour la lui offrir. Elle passe dans l’émission de Jelly Sanders sur radio KTNV de Porterville, au cours de laquelle Hank Thompson l’entend et la fait engager par Capitol en 1952, sous le nom de Jean Shepard. Son premier simple n’a guère eu de succès et son producteur Ken Nelson a demandé à Ferlin Husky de trouver des chansons pour une session prévue avec elle. Husky lui apporte A dear John letter. La première réaction de Nelson est le refus, mais il finit par faire enregistrer le morceau par le duo Husky/ Shepard, au studio Capitol, le 19 mai 1953, avec Emission TV Trading Post Jean Shepard Ferlin Husky les guitaristes Fuzzy Owen, Lewis Talley, Tommy Collins, récemment arrivé à Bakersfield et hébergé chez Husky, le contrebassiste Henson Snyder et Bill Woods au piano. Cette version, au son indubitablement Bakersfield, sort sur le simple Capitol 11461. En juillet 1953, A dear John letter entre au hit-parade du Billboard, où il sera n°1 country pendant 6 semaines et n°4 variété. Barton en est fou de rage, clamant qu’Owen et Talley l’ont grugé. La maison d’édition American de Los Angeles auprès de laquelle il a déposé la chanson est encore plus furieuse, car il n’avait pas le droit de vendre ses droits. Des négociations sont engagées entre les différentes parties et son nom est réintégré dans la liste des compositeurs, qui deviennent Barton, Talley et Owen. Suite à ce succès et à l’extension de la musique issue de Bakersfield au-delà des limites du comté de Kern, dans la vallée centrale de Californie et à Los Angeles lorsque les artistes de Bakersfield s’y produisent, conjuguée à sa diffusion sur les ondes de radio KiKK et dans l’émission TV Trading Post de Herb Henson sur KERO, Ken Nelson engage d’autres artistes de Bakersfield, ce qui fera de Capitol LA marque du "son de Bakersfield", nom de baptême trouvé par Nelson. Il puisera largement dans le vivier de la ville ; Herb Henson, Tommy Collins, Dallas Frazier, Buck Owens, Al Brumley, Bobby Durham, Merle Haggard, Red Simpson. Ce son particulier fera la réputation musicale de la ville. Les marques de Bakersfield et ses environs Audan, 1717, 16e rue, montée par Tommy Dee et Bill Woods au début des 1960's (une source donne David Bell comme propriétaire). Principaux artistes : Bill Woods, Dallas Frazier, Red Simpson Bakersfield, 1300, rue Casa Loma, fondée par R. B. Christensen en 1956, avec Bill Woods et Johnny Cuviello. Elle eut une série en 500, qui semble avoir été la première, et une en 100. Elle cesse son activité en 1959. Principaux artistes : Bill Woods, Dusty Payne. Fire (à ne pas confondre avec la marque r’n’b de Bobby Robinson), 1300, rue Casa Loma, puis 725, 34ème rue, fondée par R. B. Christensen en 1956. Sa devise était un jeu de mots sur fire "If its a Fire, it's hot" (si c’est un [disque] Fire, il est brûlant). Principaux artistes : Bill Woods, Tommy Duncan, Dusty Payne, Billy Barton. Global, 725, 34e rue, fondée par R. B. Christensen, avec la devise "The new sound heard around the world" (le nouveau son qu’on entend dans le monde entier). Principaux artistes : Bill Woods, Duke Dickson, Joe Hall, Wayne Morris. Grande, 708, avenue Charlana, fondée par Billy Barton et R. B. Christensen. Principal artiste : Billy Barton. Green, adresse ?, on connaît juste le simple 600 de Bill Woods. Hillcrest (différente de la marque de Géorgie), B P 6278, fondée par Tommy Dee. Principal artiste : Tommy Duncan. Humco, 313, El Tejton, Oildale, petite ville au nord de Bakersfield, avec un simple connu, sans numéro, de Bob Hortton (1966). Indio, 3517, rue Brenner à Modesto, puis B P 327 à Emeryville, fondée par Bill Carter. Principaux artistes : Jimmy North, Ray Smith, Dave Miller, Clyde Arnold, Jerry McGill. Kord, fondée par Ralph Yaw, ancien arrangeur du pianiste de jazz Stan Kenton. Principal artiste : Billy Mize. Mar-Vel (pas la marque d’Indiana), fondée par Billy Barton et R B Christensen. Principaux artistes : Bill Woods, Fuzzy Owen, Bonnie Owens. Millie, adresse inconnue, avec un simple de Red Simpson. Mosrite. Semie Moseley, né le 13 juin 1935 à Durant, Oklahoma, se retrouve à Chandler, Arizona, en 1938, puis à Bakersfield en 1940. Il s’y met à la guitare dans un groupe de musique religieuse pentecôtiste en 1948. Avec son frère Andy, ils expérimentent la lutherie dans le garage familial et Semie conçoit une guitare à double manche pour Joe Maphis, tout en travaillant pour Rickenbacker. En 1956, les frères, aidés financièrement par un pasteur de Los Angeles, le révérend Ray Boatright, montent la firme Mosrite. En 1959, Andy part à Nashville, pour populariser leurs guitares auprès des artistes du Grand Ole Opry. Le Cri du Coyote n°145 page 16 Ils montent aussi une marque de disques du nom de leur firme en 1966, qui quittera Bakersfield pour Nashville par la suite. Au pic de la production, en 1968, la lutherie Mosrite comptait 107 employés et sortait 1 000 instruments par mois, guitares acoustiques, électriques, à 2 ou 3 manches, basses, dobros et mandolines. La marque est en dépôt de bilan à la fin de cette année-là, la production tombe à 280 guitares en 1969. Semie la relance pourtant en 1970, à Pumpkin Center, près de Bakersfield. Il déplace son usine à Oklahoma City au milieu des 70's, à Jonas Ridge, Caroline du Nord en 1981, puis à Booneville, Arkansas, en 1991. Semie est mort en août 1992. Sa fille, Dana, luthière, continue à fabriquer des guitares. Principaux artistes : Nokie Edwards (membre des Ventures), Ronnie Sessions, Doyle Holly, Gene Moles, Al Brumley, Joe & Rose Lee Maphis, Eddie Dean, Tommy Duncan, Barbara Mandrell. Pep, 9652, rue Winchell à Pico Rivera, fondée en 1955 par J. E. Swarr, rachetée en 1957 par Claude Cavener, mari de Pauline Parker. Principaux artistes : Buck Owens, Tommy Coe, Wes Buchanan, Rollie Webber, Ronnie Branham. Pike, basée à Arvin, puis au 721, 18ème rue, Bakersfield, fondée en 1957 par Roy Flowers, mari de Vancie, venu d'Oklahoma dans les 50's, pour permettre à sa femme d’enregistrer. Elle est rachetée en 1960 par Leon Hart. Principaux artistes : Vancie Flowers, Dickie Garland, Herb Henson, Ronnie Sessions, Tommy Dee, les Rialtos, Bolly Hollister, Leon Hart, Al Hendrix, Bill Bryan, J J Larue, les Highlanders, Tommy Lewis, les Quin-Teens, Lori Gibson Rose (pas celles dOklahoma et du Texas), 218, rue Plymouth, fondée Par Jimmie Addington. Principaux artistes : Billy Bledsoe, Bill Woods. Stereotone, B P 423, fondée par Bill Woods et R B Christensen. Principaux interprètes : Mel & Carol. Super-Sonic, 429, rue du Nil, fondée par Wayne Morris. Principal interprète : Grover CleveRonnie Sessions land (= Wayne Morris). Tally (pas celle dIndiana), 601, 18e rue est, au coin de l'avenue Truxtun et de la rue Kern, puis BP 842, fondée en 1955 par Lewis Talley et Fuzzy Owen grâce aux droits rapportés par A dear John letter. Le premier studio, au 601, 18e rue est, installé dans un ancien magasin de capitonnage, ne dura que 3 mois. Talley en installe ensuite un autre derrière sa maison, 418, rue Hazel, à côté de son garage. En 1998, Owen annonce qu'il réactive la marque pour éditer de nouveaux titres de Merle Haggard, mais le projet avorte. Principaux interprètes : Herb Henson, Bonnie & Jo-Ann, Calvin Cheek, Fuzzy Owen, Cliff Crofford, Al Hendrix, Harlan Howard, Merle Haggard, Red Simpson, Wally Lewis, George Weston, Bill Carter, Rollie Webber, Buck Owens, Bobby Austin, Bonnie Owens. Three Star, B P 6278, fondée par Tommy Dee et baptisée d’après son hit, Three stars. Principaux interprètes : Del & Sue, Gene Moles. Vita, 1486, rue des chênes blonds à Pasadena, fondée par Larry Mead. Principaux interprètes : Smiley Monroe, Jimmy Thomason, Al Barkle. Les boîtes de nuit, salles de danse et de spectacle Auditorium civique, 1001, Ave Truxtun. En septembre 1963, Capitol y enregistre le LP Country Music Hootenanny en public, avec Joe & Rose Lee Maphis, Herb Henson, Buck Owens, Bob Morris, Rose Maddox, Buddy Cagle, les Kentucky Colonels, Johnny Bond, Tommy Collins, Glen Campbell, Jean Shepard, Roy Nichols, Merle Travis, Roy Clark. (Ken Nelson découvre Merle Haggard). Rainbow Gardens, 2301, Ave de l'Union sud. Bobs Lucky Spot, 2303, Ave Edison. Trouts, 805, rue Chester nord, racheté par Vern Hoover en 1956. Blackboard Café, 3800, Ave Chester, puis 805, Ave Chester nord. Clover, 2611, Ave Edison. Louis Talley Café, 2111, Ave Edison. Texas Barrel House, 1524, Ave Golden State. Chicken Coop, Ave Edison. Salles de bal de Pumpkin Center, Beardsley. Buck Owens Bonnie Owens & Merle Haggard Rainbow Gardens Radio et télévision Radio KUZZ, 910, Ave Chelsea. Fondée en 1947, elle s’appelait alors KIKK et diffusait du r’n’b. Elle commence à se mettre à la country en 1958 et est rachetée en 1959 par la Valley Radio Corporation de Lawton Jiles et Bob Scott, pour en faire une station entièrement country. Elle est rebaptisée KUZZ en 1960, lorsque Kuzzin Herb Henson devient son directeur d’antenne. Buck Owens la rachète en 1966, en faisant une radio rock. En 1969, il revient à la country, lançant une station sur, baptisée KZIN (dont la prononciation ressemble à Kuzzin), qui deviendra une radio rock en 1977. Radio KERN, 1400, Easton drive N°144, fondée en 1932. Radio KBIS, où Ferlin Husky fut animateur. Télé KERO, avec l’émission Trading Post animée par Herb Henson et le Trading Post Gang de 1953 à 1963. KERO, diffusée depuis l'Hotel El Tejon Tommy Duncan Le Cri du Coyote n°145 page 17 Principaux artistes, musiciens, producteurs et propriétaires de marques de disques Billy Barton Nous en avons déjà parlé à propos de A dear John letter. Il est né John Grimes le 21 novembre 1929 à London, Kentucky, a étudié pour devenir commissaire-priseur de tabac à 16 ans, s'est engagé dans l’armée et a épousé Roda Holland. Il décide alors d’entreprendre une carrière musicale et part à l’ouest avec Russell (qui fondera la maison de disques Sims à Los Angeles) et Herb Sims. On le retrouve en 1950 sur radio KXLA, Pasadena, en Californie. En janvier 1953, il enregistre le rockabilly Blues in the blues of the night (Abbott117) à Shreveport, Louisiane, produit par Fabor Robison, avec les Circle O Ranch Boys (musiciens du Louisiana Hayride : Floyd Cramer, pno, Jimmy Day, Don Davis, Tommy Bishop, Big Red Hayes). Barton le pirate sur sa marque Grande (simple 117). Après l’épisode A dear John letter, il épouse la chanteuse Wanda Wayne en 1954, puis part à Nashville, où il fait engager la Stoneman Family, dont Donna et Jimmy qui ont fait partie de son groupe, au Grand Ole Opry. Il part en Floride, chante de la musique religieuse et il y décède le 8 octobre 2011 R. B. Christensen Bien qu’ayant été propriétaire ou copropriétaire d'une demi-douzaine de marques de la ville (Bakersfield, Fire, Global, Grande, Mar-Vel, Stereotone), il n’existe quasiment aucun renseignement sur lui. La seule mention trouvée est dans le Billboard du 26 décembre 1960, qui indique qu’il a rejoint la maison d’édition musicale de Buck Owens, Bluerock, comme associé et directeur commercial. Tommy Collins. Il est né Leonard Raymond Sipes le 28 septembre 1930 dans une ferme de Bethany, un faubourg d'Oklahoma City. Il débute très jeune et, tout en fréquentant l’université d’état d'Oklahoma, il travaille sur les radios KLPR, KBYE, WKY, KOCY, et sur TV WY. Après le lycée et un engagement dans les Marines, il part sur la côte ouest en 1952, avec Wanda Jackson et sa famille, qui repartent. Lui décide de rester, rencontre Ferlin Husky au Rainbow Gardens et s’installe à Bakersfield. Il emménage chez Husky, qui le fait entrer chez Capitol. Il commence à enregistrer en juin 1953, accompagné par Ferlin Husky, Lewis Tally, Fuzzy Owen, Bill Woods et Buck Owens. Il se lie ensuite avec Cliffie Stone et est engagé à la Town Hall Party. Il épouse Wanda Shahan qui duettera parfois avec lui. Il grave quelques rock ’n' rolls au milieu des 50's, puis il quitte le monde du spectacle en 1957, pour être ordonné pasteur baptiste en 1960. Il revient à la musique en 1964 et devient un compositeur country recherché. Son ami Merle Haggard lui rendra hommage avec Leonard. Il est mort d’emphysème à Ashland City, Tennessee, le 14 mars 2000. Marques : Capitol, Columbia, Starday, Boot, Tower, Verve, Morgan. Cliff Crofford Alias Cliff Crawford, est né Clifton Thomas Crofford le 12 décembre 1929 dans une ferme de Rochester, Texas. Il commence à chanter très jeune, gagnant un crochet à 5 ans. Sa mère lui achète alors une guitare. Son père emmène la famille à San Diego, Californie, en 1942, pour y travailler dans l’industrie de la défense. Cliff se retrouve là-bas sans instrument. Sa mère lui dégotte une vieille trompette avec un trou, colmaté avec de la gomme à mâcher et il se met à en jouer. Il reste à San Diego jusqu’en 1945 et revient finir son lycée à Rochester. Il retourne alors à San Diego en 1947 et étudie la musique à la fac de Riverside. En 1949, en route vers Reno pour des vacances, il s’arrête à Bakersfield pour rencontrer Bill Woods à l’instigation d’un ami commun. Le courant passe et Bill l’invite chez lui et l’emmène au Clover. Cliff décide de rester à Bakersfield et il rejoint les Orange Blossom Playboys comme trompettiste le soir même, au Café 99 de McFarland. Il en devient membre à part entière et se joint à Woods pour animer une émission sur radio KAFY cinq soirs par semaine, jouant aussi au Blackboard, au Clover, au Lucky Spot. En 1953, Cliff, devenu membre du groupe de Jimmy Thomason avec Billy Mize, participe à l’émission télévisée de Jimmy sur la 9e chaîne, puis, toujours avec Billy, ils animent le Chuck Wagon Gang sur KBAK. Il se produit aussi dans le Trading Post de Cousin Herb Henson sur télé KERO, au Country Music Time, à la Town Hall Party entre 1957 et 1960 et dans lémission de Cal Worthington sur la 11e chaîne. Il enregistre des titres country rock Bakersfield pour Tally en 1956 / 1957, puis on le trouve sur Mega, Liberty, Dot, Sundown, Doré, Challenge. Il fut longtemps chanteur attitré du Foothill de Long Beach, de 1959 à 1982, du Palomino de Hollywood nord en 1962, mais sa renommée viendra de ses compositions pour les bandes sonores de films, dont Smokey and the bandit II (Tu fais pas l'poids shérif), et quatre avec Clint Eastwood, Bronco Billy, Honky tonk Le Cri du Coyote n°145 page 18 man, ainsi que Every which way but loose (Doux, dur et dingue) et Any which way you can (Ça va cogner), apparaissant dans ces deux derniers et dans Tu fais pas l'poids shérif. Il compose aussi le N°1 de Clint Eastwood et Merle Haggard, Bar room buddies. Il passe ses dernières années à Ontario, Californie, où il décède le dimanche 22 novembre 2009. Johnny Cuviello Il est né le 8 août 1915 à Fresno, Californie, dans une famille italo-américaine. Il se met à la batterie au lycée et, en 1946, il tombe sur Billy Jack Wills à radio KMJ, qui lui demande d’accorder sa batterie avant une session du frère aîné Bob. Satisfait du résultat, Billy Jack laisse sa place à Johnny derrière les fûts pour la session et se met à la contrebasse, instrument qu’il préfère. Johnny Cuviello A la fin de la session, Bob Wills l’engage dans ses Texas Playboys où il restera deux ans. Par la suite, Cuviello sera copropriétaire de la marque Bakersfield, fera partie du groupe de Buck Owens au Blackboard et participera à de nombreux enregistrements à Bakersfield. Il est décédé le 5 septembre 2012 Tommy Dee Il est né Tommy Donaldson le 15 juin 1933 à Vicker, Virginie. Animateur à radio KFXM de San Bernardino, Californie en 1959, il est à l’antenne lorsque tombe la nouvelle de l’accident d'avion de Buddy Holly, Ritchie Valens et du Big Bopper. De retour chez lui, il écrit la semi récitation sur fond musical Three stars. Eddie Cochran est le premier à l’enregistrer, mais sa version ne sera éditée qu’en 1966. Celle de Tommy, enregistrée sur le simple Crest 1057, avec les chœurs de Carol Kay et les Teen-Aires, est disque d’or. Il investit une partie des droits pour fonder les maisons de disques Audan, Hillcrest, Three Star. Il est décédé le 26 janvier 2007. Terry Fell Il est né Robert T Fell le 13 mai 1921 à Dora, Alabama. Il grandit à Cullman, où il échange sa marmotte apprivoisée contre une guitare à 9 ans, mais ne commence à en jouer que 3 ans plus tard. Il se met ensuite à la mandoline et prend des Terry Fell leçons de chant. Son père meurt en 1934 et, en 1937, il part en stop en Californie. Il passe quelque temps dans un camp du corps de la conservation civile puis, après un bref retour en Alabama, revient dans la région de Los Angeles avec sa mère, où il est presseur de disques chez Tru-Flex Rubber. En 1943, il est bassiste des Nightriders de Merl Lindsay, puis fait partie du groupe de Billy Hughes en 1945, qu'il accompagne sur Fargo et il se met à écrire des chansons pour la maison d’éditions musicales American. Il est ensuite le chanteur des Seven Southerners de Leodie Jackson sur Courtney. Après des enregistrements sur Memo, Gilt Edge, Crest, 4-Star, il est le premier impresario de Buck Owens, qu'il utilise comme guitariste et dont il produit des sessions pour X, rejetées par la maisonmère RCA. Les matrices sont récupérées et éditées par Pep. Lui-même enregistre pour X, dont la version originale de Truck driving man en avril 1954, face B de Don't drop it (X 0010), N°4 country. En 1955, il passe sur RCA, en 1958 sur Lode. Il part au service militaire en 1959 et est stationné en Allemagne. Il y écrira Mississippi River, non enregistré mais dont les droits seront vendus 30 000 dollars en 1996 chez Christies, Elvis Presley figurant comme co-auteur. En 1962, il part à Nashville où il devient compositeur à plein temps, ayant des problèmes de gorge, ce qui mettra fin à sa carrière d’artiste. Il enregistre encore sur Sims en 1964. Il est mort le 4 avril 2007 à Madison, Tennessee. Cousin Herb Henson Il est né le 17 mai 1925 à East St Louis, Illinois, devenant autodidacte au piano. Il arrive en Californie, en train, en 1946, commence par ramasser du coton dans la vallée de San Joaquin, puis fait du ramassage de linge pour une firme de Fresno. Bill Woods, qui y vit alors et joue au Barn, le rencontre au magasin d’instruments de musique où Herb travaille. Woods l’engage dans son groupe avant de repartir pour Bakersfield, où Herb le suit. Il devient animateur à radio KMPC. En septembre 1953, il démarre son émission télé Trading Post, sur KERO, tous les après-midis, de 17h à 17h45. Au début, le groupe de l’émission, le Trading Post Gang, inclut Woods, Billy Mize, Bonnie Owens et d’autres membres du groupe-maison du Clover, avant d’accueillir dautres artistes locaux. Henson devient ainsi une vedette régionale. Il Don Rich, Buck Owens & Red Simpson aux Studios Capitol, 1956 enregistre pour Decca, Abbott, Tally, Pike, Lute, Capitol, dont une reprise du Y'all come d'Arlie Duff (Capitol 2606), qui devient sa chanson-thème. En 1960, radio KIKK le nomme directeur d’antenne et change son nom en KUZZ, à cause de Kuzzin Herb Henson. En dépit dune crise cardiaque, il continue ses activités et décède le 26 novembre 1963 d'une attaque cardiaque massive. Doyle Holly Il est né Doyle Floyd Hendricks le 30 juin 1936 à Perkins, Oklahoma. Il passe 4 ans à l’armée, puis travaille dans les champs de pétrole en Oklahoma, au Kansas et en Californie. Il se retrouve à Bakersfield, où il continue à travailler dans le pétrole, tout Doyle Holly en jouant de la guitare et de la basse dans les boîtes de nuit. Au début des années soixante, il accompagne Johnny Burnette, joue dans le circuit des rodéos avec Jack Lord. Il est avec Joe Maphis en 1963, lorsque Don Rich lui demande de devenir le bassiste des Buckaroos de Buck Owens, au sein desquels il restera jusqu’en 1971. Il forme alors Vanishing Breed et enregistre sous son nom. Au début des années 1980, las des tournées, il ouvre un magasin de musique à Hendersonville, Tennessee. Il est décédé d’un cancer de la prostate le 13 janvier 2007 à Nashville. Billy Mize Il est né William Robert Mize à Arkansas City, Kansas, le 24 avril 1929. Sa famille part en Californie en 1936 et il grandit dans la vallée de San Joaquin, à Fontana, puis Bakersfield, où il va au lycée. Il débute à la guitare, avant de se tourner vers la steel, en ayant reçu une pour ses 18 ans. Il forme un groupe et est animateur radio sur KPMC. En 1949, il est steel guitariste des Orange Blossom Playboys de Bill Wooods au Clover et, dès 1953, avec Woods et Herb Henson, il est steel guitariste/ vocaliste dans l’émission TV Trading Post sur KERO, où il restera 13 ans. Il passe aussi dans l’émission TV de Hank Penny à compter de 1955, puis on le trouve, en 1957, dans 7 émissions, dont le Cals Corral de Cal Worthington, gros concessionnaire de voitures de Cali- Billy Mize & Red Simpson Le Cri du Coyote n°145 page 19 fornie du sud, le dimanche après-midi, le Country Music Time, depuis la salle de bal Huntington Park, et la Town Hall Party. Il passe aussi au Melody Ranch de Gene Autry sur la TV KTLA, anime sa propre émission. Il sera un membre important des Strangers de Merle Haggard. Au début des années 1980, il s’associe avec son frère Buddy pour divers projets TV, puis monte sa firme de production. Il a enregistré sur Decca, Raven, Challenge, Liberty, Imperial, UA, Zodiac, Columbia, Sharecropper, Kord. Roy Nichols Il est né Roy Ernest Nichols le 21 octobre 1932 à Chandler, Arizona, aîné des 7 enfants de Bruce et Lucille. Deux ans plus tard, la famille part à Fresno, où ils gèrent un camp pour les ouvriers agricoles migrants. Le week-end, Bruce joue de la contrebasse dans des orchestres de bal de la vallée de San Joaquin. Il enseigne quelques accords à Roy, qui rejoint son groupe à 11 ans. En 1946, Roy fait partie des Rangers de Curly Roberts, à 25$ par semaine. Il est ensuite guitariste de l’émission radio de Barney Lee à Fresno, gagnant 90$ hebdomadaires. Roy Nichols Peu avant son 16e anniversaire, Fred Maddox l’entend et il intègre le groupe des frères Maddox pendant 18 mois, avant d’être sacqué pour s’être adonné au jeu à Las Vegas. Roy revient dans la vallée de San Joaquin, animant une émission sur radio KNGS de Hanford avec Smiley Maxidon et les bals plusieurs fois par semaine. Il accompagne ensuite Lefty Frizzell en 1953, puis revient à la radio en 1954. L’année suivante, il intègre la troupe du Trading Post Gang. En 1960, il rejoint Wynn Stewart à Las Vegas. Merle Haggard est alors bassiste de Wynn. Ce sera le début d'une longue association et il rejoint les Strangers en 1965, pour deux décennies. Il arrête les tournées en 1987. Une attaque le laisse partiellement paralysé en 1996. Il décède le 3 juin 2001 d'une crise cardiaque. Merle Haggard Gene Oldham Ce violoniste est né à Stigler, Oklahoma, en 1927. Il part en Californie en 1947, est manutentionnaire, livreur de lait, ouvrier de BTP, tout en jouant dans les boîtes locales et accompagnant divers chanteurs. Il est mort à Bakersfield le 21 octobre 2003. Fuzzy Owen Il est né Charles Lee Owen à Conway, Arkansas, en avril 1929. A la fin des années 1940, il part à Bakersfield, où il est ramasseur de coton, jouant de la steel guitare 3 soirs par semaine au Blackboard, dans un groupe incluant son cousin Lewis Talley. Après une brève période au sein des Sons of the Ryaneers, il passe deux ans dans l’armée, puis revient à Bakersfield en 1952. Après A dear John letter, le trio Owen/ Talley/ Bonnie Owens rejoint la troupe du Trading Post au milieu des années 1950. Fuzzy montera ensuite diverses maisons de disques, dont Tally avec son cousin, d’éditions musicales, agences d’artistes, studio, et sera longtemps l’impresario de tournée de Merle Haggard. Bonnie Owens Elle est née Bonnie Maureen Camppbell à Blanchard, Oklahoma, le 1er octobre 1929, dans une famille de métayers. En 1941, sa famille part à Mesa, Arizona, où elle devient une yodleuse renommée. Buck & Bonnie Owens A 15 ans, elle rencontre Buck Owens à la patinoire à roulettes et commence à chanter avec lui à la radio, faisant partie des Skillet Lickers de Mac MacAtee. Ils se marient en 1948. Le couple part alors à Bakersfield. Après A dear John letter, Bonnie fait partie de la troupe du Trading Post dès son début en 1953, année où elle divorce de Buck et enregistre pour diverses marques, dont Tally et Capitol. Elle chante ensuite avec Merle Haggard, qu'elle épouse en 1965 et en divorce en 1978. Au début des années 1980, elle épouse Fred McMillen. Le couple s’installe au Missouri, mais elle continue les tournées avec Merle. Lorsqu'on découvre qu'elle a la maladie d’Alzheimer, elle est placée dans un hospice où elle décède le 24 avril 2006, moins d’un mois après la mort de Buck Owens. Don Rich Il est né Donald Eugene Ulrich le 15 août 1941 à Olympia, Washington, fils adoptif de Bill et Anne Ulrich. Il grandit à Tumwater, où son père est coiffeur. Son père lui fabrique un petit violon et ses parents lui enseignent à en jouer très jeune, l’inscrivant à de nombreux concours. Il apprend aussi la guitare. Au lycée dO- Don Rich & Buck Owens lympia, il fait partie de l’orchestre et commence à se produire localement, passant en première partie d’Elvis, avec ses Blue Comets, en septembre 1957 au Lincoln Bowl de Tacoma. En 1958,il joue régulièrement au restaurant Gay 90 de Tacoma. Buck Owens, alors installé en ville, où il travaille à radio KAYE, vient assister à un de ses passages et l’embauche comme violoniste. Peu après, Buck repart à Bakersfield, tentant de l’y emmener. Mais Don part à la faculté de Centralia, où il joue dans les boîtes. Après une année universitaire, Rich abandonne les études et rejoint Owens à Bakersfield, pour 75$ hebdomadaires. Il fait partie des Buckaroos initiaux en 1963, passant à la guitare solo à partir de Act naturally et chantant en duo avec Buck. Le 17 juillet 1974, juste après une session au studio de Buck, Don est tué dans un accident de moto à Morro Bay. J. R. Jelly Sanders Les renseignements le concernant sont très fragmentaires. On sait qu’il a débuté au violon très jeune, jouant avec le groupe familial et au sein d'un orchestre de l'Armée du Salut. Après avoir épousé Elva Mae McMasters en 1940, le couple part dans la région de Los Angeles. Jelly est machiniste et se produit dans les boîtes de nuit, jouant avec Jimmy Wakely, Spade Cooley, Bob Wills, son cousin. Vers 1945, il part à Porterville, où il anime une émission radio aves ses Rhythm Rangers. En 1953, il fait partie du groupe du Trading Post de Herb Henson, passe aussi dans Star Route et à la Town Hall Party. Il s'installe à Bakersfield en 1954, enregistrant au violon et à la guitare avec Buck Owens, Merle Haggard, Merle Travis, Wanda Jackson, Faron Young. On le retrouve dans presque toutes les boîtes de la ville, le Blackboard, Trout's, le Barrel House, le Lucky Spot, le Clover, le Hacienda, où il restera 5 ans. Il est mort vers 1955 à Porterville. Un CD instrumental a été édité, Fiddlin Around In Bakersfield (Jim & Jack 4653). Red Simpson jeune à gauche dans le public au Rainbow Gardens Le Cri du Coyote n°145 page 20 Oscar Whittington Il est né à Ringling, Oklahoma. Son père est violoniste, mais Oscar est autodidacte de l’instrument. En 1946, Oscar et son frère aîné, Les, partent en éclaireurs en Californie, où le reste de la famille les rejoint en 1947. A Bakersfield, Oscar rencontre Jeanie Pigner, qu’il épouse. Il serait un des premiers à avoir utilisé les services de Buck Owens. Il accompagne Bud Hobbs (Louisiana swing) et Ferlin Husky. Après avoir cessé de travailler dans le BTP, au milieu des années 1970, Oscar monte un groupe et joue régulièrement au Chateau Basque, où il restera 12 ans et au Democrat de Hot Springs pour la même durée. Il est décédé d'un cancer le 3 juin 2013, juste avant ses 85 ans. Oscar Whittington Bill Woods Il est, sûrement, la figure la plus marquante des méconnus des débuts du son de Bakersfield. Né William Lee Woods le 12 mai 1924 à Denison, dans le nord du Texas, on le retrouve en Californie dès 1940,dans la vallée de San Joaquin, vivant à Arvin, Woodlake, Richmond, jouant de la guirare et chantant au temple et avec des groupes locaux. En 1946, il est à Bakersfield, où il forme les Orange Blossom Playboys, est animateur radio, promoteur de spectacles, musicien de session, propriétaire de maisons de disques, conducteur de stock car, ce qui lui vaudra un grave accident en 1963. En 1949, il est à Los Angeles. Il revient en 1950 au Texas, comme pianiste/ violoniste des Western All Stars de Tommy Duncan. Il est de retour sur la côte ouest en 1952, où il est multi instrumentiste de studio à Hollywood et Bakersfield, tenant, de 1952 à 1956, la guitare solo pour Herb Henson, Fuzzy Owen et Bonnie Owens, le piano pour Tommy Duncan, Jean Shepard, Tommy Collins, Herb Henson, Skeets McDonald, Dallas Frazier, Bonnie Owens,Budd Hobbs, les Farmer Boys, Johnny Bond, les Collins Kids, la steel guitare pour Budd Hobbs, et le violon et le piano pour Merle Haggard, au début des années 1970. A Bakersfield, il officie aussi sur TV KERO, en 1955, est résident du Blackboard de 1956 à 1970, présentateur à radio KERN en 1956, radio KUZZ en 1960, radio KBIS. Il est décédé le 30 avril 2000. Il a enregistré sur Modern, Fire, Rose, Bakersfield, Audan, Capitol, Global, Gulf, Mar-Vel, Kord, Green, Rockabilly Hall of Fame, Itca, Turquoise. Photos : B. Boyat, Cri du Coyote, Internet Romain DECORET James McMURTRY Road Movie Pour son 12ème album depuis 1989, James McMurtry est produit par le rocker louisianais C.C. Adcock et entouré de musiciens légendaires comme Derek Trucks, Ivan Neville, Benmont Tench, Denny Freeman ou Doyle Bramhall II. Interview avec un poète réaliste, un des derniers vrais indépendants et un guitariste averti. Fils de l'écrivain Larry McMurtry (La Derniere Séance, Hud, Lonesome Dove) James est le vrai successeur de Townes Van Zandt et Kris Kristofferson. Un songwriter capable de raconter une histoire entière en deux couplets essentiels et un guitariste qui sait la faire vivre. Ses chansons sont de véritables road-movies et sa connaissance des highways US a été acquise en vivant sur la route dont il connaît bien chaque motel, rest-stop et saloon, d'Austin, Texas à Los Angeles, de New Orleans à Nashville et New York. Sept accords et la Vérité : James McMurtry ne sera jamais un amuseur public. Le rendez-vous est à l'Hotel Alba, rue de la Tour d'Auvergne dans le 9ème arrondissement. Une plaque commémorative annonce que "Louis Armstrong a séjourné ici pendant plusieurs mois dans les années 30". James McMurtry arrive en surgissant de nulle part comme le regretté Mr Spock dans Star Trek, ou Bob Dylan dans une arène pleine à craquer. Il parle comme il chante sur scène, sans jamais gesticuler ni élever la voix, un verre de vin a portée de main, tout en sortant au passage quelques vérités premières. Peu de gens ont votre attitude et votre vision : écrire, composer et jouer du point de vue de la route Non, il y a beaucoup d'autres chanteurs sur la route… Mais très peu qui l'utilisent comme révélateur… J'ai tendance à beaucoup regarder par la fenêtre, tout ce qui se passe au-delà du pare-brise m'intéresse. Je voyage sur une route différente et ce que pensent les gens de l'autre côté m'intrigue, je tends toujours à affiner ma perception de ce que vivent et pensent les autres. Mon job n'est pas de distraire ou d'être aimé, mon job est d'aider les gens à se souvenir de ce qu'ils ont vécu en même temps que moi, c'est d'un set de muscles psychiques différent qu'il s'agit… Quel concept musical suivez-vous ? J'essaye de capturer l'intensité de la scène quand je suis en studio. Alors que beaucoup de musiciens préfèrent reproduire sur scène la perfection de leurs disques. Vous avez contracté la fièvre du voyage de votre père ? La première grande traversée que j'ai faite, c'est grâce à mon père. J'avais 16 ans et je venais d'avoir mon permis. On est partis de Virginie où l'on vivait à l'époque pour aller au Texas. Arrivés à Austin, il a reçu un télégramme, ma mère était à l'hôpital. Ils étaient déjà divorcés mais il a pris le premier vol pour aller la rejoindre en me laissant les clés du station-wagon. Je suis revenu seul en Virginie en conduisant strictement à la vitesse légale, 55 miles à l'heure (90 km/h) et c'était en hiver, il faisait froid. Un long chemin, mais ensuite je ne me suis plus jamais arrêté. Musicalement, quelle sont vos influences ? Kris Kristofferson, John Prine, j'ai appris d'eux à écrire un couplet serré en quelques mots et à le chanter, mais on pourrait le parler également comme un talking blues, c'est plus une conversation que des affirmations. Le premier concert que j'ai vu sur scène était celui de John- ny Cash, avec Carl Perkins et la Carter Family. Il y avait cette communication directe et instinctive. Mon père m'avait emmené et j'ai été fasciné. Après eux, j'ai commencé à faire mon propre truc, sans me préoccuper de ce que faisaient les autres. Quand avez-vous eu votre première guitare ? J'avais trois ans. Mon père a rapporté une guitare d'un voyage qu'il avait fait pour suivre un rodéo sur lequel il devait écrire un article. Pendant longtemps je l'ai eue comme un jouet, jusqu'à ce que ma mère me montre les premiers accords. J'ai d'abord appris à jouer en acoustique et je suis devenu un guitar ringer. En faisant sonner quelques accords, je pouvais écrire une chanson. La première électrique que j'ai eue était une Mustang, j'avais 13 ans... j'aimerais bien l'avoir encore mais quand j'ai eu 18 Le Cri du Coyote n°145 page 21 ans la Mustang n'était plus cool, il me fallait une Stratocaster, comme Lowell George de Little Feat. Une pre-CBS que j'ai ensuite stupidement échangée dans un pawn-shop (puces) pour une Strat des mid-70's. Vous jouez aussi du slide ? J'avais un slide qu'avait fabriqué un ami à partir du canon d'un shot-gun, un peu lourd et difficile à manier mais le son était conséquent. Je l'ai perdu et mon ami est mort. Dans She Loves Me, vous utilisez un accordage "Nashville Acoustic". De quoi il s'agit ? C'est pour faire sonner une guitare 6-cordes comme une 12-cordes. Les trois cordes graves sont remplacées par des cordes aigües. Mi aigu à la place du Mi grave, Si aigu accordé en La à la place du La Grave, et Mi aigu accordée en Ré à la place de la Ré Grave. Ensuite les cordes normales de Sol, Si et Mi. Cela donne un son plus clair dans les arpèges et le picking, et en frappant toutes les cordes, ça sonne comme une 12 cordes. Je l'ai utilisé dans l'introduction et l'accompagnement de She Loves Me. Pour la première fois depuis longtemps, vous ne produisez pas l'album vous-même et laissez C.C. Adcock s'en occuper. Pourquoi ? C.C. est un rock ’n' roller de Louisiane, voilà pourquoi. J'ai la réputation d’être un singer/ songwriter acoustique, mais je joue souvent en électrique avec mon groupe, cela dépend des lieux où nous jouons. Jusque là j'avais presque toujours produit mes disques moi-même. Pour celui-ci, je ne voulais pas répéter encore ce que j'ai appris de John Mellencamp (qui produisit le premier album de James McMurtry en 1989) alors, j'ai accepté d'autres visions en ce qui concerne la production, et C.C. Adcock était exactement l'homme de la situation. Comment et où avez-vous enregistré Complicated Game ? A New Orleans, quartier de Marigny, dans la maison de Mike Napolitano qui a co-produit avec C.C. Adcock. Le homestudio de Napolitano est surnommé Nappy Dug Out. Ce que l'on n'a pas pu enregistrer chez Mike a été fait un peu plus loin dans la rue, aux Marigny Studios. Nous avons travaillé On & Off pendant une dizaine de mois, avec des déplacements à Electric Comeauxland à Lafayette, en Louisiane, et chez Wire Recording à Austin, au Texas. Qui sont les musiciens de ces séances ? Mon groupe de scène pour la basse et la batterie, Cornbread et Darren Hess des Heartless Bastards. Je joue souvent seul sur scène, mais quand ils sont avec moi, ils me donnent l'intensité d'un Supercharger adapté sur un V-8 vintage ! Benmont Tench (des Heartbreakers de Tom Petty) est aux claviers, Ivan Neville et Doyle Bramhall II sont dans les choeurs. Derek Trucks joue du slide sur un Dobro pour Forgotten Coast, un riff de JJ Cale. Denny Freeman (Dylan, The Cobras avec Stevie Ray Vaughan) est à la guitare baryton dans She Loves Me. Je me souviens de la présence d'un gang de musiciens irlandais sur Long Island Sound, mais je ne connais pas tous leurs noms. Mon fils Curtis joue du banjo sur Copper Canteen. Il enregistre ses propres disques et il est maintenant plus demandé que moi dans la région d'Austin. Il a aussi fait des chœurs dans Deaver's Crossing. Quelles guitares et amplis utilisez-vous actuellement ? Quand je joue seul, une 12-cordes Ta- kamine electro-acoustique des années 70 et une Guild 12-cordes F-30 de 1992. J'ai un pédalier Boss, avec delay, chorus, phaser, reverbe et une Charlie Sexton Sex Drive Compressor pour mes guitares acoustiques. En electrique j'utilise une PRS Swamp Ash Special avec 3 micros et une vieille Guild F-60 avec un seul micro pour le jeu en slide. Mes amplis sont un Vox AC15, un Fender Vibrolux et un vieux Lab Series devenu extremement rare. Je les branche ensemble avec le Vibrolux au milieu et l'AC-15 et le Lab Series en stéréo de chaque côté. JAMES McMURTRY : Complicated Game Le fils de l'écrivain texan Larry McMurtry est une légende folk moderne. Le terme Americana semblant irritant, voire insultant pour les originaux. Acclamé par Stephen King comme "le plus authentique songwriter de sa génération", James McMurtry a constamment sorti des albums de haute qualité musicale et évocatrice depuis ses débuts discographiques en 1989 avec John Mellencamp à la production. Cela dit, il y aura ceux qui considéreront McMurtry comme un dangereux communiste… Complicated Game, l'album porte bien son titre. Ce 12ème disque est un véritable road-movie, une expérience émotionelle d'une profondeur telle qu'en trois couplets on a l'impression d'avoir vu un film dans son intégralité, comme dans Deaver's Crossing ou Copper Canteen ("Baby, ne crie pas sur moi quand je nettoie mon fusil"). Ain't Got a Place In This World est digne de Townes Van Zandt, un shuffle avec banjo et percussions et Forgotten Coast est un coup de chapeau à JJ Cale. James est un excellent guitariste qui joue sa Guild 12-cordes électroacoustique avec une grande utilisation des harmoniques. L'intervention d'invités de marque tels que Derek Trucks, Ivan Neville, Doyle Bramhall II et Denny Freeman rehausse encore le niveau de l'album, produit par le rocker louisianais C.C. Adcock. La musique de la route actuelle ? Elle est dans les disques de James McMurtry. Comme le disait le très regretté et très borderline Dennis Hopper : "Donnez moi James Dean, Townes Van Zandt et James McMurtry, tous ceux que les constructeurs ont mis de côté et qui sont des pierres d'angle". (RD) Pias Records Knockin' On Heaven's Door Mike PORCARO (59 ans) 15 mars Bassiste, il remplace David Hungate (co-fondateur) en 1982 dans Toto jusqu’en 2007 où il prend sa retraite pour raison médicale. Il est sur les albums Isolation, Fahrenheit, The Seventh One, et la B.O. du film Dune. Il a également effectué beaucoup de studio pour des musiciens aussi divers que Wanda Jackson, Cher, Country Joe McDonald, Aretha Franklin, Dan Fogelberg, Donna Summer, Santana, Steve Perry, Stevie Nicks, Jefferson Airplane, etc. Al BUNETTA () 22 mars Manager, agent et gérant, il a fondé Oh Boy Records avec John Prine en 1981 et Red Pajamas Records avec Steve Goodman. Il a gagné des Grammys avec A Tribute To Steve Goodman en 1986 (Best Folk Recording) et 2006 avec Fair & Square de John Prine (Best Contemporary Folk Album). Le 18 avril 2015 est sorti September 78, un concert de John à Chicago en 1978 pour célébrer le Record Day. Engagé dans divers organismes (Smith Music School, NARAS, CMA). Oh Boy Records a aussi publié Todd Snider et des classics : Roger Miller, Willie Nelson, Merle Haggard, Conway Twitty, The Kendalls, Don Gibson, Don Everly, etc. John RENBOURN (70 ans) 26 mars Guitariste de folk, il avait une carrière de soloïste avant de cofonder Pentangle en 1967 avec Bert Jansch, Danny Thompson, Jacqui McShee et Terry Cox. En 1973 il reprit ses concerts et s’intéressa à la musique classique, tout en continuant des rencontres fructueuses comme avec le guitariste Wizz Jones sur scène.* Bob BURNS (64 ans) 3 avril Batteur et co-fondateur de Lynyrd Skynyrd en 1964, il a participé aux tournées locales puis aux premiers LP : pronounced leh-nerd skin-nerd en 1972 (MCA) avec les devenus classiques Gimme Three Steps, Tuesday’s Gone, Free Bird, et Second Helping, avec l’éternel Sweet Home Alabama, avant de quitter le groupe en 1974, malgré quelques apparitions ponctuelles au cours des ans, comme en 2006 (Rock and Roll Hall of Fame). Bryan O'Keith McCORMACK (74 ans) 10 avril Il débute la guitare à 13 ans et s’engage dans des groupes amateurs d'Elvis et Johnny Cash. Avec DeCordova, Richard Stephens et Charles Hay Edmiston (remplacé par Don Allen) les Rock ’n’ Rollers enregistrent chez Norman Petty. Avec Jimmy Torres, le groupe devient les Lean Teens. Petty cède la bande à Imperial Records, change le nom (String-A-Longs) et s’arrange avec le label Warwick. Wheels se vend à plus de 6 millions d’exemplaires ! McCormack a composé Sugar Shack : chanté par Jimmy Gilmer & The Fireballs, n°1 en 1963, parmi d’autres succès de ventes (Juanita Jordan, Daisy Petal Picking, Cinnamon Cindy, Beatles, You Bug Me, Spring has Sprung, Stumbling Stone). En 1968 il remplace Gilmer et tourne avec le groupe avant de se marier et s’intaller à Springfield Missouri. Partageant sa vie entre la musique, le pilotage d’avion et l’arrangement de paysages, il venait d’achever un roman. (JB) *Bluegrass Times n°104 (Avril-juin) a publié un article sur John Renbourn (par François Robert) Le Cri du Coyote n°145 page 22 Bernard BOYAT GOOD ROCKiN' TONiGHT Comme le dit l’adage, les absents ont eu tort. Il manquait, en effet, des têtes connues dans les rangs des spectateurs, la principale raison invoquée étant que la présence des têtes d’affiche US sentait le réchauffé. Or, comme disent les Helvètes, "jai été déçu en bien par l’affluence", grosso modo celle habituelle, avec un pic le samedi. Le vendredi, Shorty Tom et les Long Shots, trio toulousain renforcé par le violoniste des Wheels Fargo italiens, ouvrent le bal, distillant un mélange de hillbilly, hillbilly bop et un peu de rockabilly, avec des harmonies vocales style duos masculins US des années 1950. Suivent les Allemands Long John & his Ballroom Kings, formation comportant un trompettiste, ce qui leur donne une couleur très swing, plus rarement western swing avec leur steel guitariste. se démène comme un beau diable, avec du rockin blues trop fort pour mes oreilles, mais ils font un tabac auprès du public plus jeune. Changement de style et de volume sonore avec les Three Farmer Boys néerlandais. J’ai bien aimé leur prestation sur un mélange de hillbilly, hillbilly bop, boom-chicka-boom et un peu de rockabilly. Cette soirée est celle du r’n’b, car c’est du rockin’ r’n’b/ jump/ swing musclé que nous propose le groupe ukrainien Shorty Tom & Long Shots Rukiv Bryuki. J’ai préféré les deux/ trois titres très Little Rirépertoire bien équilibré, entre ses titres chard, celui à la Willie and the handjive, Challenge, des morceaux plus Presley et la reprise de Mellow saxophone ou le titre des reprises inattendues de Sittin in the très Lights out. balcony et Lotta lovin. On reste dans le même créneau avec La révélation de la soirée a été le groupe Carmen Ghia et les Hotrods, très dynasicilien Virginia Brown et les Sha- miques sur scène. meless. Grosse présence scénique, très C’est ensuite Hayden Thompson qui, beau vocal, superbes pianiste et saxo, comme Huelyn, a su modifier son réperpour un déluge de rockin’ r’n’b torride toire depuis sa dernière venue. Lui aussi Long John & His Ballroom Kings + Huelyn Duvall Vers la fin de leur passage, Huelyn Duvall les rejoint sur scène pour interpréter Blue suede shoes, qu’ils ont enregistré avec lui sur un simple Rydells. Huelyn Duvall est ensuite accompagné par Wildfire Willie et son groupe, Carl Sonny Leyland au piano, les choeurs assurés par des membres de Wheels Fargo, bel exemple de mondialisation. Il a su se renouveler depuis son passage précédent à la GRT, présentant un Attignat du 23 au 26 avril Virginia Brown et souvent néo-orléanais, avec d’excellentes reprises de titres de Fats Domino. Arsene Roulette devait terminer la soirée mais, absent, il a été remplacé par un trio anglais, qui fait du rockabilly plus rock que billy, il en faut pour tous les goûts... La soirée du samedi débute avec le duo belge The Goon Mat et Lord Benardo, ce qui donne un beau contraste entre un chanteur assis et un harmoniciste qui Guitar Killers, Carl Sonny Leyland propose quelque chose d’équilibré entre rockabilly, rock ’n’ roll et country, à la grande satisfaction du public. Carl Sonny Leyland termine la soirée avec un tour de chant très Teddy Redell. Le trio normand Blue Tears Trio attaque la soirée du dimanche dans un style assez Crazy Cavan. J’ai préféré leurs deux titres inspirés de Ghost riders in the sky et Rawhide. Blue Tears Trio Le Cri du Coyote n°145 page 23 Rukiv Bryuki Three Farmer Boys Blue Ribbon Four Pep Torres Le trio de Don Diego assure l’accompagnement de la partie Guitar Killers, Kav Kavannagh chantant quelques titres. C’est ensuite une des confirmations du festival, les Allemands du Blue Ribbon Four, avec leur rock ’n’ roll boogie à la Jerry Lee, dont ils reprennent divers titres. Ils font un véritable tabac. Pep Torres leur succède, dans un répertoire mêlant néo-rockabilly, rockabilly, de très bons titres en espagnol et des teens medium qui mettent en valeur un beau vocal chaud et ses accompagnateurs, la sono n’étant pas poussée à fond. Phil Haley et ses Comments, avec Gina Haley en invitée, arrivent ensuite. Hayden Thompson Carmen Ghia Phil Haley Las, pourtant en voix lors de la balance, elle a dû prendre froid entre temps car, dès le premier morceau, elle ne peut pousser son vocal à fond. Elle jette donc Pep Torres & Bernard Boyat Gina Haley rapidement l’éponge, laissant Phil terminer seul. Eux aussi soulèvent l’enthousiasme de l’assistance. La fatigue se faisant sentir chez les vieux de la vieille, je pars alors et je ne sais si les Firebirds ont fait les excellents teens à la Everly’s entendus lors de leur balance. Une fois de plus, il faut remercier Lyliane, Jacky et les bénévoles de Blue Monday pour le travail en amont et le bon déroulement du festival. Comme ils vont vite se remettre à la préparation de l’édition 2016, n’hésitez pas à aller bientôt sur leur site : www.bluemonday01.com Knockin' On Heaven's Door Percy SLEDGE (73 ans) 14 avril Mondialement célèbre pour son interprétation de When A Man Loves A Woman en 1966, il a d’abord été travailleur agricole puis aide-soignant avant de signer un contrat de rhythm & blues et enregistrer des succès (Warm and Tender Love, Take Time To Know Her, It Tears Me Up). Il a donné des concerts jusqu’au début du siècle et est entré au Rock and Roll Hall of Fame en 2005. Richard ANTHONY (77 ans) 20 avril Chanteur de pop & chanson française mentionné ici car il a fait connaître beaucoup de chansons américaines, sans que le public en soit toujours conscient, par ses adaptations populaires. Un salut donc, pour entendre encore un peu siffler le train... Benjamin Franklin ‘Tex’ LOGAN (87 ans) 24 avril Tex était ingénieur, calé en en électricité, informatique et enregistrement numérique. Mais c’est son violon qui l’a fait connaître et grandement apprécié parmi les amateurs de bluegrass, que ce soit avec The Lilly Brothers et Don Stover ou parmi les Blue Grass Boys de Bill Monroe, avant d’être souvent le partenaire de Peter Rowan. Il est l’auteur, entre autres, du célèbrissime Christmas Time’s A’ Coming que Bill Monroe a popularisé. James BEST (88 ans) 6 avril Connu comme le shérif de la série TV The Dukes of Hazzard (Shérif fais-moi peur) cet acteur, né Jewel Franklin Guy dans le Kentucky et tôt orphelin, a joué dans 83 films et 600 épisodes TV. Enseignant d’art dramatique, il a travaillé avec Clint Eastwood, Burt Reynolds, Quentin Tarantino, etc. NB : c’est lui qui a imposé le chien (Flash trouvé dans un refuge) dans la série. Robert “Bob” SULLiVAN (88 ans) 26 avril Ingénieur du son, il a travaillé sur Radio KWKH (1948-1958) avec les plus grands, de Hank Williams à Elvis Presley et enregistré de nombreux artistes (Jim Reeves, Webb Pierce, Faron Young, Johnny Horton, David Houston, Jimmy Lee Fautheree, Slim Whitman, Bob Luman, Dale Hawkins, etc.). En 2009 il confiait* : "Move It On Over", avant Bill Haley, est le véritable premier disque de rock and roll et le rock and roll a probablement débuté avec Hank Williams. J’ai enregistré beaucoup de musique country, et du rockablilly avec Bob Luman et Tommy Cassel. Quand Elvis est arrivé, tout le monde s’est mis à chanter des chansons de rock and roll, même Webb Pierce et Faron Young. J’ai sans doute enregistré plus de disques que je n’en possède… et j’écoute toujours Hank Williams, Lefty Frizzell et Red Sovine". Jack ELY (71 ans) 27 avril Pianiste classique de formation, il devient guitariste après avoir vu Elvis à la TV. En 1959 il fonde les Kingsmen. L’enregistrement de Louie Louie apporte le succès, mais Jack quitte le groupe peu après et forme les Courtmen qui ont fait une honnête carrière. Il est à l’armée de 1966 à 1968 mais son retour sur le plan musical est décevant. Durant la dernière partie de sa vie il s’exprimait auprès des jeunes contre les dangers de l’alcool et de la drogue. Ben E. KiNG (76 ans) 30 avril Il a débuté en 1958 avec les Five Crowns avant de devenir membre des Drifters, groupe de R’n’B noir qui enregistra une liste impressionnante de succès importants : This Magic Moment, Save The Last Dance For Me, There Goes My Baby. Deux ans plus tard il est en solo et propose bientôt les célébrissimes Spanish Harlem et Stand By Me, une des chansons les plus connues au monde. Considéré comme un des éléments centraux du rhythm & blues, Ben E. King a également fortement influencé le rock ’n’ roll même s’il a arrêté de tourner à la fin des années 70. (JB) *Merci à Dominique Imperial Anglares Le Cri du Coyote n°145 page 24 BROWN'S MUSiCAL BROWNiES Chanteur dynamique et expressif, chef d’orchestre intuitif et flamboyant, figure tutélaire du Western Swing, Milton Brown a rapidement entraîné dans son sillage musical son jeune frère Derwood, de douze ans son cadet. Derwood est déjà le guitariste des Aladdin Laddies de Milton et Bob Wills lorsqu’ils se produisent au Crystal Springs Dancing Pavillion. Derwood n’a qu’un peu plus de quinze ans lorsqu’il se joint en 1931 aux Light Crust Doughboys. Le 9 février 1932 à Dallas il tient la guitare sur le premier disque de Milton et Bob Wills (Fort Worth Doughboys). En septembre 1932 Derwood suit son frère charismatique qui forme, avec de prestigieux musiciens, ce que seront les mythiques Musical Brownies (cf. Le Cri du Coyote n°41). Marc ALÉSiNA Melvin Derwood Brown est né le 29 septembre 1915 dans une parenté de fermier petit producteur de coton, à Stephenville entre Abilene et Fort Worth au Texas. A la suite du décès de Era, la seule fille de la maisonnée, en mai 1918, les Brown s’établissent dans le quartier ouest de Fort Worth. Martha Annie Hueford la mère est au foyer, B. L. Barty le père trouve un emploi à la Bain Peenut Company ; Milton travaille avec lui, puis sera vendeur à la Lowe Cigar Company. Bien que Barty Brown soit un violoniste accompli, Milton n’est intéressé par aucun instrument, Derwood, lui, est attiré par la guitare. Milton chante au sein de divers orchestres de danse accompagné par Derwood à la guitare et par son père au fiddle. Bien que d’un caractère plus difficile que son frère, Derwood, à douze ans, est devenu un talentueux guitariste. (Plus tard son prénom sera souvent écrit dans la presse Durwood avec un u : le vœu de la famille est que son petit nom soit orthographié avec un e). Les Musical Brownies donnent leur premier programme le 19 septembre 1932 à la radio de Fort Worth KTAT et deviennent l’attraction principale du Crystal Springs (cf. Le Cri du Coyote n° 140). Le succès est rapide. En 1934 ils réalisent deux sessions pour Bluebird à San Antonio les 4 avril et 8 août : Derwood tient la guitare et effectue des harmonies vocales sur huit opus dont les intenses Swinging On Brown, Milton, Roy-Lee Derwood the Garden Gate et Talking About You. Deux impressionnantes séances pour Decca se déroulent à Chicago les 27 et 28 janvier 1935 qui forgent 36 titres. Derwood est bien présent avec sa guitare et exécute aussi en duo avec Cecil Brower In El Rancho Grande. C’est lui qui récite le texte (calls) de Little Betty Brown. Il est le brillant lead vocaliste de Love It Bloom et You’re Tired Of Me : première partie en Derwood Brown Les Brownies sont à l’hôtel Roosevelt de la Nouvelle-Orléans pour d’époustouflantes réunions. Quarante neuf morceaux sont gravés les 3, 4 et 5 mars 1936. Bien sûr Derwood est le guitariste mais il fait également Cielito Lindo en duo avec Cecil Brower et chante en lead Stay On The Right Side Sister ainsi que l’éclatant Song Of The Wanderer avec son très beau solo de steel guitare suivi du piano. Wanna Coffman, Marshall Pope (annonceur KTAT), Milton Brown, Jesse Ashlock Fred Calhoun, Cecil Brown, Ocie Stockard, Derwood Brown. (Studio KTAT, 1933) redoutable instrumental de plus de deux minutes ; le fiddle précède le piano qui laisse place à l’éblouissante steel guitare de Bob Dunn, le tout soutenu par le puissant rythme de la guitare acoustique et du banjo, puis Derwood prend un robuste vocal qui conclut cette œuvre magnifique. L’élaboration en vif tempo de Sweet Georgia Brown est une franche réussite ; remarquable piano de Fred Calhoun puis du fiddle de Cecil Brower. Derwood a une tonalité assez proche de celle de Milton ; son ambitus est moins ample mais son expression est plus spontanée, plus directe ; son timbre est plus âpre. Il a une voix bien posée, il ne la force pas et est très à l’aise dans les blues et les up-tempo ; il est cependant moins convaincant que son frère dans les airs populaires. Le Cri du Coyote n°145 page 25 A l’aube du dimanche 12 avril 1936, rentrant d’un concert au Crystal Springs, Milton Brown s’endort au volant de sa voiture. Bras droit de Milton, c’est tout naturellement et dans l’urgence que Derwood prend la gestion des Brownies. Il annule le gala du lundi, lendemain de l’accident et maintient les engagements suivants. Milton est dans un état alarmant au Methodist Hospital ; il décède le 18 avril de complications pulmonaires. les Brownies sur la T. S. F. et j’ai écouté Bob Dunn, j’ai décidé alors d’aller à Fort Worth les rencontrer. Milton avait un langage musical unique. Une fois je me suis arrêté à la Brownie Tavern, Bob Dunn était là et nous avons parlé un peu. Les steel-guitaristes jouaient dans le style hawaiien mais Donn allait changer tout ça (cf. Le Cri du Coyote n° 126). J’ai rejoint W. Lee O’Daniel en 1936, avant qu’il ne devienne gouverneur (cf. Le Cri du Coyote n° 134). Nous sommes restés deux ou trois semaines dans le secteur de Fort Worth ensuite nous sommes partis sur la station XEPN à Eagle Pass au Texas, près de la ville mexicaine Piedras Negras. Fred Calhoun m’a envoyé un télégramme et j’ai rallié les Brownies." Robert Buck Buchanan remplace Cecil Brower, formé tout comme ce dernier par le professeur de violon de Fort Worth Wylbert Brown. L’association Buchanan-Borowski est efficace, chacun est capable d’être en harmonie avec l’autre. Ce jour-là ils sont censés pratiquer au Crystal Springs ; les Crystal Springs Ramblers prennent leur place. Milton est inhumé au Smith Springs Cemetery de Stephenville, sa ville natale. Le premier passage des Brownies de Derwood a lieu le 22 avril au White Oak de Waco, Texas. Ils font des shows sur les ondes de WBAP de Dallas. Ils restent un orchestre de premier plan très demandé. Ils tournent sur le circuit régional des dance-halls. Mais Derwood supporte mal la pression inhérente à sa direction, ce qui accentue son penchant déjà prononcé pour l’alcool. Après quelques mois, brisés par la mort de Milton et désillusionnés, les musiciens démissionnent. D’abord Cliff Bruner part créer durant l’été, à Houston, les Texas Wanderers. Pour le remplacer Derwood prend Johnny Borowski qui avait déjà joué avec les Brownies lorsque Cecil Brower avait, pendant un temps bref, œuvré avec les Georgia Porgie Boys à Columbus, Ohio. Puis s’éloignent Brower et Bob Dunn. Derwood choisit le gaucher de 19 ans Robert Perkins à la steel ; appelé Lefty il est né le 3 septembre 1917 à Clarksville au Nord-Est du Texas : "J’ai étudié la musique et le solfège à Clarksville ; je me suis installé à Oklahoma City, c’était en 1934, j’étais employé à la radio, j’y ai rencontré Charlie Christian qui y collaborait. J’ai entendu Milton n’avait jamais discuté du futur, aussi Derwood est-il dans l’expectative. Inexpérimenté dans les affaires, il prend un business manager en la personne de Paul Calhoun pour gérer les contrats. Bien que Milton n’avait pas l’intention de poursuivre avec Decca, les Brown’s Musical Brownies (Robert Buck Buchananfiddle, Johnny Borowski-fiddle, Wilson Lefty PerDerwood kins-steel guitare électrique, Fred Calhoun-piano, Ocie Stockard-banjo ténor, Wanna Coffman-contrebasse et Derwood) sont le vendredi 19 février 1937 à Dallas. L’hôtel Adolphus, 1321 Commerce street, à l’imposante architecture néoclassique du milieu du XIXème siècle (Beaux Arts style) achevé en 1912, est le témoin de l’historique et unique séance des hommes de Derwood Brown qui mettent en boîte douze oeuvres somptueuses pour Decca. Les arrangements de Buchanan et Borowski sont moelleux, les rigoureux lead vocaux sont de Ocie Stockard et Derwood Brown. La voix d’Ocie est plus démonstrative, facile sur les blues, tel I Just Want Your Stinga- Brownies Derwood à la guitare Session de février 1937 Derwood à la guitare Le Cri du Coyote n°145 page 26 Ocie Stockard & Derwood, 1935 ree. Derwood est un chanteur précis qui montre ses affinités avec le jazz notamment dans Cross Patch. Les Brown’s Musical Brownies s’unissent à Jimmie Davis qui fixe avec eux High Geared Daddy et Honky Tonk Blues, une des premières complaintes où figure le terme Honky Tonk. Derwood interprète sept chansons : - le légendaire The One Rose (That’s Left In My Heart) popularisé en 1930 par Jimmie Rodgers ; beau solo de steel soutenu par banjo et piano. - le mythique Western Swing de Bob Wills et Tommy Duncan Bringt It On Down To My House est chanté en trois parties par Buck Buchanan, puis Ocie Stockard, Derwood prend le vocal après le deuxième solo (piano) et le garde après le troisième KTAT solo (fiddle) ; une réalisation bien agencée et séduisante. - Louise Louise Louise, adaptation en "white blues" du Louise Louise Blues du noir Johnnie Temple est triomphale, Derwood est très convaincant dans sa lecture profonde. - How Come You Do Me Like You Do est souvent crédité au trio Buchanan-Stockard-Brown, en réalité seul Derwood chante ce puissant traditionnel. - There’ll Be Some Changes Made, thème populaire de 1921 est un jazz classique : longue ouverture fiddle et piano appuyés par la contrebasse. - Le coruscant Cross Patch de Fats Waller se caractérise par la construction ori- Derwood 1935 Derwood 1940 ginale de sa longue séquence instrumentale finale : fiddle, piano et l’ocarina de Johnny Borowski. - Everybody Loves My Marguerite est un air à succès de 1933, facile et dansant, organisé par la steel guitare (Perkins y joue à la Dunn), le piano et le fiddle. - L’interprétation de I Can’t Give You Anything But Love est quelquefois attribuée à Derwood, manifestement le chanteur est Ocie Stockard, ce que confirme le chercheur américain Tony Russell, auteur du très remarquable ouvrage Country Music Records 1921-1942. et d’aller partout. Derwood refuse, se sépare de Sykes et maintient son activité musicale un temps sur Houston. puis les Brownies se rendent à Tyler, Texas où ils ont un programme régulier sur une radio. Ils tournent aussi dans tout l’est du Texas. Derwood habite Tyler avec sa famille où il reste jusqu’à ce que le groupe soit supprimé ; il retourne alors à Houston. En 1939 naît Ronald Derwood le premier fils de Derwood Brown. Fin février 1937 le sextuor réintègre KTAT de Fort Worth. L’annonceur Mike Gallagher les présente lors de leurs multiples radio shows. Milton a établi le répertoire de base et l’instrumentation du genre ; le western swing est désormais installé. Maintenant que ceci est bien ancré, les Brown’s Musical Brownies deviennent une des pièces pionnières du processus de maturation de ce style. Une prochaine étape sera de créer des compositions originales. Hélas une certaine lassitude et des dissensions ont raison de la cohésion de la formation qui se dissocie. Un dénommé Floyd Sykes fait alors une offre pour que Derwood mette sur pied une nouvelle équipe dans le sud du Texas, Houston en serait le quartier général. Derwood accepte et engage Link Davis au fiddle, Ace Lockwood au banjo, Crock Vincent à la basse, Jack Henson au piano et un steel guitariste. Les nouveaux Brownies opèrent à Houston et sa région durant huit mois. Floyd Sykes décide alors d’élargir l’audience Derwood Ocie Stockard & Derwood Brown Ocie Stockard a formé au printemps 1937 les Wanderers (cf. Le Cri du Coyote n° 127). En 1939 afin de les étoffer il cherche un guitariste roboratif, ce sera Derwood Brown qui se réinstalle à Fort Worth. Les Wanderers sont les samedis soir au Bohemian Club sur Roberts Cut road à Fort Worth et écument la région. Lassé, Derwood arrête ses affaires musicales et est embauché à la construction de camps militaires. Il transporte sa maisonnée à Brownwood, Texas, puis à Mineral Wells de novembre 1940 à mars 1941 pour ériger le camp Wolters, qui est inauguré le 22 Brownies-canned-goods mars 1941. Le Cri du Coyote n°145 page 27 Lorsqu’il revient à Fort Worth Derwood réintègre les Wanderers d’Ocie Stockard. Ils sont les 7 et 18 mars 1941 au Blackstone hotel de Fort Worth pour enregistrer pour OKeh-Columbia. Bill Boyd demande à Derwood de venir à Dallas collaborer avec lui sur WRR. Il fait ainsi beaucoup de radio avec Bill et chante Hold On That Thing lors de la séance de Bill Boyd pour Bluebird à Dallas le 10 avril 1941 (Bob Dunn est le steel guitariste). Il passe aussi régulièrement dans l’émission d’un dénommé Marvin Williams sur WRR. De retour à Fort Worth, Derwood trouve un emploi à la Texas Steel Company et se produit souvent avec la brigade de Stockard les samedis soir au Crystal Springs de Papa Sam Cunningham. Peu après la déclaration de guerre le 11 décembre 1941, Ocie Stockard arrête l’activité des Wanderers. Derwood ne sera incorporé dans la Navy qu’en 1944 et démobilisé en 1946. A la fin de l’automne 1946 Ocie Stockard a formé à Fort Worth une escouade qu’il a appelé les Musical Brownies, avec le contrebassiste Wanna Coffman membre d’origine des Brownies de Milton Brown ; ainsi qu’avec Bruce Roscoe Pierce, ancien guitariste des Light Crust Doughboys. Ces éphémères Musical Brownies passent sur KGKO de Fort Worth, dans les dance-halls et les samedis soir au vieux Winter Garden. Stockard convainc Derwood de se joindre à eux ; de façon erratique il se montre sur scène avec eux. Ocie ne fit jamais beaucoup d’argent avec sa bande, qu’il dissout pour intégrer les Texas Playboys au début du printemps 1947. Derwood crée alors, avec Blackie Luttrell et son frère Roy Lee Brown (banjo) un ensemble qui sévit au Stella de Fort Worth cinq fois par semaine (ce night club deviendra le Rustler’s Rest). Ils ont aussi une émission fixe sur la station KDNT de Denton, Texas. Après seulement quelques mois ils cessent leur occupation. Le Stella (East Belknap street) sera l’ultime endroit où Derwood exerça professionnellement. Son frère Roy Lee perpétuera la tradition. C’est à Fort Worth qu’est né Roy Lee Brown le 27 février 1921. Il est employé au "Fire department" de Fort Worth. Banjoïste confirmé, il forme un orchestre qui, sous le nom de Roy Lee Brown and his Musical Brownies, grave pour Swing records ainsi que Cow Town records et passe sur les ondes de KCNC. En 1989 Roy Lee enregistre pour le label Priority ; en 1991, avec Leon Rausch dans son équipe, il commet le CD Western Swing Heritage. Il obtient plusieurs récompenses : il est nommé au Texas Western Swing Hall of Fame (1999), honoré par la Northwest Western Swing Music Society Hall of Fame (2003). Le 2 février 2010 il reçoit du gouverneur Rick Perry a living legend award de la Cowtown Society of Western Music. Il fête ses 90 ans chez lui à Aledo, Texas (bourgade à l’ouest de Fort Worth) avec sa femme Ellen. Derwood installe son foyer dans le Colorado pour travailler sur les champs Derwood & ses deux fils de pétrole. Opal, sa femme, meurt d’une crise cardiaque à 42 ans. Après s’être remarié, Derwood retourne à Fort Worth. Il meurt prématurément la veille de Noël 1978 à l’âge de 63 ans. En 2003 il est glorifié par le Texas Western Swing Hall of Fame. Cette solennelle académie, fondée en 1988, n’a élu que d’illustres personnages tels Bob Wills, Cliff Bruner, Milton Brown, les Light Crust Dougboys, Tommy Duncan… et Derwood Brown. Témoignage : "Derwood était un guitariste vraiment bizarre. Il avait un rythme lourd ; casser des cordes était une norme pour lui. Lors des concerts il requérait l’attention des roadies. Son jeune frère Roy Lee, qui parfois le remplaçait, préparait une guitare de rechange et changeait les cordes. Derwood faisait souvent les harmonies vocales sur les leads de Milton, il possédait une voix ressemblante à celle de son frère mais accoutumée à des registres plus bas. Il avait une préférence pour le jazz plutôt que pour les airs populaires que Milton aimait tant ; il appréciait beaucoup Fats Waller. Son fils Milton Thomas qu’il surnommait Sonny Boy, devint le sujet d’une chanson populaire des Brownies, My precious Sonny Boy est ensuite passé dans le catalogue de Bob Wills." (Les Texas Playboys le transcriront pour les Tiffany le 13 mai 1946 à San Francisco). NB : Les enregistrements de Milton (Milton Brown and his Musical Brownies) et Derwood (Brown’s Musical Brownies) sont contenus dans le fruste coffret américain de 5 CD : Milton Brown and the Musical Brownies (Texas Rose records / OJL / TXRCD 1-5) COUP DE PROJECTEUR Dans les années 1990, Craig Shaw a été le chanteur/ guitariste du groupe londonien néorockabilly des Bopshack Stompers, qui ont sorti un super 45t sur Bopshack, puis deux albums sur Fury, en 1996 (Shake It) et 2001 (Meteor). Il est ensuite passé à un projet qui lui tenait à cœur, devenant co-fondateur et président de Fujam, qui propose des ateliers de musique aux jeunes en rupture de société et dans les prisons pour jeunes délinquants. Il a, aussi, participé au programme Core Arts, dans l’est de Londres, destiné à initier à la musique et aux arts des jeunes souffrant de troubles mentaux. Son 1er CD solo, Find My Way (Illuminator 001) en 2001, avec les Illuminators, Wayne Hopkins (contrebasse) et Evan Jenkins (batterie) où il tient vocal, guitare et harmonica, ne correspond pas vraiment au titre. Il semble, en effet, encore à la recherche de sa voie musicale, mêlant rock garage, funk, variété, blues rock. Les meilleurs titres en sont le folk rock Americana Run & Hide, avec Boz Boorer, le rockin blues medium Mama got the blues et la ballade un peu teen Ella's song. Il forme ensuite, avec d’autres amateurs de swamp blues, Adam Wakefield (gtr, cbs), Trew Collins (bat) et Paul Sheahan (gtr rtm), les Excellos, nom de la marque sur laquelle cette musique, originaire de Crowley, Louisiane, a vu le jour. Le 45t Rollin RR 003 Got love if you want it/ Suzy Q, sort en 2008, suivi du CD The Excellos (Excello 001) en 2009. Cette fois, Craig a trouvé sa voie musicale, l’album étant bien rockin’ r'n'b/ swamp blues/ rockin’ blues. Outre les deux titres du simple, on y remarque les reprises de Shake your hips et Black Betty, les instrumentaux Kasbah et Scratch & sniff, ainsi que les compositions Catfish et Sonny rising. Craig SHAW En 2010 les Excellos sont derrière Chris Farlowe (né John Henry Deighton le 13 octobre 1940 à Londres) un des pionniers du blues britannique, qui fait son retour après une longue éclipse. Les deux excellents rockin’ r'n'b enlevés, Tell me mama et I'm going upstairs, sortent chez Rollin, sur le 45t RR 015 et le CD RRCD 015. C’est, ensuite, en 2013, une brève aventure espagnole avec les Backbones, Jorge Nunes (gtr), Peter Braineater (bat) et Daniel Nunes (cbs), pour un CD 5 titres (Kathrina KREPCD 003). On y trouve deux swamp blues, One of these days, un medium, Mojo hand, plus enlevé, deux blues rocks, Nothing but the blues, enlevé, Rollin stone, un medium, et l'instrumental mêlant rockin’ r'n'b et surf, Wild turkey, gloussements de dindon en prime. Enfin, Craig retrouve Evan Jenkins et y ajoute le contrebassiste Garry Tyrrell Lynch pour reformer les Illuminators. Un CD 4 titres promotionnel (Rollin RRCDJ 107), dont le swamp blues medium I believe et Twist & bop, qui mélange twist et rockin r'n'b, sont les meilleurs, annonce la sortie, au début de l’été 2015, d’un nouvel album, dont nous parlerons sûrement. Bernard Boyat Le Cri du Coyote n°145 page 28 COYOTHÈQUE ViNCE TAYLOR LE PERDANT MAGNiFiQUE Thierry Liesenfeld Thierry a, déjà, publié un ouvrage qui fait référence en la matière, Gene Vincent, The Story Behind His Songs. Celui qu’il consacre à l’autre chanteur en cuir noir est appelé à en devenir une autre. Vince n’a jamais suscité l’indifférence. Ceux de ma génération se rappellent les débats passionnés entre supporteurs de Vince et de Johnny. Ce fut d’abord bénéfique pour Vince, grâce au battage publicitaire, mais l’a fortement desservi ensuite, l’image de blouson noir lui restant associée. Tous ceux qui ont vécu cette période ont leur anecdote sur Vince. J’en ai plusieurs, dont la plus cuisante fut, pour l’avoir cité dans une dissertation sur le beau en fac, une piètre note et la remarque cinglante, en marge : "Pour des exemples concrets" ! Ce correcteur a dû faire plusieurs tours dans sa tombe à la parution de cet ouvrage. Pour ce travail de bénédictin de 3 ans, Thierry s’est basé sur les ouvrages déjà parus sur Vince, désormais bien mièvres. Il s’est aussi appuyé sur la multitude d’articles de presse parus dans les media britanniques, hexagonaux et européens et sur des témoignages de première main. La biographie, hormis pour ses jeunes années (Thierry explique clairement pourquoi cette période est un peu floue), est retracée de manière scrupuleuse et fouillée, l’accent étant mis, logiquement, sur les années glorieuses 1961/ 62. Les illustrations sont très abondantes et contiennent des clichés jamais ou rarement vus. Thierry y adjoint une discographie exhaustive, la liste des parutions discographiques, une filmographie, un récapitulatif des apparitions TV, une liste d’hommages. Ce livre, écrit en bon français, avec quelques anglicismes et coquilles pardonnables, va devenir une référence incontournable, une sorte d’encyclopédie sur Vince. Alors, n’hésitez pas, achetezle ! (je pourrais y ajouter, comme au bon vieux temps de Hara-Kiri, sinon... volez-le). Bernard BOYAT Contact : Association Saphyr, 1 rue des Hirondelles 68230 Zimmerbach KANGA ROUTES ROGER KNOX : Warrior in Chains Qualifié de Black Elvis, il a vu le jour dans une famille aborigène de 11 enfants à Moree (NSW). Elevé dans une Mission à Goondiwindi où il jouissait de peu de liberté, la première musique qu’il a connue est le Gospel que sa grand-mère lui faisait chanter. Il a découvert la country plus tard quand ses frères et sœurs fréquentant les festivaliers à Tamworth lui ont fait écouter Slim Dusty. En 1981 il adapte ce style musical à des textes sur l’environnement australien et la culture ancestrale aborigène. Ce style vite baptisé Koori Country a fait de Roger le Koori King of Country avec à son actif 5 CD (de 1984 à 2013). Celui-ci, paru en 1998, propose l’interprétation de 14 titres écrits par d’autres, dont l’ensemble constitue une rencontre entre cultures blanche et aborigène qui, souvent parallèles, manquent de compréhension. On y trouve des rock & roll tels que Maybeline de Chuck Berry, My Baby Left Me rendue célèbre par Elvis Presley et la très agitée Wild One de Jake Owens et Bill Withers, des gospels tels que Put Your Hand In The Hand (place ta main dans celle de l’homme de Galilée) en version pop, He Touched Me en forme de valse à la manière d’Elvis et I Want To Be Free de Jerry Leiber et Mike Stoller (de ma fenêtre je vois dans l’arbre un oiseau dont je jalouse la liberté) au format gospel sans que le texte en soit. Parfaitement country et exprimant l’amour indéfectible pour une belle aborigène, Koori Rose de Merve Lowry sert de rencontre des deux cultures comme on le constate aussi dans Koala Bear un rockabilly dynamique énumérant les animaux du bush et finissant par chanter pour sa belle comme un petit Koala. Arnhem, mid-tempo aux accents folk, parle de l’aborigène vieillissant qui aspire à rejoindre cette grande terre aborigène au nord de l’Australie où de nombreux vestiges du passé abondent et où la culture ancestrale, restée très vivante, le familiarise avec le Dreamtime, les temps primitifs de la mythologie aborigène. Blackman’s Stories, sous le bourdon du didgeridoo, parle des histoires sur les coutumes tribales, et des peintures rupestres des ancêtres qui illustrent des combats à la lance et au boomerang présents depuis le Temps du Rêve. Le Temps du Rêve revient dans Streets Of Tamworth pour exprimer le blues que provoquent en lui les néons de Tamworth et la vue de ses frères adopter les mœurs des Blancs et se contenter des aides gouvernementales, choses qui lui font souhaiter revenir au Dreamtime. Les autres titres abordent le thème du prisonnier se lamentant dans sa cellule. Warrior In Chain (Daniel Beaty) est la complainte de l’incarcéré qui a perdu 6 ans de sa jeunesse dans cette prison où il finira par mourir, Goulburn Jail (Porter) dit la tristesse de celui qui rêve à sa bien aimée tandis que la lune blanchit les murs sales de sa cellule. Sur un thème semblable I’ll Break Out Again Tonight (Sanger Shafer & Arthur Owens) langoureuse mais purement country, avec la forte présence d’une pedal steel, évoque le condamné que personne ne peut empêcher de rêver être auprès de sa belle : si l’on peut enchainer le corps, nul ne peut enchainer l’esprit. Roger, qu’on peut voir sur Youtube dans de nombreuses vidéos, est un vrai miraculé : il a survécu à deux crash d’avions (son corps brulé à 90%), celui qui le transportait lors d’une tournée suivi de celui de l’avion venu le secourir. La même année il perdait son père, sa mère et une jeune soeur. Il a survécu et continué à faire carrière. Undercover Music Pty Ltd PO Box 561 Alexandria NSW 2015 www.undercovermusic.com.au/roger_knox.htm CONNiE KiS ANDERSEN : Naked Under The Radar C’est dans Le Cri 127, à l’occasion de la sortie de son 4ème album intitulé Connie Kis, que les lecteurs ont pour la dernière fois entendu parler de cette charmante chanteuse, résidente de la lointaine Australie Occidentale. Sa réputation a depuis dépassé les frontières de cet Etat australien raflant bien des Awards tels que 3 fois Roland LANZARONE de suite Meilleure Chanteuse, Meilleur Album Indépendant, et un TIARA Award en sa qualité de chanteuse. Pour ce 5ème opus elle offre un remake de certaines de ses œuvres déjà parues et qui n’avaient pas reçu l’accueil qu’elles méritaient ou, si vous préférez, n’ont pas été détectées par nos radars. Dans un format acoustique, guitare sous le bras et quelques bons musiciens (trop nombreux pour les citer tous) elle propose 12 titres où l’amour passion est omniprésent du moins dans 10 d’entre eux. Sad And Lonely est une country blues d’allure gospel rappelant Armstrong, Please Pardon Me mid-tempo jazzy avec par moments les grésillements de vieux disque, You Stole My Heart avec une teinte de tex mex, It’s Too Late un jazz rock, Happy Day calypso avec bongos, guitares et mandoline, Come On, Come On une country syncopée, Handle Love With Care est pleine de douceur comme l’est It’s Called Love bien rythmée avec sa guitare et les mid-tempo On The Other Side Of Midnight et Overcome And Undone avec un bel accompagnement à la guitare. Les deux dernières ont ma préférence aussi bien musicalement que par les thèmes : Waiting On Yesterday est une valse de style celtique avec pipo à propos d’un brave homme aux yeux perdus dans le vague attendant disait-il le retour du passé. Hélas il faut vivre au temps présent pour trouver la liberté et Gone Wishin’ une triste ballade tout en douceur, celle de l’enfant en pleur priant Dieu de soulager les souffrances de sa mère bien que dans ses yeux désespérés on lise sa colère. CD chez WJO (www.wjo.com.au) ou Kismana Music ([email protected]) NATALiE HOWARD : Under Love’s Umbrella Ce n’est pas pour rien que cet album porte ce nom car Natalie, découverte dans Le Cri 98, est aussi l’auteur des 12 titres qui ne parlent que d’amour. L’opus a remporté en 2014 l’IMA aux USA l’Award de Meilleur Album Country de l’année. Bien que résidente de la Gold Coast, grand lieu de villégiature estivale australien, cette très jeune chanteuse a, pour favoriser sa carrière, élu également domicile à Nashville. Vu son jeune âge, on n'est pas surpris que sa musique penche plus vers la pop que la country. L’up-tempo domine dans Paradise (mon paradis consiste à te rencontrer par hasard et te couvrir de baisers) ainsi que dans You Ought To Marry Me (certifions notre amour en nous mariant). La pop est sautillante dans Grey (un grand lit, et 2 visages éclairés sur un seul oreiller), électrique dans Feel Like Letting Go (allez les filles ! offrons nous une super soirée en dansant et nous amusant jusqu’au petit jour). Deux chansons de rythme moyen peuvent être qualifiées de country pop : Me Too (je veux simplement que tu m’aimes telle que je suis) et Note To Self (mieux vaut le quitter, car il ne changera jamais). Le pop rock s’accompagne au didgeridoo dans And Then Some (je refuse un amour faux, je le veux entier, capable de me soulever de terre). Yes (A Love That Lasts) est un pop au ton pressé pour dire "sous notre chêne favori je veux ne plus toucher terre". Les quatre autres titres sont des midtempos entièrement pop dont certains sont pleins de reproches comme dans You Ain’t Worth The Rain (je n’ai pas le temps d’attendre que tu me dises je t’aime) ou A Little Cold Right Now (si tu me regardais tu verrais dans mes yeux une larme prête à tomber) et The Girlfriend (tu ne vois en moi qu’une copine) mais on trouve aussi la très agréable musicalement Hit The Hay (lors de nos retrouvailles il fera si chaud qu’on apercevra des étincelles ). Les très jeunes Coyotes apprécieront ces chansons bien plus que ce vieux Coyauteur trop épris de country roots. www.sonicbids.com/band/nataliehoward3 ou www.nataliehoward.net/bio.htm Nouvel horaire de Kanga Routes : Radio RCF Haute Normandie : Les semaines impaires, mercredi 20h, redif. dimanche 11h30 www.rcf.fr/radio/rcf76rouen DiSQUES AUSTRALiENS Franco de port en citant Le Cri WJO Shop 64, Salamander Bay Shopping Centre Salamander Bay, NSW 2317 Australie www.wjo.com.au, [email protected] Le Cri du Coyote n°145 page 29 AUDREY AULD : Hey Warden Audrey a écrit cet album avec la collaboration des incarcérés de la prison San Quintin, où elle apportait la mélodie et eux les paroles. Il comporte 8 ballades allant de la pure country comme Hey Warden avec un excellent accompagnement où des prisonniers s’adressent au gardien pour dire leur manques, à d’autres titres tout en douceur tel Bread And Roses disant tout ce qu’elle souhaiterait leur apporter : paix, gâteau, amour et espoir de ne plus les revoir dans ce lieu. Oh Love alterne douceur et pluie de paroles (amour donne-moi une raison de tenir bon dans cette vie de solitude). Walls est trottante (si ces murs pouvaient parler ils diraient le blues et les larmes et s’entendraient dire n’aie pas peur l’amour te rachètera). On trouve aussi des complaintes comme Poor Joe avec les paroles inspirées d’une lettre de Joe Askey (la correspondante compatissante des peines de Joe en prison depuis 20 ans) et I’m Not What I Have Done (il vole une voiture, saisit un pistolet, tue et voilà qu’il n’est plus le garçon de 17 ans, le fils, le frère, l’amant, mais un tueur). Naked And Nameless ballade en mid tempo dit "je suis venu au monde nu, et anonyme et je le quitterai de même en espérant avoir expié". Sunshine a été inspirée à Audrey par les nombreuses lettres que ses fans lui avaient adressées après avoir appris son combat contre un cancer, (ne me regarde pas avec pitié dis-moi plutôt combien tu m’aimes). Un album très émouvant se prêtant à la réflexion concernant les peines ressenties par ces hommes et femmes privés de liberté. Il est sorti en deux versions, l’une disponible chez iTunes et Amazon (7 titres) et la version présente (Reckless Records-. www.recklessrecords.com/aa_music.html, http://www.audreyauld.com COL MiLLiNGTON : Flash Back 1980-82 Featuring Barry Roy Ce 19ème album de Col, grand habitué des Kanga Routes, est un hommage à Barry Roy, légendaire guitariste australien originaire de Melbourne. Il a appartenu à plusieurs groupes rock dont les Saxons et les Crickets et a inventé les amplificateurs Eminar. 11 titres de musiques enregistrées par Barry entre 1980 et 1982 réinterprétés par le prolifique Col, auteur de plus de 200 chansons qui n’a pas résisté à ajouter 5 de ses compositions. Ces titres parus à l’origine sur des LP 33t, Col les a repris et améliorés. On trouve un grand choix de styles mais à part la jolie valse A Prayer For A Trucker’s Wife, une des 5 compositions, tous les autres titres sont sur de bons rythmes. Parmi les chansons dont il est l’auteur deux racontent la vie de deux célèbres bandits australiens du 19ème siècle : Thunderbolt (le bandit gentleman) et Ned Kelly (victime d’injustice) le premier sur un uptempo le second au rythme trottant. La galopante Jindabyne évoque les bons souvenirs de cette ville où il a vécu alors que Rollin’ Down The Highway Tonight se présente en rock. Les reprises comprennent un chachacha, 24 Hours From Tulsa, une rumba Travellin’ Man, un country rock dynamique Six Days On The Road, le joyeux, malgré son titre PayDay Blues, le pur country percutant I’m A Little Bit Lonesome, l’allègre et sautillant Detour, la ballade en mid-tempo If I Said You Have A Beautiful Body, l’interprétation très originale grâce à son rythme accentué de Movin’ On et sur un up)tempo Truck Drivin’ Man et Midnight Flyer. Sans dire que c’est un album exceptionnel, Col reste toujours fidèle à lui-même le CD est bien plaisant à écouter. Email : [email protected] Col Millington PO Box 707, Werribee, Vic. 3030 iVAN PERGER : Thinkin’ Out Loud Ivan est venu à la country music à 60 ans après qu’un ami lui a fait cadeau d’un ukulele et lui en montre les rudiments. Il s’est lancé dans la composition et 3 ans après il avait écrit une quarantaine de chansons faisant précéder le présent opus par Raw And Grizzlzed dédié à son fils handicapé. Ses chansons parlent d’événements de la vie, bons ou mauvais, avec toujours un sentiment d’espoir. Dans les 16 compositions de ce 2ème album le folk est accompagné à l’accordéon dans You Still Smile (les enfants grandissent, la vie s’écoule et nous sourions en pensant à notre jeunesse) ou au violon comme dans Confusing (il y a longtemps que je suis parti et je ne comprends plus ceux que j’ai quittés) et même à la mandoline dans JC’s Day In Court (garde tes lois pour m’éviter l’enfer, Dieu verse une larme en nous regardant). I’ll Take The Blame (j’implore ton pardon de te briser le cœur je dois partir aujourd’hui) folk plus joyeux interprété en duo avec Sara Tindley comme c’est le cas dans Can’t Recall (ils se sourient souvent mais n’osent jamais s’aborder) une country joyeuse et sautillante. D’autres country ont un violon très présent comme dans le midtempo John Prine On My Mind (dans une nuit d’orage la barmaid souriait alors que dans ma tête John Prine chantait) ou le calme et mélodieux Like I Do (rêves-tu comme moi d’un amour à partager ?) ou l’allègre Honey (tu m’as bien de fois brisé le cœur, pourtant je t’aime encore) et la valse Down Coogee Way (il y a les beaux et les mauvais jours, mais qui dira ce que sera demain ?). On découvre des sons balkaniques dans Ode To The Devil (méfietoi des promesses du diable, ce ne sont que mensonges) valse où la guitare s’accompagne d’un accordéon et d’un violon puis dans la sautillante Dizzy (trop occupés pour voir les autres ils vivent sans s’apercevoir que la vie s’écoule). Somebody Standing Strong (si tu m’entends crie-le fort, pas d’abris quand les eaux déferlent) se présente calmement avec un charme slave. Les valses lentes ont pour titres Old John (hier s’est éteint John l’ami avec qui je dégustais chaque matin un café au soleil) et Another Time Another Place (en gaspillant mon temps pour mon plaisir j’ai perdu mes amis). Pour finir on trouve aussi un chachacha Talking My Way (c’est à moi ou à toi-même que tu parlais croyant que nul n’écoutait) et un latino Some People Are Funny (bizarre comment un jour les gens te sourient et un autre t’ignorent). Ivan à présent fabrique ses propres guitares : finalement; la soixantaine a été pour lui une renaissance. 10 Warrambool Rd. Ocean Shores NSW 2483 www.ivanperger.bandcamp.com DARREN CROSS & JESSiCA CASSAR: Word Got Out Nouvel opus de Darren rencontré dans Le Cri 143, ici en duo avec son égérie Jessica. Dix titres d’une country alternative acoustique co-écrits avec des textes plutôt noirs que certains qualifient de gothic americana. Sorti en octobre 2014 ils l’ont fait connaître en Europe en mai 2015 dans une tournée : Finlande, Allemagne et Paris avec 3 concerts aux Balades Sonores, Le Zorba et au Pop In où s’est fait le lancement. La guitare de Darren, on s’en doute, est partout présente notamment dans une ballade très country On The Blue Of The Sea (je veux naviguer pour tout recommencer mais comment faire si la mer s’assèche) et dans le sautillant My Man (il m’a secouru quand je me trouvais mal sans jamais s’occuper de lui-même) avec banjo et un lick de guitare répétitif. C’est le cas aussi pour les lamentations contenues dans Wake Up Call (d’un hôtel qui n’est pas le sien il reçoit un appel de réveil qui ne lui est pas destiné). Entrecoupé par des cymbales Babe Come Down est un blues disant : "Chérie reviens, qui me sauvera, c’est en vain que je cherche". Accompagnant la guitare acoustique les sons sont longs dans Cut All Ties (un homme m’a abandonné, je ne dis pas qu’il avait tort, je suis repartie d’où je venais, après avoir coupé les liens). Sur un rythme saccadé et animé dans Bobby la question posée est : "Pourquoi pars-tu en ville Bobby, reviendras-tu une fois embarqué dans ta voiture ?" Mid-tempo mélodieux, Not Holding On dit le ras le bol (pendant combien d’années de peur ai-je dit adieu à cette misérable ville à des gens tels que vous ?). Deux ballades en douceur s’intitulent l’une Granted (conduis-moi près du lit de fleurs sur lequel tu reposes la nuit, les jours étaient alors pleins de lumière) et l’autre avec ses sons longs Tears In The Rain (tu ne peux pas cacher des larmes sous la pluie). Pour finir la country est galopante dans The Fall Of The Leaves Never Cease (accrochées aux branchages les feuilles doivent lâcher prise pour se libérer). Belles photos et tout un programme sur leur site. www.jepanddep.com Country Citation En 1948-49, Hank Williams chantait des trucs comme "J'ai vu les crabes et les poissons faire le bee-bop-beep". Personne n'avait jamais entendu ça. C'était quoi ce bee-bop-beep ? Hank devait le savoir... Carl Perkins Le Cri du Coyote n°145 page 30 BLUEGRASS & C° Dominique FOSSE L'actualité est moins abondante que pour les deux numéros précédents et je m'en réjouis presque car elle offre ainsi davantage de temps pour se délecter de deux albums qui pourraient être les plus intéressants de l'année, l'un aux Etats-Unis, l'autre venu de l'Europe du froid. BAND OF RUHKS : Band Of Ruhks Quatorze ans après avoir quitté presque simultanément Lonesome River Band, Ronnie Bowman, Don Rigsby et Kenny Smith se retrouvent sous la bannière de Band Of Ruhks. Du Lonesome River Band sans Sammy Shelor ? Pas vraiment. Alors que Lonesome River Band associait bluegrass classique et countrygrass, Band Of Ruhks est porté sur la combinaison popgrass/ classique. Surtout, même si Rigsby et Smith sont loin d’être des faire-valoir, l’album porte la marque de Ronnie Bowman. Pas vraiment étonnant tant il a été en retrait de l’actualité discographique depuis qu’il a quitté Lonesome River Band. Seulement deux albums solo au début des années 2000 alors que Kenny Smith en a enregistré sept avec son épouse Amanda ou en solo et Rigsby davantage encore (sous son nom ou avec les groupes Longview et Rock County). Ronnie Bowman cosigne six des treize titres (certains avec Chris Stapleton et Tammy Fassaert des Steeldrivers, Kim Fox ou le chanteur country Mark Collie) et en chante huit. Sa voix est d’une incroyable souplesse sur les chansons popgrass. Bowman est certainement le chanteur le plus proche de ce que pourrait être une version masculine d’Alison Krauss. Comme elle, Band Of Ruhks utilise fréquemment un batteur (l’impeccable Chris Brown). Par contre, le groupe ne sacrifie jamais le banjo (partagé entre Scott Vestal, Ron Stewart, Rob McCoury et Justin Moses – rien que ça) comme peut le faire Union Station. Il enrobe certains arrangements avec des cordes (discrètes). De la variété bluegrass ? Si on considère qu’à partir de 1965 les Beatles faisaient de la variété rock, alors je veux bien signer pour de la variété bluegrass en ce qui concerne Band Of Ruhks. D’ailleurs la lente ballade All We Need chantée par Bowman a tout d’un titre oublié de Paul McCartney. Happy All The Time, avec une jolie harmonie vocale, All The Way sur un très bel arpège de guitare de Kenny Smith et Run With It sont dans la même veine pop. Une veine qu’explore aussi Don Rigsby avec Rendezvous With Danger, un titre plus sombre signé de The Old School Road (New Time) est le neuvième CD des GRASS CATS. Le mandoliniste Russell Johnson a longtemps constitué le principal atout de ce groupe avec sa voix haut perchée atypique mais les titres étaient répartis entre plusieurs chanteurs, diluant ainsi l'intérêt qu'on pouvait avoir pour ses disques. Depuis The Mountains My Baby And Me (2012), Johnson s'est affirmé comme le leader des Grass Cats (le succès de son album solo Anytime Anyplace But Only You l'année précédente y est sans doute pour quelque chose). Il signe ici six des douze chansons et en chante huit. C'est du bluegrass très classique qui sonne au mieux grâce à d'excellents trios sur les refrains et aux qualités instrumentales de Johnson, du fiddler Chris Hill et surtout du banjoïste Rick Lafleur dont le style punchy a beaucoup apporté aux Grass Cats depuis deux albums. Parmi les compos de Johnson, The Old School Road et surtout 85 On 85 ont l'étoffe de hits bluegrass. Le gospel en quartet a cappella Come In est un modèle du genre. Ce titre bénéficie de la voix de basse de Lafleur, également idéale pour reprendre du Johnny Cash (Ring Of Fire avec le fiddle à la place des trompettes). Tim Woodall (passé du banjo à la contrebasse à l'arrivée de Lafleur) interprète deux titres dont une bonne version de A Woman's Love d'Alan Jackson. Chris Hill chante pour sa part le honky tonk Don't Leave Her Lonely Too Long (Marty Stuart). Les Grass Cats sont aussi passés maîtres dans l'adaptation de titres rock en bluegrass. Johnson interprète magnifiquement How Long Has It Been Going On, succès du rocker anglais Paul Carrack dans les années 70 avec le groupe Ace. Une des nombreuses réussites de cet album. SPRiNGFiELD EXiT n'est pas tout à fait un nouveau groupe. Il a été créé il y a plusieurs années par Linda (vo) et David Lay (gtr) avec le multi-instrumentiste David McLaughlin (mdo, bjo, gtr, fdl). Il prend aujourd'hui une nouvelle dimension avec l'intégration de Tom Adams (bjo) et Marshall Wilborn (cbss) anciens partenaires (ça remonte à 25 l’inoubliable Harley Allen qui fait la part belle au dobro et reçoit le renfort de Lee Ann Womack sur le refrain. Rigsby allie émotion et performance vocale sur une excellente version de Danny Boy. C’est évidemment sa voix de tenor qui est en première ligne pour le bluegrass classique avec Bootleg John et Here Comes A Broken Heart, une composition de Barry Bales et Shawn Lane. Lost Highway (Hank Williams) est chanté en trio. La flûte de Jeff Taylor donne un petit air irlandais à Between The Devil And The Deep, un beau refrain signé par Bowman et Kim Fox. Goodtime Mountain Man a un léger accent cajun et Can’t Get Over You est un boogie bien rythmé. Les arrangements sont au service des voix. De la pure dentelle avec encore Stuart Duncan et Jim Van Cleve (fdl), Rob Ickes et Jimmy Stewart (dob), sans oublier Smith et Rigsby. En 2013, à La Rochesur-Foron, Ronnie Bowman nous avait promis un album solo sous peu. On a attendu presque deux ans, ce n’est pas un album solo mais qu’est-ce que c’est bon ! ans) de McLaughlin dans les Johnson Mountain Boys. Le nouveau CD s'intitule That Was Then et après sa participation à la compilation Patuxent Banjo, il confirme que Tom Adams peut à nouveau jouer du banjo. Son jeu précis, capable de dentelles aussi fines que celles que tricotent les mandolines, convient à merveille au timbre feutré de Linda Lay, interprète de 11 des 12 chansons. On l'avait connue autrefois dans le groupe Appalachian Trail sous le nom de Linda Baker. La douceur de sa voix a fait choisir à Springfield Exit un répertoire constitué majoritairement de valses lentes (Lonesome Wind de Buzz Busby), de ballades (Peaceful Easy Feeling des Eagles) et de slows (Till The Rivers All Run Dry de Don Williams). C'est un peu trop de rythmes lents à mon goût, d'autant que les chansons plus rapides sont parfaitement réussies, que ce soit des classiques comme I've Endured (Ola Belle Reed) et Some Old Day (Flatt & Scruggs) ou Listen To Me Mother de Chris Brashear. Mon titre préféré est That Was Then And This Is Now, un boogie swinguant composé par Wilborn et mené par sa contrebasse (il faudra faire un jour la liste des merveilles composées par Marshall Wilborn). J'aime aussi beaucoup George Cunningham (c'est une chanson, pas un musicien), tout à fait dans le style des Country Gentlemen. Elkhorn Ridge associe les banjos old time (McLaughlin) et bluegrass (Adams). Marshall Wilborn interprète avec la douceur qu'on lui connaît You Ain't Going Nowhere de Dylan. Pas une faute de goût dans cet album qui aurait juste gagné à inclure une paire de chansons plus musclées. Pour Snapshots (Mountain Home), leur sixième album en huit ans, Darin et Brooke ALDRiDGE auraient pu associer le nom de leur groupe au leur. Le banjo de Tyler Collins est percutant sur les titres les plus classiques (Let's d'Eddie Adcock, My Rose Of Old Kentucky de Bill Monroe). Becky Buller (Cri du Cœur dans le n° 144) était encore la violoniste du groupe au moment de l'enregistrement et elle est remarquable sur Will You Be Ready, écrit par Darin, et Better Place, reprise de Acoustic Syndicate, morceau le plus moderne de ce disque. Le dobroïste Collin Willis est en évidence sur les Le Cri du Coyote n°145 page 31 NEWS Coyote Report THE AMERiCAN EPiC Documentaire + long métrage diffusés sur PBS et BBC Arena Producteurs : T Bone Burnett, Robert Redford et Jack White. B.O. sur Legacy Recordings CBS & Third Man Records, avec : Beck, Nas, Willie Nelson, Alabama Shakes, Merle Haggard, Elton John, the Avett Brothers, Bettye LaVette, Los Lobos, Raphael Saadiq, Taj Mahal, Steve Martin & Edie Brickell, Rhiannon Giddens, Pokey LaFarge etc. Sortie prévue en DVD/ Blu-ray TRiSTESSE DELA TERRE Sous-titré "Une histoire de Buffalo Bill Cody", ce très beau roman/ récit historique et sensible de Eric Vuillard est publié aux Editions Actes Sud ViE POST GRASCALS Jamie Johnson, co-fondateur du groupe qui a débuté avec Dolly Parton, sort d’une dépression et change de vie : il quitte les Grascals après 10 ans de succès pour se consacrer à "sa santé, sa famille et son fils" OUTLAW MAN Titre du nouveau clip en public de Christopher Bock : contact et vidéo : http://c.bock.free.fr DJANGO & JiMMiE Titre du CD, produit par Buddy Cannon, que Willie Nelson et Merle Haggard sortent encommun. Le premier single est It’s All Going to Pot, une amusante apologie de la marijuana. En prévision de sa légalisation dans plusieurs états, Willie envisage de lancer sa marque… JUKEBOX BLUEGRASS Titre du CD (14 titres) annoncé de Louie Setzer sur Ripsaw/ Patuxent, avec Nate Grower (fdl) Mark Delaney (bjo) Tom Mindte (mdl) Ron Penska (bss) et Frank Sollivan II (h-vo) CHRiS AUSTiN CONTEST Ce concours de songwriting, (au jury siègent avec Peter Rowan, Bruce Robison et Jesse Bellamy) a récompensé, en bluegrass : David Morris, Mitch Matthews et Dawn Kenney (Something About A Train) et en country : Hunter & Suzy Owens (It Would Be Easier). Bilan : 1000 dollars de prix et le label Pinecastle Records propose la conception d'un disque collectif pour les radios DUO ROCK ’N’ SOUL Rock ’n’ Soul proposé par Ricky Norton & Candice Parise (http://ricky.norton.free.fr) © countrygrass (dont le bluesy Annabelle de Gillian Welch). Les voix de Darin et Brooke sont, bien entendu, l'attrait principal de l'album. Brooke a une voix claire, tranchante, bien équilibrée entre puissance et féminité, idéale pour Tennessee Flat Top Box de Johnny Cash (bien accompagné à la guitare par Darin qui double mandoline et guitare sur presque tous les titres) et le gospel de Marty Stuart Get Up John où Darin a invité Sam Bush pour reproduire à la mandoline l'intro et les solos qu'il jouait il y a 20 ans avec Emmylou Harris (dont Brooke reprend le slow gospel When He Calls). Darin, ex-mandoliniste des Country Gentlemen, et Brooke forment aussi un beau duo vocal, notamment sur Rose Of Old Kentucky, le refrain d'Annabelle, le slow Wait Till The Clouds Roll By et surtout Let It Be Me, version anglaise d'une chanson de Gilbert Bécaud (Je T'Appartiens), très populaire aux Etats Unis (Dylan, les Everly Brothers et Willie Nelson l'ont enregistrée). C'est le titre le plus émouvant de l'album. Pray For Rain (Pinecastle) est le second CD du groupe BLUE MAFiA, composé de Tony Wray (gtr), son épouse Dara (mdo), Kent Todd (fdl), Cody Looper (bjo) et Michael Gregory (cbss). Ils jouent un bluegrass qu'on peut qualifier d'intense grâce à l'omniprésence du blues, la bonne agressivité du banjo de Looper, l'originalité des solos de Tony Wray et des harmonies vocales bien présentes et serrées autour du lead. Looper tire sur ses cordes comme je ne l'avais pas entendu faire depuis longtemps (Craig Smith ? Jake Jenkins ?) et rien que pour lui, ce groupe mérite d'être découvert. Dommage que les voix lead ne soient pas à la hauteur des autres qualités de Blue Mafia. Tony, Dara et Kent se répartissent les chants. Tous trois chantent plutôt bien mais aucun n'a un timbre original ou une tessiture remarquable. Ils s'en tirent souvent bien en accentuant le côté blues. Moonshiner (George Jones) et East Virginia Blues (AP Carter) sont ainsi très différents des versions connues de Peter Rowan et des Stanley Brothers respectivement. Il y a plusieurs compositions de Dara Wray dont le très blues One Bad Day que j'aime beaucoup et Pray For Rain qui donne son nom à l'album. Looper a composé Backtrail, un instrumental joué en duo avec Tony Wray où il se sert des Keith pegs. Il y a aussi plusieurs bonnes reprises provenant du répertoire de JD Crowe (Born To Be With You), Larry Sparks (I'd Like To Be A Train) et Ralph Stanley (I'm Lonesome Without You et All I Ever Loved Was You). Au fur et à mesure de leurs 11 CD précédents, les GiBSON BROTHERS sont progressivement devenus un des groupes majeurs de la scène bluegrass et leur arrivée sur Rounder pourrait être interprétée comme une consécration. On ne retrouve malheureusement sur Brotherhood qu'une partie des qualités qu'on leur connaît. Le succès des disques précédents était dû à la complémentarité vocale de Leigh et Eric, à la qualité de leurs compositions, à l'audace de certaines reprises (Tom Petty, Ray Charles) et l'originalité de quelques arrangements. En choisissant d'enregistrer un album de reprises consacré aux duos de frères, il n'y a guère que sur les qualités vocales qu'ils puissent compter. La moitié des arrangements est bluegrass mais sans originalité, si ce n'est la grande finesse des interventions de Jesse Brock, le nouveau mandoliniste du groupe, tant en solo qu'en accompagnement. Plusieurs titres ont une orchestration réduite, sans banjo et parfois sans fiddle. La pedal steel donne une coloration country à deux plages. Les Gibson Brothers sont efficaces sur le classique Sweet Little Miss Blue Eyes et le moins connu I'm Troubled I'm Troubled des Bollick Brothers. Le meilleur titre bluegrass est le boogie Long Gone des York Brothers. J'aime bien I Have Found The Way de Bill et Charlie Monroe avec ses chants décalés. Curieusement, les deux meilleures plages sont pour moi les titres avec pedal steel et batterie : la jolie ballade It'll Be Her de Tompall Glaser & The Glaser Brothers et le classique des Everly Brothers Crying In The Rain qui permettent à Leigh et Eric de nous offrir des interprétations pleines de sensibilité. Il y a beaucoup à dire sur Happy Prisoner, l'album bluegrass de Robert Earl KEEN, et pas seulement parce que j'ai entre les mains la version Deluxe qui comprend 19 chansons (le modèle pour les pauvres en contient 5 de moins). J'aime bien Robert Earl Keen (c'est Le Cri du Coyote qui me l'a fait connaître), lui aime bien le bluegrass (il l'a déjà chanté dans The Bluegrass Widow) mais il n'a pas le genre de voix qui convient à ce style, et il est le premier à l'admettre. Pas mal de chanteurs country se sont essayés au bluegrass ces dernières années. Il y a eu des réussites (Dierks Bentley, Alan Jackson) et des horreurs (Joe Diffie, Janie Frickie) mais le profil de singer songwriter americana de Keen fait plutôt penser à la démarche plus ancienne de Steve Earle qui avait enregistré avec le Del McCoury Band (et n'avait pas laissé de souvenir impérissable). Sauf que là où Earle avait écrit son répertoire, comme pour tous ses albums, Keen a choisi de n'enregistrer que des standards (seuls Twisted Laurel et 14 Carat Mind sont moins connus), ce qui, forcément, engendre des comparaisons. Pour ma part, compte tenu des versions déjà connues, certains titres ne passent pas : Hot Corn Cold Corn alourdi par la batterie et la steel (Flatt & Scruggs, Here Today), Walls Of Time forcément moins bien que Rowan, Steam Powered Aereoplane plein de faussetés (John Hartford). Pour le reste, il s'en sort grâce à son énergie, une évidente sincérité et des versions légèrement en marge des standards. La mélodie de Poor Ellen Smith est ainsi légèrement modifiée. Alors que le version de Del McCoury est inapprochable, la belle chanson de Richard Thompson 1952 Vincent Black Lightning n'est pas si mal par Keen. Ses musiciens habituels sont présents sur l'album. Le batteur ne joue que quelques titres. Le contrebassiste Bill Whitbeck sauve Long Black Veil grâce à l'harmonie vocale qui relève bien le chant insuffisamment incarné de Keen sur ce titre. Plusieurs bonnes interventions du guitariste Rick Brotherton, notamment une belle intro sur 14 Carat Mind (écrit par Dallas Frazier, popularisé par Gene Watson) et Marty Muse remplit les espaces au dobro. En complément, Robert Earl Keen a fait appel à trois spécialistes du bluegrass, mais ce ne sont pas les habituels musiciens de studio qu'on retrouve partout. A la mandoline, c'est Kym Le Cri du Coyote n°145 page 32 DUNDERHEAD : Dunderhead L'an dernier, le groupe suédois Dunderhead a remporté le concours de groupes de Voorthuisen et terminé deuxième à La Roche-sur-Foron. En écoutant les onze chansons de leur premier album, je regrette que les Scandinaves n'aient pas aussi gagné en Savoie tant ils montrent sur disque un niveau rarement atteint en Europe (peut-être l'attitude de leur guitariste Jimmy Hermansson manquant singulièrement d'humilité les a pénalisés). Dunderhead joue un bluegrass essentiellement moderne. Leur album ne comprend que des compositions, toutes en anglais, signées de la chanteuse Angelina Lundh et du mandoliniste-chanteur Mikael Grund. Tout est bon dans leur répertoire, les titres rapides (le superbe Gone With The Wind et Somewhere Along These Tracks) comme les ballades (In Silence dont le couplet fait beaucoup penser à I'm On Fire de Bruce Springsteen). A l'occasion d'un titre plus lent (Love Like A Loaded Gun), on s'aperçoit que les paroles aussi méritent notre attention. Dunderhead a beaucoup de qualités mais son atout majeur est la voix d'Angelina, un timbre clair et de jolies modulations typiques du bluegrass et de la country. Une chanteuse de la famille des Natalie Maines (Dixie Chicks) et Nora Jane Struthers auxquelles j'associerai Veerle Baetens (Broken Circle). Warner, le mandoliniste australien des Greencards (solo tout en finesse sur Footprints In The Snow). Le fiddle est partagé entre le jeune Dennis Ludiker et Sara Watkins (Nickel Creek) qu'on n'a pas l'habitude d'entendre sur des standards bluegrass. Au banjo, on retrouve le spécialiste le plus éclectique de la bête à cinq cordes, Danny Barnes, ancien leader du formidable groupe old time punk Bad Livers. Barnes est capable de jouer un style bluegrass classique (Footprints In The Snow, Old Home Place) mais aussi légèrement décalé (Little Cabin Home On The Hill). Surtout, il joue la moitié des titres en style old time, clawhammer (52 Vincent Black Lightning) ou frailing (Poor Ellen Smith, I'm Troubled) ce qui nous éloigne un peu du bluegrass. Et sur Wayfaring Stranger, son jeu semble sorti tout droit d'un album de Tom Waits. Sur ce titre, Keen est très bien épaulé au chant par Natalie Maines (Dixie Chicks). Sur T For Texas, c'est Lyle Lovett qui chante avec lui et Peter Rowan vient donner un coup de main pour le refrain de 99 Years And One Dark Day. Happy Prisoner est en tête de certains classements d'albums (Roots Music Report). Ce disque recèle des qualités mais aussi de grosses lacunes et son succès est essentiellement dû à l'aura de son interprète, un peu comme l'album live du Broken Circle Bluegrass Band en Belgique qui connaît un beau succès (après celui du film Alabama Monroe) alors que c'est un album plutôt faiblard musicalement, dont le principal intérêt est la performance de Veerle Baetens, comédienne qui s'est découverte chanteuse à l'occasion du film. (Jean-Jacques Corrio cause de leur CD en public dans ce numéro, cf Disqu'Airs). Depuis plus de dix ans, la principale activité de Ronnie RENO a été de présenter et animer des émissions de télévision consacrées au bluegrass. Un job prenant, au point que l'aîné des fils de Don Reno n'avait rien enregistré depuis 2006. Il revient au disque avec Lessons Learned (Rural Rythm), neuf compositions augmentées de Trail Of Sorrow, classique de Papa & Red Smiley, et Always Late de Lefty Frizzell chanté en duo avec David Frizzell, le fils de Lefty. Ronnie est accompagné par son groupe bluegrass (Mike Scott-bjo, John Maberry-mdo, Steve Day-fdl, Heath Van Winkle-cbss) mais l'adjonction systématique d'un batteur (Harry Stinson) et la présence de Sonya Isaacs en harmonie vocale renforce le côté country/ countrygrass des compositions, avec des réussites variées. La moitié des chansons (dont Lessons Learned) fait plutôt country pépère, l'autre moitié est mieux. Le bluesy et dynamique Lower Than Lonesome (bon solo de Steve Day) et All That's Worth Remembering sont des countrygrass agréables, bien chantés et bien accompagnés. Sweet Rosa Lee est un titre rapide qui sonnerait comme un classique s'il n'y avait pas de batterie. Our Last Goodbye est bien enlevé avec son banjo joué sur la pointe des pieds et Reno's Mando Magic est un instrumental qui sort des sentiers battus. Prix du public : Awards européens : EWOB 1- Sunny Side (Tch) 1- Monogram (Tch) 2015 2- Red Herring (Pays-Bas) 2- G-Runs 'n Roses (Tch) 3- The Flatland Mountaineers (F) 3- The Jumper Cables (Tch) Mikael Grund chante trois titres dont le bluesy Once And For All et Somewhere Along These Tracks, titre rapide typiquement bluegrass. Ses petites touches de mandoline apportent la modernité à Little By Little. Plusieurs titres sont bien dynamisés par le banjo d'Anders Ternesten. Comme si le talent des musiciens de Dunderhead ne suffisait pas, ils ont invité un dobroïste qui apporte beaucoup à la jolie ballade Some Other Time où la voix d'Angelina est d'une douceur exquise. Il y a une jolie intro de violon sur Once And For All et un accordéon discret sur la ballade moderne Lover's Atlantis. Un des meilleurs disques de l'histoire du bluegrass européen. Les frères de Ronnie Reno, Dale et Don Wayne, ne sont plus membres du célèbre groupe rockgrass HAYSEED DiXiE. Les ont remplacés Johnny Butten (bjo) et Hippy Joe Hymas (mdo). C'est peut-être la raison pour laquelle il n'y avait pas eu d'album depuis 6 ans (Killer Grass) si ce n'est un CD consacré au rock norvégien, logiquement passé inaperçu chez nous. Avec Hair Down To My Knee, la bande à Scotch Barley s'attaque aux tubes hard rock et rock FM des années 80. L'album me semble légèrement inférieur à plusieurs productions passées. Les morceaux repris ne sont pas tous des chefs d’œuvre (même si tous ont été des succès). On est plus souvent dans la parodie que dans la transcendance. C'est assumé pour Eye Of The Tiger avec le fiddle qui imite Tarzan et Riders In The Sky. C'est moins bien venu pour les chœurs de bûcherons de Pour Some Sugar On Me (Def Leppard) et Dude Looks Like A Lady (Aerosmith). On est loin de la remarquable reprise de Bohemian Rhapsody. Barley Scotch utilise davantage le violon que sur les albums précédents et ça me semble une facilité. Il remplace ainsi le synthé sur The Final Countdown (Europe) et Summer Of 69 (Bryan Adams), le sifflement dans une version en allemand de Wind Of Changes (Scorpions) et la guitare électrique de We're Not Gonna Take It (Twisted Sister). Je préfère quand Scotch fait l'effort de placer des motifs de guitare sur Don't Stop Believin' de Journey qui compte un très bon solo de mandoline. Livin' On A Prayer de Bon Jovi est bien mené par le banjo. Plusieurs tempos sont légèrement accélérés par rapport aux originaux (Don't Fear The Reaper de Blue Oyster Cult). Vocalement, Scotch a plus de présence que les chanteurs de Journey, Survivor et Motorhead (We Are The Road Crew). Les titres les plus réussis me semblent Don't Stop Believin', Livin' On A Prayer et Comfortably Numb de Pink Floyd. Cody SHULER est le leader et mandoliniste du groupe Pine Mountain Railroad. Il sort son premier album sous son nom (sans titre) chez Rural Rythm. Il a écrit les 10 chansons et 2 instrumentaux qui en constituent le répertoire. Shuler est principalement accompagné d'Eli Johnston (guitariste de Quicksilver), Matt Flake (contrebassiste de Pine Mountain Railroad), Tim Crouch (fdl) et Ron Stewart (bjo) mais on croise aussi Rob Ickes (dob), Terry Baucom (bjo) et Scott Vestal (bjo). Shuler nous propose un album assez varié, présentant l'habituel mélange de classique et de countrygrass. Dans son registre le plus grave (Goodbye My Love Goodbye), sa voix rappelle celle de Steve Gulley. Sa tessiture plutôt aiguë (il assure lui-même l'harmonie tenor) et son timbre légèrement voilé font merveille sur le premier titre, My Home Is On This Ole Boxcar, un excellent countrygrass judicieusement soutenu par un batteur. Dans le même genre (mais sans batterie), Listen To This Hammer Ring, plus bluesy, mené par le banjo de Baucom, est également réussi. Shuler est efficace sur les tempos rapides : Do You Wrong Kind Of Girl, Goodbye My Love Goodbye et When The Bonnets Were In Bloom. Parmi les rythmes plus lents, ma Le Cri du Coyote n°145 page 33 préférence va à la ballade Love Me Too. Bryson Station sur un tempo rapide est le meilleur des deux instrumentaux. Shuler est un mandoliniste au style classique mais au jeu soigné et au son contemporain. Ce premier album est une des bonnes surprises de ce printemps. Auto-produits, les deux premiers albums de The FARM HANDS étaient passés plutôt inaperçus. Le troisième, Better Than I Deserve est sur le label Pinecastle. Le groupe a un nouveau guitariste, Keith Tew, surtout connu comme l'auteur de Am I A Fool, l'un des grands succès de Lonesome River Band. Il rejoint trois musiciens qui ont déjà plusieurs expériences en commun. Le dobroïste Tim Graves (neveu de Josh, membre des Foggy Mountain Boys) et le bassiste-chanteur Daryl Mosley ont joué ensemble avec Bobby Osborne et ils ont enregistré un album en duo (Remembering The Beacon Brothers). D'autre part, le banjoïste Bennie Boling a été à plusieurs reprises membre de Tim Graves & Cherokee. The Farm Hands joue un bluegrass classique, sans chanteur ni musicien exceptionnel. Le titre le plus marquant est Better Than I Deserve. C'est un gospel (la spécialité du groupe) écrit par Daryl Mosley. Il chante (bien) le premier couplet a cappella puis entrent en scène des chœurs et une beat box du meilleur effet mais complètement inattendue (le modèle est à chercher chez Carolina Chocolate Drops plutôt que dans le rap). C'est surprenant et tout à fait réussi. The Way That I Was raised (l'autre composiiton de Mosley), From Your Knees (Randy Travis) plutôt bien chanté et He's Got An Answer For Everything, gospel écrit par Boling, sont les autres titres qui retiennent l'attention. Billy HURT est le fiddler de Karl Shiflett & Big Country Show, archétype du groupe bluegrass traditionnel, voire rétro. Son album instrumental Fiddlin' Billy Hurt (Patuxent) est dans la même veine, avec notamment quatre titres de Clark Kessinger, violoniste populaire dans les années 1920 et réapparu avec le folk boom dans les années 60. Les notes du livret insistent sur l'aspect très traditionnel du style de Hurt. Peut-être un bon argument aux Etats-Unis mais plutôt matière à faire fuir la majorité des acheteurs potentiels par chez nous. En fait, il y a bien quelques embellissements à l'ancienne (Ragtime Annie) et même un passage bizarre en pizzicato sur Poca River Blues (une composition de Kessinger qui ressemble énormément à East Tennessee Blues) mais Billy Hurt a globalement un style alerte facile à apprécier. Il affectionne les tempos rapides. L'accompagnement a même un peu de mal à suivre sur Salt River. Hurt a un point commun avec Kenny Baker : il ne laisse pas beaucoup de solos à ses partenaires. Il faut attendre le septième titre pour entendre un break qui ne soit pas du fiddle. Hurt fait un peu de place à Brennen Ernst au banjo (Grassy Fiddle Tune de Kenny Baker) et à la guitare (Lady Be Good, un des deux titres jazzy du disque) ainsi qu'à Danny Knicely (mandoline sur I Can't Give You Anything But Love). J'aime particulièrement sur cet album le duo avec le banjoïste Jeremy Stephens sur Steamboat Bill, le rapide Richmond Polka (de Kessinger) et le slow When I Grow Too Old To Dream. Blue Sky Banjo est à ma connaissance le huitième album de la banjoïste clawhammer Mary Z. COX. Malgré cette œuvre abondante et la publication de plusieurs méthodes instrumentales, elle n’apparaît pas comme une virtuose comme peut l'être Victor Furtado (Le Cri 144). Elle a un picking assez simple, très propre, que je trouve élégant, particulièrement sur l'instrumental traditionnel Cold Frosty Morning mais il y a malheureusement dix chansons parmi les treize titres et l'album est dominé par sa voix sans charme particulier, tout juste passable dans les meilleurs moments. Son registre vocal ne convient pas au old time. Elle est meilleure sur le jazzy Spooky (qu'elle accompagne au ukulele). Mary Z. Cox a aussi le défaut de se passer de fiddle, instrument roi du old time, sur la plupart des titres. Il n'y en a que sur deux instrumentaux : Sally Ann est brouillon mais le medley Fisher's Hornpipe/ Chinkapin Hunting (Tim Gardner au violon) est le meilleur titre de l'album avec Cold Frosty Morning. Le label hollandais Strictly Country Records ressort en CD Stony Man Mountain, album du groupe JERRYCAN paru en 1982, le premier disque européen à avoir bénéficié d'un highlight (l'équivalent du Cri du Coeur) dans les colonnes du magazine américain Bluegrass Unlimited. Joël Herbach l'avait également chroniqué de manière très positive dans le n°2 de la revue française bluegrass Back Up. La distinction accordée par Bluegrass Unlimited récompensait un groupe impeccable du point de vue instrumental et capable de rivaliser avec les bonnes formations américaines vocalement. Une bonne moitié des titres étaient pulsés par le banjo dynamique de Jerry Gout, parmi lesquels les instrumentaux Theme Time (Bill Emerson) et Pike County Breakdown (Monroe). Fiel Van der Veen faisait sensation car il jouait du fiddle 5 cordes. Pieter Groenveld, fondateur (et toujours Président) de Strictly Country Records est à la mandoline. Les rythmiques de guitare de Theo Lissenberg sont particulièrement distinctes. Il joue aussi quelques solos mais c'est surtout sa voix qui donne son cachet au groupe. Un timbre agréable entre folk et bluegrass. Les trios (tous bien en place) sont systématiques sur les refrains à l'exception de I Guess It Doesn't Matter Anymore, chanté en duo avec le bassiste Bart Vandevelde. Ce titre de Paul Anka avait été adapté en bluegrass l'année précédente par Spectrum (Glenn Lawson, Béla Fleck, Jimmy Gaudreau, Mark Schatz), indication que Jerrycan était très au fait de l'actualité bluegrass à une époque où c'était beaucoup plus difficile qu'aujourd'hui. How Many Times était également un titre récent de Bob Paisley. D'autres références étaient plus anciennes comme les Stanley Brothers (The Angels Are Singing) et Bill Harrell (Misty Mountain) mais la plupart dataient de la décennie précédente (Leaves That Are Green des Country Gentlemen, Another Lonesome Morning d'Eddie Adcock, Vamp In The Middle de John Hartford). Le groupe proposait aussi quatre chansons originales. Deep Eddy et Stony Mountain Man semblent influencés par les Country Gentlemen alors que Good Morning Sunshine, qui ouvre l'album, donne l'impression d'un classique qu'on a toujours connu. C'est sans doute pour cela que, plus de trente ans plus tard, Stony Mountain Man a toujours la même fraîcheur. Precious Memories (Strictly Country Records) a été enregistré par la chanteuse banjoïste Sue MASSEK en hommage à la chanteuse des années 1930 Sarah Ogan Gunning. Le répertoire est essentiellement constitué de chansons de cette dernière qui sont pour la plupart des détournements de chansons connues : Girl Of Constant Sorrow (Man Of Constant Sorrow), Down On The Picket Line (Down In The Valley To Pray), I Am A Union Woman (Which Side Are You On), etc. Chansons sociales autour du monde de la mine et chansons politiques (I Hate The Capitalist System). C'est on ne peut plus dépouillé. Sue Massek chante en s'accompagnant seule au banjo, parfois soutenue par l'harmonie vocale d'Alice Gerrard ou, exceptionnellement, une guitare (Come All You Coal Miners). Quatre des onze titres sont chantés a cappella. La voix de Sue Massek est claire, son chant sobre, sans la dramatisation qu'on pourrait craindre avec ce répertoire. En bonus, cinq chansons dans la même veine (deux a cappella) auxquelles participent le chanteur songwriter Si Kahn qui est à l'initiative de ce projet. © CODEX Présentation et histoire des groupes de Bluegrass et Old Time en France des années 60 à nos jours par François Robert, éditeur, avec Dominique Guillot de THE BLUEGRASS TiMES revue de la France Bluegrass Musique Association. Abonnement : Nicolas Guibout 2491 CD 925, L'Orée du Bois, 73200 Grignon http://www.france-bluegrass.org Le Cri du Coyote n°145 page 34 Country Citation "Plus tard, sur le chemin du retour, on décide qu’il est plus urgent de se saouler que de se laver. En fait, on est déjà bien partis, et il y a une chanson de Conway Twitty à la radio qui parle de whisky et de femmes, et pas une seule fois il n’a été question de douche ou de savon, alors peut-être qu’on a été influencés par un de ces messages subliminaux." p 139 Des hommes de devenir (Men in the making) Bruce Machart, trad. François Happe (Ed. Gallmeister) LA NUiT DE LA GLiSSE Lionel WENDLiNG Chers aficionados, soyez encore les bienvenus dans ce monde tant apprécié et si méconnu de la glisse... Comme d’habitude j’ai l’impression d'avoir déjà tout dit, mais la pression intense des lecteurs m’oblige, certes avec un certain plaisir, à intensifier mes recherches pour vous transmettre, avec le plus possible de précisions, les contes et légendes de la steel. Comme Thierry n’a pas eu le temps, la dernière fois, de concocter quelques lignes, il compense avec deux chroniques. Quel sérieux ! Pour l'avis nécrologique' du moment : Tut Taylor (cf l'article de Thierry) et le chat de ma voisine… Comme tous les ans Thierry et moi étions aux rencontres de Charlieu dont voici un petit compte rendu. CHARLiEU 2015 Pourquoi un petit compte rendu ? Car en fait pas grand-chose ne change ou n’évolue, ce qui m’attriste un petit peu. L’organisation est toujours à la hauteur : merci à Eric Want et à son équipe. Malheureusement je trouve que le contenu s’appauvrit de plus en plus. Il n’y a plus de groupe d’accompagnement ce qui oblige tout le monde à jouer avec des backing tracks. Pas terrible pour la spontanéité ! Cela permet néanmoins aux glisseurs de montrer leurs talents, ce qui est déjà ça. Le public s‘amenuise de plus en plus, et toujours pas beaucoup de jeunes présents pour repousser le vieux au bar. Jean Marie Stainier Jean-Marie Stainier a proposé sa master class avec, comme d’habitude, une organisation parfaite. Grand écran vidéo, tablatures etc. Beaucoup de sérieux dans sa présentation, ce qui, je l’espère, fut bénéfique à sa dizaine de participants. En tout cas, merci beaucoup pour l’effort de transmission. Bruno Liger que vous connaissez tous, nous a rejoints et l’équipe des dobroïstes, quoique réduite, était vraiment de qualité et, je sais de source süre que Thierry est revenu très satisfait. Ces deux larrons nous ont fait une prestation en duo qui était vraiment superbe. Très spontanée mais de très bon niveau. Ce n’est pas simple de jouer en duo sans rythmique avec des instruments comme le dobro. Chapeau les gars et je suis sincère. Il faut quand même que je vous dise, mais c’est un secret : je crois que j’ai enfin trouvé l’élève improbable, celui dont chaque musicien rêve, celui qui bosse, celui qui a une bonne oreille, qui joue juste, qui oblige le prof à se remettre en question pour rester à la hauteur, etc. J’ai rencontré cet élève l’année dernière à Charlieu, il avait participé à ma master class débutant, sans avoir de steel. On lui en a prêté une et il a suivi le cours comme les autres. Je n’ai, à ce moment-là, rien remarqué de spécial, mais j’ai juste préconisé à Clément Cantin de lui prêter une steel s’il pensait que cela en valait la peine. Puis plus de nouvelles jusqu’au mois de novembre dernier ou cet élève m’a demandé de venir pour un stage. Jusque-là rien d’inhabituel. Le jour du stage, en gros, il m’a fallu 5 minutes pour me rendre compte qui j’avais devant moi : l’élève parfait. Tout était parfaitement travaillé, positions des mains parfaites, technique maîtrisée bref je suis resté pantois. Depuis nous avons travaillé plus régulièrement aussi bien en E9th qu’en C6th. Cet élève est capable de jouer toutes les musiques possibles jazz, country, classique, expérimentale etc. Techniquement on est au même niveau, il ne reste plus pour moi qu’à transmettre tous les secrets de la steel et envoyer ce phéno- Thierry & Bruno sont contents… Tous les musiciens qui donnent des mène sur le terrain. Nous avons joué en duo, malheureusement avec des bandes, cours me comprendront. Une bonne nouvelle pour moi et le et tout s’est passé pour le mieux. Un morceau rapide de country, un lent pour faire monde de la glisse qui, comme vous le pleurer les filles et deux morceaux de savez a du mal à trouver de la relève. Je vais enfin pouvoir prendre ma retraite jazz avec des solos en harmonie très ardus techniquement et compliqué harmo- en toute quiétude : j’ai un remplaçant. En fait de remplaçant cet élève est niquement. Les autres steelers se sont rendu compte assez rapidement que cet une remplaçante et elle s’appelle Muriel élève ne jouait pas dans la même cour Parmelan. Rappelez-vous ce nom, vous qu’eux et qu’ils étaient, en un an, large- allez être conduits à en entendre parler ment dépassé et... je suis désolé de le dans les prochains temps. Voilà pour Charlieu 2015 et comme vous dire, mais l’écart est irrattrapable. Je dois dire que cette expérience m’a e constatez, même si cette rencontre considérablement remotivé et que je suis stagne un peu, il s’y est quand même obligé de bosser encore plus pour rester passé quelque chose d’important et cela mérite d’être notifié. Je suis Charlieu. à la hauteur. Lionel & Muriel Parmelan Le Cri du Coyote n°145 page 35 Thierry LOYER LA NUiT DE LA GLiSSE Tut TAYLOR : un O.V.N.i. dans le monde de la glisse Tut TAYLOR La disparition de Tut Taylor à un âge fort raisonnable renvoi immédiatement l’auditeur que je suis aux années 70 et aux voies musicales de l’époque. Indissociable du "magique" John Hartford, du guitariste Norman Blake, du violoniste Vassar Clements, Tut Taylor a fait parti de ces expériences musicales de bluegrass moderne qui ont marqué l’histoire de cette musique. Dobroiste atypique, à la technique main gauche rudimentaire, muni d’un médiator à la place des onglets main droite, il a, durant 50 ans, nourri le répertoire de sublimes mélodies. Producteur, fondateur de GTR qui deviendra Gruhn Guitar, fabriquant d’ins- truments, c’est un homme brillant et très actif. Ce qui le caractérise, ce sont ses talents de compositeur à la mandoline ou au dobro, avec une égale qualité harmonique et mélodique. Ce Monsieur est un "moderne". Ma première écoute de Tut Taylor fut un disque des Dixie Gentlemen avec Vassar Clements, Rual Yarbrough et Hershel Sizemore (c’est pas jeune). Deux compositions sortent de l’ordinaire, Riding to Rimrock et Running Wild. D’emblée l’approche musicale annonce une coloration nouvelle pour le dobro. Viendront ensuite les albums avec Dave Holland, John Hartford (Aereo Plain), Sam Bush, Jethro Burns qui ont marqué fortement nos petites oreilles et en ont influencé beaucoup d’autres. Ce musicien, si bon au service des autres, laisse des albums solo très inégaux, mais un répertoire où l’on peut puiser sans vergogne tant la qualité mélodique est forte. Ecoutez This ain’t grass interprété par Mike Auldridge sur son LP Blues & Bluegrass ou l'hommage des glisseux américains sur Southern Filibuster. Il manque malheureusement le sublime Oconee qui pour moi reste la composition d’excellence de Tut Taylor. Tut & Leroy Mac "Tout est bon chez lui il n’y a rien à jeter" comme le disait Tonton Georges. Alors à vos cassettes, il est temps de redécouvrir ce jovial bonhomme et son répertoire. A écouter d’urgence : Southern Filibuster, Aereo-Plain de John Hartford, The Dixie Gentlemen (Vassar Clements, Tut Taylor), Back Home In Sulphur Springs de Norman Blake (Weave and way), Flatpickin’ in the Kitchen. Bluegrass Times n°104 (Avril-juin) a également publié un article sur Tut Taylor (par Philippe Bony) John Hartford, Norman Blake, Tut Taylor Country Citation " Le succès de Lee ne nous avait pas surpris. Il n’avait jamais renoncé à la musique. Tandis que nous autres allions à la fac, à l’armée, ou nous trouvions piégés dans la ferme familiale, il s’était planqué dans un poulailler abandonné pour jouer sur sa guitare déglinguée, plongé dans le silence du fin fond de l’hiver. Il chantait d’une singulière voix de fausset capable de vous arracher des larmes, certains soirs autour du feu, dans les ombres imprévisibles projetées par les flammes jaune orangé ou la fumée noire et blanche. Il était le meilleur d’entre nous." Retour à Little Wing (Shotgun Lovesongs) Nickolas Butler, p11 trad. Mireille Vignol, Ed. Autrement Marc Alésina & Gilles Vignal sonnyburgess.voila.net Knockin' On Heaven's Door Joe PHiLLiPS (60 ans) 22 avril Joseph J. DeFilippo dit Joe Phillips (né le 17 juillet 1953 à Québec) s'est fait connaitre comme singer-songwriter dans les années 1970 à Boston où il était surnommé The Charles Street Troubadour. Ingénieur du son réputé, notamment avec le label ESP, il fonda en 1993 sa propre compagnie, WildCat Recording USA, basée à Massena, NY. C'était un passionné du son, toujours à la recherche de la note juste. Il aida beaucoup d'artistes, jeunes ou survivants de l'âge d'or, à publier leurs oeuvres. Il était un maître pour la remastérisation quand il s'agissait de passer du vinyle au CD (Pearls Before Swine, Carolyne Mas, Terence Boylan). Il fourmillait encore de projets que seuls ses faibles moyens financiers l'empêchaient de mener à bien quand une tumeur au cerveau, diagnostiquée en décembre, l'emporta alors qu'il n'avait que 60 ans. (SP) Joe WiLSON (76 ans) 17 mai Directeur du National Council for the Traditional Arts de 1976 à 2004 puis du Blue Ridge Music Center à Galax, VA, animateur et folkloriste auteur de A Guide to the Crooked Road : Virginia’s Heritage Music Trail. Ami de Sammy Shelor (Lonesome River Band) et Dudley Connell (Seldom Scene). Bruce LUNDVALL (79 ans) 19 mai Il a débuté sur CBS avant de travailler pour Elektra puis présider Blue Note Records durant 30 ans. Sa carrière lui a permis de travailler avec de nombreuses vedettes, principalement de jazz : Dexter Gordon, Herbie Hancock, Stan Getz, Wynton Marsalis, Willie Nelson, Norah Jones, Herbie Hancock, Bobby McFerrin, Al Green, Amos Lee, Cassandra Wilson, Michel Petrucciani, etc. (JB) Le Cri du Coyote n°145 page 36 NEWS Coyote Report AMOURS TOUJOURS Randy Travis (55 ans) remis d'ennuis cardiaques, a épousé Mary Davis et espère reprendre la scène bientôt Nécro : Dominique PERROT Adjoint au maire (sports et jumelages) et bénévole enthousiaste du festival de La Roche sur Foron, il était une figure souriante et chaleureuse des festivals bluegrass. Une pensée coyotesque et amicale pour Carole et sa famille BOiRE "POSSUM MAGiQUE" Une explosion a partiellement détruit la distillerie Silver Trail à Hardin (Kentucky) et fait deux blessés. Elle fabriquait le celèbre "moonshine" White Lightning de George Jones © Thierry LOYER La carcasse dégingandée d'un grand Duduche idéaliste. La gueule sympathique d'un chien des rues... Le verbe haut des généreux dont la parole vous habille plus chaudement qu'un lourd manteau d'hiver... Ph. François Robert J'ai d'abord connu Thierry Loyer dans les habits de l'architecte, cultivé et drôle. La finesse du paysan madré qui vous piège d'une apparente rudesse. La mauvaise foi du gamin pour défendre le très discutable. Et toujours, la fraîcheur de l'enfant qui vous désarçonne d'un rire moqueur. Je l'ai plus tard découvert, par hasard, dobroïste sur un disque de Chakir. Plus MacClure que Blueberry et, dès la première écoute, une finesse de jeu qui donne sa couleur à une simple rondelle de plastique. Rien ne prédisposait l'animal pour la musique. Mais une guitare InVicta rapportée d'Espagne par son frère, le passionne. Il n'a pas encore 12 ans. Premiers accompagnements des disques familiaux, Felix Leclerc et les Chœurs de l'Armée Rouge. C'est sur cet engin qu'il déchiffre, à la note, les premiers enregistrements d'Hugues Aufray. La préhistoire. Celle du mouvement folk qui aère les soupentes de la variété française. Et, comme au lycée du Vesinet qu'il fréquente, les fils de famille sont plutôt friqués et qu'ils achètent de beaux instruments, il y entend, pour la première fois, le son des guitares Gibson. Y'a même pas besoin de brancher, ça joue tout seul. Leur musique sera la sienne. Epoque bénie où l'on échange ses images Pannini à la récré avec les frères Vercambre ou les frères Andrès. Et premiers échanges musicaux à la mandoline à laquelle Laurent Vercambre initie Thierry au sein du Crazy Dog Band. L'AMATEUR PROFESSiONNEL Les plans sont nombreux, même pour un improbable groupe d'ado fondus de musiques extraterrestres. Vite, fort, en surchauffe permanente. Il en garde, 40 ans plus tard, le souvenir de quelques excès bien fumants et très arrosés. 1972. La Vieille Herbe, club folk. Les yeux écarquillées, les oreilles et le poil dressés, Thierry écoute Gilbert Caranhac' faire glisser les notes sur un instrument totalement inconnu. Le soir même, la guitare espagnole est transformée en Dobro sur le formica de la table de cuisine : un cordier fixé à la vis parker, les cordes en nylon remplacées par des Argentines fort tirant. Il tient du miracle que notre national dobroïste n'ait pas fini ce soir là sa carrière, Eric RiCHARD les complicités musicales et les amitiés sont tissées pour la vie, au fil des rencontres. On écoute John Duffey le mardi et, le lendemain, à l'heure de l'apéro, Mick Larie vient vous montrer les plans décortiqués pendant la nuit. Alain Giroux infatigable, accompagne la séance. De l'énergie à revendre, le plaisir et la chance de pouvoir jouer et chanter avec d'exceptionnels musiciens. Et l'envie, à défaut d'un faire un métier, de s'amuser avec sérieux. Dessiner les maisons en rigolant et fabriquer les notes comme si sa vie en dépendait. Le temps a passé. Thierry en explorateur gourmand et curieux, a visité les paysages musicaux les plus variés. Il boucle bientôt un disque magnifique, Rencontre très récente avec les frères François et Laurent Vercambre, concert entre amis à Bazemont emporté dans l'explosion de la table et du manche. Un briquet en guise de barre fera l'affaire. Ainsi vont les légendes... Avec cet équipement, il rejoint les Bluegrass Passengers, en compagnie de Séguret, Vercambre, Drouot et Dumont, excusez du peu. "Putain, là mon gars, j'ai vraiment joué avec des bons !" Age d'or, avons-nous dit. Du Centre Américain aux bluegrasseries Toulousaines, de la MJC de Port-Marly à l'arrière d'une certaine boutique de la rue Quincampoix, douze titres éclectiques ciselés avec la complicité des vieux copains. Du bluegrass, dont il s'est un peu éloigné, il retient l'énergie rude et le chant qui reste pour lui une pure merveille quand les voix s'harmonisent. Son Dobro y mêle parfois encore la douceur de quelques notes filées. Si proches de la voix humaine... Magiques, tout simplement. Article extrait de Le Torchon (février 2015) Merci à Eric Richard et Gilles Rézard. www.aegc-bluegrass.org Knockin' On Heaven's Door Joe PHiLLiPS (60 ans) 22 avril Né Joseph J. DeFilippo (le 17 juillet 1953 à Québec) il s'est d'abord fait connaître comme singer-songwriter dans les années 1970 à Boston où il était surnommé The Charles Street Troubadour. Ingénieur du son réputé, notamment avec le label ESP, il fonda en 1993 sa propre compagnie, WildCat Recording USA, basée à Massena, NY. C'était un passionné du son, toujours à la recherche de la note juste. Il aida beaucoup d'artistes, jeunes ou survivants de l'âge d'or, à publier leurs oeuvres. Il était un maître pour la remastérisation quand il s'agissait de passer du vinyle au CD (Pearls Before Swine, Carolyne Mas, Terence Boylan). Il fourmillait encore de projets que seuls ses faibles moyens financiers l'empêchaient de mener à bien quand une tumeur au cerveau, diagnostiquée en décembre, l'emporta alors qu'il n'avait que 60 ans. (SP) Dorothy Anne "Dottie" DiLLARD (91 ans) 6 mai Une voix du Anita Kerr Quartet qui, dès 1956, a participé à l’essentiel des engistrements du Nashville Sound. Elle a accompagné Minnie Pearl, Roy Acuff, Jim Reeves, Eddy Arnold, Jimmy Dean, Perry Como, Johnny Cash, Bob Dylan, Burl Ives, etc. C’est aussi sa voix que tout enfant américain connaît par les classiques de Noël (Have a Holly Jolly Christmas, Jingle Bell Rock, Rudolph the Red Nosed Reindeer, Rockin' Around the Christmas Tree). (JB) Le Cri du Coyote n°145 page 37 Le burlesque en queue de pie Ce 10 janvier 2015 à 22h , le Quatuor rendait son tablier après 35 ans de bons et loyaux services à la cause de l’art, de la culture scénique, du gag et surtout d’un public toujours présent. Ce "bouquet final", pirouette poétique de nos mousquetaires du rire venait comme un ultime cadeau récompenser un public fidèle, qui, la larme à l’œil, voyait filer pour la dernière fois, dans les coulisses du Théâtre des Bouffes Parisiens, ces amis de la famille. J’ai eu la chance incroyable de connaître le Quatuor dès sa naissance, dans cette merveilleuse folie qu’était "La confrérie des fous" et de suivre cette bande d’agités, spectacle après spectacle. Périlleuse rencontre entre Folk, Rock, Jazz, chant classique, danse, théâtre, le Quatuor est l’alchimie parfaite d’une fusion positive et dynamique des egos et des talents de chacun. Laurent Vercambre le malicieux, homme à tout faire, touche à tout surdoué, trublion au milieu de ses frères, Pierre Ganem, crooner, altiste, rocker danseur, Jean-Claude Camors homme orchestre, acteur et danseur de haut vol, démesuré, le violon sur le fil, Jean-Yves Lacombe, le lunaire jazzy à la candeur d’un pierrot perché sur son violoncelle, voilà l’essence même du Quatuor. LE QUATUOR Adoubés par leurs maîtres, Les Frères Jacques, nourris par l’esprit et les bonnes bouteilles d’un Maurice Baquet "aux anges", fascinés par les Comedian Harmonists, nos quatre musiciens n'ont eu de cesse d’atteindre l’excellence pendant ces 35 années de voyage au long cour sur toutes les scènes du monde. Spectacle universel, où la parole n’est qu’illusion, les tréteaux de la compagnie trouveront leur place avec le même bonheur partout dans le monde : c’est la magie du théâtre musical à la Buster Keaton. Alain Sachs et Jean Claude Asselin sont passés par là. Et la musique dans tout ça ? Ou peut-être dans tout ses états ? Passé à la moulinette du Quatuor, le morceau le plus anodin devient une pièce d’orfèvre ciselée à la Callot. Thierry LOYER Tout est dans le détail, et pour les amateurs de old time et de bluegrass, la scène du bivouac à elle seule les renverra au grand Pete Seeger, aux New Lost City Ramblers, à Chant du Monde, la Metro Goldwyn Mayer et le mot fin sur l’écran nostalgique du bon vieux mouvement folk. Il y en a pour tous les goûts et le voyage musical fait se rencontrer le Rap, le Rock, le classique, le Jazz, la variété avec un égal bonheur. Ecriture de bon goût, scénographie inventive, esprit festif, talents sur pattes, références encyclopédiques et cette générosité jamais prise en défaut, ont fait du Quatuor ce qu’il est, et restera : génial, décalé, démesuré, anachronique, indispensable. Jetez vous sur les DVD, les espèces rares finissent toujours par disparaître.... Aloha. Ph. Christine Manganaro DiX SUR DiX Note maximale pour la journée qui fêtait les dix ans de l'association Western Pleasure : Le groupe Tennessee Stud avait invité dix groupes à Villette d’Anthon le 14 mars. Avec une entrée modique (10€) et 633 participants, belle réussite des concerts, dont la qualité a été appréciée de tous : Tour à tour Lilly West, Tracey Lynn Band, Honky Tonk Angels, Pierre Lorry, Rose Alleyson et Yanne Matis, Tennessee Stud, Vicky Layne & Mary Reynaud, Liane Edwards, Laurette Canyon et les Hillbilly Rockers ont animé cette journée de partage musical. Bon anniversaire ! Souvenirs à voir sur www.youtube.complaylist?list=PLVZJG ykSwB7bDKj-cfcfxBh4kZQkRO6Rr Et le site de Western Pleasure : www.western-pleasurefr/ ?page=accueil%20bis Images de Roger Lyobard, Emmanuel Marin et Joel Curtis Knockin' On Heaven's Door Johnny (Paul) GiMBLE (88 ans) 9 mai Originaire de Tyler, TX, il débute avec ses frères Bill & Jack et les Rose City Swingers puis joue avec Jimmie Davis en Louisiane avant de joindre les Texas Playboys de Bob Wills. Il eut également son groupe au début des 50's au Ranch House de Dallas. Dans les 60’s, après quelques années où il laisse la musique (il est coiffeur puis travaille dans un hôpital) il fit de nombreuses sessions en studio, avec Merle Haggard, Chet Atkins (cf Superpickers), tenant aussi bien fiddle (avec une 5ème corde basse) que mandoline. Il a enregistré une dizaine d’albums en solo, depuis Fiddlin’ Around, et on se souvient de I’ll Go On Alone, un °1 de Marty Robbins. Il connut aussi le succès avec le Million Dollar Band, groupe de virtuoses sur la TV (Hee Haw) en accompagnant Willie Nelson puis un groupe de western swing (avec Ray Price, cf One Fiddle, Two Fiddle dans le film de Clint Eastwood Honkytonk Man). On le retrouve sur l’album de Mark O’Connor’s Heroes (1993) des shows TV (Austin City Limits) et avec son ami Ray Benson (Asleep at the Wheel) et dans de distinctions : 5 Awards CMA (Meilleur instrumentiste) et 8 ACM (Meilleur fiddler). NB : Sa petite-fille Emily (vo, key) est dans Asleep at the Wheel. Guy Hugues CARAWAN Jr (87 ans) 2 mai Il a fait des études de maths et de sociologie, maîtrise guitare, banjo et dulcimer et veut utiliser la force du folk en politique. En 1953, avec Frank Hamilton (Weavers) et Jack Elliott, les Dusty Road Boys vont dans le sud et soutiennent les mouvements civiques avec Pete Seeger. Guy chante au Ash Grove puis voyage, enregistre America At Play avec Peggy Seeger. En avril 1960 il lance un chant inspiré d’un traditionnel religieux et repris par des grévistes en 1945 : We Shall Overcome devient l’hymne des droits civiques. En 1965, Lyndon B. Johnson (président des USA) clot ainsi son discours du Voting Rights Act : "Parce qu’il ne s’agit pas seulement des Nègres, mais de chacun de nous, nous devons passer par dessus l’héritage handicapant de la bigoterie et de l’injustuce". Et il ajoute "And we shall overcome". Guy a passé sa vie entre son engagement sur scène, l’enseignement et la défense d’un idéal humaniste. (JB) Le Cri du Coyote n°145 page 38 DiSQU'AiRS iSAiAH B. BRUNT : Just The Way That It Goes L'australien Isaiah B Brunt a toujours travaillé dans le monde musical : producteur, propriétaire de studio. Cela l'a amené parfois à s'investir dans des styles très éloignés de la musique qu'il aime : le blues. C'est à La Nouvelle Orléans qu'il est allé enregistrer ce 2ème album, dans lequel il interprète 9 blues de sa composition. Tout au long ddu CD, on est plus près de la vision anglaise du blues, telle qu'on l'a connue lors du blues revival des 60's, que du blues de quelque région que ce soit aux Etats-Unis. Cela est dû principalement à la voix d'Isaiah, calme et douce. La production d'Isaiah met aussi bien en valeur cette voix que les instruments d'accompagnement : Isaiah, guitare et slide, Richard Bird, basse, Mark Whitaker, batterie et Mike Hood, claviers. Intéressant. (JJC) VOO DAViS : Midnight Mist Né en Alabama, élevé à Chicago, Voo Davis propose un 3ème album de très belle facture : 14 chansons qu'il a composées et qui lorgnent vers le blues, en particulier celui dit "de Chicago". Un genre qu'il a pratiqué entre autre auprès d'Eddie King, guitariste de blues jouissant d'une solide réputation. Multi-instrumentiste, Voo Davis joue de tous les instruments sur 2 chansons et est entouré de quelques bonnes pointures sur les autres. Vocalement, il n'est pas interdit de le rapprocher de Roger Chapman, le chanteur du groupe Family. Ce disque, enregistré en Louisiane et produit par Voo Davis, est une belle découverte. (JJC) Butter & Bacon Records LYNN JACKSON & CHRiS BOYNE : The Acoustic Sessions Lynn Jackson, ce sont 6 albums sous son seul nom, le premier ayant déjà un peu plus de 10 ans. Avec l'aide de Chris Boyne, un de ses musiciens, cette songwriter canadienne a décidé de fêter ces 10 ans de carrière en revisitant une partie de son répertoire de façon acoustique. Le résultat, enregistré par Norman Blake, du groupe Teenage Fanclub, est intéressant sans être absolument enthousiasmant. La prestation vocale de Chris est malheureusement réduite au strict minimum. Ce qu'on entend de lui sur Coming Home, la première chanson, montre ce que l'album aurait gagné à compter davantage de véritables duos. (JJC) Busted Flat Records 076 THE BROKEN CiRCLE BREAKDOWN BLUEGRASS BAND : Unbroken ! Il y a deux ans, le film belge Alabama Monroe avait drainé près de 200 000 spectateurs dans les salles de cinéma hexagonales. Parmi eux, des gens qui connaissaient le bluegrass et avaient été enthousiasmés par les prestations filmées du groupe formé autour des comédiens Johan Heldenbergh et Veerle Baetens, mais également de nombreux spectateurs qui avaient découvert le bluegrass à cette occasion. Dans la foulée du film, le CD de la BO avait rencontré un succès plus qu'honorable. Deux ans après, c'est ce splendide live (Unbroken !) que nous offre The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band. Enregistré durant leur tournée en été 2014, il propose 16 chansons dont 7 figuraient déjà dans le film. C'est ainsi qu'on retrouve avec plaisir leurs nouvelles versions, excellentes, de Country In My Genes (osons l'écrire : elle est meilleure que la version originale de Loretta Lynn !), des traditionnels The Boy Who Wouldn't Hoe Corn et Wayfaring Strangers, et, surtout, de If I Needed You de Townes Van Zandt. Parmi les nouvelles reprises, on retient surtout Sin City (Flying Burrito Brothers), une fantastique version du Tumbling Tumbleweeds (Bob Nolan), Don't Think twice It's All Right (Bob Dylan), Do I Ever Cross Your Mind (Dolly Parton) et The One I Love Is Gone (Bill Monroe). Fantastique, Karl Eriksson, le banjoïste ! A noter qu'il semble qu'une chanson manque sur le CD disponible en France : Where The Soul Of A Man Never Dies qui devrait commencer l'album ! (JJC) RYAN BOLDT : Broadside Ballads Saskatoon dans la province de Saskatchewan, au Canada, vous connaissez ? Eh bien, c'est de là que vient Ryan Boldt, par ailleurs leader du groupe The Deep Dark Woods. Broadside Ballads est son premier album solo, enregistré dans sa province et dans la province voisine du Manitoba. Un album qui, pour les amateurs de folk, se révèle être un bijou inestimable : 8 chansons traditionnelles, plus une qui pourrait l'être, une voix exceptionnelle de pureté, un accompagnement avec juste la touche de modernité qui tranche avec ce que pouvaient nous offrir Paul Clayton ou Joan Baez dans les années 50 et 60. Tout est magnifique ! A part Ryan, un seul membre de The Deep Dark Woods participe à cet album : le multi-instrumentiste Clayton Linthicum. Tout au long de l'album, on entend des oiseaux qui chantent, on entend l'orage qui gronde. Cet album est magnifique et, pour les amateurs de folk, il n'a qu'un seul défaut : il ne dure que 33 minutes. En revanche, si le folk pur et dur vous gonfle, passez votre chemin ! (JJC) Dahl Street Records BRiAN ASHLEY JONES : Out Of The City Originaire de Caroline du Sud, Brian Ashley Jones est un très bon guitariste et... un chanteur beaucoup plus limité. Out Of The City est son 3ème album. Il l'a enregistré dans le Tennessee, en assurant lui-même la production avec Adam Hatley. Cela se situe quelque part entre blues et Sting et va du pas mal (lorsque Brian ne force pas sa voix, cf You Have Set You Free, River Bones et les deux versions de Would You Come If I Go) au ... moins bon, lorsque la voix tend à écorcher les oreilles. (JJC) www.cdbaby.com ROB LYTLE : A Hypocrite Of Heart And Hope Thomm Jutz n'est pas un inconnu pour de nombreux Coyotes, ne serait-ce que par son travail auprès de Richard Dobson ou de Nanci Griffith. C'est de nouveau à lui que Rob Lytle, natif de l'Ohio, a fait appel pour la production du 2ème album de sa 2ème carrière : après des débuts plus qu'encourageants dans les années 80 et 90, après plusieurs albums, Rob a fait une pause de 14 années pour cause de mariage et de responsabilités parentales. Entre folk, country et pop, cet album ne manquera pas de satisfaire les Coyotes dans des morceaux comme le honky-tonk Drunk Girl ou la ballade Oh Dying et de les irriter aussi souvent avec des chansons plus pop, ou plus faibles, ou les deux. (JJC) Heart And Hope 02 ANDREW MAXWELL MORRiS : Well Tread Roads Well Tread Roads est le 1er CD de ce songwriter établi en Angleterre, d'origine australienne et, par ailleurs, avocat. C'est à Dallas qu'il a enregistré les 10 chansons, toutes de sa composition, que cet album comprend. Ce qu'on remarque avant tout, c'est la voix d'Andrew, une voix très pure avec une tessiture de ténor. Les 10 chansons de l'album, toutes écrites par Andrew, sont inégales, Sea Shanty et Home City étant celles qui lui conviennent le mieux. Un album qu'on peut qualifier de mineur mais qui plaira aux nostalgiques de James Taylor et de Jackson Browne. (JJC) DAVE DESMELiK : We Don't Want A Dying Flame Né et élevé dans l'état de Géorgie, Dave vit aujourd'hui en Caroline du Nord. Voici son 9ème album sous son nom. Se partageant à peu équitablement entre instrumentaux et chansons paroles, cet album montre un interprète qui, tout en restant fidèle à ses racines folk, sait également faire preuve d'innovation au niveau de l'instrumentation. Un bon exemple : la chanson On The Clock. Dommage, finalement, que la voix ne soit pas plus agréable. (JJC) Coyauteurs : Bernard BOYAT (BB) Jacques BRÉMOND (JB) Jean-Jacques CORRiO (JJC) Romain DECORET (RD) Dominique FOSSE (DF) Alain FOURNiER (AF) Christian LABONNE (CL) Philippe OCHiN (PO) Sam PiERRE (SP) Le Cri du Coyote n°145 page 39 DiSQU'AiRS Pi JACOBS Hi-Rise Ranch Pi Jacobs est une californienne pur jus qui a biberonné avec Carole King et Aretha Franklin et qui a enregistré son premier album il y a près de 15 ans. Hi-Rise Ranch est un EP de 6 titres dont 5 de sa composition. Le 6ème est Babe I'm Gonna Leave You, une chanson folk des années 60, déjà reprise par Joan Baez et Led Zeppelin. L'interprétation de Pi est à la fois pêchue et mélodieuse. Avec sa voix puissante et ses qualités de guitariste, Pi Jacobs fait du bon boulot, mais le caractère très rock de sa musique l'éloignera sans doute de pas mal de Coyotes. (JJC) TCCMD005 John McDONOUGH : Dreams And Imagination" Installé à Austin depuis une bonne vingtaine d'années, John McDonough pratique un style entre folk et pop/ rock. Pour cet album, il a apporté 11 chansons de sa composition, les meilleures étant celles qui parlent d'amour : I love you now et I've loved you for so long. La voix claire et puissante de John, les apparitions vocales de Ginger Leigh sur certains morceaux, la prestation de Kevin Butler à la batterie et à la guitare électrique et celle de Steve Bernal au violoncelle permettent de rattraper la qualité moyenne de la plupart des chansons. (JJC) MARCO R. WAGNER : My Old Spain Âgé d'une bonne cinquantaine d'années, Marco R. Wagner est né au Brésil et vit actuellement en Espagne après être passé par New-York et Nashville. C'est à New-York qu'il avait enregistré son premier album, il y a près de 25 ans. Enregistré à Nashville et dans divers endroits d'Espagne, My Old Spain propose 12 chansons écrites par Marco, dont 3 instrumentaux. Elles chansons sont à classer dans le domaine folk et se situent dans une honnête moyenne, The Ballad Of Rob Cohen et Tohellyouride étant même mieux que moyennes. Dommage, toutefois, que la voix de Marco soit quelque peu irritante. (JJC) Several Records SRD-433 KYLE CAREY : North Star C’est le deuxième album de Kyle Carey. Native du New Hampshire, Kyle revendique ses origines celtiques et propose une musique au croisement de la tradition gaélique et de l'Americana. Pas toujours facile d'avoir un pied dans deux familles différentes, fussent-elles voisines : les tenants de la tradition pure et dure risquent de vous trouver trop innovant alors que vous serez peut-être jugé trop conservateur par les autres. Contentons-nous d'être honnête : cet album est superbe. Superbe, la production de Seamus Egan ; superbes, les musiciens qui accompagnent Kyle, parmi lesquels on trouve le duo de folk britannique Josienne Clarke et Ben Walker ainsi que le violoniste écossais Chris Stout ; superbe la voix de Kyle qui rappelle un peu celle de Kate Wolf. La chanson qui clôt l'album est d'ailleurs la reprise de Across The Great Divide de la grande Kate. Sinon, sur les 12 chansons, 9 ont été écrites par Kyle, dont Casey Jones Whistle Blow, nouvelle évocation en chanson du légendaire mécanicien de chemin de fer de la fin du 19ème siècle. Un très bel album pour beaucoup de Coyotes. (JJC) Americelta Records ACR 102 GREN NAGY : Stranded Il sagit du 3e album de ce chanteur / guitariste qui semble surtout ancré dans les ballades et les medium. Sa musique est très imprégnée de soul mais aussi, et cest dommage, de variété et dun peu de funk sur un titre, même si cela donne des chansons agréables à écouter. Il y a, quand même, deux titres blues rock plus musclés, dont Long way to Memphis, et une ballade country variété pour clore le CD. (BB) Big O 2421 / distr Frank Roszak RiCHiE LAURENCE : Rue Sanxay Ah ! que voilà un album qui sort de l'ordinaire ! Il commence par de la country comme on l'aime : When I find My Love Someday. Avec Over And Over, le morceau suivant, on croirait entendre une bande inédite du groupe anglais Slapp Happy (années 70). Quant au 3ème morceau, c'est un instrumental de style cajun avec accordéon. La suite réserve d'autres surprises (par exemple un pur morceau de jazz) toutes excellentes. Maître d'œuvre de ce magnifique travail : Richie Lawrence, né dans les années 50 à Tulsa, établi à Sacramento après un passage par l'état du Colorado, excellent pianiste et accordéoniste, grand pote de Ray Bonneville. Rue Sanxay est le 3ème album paru sous son nom. Il y partage les vocaux avec son épouse Katie Thomas et la partie instrumentale avec 8 excellents musiciens. 10 morceaux, 7 écrits par Richie tout seul, 2 en collaboration avec son complice Paul Lacques et la reprise de Oxford Town de Ray Bonneville. Par sa diversité, par la grande qualité des chansons et des musiciens, Rue Sanxay est un des albums les plus excitants du moment. (JJC) Big Book Records 19 MY OWN HOLiDAY : Reason To Bleed Quel nom étrange pour ce duo californien, formé par Joey Chrisman (vo, gtr) et Nick Bartolo (bat) appariement peu commun, lui aussi. Ils n’ont beau être que deux, ils dégagent une énergie et un volume sonore que des groupes plus nombreux n’atteignent pas. La très grande partie du CD est d’essence blues rock (= très rock et pas rock' n' roll comme le rockin' blues), donc réservée aux amateurs du style. Restent quelques ballades plus dépouillées, avec juste Joey et un jeu de guitare plus mélodieux que sur le reste. Ce sont Whiskey in the well et Right back where I started, variété, ainsi que Stranded, assez soul, qui ont capté mon oreille. (BB) Electro Groove EGRCD 517 BALKUN BROTHERS : Redrova Ce trio, formé par les frères Steve et Nick Balkun et le bassiste Caleb Battersby en 2010, propose un premier album déconcertant pour les vieux rockeurs. C’est d’abord l’artillerie lourde qui entre en action, avec du rock à la limite du hard sur les deux premiers titres, suivie de l’artillerie légère, avec deux blues rocks medium et deux rocks. Les choses se calment ensuite, avec le blues lent Sallys blues, deux instrumentaux plus Delta. Il y a, enfin, un bon rockin blues électrique, Tell me, avant de conclure sur un rock medium. (BB) auto ss N° / distr Frank Roszak RAY COLLiNS HOT CLUB : Cutting Out Le saxo allemand Ray nous avait habitués à des albums bien rockin' r'n' b. Cette fois, il assouvit un rêve, celui de reconstituer un vrai grand orchestre de swing (il y a 40 musiciens qui interviennent), comme dans les années 1930 et 1940. Le contenu s’adresse donc à un public plus jazz ou variété que d’habitude, avec un certain nombre de ballades qui relèvent plus d’un style Frank Sinatra. Il reste quand même plusieurs titres swing enlevés, idéaux pour les danseurs, comme Lets drink. (BB) Brisk ss N°, Niehler Damm 271, 50735 Köln (Allemagne) et www.briskrecords.com JEFF JENSEN : Morose Elephant D’habitude ce pachyderme en voie d’extinction a une lueur de malice au fond des yeux, mais celui de la couverture a un regard bien morne, en adéquation avec le titre de l'album. Pourtant, certains morceaux devraient raviver la flamme chez lui. Jeff, sur ce quatrième album, enregistré à Memphis, fait preuve d’éclectisme. Globalement, sa musique est influencée par le rhythm & blues et la soul de la ville des années 1960. On y trouve aussi un peu de rockin blues, de cabaret bluesy, de jazz gypsy, de ragtime, de variété (la mélodieuse ballade medium Ash and bone) ou de rockin r'n'b classique (la reprise de Whats the matter with the mill), les deux titres les plus marquants. (BB) Le Cri du Coyote n°145 page 40 Swingsuit JJM 2015004 / distr Frank Roszak DiSQU'AiRS MARK BRiNE : All Alone & Blue L’album précédent, de 2000, comportait plusieurs titres hillbilly bop, de la country et du country folk blues. C’est, essentiellement ce dernier genre qu’on retrouve sur ce copieux album (21 titres), très acoustique et dépouillé, ce qui créée une ambiance intimiste. Elle est renforcée par la présence d'une majorité de titres medium ou de ballades, les deux seuls un peu plus enlevés ou musclés sont Warrens lil fix-it-shop, un peu hillbilly bop, et Time for me to be gone, qui clôt les débats. Certains morceaux ont une sonorité ragtime, d’autres rappellent un peu Jimmie Rodgers. Tout cela, dont la belle valse Like a Norman Rockwell print, est à savourer au calme. (BB) KJK 07, PO Box 962 Westmoreland TN 37186 TAD ROBiNSON : Day Into Night De la soul des 60's, la seule chose que j’avais appréciée était les ballades, dont Otis Redding avait le secret. Mes goûts n’ont pas changé à ce sujet et je peux donc recommander cet album, d’un chanteur blanc, à ceux qui les partagent. Les titres les plus marquants sont Call me, Lead me on, Mellow in love, Love is a winner, Blue yesterday. (BB) Severn 0065 / Mark Pucci Media ELiZA NEALS : Breaking And Entering Cette jeune personne débute ce CD avec un blues du Delta medium, puis un long rockin blues lent (Breaking and entering), qu’on retrouve, en version radio abrégée en conclusion de l’album. Ensuite, elle passe à du blues rock moderne, parfois teinté de soul ou de variété, son vocal puissant évoquant un peu celui de Janis Joplin sur certains titres. (BB) auto/ distr Frank Roszak BLACK PATTi : No Milk No Sugar Ce duo allemand (Peter Krause, alias Peter Crow C -gtr, hca- et Ferdinand Kraemer- gtr, mdl) n’a pas choisi son nom au hasard. Black Patti fut une éphémère marque de Chicago de musique noire de la fin des années 1920. Car nos deux compères pratiquent ce qui se faisait avant la 2ème guerre et l’électrification du blues, une musique très rurale et acoustique, mêlant, à des degrés divers selon les titres, ragtime, blues et hillbilly sur les reprises et quelques excellentes compositions. Cela donne quelques titres sautillants, d'autres plus country avec, en points d'orgue, les rockin' country blues The new early in the morning, Im so worried about my baby, le ragtime Busy bootin et, surtout, un Black Patti boogie très hillbilly boogie. Très intéressant car dans un style peu courant de nos jours. (BB) Rhythm Bomb 5805 GREG SHiRLEY : Raised On The Run Ce premier album d’un nouveau chanteur country, accompagné par divers requins de studio nashvilliens, plaira sûrement plus à ceux qui ont découvert la country dans les années 1980 qu’à ceux nourris aux mamelles des artistes des années 1950. Il comporte une majorité de ballades mélodieuses qui passent bien à l’écoute et est agrémenté de country rocks modernes dans la mouvance actuelle. (BB) Garage Door, Mark Pucci Media CRYSTAL & RUNNiN’ WiLD : Good Taste In Bad Friends C’est, sans doute, l’album le plus éclectique et commercial sorti par Rhythm Bomb. Crystal et son groupe viennent de Bruxelles et proposent un mélange de styles qui fait un peu penser à une auberge espagnole où chacun arrive à trouver son content. On trouve des influences surf, caribéennes, garage, kasatchok, country ragtime, film western (l'introduction d'un morceau fait penser au Deguello) du cabaret jazzy, de la variété rythmée, du doo-wop à ARTiSTES DiVERS : Hard Time Blues 1927-1960 Ce double CD d’anthologie, aux deux sens du terme, suit l’évolution du blues de 1927 à 1960 du point de vue politique et social. Le livret est à lire avant écoute, étant très explicite sur une évolution débutant par des sous-entendus dans les chansons, devenant plus impliquée, puis plus contestataire. Certains textes sont très forts : Uncle Sam says de Josh White, Get back de Big Bill Broonzy, Eisenhower blues de J B Lenoir, The Alabama blues de Brother Will Harston, à propos du boycott des bus ségrégués à Montgomery, Alabama, après le refus de Rosa Parks de céder sa place à un Blanc le 1er décembre 1955, ou The Big race de Memphis Slim fêtant l’élection de John F. Kennedy. Pour faciliter les choses, les morceaux sont classés par thème chronologique. Quant au contenu musical, on peut dire qu’il suit l’évolution de cette musique : blues rural, folk blues, talking blues, blues urbain plus sophistiqué, l’ajout d’un peu de ragtime, de boogie, de rock, de r'n'b. Cette parution devrait être utilisée sans modération par les enseignants dans les classes dont le programme comporte la lutte pour les droits civiques. (BB) www.fremeaux.com Frémeaux FA 5480, 20 rue Robert Giraudineau, 94300 Vincennes la Papa oom mow mow. Pour ma part, j’ai apprécié la ballade teen Did you ever, le rock' n' roll musclé What a way to die à la Wanda Jackson, mais la guitare est trop moderne, la reprise du Up above my head de Sister Rosetta Tharpe et le doo-wop guilleret Oh gee oh gosh. (BB) Rhythm Bomb 5810 CORiNNE WEST : Starlight Highway Si vous aimez les ballades acoustiques à la Emmylou Harris, voici un album fait pour vous. Il n’y a quasiment que cela, hormis Starlight highway, entre folk et bluegrass, le titre le plus enlevé du lot, et le country folk Give our ships away. Bien accompagnée par ses Bandits, Corinne donne sa pleine mesure sur Trouble no more, Sweet rains of amber, Audrey turn the moon, Cry of the echo drifter, Mondays song ou Night falls away singing, avec des textes souvent poétiques. Un regret, qu’il n’y ait pas de valse. (BB) Make 71447 / dist Mark Pucci Media POKEY LAFARGE : Something in The Water Il a de qui tenir, le jeune Andrew "Pokey Lafarge" Heissler, né en 1983 dans l'Illinois. Un de ses grands-pères était un immigré alsacien passionné par l'histoire de la guerre de Secession, alors que l'autre grand-père faisait partie d'un club de banjo, ce qui explique la passion de Pokey pour les 78t de hilbilly-jazz et de ragtime. Même le choix de son alias, Lafarge, exprime le courant nordsud, acadien et cajun, qui a marqué les racines de la musique américaine. Il forma son premier groupe après avoir rencontré les musiciens à Ashville, North Carolina, lieu devenu mythique où jouèrent les jeunes Merle Travis ou Chet Atkins. Ce nouvel album traite les styles favoris de Pokey Lafarge et de son guitariste Adam Hoskins. Utilisant des guitares vintage telles que l'Epiphone Spartan de 1946 ou la Gibson L-12 modele 1939, ils jouent du jazz que l'on affublera sans doute du label New Orleans, mais qui est plutôt reminiscent du style de St Louis, où ils vivent aujourd'hui. De la même façon leur western-swing est filtré à travers des influences hillbilly comme les North Carolina Ramblers, Lonely Eagles et autres Skillet Lickers, groupes légendaires des twenties et thirties que Pokey m'a cités lorsque je l'ai interviewé il y a 2 ans. Something In The Water par exemple, traite à la fois d'une préoccupation traditionnelle des fermiers du siècle dernier, mais aussi d'une légende urbaine très actuelle, ce qui est bien en phase avec l'image de Pokey Lafarge : trad. mais moderne. Bien que ce nouvel album soit légèrement plus modernisé que le précédent, il reste un véritable trésor pour les musicologues qui voudraient analyser les diverses influences qui le structurent. Cela dit, il fonctionne également très bien en tant que disque pour emballer une party. Et c'est bien la définition idéale de la bonne musique authentique… A ne pas manquer quand Pokey Lafarge jouera près de chez vous. (RD) Rounder/ Decca Blues - Country Music - Rock 'n' Roll (CD & LP, Coffrets) Grand choix : Occasions & Raretés LUG RECORDS : Tél. 03-85-82-04-01, www.lugrecords.com Le Cri du Coyote n°145 page 41 DiSQU'AiRS ERiCH McMANN : Erich McMann's Trucker Country J'avais présenté Erich McMann et son album The Last American Songbook dans Le Cri n°141 comme quelqu'un qui avait à cœur de remettre au goût du jour une certaine idée de la country music et, plus largement de l'Amérique. Il récidive avec ce deuxième CD qui, comme son titre le suggère, est consacré à des chansons parlant des camions, des routiers, de la route et des filles qu'on y croise. C'est un disque qu'Erich a tout fait seul, dans son home studio. Il a écrit les chansons en quelques jours, a enregistré le tout avec un minimum de prises, privilégiant le feeling à la perfection technique. S'il n'a pas été routier lui-même, Erich a parcouru les grandes routes de son pays dans le camion de son père, tout en écoutant de la bonne vieille country music à la radio. Truckin' Daddy est d'ailleurs un des titres inspirés par ces souvenirs de jeunesse. On peut aussi citer Keep On Truckin', Big Rig A Rollin', The Trucker Blues ou Mona qui illustrent parfaitement les sentiments par lesquels passent les avaleurs de bitume, là-bas comme ici. Erich McMann est un artiste totalement indépendant (pas de manager, pas de label) qui a voulu ici se mettre dans la peau du routier indépendant, quel que soit son pays, et raconter en musique sa lutte quotidienne pour simplement continuer à exister. (SP) Paisley Cowboy Records / http://www.erichmcmann.com HARRY HARRiS : Songs Aout Other People Harry Harris est un jeune artiste britannique (Gallois d'origine vivant à Londres) qui, après un premier album (Harry Harris, tout simplement) enregistré quand il avait 17 ans, nous offre aujourd'hui Songs About Other People, dont la sobriété instrumentale met en lumière son talent de songwriter (mais aussi de chanteur). Il est le frère cadet de Jack Harris, lui-même songwriter de métier, et s'il est moins marqué que lui par leurs confrères américains, il revendique néanmoins comme influences Warren Zevon et le groupe The Hold Steady mais aussi l'Écossaise Karen Polwart. Jack Harris est d'ailleurs présent ici pour quelques notes de guitare, de même que Sam Beer des Treetop Flyers, au piano, ou John Parker à la contrebasse. Les dix titres démontrent la variété de l'inspiration de Harry qui peut nous parler d'un footballeur, qu'un but a fait le héros d'un jour de Hereford United, mais aussi couvreur de son métier (The Ballad Of Ronnie Radford) aussi bien que de l'ouest sauvage avec le procès de Jack McCall, assassin de Will Bill Hickok en 1876 (Wild Bill). Plus loin, c'est Jenny Lind (a cappella) qui évoque une chanteuse d'opéra surnommée le rossignol suédois, ou Kandinsky Was A Synaesthete, le portrait du grand peintre russe (qui a fini ses jours en France où beaucoup des ses œuvres sont exposées). Je garde pour la bonne bouche The Day I Met The King (celui de Graceland, pas de Buckingham), une ballade lancinante de près de 7', tour de force qui démontre que le talent d'Harry Harris se conjugue au futur mais aussi au présent. (SP) Wild Sound Recordings / http://www.harryharrismusic.com KEViN DEAL : Nothing Left To Prove Ce songwriter et artisan, continue son petit bonhomme de chemin avec son neuvième album (dont un live). Il n'a plus rien à prouver, mais il a encore à gagner une notoriété proportionnelle à un talent qui est l'égal de celui de beaucoup de songwriters texans plus connus. Douze nouvelles compositions, une production impeccable de Lloyd Maines (qui joue aussi toutes sortes d'instruments à cordes), une rythmique assurée par les amis Bob Penhall (basse) et Pat Manske (batterie), il n'en faut pas plus pour être conquis par cet album. Ajoutons-y quelques ingrédients supplémentaires pour faire bonne mesure : le violon du vétéran Richard Bowden (parfois doublé de celui de Stone Deal, fils cadet de Kevin), la voix de Terri Hendrix sur le morceau titre, l'accordéon de Joel Guzman sur le très social Mucho Trabajo Y Poco Dinero et, bien sûr, la voix grave de Kevin qui se balade avec aisance dans ce country-rock teinté de blues qui lui a valu des comparaisons avec Steve Earle ou Joe Ely. Mais Kevin a un univers bien à lui et il est aussi crédible quand il empoigne son guitjo pour The Irish Bands Are In America (aux JOEL RAFAEL : Baladista Né en 1949 à Chicago, Rafael a grandi en Californie. S'il chante depuis longtemps, il n'a en fait publié son premier album qu'en 1994. Sa rencontre avec Jackson Browne en 2000 alors qu'il enregistrait son troisième disque, Hopper, a été déterminante et il a pu rejoindre le label Inside Recordings. Deux albums consacrés à Woody Guthrie lui ont permis de devenir un des meilleurs spécialistes du légendaire songwriter et un ami de sa famille. Avec Baladista (baladin, troubadour) il développe un son très épuré: voix, guitare acoustique et harmonica essentiellement avec juste le magicien Greg Leisz (guitares électriques, pedal steel et dobro) et le vieux routier de la basse James "Hutch" Hutchinson. Dès les premières notes, on se retrouve plongé dans un univers qui n'est pas sans rappeler Donovan dans sa période "Dylan britannique". Ce disque est sans doute le plus personnel de l'artiste par les thèmes abordés comme en témoignent les autobiographiques She Had To Go, Old Portland Town ou Sticks And Stones. Citons aussi El Bracero, titre le plus engagé de l'album, qui évoque l'exploitation des travailleurs mexicains (les mêmes que ceux de la chanson Deportee de Woody) par les USA à partir de 1942. Le disque se termine par 500 Miles, plus qu'un classique, que Joel voulait enregistrer depuis longtemps, sans avoir jusque-là trouvé une façon vraiment personnelle de la chanter. Bien écrit, bien interprété, bien présenté, Baladista fait partie de ces disques auxquels on s'attache très vite d'une façon un peu irrationnelle sans doute parce que, simple, sincère et beau, il ressemble à son auteur. (SP) NB : Joel Rafael en concert à la Pomme d'Ève, à Paris, le 1er juillet Inside Recordings / http://www.joelrafael.com accents celtiques, forcément) que quand il demande une chanson country (Play Me A Country Song). Kevin is the real Deal, c'est facile, certes, mais c'est vrai. (SP) Blind Nello Records www.kevindeal.com CHUCK BRODSKY : Tell Tale Heart Chuck Brodky continue aussi son petit bonhomme de chemin, parsemé déjà d'une bonne douzaine d'albums. Sa marque de fabrique, c'est d'abord sa voix (qui ravit les amateurs de Bob Dylan et John Prine –quand ils étaient jeunes– mais aussi du méconnu Sammy Walker) et son jeu de guitare acoustique très expressif, presque dansant. Et puis c'est un raconteur d'histoires et mélodiste haut de gamme doté d'un degré d'exigence qui ne lui fera jamais sacrifier la qualité de ses enregistrements. S'il assure ici la production lui-même (à l'exception de New Shoes For Tom Guerin, enregistré en Irlande), Chuck est assisté de Chris Rosser, également très présent instrumentalement. Comme d'habitude, il nous mitonne des textes délicatement ciselés et inspirés. 2000 Friends évoque, avec un humour tendre et fin, les amis virtuels rencontrés sur Facebook et dont on finit par tout connaitre sans jamais les rencontrer. Le baseball est de nouveau présent avec un titre intitulé Splinter Cheeks Johnson, mais je donnerai une mention spéciale à Rachel's Guitar, une chanson émouvante dédiée à Rachel Bissex, une consœur songwriter décédée trop jeune: "La guitare de Rachel cherchait partout son amie/ Et les chansons qu'elles ne chanteraient plus jamais". Tell Tale Heart, c'est du folk, rare et précieux, comme on a aujourd'hui trop peu l'occasion d'en entendre. (SP) Indépendant / http://www.chuckbrodky.com JOHN STATZ : Tulsa Le nom de John Statz, originaire du Wisconsin et résidant aujourd'hui au Colorado tarde un peu à franchir les frontières alors que son œuvre commence à devenir consistante. Il a en tout cas la reconnaissance de ses pairs puisqu'après Bo Ramsey pour Old Fashioned en 2011, c'est Jeffrey Foucault qui produit Tulsa. Jeffrey n'est pas venu seul, Jeremy Moses Curtis et Billy Conway, ses partenaires de Cold Satellite, sont là. Mark Spencer (Blood Oranges, Son Volt, aux guitares et claviers), Matt Lorentz (violon) et la délicieusement talentueuse Caitlin Canty (voix) complètent le line-up et donnent aux compositions folk infusées de blues et rock de John une assise parfaite tout en assurant à l'ensemble une grande unité. S'il faut trouver des références, c'est du côté du John Mellencamp de l'époque Scarecrow qu'il faut les chercher mais, à l'écoute, on se rend vite compte que des compositions telles que Le Cri du Coyote n°145 page 42 DiSQU'AiRS Tulsa, Amsterdam In Autumn, Tennessee ou Home At Last, véritables invitations au voyage, se défendent parfaitement seules, audelà de toute comparaison. Deux reprises sont également au programme. La première, Motion Picture Soundtrack de Radiohead, est surprenante a priori. La seconde est plus logique puisqu'il s'agit d'une composition de Jeffrey Foucault, Anytown Will Do. (SP) Independent / http://www.johnstatz.com SCOTT MacLEOD : Flicker And Fade Natif de PEI (Prince Edward Island) et résident à Calgary, Scott MacLeod a désormais quatre albums à son actif. Le précédent, Right As Rain (2012) avait déjà laissé entrevoir de belles qualités. Avec Flicker And Fade, c'est plus qu'une confirmation. Le talent d'écriture de ce Canadien éclate, dans des directions différentes, mais avec une cohérence à laquelle la production avisée de Steve Loree n'est pas étrangère. Scott se disait influencé par Kathleen Edwards ou Blue Rodeo, il revendique désormais une filiation avec Bruce Springsteen. Mais plutôt que de chercher des points de comparaison, il faut souligner la maturité de l'écriture de Scott. Qu'il s'agisse de ballades country comme Hope She Understands ou Back This Way, de rockabilly comme Jump In My Steep ou de rock classique comme Just Around The Corner, notre homme semble toujours dans son élément, entouré d'une belle brochette de musiciens. Et puis il y a la suite instrumentale de plus de dix minutes, jamais ennuyeuse, qui conclut le disque juste après Straight Ahead et qui laisse entrevoir de belles possibilités pour Scott et ses potes. C'est un excellent songwriter, mais pas seulement. (SP) Jean Jacket Records / http://www.scottmacleod.ca THE STEEL WHEELS : Leave Some Things Behind Dans Le Cri n°134, j'avais déjà fait part de mon enthousiasme pour les Steel Wheels et leur album No More Rain. Les quatre musiciens (Trent Wagler à la guitare et au banjo, Jay Lapp à la mandoline et à la guitare, Eric Brubaker au violon et Brian Dickel à la basse) reviennent avec ce disque où le talent de songwriter de Trent atteint des sommets. L'inspiration biblique et le thème de l'exode sont souvent présents, comme dans Heaven Don't Come By Here, Promised Land (un morceau essentiellement a cappella, à quatre voix), End Of The World Again (auquel le titre de l'abum est emprunté) ou Rescue Me Virginia. C'est du grand art, auquel contribue la trop méconnue Sarah Siskind qui coécrit deux titres et chante sur un autre. Les deux seuls morceaux qui ne sont pas de la plume de Trent sont les instrumentaux Milo, de Jay Lapp (qui troque ici la mandoline pour un résonnateur) et Mountain Quake, d'Eric Brubaker. Sur ce dernier titre, le grand Tim O'Brien vient humblement jouer le second violon aux côtés d'Eric dont il faut souligner qu'il prend une part très importante au son de l'album. Leave Some Things Behind figure sans contestation possible parmi les grandes réussites du millésime, fidèle aux racines acoustiques du quatuor tout en élargissant la palette du groupe. (SP) Indépendant / http://www.thesteelwheels.com ALLiSON MOORER : Down To Believing Allison Moorer a longtemps été considérée essentiellement comme une interprète, une chanteuse country, même si elle a toujours écrit ou co-écrit la plus grande partie de son répertoire. Avec cet album, le plus personnel (son neuvième), la vision change. En effet, si Allison est toujours une interprète magnifique, les thèmes abordés sont différents, l'artiste se met souvent à nu. L'enregistrement du disque a commencé en janvier 2012, au moment où l'autisme de son fils John Henry a été diagnostiqué. Depuis cette date, Allison a divorcé de Steve Earle après sept ans de vie commune et tout cela justifie le ton généralement grave de l'ensemble. Elle a ici a renoué artistiquement avec Kenny Greenberg, producteur de ses deux premiers albums, et une sonorité globalement plus rock qu'à l'accoutumée domine les treize titres (dont la reprise de Have You Ever Seen The Rain ? de John Fogerty). L'album est très fort, et il est difficile d'en dégager un titre en particulier. L'enchaînement, aussi bien thématique que musical, avec son changement de tona- TOM RUSSELL : The Rose Of Roscrae Attention, chef d'œuvre! Comment décrire ce tour de force de Tom Russell avec de simples mots? Commencée avec The Man From God Knows Where (1999), poursuivie avec Hotwalker (2005), la trilogie consacrée au "folk americana" se termine (en principe) avec The Rose Of Roscrae, un projet qui, depuis sa conception, a mis 25 ans à aboutir. Vingt-cinq nouvelles compositions se mêlent à des chansons traditionnelles, des enregistrements nouveaux à des anciens, des artistes vivant rencontrent d'autres disparus, parfois depuis longtemps. Citons, pêle-mêle: Jimmie Dale Gilmore, David Olney, Johnny Cash, Joe Ely, Augie Meyers, Fats Kaplin, Barry Walsh, Jimmy LaFave, Gretchen Peters, Ramblin' Jack Elliott, Walt Whitman (mort en 1892, sa voix vient d'un vieux cylindre de cire), Moses "Clear Rock" Platt, Jack Hardy & David Massingill, A.L. "Bert" Lloyd, Finbar Furey, Sourdough Slim, Blackie Farrell, Tex Ritter, Glen Orhlin, Pat Russell, John Trudell, Henry Real Bird, Thad Beckman. Maura O'Connell, Eliza Gilkyson, The McCrary Sisters, Ian Tyson, Bonnie Dobson, Leadbelly, Guy Clark, Dan Penn, Gurf Morlix, Pat Manske... Des cowboys et des Indiens, des bluesmen et des folkeux. On entend aussi un orchestre norvégien, un chœur de yodel suisse. Ce sont tous les composants de l'Amérique musicale que nous aimons qui se rencontrent pour nous offrir A Ballad Of The West (sous-titre de l'album). Le double CD est beau, copieux et passionnant et donne au mot indispensable un véritable sens. Il est vivement conseillé d'acquérir en même temps le livre compagnon (Program Guide with Libretto) qui répond à toutes les questions que l'on aurait pu se poser et même davantage. (SP) Frontera Records / Proper Music / http://www.tomrussell.com lité, entre Tear Me Apart et If I Were Stronger est particulièrement réussi et constitue véritablement le pivot du disque. Le délicat et acoustique Blood, qui évoque la sœur d'Allison (Shelby Lynne) est un véritable moment de calme et de beauté avant de laisser la place à la colère pour Let The Wolf In puis à l'optimisme avec I'm Doing Fine (auto-persuasion ?). La chanson titre, qu'Allison considère comme une de ses meilleures, est pour elle l'une des plus honnêtes sur le sujet du mariage alors que le dernier titre, Gonna Get It Wrong, est un constat lucide et serein ("And I know that I'm gonna get it wrong/ But it's alright") sur l'évolution de la vie et des rêves que nous faisons tous. Belle, forte et fragile à la fois, telles sont les vertus d'Allison Moorer, ce CD en est le parfait reflet. (SP) Entertainment One / Proper Music / http://www.allisonmoorer.com CLAUDE DiAMOND : Trouble On Memory Lane Voici un vétéran, qui à commencé à se produire sur scène dans les années 50 avec The Ones, un groupe très marqué par le blues. Ce n'est cependant qu'en 2004, à 65 ans, que Claude Diamond publia son premier album solo, le bien nommé Diamond Dust. Un peu plus de dix ans après, notre ami propose son quatrième opus, un disque qui ravira les fans d'artistes comme Guy Clark, John Prine ou Billy Joe Shaver avec qui il partage la capacité de raconter des histoires portées par des mélodies inspirées. Comme eux, il ne fait pas de sa voix son argument principal, mais ses accents gardent une urgence et une sincérité qu'un organe plus lisse gommerait. Reste la qualité des compositions qui couvrent une bonne partie du spectre de l'Americana, du morceau d'ouverture Cadillac Road, aux accents swing, au rock Beyond The End Of The Road en passant par les blues brûlants Baby Says She Loves Me (avec Leigh Levinson à l'harmonica) Blues Cadillac (avec KC Conte) et le très country God's Gated Community. Et puis il y a les chansons plus émouvantes comme Trouble On Memory Lane qui évoque la maladie d'Alzheimer ("J'espère que tu n'auras jamais à vivre avec la peine d'une maman qui ne connait plus ton visage ou ton nom") ou Saving Time dans lequel Claude se dit qu'il serait peut-être temps qu'il "s'arrête pour sentir les magnolias". J. David Leonard assure la production et la plus grande partie de l'instrumentation avec juste quelques invités : les deux harmonicistes précités, Bethany (Dick) Olds ou Robert Taylor, un habitué, au violon. C'est ce dernier qui joue sur le morceau de clôture, le poignant Nothing Left To Say dont on espère simplement qu'il n'est pas prophétique (à l'image du No More Songs de Phil Ochs), même si l'on se dit que Claude a aujourd'hui 76 ans. Quoi qu'il en soit, il nous Le Cri du Coyote n°145 page 43 DiSQU'AiRS aura au moins laissé quatre beaux albums et Trouble On Memory Lane est certainement le meilleur d'entre eux. (SP) Vettset Records / http://www.vettsetmusic.com 2-BiT PALOMiNO : Things I Dream About Pour leur troisième album commun, Bill Ward, Andi et Ren Renfree, basés à Houston et plus connus sous le nom de 2-Bit Palomino confirment ce que leurs précédents opus avaient laissé entrevoir. Originaires respectivement de Floride, de Louisiane et de Californie, ils réussissent la synthèse de leurs influences dans un ensemble à dominante acoustique et hautement mélodique. Le songwriting est encore une fois la force principale du groupe où chacun apporte sa pierre à l'édifice, avec des titres écrits par les Renfrees comme 97 Acres et le cajun At The Fais Do-Do ou par Bill Ward comme Cowboy And The Lady qui se placent d'entrée parmi les meilleurs du répertoire du groupe. Ce disque est hautement conseillé à ceux qui aimaient les groupes de country-rock des années 70 même s'il n'est en rien passéiste. Un mot particulier pour l'apport instrumental et la coproduction de Don Richmond qui apporte au groupe cette oreille extérieure nécessaire. En préambule à Things I Left Behind, 2-Bit Palomino a publié en édition limitée sur Songdog Records un album live enregistré en 2014, Live @ Mac House & Pub qui mérite également d'être entendu. (SP) Howlin' Dog Records / http://www.2bitpalomino.com ViNCENT CROSS : A Town Called Normal Il est né à Dublin, a été élevé en Australie et vit désormais à New York. Vincent Cross fait partie de ces bonnes surprises, de ces artistes qu'on a plaisir à découvrir un peu par hasard. A Town Called Normal est paru en 2013 mais ce n'est pas une raison pour ignorer ce bel album. Après Home Away From Home paru en 2008, ce songwriter a été classé dans la catégorie bluegrass, ce qui est réducteur. C'est un troubadour international, un poète doué, qui habille ses mélodies d'instruments acoustiques comme le banjo, la mandoline et la guitare. Mais parfois, une batterie vient rappeler que son horizon est bien plus large, à l'mage du monde qu'il a parcouru. L'entendant chanter à East Village, la grande et regrettée Odetta a déclaré ceci: "J'ai entendu une claire voix de cristal, et cela m'a ramenée à l'époque où j'ai découvert les familles et les groupes musicaux des montagnes des Appalaches. Ce fut un plaisir de découvrir tant de beauté de la part de Vincent Cross". Il faut suivre ce bel artiste, au détour de titres à couleur bluegrass (le superbe Cursed, qui sonne comme un classique du Kentucky ou Childish Things), celtique (le traditionnel Cuckoo) ou folk-rock (My Love ou Sometimes), se laisser séduire par la miniature instrumentale Footnotes et par Silent Waltz (seul morceau solo du disque) avant de succomber devant le dobro inspiré de Walking On The Outside. (SP) Indépendant / http://www.vincentcross.com THE MALLETT BROTHERS BAND : Lights Along The River Quatrième album pour les frères Mallett, Luke et Will, qui confirment, avec ici toutes leurs qualités, tant pour l'écriture que pour l'interprétation. Le groupe de Portland, Maine, a perdu un de ses piliers en la personne de Nate Soule, remplacé par Matt Mills, de Nashville, qui joue des guitares (y compris steel), du banjo et chante. Le groupe n'a donc rien perdu de sa force de frappe, les six membres (dont quatre guitaristes) ont des compétences instrumentales et vocales étendues, ce qui leur offre une palette plus qu'intéressante et leur vaut un succès scénique grandissant. Sur disque aussi, le registre semble encore plus varié qu'auparavant. De rock (There Are No Rules In This Game) en country (Coronado), de ballade acoustique dépouillée (Sunny Day) en blues hypnotique (Sam Wood) mené par un dobro lancinant, en passant par le très folk Don't Mind The Morning, les Mallett nous guident dans un voyage où chacun trouve son compte. Ajoutons que papa David vient jouer de la mandoline sur le morceau titre et que Molly, la sœur, harmonise joliment sur Coronado et l'on comprendra que l'entreprise familiale Mallett a de beaux jours devant elle. (SP) Indépendant / http://www.mallettbrothersband.com THE HONEYCUTTERS : Me Oh My Les Honeycutters, c'est d'abord Amanda Anne Platt, sa voix et son talent de songwriter. Elle a écrit les quatorze titres de ce troisième album du groupe et a toutes les raisons d'en être fière. La qualité des quatre musiciens qui l'entourent fait de ce groupe d'Asheville, NC, l'un des meilleurs et les plus prometteurs du moment dans le style country-folk près des racines (je citerai aussi les Steel Wheels, les Stray Birds, Hey Mavis ou Cahalen Morrison –avec Eli West ou Country Hammer– chez qui la qualité des compositions est aussi importante que la forme musicale). Tal Taylor (mandoline), Matt Smith (pedal steel et guitare résonateur), Rick Cooper (basses et harmonises) et John Milligan (batterie, percussions et harmonies) constituent un ensemble soudé qui est beaucoup plus qu'un backing band. Si Amanda cite parmi ses influences Hank Williams, Patsy Cline ou Loretta Lynne, elle y a joute aussi Bruce Springsteen ou Tom Petty, et ce mélange de classicisme et de modernité n'est pas étranger au charme du groupe. Un grand sens de la mélodie, une voix expressive et musicale, il n'en faut pas plus pour faire de ce disque un des meilleurs de l'année. Le swinguant Jukebox, le biographique Carolina, le mélancolique Texas '81 ou le dansant Ain't It The Truth constituent quelques-uns des moments accrochant immédiatement l'attention de l'auditeur qui, captivé, aura beaucoup de mal à passer à autre chose. (SP) Organic Records / http://www.honeycutters.com THE BOXMASTERS : Somewhere Down The Road Ce groupe, formé autour du chanteur-acteur Billy Bob "Bud" Thornton et du guitariste J.D. Andrew, désormais joints à titre permanent par Brad Davis et Teddy Andreadis en est à son troisième double album depuis 2007 (avec en plus un simple, Christmas Cheer). Si les deux premiers (The Boxmasters et Modbilly) étaient constitués chacun d'un disque de compositions originales (Ours) et d'un disque de reprises (Theirs), Somewhere Down The Road est uniquement dû aux plumes du groupe, Bud écrivant toutes les paroles et J.D. la plupart des musiques. Ici, le premier CD est marqué par les influences britanniques du quatuor (essentiellement la période mod), le second se tournant davantage vers l'americana. L'ensemble, quoique sans génie ni véritable inventivité, est plus qu'agréable à entendre et ressuscite un certain état d'esprit musical, un peu perdu depuis le milieu des seventies, fait d'une légèreté non exclusive de qualité. Des titres comme This Game Is Over et You'll Be Lonely Tonight, sur le premier disque, What Did You Do Today et Who Can I Tell, sur le deuxième, sont parfaitement représentatifs d'un ensemble qui est un peu l'équivalent américain et moins rock des Britanniques de Rockpile. (SP) 101 Ranch Records / http://www.theboxmasters.com THE BACKYARD DEViLS : Honkytonk Heartbreaker Ils viennent de Moncton, New Brunswick, et ont des patronymes bien français (Erik et Remi Arsenault, Christien Belliveau et Dillon Robicheau) mais c'est en Anglais que chantent ces Acadiens. Ils avaient produit en 2011 un premier CD éponyme qui avait assis leur réputation chez eux, avec un certain écho en Europe. En d'autres temps, on aurait mis sur leur musique l'étiquette de country punk, ou de punkgrass, un délicieux mélange de dirty country et de punkabilly. Si l'on rencontre chez eux des instruments comme la guitare à résonateur, le banjo, la lap steel et la mandoline (et même le violon sur un titre), ce qui s'explique par l'origine musicale des membres du groupes, il est à parier que Honkytonk Heartbreaker troublera la quiétude des collines du Kentucky, et ce n'est pas la reprise du classique des Stanley Brothers How Mountain Girls Can Love qui changera la donne. La voix râpeuse d'Erik (chanteur et compositeur principal) sent bon la poussière de la route, celle qui a fait croiser au groupe des randonneurs bizarres (Pack Your Bags), des briseuses de cœur (Honkytonk Heartbreaker), des cowboys (Cowboy) et des chauffeurs routiers (Truck Driver de Scott H. Biram, 2nde reprise du CD) Et puis il y a la religion avec Gospel et les pêcheurs de Bernie Mountain Sinners qui entrainent le quatuor dans une farandole infernale à la suite du banjo de Dillon. En résumé, on trouve ici tous les thèmes qui font la bonne country music, et constituent la trame d'un disque à haute énergie, rejouissant ! (SP) Distribution Plages Ltée, www.thebackyaddevils.com Le Cri du Coyote n°145 page 44 DiSQU'AiRS THE RUBBER KNiFE GANG : Broken Lines The Rubber Knife Gang est constitué de Hank, Willy et John. Hank est Henry Becker (guitare, banjo, basse et voix). Willy est Todd Wilson (mandoline, guitare, ukulélé et voix). John est John Oaks (contrebasse, guitare et voix). La liste des instruments laisse à penser que ces trois natifs de l'Ohio constituent un de ces combos old-time qui ont abondamment fleuri depuis une dizaine d'années mais, dès les premières notes, on se rend compte que cela n'est pas si simple et que le groupe a voulu décoller l'étiquette qu'on lui avait appliquée jusque-là. Il en résulte un joyeux désordre qui n'est qu'apparent car les morceaux s'enchainent parfaitement les uns aux autres, les cordes sonnent sans répit, les voix se répondent davantage qu'elles ne cherchent l'harmonie traditionnelle. Les mélodies sont belles et jamais ennuyeuses, les textes sont personnels et pleins de sens. Ces Broken Lines sont les lignes invisibles qui unissent mieux que jamais trois musiciens complices, des lignes qu'ils brisent (notamment celles qui faisaient qu'ils étaient rangés dans un seul genre) pour mieux les faire se rejoindre. Les sautillants Bringing Rain ou Gone Away, les ballades country Broken Lines ou Birds In Flight, les chansons folk Damn You December ou Someone Who Cares sont quelques-unes des promesses du trio, des portes ouvertes vers un avenir qui réservera encore de belles surprises. (SP) Indépendant / http://www.therubberknifegang.com RODNEY RiCE : Empty Pockets And A Troubled Mind Premier album d'un songwriter d'Austin qui se range dans la catégorie folk-country, et qui révèle un artiste qui n'a en rien l'air d'un débutant, tellement chacun des titres semble nourri de l'expérience de la vie. Rodney s'est fait les dents il y a plus de vingt ans, chez ses grands-parents, en écoutant Hank Williams, John Prine ou Bob Dylan. L'appel de la route et du travail l'a fait voyager de la péninsule Olympic aux Appalaches, de la Virginie occidentale au sud du Texas et ces pérégrinations ont inspiré la plupart des quatorze titres de l'album, qu'il a tous écrits. C'est le disque d'un artiste passionné et sincère, produit par le guitariste Andre Moran, avec également la présence remarquée de Mark Hallman. Quelques titres se détachent à l'écoute comme Break My Heart (avec Vaneesa Lively qui chante en duo), Hills Of Carolina (avec au violon Katy Rose Cox) et You Don't Know Me (avec Haydn Vitera au violon et Kim Deschamps à la pedal steel) ou encore l'électrique et bluesy One By One, mais l'album s'apprécie comme un tout, sans moment faible. (SP) Moody Spring Music / http://www.rodneyricemusic.com STEVE SPURGiN : Solo Flight J'avais présenté Steve Spurgin à l'occasion de la parution de Folk Remedies en 2012 (Le Cri #130), album qui mettait essentiellement en valeur son talent de songwriter. Pour Solo Flight, Steve, qui avait, jusque-là, surtout interprété son répertoire accompagné par des musiciens country ou bluegrass, a inversé la tendance puisque c'est seul qu'il chante ici quatorze titres dont dix reprises. Quelques airs connus comme Church Street Blues de Norman Blake (Steve réussit à s'éloigner à la fois de la version originale et de la version de Tony Rice), Darcy Farrow de Steve Gillette et Tom Campbell ou I Miss My Mary Tonight de Hal Ketchum, cohabitent avec d'autres qui le sont moins. Steve chante à la fois l'amour d'une femme (Evangelina de Hoyt Axton) et celui d'un tracteur (Sweet Allis Chalmers de Bill Caswell). Les compositions originales ne sont pas en reste, et Sing Me A Song About Home ou Strange sont parmi les meilleures de Steve Spurgin. Un homme, une guitare, de bonnes chansons, un enregistrement "studio live", tels sont les ingrédients de l'album. Quand résonnent les dernières notes de Lay This Old Guitar Down (de Chuck Pyle), on se dit que la recette est excellente et on n'a qu'une envie, celle que Steve Spurgin la reprenne vite (la guitare) pour un nouvel épisode de sa déjà longue carrière. (SP) Blue Night Records / http://www.spurginmusic.com Anciens numéros du Cri du Coyote : Offre spéciale vente groupée : 25 € les 5 numéros 45 € les 10 numéros - 60€ les 20 numéros ALTAN : The Widening Gyre Autour de la voix et du violon de Mairéad Ni Mhaonaigh, Altan a déjà une histoire de 35 ans. J'avais découvert le groupe en 1994 aux côtés de Dolly Parton dans un album live. Comme leurs ainés des Chieftains, outre le talent, ils possèdent un amour immodéré de la musique de leur verte Erin, qu'elle se pratique au pays ou ailleurs dans le monde. The Widening Gyre est un bel exemple d'ouverture à des artistes, américains pour la plupart, dont l'œuvre a forcément été influencée par les jigs, reels et ballades irlandais. Les patrons de Compass Records (Garry West à la coproduction et Alison Brown au banjo) sont omniprésents mais ils ne sont pas les seuls. Bruce Molsky (No Ash Will Burn), Mary-Chapin Carpenter (White Birds), Tim O'Brien (The House Carpenter aka Gypsy Davy), Eddi Reader (Far Beyond Carrickfinn) brillent tour à tour vocalement, mais on croise aussi, au fil des plages, Stuart Duncan, Kenny Malone, Todd Phillips, Jenee Fleenor, Natalie Haas, Darol Anger, Sam Bush, Jerry Douglas, Bryan Sutton, pour ne citer que les plus connus. La voix de Mairéad brille particulièrement (Cúirt Robin Finley) et son violon, associé à celui de Ciaran Tourish ou d'un autre partenaire, est toujours une invitation au rêve et au voyage. Bouzouki, guitares, sifflets et accordéon se répondent sans répit et, pour qui n'en serait pas convaincu, Lurgy Streams, le seul titre du disque sans invité, est un véritable ilot de beauté qui demontre que les membres d'Altan (Mairéad Ni Mhaonaigh, Ciarán Curran, Ciaran Tourish, Dháiti Sproule, Mark Kelly, Martin Tourish) font mieux et plus qu'additionner leurs talents. (SP) Compass Records / http://www.altan.ie DAN FRECHETTE & LAUREL THOMSEN : New Disguise Dan Frechette, auteur-compositeur et interprète plus que prolifique (des centaines de chansons en réserve et une dizaine d'albums publiés en 2012), basé à Winnipeg, et Laurel Thomsen, violoniste californienne de formation classique, ont eu l'un pour l'autre un coup de foudre musical (qui plus tard s'est transformé en histoire d'amour) par l'intermédiaire de YouTube. Ils ont dès lors collaboré par internet avant d'organiser une tournée commune en Californie qui débuta le lendemain de leur première rencontre. Après un premier album intitulé simplement Dan & Laurel (2013) sans autres voix ni instruments que les leurs, ils récidivent avec New Disguise qui confirme leur complémentarité aussi bien que leur talent. Les deux chantent, Dan est à la guitare acoustique et à l'harmonica, Laurel caresse de son archet violon et viola, et ils sont cette fois-ci joints par quelques accompagnateurs, notamment la basse de Tracy Parker, la batterie de Jimmy Norris et la lap steel de Patti Maxine. Sept compositions de Dan et cinq co-écritures sont au programme. Les influences vont du folk (A New Song Of Beauty) au jazz (Sure Fire Way Of Taking) en passant par le folk médiéval (l'instrumental Tales From The Labyrinth) avec çà et là une touche de blues, de rock, de musique de chambre (Ghost Lovers Waltz) ou de bluegrass. Les deux voix sont parfaitement en accord, les cordes de Laurel, tour à tour toniques et sensuelles, se marient à merveille avec celles de Dan. Que demander de plus ? (SP) Indépendant / http://www.danandlaurel.ca CAROLiNE SPENCE : Somehow À vingt-cinq ans, avec son charmant minois parsemé de taches de rousseur, Caroline Spence, native de Virginie, en parait à peine vingt. Mais que l'on ne s'y trompe pas, si cette apparence donne une idée de la fraicheur musicale de Somehow, premier LP de Caroline (elle a, en 2013, publié un EP intitulé You Know The Feeling) elle ne laisse pas présager de la grande maturité des compositions. Les treize titres qui composent l'album portent tous sa signature et font espérer pour la demoiselle un avenir radieux ; sa voix sensible et inspirée en est le parfait véhicule, dans un registre qui parcourt les chemins qui mènent du folk à l'americana avec quelques incursions dans le rock. Que ce soit avec le délicat Last Call ou avec le morceau le plus rock de l'album, Kissing Ain't The Same As Talking, pour ne citer que deux des titres forts, Caroline Spence semble toujours comme chez elle, accompagnée d'une belle bande de musiciens de Nashville. À noter la présence vocale sur le dernier titre (Bless Your Heart) d'Andrew Combs, autre artiste en devenir. (SP) Le Cri du Coyote n°145 page 45 Indépendant / http://www.carolinespencemusic.com DiSQU'AiRS SURFER JOE : Senor Surf Lorenzo Valdambrini, guitariste allemand d’ascendance italienne, a choisi le titre du morceau des Surfaris comme pseudonyme. On retrouve chez lui les deux influences habituelles du surf rock actuel : Dick Dale (Macaroni pie, The North swell, Cavalcade of surf) et les Ventures. Les morceaux sont, en majorité, musclés ou enlevés, parfois sautillants (El senor surf, Surfer Joe étage 8). Il y a, quand même, deux ballades medium (Underwater love, Changing things). De quoi donner envie de ressortir les planches avant l’été. Green Cookie GC 036, Lorenzo Valdambrini Siedlungstrasse 5, o2627 Radibor (Al) Les dernières parutions de la marque de surf instrumental N°1, Double Crown, inspirent deux réflexions. D’abord, cette musique n’échappe pas à la mondialisation : un groupe américain, certes, mais aussi un italien, un finnois et un serbe (Tito va en faire des bonds dans sa tombe !). Ensuite, on s’aperçoit que les recettes classiques marchent encore : comme au bon vieux temps du vinyle, on trouve maintenant des CD 2 titres (= les simples), 4 titres (= les super 45t de notre jeunesse), 8 ou 10 titres (= les 33t 25 cm), 12 titres ou plus (les albums 30 cm). C’est bien dans les vieilles marmites qu’on fait la meilleure soupe. THE MADEiRA : Sonic Cataclysm Il s’agit du sixième et copieux (20 titres) CD de ce groupe du Michigan formé par Dane Carter (bat), Ivan Pongracic (gtr sol), Patrick J O’Connor (gtr rtm), Todd Fortier (bs), enregistré en public début décembre 2013 lors de leurs passages à la Historic Melody Inn d'Indianapolis, Indiana. Le groupe reprend une majorité de compositions déjà enregistrées en studio, y ajoutant quelques inédits, dont une convaincante reprise du Night rider de Dick Dale, une de leurs influences majeures avec les Ventures. Ce sont, d'ailleurs, pour les morceaux de ce dernier style, comme Tribal fury, Surf fidelis, que j’ai un faible. Comme ils se rendent en Gérard HERZHAFT 04-72-33-45-89 Concert & Conférences : Country Music-Blues-Cajun-Folk Song www.gerardherzhaft.com - http://jukegh.blogspot.com SURFiN' USA (ET AiLLEURS) studio en gros tous les deux ans, il suffira d’avoir un peu de patience pour leur prochain album. Double Crown DCCD 54 THREESOME : Threesome Après un 3 titres pour Supersizeshe (2010) un CD complet pour Double Crown (2011), le trio serbe Uro Milkić (gtr), Jovana Petrović (bat), Petar ivić (bss) sort un 4 titres, histoire de promouvoir une tournée sur la côte ouest américaine cet été. Hydro active desert, Combo swell, No pain no gain, Tellurion, sont nantis d’une guitare souvent frémissante, une basse vrombissante et les roulements de batterie évoquent les rouleaux de la grande bleue. Du surf instrumental comme on l’aime. Double Crown DCCD 56 THE SHOCKWAVE ! : Contact From Space Ce quatuor finnois, formé en février 2010 par Jari Jousimo (gtr sol), a troqué, après un CD sur Goofin en 2011, la guitare rythmique pour un orgue en 2013. Pour une fois, ça marche globalement, l’instrument se mariant correctement aux autres sur une majorité de morceaux, y compris les reprises des titres variété She bop (Cindy Lauper) et Take on me (A-Ah), devenus des surf rocks corrects. En revanche, sur les 3 titres où l’orgue tient la place prépondérante (Contact, 5th floor, Nightwalker), la musique verse carrément dans la variété. On leur préférera ceux plus Ventures, ou l’ambiance western de Suon kulkija. A noter que les titres 8 et 9 ont été inversés dans la liste au dos de pochette. Double Crown DCCD 58 REVERBERATi : Combat Surf Ce quatuor italien, aujourdhui dissout, a eu une brève existence et ce CD est la réédition de l’original, sorti confidentiellement en 2012. C’est une bonne idée, car tous les titres sont de bons surfs rocks, avec une pointe de twist sur Reverbero twist, de wes- THE BAKERSFiELD BREAKERS : In The Studio With Ce trio instrumental, composé de Keith Yaun (gtr), John Hamilton (bss) et John DiGiulio (bat) pourrait paraître culotté d’associer surf et son de Bakersfield, alors qu’ils sont newyorkais. Mais l’idée n’est pas aussi saugrenue que ça, le lien avec New York étant le passage de Buck Owens au Carnegie Hall, qui a engendré une album éponyme, celui entre les deux musiques étant la Telecaster musclée qui est ici assez inventive, arrivant à mêler plusieurs influences sur le même morceau. Du coup, nous avons droit à du son Bakersfield musclé, sous forme de ballade ou en valse, comme Lonely Waltz, qui semble basée sur The Tennessee waltz, des ballades à la Ventures/ Shadows, du rockin surf (superbe reprise de The wedge de Dick Dale). Je confesse un faible pour la superbe version de la ballade honky tonk Just holding your hand, chantée par Becky Bliss en fin de CD. Vraiment du beau boulot. auto ss N° / 245 W 104 Street New York NY 10025 tern spaghetti sur Zarko, ou avec des sonorités Shadows/ Ventures (Fishbone, The grand duel). La guitare est assez inventive, la batterie énergique. Dommage que ce soit leur unique parution. Double Crown DCCD 59 THE FABULOUS STiNGRAYS : New Cuban Graffiti Certains artistes pondent des CD aussi vite que les poules, d’autres se hâtent lentement. C’est le cas de Doug Waite, le guitariste canadien qui est les Fabulous Stingrays instrumentaux, tout en animant aussi les Ramblin Ambassadors. On a attendu 9 ans entre The Lost Surf Tapes et ce deuxième CD. Il est très Ventures teinté de latino, avec beaucoup de ballades. Les meilleures sont The green cathedral, Take me to your leader et Havana heat wave. Espérons un délai plus court dici au prochain. Donut Train ss N° / 8032 33rd Avenue NW, Calgary, Alberta T3B iL7 (Canada) Bernard BOYAT MiKKi DANiEL : Gotta Be A Cowgirl MiKKI DANiEL : Cowgirl Swing SWiNGiNG Cette jeune et mignonne Texane Mikki est déjà plus mûre musimulti instrumentiste, remarquable iN THE RAiN calement sur ce deuxième album compositrice, vraie cow-girl, puisqu’elle et son choix s’est affiné, car il ne comporte vit dans un ranch, n’a que 18 ans. Elle en que des chansons cow-boy (superbe relecavait 16 lorsqu’elle a enregistré ce CD en ture de Streets of Laredo avec Leave the 2013, âge plus propice à chanter de la cards alone), du swing grand orchestre, country variété que les genres musicaux parfois un peu cabaret à la Julie London, qu’elle affectionne, le western swing et les du western swing, avec des compositions chansons cow-boy. Elle semble, d’ailleurs, remarquables, comme She should be me, qui mêle western swing, un peu hésiter sur les choix à faire sur ce premier opus, oscillant ragtime, teen, She could ride, enlevé et yodlé, I met Jesus in Texas, entre une très belle version quasi a cappella de How great Thou Girl from Kentucky un peu teen, ou une excellente reprise de It's a art, ballades cow-boy, western swing (excellents I've just gotta be a sin to tell a lie, en duo avec Dave Alkexander. Constatant qu’elle cowgirl, Texas kerosene, Rideem cowgirl) et morceaux plus country a changé de musiciens, tous très bons, entre les deux albums, je moderne. De tels débuts sont, néanmoins, riches de promesses et me permettrai de lui conseiller de constituer un groupe stable, c’est elle représente l’avenir du western swing. Si le milieu musical n’était plus facile pour perdurer. En ce cas, ce ne sera plus "perseverare pas aussi perverti par le fric, elle serait en tête des hit-parades. diabolicum est", mais "perseverare angelicum". (BB) Musikode MR 1011 / 606 N Interurban Street, Richardson TX 75081 (BB) Musikode MR 1009 / 606 N Interurban Street, Richardson TX 75081 Discographies : Johnny & Dorsey BURNETTE Marc ALÉSiNA & Gilles ViGNAL http://burnettebrothers.user.fr Le Cri du Coyote n°145 page 46 http://texashighway.free.fr Texas Highway Radio 24h/24 (Georges Carrier) DiSQU'AiRS DONNA ULiSSE : The Songwriter In Me The Demo Recordings/ Snapshots Of My Creative Process Donna Ulisse possède une des grandes voix du bluegrass mais aussi un talent d'écriture de plus en plus reconnu (Claire Lynch, Larry Stephenson, Darin & Brooke Aldridge, Nu-Blu, Doyle Lawson & Quicksilver, Diana Jones, Louise Mosrie et The Del McCoury Band peuvent en témoigner). Elle a voulu présenter cet aspect de sa personnalité au moyen d'un livre à vocation pédagogique sur le processus d'écriture et de coécriture tel qu'elle le conçoit. Un an plus tard, elle publie un disque compagnon, parfaite bande son de cet ouvrage. Les vingt-quatre titres utilisés comme exemples dans le livre ont été (ré)enregistrés dans une version dépouillée : juste Donna, un guitariste (au choix Glen Duncan, Kenny Smith, Tony King, Bryan Sutton ou Rick Stanley), un banjo sur deux titres, un violon sur deux autres (Glen Duncan dans tous les cas) et la voix de Rick Stanley (son "honey" comme elle le nomme) pour un solo sur un titre (The Man That I Am) et des harmonies sur la plupart des autres. C'est frais, c'est beau, c'est l'occasion de découvrir des nouveaux titres (Papa's Garden, Come To Jesus Moment, I'm In For A Long Ride…) et des plus anciens dans une nouvelle version, c'est Donna Ulisse, tout simplement. (SP) Hadley Music Group / http://www.donnaulisse.com TEXAS MARTHA AND THE HOUSE OF TWANG : Long Way From Home Texas Martha alias Marty Fields Galloway porte son état de cœur dans son pseudonyme mais ses origines familiales et musicales (chanteurs, musiciens et luthiers) se situent du côté des Appalaches (Kentucky et Virginie occidentale). Elle s'est établie une partie de l'année à Bordeaux et travaille sur un projet bluegrass avec Manu Bertrand. En attendant, elle propose Long Way From Home avec son groupe français House Of Twang : Serge Samyn (basse et violon basse, également du projet bluegrass), Lionel "Yoyo" Duhaupas (pedal steel et guitare électrique), Hervé Chiquet (batterie). Dès l'intro de Born To Boogie, on comprend que cette "Texas troubadour" a mis une bonne dose de rock(abilly) dans son songwriting, et cela se confirme avec Take You Down. Au nom de l'alternance, suivent deux ballades, le morceau titre, qui démarre comme un folk et finit comme un rock, et le sentimental Lover's Lane, et c'est ainsi tout au long du reste de l'album. Toutes les recettes du bon rock sudiste sont présentes, sans les tics et les clichés, et cela est sans doute dû à la fraicheur et à l'enthousiasme des musiciens qui semblent vraiment se régaler, notamment Lionel Duhaupas avec sa pedal steel endiablée. Le titre Streets Of Bordeaux, avec quelques paroles en français, mérite d'être signalé, Johanna, où la voix sensible de la chanteuse est soulignée par l'harmonica de Christophe Dupeu, est particulièrement réussi, mais c'est l'ensemble du disque qui séduit par sa qualité, tant d'écriture que d'interprétation. Au cours de son voyage musical, Texas Martha a déjà conquis le public de quelques scènes européennes (dont le Country Rendez-Vous de Craponne). Gageons que ce n'est qu'un début. (SP) Indépendant / http://www.texasmartha.com JiMMY LaFAVE : The Night Tribe Depending On The Distance, le précédent album original de Jimmy LaFave, était et reste mon album favori de l'an 2012. The Night Tribe figurera indubitablement tout en haut de mon palmarès 2015. Des notes qui introduisent The Beauty Of You à celles qui concluent The Roads Of The Earth, le songwriter texan, adopté par l'Oklahoma de Woody Guthrie, confirme son statut de géant. Sa voix et ses compositions sont identifiables entre mille. Même lorsqu'il se risque à une reprise, il y ajoute sa touche personnelle et la chanson devient sienne. C'est vrai ici pour Queen Jane Approximately (Jimmy LaFave est l'un des meilleurs interprètes de Maître Bob) mais plus encore pour Journey Through The Past de Neil Young, que l'on peine à reconnaitre à la première écoute. Les claviers de Radoslav Lorkovic, les guitares électriques d'Anthony da Costa (enfant prodige du songwriting), Larry Wilson et Garrett Lebeau évoquent les grands jours de Garth Hudson, Robbie Robertson et leur Band. Talk To An Angel, Never Came Back To Memphis ou Dust Bowl Okies sont quelques autres moments forts d'un disque d'une grande élégance et d'un très haut niveau. Indispensable ! (SP) Music Road Records / http://www.jimmylafave.com HEY MAViS : What I Did Le troisième album de Hey Mavis confirme tout le bien qu'on pouvait penser du quatuor devenu trio. Si Brent Kirby ne fait plus partie du groupe (il a néanmoins coécrit plus de la moitié des titres et joue de la guitare sur deux d'entre eux), Lauren Michelle Caner (banjo et chant), Eddie Caner (violon et viola) et Bryan Thomas (basse et percussion) font preuve d'une superbe maitrise et d'un talent qui murit de disque en disque. La production est assurée par Adam Aijala (guitariste de Yonder Mountain String Band), Don Nixon, que l'on ne présente plus, s'est occupé de l'enregistrement et du mixage et Chuck Auerbach (Black Keys) a écrit le texte du morceau titre. Lauren, qui chante de mieux en mieux, se taille par ailleurs la part de la lionne pour l'écriture des chansons qui naviguent avec une sûre élégance entre folk et bluegrass, jazz et rock. Avec l'aide des guitares d'Aijala, Dixon et Kirby, les batteries de Mark Gonder et J.J. Juliano, Hey Mavis nous propose un album original, avec un côté universel, et une musique qui refuse de se figer dans un style ou même dans une époque et cela n'est pas le moindre de leurs talents. (SP) Indépendant / http://www.heymavis.com DANNY SCHMiDT : Owls Owls est le septième album studio de Danny Schmidt. Si l'on ajoute son premier enregistrement (un live datant de 1999) et For Keeps, disque en duo avec son épouse Carrie Elkin (2014), on a déjà une œuvre plus que consistante et dont la qualité se situe toujours largement au-dessus de la moyenne. Danny écrit des chansons sur des mélodies qui accrochent rapidement mais avec des richesses cachées et des subtilités qui se laissent découvrir petit à petit. Les textes ne sont pas en reste, à la fois poétiques et accessibles, souvent empreints, sur cet album, d'une forme de mysticisme. Le simple énoncé des titres est tout un programme Girl With Lantern Eyes, Soon The Earth Shall Swallow, Faith Will Always Arise, Cry On The Flowers… On peut mesurer l'évolution de l'artiste tout au long de ces quinze dernières années et du chemin qui l'a mené de Charlottesville, Virginie, à Austin, Texas, où il est désormais établi. Si Danny est un remarquable performer qui se produit le plus souvent seul sur scène, il sait, sur disque s'entourer des meilleurs comme, ici, David Goodrich, également producteur, Lloyd Maines, Andrew Pressman ou Mike Meadows. Un must-have, comme d’habitude. (SP) Live Once Records / http://www.dannyschmidt.com GURF MORLiX : Eatin' At Me Gurf Morlix est comme un vieil ami. Il fait partie du paysage depuis longtemps, on n'a pas besoin de l'entendre tous les jours mais, à chaque fois qu'on l'écoute, c'est comme si on l'avait quitté la veille. Il continue au fil des ans à mener une carrière de producteur et de musicien qui lui vaut le respect de tous ceux, nombreux, avec qui il a travaillé. De temps à autre, Gurf sort ses chansons du tiroir, se munit de sa panoplie d'instruments, convoque le fidèle Rick Richards armé de sa batterie et enregistre un disque. Eatin' At Me ne déroge pas au rituel, il comporte dix nouvelles compositions (dont l'autobiographique Born In Luckawanna) et Gurf a presque tout fait. En plus de Rick Richards sont présents Ray Bonneville (harmonica), Gene Elders (violon) et Patterson Barrett (B3). Dès Dirty Old Buffalo, on sait que ce sera un disque sans surprise et sans déception, et surtout sans fioriture inutile, à l'image de l'homme et du musicien. C'est un album rassurant, comme un repère que Gurf Morlix a placé au bord de son itinéraire musical afin de mesurer le chemin parcouru par les uns et les autres. (SP) Rootball Records / http://www.gurfmorlix.com Pensez à citer (et recommander) Le Cri du Coyote quand vous contactez un correspondant. Merci ! C'est le meilleur moyen de faire connaître le fanzine et l'aider à continuer sa publication ! Le Le Cri du Coyote n°145 page 47 du Coyote DiSQU'AiRS KRiSTiN ANDREASSEN : Gondolier Cette chanteuse, guitariste et danseuse, s'était fait connaître il y a une dizaine d'années avec deux groupes féminins un peu oubliés, Uncle Earl et Sometymes Why, publiant à la même époque son premier album solo, Kiss Me Hello. Si elle n'a pas été oisive depuis, diversifiant ses activités, Gondolier n'est que son second opus en solo. Elle a composé les dix titres, s'est entourée d'un belle bande de jeunes et talentueux musiciens parmi lesquels les Punch Brothers Chris Eldridge (guitare) et Paul Kowert (basse), l'étonnant Rushad Eggleston (violoncelle) mais aussi ses partenaires de Sometymes Why, Ruth Ungar Merenda et Aoife O'Donovan aux harmonies. Le résultat est un album riche qui fait cohabiter les racines traditionnelles et les influences modernes, aussi bien rurales qu'urbaines. Les arrangements sont parfois simples, comme pour Some Do, ou plus complexes, avec notamment des instruments à vent (flûte et clarinettes) joués par Alec Fliegelman (The Fish And The Sea, Azalea). Kristin s'est ici éloignée du son des string bands auquel elle nous avait habitués, s'aventurant vers le rock (Lookout) ou même le jazz (How The Water Walks), alors que Simmon revêt des couleurs country par la magie du violon de Stephanie Coleman. Rien n'est immédiatement accrocheur, mais Gondolier révèle petit à petit ses richesses à qui sait prendre le temps de se poser pour écouter vraiment. (SP) Indépendant / http://www.kristinandreassen.com THE PiNE HiLL PROJECT : Tomorrow You're Going Lucy Kaplansky et Richard Shindell collaborent depuis longtemps, chacun étant invité sur quasiment tous les albums de l'autre. Ils ont également enregistré ensemble, en 1998, avec Dar Williams, sous le nom de Cry Cry Cry. Tomorrow You're Going est leur premier disque en duo qui a bénéficié d'un financement participatif enthousiaste. La recette est la même que pour Cry Cry Cry, essentiellement des reprises : Greg Brown, U2, Little Feat, Gillian Welch, Dave Carter, David Halley sont notamment au programme. Il y a aussi une paire de standards : Making Plans et I Know You Rider. La production est confiée à Larry Campbell par ailleurs multiinstrumentiste. Tout les ingrédients sont là pour que cet album soit une réussite mais je ne peux m'empêcher d'éprouver une légère déception, sans doute parce que je m'attendais à autre chose eu égard à la qualité des albums solo des deux partenaires. Il n'y a rien à dire sur le plan vocal, mais c'est peut-être l'utilisation dominante, quoique sobre, de guitares électriques et une batterie mixée trop en avant qui me gênent, à moins que ce ne soit l'absence de compositions de Richard. Je ne ferai cependant pas la fine bouche. Il y a de beaux moments comme Open Book (Elizabeth Ziman) et Such Sweet Angels (Glenn Patscha). Farewell To St. Dolores (Dave Carter) et Rain Just Falls (David Halley) restent de grandes compositions, interprétées de manière sensible, mais tout n'est pas du même tonneau. (SP) Signature Sounds / http://www.thepinehillproject.com DAN WEBER : What I'm Lookin' For J'avais été impressionné par son 1er CD, Ash And Bone, publié en 2012. Ce songwriter originaire de Rochester, NY, avait pas mal roulé sa bosse avait de commencer à se produire à 40 ans et de gagner rapidement une certaine notoriété grâce à ses performances scéniques. Ce deuxième disque est copieux (14 titres et 55') au livret épais avec textes, présentation de chaque morceau et beaucoup d'autres informations. En bref, il s'agit presque d'un objet de luxe, à un prix abordable. Copieux pourrait signifier indigeste, mais cela n'est jamais le cas tant la qualité de l'ensemble est constante. L'album commence par Oh Woody, où brille le banjo de Tony Furtado, et ce titre est une indication sur les sources d'inspiration de Dan. Ramblin' Jack Elliott a d'ailleurs été un des premiers à reconnaître son talent. Dan Weber cite aussi Ian Tyson, Chuck Pyle ou David Olney parmi ses modèles et des compositions comme Do You Ride Horses, Separate Ways (un titre à la tonalité différente avec le piano de Jean-Pierre Garau) ou Pretty Good Tonight (bal- DARRELL SCOTT : 10 Songs Of Ben Bullington Je suis un admirateur inconditionnel de Darrell Scott depuis des années et j’étais curieux d’écouter ce CD de reprises un peu particulières de Ben Bullington, médecin et songwriter que je ne connaissais pas. Au moment où j’écris ces lignes, c’est une énorme émotion qui s’empare de moi car l’histoire de l'album est très particulière. Tout commence par la rencontre de deux pères divorcés avec leurs enfants, non loin du parc de Yellowstone. L’un est médecin et songwriter à ses heures perdues, Ben Bullington et l’autre est Darrell Scott, auteur-compositeur-interprète et multi-instrumentiste que tout lecteur assidu du Cri connaît depuis longtemps. Un an avant sa mort et se sachant condamné (il était médecin), Ben Bullington réunit quelques pointures de Nashville dont Rodney Crowell et c’est à cette occasion que Darrell Scott découvre ses talents d’auteur. Trois mois avant sa mort, Darrell envoie des chansons enregistrées sur son iPhone à Ben afin qu’il puisse apprécier ses propres mots chantés par un autre. Cet album est le témoignage de l’amitié profonde qui unissait Darrell et Ben. La magie ne pouvait qu’opérer entre le talent de Scott et celui de Bullington. Il a été enregistré en Louisiane, dans le studio de Dirk Powell, sans fioritures, avec un accompagnement tout en retenue (guitare, piano ou banjo) et la voix de Darrell Scott, en solo. L’émotion est au rendez-vous tout au long des 10 chansons dont une enregistrée avec le public (Country Music, I’m talking to you), un clin d’oeil humoristique à la “country music” actuelle. Et non, ce disque n’est pas triste, il est juste le testament musical d’un auteur talentueux, sans doute parti trop tôt mais qui, grâce à Darrell connait dorénavant une exposition internationale et largement méritée. Indispensable à tout amoureux de la musique américaine dans ce qu’elle a de plus magique. (PO) lade country avec la pedal steel de Paul Brainard) montrent qu'il porte bien le flambeau transmis par ces prestigieux songwriters. Et puis il y a, en titre bonus, (I Deal With) Crazy All Day, son morceau de bravoure sur scène, qui permet de comprendre le succès grandissant de l'artiste. What I'm Lookin' For est un moment d'americana, à la fois solide et inspiré, de la bien belle ouvrage. (SP) Highway 142 Music / http://www.danwebermusic.com MARTiN KAPLAN : The Dlow Down" Il pose avec sa guitare au milieu d'une bibliothèque et, quand il ne joue pas, cultive des avocats bios et des mandarines. Il serait néanmoins hâtif et regrettable d'en conclure que ce songwriter californien n'est qu'un intello bobo. Après avoir écumé scènes et groupes divers pendant 25 ans, il vient de réaliser son premier album solo dans une veine country alternative. Pour se faire, il s'est entouré de musiciens de studio de Los Angeles et le résultat est séduisant, à la fois acoustique et apaisant sans jamais frôler la niaiserie ou ce coté parfois apprêté que peuvent revêtir de telles entreprises. Slow down signifiant "ralentissement", vous aviez deviné que la croissance à tout prix ne fait pas partie de son vocabulaire et que les thèmes lorgnent plus du coté de l'écologie et de la sagesse que des dollars et des grosses cylindrées. Il parle de ses parents avec une belle partie de guitare électrique (Mom & Dad), de Paris où elle l'a emmené et du fait que l'on peut vivre heureux avec juste le nécessaire. A mettre sur l'étagère aux cotés d'un Ian Matthew avec une voix grave ou d'un Tom McRae ensoleillée. Merci à Peter Holmstedt (qui s'occupe de la promotion de nombreux musiciens avec son label Hemifran) de nous faire découvrir cet artiste. (CL) www.martinkaplanmusic.com MATT LAX AND NEARLY BELOVED : This House Of Mine Le quatuor est constitué de Matt Lax, le leader chanteur qui écrit tout, et les trois accompagnateurs qui répondent au nom ironique des "presque chéris". Musique paisible avec guitare acoustique, mandoline, banjo old-time et contrebasse. Ce 3ème CD du groupe est abouti et il y a beaucoup de finesse dans les arrangements de ces chansons majoritairement douces et propices aux confidences, la voix de Matt se rapprochant de celle de James Taylor. On entend le banjo sur My soul's intention, un invité à la flute sur Astronauts and fisherman, une voix féminine soul sur It just happens et des belles parties de guitare picking sur la plupart des titres. (CL) www.nearlybeloved.com Le Cri du Coyote n°145 page 48 DiSQU'AiRS KiNG OF THE TRAMPS : Joyful Noise Ce groupe de blues-rock peut vous faire gagner un pari stupide mais toujours rigolo consistant à faire croire à un ami musicologue qu'il s'agit d'une session entre Lynyrd Skynyrd et Mick Jagger des Stones période Exile. Vous pouvez perdre mais au moins, vous avez une idée assez juste de l'énergie et du groove que diffuse ce quintet de l'Iowa sur ce troisième CD ainsi que de la voix du chanteur, évidemment. Le chant, deux guitares acérées jouant par moment en twin solos ou en slide, un clavier et la section rythmique basse + batterie de bon aloi pour permettre à l'ensemble de swinguer dans la lignée des Allman brothers ou des plus récents Achille's Wheels. Wheather ouvre l'album avec puissance, Wandering Kind est plus roots et se rapproche que l'hymne qu'on a envie de faire partager (et hurler, selon l'humeur) et Joyful Noise termine le job comme pouvait le faire Honky Tonk Woman ! Le fait qu'ils décrivent leur musique comme du "Whiskey Gospel" est un indice prometteur et non usurpé. (CL) www.kingofthetramps.com ALL DAY SUCKER : Denim Days Peu flatteur ce libellé de leur nom (Connard à temps plein), mais on leur donne illico la palme d'une indéniable capacité à l'autodérision. On précise pour le fan de Stevie Wonder qu'il n'y a pas de rapport avec son titre tiré du Songs In The Key Of Life. Bref, ce quintet sort son 3ème et envoie un poprock réjouissant et mélodique. Ils ont écumé la Californie, ce qui n'est pas illogique pour des gars de L.A. Ils ont eu l'occasion de faire le boeuf avec les Red Hot Chili Peppers et les Black Crowes et ce n'est sûrement pas un hasard, pas plus que les premières parties assurées pour Maroon 5. Leurs harmonies vocales visiblement léguées par les Beach Boys (côte Ouest oblige) se mélangent avec savoir-faire à quelques sons électroniques plus modernes et le résultat enthousiasmant séduira les fans de rock dansant aux mélodies positivement entêtantes. Leur idée de poser sur la pochette en apesanteur au-dessus d'une trampoline donne une clé qui donne envie de pousser la porte… (CL) www.alldaysucker.net THE WESTiES : West Side Stories Si Michael McDermott (auteur compositeur leader et chanteur) a beaucoup écouté Springsteen, ce n'est pas ce qui a rendu son timbre de voix aussi prenant, ni ce qui lui permet de dégager un tel magnétisme sur ses chansons. Attention, cela ne veut pas dire qu'on se noie dans les affres d'une insondable tristesse, il se trouve juste que sa musique réussi à véhiculer une émotion réelle et c'est l'essentiel. Le groupe qui l'entoure le fait avec la compétence qu'il faut pour le mettre en valeur en restant dans l'ombre, soit la définition parfaite du backing band. En plus de jouer du violon, la deuxième voix de Heather Horton rappelle les harmonies d'Emmylou Harris sur Desire (Dylan pour les plus jeunes). Il parle de trains, de perte et de regrets, d'espoir et de rédemption. Il pourrait chanter l'annuaire de Buis-les-Baronnies que le résultat resterait le même. Heureusement, il a des idées de chansons, ça lui évitera de vraiment lire l'annuaire ! (CL) www.westiesmusic.com ViCTOR &PENNY AND THEiR LOOSE CHANGE ORCHESTRA : Live Basés autour du duo de Erin "Penny" McGrane (voix & ukulele) et Jeff "Victor" Frelin (voix & guitare), il y a Rick Willoughby à la contrebasse pour ancrer la rythmique et James Isaac à la clarinette virtuose. C'est le classique de Cole Porter qui ouvre le CD, You'd be so nice to come home to chanté par Jeff sur un rythme frétillant suivi par Dirt dishin' daisy où j'aime bien la manière languissante d'Erin de prononcer She says bla bla bla tandis que les arabesques de clarinette remplissent l'espace de manière mesurée tout en cédant la place au solo de guitare jazzy et à un joli break de contrebasse. On a en tête les groupes de la mouvance du Hot Club of Cowtown qui rapprochait swing et musique acoustique et on apprécie ici la touche apportée par la clarinette dans la palette sonore RiCHiE FURAY : Hand in Hand Le premier titre, We were the dreamers, est à la fois une déclaration d'amour et la quintessence de ce style de country-rock créé au début des années 70. C'était à la croisée des chemins entre l'explosion de la pop-music, du rock'n roll et, sur cette côte ouest d'il y a quarante ans, la fusion avec la musique folk et le bluegrass dont les précurseurs s'appelaient Buffalo Springfield, Poco, Flying Burrito Brothers auprès desquels on citera les Eagles et le Grateful Dead pour donner deux noms connus du grand public. Les titres de cet album auraient d'ailleurs pu sortir à l'époque tellement ils portent la marque de fabrique et la vision des arrangements de Richie. Deux composantes principales que l'on ressent à l'écoute de cet album sont la nostalgie et l'indécrottable foi en l'avenir de la part de ce jeune homme de 70 ans qui pousse la coquetterie à mettre sur la pochette une photo de lui datant de sa jeunesse avec une coupe de cheveux à la Byrd (ou à la Beatles, c'est selon). "We were kids having fun, making rock'n roll music with country guitars" est une bien belle confession de foi et une authentique réalité. Son timbre de voix et son inimitable style d'harmonies vocales auraient toutes pu figurer sur Crazy Eyes à l'époque où, juste avant de quitter Poco, il y faisait office de patriarche. C'est étonnant sur Hand in hand et Don't tread on me, entre autres. On découvre des notes de mandoline et de violon sur Wind of change, des syncopes électriques sur Some day et un peu de romantisme et de pedal-steel sur Love at first sight. Je mentionne les 3 reprises en fin de CD : Kind woman avec deux invités de marque (Neil Young et Kenny Loggins), une version live de A good feeling to know qui apporte la confirmation qu'il est en pleine forme et une version bonus de Love at first sight avec Jesse Furay Lynch, sa plus jeune fille. Merci Richie pour ce retour réussi qui ne sent pas le coup de marketing mais qui force l'admiration ! (CL) www.richiefuray.com de ces vieux airs repris avec le sourire. Saluons la performance d'avoir tout enregistré live à Kansas City (Missouri), en songeant à la pression à assumer pour ne pas en avoir les ailes coupées, le petit bras et le trouillomètre au max. En témoignent l'aisance des échanges de solos sur East St-Louis, les harmonies de l'inusable If it ain't love, le rapide Indiscreet ou le magistral A smile will go a long long way. Et en plus, il y a les cris du public ! (CL) victorandpenny.com CALEXiCO : Edge Of The Sun La polémique de savoir si ce sont eux ou pas qui ont lancé le terme d'Americana me laisse de marbre mais là n'est pas le sujet. Découvrons le neuvième CD que ce groupe mythique de Tulsa vient de sortir depuis 1990. Une de leurs constantes est bien de réussir à faire le grand écart entre musique californienne et mexicaine, entre pop-rock électrique et instrumentaux du Rio Grande incluant accordéon et trompettes mariachis. C'est le cas sur ou Cumbia de donde ou l'instrumental Coyoacan. Suivent Miles from the sea qui mêle cuivres, nappes de violons, de steel et de chœurs, When angels played, belle balade proche de la country, Beneath the city of dreams qui se la joue ska tandis que Moon never rises a un rythme reggae et une voix féminine à la Vanessa Paradis. Ma préférée pourrait bien être World undone pour son groove Maison Tellier et sa voix sépulcrale ou Woodshed waltz et sa lead à la Crowded House ou encore Falling from the sky qui évoque l'esprit de R.E.M. C'est une gageure de chroniquer un tel groupe qui, avec autant d'influences et de sonorités, réussit malgré tout à garder une cohérence. Cet album est comme un bon vin, il faut le découvrir en prenant son temps. (CL) www.casadecalexico.com PAUL MAC BONViN : Brothers Mes biens chers frères, pas de BoogieWoogie ici, mais la tentation de s’aventurer sur les terres du blues et de la country par le biais du Français. Une fois n’est pas coutume : exit le patois ! Sept titres sur onze composés par Paul rendent hommage à son éternelle fiancée, au frère disparu, aux anciens et à tous ceux qui -comme Théo- se battent pour survivre. C’est du Paul Mac fait maison... Quand il n’est pas sur la route toute la sainte journée, il aime prendre de la hauteur en "montant au Mayen", ce chalet où seuls la famille et les vrais amis sont les bienvenus. De là-haut, il confie ses états d’âme à sa guitare et fredonne en français selon l’inspiration, avec le Valais de cœur comme atout. Mais le clan Mac Le Cri du Coyote n°145 page 49 DiSQU'AiRS Bonvin n’est jamais loin: ce 13ème CD en est la preuve. Le livret permet de feuilleter en musique l’album-photos d’une famille "née dans la montagne" et fière de son identité. Dans le disque, Serge et Peter Lee, les vrais frères, sont en première ligne, entourant le chanteur. D’autres frangins, les Everly Brothers ne sont pas oubliés, et l’ami Albert Lee est devenu au fil du temps un vrai frère d’armes. Quant à Bjorn Zengaffinen, le plus rock "des instituteurs haut-valaisan" c’est un frère d’adoption doublé d’un guitariste redoutable. Les enfants de Paul participent de plus en plus à la fête : la guitare de Nelson se mêle sans complexe aux chorus des grands, et la voix de Priscilla s’affirme de plus en plus, en solo et en duos. Elle deviendra indispensable sur les prochains CD. Ecoutez Dimming Of The Day ou Amazing Grace : vous serez sous le charme. Ce disque marque peut-être un tournant, mais ne croyez pas que s’en est fini du bon vieux rock ’n’ roll ! Jerry Lee n’est jamais bien loin et certains standards de la Country ne demandent qu’à être malmenés et enflammés sur les scènes européennes. En attendant je vous recommande la cuvée Brothers 2015 : sa pochette originale est délicieusement rétro. Le contenu, du Bonvin pur jus, ne déçoit pas et dévoile un Paul Mac adulte qui a gardé ce regard d’enfant émerveillé découvrant ses cadeaux au pied du sapin. (AF) PMB 10011 (En concert le 8 août à Berck-Plage) JAMES BURTON, ALBERT LEE, AMOS GARRETT & DAViD WiLCOX : Guitar Heroes Avec ce concert enregistré le 13 juillet 2013 sur l'ile de Vancouver (Canada), le MusicFest a joué les "Mousquetaires gagnants" avec quatre très grands guitaristes, soutenus par Jon Greathouse (key et vo sur Susie Q) Will MacGregor (bss) et Jason Harrison Smith (drm, h-vo). Albert et David se partagent les voix (trois titres chacun) mais l'essentiel que l'on attend est évidemment le jeu des Telecaster, avec le plaisir des solos (identifiés sur le livret) dans un petit paradis du rock 'n' roll au répertoire sans risque : That's Alright (Mama), Susie Q, Sleep Walk, Flip Fllip And Fly, Polk Salad Annie, avec en final le classique des standards, Country Boy d'Albert Lee qui n'en finit pas de trouver les moyens de nourrir encore notre attente par quelques licks de derrière le manche dont il a le secret. Le jeu d'ensemble est plaisant car il évite les batailles d'égo, ainsi que les arrangements, le son est gardé en "direct live" et chacun pourra apprécier ses préférences au détour de chacun des onze titres de ce plaisant album au goût rock 'n' roll, blues, country. (JB) DixieFrog, Dist. Harmonia Mundi Faute de place, sont reportés : CASEY WESTON : Young Heart, KAURNA CRONiN : Glass Fool, JOHANNA BÖRiESON : Bara är, GREAT DiCTATORS : Killers, DC BLOOM : The Rest Is Commentary PLATiNE PLUS Country Citation "Très vite s’installa entre eux une forte connivence, à tel point que lorqu’elle lui suggéra de se faire pousser les rouflaquettes comme Waylon Jennings, rugueux chanteur texan qu’elle idôlatrait, David s’exécuta docilement. Ce petit jeu abusa le soupirant jusqu’au soir où, après une séance d’escalade particulièrement tonique, il crut pouvoir la serrer de près et l’embrasser." Bruno Gallet, L’Aigle de Bonelli, Ed. Anne Carrière, 2015, p156 RED MOON ROAD : Red Moon Road Deux hommes, une femme, comme dans Jules et Jim. Je dis ça à cause du festival de Cannes qui vient de se terminer mais il n'empêche qu'ils sont deux à jouer guitare, mandoline et banjo tandis que la dame chante. Ce trio acoustique, canadien et pétillant, présente 10 compositions magnifiquement interprétées. Les arrangements sont inventifs et des amis sont venus pour l'occasion : basse, batterie discrète, violon, pedal-steel sur un titre, piano sur un autre et l'on retrouve au banjo old-time Allison Degroot du groupe Oh Darling vue récemment à La Roche-sur-Foron ! Les chœurs se croisent, les rythmiques se répondent. Sur Liesel Friedel, le morceau commence en picking, s'interrompt sur un gimmick de percussions, pour reprendre avec les pizz du violon et les voix qui font "pam pam pam", tout en souplesse, en élégance et, qui plus est, disponible à l'écoute sur leur site ! Si la voix de Sheena a parfois des intonations de Joni Mitchell, ses comparses ne sont pas en reste et Lingering donne une idée assez exacte de leur complémentarité vocale. Why he left the ocean raconte une histoire de marin, Qu'allonsnous faire narre, dans un français assez original, les mésaventures d'un berger et tout le monde chante sur le refrain, moi y compris ! Ces derniers temps, on avait eu dans la même famille le dernier Eastwick et 100 Mile House. On comptera maintenant avec Red Moon Road qui vient de terminer une tournée européenne traversant Allemagne, Grande-Bretagne, Pays-Bas et France (Lille, Paris et Bordeaux). Boouuh, je les ai loupés, c'est trop injuste ! (CL) www.redmoonroad.com DVD JiMi ALL iS BY MY SiDE John Ridley Pas facile de regarder ce DVD sans penser : "impossible de faire revivre Jimi Hendrix, surtout sans sa musique" puisque le réalisateur n’a pas eu les droits. D’autant qu’il ne s’agit pas d’une biographie, mais d’un argument ténu "basé sur une histoire vraie" : quelques mois, soit le passage de New York à Londres, grâce à Chas Chandler (bassiste des Animals) et la confirmation du talent exceptionnel avant le retour vers la gloire et Monterey. L’acteur André Benjamin (un chanteur de Rap que je connaissais pas) est excellent dans les poses et le phrasé, si l’on en croit les témoins d’époque, et donc vrai pour qui n’a pas connu Jimi. Evidemment, à la guitare, c’est autre chose, mais que pouvait-on attendre sinon une simulation ? Même frustration, quand le bavardage l’emporte sur ce qu’on aimerait revivre : la musique. Il n’empêche que la bande son est riche (T-Bone Walker, Buddy Guy, Otis Rush, James Brown, Terry Riley, Animals, Pentangle, Yardbirds, Small Faces, Stevie Winwood). Les images sont dans l’ambiance du moment, avec les personnages souvent crédibles (Linda Keith bien jouée par Imogen Poots) les drogues, les vêtements et décors, et quelques scènes spectaculaires aux allures de reportage recomposé qui fait vraisemblable : la réaction de Clapton ou la fin du film sur Sgt Pepper’s Lonely Heart Club Band. Le trio de base musical est évidemment bon car Waddy Watchel (guitare), Leland Sklar (basse) et Kenny Aronov (batterie) ont du métier. Reste que c’est un petit film récréatif dont on ne saisit pas bien l’intérêt, ni pour les nostalgiques des 60’s, ni surtout pour les amateurs de Jimi Hendrix. (JB) Pas de sortie prévue : DVD chez Universal Le Cri du Coyote n°145 page 50 NEWS Coyote Report NiVEAU QU’A BU L’AiR Une étude de 225 chansons en tête des ventes aux US depuis 10 ans révèle un niveau lexical moyen de CE2. La country a les paroles les plus avancées (!?). Meilleur score : All About Tonight de Blake Shelton (!?) Nécro : Ben FREED (59 ans) Ophtalmologiste et banjoïste (cf la BO de Raising Arizona des frères Cohen) gérant du site banjoben.com, et auteur de plusieurs CD dont le récent American Idle (2011) NO SHOW JONES Alan Wenkus prépare un film sur George Jones, (époque 1950-70 : succès, alcool, mariage avec Tammy Wynette, etc.), avec sa veuve Nancy qui l’a "sauvé de ses démons" RAGiN’ LiVE DVD Rhonda Vincent a enregistré un concert pour un DVD avec son groupe qui totalise un nombre impressionnant de récompenses : Josh Williams (gtr) Hunter Berry (fdl) Aaron McDaris (bjo) Mickey Harris (bss) Nécro : Luther MAYER "Captain Luke", chanteur de blues et folk enregistré par la Music Maker Relief Foundation, il a connu une gloire tardive et tourné (jusqu’en France) avec l’authenticité musicale rurale de l’enfant des 30’s du Sud TALENT ADAMi JAZZ 2015 L’Adami et Jean-Jacques Milteau (président) ont distingué Laurent Coulondre Trio et Stéphane Kerecki. A voir cet été: Paris Jazz Festival (Coulondre 26-07) Jazz à Vienne (Kerecki 3-07, Coulondre 8-07) Jazz in Marciac (Coulondre 30-07, Kerecki 4-08) LE ROi EST MORT MAiS… Karen et Patty, filles de B.B. King demandent une autopsie, soupçonnant l'ancien manager Laverne Toney et l'ex-assistant personnel Myron Johnson de l’avoir empoisonné ! De beaux jours pour les avocats US... BLUEGRASS NEERLANDAiS Marieke Odekerken et Loes van Schaijk publient High Lonesome Below Sea Level 60 portraits et histoires de musiciens. http://www.bluegrassportraits.nl Nécro : Jon HENSLEY (31 ans) Manager qui a relancé la carrière de Wanda Jackson en 2001, travaillé avec Justin Townes Earle, Th’ Legendary Shack Shakers, Gary Bennett (BR549) et Shooter Jennings dont il gérait aussi le label BCR AVENUE JiMi HENDRiX Inaugurée le 2 juillet à Passa (Pyrénées-Orientales) en présence de Janie Hendrix, sa sœur adoptive © SCALPEL DE COYOTE Serge MOULiS Quel drôle de trimestre depuis le Cri 144 ! Jamais encore je n'avais été aussi indécis à l'écoute d'une grande partie des albums reçus, et cette chronique s'en ressent. Je vais me replonger dans l'écoute de nombreux nouveaux opus non chroniqués pour en extraire la substantifique moelle et ne rien laisser passer. NOUVEAUTÉS LiTTLE BOB BLUES BASTARDS : Howlin’ Après sa participation fulgurante dans son propre rôle au film d'Haki Kaurismäki Le Havre (2011) avec la même année un best of (Cri du Coeur n°127) Wild & Deep suivi d'un bien bel album en 2012 Break Down The Walls (Cri du Coeur n°131), Little Bob continue son très beau parcours avec les Blues Bastards dans une lumière toujours pleine de douceurs, mêlées d'une tendre humanité, l'obligeant à une certaine colère pouvant flirter parfois avec la rage, et souvent avec un rire contagieux. A 70 printemps, notre rocker havrais propose dix compositions nouvelles et deux reprises convoquant Captain Beefheart et Billie Holiday pour un voyage à fleur de peau pendant lequel ce grand braillard nous prouve encore une fois qu'avec le temps il se rapproche au plus près des racines pour s'y frotter jusqu'à se mettre en danger pour ne donner que la vérité : il joue non pas pour le diable mais pour des humains. Bob (vo) est accompagné par d'instrumentistes de haut vol : Bertrand Couloume (bss), Gilles Mallet gtr), Mickey Blow (hmna) et Jérémie Piazza (drm, perc). Rappelant d'abord que We Are The Blues Bastards Bob revient au source Apaches puis aborde divers thèmes qui ont fait les beaux jours du blues et du rock'n'roll, la pauvreté et la solitude Sleepin' In A Car, les mensonges des puissants Only Liars, l'immigration You Better Run. La vie du commun des mortels n'est que cri I'm Howlin' et celui de Bob est transcendé en STEVE HiLL : Solo Recordings : vol 1 – 1 ½ - 2 Quinze ans après la parution de son premier album, le Canadien Steve Hill (guitare, vocal et percussions) s'est lancé dans une aventure un peu à part : retrouver les racines blues des opus qu'il a déjà enregistrés et qui passait par le rock lourd et dur ou l'électro. Il s'y montre à nu, tantôt fragile tantôt fort, et si l'enregistrement de ces trois galettes -12, 4 et 11 titres- s'étale sur deux pleines années, il en ressort une grande unité qui accorde aux diverses facettes de sa personnalité une très grande place. Hyper-récompensé au Québec (encore cinq trophées en début d'année), il mérite d'être écouté et reconnu pour son originalité, sa puissance d'écriture et sa sincérité, ainsi que pour la force de son implication dans ce projet. Présent de A à Z, sur scène comme en studio, il a joliment relancé sa carrière, son précédent Whiplash Love (2011) n'ayant pas obtenu le succès espéré. L'expérience est tellement concluante pour lui et les prestations live toujours très acclamées, Steve envisage la sortie d'un n°3 à l'automne 2015. Pourquoi fermer un robinet quand le jus qui en sort est par évidence très nutritif... ? (No Label Records- SCALPEL PLUS SPiDS NOGENHAT : Kommer Met Fred Partie d'une histoire de street folk music à Copenhague dans la 1ère décennie du XXIème siècle, l'aventure de ce groupe danois évolue depuis quelques années et ses prestations scéniques sont appréciées dans ce pays nordique. Ce CD -très inspiré par certaines musiques des 70'sgarde en fond le souvenir de ses origines par la pureté qui illumine ses huit titres. Si l'écoute démontre que le style n'est pas celui de la musique habituelle de notre fanzine bien-aimé, n'hésitez pas à cliquer sur http://www.badafro.dk et à vous faire votre opinion. (Bad Afro Records) une musique puissante Dirty Mad Asshole, Can't You Hear Me. Mais la vie n'est heureusement pas que dureté, il y a des moments délicieux à saisir Kissed By Lightning. Bob nous laissant sur un titre à la fois ancré dans les moments heureux du passé et fusant dans un avenir plein d'espoir My Heart Keeps Beating, hommage appuyé à sa Mimie. La reprise Zig Zag Wonderer est batardisée en un rock hyperénergique et The Blues Are Brewin' durcit le jazz-blues de Louis Armstrong qui accompagnait la douceur de Lady Day en son temps. Bob manie l'anglais à sa façon, nous plongeant dans un reality show époustouflant et plein d'émotion. Tout simplement humain. Exceptionnel. (DixieFrog) RAPHAEL WRESSNiG : Soul Gumbo Organiste (Hammond B3) reconnu et primé à de nombreuses reprises depuis le début de ce millénaire, le virtuose autrichien Raphael est bien connu des milieux jazzy, funky et bluesy planétaires. Autour des sonorités vécues à New Orleans l'an dernier, il propose un album très fort avec l'appui de musiciens exceptionnels Alex Schultz (gtr), Craig Handy, Jimy Carpenter, Max The Sax, Harry Sokal ou Sax Gordon (sax) avec quelques cuivres ajoutés, George Porter Jr (bss), Stanton Moore (drm) et des vocalistes efficaces Tad Robinson, Walter Wolfman Whashington, Jon Cleary ou Larry Garner. Que ce soit dans les compositions de Wressnig lui-même Soulful Strut, Mustard Green, Slivovitz For Joe, Souls Jazz Shuffle, dans des titres de ses guest-artists I Want To Know, Sometimes I Wonder ou Nobody Special, comme dans des reprises de Teddy Royal Chasing Rainbows ou de Lowell Fulson et Billy Vera Room With A View, nous sommes convoqués à une grande fête qui mélange les genres avec une énergie rare mais pas pour autant trop enivrante, juste avec le swing nécessaire qui nous force à bouger pour notre plus grand bien. (ZyxMusic) GUY VERLiNDE : Better Days Ahead Les lecteurs du Cri du Coyote connaissent bien Lightnin' Guy dont les Plays Hound Dog Taylor, Blood For Kali, ou Inhale My World ont été de grandes découvertes des cinq dernières années. En 2014, l'album Oorlogs Stemmen, enregistrement d'un concert en souvenir de la Grande Guerre et des atrocités de 1914-1918, a marqué le chemin de ce musicien d'une croix blanche. Il revient cette année sous son patronyme originel avec un album qui fera date. Avec Luc Alexander (gtr), Wladimir Geels (bss), et Frederik Van den Berghe (drm, perc), Patrick Cuyvers (org), Gert Jacobs (kbd) et Steven Trock (hrp) Guy (vo, gtr) nous emmène dans le monde qu'il a composé pour nous, et qui ressemble comme un jumeau à celui qui nous entoure. Il nous le présente dans toute sa dureté, dans toute son humanité Wild Nights, avec rudesse Into The Light ou douceur Sacred Ground, compassion Learnin' How To Love You ou colère, d'un ton joyeux Heaven Inside My head ou Feel Alive dans un opus d'une force rarement aussi explosive. Incontournable du monde blues européen, d'une honnêteté sensible sur scène comme en studio, la prestation de Guy Verlinde nous paraît dans cet album d'une intensité tripale. Probablement son meilleur album, le plus personnel... ce qu'il a fait auparavant étant déjà de très grandes réussites. (DixieFrog) Le Cri du Coyote n°145 page 51 DE NOiX CAJUN Bernard BOYAT Les CD Valcour suivants étant vraiment superbes, ils auraient mérité un Cri du Cœur s’ils avaient figuré dans des numéros séparés. On décerne donc un Cri du Cœur collectif à la marque de Joel Savoy qui, en plus, maîtrise le français mieux que certaines marques hexagonales. PiNE LEAF BOYS : Danser Valcour 002 C’est leur cinquième album depuis le premier sur Arhoolie (2006). Il y a eu des changements dans la composition, qui est actuellement : Wilson Savoy (ac, vo, clav), Courtney Granger (vln, vo), Jon Bertrand (gtr), Tomas David (bs), Drew Simon (bat, vo). Le fait d'être sur Valcour est une garantie que leur cajun reste bien traditionnelle, avec une majorité de titres chantés en français, même si certains, comme deux des reprises de Belton Richard (You cant take my wife, Mother's bouquet) ont des titres anglais. Valses, deux-pas, autres morceaux enlevés passent comme des lettres à la poste, avec une excellente reprise de What am I living for (Chuck Willis) proche du swamp pop. Puissentils persévérer dans cette voie. BOOZOO CHAViS & HiS MAGiC SOUNDS : Festival Stage 1989 Valcour ss N° Ce CD de Boozoo, qui nous a quittés en mai 2001, s’ajoute à la quinzaine déjà édités de ce chanteur/ accordéoniste zydéco. Il a été enregistré le 17 septembre 1989 au festival acadien et créole de Lafayette. A l'époque le zydéco était encore souvent chanté en français et n’était pas pollué par le rap ou le funk. Boozoo reprend une partie de ses titres les plus célèbres, dont Paper in my shoe et Bye bye catin (1954, Folkstar), plus des reprises de Clifton Chenier (Louisiana blues, Driftin' blues), Cleveland Crochet (Sugar bee) et Bob Wills (Stay all night). Son style était toujours aussi énergique, même sur les valses. Le du Coyote ANCiENS NUMÉROS DiSPONiBLES 128- Christian SÉGURET Johnny Bond, Link Davis, Katia Perrin Joni Harms, Johnny Lee Wills 129- Ronnie BOWMAN Bearfoot, Gerry Griffin, Bob Wills Tex Ritter, Coyote Européen 130- THE SONS OF NAVARONE Johnny Cash, Country Rendez-Vous 131- Brad PAiSLEY, King, Johan Asherton, Bob Wills, Irish NiCO DUPORTAL AND HiS RHYTHM DUDES : Guitar Player Nico Duportal et son groupe sont maintenant sur la marque allemande Rhythm Bomb. Si vous avez aimé l'album Real Rockin Papa paru sur Crazy Times, vous savez à quoi vous attendre : beaucoup de compositions, excellentes, du rockin' rhythm & blues et du jump blues. Ce dernier opus est, certainement, le plus néo-orléanais de leur production à ce jour, avec Polish woman, Oh baby (Johnny Guitar Watson), She knows how, Guitar player, Oh oh (Paul Gayten) et Much later. Le reste est vraiment bon, lui aussi, le tout avec un jeu de guitare à l'ancienne de Nico, le saxo baryton de Alex Berten et le piano d'Olivier Cantrelle. Que du bonheur et rappelons qu’ils sont Français. Rhythm Bomb 5800 BONSOiR CATiN : Light The Stars Super groupe cadien, par sa composition, presqu’entièrement féminin, qui effectua ses débuts en studio en 2006 mais ce n’est que son 3ème CD. Il faut donc en profiter pleinement, ne sachant quand viendra le suivant. Depuis le précédent, Christine Balfa Powell (gtr, vo), Kristi Guillory (ac, vo), Yvette Landry (bs, vo), Anya Schoenegge Burgess (vln, vo) sont toujours là, rejointes par Maegan Berard (gtr élec, vo), Danny Devillier (bat, ti-fer, vibraphone). Si le fond musical est indubitablement cajun (les valses Un seul regret, Personne que toi, les instrumentaux), elles y glissent d’autres ingrédients, à savoir un peu de musique celtique, de blues (Baby, please dont go), de variété, de rock' n' roll (Tu parles de trop), voire même de swamp pop (superbe Jours si longs). A savourer sans modération. KRiSTi GUiLLORY & ANYA BURGESS : Kristi Guillory & Anya Burgess Vous avez noté leur présence dans Bonsoir Catin. Comme on peut considérer ce groupe comme faisant de la cajun progressiste, Kristi, qui a sorti deux superbes albums dans les années 1990, et Anya, qui est aussi luthière, aiment se retrouver pour partager leur amour commun de la cajun des années 1920 et 1930. Et, rien qu’à elles deux, elles dégagent une belle énergie ou de fortes émotions au fil des titres chantés ou instrumentaux, enlevés, ou des valses, y apportant leur écot en recyclant une partie de Cherokee waltz au début de Valse de Pointe Noire, ou avec une forme antérieure de Bosco stomp (Quelqu'un qu'est jaloux). J’ai particulièrement goûté Valse des pins, Valse Steel Guitar Festival, Hank Williams 132- QUELQUES ENFERS DE LA COUNTRY MUSiC DES 60'S GRT, T.D. Jonsson, Marc Thomasset King Records, Bob Wills 133- SANSEVERiNO Marty Robbins, The Driving Bells The Bar X Cowboys, Mike Auldridge Syd Nathan & King Records (3) 134- COUNTRY MUSiC ALCOOL & JUKE BOXES Maurice Mattei, W.Lee O'Daniel Charlieux, Ian Kent, Rockin' Gone Party 135- D. ADAMS & J. ELLiOTT Frank Solivan & Dirty Kitchen de soleil couché, Hack à Moreau, quasiment a cappela, avec violon en contrepoint, et la ballade Un matin de mai, avec juste une guitare acoustique. DOUG KERSHAW & STEVE RiLEY : Face To Face Valcour ss N° Quelle bonne idée ont eue ces deux-là de se retrouver pour enregistrer en duo. C’est, sans conteste, l’album le plus cajun de la longue discographie de Doug, celui sur lequel se trouvent le plus de morceaux chantés en cadien et le plus traditionnel. Le duo revisite divers classiques cajun ré-arrangés, avec une reprise de l’incontournable Louisiana man de Doug. Mes préférés sont le marrant Saute crapaud et Midnight waltz. Quand je pense que Doug est le premier artiste cajun que j'ai vu à la TV française il y a lurette, cela me fait tout drôle de le revoir en pleine forme après des lustres. CAJUN COUNTRY REViVAL : Greetings From Louisiana Valcour ss N° Jesse Legé a enregistré déjà plusieurs CD, dont certains avec Joel Savoy, qui ne se contente pas de diriger sa marque. Un beau jour, ils sont tombés sur le Foghorn Stringband et l’ont apprécié au point de réunir leurs talents au sein du Cajun Country Revival. Cette nouvelle mouture du groupe est un quatuor : Joel Savoy, Jesse Legé (acc), Sammy Lind et Nadine Landry. Ils nous proposent un mélange de cajun traditionnelle et de ballades country, avec Nadine au vocal, mes deux morceaux préférés du lot, A man I hardly know, seul titre chanté en anglais, et Le temps après finir, qui démontre qu’on peut faire de la très bonne country, non nashvillienne, en français. Thomas Hine, GRT 136- ECHOS DE FESTiVAL Long Chris, JJ Cale, Tommy Collins 137-138- QUAND LA COUNTRY MUSiC S'EN VA T'EN GUERRE Chess Country, Brian Lopez, Gene Wooten Tommy Collins, Echos de Festivals 139-140- WAYLON & WiLLiE Mike Aiken, Erik Sitbon, R.Q. Jones Jimmer, GRT, Crystal Springs, Phil Everly, Jack Treese, Long Chris, Country Rock 141- BLUE HiGHWAY Hank Penny, Bobbe Seymour, Delaney Davidson, GRT, CD Dobro, Lubbock 142- PASSiON BLUEGRASS Le Cri du Coyote n°145 page 52 La Roche Bluegrass, Craponne, Sid Griffin, Paul Franklin, Hank Williams, Bruce Daigrepont, Capos & Dobro, Part Records 143- GENE AUTRY Terry L. Hale, Emmanuel Marin, Everlys, Festival d'Evreux, Irene Kelley, Bill Wyman, Johnny Winter, Steel Guitar, Méthodes de Glisse, Bob Wills, Roy Orbison, Winter FBMA 144- DU SEXE DANS LA COUNTRY Ryan Bingham, Roger Lyoabard, Naïm Amor, Tennessee Ramblers, Hank Williams en Europe,, Derroll Adams, Bob Wills,, Débuter la Pedal Steel, Patuxent Records, Stevie Ray Vaughan, Joe Cocker Yves BONGARÇON B.B. KiNG Monarchy In The Us Près de 50 ans de carrière, une guitare légendaire -Lucille- le goût du crossover chevillé au corps, des choix toujours exemplaires, B.B. le dernier des trois KING encore en activité est bien plus qu'un grand bluesman : il est le trait d'union entre au moins quatre générations de musiciens. Patriarche, comme un fondateur de dynastie, mais aussi homme courtois, affable et généreux qui a toujours su faire don de sa musique au public. Au moment où sort Blues Summit, qui réunit pour l’occasion ses plus proches vassaux (Buddy Guy, Robert Cray, Albert Collins), le Roi se penche sur son passé. Interview. formation de votre personnalité musicale ? Elle a été fondamentale, je pense. Nous étions des gens très religieux, nous croyions très fort en Dieu -j'y crois toujourscomme la cause supérieure qui a tout créé et qui a donné à l'homme la faculté de chanter ; nous pensions donc que Dieu était dans toute chose, y compris dans nos chants et notre musique. La musique faisait partie intégrante de nos vies, de nos attitudes. Notre personnalité morale se développait en même temps que notre personnalité musicale, il n'y avait pas de séparation. J'ai toujours appris à respecter les gens, à les aimer, à ne point les haïr, à ne pas les blesser, et j'ai toujours cette ligne de conduite aujourd'hui. Et, lorsque je repense à la ségrégation, au racisme, je hais ces comportements mais je ne hais pas les gens qui s'y sont adonné... De même lorsque que je donne un concert, je ne cherche pas juste à faire mon travail, mais à donner le meilleur de moi-même et de la joie aux gens venus m’écouter. J'applique l'enseignement de Dieu et c'est le Gospel qui m'a appris cela. Quand avez-vous pris conscience que vous seriez un musicien professionnel ? Je crois sincèrement que je n'en ai pas encore bien pris conscience aujourd'hui! (rires) J'ai fait beaucoup de boulots différents dans ma vie. Certains m'ont beaucoup plu, d’autres pas du tout. Dans certains j'étais assez doué, dans d'autres pas. Mais je suis franchement incapable de dire aujourd'hui si la musique était réellement ma voie. Ce que je veux dire n'est pas de la provocation ou de la modestie mal placée, c'est simplement l’interrogation d'un homme d'âge mûr. Ce que j’affirme, en tout cas, c'est que j'ai fait le choix de la musique consciemment. J'avais dix-huit ans, c'était en 1943 en pleine guerre mondiale, j'ai fait mon service comme tout jeune de mon âge à l'époque et lorsque j'en suis revenu, je savais que je voulais faire de la musique. Cette époque a été un tournant, c'est certain. Et la première fois que vous avez gagné de l'argent avec la musique ? J'ai joué très longtemps pour rien ! (rires) Ou alors pour un repas ou un pourboire. Et il a fallu pas mal de temps pour que je commence à gagner un peu d’argent avec la musique et encore plus de temps pour que j'arrive à en vivre décemment et je je puisse laisser tomber les jobs à côté ! Vos première influences revendiquées ont été Lonnie Johnson et Blind Lemon Jefferson, mais comment avezvous découvert Charlie Christian et Django Reinhardt ? A la fin de la guerre, un de mes amis guitaristes est revenu de France, après B.B. King avec son groupe devant le Tour-Bus (Big Red) son service militaire, avec des enregistresur Beale Street à Memphis (1951) ments 78 tours du Quintette du Hot Club Quels souvenirs gardez-vous aujourd'hui du Sud des années 30 et 40? Des sensations peut-être plus que des souvenirs... Les souvenirs proprement dits peuvent tenir en quatre ou cinq mots : bonne musique, grandes plantations, gens charmants, ségrégation ! Cette ségrégation, vous la ressentez comme un fait historique déjà lointain ou comme un souvenir personnel toujours douloureux ? A vrai dire, ni I'un ni l'autre. Je la ressentais à l'époque comme je la ressens toujours aujourd'hui, comme une terrible injustice. Tu es Noir donc tu n'as pas le droit d'utiliser tel bus, d'aller dans tel bar ou tel hôtel. C'est ça la ségrégation, l'absence de droits égaux pour une catégorie de gens. Tu n'envisages pas cela comme quelque chose de douloureux, juste quelque chose qui ne devrait pas exister et donc qui doit changer. Vous souvenez-vous de la première musique que vous avez entendue ? Gosh ! Comment peut-on ? Tu t'en souviens toi ? Je pense que oui, à la télé, probablement... A la télé ! Mon Dieu ! Rien avant ? Tu ne te souviens même pas de ta maman te chantant des choses ou des membres de ta famille qui dansaient et chantaient ? Comment est-ce possible? Chez moi, aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, je me rappelle ma mère et ma famille chantant et dansant. C'était si courant, si habituel que je ne suis pas en mesure préciser la toute première fois que j'ai entendu de la musique... Je peux dire que je suis né dedans ! (rires) Enfin, je te parle d’un temps où il n'y avait ni radio, ni juke-box et encore moins de télé ! Ce dont je me souviens bien en revanche, c'est de la première fois où j'ai vraiment participé : c'était à l'église où j'avais accompagné ma mère. On s'était entraîné à la maison avant ! Quelle est I'importance de la tradition Gospel dans la Le Cri du Coyote n°145 page 53 de France, qu’il était allé écouter- avec Django Reinhardt à la cien. Et puis, j'ai toujours été sensible à la country music. Cela guitare. Et dès que je l'ai entendu, je suis totalement et défi- provient certainement du fait que, lorsque j'ai voulu perfectionnitivement tombé amoureux de son style et de ses composi- ner mon solfège, le livre que j'ai acheté à l'époque contenait tions. C'était si brillant et si novateur, comment rester de marbre beaucoup d'exercices sur des standards country & western. Je lorsqu'on est guitariste et qu'on entend Django pour la première les ai donc appris et répétés pendant des mois. Et le goût de fois ? impossible ! Dans le même temps j’écoutais énormément cette musique m'est venu peu à peu. de grands ensembles, dont celui de Benny Goodman et j'ai tout Vous avez des artistes favoris dans ce style? de suite repéré que le guitariste, Charlie Christian, était une Aucun, je les aime tous ! (rires) personnalité exceptionnelle, au jeu extrêmement séduisant. Réponse un peu trop diplomatique ! (rires) Tu sais, à côté du blues le plus traditionnel, j’ai toujours aimé J'ai l'habitude des interviews ! (rires) le jazz, au travers de Louis Armstrong, Count Basie ou Duke Quelques noms tout de même? Ellington, il n’y avait donc rien de J'ai enregistré avec beaucoup de surprenant à ce que je tombe un jour gens. J'ai beaucoup apprécié le trasur Charlie Christian. vail que j'ai fait avec le grand chanA la fin de la guerre, vous allez à teur George Jones, et aussi avec Memphis. Aviez-vous déjà ce son, Randy Travis et Barbara Mandrell cette "BB Touch" ? notamment. Mais la country music Non, bien sûr que non ! Je contine représente qu'un aspect de mes nuais à développer mon style comme goûts musicaux, j'aime aussi beauje continue d’ailleurs à le développer coup le jazz, et j'ai fait beaucoup et à le travailler aujourd'hui. Je prad'enregistrements dans des genres tique encore la guitare tous les jours différents, du rock à la soul. En jazz tu sais! Même lorsque je n’ai pas le j'ai bien aimé la collaboration avec à le faire. Juste pour voir, pour vériBrandford Marsalis (B.B.'s Blues). fier certaines choses et devenir meilVotre carrière a toujours été sous leur encore. Si tu as écouté la comle signe de l'innovation. Ce désir pilation B.B. King qu'ils ont sortie de vous renouveler correspond à l'an dernier, la B.B. Box, tu peux te une notion que vous aviez d'une rendre compte de l'évolution de mon forme musicale évolutive, une jeu puisqu'iIs ont intégralement reambition pour le blues ou est-il pris mon premier disque : ça ne reslié à un besoin personnel de semble pas beaucoup à mon style progression ? actuel. Je n'avais pas cette fluidité, Je pense sincèrement avoir touni ce toucher et encore moins les jours été mu par l’ambition personconnaissances de l'instrument que nelle de devenir meilleur à chaque je possède aujourd’hui. Mais il ;me fois. Pas par l'idée -présomptueuse semble qu'on peut se rendre compte et vaniteuse à mon sens- de faire Au Club Handy à Memphis début 50's que mon style actuel est déjà en "progresser" le blues. Cela dit, si les (Ph. S Lavere, Guitar Player 1992) friche dans ce premier disque. spécialistes pensent que mon cheA Memphis sur WDIA, vous êtes devenu très vite un DJ minement personnel a pu aider également le blues à évoluer, apprécié. Qu'avez-vous appris de la radio ? j'en suis immensément fier. Mais cela n’a jamais été une préocEnormément de choses ! Ecouter d'autres musiciens d'abord. cupation pour moi. Je suis quelqu'un de curieux de nature, qui C'est là que pour la première lois j'ai entendu des gens aus- aime découvrir, faire de nouvelles expériences. Musicalement, si divers que Lowell Fulson, Lightning Hopkins, Bing Crosby, c'est la même chose. Si un musicien ou un style me plaît, je m'y Louis Jordan, Dinah Washington etc. Plein de gens différents attarde et si c’est compatible avec mon travail, j'essaie évidemque j'appréciais pour leur talent respectif et qui musicalement ment d'incorporer ce nouvel élément dans mon jeu. C'est là que m'ont marqué. J'ai appris ensuite à apprécier des genres de réside je pense, l'intérêt de la musique et du travail de musicien. musique différents : jazz, rhythm n'blues, pop, country music. Depuis le début, vous semblez fasciné par les grands J'ai acquis ainsi une palette de goûts très large en travaillant ensembles, les Big Bands... comme programmateur et cela m'est resté, je crois. Oui, et dès mon premier disque en 1949 ! Pour lequel j'avais Témoin de ces goûts variés, l’album country, déjà une section de trois cuivres, trompette, trombone, saxoLove Me Tender, il y a quelques années... phone, plus guitare, basse, batterie et piano en section rythOui, j'aimais vraiment beaucoup de chansons chantées par mique. C'était plutôt rare dans ce contexte à l'époque mais j’ai Elvis Presley, et ce disque était une sorte d'hommage au musi- toujours été attiré par le son des grands ensembles. Beaucoup de groupes de rock, de pop, de soul ont Les manches et la belle ! toujours eu des choristes, disons que Les psychanalistes en herbe se font plaisir : la guitare moi, mes choristes, ce sont les cuivres. de B.B. King porte un nom de femme. Or, quel instruPourquoi décider de quitter ment chante mieux lorsqu’on le caresse ? Memphis pour Los Angeles En réalité, Lucille est le nom d'une fille qui, dans un bar au milieu des années 50 ? de Twist (Arkansas), fit des œillades (incendiaires!) à Essentiellement parce que la compagnie deux gars du coin. Schéma classique : bagarre, chaufpour laquelle j'enregistrais à I'époque fage à pétrole renversé et incendie. B.B. King, alors sur avait son siège à L.A. et que c'était scène, s'enfuit comme les autres pour éviter de cramer. vraiment plus pratique d'être sur place. Mais réalisant qu’il a oublié sa guitare dans la précipiJ'avais fait mes quatre premières faces tation (un instrument à 30 dollars) il retourne dans le pour Bullet Records puis j'avais signé brasier et ne sera que blessé, malgré l'écroulement du un contrat avec la compagnie des frères bar (deux morts.). En souvenir de cette "allumeuse", Bihari qui était installée à L.A. Au début, depuis cette nuit de 1949, sa guitare s’appelle Lucille... j'ai fait mes premiers enregistrements B.B. King eut d’abord une guitare Stella rouge (à 15 pour eux à Memphis dans un studio avec dollars) qu’il se fit voler, puis il acquit, grâce à l'aide lequel ils avaient des accords. Les suide Bukka White, sa première Gibson. Vers 1950, il s’équipe en Fender et en 1958 revient à Gibson, avec la ES-355. Au cours de sa carrière, il vants se sont déroulés un peu n'importe a eu des accidents de voiture et a perdu au moins 4 Gibson, une Gretsch, une Epiphone… où, dans une Y.M.C.A., dans l'apparteC’est en 1976 que Gibson lui construit un modèle spécial de 355 Solid-body étroite, sans ment d'un musicien dont on couvrait les ouïes, sans manette de vibrato (il ne s'est jamais servi de cet artifice), au manche plus fin murs de couvertures, etc. ce n'était pas et au cordier caréné, afin qu’il épargne ses manches (royales) de chemises ! (JB) très confortable. Un jour, je suis allé à Le Cri du Coyote n°145 page 54 L.A. pour des sessions et j'ai trouvé avons réuni les gens de manière un les conditions vraiment très agréables ! peu empirique, je le concède ! Voilà pourquoi j'ai quitté Memphis. "Playin' With My Friends", avec A l'époque, on vous donnait plutôt Robert Cray ouvre l’album : partant pour Chess à Chicago... est-ce que vous voyez en lui Mais j'ai bien failli aller chez Chess! une espèce de fils spirituel ? (rires). J'étais donc sous contrat avec Je pense que Cray n'a pas vraiment les Bihari Bros. et je voulais renégocier besoin de père spirituel, ni moi d'un celui-ci car j'avais acquis plus de poids fils. ll a son propre style et sa propre commercial. La compagnie refusait et voix à la guitare, forgés à force de j’ai été contacté à ce moment-là par travail et d'influences diverses. C'est Chess qui devait avoir eu vent de nos un très bon guitariste et un très bon désaccords. Chess acceptait intégralechanteur que j’apprécie énormément. ment toutes mes conditions. J'ai donc Cela suffisait largement pour justifier accepté leur offre d'enregistrer une sa présence sur Blues Summit. session. Là dessus ma compagnie a eu Comment ont été choisis peur de me voir partir et a, à son tour, les titres de cet album ? accepté de revoir mon contrat. Je suis Une liste de chansons avait été étaquelqu'un de fidèle et de loyal. Comme blie par le producteur et nous l'avons ils avaient finalement accepté mes analysée et élaguée ensemble en conditions, je suis resté chez eux. Je estimant "qui pouvait faire quoi en duo ne l'ai jamais regretté. Ensuite, ils ont avec B.B". (rires) Ça a été long et fastiacheté la session Chess et tout est rentré dans l’ordre. dieux, la première liste comptait plus de cent chansons ! A L.A., vous avez travaillé sous la direction du grand On peut être surpris : il n'y a pas de Blancs... producteur Maxwell Davis. Qu'a-t-il apporté Mais c'est faux ! Le producteur, le manager, certains sidemen à votre musique et à votre travail? sont blancs, mon bassiste est blanc... ll a été un véritable mentor, c'est une des grandes rencontres Je voulais dire une "popstar ou une rockstar bIanche" de ma vie. C'était un grand arrangeur, un remarquable musicien présentée en "duo avec B.B. King"... et une personne délicieuse. ll m'a tant appris ! Sa disparition a C'est un hasard. Certains musiciens auraient participé s'ils été un des drames de ma vie. Il n'avait pas son pareil pour réu- avaient pu, comme Eric Clapton par exemple. Ça n'a pas été nir un groupe et le faire sonner immédiatement comme il l'en- possible. Dommage. Mon propos n'était pas en tout cas de faire tendait. ll avait une sorte d'aura à laquelle personne ne pouvait un disque de Noirs, crois-moi ! résister, une espèce de charisme très rare qui guide les gens et Des historiens de la musique, souvent relayés par des les amène à donner le meilleur eux-mêmes en un temps record. rappeurs, évoquent “le vol de la musique noire par les Maxwell était un génie selon moi. BIancs" à leur profit et dont le blues Quelle était la principale raison de serait l'exemple manifeste. votre collaboration avec U2 en 1988 ? Partagez-vous cette analyse? La principale raison ? Mais c'était une Non pas du tout. Les Blancs n'ont rien des plus grosses chances de ma carrière volé du tout, ils ont popularisé, ce qui est tu veux dire ! Imagine : le plus grand et totalement différent… Aux U.S.A., il y a le plus célèbre goupe de rock du monde, des milliers de radios, mais quelques cencomposé des personnes les plus vraies taines seulement sont noires, il y a des et les plus adorables que compte le bumilliers de programmes TV, très peu sont siness, qui me demandent d'ouvrir leurs noirs. Donc il faut passer par des médias B.B. King a été récemment honoré par son pays shows et d’enregistrer avec eux ! C'était possédés par les Blancs pour faire de la (Ici avec Mme et M. Obama) extraordinaire, des tas de gens, en plus promotion... Or je pense qu'il existe un très jeunes pour la plupart, qui ne savaient même pas qui rapport étroit entre la possibilité de diffusion d'une chanson j’étais, ont pu découvrir ma musique. Ça a fait un bien terrible et son succès. Dans les années cinquante a fortiori ! A cette à ma carrière ! Pour U2, je pense que le nom de B.B. King leur époque, lorsque j'écrivais une chanson ou lorsque Little Richard donnait aussi une reconnaissance, une crédibilité qu'ils recher- en écrivait une, elles n'étaient diffusées que par un très petit chaient auprès du public blues et rhythm ’n’ blues. Enfin notre nombre de radios alors que dans le même temps Pat Boone association avait le mérite de montrer à touchait, lui, des millions d’individus. la face de millions de gens le mélange La confusion que font ces historiens possible des musiques et les liens qui est là. ll ne viendrait à |'idée de perexistent quoiqu'il arrive entre les génésonne, j'espère, de dire que Pat Boone rations de musiciens. Ça ne pouvait être a volé un quelconque patrimoine noir ; que bénéfique. De plus, nous aimions en fait il a vulgarisé pour le grand public bien nos musiques respectives et nous un succédané plus ou moins réussi qui nous sommes beaucoup amusés ! Ce aurait, de toutes façons, vu le jour avec fut très enrichissant pour tout le monde ou sans lui. ll s'agit tout simplement je pense. J'en garde pour ma part un d'une réalité économique, parce que le souvenir très spécial. pouvoir d’achat de masse est majoriComment avez-vous choisi tairement blanc. C'est donc tout à fait les différents musiciens logiquement que ce pouvoir joue de la invités pour Blues Summit ? musique blanche sur les ondes, c'est Ça a été très long et très compliqué ! inévitable, il s'adapte au marché… (rires) Rien qu'en me fiant à mes goûts On a souvent dit, à propos d'Elvis et à mes envies, j'avais une liste d'inviPresley aussi, qu'il avait volé des tés de plus de 200 noms ! (rires). Donc choses aux Noirs. Mais il n'a rien volé il a fallu procéder autrement. Avec l'aide du tout ! ll a adapté, ça oui... Elvis est du producteur et de mon manager nous certainement le premier mélange réusavons contacté un à un les musiciens si des musiques noires et blanches... vraiment susceptibles de participer au Et, en définitive, ce sont bien les méprojet et qui me tenaient à coeur. A parlanges qui rendent la musique intérestir de là certains pouvaient, d'autres pas sante, non ?… Tu ne penses pas? selon leurs projets personnels. Nous © Le Cri du Coyote n°28 (1993) Elvis & B.B. King Le Cri du Coyote n°145 page 55 CROCK & ROLL BiG DAVE MC LEAN : Faded But Not Gone On peut ne pas être originaire d’une région et en maîtriser, pourtant, la musique. C’est le cas avec ce Canadien de Winnipeg, qui propose un superbe album de blues rural du Delta, entre rockin blues lents (Tough times, I best choose to pick the blues, Sittinon a fence, Dont get mad, get even) et ragtimes sautillants (Dead cat on the line), auxquels il mêle un peu de gospel (Shades of grace, Oh Mr Charlie, oh) ou de r'n'b néo-orléanais (Devil in the jukebox, One more day). Le jeu de guitare est tout en retenue, le piano léger, ce qui permet d’apprécier un vocal bien mis en avant A découvrir. Black Hen/ distr Mark Pucci iGOR PRADO BAND & DELTA GROOVE ALL STARS : Way Down South Le mieux est, parfois, l’ennemi du bien, car ici la pléthore d’intervenants (10 vocalistes, 13 musiciens en plus de ceux du groupe) qui se relaie au long des morceaux apporte souvent un plus mais aussi, parfois, un moins, le jeu de guitare d’Igor devenant plus rock (et pas assez n’ roll) sur certains titres (un Shake and fingerpop, au vocal très Little Richard, aurait pu être un rock' n' roll sauvage sans cela). L'ensemble évolue dans un registre rockin r'n'b / blues, jump blues lent/ medium, à l’exception du sautillant jump blues You better believe it ou du swamp pop If you ever need me. Plus de titres dans ces styles m’auraient bien convenu. Delta Groove DGPCD 167 TOOTS LORRAiNE : Make It Easy J’ai découvert cette chanteuse via cet album, très majoritairement rockin r'n'b/ jump blues, comportant aussi trois titres plus cabaret jazzy. Elle possède un vocal puissant, pas assez exploité car elle se confine dans les mediums, un seul morceau (reprise du Low down dog de Joe Turner) étant enlevé. Outre ce dernier, les deux autres temps forts sont Let your tears fall baby et Built for comfort. auto ss N° / Frank Roszak ROBB SHENTON & THE SHENTONES : Down The Line Le chanteur/ pianiste Robb Deka est né en 1946 à Preston. Dès 1960, il œuvre au sein de groupes locaux. Fin 1962, il auditionne à Londres pour Joe Meek avec les Bobcats, qui sont engagés et rebaptisés Puppets, Robb enregistrant une douzaine d’inédits pour Joe avec divers groupes durant la décennie. En 1964, il se produit au Star Club de Hambourg. Il change son nom en Robb Shenton en 1977 et sort un CD sur Fury il y a 4 ans. L’été dernier, il se rend au studio Hoodwink à Derby pour une répétition et Shane, propriétaire du studio et de la marque éponyme, décide d’éditer les 5 titres répétés ce jour-là sur ce CD. Les reprises de Down the line et My babe sont bonnes, Lonely blue boy convient très bien au vocal chaud de Robb, qui s’en sort correctement sur le I'm a hog for you baby des Coasters, pas évident à interpréter seul. Quant à Be boppin baby, c’est le plus rockabilly du lot. Hoodwink HEP 001, www.hookwindrecordings.co.uk JEFF CHAZ : Chronicles Ce guitariste de blues électrique, aux airs de Calvin Russell, est né à Lake Charles, Louisiane et a grandi à Creole. Il découvre d’abord le jazz, étudie en Californie, part sur les routes avec un groupe. De retour en Californie, il étudie la musique à l’université, avant de tâter de la country. Réalisant qu’il est mieux fait pour le blues, il part à Memphis, puis à la Nouvelle Orléans et s’y installe. Ses albums précédents étant épuisés, il sort cette anthologie des 10 titres qu’il juge les meilleurs. Les 5 premiers, du r'n'b des 60's et des ballades soul bluesy ne sont pas très convaincants, mais la suite est bien meilleure, avec du rockin r'n'b (Ive got to be clean étant le meilleur), du rockin blues lent et un titre plus néo-orléanais. JCPX 62606 / distr Frank Roszak THE KABOOMS : The Kabooms Matt Olivera (vo, r-gtr), El Lega (gtr sol), Javier Carrasco (cbs) et Alex Granero (bat) sont espagnols et ont monté ce quatuor rockabilly. Ils ont, aussi, la bonne idée de composer, ce qui nous vaut 14 originaux sur ce premier album. Adeptes d’un style assez classique, ils y mêlent quelques medium plus d’ambiance. L’ensemble est bien réussi, en particulier Only mine, Let's do it, My baby don't bop, She's my woman, Pack your things and go, Hunter with no gun, le meilleur titre du lot étant pour moi Point blank range. A suivre. Rhythm Bomb 5807 THE RiPEM' UPS : Killswitch ! Dans le domaine du rock' n' roll, l’immigration mexicaine a fourni Ritchie Valens et Chan Romero. Il va falloir leur ajouter ce groupe de Los Angeles, qui inclut Javier De La Rosa (vo, gtr), Edgar Villareal (bs), Santos De Leon (bat), Jose Rodriguez (gtr sol), Marco Palos (sax tén). Carl Sonny Leyland leur fournit l’excellent appoint de son piano sur plusieurs titres. Si leurs quelques titres plus néo ne sont pas remarquables, ils savent faire du rock' n' roll mélodieux, un peu de Johnny Kidd, du r'n'b néo-orléanais ou du rockin surf. Mais ils donnent leur pleine mesure et mont emballé sur les titres à la Ritchie Valens (Comprendeme nena rappelle Oh my head) et ceux à la Little Richard (Frantic est époustouflant). Qu’ils persévèrent dans cette voie. Rhythm Bomb ss N° Le Cri du Coyote n°145 page 56 Bernard BOYAT SANDY LEE : I Got A Man Bye Bye Young Men Sandra Lehmann, native dAugsbourg, Allemagne, qui est aussi actrice de séries TV et qui était passée à Attignat en 2013, rejoint l’écurie Rydells avec ce superbe 45t simple, dans la série Rockabilly Queens, dont l’appellation ne colle pas à sa musique, du bon vieux rock' n' roll noir. En face A, on trouve une excellente compo, sur laquelle le saxo de Freddy Pohardy Riteau est omniprésent et le piano de Jean-Pierre Cardot s’en donne à cœur joie. La face B est une reprise du morceau de Ruth Brown, dans une version plus rock' n' roll et avec des chœurs à la Jordanaires. J'en redemande ! Rydells RR 719 / 14 rue de la Gare 37110 Le Boulay Tel : 02-47-56-87-17 THE BONERS : Hell Yeah Ce quatuor anglais inclut Spike (vo, gtr, hca), Houdi (gtr sol), Yorks (cbs), Mikky (bat). Il est à ranger dans une mouvance plus moderne que classique, mais fortement teintée de blues. Certains titres (Baby shaker, Lockdown) sont plus jump blues que rockabilly, Muchacha ! a des sonorités hispaniques, Driving et Walk to the light sonnent plus rock' n' roll mélodieux, alors que The train song évoque plus un TGV qu’un TER. Ma préférence va à Hotel with no name, rockabilly bien classique. Rhythm Bomb RBR 5803 JAi MALANO : Rocket Girl Jai sévissait au sein des Royal Rhythmaires, mais, sur ce CD, ce sont les Français Nico Duportal (gtr), Thibaut Chopin (cbs), Pascal Mucci (bat), Olivier Cantrelle (pno), Arnaud Desprez (sax tén), Alex Bertain, orthographié Bertein dans la pochette (sax bar), qui sont derrière elle. En revanche, le style n’a pas changé, toujours axé sur le r'n'b d’antan. Il y a peu de reprises, dont elle pourrait se passer, car elle compose fort bien. Elle donne sa pleine mesure sur les titres bien carrés (Learn about a man, Rocket girl, Aint I a mess) ou néo-orléanais, sur lesquels cuivres et piano donnent leur pleine mesure (Johnny knows, superbe ballade très swamp pop), quelle devrait privilégier et oublier les morceaux plus jazzy cabaret. Rhythm Bomb RBR 5758 CAROLiNA & HER RHYTHM ROCKETS : By My Side Carolin Rottmann (vo, r-gt) évolue dans un créneau qui recoupe celui de sa consoeur ci-dessus. Mais son groupe (Sebastian Rottmann, gtr sol, Marco Mass, cbs, Stefan Dürrbeck, bat) est dans une configuration rockabilly. Du coup, les titres plus blues/ rockin blues pâtissent de l’absence de saxos et piano, comme pour You dont care au rythme néo-orléanais chaloupé, sauf sur les deux titres, Real good man et I'm gonna leave you, où ce dernier est présent. Elle pourrait creuser plus dans un répertoire plus blanc (très bonne reprise de Got a lot of rhythm in my soul) ou Bo Diddley (Jungle king) et se dispenser, comme Jai(cf ci-dessus), des titres cabaret jazzy. Rhythm Bomb 5806 THE MiKE HENDERSON BAND : If You Think Its Hot Here Un vocal puissant, une guitare souvent frémissante, un harmonica très Chicago, un piano bien présent, les ingrédients étaient réunis pour concocter un excellent album de blues musclé, entre titres plus enlevés et d’autres lents, avec un morceau soul medium (If you think its hot COYOTHÈQUE Bye Bye Elvis Caroline de Mulder Etrange roman qui alterne ses chapitres sur la fin du King et l'évocation d’un vieil homme qui vit à Paris (John White) assisté de sa gouvernante Yvonne. Le parallèle peut faire croire à une correspondance quasi mystique entre le chanteur malade, écrasé par son image et qui fait pitié (la documentation sur la déchéance est acerbe) et un vieil homme pouvant être un éventuel avatar du King (au lecteur de trancher), orphelin et seul, que le récit d’Yvonne, qui ne sait rien du passé de John, nous évoque avec une tendresse qui n’exclut aucun détail. L’auteur brouille volontairement le jeu en affirmant de son personne fictif : "L'évocation de la vie d'Elvis pourrait n'être que le fil de ses souvenirs, au moment de mourir". Un jeu subtil et plaisant qui accrochera l'amateur du King en prolongeant son éternelle curiosité. (JB) Actes Sud, 2014 here), un instrumental (Rock house blues) et un Matchbox bien rock' n' roll pour faire bonne mesure. Mike reste dans la lignée des albums antérieurs que je connais. EllerSoul 1501-019/ distr Frank Roszak RiCKY FABiAN : Pictures Nous avons découvert ce chanteur allemand il y a un an. Le revoici avec un CD dédié aux films. Il comporte diverses influences, allant du rockabilly à Johnny Kidd en passant par le r'n'r, ou le teen, la variété et la country des années soixante. Mes préférences vont aux morceaux où le saxo et le piano sont bien présents, les rockabillys When i'm gone et Big ole bag, le country Try again et les teens A thing of the past, Julie Anne et Sunset girl (avec Cherry Casino sur ce dernier). Rhythm Bomb 5812 ARLEN ROTH : Slide Guitar Summit Si vous aimez la slide guitare, ne laissez pas passer cette occasion et procurez-vous cet album, lequel n’usurpe pas son nom, avec la présence de maîtres du genre, comme Johnny Winter (dont ce fut l’ultime session), Sonny Landreth, David Lindley, Rick Vito, Jimmy Vivino, Jack Pearson, Lee Roy Parnell, Cindy Cashdollar, Greg Martin. La totalité des morceaux chantés relève du rockin rhythm & blues ou rockin blues, les instrumentaux sont presque tous des ballades très agréables. Les deux titres les plus étonnants sont les reprises de Peach pickin time in Georgia de Jimmy Rodgers et de Steel guitar rag de Merle Travis en country rock. Aquinnah ss N° / distr Mark Pucci Media JEAN-JACQUES MiLTEAU : What’s That Sound ? Film de Stéphane Jourdain DVD Le film débute par un long solo d’harmonica, modulé comme s'il cherchait les couleurs de sa voix et de son humeur, puis il pase en duo, avant l’arrivée du groupe, comme pour rappeler que l’harmonica, pour Jean-Jacques Milteau, est avant tout une voix, presque parmi d’autres, dans ce concert filmé, sans effets inutiles, au Parc floral de Vincennes (en 2013). Les séquences enregistrées en public sont entrecoupées d’une interview de J.J. Milteau qui évoque d’abord l'importance fondamentale du Delta du Mississippi, avec sa musique issue des échos africains et une certaine violence de vie. "Je préfère le rêve à la réalité" dit-il après avoir découvert le monde du blues, au sud de Memphis, lequel a "des trous à ses chaussettes". Bilan réaliste donc, entre l'amour des sons et le constat, moins brillant, de l'état de leur berceau. En tout cas, s’il a découvert l’instrument avec Sonny Terry, Jean-Jacques Milteau a immédiatement intégré l’apport des techniques où se mêlent mélodie, rythmes, effets et bruits divers, de même que le dialogue permanent entre le chant de ses collègues et ses lames, dans un effet d’appel/ réponse quasi spirituel. Avec Michael Robinson, à la "voix céleste" (il est fils de pasteur, ça doit venir de loin !) et Ron Smyth avec son timbre plus "terrien", la complicité est évidente, soutenue par Gilles Michel (basse) Eric Laffont (batterie) et le grand Manu Galvin (guitare). Sur un titre intervient aussi Mathias Haug à la guitare. Côté répertoire, des compositions intéressantes changent des éternelles reprises classiques ou banales de certains concerts de blues... Magnifiques réussites par exemple de Leaving In The Morning (Milteau/ Smyth) ou Will You Come, écrit par Robinson (qui évoque Martin Luther King) sur une mélodie de Manu Galvin : le solo d’harmonica intervient après plusieurs couplets comme un complément mélodique. Originalité de choix encore avec Long Time Gone (Crosby) qui démarre après un long solo de guitare. En final on trouve une autre pulsion de rythme avec un beau solo chaud d’harmonica. Le titre débute par un solo parlé avant l’annonce "Something happening" qui introduit le titre For What It’s Worth (Stephen Stills) d’où est extraite la phrase What’s That Sound qui donne le titre du DVD. Au-delà de la virtuosité des musiciens, Gavin et Milteau en tête, on partage un moment d’échange où l’harmonica "dialogue, illustre, conforte, titille, relaie pour créer un décor propice à l’expression du chant". Comme conclut Jean-Jacques : "si le blues pose le problème, et si le gospel le résout, alors la Soul est entre les deux". Le tout est un bien bel équilibre de cette musique qui correspond à une réalité humaine et sociale qui nous touche par sa sincérité et sa chaleur de vie. (JB) (8 titres, 54’). La Huit, 218 bis rue de Charenton, 75012 Paris (www.lahuit.com) ABONNEMENT & BON DE COMMANDE Nom : Chèque à l'ordre de Le Cri du Coyote (BP 48 26170 Buis-les-Baronnies) Prénom : Adresse : Code : Ville : Courriel : Remplir également le verso de ce bon. Le Cri du Coyote n°145 page 57 CONCERTS JUiN 21- LONG ROAD Feyzin (69) Fort 21- BACKWEST Salvetat sur Agout (34) 21- Thierry LECOCQ & BLUEGRASS BROTHERS St Mandé (94) 25- Liane EDWARDS Trio Acoustique, Balazuc (07) 25- Th. LECOCQ & STATiON Paris (14) Café d’Orléans 26- ZZ Top Paris, Zénith 26 au 28- Festival Country (27) Mr SOUL Rose ALLEYSON J.C. HARRiSSON (28) TEXAS SiDESTEP Coudray-Monceaux (91) 27-HONKY TONK ANGELS CH- Interlaken 27- Liane EDWARDS Trio Acoustique, Auxerre (89) 27- CELTiC SAiLORS Longpont S/ Orge (91) 27 & 28- Pierre LORRY & Bill BOSCHUNG Courpière (63) 27 & 28- BACKWEST Gujan Mestras (33) 27 & 28 American Festival (27) Gabi JONES Ernest Ray EVERETT MARiOTTi BROTHERS (28) Nadine SOMERS SMOOTH & BULLY BOYS Agde (34) 26- CATFiSH Dunkerque (59) 28- Liane EDWARDS Band Charquemont (25) 28 & 29- The WHO Paris, Zénith 30- Liane EDWARDS Band Cintegabelle (31) JUiLLET 01- Joel RAFAEL Paris, Pomme d'Eve 01- Long CHRiS & Chris EVANS Paris (14°) Petit Journal Montp. 02- Th. LECOCQ & LULU Paris (14) Café d’Orléans 03- CATFiSH Cognac (16) 03- Banjo Night Old Time, Celtic, Bluegrass Paris (12°) Le Tonic 03 & 04- Fest’ Country NASLY & CHATTAHOOCHEE BOTTLEGGERS BACKWEST Herepian (34) 03 au 05- American Festival The MUDDY HiLL BOYS Morgan BERNARD The CHOUQUETTES HOWLiN JAW’S Nico DUPORTAL & His RHYTHM DUDES Miss MARY ANN & RAGTiME WRANGLERS The BUGALETTES Jackson SLOAN & The RHYTHM TONES Simon ABKARiAN Kevin BUCKLEY ONE MORE GiRL Aaron PRiTCHETT Lloyd PRiCE Jay MALANO Tours (37) 03 au 05- Festival CW Ian SCOTT Laurette CANYON Lilly WEST St Jean Monclar (04) 04- Jefferson NOiZET Lautrec (81) Café Plum 04- Liane EDWARDS Band St Vit (25) 04- Th. LECOCQ & Mr JAY CH- Ecublens 04- The BOOTLEGGERS RUSTY LEGS Le Grau du Roi (30) 04 & 05- Fest. Country Frogs (04) GUNSHOT NASLY & CHATTAHOOCHEE (05) NAHViLLE 1950 ROCKiNCHER ELDORADO Gragnague (31) 05 au 12- Semaine Country John PARMENTER Raphaëlle DESS TEXAS SiDESTEP SOUTHERN GANG Cap d'Agde (34) 09 & 10- American Festival (09) Mr JAY BAND Michael JONES (10) Ernest Ray EVERETT Doug ADKiNS(USA) Montpellier (34) 10- WiTCH DOCTORS Langrune sur mer (14) 10- MARY-LOU (Rencontres folk, country western) Plaine Haute (29) 0296641781 11- LiTTLE BOB Eu (76) 11- MARY-LOU (TRiO) Pont l’Abbé (29) 11- BUCEPHALES RiDERS Gabi JONES Th. LECOCQ & Mr JAY Cotignac (83) 06-1126-4807 11 & 12- Country Roque Shorty TOM & LONGSHOTS The COUNTRY BREAKERS TEXAS MARTHA & HOUSE Of TWANG FLYiNG SAUCERS (12) NEW STEP iN GRASS Doug ADKiNS Ernest Ray EVERETT Vicky LAYNE La Roque d'Anthéron (13) 11 au 14- Festival Country (11) HOLY WOOD The JiVE ACES (12) MARiOTTi BROTHERS Johnny HORSEPOWER (13) GHOST HiGHWAY Jason Lee McKINNEY (14) Gabi JONES & OUTLAWS RHYTHM SOPHiE Mirande (32) 12- Bob DYLAN Albi (81) 13- MARY-LOU (Rencontres) Vasles (79) 21h 14- CATFiSH Hastingues (40) 17- MARY-LOU (TRiO) Penmarch (29) St Guénolé 17- Laurette CANYON (Duo) Lac de la Madine (55) 18- BACKWEST Baratier (04) American Day’s 18- Pierre LORRY Héricourt (70) 18 & 19 Festival Américain KENTUCKY CODY-DANCERS Charlie WEST The MUDDY HiLL BOYS Mézières en Drouais (28) 22- Th. LECOCQ & JEFFS Ambert (63) 22- The CRAZY DUCKS EiGHT KiLLERS BLUES Villeneuve s/ Lot (47) gratuit 23- The RiNGTONES Nevers (58) Les Arcandiers 23- Liane EDWARDS Band Le Vigan (30) 23- CATFiSH Brest (29) 24- The RiNGTONES Châteauneuf la Fotêt (87) 24- Laurette CANYON Reims (51) 24- CATFiSH Mâcon (71) L'été Frappé 24-26- America Normandy ATOMiC CiRCUS ORCHESTRA (24) GUMBO GAZOLiNE ViNTAGE YOUNG JAM BLUES BAND Yann MATiS HAWAiiAN PiSTOLEROS HiLLBiLLY ROCKERS (25) MiSS JACK WEST BOUND BiG RiVER Neal BLACK Ray SCOTT Michael LONSTAR HONKY TONK ANGELS (26) BLUE TEARS TRiO The iNDiCATiONS Laurette CANYON COLD CAN Caen (14) Parc des Expos 24- Th. LECOCQ & JEFFS Craponne (43) 24 & 26- Country RDV (24) Les RiVETS SAUVAGES MORAND CAJUN BAND ROCKiN' BONNiE & THE MiGHTY ROPERS DELLA MAE LiVEWiRE (25) Liane EDWARDS WHEELS FARGO & The NiGHTiNGALE Sarah GAYLE MEECH MiCKY & THE MOTORCARS Matt HiLLYER (26) M. SOUL FOUR WHEEL DRiVE LARKiNG POE Craig MORGAN Linda Gail LEWiS Off- MUDDY HiLL BOYS ROOTS 66 - BACKWEST BARTENDERS Craponne sur Arzon (43) 04 71 03 25 52 25- LiTTLE BOB Le Mans (72) 29-02 août- Festival Bluegrass de La Rocher-sur-Foron (74) Dès le mercredi 29 : "OFF" Jeudi 30 : Groupes Stagiaires + BLACKJACK (CZE) 2011* KRENi (CZE) 2009* HiCKORY PROJECT (US) Vendredi 31 : JUMPER CABLES (CZE) 2014* SONS OF NAVARONE (B) 2012* FRANK SOLiVAN & DiRTY KiTCHEN (US) Samedi 01 : RED HERRiNG (HOL) KiDS ON BLUEGRASS (US) Master class : Acoustic Trading Cie & Kids on Bluegrass OAK (F) CdeC* 2014 SPRiNGFiELD (F) EASY WEST (SLO/CZE) 2013* MONOGRAM (CZE) 2008* G-RUNS'N ROSES (CZE) 2010* ACOUSTiC TRADiNG C° (US) = Kim & Joel Fox, Dale Ann & John Bradley, Phil Leadbetter LONESOME RiVER BAND (US) Dimanche 02 : CHEERFUL DiLiGENCE (RUS) MART O'PiCKERS (FRA) STONES BONES & BAD SPAGHETTi (POR) KiDS ON BLUEGRASS (US) MiDEANDO STRiNG QUiNTET (IT) CdeC* 2008 LE CHAT MORT (SUE) CdeC* 2012 HOLY WATER (HOL) CdeC* 2010 BLUEGRASS STUFF (IT) V* 2006 KRALiK'S ROWDY RASCALS (CZE) 2007* RACKHOUSE PiLFER (IR) CdeC* 2013 www.larochebluegrass.fr *V. = Vainqueur du concours, CdeC* = Coup de Cœur Membre : 29 Euros Bienfaiteur : 34 Euros Le numéro : 6 Euros (port inclus) Dernier paru : n°144 (à partir du dernier paru) AOÛT 01- CATFiSH Bourges (18) 01 & 02- Pierre LORRY Mende(49) 01 & 02- Festival Country (01) SUNNY SiDE G.G. GiBSON David WADDELL GUNSHOT (2) BAB' N' BLUE RieNDANTONFOLK Le Barp (33) 02- MARY-LOU Concarneau-Lanriec (29) 14h 03- MARY-LOU Chartres (28) 21h 05- COPYCAT Cock ROBiN Villeneuve sur Lot (47) gratuit 06- Liane EDWARDS Band Mejanes le Clap (30) 06- LiTTLE BOB Bedarieux (34) 07- Jefferson NOiZET Calmont (31) C. Le Mercier 08- Paul Mac BONViN Berck-Plage (62) 08- TEXAS SiDESTEP Molsheim (67) 08- Liane EDWARDS Band Montbeliard (25) 08- Jefferson NOiZET Seissan (32) Chez Charlotte 12- OSTiNATO Les SALES TiQUES Villeneuve sur Lot (47) gratuit 12 au 16- Festival Equiblues (12) HAR & KiNGS COUNTY (13) HiLLBiLLY ROCKERS Jack GREELLE BAYLOU (14) SUBWAY COWBOYS Chad WARE Junior GORDON Band (15) Carson McHONE Josh GRiDER Ashton SHEPERD Saint Agrève (07) 13- Jefferson NOiZET Bethmale (09) 13- Pierre LORRY Plomeur (29) Camp. Lanven NB : Vous pouvez commander sur papier libre pour conserver votre revue intacte ABONNEMENT & ANCiENS NUMÉROS J'adhère à l'association : je recevrai 4 bulletins 25- The RiNGTONES Commentry (03) 25- TEXAS SiDESTEP Saint Viaud (85) 26- Liane EDWARDS Band Décizes (58 29- MARY-LOU (TRiO) Loctudy (29) Lodonec 19h 29- Patricia VONNE Don DONUTS & TWiN HillBOYS Villeuneuve Sur Lot (47) 31- The RiNGTONES Chevannes (89) 31- Laurette CANYON (Duo) Lac de la Madine (55 31 & 1er- ROUTE 67 TEXAS SiDESTEP Laurette CANYON & AZiLiZ Steinbourg (67) Offre spéciale vente groupée 25 euros les 5 numéros 45 euros les 10 numéros 60 euros les 20 numéros Indiquez la liste des anciens numéros que vous désirez : Etranger : 32 Euros Le Cri du Coyote n°145 page 58 14- Liane EDWARDS Band Valdahon (25) 15- CELTiC SAiLORS Marçon (72) 15- TEXAS SiDESTEP Colmar (68) 15- Jefferson NOiZET Clermont (09) Le Souleilla 15- Liane EDWARDS Band Les Rousses (39) 19- ACOUSTiC BOULEVARD Doucier (39) MFR 21h 21- ACOUSTiC BOULEVARD Igé (71) 21h 23- BACKWEST Saint Pierre d’Albigny (73) 28- Liane EDWARDS Band Beauregard Barret (26) 29- Pierre LORRY Chaumont (?) 29- The RiNGTONES Béthune (62) Le Poche 29- Liane EDWARDS Band E- Salardù 29- TEXAS SiDESTEP Lionel WENDLiNG Raphaëlle DESS Longeville sur Mer (85) SEPTEMBRE 04- CATFiSH Varennes Vauzelles (58) 05- Liane EDWARDS Band St Rémy de Blot (63) 05- PO’ RAMBLiN’ BOYS CH- Lommis 06- PO’ RAMBLiN’ BOYS CH- Liestal 11- Mike SANCHEZ MATT & PEABODY DUCKS The H-BOMBS SHORTY TOM Montepellier (34) 12- Thierry LECOCQ L'Aigle (61) 12- CRAZY CAVAN EARL & OVERTONES T. BO & B BOPPERS LEGACASTER Montpellier (34) 24 au 26- Jefferson NOiZET Toulouse (31) Th. Fil à Plomb 26- CATFiSH St Sébastien (44) L'Escale 26- Erik SiTBON Dadonville (45) 26- BACKWEST Saint-Paul-Cap-de-Joux (81) 27- The RiNGTONES Châteauroux Belle-Isle (36) OCTOBRE 03- BACKWEST Aubigny-sur-Nère (18) 09- Jefferson NOiZET Castelnau-Magnoac (65) 10- Jefferson NOiZET Hélette (64) 17- The RiNGTONES Hautvillers (51) 31 & 1er Festival Country SANDY & PRAiRiE DOGS MARiOTTi BROTHERS Kevin FOWLER (avec Paul EASON) Evreux (27) 02 3238 2565 TU L'AiMES MA POCHETTE ? Une douce pensée pour Linda Ronstadt, aujourd'hui malade. Mais comment s'étonner si, dans (presque) tout Coyote, il y a un Cochon qui Dort ? Le Cabas du Fana COMPAGNiE WESTERN Catherine (02-35-97-43-49) CD/ DVD Westerns & séries US [email protected] DiXiEFROG : BLUES Albums Blues & Country: www.bluesweb.com STAGE BLUEGRASS NATURE 15 au 21 août à Doucier (39) avec Acoustic Boulevard www.gillesrezard.com BLUEGRASS EN DRÔME 19 & 20 septembre Crupies (26) Gérard Miech : 04-75-52-48-80, EBMA : NOUVEAU BUREAU Après la démission de Angelika Torrie, Rienk Janssen, Christopher Howard-Williams, Petr Brandejs et Dagfinn Pedersen, voici le nouveau bureau : Eugene O'Brien (pdt), Stu Vincent, Richard Cifersky, Susie Bowe, Chris Keenan, Martino Coppo SiTE D'iNFORMATiONS www.agenda-country.com NO DEPRESSiON PAPiER Souscription Kickstarter pour la publication d’un n° spécial papier (140 p sans pub) en septembre BANJOLiT & Dr ARM Richard Cifersky et des amis proposent un repose-bras : Dr Arm (www.banjolit.com/store) A VENDRE Collection complète de Jukebox Magazine du n°1 au n°340 (600€ le lot). Port à charge de l’acheteur ou enlever à Rodez (12) (Contacter Le Cri qui fera suivre) STAGES GUiTARE & ViOLON Thierry Lecocq 25 & 26 juillet au Festival de Craponne (43) STAGES BLUEGRASS Intervenants à La Roche (74) du 28 au 30 juillet Chant : Mathilde Cousin & Mary Reynaud, Mandoline : Anthony Hannigan & Dorian Ricaux Violon : Raphaël Maillet & Coleman Smith, Guitare : Mark Morris & Jimmy Josse, Banjo : Ed Lick & Pierre-Yves Lechat Dobro : Pierre Bastide [email protected] COYOTHÈQUE Rockabilly Fever, Michel Rose (De Memphis,TN à Austin, TX). Ré-édition attendue d'un des premiers guides du genre par un passionné (et Coyauteur à ses heures). Ed. Camion Blanc John Prine, In Spite Of Himself Eddie Huffman. U. ofTexas Don Helms, Steel Guitar Song Book, DeWitt Scott. Mel Bay 5-String Banjo Book Lluis Gómez (Tablatures) [email protected] Liane EDWARDS Elle tourne avec deux équipes : Guillaume Defoulounoux ou Thierry Jaoul (gtr) et Nicolas Mermoud ou Olivier Capelli (bat) (04 75 66 84 12) AU-DELA DE LA MUSiQUE Nos lecteurs ont du talent : Bruno Gallet publie un roman à suspens sur le monde de l'escalade (L'Aigle de Bonelli) Ed. Anne Carrière CONTACTS LABELS & DiSTRiBUTEURS Bear Family, PO Box 1154, 27727 Hambegen (All.), www.bear-family.de Blind Raccoon, PO Box 40045, Memphis TN 38174, www.blindraccoon.com F. Roszak, 7400 Sepulveda Blvd # 330, Van Nuys, CA 91405, USA, www.roszakradio.com Frémeaux, 20 rue R. Giraudineau, 94300 Vincennes, www.fremeaux.com Hemifrån, Spadvägen 8, SE-513 50 Sparsör (Suède), www.hemifran.com Bear Family, PO Box 1154, 27727 Hambegen (All.), www.bear-family.de Blind Raccoon, PO Box 40045, Memphis TN 38174, www.blindraccoon.com Mark Pucci M., 5000 Oak Bluff Ct, Atlanta GA 30350, USA www.markpuccimedia.com Part Records, Wiesenstrasse 6, 69190, Walldorf (Allemagne) www.part-records.de Rhythm Bomb Haupstrasse 38, 27478 Cuxhaven (Allemagne) www.rhythmbomb.com SOURiS-THÈQUE Disco (Marc Alésina, Gilles Vignal) : http://sonnyburgess.voila.net Blog de passionné rockabilly/ country : http://rollcallblog.blogspot.com Blog de l'ami Gérard Herzhaft. Blues : http://www.jukegh.blogspot.com Blog de l'ami Coyauteur Sam Pierre : http://sampierre.blogspot.com Blog amateurs de R'n'R & Country : http://www.bopping.org Magazine Big Beat : http://bigbeatmagazine.blogspot.com Classement européen Americana : http://www.euroamericanachart.eu Une vidéo par jour, gratuitement : http://www.bluegrassonthetube.com Emmanuel Marin (Pixels Country) : www.emarin-country.fr Roger Lyobard (Country Gone) : www.countrygone.fr Daumy (Fotozic) : www.fotozic.com FANZiNES-MAGAZiNES THE BLUEGRASS TiMES (FBMA) Nicolas Guibout, 2491 CD 925 L'Orée du Bois, 73200 Grignon BLUEGRASS EUROPE Fiechthagstrasse 4 CH-4103 Bottmingen SUR LA ROUTE DE MEMPHiS Magazine désormais sur Internet : http://madmagz.com/fr/magazine/386087 BCR LA REVUE : 4 rue Baillergeau 79100 St Jacques de Thouars TRAD MAGAZiNE 89 rue Championnet, BP 10292, 75867 Paris, Cedex 18 BLUES AGAiN 19 Av. M. Foch, 77508 Chelles BANDS OF DiXiE Route du Vigan, 30120 Montdardier BLUES MAGAZiNE, Rés. Mermoz, 1 Allée Bastié, 95150 Taverny JOURNAL OF TEXAS MUSiC HiSTORY History Depart. Texas State University San Marcos, TX 78666, USA GOLDENSEAL (John Lilly) : 1900 Kanawha Blvd East Charleston WV 25305, USA NO FENCES (en Allemand) Friedrichsstrasse 16 34117 Kassel, All. Country Music - Blues - Cajun - Folk Song Gérard HERZHAFT Tél. 04-72-33-45-89 http://www.jukegh.blogspot.com Knockin' On Heaven's Door Jean RiTCHiE (92 ans) 1er juin Chanteuse emblématique des Appalaches, elle était porteuse d’une tradition que sa voix de soprano a fait connaître au moment du folk revival de la fin des 50’s, dans la mouvance de Pete Seeger. De Judy Collins à Emmylou Harris, nombreuses sont les chanteuses qui l’ont appréciée pour son apport musical et culturel. Richard E. WATSON (49 ans) 1er juin Fils de Merle et guitariste il a accompagné son grandpère Doc durant une dizaine d’années. Figue populaire du MerleFest, Il a enregistré Feeling the Blues (1992) et produit Third Generation Blues en 1999 (Sugar Hill). Ronnie GiLBERT (88 ans) 6 juin Acteur puis psychologue, il fut surtout membre des Weavers avec Pete Seeger, Lee Hays et Fred Hellerman dès les 40’s. Le groupe spécialisé dans le folk et les avancées politiques a gravé des classiques et chanté Woodie Guthrie. Le macchartisme verra en eux des suppots communistes ce qui limitera leur carrière par des interdits d'affichages. Avec sa femme (dentiste) Ronnie s'installe alors en Californie. En 1955 ils Le Cri du Coyote n°145 page 59 ont repris une dizaine d’années de concerts à succès, avec Erik Darling et Ronnie reste une des grandes voix de ce mouvement musical et social qui a permis l’avènement des Droits civiques. Randy HOWARD (65 ans) 09 juin Auteur de l’album Now and Then (1976) dans la mouvance des Outlaws, puis de l’ironique All-American Redneck, il fut aussi un compagnon de scène de Willie Nelson, Waylon Jennings, Hank Williams Jr, Charlie Daniels, etc. Il a été abattu alors qu’il tirait sur un chasseur de prime venu l’arrêter (pour possession d’arme, drogue, conduite sans permis, alcoolisme, etc.) Jim Ed BROWN (81 ans) 11 juin In Style (présenté dans Le Cri n°144 p50) fut le dernier chant de James Edward Brown. Avec ses sœurs Maxine & Bonnie, il fit partie du célèbre trio The Browns dont The Three Bells (1959) fut longtemps en tête des charts avec l’efficacité de cette tradition d’harmonie familiale. NB : Décédé la veille de notre remise à l’imprimeur… nous reviendrons sur ce musicien dans un prochain Cri. (JB) 145 Bulletin de liaison de l’assocation à but non lucratif (type loi 1901) : "Découverte et promotion des musiques issues des traditions acoustiques nord-américaines et leurs dérivées.“ PHOTO SOUVENiR Lamar Grier, Tex Logan, Roger Mason, Peter Rowan, Amanda Rowan, Barry Mitterhoff. NEWS NEWS Coyote Report NEWS Coyote Report POP ROCK iN BLUEGRASS Dale Ann Bradley continue dans un répertoire hors bluegrass traditionnel avec Michael Cleveland (fdl) Steve Thomas (gtr, mdl) Mike Sumner (bjo) Tish Disman (bss) Phil Leadbetter (reso-gtr) et les harmonies vocales de Tina Adair et Ronnie Bowman pour Pocket Full Of Keys (Pinecastle) COAT OF MANY COLORS La belle chanson de Dolly Parton (1971) qui évoque le manteau bigarré que sa maman qui lui a cousu à partir de bouts de tissus donnés (belle allusion biblique au passage) va devenir le sujet d’un film TV (NBC). ANGELS AND ALCOHOL Drôle de mélange détonnant annoncé par Alan Jackson pour titrer son 15ème album produit par Keith Stegall. Dix nouveaux titres dont 7 signés Jackson ROCKiN’ CLASS HERO Titre du "rockumentaire "de Laurent Jezequel et Gilbert Coursoux sur Little Bob avec de nombreux témoignages. A quand une distribution en dehors du Havre ? TOURNÉE COMMUNE Ry Cooder, Sharon White et Ricky Skaggs avec Buck White (pno) Mark Fain (bss) Joachim Cooder (drm) et Cheryl White (h-vo). Pour qui se rappelle la qualité des Whites, avec l’apport de Ry, l’affiche doit valoir le déplacement STATE MUSiCiAN Le Texas honore ses artistes parmi lesquels Jimmie Vaughan et Joe Ely. Bonne idée Nécro : Carl Da SiLVA (30 mars) Chanteur et guitariste des Rhythm All Stars, groupe apprécié des amateurs de R’n’R & Rockabilly Coyote Report ATTAQUE DU CRABE GRASS Songwriter et banjoïste, Ray Edwards (The Bluegrass Brothers ) se bat contre un cancer. Ses chansons sont reprises par Lou Reid & Carolina et Mike Bentley & Cumberland Gap Connection, Marty Raybon, etc. CALViN EUGENE Prénoms du fils de Claire Elizabeth Coffee et son mari, Chris Thile, né en mai à Portland COCHON QUi DORT Un redneck, un peu alcoolisé, dit à sa femme : - Eh bé ch’rie, t’as pas encore grossi ? T’as l’cul qu’est large comme not’ barbecue ! Le soir venu, et l’alcool aidant, il s’approche tendrement d’elle et tend la main… - Ah bé non ! dit-elle, on va pas allumer tout le barbecue pour une si petite saucisse ! The Coyote Staff AMi-COYOTE Extraite des archives du Cri, une sélection spéciale Blues offerte par tirage au sort, aux Membres Bienfaiteurs suivants : Dominique ANGLARES (94) Pierre BRAU-ARNAUTY (65) Thomas CREPiN (02) Pierre GUiCHARD (69) Jeff TRONELLE (03) B.B. KiNG & iRMA THOMAS : We're Gonna Make It, Single Promo MCA Hors commerce (1993) BLUES AGAINST RACiSM : Compilation 17 titres (1999) de Little Bob à Spider X 2000 ROOTS & NEW : Compilation 18 titres DixieFrog (1999), de Tommy Castro àVan Wilks STRAiGHT BLUES 4U : Compilation 17 titres Black & Tan (2003), de Big George Jackson à Sunset Travelers SLAVERY iN AMERiCA : Redemption Songs 1914-1972, Compilation 3 CD (72 titres) Frémeaux (2014) L’adhésion/ abonnement est de 4 numéros. Les Bienfaiteurs participent au tirage au sort ”Ami-Coyote“ pour gagner des CD. Les articles, signés, n’engagent que l’opinion de leurs auteurs. NB : Les documents non sollicités ne sont pas renvoyés. Directeur de la publication Jacques BRÉMOND Ont participé à ce numéro : Marc ALÉSiNA Eric ALLART Dominique ANGLARES Bernard BOYAT Christian BRÉMOND Jean-Jacques CORRiO Romain DECORET Jacques DUFOUR * Jean-Luc FAïSSE * Dominique FOSSE Anne & Alain FOURNiER Gérard HERZHAFT Christian LABONNE Roland LANZARONE Thierry LOYER Serge MOULiS Philippe OCHiN Sam PiERRE Eric RiCHARD Eric SUPPARO Lionel WENDLiNG ABONNEMENT : 29 Euros (4 n°) Bienfaiteur: 34 Euros Etranger: 32 Euros Ce n° est dédié à Gérard Herzhaft qui a reçu le Keeping the Blues Alive Award décerné à Memphis. Bravo ! Le Cri du Coyote, BP 48, 26170 Buis-les-Baronnies ([email protected]) Le Cri du Coyote n°145 page 60