Le Cri du Coyote

Transcription

Le Cri du Coyote
Revue de Musiques Américaines
LE
DU COYOTE
Sturgill
SiMPSON
LONESOME RiVER BAND - James McMURTRY
Le SON DE BAKERSFiELD - The SUBWAY COWBOYS
Derwood BROWN - CHARLiEU - GOOD ROCKiN' TONiGHT
B.B. KiNG - Tut TAYLOR - Thierry LOYER - Craig SHAW
Le QUATUOR - Jean-jacques MiLTEAU
Eté 2015
145
U
Quel boulot incroyable ! Félicitations et respect.
Courriel de Bruno B.
Bonjour Jacques et tous les Coyoteurs
L’encart me prévient de renouveler mon abonnement, chose que je fais avec grand plaisir. Merci à
tous ceux qui bossent pour que le journal existe.
Félicitations à Jean-Marie Redon pour son Award.
Je me souviens -pourtant c’était il y a bien des années !- qu’une amie l’avait hébergé avec Mick pour
une nuit à Nevers Comme de tradition, le chèque
est un peu gonflé. Bien amicalement, Michel B.
Bonjour à tous,
Numéros après numéros, toujours un copieux et
excellent travail. Toujours un plaisir de découvrir
cette belle revue. Le Noir et Blanc lui va si bien,
et apporte une atmosphère à certains articles,
comme celui sur les Tennessee Ramblers. Ci-joint
mon réabonnement. Merci, Jean-Louis B.
Hello,
Ci-joint le renouvellement de mon abonnement.
Chaque numéro du Cri est un régal. Continuez
l’excellent travail. Amicalement, Jack D.
Bonjour Jacques et les Coyotes,
Merci pour le dernier numéro paru du Coyote :
enfin une belle pin up à la une ! Chouette ! Plus sérieusement, sympa l'article consacré à Roger Lyobard et sa passion photo. J'ai bien aimé aussi l'article sur la tournée européenne de Hank Williams.
Ci-joint mon renouvellement en temps et en heure.
Bien cordialement, Frédéric P.
Bonjour Jacques
Je renouvelle mon abonnement, ça va de soi. Pas
de petit dessin rigolo cette année, panne d’inspiration et des soucis n’incitant guère à la fantaisie.
Tous mes encouragements et félicitations pour la
heure tenue du Cri. Bien cordialement, Richard S.
Bonjour à toute l'équipe éditoriale,
C'est toujours un plaisir de se réabonner et je vous
félicité à nouveau pour vos articles et votre travail.
La lecture du Cri est un bonheur dans ce monde de
brutes. Stéphane LC.
CARTES POSTALES
Petits échos musicaux :
Acoustic Boulevard (Jefferson
Louvat, Thierry Massoubre,
Gilles Rézard, Rachel Rézard)
apprécié en Suisse au festival
de Willisau. Extraits du récit de
Jean-Luc Brosse sur le séjour
de Mary-Lou et les Hoboes aux
USA et Bluegrass Nature, des
rencontres et ateliers :
Acoustic Boulevard à Willisau. Ph. Lily Pavlak
On a commencé en Caroline du
Retour en Floride chez Elisabeth
Nord pour enregistrer deux tradi(Lis) et Lon Williamson, piliers du
tionnels avec Gail et Tom Watts
folk local. Lis est singer songwriter
(banjo et guitare). Puis en Virginie
de talent. Lon est contrebassiste
avec Wayne Henderson et Helen
et luthier et gère leur studio au
White, deux figures du bluegrass
milieu des bois : nous y enregiset de la musique des Appalaches.
trons une chanson de Lis inédite,
Herb Key, le fidèle contrebassiste
et une valse écrite à Nashville par
de Wayne Henderson depuis 50
des amis à eux.
ans se joint à l'enregistrement. ImEtape suivante chez Charley
pressionnés et heureux de vivre
Groth, à Largo, songwriter avec
cette aventure, nous enregistrons
qui nous avons eu le plaisir de
trois titres avec eux.
jouer dans un bar de St PetersStéphane, Mary burg il y a quelques années. Avec
Rendez-vous avec notre pote
Jean-Luc & Lee Hunter
Panama Red pour un concert à
Linda Pottenberg, sa compagne,
Cullman (Alabama) puis chez lui, à Rockvale (TN) ils ont passé leur jeunesse à combattre le Ku Klux
pour passer trois jours délicieux et enregistrer dans Klan dans les champs de maïs des environs.
l'église locale. Un tour à Nashville puis Memphis,
Puis nous retrouvons nos chers amis Lee Hunter
sur Beale St, au club de Jerry Lee Lewis, ouvert et Arvid Smith à Jacksonville et enregistrons pludepuis notre dernière visite. Près de Little Rock sieurs titres. Dernière étape : Robin et Matt Soergel
(Arkansas) nous enregistrons avec les Bluegrass du groupe Ruby Beach. Enfin retour en Bretagne,
Bombers : bonne humeur et émotion !
avec des heures de musique à sélectionner avant
A Clarksdale (Mississippi) cœur du blues du Delta d'envoyer les pistes en Floride pour le mixage. On
et ville de BB King, visite du musée tout neuf. Nous restera sans doute plusieurs semaines sur notre
avions vu BB en concert à Charleston (Ga) il y a petit nuage après ces rencontres, ces mélodies et
deux ans. Ironie du sort, nous apprenons son dé- ces moments inoubliables que la musique nous a
cès deux jours plus tard ! Certes, il était au bout du permis de vivre. Jean-Luc Brosse
rouleau, mais n'empêche, c'est dur ...
(02 98 58 42 18) Récit complet sur http://www.hoboes.fr
Bluegrass Nature avec Thierry Massoubre, Jefferson Louvat, Gilles Rézard, etc.
à Doucier Avril 2015 (www.bluegrassnature.com)
Le Cri du Coyote n°145 page 02
NEWS
Coyote Report
i SAW THE LiGHT
Ecrit et dirigé
par Marc Abraham, inspiré
de la biographie de Colin
Escott, film qui
évoque la vie
de Hank Williams, interprété
par Tom Hiddleston avec Elizabeth Olsen (Audrey). Distribué
par Sony qui détient les droits
musicaux et vise les Oscars
ON A TOUJOURS ViNGT ANS
Prison pour Chris Michael
Ferrell, barman qui a tué le
chanteur de country Wayne
Mills d’une balle dans la nuque,
(pour une cigarette allumée !)
CHOiX DU PUBliC
Le festival du film de Nashville, a élu Revival : The Sam
Bush Story (de Kris Wheeler
& Wayne Franklin) meilleur
documentaire musical. Sam
flatté et enchanté des témoignages mais avec un petit goût
d’hommage nécrologique. Pour
la BO en attendant un DVD?
http://bluegrasstoday.com/sam-bushdocumentary-trailer-goes-live
BANDOLERO RECORDS
Viva Bandolera, de Patricia
Vonne, 17 titres en espagnol
SWiNG & BLUEGRASS PLUS
Tom Hiddleston
Plumes
de Coyotes
Sanseverino en tournée acoustique et musiques US avec des
chansons inspirées de Papillon
Nécro : Nick NASTO
Mathias Nicholas Nastos, un
des guitaristes de Bill Haley qui
a également fait une carrière
avec The Fireballers (cf le Lp
instrumental Guitars On Fire)
BOB TOUJOURS CHANTANT
Encore un Dylan prévu chez
Sony : King Of The Screen
TROiSiÈME AGE ACTiF
Loretta Lynn prépare un nouvel
album avec John Carter Cash
LiQUEUR PURPLE HAZE
Lancée par Leon Hendrix (67
ans) qui le droit d’exploiter
le nom de Jimi Hendrix sans
toucher à la musique (réservée
à Janie, la sœur adoptive)
AUTOUR DE LA GUiTARE
Concerts d'automne de Robben
Ford, Larry Carlton, Johnny
Clegg, Christopher Cross,
Ronn B. Thal, Axel Bauer, Paul
Personne, Dan Ar Braz, John
Jorgenson, Michael Jones,
Norbert N. Krief, Jean -Marie
Ecay, Jean-Félix Lalanne. ©
NEWS
Editorial
Coyote Report
Jacques Brémond
Bonjour,
Quand vous lirez ces lignes, les médias auront un peu oublié B.B. King.
Nous reproduisons son interview coyotesque parue dans Le Cri du Coyote
n°28 (p 53). Petit fait : ce numéro m'a valu un courrier, heureusement resté
unique, disant "Un noir en couverture ? je n'aurais jamais cru qu'un journal
qui dit s'intéresser à la musique américaine puisse être édité par un communiste" (sic).
Puis-je ajouter que je n'ai jamais regretté d'avoir perdu ce "lecteur" ?
MAC WiSEMAN A 90 ANS
Bon anniversaire Mr Mac, ici en
compagnie de Martha et Eddie
Adcock (qui eut de Mac son
premier engagement sérieux)
LONG HANK NEWS
Long Chris a gravé 4 titres de
Hank Williams en anglais ET
en français : There's a Tear In
My Beer, My Sweet Love Ain't
Around, Baby We’re Really In
Love et I Can't Help It (If I'm
Still In Love With You) pour un
45t vinyle avant le CD, avec
Alexis Mazzoleni (l-gtr), Greg
Garrigues (ac-r-gtr), Romain
Decoret (elec-bss), Andras
(cbss), Paul Susen (fdl), et
Jean Yves Lozach' (pdl-stl).
BLUEGRASS EUROPE
Le n°95 Spring de l'EBMA est
paru : Danilo Cartia, le Bluegrass en Grèce, les ateliers
musicaux européens etc.
BAKERSFiELD HiGH SCHOOL
Merle Haggard
(78 ans) a reçu
un diplôme
d’honneur du
collège où il
n'a jamais fini
ses études.
SECURiTE SOCiALE ?
Encore un musicien dans la
dèche pour se soigner.
Appel à générosité pour Aubrey
Holt (The Boys From Indiana)
Nécro Pierre BRiCE (86 ans)
acteur fétiche en Allemagne
Winnetou, chef apache humaniste d'une dizaine de westerns
pour des millions d'entrées !
THE TRAVELLiNG KiND
Album et tournée de Emmylou
Harris & Rodney Crowell ©
La vie des festivals est difficile : annulation parfois, budgets réduits souvent, et la programmation des artistes américains, avec le cours des monnaies, risque de créer des surprises.
Jusqu'au moment du bouclage, nous avons dû ajouter des espaces consacrés aux décès
dont le nombre est impressionnant, et, si l’on constate que beaucoup de nos musiciens de
cœur ont un âge avancé, l’avenir risque d’être encore moins joyeux…
Mais revenons aux joies musicales : j’aime bien, de temps en temps, mettre quelqu’un(e)
peu (ou pas) connu(e) en couverture. Ce fut le cas, en son temps, par exemple, pour Calvin
Russell (sa première couverture ?), Lyle Lovett (dont l’attachée de presse était enchantée
qu’enfin quelqu'un s’intéresse à lui !), Townes Van Zandt (pour qui l’ami Spiry avait du mal
à réunir 50 personnes à Lyon), Alison Krauss (toute jeunette), Steve Earle (qui m’avait valu
un autre courrier rageur : "c’est quoi ce mec inconnu ?"), etc. Non que Le Cri ait la prétention de les avoir découverts, mais bien des médias ne s’intéressent aux musiciens qu’une
fois le succès arrivé, ou quand ils sont morts (cf Johnny Cash, passé ainsi du bouseux à
l’icône rock & roll !). Ce petit rappel étant fait, Sturgill Simpson est-il un élément important
de l’avenir de la country music ? Peut-être l'est-il déjà... ou pas, car, malgré le nombre
grandissant de ses fans, il semble jaloux de son indépendance et donc à l’abri des dangers
du vedettariat. En tout cas sa musique allie tradition et héritage, modernisme et ouverture
d’esprit, harmonies et virtuosité musicale, des thèmes originaux, avec de bons musiciens,
bref c’est une agréable pousse dans le vaste buisson commercial. A ce titre il est exemplaire et à découvrir si vous aimez la country nourrie au honky tonk, à la ballade, au rock 'n'
roll, etc. d'autant que ses musiciens, tous jeunes aussi, sont vraiment des pointures.
Le sommaire est plein de diversité appétissante : du Lonesome River Band à James Mc
Murtry, des Subway Cowboys à Derwood Brown, du son Bakersfield au rock 'n' roll d'Attignat, de Charlieu au Quatuor, de Tut Taylor à Thierry Loyer ou Jean-Jacques Milteau, histoire et actualité se mêlent, pour le partage des plaisirs. Même intention dans toutes nos
chroniques habituelles, sans oublier la vaste sélection de Disqu'Airs.
Une pensée affecteuse pour nos amis touchés par des ennuis de santé. Le Cri du Coyote
ne guérit pas mais il croit pouvoir glisser dans ses pages des "good vibrations" à leur intention. Puissent-elles faire leur office et rendre le sourire à tous !
Bons festivals et concerts d'été. Bonnes vacances quand viendra le moment.
Bien cordialement, Jacques
PS : Le monde change à toute vitesse : Eric Allart vient d'avoir 50 ans ! Tous nos vœux l'ami !
Gazette Express
KiNG : L'ENFANCE DE L'ART
Le 1er enregistrement d’Elvis,
août 1953 (My Happiness &
That's When Your Heartaches
Begin) payé 4$ chez Sun, a été
vendu 300 000$, aux enchères.
L'acheteur "anonyme" est Jack
White : il propose désormais un
fac-similé (78t, 25 cm)
sur Third Man Records
(45€ chez Bear Family)
OUTLAW COUNTRY CRUiSE
Oxymore ? Outlaws et croisière
Marketing oblige pour remplir
les 2 500 places du Norwegian
Pearl avec Blackberry Smoke,
Lucinda Williams, Steve Earle,
The Mavericks, Bobby Bare,
Bobby Bare Jr., Lukas Nelson,
Shooter Jennings, Elizabeth
Cook, The Bandof Heathens,
Nikki Lane, Mojo Nixon
Country Citation
"Compter, ça il sait faire. Il a toujours aimé les maths. Il faisait le
lèche-cul avec Mme Earlich pendant les cours d’algèbre, t’aurais
cru que les gros nichons de la prof
s’avançaient jusqu’à la table de
Stu. Quand je vois la maison en
briques toute neuve de Stu, plus
loin sur la route, je me dis qu’on
aurait peut-être tous dû téter un
petit peu ce genre de nichons.
C’est sûrement un radin, mais il
n’est pas idiot. En plus, il a le seul
bar avec une piste de danse en
ville. Et il a encore Bob Wills dans
son juke-box."
Des hommes de devenir p144
(Men in the making) Bruce Machart,
trad. François Happe (Ed. Gallmeister)
Veni, Vidi, Vichy au Spring Bluegrass de la FBMA
MEURTRE RAiSON D’ETAT
Confession de fin de vie de
Norman Hodges (78 ans)
ex-agent de la CIA durant 41
ans, qui avoue 37 assassinats
(1959-1972) dont celui de
Marilyn Monroe "parce qu’elle
couchait à la fois avec J.F. Kennedy et Fidel Castro" (?)
POGNON & CRÉDULiTÉ
Des faux sites et pages Facebook ont annoncé la mort de
Willie Nelson ! Des centaines
de milliers de "clics" ont ainsi
rapporté de l’argent (pub !).
NB : même si quelqu’un relaie
en indiquant que c’est un faux,
le compteur marche !
Le Cri du Coyote n°145 page 03
Sommaire 145
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29
60
Plumes de Coyotes. News
Editorial. Gazette Express
Sturgill Simpson
Lonesome River Band
Avenue Country
The Subway Cowboys
Le Son Bakersfield
James McMurtry
Good Rockin' Tonight
Derwood Brown
Craig Shaw. Coyothèque
Kanga Routes
Buegrass & C°
Rencontres de Charlieu
Tut Taylor. News
Thierry Loyer
Le Quatuor. Western Pleasure
Disqu'Airs
Scalpel de Coyote
Noix de Cajun
B.B. King
Crock 'n' Roll
Jean-Jacques Milteau (DVD)
Concerts
Cabas du Fana
News Coyote Report
Anciens numéros disponibles p 52
Bons de commande/ Abonnement p 57
Sturgill SiMPSON
Jacques
BRÉMOND
La rumeur aime les excès : Sturgill Simpson serait le sauveur de la country
music face à la pop de Nashville. Lui reste lucide : "Beaucoup de journalistes
veulent que je sois un étendard face à l’industrie mais je n’ai jamais eu ce
genre de problèmes. Je n’ai pas d’histoire horrible à raconter sur le pouvoir de
cette industrie, et je serais malhonnête et irrespectueux de me plaindre envers
ceux qui en ont souffert". Mais, pas dupe, il pense que rien n’a changé depuis
les 70’s et Tompall Glaser : "A moins que tu aies une vraie solution ou une
alternative, ferme ta gueule. Parce que tu fais aussi partie du problème".
Il veut simplement écrire sa musique lescent j’ai trouvé des trucs comme Led
et continuer sa vie honnêtement. Sobre Zeppelin mais vers 20 ans j’en avais fait
depuis quelques années, marié et père le tour en comprenant qu’il y avait aussi
d’un fils né en 2014, avec une carrière des éléments traditionnels, en fait tout
qui démarre vraiment à 34 ans, il ne se cela donnait de la soul".
prétend pas la "vraie country music" et ne
En 2004 il forme le groupe Sunday Valprêche rien. Il a pourtant déjà fait la pre- ley : du bluegrass en costards-cravates
mière partie de Dwight Yoakam ou Willie et Stratocaster ! Un CD To The Wind And
Nelson, est passé à l’Opry (présenté par On To Heaven est sur iTunes et vendu
Marty Stuart) et dans les grands shows aux concert. "J’en ai encore 800 à la maiTV, a tourné en GB, avec Laura Cantrell son. J’ai arrêté parce que je n’étais pas
et en solo. D’ailleurs il aime jouer seul, ce sûr de ne vouloir faire que ça, même si
qu’il a longtemps fait, avant de se
considérer comme un professionnel avec un groupe. Il doit gérer le
succès : il y a peu il était caissier
d’une épicerie de Nashville.
"Je ne veux pas de cette pression, ni être un produit que les
médias vont essayer en disant
"on verra bien"... Je veux juste
faire ce en quoi je crois, rester fier
de ma musique, car mes disques
resteront le reflet de ce que j’étais
Laur Joamets & Sturgill
à un certain moment".
Il est né le 8 juin 1978 à Jackson, pe- j’écrivais de la musique (rires) j’ai pensé
tite ville du Kentucky, d’une secrétaire à faire autre chose, pour changer".
et d’un policier. La famille s’installe près
Il trouve un boulot à Salt Lake City, est
de Lexington et Sturgill revient souvent employé par l’Union Pacific Railroad à la
dans les Appalaches. Le père, agent formation des trains de marchandises. Ça
infiltré chez les trafiquants, était parfois lui plait, mais devenu contremaître il s’en
absent durant des mois : "Je voyais un désintéresse. Il retourne à la musique :
mec arriver avec des cheveux longs, une bars, petites scènes, puis à nouveau
barbe, au volant d’une Mustang noire et avec Sunday Valley. Ils sont alors repéje me disais p… c’est qui ce mec ? Pas rés par Marc Dottore (manager de Marty
étonnant que mes parents aient divorcé. Stuart, Connie Smith et Kathy Mattea).
Ma mère avait passé presque toute sa Au festival de Portland, Pokey LaFarge,
vie dans un bungalow préfabriqué près dans la foule, témoigne : "Sturgill est un
d’une autoroute. Un jour elle lui a
de ces mecs sur un
dit c’est ton boulot ou nous."
million touchés par
Ces perturbations, et le métier
le saint esprit de la
du père n’ont pas empêché
country music !.
Sturgill de succomber aux drogues. "Elles ont eu un effet théMarié, Sturgill
rapeutique en un sens. la réalité
s’installe à Nashéchappe, on regarde l’océan, on
ville et repart en
respire au rythme des marées,
solo. Il fréquente
puis soudain on comprend l’imle Station Inn, y
portance d’un événement qui
prend des leçons
nous a marqué à 4 ans, une
(gratuites) de manchose enfouie qui ressort. Si tu ne
doline par Ricky
déconnes pas, ça fait une petite
Classement des critiques musicaux (country music)
pause pour essayer d’être meilleur. Mais 1. Sturgill Simpson, Metamodern Sounds in Country Music
je n’ai plus besoin de ça maintenant".
2. Miranda Lambert, Platinum, 3. Lee Ann Womack,
The Way I'm Livin', 4. Rosanne Cash, The River and the
Première guitare à 8 ans, sans l'idée de
Thread, 5. Angaleena Presley, American Middle Class
devenir chanteur, mais la musique est
6. Eric Church, The Outsiders, 7. Dierks Bentley, Riser,
présente partout. Plus tard, il passe trois 8. Little Big Town, Pain Kille, 9. Old Crow Medicine Show,
ans dans l’US Navy, voyage jusqu’au
Remedy, 10. Rodney Crowell, Tarpaper Sky
Americana Nominations
Japon, revient à Lexington. "Mes grandsSturgill est nommé dans les catégories Album, Artiste
pères m’ont influencé. L’un jouait et re(avec Rhiannon Giddens, Jason Isbell, Lucinda Williams,
gardait Hee Haw à la TV. J’étais entouré
Lee Ann Womack) et Chanson de l'année.
de country et de bluegrass. Puis adoSon guitariste Laur Joamets, nommé Instrumentiste
Le Cri du Coyote n°145 page 04
Skaggs, rencontre des gens du métier.
"Hélas, la moitié du temps quand on rencontre quelqu’un qu’on a porté aux nues,
on tombe sur un trou du cul qui ne veut
pas être dérangé… en même temps je
comprends... certains jours je n’ai pas
envie de causer non plus" (sourire).
Shooter Jennings, fils de Waylon, est
fan depuis le début : "il est aussi authentique que possible. Il y a tant de gens qui
jouent comme mon père, qui l'imitent,
mais personne n’y arrive vraiment. Sturgill ne l’imite pas, mais il a le son
de ma période préférée de Waylon, les 70’s, quand il chantait
d’une manière plus calme, posée,
comme une conversation".
Ce mélange trad/ outlaw/ moderne forme un équilibre noté par
Sturgill : "A une époque, les gens
que je voyais porter des chemises
western étaient des groupes de
rock, la country était plutôt affaire
de rednecks… le côté redneck
existe aussi parce qu’il est un prétexte
de marketing, du moins aux USA. Or, les
choses évoluent, on a des amateurs de
punk rock qui font le lien avec Johnny
Cash ! Ce mélange est intéressant : dans
les 60’s on avait à la fois Buck Owens
et les Beatles et chacun d’entre eux suivait ce que faisaient les autres. On a ça
encore avec la filiation californienne de
Gene Clark ou Clarence White, passé de
l’acoustique aux Byrds et inversement,
en mélangeant des styles de guitare".
Nashville est plus près des racines mais
Sturgill veut faire un album différent et original : "J’avais des chansons et je voulais
faire ce que la country devait être selon
moi. Il paraît que ce qu’une chanson
d’Americana dit en 5 minutes, un country
song le fait en 3, alors j’essaie d’écrire
des country songs. Mais en réalité toute
bonne music est de la soul music".
En juin 2013, sort High
Top Mountain, avec You
Can Have the Crown ou
Some Days à couleur
Outlaw : "Je veux mon
disque comme la vie :
en live". Le studio est un
prolongement de ma palette de sons".
Le producteur Dave Cobb (Jason Isbell,
Shooter Jennings) crée le son d’un vieil
album et recrute Hargus Pig Robbins et
Robby Turner (ex-guitariste de Waylon).
Le titre du CD est le nom d’un cimetière
où est sa famille, un témoin naturel de
son passé où “Une image vaut mille mots,
mais un mot ne vaut pas un centime”.
Metamodern Sounds
in Country Music sort le
13 mai 2014. C’est mon
disque hippie love dit-il
en souriant, mêlant des
inspirations (Radiohead
ou Beck qu'il écoute) en
restant proche de racines country et en
pensant au LP de Ray Charles (Modern
Sounds in Country and Western Music)
qui fut à la fois un défi et un succès.
Une forme de pied de nez à Nashville ?
"Pas du tout, je sais qu’on veut des
symboles, car les gens sont frustrés
par rapport à la country classique, mais
c’est une manière négative de voir les
choses. Quand on critique Luke Bryan,
Blake Shelton ou Florida Georgia Line
qui auraient "corrompu la musique", je
trouve ça brutal. Après tout ce sont des
être humains (sourire), tu sais bien qu’ils
sont conscients de ce qu’ils font, alors tu
choisis : tu les suis si tu aimes ou tu les
ignores" (NDLR : ce que fait Le Cri).
"J’en suis arrivé au point où écrire et
chanter sur une peine de cœur et la
boisson m’ennuyait profondément. La
nuit je lis des bouquins de cosmologie
et de physique. Cela a donné un groupe
de chansons sur l’amour et l’expérience
humaine dans le cosmos, mais avec les
notions de lumière et de noirceur à l’intérieur de nous-mêmes. J’ai fait une sorte
d’album de conscience humaine déguisé
en disque de country… (sourire) introspectif sans larme dans ma bière, avec,
pourquoi pas, une chanson sur les trous
noirs ou le bouddhisme tibétain !?"
Certes, mais on peut quand même être
surpris par le début : "There’s a gateway
in our mind that leads somewhere out
there beyond this plane/ Where reptile
aliens made of light cut you open and pull
out all your pain*"
Comment questionner l’origine de l’univers ou le rôle de l’humanité en chanson?
"La tortue symbolise bien cette théorie,
que je trouve belle sans la soutenir -je
précise bien pour ne pas être pris pour
un prêcheur justement !- Tout a été créé
d’un point de vue et l’univers peu à peu
va partager une forme de conscience
universelle". Shooter confirme : "Il aime
parler d’un tas de sujets, pas que de lui,
et je partage ce goût pour les sciences
et les théories. Quand on cause avec lui,
c’est agréable, on se fume un petit joint, il
y a sa musique et on finit ailleurs".
Une sorte de prise de conscience déguisée en disque de country ? "Oui, comme
si Merle Haggard avait pris du LSD (ce
qu’il a peut-être fait)" se marre Sturgill.
Mais il garde la tête claire : si l'idée
d'une tortue qui a la terre sur son dos se
retrouve dans la cosmologie Indoue et
certains mythes des Indiens Nord-Américains, cette théorie est souvent plus utilisée pour contrer une autre
théorie tout aussi absurde.
"Oui, ce que vous proposez est intéressant et pas
*"Il y a une passerelle dans notre
esprit qui mène quelque part làbas au-delà de ce plan/ Où des
Aliens reptiliens faits de lumière
vous éventrent et retirent toute
votre douleur"
plus ni moins complexe ou étonnant que
ce que dit l’Ancient Testament. En réalité personne n’en sait rien. On en saura
peut-être plus à notre mort, et les seules
réponses que j’ai, c’est en laissant sortir ma peur ou ma colère, et en trouvant
quelqu’un qui m’accepte comme je suis,
avec mes défauts et mon apparence, et
qui m’aime. Je crois qu’on peut se servir
de ces simples préceptes, même si ça
fait un peu cliché hippie. Soyons sympa,
et peut-être qu’un jour on saura".
"Turtles All the Way Down a été écrite
sous la douche et sur la route, je l’ai
chantée aux copains qui m’ont regardé
comme si j’étais fou mais Dave Cobb
s’est marré et a dit : "Oh p. on y va !".
L’album est gravé en 5 jours pour 4000$
avec un guitariste estonien "qui a grandi
dans blues et le rock & roll". Peu après
Simpson est signé par Atlantic Records.
La pochette (de son ami peintre Jason
Seiler) le montre comme surgi de la
Guerre Sécession sur fond de cosmos !
www.sturgillsimpson.com
La vidéo du même titre étonne :
"Je m’attends à être catalogué comme
"acid country" mais ce n’est pas ce que
je veux. J’aimerais qu’on écoute mieux la
chanson, elle n’est pas une apologie de la
drogue. Elle évoque le don de son cœur à
l’amour, pour que chacun soit traité avec
compassions et respect, quelle que soit
sa croyance ou sa foi. Cette métaphore
de la tortue exprime une notion plus
vaste. La vidéo a été réalisée avec Scott
Draves. Quant à sa diffusion , j’avoue que
je n’y ai pas songé. Ils font du bon boulot,
mais CMT, canal "mainstream country",
n’est pas mon but. Je suis intéressé par
d’autres types de médias qui touchent
des gens qui n’écoutent habituellement
pas de la country mais qui peuvent trouver un lien avec ma musique".
Sur ce même CD on trouve The Promise, un titre de 1988 du
groupe anglais pop-électro
When in Rome ! "Je crois
que c’est une des quelque
3000 brillantes compositions des 80’s qui s’est
perdue en production. Les
paroles chantent un joli et
doux chant d’amour et j’en
Steve Earle & Sturgill
Le Cri du Coyote n°145 page 05
ai fait une version "Countrypolitan".
Long White Lines est une chanson de
camionneur de Buford Abner (connue par
Aaron Tippin) que Sturgill a reprise du
bluegrass de Charlie Moore & Bill Napier
(Truckin' Favorites). "En tournée elle évolue, elle est plus sauvage, plus funky ce
sera bientôt un truc de hip-hop (rires)".
La country est pleine de chants de route,
mais aujourd’hui les camions sont un loisir dans les chansons. Dans les 80’s la
CB était populaire après le succès de
Smokey and the Bandit. Mon grand-père
en avait une et j’adorais m’en servir sur la
route ou dans le garage, jusqu’à ce que
des camionneurs racontent des histoires
sales alors il fallait que je l’éteigne !"...
Lien avec la famille encore, Pan Bowl
est introduite par son grand-père "Dood"
Fraley, une sorte de retour à l’enfance.
Sur ses goûts actuels, Sturgill reste
ouvert : en dehors de la country, il apprécie un tas de choses mais ne suit pas
les nouveautés : "J’ai tendance à écouter les mêmes 5 ou 6 disques six mois
durant… j’ai entendu un mec au Texas,
Jason Eady, avec un album magnifique,
Daylight & Dark. J’aime Kenny Vaughan,
capable de jouer différents styles, de Roy
Nichols à Jeff Beck le tout dans un même
solo ! J’aime les Beatles, j’aime pas les
bottes de cow-boy mais j’aime les Beatles
(rire)… Et Raul Malo (des Mavericks) un
de mes héros vivants musicaux. Quand
In Time est sorti je suis allé voir un set
acoustique à la radio Sirius : le meilleur
concert que j’aie vu en dix ans, devant 40
personnes, j’étais en lévitation !"
Comment concilier ses préférences et
les exigences du format country ?
"Je ne veux pas refaire le même disque,
or la seule manière de survivre est d’innover. Le danger est de devenir une
mode et d’avoir à toujours reproduire la
même image pour les fans qui attendent
la même chose chaque nuit. La difficulté
est le côté mécanique du boulot : il doit
y avoir 200 villes aux USA où on n’a pas
encore joué et où on pourrait tourner avec
les mêmes chansons, mais comment savoir quand il faut changer de cycle ?"
Tout est allé très vite pour Sturgill qui
tourne en ce moment avec Zac Brown
Band. Le 6 juillet il participera à l’hommage à Waylon Jennings à Austin, avec
Willie Nelson, Kris Kristofferson, Toby
Keith, Eric Church, Kacey Musgraves,
Ryan Bingham, Jamey Johnson, Lee Ann
Womack, Chris Stapleton, Shooter Jennings, Jessi Colter, Billy Joe Shaver.
Comme ces musiciens, Sturgill Simpson
a tout d’un grand. ©
Dominique
FOSSE
LONESOME RiVER BAND
Le Cri du Coyote n°60 vous avait présenté le groupe Lonesome River Band à l'occasion de son passage au Country
Rendez-Vous de Craponne-sur-Arzon en juillet 2000. Lonesome River Band était alors considéré comme une des
formations majeures du genre car elle avait fortement marqué le bluegrass des années 90 avec son mélange de traditionnel et de country-grass. Pour la première fois depuis ses débuts en 1982, le groupe se présentait sous la forme d'un
quintet, Rickie Simpkins (fdl) ayant rejoint depuis quelques mois Sammy Shelor, Ronnie Bowman, Don Rigsby et Kenny
Smith. C'est cet été-là qu'est sorti l'album Talkin' To Myself, un disque très appréciable mais cependant moins réussi
que Old Country Town (avec Tim Austin et Dan Tyminski en 1994), One Step Forward (1996) et Finding The Way (1998).
La formation de Lonesome River Band
allait bientôt connaître de nombreux bouleversements.
En août 2001, Don Rigsby décide de
quitter le groupe pour diriger le programme de formation bluegrass d'une
université du Kentucky. En octobre, c'est
Rickie Simpkins qui rejoint The Isaacs,
un groupe basé plus près de chez lui.
Kenny Smith exprime alors ses propres
interrogations quant à la poursuite de sa
collaboration avec Lonesome River Band
car il souhaite tourner avec son épouse
Amanda afin de promouvoir leur premier
album en duo Slowly But Surely.
Sammy Shelor et Ronnie Bowman discutent alors de l'avenir du groupe. Ils en
détiennent conjointement les droits bien
que ni l'un ni l'autre n'ait été présent en
1982 à sa création. Tous deux sont arrivés en 1990. Le fondateur du groupe était
le guitariste Tim Austin et il leur en avait
confié les rênes quand il l’avait quitté en
1995. Shelor et Bowman ne peuvent que
constater leurs divergences artistiques.
Le bassiste-chanteur souhaite persévérer dans la veine des derniers disques du
groupe et de ses albums personnels qui
font la part belle au country-grass. Shelor
préférerait revenir au style plus classique
qu'avait adopté Lonesome River Band
pour l'album (judicieusement) intitulé
Carrying The Tradition en 1991.
Bowman est moins attaché au groupe
que Shelor. Il est plus intéressé par le
songwriting que par la scène (plusieurs
de ses compositions ont connu de beaux
succès par des artistes bluegrass et
country ces quinze dernières années).
Ses albums solo rencontrent des succès
comparables à ceux du groupe.
De son côté, Sammy Shelor trouve
dommage d'arrêter une formation dans
laquelle il s'est beaucoup investi pendant
dix ans. Il y a des disques à vendre, les
traites du bus de tournée à payer et il ne
serait pas facile de donner à un nouveau
groupe la notoriété qu'affiche alors Lonesome River Band. Le banjoïste en est
d'autant plus conscient qu'il a précédemment fait partie d'un des groupes les plus
influents des années 80, Virginia Squires,
qui s'est séparé sans lendemain.
Les deux grands-pères de Sammy Shelor jouaient du banjo. Sammy avait reçu
son premier instrument, fabriqué par son
grand-père maternel, Cruise Howell, à
l'âge de quatre ans. Son autre grandpère lui offrit son premier banjo manufacturé quelques années plus tard. Sammy
apprit à jouer avec grand-père Howell qui
avait lui-même appris avec le musicien
old time Charlie Poole. Il pratiquait un
style nommé le "Boston roll" basé sur les
accords et savait aussi jouer en picking
comme Earl Scruggs. Shelor attribue
l’importance du drive et du timing dans
son style à son initiation par des musiciens old time.
Au milieu des années 70 s’établit près de
chez lui en Virginie un festival bluegrass
qui lui permet de voir sur scène (en compagnie de la future contrebassiste Missy
Le Cri du Coyote n°145 page 06
Raines) J.D. Crowe, Seldom Scene et les
Osborne Brothers. Cette expérience lui
insuffle la vocation de devenir musicien
professionnel. A 14 ans, il commence à
jouer avec les Dominion Bluegrass Boys
qui lui apprennent à chanter les harmonies vocales. Deux ans plus tard, il intègre le groupe Interstate Exchange qui
devient ensuite Summer Wages.
Shelor connait sa première expérience
de musicien professionnel dès sa sortie du lycée, avec le groupe Heights Of
Grass qui comprend le guitariste chanteur Mark Newton.
Heights Of Grass devient Virginia
Squires avec Shelor, Newton et les frères
Rickie et Ronnie Simpkins. La jeunesse
des musiciens, leur look bien dans son
époque (Shelor avait encore des cheveux), leur énergie et tout simplement
leur talent, les a rendus emblématiques
du "bluegrass contemporain", forme
dépoussiérée du bluegrass classique.
Variations (1988), le dernier –et peut-être
le meilleur- de leurs cinq albums est toujours disponible chez Rebel.
Aux débuts des Virginia Squires, Sammy
bénéficie des conseils de Sonny Osborne
tant pour son jeu que pour le choix de son
instrument. Osborne lui a prêté son Gibson Granada pour l’enregistrement du
premier disque des Virginia Squires et a
produit deux albums du groupe.
Sammy Shelor s’est également inspiré
du style d’autres banjoïstes classiques
comme J.D. Crowe, Bill Emerson, Terry
Baucom mais a aussi connu l’influence
plus moderne de Béla Fleck. Il a néanmoins conservé une approche plutôt traditionnelle avec des solos mettant en valeur la mélodie qui, chez Virginia Squires,
faisaient le pendant de ceux de Rickie
Simpkins, plus aventureux à la mandoline et au fiddle.
Après la séparation des Virginia Squires,
Shelor a remplacé temporairement Ben
Eldridge au sein de Seldom Scene avant
de devenir le banjoïste de Lonesome River Band, groupe qui n’avait alors qu'une
notoriété relative. Mais Carrying The
Tradition, le premier disque avec Shelor
et Ronnie Bowman, connut un succès
immédiat. Il fut élu album de l'année en
1992 par IBMA. Le groupe remporta
ensuite de nombreuses récompenses.
Sammy Shelor a notamment été consacré banjoïste de l'année par IBMA quatre
années de suite de
1995 à 1998.
Pour en revenir à
2001, Ronnie Bowman et Sammy Shelor décident donc
de se séparer. C'est
Shelor qui conserve
les droits sur le
groupe. Et il a bientôt quatre musiciens
à recruter puisque
Kenny Smith lui donne rapidement sa démission. Parmi les musiciens embauchés
par Shelor, deux font toujours partie de la
formation actuelle.
Brandon Rickman avait 14 ans quand
est sorti Carrying The Tradition et l’album
l’avait impressionné. Shelor l’avait repéré
au cours d’un festival à Morehead dans
Sammy Shelor
le Kentucky alors qu’il était
bassiste du groupe New
Tradition. Il était à ses
débuts
essentiellement
cantonné aux harmonies
vocales mais s’est ensuite
imposé comme chanteur
principal. Après trois années avec New Tradition,
il fut embauché par Larry
Cordle qui cherchait un bassiste qui
puisse chanter les harmonies vocales.
Ce qui ne devait être qu’un remplacement temporaire dura un an.
Au contact de Cordle, l’un des songwriters bluegrass majeurs de ces 20 dernières années, Rickman développe un
goût pour l’écriture de chansons. Cordle
lui fit rencontrer Kim Fox avec qui il cosigna son premier titre et Larry Shell (un
des principaux partenaires d’écriture de
Cordle –ils ont notamment écrit ensemble
Murder On Music Row)- chez qui il publia
ses premiers titres.
Brandon Rickman ambitionnait d’autre
part de devenir chanteur-guitariste dans
le prochain groupe qu’il intégrerait. C’est
la condition qu’il posa à Sammy Shelor
quand ce dernier lui proposa de rejoindre
Lonesome River Band. Shelor accepta
mais imposa à Rickman de revoir complètement son accompagnement de
guitare. Shelor avait en effet des idées
très arrêtées sur la façon dont le groupe
devait sonner.
On entend communément les musiciens
dire que le bluegrass se joue en avant du
temps. On distingue trois façons de jouer
par rapport au temps (lequel correspond
à chaque battement du métronome) :
en avant du temps, sur le temps, ou en
arrière (ou au fond) du temps. Cette dernière manière est plutôt ce qui se pratique en country. A force d’entendre les
musiciens bluegrass dire qu’ils jouent
tous en avant du temps, on se demande
bien qui définit le temps dans leurs morceaux. Sammy Shelor est un des rares
musiciens à exprimer une vision claire de
cette caractéristique essentielle du son
des groupes, souvent difficile à analyser,
même pour des oreilles expertes.
Pour obtenir le son du Lonesome River
Band, au moins pour la partie la plus
classique de son répertoire, la mandoline
et la basse jouent sur le temps et les trois
autres instruments (guitare, banjo, fiddle)
doivent jouer en avant du temps.
Le Cri du Coyote n°145 page 07
Le léger décalage provoque la tension
essentielle au bluegrass qui crée une
(fausse) impression d’accélération alors
que le tempo reste (dans l’idéal) identique. Pour apprendre à jouer de la façon
souhaitée par Shelor, Brandon Rickman
passa deux jours à retravailler complètement sa technique de guitare rythmique
avec Tim Austin.
En même temps que Brandon Rickman,
arrive le fiddler Mike Hartgrove. Sans trop
faire parler de lui (pas d’album solo, pas
de séances de studio), Hartgrove a un
des plus beaux curriculum vitae du bluegrass. Tommy Jackson, qui avait enregistré avec Hank Williams, fut sa première
influence. Quand Hartgrove débarque
à Nashville en 1974 à l'âge de 18 ans,
il réussit à jouer avec son idole peu de
temps avant que Jackson ne prenne sa
retraite (il est décédé quelques années
plus tard en 1979) mais rencontra surtout
Norman Blake, Vassar Clements, Benny
Martin et Kenny Baker dans des clubs de
la capitale de la musique country.
Il commence sa carrière professionnelle en accompagnant des chanteurs
country : George Jones pendant deux
ans puis Moe Bandy trois années supplémentaires. Après avoir vu Bill Monroe et
Kenny Baker au cours d'une émission de
télévision, il décide ensuite de se consacrer au bluegrass en dépit de ce que cela
implique comme sacrifices financiers. Il
décoche son premier job de fiddler bluegrass avec les Bluegrass Cardinals de
Don Parmley de 1981 à 1989.
Il était donc à Toulouse lors de la dernière édition du festival Bluegrass en
1985. Puis il passe trois années avec
Doyle Lawson & Quicksilver. Avec le
chanteur guitariste Russell Moore et le
contrebassiste Ray Deaton, il est de la
génération qui quitte massivement Lawson pour créer IIIrd Tyme Out. Après dix
années (presque autant d'albums) avec
cette formation qui a marqué les 90's;
fatigué par les longs trajets qu'impliquait
sa participation au groupe (basé à sept
heures de route de chez lui), il accepta la
proposition de Shelor –dont il est voisin–
de rejoindre Lonesome River Band.
Le premier album de Lonesome River
Band nouvelle formule, Window Of Time,
paraît rapidement, dès 2002. En plus de
Shelor, Rickman et Hartgrove, il y a Jeff
Parker à la mandoline (il restera avec le
groupe jusqu'en 2007) et le contrebassiste Irl Hees qui avait précédemment
joué avec Rhonda Vincent.
Ce disque reste peut-être à ce jour le
meilleur de la période post-Bowman dont
l'influence est évidente sur la façon de
chanter de Brandon Rickman, notamment pour la
chanson Down This Line,
très réussie. Le public ne
s'y trompe pas et l'album
atteint la première place
des charts de la revue
Bluegrass Unlimited.
Il faut attendre 2005 pour
voir arriver le disque suivant, Head Into Heartache.
Le groupe est le même à
l'exception de John Wade
à la contrebasse. L'album
est moins réussi et il ne fait
qu'une apparition dans les
charts, juste sauvé par la
chanson Lonesome Won't
Get The Best Of Me qui
parvient en seconde position.
Il y a encore l'influence de Bowman dans
le chant de Rickman mais avec moins de
fraîcheur. Ça frise parfois l'imitation. Hartgrove et Rickman quittent le groupe peu
après. Le guitariste veut se consacrer
au songwriting (comme Ronnie Bowman
l'avait fait avant lui). Quant à Hartgrove,
sa première intention est de se tourner
vers l'enseignement musical mais il est
rapidement réembauché par Doyle Lawson avec lequel il enregistre les albums
He Lives In Me en 2006 (c'est la période
où Lawson utilise trois fiddlers dans ses
arrangements) et More Behind The Picture Than The Wall en 2007 (où Hartgrove est le seul violoniste du groupe).
Pendant ce temps, Sammy Shelor poursuit l'aventure Lonesome River Band
avec Parker, Shannon Slaughter (gtr),
Matt Leadbetter (dob) et Barry Berrier
(bss). Ce sont les musiciens qui l'accompagnent sur l'album de 2006, The Road
With No End. Sammy enregistre l'année
suivante Taking The Crooked Road Home
en duo avec Linda Lay, la contrebassistechanteuse du groupe Appalachian Trail.
C'est le seul disque de sa carrière à sortir
sous son nom avec son album solo Leading Roll qui date de 1997.
Rickman et Hartgrove reviennent en
2007. Le groupe se renouvelle encore
presque entièrement puisque les autres
musiciens sur les deux albums suivants
sont Andy Ball (mdo) et Mike Anglin (bss).
Brandon Rickman met en avant ses talents de songwriter dans No Turning Back
(2008) avec quatre compositions qui sont
parmi les meilleurs titres du disque, dont
I'm Not There Yet écrit avec Jerry Salley. L'instrumental Struttin' To Ferrum est
aussi un moment fort de l'album.
Malgré la volonté initiale de Sammy
Shelor d'un retour au son de Carrying
The Tradition, No Turning Back, comme
les albums précédents, associe style traditionnel et countrygrass. Il y a même un
arrangement plus moderne (Darkness
Wept), et Flowers est accompagné au
piano. L'album et la chanson Them Blues
atteignent la première position des classements de Bluegrass Unlimited.
Still Learning paraît en 2010. L'album
et la chanson Record Time Machine se
contenteront tous deux de la seconde
place des mêmes charts. Entre temps,
Brandon Rickman a publié un album solo,
Young Man, Old Soul qui regroupe douze
titres qu'il a co-écrits avec notamment
Chris Stapleton, Tammy Rogers, Craig
Market et Jerry Salley, et auquel participent Ball, Anglin, Kim Gardner et Randy
Kohrs (dob), le banjoïste Aaron McDaris
avec qui Rickman avait joué dans New
Tradition et Jenee Fleenor (fdl). Son style
vocal évolue et se rapproche désormais
de celui de Marty Raybon, le chanteur du
groupe country Shenandoah investi dans
une carrière bluegrass depuis plusieurs
années.
Fin 2010, Barry Reed qui avait précédemment joué avec Michael Cleveland &
Flamekeeper remplace Anglin à la basse
et l'année suivante, on parvient à la formation actuelle de Lonesome River Band
quand Randy Jones succède à Andy Ball.
Jones était apparu en 1988
sur Silver Reflections, un
des meilleurs disques de
Larry Sparks. Après une
longue éclipse, il avait refait
surface avec un groupe régional, Kentucky Wind. Dans
la lignée de Bill Monroe, les
mandolinistes chantent souvent les parties tenor dans
les groupes bluegrass. C'est
particulièrement vrai chez
Lonesome River Band et
Randy Jones n'échappe pas
à la règle.
Le Cri du Coyote n°145 page 08
Pour fêter le trentième anniversaire du
groupe, Lonesome River Band se lance
dans une démarche plutôt inédite : le
réenregistrement de titres figurant sur les
albums précédents, regroupés en trois
disques intitulés Chronology I, II et III. Ils
auraient facilement pu être regroupés sur
deux supports car il n'y a que 8 à 10 titres
par CD (vendus il est vrai à tarif promotionnel). On est souvent proche des versions originales mais avec des voix différentes (la plupart des titres sont chantés
par Rickman). Quelques tempos sont légèrement plus lents. Le groupe évite les
compositions de Ronnie Bowman mais
reprend la plupart des titres de la discographie de Lonesome River
Band issus du répertoire de
Ralph Stanley.
Il y a bien entendu plusieurs hits du groupe (Hobo
Blues, Long Gone, Am I A
Fool, Who Needs You) et un
inédit de Brandon Rickman
(Barley Beat The Daylight
In, chanté par Jones) sur
le second volume. L'instrumental Angeline The Baker
tiré du premier disque de la
série est élu Instrumental
de l'année 2012 par IBMA
et Sammy Shelor est sacré
Banjoïste de l'année pour
la cinquième fois.
En 2011, Sammy avait
aussi été le second lauréat
d'une récompense instituée
l'année précédente par l'acteur-banjoïste
Steve Martin (Steve Martin Prize for Excellence in Banjo and Bluegrass), ce qui
lui permit d’apparaître au Late Show de
David Letterman.
Turn On A Dime, le 17ème album du
groupe, est sorti en octobre 2014 (cf Le
Cri n°144). Hartgrove n'a peut-être jamais aussi bien joué, Randy Jones est un
bon mandoliniste et Sammy Shelor est
toujours un banjoïste recherché comme
le montre sa participation régulière à
des enregistrements studio, notamment
pour l'album bluegrass de la vedette
country Alan Jackson. La complémentarité vocale de Brandon Rickman et Randy
Jones fonctionne particulièrement bien
sur le blues Don't Shed No Tears.
A l'heure où j'écris, l'album Turn On A
Dime et la chanson Her Love Won't Turn
A Dime continuent leur ascension vers
les sommets des charts bluegrass et il ne
serait pas surprenant qu'ils soient arrivés
en tête quand vous les
découvrirez à La Roche
Bluegrass Festival. ©
NB : Au moment du bouclage, nous apprenons
que Randy Jones a quitté
Lonesome River Band.
C'est désormais Jesse
Smathers qui tient la mandoline. Jesse a une solide
expérience du bluegrass,
ayant déjà joué avec les
groupes de James King,
Nothin’ Fancy et High VolJesse Smathers tage.
Jacques
DUFOUR
ASLEEP AT THE WHEEL : Still The King
Quand Ray Benson, le chanteur leader
d’Asleep At The Wheel, manque d’imagination, il sort un album hommage à Bob
Wills. Le dernier en date, Tribute To The
Music Of Bob Wills, est paru en 1993.
Une vingtaine d’années, ce n’est pas
long quand on considère que les grands
classiques créés par les Texas Playboys
remontent quand même aux années 40.
Dans cet ouvrage précédent avaient été
conviés Vince Gill, George Strait, Garth
Brooks, Dolly Parton, Willie Nelson,
Merle Haggard, Brooks & Dunn, Suzie
Bogguss, Marty Stuart, Lyle Lovett. Difficile de faire mieux !
Pour ce nouvel opus, la distribution est
davantage l’œuvre d’une série B. N’ont
été rappelés que Merle Haggard, Vince
Gill, Willie Nelson, George Strait et Lyle
Lovett. Mais que l’on se rassure, si les
nouveaux invités portent des noms moins
prestigieux comme Elizabeth Cook, Old
Crow Medecine Show, The Time Jumpers, Buddy Miller, Carrie Rodriguez,
Pokey Lafarge, Del McCoury, Jamey
AVENUE COUNTRY
Johnson ou Shooter Jennings,
ceux-ci ne figurent pas moins
parmi les artistes les plus remarquables dans leurs genres
respectifs. Et parmi tous ces
nouveaux venus il y a quand
même Brad Paisley ! Démarche
intentionnelle ou pas, il n’y a pas
de doublons avec l’album paru il y a vingtdeux ans. Il faut dire aussi que l’œuvre
discographique de Bob Wills est vaste.
Je ne vais pas énumérer les vingt-deux
titres. Je me contente de vous citer mes
favoris, privilège du Coyoteur ! Ce sont
Trouble In Mind par Lyle Lovett avec ses
trompettes, le shuffle rétro Keeper Of
My Heart avec Merle Haggard et Emily
Gimble, petite-fille du grand violoniste
décédé récemment, le charleston I Can’t
Give You Anything But Love par Ray Benson et Kat Edmonson (?), l’ultra rapide
instrumental Tiger Rag avec Old Crow
Medecine Show, la reprise du Navajo Trail
par Willie Nelson et les exquises Quebe
Sisters, le célébrissime Faded Love par
The Time Jumpers, et qui nous offre le
AARON WATSON : The Underdog
Aaron Watson est loin d’être une découverte. Il est l’une des pièces maîtresses de
la country traditionnelle texane, un pilier
des honky tonks. Il n’a pas manqué d’être
invité au Country Rendez-Vous, c’était en
2011. Ce tout nouvel album, n’est cependant pas à ranger parmi les réalisations de
pure musique honky tonk. Il est beaucoup
plus varié en styles et en fait ne comporte qu’un seul morceau
représentatif du genre, That’s Gonna Leave A Mark. Et sur quatorze titres, cela fait peu. Si l’on évite deux ou trois chansons
assez moyennes ou à l’aspect plus moderne, on obtient quand
même un assez bon album de country avec quelques ballades,
deux morceaux rapides, une chanson western et des country
songs honnêtes. Ce n’est pas l’album de l’année mais il est
agréable et bénéficie du soutien constant du violon du jeune
Damian Green. Et dans le titre final, Fence Post, Aaron déclare
qu’il préfère être "un vieux poteau de clôture au Texas plutôt
que le roi du Tennessee". A lire comme une diatribe contre la
musique commerciale de Nashville. Je l’approuve totalement.
En concert le 24 janvier 2016 à Toulon (83)
ANDY GRiGGS : Naked
Andy Griggs fait partie de ces artistes
talentueux à qui le business n’aura permis
qu’une bien trop brève période de gloire.
Son premier album paru chez RCA en 1998
lui offrit d’entrée deux n°2 au Billboard. Une
demi-douzaine de succès plus tard Griggs
avait déjà disparu de l’actualité de Nashville. La quarantaine atteinte, ce chanteur
originaire de Louisiane essaie de relancer sa carrière. Celle-ci
avait du reste démarré à la suite d’un événement tragique. Andy
était sportif et son frère musicien. A la mort brutale de ce dernier, Andy décide de se lancer dans la musique et part à Nashville en 1995. Parmi ses influences Griggs cite Haggard, Hank
Williams, Paycheck et Jennings avec qui il était très ami. Un
duo récent avec Jamie O’Neal était prometteur. Hélas cet album
de retour n’est pas celui que l’espérais. Il s’agit d’une œuvre
intimiste et acoustique interprétée avec le seul support de sa
guitare. Elle porte bien son nom, Nu. Je dirais même dépouillé.
Treize chansons à la suite sans refrain particulier c’est bien
trop pour moi. Ou encore il faudrait pouvoir suivre les textes.
plaisir ultime d’écouter la voix
délicate de Dawn Sears dans
le dernier enregistrement de sa
vie. Il y a aussi une excellente
version de My Window Faces
The South avec Brad Paisley et
les amateurs de guitares seront
servis avec le duel entre Tommy
Emmanuel et Brent Mason au cours du
western swing instrumental Twin Guitar
Special. Shooter Jennings, aidé de Randy Rogers et Reckless Kelly, nous restitue une très bonne reprise de Bob Wills Is
Still The King crée par son père et qui est
le mot de la fin. Mais il n’y a aucun titre
faible ou hors propos comme c’est parfois le cas quand des artistes rock sont
invités. L'album ne s’adresse pas qu’aux
amateurs de western swing car il y a du
blues, du honky tonk et de la country,
mais toujours avec du swing en filigrane.
Ce sont les vocalistes qui sont cités, mais
les véritables artistes qui font la valeur de
cet album sont les musiciens d’Asleep At
The Wheel et qui constituent la crème de
la crème du genre.
J’ai cependant décelé deux reprises, Angel Flying Too Close
To The Ground (Willie Nelson) et Between An Old Memory And
Me (Travis Tritt). Je sais qu’il y a des amateurs de cette sobriété
musicale. Son vocal légèrement écorché est attachant. Si vous
appréciez par exemple Robert Earl Keen, vous allez adorer.
CLAiRE PETRiE : The One
Mon attention avait été attirée par une
excellente reprise du célèbre (C’Est La Vie)
You Never Can Tell parue sur une compilation pour DJ’s. Une reprise dynamique
soulignée par un plaisant accordéon pour
une touche louisiannaise. A présent me
parvient l’album de cette blonde interprète
originaire de Floride. Elle possède un petit
côté soul, mais bien moins prononcé que chez Wynonna ou Jo
Dee Messina. Cet aspect associé à un vocal puissant apporte
une coloration bluesy à son style de country qui est plus proche
de la country-soul ou variété que de la country classique, ou
même moderne. Plusieurs slows mettent sa voix en valeur, notamment sa reprise en final de For Once In My Life. Mais Claire
ne rechigne pas à nous offrir un bon rock & roll avec Build A
Bridge (And Get Over It). Une bonne chanteuse, en marge de
la country habituelle.
COUNTRYBREAKERS : Still Breakin’
Certes, il s’agit d’un album de reprises. Mais combien de lecteurs du Cri
connaissent les versions originales de ces
titres empruntés à Shane Yellowbird, Gord
Bamford ou Jason Boland ? Même si les
compositeurs se nomment Rodney Crowell
ou Toby Keith ce ne sont pas leurs plus
célèbres réalisations qui ont été retenues.
Les seules exceptions étant If Tomorrow Never Comes (Garth
Brooks) et Here’s A Quarter (Call Someone Who Cares) de Travis Tritt. Formé à Nîmes il y a quelques années le groupe des
Countrybreakers a tourné un temps avec la chanteuse Lilavati.
Les vocaux sont actuellement partagés entre trois des quatre
musiciens. La country du quatuor est plus proche du rock que
de la nashpop de Nashville. Il y a même deux titres de style southern-rock, ce qui est assez normal pour une formation du sud.
Beaucoup de tempos rapides comme Love And Alcohol de John
Michael Montgomery en ouverture, Barefeet On The Blacktop
ou If I Ever Get Back To Oklahoma. Un côté plus tendre est
Le Cri du Coyote n°145 page 09
souligné par White Rose qui bénéficie du renfort de Vince Berry
au vocal, et par les reprises mentionnées de Brooks et Tritt.
Un titre new-country, Bruises, permet d’accueillir la charmante
Ledily du groupe Back West. Enfin Is It Friday Yet et Big Heart
sont bien country. Sébastien Puget en invité intervient à l’harmonica sur plusieurs morceaux mais la guitare est l’instrument
principal sur cet enregistrement effectué dans la cité gardoise.
Les Countrybreakers doivent déployer beaucoup d’énergie sur
scène et cet album est une bonne entrée en matière qui nous
incite à aller les voir en "live".
DWiGHT YOAKAM : Second Hand Heart
L’album précédent, celui des trois poires,
m’avait déçu. Dwight ne pouvait que faire
mieux. Et d’après les commentaires qui me
sont parvenus, son nouvel album le rapprocherait de ses premières œuvres, de
sa période Pete Anderson, celle qui a forgé
le style et le personnage. J’étais donc très
impatient de découvrir à mon tour Second
Hand Heart. D’entrée on retrouve un Yoakam plus "pêchu" avec
le rockant In Another World, puis Second Hand Heart avec toujours la guitare au premier plan et une forte rythmique. Believe
est dans la même veine. Puis c’est une explosion de rock and
roll avec Man Of Constant Sorrow, Liar et The Big Time qui ressemble à Mystery Train. She est assez "stonien". Je suis heureux de retrouver son côté honky tonk avec Off Your Mind qui
me rappelle beaucoup Jim Lauderdale. Le dixième et dernier
titre est un slow. Ouf ! Nous n’avons pas encore de titres de la
force de Guitars, Cadillac, Etc. mais on s’en rapproche. En tout
cas c'est un album bourré d’énergie, très rock mais qui n’a rien
à voir avec la mauvaise pop de Nashville.
ERiCH MC MANN : Trucker Country
Je n’ai pas réellement compris si Erich
McMann était Américain ou Suédois car il
possède une adresse courriel scandinave.
Trucker Country est une œuvre réalisée,
comme c’était la mode autrefois, à domicile, c’est-à-dire, enregistrée dans le salon
après avoir poussé les meubles. Enfin il ne
lui a pas fallu beaucoup de place vu qu’il est
tout seul comme musicien. C’est le fruit du travail d’un amateur
mais qui ne manque pas d’un certain charme. L’accompagnement est assez sobre mais le style bien country. Comme c’était
aussi la mode dans les années 60, Trucker Country est un album à la gloire des chauffeurs routiers. McMann n’a jamais été
un "trucker", mais son père si. Ses souvenirs de gamin quand
il accompagnait son géniteur sur la route dans son Skannia lui
ont inspiré cet album de compositions. Aussi pas de reprises de
classiques de Dave Duddley ou Red Simpson. Les compositions de McMann ne sont pas spécialement "typées" comme un
Truck Drivin’ Man ou un Six Days On The Road, chantées d’une
voix mâle par un routier/ chanteur aux bras musclés. Le vocal
est plus proche de John Denver que de Johnny Cash. Cela
n’exclut pas quelques petits rocks légers parmi des country
songs gentillettes. Pour collectionneurs sur ce thème particulier.
GREG HAGER : In The Valley Below
Inconnu pour moi, cet artiste se produit
dans les foires et rodéos du nord-ouest
américain. Il est né et vit toujours, avec son
épouse et ses trois enfants, dans le Nord
Dakota. Il a déjà réalisé 7 albums de country
et de gospel. Il a été plusieurs fois nominé
par l’association des artistes western. C’est
donc dans un registre assez traditionnel
qu’il s’exprime. Hager ne s’autorise aucune reprise, que des
chansons originales. Dès la première, In The Valley Below, on
comprend que Greg Hager ne va pas nous parler de faire la fête
avec les filles, de bière ou de pick-up trucks. Il chante la nature
ou les bons principes de vie dans une ambiance familiale avec
une instrumentation typiquement country. Le problème est que
son cheval ne se met jamais au galop. N’espérez pas un quelconque ersatz de Ghost Riders In The Sky ou des chansons
bien typées à la Gene Autry, Johnny Cash ou Marty Robbins. Il
serait plus proche d’un John Denver. Ou de Don Williams mais
avec un vocal nettement plus léger. J’ai failli m’assoupir avant la
fin de l’album. La mer est trop calme, ou la piste trop longue…
JOHN ARTHUR MARTiNEZ : If Stars Could Sing
2003, première édition du concours
Nashville Star. John Arthur Martinez termine deuxième devançant une autre jeune
inconnue, Miranda Lambert. Pour la petite
histoire, le vainqueur s’appelait Buddy
Jewell. Si Miranda devait devenir la star de
la country moderne, John Arthur n’en a pas
moins poursuivi une carrière honnête qui le
conduisit notamment sur la scène de Craponne-sur-Arzon en
2006. Tous les albums de JAM sont de qualité et d’une conception classique avec force honky tonk, tex mex et western swing.
Parfois aussi proposant des reprises surprenantes comme
When You Say Nothing At All d’Allison Krauss ou sur ce dernier album deux versions d’Hotel California. Riche de quatorze
titres cette nouvelle œuvre s’ouvre sur le rapide Let’s All Go To
Mexico. John propose ensuite du Creedence avec Down On
The Corner, du honky tonk avec Kiss And Make Up For Lost
Time et Longnecks And Heartaches, du western swing avec
Little Nashville, de la valse lente, un rock and roll/ swing, un superbe Too Old To Die Young (Kevin Welch) et surtout ces splendides dix minutes d’Hotel California qui à elles seules auraient
justifié un Cri du Cœur. J’ai rarement eu l’occasion d’entendre
un violon aussi émouvant que dans cette reprise des Eagles
où il se conjugue à merveille avec une guitare hispanisante.
Un pur joyaux. Cet album risque de demeurer méconnu. Rendez-lui cette justice qui consiste à l’écouter et à le faire figurer
en bonne place dans votre discothèque. John Arthur Martinez
mérite d’être découvert à sa juste valeur.
GiRLS GUNS AND GLORY : Good Luck
GGG est un groupe qui a tourné en
France. Il a un répertoire assez énergique
qui doit rendre davantage sur scène que
sur galette, le chanteur n’étant pas doté
d’une voix exceptionnelle. Un album de
reprises d’Hank Williams vient de sortir
en 2015 mais Good Luck ne date que de
l’année dernière. Il est constitué d’une succession de morceaux assez rock et de ballades. Le résultat est
moins convainquant que les ouvrages des groupes voisins en
style comme Foster Martin Band, 11 Hundred Springs ou Two
Tons Of Steel. Certainement un bon groupe pour un festival.
JOANNE STACEY : My September
Un album qui commence par un hommage
à Patsy Cline est de bonne augure. That’s
What Patsy Would Do énumère quelques
grands succès de la regrettée chanteuse
dans un style de country classique. On
retrouve cette approche traditionnelle dans
Weeping Willow. Je découvre Joanne
Stacey avec ce CD, en majorité acoustique
et qui fait appel à des instruments qu’on souhaiterait rencontrer
plus souvent dans les réalisations actuelles : dobro, banjo ou
fiddle. La chanteuse nous présente une œuvre originale, variée
bien qu’axée sur des mélodies calmes ou lentes. L’amusant
When The Honeymoon Is over (I’ll Be Gone) et He Loves Her
Still sont les deux titres rapides. Le slow I Can’t Breathe est
de toute beauté, marginé de violon et de dobro. Le titre final,
Lonesome Rambler, un hymne, est chanté a-capella et est très
émouvant. Joanne Stacey est une chanteuse au vocal captivant
à classer entre Emmylou et Patty Loveless.
KENTUCKY HEADHUNTERS : Snapshot
Cette formation de country-rock populaire
au début des années 90 avec sa musique
très musclée est toujours en activité. L’apparence de musiciens de rock sudiste de
ses cinq membres n’a pas changée malgré
l’arrivée de la soixantaine. Leur dernière
œuvre sacrifie à la mode des albums de
reprises. Notez qu’ils en ont toujours enregistrées avec du Cash, du Perkins ou leur version de Oh Lonesome Me de Don Gibson qui leur valu un Top 8 en 1990, leur
meilleur score. Ashes Of Love sonne très Brooks & Dunn. Chug
A Lug est très fidèle à l’original de Roger Miller. Hey Good Looking est traité en rock bluesy et Honky Tonk Blues en rock su-
Le Cri du Coyote n°145 page 10
diste. Et Buck Owens ? Mise à part une guitare un peu ronflante
Made In Japan demeure assez country classique. Le tendre So
Sad des Everly’s est interprété en slow. Malgré de grosses guitares leur reprise de Take These Chains From My Heart passe
bien. Walk A Mile In My Shoes m’a toujours laissé indifférent. Je
préfère nettement la version nerveuse des Kentucky’s à celle
de Joe South. Plus surprenant est de trouver Patsy Cline au
répertoire. Walkin’ After Midnight est entièrement revu, transformé, interprété d’une manière plus légère, et ça passe très
bien. Snapshot plaira à ceux qui ont apprécié le passage de
Flynville Train à Craponne et qui acceptent une bonne dose de
rock dans leur country.
NiCK CROSS : Whiskey, Women & Music
Le titre était pourtant prometteur mais
j’avoue m’être quelque peu ennuyé à
l’écoute de cet album réalisé par un chanteur originaire de l’Illinois et fixé à Nashville.
A mi-écoute, quand on est arrivé au cinquième slow sur sept titres, j’ai compris que
ce ne serait pas mon album du trimestre…
En fait, je n’ai vraiment apprécié que les
deux titres rapides, Cowgirls Drive Me Crazy et Hillbilly Heaven, ainsi que deux ou trois autres chansons dont la valse lente
Ballad Of Harley Anderson. J’ai trouvé le reste un peu lassant.
Pourtant la voix de fumeur de cigarettes et de buveur de bourbon de Nick Cross est intéressante. Il suffirait qu’il équilibre un
peu mieux les tempos pour le prochain album car ses countryrock sont très bons.
ROBERT MiZZELL : I Don’t Want To Say Goodbye
A l’instar de John Permenter, Doug Adkins ou David Waddell Robert Mizzell est
un chanteur Américain qui s’est établi en
Europe. Né près de Shreveport, en Louisiane Mizzell, s’est fixé en Irlande depuis
de nombreuses années. Il a notamment
tourné dans l’ile d’émeraude avec Billy
Yates. Son style est donc résolument traditionnel. Mizzell rend hommage à son pays natal et à sa terre
d’accueil à travers ses chansons : Louisiana Red Dirt Highway,
Sweet Home Louisiana, Down On The Bayou, Wild Irish Rose.
Sa musique est dynamique et propice à faire la fête notamment
avec les deux chansons de style cajun en fin d’album avec un
violon qui met l’ambiance. Ballades, honky tonks et titres bien
rapides se répartissent sur un album bien équilibré qui propose
quelques reprises comme Your Man (Josh Turner) ou ce bon
rock de Vince Gill One More Last Chance. Robert Mizzell est
une valeur sûre pour un soir de fête. Très bon album.
SARAH GAYLE MEECH : Tennessee Love Song
Cette chanteuse sera présente cet été sur
la scène de Craponne sur Arzon. Elle apparait blonde sur la pochette de son dernier album alors que sur le précédent, One Good
Thing, paru en 2013, ses cheveux étaient
noirs comme de l’ébène. Sera-t-elle rousse
pour le Country Rendez-Vous ? Ses bras
tatoués du poignet jusqu’à l’épaule nous la
feraient verser dans le domaine du rockabilly alors qu’en fait
Sarah chante de la country traditionnelle. Originaire de l’état du
Washington, elle a vécu une dizaine d’années à Los Angeles
avant d’enregistrer son premier album en 2012. D’entrée on a
droit à de la country très classique, en douceur avec le slow
Stormy Weather, puis très traditionnelle avec Love Of Mine,
fiddle en tête. Le rockabilly n’est cependant pas oublié avec
Watermelon And Toot Beer, ni le honky tonk avec Get It Over.
Parmi les meilleurs titres citons aussi la ballade The Loneliest
Place In Town avec sa pedal steel guitare, le slow rock Somebody’s Gonna Cry et son piano, Little Black Hole entre country
et rockabilly et les slows Rain Song et Stay Gold. De quinze
titres l’album aurait cependant pu être réduit à une dizaine plus
percutants si l’on avait supprimé quelques chansons aux tempos plus cool ou medium. Mais cela reste une question de goût.
Avec un répertoire approprié Sarah Gayle Meech peut se faire
de nombreux fans à Craponne.
Retrouvez Jacques Dufour dans Rockin‘ Boy Saloon sur Lyon Première
90.2 FM, le dimanche de 20h à 22h (www.lyonpremiere.com)
Et dans le Web Bulletin : www.countrybulletin.free.fr
LAURiE LEBLANC : 20
Je n’hésiterai pas à ranger Laurie Leblanc
au côté de Paul MacBonvin et d’Eddy Ray
Cooper. En effet, nous avons affaire à un
excellent chanteur qui écrit des textes en
français qui ne manquent pas de saveur et
dans un registre totalement country. Cet album nous est parvenu parce que cet artiste
Acadien fête ses vingt ans de carrière. Il s’agit de son troisième
album francophone. Il est fort dommage que la scène country du
Canada francophone soit totalement occultée chez nous. Cela
nous prive de la découverte d’artistes qui plairaient à un large
public en France comme l’ont prouvé dans le passé les Leclerc,
Vigneaut, Charlebois pour la chanson française. Sans parler
des échanges qui pourraient s’établir entre les artistes des
deux pays. Pour en revenir à Laurie Leblanc il a estimé à juste
titre qu’il y avait suffisamment de bons musiciens au Quebec
sans se sentir obligé de descendre à Nashville. Et cela ne nous
empêche pas d’avoir de belles envolées de fiddle (Ray Legere),
de la steel ou du banjo. Cet album est gai, dynamique, avec
quatre titres très rapides, six country de format bien classique
et une jolie ballade acoustique en final avec le seul accompagnement d’un piano. Si cet enregistrement avait sa contrepartie
en anglais, il serait très proche en style de la musique d’Alan
Jackson, une des ses influences. Un excellent album.
SHANiA TWAiN : Live From Vegas
La musique de Shania Twain a marqué
toute une génération de chanteuses dans
les années 90. Son style très moderne pour
l’époque la ferait presque ranger parmi les
chanteuses classiques si l’on se réfère à
ce que nous propose Nashville à l’heure
actuelle. Certes, Shania est loin de Loretta
Lynn ou Patsy Cline mais ses chansons
entrainantes présentaient toutes un refrain que l’on pouvait siffloter sous la douche. Ecoutez plusieurs fois d’affilée, si vous
êtes masos, les albums de Jason Aldean ou Florida Georgia
Line et il vous faudra chercher ailleurs pour avoir quelque chose
à fredonner dans votre salle de bain… Il ne manque aucun des
nombreux succès de la carrière de la chanteuse dont la production discographique s’est achevée sur les rives du lac Léman
au début des années 2000 après la naissance de son enfant.
A l’instar de Garth Brooks s’en est suivie une assez longue
parenthèse sans musique suivie d’une re-localisation à Las
Vegas pour une seconde partie de carrière à se produire dans
les casinos et ainsi rajouter quelques couches supplémentaires
de beurre sur les tartines. En 2015 on parle plus que jamais
du retour en studio de la belle Canadienne. En attendant nous
parvient ce copieux Live In Vegas, testament d’une époque.
Souhaitons à Shania Twain une nouvelle lignée de succès
aussi fructueux car elle semble avoir gardé une réelle notoriété
comme en témoigne cet enregistrement. En tout cas j’avoue
avoir pris du plaisir à la remémoration de tous ses succès des
années 90 concentrés sur une heure de show.
DARYLE SiNGLETARY : There’s Still A Little Country Left
Que l’on me pose la question : "Je ne
connais pas très bien la musique country,
peux-tu me conseiller un album bien représentatif du genre ?" A coup sûr je répondrai : "Choisis n’importe quel album d’Alan
Jackson ou de Daryle Singletary". En effet,
je possède tous les albums de ce dernier,
né en Géorgie en 1971, depuis ses débuts
en 1995, et aucun n’est décevant. Côté style on peut le ranger sagement au côté de Mark Chesnutt ou de Billy Yates. Une
voix chaleureuse et un répertoire traditionnel. Plus classique
que Josh Turner et plus vif que Joe Nichols. Encore que, dans
cette dernière œuvre, ce sont les ballades qui dominent. Cet
album, bien que riche en instrumentation typiquement country,
pêche par son manque de tempos rapides et est le premier
dans la discographie de Singletary à ne présenter aucun titre
purement honky tonk. Aussi je ne glisserai pas There’s Still A
Little Country Left parmi le meilleur de sa carrière. Et si l’on me
repose la question du début, je rajouterai : "sauf le dernier paru
de Daryle" !
Le Cri du Coyote n°145 page 11
SUNNY SWEENEY : Provoked
Sunny Sweeney est une chanteuse Texane née à Houston en
1976. Fan de George Jones,
elle a grandi à Longview, ville
natale de Miranda Lambert, et
vit présentement à Austin. Cela
explique peut-être que son style
de country emprunte au traditionnel tout en étant résolument moderne. Sur le
plan commercial Sweeney a réussi il y a peu à placer trois titres au Billboard, dont un Top 10. Elle en
aurait placé un quatrième si elle émargeait toujours
sur une "major" avec You Don’t Know Your Husband,
le titre qui ouvre son dernier album. Cette chanson
dynamique qui nous vaut un bon solo de dobro irait
comme un gant à Miranda et à l’étoffe d’un classique.
On se croirait revenu à la grande époque des Dixie
Chicks. Bad Girl Phase est aussi "lambertien" en plus
moderne. Can’t Let Go est un autre titre au tempo
fougueux. Used Cars est aussi rapide bien que moins
trépidant et le CD se referme avec un rock percutant, Everybody Else Can Kiss My Ass, agrémenté
d’un bon fiddle, et qui rappelle le meilleur de Carlene
Carter. Mais tout n’est pas sous haute tension et cet
album présente aussi ses moments plus tendres
avec quelques slows et ballades pour composer une
œuvre qui est bien variée et qui plaira aux amateurs
des chanteuses qui ont été citées plus haut dans
cette chronique.
WELDON HENSON : Honky Tonk Frontier
Weldon Henson est considéré
comme l’un des plus authentiques honky tonkers d’Austin au
côté de Dale Watson. Il suffit de
lire les titres des deux premières
chansons de cet album pour en
être convaincu : Hey Bottle Of
Whiskey et Honky Tonk Feels
Right. Rajoutons pour faire bonne mesure I Need
Wine : une chanson qui devrait passer en boucle dans
toutes les caves des régions viticoles. Il serait restrictif de considérer la musique de Weldon Henson sous
le seul angle du honky tonk, car cet album aborde
également le style de Waylon Jennings (Heartache
Game), la ballade (Not A Home), le blues rapide
(Trying To Pretend), le rock and roll (That Look) et
la valse lente traditionnelle (The Score). Henson est
appuyé tout au long de l’album par la steel de Ricky
Davis. Nashville a oublié depuis longtemps que l’on
pouvait encore faire de la country aussi authentique.
Recommandé.
MYRA ROLEN : Hold That Thought
Myra Rolen est une chanteuse
de country traditionnelle qui sort
en 2015 son cinquième album.
Cependant, comme il ne contient
que des hymnes et des gospels,
je laisse le soin de le chroniquer
au Révérend Boyat ou à Frère
Sam. Le précédent n’étant paru
que l’an dernier il n’est donc pas trop tard pour en
parler. Myra Rolen est Texane et a préféré élever
d’abord ses enfants avant de se consacrer totalement à la musique. Si vous placez l’aiguille sur n’importe quel titre au hasard vous ne tomberez que sur
du honky tonk juteux ou de la bonne country musique
classique empruntée à Johnny Paycheck, Tammy
Wynette, Johnny Lee, George Jones ou Stonewall
Jackson. Il y a même un titre au nom évocateur :
Crying Steel Guitar. S’ils tombaient dessus (aucun
risque !) les producteurs de nashpop se poseraient
la question : C’est quoi, à quoi ça sert ? Myra possède un vocal aussi puissant qu’agréable et mérite
d’étendre sa notoriété bien au-delà de son Texas.
Leur album Honky Tonk Time était Cri du Cœur
dans Le Cri n°140 qui soulignait les qualités de
ce groupe français, pétri de musiques
américaines puisées aux meilleures sources et
jouées avec une "appropriation des morceaux et
une restitution vraiment dans l’esprit".
Raisons de plus pour cette rencontre avec
Will Drifter, chanteur et guitariste rythmique de
ce trio remarquable. Interview par Eric ALLART
The SUBWAY COWBOYS
Quelle différence vois-tu entre le public français et les publics
américain, australien, sud-africain et anglais quand il est
confronté à ce style de musique live ?
L'énorme différence entre la France et n'importe quel pays anglophone, c'est bien sûr la compréhension des paroles. Une bonne chanson country, c'est tout autant une histoire qui est racontée qu'une belle
mélodie. Quelqu'un qui connait une chanson et qui va chanter en
même temps, ou qui ne la connait pas mais se laisse happer par l'histoire, c'est très agréable. Pour moi, qui aborde cette musique en tant
que conteur, cela fait du bien de partir régulièrement pour avoir cette
relation avec le public que l'on n'a pas avec autant d'acuité en France.
La plupart des formations en trio en France jouent surtout du
rockabilly. Comment le public rockab' réagit-il à vos reprises de
titres Outlaws des 70's ou aux titres plus hillbilly ?
Cela passe très bien car tous les rockeurs ayant un amour immodéré
pour le rockabilly savent que Hank Williams est à la base du genre,
comme à la base du mouvement Outlaws d'ailleurs. Waylon Jennings
qui chante Are You Sure Hank Done It This Way ?, c'est bien entendu
pour répondre à l'édulcoration d'une certaine manière d'aborder la musique. The Subway Cowboys ne se cantonnent pas à un genre musical donné et n'hésitent pas à faire le grand écart entre les 40's et les
70's, alors bien-sûr, le public rockab' aime lorsque l'on reprend du Hank
Williams, ou du George Jones à sa période énervée, et maintient son
intérêt lorsque l'on s'éloigne de ce qu'ils aiment au départ.
Il existe un public français de la "new country" (je pense aux
danseurs), avez-vous l’occasion de vous confronter à lui ?
Comment réagit-il à votre style ?
Les danseurs, il en existe trois sortes, pour faire simple. La première
catégorie est celle qui a rejoint un club pour se socialiser et faire un peu
de danse. On retient la chorégraphie sur une musique donnée. Pas un
rythme sur lequel on pourrait faire ses pas et que l'on pourrait appliquer
à d'autres chansons. Non, une chanson donnée. Et sorti de cette chanson, même si le rythme est le même pour une autre, eh bien le danseur
est perdu car il n'a pas l'élasticité mentale de ne penser qu'en terme de
rythme. Ces gens-là, on ne peut pas leur plaire car ils n'écoutent pas
de country music autre que ce qu'on leur donne pour danser. Ce n'est
pas bien pour nous car on les voit frustrés. Ils n'osent pas danser, et
même ne veulent pas danser de simples rocks ou slows (ce qui se fait
tout le temps aux US) car il leur manque cette liberté que l'on doit avoir
en réaction à la musique. On a fait le deuil de ces gens-là.
La deuxième catégorie est celle des danseurs-écouteurs. On sait
danser. On sait écouter. On fait soit l'un, soit l'autre, soit les deux, en
restant ouvert d'esprit. On en découvre pas mal, et de plus en plus, et
cela fait plaisir. Des associations qui nous contactent pour un concert.
Les membres sont prévenus du genre auquel ils vont avoir à faire. Le
professeur peut faire écouter notre album à ses adhérents et ainsi voir
ce qui peut se danser. Ce genre d'associations nous contactant est
nouveau pour nous, et on adore ! Je pense aux Culs Trempés d'Abbe-
Le Cri du Coyote n°145 page 12
The SUBWAY COWBOYS
bluegrass ou swing, nous tournons tellement que nous n'avons
pas le temps d'aller dans des festivals ou nous pourrions les
entendre à l'oeuvre. Le jour ou nous avons entendu Alexis Routhiau au fiddle, jouer avec son groupe, Cattle Call, nous avons
ville, à Normandy Country, à Melody Country etc.
La troisième catégorie est celle des amateurs de country été ensorcelés, et il s'est imposé lors de l'enregistrement de
avec une écoute religieuse. Ils sont là pour un concert. On a l'album pour ajouter la dimension plaintive chère au honky tonk.
fait beaucoup de concerts en auditoriums pour des audiences Après, il nous arrive exceptionnellement d'être accompagnés
assises, ce qui est bien aussi, sauf lorsque l'on tape dans le par un musicien habitant du côté du lieu du concert, comme ce
registre rockab' et que nous sommes tous seuls à nous exciter fut le cas avec Benjamin Leheu la dernière fois où l'on était en
Normandie. Entendre une telle maîtrise du banjo m'a laissé coi,
et à sauter partout !
et ce genre d'occasion laisse de très bons souvenirs.
Fabien a un background de guitariste de jazz et de blues,
Qu’est ce qui est le plus compliqué quand on choisi ce
c’est rare de pouvoir passer avec autant de naturel d’un
répertoire en France ?
genre à un autre. Sur vos vidéos de concert il
Tout s'est fait naturellement dans ce groupe.
reprend les standards quasiment note à
Les chansons, je les ai chantées d'abord
note. Comment travaille-t-il ?
pour moi seul dans ma cuisine, dans les
A l’oreille, avec des tablatures ?
rues en Angleterre, en Irlande, aux
C'est la technique de Fab. Lorsque
USA, même dans le métro parisien
l'on reprend divers standards, il a
pendant un bon bout de temps.
généralement deux solos de guitare
Fab, lead guitar, m'a rejoint car il
par chanson. Un qui va respecter à
voulait connaître les sensations
la note le solo de la chanson origidu busking (musique de rue). On
nale, et un de sa composition qui
a ensuite amené cette musique
va partir un peu ailleurs. Il ne faut
dans les bars, et on a été surpris
pas oublier que cette musique est
de voir que cela marchait très bien.
très peu reprise, et que si l'on fait
Il y a deux ans, Matt, à la contredes recherches de vidéos sur Hank
basse, nous a rejoints pour ajouter du
Williams, pour ne citer que lui, on ne
poids et ainsi faire les festivals. Nous en
trouvera pas grand chose. Nous avons
sommes maintenant à plus de 150 concerts
régulièrement des gens dans l'audience
en trois ans. Je ne me pose pas de questions.
avec les yeux rivés sur ce que fait chaque musiEspérons que notre mojo continuera à fonctionner…
cien et ainsi comprendre l'alchimie de cette musique.
Will
Des projets pour les mois qui viennent ? »
C'est la recette que l'on a trouvée... Comment travaille-t-il ? The
Nous avons sorti notre premier album, et nous avons eu la
A l'oreille. Malgré sa jeunesse, il a un tel background swing/ Drifter
chance d'avoir eu des chroniques et des interviews dans la
blues/ rock des années 40/ 50 (plus de 500 concerts, notamment avec The Swinging Dice) qu'il sait aborder toute nouveau- majorité de la presse musicale, et pas seulement country folk,
ce qui est positif car nous avons maintenant la possibilité de
té au répertoire de la bonne manière.
Vous faites une belle version de Take Me Back To Tulsa de jouer dans des festivals divers et variés, ce qui était loin d'être
gagné. Car même si les amateurs se multiplient depuis la sancBob Wills, c’est une performance d'adapter un titre écrit
tification de Johnny
pour un big band
Cash par toute la
en trio. Comment
communauté musichoisissez-vous
cale dans les 90's,
les titres ?
un groupe de notre
On a la chance que
genre a le postérieur
Matt, notre doublecoincé entre le blues,
bass man, soit un
le swing, la country
génie de la contreet le rockabilly et
basse issu du milieu
peut créer une cerdu jazz, et il n'a pas
taine confusion. Les
peur de prendre un
projets sont donc de
solo, au doigt ou à
continuer à multiplier
l'archet. De cette
ces
expériences.
manière on ajoute de
Nous réfléchissons à
la diversité pour ce
un deuxième album,
genre de titre, malgré
mais il est sûr qu'il
le fait que nous ne
ne sortira pas avant
sommes que trois.
septembre 2016. Fab
Pour le choix des
et Matt vont sortir le
titres, en ce moment,
premier album des
le premier critère est
Swinging Dice à la
l'adéquation avec le
rentrée 2015. Pour
reste du répertoire.
ceux qui sont curieux
Garder le répertoire
Fabien Lippens Matthieu Duretz
et veulent nous écouhomogène.
ter hors saison des festivals (d'autant que je pars au minimum
Sur votre album il y a un fiddle. Si c’était viable,
un mois par été dans le Vieux Sud des USA, donc The Subway
commercialement, aimerais-tu ajouter d’autres
Cowboys ne sont pas vraiment visibles en juillet/ août), nous
instruments dans le groupe ? Connais-tu des musiciens
jouons régulièrement au Petit Journal Montparnasse ou à l'Utoen France qui pourraient tenir ces places ?
Commercialement viable, c'est çà. Avoir un violon, une caisse pia à Paris, antre du blues bien connu des Parisiens qui peuvent
claire, de la steel, du banjo, une mandoline, cela donne quel- aussi écouter Jean-Jacques Milteau, Chris Lancry, Manu Galquefois envie, mais nous sommes un groupe qui se doit de ren- vin. Bien-sûr, les prévisions de concerts sont sur notre page
trer dans une voiture, un groupe facilement mobilisable. Et puis Facebook (quand on pense à les mettre...). ©
c'est clair, un gros groupe de country music en France doit faire
Will The Drifter : Vocal, Guitare rythmique
trop de compromis. Hors de question de faire un concert pour
Fabien Lippens : Guitare lead
lequel l'organisateur nous donne une liste de chansons à chanMatthieu Duretz : Contrebasse et harmonies vocales
ter pour contenter les danseurs de la 1ère catégorie mentionSubway Cowboys, 8 rue Victor Hugo, Apt 17 60100 Creil
née plus haut. Pour les musiciens à instruments spécifiquement
www.facebook.com/subwaycowboys
Eric
ALLART
Le Cri du Coyote n°145 page 13
Le "son de Bakersfield" est, comme
d’autres formes musicales, un
hybride difficile à définir, mais facilement reconnaissable à l’oreille une
fois qu’on a entendu un morceau de
ce style. Cette appellation et les noms
de ses artistes phares, Buck Owens,
Merle Haggard, Red Simpson, Dwight
Yoakam, auxquels Le Cri du Coyote
a, déjà, consacré des articles conséquents, vous sont sûrement familiers.
Bernard
BOYAT
Le SON
Mais qu’en est-il des origines, de la naissance, des débuts du son de Bakersfield et de ses interprètes initiaux,
aujourd’hui oubliés ou rejetés dans l’ombre ? Cet article tente de faire connaître ceux qui ont pétri la pâte,
l’ont fait lever, avant quelle ne se vende comme des petits pains durant les années 1960/ 1970. Au fil des années 1950, la country enregistrée à Nashville glisse peu à peu du
honky tonk à une musique qui va s’engluer dans le sirop et les chœurs féminins, avant de sombrer dans la variété.
Parallèlement, se développe plus à
l’ouest, à Bakersfield, en Californie, une
country music plus enlevée et musclée,
qui atteindra son zénith au milieu des années 1960.Elle tombera ensuite plus ou
moins en désaffection, avant de ressurgir
grâce à Dwight Yoakam, les Mavericks
ou les Derailers. Elle perdure toujours. Bakersfield, comté de Kern, dans la
vallée de San Joaquin, se trouve à michemin (180 km de chaque ville) entre
Fresno et Los Angeles. A l’ère moderne,
le lieu commence à être habité en 1860
par un Allemand, Christian Bohna. Parmi
les premiers colons à le rejoindre, attirés par la ruée vers l’or, figure Thomas
Baker, né en 1810 en Ohio. Il fait des
études de droit, sans les pousser jusqu’à
devenir avocat, puis part en Iowa, dont
il est le premier procureur de district. En
1841, il est nommé colonel de la milice,
puis devient président du sénat de l’état.
En automne 1850, il part en Californie, à
Benicia, puis Stockton. En 1852, il s’installe à Tulare, aide à fonder Visalia et devient sénateur de Californie. Il s’installe le
long de la rivière Kern en 1863. L’endroit
est appelé "Bakers' field" (le champ de
Baker) et sert de lieu d’étape aux immigrants. Le nom sera ré-orthographié en
Bakersfield. L’arrivée du chemin de fer
dans les années 1870, puis la découverte
de pétrole en 1899, contribuent à l’expansion de la cité : elle compte 600 habitants
en 1870, 35.000 en 1950, deux ans avant
un tremblement de terre, 57.000 en 1960.
Actuellement, elle en a 350.000.
Okies et Arkies
Un malheur, dit-on, n’arrive jamais seul.
Durant les années 1930, alors que sévit
déjà la Dépression, qui durera du Mardi
Noir 29 octobre 1929 jusqu’en 1936, les
grandes plaines du Canada et du centre
des USA sont frappées par trois vagues
de tempêtes de sable, en 1934, 1936 et
1939/ 1940. Dans certaines régions, le
phénomène dure même, quasiment sans
interruption, pendant huit ans. On appellera cette calamité le Dust Bowl (la bassine de poussière) ou les Dirty Thirties
(les sales années 30).
Des milliers d’agriculteurs du Texas,
Minnesota, Kansas, Nebraska, d’Iowa et,
surtout, d’Oklahoma et Arkansas, sont
chassés de chez eux. Ils
partent, généralement par
la Route 66, en direction
de la Terre Promise, la
Californie (cf Les raisins
de la colère). Les Okies
et Arkies (surnoms péjoratifs) venus dans la vallée
de San Joaquin trouvent
à Bakersfield des emplois
dans l’industrie pétrolière,
les exploitations agricoles,
le BTP. Les rejetons, issus
de cette classe populaire, sont adolescents ou
jeunes adultes à la fin des années 1940/
au début des années 1950. La migration,
y compris en ce qui concerne la musique,
ne se tarit pas avec la fin du Dust Bowl,
une deuxième vague ayant lieu durant
la 2ème guerre pour travailler dans les
chantiers navals et nombre d’artistes
résidant à Bakersfield dans les années
1950 et 1960 viennent dOklahoma ou
dArkansas.
Une musique pour faire danser
Dans les années 1940, la base aérienne
de Minter, sur la nationale 99, au nord
de Bakersfield, voit défiler d’importants
effectifs, auxquels il faut fournir des
défoulements. Les bars et boîtes de la
ville sont alors en plein essor. A la fin du
conflit, les soldats sont de retour dans
leurs foyers. Il leur faut trouver un emploi
et, aussi, une épouse.
Pour se défouler, c'est-à-dire boire, se
battre et, surtout, danser, les travailleurs
de Bakersfield et des environs n’ont que
l’embarras du choix parmi les nombreux
bars, salles de bal, boîtes de nuit du coin,
ouverts 7 jours sur 7.
A l’époque, la musique country est perçue différemment des deux côtés du
pays, ce qui reflète un peu le mode de vie
des populations :
A l'est, elle est plus une musique policée
et de concert, jouée dans les gymnases,
cinémas, auditoriums, avec des spectateurs assis et écoutant les morceaux, ne
manifestant leur intérêt ou désapprobation qu’une fois ceux-ci terminés.
A l’ouest, elle est plus dynamique et
sa fonction essentielle, héritage des orchestres de western swing qui y ont émigré, est de faire danser.
Les racines de cette musique
Elles ont, sans doute, été plantées par
les Maddox Brothers et leur sœur Rose.
Ils ont quitté l’Alabama en 1932, pour
venir au nord de Bakersfield, à Modesto.
Cliff, Fred, Don, Cal, Henry, sont d’abord
cueilleurs de fruits avant d’être engagés
sur radio KTRB et de faire venir leur sœur
(11 ans) pour chanter avec eux. Ils préfigurent ce que sera le son de Bakersfield :
ils jouent fort, se démènent sur scène et
font danser les gens.
Roy Nichols à gauche avec Rose Maddox & les Maddox Brothers
Le Cri du Coyote n°145 page 14
Bill Woods Rose & Joe Maphis
Lorsque Joe et Rose Lee Maphis, originaires du sud de la Virginie, s’installent
en Californie et passent au Blackboard
Café de Bakersfield pour la première fois,
ils sont sidérés par l’ambiance.
L'expérience leur inspirera le classique
Dim lights, thick smoke (lumières tamisées, fumée à couper au couteau).
Car, à Bakersfield, pour remplir la piste
de danse, les ingrédients nécessaires
sont : une musique entraînante (d’où le
mélange de western swing, honky tonk
enlevé, hillbilly bop / boogie) ou incitative
à la drague (les bllades à pleurer dans sa
bière), rehaussée par un système d’amplification permettant de couvrir le brouhaha de la foule. D’où le loud, loud music
(de la musique très, très forte) ajouté
entre parenthèses par les Maphis au titre
de la chanson précitée.
Blackborad Cafe
Cliff Crofford
Fuzzy Owen
rée comme la date de naissance de ce
style. On parle peu de lui, mais c’est Billy
Barton qui va se trouver au centre d'une
série d’événements qui vont transformer
Bakersfield en Nashville de lOuest.
C’est une grande gueule, un buveur, un
dragueur (y compris avec les épouses
des autres artistes). Il est arrivé à Hollywood en 1950 et a été rebaptisé Hillbilly
Barton par Fabor Robison. Ce dernier,
originaire de Beebe, Arkansas, s’est engagé dans l’armée durant la 2ème guerre
et s’y est retrouvé cuisinier. De retour à la
vie civile, il s’installe à Hollywood, y devenant agent artistique, avec Les Anderson et Johnny Horton comme principaux
clients. En 1950, il fait engager Horton
dans l’émission Hometown Jamboree
de Cliffie Stone et l’enregistre sur une
demi-douzaine d’acétates, qu’il présente
à diverses marques.
Il réussit à le faire signer pour une minuscule maison de disques, Cormac, qui
cesse ses activités peu après. Robison
résout le problème ainsi créé en fondant
sa propre marque, avec une participation
financière du pharmacien Sid Abbott, du
nom duquel elle est baptisée. Elle est,
d’abord, entièrement dédiée à Horton, les
10 premiers simples étant par lui, deux
comportant des duos Horton/ Barton,
Devant le succès du rock ’n’ roll auprès
des jeunes, au milieu des années 1950,
les chanteurs country de Bakersfield, désireux d’étoffer leur répertoire, vont acheter les tubes du moment dans un magasin de disques tenu par des Noirs, dans
l’avenue de Californie. Ils les apprennent
et n’hésitent ni à les jouer sur scène ni
à s’en inspirer pour leurs compositions.
Un bon nombre se risquera même à sortir
un ou deux disques de rock ’n’ roll ou de
rockabilly. "On faisait un mélange de Bob
Wills et ses Texas Playboys et de Little
Richard," dira Buck Owens.
La Telecaster et les guitares Mosrite font
alors leur apparition au sein des groupes
animant les bals.
Billy Barton
Le tout premier artiste country de
Bakersfield à enregistrer est le pianiste Wiliam Lee Bill Woods, avec
ses Orange Blossom Playboys
(Clifton T. Cliff Crofford au vocal
et à la trompette, Dude Wheeler
à la guitare solo et William Robert
Billy Mize à la steel guitare), sur
Modern fin 1949 (simple 20-1020
Have I got a chance with you/
Trusting you) et on peut le considérer comme le père du son de
Bakersfield.
Néanmoins, c’est l’année 1953
John "Hillbilly Barton" Grimes
qui est généralement considé-
Lewis Talley
que Robison a aussi engagé. En 1952,
la marque sera vendue à Mercury, alors
installée à Chicago.
Robison enregistre ensuite Barton en
solo, mais, après un différend entre eux,
Billy part à Bakersfield en 1953. La ville
deviendra sa base pendant les 3 ou 4
années suivantes. Avec l’impresario R.
B. Chris Christensen, ils lancent les deux
premières marques country de la ville,
Grande et Mar-Vel.
A l’époque, Bill Woods est à la tête de
l’orchestre-maison du Blackboard Café,
dont le guitariste est un certain Buck
Owens et le chanteur Lewis Talley, venu
d’Arkansas avec son cousin Fuzzy Owen.
Barton fait enregistrer Woods sur MarVel, avec Lewis Talley (vo, gtr rtm), Buck
Owens (gtr sol), Johnny Cuviello (bat),
Lawrence Williams (pno), Dom Markham
(sax), Fuzzy Owen (stl gtr, cbs), pour les
Mar-Vel MV 100 et 101.
A dear John letter
Fuzzy est, alors, le petit ami de Bonnie
Owens. Celle-ci, qui a épousé Buck à 15
ans en janvier 1948, s’est séparée de lui
en 1951, sans divorcer, aucun des deux
n’ayant les moyens d’engager un avocat.
Barton (peut-être avec Owen) a composé A dear John letter, un morceau mi
chanté (par une voix féminine)/
Lewis Talley & Red Simpson
Tommy Dee, Bonnie Owens, Fuzzy Owens mi récité (par une voix masculine) inspiré par la guerre de
Corée : une jeune fille, dont le
petit ami, John, est stationné
en Corée, lui écrit pour annoncer leur rupture et son mariage
avec Don, le frère de John.
Il est enregistré par Fuzzy
et Bonnie (Mar-Vel MV 102 A
dear John letter/ Wonderful
world). Un animateur radio
dArkansas, ami d’Owen, le
programme sur sa station, où
il devient N°1.
Lewis Talley se dit que le
morceau peut devenir un tube.
Il vend sa Kaiser 1947 (selon
Bill Woods, ce serait un scooter et non une voiture qu’il aurait vendu) et rachète les droits
de Barton pour 150 dollars. Le
nom de ce dernier disparaît
ainsi des crédits de composition au profit de Talley.
Bonnie Owens
Le Cri du Coyote n°145 page 15
Herb Henson
Dallas Frazier
Si Barton est bien le seul compositeur,
Talley a alors vendu la moitié des droits à
son cousin Owen, qui figure comme compositeur. Barton est persuadé d’avoir fait
une bonne affaire et se vante partout en
ville d’avoir échangé une chanson sans
valeur contre une voiture. Quelques mois
plus tôt, Bill Woods a convaincu Ferlin
Husky, qui n’a pas encore réussi à percer chez Capitol, de venir à Bakersfield,
où il se produit à la salle de bal Rainbow
Gardens le week-end et comme animateur radio à KBIS en semaine. C’est ainsi
qu’il passe A dear John letter à l’antenne,
à la demande de ses auditeurs et il découvre ainsi le potentiel du morceau.
Une certaine Ollie Imogene Shepard,
née le 21 novembre 1933 à Pauls Valley,
Oklahoma, est venue, en 1945, à Visalia,
120 km au nord de Bakersfield, avec sa
Tommy Collins
famille. En 1948, elle forme les Melody
Ranch Girls avec d’autres lycéennes, un
groupe de western swing, dans lequel
elle tient la contrebasse, achetée 350
dollars par ses parents qui ont hypothéqué tout leur mobilier pour la lui offrir.
Elle passe dans l’émission de Jelly
Sanders sur radio KTNV de Porterville,
au cours de laquelle Hank Thompson
l’entend et la fait engager par Capitol en
1952, sous le nom de Jean Shepard. Son
premier simple n’a guère eu de succès et
son producteur Ken Nelson a demandé
à Ferlin Husky de trouver des chansons
pour une session prévue avec elle. Husky lui apporte A dear John letter.
La première réaction de Nelson est le
refus, mais il finit par faire enregistrer
le morceau par le duo Husky/ Shepard,
au studio Capitol, le 19 mai 1953, avec
Emission TV Trading Post
Jean Shepard
Ferlin Husky
les guitaristes Fuzzy Owen, Lewis Talley, Tommy Collins, récemment arrivé
à Bakersfield et hébergé chez Husky,
le contrebassiste Henson Snyder et Bill
Woods au piano. Cette version, au son
indubitablement Bakersfield, sort sur le
simple Capitol 11461.
En juillet 1953, A dear John letter entre
au hit-parade du Billboard, où il sera
n°1 country pendant 6 semaines et n°4
variété. Barton en est fou de rage, clamant qu’Owen et Talley l’ont grugé. La
maison d’édition American de Los Angeles auprès de laquelle il a déposé la
chanson est encore plus furieuse, car il
n’avait pas le droit de vendre ses droits.
Des négociations sont engagées entre
les différentes parties et son nom est
réintégré dans la liste des compositeurs,
qui deviennent Barton, Talley et Owen.
Suite à ce succès et à l’extension de la
musique issue de Bakersfield au-delà des
limites du comté de Kern, dans la vallée
centrale de Californie et à Los Angeles
lorsque les artistes de Bakersfield s’y
produisent, conjuguée à sa diffusion sur
les ondes de radio KiKK et dans l’émission TV Trading Post de Herb Henson
sur KERO, Ken Nelson engage d’autres
artistes de Bakersfield, ce qui fera de Capitol LA marque du "son de Bakersfield",
nom de baptême trouvé par Nelson.
Il puisera largement dans le vivier de
la ville ; Herb Henson, Tommy Collins,
Dallas Frazier, Buck Owens, Al Brumley,
Bobby Durham, Merle Haggard, Red
Simpson. Ce son particulier fera la réputation musicale de la ville.
Les marques de Bakersfield et ses environs
Audan, 1717, 16e rue, montée par Tommy Dee et Bill Woods au
début des 1960's (une source donne David Bell comme propriétaire). Principaux artistes : Bill Woods, Dallas Frazier, Red Simpson
Bakersfield, 1300, rue Casa Loma, fondée par R. B. Christensen
en 1956, avec Bill Woods et Johnny Cuviello. Elle eut une série en
500, qui semble avoir été la première, et une en 100. Elle cesse
son activité en 1959. Principaux artistes : Bill Woods, Dusty Payne.
Fire (à ne pas confondre avec la marque r’n’b de Bobby Robinson), 1300, rue Casa Loma, puis 725, 34ème rue, fondée par R. B.
Christensen en 1956. Sa devise était un jeu de mots sur fire "If its
a Fire, it's hot" (si c’est un [disque] Fire, il est brûlant). Principaux
artistes : Bill Woods, Tommy Duncan, Dusty Payne, Billy Barton.
Global, 725, 34e rue, fondée par R. B. Christensen, avec la devise
"The new sound heard around the world" (le nouveau son qu’on entend dans le monde entier). Principaux artistes : Bill Woods, Duke
Dickson, Joe Hall, Wayne Morris.
Grande, 708, avenue Charlana, fondée par Billy Barton et R. B.
Christensen. Principal artiste : Billy Barton.
Green, adresse ?, on connaît juste le simple 600 de Bill Woods.
Hillcrest (différente de la marque de Géorgie), B P 6278, fondée
par Tommy Dee. Principal artiste : Tommy Duncan.
Humco, 313, El Tejton, Oildale, petite ville au nord de Bakersfield,
avec un simple connu, sans numéro, de Bob Hortton (1966).
Indio, 3517, rue Brenner à Modesto, puis B P 327 à Emeryville,
fondée par Bill Carter. Principaux artistes : Jimmy North, Ray Smith,
Dave Miller, Clyde Arnold, Jerry McGill.
Kord, fondée par Ralph Yaw, ancien arrangeur du pianiste de jazz
Stan Kenton. Principal artiste : Billy Mize.
Mar-Vel (pas la marque d’Indiana), fondée par Billy Barton et R B
Christensen. Principaux artistes : Bill Woods, Fuzzy Owen, Bonnie
Owens.
Millie, adresse inconnue, avec un simple de Red Simpson.
Mosrite.
Semie Moseley, né le 13
juin 1935 à Durant, Oklahoma, se retrouve à Chandler, Arizona, en 1938, puis
à Bakersfield en 1940.
Il s’y met à la guitare dans un groupe de musique religieuse pentecôtiste en 1948. Avec son frère Andy, ils expérimentent la lutherie dans le garage familial et Semie conçoit une guitare à double
manche pour Joe Maphis, tout en travaillant pour Rickenbacker.
En 1956, les frères, aidés financièrement par un pasteur de Los
Angeles, le révérend Ray Boatright, montent la firme Mosrite. En
1959, Andy part à Nashville, pour populariser leurs guitares auprès
des artistes du Grand Ole Opry.
Le Cri du Coyote n°145 page 16
Ils montent aussi une marque
de disques du nom de leur firme
en 1966, qui quittera Bakersfield
pour Nashville par la suite. Au
pic de la production, en 1968,
la lutherie Mosrite comptait
107 employés et sortait 1 000
instruments par mois, guitares acoustiques, électriques, à 2 ou 3
manches, basses, dobros et mandolines.
La marque est en dépôt de bilan à la fin de cette année-là, la production tombe à 280 guitares en 1969. Semie la relance pourtant en
1970, à Pumpkin Center, près de Bakersfield. Il déplace son usine à
Oklahoma City au milieu des 70's, à Jonas Ridge, Caroline du Nord
en 1981, puis à Booneville, Arkansas, en 1991. Semie est mort en
août 1992. Sa fille, Dana, luthière, continue à fabriquer des guitares. Principaux artistes : Nokie Edwards (membre des Ventures),
Ronnie Sessions, Doyle Holly, Gene Moles, Al Brumley, Joe & Rose
Lee Maphis, Eddie Dean, Tommy Duncan, Barbara Mandrell.
Pep, 9652, rue Winchell à Pico Rivera, fondée en 1955 par J. E.
Swarr, rachetée en 1957 par Claude Cavener, mari de Pauline Parker. Principaux artistes : Buck Owens, Tommy Coe, Wes Buchanan,
Rollie Webber, Ronnie Branham.
Pike, basée à Arvin, puis au 721, 18ème rue, Bakersfield, fondée
en 1957 par Roy Flowers, mari de Vancie, venu d'Oklahoma dans
les 50's, pour permettre à sa femme d’enregistrer. Elle est rachetée
en 1960 par Leon Hart. Principaux artistes : Vancie Flowers, Dickie
Garland, Herb Henson, Ronnie Sessions, Tommy Dee, les Rialtos,
Bolly Hollister, Leon Hart, Al
Hendrix, Bill Bryan, J J Larue,
les Highlanders, Tommy Lewis,
les Quin-Teens, Lori Gibson
Rose (pas celles dOklahoma
et du Texas), 218, rue Plymouth,
fondée Par Jimmie Addington.
Principaux artistes : Billy Bledsoe, Bill Woods.
Stereotone, B P 423, fondée
par Bill Woods et R B Christensen. Principaux interprètes : Mel
& Carol.
Super-Sonic, 429, rue du Nil,
fondée par Wayne Morris. Principal interprète : Grover CleveRonnie Sessions
land (= Wayne Morris).
Tally (pas celle dIndiana), 601, 18e rue est, au coin de l'avenue Truxtun et de la rue Kern, puis BP 842, fondée en 1955 par
Lewis Talley et Fuzzy Owen grâce aux droits rapportés par A dear
John letter. Le premier studio, au 601, 18e rue est, installé dans un
ancien magasin de capitonnage, ne dura que 3 mois. Talley en installe ensuite un autre derrière sa maison, 418, rue Hazel, à côté de
son garage. En 1998, Owen annonce qu'il réactive la marque pour
éditer de nouveaux titres de Merle Haggard, mais le projet avorte.
Principaux interprètes : Herb Henson, Bonnie & Jo-Ann, Calvin
Cheek, Fuzzy Owen, Cliff Crofford, Al Hendrix, Harlan Howard,
Merle Haggard, Red Simpson, Wally Lewis, George Weston, Bill
Carter, Rollie Webber, Buck Owens, Bobby Austin, Bonnie Owens.
Three Star, B P 6278, fondée par Tommy Dee et baptisée d’après
son hit, Three stars. Principaux interprètes : Del & Sue, Gene Moles.
Vita, 1486, rue des chênes blonds à Pasadena, fondée par Larry
Mead. Principaux interprètes : Smiley Monroe, Jimmy Thomason,
Al Barkle.
Les boîtes de nuit, salles de danse et de spectacle
Auditorium civique, 1001, Ave Truxtun. En septembre 1963, Capitol y enregistre le LP Country Music Hootenanny en public, avec
Joe & Rose Lee Maphis, Herb Henson, Buck Owens, Bob Morris,
Rose Maddox, Buddy Cagle, les Kentucky Colonels, Johnny Bond,
Tommy Collins, Glen Campbell, Jean Shepard, Roy Nichols, Merle
Travis, Roy Clark. (Ken Nelson découvre Merle Haggard).
Rainbow Gardens, 2301, Ave de l'Union sud.
Bobs Lucky Spot, 2303, Ave Edison.
Trouts, 805, rue Chester nord, racheté par Vern Hoover en 1956.
Blackboard Café, 3800, Ave Chester, puis 805, Ave Chester nord.
Clover, 2611, Ave Edison.
Louis Talley Café, 2111, Ave Edison.
Texas Barrel House, 1524, Ave Golden State.
Chicken Coop, Ave Edison.
Salles de bal de Pumpkin Center, Beardsley.
Buck Owens
Bonnie Owens & Merle Haggard
Rainbow Gardens
Radio et télévision
Radio KUZZ, 910, Ave Chelsea. Fondée en 1947, elle s’appelait alors KIKK et diffusait du r’n’b. Elle commence à se mettre à
la country en 1958 et est rachetée en 1959 par la Valley Radio
Corporation de Lawton Jiles et Bob Scott, pour en faire une station
entièrement country. Elle est rebaptisée KUZZ en 1960, lorsque
Kuzzin Herb Henson devient son directeur d’antenne. Buck Owens
la rachète en 1966, en faisant une radio rock. En 1969, il revient à
la country, lançant une station sur, baptisée KZIN (dont la prononciation ressemble à Kuzzin), qui deviendra une radio rock en 1977.
Radio KERN, 1400, Easton drive N°144, fondée en 1932.
Radio KBIS, où Ferlin Husky fut animateur.
Télé KERO, avec l’émission Trading Post animée par Herb Henson et le Trading Post Gang de 1953 à 1963.
KERO, diffusée depuis l'Hotel El Tejon
Tommy Duncan
Le Cri du Coyote n°145 page 17
Principaux artistes, musiciens, producteurs
et propriétaires de marques de disques
Billy Barton
Nous en avons déjà parlé à propos de A
dear John letter. Il est né John Grimes le
21 novembre 1929 à London, Kentucky, a
étudié pour devenir commissaire-priseur
de tabac à 16 ans, s'est engagé dans
l’armée et a épousé Roda Holland.
Il décide alors d’entreprendre une carrière musicale et part à l’ouest avec Russell (qui fondera la maison de disques
Sims à Los Angeles) et Herb Sims. On le
retrouve en 1950 sur radio KXLA, Pasadena, en Californie. En janvier 1953, il
enregistre le rockabilly Blues in the blues
of the night (Abbott117) à Shreveport,
Louisiane, produit par Fabor Robison,
avec les Circle O Ranch Boys (musiciens
du Louisiana Hayride : Floyd Cramer,
pno, Jimmy Day, Don Davis, Tommy Bishop, Big Red Hayes). Barton le pirate sur
sa marque Grande (simple 117).
Après l’épisode A dear John letter, il
épouse la chanteuse Wanda Wayne en
1954, puis part à Nashville, où il fait engager la Stoneman Family, dont Donna et
Jimmy qui ont fait partie de son groupe,
au Grand Ole Opry. Il part en Floride,
chante de la musique religieuse et il y
décède le 8 octobre 2011
R. B. Christensen
Bien qu’ayant été propriétaire ou copropriétaire d'une demi-douzaine de
marques de la ville (Bakersfield, Fire,
Global, Grande, Mar-Vel, Stereotone), il
n’existe quasiment aucun renseignement
sur lui. La seule mention trouvée est
dans le Billboard du 26 décembre 1960,
qui indique qu’il a rejoint la maison d’édition musicale de Buck Owens, Bluerock,
comme associé et directeur commercial.
Tommy Collins.
Il est né Leonard Raymond Sipes le
28 septembre 1930 dans une ferme de
Bethany, un faubourg d'Oklahoma City.
Il débute très jeune et, tout en fréquentant l’université d’état d'Oklahoma, il travaille sur les radios KLPR, KBYE, WKY,
KOCY, et sur TV WY. Après le lycée et
un engagement dans les Marines, il part
sur la côte ouest en 1952, avec Wanda
Jackson et sa famille, qui repartent. Lui
décide de rester, rencontre Ferlin Husky
au Rainbow Gardens et s’installe à Bakersfield. Il emménage chez Husky, qui le
fait entrer chez Capitol.
Il commence à enregistrer en juin 1953,
accompagné par Ferlin Husky, Lewis
Tally, Fuzzy Owen, Bill Woods et Buck
Owens. Il se lie ensuite avec Cliffie Stone
et est engagé à la Town Hall Party.
Il épouse Wanda Shahan qui duettera
parfois avec lui. Il grave quelques rock ’n'
rolls au milieu des 50's, puis il quitte le
monde du spectacle en 1957, pour être
ordonné pasteur baptiste en 1960.
Il revient à la musique en 1964 et devient un compositeur country recherché.
Son ami Merle Haggard lui rendra hommage avec Leonard. Il est mort d’emphysème à Ashland City, Tennessee, le 14
mars 2000. Marques : Capitol, Columbia,
Starday, Boot, Tower, Verve, Morgan.
Cliff Crofford
Alias Cliff Crawford, est né Clifton Thomas Crofford le 12 décembre 1929 dans
une ferme de Rochester, Texas.
Il commence à chanter très jeune, gagnant un crochet à 5 ans. Sa mère lui
achète alors une guitare. Son père emmène la famille à San Diego, Californie,
en 1942, pour y travailler dans l’industrie
de la défense. Cliff se retrouve là-bas
sans instrument. Sa mère lui dégotte une
vieille trompette avec un trou, colmaté
avec de la gomme à mâcher et il se met
à en jouer. Il reste à San Diego jusqu’en
1945 et revient finir son lycée à Rochester. Il retourne alors à San Diego en 1947
et étudie la musique à la fac de Riverside.
En 1949, en route vers Reno pour des
vacances, il s’arrête à Bakersfield pour
rencontrer Bill Woods à l’instigation d’un
ami commun. Le courant passe et Bill
l’invite chez lui et l’emmène au Clover.
Cliff décide de rester à Bakersfield et
il rejoint les Orange Blossom Playboys
comme trompettiste le soir même, au
Café 99 de McFarland. Il en devient
membre à part entière et se joint à Woods
pour animer une émission sur radio KAFY
cinq soirs par semaine, jouant aussi au
Blackboard, au Clover, au Lucky Spot.
En 1953, Cliff, devenu membre du
groupe de Jimmy Thomason avec Billy
Mize, participe à l’émission télévisée de
Jimmy sur la 9e chaîne, puis, toujours
avec Billy, ils animent le Chuck Wagon
Gang sur KBAK. Il se produit aussi dans
le Trading Post de Cousin Herb Henson
sur télé KERO, au Country Music Time,
à la Town Hall Party entre 1957 et 1960
et dans lémission de Cal Worthington
sur la 11e chaîne. Il enregistre des titres
country rock Bakersfield pour Tally en
1956 / 1957, puis on le trouve sur Mega,
Liberty, Dot, Sundown, Doré, Challenge.
Il fut longtemps chanteur attitré du Foothill de Long Beach, de 1959 à 1982, du
Palomino de Hollywood nord en 1962,
mais sa renommée viendra de ses compositions pour les bandes sonores de
films, dont Smokey and the bandit II (Tu
fais pas l'poids shérif), et quatre avec
Clint Eastwood, Bronco Billy, Honky tonk
Le Cri du Coyote n°145 page 18
man, ainsi que Every which way but
loose (Doux, dur et dingue) et Any which
way you can (Ça va cogner), apparaissant dans ces deux derniers et dans Tu
fais pas l'poids shérif. Il compose aussi le
N°1 de Clint Eastwood et Merle Haggard,
Bar room buddies. Il passe ses dernières
années à Ontario, Californie, où il décède
le dimanche 22 novembre 2009.
Johnny Cuviello
Il est né le 8 août 1915 à Fresno, Californie, dans une famille italo-américaine. Il
se met à la batterie au lycée et, en 1946,
il tombe sur Billy Jack Wills à radio KMJ,
qui lui demande d’accorder sa batterie
avant une session du frère aîné Bob.
Satisfait du résultat, Billy Jack laisse sa
place à Johnny derrière les fûts pour la
session et se met à la contrebasse, instrument qu’il préfère.
Johnny Cuviello
A la fin de la session, Bob Wills l’engage
dans ses Texas Playboys où il restera
deux ans. Par la suite, Cuviello sera
copropriétaire de la marque Bakersfield,
fera partie du groupe de Buck Owens au
Blackboard et participera à de nombreux
enregistrements à Bakersfield. Il est décédé le 5 septembre 2012
Tommy Dee
Il est né Tommy Donaldson le 15 juin
1933 à Vicker, Virginie. Animateur à radio
KFXM de San Bernardino, Californie en
1959, il est à l’antenne lorsque tombe la
nouvelle de l’accident d'avion de Buddy
Holly, Ritchie Valens et du Big Bopper. De
retour chez lui, il écrit la semi récitation
sur fond musical Three stars.
Eddie Cochran est le premier à l’enregistrer, mais sa version ne sera éditée qu’en
1966. Celle de Tommy, enregistrée sur le
simple Crest 1057, avec les chœurs de
Carol Kay et les Teen-Aires, est disque
d’or. Il investit une partie des droits pour
fonder les maisons de disques Audan,
Hillcrest, Three Star. Il est décédé le 26
janvier 2007.
Terry Fell
Il est né Robert T Fell le 13 mai 1921
à Dora, Alabama. Il grandit à Cullman,
où il échange
sa marmotte
apprivoisée
contre
une
guitare à 9
ans, mais ne
commence à
en jouer que 3
ans plus tard. Il
se met ensuite
à la mandoline
et prend des
Terry Fell
leçons de chant. Son père meurt en 1934
et, en 1937, il part en stop en Californie.
Il passe quelque temps dans un camp
du corps de la conservation civile puis,
après un bref retour en Alabama, revient
dans la région de Los Angeles avec sa
mère, où il est presseur de disques chez
Tru-Flex Rubber.
En 1943, il est bassiste des Nightriders
de Merl Lindsay, puis fait partie du groupe
de Billy Hughes en 1945, qu'il accompagne sur Fargo et il se met à écrire des
chansons pour la maison d’éditions musicales American. Il est ensuite le chanteur
des Seven Southerners de Leodie Jackson sur Courtney.
Après des enregistrements sur Memo,
Gilt Edge, Crest, 4-Star, il est le premier
impresario de Buck Owens, qu'il utilise
comme guitariste et dont il produit des
sessions pour X, rejetées par la maisonmère RCA. Les matrices sont récupérées
et éditées par Pep. Lui-même enregistre
pour X, dont la version originale de Truck
driving man en avril 1954, face B de Don't
drop it (X 0010), N°4 country. En 1955, il
passe sur RCA, en 1958 sur Lode.
Il part au service militaire en 1959 et est
stationné en Allemagne. Il y écrira Mississippi River, non enregistré mais dont
les droits seront vendus 30 000 dollars
en 1996 chez Christies, Elvis Presley
figurant comme co-auteur. En 1962, il
part à Nashville où il devient compositeur à plein temps, ayant des problèmes
de gorge, ce qui mettra fin à sa carrière
d’artiste. Il enregistre encore sur Sims en
1964. Il est mort le 4 avril 2007 à Madison, Tennessee.
Cousin Herb Henson
Il est né le 17 mai 1925 à East St Louis,
Illinois, devenant autodidacte au piano.
Il arrive en Californie, en train, en 1946,
commence par ramasser du coton dans
la vallée de San Joaquin, puis fait du
ramassage de linge pour une firme de
Fresno. Bill Woods, qui y vit alors et joue
au Barn, le rencontre au magasin d’instruments de musique où Herb travaille.
Woods l’engage dans son groupe avant
de repartir pour Bakersfield, où Herb le
suit. Il devient animateur à radio KMPC.
En septembre 1953, il démarre son
émission télé Trading Post, sur KERO,
tous les après-midis, de 17h à 17h45.
Au début, le groupe de l’émission, le Trading Post Gang, inclut Woods, Billy Mize,
Bonnie Owens et d’autres membres du
groupe-maison du Clover, avant d’accueillir dautres artistes locaux. Henson
devient ainsi une vedette régionale. Il
Don Rich,
Buck Owens
& Red Simpson
aux Studios
Capitol, 1956
enregistre pour Decca, Abbott, Tally,
Pike, Lute, Capitol, dont une reprise du
Y'all come d'Arlie Duff (Capitol 2606), qui
devient sa chanson-thème.
En 1960, radio KIKK le nomme directeur
d’antenne et change son nom en KUZZ,
à cause de Kuzzin Herb Henson. En dépit dune crise cardiaque, il continue ses
activités et décède le 26 novembre 1963
d'une attaque cardiaque massive.
Doyle Holly
Il est né Doyle Floyd Hendricks le 30 juin
1936 à Perkins, Oklahoma. Il passe 4 ans
à l’armée, puis
travaille dans
les
champs
de pétrole en
Oklahoma, au
Kansas et en
Californie. Il se
retrouve à Bakersfield, où
il continue à
travailler dans
le pétrole, tout Doyle Holly
en jouant de
la guitare et de la basse dans les boîtes
de nuit. Au début des années soixante, il
accompagne Johnny Burnette, joue dans
le circuit des rodéos avec Jack Lord. Il est
avec Joe Maphis en 1963, lorsque Don
Rich lui demande de devenir le bassiste
des Buckaroos de Buck Owens, au sein
desquels il restera jusqu’en 1971. Il forme
alors Vanishing Breed et enregistre sous
son nom. Au début des années 1980,
las des tournées, il ouvre un magasin de
musique à Hendersonville, Tennessee. Il
est décédé d’un cancer de la prostate le
13 janvier 2007 à Nashville.
Billy Mize
Il est né William Robert Mize à Arkansas
City, Kansas, le 24 avril 1929. Sa famille
part en Californie en 1936 et il grandit
dans la vallée de San Joaquin, à Fontana, puis Bakersfield, où il va au lycée.
Il débute à la guitare, avant de se tourner
vers la steel, en ayant reçu une pour ses
18 ans. Il forme un groupe et est animateur radio sur KPMC.
En 1949, il est steel guitariste des
Orange Blossom Playboys de Bill
Wooods au Clover et, dès 1953, avec
Woods et Herb Henson, il est steel guitariste/ vocaliste dans l’émission TV
Trading Post sur KERO, où il restera 13
ans. Il passe aussi dans l’émission TV
de Hank Penny à compter de 1955, puis
on le trouve, en 1957, dans 7 émissions,
dont le Cals Corral de Cal Worthington,
gros concessionnaire de voitures de Cali-
Billy Mize & Red Simpson
Le Cri du Coyote n°145 page 19
fornie du sud, le dimanche après-midi,
le Country Music Time, depuis la salle
de bal Huntington Park, et la Town Hall
Party. Il passe aussi au Melody Ranch
de Gene Autry sur la TV KTLA, anime sa
propre émission. Il sera un membre important des Strangers de Merle Haggard.
Au début des années 1980, il s’associe
avec son frère Buddy pour divers projets
TV, puis monte sa firme de production. Il a
enregistré sur Decca, Raven, Challenge,
Liberty, Imperial, UA, Zodiac, Columbia,
Sharecropper, Kord.
Roy Nichols
Il est né Roy Ernest Nichols le 21 octobre 1932 à Chandler, Arizona, aîné des
7 enfants de Bruce et Lucille. Deux ans
plus tard, la famille part à Fresno, où ils
gèrent un camp pour les ouvriers agricoles migrants. Le week-end, Bruce joue
de la contrebasse dans des orchestres
de bal de la vallée de San Joaquin. Il
enseigne quelques accords à Roy, qui rejoint son groupe à 11 ans. En 1946, Roy
fait partie des Rangers de Curly Roberts,
à 25$ par semaine. Il est ensuite guitariste de l’émission radio de Barney Lee
à Fresno, gagnant 90$ hebdomadaires.
Roy Nichols
Peu avant son 16e anniversaire, Fred
Maddox l’entend et il intègre le groupe
des frères Maddox pendant 18 mois,
avant d’être sacqué pour s’être adonné
au jeu à Las Vegas. Roy revient dans
la vallée de San Joaquin, animant une
émission sur radio KNGS de Hanford
avec Smiley Maxidon et les bals plusieurs fois par semaine.
Il accompagne ensuite Lefty Frizzell en
1953, puis revient à la radio en 1954.
L’année suivante, il intègre la troupe du
Trading Post Gang. En 1960, il rejoint
Wynn Stewart à Las Vegas. Merle Haggard est alors bassiste de Wynn. Ce
sera le début d'une longue association
et il rejoint les Strangers en 1965, pour
deux décennies. Il arrête les tournées en
1987. Une attaque le laisse partiellement
paralysé en 1996. Il décède le 3 juin 2001
d'une crise cardiaque.
Merle Haggard
Gene Oldham
Ce violoniste est né à Stigler, Oklahoma,
en 1927. Il part en Californie en 1947, est
manutentionnaire, livreur de lait, ouvrier
de BTP, tout en jouant dans les boîtes locales et accompagnant divers chanteurs.
Il est mort à Bakersfield le 21 octobre
2003.
Fuzzy Owen
Il est né Charles Lee Owen à Conway,
Arkansas, en avril 1929. A la fin des années 1940, il part à Bakersfield, où il est
ramasseur de coton, jouant de la steel
guitare 3 soirs par semaine au Blackboard, dans un groupe incluant son cousin Lewis Talley. Après une brève période
au sein des Sons of the Ryaneers, il
passe deux ans dans l’armée, puis revient à Bakersfield en 1952.
Après A dear John letter, le trio Owen/
Talley/ Bonnie Owens rejoint la troupe du
Trading Post au milieu des années 1950.
Fuzzy montera ensuite diverses maisons
de disques, dont Tally avec son cousin,
d’éditions musicales, agences d’artistes,
studio, et sera longtemps l’impresario de
tournée de Merle Haggard.
Bonnie Owens
Elle est née Bonnie Maureen Camppbell
à Blanchard, Oklahoma, le 1er octobre
1929, dans une famille de métayers. En
1941, sa famille part à Mesa, Arizona, où
elle devient une yodleuse renommée.
Buck & Bonnie Owens
A 15 ans, elle rencontre Buck Owens
à la patinoire à roulettes et commence à
chanter avec lui à la radio, faisant partie
des Skillet Lickers de Mac MacAtee. Ils
se marient en 1948. Le couple part alors
à Bakersfield. Après A dear John letter,
Bonnie fait partie de la troupe du Trading
Post dès son début en 1953, année où
elle divorce de Buck et enregistre pour
diverses marques, dont Tally et Capitol.
Elle chante ensuite avec Merle Haggard,
qu'elle épouse en 1965 et en divorce en
1978. Au début des années 1980, elle
épouse Fred McMillen. Le couple s’installe au Missouri, mais elle continue les
tournées avec Merle. Lorsqu'on découvre
qu'elle a la maladie d’Alzheimer, elle est
placée dans un hospice où elle décède le
24 avril 2006, moins d’un mois après la
mort de Buck Owens.
Don Rich
Il est né Donald Eugene Ulrich le 15
août 1941 à Olympia, Washington, fils
adoptif de Bill et Anne Ulrich. Il grandit à
Tumwater, où son père est coiffeur. Son
père lui fabrique un petit violon et ses parents lui enseignent à en jouer très jeune,
l’inscrivant à de nombreux concours. Il
apprend aussi la guitare. Au lycée dO-
Don Rich & Buck Owens
lympia, il fait partie de l’orchestre et commence à se produire localement, passant
en première partie d’Elvis, avec ses Blue
Comets, en septembre 1957 au Lincoln
Bowl de Tacoma. En 1958,il joue régulièrement au restaurant Gay 90 de Tacoma.
Buck Owens, alors installé en ville, où il
travaille à radio KAYE, vient assister à un
de ses passages et l’embauche comme
violoniste. Peu après, Buck repart à Bakersfield, tentant de l’y emmener. Mais
Don part à la faculté de Centralia, où il
joue dans les boîtes. Après une année
universitaire, Rich abandonne les études
et rejoint Owens à Bakersfield, pour 75$
hebdomadaires. Il fait partie des Buckaroos initiaux en 1963, passant à la guitare
solo à partir de Act naturally et chantant
en duo avec Buck. Le 17 juillet 1974,
juste après une session au studio de
Buck, Don est tué dans un accident de
moto à Morro Bay.
J. R. Jelly Sanders
Les renseignements le concernant sont
très fragmentaires. On sait qu’il a débuté au violon très jeune, jouant avec le
groupe familial et au sein d'un orchestre
de l'Armée du Salut. Après avoir épousé
Elva Mae McMasters en 1940, le couple
part dans la région de Los Angeles.
Jelly est machiniste et se produit dans
les boîtes de nuit, jouant avec Jimmy
Wakely, Spade Cooley, Bob Wills, son
cousin. Vers 1945, il part à Porterville,
où il anime une émission radio aves ses
Rhythm Rangers. En 1953, il fait partie
du groupe du Trading Post de Herb Henson, passe aussi dans Star Route et à la
Town Hall Party. Il s'installe à Bakersfield
en 1954, enregistrant au violon et à la
guitare avec Buck Owens, Merle Haggard, Merle Travis, Wanda Jackson, Faron Young. On le retrouve dans presque
toutes les boîtes de la ville, le Blackboard,
Trout's, le Barrel House, le Lucky Spot, le
Clover, le Hacienda, où il restera 5 ans.
Il est mort vers 1955 à Porterville. Un CD
instrumental a été édité, Fiddlin Around In
Bakersfield (Jim & Jack 4653).
Red Simpson jeune à gauche dans le public
au Rainbow Gardens
Le Cri du Coyote n°145 page 20
Oscar Whittington
Il est né à Ringling, Oklahoma. Son père
est violoniste, mais Oscar est autodidacte de l’instrument. En 1946, Oscar et
son frère aîné, Les, partent en éclaireurs
en Californie, où le reste de la famille les
rejoint en 1947. A Bakersfield, Oscar rencontre Jeanie Pigner, qu’il épouse.
Il serait un des premiers à avoir utilisé les
services de Buck Owens. Il accompagne
Bud Hobbs (Louisiana swing) et Ferlin
Husky. Après avoir cessé de travailler
dans le BTP, au milieu des années 1970,
Oscar monte un groupe et joue régulièrement au Chateau Basque, où il restera 12
ans et au Democrat de Hot Springs pour
la même durée. Il est décédé d'un cancer
le 3 juin 2013, juste avant ses 85 ans.
Oscar Whittington
Bill Woods
Il est, sûrement, la figure la plus marquante des méconnus des débuts du son
de Bakersfield. Né William Lee Woods
le 12 mai 1924 à Denison, dans le nord
du Texas, on le retrouve en Californie
dès 1940,dans la vallée de San Joaquin,
vivant à Arvin, Woodlake, Richmond,
jouant de la guirare et chantant au temple
et avec des groupes locaux.
En 1946, il est à Bakersfield, où il forme
les Orange Blossom Playboys, est animateur radio, promoteur de spectacles,
musicien de session, propriétaire de maisons de disques, conducteur de stock
car, ce qui lui vaudra un grave accident
en 1963. En 1949, il est à Los Angeles.
Il revient en 1950 au Texas, comme pianiste/ violoniste des Western All Stars de
Tommy Duncan.
Il est de retour sur la côte ouest en 1952,
où il est multi instrumentiste de studio à
Hollywood et Bakersfield, tenant, de
1952 à 1956, la guitare solo pour Herb
Henson, Fuzzy Owen et Bonnie Owens,
le piano pour Tommy Duncan, Jean
Shepard, Tommy Collins, Herb Henson,
Skeets McDonald, Dallas Frazier, Bonnie
Owens,Budd Hobbs, les Farmer Boys,
Johnny Bond, les Collins Kids, la steel
guitare pour Budd Hobbs, et le violon et
le piano pour Merle Haggard, au début
des années 1970.
A Bakersfield, il officie aussi sur TV
KERO, en 1955, est résident du Blackboard de 1956 à 1970, présentateur à radio KERN en 1956, radio KUZZ en 1960,
radio KBIS. Il est décédé le 30 avril 2000.
Il a enregistré sur Modern, Fire, Rose,
Bakersfield, Audan, Capitol, Global, Gulf,
Mar-Vel, Kord, Green, Rockabilly Hall of
Fame, Itca, Turquoise.
Photos : B. Boyat, Cri du Coyote, Internet
Romain
DECORET
James McMURTRY
Road Movie
Pour son 12ème album depuis 1989, James McMurtry est produit par le rocker
louisianais C.C. Adcock et entouré de musiciens légendaires comme Derek
Trucks, Ivan Neville, Benmont Tench, Denny Freeman ou Doyle Bramhall II.
Interview avec un poète réaliste, un des derniers vrais indépendants et un
guitariste averti. Fils de l'écrivain Larry McMurtry (La Derniere Séance, Hud,
Lonesome Dove) James est le vrai successeur de Townes Van Zandt et Kris
Kristofferson. Un songwriter capable de raconter une histoire entière en deux
couplets essentiels et un guitariste qui sait la faire vivre. Ses chansons sont
de véritables road-movies et sa connaissance des highways US a été acquise
en vivant sur la route dont il connaît bien chaque motel, rest-stop et saloon,
d'Austin, Texas à Los Angeles, de New Orleans à Nashville et New York.
Sept accords et la Vérité : James McMurtry ne sera jamais un amuseur public.
Le rendez-vous est à l'Hotel Alba, rue de la Tour d'Auvergne dans le 9ème arrondissement.
Une plaque commémorative annonce que "Louis Armstrong a séjourné ici pendant plusieurs mois dans les années 30".
James McMurtry arrive en surgissant de nulle part comme le regretté Mr Spock dans Star Trek, ou Bob Dylan dans une
arène pleine à craquer. Il parle comme il chante sur scène, sans jamais gesticuler ni élever la voix, un verre de vin a portée
de main, tout en sortant au passage quelques vérités premières.
Peu de gens ont votre attitude et
votre vision : écrire, composer et
jouer du point de vue de la route
Non, il y a beaucoup d'autres chanteurs
sur la route…
Mais très peu qui l'utilisent comme
révélateur…
J'ai tendance à beaucoup regarder par
la fenêtre, tout ce qui se passe au-delà
du pare-brise m'intéresse. Je voyage
sur une route différente et ce que pensent les gens de l'autre côté m'intrigue,
je tends toujours à affiner ma perception
de ce que vivent et pensent
les autres. Mon job n'est pas
de distraire ou d'être aimé,
mon job est d'aider les gens
à se souvenir de ce qu'ils ont
vécu en même temps que moi,
c'est d'un set de muscles psychiques différent qu'il s'agit…
Quel concept musical
suivez-vous ?
J'essaye de capturer l'intensité de la scène quand je suis en
studio. Alors que beaucoup de
musiciens préfèrent reproduire
sur scène la perfection de leurs
disques.
Vous avez contracté la fièvre
du voyage de votre père ?
La première grande traversée que j'ai
faite, c'est grâce à mon père. J'avais
16 ans et je venais d'avoir mon permis.
On est partis de Virginie où l'on vivait à
l'époque pour aller au Texas. Arrivés à
Austin, il a reçu un télégramme, ma mère
était à l'hôpital. Ils étaient déjà divorcés
mais il a pris le premier vol pour aller la
rejoindre en me laissant les clés du station-wagon. Je suis revenu seul en Virginie en conduisant strictement à la vitesse
légale, 55 miles à l'heure (90 km/h) et
c'était en hiver, il faisait froid. Un long
chemin, mais ensuite je ne me suis plus
jamais arrêté.
Musicalement, quelle sont vos
influences ?
Kris Kristofferson, John Prine, j'ai appris d'eux à écrire un couplet serré en
quelques mots et à le chanter, mais on
pourrait le parler également comme un
talking blues, c'est plus une conversation
que des affirmations. Le premier concert
que j'ai vu sur scène était celui de John-
ny Cash, avec Carl Perkins et la Carter
Family. Il y avait cette communication
directe et instinctive. Mon père m'avait
emmené et j'ai été fasciné. Après eux, j'ai
commencé à faire mon propre truc, sans
me préoccuper de ce que faisaient les
autres.
Quand avez-vous eu votre première
guitare ?
J'avais trois ans. Mon père a rapporté
une guitare d'un voyage qu'il avait fait
pour suivre un rodéo sur lequel il devait
écrire un article. Pendant longtemps
je l'ai eue comme un jouet, jusqu'à ce
que ma mère me montre les premiers
accords. J'ai d'abord appris à jouer en
acoustique et je suis devenu un guitar ringer. En faisant sonner quelques
accords, je pouvais écrire une chanson.
La première électrique que j'ai eue était
une Mustang, j'avais 13 ans... j'aimerais
bien l'avoir encore mais quand j'ai eu 18
Le Cri du Coyote n°145 page 21
ans la Mustang n'était plus cool, il me
fallait une Stratocaster, comme Lowell
George de Little Feat. Une pre-CBS que
j'ai ensuite stupidement échangée dans
un pawn-shop (puces) pour une Strat des
mid-70's.
Vous jouez aussi du slide ?
J'avais un slide qu'avait fabriqué un ami
à partir du canon d'un shot-gun, un peu
lourd et difficile à manier mais le son était
conséquent. Je l'ai perdu et mon ami est
mort.
Dans She Loves Me, vous utilisez
un accordage "Nashville
Acoustic". De quoi il s'agit ?
C'est pour faire sonner une
guitare 6-cordes comme une
12-cordes. Les trois cordes
graves sont remplacées par
des cordes aigües. Mi aigu à
la place du Mi grave, Si aigu
accordé en La à la place du La
Grave, et Mi aigu accordée en
Ré à la place de la Ré Grave.
Ensuite les cordes normales
de Sol, Si et Mi. Cela donne un
son plus clair dans les arpèges
et le picking, et en frappant
toutes les cordes, ça sonne
comme une 12 cordes. Je l'ai
utilisé dans l'introduction et
l'accompagnement de She Loves Me.
Pour la première fois depuis longtemps, vous ne produisez pas l'album
vous-même et laissez C.C. Adcock
s'en occuper. Pourquoi ?
C.C. est un rock ’n' roller de Louisiane,
voilà pourquoi. J'ai la réputation d’être
un singer/ songwriter acoustique, mais
je joue souvent en électrique avec mon
groupe, cela dépend des lieux où nous
jouons. Jusque là j'avais presque toujours produit mes disques moi-même.
Pour celui-ci, je ne voulais pas répéter
encore ce que j'ai appris de John Mellencamp (qui produisit le premier album de
James McMurtry en 1989) alors, j'ai accepté d'autres visions en ce qui concerne
la production, et C.C. Adcock était exactement l'homme de la situation.
Comment et où avez-vous
enregistré Complicated Game ?
A New Orleans, quartier de Marigny,
dans la maison de Mike Napolitano qui a
co-produit avec C.C. Adcock. Le homestudio de Napolitano est surnommé
Nappy Dug Out. Ce que l'on n'a pas pu
enregistrer chez Mike a été fait un peu
plus loin dans la rue, aux Marigny Studios. Nous avons travaillé On &
Off pendant une dizaine de mois,
avec des déplacements à Electric Comeauxland à Lafayette, en
Louisiane, et chez Wire Recording à Austin, au Texas.
Qui sont les musiciens
de ces séances ?
Mon groupe de scène pour la
basse et la batterie, Cornbread et
Darren Hess des Heartless Bastards. Je joue souvent seul sur
scène, mais quand ils sont avec
moi, ils me donnent l'intensité
d'un Supercharger adapté sur un
V-8 vintage ! Benmont Tench (des
Heartbreakers de Tom Petty) est
aux claviers, Ivan Neville et Doyle
Bramhall II sont dans les choeurs.
Derek Trucks joue du slide sur un
Dobro pour Forgotten Coast, un
riff de JJ Cale. Denny Freeman
(Dylan, The Cobras avec Stevie
Ray Vaughan) est à la guitare
baryton dans She Loves Me. Je
me souviens de la présence d'un
gang de musiciens irlandais sur
Long Island Sound, mais je ne
connais pas tous leurs noms. Mon fils
Curtis joue du banjo sur Copper Canteen.
Il enregistre ses propres disques et il
est maintenant plus demandé que moi
dans la région d'Austin. Il a aussi fait des
chœurs dans Deaver's Crossing.
Quelles guitares et amplis
utilisez-vous actuellement ?
Quand je joue seul, une 12-cordes Ta-
kamine electro-acoustique des années
70 et une Guild 12-cordes F-30 de 1992.
J'ai un pédalier Boss, avec delay, chorus,
phaser, reverbe et une Charlie Sexton
Sex Drive Compressor pour mes guitares
acoustiques.
En electrique j'utilise une PRS Swamp
Ash Special avec 3 micros et une vieille
Guild F-60 avec un seul micro pour le
jeu en slide. Mes amplis sont un Vox AC15, un Fender Vibrolux et un vieux Lab
Series devenu extremement rare. Je les
branche ensemble avec le Vibrolux au
milieu et l'AC-15 et le Lab Series en stéréo de chaque côté.
JAMES McMURTRY :
Complicated Game
Le fils de l'écrivain texan Larry
McMurtry est une
légende folk moderne. Le terme
Americana semblant irritant, voire
insultant pour les
originaux.
Acclamé par Stephen King comme "le
plus authentique songwriter de sa génération", James McMurtry a constamment
sorti des albums de haute qualité musicale et évocatrice depuis ses débuts discographiques en 1989 avec John Mellencamp à la production. Cela dit, il y aura
ceux qui considéreront McMurtry comme
un dangereux communiste…
Complicated Game, l'album porte bien
son titre. Ce 12ème disque est un véritable road-movie, une expérience émotionelle d'une profondeur telle qu'en trois
couplets on a l'impression d'avoir vu un
film dans son intégralité, comme dans
Deaver's Crossing ou Copper Canteen
("Baby, ne crie pas sur moi quand je nettoie mon fusil"). Ain't Got a Place In This
World est digne de Townes Van Zandt,
un shuffle avec banjo et percussions et
Forgotten Coast est un coup de chapeau
à JJ Cale. James est un excellent guitariste qui joue sa Guild 12-cordes électroacoustique avec une grande utilisation
des harmoniques. L'intervention d'invités de marque tels que Derek Trucks,
Ivan Neville, Doyle Bramhall II et Denny
Freeman rehausse encore le niveau de
l'album, produit par le rocker louisianais
C.C. Adcock. La musique de la route
actuelle ? Elle est dans les disques de
James McMurtry. Comme le disait le très
regretté et très borderline Dennis Hopper
: "Donnez moi James Dean, Townes Van
Zandt et James McMurtry, tous ceux que
les constructeurs ont mis de côté et qui
sont des pierres d'angle". (RD) Pias Records
Knockin' On Heaven's Door
Mike PORCARO (59 ans) 15 mars
Bassiste, il remplace David Hungate (co-fondateur) en 1982 dans
Toto jusqu’en 2007 où il prend sa retraite pour raison médicale. Il
est sur les albums Isolation, Fahrenheit, The Seventh One, et la
B.O. du film Dune. Il a également effectué beaucoup de studio pour
des musiciens aussi divers que Wanda Jackson, Cher, Country Joe
McDonald, Aretha Franklin, Dan Fogelberg, Donna Summer, Santana, Steve Perry, Stevie Nicks, Jefferson Airplane, etc.
Al BUNETTA () 22 mars
Manager, agent et gérant, il a fondé Oh Boy Records avec John
Prine en 1981 et Red Pajamas Records avec Steve Goodman. Il a
gagné des Grammys avec A Tribute To Steve Goodman en 1986
(Best Folk Recording) et 2006 avec Fair & Square de John Prine
(Best Contemporary Folk Album). Le 18 avril 2015 est sorti September 78, un concert de John à Chicago en 1978 pour célébrer le
Record Day. Engagé dans divers organismes (Smith Music School,
NARAS, CMA). Oh Boy Records a aussi publié Todd Snider et des
classics : Roger Miller, Willie Nelson, Merle Haggard, Conway Twitty, The Kendalls, Don Gibson, Don Everly, etc.
John RENBOURN (70 ans) 26 mars
Guitariste de folk, il avait une carrière de soloïste avant de cofonder Pentangle en 1967 avec Bert Jansch, Danny Thompson,
Jacqui McShee et Terry Cox. En 1973 il reprit ses concerts et s’intéressa à la musique classique, tout en continuant des rencontres
fructueuses comme avec le guitariste Wizz Jones sur scène.*
Bob BURNS (64 ans) 3 avril
Batteur et co-fondateur de Lynyrd Skynyrd en 1964, il a participé
aux tournées locales puis aux premiers LP : pronounced leh-nerd
skin-nerd en 1972 (MCA) avec les devenus classiques Gimme
Three Steps, Tuesday’s Gone, Free Bird, et Second Helping, avec
l’éternel Sweet Home Alabama, avant de quitter le groupe en 1974,
malgré quelques apparitions ponctuelles au cours des ans, comme
en 2006 (Rock and Roll Hall of Fame).
Bryan O'Keith McCORMACK (74 ans) 10 avril
Il débute la guitare à 13 ans et s’engage dans des groupes amateurs d'Elvis et Johnny Cash. Avec DeCordova, Richard Stephens
et Charles Hay Edmiston (remplacé par Don Allen) les Rock ’n’ Rollers enregistrent chez Norman Petty. Avec Jimmy Torres, le groupe
devient les Lean Teens. Petty cède la bande à Imperial Records,
change le nom (String-A-Longs) et s’arrange avec le label Warwick.
Wheels se vend à plus de 6 millions d’exemplaires ! McCormack a
composé Sugar Shack : chanté par Jimmy Gilmer & The Fireballs,
n°1 en 1963, parmi d’autres succès de ventes (Juanita Jordan,
Daisy Petal Picking, Cinnamon Cindy, Beatles, You Bug Me, Spring
has Sprung, Stumbling Stone). En 1968 il remplace Gilmer et
tourne avec le groupe avant de se marier et s’intaller à Springfield
Missouri. Partageant sa vie entre la musique, le pilotage d’avion
et l’arrangement de paysages, il venait d’achever un roman. (JB)
*Bluegrass Times n°104 (Avril-juin) a publié un article
sur John Renbourn (par François Robert)
Le Cri du Coyote n°145 page 22
Bernard
BOYAT
GOOD ROCKiN' TONiGHT
Comme le dit l’adage, les absents ont eu tort. Il manquait,
en effet, des têtes connues
dans les rangs des spectateurs, la principale raison invoquée étant que la présence
des têtes d’affiche US sentait
le réchauffé.
Or, comme disent les Helvètes, "jai été déçu en bien
par l’affluence", grosso modo
celle habituelle, avec un pic le
samedi.
Le vendredi, Shorty Tom et
les Long Shots, trio toulousain renforcé par le violoniste
des Wheels Fargo italiens, ouvrent le bal, distillant un mélange de hillbilly, hillbilly bop et un peu de rockabilly,
avec des harmonies vocales style duos
masculins US des années 1950.
Suivent les Allemands Long John & his
Ballroom Kings, formation comportant
un trompettiste, ce qui leur donne une
couleur très swing, plus rarement western swing avec leur steel guitariste.
se démène comme un beau
diable, avec du rockin blues
trop fort pour mes oreilles,
mais ils font un tabac auprès
du public plus jeune.
Changement de style et de
volume sonore avec les Three
Farmer Boys néerlandais. J’ai
bien aimé leur prestation sur
un mélange de hillbilly, hillbilly
bop, boom-chicka-boom et un
peu de rockabilly.
Cette soirée est celle du
r’n’b, car c’est du rockin’ r’n’b/
jump/ swing musclé que nous
propose le groupe ukrainien
Shorty Tom
& Long Shots Rukiv Bryuki. J’ai préféré les
deux/ trois titres très Little Rirépertoire bien équilibré, entre ses titres chard, celui à la Willie and the handjive,
Challenge, des morceaux plus Presley et la reprise de Mellow saxophone ou le titre
des reprises inattendues de Sittin in the très Lights out.
balcony et Lotta lovin.
On reste dans le même créneau avec
La révélation de la soirée a été le groupe Carmen Ghia et les Hotrods, très dynasicilien Virginia Brown et les Sha- miques sur scène.
meless. Grosse présence scénique, très
C’est ensuite Hayden Thompson qui,
beau vocal, superbes pianiste et saxo, comme Huelyn, a su modifier son réperpour un déluge de rockin’ r’n’b torride toire depuis sa dernière venue. Lui aussi
Long John & His Ballroom Kings + Huelyn Duvall
Vers la fin de leur passage, Huelyn Duvall les rejoint sur scène pour interpréter
Blue suede shoes, qu’ils ont enregistré
avec lui sur un simple Rydells.
Huelyn Duvall est ensuite accompagné
par Wildfire Willie et son groupe, Carl
Sonny Leyland au piano, les choeurs
assurés par des membres de Wheels
Fargo, bel exemple de mondialisation.
Il a su se renouveler depuis son passage précédent à la GRT, présentant un
Attignat
du 23 au 26 avril
Virginia Brown
et souvent néo-orléanais, avec d’excellentes reprises de titres de Fats Domino.
Arsene Roulette devait terminer la soirée mais, absent, il a été remplacé par un
trio anglais, qui fait du rockabilly plus rock
que billy, il en faut pour tous les goûts...
La soirée du samedi débute avec le duo
belge The Goon Mat et Lord Benardo,
ce qui donne un beau contraste entre un
chanteur assis et un harmoniciste qui
Guitar Killers,
Carl Sonny Leyland
propose quelque chose d’équilibré entre
rockabilly, rock ’n’ roll et country, à la
grande satisfaction du public.
Carl Sonny Leyland termine la soirée
avec un tour de chant très Teddy Redell.
Le trio normand Blue Tears Trio attaque
la soirée du dimanche dans un style assez Crazy Cavan. J’ai préféré leurs deux
titres inspirés de Ghost riders in the sky
et Rawhide.
Blue Tears Trio
Le Cri du Coyote n°145 page 23
Rukiv Bryuki
Three Farmer Boys
Blue Ribbon Four
Pep Torres
Le trio de Don Diego assure l’accompagnement de la partie Guitar Killers, Kav
Kavannagh chantant quelques titres.
C’est ensuite une des confirmations
du festival, les Allemands du Blue Ribbon Four, avec leur rock ’n’ roll boogie
à la Jerry Lee, dont ils reprennent divers
titres. Ils font un véritable tabac.
Pep Torres leur succède, dans un répertoire mêlant néo-rockabilly, rockabilly, de
très bons titres en espagnol et des teens
medium qui mettent en valeur un beau
vocal chaud et ses accompagnateurs, la
sono n’étant pas poussée à fond.
Phil Haley et ses Comments, avec
Gina Haley en invitée, arrivent ensuite.
Hayden Thompson
Carmen Ghia
Phil Haley
Las, pourtant en voix lors de la balance,
elle a dû prendre froid entre temps car,
dès le premier morceau, elle ne peut
pousser son vocal à fond. Elle jette donc
Pep Torres & Bernard Boyat
Gina Haley
rapidement l’éponge, laissant Phil terminer seul. Eux aussi soulèvent l’enthousiasme de l’assistance.
La fatigue se faisant sentir chez les
vieux de la vieille, je pars alors et je ne
sais si les Firebirds ont fait les excellents
teens à la Everly’s entendus lors de leur
balance.
Une fois de plus, il faut remercier Lyliane, Jacky et les bénévoles de Blue
Monday pour le travail en amont et le
bon déroulement du festival.
Comme ils vont vite se remettre à la préparation de l’édition 2016, n’hésitez pas à
aller bientôt sur leur site :
www.bluemonday01.com
Knockin' On Heaven's Door
Percy SLEDGE (73 ans) 14 avril
Mondialement célèbre pour son interprétation de When A Man
Loves A Woman en 1966, il a d’abord été travailleur agricole puis
aide-soignant avant de signer un contrat de rhythm & blues et enregistrer des succès (Warm and Tender Love, Take Time To Know
Her, It Tears Me Up). Il a donné des concerts jusqu’au début du
siècle et est entré au Rock and Roll Hall of Fame en 2005.
Richard ANTHONY (77 ans) 20 avril
Chanteur de pop & chanson française mentionné ici car il a fait
connaître beaucoup de chansons américaines, sans que le public
en soit toujours conscient, par ses adaptations populaires. Un salut
donc, pour entendre encore un peu siffler le train...
Benjamin Franklin ‘Tex’ LOGAN (87 ans) 24 avril
Tex était ingénieur, calé en en électricité, informatique et enregistrement numérique. Mais c’est son violon qui l’a fait connaître et
grandement apprécié parmi les amateurs de bluegrass, que ce soit
avec The Lilly Brothers et Don Stover ou parmi les Blue Grass Boys
de Bill Monroe, avant d’être souvent le partenaire de Peter Rowan.
Il est l’auteur, entre autres, du célèbrissime Christmas Time’s A’
Coming que Bill Monroe a popularisé.
James BEST (88 ans) 6 avril
Connu comme le shérif de la série TV The Dukes of Hazzard
(Shérif fais-moi peur) cet acteur, né Jewel Franklin Guy dans le
Kentucky et tôt orphelin, a joué dans 83 films et 600 épisodes TV.
Enseignant d’art dramatique, il a travaillé avec Clint Eastwood, Burt
Reynolds, Quentin Tarantino, etc. NB : c’est lui qui a imposé le
chien (Flash trouvé dans un refuge) dans la série.
Robert “Bob” SULLiVAN (88 ans) 26 avril
Ingénieur du son, il a travaillé sur Radio KWKH (1948-1958) avec
les plus grands, de Hank Williams à Elvis Presley et enregistré de
nombreux artistes (Jim Reeves, Webb Pierce, Faron Young, Johnny Horton, David Houston, Jimmy Lee Fautheree, Slim Whitman,
Bob Luman, Dale Hawkins, etc.). En 2009 il confiait* :
"Move It On Over", avant Bill Haley, est le véritable premier disque
de rock and roll et le rock and roll a probablement débuté avec
Hank Williams. J’ai enregistré beaucoup de musique country, et
du rockablilly avec Bob Luman et Tommy Cassel. Quand Elvis est
arrivé, tout le monde s’est mis à chanter des chansons de rock and
roll, même Webb Pierce et Faron Young. J’ai sans doute enregistré
plus de disques que je n’en possède… et j’écoute toujours Hank
Williams, Lefty Frizzell et Red Sovine".
Jack ELY (71 ans) 27 avril
Pianiste classique de formation, il devient guitariste après avoir
vu Elvis à la TV. En 1959 il fonde les Kingsmen. L’enregistrement
de Louie Louie apporte le succès, mais Jack quitte le groupe peu
après et forme les Courtmen qui ont fait une honnête carrière. Il est
à l’armée de 1966 à 1968 mais son retour sur le plan musical est
décevant. Durant la dernière partie de sa vie il s’exprimait auprès
des jeunes contre les dangers de l’alcool et de la drogue.
Ben E. KiNG (76 ans) 30 avril
Il a débuté en 1958 avec les Five Crowns avant de devenir
membre des Drifters, groupe de R’n’B noir qui enregistra une liste
impressionnante de succès importants : This Magic Moment, Save
The Last Dance For Me, There Goes My Baby. Deux ans plus tard
il est en solo et propose bientôt les célébrissimes Spanish Harlem
et Stand By Me, une des chansons les plus connues au monde.
Considéré comme un des éléments centraux du rhythm & blues,
Ben E. King a également fortement influencé le rock ’n’ roll même
s’il a arrêté de tourner à la fin des années 70. (JB)
*Merci à Dominique Imperial Anglares
Le Cri du Coyote n°145 page 24
BROWN'S MUSiCAL BROWNiES
Chanteur dynamique et expressif, chef d’orchestre intuitif et flamboyant,
figure tutélaire du Western Swing, Milton Brown a rapidement entraîné
dans son sillage musical son jeune frère Derwood, de douze ans son cadet.
Derwood est déjà le guitariste des Aladdin Laddies de Milton et Bob Wills
lorsqu’ils se produisent au Crystal Springs Dancing Pavillion.
Derwood n’a qu’un peu plus de quinze ans lorsqu’il se joint en 1931 aux Light Crust
Doughboys. Le 9 février 1932 à Dallas il tient la guitare sur le premier disque de
Milton et Bob Wills (Fort Worth Doughboys).
En septembre 1932 Derwood suit son frère charismatique qui forme, avec de prestigieux
musiciens, ce que seront les mythiques Musical Brownies (cf. Le Cri du Coyote n°41).
Marc
ALÉSiNA
Melvin Derwood Brown est né le 29
septembre 1915 dans une parenté de
fermier petit producteur de coton, à Stephenville entre Abilene et Fort Worth au
Texas. A la suite du décès de Era, la
seule fille de la maisonnée, en mai 1918,
les Brown s’établissent dans le quartier
ouest de Fort Worth. Martha Annie Hueford la mère est au foyer, B. L. Barty le
père trouve un emploi à la Bain Peenut
Company ; Milton travaille avec lui, puis
sera vendeur à la Lowe Cigar Company.
Bien que Barty Brown soit un violoniste
accompli, Milton n’est intéressé par aucun instrument, Derwood, lui, est attiré
par la guitare. Milton chante au sein de
divers orchestres de danse accompagné
par Derwood à la guitare et par son père
au fiddle. Bien que d’un caractère plus
difficile que son frère, Derwood, à douze
ans, est devenu un talentueux guitariste.
(Plus tard son prénom sera souvent écrit
dans la presse Durwood avec un u : le
vœu de la famille est que son petit nom
soit orthographié avec un e).
Les Musical Brownies donnent leur premier programme le 19 septembre 1932 à
la radio de Fort Worth KTAT et deviennent
l’attraction principale du Crystal Springs
(cf. Le Cri du Coyote n° 140). Le succès
est rapide. En 1934 ils réalisent deux
sessions pour Bluebird à San Antonio les
4 avril et 8 août : Derwood tient la guitare
et effectue des harmonies vocales sur
huit opus dont les intenses Swinging On
Brown, Milton, Roy-Lee Derwood
the Garden Gate et Talking About You.
Deux impressionnantes séances pour
Decca se déroulent à Chicago les 27 et
28 janvier 1935 qui forgent 36 titres. Derwood est bien présent avec sa guitare et
exécute aussi en duo avec Cecil Brower
In El Rancho Grande. C’est lui qui récite
le texte (calls) de Little Betty Brown. Il est
le brillant lead vocaliste de Love It Bloom
et You’re Tired Of Me : première partie en
Derwood Brown
Les Brownies sont à l’hôtel Roosevelt
de la Nouvelle-Orléans pour d’époustouflantes réunions. Quarante neuf morceaux sont gravés les 3, 4 et 5 mars
1936. Bien sûr Derwood est le guitariste
mais il fait également Cielito Lindo en duo
avec Cecil Brower et chante en lead Stay
On The Right Side Sister ainsi que l’éclatant Song Of The Wanderer avec son très
beau solo de steel guitare suivi du piano.
Wanna Coffman, Marshall Pope (annonceur KTAT), Milton Brown, Jesse Ashlock
Fred Calhoun, Cecil Brown, Ocie Stockard, Derwood Brown. (Studio KTAT, 1933)
redoutable instrumental de plus de deux
minutes ; le fiddle précède le piano qui
laisse place à l’éblouissante steel guitare
de Bob Dunn, le tout soutenu par le puissant rythme de la guitare acoustique et
du banjo, puis Derwood prend un robuste
vocal qui conclut cette œuvre magnifique.
L’élaboration en vif tempo de Sweet
Georgia Brown est une franche réussite ;
remarquable piano de Fred Calhoun puis
du fiddle de Cecil Brower. Derwood a
une tonalité assez
proche de celle
de Milton ; son
ambitus est moins
ample mais son
expression est plus
spontanée,
plus
directe ; son timbre
est plus âpre. Il a
une voix bien posée, il ne la force
pas et est très à
l’aise dans les blues et les up-tempo ;
il est cependant
moins convaincant
que son frère dans
les airs populaires.
Le Cri du Coyote n°145 page 25
A l’aube du dimanche 12 avril 1936,
rentrant d’un concert au Crystal Springs,
Milton Brown s’endort au volant de sa
voiture. Bras droit de Milton, c’est tout
naturellement et dans l’urgence que
Derwood prend la gestion des Brownies.
Il annule le gala du lundi, lendemain de
l’accident et maintient les engagements
suivants. Milton est dans un état alarmant
au Methodist Hospital ; il décède le 18
avril de complications pulmonaires.
les Brownies sur la T. S. F. et j’ai écouté
Bob Dunn, j’ai décidé alors d’aller à Fort
Worth les rencontrer. Milton avait un langage musical unique. Une fois je me suis
arrêté à la Brownie Tavern, Bob Dunn
était là et nous avons parlé un peu. Les
steel-guitaristes jouaient dans le style
hawaiien mais Donn allait changer tout
ça (cf. Le Cri du Coyote n° 126). J’ai
rejoint W. Lee O’Daniel en 1936, avant
qu’il ne devienne gouverneur (cf. Le Cri
du Coyote n° 134). Nous sommes restés
deux ou trois semaines dans le secteur
de Fort Worth ensuite nous sommes partis sur la station XEPN à Eagle Pass au
Texas, près de la ville mexicaine Piedras
Negras. Fred Calhoun m’a envoyé un
télégramme et j’ai rallié les Brownies."
Robert Buck Buchanan remplace Cecil
Brower, formé tout comme ce dernier par
le professeur de violon de Fort Worth
Wylbert Brown. L’association Buchanan-Borowski est efficace, chacun est
capable d’être en harmonie avec l’autre.
Ce jour-là ils sont censés pratiquer
au Crystal Springs ; les Crystal Springs
Ramblers prennent leur place. Milton est
inhumé au Smith Springs Cemetery de
Stephenville, sa ville natale.
Le premier passage des Brownies de
Derwood a lieu le 22 avril au White Oak
de Waco, Texas. Ils font des shows sur
les ondes de WBAP de Dallas. Ils restent
un orchestre de premier plan très demandé. Ils tournent sur le circuit régional des
dance-halls. Mais Derwood supporte mal
la pression inhérente à sa direction, ce
qui accentue son penchant déjà prononcé pour l’alcool.
Après quelques mois, brisés par la mort
de Milton et désillusionnés, les musiciens
démissionnent. D’abord Cliff Bruner part
créer durant l’été, à Houston, les Texas
Wanderers. Pour le remplacer Derwood
prend Johnny Borowski qui avait déjà
joué avec les Brownies lorsque Cecil
Brower avait, pendant un temps bref,
œuvré avec les Georgia Porgie Boys à
Columbus, Ohio. Puis s’éloignent Brower
et Bob Dunn. Derwood choisit le gaucher
de 19 ans Robert Perkins à la steel ; appelé Lefty il est né le 3 septembre 1917 à
Clarksville au Nord-Est du Texas :
"J’ai étudié la musique et le solfège à
Clarksville ; je me suis installé à Oklahoma City, c’était en 1934, j’étais employé à la radio, j’y ai rencontré Charlie
Christian qui y collaborait. J’ai entendu
Milton n’avait jamais discuté du futur,
aussi Derwood est-il dans l’expectative.
Inexpérimenté dans les affaires, il prend
un business manager en la personne de
Paul Calhoun pour
gérer les contrats.
Bien que Milton
n’avait pas l’intention de poursuivre
avec Decca, les
Brown’s
Musical
Brownies (Robert
Buck
Buchananfiddle,
Johnny
Borowski-fiddle,
Wilson Lefty PerDerwood
kins-steel guitare
électrique,
Fred
Calhoun-piano, Ocie Stockard-banjo ténor, Wanna Coffman-contrebasse et Derwood) sont le vendredi 19 février 1937
à Dallas.
L’hôtel Adolphus, 1321 Commerce
street, à l’imposante architecture néoclassique du milieu du XIXème siècle
(Beaux Arts style) achevé en 1912, est le
témoin de l’historique et unique séance
des hommes de Derwood Brown qui
mettent en boîte douze oeuvres somptueuses pour Decca. Les arrangements
de Buchanan et Borowski sont moelleux,
les rigoureux lead vocaux sont de Ocie
Stockard et Derwood Brown. La voix
d’Ocie est plus démonstrative, facile sur
les blues, tel I Just Want Your Stinga-
Brownies
Derwood à la guitare
Session de février 1937
Derwood à la guitare
Le Cri du Coyote n°145 page 26
Ocie Stockard & Derwood, 1935
ree. Derwood est un chanteur précis qui
montre ses affinités avec le jazz notamment dans Cross Patch.
Les Brown’s Musical Brownies s’unissent
à Jimmie Davis qui fixe avec eux High
Geared Daddy et Honky Tonk Blues, une
des premières complaintes où figure le
terme Honky Tonk. Derwood interprète
sept chansons :
- le légendaire The One Rose (That’s Left
In My Heart) popularisé en 1930 par Jimmie Rodgers ; beau solo de steel soutenu
par banjo et piano.
- le mythique Western Swing de Bob Wills
et Tommy Duncan Bringt It On Down To
My House est chanté en trois parties par
Buck Buchanan, puis Ocie Stockard, Derwood prend le vocal après le deuxième
solo (piano) et le garde après le troisième
KTAT
solo (fiddle) ; une réalisation bien agencée et séduisante.
- Louise Louise Louise, adaptation en
"white blues" du Louise Louise Blues
du noir Johnnie Temple est triomphale,
Derwood est très convaincant dans sa
lecture profonde.
- How Come You Do Me Like You Do est
souvent crédité au trio Buchanan-Stockard-Brown, en réalité seul Derwood
chante ce puissant traditionnel.
- There’ll Be Some Changes Made, thème
populaire de 1921 est un jazz classique :
longue ouverture fiddle et piano appuyés
par la contrebasse.
- Le coruscant Cross Patch de Fats Waller se caractérise par la construction ori-
Derwood 1935
Derwood 1940
ginale de sa longue séquence instrumentale finale : fiddle, piano et l’ocarina de
Johnny Borowski.
- Everybody Loves My Marguerite est un
air à succès de 1933, facile et dansant,
organisé par la steel guitare (Perkins y
joue à la Dunn), le piano et le fiddle.
- L’interprétation de I Can’t Give You Anything But Love est quelquefois attribuée à
Derwood, manifestement le chanteur est
Ocie Stockard, ce que confirme le chercheur américain Tony Russell, auteur du
très remarquable ouvrage Country Music
Records 1921-1942.
et d’aller partout.
Derwood refuse, se
sépare de Sykes et
maintient son activité musicale un
temps sur Houston.
puis les Brownies
se rendent à Tyler,
Texas où ils ont un
programme régulier sur une radio.
Ils tournent aussi
dans tout l’est du
Texas.
Derwood
habite Tyler avec
sa famille où il reste jusqu’à ce que le
groupe soit supprimé ; il retourne alors à
Houston. En 1939 naît Ronald Derwood
le premier fils de Derwood Brown.
Fin février 1937 le sextuor réintègre
KTAT de Fort Worth. L’annonceur Mike
Gallagher les présente lors de leurs
multiples radio shows. Milton a établi le
répertoire de base et l’instrumentation du
genre ; le western swing est désormais
installé.
Maintenant que ceci est bien ancré, les
Brown’s Musical Brownies deviennent
une des pièces pionnières du processus
de maturation de ce style. Une prochaine
étape sera de créer des compositions
originales. Hélas une certaine lassitude
et des dissensions ont raison de la cohésion de la formation qui se dissocie.
Un dénommé Floyd Sykes fait alors
une offre pour que Derwood mette sur
pied une nouvelle équipe dans le sud du
Texas, Houston en serait le quartier général. Derwood accepte et engage Link
Davis au fiddle, Ace Lockwood au banjo,
Crock Vincent à la basse, Jack Henson
au piano et un steel guitariste.
Les nouveaux Brownies opèrent à Houston et sa région durant huit mois. Floyd
Sykes décide alors d’élargir l’audience
Derwood
Ocie Stockard & Derwood Brown
Ocie Stockard a formé au printemps
1937 les Wanderers (cf. Le Cri du Coyote
n° 127). En 1939 afin de les étoffer il
cherche un guitariste roboratif, ce sera
Derwood Brown qui se réinstalle à Fort
Worth. Les Wanderers sont les samedis
soir au Bohemian Club sur Roberts Cut
road à Fort Worth
et écument la région.
Lassé, Derwood
arrête ses affaires
musicales et est
embauché à la
construction
de
camps militaires.
Il transporte sa
maisonnée
à
Brownwood, Texas,
puis à Mineral
Wells de novembre
1940 à mars 1941
pour
ériger
le
camp Wolters, qui
est inauguré le 22
Brownies-canned-goods mars 1941.
Le Cri du Coyote n°145 page 27
Lorsqu’il revient à Fort Worth Derwood
réintègre les Wanderers d’Ocie Stockard.
Ils sont les 7 et 18 mars 1941 au Blackstone hotel de Fort Worth pour enregistrer pour OKeh-Columbia. Bill Boyd
demande à Derwood de venir à Dallas
collaborer avec lui sur WRR. Il fait ainsi
beaucoup de radio avec Bill et chante
Hold On That Thing lors de la séance de
Bill Boyd pour Bluebird à Dallas le 10 avril
1941 (Bob Dunn est le steel guitariste).
Il passe aussi régulièrement dans l’émission d’un dénommé Marvin Williams sur
WRR. De retour à Fort Worth, Derwood
trouve un emploi à la Texas Steel Company et se produit souvent avec la brigade
de Stockard les samedis soir au Crystal
Springs de Papa Sam Cunningham.
Peu après la déclaration de guerre le
11 décembre 1941, Ocie Stockard arrête
l’activité des Wanderers. Derwood ne
sera incorporé dans la Navy qu’en 1944
et démobilisé en 1946. A la fin de l’automne 1946 Ocie Stockard a formé à Fort
Worth une escouade qu’il a appelé les
Musical Brownies, avec le contrebassiste
Wanna Coffman membre d’origine des
Brownies de Milton Brown ; ainsi qu’avec
Bruce Roscoe Pierce, ancien guitariste
des Light Crust Doughboys.
Ces éphémères Musical Brownies
passent sur KGKO de Fort Worth, dans
les dance-halls et les samedis soir au
vieux Winter Garden. Stockard convainc
Derwood de se joindre à eux ; de façon
erratique il se montre sur scène avec
eux. Ocie ne fit jamais beaucoup d’argent
avec sa bande, qu’il dissout pour intégrer
les Texas Playboys au début du printemps
1947. Derwood crée alors, avec Blackie Luttrell et son frère Roy Lee Brown
(banjo) un ensemble qui sévit au Stella
de Fort Worth cinq fois par semaine (ce
night club deviendra le Rustler’s Rest). Ils
ont aussi une émission fixe sur la station
KDNT de Denton, Texas. Après seulement quelques mois ils cessent leur occupation. Le Stella (East Belknap street)
sera l’ultime endroit où Derwood exerça
professionnellement. Son frère Roy Lee
perpétuera la tradition.
C’est à Fort Worth qu’est né Roy Lee
Brown le 27 février 1921. Il est employé
au "Fire department" de Fort Worth. Banjoïste confirmé, il forme un orchestre qui,
sous le nom de Roy Lee Brown and his
Musical Brownies, grave pour Swing
records ainsi que Cow Town records et
passe sur les ondes de KCNC.
En 1989 Roy Lee enregistre pour le label Priority ; en 1991, avec Leon Rausch
dans son équipe, il commet le CD Western Swing Heritage. Il obtient plusieurs
récompenses : il est nommé au Texas
Western Swing Hall of Fame (1999),
honoré par la Northwest Western Swing
Music Society Hall of Fame (2003). Le 2
février 2010 il reçoit du gouverneur Rick
Perry a living legend award de la Cowtown Society of Western Music. Il fête ses
90 ans chez lui à Aledo, Texas (bourgade
à l’ouest de Fort Worth) avec sa femme
Ellen. Derwood installe son foyer dans le
Colorado pour travailler sur les champs
Derwood & ses deux fils
de pétrole. Opal, sa femme, meurt d’une
crise cardiaque à 42 ans.
Après s’être remarié, Derwood retourne
à Fort Worth. Il meurt prématurément la
veille de Noël 1978 à l’âge de 63 ans.
En 2003 il est glorifié par le Texas Western Swing Hall of Fame. Cette solennelle
académie, fondée en 1988, n’a élu que
d’illustres personnages tels Bob Wills,
Cliff Bruner, Milton Brown, les Light Crust
Dougboys, Tommy Duncan… et Derwood
Brown.
Témoignage :
"Derwood était un guitariste vraiment bizarre. Il avait un rythme lourd ; casser des
cordes était une norme pour lui. Lors des
concerts il requérait l’attention des roadies. Son jeune frère Roy Lee, qui parfois
le remplaçait, préparait une guitare de rechange et changeait les cordes. Derwood
faisait souvent les harmonies vocales sur
les leads de Milton, il possédait une voix
ressemblante à celle de son frère mais
accoutumée à des registres plus bas. Il
avait une préférence pour le jazz plutôt
que pour les airs populaires que Milton
aimait tant ; il appréciait beaucoup Fats
Waller. Son fils Milton Thomas qu’il surnommait Sonny Boy, devint le sujet d’une
chanson populaire des Brownies, My precious Sonny Boy est ensuite passé dans
le catalogue de Bob Wills." (Les Texas
Playboys le transcriront pour les Tiffany
le 13 mai 1946 à San Francisco).
NB : Les enregistrements de Milton (Milton Brown and his Musical Brownies) et Derwood (Brown’s Musical Brownies) sont
contenus dans le fruste coffret américain de 5 CD : Milton Brown and the Musical Brownies (Texas Rose records / OJL / TXRCD 1-5)
COUP DE PROJECTEUR
Dans les années 1990, Craig Shaw a été le chanteur/
guitariste du groupe londonien néorockabilly des Bopshack Stompers, qui ont sorti un super 45t sur Bopshack,
puis deux albums sur Fury, en 1996 (Shake It) et 2001
(Meteor). Il est ensuite passé à un projet qui lui tenait à
cœur, devenant co-fondateur et président de Fujam, qui
propose des ateliers de musique aux jeunes en rupture de
société et dans les prisons pour jeunes délinquants. Il a,
aussi, participé au programme Core Arts, dans l’est de Londres, destiné à initier à
la musique et aux arts des jeunes souffrant de troubles mentaux.
Son 1er CD solo, Find My Way (Illuminator 001) en 2001, avec les Illuminators,
Wayne Hopkins (contrebasse) et Evan Jenkins (batterie) où il tient vocal, guitare
et harmonica, ne correspond pas vraiment au titre. Il semble, en effet, encore à
la recherche de sa voie musicale, mêlant rock garage, funk, variété, blues rock.
Les meilleurs titres en sont le folk rock Americana Run & Hide, avec Boz Boorer,
le rockin blues medium Mama got the blues et la ballade un peu teen Ella's song.
Il forme ensuite, avec d’autres amateurs de swamp blues, Adam Wakefield (gtr,
cbs), Trew Collins (bat) et Paul Sheahan (gtr rtm), les Excellos, nom de la marque
sur laquelle cette musique, originaire de Crowley, Louisiane, a vu le jour. Le 45t
Rollin RR 003 Got love if you want it/ Suzy Q, sort en 2008, suivi du CD The Excellos (Excello 001) en 2009. Cette fois, Craig a trouvé sa voie musicale, l’album
étant bien rockin’ r'n'b/ swamp blues/ rockin’ blues.
Outre les deux titres du simple, on y remarque les reprises de Shake your hips
et Black Betty, les instrumentaux Kasbah et Scratch & sniff, ainsi que les compositions Catfish et Sonny rising.
Craig
SHAW
En 2010 les Excellos sont derrière Chris Farlowe (né John Henry Deighton le 13
octobre 1940 à Londres) un des pionniers du blues britannique, qui fait son retour
après une longue éclipse. Les deux excellents rockin’ r'n'b enlevés, Tell me mama
et I'm going upstairs, sortent chez Rollin, sur le 45t RR 015 et le CD RRCD 015.
C’est, ensuite, en 2013, une brève aventure espagnole avec les Backbones,
Jorge Nunes (gtr), Peter Braineater (bat) et Daniel Nunes (cbs), pour un CD 5
titres (Kathrina KREPCD 003). On y trouve deux swamp blues, One of these
days, un medium, Mojo hand, plus enlevé, deux blues rocks, Nothing but the
blues, enlevé, Rollin stone, un medium, et l'instrumental mêlant rockin’ r'n'b et
surf, Wild turkey, gloussements de dindon en prime. Enfin, Craig retrouve Evan
Jenkins et y ajoute le contrebassiste Garry Tyrrell Lynch pour reformer les Illuminators. Un CD 4 titres promotionnel (Rollin RRCDJ 107), dont le swamp blues
medium I believe et Twist & bop, qui mélange twist et rockin r'n'b, sont les meilleurs, annonce la sortie, au début de l’été 2015, d’un nouvel album, dont nous
parlerons sûrement.
Bernard Boyat
Le Cri du Coyote n°145 page 28
COYOTHÈQUE
ViNCE TAYLOR
LE PERDANT MAGNiFiQUE
Thierry Liesenfeld
Thierry a, déjà, publié un
ouvrage qui fait référence
en la matière, Gene Vincent, The Story Behind His
Songs. Celui qu’il consacre
à l’autre chanteur en cuir
noir est appelé à en devenir une autre. Vince n’a
jamais suscité l’indifférence. Ceux de ma génération se rappellent les débats passionnés entre
supporteurs de Vince et de Johnny. Ce fut d’abord
bénéfique pour Vince, grâce au battage publicitaire, mais l’a fortement desservi ensuite, l’image
de blouson noir lui restant associée. Tous ceux
qui ont vécu cette période ont leur anecdote sur
Vince. J’en ai plusieurs, dont la plus cuisante fut,
pour l’avoir cité dans une dissertation sur le beau
en fac, une piètre note et la remarque cinglante,
en marge : "Pour des exemples concrets" ! Ce correcteur a dû faire plusieurs tours dans sa tombe à
la parution de cet ouvrage.
Pour ce travail de bénédictin de 3 ans, Thierry
s’est basé sur les ouvrages déjà parus sur Vince,
désormais bien mièvres. Il s’est aussi appuyé sur
la multitude d’articles de presse parus dans les
media britanniques, hexagonaux et européens et
sur des témoignages de première main. La biographie, hormis pour ses jeunes années (Thierry
explique clairement pourquoi cette période est un
peu floue), est retracée de manière scrupuleuse
et fouillée, l’accent étant mis, logiquement, sur les
années glorieuses 1961/ 62.
Les illustrations sont très abondantes et
contiennent des clichés jamais ou rarement vus.
Thierry y adjoint une discographie exhaustive, la
liste des parutions discographiques, une filmographie, un récapitulatif des apparitions TV, une liste
d’hommages.
Ce livre, écrit en bon français, avec quelques
anglicismes et coquilles pardonnables, va devenir
une référence incontournable, une sorte d’encyclopédie sur Vince. Alors, n’hésitez pas, achetezle ! (je pourrais y ajouter, comme au bon vieux
temps de Hara-Kiri, sinon... volez-le).
Bernard BOYAT
Contact : Association Saphyr,
1 rue des Hirondelles 68230 Zimmerbach
KANGA ROUTES
ROGER KNOX : Warrior in Chains
Qualifié de Black Elvis, il a vu le jour
dans une famille aborigène de 11 enfants
à Moree (NSW). Elevé dans une Mission
à Goondiwindi où il jouissait de peu de liberté, la première musique qu’il a connue
est le Gospel que sa grand-mère lui faisait
chanter. Il a découvert la country plus tard
quand ses frères et sœurs fréquentant les
festivaliers à Tamworth lui ont fait écouter
Slim Dusty. En 1981 il adapte ce style musical à des textes sur
l’environnement australien et la culture ancestrale aborigène.
Ce style vite baptisé Koori Country a fait de Roger le Koori King
of Country avec à son actif 5 CD (de 1984 à 2013). Celui-ci, paru
en 1998, propose l’interprétation de 14 titres écrits par d’autres,
dont l’ensemble constitue une rencontre entre cultures blanche
et aborigène qui, souvent parallèles, manquent de compréhension. On y trouve des rock & roll tels que Maybeline de Chuck
Berry, My Baby Left Me rendue célèbre par Elvis Presley et la
très agitée Wild One de Jake Owens et Bill Withers, des gospels tels que Put Your Hand In The Hand (place ta main dans
celle de l’homme de Galilée) en version pop, He Touched Me
en forme de valse à la manière d’Elvis et I Want To Be Free de
Jerry Leiber et Mike Stoller (de ma fenêtre je vois dans l’arbre
un oiseau dont je jalouse la liberté) au format gospel sans que
le texte en soit. Parfaitement country et exprimant l’amour indéfectible pour une belle aborigène, Koori Rose de Merve Lowry
sert de rencontre des deux cultures comme on le constate aussi
dans Koala Bear un rockabilly dynamique énumérant les animaux du bush et finissant par chanter pour sa belle comme
un petit Koala. Arnhem, mid-tempo aux accents folk, parle de
l’aborigène vieillissant qui aspire à rejoindre cette grande terre
aborigène au nord de l’Australie où de nombreux vestiges du
passé abondent et où la culture ancestrale, restée très vivante,
le familiarise avec le Dreamtime, les temps primitifs de la mythologie aborigène. Blackman’s Stories, sous le bourdon du
didgeridoo, parle des histoires sur les coutumes tribales, et des
peintures rupestres des ancêtres qui illustrent des combats à la
lance et au boomerang présents depuis le Temps du Rêve. Le
Temps du Rêve revient dans Streets Of Tamworth pour exprimer le blues que provoquent en lui les néons de Tamworth et la
vue de ses frères adopter les mœurs des Blancs et se contenter
des aides gouvernementales, choses qui lui font souhaiter revenir au Dreamtime. Les autres titres abordent le thème du prisonnier se lamentant dans sa cellule. Warrior In Chain (Daniel
Beaty) est la complainte de l’incarcéré qui a perdu 6 ans de sa
jeunesse dans cette prison où il finira par mourir, Goulburn Jail
(Porter) dit la tristesse de celui qui rêve à sa bien aimée tandis
que la lune blanchit les murs sales de sa cellule. Sur un thème
semblable I’ll Break Out Again Tonight (Sanger Shafer & Arthur
Owens) langoureuse mais purement country, avec la forte présence d’une pedal steel, évoque le condamné que personne ne
peut empêcher de rêver être auprès de sa belle : si l’on peut
enchainer le corps, nul ne peut enchainer l’esprit. Roger, qu’on
peut voir sur Youtube dans de nombreuses vidéos, est un vrai
miraculé : il a survécu à deux crash d’avions (son corps brulé à
90%), celui qui le transportait lors d’une tournée suivi de celui
de l’avion venu le secourir. La même année il perdait son père,
sa mère et une jeune soeur. Il a survécu et continué à faire carrière. Undercover Music Pty Ltd PO Box 561 Alexandria NSW 2015
www.undercovermusic.com.au/roger_knox.htm
CONNiE KiS ANDERSEN : Naked Under The Radar
C’est dans Le Cri 127, à l’occasion de la
sortie de son 4ème album intitulé Connie
Kis, que les lecteurs ont pour la dernière
fois entendu parler de cette charmante
chanteuse, résidente de la lointaine Australie Occidentale. Sa réputation a depuis
dépassé les frontières de cet Etat australien raflant bien des Awards tels que 3 fois
Roland
LANZARONE
de suite Meilleure Chanteuse, Meilleur Album Indépendant, et
un TIARA Award en sa qualité de chanteuse. Pour ce 5ème
opus elle offre un remake de certaines de ses œuvres déjà
parues et qui n’avaient pas reçu l’accueil qu’elles méritaient ou,
si vous préférez, n’ont pas été détectées par nos radars. Dans
un format acoustique, guitare sous le bras et quelques bons
musiciens (trop nombreux pour les citer tous) elle propose 12
titres où l’amour passion est omniprésent du moins dans 10
d’entre eux. Sad And Lonely est une country blues d’allure gospel rappelant Armstrong, Please Pardon Me mid-tempo jazzy
avec par moments les grésillements de vieux disque, You Stole
My Heart avec une teinte de tex mex, It’s Too Late un jazz rock,
Happy Day calypso avec bongos, guitares et mandoline, Come
On, Come On une country syncopée, Handle Love With Care
est pleine de douceur comme l’est It’s Called Love bien rythmée
avec sa guitare et les mid-tempo On The Other Side Of Midnight
et Overcome And Undone avec un bel accompagnement à la
guitare. Les deux dernières ont ma préférence aussi bien musicalement que par les thèmes : Waiting On Yesterday est une
valse de style celtique avec pipo à propos d’un brave homme
aux yeux perdus dans le vague attendant disait-il le retour du
passé. Hélas il faut vivre au temps présent pour trouver la liberté et Gone Wishin’ une triste ballade tout en douceur, celle
de l’enfant en pleur priant Dieu de soulager les souffrances de
sa mère bien que dans ses yeux désespérés on lise sa colère.
CD chez WJO (www.wjo.com.au) ou Kismana Music ([email protected])
NATALiE HOWARD : Under Love’s Umbrella
Ce n’est pas pour rien que cet album
porte ce nom car Natalie, découverte
dans Le Cri 98, est aussi l’auteur des 12
titres qui ne parlent que d’amour. L’opus a
remporté en 2014 l’IMA aux USA l’Award
de Meilleur Album Country de l’année.
Bien que résidente de la Gold Coast,
grand lieu de villégiature estivale australien, cette très jeune chanteuse a, pour favoriser sa carrière, élu également domicile à Nashville. Vu son
jeune âge, on n'est pas surpris que sa musique penche plus
vers la pop que la country. L’up-tempo domine dans Paradise
(mon paradis consiste à te rencontrer par hasard et te couvrir
de baisers) ainsi que dans You Ought To Marry Me (certifions
notre amour en nous mariant). La pop est sautillante dans Grey
(un grand lit, et 2 visages éclairés sur un seul oreiller), électrique dans Feel Like Letting Go (allez les filles ! offrons nous
une super soirée en dansant et nous amusant jusqu’au petit
jour). Deux chansons de rythme moyen peuvent être qualifiées
de country pop : Me Too (je veux simplement que tu m’aimes
telle que je suis) et Note To Self (mieux vaut le quitter, car il
ne changera jamais). Le pop rock s’accompagne au didgeridoo
dans And Then Some (je refuse un amour faux, je le veux entier,
capable de me soulever de terre). Yes (A Love That Lasts) est
un pop au ton pressé pour dire "sous notre chêne favori je veux
ne plus toucher terre". Les quatre autres titres sont des midtempos entièrement pop dont certains sont pleins de reproches
comme dans You Ain’t Worth The Rain (je n’ai pas le temps
d’attendre que tu me dises je t’aime) ou A Little Cold Right Now
(si tu me regardais tu verrais dans mes yeux une larme prête
à tomber) et The Girlfriend (tu ne vois en moi qu’une copine)
mais on trouve aussi la très agréable musicalement Hit The Hay
(lors de nos retrouvailles il fera si chaud qu’on apercevra des
étincelles ). Les très jeunes Coyotes apprécieront ces chansons
bien plus que ce vieux Coyauteur trop épris de country roots.
www.sonicbids.com/band/nataliehoward3 ou www.nataliehoward.net/bio.htm
Nouvel horaire de Kanga Routes : Radio RCF Haute Normandie :
Les semaines impaires, mercredi 20h, redif. dimanche 11h30
www.rcf.fr/radio/rcf76rouen
DiSQUES AUSTRALiENS
Franco de port en citant Le Cri WJO Shop 64, Salamander Bay
Shopping Centre Salamander Bay, NSW 2317 Australie
www.wjo.com.au, [email protected]
Le Cri du Coyote n°145 page 29
AUDREY AULD : Hey Warden
Audrey a écrit cet album avec la collaboration des incarcérés de la prison San
Quintin, où elle apportait la mélodie et eux
les paroles. Il comporte 8 ballades allant
de la pure country comme Hey Warden
avec un excellent accompagnement où
des prisonniers s’adressent au gardien
pour dire leur manques, à d’autres titres
tout en douceur tel Bread And Roses
disant tout ce qu’elle souhaiterait leur apporter : paix, gâteau,
amour et espoir de ne plus les revoir dans ce lieu. Oh Love
alterne douceur et pluie de paroles (amour donne-moi une raison de tenir bon dans cette vie de solitude). Walls est trottante
(si ces murs pouvaient parler ils diraient le blues et les larmes
et s’entendraient dire n’aie pas peur l’amour te rachètera). On
trouve aussi des complaintes comme Poor Joe avec les paroles
inspirées d’une lettre de Joe Askey (la correspondante compatissante des peines de Joe en prison depuis 20 ans) et I’m
Not What I Have Done (il vole une voiture, saisit un pistolet,
tue et voilà qu’il n’est plus le garçon de 17 ans, le fils, le frère,
l’amant, mais un tueur). Naked And Nameless ballade en mid
tempo dit "je suis venu au monde nu, et anonyme et je le quitterai de même en espérant avoir expié". Sunshine a été inspirée
à Audrey par les nombreuses lettres que ses fans lui avaient
adressées après avoir appris son combat contre un cancer, (ne
me regarde pas avec pitié dis-moi plutôt combien tu m’aimes).
Un album très émouvant se prêtant à la réflexion concernant les
peines ressenties par ces hommes et femmes privés de liberté.
Il est sorti en deux versions, l’une disponible chez iTunes et
Amazon (7 titres) et la version présente (Reckless Records-.
www.recklessrecords.com/aa_music.html, http://www.audreyauld.com
COL MiLLiNGTON : Flash Back 1980-82 Featuring Barry Roy
Ce 19ème album de Col, grand habitué
des Kanga Routes, est un hommage à
Barry Roy, légendaire guitariste australien originaire de Melbourne. Il a appartenu à plusieurs groupes rock dont les
Saxons et les Crickets et a inventé les
amplificateurs Eminar. 11 titres de musiques enregistrées par Barry entre 1980
et 1982 réinterprétés par le prolifique Col,
auteur de plus de 200 chansons qui n’a pas résisté à ajouter
5 de ses compositions. Ces titres parus à l’origine sur des LP
33t, Col les a repris et améliorés. On trouve un grand choix de
styles mais à part la jolie valse A Prayer For A Trucker’s Wife,
une des 5 compositions, tous les autres titres sont sur de bons
rythmes. Parmi les chansons dont il est l’auteur deux racontent
la vie de deux célèbres bandits australiens du 19ème siècle :
Thunderbolt (le bandit gentleman) et Ned Kelly (victime d’injustice) le premier sur un uptempo le second au rythme trottant.
La galopante Jindabyne évoque les bons souvenirs de cette
ville où il a vécu alors que Rollin’ Down The Highway Tonight se
présente en rock. Les reprises comprennent un chachacha, 24
Hours From Tulsa, une rumba Travellin’ Man, un country rock
dynamique Six Days On The Road, le joyeux, malgré son titre
PayDay Blues, le pur country percutant I’m A Little Bit Lonesome, l’allègre et sautillant Detour, la ballade en mid-tempo If
I Said You Have A Beautiful Body, l’interprétation très originale
grâce à son rythme accentué de Movin’ On et sur un up)tempo Truck Drivin’ Man et Midnight Flyer. Sans dire que c’est un
album exceptionnel, Col reste toujours fidèle à lui-même le CD
est bien plaisant à écouter. Email : [email protected]
Col Millington PO Box 707, Werribee, Vic. 3030
iVAN PERGER : Thinkin’ Out Loud
Ivan est venu à la country music à 60 ans
après qu’un ami lui a fait cadeau d’un ukulele et lui en montre les rudiments. Il s’est
lancé dans la composition et 3 ans après
il avait écrit une quarantaine de chansons
faisant précéder le présent opus par Raw
And Grizzlzed dédié à son fils handicapé.
Ses chansons parlent d’événements de
la vie, bons ou mauvais, avec toujours un
sentiment d’espoir. Dans les 16 compositions de ce 2ème album le folk est accompagné à l’accordéon dans You Still Smile
(les enfants grandissent, la vie s’écoule et nous sourions en
pensant à notre jeunesse) ou au violon comme dans Confusing (il y a longtemps que je suis parti et je ne comprends plus
ceux que j’ai quittés) et même à la mandoline dans JC’s Day In
Court (garde tes lois pour m’éviter l’enfer, Dieu verse une larme
en nous regardant). I’ll Take The Blame (j’implore ton pardon
de te briser le cœur je dois partir aujourd’hui) folk plus joyeux
interprété en duo avec Sara Tindley comme c’est le cas dans
Can’t Recall (ils se sourient souvent mais n’osent jamais s’aborder) une country joyeuse et sautillante. D’autres country ont un
violon très présent comme dans le midtempo John Prine On
My Mind (dans une nuit d’orage la barmaid souriait alors que
dans ma tête John Prine chantait) ou le calme et mélodieux
Like I Do (rêves-tu comme moi d’un amour à partager ?) ou
l’allègre Honey (tu m’as bien de fois brisé le cœur, pourtant je
t’aime encore) et la valse Down Coogee Way (il y a les beaux
et les mauvais jours, mais qui dira ce que sera demain ?). On
découvre des sons balkaniques dans Ode To The Devil (méfietoi des promesses du diable, ce ne sont que mensonges) valse
où la guitare s’accompagne d’un accordéon et d’un violon puis
dans la sautillante Dizzy (trop occupés pour voir les autres ils
vivent sans s’apercevoir que la vie s’écoule). Somebody Standing Strong (si tu m’entends crie-le fort, pas d’abris quand les
eaux déferlent) se présente calmement avec un charme slave.
Les valses lentes ont pour titres Old John (hier s’est éteint John
l’ami avec qui je dégustais chaque matin un café au soleil) et
Another Time Another Place (en gaspillant mon temps pour
mon plaisir j’ai perdu mes amis). Pour finir on trouve aussi un
chachacha Talking My Way (c’est à moi ou à toi-même que tu
parlais croyant que nul n’écoutait) et un latino Some People Are
Funny (bizarre comment un jour les gens te sourient et un autre
t’ignorent). Ivan à présent fabrique ses propres guitares : finalement; la soixantaine a été pour lui une renaissance.
10 Warrambool Rd. Ocean Shores NSW 2483 www.ivanperger.bandcamp.com
DARREN CROSS & JESSiCA CASSAR: Word Got Out
Nouvel opus de Darren rencontré dans
Le Cri 143, ici en duo avec son égérie
Jessica. Dix titres d’une country alternative acoustique co-écrits avec des textes
plutôt noirs que certains qualifient de gothic americana. Sorti en octobre 2014 ils
l’ont fait connaître en Europe en mai 2015
dans une tournée : Finlande, Allemagne
et Paris avec 3 concerts aux Balades
Sonores, Le Zorba et au Pop In où s’est fait le lancement. La
guitare de Darren, on s’en doute, est partout présente notamment dans une ballade très country On The Blue Of The Sea (je
veux naviguer pour tout recommencer mais comment faire si
la mer s’assèche) et dans le sautillant My Man (il m’a secouru
quand je me trouvais mal sans jamais s’occuper de lui-même)
avec banjo et un lick de guitare répétitif. C’est le cas aussi pour
les lamentations contenues dans Wake Up Call (d’un hôtel qui
n’est pas le sien il reçoit un appel de réveil qui ne lui est pas
destiné). Entrecoupé par des cymbales Babe Come Down est
un blues disant : "Chérie reviens, qui me sauvera, c’est en vain
que je cherche". Accompagnant la guitare acoustique les sons
sont longs dans Cut All Ties (un homme m’a abandonné, je ne
dis pas qu’il avait tort, je suis repartie d’où je venais, après avoir
coupé les liens). Sur un rythme saccadé et animé dans Bobby
la question posée est : "Pourquoi pars-tu en ville Bobby, reviendras-tu une fois embarqué dans ta voiture ?" Mid-tempo mélodieux, Not Holding On dit le ras le bol (pendant combien d’années de peur ai-je dit adieu à cette misérable ville à des gens
tels que vous ?). Deux ballades en douceur s’intitulent l’une
Granted (conduis-moi près du lit de fleurs sur lequel tu reposes
la nuit, les jours étaient alors pleins de lumière) et l’autre avec
ses sons longs Tears In The Rain (tu ne peux pas cacher des
larmes sous la pluie). Pour finir la country est galopante dans
The Fall Of The Leaves Never Cease (accrochées aux branchages les feuilles doivent lâcher prise pour se libérer). Belles
photos et tout un programme sur leur site. www.jepanddep.com
Country Citation
En 1948-49, Hank Williams chantait des trucs comme "J'ai vu les crabes
et les poissons faire le bee-bop-beep". Personne n'avait jamais entendu
ça. C'était quoi ce bee-bop-beep ? Hank devait le savoir... Carl Perkins
Le Cri du Coyote n°145 page 30
BLUEGRASS & C°
Dominique
FOSSE
L'actualité est moins abondante que pour les deux numéros précédents et je m'en réjouis presque car elle offre
ainsi davantage de temps pour se délecter de deux albums qui pourraient être les plus intéressants de l'année,
l'un aux Etats-Unis, l'autre venu de l'Europe du froid.
BAND OF RUHKS : Band Of Ruhks
Quatorze ans après avoir quitté presque
simultanément Lonesome River Band,
Ronnie Bowman, Don Rigsby et Kenny
Smith se retrouvent sous la bannière
de Band Of Ruhks. Du Lonesome River Band sans Sammy Shelor ? Pas
vraiment. Alors que Lonesome River
Band associait bluegrass classique et
countrygrass, Band Of Ruhks est porté
sur la combinaison popgrass/ classique.
Surtout, même si Rigsby et Smith sont
loin d’être des faire-valoir, l’album porte
la marque de Ronnie Bowman. Pas vraiment étonnant tant il a été en retrait de
l’actualité discographique depuis qu’il a
quitté Lonesome River Band. Seulement
deux albums solo au début des années
2000 alors que Kenny Smith en a enregistré sept avec son épouse Amanda
ou en solo et Rigsby davantage encore
(sous son nom ou avec les groupes
Longview et Rock County). Ronnie Bowman cosigne six des treize titres (certains
avec Chris Stapleton et Tammy Fassaert
des Steeldrivers, Kim Fox ou le chanteur
country Mark Collie) et en chante huit.
Sa voix est d’une incroyable souplesse
sur les chansons popgrass.
Bowman est certainement le
chanteur le plus proche de ce
que pourrait être une version
masculine d’Alison Krauss.
Comme elle, Band Of Ruhks
utilise fréquemment un batteur
(l’impeccable Chris Brown).
Par contre, le groupe ne sacrifie jamais le banjo (partagé entre Scott
Vestal, Ron Stewart, Rob McCoury et
Justin Moses – rien que ça) comme peut
le faire Union Station. Il enrobe certains
arrangements avec des cordes (discrètes). De la variété bluegrass ? Si on
considère qu’à partir de 1965 les Beatles
faisaient de la variété rock, alors je veux
bien signer pour de la variété bluegrass
en ce qui concerne Band Of Ruhks.
D’ailleurs la lente ballade All We Need
chantée par Bowman a tout d’un titre
oublié de Paul McCartney. Happy All The
Time, avec une jolie harmonie vocale, All
The Way sur un très bel arpège de guitare
de Kenny Smith et Run With It sont dans
la même veine pop. Une veine qu’explore
aussi Don Rigsby avec Rendezvous With
Danger, un titre plus sombre signé de
The Old School Road (New Time) est le
neuvième CD des GRASS CATS. Le mandoliniste Russell Johnson a longtemps constitué le principal atout de ce groupe avec sa
voix haut perchée atypique mais les titres
étaient répartis entre plusieurs chanteurs,
diluant ainsi l'intérêt qu'on pouvait avoir
pour ses disques. Depuis The Mountains
My Baby And Me (2012), Johnson s'est affirmé comme le leader
des Grass Cats (le succès de son album solo Anytime Anyplace
But Only You l'année précédente y est sans doute pour quelque
chose). Il signe ici six des douze chansons et en chante huit.
C'est du bluegrass très classique qui sonne au mieux grâce à
d'excellents trios sur les refrains et aux qualités instrumentales
de Johnson, du fiddler Chris Hill et surtout du banjoïste Rick Lafleur dont le style punchy a beaucoup apporté aux Grass Cats
depuis deux albums. Parmi les compos de Johnson, The Old
School Road et surtout 85 On 85 ont l'étoffe de hits bluegrass.
Le gospel en quartet a cappella Come In est un modèle du
genre. Ce titre bénéficie de la voix de basse de Lafleur, également idéale pour reprendre du Johnny Cash (Ring Of Fire avec
le fiddle à la place des trompettes). Tim Woodall (passé du banjo à la contrebasse à l'arrivée de Lafleur) interprète deux titres
dont une bonne version de A Woman's Love d'Alan Jackson.
Chris Hill chante pour sa part le honky tonk Don't Leave Her Lonely Too Long (Marty Stuart). Les Grass Cats sont aussi passés
maîtres dans l'adaptation de titres rock en bluegrass. Johnson
interprète magnifiquement How Long Has It Been Going On,
succès du rocker anglais Paul Carrack dans les années 70 avec
le groupe Ace. Une des nombreuses réussites de cet album.
SPRiNGFiELD EXiT n'est pas tout à fait un
nouveau groupe. Il a été créé il y a plusieurs
années par Linda (vo) et David Lay (gtr)
avec le multi-instrumentiste David McLaughlin (mdo, bjo, gtr, fdl). Il prend aujourd'hui
une nouvelle dimension avec l'intégration
de Tom Adams (bjo) et Marshall Wilborn
(cbss) anciens partenaires (ça remonte à 25
l’inoubliable Harley Allen qui
fait la part belle au dobro et
reçoit le renfort de Lee Ann
Womack sur le refrain. Rigsby
allie émotion et performance
vocale sur une excellente version de Danny Boy. C’est évidemment sa voix de tenor qui
est en première ligne pour le
bluegrass classique avec Bootleg John et
Here Comes A Broken Heart, une composition de Barry Bales et Shawn Lane.
Lost Highway (Hank Williams) est chanté
en trio. La flûte de Jeff Taylor donne un
petit air irlandais à Between The Devil
And The Deep, un beau refrain signé par
Bowman et Kim Fox. Goodtime Mountain
Man a un léger accent cajun et Can’t Get
Over You est un boogie bien rythmé. Les
arrangements sont au service des voix.
De la pure dentelle avec encore Stuart
Duncan et Jim Van Cleve (fdl), Rob Ickes
et Jimmy Stewart (dob), sans oublier
Smith et Rigsby. En 2013, à La Rochesur-Foron, Ronnie Bowman nous avait
promis un album solo sous peu. On a attendu presque deux ans, ce n’est pas un
album solo mais qu’est-ce que c’est bon !
ans) de McLaughlin dans les Johnson Mountain Boys. Le nouveau CD s'intitule That Was Then et après sa participation à la
compilation Patuxent Banjo, il confirme que Tom Adams peut à
nouveau jouer du banjo. Son jeu précis, capable de dentelles
aussi fines que celles que tricotent les mandolines, convient à
merveille au timbre feutré de Linda Lay, interprète de 11 des 12
chansons. On l'avait connue autrefois dans le groupe Appalachian Trail sous le nom de Linda Baker. La douceur de sa voix
a fait choisir à Springfield Exit un répertoire constitué majoritairement de valses lentes (Lonesome Wind de Buzz Busby),
de ballades (Peaceful Easy Feeling des Eagles) et de slows
(Till The Rivers All Run Dry de Don Williams). C'est un peu trop
de rythmes lents à mon goût, d'autant que les chansons plus
rapides sont parfaitement réussies, que ce soit des classiques
comme I've Endured (Ola Belle Reed) et Some Old Day (Flatt &
Scruggs) ou Listen To Me Mother de Chris Brashear. Mon titre
préféré est That Was Then And This Is Now, un boogie swinguant composé par Wilborn et mené par sa contrebasse (il faudra faire un jour la liste des merveilles composées par Marshall
Wilborn). J'aime aussi beaucoup George Cunningham (c'est
une chanson, pas un musicien), tout à fait dans le style des
Country Gentlemen. Elkhorn Ridge associe les banjos old time
(McLaughlin) et bluegrass (Adams). Marshall Wilborn interprète
avec la douceur qu'on lui connaît You Ain't Going Nowhere de
Dylan. Pas une faute de goût dans cet album qui aurait juste
gagné à inclure une paire de chansons plus musclées.
Pour Snapshots (Mountain Home), leur
sixième album en huit ans, Darin et Brooke
ALDRiDGE auraient pu associer le nom de
leur groupe au leur. Le banjo de Tyler Collins est percutant sur les titres les plus classiques (Let's d'Eddie Adcock, My Rose Of
Old Kentucky de Bill Monroe). Becky Buller
(Cri du Cœur dans le n° 144) était encore la
violoniste du groupe au moment de l'enregistrement et elle est
remarquable sur Will You Be Ready, écrit par Darin, et Better
Place, reprise de Acoustic Syndicate, morceau le plus moderne
de ce disque. Le dobroïste Collin Willis est en évidence sur les
Le Cri du Coyote n°145 page 31
NEWS
Coyote Report
THE AMERiCAN EPiC
Documentaire + long métrage
diffusés sur PBS et BBC Arena
Producteurs : T Bone Burnett,
Robert Redford et Jack White.
B.O. sur Legacy Recordings
CBS & Third Man Records,
avec : Beck, Nas, Willie Nelson, Alabama Shakes, Merle
Haggard, Elton John, the Avett
Brothers, Bettye LaVette, Los
Lobos, Raphael Saadiq, Taj
Mahal, Steve Martin & Edie
Brickell, Rhiannon Giddens,
Pokey LaFarge etc. Sortie
prévue en DVD/ Blu-ray
TRiSTESSE DELA TERRE
Sous-titré "Une
histoire de Buffalo
Bill Cody", ce très
beau roman/
récit historique et
sensible de Eric
Vuillard est publié
aux Editions
Actes Sud
ViE POST GRASCALS
Jamie Johnson, co-fondateur
du groupe qui a débuté avec
Dolly Parton, sort d’une dépression et change de vie : il quitte
les Grascals après 10 ans de
succès pour se consacrer à "sa
santé, sa famille et son fils"
OUTLAW MAN
Titre du nouveau clip en public
de Christopher Bock : contact
et vidéo : http://c.bock.free.fr
DJANGO & JiMMiE
Titre du CD, produit par Buddy
Cannon, que
Willie Nelson et
Merle Haggard
sortent encommun. Le premier single est It’s
All Going to Pot, une amusante
apologie de la marijuana. En
prévision de sa légalisation
dans plusieurs états, Willie envisage de lancer sa marque…
JUKEBOX BLUEGRASS
Titre du CD (14 titres) annoncé
de Louie Setzer sur Ripsaw/
Patuxent, avec Nate Grower
(fdl) Mark Delaney (bjo) Tom
Mindte (mdl) Ron Penska (bss)
et Frank Sollivan II (h-vo)
CHRiS AUSTiN CONTEST
Ce concours de songwriting,
(au jury siègent avec Peter
Rowan, Bruce Robison et
Jesse Bellamy) a récompensé,
en bluegrass : David Morris,
Mitch Matthews et Dawn Kenney (Something About A Train)
et en country : Hunter & Suzy
Owens (It Would Be Easier).
Bilan : 1000 dollars de prix et le
label Pinecastle Records propose la conception d'un disque
collectif pour les radios
DUO ROCK ’N’ SOUL
Rock ’n’ Soul proposé par
Ricky Norton & Candice Parise
(http://ricky.norton.free.fr) ©
countrygrass (dont le bluesy Annabelle de Gillian Welch). Les voix de Darin et Brooke sont,
bien entendu, l'attrait principal de l'album. Brooke a une voix claire, tranchante, bien équilibrée entre puissance et féminité, idéale pour Tennessee Flat Top Box de Johnny Cash (bien
accompagné à la guitare par Darin qui double mandoline et guitare sur presque tous les titres)
et le gospel de Marty Stuart Get Up John où Darin a invité Sam Bush pour reproduire à la mandoline l'intro et les solos qu'il jouait il y a 20 ans avec Emmylou Harris (dont Brooke reprend le
slow gospel When He Calls). Darin, ex-mandoliniste des Country Gentlemen, et Brooke forment aussi un beau duo vocal, notamment sur Rose Of Old Kentucky, le refrain d'Annabelle,
le slow Wait Till The Clouds Roll By et surtout Let It Be Me, version anglaise d'une chanson de
Gilbert Bécaud (Je T'Appartiens), très populaire aux Etats Unis (Dylan, les Everly Brothers et
Willie Nelson l'ont enregistrée). C'est le titre le plus émouvant de l'album.
Pray For Rain (Pinecastle) est le second CD du groupe BLUE MAFiA,
composé de Tony Wray (gtr), son épouse Dara (mdo), Kent Todd (fdl),
Cody Looper (bjo) et Michael Gregory (cbss). Ils jouent un bluegrass
qu'on peut qualifier d'intense grâce à l'omniprésence du blues, la bonne
agressivité du banjo de Looper, l'originalité des solos de Tony Wray et des
harmonies vocales bien présentes et serrées autour du lead. Looper tire
sur ses cordes comme je ne l'avais pas entendu faire depuis longtemps
(Craig Smith ? Jake Jenkins ?) et rien que pour lui, ce groupe mérite d'être
découvert. Dommage que les voix lead ne soient pas à la hauteur des autres qualités de Blue
Mafia. Tony, Dara et Kent se répartissent les chants. Tous trois chantent plutôt bien mais aucun
n'a un timbre original ou une tessiture remarquable. Ils s'en tirent souvent bien en accentuant
le côté blues. Moonshiner (George Jones) et East Virginia Blues (AP Carter) sont ainsi très
différents des versions connues de Peter Rowan et des Stanley Brothers respectivement. Il y
a plusieurs compositions de Dara Wray dont le très blues One Bad Day que j'aime beaucoup
et Pray For Rain qui donne son nom à l'album. Looper a composé Backtrail, un instrumental
joué en duo avec Tony Wray où il se sert des Keith pegs. Il y a aussi plusieurs bonnes reprises
provenant du répertoire de JD Crowe (Born To Be With You), Larry Sparks (I'd Like To Be A
Train) et Ralph Stanley (I'm Lonesome Without You et All I Ever Loved Was You).
Au fur et à mesure de leurs 11 CD précédents, les GiBSON BROTHERS
sont progressivement devenus un des groupes majeurs de la scène bluegrass et leur arrivée sur Rounder pourrait être interprétée comme une
consécration. On ne retrouve malheureusement sur Brotherhood qu'une
partie des qualités qu'on leur connaît. Le succès des disques précédents
était dû à la complémentarité vocale de Leigh et Eric, à la qualité de leurs
compositions, à l'audace de certaines reprises (Tom Petty, Ray Charles)
et l'originalité de quelques arrangements. En choisissant d'enregistrer un
album de reprises consacré aux duos de frères, il n'y a guère que sur les qualités vocales
qu'ils puissent compter. La moitié des arrangements est bluegrass mais sans originalité, si ce
n'est la grande finesse des interventions de Jesse Brock, le nouveau mandoliniste du groupe,
tant en solo qu'en accompagnement. Plusieurs titres ont une orchestration réduite, sans banjo
et parfois sans fiddle. La pedal steel donne une coloration country à deux plages. Les Gibson
Brothers sont efficaces sur le classique Sweet Little Miss Blue Eyes et le moins connu I'm
Troubled I'm Troubled des Bollick Brothers. Le meilleur titre bluegrass est le boogie Long
Gone des York Brothers. J'aime bien I Have Found The Way de Bill et Charlie Monroe avec
ses chants décalés. Curieusement, les deux meilleures plages sont pour moi les titres avec
pedal steel et batterie : la jolie ballade It'll Be Her de Tompall Glaser & The Glaser Brothers
et le classique des Everly Brothers Crying In The Rain qui permettent à Leigh et Eric de nous
offrir des interprétations pleines de sensibilité.
Il y a beaucoup à dire sur Happy Prisoner, l'album bluegrass de Robert
Earl KEEN, et pas seulement parce que j'ai entre les mains la version Deluxe qui comprend 19 chansons (le modèle pour les pauvres en contient 5
de moins). J'aime bien Robert Earl Keen (c'est Le Cri du Coyote qui me l'a
fait connaître), lui aime bien le bluegrass (il l'a déjà chanté dans The Bluegrass Widow) mais il n'a pas le genre de voix qui convient à ce style, et il
est le premier à l'admettre. Pas mal de chanteurs country se sont essayés
au bluegrass ces dernières années. Il y a eu des réussites (Dierks Bentley,
Alan Jackson) et des horreurs (Joe Diffie, Janie Frickie) mais le profil de singer songwriter
americana de Keen fait plutôt penser à la démarche plus ancienne de Steve Earle qui avait
enregistré avec le Del McCoury Band (et n'avait pas laissé de souvenir impérissable). Sauf
que là où Earle avait écrit son répertoire, comme pour tous ses albums, Keen a choisi de
n'enregistrer que des standards (seuls Twisted Laurel et 14 Carat Mind sont moins connus),
ce qui, forcément, engendre des comparaisons. Pour ma part, compte tenu des versions déjà
connues, certains titres ne passent pas : Hot Corn Cold Corn alourdi par la batterie et la
steel (Flatt & Scruggs, Here Today), Walls Of Time forcément moins bien que Rowan, Steam
Powered Aereoplane plein de faussetés (John Hartford). Pour le reste, il s'en sort grâce à son
énergie, une évidente sincérité et des versions légèrement en marge des standards. La mélodie de Poor Ellen Smith est ainsi légèrement modifiée. Alors que le version de Del McCoury
est inapprochable, la belle chanson de Richard Thompson 1952 Vincent Black Lightning n'est
pas si mal par Keen. Ses musiciens habituels sont présents sur l'album. Le batteur ne joue
que quelques titres. Le contrebassiste Bill Whitbeck sauve Long Black Veil grâce à l'harmonie
vocale qui relève bien le chant insuffisamment incarné de Keen sur ce titre. Plusieurs bonnes
interventions du guitariste Rick Brotherton, notamment une belle intro sur 14 Carat Mind (écrit
par Dallas Frazier, popularisé par Gene Watson) et Marty Muse remplit les espaces au dobro.
En complément, Robert Earl Keen a fait appel à trois spécialistes du bluegrass, mais ce ne
sont pas les habituels musiciens de studio qu'on retrouve partout. A la mandoline, c'est Kym
Le Cri du Coyote n°145 page 32
DUNDERHEAD : Dunderhead
L'an dernier, le groupe suédois Dunderhead a remporté le concours de
groupes de Voorthuisen et terminé deuxième à La Roche-sur-Foron. En écoutant les onze chansons de leur premier
album, je regrette que les Scandinaves
n'aient pas aussi gagné en Savoie tant ils
montrent sur disque un niveau rarement
atteint en Europe (peut-être l'attitude de
leur guitariste Jimmy Hermansson manquant singulièrement d'humilité les a
pénalisés).
Dunderhead joue un bluegrass essentiellement moderne. Leur album ne comprend que des compositions, toutes en
anglais, signées de la chanteuse Angelina Lundh et du mandoliniste-chanteur
Mikael Grund. Tout est bon dans leur
répertoire, les titres rapides (le
superbe Gone With The Wind
et Somewhere Along These
Tracks) comme les ballades
(In Silence dont le couplet fait
beaucoup penser à I'm On
Fire de Bruce Springsteen). A
l'occasion d'un titre plus lent
(Love Like A Loaded Gun), on
s'aperçoit que les paroles aussi méritent
notre attention.
Dunderhead a beaucoup de qualités
mais son atout majeur est la voix d'Angelina, un timbre clair et de jolies modulations typiques du bluegrass et de la
country. Une chanteuse de la famille
des Natalie Maines (Dixie Chicks) et
Nora Jane Struthers auxquelles j'associerai Veerle Baetens (Broken Circle).
Warner, le mandoliniste australien des Greencards (solo tout en
finesse sur Footprints In The Snow). Le fiddle est partagé entre
le jeune Dennis Ludiker et Sara Watkins (Nickel Creek) qu'on
n'a pas l'habitude d'entendre sur des standards bluegrass. Au
banjo, on retrouve le spécialiste le plus éclectique de la bête à
cinq cordes, Danny Barnes, ancien leader du formidable groupe
old time punk Bad Livers. Barnes est capable de jouer un style
bluegrass classique (Footprints In The Snow, Old Home Place)
mais aussi légèrement décalé (Little Cabin Home On The Hill).
Surtout, il joue la moitié des titres en style old time, clawhammer (52 Vincent Black Lightning) ou frailing (Poor Ellen Smith,
I'm Troubled) ce qui nous éloigne un peu du bluegrass. Et sur
Wayfaring Stranger, son jeu semble sorti tout droit d'un album
de Tom Waits. Sur ce titre, Keen est très bien épaulé au chant
par Natalie Maines (Dixie Chicks). Sur T For Texas, c'est Lyle
Lovett qui chante avec lui et Peter Rowan vient donner un coup
de main pour le refrain de 99 Years And One Dark Day. Happy
Prisoner est en tête de certains classements d'albums (Roots
Music Report). Ce disque recèle des qualités mais aussi de
grosses lacunes et son succès est essentiellement dû à l'aura
de son interprète, un peu comme l'album live du Broken Circle
Bluegrass Band en Belgique qui connaît un beau succès (après
celui du film Alabama Monroe) alors que c'est un album plutôt faiblard musicalement, dont le principal intérêt est la performance de Veerle Baetens, comédienne qui s'est découverte
chanteuse à l'occasion du film. (Jean-Jacques Corrio cause de
leur CD en public dans ce numéro, cf Disqu'Airs).
Depuis plus de dix ans, la principale activité de Ronnie RENO a été de présenter et
animer des émissions de télévision consacrées au bluegrass. Un job prenant, au
point que l'aîné des fils de Don Reno n'avait
rien enregistré depuis 2006. Il revient au
disque avec Lessons Learned (Rural
Rythm), neuf compositions augmentées de
Trail Of Sorrow, classique de Papa & Red Smiley, et Always
Late de Lefty Frizzell chanté en duo avec David Frizzell, le fils
de Lefty. Ronnie est accompagné par son groupe bluegrass
(Mike Scott-bjo, John Maberry-mdo, Steve Day-fdl, Heath Van
Winkle-cbss) mais l'adjonction systématique d'un batteur (Harry
Stinson) et la présence de Sonya Isaacs en harmonie vocale
renforce le côté country/ countrygrass des compositions, avec
des réussites variées. La moitié des chansons (dont Lessons
Learned) fait plutôt country pépère, l'autre moitié est mieux. Le
bluesy et dynamique Lower Than Lonesome (bon solo de Steve
Day) et All That's Worth Remembering sont des countrygrass
agréables, bien chantés et bien accompagnés. Sweet Rosa Lee
est un titre rapide qui sonnerait comme un classique s'il n'y avait
pas de batterie. Our Last Goodbye est bien enlevé avec son
banjo joué sur la pointe des pieds et Reno's Mando Magic est
un instrumental qui sort des sentiers battus.
Prix du public :
Awards européens :
EWOB
1- Sunny Side (Tch)
1- Monogram (Tch)
2015
2- Red Herring (Pays-Bas)
2- G-Runs 'n Roses (Tch)
3- The Flatland Mountaineers (F)
3- The Jumper Cables (Tch)
Mikael Grund chante trois
titres dont le bluesy Once And
For All et Somewhere Along
These Tracks, titre rapide
typiquement bluegrass. Ses
petites touches de mandoline apportent la modernité à
Little By Little. Plusieurs titres
sont bien dynamisés par le
banjo d'Anders Ternesten. Comme si le
talent des musiciens de Dunderhead ne
suffisait pas, ils ont invité un dobroïste
qui apporte beaucoup à la jolie ballade
Some Other Time où la voix d'Angelina
est d'une douceur exquise. Il y a une jolie
intro de violon sur Once And For All et un
accordéon discret sur la ballade moderne
Lover's Atlantis. Un des meilleurs disques
de l'histoire du bluegrass européen.
Les frères de Ronnie Reno, Dale et Don
Wayne, ne sont plus membres du célèbre
groupe rockgrass HAYSEED DiXiE. Les ont
remplacés Johnny Butten (bjo) et Hippy Joe
Hymas (mdo). C'est peut-être la raison pour
laquelle il n'y avait pas eu d'album depuis 6
ans (Killer Grass) si ce n'est un CD consacré au rock norvégien, logiquement passé
inaperçu chez nous. Avec Hair Down To My Knee, la bande
à Scotch Barley s'attaque aux tubes hard rock et rock FM des
années 80. L'album me semble légèrement inférieur à plusieurs
productions passées. Les morceaux repris ne sont pas tous
des chefs d’œuvre (même si tous ont été des succès). On est
plus souvent dans la parodie que dans la transcendance. C'est
assumé pour Eye Of The Tiger avec le fiddle qui imite Tarzan et
Riders In The Sky. C'est moins bien venu pour les chœurs de
bûcherons de Pour Some Sugar On Me (Def Leppard) et Dude
Looks Like A Lady (Aerosmith). On est loin de la remarquable
reprise de Bohemian Rhapsody. Barley Scotch utilise davantage le violon que sur les albums précédents et ça me semble
une facilité. Il remplace ainsi le synthé sur The Final Countdown
(Europe) et Summer Of 69 (Bryan Adams), le sifflement dans
une version en allemand de Wind Of Changes (Scorpions) et
la guitare électrique de We're Not Gonna Take It (Twisted Sister). Je préfère quand Scotch fait l'effort de placer des motifs
de guitare sur Don't Stop Believin' de Journey qui compte un
très bon solo de mandoline. Livin' On A Prayer de Bon Jovi
est bien mené par le banjo. Plusieurs tempos sont légèrement
accélérés par rapport aux originaux (Don't Fear The Reaper
de Blue Oyster Cult). Vocalement, Scotch a plus de présence
que les chanteurs de Journey, Survivor et Motorhead (We Are
The Road Crew). Les titres les plus réussis me semblent Don't
Stop Believin', Livin' On A Prayer et Comfortably Numb de Pink
Floyd.
Cody SHULER est le leader et mandoliniste
du groupe Pine Mountain Railroad. Il sort
son premier album sous son nom (sans
titre) chez Rural Rythm. Il a écrit les 10
chansons et 2 instrumentaux qui en constituent le répertoire. Shuler est principalement accompagné d'Eli Johnston (guitariste
de Quicksilver), Matt Flake (contrebassiste de Pine Mountain
Railroad), Tim Crouch (fdl) et Ron Stewart (bjo) mais on croise
aussi Rob Ickes (dob), Terry Baucom (bjo) et Scott Vestal (bjo).
Shuler nous propose un album assez varié, présentant l'habituel
mélange de classique et de countrygrass. Dans son registre le
plus grave (Goodbye My Love Goodbye), sa voix rappelle celle
de Steve Gulley. Sa tessiture plutôt aiguë (il assure lui-même
l'harmonie tenor) et son timbre légèrement voilé font merveille
sur le premier titre, My Home Is On This Ole Boxcar, un excellent countrygrass judicieusement soutenu par un batteur. Dans
le même genre (mais sans batterie), Listen To This Hammer
Ring, plus bluesy, mené par le banjo de Baucom, est également réussi. Shuler est efficace sur les tempos rapides : Do
You Wrong Kind Of Girl, Goodbye My Love Goodbye et When
The Bonnets Were In Bloom. Parmi les rythmes plus lents, ma
Le Cri du Coyote n°145 page 33
préférence va à la ballade Love Me Too. Bryson Station sur un
tempo rapide est le meilleur des deux instrumentaux. Shuler est
un mandoliniste au style classique mais au jeu soigné et au son
contemporain. Ce premier album est une des bonnes surprises
de ce printemps.
Auto-produits, les deux premiers albums
de The FARM HANDS étaient passés plutôt
inaperçus. Le troisième, Better Than I Deserve est sur le label Pinecastle. Le groupe
a un nouveau guitariste, Keith Tew, surtout
connu comme l'auteur de Am I A Fool, l'un
des grands succès de Lonesome River
Band. Il rejoint trois musiciens qui ont déjà
plusieurs expériences en commun. Le dobroïste Tim Graves
(neveu de Josh, membre des Foggy Mountain Boys) et le bassiste-chanteur Daryl Mosley ont joué ensemble avec Bobby
Osborne et ils ont enregistré un album en duo (Remembering
The Beacon Brothers). D'autre part, le banjoïste Bennie Boling
a été à plusieurs reprises membre de Tim Graves & Cherokee.
The Farm Hands joue un bluegrass classique, sans chanteur ni
musicien exceptionnel. Le titre le plus marquant est Better Than
I Deserve. C'est un gospel (la spécialité du groupe) écrit par
Daryl Mosley. Il chante (bien) le premier couplet a cappella puis
entrent en scène des chœurs et une beat box du meilleur effet
mais complètement inattendue (le modèle est à chercher chez
Carolina Chocolate Drops plutôt que dans le rap). C'est surprenant et tout à fait réussi. The Way That I Was raised (l'autre
composiiton de Mosley), From Your Knees (Randy Travis) plutôt
bien chanté et He's Got An Answer For Everything, gospel écrit
par Boling, sont les autres titres qui retiennent l'attention.
Billy HURT est le fiddler de Karl Shiflett & Big
Country Show, archétype du groupe bluegrass traditionnel, voire rétro. Son album
instrumental Fiddlin' Billy Hurt (Patuxent)
est dans la même veine, avec notamment
quatre titres de Clark Kessinger, violoniste
populaire dans les années 1920 et réapparu avec le folk boom dans les années 60.
Les notes du livret insistent sur l'aspect très traditionnel du style
de Hurt. Peut-être un bon argument aux Etats-Unis mais plutôt
matière à faire fuir la majorité des acheteurs potentiels par chez
nous. En fait, il y a bien quelques embellissements à l'ancienne
(Ragtime Annie) et même un passage bizarre en pizzicato sur
Poca River Blues (une composition de Kessinger qui ressemble
énormément à East Tennessee Blues) mais Billy Hurt a globalement un style alerte facile à apprécier. Il affectionne les tempos
rapides. L'accompagnement a même un peu de mal à suivre
sur Salt River. Hurt a un point commun avec Kenny Baker : il
ne laisse pas beaucoup de solos à ses partenaires. Il faut attendre le septième titre pour entendre un break qui ne soit pas
du fiddle. Hurt fait un peu de place à Brennen Ernst au banjo
(Grassy Fiddle Tune de Kenny Baker) et à la guitare (Lady Be
Good, un des deux titres jazzy du disque) ainsi qu'à Danny Knicely (mandoline sur I Can't Give You Anything But Love). J'aime
particulièrement sur cet album le duo avec le banjoïste Jeremy
Stephens sur Steamboat Bill, le rapide Richmond Polka (de
Kessinger) et le slow When I Grow Too Old To Dream.
Blue Sky Banjo est à ma connaissance
le huitième album de la banjoïste clawhammer Mary Z. COX. Malgré cette œuvre
abondante et la publication de plusieurs
méthodes instrumentales, elle n’apparaît
pas comme une virtuose comme peut l'être
Victor Furtado (Le Cri 144). Elle a un picking
assez simple, très propre, que je trouve élégant, particulièrement sur l'instrumental traditionnel Cold Frosty
Morning mais il y a malheureusement dix chansons parmi les
treize titres et l'album est dominé par sa voix sans charme particulier, tout juste passable dans les meilleurs moments. Son
registre vocal ne convient pas au old time. Elle est meilleure sur
le jazzy Spooky (qu'elle accompagne au ukulele). Mary Z. Cox
a aussi le défaut de se passer de fiddle, instrument roi du old
time, sur la plupart des titres. Il n'y en a que sur deux instrumentaux : Sally Ann est brouillon mais le medley Fisher's Hornpipe/
Chinkapin Hunting (Tim Gardner au violon) est le meilleur titre
de l'album avec Cold Frosty Morning.
Le label hollandais Strictly Country Records
ressort en CD Stony Man Mountain, album
du groupe JERRYCAN paru en 1982, le premier disque européen à avoir bénéficié
d'un highlight (l'équivalent du Cri du Coeur)
dans les colonnes du magazine américain
Bluegrass Unlimited. Joël Herbach l'avait
également chroniqué de manière très positive dans le n°2 de la revue française bluegrass Back Up. La
distinction accordée par Bluegrass Unlimited récompensait un
groupe impeccable du point de vue instrumental et capable de
rivaliser avec les bonnes formations américaines vocalement.
Une bonne moitié des titres étaient pulsés par le banjo dynamique de Jerry Gout, parmi lesquels les instrumentaux Theme
Time (Bill Emerson) et Pike County Breakdown (Monroe). Fiel
Van der Veen faisait sensation car il jouait du fiddle 5 cordes.
Pieter Groenveld, fondateur (et toujours Président) de Strictly
Country Records est à la mandoline. Les rythmiques de guitare
de Theo Lissenberg sont particulièrement distinctes. Il joue aussi quelques solos mais c'est surtout sa voix qui donne son cachet au groupe. Un timbre agréable entre folk et bluegrass. Les
trios (tous bien en place) sont systématiques sur les refrains à
l'exception de I Guess It Doesn't Matter Anymore, chanté en
duo avec le bassiste Bart Vandevelde. Ce titre de Paul Anka
avait été adapté en bluegrass l'année précédente par Spectrum
(Glenn Lawson, Béla Fleck, Jimmy Gaudreau, Mark Schatz),
indication que Jerrycan était très au fait de l'actualité bluegrass
à une époque où c'était beaucoup plus difficile qu'aujourd'hui.
How Many Times était également un titre récent de Bob Paisley.
D'autres références étaient plus anciennes comme les Stanley
Brothers (The Angels Are Singing) et Bill Harrell (Misty Mountain) mais la plupart dataient de la décennie précédente (Leaves
That Are Green des Country Gentlemen, Another Lonesome
Morning d'Eddie Adcock, Vamp In The Middle de John Hartford). Le groupe proposait aussi quatre chansons originales.
Deep Eddy et Stony Mountain Man semblent influencés par
les Country Gentlemen alors que Good Morning Sunshine, qui
ouvre l'album, donne l'impression d'un classique qu'on a toujours connu. C'est sans doute pour cela que, plus de trente ans
plus tard, Stony Mountain Man a toujours la même fraîcheur.
Precious Memories (Strictly Country Records) a été enregistré par la chanteuse
banjoïste Sue MASSEK en hommage à la
chanteuse des années 1930 Sarah Ogan
Gunning. Le répertoire est essentiellement
constitué de chansons de cette dernière
qui sont pour la plupart des détournements
de chansons connues : Girl Of Constant
Sorrow (Man Of Constant Sorrow), Down On The Picket Line
(Down In The Valley To Pray), I Am A Union Woman (Which
Side Are You On), etc. Chansons sociales autour du monde de
la mine et chansons politiques (I Hate The Capitalist System).
C'est on ne peut plus dépouillé. Sue Massek chante en s'accompagnant seule au banjo, parfois soutenue par l'harmonie vocale
d'Alice Gerrard ou, exceptionnellement, une guitare (Come All
You Coal Miners). Quatre des onze titres sont chantés a cappella. La voix de Sue Massek est claire, son chant sobre, sans
la dramatisation qu'on pourrait craindre avec ce répertoire. En
bonus, cinq chansons dans la même veine (deux a cappella)
auxquelles participent le chanteur songwriter Si Kahn qui est à
l'initiative de ce projet. ©
CODEX
Présentation et
histoire des groupes
de Bluegrass et
Old Time en France
des années 60 à
nos jours par François Robert,
éditeur, avec Dominique Guillot
de THE BLUEGRASS TiMES
revue de la France Bluegrass
Musique Association.
Abonnement : Nicolas Guibout
2491 CD 925, L'Orée du Bois,
73200 Grignon
http://www.france-bluegrass.org
Le Cri du Coyote n°145 page 34
Country Citation
"Plus tard, sur le chemin du retour,
on décide qu’il est plus urgent de
se saouler que de se laver. En
fait, on est déjà bien partis, et il y
a une chanson de Conway Twitty
à la radio qui parle de whisky et
de femmes, et pas une seule fois
il n’a été question de douche ou
de savon, alors peut-être qu’on a
été influencés par un de ces messages subliminaux." p 139
Des hommes de devenir (Men in
the making) Bruce Machart, trad.
François Happe (Ed. Gallmeister)
LA NUiT DE LA GLiSSE
Lionel
WENDLiNG
Chers aficionados, soyez encore les bienvenus dans ce monde tant apprécié et si méconnu de la glisse...
Comme d’habitude j’ai l’impression d'avoir déjà tout dit, mais la pression intense des lecteurs m’oblige, certes avec un
certain plaisir, à intensifier mes recherches pour vous transmettre, avec le plus possible de précisions, les contes et
légendes de la steel. Comme Thierry n’a pas eu le temps, la dernière fois, de concocter quelques lignes, il compense
avec deux chroniques. Quel sérieux ! Pour l'avis nécrologique' du moment : Tut Taylor (cf l'article de Thierry) et le chat
de ma voisine… Comme tous les ans Thierry et moi étions aux rencontres de Charlieu dont voici un petit compte rendu.
CHARLiEU 2015
Pourquoi un petit compte rendu ?
Car en fait pas grand-chose ne change
ou n’évolue, ce qui m’attriste un petit peu.
L’organisation est toujours à la hauteur :
merci à Eric Want et à son équipe.
Malheureusement je trouve que le
contenu s’appauvrit de plus en plus. Il n’y
a plus de groupe d’accompagnement ce
qui oblige tout le monde à jouer avec des
backing tracks. Pas terrible pour la spontanéité ! Cela permet néanmoins aux glisseurs de montrer leurs talents, ce qui est
déjà ça. Le public s‘amenuise de plus en
plus, et toujours pas beaucoup de jeunes
présents pour repousser le vieux au bar.
Jean Marie Stainier
Jean-Marie Stainier a proposé sa master class avec, comme d’habitude, une
organisation parfaite. Grand écran vidéo,
tablatures etc. Beaucoup de sérieux dans
sa présentation, ce qui, je l’espère, fut
bénéfique à sa dizaine de participants.
En tout cas, merci beaucoup pour l’effort
de transmission.
Bruno Liger que vous connaissez tous,
nous a rejoints et l’équipe des dobroïstes,
quoique réduite, était vraiment de qualité
et, je sais de source süre que Thierry est
revenu très satisfait.
Ces deux larrons nous ont fait une prestation en duo qui était vraiment superbe.
Très spontanée mais de très bon niveau.
Ce n’est pas simple de jouer en duo sans
rythmique avec des instruments comme
le dobro. Chapeau les gars et je suis sincère.
Il faut quand même que je vous dise,
mais c’est un secret : je crois que j’ai enfin trouvé l’élève improbable, celui dont
chaque musicien rêve, celui qui bosse,
celui qui a une bonne oreille, qui joue
juste, qui oblige le prof à se remettre en
question pour rester à la hauteur, etc.
J’ai rencontré cet élève l’année dernière
à Charlieu, il avait participé à ma master
class débutant, sans avoir de steel.
On lui en a prêté une et il a suivi
le cours comme les autres. Je
n’ai, à ce moment-là, rien remarqué de spécial, mais j’ai juste
préconisé à Clément Cantin de
lui prêter une steel s’il pensait
que cela en valait la peine.
Puis plus de nouvelles jusqu’au
mois de novembre dernier ou cet
élève m’a demandé de venir pour
un stage. Jusque-là rien d’inhabituel. Le jour du stage, en gros,
il m’a fallu 5 minutes pour me
rendre compte qui j’avais devant
moi : l’élève parfait. Tout était parfaitement travaillé, positions des
mains parfaites, technique maîtrisée bref je suis resté pantois.
Depuis nous avons travaillé plus
régulièrement aussi bien en E9th
qu’en C6th. Cet élève est capable
de jouer toutes les musiques possibles jazz, country, classique,
expérimentale etc.
Techniquement on est au même
niveau, il ne reste plus pour moi
qu’à transmettre tous les secrets
de la steel et envoyer ce phéno- Thierry & Bruno sont contents…
Tous les musiciens qui donnent des
mène sur le terrain. Nous avons joué en
duo, malheureusement avec des bandes, cours me comprendront.
Une bonne nouvelle pour moi et le
et tout s’est passé pour le mieux. Un morceau rapide de country, un lent pour faire monde de la glisse qui, comme vous le
pleurer les filles et deux morceaux de savez a du mal à trouver de la relève.
Je vais enfin pouvoir prendre ma retraite
jazz avec des solos en harmonie très ardus techniquement et compliqué harmo- en toute quiétude : j’ai un remplaçant.
En fait de remplaçant cet élève est
niquement. Les autres steelers se sont
rendu compte assez rapidement que cet une remplaçante et elle s’appelle Muriel
élève ne jouait pas dans la même cour Parmelan. Rappelez-vous ce nom, vous
qu’eux et qu’ils étaient, en un an, large- allez être conduits à en entendre parler
ment dépassé et... je suis désolé de le dans les prochains temps.
Voilà pour Charlieu 2015 et comme vous
dire, mais l’écart est irrattrapable.
Je dois dire que cette expérience m’a e constatez, même si cette rencontre
considérablement remotivé et que je suis stagne un peu, il s’y est quand même
obligé de bosser encore plus pour rester passé quelque chose d’important et cela
mérite d’être notifié. Je suis Charlieu.
à la hauteur.
Lionel & Muriel Parmelan
Le Cri du Coyote n°145 page 35
Thierry
LOYER
LA NUiT DE LA GLiSSE
Tut TAYLOR : un O.V.N.i. dans le monde de la glisse
Tut
TAYLOR
La disparition de Tut Taylor à un âge fort
raisonnable renvoi immédiatement l’auditeur que je suis aux années 70 et aux
voies musicales de l’époque.
Indissociable du "magique" John Hartford, du guitariste Norman Blake, du violoniste Vassar Clements, Tut Taylor a fait
parti de ces expériences musicales de
bluegrass moderne qui ont marqué l’histoire de cette musique.
Dobroiste atypique, à la technique main
gauche rudimentaire, muni d’un médiator à la place des onglets main droite, il
a, durant 50 ans, nourri le répertoire de
sublimes mélodies.
Producteur, fondateur de GTR qui deviendra Gruhn Guitar, fabriquant d’ins-
truments, c’est un homme brillant et très
actif. Ce qui le caractérise, ce sont ses
talents de compositeur à la mandoline ou
au dobro, avec une égale qualité harmonique et mélodique. Ce Monsieur est un
"moderne".
Ma première écoute de Tut Taylor fut un
disque des Dixie Gentlemen avec Vassar
Clements, Rual Yarbrough et Hershel
Sizemore (c’est pas jeune). Deux compositions sortent de l’ordinaire, Riding
to Rimrock et Running Wild. D’emblée
l’approche musicale annonce une coloration nouvelle pour le dobro. Viendront
ensuite les albums avec Dave Holland,
John Hartford (Aereo Plain), Sam Bush,
Jethro Burns qui ont marqué fortement
nos petites oreilles et en ont influencé
beaucoup d’autres.
Ce musicien, si bon au service des
autres, laisse des albums solo très inégaux, mais un répertoire où l’on peut puiser sans vergogne tant la qualité mélodique est forte. Ecoutez This ain’t grass
interprété par Mike Auldridge sur son LP
Blues & Bluegrass ou l'hommage
des glisseux américains sur Southern Filibuster. Il manque malheureusement le sublime Oconee
qui pour moi reste la composition
d’excellence de Tut Taylor.
Tut & Leroy Mac
"Tout est bon chez lui il n’y a rien à jeter"
comme le disait Tonton Georges. Alors à
vos cassettes, il est temps de redécouvrir
ce jovial bonhomme et son répertoire.
A écouter d’urgence : Southern Filibuster,
Aereo-Plain de John Hartford, The Dixie Gentlemen (Vassar Clements, Tut Taylor), Back
Home In Sulphur Springs de Norman Blake
(Weave and way), Flatpickin’ in the Kitchen.
Bluegrass Times n°104 (Avril-juin) a également
publié un article sur Tut Taylor (par Philippe Bony)
John Hartford, Norman Blake, Tut Taylor
Country Citation
" Le succès de Lee ne nous
avait pas surpris. Il n’avait
jamais renoncé à la musique.
Tandis que nous autres allions
à la fac, à l’armée, ou nous
trouvions piégés dans la ferme
familiale, il s’était planqué dans
un poulailler abandonné pour
jouer sur sa guitare déglinguée, plongé dans le silence
du fin fond de l’hiver. Il chantait d’une singulière voix de
fausset capable de vous arracher des larmes, certains soirs
autour du feu, dans les ombres
imprévisibles projetées par les
flammes jaune orangé ou la
fumée noire et blanche. Il était
le meilleur d’entre nous."
Retour à Little Wing (Shotgun
Lovesongs) Nickolas Butler, p11
trad. Mireille Vignol, Ed. Autrement
Marc Alésina & Gilles Vignal
sonnyburgess.voila.net
Knockin' On Heaven's Door
Joe PHiLLiPS (60 ans) 22 avril
Joseph J. DeFilippo dit Joe Phillips (né le 17 juillet 1953 à Québec)
s'est fait connaitre comme singer-songwriter dans les années 1970
à Boston où il était surnommé The Charles Street Troubadour. Ingénieur du son réputé, notamment avec le label ESP, il fonda en 1993
sa propre compagnie, WildCat Recording USA, basée à Massena,
NY. C'était un passionné du son, toujours à la recherche de la note
juste. Il aida beaucoup d'artistes, jeunes ou survivants de l'âge d'or,
à publier leurs oeuvres. Il était un maître pour la remastérisation
quand il s'agissait de passer du vinyle au CD (Pearls Before Swine,
Carolyne Mas, Terence Boylan). Il fourmillait encore de projets
que seuls ses faibles moyens financiers l'empêchaient de mener à
bien quand une tumeur au cerveau, diagnostiquée en décembre,
l'emporta alors qu'il n'avait que 60 ans. (SP)
Joe WiLSON (76 ans) 17 mai
Directeur du National Council for the Traditional Arts de 1976 à
2004 puis du Blue Ridge Music Center à Galax, VA, animateur et
folkloriste auteur de A Guide to the Crooked Road : Virginia’s Heritage Music Trail. Ami de Sammy Shelor (Lonesome River Band) et
Dudley Connell (Seldom Scene).
Bruce LUNDVALL (79 ans) 19 mai
Il a débuté sur CBS avant de travailler pour Elektra puis présider
Blue Note Records durant 30 ans. Sa carrière lui a permis de travailler avec de nombreuses vedettes, principalement de jazz : Dexter Gordon, Herbie Hancock, Stan Getz, Wynton Marsalis, Willie
Nelson, Norah Jones, Herbie Hancock, Bobby McFerrin, Al Green,
Amos Lee, Cassandra Wilson, Michel Petrucciani, etc. (JB)
Le Cri du Coyote n°145 page 36
NEWS
Coyote Report
AMOURS TOUJOURS
Randy Travis (55 ans) remis
d'ennuis cardiaques, a épousé
Mary Davis et espère reprendre
la scène bientôt
Nécro : Dominique PERROT
Adjoint au
maire (sports
et jumelages)
et bénévole
enthousiaste
du festival
de La Roche
sur Foron, il était une figure
souriante et chaleureuse
des festivals bluegrass. Une
pensée coyotesque et amicale
pour Carole et sa famille
BOiRE "POSSUM MAGiQUE"
Une explosion a partiellement
détruit la distillerie Silver Trail
à Hardin (Kentucky) et fait
deux blessés. Elle fabriquait
le celèbre "moonshine" White
Lightning de George Jones ©
Thierry LOYER
La carcasse dégingandée d'un
grand Duduche idéaliste. La gueule
sympathique d'un chien des rues...
Le verbe haut des généreux dont la
parole vous habille plus chaudement
qu'un lourd manteau d'hiver...
Ph. François Robert
J'ai d'abord connu Thierry Loyer dans
les habits de l'architecte, cultivé et drôle.
La finesse du paysan madré qui vous
piège d'une apparente rudesse. La mauvaise foi du gamin pour défendre le très
discutable. Et toujours, la fraîcheur de
l'enfant qui vous désarçonne d'un rire
moqueur.
Je l'ai plus tard découvert, par hasard,
dobroïste sur un disque de Chakir. Plus
MacClure que Blueberry et, dès la première écoute, une finesse de jeu qui
donne sa couleur à une simple rondelle
de plastique.
Rien ne prédisposait l'animal pour la musique. Mais une guitare InVicta rapportée
d'Espagne par son frère, le passionne.
Il n'a pas encore 12 ans. Premiers accompagnements des disques familiaux,
Felix Leclerc et les Chœurs de l'Armée
Rouge. C'est sur cet engin qu'il déchiffre,
à la note, les premiers enregistrements
d'Hugues Aufray. La préhistoire. Celle du
mouvement folk qui aère les soupentes
de la variété française.
Et, comme au lycée du Vesinet qu'il
fréquente, les fils de famille sont plutôt
friqués et qu'ils achètent de beaux instruments, il y entend, pour la première fois,
le son des guitares Gibson. Y'a même
pas besoin de brancher, ça joue tout seul.
Leur musique sera la sienne. Epoque
bénie où l'on échange ses images Pannini à la récré avec les frères Vercambre ou
les frères Andrès. Et premiers échanges
musicaux à la mandoline à laquelle Laurent Vercambre initie Thierry au sein du
Crazy Dog Band.
L'AMATEUR PROFESSiONNEL
Les plans sont nombreux, même pour un
improbable groupe d'ado
fondus de musiques
extraterrestres.
Vite,
fort, en surchauffe permanente. Il en garde, 40
ans plus tard, le souvenir
de quelques excès bien
fumants et très arrosés.
1972. La Vieille Herbe,
club folk.
Les yeux écarquillées,
les oreilles et le poil
dressés, Thierry écoute
Gilbert Caranhac' faire
glisser les notes sur un
instrument
totalement
inconnu. Le soir même,
la guitare espagnole est transformée en
Dobro sur le formica de la table de cuisine : un cordier fixé à la vis parker, les
cordes en nylon remplacées par des Argentines fort tirant.
Il tient du miracle que notre national dobroïste n'ait pas fini ce soir là sa carrière,
Eric
RiCHARD
les complicités musicales
et les amitiés sont tissées
pour la vie, au fil des rencontres.
On écoute John Duffey
le mardi et, le lendemain,
à l'heure de l'apéro,
Mick Larie vient vous
montrer les plans décortiqués pendant la nuit.
Alain Giroux infatigable,
accompagne la séance.
De l'énergie à revendre,
le plaisir et la chance de
pouvoir jouer et chanter avec d'exceptionnels
musiciens. Et l'envie, à
défaut d'un faire un métier, de s'amuser avec
sérieux. Dessiner les maisons en rigolant
et fabriquer les notes comme si sa vie en
dépendait.
Le temps a passé. Thierry en explorateur gourmand et curieux, a visité les
paysages musicaux les plus variés.
Il boucle bientôt un disque magnifique,
Rencontre très récente avec les frères François et Laurent Vercambre, concert entre amis à Bazemont
emporté dans l'explosion de la table et
du manche. Un briquet en guise de barre
fera l'affaire. Ainsi vont les légendes...
Avec cet équipement, il rejoint les Bluegrass Passengers, en compagnie de
Séguret, Vercambre, Drouot et Dumont,
excusez du peu. "Putain, là mon gars, j'ai
vraiment joué avec des bons !"
Age d'or, avons-nous dit. Du Centre Américain aux bluegrasseries Toulousaines,
de la MJC de Port-Marly à l'arrière d'une
certaine boutique de la rue Quincampoix,
douze titres éclectiques ciselés avec la
complicité des vieux copains.
Du bluegrass, dont il s'est un peu éloigné, il retient l'énergie rude et le chant qui
reste pour lui une pure merveille quand
les voix s'harmonisent. Son Dobro y mêle
parfois encore la douceur de quelques
notes filées. Si proches de la voix humaine... Magiques, tout simplement.
Article extrait de Le Torchon (février 2015)
Merci à Eric Richard et Gilles Rézard.
www.aegc-bluegrass.org
Knockin' On Heaven's Door
Joe PHiLLiPS (60 ans) 22 avril
Né Joseph J. DeFilippo (le 17 juillet 1953 à Québec) il s'est d'abord
fait connaître comme singer-songwriter dans les années 1970 à
Boston où il était surnommé The Charles Street Troubadour. Ingénieur du son réputé, notamment avec le label ESP, il fonda en 1993
sa propre compagnie, WildCat Recording USA, basée à Massena,
NY. C'était un passionné du son, toujours à la recherche de la note
juste. Il aida beaucoup d'artistes, jeunes ou survivants de l'âge d'or,
à publier leurs oeuvres. Il était un maître pour la remastérisation
quand il s'agissait de passer du vinyle au CD (Pearls Before Swine,
Carolyne Mas, Terence Boylan). Il fourmillait encore de projets que
seuls ses faibles moyens financiers l'empêchaient de mener à bien
quand une tumeur au cerveau, diagnostiquée en décembre, l'emporta alors qu'il n'avait que 60 ans. (SP)
Dorothy Anne "Dottie" DiLLARD (91 ans) 6 mai
Une voix du Anita Kerr Quartet qui, dès 1956, a participé à l’essentiel des engistrements du Nashville Sound. Elle a accompagné
Minnie Pearl, Roy Acuff, Jim Reeves, Eddy Arnold, Jimmy Dean,
Perry Como, Johnny Cash, Bob Dylan, Burl Ives, etc. C’est aussi sa
voix que tout enfant américain connaît par les classiques de Noël
(Have a Holly Jolly Christmas, Jingle Bell Rock, Rudolph the Red
Nosed Reindeer, Rockin' Around the Christmas Tree). (JB)
Le Cri du Coyote n°145 page 37
Le burlesque en queue de pie
Ce 10 janvier 2015 à 22h , le Quatuor
rendait son tablier après 35 ans de bons
et loyaux services à la cause de l’art, de
la culture scénique, du gag et surtout
d’un public toujours présent.
Ce "bouquet final", pirouette poétique de
nos mousquetaires du rire venait comme
un ultime cadeau récompenser un public
fidèle, qui, la larme à l’œil, voyait filer
pour la dernière fois, dans les coulisses
du Théâtre des Bouffes Parisiens, ces
amis de la famille.
J’ai eu la chance incroyable de connaître
le Quatuor dès sa naissance, dans cette
merveilleuse folie qu’était "La confrérie
des fous" et de suivre cette bande d’agités, spectacle après spectacle. Périlleuse
rencontre entre Folk, Rock, Jazz, chant
classique, danse, théâtre, le Quatuor est
l’alchimie parfaite d’une fusion positive
et dynamique des egos et des talents de
chacun.
Laurent Vercambre le malicieux, homme
à tout faire, touche à tout surdoué, trublion au milieu de ses frères, Pierre
Ganem, crooner, altiste, rocker danseur,
Jean-Claude Camors homme orchestre,
acteur et danseur de haut vol, démesuré,
le violon sur le fil, Jean-Yves Lacombe,
le lunaire jazzy à la candeur d’un pierrot
perché sur son violoncelle, voilà l’essence même du Quatuor.
LE QUATUOR
Adoubés par leurs maîtres, Les Frères
Jacques, nourris par l’esprit et les bonnes
bouteilles d’un Maurice Baquet "aux
anges", fascinés par les Comedian Harmonists, nos quatre musiciens n'ont eu
de cesse d’atteindre l’excellence pendant
ces 35 années de voyage au long cour
sur toutes les scènes du monde.
Spectacle universel, où la parole n’est
qu’illusion, les tréteaux de la compagnie
trouveront leur place avec le même bonheur partout dans le monde : c’est la magie du théâtre musical à la Buster Keaton. Alain Sachs et Jean Claude Asselin
sont passés par là.
Et la musique dans tout ça ?
Ou peut-être dans tout ses états ?
Passé à la moulinette du Quatuor, le
morceau le plus anodin devient une pièce
d’orfèvre ciselée à la Callot.
Thierry
LOYER
Tout est dans le détail, et pour les amateurs de old time et de bluegrass, la
scène du bivouac à elle seule les renverra au grand Pete Seeger, aux New
Lost City Ramblers, à Chant du Monde,
la Metro Goldwyn Mayer et le mot fin sur
l’écran nostalgique du bon vieux mouvement folk. Il y en a pour tous les goûts
et le voyage musical fait se rencontrer
le Rap, le Rock, le classique, le Jazz, la
variété avec un égal bonheur.
Ecriture de bon goût, scénographie
inventive, esprit festif, talents sur pattes,
références encyclopédiques et cette
générosité jamais prise en défaut, ont
fait du Quatuor ce qu’il est, et restera :
génial, décalé, démesuré, anachronique,
indispensable. Jetez vous sur les DVD,
les espèces rares finissent toujours par
disparaître.... Aloha.
Ph. Christine Manganaro
DiX SUR DiX
Note maximale pour la journée
qui fêtait les dix ans de l'association Western Pleasure :
Le groupe Tennessee Stud
avait invité dix groupes à Villette
d’Anthon le 14 mars.
Avec une entrée modique
(10€) et 633 participants, belle
réussite des concerts, dont la
qualité a été appréciée de tous :
Tour à tour Lilly West, Tracey
Lynn Band, Honky Tonk Angels,
Pierre Lorry, Rose Alleyson et
Yanne Matis, Tennessee Stud,
Vicky Layne & Mary Reynaud,
Liane Edwards, Laurette Canyon et les Hillbilly Rockers ont
animé cette journée de partage
musical. Bon anniversaire !
Souvenirs à voir sur
www.youtube.complaylist?list=PLVZJG
ykSwB7bDKj-cfcfxBh4kZQkRO6Rr
Et le site de Western Pleasure :
www.western-pleasurefr/
?page=accueil%20bis
Images de Roger Lyobard,
Emmanuel Marin et Joel Curtis
Knockin' On Heaven's Door
Johnny (Paul) GiMBLE (88 ans) 9 mai
Originaire de Tyler, TX, il débute avec ses frères Bill & Jack et les
Rose City Swingers puis joue avec Jimmie Davis en Louisiane avant de
joindre les Texas Playboys de Bob Wills. Il eut également son groupe
au début des 50's au Ranch House de Dallas. Dans les 60’s, après
quelques années où il laisse la musique (il est coiffeur puis travaille
dans un hôpital) il fit de nombreuses sessions en studio, avec Merle
Haggard, Chet Atkins (cf Superpickers), tenant aussi bien fiddle (avec
une 5ème corde basse) que mandoline. Il a enregistré une dizaine d’albums en solo, depuis Fiddlin’ Around, et on se souvient de I’ll Go On
Alone, un °1 de Marty Robbins. Il connut aussi le succès avec le Million Dollar Band, groupe de virtuoses sur la TV (Hee Haw) en accompagnant Willie Nelson puis un groupe de western swing (avec
Ray Price, cf One Fiddle, Two Fiddle dans le film de Clint Eastwood Honkytonk Man). On le retrouve
sur l’album de Mark O’Connor’s Heroes (1993) des shows TV (Austin City Limits) et avec son ami
Ray Benson (Asleep at the Wheel) et dans de distinctions : 5 Awards CMA (Meilleur instrumentiste)
et 8 ACM (Meilleur fiddler). NB : Sa petite-fille Emily (vo, key) est dans Asleep at the Wheel.
Guy Hugues CARAWAN Jr (87 ans) 2 mai
Il a fait des études de maths et de sociologie, maîtrise guitare, banjo et dulcimer et veut utiliser la
force du folk en politique. En 1953, avec Frank Hamilton (Weavers) et Jack Elliott, les Dusty Road
Boys vont dans le sud et soutiennent les mouvements civiques avec Pete Seeger. Guy chante au
Ash Grove puis voyage, enregistre America At Play avec Peggy Seeger. En avril 1960 il lance un
chant inspiré d’un traditionnel religieux et repris par des grévistes en 1945 : We Shall Overcome
devient l’hymne des droits civiques. En 1965, Lyndon B. Johnson (président des USA) clot ainsi son
discours du Voting Rights Act : "Parce qu’il ne s’agit pas seulement des Nègres, mais de chacun de
nous, nous devons passer par dessus l’héritage handicapant de la bigoterie et de l’injustuce". Et il
ajoute "And we shall overcome". Guy a passé sa vie entre son engagement sur scène, l’enseignement et la défense d’un idéal humaniste. (JB)
Le Cri du Coyote n°145 page 38
DiSQU'AiRS
iSAiAH B. BRUNT : Just The Way That It Goes
L'australien Isaiah B Brunt a toujours travaillé dans le monde musical : producteur,
propriétaire de studio. Cela l'a amené parfois à s'investir dans des styles très éloignés
de la musique qu'il aime : le blues. C'est à
La Nouvelle Orléans qu'il est allé enregistrer
ce 2ème album, dans lequel il interprète 9
blues de sa composition. Tout au long ddu
CD, on est plus près de la vision anglaise
du blues, telle qu'on l'a connue lors du blues revival des 60's, que
du blues de quelque région que ce soit aux Etats-Unis. Cela est
dû principalement à la voix d'Isaiah, calme et douce. La production
d'Isaiah met aussi bien en valeur cette voix que les instruments
d'accompagnement : Isaiah, guitare et slide, Richard Bird, basse,
Mark Whitaker, batterie et Mike Hood, claviers. Intéressant. (JJC)
VOO DAViS : Midnight Mist
Né en Alabama, élevé à Chicago, Voo
Davis propose un 3ème album de très belle
facture : 14 chansons qu'il a composées et
qui lorgnent vers le blues, en particulier celui
dit "de Chicago". Un genre qu'il a pratiqué
entre autre auprès d'Eddie King, guitariste
de blues jouissant d'une solide réputation.
Multi-instrumentiste, Voo Davis joue de tous
les instruments sur 2 chansons et est entouré de quelques bonnes pointures sur les autres. Vocalement, il n'est
pas interdit de le rapprocher de Roger Chapman, le chanteur du
groupe Family. Ce disque, enregistré en Louisiane et produit par
Voo Davis, est une belle découverte. (JJC) Butter & Bacon Records
LYNN JACKSON & CHRiS BOYNE : The Acoustic Sessions
Lynn Jackson, ce sont 6 albums sous son
seul nom, le premier ayant déjà un peu plus
de 10 ans. Avec l'aide de Chris Boyne, un de
ses musiciens, cette songwriter canadienne
a décidé de fêter ces 10 ans de carrière en
revisitant une partie de son répertoire de
façon acoustique. Le résultat, enregistré
par Norman Blake, du groupe Teenage Fanclub, est intéressant sans être absolument
enthousiasmant. La prestation vocale de Chris est malheureusement réduite au strict minimum. Ce qu'on entend de lui sur Coming
Home, la première chanson, montre ce que l'album aurait gagné à
compter davantage de véritables duos. (JJC) Busted Flat Records 076
THE BROKEN CiRCLE BREAKDOWN
BLUEGRASS BAND : Unbroken !
Il y a deux ans, le film belge Alabama
Monroe avait drainé près de 200 000
spectateurs dans les salles de cinéma
hexagonales. Parmi eux, des gens qui
connaissaient le bluegrass et avaient
été enthousiasmés par les prestations
filmées du groupe formé autour des
comédiens Johan Heldenbergh et Veerle Baetens, mais également de nombreux spectateurs qui avaient découvert le bluegrass à cette occasion. Dans la foulée du film, le CD de la BO
avait rencontré un succès plus qu'honorable. Deux ans après,
c'est ce splendide live (Unbroken !) que nous offre The Broken
Circle Breakdown Bluegrass Band. Enregistré durant leur tournée en été 2014, il propose 16 chansons dont 7 figuraient déjà
dans le film. C'est ainsi qu'on retrouve avec plaisir leurs nouvelles versions, excellentes, de Country In My Genes (osons
l'écrire : elle est meilleure que la version originale de Loretta
Lynn !), des traditionnels The Boy Who Wouldn't Hoe Corn et
Wayfaring Strangers, et, surtout, de If I Needed You de Townes
Van Zandt. Parmi les nouvelles reprises, on retient surtout Sin
City (Flying Burrito Brothers), une fantastique version du Tumbling Tumbleweeds (Bob Nolan), Don't Think twice It's All Right
(Bob Dylan), Do I Ever Cross Your Mind (Dolly Parton) et The
One I Love Is Gone (Bill Monroe). Fantastique, Karl Eriksson,
le banjoïste ! A noter qu'il semble qu'une chanson manque sur
le CD disponible en France : Where The Soul Of A Man Never
Dies qui devrait commencer l'album ! (JJC)
RYAN BOLDT : Broadside Ballads
Saskatoon dans la province de Saskatchewan, au Canada, vous connaissez ? Eh
bien, c'est de là que vient Ryan Boldt, par
ailleurs leader du groupe The Deep Dark
Woods. Broadside Ballads est son premier
album solo, enregistré dans sa province et
dans la province voisine du Manitoba. Un
album qui, pour les amateurs de folk, se révèle être un bijou inestimable : 8 chansons
traditionnelles, plus une qui pourrait l'être, une voix exceptionnelle
de pureté, un accompagnement avec juste la touche de modernité
qui tranche avec ce que pouvaient nous offrir Paul Clayton ou Joan
Baez dans les années 50 et 60. Tout est magnifique ! A part Ryan,
un seul membre de The Deep Dark Woods participe à cet album :
le multi-instrumentiste Clayton Linthicum. Tout au long de l'album,
on entend des oiseaux qui chantent, on entend l'orage qui gronde.
Cet album est magnifique et, pour les amateurs de folk, il n'a qu'un
seul défaut : il ne dure que 33 minutes. En revanche, si le folk pur
et dur vous gonfle, passez votre chemin ! (JJC) Dahl Street Records
BRiAN ASHLEY JONES : Out Of The City
Originaire de Caroline du Sud, Brian Ashley
Jones est un très bon guitariste et... un
chanteur beaucoup plus limité. Out Of The
City est son 3ème album. Il l'a enregistré
dans le Tennessee, en assurant lui-même la
production avec Adam Hatley. Cela se situe
quelque part entre blues et Sting et va du
pas mal (lorsque Brian ne force pas sa voix,
cf You Have Set You Free, River Bones et
les deux versions de Would You Come If I Go) au ... moins bon,
lorsque la voix tend à écorcher les oreilles. (JJC) www.cdbaby.com
ROB LYTLE : A Hypocrite Of Heart And Hope
Thomm Jutz n'est pas un inconnu pour de
nombreux Coyotes, ne serait-ce que par
son travail auprès de Richard Dobson ou
de Nanci Griffith. C'est de nouveau à lui que
Rob Lytle, natif de l'Ohio, a fait appel pour
la production du 2ème album de sa 2ème
carrière : après des débuts plus qu'encourageants dans les années 80 et 90, après
plusieurs albums, Rob a fait une pause de
14 années pour cause de mariage et de responsabilités parentales.
Entre folk, country et pop, cet album ne manquera pas de satisfaire
les Coyotes dans des morceaux comme le honky-tonk Drunk Girl
ou la ballade Oh Dying et de les irriter aussi souvent avec des chansons plus pop, ou plus faibles, ou les deux. (JJC) Heart And Hope 02
ANDREW MAXWELL MORRiS : Well Tread Roads
Well Tread Roads est le 1er CD de ce songwriter établi en Angleterre, d'origine australienne et, par ailleurs, avocat. C'est à Dallas
qu'il a enregistré les 10 chansons, toutes de
sa composition, que cet album comprend.
Ce qu'on remarque avant tout, c'est la voix
d'Andrew, une voix très pure avec une tessiture de ténor. Les 10 chansons de l'album,
toutes écrites par Andrew, sont inégales,
Sea Shanty et Home City étant celles qui lui conviennent le mieux.
Un album qu'on peut qualifier de mineur mais qui plaira aux nostalgiques de James Taylor et de Jackson Browne. (JJC)
DAVE DESMELiK : We Don't Want A Dying Flame
Né et élevé dans l'état de Géorgie, Dave vit
aujourd'hui en Caroline du Nord. Voici son
9ème album sous son nom. Se partageant
à peu équitablement entre instrumentaux
et chansons paroles, cet album montre un
interprète qui, tout en restant fidèle à ses
racines folk, sait également faire preuve
d'innovation au niveau de l'instrumentation.
Un bon exemple : la chanson On The Clock.
Dommage, finalement, que la voix ne soit pas plus agréable. (JJC)
Coyauteurs : Bernard BOYAT (BB)
Jacques BRÉMOND (JB) Jean-Jacques CORRiO (JJC)
Romain DECORET (RD) Dominique FOSSE (DF)
Alain FOURNiER (AF) Christian LABONNE (CL)
Philippe OCHiN (PO) Sam PiERRE (SP)
Le Cri du Coyote n°145 page 39
DiSQU'AiRS
Pi JACOBS Hi-Rise Ranch
Pi Jacobs est une californienne pur jus qui a
biberonné avec Carole King et Aretha Franklin et qui a enregistré son premier album il
y a près de 15 ans. Hi-Rise Ranch est un
EP de 6 titres dont 5 de sa composition. Le
6ème est Babe I'm Gonna Leave You, une
chanson folk des années 60, déjà reprise
par Joan Baez et Led Zeppelin. L'interprétation de Pi est à la fois pêchue et mélodieuse.
Avec sa voix puissante et ses qualités de guitariste, Pi Jacobs fait
du bon boulot, mais le caractère très rock de sa musique l'éloignera
sans doute de pas mal de Coyotes. (JJC) TCCMD005
John McDONOUGH : Dreams And Imagination"
Installé à Austin depuis une bonne vingtaine d'années, John McDonough pratique
un style entre folk et pop/ rock. Pour cet album, il a apporté 11 chansons de sa composition, les meilleures étant celles qui parlent
d'amour : I love you now et I've loved you for
so long. La voix claire et puissante de John,
les apparitions vocales de Ginger Leigh sur
certains morceaux, la prestation de Kevin
Butler à la batterie et à la guitare électrique et celle de Steve Bernal
au violoncelle permettent de rattraper la qualité moyenne de la plupart des chansons. (JJC)
MARCO R. WAGNER : My Old Spain
Âgé d'une bonne cinquantaine d'années,
Marco R. Wagner est né au Brésil et vit
actuellement en Espagne après être passé
par New-York et Nashville. C'est à New-York
qu'il avait enregistré son premier album, il
y a près de 25 ans. Enregistré à Nashville
et dans divers endroits d'Espagne, My Old
Spain propose 12 chansons écrites par
Marco, dont 3 instrumentaux. Elles chansons sont à classer dans le domaine folk et se situent dans une
honnête moyenne, The Ballad Of Rob Cohen et Tohellyouride étant
même mieux que moyennes. Dommage, toutefois, que la voix de
Marco soit quelque peu irritante. (JJC) Several Records SRD-433
KYLE CAREY : North Star
C’est le deuxième album de Kyle Carey.
Native du New Hampshire, Kyle revendique ses origines celtiques et propose une
musique au croisement de la tradition gaélique et de l'Americana. Pas toujours facile
d'avoir un pied dans deux familles différentes, fussent-elles voisines : les tenants
de la tradition pure et dure risquent de vous
trouver trop innovant alors que vous serez
peut-être jugé trop conservateur par les autres. Contentons-nous
d'être honnête : cet album est superbe. Superbe, la production de
Seamus Egan ; superbes, les musiciens qui accompagnent Kyle,
parmi lesquels on trouve le duo de folk britannique Josienne Clarke
et Ben Walker ainsi que le violoniste écossais Chris Stout ; superbe
la voix de Kyle qui rappelle un peu celle de Kate Wolf. La chanson
qui clôt l'album est d'ailleurs la reprise de Across The Great Divide
de la grande Kate. Sinon, sur les 12 chansons, 9 ont été écrites
par Kyle, dont Casey Jones Whistle Blow, nouvelle évocation en
chanson du légendaire mécanicien de chemin de fer de la fin du
19ème siècle. Un très bel album pour beaucoup de Coyotes. (JJC)
Americelta Records ACR 102
GREN NAGY : Stranded
Il sagit du 3e album de ce chanteur / guitariste qui semble surtout ancré dans les
ballades et les medium. Sa musique est
très imprégnée de soul mais aussi, et cest
dommage, de variété et dun peu de funk
sur un titre, même si cela donne des chansons agréables à écouter. Il y a, quand
même, deux titres blues rock plus musclés,
dont Long way to Memphis, et une ballade
country variété pour clore le CD. (BB) Big O 2421 / distr Frank Roszak
RiCHiE LAURENCE : Rue Sanxay
Ah ! que voilà un album qui sort de l'ordinaire ! Il commence par de la country
comme on l'aime : When I find My Love
Someday. Avec Over And Over, le morceau suivant, on croirait entendre une
bande inédite du groupe anglais Slapp
Happy (années 70). Quant au 3ème morceau, c'est un instrumental de style cajun
avec accordéon. La suite réserve d'autres
surprises (par exemple un pur morceau de jazz) toutes excellentes.
Maître d'œuvre de ce magnifique travail : Richie Lawrence, né dans
les années 50 à Tulsa, établi à Sacramento après un passage par
l'état du Colorado, excellent pianiste et accordéoniste, grand pote
de Ray Bonneville. Rue Sanxay est le 3ème album paru sous son
nom. Il y partage les vocaux avec son épouse Katie Thomas et la
partie instrumentale avec 8 excellents musiciens. 10 morceaux, 7
écrits par Richie tout seul, 2 en collaboration avec son complice
Paul Lacques et la reprise de Oxford Town de Ray Bonneville. Par
sa diversité, par la grande qualité des chansons et des musiciens,
Rue Sanxay est un des albums les plus excitants du moment. (JJC)
Big Book Records 19
MY OWN HOLiDAY : Reason To Bleed
Quel nom étrange pour ce duo californien,
formé par Joey Chrisman (vo, gtr) et Nick
Bartolo (bat) appariement peu commun,
lui aussi. Ils n’ont beau être que deux, ils
dégagent une énergie et un volume sonore
que des groupes plus nombreux n’atteignent
pas. La très grande partie du CD est d’essence blues rock (= très rock et pas rock' n'
roll comme le rockin' blues), donc réservée
aux amateurs du style. Restent quelques ballades plus dépouillées,
avec juste Joey et un jeu de guitare plus mélodieux que sur le reste.
Ce sont Whiskey in the well et Right back where I started, variété,
ainsi que Stranded, assez soul, qui ont capté mon oreille. (BB)
Electro Groove EGRCD 517
BALKUN BROTHERS : Redrova
Ce trio, formé par les frères Steve et Nick
Balkun et le bassiste Caleb Battersby en
2010, propose un premier album déconcertant pour les vieux rockeurs. C’est d’abord
l’artillerie lourde qui entre en action, avec
du rock à la limite du hard sur les deux premiers titres, suivie de l’artillerie légère, avec
deux blues rocks medium et deux rocks. Les
choses se calment ensuite, avec le blues
lent Sallys blues, deux instrumentaux plus Delta. Il y a, enfin, un
bon rockin blues électrique, Tell me, avant de conclure sur un rock
medium. (BB) auto ss N° / distr Frank Roszak
RAY COLLiNS HOT CLUB : Cutting Out
Le saxo allemand Ray nous avait habitués
à des albums bien rockin' r'n' b. Cette fois,
il assouvit un rêve, celui de reconstituer un
vrai grand orchestre de swing (il y a 40 musiciens qui interviennent), comme dans les
années 1930 et 1940. Le contenu s’adresse
donc à un public plus jazz ou variété que
d’habitude, avec un certain nombre de ballades qui relèvent plus d’un style Frank Sinatra. Il reste quand même plusieurs titres swing enlevés, idéaux
pour les danseurs, comme Lets drink. (BB) Brisk ss N°, Niehler Damm
271, 50735 Köln (Allemagne) et www.briskrecords.com
JEFF JENSEN : Morose Elephant
D’habitude ce pachyderme en voie d’extinction a une lueur de malice au fond des
yeux, mais celui de la couverture a un
regard bien morne, en adéquation avec le
titre de l'album. Pourtant, certains morceaux
devraient raviver la flamme chez lui. Jeff,
sur ce quatrième album, enregistré à Memphis, fait preuve d’éclectisme. Globalement,
sa musique est influencée par le rhythm &
blues et la soul de la ville des années 1960. On y trouve aussi un
peu de rockin blues, de cabaret bluesy, de jazz gypsy, de ragtime,
de variété (la mélodieuse ballade medium Ash and bone) ou de
rockin r'n'b classique (la reprise de Whats the matter with the mill),
les deux titres les plus marquants. (BB)
Le Cri du Coyote n°145 page 40
Swingsuit JJM 2015004 / distr Frank Roszak
DiSQU'AiRS
MARK BRiNE : All Alone & Blue
L’album précédent, de 2000, comportait
plusieurs titres hillbilly bop, de la country
et du country folk blues. C’est, essentiellement ce dernier genre qu’on retrouve sur ce
copieux album (21 titres), très acoustique
et dépouillé, ce qui créée une ambiance
intimiste. Elle est renforcée par la présence
d'une majorité de titres medium ou de ballades, les deux seuls un peu plus enlevés
ou musclés sont Warrens lil fix-it-shop, un peu hillbilly bop, et Time
for me to be gone, qui clôt les débats. Certains morceaux ont une
sonorité ragtime, d’autres rappellent un peu Jimmie Rodgers. Tout
cela, dont la belle valse Like a Norman Rockwell print, est à savourer au calme. (BB) KJK 07, PO Box 962 Westmoreland TN 37186
TAD ROBiNSON : Day Into Night
De la soul des 60's, la seule chose que
j’avais appréciée était les ballades, dont
Otis Redding avait le secret. Mes goûts
n’ont pas changé à ce sujet et je peux donc
recommander cet album, d’un chanteur
blanc, à ceux qui les partagent. Les titres
les plus marquants sont Call me, Lead me
on, Mellow in love, Love is a winner, Blue
yesterday. (BB) Severn 0065 / Mark Pucci Media
ELiZA NEALS : Breaking And Entering
Cette jeune personne débute ce CD avec
un blues du Delta medium, puis un long
rockin blues lent (Breaking and entering),
qu’on retrouve, en version radio abrégée en
conclusion de l’album. Ensuite, elle passe
à du blues rock moderne, parfois teinté de
soul ou de variété, son vocal puissant évoquant un peu celui de Janis Joplin sur certains titres. (BB) auto/ distr Frank Roszak
BLACK PATTi : No Milk No Sugar
Ce duo allemand (Peter Krause, alias
Peter Crow C -gtr, hca- et Ferdinand Kraemer- gtr, mdl) n’a pas choisi son nom au hasard. Black Patti fut une éphémère marque
de Chicago de musique noire de la fin des
années 1920. Car nos deux compères pratiquent ce qui se faisait avant la 2ème guerre
et l’électrification du blues, une musique très
rurale et acoustique, mêlant, à des degrés
divers selon les titres, ragtime, blues et hillbilly sur les reprises et
quelques excellentes compositions. Cela donne quelques titres
sautillants, d'autres plus country avec, en points d'orgue, les rockin'
country blues The new early in the morning, Im so worried about my
baby, le ragtime Busy bootin et, surtout, un Black Patti boogie très
hillbilly boogie. Très intéressant car dans un style peu courant de
nos jours. (BB) Rhythm Bomb 5805
GREG SHiRLEY : Raised On The Run
Ce premier album d’un nouveau chanteur
country, accompagné par divers requins de
studio nashvilliens, plaira sûrement plus
à ceux qui ont découvert la country dans
les années 1980 qu’à ceux nourris aux
mamelles des artistes des années 1950. Il
comporte une majorité de ballades mélodieuses qui passent bien à l’écoute et est
agrémenté de country rocks modernes dans
la mouvance actuelle. (BB) Garage Door, Mark Pucci Media
CRYSTAL & RUNNiN’ WiLD : Good Taste In Bad Friends
C’est, sans doute, l’album le plus éclectique et commercial sorti par Rhythm Bomb.
Crystal et son groupe viennent de Bruxelles
et proposent un mélange de styles qui fait
un peu penser à une auberge espagnole
où chacun arrive à trouver son content. On
trouve des influences surf, caribéennes, garage, kasatchok, country ragtime, film western (l'introduction d'un morceau fait penser
au Deguello) du cabaret jazzy, de la variété rythmée, du doo-wop à
ARTiSTES DiVERS :
Hard Time Blues 1927-1960
Ce double CD d’anthologie, aux deux
sens du terme, suit l’évolution du blues
de 1927 à 1960 du point de vue politique et social. Le livret est à lire avant
écoute, étant très explicite sur une
évolution débutant par des sous-entendus dans les chansons, devenant
plus impliquée, puis plus contestataire.
Certains textes sont très forts : Uncle Sam says de Josh White,
Get back de Big Bill Broonzy, Eisenhower blues de J B Lenoir, The
Alabama blues de Brother Will Harston, à propos du boycott des
bus ségrégués à Montgomery, Alabama, après le refus de Rosa
Parks de céder sa place à un Blanc le 1er décembre 1955, ou The
Big race de Memphis Slim fêtant l’élection de John F. Kennedy. Pour
faciliter les choses, les morceaux sont classés par thème chronologique. Quant au contenu musical, on peut dire qu’il suit l’évolution
de cette musique : blues rural, folk blues, talking blues, blues urbain
plus sophistiqué, l’ajout d’un peu de ragtime, de boogie, de rock,
de r'n'b. Cette parution devrait être utilisée sans modération par les
enseignants dans les classes dont le programme comporte la lutte
pour les droits civiques. (BB) www.fremeaux.com
Frémeaux FA 5480, 20 rue Robert Giraudineau, 94300 Vincennes
la Papa oom mow mow. Pour ma part, j’ai apprécié la ballade teen
Did you ever, le rock' n' roll musclé What a way to die à la Wanda
Jackson, mais la guitare est trop moderne, la reprise du Up above
my head de Sister Rosetta Tharpe et le doo-wop guilleret Oh gee
oh gosh. (BB) Rhythm Bomb 5810
CORiNNE WEST : Starlight Highway
Si vous aimez les ballades acoustiques à
la Emmylou Harris, voici un album fait pour
vous. Il n’y a quasiment que cela, hormis
Starlight highway, entre folk et bluegrass, le
titre le plus enlevé du lot, et le country folk
Give our ships away. Bien accompagnée
par ses Bandits, Corinne donne sa pleine
mesure sur Trouble no more, Sweet rains
of amber, Audrey turn the moon, Cry of the
echo drifter, Mondays song ou Night falls away singing, avec des
textes souvent poétiques. Un regret, qu’il n’y ait pas de valse. (BB)
Make 71447 / dist Mark Pucci Media
POKEY LAFARGE : Something in The Water
Il a de qui tenir, le jeune Andrew "Pokey
Lafarge" Heissler, né en 1983 dans l'Illinois.
Un de ses grands-pères était un immigré alsacien passionné par l'histoire de la guerre
de Secession, alors que l'autre grand-père
faisait partie d'un club de banjo, ce qui explique la passion de Pokey pour les 78t de
hilbilly-jazz et de ragtime. Même le choix de
son alias, Lafarge, exprime le courant nordsud, acadien et cajun, qui a marqué les racines de la musique américaine. Il forma son premier groupe après avoir rencontré les musiciens à Ashville, North Carolina, lieu devenu mythique où jouèrent
les jeunes Merle Travis ou Chet Atkins. Ce nouvel album traite les
styles favoris de Pokey Lafarge et de son guitariste Adam Hoskins.
Utilisant des guitares vintage telles que l'Epiphone Spartan de 1946
ou la Gibson L-12 modele 1939, ils jouent du jazz que l'on affublera
sans doute du label New Orleans, mais qui est plutôt reminiscent
du style de St Louis, où ils vivent aujourd'hui. De la même façon
leur western-swing est filtré à travers des influences hillbilly comme
les North Carolina Ramblers, Lonely Eagles et autres Skillet Lickers, groupes légendaires des twenties et thirties que Pokey m'a
cités lorsque je l'ai interviewé il y a 2 ans. Something In The Water
par exemple, traite à la fois d'une préoccupation traditionnelle des
fermiers du siècle dernier, mais aussi d'une légende urbaine très
actuelle, ce qui est bien en phase avec l'image de Pokey Lafarge :
trad. mais moderne. Bien que ce nouvel album soit légèrement plus
modernisé que le précédent, il reste un véritable trésor pour les
musicologues qui voudraient analyser les diverses influences qui le
structurent. Cela dit, il fonctionne également très bien en tant que
disque pour emballer une party. Et c'est bien la définition idéale de
la bonne musique authentique… A ne pas manquer quand Pokey
Lafarge jouera près de chez vous. (RD) Rounder/ Decca
Blues - Country Music - Rock 'n' Roll (CD & LP, Coffrets)
Grand choix : Occasions & Raretés
LUG RECORDS : Tél. 03-85-82-04-01, www.lugrecords.com
Le Cri du Coyote n°145 page 41
DiSQU'AiRS
ERiCH McMANN : Erich McMann's Trucker Country
J'avais présenté Erich McMann et son
album The Last American Songbook dans
Le Cri n°141 comme quelqu'un qui avait à
cœur de remettre au goût du jour une certaine idée de la country music et, plus largement de l'Amérique. Il récidive avec ce
deuxième CD qui, comme son titre le suggère, est consacré à des chansons parlant
des camions, des routiers, de la route et des
filles qu'on y croise. C'est un disque qu'Erich a tout fait seul, dans
son home studio. Il a écrit les chansons en quelques jours, a enregistré le tout avec un minimum de prises, privilégiant le feeling à
la perfection technique. S'il n'a pas été routier lui-même, Erich a
parcouru les grandes routes de son pays dans le camion de son
père, tout en écoutant de la bonne vieille country music à la radio.
Truckin' Daddy est d'ailleurs un des titres inspirés par ces souvenirs
de jeunesse. On peut aussi citer Keep On Truckin', Big Rig A Rollin', The Trucker Blues ou Mona qui illustrent parfaitement les sentiments par lesquels passent les avaleurs de bitume, là-bas comme
ici. Erich McMann est un artiste totalement indépendant (pas de
manager, pas de label) qui a voulu ici se mettre dans la peau du
routier indépendant, quel que soit son pays, et raconter en musique
sa lutte quotidienne pour simplement continuer à exister. (SP)
Paisley Cowboy Records / http://www.erichmcmann.com
HARRY HARRiS : Songs Aout Other People
Harry Harris est un jeune artiste britannique (Gallois d'origine vivant à Londres)
qui, après un premier album (Harry Harris,
tout simplement) enregistré quand il avait
17 ans, nous offre aujourd'hui Songs About
Other People, dont la sobriété instrumentale met en lumière son talent de songwriter (mais aussi de chanteur). Il est le frère
cadet de Jack Harris, lui-même songwriter
de métier, et s'il est moins marqué que lui par leurs confrères américains, il revendique néanmoins comme influences Warren Zevon et
le groupe The Hold Steady mais aussi l'Écossaise Karen Polwart.
Jack Harris est d'ailleurs présent ici pour quelques notes de guitare,
de même que Sam Beer des Treetop Flyers, au piano, ou John Parker à la contrebasse. Les dix titres démontrent la variété de l'inspiration de Harry qui peut nous parler d'un footballeur, qu'un but a fait
le héros d'un jour de Hereford United, mais aussi couvreur de son
métier (The Ballad Of Ronnie Radford) aussi bien que de l'ouest
sauvage avec le procès de Jack McCall, assassin de Will Bill Hickok en 1876 (Wild Bill). Plus loin, c'est Jenny Lind (a cappella) qui
évoque une chanteuse d'opéra surnommée le rossignol suédois,
ou Kandinsky Was A Synaesthete, le portrait du grand peintre russe
(qui a fini ses jours en France où beaucoup des ses œuvres sont
exposées). Je garde pour la bonne bouche The Day I Met The King
(celui de Graceland, pas de Buckingham), une ballade lancinante
de près de 7', tour de force qui démontre que le talent d'Harry Harris
se conjugue au futur mais aussi au présent. (SP)
Wild Sound Recordings / http://www.harryharrismusic.com
KEViN DEAL : Nothing Left To Prove
Ce songwriter et artisan, continue son petit
bonhomme de chemin avec son neuvième
album (dont un live). Il n'a plus rien à prouver, mais il a encore à gagner une notoriété
proportionnelle à un talent qui est l'égal de
celui de beaucoup de songwriters texans
plus connus. Douze nouvelles compositions,
une production impeccable de Lloyd Maines
(qui joue aussi toutes sortes d'instruments à
cordes), une rythmique assurée par les amis Bob Penhall (basse)
et Pat Manske (batterie), il n'en faut pas plus pour être conquis par
cet album. Ajoutons-y quelques ingrédients supplémentaires pour
faire bonne mesure : le violon du vétéran Richard Bowden (parfois
doublé de celui de Stone Deal, fils cadet de Kevin), la voix de Terri
Hendrix sur le morceau titre, l'accordéon de Joel Guzman sur le
très social Mucho Trabajo Y Poco Dinero et, bien sûr, la voix grave
de Kevin qui se balade avec aisance dans ce country-rock teinté
de blues qui lui a valu des comparaisons avec Steve Earle ou Joe
Ely. Mais Kevin a un univers bien à lui et il est aussi crédible quand
il empoigne son guitjo pour The Irish Bands Are In America (aux
JOEL RAFAEL : Baladista
Né en 1949 à Chicago, Rafael a grandi en
Californie. S'il chante depuis longtemps, il
n'a en fait publié son premier album qu'en
1994. Sa rencontre avec Jackson Browne
en 2000 alors qu'il enregistrait son troisième disque, Hopper, a été déterminante
et il a pu rejoindre le label Inside Recordings. Deux albums consacrés à Woody
Guthrie lui ont permis de devenir un des
meilleurs spécialistes du légendaire songwriter et un ami de sa
famille. Avec Baladista (baladin, troubadour) il développe un son
très épuré: voix, guitare acoustique et harmonica essentiellement
avec juste le magicien Greg Leisz (guitares électriques, pedal steel
et dobro) et le vieux routier de la basse James "Hutch" Hutchinson.
Dès les premières notes, on se retrouve plongé dans un univers
qui n'est pas sans rappeler Donovan dans sa période "Dylan britannique". Ce disque est sans doute le plus personnel de l'artiste
par les thèmes abordés comme en témoignent les autobiographiques She Had To Go, Old Portland Town ou Sticks And Stones.
Citons aussi El Bracero, titre le plus engagé de l'album, qui évoque
l'exploitation des travailleurs mexicains (les mêmes que ceux de
la chanson Deportee de Woody) par les USA à partir de 1942. Le
disque se termine par 500 Miles, plus qu'un classique, que Joel
voulait enregistrer depuis longtemps, sans avoir jusque-là trouvé
une façon vraiment personnelle de la chanter. Bien écrit, bien interprété, bien présenté, Baladista fait partie de ces disques auxquels
on s'attache très vite d'une façon un peu irrationnelle sans doute
parce que, simple, sincère et beau, il ressemble à son auteur. (SP)
NB : Joel Rafael en concert à la Pomme d'Ève, à Paris, le 1er juillet
Inside Recordings / http://www.joelrafael.com
accents celtiques, forcément) que quand il demande une chanson
country (Play Me A Country Song). Kevin is the real Deal, c'est facile, certes, mais c'est vrai. (SP)
Blind Nello Records www.kevindeal.com
CHUCK BRODSKY : Tell Tale Heart
Chuck Brodky continue aussi son petit
bonhomme de chemin, parsemé déjà d'une
bonne douzaine d'albums. Sa marque de
fabrique, c'est d'abord sa voix (qui ravit
les amateurs de Bob Dylan et John Prine
–quand ils étaient jeunes– mais aussi du
méconnu Sammy Walker) et son jeu de guitare acoustique très expressif, presque dansant. Et puis c'est un raconteur d'histoires et
mélodiste haut de gamme doté d'un degré d'exigence qui ne lui fera
jamais sacrifier la qualité de ses enregistrements. S'il assure ici la
production lui-même (à l'exception de New Shoes For Tom Guerin,
enregistré en Irlande), Chuck est assisté de Chris Rosser, également très présent instrumentalement. Comme d'habitude, il nous
mitonne des textes délicatement ciselés et inspirés. 2000 Friends
évoque, avec un humour tendre et fin, les amis virtuels rencontrés
sur Facebook et dont on finit par tout connaitre sans jamais les
rencontrer. Le baseball est de nouveau présent avec un titre intitulé
Splinter Cheeks Johnson, mais je donnerai une mention spéciale à
Rachel's Guitar, une chanson émouvante dédiée à Rachel Bissex,
une consœur songwriter décédée trop jeune: "La guitare de Rachel
cherchait partout son amie/ Et les chansons qu'elles ne chanteraient plus jamais". Tell Tale Heart, c'est du folk, rare et précieux,
comme on a aujourd'hui trop peu l'occasion d'en entendre. (SP)
Indépendant / http://www.chuckbrodky.com
JOHN STATZ : Tulsa
Le nom de John Statz, originaire du Wisconsin et résidant aujourd'hui au Colorado
tarde un peu à franchir les frontières alors
que son œuvre commence à devenir consistante. Il a en tout cas la reconnaissance de
ses pairs puisqu'après Bo Ramsey pour Old
Fashioned en 2011, c'est Jeffrey Foucault
qui produit Tulsa. Jeffrey n'est pas venu
seul, Jeremy Moses Curtis et Billy Conway,
ses partenaires de Cold Satellite, sont là. Mark Spencer (Blood
Oranges, Son Volt, aux guitares et claviers), Matt Lorentz (violon)
et la délicieusement talentueuse Caitlin Canty (voix) complètent
le line-up et donnent aux compositions folk infusées de blues et
rock de John une assise parfaite tout en assurant à l'ensemble une
grande unité. S'il faut trouver des références, c'est du côté du John
Mellencamp de l'époque Scarecrow qu'il faut les chercher mais, à
l'écoute, on se rend vite compte que des compositions telles que
Le Cri du Coyote n°145 page 42
DiSQU'AiRS
Tulsa, Amsterdam In Autumn, Tennessee ou Home At Last, véritables invitations au voyage, se défendent parfaitement seules, audelà de toute comparaison. Deux reprises sont également au programme. La première, Motion Picture Soundtrack de Radiohead,
est surprenante a priori. La seconde est plus logique puisqu'il s'agit
d'une composition de Jeffrey Foucault, Anytown Will Do. (SP)
Independent / http://www.johnstatz.com
SCOTT MacLEOD : Flicker And Fade
Natif de PEI (Prince Edward Island) et
résident à Calgary, Scott MacLeod a désormais quatre albums à son actif. Le précédent, Right As Rain (2012) avait déjà laissé
entrevoir de belles qualités. Avec Flicker
And Fade, c'est plus qu'une confirmation.
Le talent d'écriture de ce Canadien éclate,
dans des directions différentes, mais avec
une cohérence à laquelle la production avisée de Steve Loree n'est pas étrangère. Scott se disait influencé
par Kathleen Edwards ou Blue Rodeo, il revendique désormais une
filiation avec Bruce Springsteen. Mais plutôt que de chercher des
points de comparaison, il faut souligner la maturité de l'écriture de
Scott. Qu'il s'agisse de ballades country comme Hope She Understands ou Back This Way, de rockabilly comme Jump In My Steep
ou de rock classique comme Just Around The Corner, notre homme
semble toujours dans son élément, entouré d'une belle brochette
de musiciens. Et puis il y a la suite instrumentale de plus de dix minutes, jamais ennuyeuse, qui conclut le disque juste après Straight
Ahead et qui laisse entrevoir de belles possibilités pour Scott et
ses potes. C'est un excellent songwriter, mais pas seulement. (SP)
Jean Jacket Records / http://www.scottmacleod.ca
THE STEEL WHEELS : Leave Some Things Behind
Dans Le Cri n°134, j'avais déjà fait part de
mon enthousiasme pour les Steel Wheels et
leur album No More Rain. Les quatre musiciens (Trent Wagler à la guitare et au banjo,
Jay Lapp à la mandoline et à la guitare,
Eric Brubaker au violon et Brian Dickel à la
basse) reviennent avec ce disque où le talent de songwriter de Trent atteint des sommets. L'inspiration biblique et le thème de
l'exode sont souvent présents, comme dans Heaven Don't Come
By Here, Promised Land (un morceau essentiellement a cappella,
à quatre voix), End Of The World Again (auquel le titre de l'abum
est emprunté) ou Rescue Me Virginia. C'est du grand art, auquel
contribue la trop méconnue Sarah Siskind qui coécrit deux titres
et chante sur un autre. Les deux seuls morceaux qui ne sont pas
de la plume de Trent sont les instrumentaux Milo, de Jay Lapp (qui
troque ici la mandoline pour un résonnateur) et Mountain Quake,
d'Eric Brubaker. Sur ce dernier titre, le grand Tim O'Brien vient humblement jouer le second violon aux côtés d'Eric dont il faut souligner
qu'il prend une part très importante au son de l'album. Leave Some
Things Behind figure sans contestation possible parmi les grandes
réussites du millésime, fidèle aux racines acoustiques du quatuor
tout en élargissant la palette du groupe. (SP)
Indépendant / http://www.thesteelwheels.com
ALLiSON MOORER : Down To Believing
Allison Moorer a longtemps été considérée
essentiellement comme une interprète, une
chanteuse country, même si elle a toujours
écrit ou co-écrit la plus grande partie de son
répertoire. Avec cet album, le plus personnel
(son neuvième), la vision change. En effet,
si Allison est toujours une interprète magnifique, les thèmes abordés sont différents,
l'artiste se met souvent à nu. L'enregistrement du disque a commencé en janvier 2012, au moment où l'autisme de son fils John Henry a été diagnostiqué. Depuis cette date,
Allison a divorcé de Steve Earle après sept ans de vie commune
et tout cela justifie le ton généralement grave de l'ensemble. Elle a
ici a renoué artistiquement avec Kenny Greenberg, producteur de
ses deux premiers albums, et une sonorité globalement plus rock
qu'à l'accoutumée domine les treize titres (dont la reprise de Have
You Ever Seen The Rain ? de John Fogerty). L'album est très fort,
et il est difficile d'en dégager un titre en particulier. L'enchaînement,
aussi bien thématique que musical, avec son changement de tona-
TOM RUSSELL : The Rose Of Roscrae
Attention, chef d'œuvre! Comment décrire
ce tour de force de Tom Russell avec de
simples mots? Commencée avec The Man
From God Knows Where (1999), poursuivie avec Hotwalker (2005), la trilogie
consacrée au "folk americana" se termine
(en principe) avec The Rose Of Roscrae,
un projet qui, depuis sa conception, a mis
25 ans à aboutir. Vingt-cinq nouvelles compositions se mêlent à des chansons traditionnelles, des enregistrements nouveaux à des anciens, des artistes vivant rencontrent
d'autres disparus, parfois depuis longtemps. Citons, pêle-mêle:
Jimmie Dale Gilmore, David Olney, Johnny Cash, Joe Ely, Augie
Meyers, Fats Kaplin, Barry Walsh, Jimmy LaFave, Gretchen Peters,
Ramblin' Jack Elliott, Walt Whitman (mort en 1892, sa voix vient
d'un vieux cylindre de cire), Moses "Clear Rock" Platt, Jack Hardy &
David Massingill, A.L. "Bert" Lloyd, Finbar Furey, Sourdough Slim,
Blackie Farrell, Tex Ritter, Glen Orhlin, Pat Russell, John Trudell,
Henry Real Bird, Thad Beckman. Maura O'Connell, Eliza Gilkyson,
The McCrary Sisters, Ian Tyson, Bonnie Dobson, Leadbelly, Guy
Clark, Dan Penn, Gurf Morlix, Pat Manske...
Des cowboys et des Indiens, des bluesmen et des
folkeux. On entend aussi un orchestre norvégien,
un chœur de yodel suisse. Ce sont tous les composants de l'Amérique musicale que nous aimons
qui se rencontrent pour nous offrir A Ballad Of The
West (sous-titre de l'album). Le double CD est beau,
copieux et passionnant et donne au mot indispensable un véritable sens. Il est vivement conseillé
d'acquérir en même temps le livre compagnon (Program Guide
with Libretto) qui répond à toutes les questions que l'on aurait pu se
poser et même davantage. (SP)
Frontera Records / Proper Music / http://www.tomrussell.com
lité, entre Tear Me Apart et If I Were Stronger est particulièrement
réussi et constitue véritablement le pivot du disque. Le délicat et
acoustique Blood, qui évoque la sœur d'Allison (Shelby Lynne)
est un véritable moment de calme et de beauté avant de laisser la
place à la colère pour Let The Wolf In puis à l'optimisme avec I'm
Doing Fine (auto-persuasion ?). La chanson titre, qu'Allison considère comme une de ses meilleures, est pour elle l'une des plus
honnêtes sur le sujet du mariage alors que le dernier titre, Gonna
Get It Wrong, est un constat lucide et serein ("And I know that I'm
gonna get it wrong/ But it's alright") sur l'évolution de la vie et des
rêves que nous faisons tous. Belle, forte et fragile à la fois, telles
sont les vertus d'Allison Moorer, ce CD en est le parfait reflet. (SP)
Entertainment One / Proper Music / http://www.allisonmoorer.com
CLAUDE DiAMOND : Trouble On Memory Lane
Voici un vétéran, qui à commencé à se
produire sur scène dans les années 50 avec
The Ones, un groupe très marqué par le
blues. Ce n'est cependant qu'en 2004, à 65
ans, que Claude Diamond publia son premier album solo, le bien nommé Diamond
Dust. Un peu plus de dix ans après, notre
ami propose son quatrième opus, un disque
qui ravira les fans d'artistes comme Guy
Clark, John Prine ou Billy Joe Shaver avec qui il partage la capacité de raconter des histoires portées par des mélodies inspirées.
Comme eux, il ne fait pas de sa voix son argument principal, mais
ses accents gardent une urgence et une sincérité qu'un organe plus
lisse gommerait. Reste la qualité des compositions qui couvrent
une bonne partie du spectre de l'Americana, du morceau d'ouverture Cadillac Road, aux accents swing, au rock Beyond The End Of
The Road en passant par les blues brûlants Baby Says She Loves
Me (avec Leigh Levinson à l'harmonica) Blues Cadillac (avec KC
Conte) et le très country God's Gated Community. Et puis il y a les
chansons plus émouvantes comme Trouble On Memory Lane qui
évoque la maladie d'Alzheimer ("J'espère que tu n'auras jamais à
vivre avec la peine d'une maman qui ne connait plus ton visage
ou ton nom") ou Saving Time dans lequel Claude se dit qu'il serait
peut-être temps qu'il "s'arrête pour sentir les magnolias". J. David
Leonard assure la production et la plus grande partie de l'instrumentation avec juste quelques invités : les deux harmonicistes précités, Bethany (Dick) Olds ou Robert Taylor, un habitué, au violon.
C'est ce dernier qui joue sur le morceau de clôture, le poignant
Nothing Left To Say dont on espère simplement qu'il n'est pas prophétique (à l'image du No More Songs de Phil Ochs), même si l'on
se dit que Claude a aujourd'hui 76 ans. Quoi qu'il en soit, il nous
Le Cri du Coyote n°145 page 43
DiSQU'AiRS
aura au moins laissé quatre beaux albums et Trouble On Memory
Lane est certainement le meilleur d'entre eux. (SP)
Vettset Records / http://www.vettsetmusic.com
2-BiT PALOMiNO : Things I Dream About
Pour leur troisième album commun, Bill
Ward, Andi et Ren Renfree, basés à Houston et plus connus sous le nom de 2-Bit Palomino confirment ce que leurs précédents
opus avaient laissé entrevoir. Originaires
respectivement de Floride, de Louisiane et
de Californie, ils réussissent la synthèse de
leurs influences dans un ensemble à dominante acoustique et hautement mélodique.
Le songwriting est encore une fois la force principale du groupe où
chacun apporte sa pierre à l'édifice, avec des titres écrits par les
Renfrees comme 97 Acres et le cajun At The Fais Do-Do ou par
Bill Ward comme Cowboy And The Lady qui se placent d'entrée
parmi les meilleurs du répertoire du groupe. Ce disque est hautement conseillé à ceux qui aimaient les groupes de country-rock des
années 70 même s'il n'est en rien passéiste. Un mot particulier pour
l'apport instrumental et la coproduction de Don Richmond qui apporte au groupe cette oreille extérieure nécessaire. En préambule
à Things I Left Behind, 2-Bit Palomino a publié en édition limitée sur
Songdog Records un album live enregistré en 2014, Live @ Mac
House & Pub qui mérite également d'être entendu. (SP)
Howlin' Dog Records / http://www.2bitpalomino.com
ViNCENT CROSS : A Town Called Normal
Il est né à Dublin, a été élevé en Australie
et vit désormais à New York. Vincent Cross
fait partie de ces bonnes surprises, de ces
artistes qu'on a plaisir à découvrir un peu
par hasard. A Town Called Normal est paru
en 2013 mais ce n'est pas une raison pour
ignorer ce bel album. Après Home Away
From Home paru en 2008, ce songwriter
a été classé dans la catégorie bluegrass,
ce qui est réducteur. C'est un troubadour international, un poète
doué, qui habille ses mélodies d'instruments acoustiques comme
le banjo, la mandoline et la guitare. Mais parfois, une batterie vient
rappeler que son horizon est bien plus large, à l'mage du monde
qu'il a parcouru. L'entendant chanter à East Village, la grande et
regrettée Odetta a déclaré ceci: "J'ai entendu une claire voix de
cristal, et cela m'a ramenée à l'époque où j'ai découvert les familles
et les groupes musicaux des montagnes des Appalaches. Ce fut un
plaisir de découvrir tant de beauté de la part de Vincent Cross". Il
faut suivre ce bel artiste, au détour de titres à couleur bluegrass (le
superbe Cursed, qui sonne comme un classique du Kentucky ou
Childish Things), celtique (le traditionnel Cuckoo) ou folk-rock (My
Love ou Sometimes), se laisser séduire par la miniature instrumentale Footnotes et par Silent Waltz (seul morceau solo du disque)
avant de succomber devant le dobro inspiré de Walking On The
Outside. (SP) Indépendant / http://www.vincentcross.com
THE MALLETT BROTHERS BAND : Lights Along The River
Quatrième album pour les frères Mallett,
Luke et Will, qui confirment, avec ici toutes
leurs qualités, tant pour l'écriture que pour
l'interprétation. Le groupe de Portland, Maine, a perdu un de ses piliers en la personne
de Nate Soule, remplacé par Matt Mills, de
Nashville, qui joue des guitares (y compris
steel), du banjo et chante. Le groupe n'a
donc rien perdu de sa force de frappe, les
six membres (dont quatre guitaristes) ont des compétences instrumentales et vocales étendues, ce qui leur offre une palette plus
qu'intéressante et leur vaut un succès scénique grandissant. Sur
disque aussi, le registre semble encore plus varié qu'auparavant.
De rock (There Are No Rules In This Game) en country (Coronado),
de ballade acoustique dépouillée (Sunny Day) en blues hypnotique
(Sam Wood) mené par un dobro lancinant, en passant par le très
folk Don't Mind The Morning, les Mallett nous guident dans un
voyage où chacun trouve son compte. Ajoutons que papa David
vient jouer de la mandoline sur le morceau titre et que Molly, la
sœur, harmonise joliment sur Coronado et l'on comprendra que
l'entreprise familiale Mallett a de beaux jours devant elle. (SP)
Indépendant / http://www.mallettbrothersband.com
THE HONEYCUTTERS : Me Oh My
Les Honeycutters, c'est d'abord Amanda
Anne Platt, sa voix et son talent de songwriter. Elle a écrit les quatorze titres de
ce troisième album du groupe et a toutes
les raisons d'en être fière. La qualité des
quatre musiciens qui l'entourent fait de ce
groupe d'Asheville, NC, l'un des meilleurs
et les plus prometteurs du moment dans le
style country-folk près des racines (je citerai aussi les Steel Wheels, les Stray Birds, Hey Mavis ou Cahalen
Morrison –avec Eli West ou Country Hammer– chez qui la qualité
des compositions est aussi importante que la forme musicale). Tal
Taylor (mandoline), Matt Smith (pedal steel et guitare résonateur),
Rick Cooper (basses et harmonises) et John Milligan (batterie,
percussions et harmonies) constituent un ensemble soudé qui est
beaucoup plus qu'un backing band. Si Amanda cite parmi ses influences Hank Williams, Patsy Cline ou Loretta Lynne, elle y a joute
aussi Bruce Springsteen ou Tom Petty, et ce mélange de classicisme et de modernité n'est pas étranger au charme du groupe. Un
grand sens de la mélodie, une voix expressive et musicale, il n'en
faut pas plus pour faire de ce disque un des meilleurs de l'année.
Le swinguant Jukebox, le biographique Carolina, le mélancolique
Texas '81 ou le dansant Ain't It The Truth constituent quelques-uns
des moments accrochant immédiatement l'attention de l'auditeur
qui, captivé, aura beaucoup de mal à passer à autre chose. (SP)
Organic Records / http://www.honeycutters.com
THE BOXMASTERS : Somewhere Down The Road
Ce groupe, formé autour du chanteur-acteur Billy Bob "Bud" Thornton et du guitariste
J.D. Andrew, désormais joints à titre permanent par Brad Davis et Teddy Andreadis en
est à son troisième double album depuis
2007 (avec en plus un simple, Christmas
Cheer). Si les deux premiers (The Boxmasters et Modbilly) étaient constitués chacun
d'un disque de compositions originales
(Ours) et d'un disque de reprises (Theirs), Somewhere Down The
Road est uniquement dû aux plumes du groupe, Bud écrivant
toutes les paroles et J.D. la plupart des musiques. Ici, le premier CD
est marqué par les influences britanniques du quatuor (essentiellement la période mod), le second se tournant davantage vers l'americana. L'ensemble, quoique sans génie ni véritable inventivité, est
plus qu'agréable à entendre et ressuscite un certain état d'esprit
musical, un peu perdu depuis le milieu des seventies, fait d'une
légèreté non exclusive de qualité. Des titres comme This Game Is
Over et You'll Be Lonely Tonight, sur le premier disque, What Did
You Do Today et Who Can I Tell, sur le deuxième, sont parfaitement
représentatifs d'un ensemble qui est un peu l'équivalent américain
et moins rock des Britanniques de Rockpile. (SP)
101 Ranch Records / http://www.theboxmasters.com
THE BACKYARD DEViLS : Honkytonk Heartbreaker
Ils viennent de Moncton, New Brunswick,
et ont des patronymes bien français (Erik
et Remi Arsenault, Christien Belliveau et
Dillon Robicheau) mais c'est en Anglais que
chantent ces Acadiens. Ils avaient produit
en 2011 un premier CD éponyme qui avait
assis leur réputation chez eux, avec un certain écho en Europe. En d'autres temps,
on aurait mis sur leur musique l'étiquette
de country punk, ou de punkgrass, un délicieux mélange de dirty
country et de punkabilly. Si l'on rencontre chez eux des instruments
comme la guitare à résonateur, le banjo, la lap steel et la mandoline (et même le violon sur un titre), ce qui s'explique par l'origine
musicale des membres du groupes, il est à parier que Honkytonk
Heartbreaker troublera la quiétude des collines du Kentucky, et ce
n'est pas la reprise du classique des Stanley Brothers How Mountain Girls Can Love qui changera la donne. La voix râpeuse d'Erik
(chanteur et compositeur principal) sent bon la poussière de la
route, celle qui a fait croiser au groupe des randonneurs bizarres
(Pack Your Bags), des briseuses de cœur (Honkytonk Heartbreaker), des cowboys (Cowboy) et des chauffeurs routiers (Truck Driver de Scott H. Biram, 2nde reprise du CD) Et puis il y a la religion
avec Gospel et les pêcheurs de Bernie Mountain Sinners qui entrainent le quatuor dans une farandole infernale à la suite du banjo
de Dillon. En résumé, on trouve ici tous les thèmes qui font la bonne
country music, et constituent la trame d'un disque à haute énergie,
rejouissant ! (SP) Distribution Plages Ltée, www.thebackyaddevils.com
Le Cri du Coyote n°145 page 44
DiSQU'AiRS
THE RUBBER KNiFE GANG : Broken Lines
The Rubber Knife Gang est constitué de
Hank, Willy et John. Hank est Henry Becker
(guitare, banjo, basse et voix). Willy est Todd
Wilson (mandoline, guitare, ukulélé et voix).
John est John Oaks (contrebasse, guitare et
voix). La liste des instruments laisse à penser que ces trois natifs de l'Ohio constituent
un de ces combos old-time qui ont abondamment fleuri depuis une dizaine d'années
mais, dès les premières notes, on se rend compte que cela n'est
pas si simple et que le groupe a voulu décoller l'étiquette qu'on lui
avait appliquée jusque-là. Il en résulte un joyeux désordre qui n'est
qu'apparent car les morceaux s'enchainent parfaitement les uns
aux autres, les cordes sonnent sans répit, les voix se répondent
davantage qu'elles ne cherchent l'harmonie traditionnelle. Les mélodies sont belles et jamais ennuyeuses, les textes sont personnels
et pleins de sens. Ces Broken Lines sont les lignes invisibles qui
unissent mieux que jamais trois musiciens complices, des lignes
qu'ils brisent (notamment celles qui faisaient qu'ils étaient rangés
dans un seul genre) pour mieux les faire se rejoindre. Les sautillants Bringing Rain ou Gone Away, les ballades country Broken
Lines ou Birds In Flight, les chansons folk Damn You December ou
Someone Who Cares sont quelques-unes des promesses du trio,
des portes ouvertes vers un avenir qui réservera encore de belles
surprises. (SP) Indépendant / http://www.therubberknifegang.com
RODNEY RiCE : Empty Pockets And A Troubled Mind
Premier album d'un songwriter d'Austin
qui se range dans la catégorie folk-country,
et qui révèle un artiste qui n'a en rien l'air
d'un débutant, tellement chacun des titres
semble nourri de l'expérience de la vie. Rodney s'est fait les dents il y a plus de vingt
ans, chez ses grands-parents, en écoutant
Hank Williams, John Prine ou Bob Dylan.
L'appel de la route et du travail l'a fait voyager de la péninsule Olympic aux Appalaches, de la Virginie occidentale au sud du Texas et ces pérégrinations ont inspiré la plupart
des quatorze titres de l'album, qu'il a tous écrits. C'est le disque
d'un artiste passionné et sincère, produit par le guitariste Andre
Moran, avec également la présence remarquée de Mark Hallman.
Quelques titres se détachent à l'écoute comme Break My Heart
(avec Vaneesa Lively qui chante en duo), Hills Of Carolina (avec au
violon Katy Rose Cox) et You Don't Know Me (avec Haydn Vitera au
violon et Kim Deschamps à la pedal steel) ou encore l'électrique et
bluesy One By One, mais l'album s'apprécie comme un tout, sans
moment faible. (SP) Moody Spring Music / http://www.rodneyricemusic.com
STEVE SPURGiN : Solo Flight
J'avais présenté Steve Spurgin à l'occasion de la
parution de Folk Remedies en 2012 (Le Cri #130),
album qui mettait essentiellement en valeur son
talent de songwriter. Pour Solo Flight, Steve, qui
avait, jusque-là, surtout interprété son répertoire
accompagné par des musiciens country ou bluegrass, a inversé la tendance puisque c'est seul
qu'il chante ici quatorze titres dont dix reprises. Quelques airs
connus comme Church Street Blues de Norman Blake (Steve réussit à s'éloigner à la fois de la version originale et de la version de
Tony Rice), Darcy Farrow de Steve Gillette et Tom Campbell ou I
Miss My Mary Tonight de Hal Ketchum, cohabitent avec d'autres qui
le sont moins. Steve chante à la fois l'amour d'une femme (Evangelina de Hoyt Axton) et celui d'un tracteur (Sweet Allis Chalmers de
Bill Caswell). Les compositions originales ne sont pas en reste, et
Sing Me A Song About Home ou Strange sont parmi les meilleures
de Steve Spurgin. Un homme, une guitare, de bonnes chansons,
un enregistrement "studio live", tels sont les ingrédients de l'album.
Quand résonnent les dernières notes de Lay This Old Guitar Down
(de Chuck Pyle), on se dit que la recette est excellente et on n'a
qu'une envie, celle que Steve Spurgin la reprenne vite (la guitare)
pour un nouvel épisode de sa déjà longue carrière. (SP)
Blue Night Records / http://www.spurginmusic.com
Anciens numéros du Cri du Coyote :
Offre spéciale vente groupée : 25 € les 5 numéros
45 € les 10 numéros - 60€ les 20 numéros
ALTAN : The Widening Gyre
Autour de la voix et du violon de Mairéad
Ni Mhaonaigh, Altan a déjà une histoire
de 35 ans. J'avais découvert le groupe en
1994 aux côtés de Dolly Parton dans un
album live. Comme leurs ainés des Chieftains, outre le talent, ils possèdent un amour
immodéré de la musique de leur verte Erin,
qu'elle se pratique au pays ou ailleurs dans
le monde. The Widening Gyre est un bel
exemple d'ouverture à des artistes, américains pour la plupart, dont
l'œuvre a forcément été influencée par les jigs, reels et ballades
irlandais. Les patrons de Compass Records (Garry West à la coproduction et Alison Brown au banjo) sont omniprésents mais ils ne
sont pas les seuls. Bruce Molsky (No Ash Will Burn), Mary-Chapin
Carpenter (White Birds), Tim O'Brien (The House Carpenter aka
Gypsy Davy), Eddi Reader (Far Beyond Carrickfinn) brillent tour
à tour vocalement, mais on croise aussi, au fil des plages, Stuart
Duncan, Kenny Malone, Todd Phillips, Jenee Fleenor, Natalie Haas,
Darol Anger, Sam Bush, Jerry Douglas, Bryan Sutton, pour ne citer que les plus connus. La voix de Mairéad brille particulièrement
(Cúirt Robin Finley) et son violon, associé à celui de Ciaran Tourish ou d'un autre partenaire, est toujours une invitation au rêve et
au voyage. Bouzouki, guitares, sifflets et accordéon se répondent
sans répit et, pour qui n'en serait pas convaincu, Lurgy Streams, le
seul titre du disque sans invité, est un véritable ilot de beauté qui
demontre que les membres d'Altan (Mairéad Ni Mhaonaigh, Ciarán
Curran, Ciaran Tourish, Dháiti Sproule, Mark Kelly, Martin Tourish)
font mieux et plus qu'additionner leurs talents. (SP)
Compass Records / http://www.altan.ie
DAN FRECHETTE & LAUREL THOMSEN : New Disguise
Dan Frechette, auteur-compositeur et interprète plus que prolifique (des centaines
de chansons en réserve et une dizaine d'albums publiés en 2012), basé à Winnipeg,
et Laurel Thomsen, violoniste californienne
de formation classique, ont eu l'un pour
l'autre un coup de foudre musical (qui plus
tard s'est transformé en histoire d'amour)
par l'intermédiaire de YouTube. Ils ont dès
lors collaboré par internet avant d'organiser une tournée commune
en Californie qui débuta le lendemain de leur première rencontre.
Après un premier album intitulé simplement Dan & Laurel (2013)
sans autres voix ni instruments que les leurs, ils récidivent avec
New Disguise qui confirme leur complémentarité aussi bien que
leur talent. Les deux chantent, Dan est à la guitare acoustique et à
l'harmonica, Laurel caresse de son archet violon et viola, et ils sont
cette fois-ci joints par quelques accompagnateurs, notamment la
basse de Tracy Parker, la batterie de Jimmy Norris et la lap steel de
Patti Maxine. Sept compositions de Dan et cinq co-écritures sont au
programme. Les influences vont du folk (A New Song Of Beauty)
au jazz (Sure Fire Way Of Taking) en passant par le folk médiéval
(l'instrumental Tales From The Labyrinth) avec çà et là une touche
de blues, de rock, de musique de chambre (Ghost Lovers Waltz)
ou de bluegrass. Les deux voix sont parfaitement en accord, les
cordes de Laurel, tour à tour toniques et sensuelles, se marient à
merveille avec celles de Dan. Que demander de plus ? (SP)
Indépendant / http://www.danandlaurel.ca
CAROLiNE SPENCE : Somehow
À vingt-cinq ans, avec son charmant minois parsemé de taches de rousseur, Caroline Spence, native de Virginie, en parait
à peine vingt. Mais que l'on ne s'y trompe
pas, si cette apparence donne une idée de
la fraicheur musicale de Somehow, premier
LP de Caroline (elle a, en 2013, publié un
EP intitulé You Know The Feeling) elle ne
laisse pas présager de la grande maturité
des compositions. Les treize titres qui composent l'album portent
tous sa signature et font espérer pour la demoiselle un avenir radieux ; sa voix sensible et inspirée en est le parfait véhicule, dans
un registre qui parcourt les chemins qui mènent du folk à l'americana avec quelques incursions dans le rock. Que ce soit avec le
délicat Last Call ou avec le morceau le plus rock de l'album, Kissing
Ain't The Same As Talking, pour ne citer que deux des titres forts,
Caroline Spence semble toujours comme chez elle, accompagnée
d'une belle bande de musiciens de Nashville. À noter la présence
vocale sur le dernier titre (Bless Your Heart) d'Andrew Combs, autre
artiste en devenir. (SP)
Le Cri du Coyote n°145 page 45
Indépendant / http://www.carolinespencemusic.com
DiSQU'AiRS
SURFER JOE : Senor Surf
Lorenzo Valdambrini, guitariste allemand d’ascendance italienne, a choisi
le titre du morceau des
Surfaris comme pseudonyme. On retrouve chez lui
les deux influences habituelles du surf rock
actuel : Dick Dale (Macaroni pie, The North
swell, Cavalcade of surf) et les Ventures.
Les morceaux sont, en majorité, musclés ou
enlevés, parfois sautillants (El senor surf,
Surfer Joe étage 8). Il y a, quand même,
deux ballades medium (Underwater love,
Changing things). De quoi donner envie de
ressortir les planches avant l’été.
Green Cookie GC 036, Lorenzo Valdambrini
Siedlungstrasse 5, o2627 Radibor (Al)
Les dernières parutions de la marque de
surf instrumental N°1, Double Crown, inspirent deux réflexions. D’abord, cette musique n’échappe pas à la mondialisation :
un groupe américain, certes, mais aussi
un italien, un finnois et un serbe (Tito va en
faire des bonds dans sa tombe !). Ensuite,
on s’aperçoit que les recettes classiques
marchent encore : comme au bon vieux
temps du vinyle, on trouve maintenant
des CD 2 titres (= les simples), 4 titres (=
les super 45t de notre jeunesse), 8 ou 10
titres (= les 33t 25 cm), 12 titres ou plus (les
albums 30 cm). C’est bien dans les vieilles
marmites qu’on fait la meilleure soupe. THE MADEiRA : Sonic Cataclysm
Il s’agit du sixième et
copieux (20 titres) CD de
ce groupe du Michigan
formé par Dane Carter
(bat), Ivan Pongracic (gtr
sol), Patrick J O’Connor
(gtr rtm), Todd Fortier (bs),
enregistré en public début décembre 2013
lors de leurs passages à la Historic Melody Inn d'Indianapolis, Indiana. Le groupe
reprend une majorité de compositions déjà
enregistrées en studio, y ajoutant quelques
inédits, dont une convaincante reprise du
Night rider de Dick Dale, une de leurs influences majeures avec les Ventures. Ce
sont, d'ailleurs, pour les morceaux de ce
dernier style, comme Tribal fury, Surf fidelis,
que j’ai un faible. Comme ils se rendent en
Gérard HERZHAFT
04-72-33-45-89
Concert & Conférences : Country Music-Blues-Cajun-Folk Song
www.gerardherzhaft.com - http://jukegh.blogspot.com
SURFiN' USA (ET AiLLEURS)
studio en gros tous les deux ans, il suffira
d’avoir un peu de patience pour leur prochain album. Double Crown DCCD 54
THREESOME : Threesome
Après un 3 titres pour
Supersizeshe (2010) un
CD complet pour Double
Crown (2011), le trio serbe
Uro Milkić (gtr), Jovana
Petrović (bat), Petar ivić
(bss) sort un 4 titres, histoire de promouvoir
une tournée sur la côte ouest américaine
cet été. Hydro active desert, Combo swell,
No pain no gain, Tellurion, sont nantis d’une
guitare souvent frémissante, une basse
vrombissante et les roulements de batterie
évoquent les rouleaux de la grande bleue.
Du surf instrumental comme on l’aime.
Double Crown DCCD 56
THE SHOCKWAVE ! : Contact From Space
Ce quatuor finnois, formé
en février 2010 par Jari
Jousimo (gtr sol), a troqué,
après un CD sur Goofin en
2011, la guitare rythmique
pour un orgue en 2013.
Pour une fois, ça marche
globalement, l’instrument se mariant correctement aux autres sur une majorité de
morceaux, y compris les reprises des titres
variété She bop (Cindy Lauper) et Take on
me (A-Ah), devenus des surf rocks corrects.
En revanche, sur les 3 titres où l’orgue tient
la place prépondérante (Contact, 5th floor,
Nightwalker), la musique verse carrément
dans la variété. On leur préférera ceux plus
Ventures, ou l’ambiance western de Suon
kulkija. A noter que les titres 8 et 9 ont été
inversés dans la liste au dos de pochette.
Double Crown DCCD 58
REVERBERATi : Combat Surf
Ce quatuor italien, aujourdhui dissout, a eu une
brève existence et ce CD
est la réédition de l’original, sorti confidentiellement en 2012. C’est une
bonne idée, car tous les
titres sont de bons surfs rocks, avec une
pointe de twist sur Reverbero twist, de wes-
THE BAKERSFiELD BREAKERS :
In The Studio With
Ce trio instrumental,
composé de Keith Yaun
(gtr), John Hamilton
(bss) et John DiGiulio
(bat) pourrait paraître
culotté d’associer surf
et son de Bakersfield,
alors qu’ils sont newyorkais. Mais l’idée n’est pas aussi saugrenue que ça, le lien avec New York étant le
passage de Buck Owens au Carnegie Hall,
qui a engendré une album éponyme, celui
entre les deux musiques étant la Telecaster
musclée qui est ici assez inventive, arrivant
à mêler plusieurs influences sur le même
morceau. Du coup, nous avons droit à du
son Bakersfield musclé, sous forme de ballade ou en valse, comme Lonely Waltz, qui
semble basée sur The Tennessee waltz,
des ballades à la Ventures/ Shadows, du
rockin surf (superbe reprise de The wedge
de Dick Dale). Je confesse un faible pour
la superbe version de la ballade honky tonk
Just holding your hand, chantée par Becky
Bliss en fin de CD. Vraiment du beau boulot.
auto ss N° / 245 W 104 Street New York NY 10025
tern spaghetti sur Zarko, ou avec des sonorités Shadows/ Ventures (Fishbone, The
grand duel). La guitare est assez inventive,
la batterie énergique. Dommage que ce soit
leur unique parution. Double Crown DCCD 59
THE FABULOUS STiNGRAYS :
New Cuban Graffiti
Certains artistes pondent
des CD aussi vite que les
poules, d’autres se hâtent
lentement. C’est le cas de
Doug Waite, le guitariste
canadien qui est les Fabulous Stingrays instrumentaux, tout en animant aussi les Ramblin Ambassadors. On a
attendu 9 ans entre The Lost Surf Tapes et
ce deuxième CD. Il est très Ventures teinté
de latino, avec beaucoup de ballades. Les
meilleures sont The green cathedral, Take
me to your leader et Havana heat wave. Espérons un délai plus court dici au prochain.
Donut Train ss N° / 8032
33rd Avenue NW, Calgary, Alberta T3B iL7 (Canada)
Bernard BOYAT
MiKKi DANiEL : Gotta Be A Cowgirl
MiKKI DANiEL : Cowgirl Swing
SWiNGiNG
Cette jeune et mignonne Texane
Mikki est déjà plus mûre musimulti instrumentiste, remarquable iN THE RAiN calement sur ce deuxième album
compositrice, vraie cow-girl, puisqu’elle et son choix s’est affiné, car il ne comporte
vit dans un ranch, n’a que 18 ans. Elle en que des chansons cow-boy (superbe relecavait 16 lorsqu’elle a enregistré ce CD en ture de Streets of Laredo avec Leave the
2013, âge plus propice à chanter de la cards alone), du swing grand orchestre,
country variété que les genres musicaux parfois un peu cabaret à la Julie London,
qu’elle affectionne, le western swing et les du western swing, avec des compositions
chansons cow-boy. Elle semble, d’ailleurs, remarquables, comme She should be me, qui mêle western swing,
un peu hésiter sur les choix à faire sur ce premier opus, oscillant ragtime, teen, She could ride, enlevé et yodlé, I met Jesus in Texas,
entre une très belle version quasi a cappella de How great Thou Girl from Kentucky un peu teen, ou une excellente reprise de It's a
art, ballades cow-boy, western swing (excellents I've just gotta be a sin to tell a lie, en duo avec Dave Alkexander. Constatant qu’elle
cowgirl, Texas kerosene, Rideem cowgirl) et morceaux plus country a changé de musiciens, tous très bons, entre les deux albums, je
moderne. De tels débuts sont, néanmoins, riches de promesses et me permettrai de lui conseiller de constituer un groupe stable, c’est
elle représente l’avenir du western swing. Si le milieu musical n’était plus facile pour perdurer. En ce cas, ce ne sera plus "perseverare
pas aussi perverti par le fric, elle serait en tête des hit-parades. diabolicum est", mais "perseverare angelicum". (BB)
Musikode MR 1011 / 606 N Interurban Street, Richardson TX 75081
(BB) Musikode MR 1009 / 606 N Interurban Street, Richardson TX 75081
Discographies :
Johnny & Dorsey BURNETTE
Marc ALÉSiNA
& Gilles ViGNAL http://burnettebrothers.user.fr
Le Cri du Coyote n°145 page 46
http://texashighway.free.fr
Texas Highway Radio 24h/24 (Georges Carrier)
DiSQU'AiRS
DONNA ULiSSE : The Songwriter In Me
The Demo Recordings/ Snapshots Of My Creative Process
Donna Ulisse possède une des grandes
voix du bluegrass mais
aussi un talent d'écriture de plus en plus
reconnu (Claire Lynch,
Larry Stephenson, Darin & Brooke Aldridge,
Nu-Blu, Doyle Lawson
& Quicksilver, Diana Jones, Louise Mosrie
et The Del McCoury Band peuvent en témoigner). Elle a voulu présenter cet aspect de sa
personnalité au moyen d'un livre à vocation pédagogique sur le
processus d'écriture et de coécriture tel qu'elle le conçoit. Un an
plus tard, elle publie un disque compagnon, parfaite bande son de
cet ouvrage. Les vingt-quatre titres utilisés comme exemples dans
le livre ont été (ré)enregistrés dans une version dépouillée : juste
Donna, un guitariste (au choix Glen Duncan, Kenny Smith, Tony
King, Bryan Sutton ou Rick Stanley), un banjo sur deux titres, un
violon sur deux autres (Glen Duncan dans tous les cas) et la voix
de Rick Stanley (son "honey" comme elle le nomme) pour un solo
sur un titre (The Man That I Am) et des harmonies sur la plupart
des autres. C'est frais, c'est beau, c'est l'occasion de découvrir des
nouveaux titres (Papa's Garden, Come To Jesus Moment, I'm In
For A Long Ride…) et des plus anciens dans une nouvelle version,
c'est Donna Ulisse, tout simplement. (SP)
Hadley Music Group / http://www.donnaulisse.com
TEXAS MARTHA AND THE HOUSE OF TWANG : Long Way From Home
Texas Martha alias Marty Fields Galloway
porte son état de cœur dans son pseudonyme mais ses origines familiales et musicales (chanteurs, musiciens et luthiers) se
situent du côté des Appalaches (Kentucky et
Virginie occidentale). Elle s'est établie une
partie de l'année à Bordeaux et travaille sur
un projet bluegrass avec Manu Bertrand.
En attendant, elle propose Long Way From
Home avec son groupe français House Of Twang : Serge Samyn
(basse et violon basse, également du projet bluegrass), Lionel
"Yoyo" Duhaupas (pedal steel et guitare électrique), Hervé Chiquet
(batterie). Dès l'intro de Born To Boogie, on comprend que cette
"Texas troubadour" a mis une bonne dose de rock(abilly) dans son
songwriting, et cela se confirme avec Take You Down. Au nom de
l'alternance, suivent deux ballades, le morceau titre, qui démarre
comme un folk et finit comme un rock, et le sentimental Lover's
Lane, et c'est ainsi tout au long du reste de l'album. Toutes les
recettes du bon rock sudiste sont présentes, sans les tics et les
clichés, et cela est sans doute dû à la fraicheur et à l'enthousiasme
des musiciens qui semblent vraiment se régaler, notamment Lionel
Duhaupas avec sa pedal steel endiablée. Le titre Streets Of Bordeaux, avec quelques paroles en français, mérite d'être signalé,
Johanna, où la voix sensible de la chanteuse est soulignée par
l'harmonica de Christophe Dupeu, est particulièrement réussi, mais
c'est l'ensemble du disque qui séduit par sa qualité, tant d'écriture
que d'interprétation. Au cours de son voyage musical, Texas Martha
a déjà conquis le public de quelques scènes européennes (dont le
Country Rendez-Vous de Craponne). Gageons que ce n'est qu'un
début. (SP) Indépendant / http://www.texasmartha.com
JiMMY LaFAVE : The Night Tribe
Depending On The Distance, le précédent
album original de Jimmy LaFave, était et
reste mon album favori de l'an 2012. The
Night Tribe figurera indubitablement tout
en haut de mon palmarès 2015. Des notes
qui introduisent The Beauty Of You à celles
qui concluent The Roads Of The Earth, le
songwriter texan, adopté par l'Oklahoma
de Woody Guthrie, confirme son statut de
géant. Sa voix et ses compositions sont identifiables entre mille.
Même lorsqu'il se risque à une reprise, il y ajoute sa touche personnelle et la chanson devient sienne. C'est vrai ici pour Queen Jane
Approximately (Jimmy LaFave est l'un des meilleurs interprètes de
Maître Bob) mais plus encore pour Journey Through The Past de
Neil Young, que l'on peine à reconnaitre à la première écoute. Les
claviers de Radoslav Lorkovic, les guitares électriques d'Anthony
da Costa (enfant prodige du songwriting), Larry Wilson et Garrett Lebeau évoquent les grands jours de Garth Hudson, Robbie
Robertson et leur Band. Talk To An Angel, Never Came Back To
Memphis ou Dust Bowl Okies sont quelques autres moments forts
d'un disque d'une grande élégance et d'un très haut niveau. Indispensable ! (SP) Music Road Records / http://www.jimmylafave.com
HEY MAViS : What I Did
Le troisième album de Hey Mavis confirme
tout le bien qu'on pouvait penser du quatuor
devenu trio. Si Brent Kirby ne fait plus partie
du groupe (il a néanmoins coécrit plus de
la moitié des titres et joue de la guitare sur
deux d'entre eux), Lauren Michelle Caner
(banjo et chant), Eddie Caner (violon et viola) et Bryan Thomas (basse et percussion)
font preuve d'une superbe maitrise et d'un
talent qui murit de disque en disque. La production est assurée
par Adam Aijala (guitariste de Yonder Mountain String Band), Don
Nixon, que l'on ne présente plus, s'est occupé de l'enregistrement
et du mixage et Chuck Auerbach (Black Keys) a écrit le texte du
morceau titre. Lauren, qui chante de mieux en mieux, se taille par
ailleurs la part de la lionne pour l'écriture des chansons qui naviguent avec une sûre élégance entre folk et bluegrass, jazz et rock.
Avec l'aide des guitares d'Aijala, Dixon et Kirby, les batteries de
Mark Gonder et J.J. Juliano, Hey Mavis nous propose un album
original, avec un côté universel, et une musique qui refuse de se
figer dans un style ou même dans une époque et cela n'est pas
le moindre de leurs talents. (SP) Indépendant / http://www.heymavis.com
DANNY SCHMiDT : Owls
Owls est le septième album studio de
Danny Schmidt. Si l'on ajoute son premier
enregistrement (un live datant de 1999) et
For Keeps, disque en duo avec son épouse
Carrie Elkin (2014), on a déjà une œuvre
plus que consistante et dont la qualité se
situe toujours largement au-dessus de la
moyenne. Danny écrit des chansons sur des
mélodies qui accrochent rapidement mais
avec des richesses cachées et des subtilités qui se laissent découvrir petit à petit. Les textes ne sont pas en reste, à la fois poétiques
et accessibles, souvent empreints, sur cet album, d'une forme de
mysticisme. Le simple énoncé des titres est tout un programme
Girl With Lantern Eyes, Soon The Earth Shall Swallow, Faith Will
Always Arise, Cry On The Flowers… On peut mesurer l'évolution de
l'artiste tout au long de ces quinze dernières années et du chemin
qui l'a mené de Charlottesville, Virginie, à Austin, Texas, où il est
désormais établi. Si Danny est un remarquable performer qui se
produit le plus souvent seul sur scène, il sait, sur disque s'entourer
des meilleurs comme, ici, David Goodrich, également producteur,
Lloyd Maines, Andrew Pressman ou Mike Meadows. Un must-have,
comme d’habitude. (SP) Live Once Records / http://www.dannyschmidt.com
GURF MORLiX : Eatin' At Me
Gurf Morlix est comme un vieil ami. Il fait
partie du paysage depuis longtemps, on n'a
pas besoin de l'entendre tous les jours mais,
à chaque fois qu'on l'écoute, c'est comme si
on l'avait quitté la veille. Il continue au fil des
ans à mener une carrière de producteur et
de musicien qui lui vaut le respect de tous
ceux, nombreux, avec qui il a travaillé. De
temps à autre, Gurf sort ses chansons du
tiroir, se munit de sa panoplie d'instruments, convoque le fidèle
Rick Richards armé de sa batterie et enregistre un disque. Eatin'
At Me ne déroge pas au rituel, il comporte dix nouvelles compositions (dont l'autobiographique Born In Luckawanna) et Gurf
a presque tout fait. En plus de Rick Richards sont présents Ray
Bonneville (harmonica), Gene Elders (violon) et Patterson Barrett
(B3). Dès Dirty Old Buffalo, on sait que ce sera un disque sans
surprise et sans déception, et surtout sans fioriture inutile, à l'image
de l'homme et du musicien. C'est un album rassurant, comme un
repère que Gurf Morlix a placé au bord de son itinéraire musical
afin de mesurer le chemin parcouru par les uns et les autres. (SP)
Rootball Records / http://www.gurfmorlix.com
Pensez à citer (et recommander) Le Cri du Coyote
quand vous contactez un correspondant. Merci !
C'est le meilleur moyen de faire connaître le fanzine et l'aider à continuer sa publication !
Le
Le Cri du Coyote n°145 page 47
du Coyote
DiSQU'AiRS
KRiSTiN ANDREASSEN : Gondolier
Cette chanteuse, guitariste et danseuse,
s'était fait connaître il y a une dizaine d'années avec deux groupes féminins un peu
oubliés, Uncle Earl et Sometymes Why, publiant à la même époque son premier album
solo, Kiss Me Hello. Si elle n'a pas été oisive
depuis, diversifiant ses activités, Gondolier
n'est que son second opus en solo. Elle a
composé les dix titres, s'est entourée d'un
belle bande de jeunes et talentueux musiciens parmi lesquels les
Punch Brothers Chris Eldridge (guitare) et Paul Kowert (basse),
l'étonnant Rushad Eggleston (violoncelle) mais aussi ses partenaires de Sometymes Why, Ruth Ungar Merenda et Aoife O'Donovan aux harmonies. Le résultat est un album riche qui fait cohabiter les racines traditionnelles et les influences modernes, aussi
bien rurales qu'urbaines. Les arrangements sont parfois simples,
comme pour Some Do, ou plus complexes, avec notamment des
instruments à vent (flûte et clarinettes) joués par Alec Fliegelman
(The Fish And The Sea, Azalea). Kristin s'est ici éloignée du son
des string bands auquel elle nous avait habitués, s'aventurant vers
le rock (Lookout) ou même le jazz (How The Water Walks), alors
que Simmon revêt des couleurs country par la magie du violon de
Stephanie Coleman. Rien n'est immédiatement accrocheur, mais
Gondolier révèle petit à petit ses richesses à qui sait prendre le
temps de se poser pour écouter vraiment. (SP)
Indépendant / http://www.kristinandreassen.com
THE PiNE HiLL PROJECT : Tomorrow You're Going
Lucy Kaplansky et Richard Shindell collaborent depuis longtemps, chacun étant invité sur quasiment tous les albums de l'autre.
Ils ont également enregistré ensemble, en
1998, avec Dar Williams, sous le nom de
Cry Cry Cry. Tomorrow You're Going est leur
premier disque en duo qui a bénéficié d'un
financement participatif enthousiaste. La
recette est la même que pour Cry Cry Cry,
essentiellement des reprises : Greg Brown, U2, Little Feat, Gillian
Welch, Dave Carter, David Halley sont notamment au programme.
Il y a aussi une paire de standards : Making Plans et I Know You
Rider. La production est confiée à Larry Campbell par ailleurs multiinstrumentiste. Tout les ingrédients sont là pour que cet album soit
une réussite mais je ne peux m'empêcher d'éprouver une légère
déception, sans doute parce que je m'attendais à autre chose eu
égard à la qualité des albums solo des deux partenaires. Il n'y a
rien à dire sur le plan vocal, mais c'est peut-être l'utilisation dominante, quoique sobre, de guitares électriques et une batterie mixée
trop en avant qui me gênent, à moins que ce ne soit l'absence de
compositions de Richard. Je ne ferai cependant pas la fine bouche.
Il y a de beaux moments comme Open Book (Elizabeth Ziman) et
Such Sweet Angels (Glenn Patscha). Farewell To St. Dolores (Dave
Carter) et Rain Just Falls (David Halley) restent de grandes compositions, interprétées de manière sensible, mais tout n'est pas du
même tonneau. (SP) Signature Sounds / http://www.thepinehillproject.com
DAN WEBER : What I'm Lookin' For
J'avais été impressionné par son 1er CD,
Ash And Bone, publié en 2012. Ce songwriter originaire de Rochester, NY, avait pas
mal roulé sa bosse avait de commencer à se
produire à 40 ans et de gagner rapidement
une certaine notoriété grâce à ses performances scéniques. Ce deuxième disque est
copieux (14 titres et 55') au livret épais avec
textes, présentation de chaque morceau
et beaucoup d'autres informations. En bref, il s'agit presque d'un
objet de luxe, à un prix abordable. Copieux pourrait signifier indigeste, mais cela n'est jamais le cas tant la qualité de l'ensemble est
constante. L'album commence par Oh Woody, où brille le banjo de
Tony Furtado, et ce titre est une indication sur les sources d'inspiration de Dan. Ramblin' Jack Elliott a d'ailleurs été un des premiers à
reconnaître son talent. Dan Weber cite aussi Ian Tyson, Chuck Pyle
ou David Olney parmi ses modèles et des compositions comme Do
You Ride Horses, Separate Ways (un titre à la tonalité différente
avec le piano de Jean-Pierre Garau) ou Pretty Good Tonight (bal-
DARRELL SCOTT : 10 Songs Of Ben Bullington
Je suis un admirateur inconditionnel de
Darrell Scott depuis des années et j’étais
curieux d’écouter ce CD de reprises un
peu particulières de Ben Bullington, médecin et songwriter que je ne connaissais
pas. Au moment où j’écris ces lignes, c’est
une énorme émotion qui s’empare de moi
car l’histoire de l'album est très particulière. Tout commence par la rencontre de
deux pères divorcés avec leurs enfants,
non loin du parc de Yellowstone. L’un est médecin et songwriter
à ses heures perdues, Ben Bullington et l’autre est Darrell Scott,
auteur-compositeur-interprète et multi-instrumentiste que tout lecteur assidu du Cri connaît depuis longtemps. Un an avant sa mort
et se sachant condamné (il était médecin), Ben Bullington réunit
quelques pointures de Nashville dont Rodney Crowell et c’est à
cette occasion que Darrell Scott découvre ses talents d’auteur.
Trois mois avant sa mort, Darrell envoie des chansons enregistrées
sur son iPhone à Ben afin qu’il puisse apprécier ses propres mots
chantés par un autre. Cet album est le témoignage de l’amitié profonde qui unissait Darrell et Ben. La magie ne pouvait qu’opérer
entre le talent de Scott et celui de Bullington. Il a été enregistré en
Louisiane, dans le studio de Dirk Powell, sans fioritures, avec un
accompagnement tout en retenue (guitare, piano ou banjo) et la
voix de Darrell Scott, en solo. L’émotion est au rendez-vous tout au
long des 10 chansons dont une enregistrée avec le public (Country
Music, I’m talking to you), un clin d’oeil humoristique à la “country
music” actuelle. Et non, ce disque n’est pas triste, il est juste le
testament musical d’un auteur talentueux, sans doute parti trop tôt
mais qui, grâce à Darrell connait dorénavant une exposition internationale et largement méritée. Indispensable à tout amoureux de
la musique américaine dans ce qu’elle a de plus magique. (PO)
lade country avec la pedal steel de Paul Brainard) montrent qu'il
porte bien le flambeau transmis par ces prestigieux songwriters. Et
puis il y a, en titre bonus, (I Deal With) Crazy All Day, son morceau
de bravoure sur scène, qui permet de comprendre le succès grandissant de l'artiste. What I'm Lookin' For est un moment d'americana, à la fois solide et inspiré, de la bien belle ouvrage. (SP)
Highway 142 Music / http://www.danwebermusic.com
MARTiN KAPLAN : The Dlow Down"
Il pose avec sa guitare au milieu d'une
bibliothèque et, quand il ne joue pas, cultive
des avocats bios et des mandarines. Il serait
néanmoins hâtif et regrettable d'en conclure
que ce songwriter californien n'est qu'un
intello bobo. Après avoir écumé scènes et
groupes divers pendant 25 ans, il vient de
réaliser son premier album solo dans une
veine country alternative. Pour se faire, il
s'est entouré de musiciens de studio de Los Angeles et le résultat
est séduisant, à la fois acoustique et apaisant sans jamais frôler la
niaiserie ou ce coté parfois apprêté que peuvent revêtir de telles entreprises. Slow down signifiant "ralentissement", vous aviez deviné
que la croissance à tout prix ne fait pas partie de son vocabulaire et
que les thèmes lorgnent plus du coté de l'écologie et de la sagesse
que des dollars et des grosses cylindrées. Il parle de ses parents
avec une belle partie de guitare électrique (Mom & Dad), de Paris
où elle l'a emmené et du fait que l'on peut vivre heureux avec juste
le nécessaire. A mettre sur l'étagère aux cotés d'un Ian Matthew
avec une voix grave ou d'un Tom McRae ensoleillée. Merci à Peter
Holmstedt (qui s'occupe de la promotion de nombreux musiciens
avec son label Hemifran) de nous faire découvrir cet artiste. (CL)
www.martinkaplanmusic.com
MATT LAX AND NEARLY BELOVED : This House Of Mine
Le quatuor est constitué de Matt Lax, le
leader chanteur qui écrit tout, et les trois
accompagnateurs qui répondent au nom
ironique des "presque chéris". Musique paisible avec guitare acoustique, mandoline,
banjo old-time et contrebasse. Ce 3ème CD
du groupe est abouti et il y a beaucoup de
finesse dans les arrangements de ces chansons majoritairement douces et propices
aux confidences, la voix de Matt se rapprochant de celle de James
Taylor. On entend le banjo sur My soul's intention, un invité à la
flute sur Astronauts and fisherman, une voix féminine soul sur It just
happens et des belles parties de guitare picking sur la plupart des
titres. (CL) www.nearlybeloved.com
Le Cri du Coyote n°145 page 48
DiSQU'AiRS
KiNG OF THE TRAMPS : Joyful Noise
Ce groupe de blues-rock peut vous faire
gagner un pari stupide mais toujours rigolo
consistant à faire croire à un ami musicologue qu'il s'agit d'une session entre Lynyrd
Skynyrd et Mick Jagger des Stones période
Exile. Vous pouvez perdre mais au moins,
vous avez une idée assez juste de l'énergie et du groove que diffuse ce quintet de
l'Iowa sur ce troisième CD ainsi que de la
voix du chanteur, évidemment. Le chant, deux guitares acérées
jouant par moment en twin solos ou en slide, un clavier et la section
rythmique basse + batterie de bon aloi pour permettre à l'ensemble
de swinguer dans la lignée des Allman brothers ou des plus récents
Achille's Wheels. Wheather ouvre l'album avec puissance, Wandering Kind est plus roots et se rapproche que l'hymne qu'on a envie
de faire partager (et hurler, selon l'humeur) et Joyful Noise termine
le job comme pouvait le faire Honky Tonk Woman ! Le fait qu'ils
décrivent leur musique comme du "Whiskey Gospel" est un indice
prometteur et non usurpé. (CL) www.kingofthetramps.com
ALL DAY SUCKER : Denim Days
Peu flatteur ce libellé de leur nom (Connard
à temps plein), mais on leur donne illico la
palme d'une indéniable capacité à l'autodérision. On précise pour le fan de Stevie
Wonder qu'il n'y a pas de rapport avec son
titre tiré du Songs In The Key Of Life. Bref,
ce quintet sort son 3ème et envoie un poprock réjouissant et mélodique. Ils ont écumé
la Californie, ce qui n'est pas illogique pour
des gars de L.A. Ils ont eu l'occasion de faire le boeuf avec les
Red Hot Chili Peppers et les Black Crowes et ce n'est sûrement
pas un hasard, pas plus que les premières parties assurées pour
Maroon 5. Leurs harmonies vocales visiblement léguées par les
Beach Boys (côte Ouest oblige) se mélangent avec savoir-faire à
quelques sons électroniques plus modernes et le résultat enthousiasmant séduira les fans de rock dansant aux mélodies positivement entêtantes. Leur idée de poser sur la pochette en apesanteur au-dessus d'une trampoline donne une clé qui donne envie de
pousser la porte… (CL) www.alldaysucker.net
THE WESTiES : West Side Stories
Si Michael McDermott (auteur compositeur leader et chanteur) a beaucoup écouté
Springsteen, ce n'est pas ce qui a rendu son
timbre de voix aussi prenant, ni ce qui lui
permet de dégager un tel magnétisme sur
ses chansons. Attention, cela ne veut pas
dire qu'on se noie dans les affres d'une
insondable tristesse, il se trouve juste que
sa musique réussi à véhiculer une émotion réelle et c'est l'essentiel. Le groupe qui l'entoure le fait avec
la compétence qu'il faut pour le mettre en valeur en restant dans
l'ombre, soit la définition parfaite du backing band. En plus de jouer
du violon, la deuxième voix de Heather Horton rappelle les harmonies d'Emmylou Harris sur Desire (Dylan pour les plus jeunes). Il
parle de trains, de perte et de regrets, d'espoir et de rédemption.
Il pourrait chanter l'annuaire de Buis-les-Baronnies que le résultat
resterait le même. Heureusement, il a des idées de chansons, ça lui
évitera de vraiment lire l'annuaire ! (CL) www.westiesmusic.com
ViCTOR &PENNY AND THEiR LOOSE CHANGE ORCHESTRA : Live
Basés autour du duo de Erin "Penny"
McGrane (voix & ukulele) et Jeff "Victor"
Frelin (voix & guitare), il y a Rick Willoughby
à la contrebasse pour ancrer la rythmique et
James Isaac à la clarinette virtuose. C'est le
classique de Cole Porter qui ouvre le CD,
You'd be so nice to come home to chanté
par Jeff sur un rythme frétillant suivi par Dirt
dishin' daisy où j'aime bien la manière languissante d'Erin de prononcer She says bla bla bla tandis que les
arabesques de clarinette remplissent l'espace de manière mesurée
tout en cédant la place au solo de guitare jazzy et à un joli break de
contrebasse. On a en tête les groupes de la mouvance du Hot Club
of Cowtown qui rapprochait swing et musique acoustique et on apprécie ici la touche apportée par la clarinette dans la palette sonore
RiCHiE FURAY : Hand in Hand
Le premier titre, We were the dreamers,
est à la fois une déclaration d'amour et la
quintessence de ce style de country-rock
créé au début des années 70. C'était à la
croisée des chemins entre l'explosion de
la pop-music, du rock'n roll et, sur cette
côte ouest d'il y a quarante ans, la fusion
avec la musique folk et le bluegrass dont
les précurseurs s'appelaient Buffalo Springfield, Poco, Flying Burrito Brothers auprès desquels on citera les
Eagles et le Grateful Dead pour donner deux noms connus du
grand public. Les titres de cet album auraient d'ailleurs pu sortir à
l'époque tellement ils portent la marque de fabrique et la vision des
arrangements de Richie. Deux composantes principales que l'on
ressent à l'écoute de cet album sont la nostalgie et l'indécrottable
foi en l'avenir de la part de ce jeune homme de 70 ans qui pousse
la coquetterie à mettre sur la pochette une photo de lui datant de
sa jeunesse avec une coupe de cheveux à la Byrd (ou à la Beatles,
c'est selon). "We were kids having fun, making rock'n roll music with
country guitars" est une bien belle confession de foi et une authentique réalité. Son timbre de voix et son inimitable style d'harmonies
vocales auraient toutes pu figurer sur Crazy Eyes à l'époque où,
juste avant de quitter Poco, il y faisait office de patriarche. C'est
étonnant sur Hand in hand et Don't tread on me, entre autres. On
découvre des notes de mandoline et de violon sur Wind of change,
des syncopes électriques sur Some day et un peu de romantisme et
de pedal-steel sur Love at first sight. Je mentionne les 3 reprises en
fin de CD : Kind woman avec deux invités de marque (Neil Young
et Kenny Loggins), une version live de A good feeling to know qui
apporte la confirmation qu'il est en pleine forme et une version bonus de Love at first sight avec Jesse Furay Lynch, sa plus jeune
fille. Merci Richie pour ce retour réussi qui ne sent pas le coup de
marketing mais qui force l'admiration ! (CL) www.richiefuray.com
de ces vieux airs repris avec le sourire. Saluons la performance
d'avoir tout enregistré live à Kansas City (Missouri), en songeant
à la pression à assumer pour ne pas en avoir les ailes coupées, le
petit bras et le trouillomètre au max. En témoignent l'aisance des
échanges de solos sur East St-Louis, les harmonies de l'inusable If
it ain't love, le rapide Indiscreet ou le magistral A smile will go a long
long way. Et en plus, il y a les cris du public ! (CL) victorandpenny.com
CALEXiCO : Edge Of The Sun
La polémique de savoir si ce sont eux ou
pas qui ont lancé le terme d'Americana me
laisse de marbre mais là n'est pas le sujet.
Découvrons le neuvième CD que ce groupe
mythique de Tulsa vient de sortir depuis
1990. Une de leurs constantes est bien de
réussir à faire le grand écart entre musique
californienne et mexicaine, entre pop-rock
électrique et instrumentaux du Rio Grande
incluant accordéon et trompettes mariachis. C'est le cas sur ou
Cumbia de donde ou l'instrumental Coyoacan. Suivent Miles from
the sea qui mêle cuivres, nappes de violons, de steel et de chœurs,
When angels played, belle balade proche de la country, Beneath
the city of dreams qui se la joue ska tandis que Moon never rises
a un rythme reggae et une voix féminine à la Vanessa Paradis.
Ma préférée pourrait bien être World undone pour son groove Maison Tellier et sa voix sépulcrale ou Woodshed waltz et sa lead à la
Crowded House ou encore Falling from the sky qui évoque l'esprit
de R.E.M. C'est une gageure de chroniquer un tel groupe qui, avec
autant d'influences et de sonorités, réussit malgré tout à garder une
cohérence. Cet album est comme un bon vin, il faut le découvrir en
prenant son temps. (CL) www.casadecalexico.com
PAUL MAC BONViN : Brothers
Mes biens chers frères, pas de BoogieWoogie ici, mais la tentation de s’aventurer
sur les terres du blues et de la country par
le biais du Français. Une fois n’est pas coutume : exit le patois ! Sept titres sur onze
composés par Paul rendent hommage à
son éternelle fiancée, au frère disparu, aux
anciens et à tous ceux qui -comme Théo- se
battent pour survivre. C’est du Paul Mac fait
maison... Quand il n’est pas sur la route toute la sainte journée, il
aime prendre de la hauteur en "montant au Mayen", ce chalet où
seuls la famille et les vrais amis sont les bienvenus. De là-haut, il
confie ses états d’âme à sa guitare et fredonne en français selon
l’inspiration, avec le Valais de cœur comme atout. Mais le clan Mac
Le Cri du Coyote n°145 page 49
DiSQU'AiRS
Bonvin n’est jamais loin: ce 13ème CD en est la
preuve. Le livret permet de feuilleter en musique
l’album-photos d’une famille "née dans la montagne" et fière de son identité. Dans le disque,
Serge et Peter Lee, les vrais frères, sont en première ligne, entourant le chanteur. D’autres frangins, les Everly Brothers ne sont pas oubliés, et
l’ami Albert Lee est devenu au fil du temps un
vrai frère d’armes. Quant à Bjorn Zengaffinen,
le plus rock "des instituteurs haut-valaisan" c’est
un frère d’adoption doublé d’un guitariste redoutable. Les enfants de Paul participent de plus en
plus à la fête : la guitare de Nelson se mêle sans
complexe aux chorus des grands, et la voix de
Priscilla s’affirme de plus en plus, en solo et en
duos. Elle deviendra indispensable sur les prochains CD. Ecoutez Dimming Of The Day ou
Amazing Grace : vous serez sous le charme. Ce
disque marque peut-être un tournant, mais ne
croyez pas que s’en est fini du bon vieux rock ’n’
roll ! Jerry Lee n’est jamais bien loin et certains
standards de la Country ne demandent qu’à être
malmenés et enflammés sur les scènes européennes. En attendant je vous recommande la
cuvée Brothers 2015 : sa pochette originale est
délicieusement rétro. Le contenu, du Bonvin pur
jus, ne déçoit pas et dévoile un Paul Mac adulte
qui a gardé ce regard d’enfant émerveillé découvrant ses cadeaux au pied du sapin. (AF)
PMB 10011 (En concert le 8 août à Berck-Plage)
JAMES BURTON, ALBERT LEE, AMOS GARRETT
& DAViD WiLCOX : Guitar Heroes
Avec ce concert enregistré le 13 juillet 2013
sur l'ile de Vancouver
(Canada), le MusicFest a
joué les "Mousquetaires
gagnants" avec quatre
très grands guitaristes,
soutenus par Jon Greathouse (key et vo sur Susie Q) Will MacGregor (bss) et Jason Harrison
Smith (drm, h-vo). Albert et David se partagent
les voix (trois titres chacun) mais l'essentiel que
l'on attend est évidemment le jeu des Telecaster,
avec le plaisir des solos (identifiés sur le livret)
dans un petit paradis du rock 'n' roll au répertoire sans risque : That's Alright (Mama), Susie
Q, Sleep Walk, Flip Fllip And Fly, Polk Salad
Annie, avec en final le classique des standards,
Country Boy d'Albert Lee qui n'en finit pas de
trouver les moyens de nourrir encore notre attente par quelques licks de derrière le manche
dont il a le secret. Le jeu d'ensemble est plaisant car il évite les batailles d'égo, ainsi que les
arrangements, le son est gardé en "direct live"
et chacun pourra apprécier ses préférences au
détour de chacun des onze titres de ce plaisant
album au goût rock 'n' roll, blues, country. (JB)
DixieFrog, Dist. Harmonia Mundi
Faute de place, sont reportés : CASEY WESTON : Young Heart, KAURNA CRONiN : Glass
Fool, JOHANNA BÖRiESON : Bara är, GREAT
DiCTATORS : Killers, DC BLOOM : The Rest Is Commentary
PLATiNE
PLUS
Country Citation
"Très vite s’installa entre eux une forte connivence, à tel point que lorqu’elle lui suggéra de se
faire pousser les rouflaquettes comme Waylon
Jennings, rugueux chanteur texan qu’elle idôlatrait,
David s’exécuta docilement. Ce petit jeu abusa le
soupirant jusqu’au soir où, après une séance d’escalade particulièrement tonique, il crut pouvoir la
serrer de près et l’embrasser." Bruno Gallet,
L’Aigle de Bonelli, Ed. Anne Carrière, 2015, p156
RED MOON ROAD : Red Moon Road
Deux hommes, une
femme, comme dans
Jules et Jim. Je dis ça
à cause du festival de
Cannes qui vient de se
terminer mais il n'empêche qu'ils sont deux
à jouer guitare, mandoline et banjo tandis que
la dame chante. Ce trio
acoustique, canadien et pétillant, présente 10
compositions magnifiquement interprétées. Les
arrangements sont inventifs et des amis sont
venus pour l'occasion : basse, batterie discrète,
violon, pedal-steel sur un titre, piano sur un
autre et l'on retrouve au banjo old-time Allison
Degroot du groupe Oh Darling vue récemment
à La Roche-sur-Foron ! Les chœurs se croisent,
les rythmiques se répondent. Sur Liesel Friedel,
le morceau commence en picking, s'interrompt
sur un gimmick de percussions, pour reprendre
avec les pizz du violon et les voix qui font "pam
pam pam", tout en souplesse, en élégance et,
qui plus est, disponible à l'écoute sur leur site
! Si la voix de Sheena a parfois des intonations
de Joni Mitchell, ses comparses ne sont pas en
reste et Lingering donne une idée assez exacte
de leur complémentarité vocale. Why he left the
ocean raconte une histoire de marin, Qu'allonsnous faire narre, dans un français assez original,
les mésaventures d'un berger et tout le monde
chante sur le refrain, moi y compris ! Ces derniers temps, on avait eu dans la même famille le
dernier Eastwick et 100 Mile House. On comptera maintenant avec Red Moon Road qui vient
de terminer une tournée européenne traversant
Allemagne, Grande-Bretagne, Pays-Bas et
France (Lille, Paris et Bordeaux). Boouuh, je les
ai loupés, c'est trop injuste ! (CL)
www.redmoonroad.com
DVD
JiMi ALL iS BY MY SiDE
John Ridley
Pas facile de regarder ce DVD
sans penser : "impossible de
faire revivre Jimi Hendrix, surtout sans sa musique" puisque
le réalisateur n’a pas eu les
droits. D’autant qu’il ne s’agit
pas d’une biographie, mais
d’un argument ténu "basé sur
une histoire vraie" : quelques
mois, soit le passage de New
York à Londres, grâce à Chas
Chandler (bassiste des Animals) et la confirmation
du talent exceptionnel avant le retour vers la gloire
et Monterey. L’acteur André Benjamin (un chanteur
de Rap que je connaissais pas) est excellent dans
les poses et le phrasé, si l’on en croit les témoins
d’époque, et donc vrai pour qui n’a pas connu Jimi.
Evidemment, à la guitare, c’est autre chose, mais
que pouvait-on attendre sinon une simulation ?
Même frustration, quand le bavardage l’emporte
sur ce qu’on aimerait revivre : la musique. Il n’empêche que la bande son est riche (T-Bone Walker,
Buddy Guy, Otis Rush, James Brown, Terry Riley,
Animals, Pentangle, Yardbirds, Small Faces, Stevie Winwood). Les images sont dans l’ambiance du
moment, avec les personnages souvent crédibles
(Linda Keith bien jouée par Imogen Poots) les drogues, les vêtements et décors, et quelques scènes
spectaculaires aux allures de reportage recomposé qui fait vraisemblable : la réaction de Clapton ou
la fin du film sur Sgt Pepper’s Lonely Heart Club
Band. Le trio de base musical est évidemment bon
car Waddy Watchel (guitare), Leland Sklar (basse)
et Kenny Aronov (batterie) ont du métier. Reste
que c’est un petit film récréatif dont on ne saisit pas
bien l’intérêt, ni pour les nostalgiques des 60’s, ni
surtout pour les amateurs de Jimi Hendrix. (JB)
Pas de sortie prévue : DVD chez Universal
Le Cri du Coyote n°145 page 50
NEWS
Coyote Report
NiVEAU QU’A BU L’AiR
Une étude de 225 chansons en
tête des ventes aux US depuis
10 ans révèle un niveau lexical
moyen de CE2. La country a
les paroles les plus avancées
(!?). Meilleur score : All About
Tonight de Blake Shelton (!?)
Nécro : Ben FREED
(59 ans) Ophtalmologiste et
banjoïste (cf la BO de Raising
Arizona des frères Cohen)
gérant du site banjoben.com, et
auteur de plusieurs CD dont le
récent American Idle (2011)
NO SHOW JONES
Alan Wenkus prépare un film
sur George Jones, (époque
1950-70 : succès, alcool,
mariage avec Tammy Wynette,
etc.), avec sa veuve Nancy qui
l’a "sauvé de ses démons"
RAGiN’ LiVE DVD
Rhonda Vincent a enregistré un
concert pour un DVD avec son
groupe qui totalise un nombre
impressionnant de récompenses : Josh Williams (gtr)
Hunter Berry (fdl) Aaron McDaris (bjo) Mickey Harris (bss)
Nécro : Luther MAYER
"Captain Luke", chanteur de
blues et folk enregistré par la
Music Maker Relief Foundation,
il a connu une gloire tardive et
tourné (jusqu’en France) avec
l’authenticité musicale rurale de
l’enfant des 30’s du Sud
TALENT ADAMi JAZZ 2015
L’Adami et Jean-Jacques Milteau (président) ont distingué
Laurent Coulondre Trio et Stéphane Kerecki. A voir cet été:
Paris Jazz Festival (Coulondre
26-07) Jazz à Vienne (Kerecki
3-07, Coulondre 8-07) Jazz
in Marciac (Coulondre 30-07,
Kerecki 4-08)
LE ROi EST MORT MAiS…
Karen et Patty, filles de B.B.
King demandent une autopsie,
soupçonnant l'ancien manager
Laverne Toney et l'ex-assistant
personnel Myron Johnson de
l’avoir empoisonné ! De beaux
jours pour les avocats US...
BLUEGRASS NEERLANDAiS
Marieke Odekerken et Loes
van Schaijk publient High Lonesome Below Sea Level 60 portraits et histoires de musiciens.
http://www.bluegrassportraits.nl
Nécro : Jon HENSLEY (31 ans)
Manager qui a relancé la
carrière de Wanda Jackson
en 2001, travaillé avec Justin
Townes Earle, Th’ Legendary
Shack Shakers, Gary Bennett
(BR549) et Shooter Jennings
dont il gérait aussi le label BCR
AVENUE JiMi HENDRiX
Inaugurée le 2 juillet à Passa
(Pyrénées-Orientales) en
présence de Janie Hendrix, sa
sœur adoptive ©
SCALPEL DE COYOTE
Serge
MOULiS
Quel drôle de trimestre depuis le Cri 144 ! Jamais encore je n'avais été aussi indécis à l'écoute d'une grande partie
des albums reçus, et cette chronique s'en ressent. Je vais me replonger dans l'écoute de nombreux nouveaux opus
non chroniqués pour en extraire la substantifique moelle et ne rien laisser passer.
NOUVEAUTÉS
LiTTLE BOB BLUES BASTARDS : Howlin’
Après sa participation fulgurante dans
son propre rôle au film d'Haki Kaurismäki
Le Havre (2011) avec la même année un
best of (Cri du Coeur n°127) Wild & Deep
suivi d'un bien bel album en 2012 Break
Down The Walls (Cri du Coeur n°131),
Little Bob continue son très beau parcours avec les Blues Bastards dans une
lumière toujours pleine de douceurs, mêlées d'une tendre humanité, l'obligeant
à une certaine colère pouvant flirter parfois avec la rage, et souvent avec un rire
contagieux.
A 70 printemps, notre rocker havrais propose dix compositions nouvelles et deux
reprises convoquant Captain Beefheart
et Billie Holiday pour un voyage à fleur
de peau pendant lequel ce grand braillard
nous prouve encore une fois qu'avec le
temps il se rapproche au plus
près des racines pour s'y frotter jusqu'à se mettre en danger pour ne donner que la
vérité : il joue non pas pour le
diable mais pour des humains.
Bob (vo) est accompagné
par d'instrumentistes de haut
vol : Bertrand Couloume (bss),
Gilles Mallet gtr), Mickey Blow (hmna) et
Jérémie Piazza (drm, perc). Rappelant
d'abord que We Are The Blues Bastards
Bob revient au source Apaches puis
aborde divers thèmes qui ont fait les
beaux jours du blues et du rock'n'roll, la
pauvreté et la solitude Sleepin' In A Car,
les mensonges des puissants Only Liars,
l'immigration You Better Run. La vie du
commun des mortels n'est que cri I'm
Howlin' et celui de Bob est transcendé en
STEVE HiLL : Solo Recordings : vol 1 – 1 ½ - 2
Quinze ans après la parution de son premier album, le Canadien Steve Hill (guitare,
vocal et percussions) s'est lancé dans une
aventure un peu à part : retrouver les racines blues des opus qu'il a déjà enregistrés et qui passait par le rock lourd et dur
ou l'électro. Il s'y montre à nu, tantôt fragile
tantôt fort, et si l'enregistrement de ces trois
galettes -12, 4 et 11 titres- s'étale sur deux pleines années, il
en ressort une grande unité qui accorde aux diverses facettes
de sa personnalité une très grande place. Hyper-récompensé
au Québec (encore cinq trophées en début d'année), il mérite
d'être écouté et reconnu pour son originalité, sa puissance
d'écriture et sa sincérité, ainsi que pour la force de son implication dans ce projet. Présent de A à Z, sur scène comme en
studio, il a joliment relancé sa carrière, son précédent Whiplash
Love (2011) n'ayant pas obtenu le succès espéré. L'expérience
est tellement concluante pour lui et les prestations live toujours
très acclamées, Steve envisage la sortie d'un n°3 à l'automne
2015. Pourquoi fermer un robinet quand le jus qui en sort est
par évidence très nutritif... ? (No Label Records-
SCALPEL PLUS
SPiDS NOGENHAT : Kommer Met Fred
Partie d'une histoire de
street folk music à Copenhague dans la 1ère
décennie du XXIème
siècle, l'aventure de ce
groupe danois évolue
depuis quelques années
et ses prestations scéniques sont appréciées dans ce pays nordique. Ce CD -très
inspiré par certaines musiques des 70'sgarde en fond le souvenir de ses origines
par la pureté qui illumine ses huit titres. Si
l'écoute démontre que le style n'est pas
celui de la musique habituelle de notre
fanzine bien-aimé, n'hésitez pas à cliquer
sur http://www.badafro.dk et à vous faire
votre opinion. (Bad Afro Records)
une musique puissante Dirty
Mad Asshole, Can't You Hear
Me. Mais la vie n'est heureusement pas que dureté, il y a
des moments délicieux à saisir Kissed By Lightning. Bob
nous laissant sur un titre à la
fois ancré dans les moments
heureux du passé et fusant
dans un avenir plein d'espoir My Heart
Keeps Beating, hommage appuyé à sa
Mimie. La reprise Zig Zag Wonderer est
batardisée en un rock hyperénergique et
The Blues Are Brewin' durcit le jazz-blues
de Louis Armstrong qui accompagnait la
douceur de Lady Day en son temps.
Bob manie l'anglais à sa façon, nous
plongeant dans un reality show époustouflant et plein d'émotion. Tout simplement humain. Exceptionnel. (DixieFrog)
RAPHAEL WRESSNiG : Soul Gumbo
Organiste (Hammond B3) reconnu et primé à de nombreuses reprises depuis le début de ce millénaire, le virtuose autrichien
Raphael est bien connu des milieux jazzy,
funky et bluesy planétaires. Autour des sonorités vécues à New Orleans l'an dernier,
il propose un album très fort avec l'appui de
musiciens exceptionnels Alex Schultz (gtr),
Craig Handy, Jimy Carpenter, Max The Sax, Harry Sokal ou Sax
Gordon (sax) avec quelques cuivres ajoutés, George Porter Jr
(bss), Stanton Moore (drm) et des vocalistes efficaces Tad Robinson, Walter Wolfman Whashington, Jon Cleary ou Larry Garner. Que ce soit dans les compositions de Wressnig lui-même
Soulful Strut, Mustard Green, Slivovitz For Joe, Souls Jazz
Shuffle, dans des titres de ses guest-artists I Want To Know,
Sometimes I Wonder ou Nobody Special, comme dans des reprises de Teddy Royal Chasing Rainbows ou de Lowell Fulson
et Billy Vera Room With A View, nous sommes convoqués à une
grande fête qui mélange les genres avec une énergie rare mais
pas pour autant trop enivrante, juste avec le swing nécessaire
qui nous force à bouger pour notre plus grand bien. (ZyxMusic)
GUY VERLiNDE : Better Days Ahead
Les lecteurs du Cri du Coyote connaissent bien Lightnin' Guy
dont les Plays Hound Dog Taylor, Blood For Kali, ou Inhale
My World ont été de grandes découvertes des cinq dernières
années. En 2014, l'album Oorlogs Stemmen, enregistrement
d'un concert en souvenir de la Grande Guerre et des atrocités de 1914-1918, a marqué le chemin de ce musicien d'une
croix blanche. Il revient cette année sous son patronyme originel avec un album qui fera date. Avec Luc Alexander (gtr),
Wladimir Geels (bss), et Frederik Van den Berghe (drm, perc),
Patrick Cuyvers (org), Gert Jacobs (kbd) et Steven Trock (hrp) Guy (vo, gtr) nous
emmène dans le monde qu'il a composé pour nous, et qui ressemble comme un
jumeau à celui qui nous entoure. Il nous le présente dans toute sa dureté, dans toute
son humanité Wild Nights, avec rudesse Into The Light ou douceur Sacred Ground,
compassion Learnin' How To Love You ou colère, d'un ton joyeux Heaven Inside My
head ou Feel Alive dans un opus d'une force rarement aussi explosive. Incontournable du monde blues européen, d'une honnêteté sensible sur scène comme en studio, la prestation de Guy Verlinde nous paraît dans cet album d'une intensité tripale.
Probablement son meilleur album, le plus personnel... ce qu'il a fait auparavant étant
déjà de très grandes réussites. (DixieFrog)
Le Cri du Coyote n°145 page 51
DE NOiX
CAJUN
Bernard
BOYAT
Les CD Valcour suivants étant vraiment
superbes, ils auraient mérité un Cri du
Cœur s’ils avaient figuré dans des numéros séparés. On décerne donc un Cri du
Cœur collectif à la marque de Joel Savoy
qui, en plus, maîtrise le français mieux
que certaines marques hexagonales.
PiNE LEAF BOYS : Danser Valcour 002
C’est leur cinquième
album depuis le premier
sur
Arhoolie
(2006). Il y a eu des
changements dans la
composition, qui est
actuellement : Wilson
Savoy (ac, vo, clav), Courtney Granger (vln, vo), Jon Bertrand (gtr), Tomas
David (bs), Drew Simon (bat, vo). Le
fait d'être sur Valcour est une garantie
que leur cajun reste bien traditionnelle,
avec une majorité de titres chantés en
français, même si certains, comme deux
des reprises de Belton Richard (You cant
take my wife, Mother's bouquet) ont des
titres anglais. Valses, deux-pas, autres
morceaux enlevés passent comme des
lettres à la poste, avec une excellente
reprise de What am I living for (Chuck
Willis) proche du swamp pop. Puissentils persévérer dans cette voie.
BOOZOO CHAViS & HiS MAGiC SOUNDS :
Festival Stage 1989 Valcour ss N°
Ce CD de Boozoo,
qui nous a quittés en
mai 2001, s’ajoute à
la quinzaine déjà édités de ce chanteur/
accordéoniste zydéco.
Il a été enregistré le 17
septembre 1989 au festival acadien et
créole de Lafayette. A l'époque le zydéco
était encore souvent chanté en français
et n’était pas pollué par le rap ou le funk.
Boozoo reprend une partie de ses titres
les plus célèbres, dont Paper in my shoe
et Bye bye catin (1954, Folkstar), plus
des reprises de Clifton Chenier (Louisiana blues, Driftin' blues), Cleveland
Crochet (Sugar bee) et Bob Wills (Stay
all night). Son style était toujours aussi
énergique, même sur les valses.
Le
du Coyote
ANCiENS NUMÉROS DiSPONiBLES
128- Christian SÉGURET
Johnny Bond, Link Davis, Katia Perrin
Joni Harms, Johnny Lee Wills
129- Ronnie BOWMAN
Bearfoot, Gerry Griffin, Bob Wills
Tex Ritter, Coyote Européen
130- THE SONS OF NAVARONE
Johnny Cash, Country Rendez-Vous
131- Brad PAiSLEY,
King, Johan Asherton, Bob Wills, Irish
NiCO DUPORTAL AND HiS RHYTHM DUDES : Guitar Player
Nico Duportal et son groupe sont maintenant sur la marque allemande Rhythm Bomb. Si vous avez aimé l'album Real Rockin Papa
paru sur Crazy Times, vous savez à quoi vous attendre : beaucoup
de compositions, excellentes, du rockin' rhythm & blues et du jump
blues. Ce dernier opus est, certainement, le plus néo-orléanais de
leur production à ce jour, avec Polish woman, Oh baby (Johnny
Guitar Watson), She knows how, Guitar player, Oh oh (Paul Gayten) et Much later. Le reste est vraiment bon, lui aussi, le tout avec un jeu de guitare
à l'ancienne de Nico, le saxo baryton de Alex Berten et le piano d'Olivier Cantrelle.
Que du bonheur et rappelons qu’ils sont Français. Rhythm Bomb 5800
BONSOiR CATiN : Light The Stars
Super groupe cadien,
par sa composition,
presqu’entièrement
féminin, qui effectua
ses débuts en studio
en 2006 mais ce n’est
que son 3ème CD. Il
faut donc en profiter pleinement, ne sachant quand viendra le suivant. Depuis
le précédent, Christine Balfa Powell (gtr,
vo), Kristi Guillory (ac, vo), Yvette Landry
(bs, vo), Anya Schoenegge Burgess (vln,
vo) sont toujours là, rejointes par Maegan
Berard (gtr élec, vo), Danny Devillier (bat,
ti-fer, vibraphone). Si le fond musical est
indubitablement cajun (les valses Un seul
regret, Personne que toi, les instrumentaux), elles y glissent d’autres ingrédients,
à savoir un peu de musique celtique, de
blues (Baby, please dont go), de variété,
de rock' n' roll (Tu parles de trop), voire
même de swamp pop (superbe Jours si
longs). A savourer sans modération.
KRiSTi GUiLLORY & ANYA BURGESS :
Kristi Guillory & Anya Burgess
Vous avez noté leur
présence dans Bonsoir
Catin. Comme on peut
considérer ce groupe
comme faisant de la
cajun
progressiste,
Kristi, qui a sorti deux
superbes albums dans les années 1990,
et Anya, qui est aussi luthière, aiment se
retrouver pour partager leur amour commun de la cajun des années 1920 et 1930.
Et, rien qu’à elles deux, elles dégagent
une belle énergie ou de fortes émotions
au fil des titres chantés ou instrumentaux,
enlevés, ou des valses, y apportant leur
écot en recyclant une partie de Cherokee
waltz au début de Valse de Pointe Noire,
ou avec une forme antérieure de Bosco
stomp (Quelqu'un qu'est jaloux). J’ai particulièrement goûté Valse des pins, Valse
Steel Guitar Festival, Hank Williams
132- QUELQUES ENFERS DE LA
COUNTRY MUSiC DES 60'S
GRT, T.D. Jonsson, Marc Thomasset
King Records, Bob Wills
133- SANSEVERiNO
Marty Robbins, The Driving Bells
The Bar X Cowboys, Mike Auldridge
Syd Nathan & King Records (3)
134- COUNTRY MUSiC
ALCOOL & JUKE BOXES
Maurice Mattei, W.Lee O'Daniel
Charlieux, Ian Kent, Rockin' Gone Party
135- D. ADAMS & J. ELLiOTT
Frank Solivan & Dirty Kitchen
de soleil couché, Hack à Moreau, quasiment a cappela, avec violon en contrepoint, et la ballade Un matin de mai, avec
juste une guitare acoustique.
DOUG KERSHAW & STEVE RiLEY :
Face To Face Valcour ss N°
Quelle bonne idée ont
eue ces deux-là de se
retrouver pour enregistrer en duo. C’est, sans
conteste, l’album le
plus cajun de la longue
discographie de Doug,
celui sur lequel se trouvent le plus de
morceaux chantés en cadien et le plus
traditionnel. Le duo revisite divers classiques cajun ré-arrangés, avec une reprise de l’incontournable Louisiana man
de Doug. Mes préférés sont le marrant
Saute crapaud et Midnight waltz. Quand
je pense que Doug est le premier artiste
cajun que j'ai vu à la TV française il y a
lurette, cela me fait tout drôle de le revoir
en pleine forme après des lustres.
CAJUN COUNTRY REViVAL :
Greetings From Louisiana Valcour ss N°
Jesse Legé a enregistré déjà plusieurs
CD, dont certains avec
Joel Savoy, qui ne se
contente pas de diriger
sa marque. Un beau
jour, ils sont tombés
sur le Foghorn Stringband et l’ont apprécié au point de réunir leurs talents au sein
du Cajun Country Revival. Cette nouvelle
mouture du groupe est un quatuor : Joel
Savoy, Jesse Legé (acc), Sammy Lind
et Nadine Landry. Ils nous proposent un
mélange de cajun traditionnelle et de ballades country, avec Nadine au vocal, mes
deux morceaux préférés du lot, A man I
hardly know, seul titre chanté en anglais,
et Le temps après finir, qui démontre
qu’on peut faire de la très bonne country,
non nashvillienne, en français.
Thomas Hine, GRT
136- ECHOS DE FESTiVAL
Long Chris, JJ Cale, Tommy Collins
137-138- QUAND LA COUNTRY
MUSiC S'EN VA T'EN GUERRE
Chess Country, Brian Lopez, Gene Wooten
Tommy Collins, Echos de Festivals
139-140- WAYLON & WiLLiE
Mike Aiken, Erik Sitbon, R.Q. Jones
Jimmer, GRT, Crystal Springs, Phil Everly,
Jack Treese, Long Chris, Country Rock
141- BLUE HiGHWAY
Hank Penny, Bobbe Seymour, Delaney
Davidson, GRT, CD Dobro, Lubbock
142- PASSiON BLUEGRASS
Le Cri du Coyote n°145 page 52
La Roche Bluegrass, Craponne, Sid Griffin,
Paul Franklin, Hank Williams, Bruce
Daigrepont, Capos & Dobro, Part Records
143- GENE AUTRY
Terry L. Hale, Emmanuel Marin, Everlys,
Festival d'Evreux, Irene Kelley, Bill
Wyman, Johnny Winter, Steel Guitar,
Méthodes de Glisse, Bob Wills, Roy
Orbison, Winter FBMA
144- DU SEXE DANS LA COUNTRY
Ryan Bingham, Roger Lyoabard,
Naïm Amor, Tennessee Ramblers, Hank
Williams en Europe,, Derroll Adams, Bob
Wills,, Débuter la Pedal Steel, Patuxent
Records, Stevie Ray Vaughan, Joe Cocker
Yves
BONGARÇON
B.B. KiNG
Monarchy In The Us
Près de 50 ans de carrière, une guitare légendaire -Lucille- le goût du crossover chevillé au corps,
des choix toujours exemplaires, B.B. le dernier des trois KING encore en activité est bien plus
qu'un grand bluesman : il est le trait d'union entre au moins quatre générations de musiciens.
Patriarche, comme un fondateur de dynastie, mais aussi homme courtois, affable et généreux
qui a toujours su faire don de sa musique au public.
Au moment où sort Blues Summit, qui réunit pour l’occasion ses plus proches vassaux
(Buddy Guy, Robert Cray, Albert Collins), le Roi se penche sur son passé. Interview.
formation de votre personnalité musicale ?
Elle a été fondamentale, je pense. Nous étions des gens très
religieux, nous croyions très fort en Dieu -j'y crois toujourscomme la cause supérieure qui a
tout créé et qui a donné à l'homme
la faculté de chanter ; nous pensions donc que Dieu était dans
toute chose, y compris dans nos
chants et notre musique. La musique faisait partie intégrante de
nos vies, de nos attitudes. Notre
personnalité morale se développait en même temps que notre personnalité musicale, il n'y avait pas
de séparation. J'ai toujours appris
à respecter les gens, à les aimer, à
ne point les haïr, à ne pas les blesser, et j'ai toujours cette ligne de
conduite aujourd'hui. Et, lorsque
je repense à la ségrégation, au
racisme, je hais ces comportements mais je ne hais pas les gens
qui s'y sont adonné... De même
lorsque que je donne un concert,
je ne cherche pas juste à faire mon
travail, mais à donner le meilleur
de moi-même et de la joie aux
gens venus m’écouter. J'applique
l'enseignement de Dieu et c'est le
Gospel qui m'a appris cela.
Quand avez-vous pris conscience que vous seriez
un musicien professionnel ?
Je crois sincèrement que je n'en ai pas encore bien pris
conscience aujourd'hui! (rires) J'ai fait beaucoup de boulots différents dans ma vie. Certains m'ont beaucoup plu, d’autres pas
du tout. Dans certains j'étais assez doué, dans d'autres pas.
Mais je suis franchement incapable de dire aujourd'hui si la musique était réellement ma voie. Ce que je veux dire n'est pas de
la provocation ou de la modestie mal placée, c'est simplement
l’interrogation d'un homme d'âge mûr. Ce que j’affirme, en tout
cas, c'est que j'ai fait le choix de la musique consciemment.
J'avais dix-huit ans, c'était en 1943 en pleine guerre mondiale,
j'ai fait mon service comme tout jeune de mon âge à l'époque
et lorsque j'en suis revenu, je savais que je voulais faire de la
musique. Cette époque a été un tournant,
c'est certain.
Et la première fois que vous avez
gagné de l'argent avec la musique ?
J'ai joué très longtemps pour rien ! (rires)
Ou alors pour un repas ou un pourboire.
Et il a fallu pas mal de temps pour que je
commence à gagner un peu d’argent avec
la musique et encore plus de temps pour
que j'arrive à en vivre décemment et je je
puisse laisser tomber les jobs à côté !
Vos première influences revendiquées
ont été Lonnie Johnson et Blind
Lemon Jefferson, mais comment avezvous découvert Charlie Christian et
Django Reinhardt ?
A la fin de la guerre, un de mes amis
guitaristes est revenu de France, après
B.B. King avec son groupe devant le Tour-Bus (Big Red) son service militaire, avec des enregistresur Beale Street à Memphis (1951) ments 78 tours du Quintette du Hot Club
Quels souvenirs gardez-vous aujourd'hui du Sud des
années 30 et 40?
Des sensations peut-être plus que des souvenirs... Les souvenirs proprement dits peuvent tenir
en quatre ou cinq mots : bonne
musique, grandes plantations,
gens charmants, ségrégation !
Cette ségrégation, vous la
ressentez comme un fait
historique déjà lointain ou
comme un souvenir personnel
toujours douloureux ?
A vrai dire, ni I'un ni l'autre. Je
la ressentais à l'époque comme
je la ressens toujours aujourd'hui,
comme une terrible injustice. Tu es
Noir donc tu n'as pas le droit d'utiliser tel bus, d'aller dans tel bar ou
tel hôtel. C'est ça la ségrégation,
l'absence de droits égaux pour une
catégorie de gens. Tu n'envisages
pas cela comme quelque chose de
douloureux, juste quelque chose
qui ne devrait pas exister et donc
qui doit changer.
Vous souvenez-vous de la
première musique que vous
avez entendue ?
Gosh ! Comment peut-on ?
Tu t'en souviens toi ?
Je pense que oui, à la télé, probablement...
A la télé ! Mon Dieu ! Rien avant ? Tu ne te souviens même
pas de ta maman te chantant des choses ou des membres de ta
famille qui dansaient et chantaient ? Comment est-ce possible?
Chez moi, aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, je me
rappelle ma mère et ma famille chantant et dansant. C'était si
courant, si habituel que je ne suis pas en mesure préciser la
toute première fois que j'ai entendu de la musique... Je peux
dire que je suis né dedans ! (rires) Enfin, je te parle d’un temps
où il n'y avait ni radio, ni juke-box et encore moins de télé ! Ce
dont je me souviens bien en revanche, c'est de la première fois
où j'ai vraiment participé : c'était à l'église où j'avais accompagné ma mère. On s'était entraîné à la maison avant !
Quelle est I'importance de la tradition Gospel dans la
Le Cri du Coyote n°145 page 53
de France, qu’il était allé écouter- avec Django Reinhardt à la cien. Et puis, j'ai toujours été sensible à la country music. Cela
guitare. Et dès que je l'ai entendu, je suis totalement et défi- provient certainement du fait que, lorsque j'ai voulu perfectionnitivement tombé amoureux de son style et de ses composi- ner mon solfège, le livre que j'ai acheté à l'époque contenait
tions. C'était si brillant et si novateur, comment rester de marbre beaucoup d'exercices sur des standards country & western. Je
lorsqu'on est guitariste et qu'on entend Django pour la première les ai donc appris et répétés pendant des mois. Et le goût de
fois ? impossible ! Dans le même temps j’écoutais énormément cette musique m'est venu peu à peu.
de grands ensembles, dont celui de Benny Goodman et j'ai tout
Vous avez des artistes favoris dans ce style?
de suite repéré que le guitariste, Charlie Christian, était une
Aucun, je les aime tous ! (rires)
personnalité exceptionnelle, au jeu extrêmement séduisant.
Réponse un peu trop diplomatique ! (rires)
Tu sais, à côté du blues le plus traditionnel, j’ai toujours aimé
J'ai l'habitude des interviews ! (rires)
le jazz, au travers de Louis Armstrong, Count Basie ou Duke
Quelques noms tout de même?
Ellington, il n’y avait donc rien de
J'ai enregistré avec beaucoup de
surprenant à ce que je tombe un jour
gens. J'ai beaucoup apprécié le trasur Charlie Christian.
vail que j'ai fait avec le grand chanA la fin de la guerre, vous allez à
teur George Jones, et aussi avec
Memphis. Aviez-vous déjà ce son,
Randy Travis et Barbara Mandrell
cette "BB Touch" ?
notamment. Mais la country music
Non, bien sûr que non ! Je contine représente qu'un aspect de mes
nuais à développer mon style comme
goûts musicaux, j'aime aussi beauje continue d’ailleurs à le développer
coup le jazz, et j'ai fait beaucoup
et à le travailler aujourd'hui. Je prad'enregistrements dans des genres
tique encore la guitare tous les jours
différents, du rock à la soul. En jazz
tu sais! Même lorsque je n’ai pas le
j'ai bien aimé la collaboration avec
à le faire. Juste pour voir, pour vériBrandford Marsalis (B.B.'s Blues).
fier certaines choses et devenir meilVotre carrière a toujours été sous
leur encore. Si tu as écouté la comle signe de l'innovation. Ce désir
pilation B.B. King qu'ils ont sortie
de vous renouveler correspond à
l'an dernier, la B.B. Box, tu peux te
une notion que vous aviez d'une
rendre compte de l'évolution de mon
forme musicale évolutive, une
jeu puisqu'iIs ont intégralement reambition pour le blues ou est-il
pris mon premier disque : ça ne reslié à un besoin personnel de
semble pas beaucoup à mon style
progression ?
actuel. Je n'avais pas cette fluidité,
Je pense sincèrement avoir touni ce toucher et encore moins les
jours été mu par l’ambition personconnaissances de l'instrument que
nelle de devenir meilleur à chaque
je possède aujourd’hui. Mais il ;me
fois. Pas par l'idée -présomptueuse
semble qu'on peut se rendre compte
et vaniteuse à mon sens- de faire
Au Club Handy à Memphis début 50's
que mon style actuel est déjà en
"progresser" le blues. Cela dit, si les
(Ph. S Lavere, Guitar Player 1992)
friche dans ce premier disque.
spécialistes pensent que mon cheA Memphis sur WDIA, vous êtes devenu très vite un DJ
minement personnel a pu aider également le blues à évoluer,
apprécié. Qu'avez-vous appris de la radio ?
j'en suis immensément fier. Mais cela n’a jamais été une préocEnormément de choses ! Ecouter d'autres musiciens d'abord. cupation pour moi. Je suis quelqu'un de curieux de nature, qui
C'est là que pour la première lois j'ai entendu des gens aus- aime découvrir, faire de nouvelles expériences. Musicalement,
si divers que Lowell Fulson, Lightning Hopkins, Bing Crosby, c'est la même chose. Si un musicien ou un style me plaît, je m'y
Louis Jordan, Dinah Washington etc. Plein de gens différents attarde et si c’est compatible avec mon travail, j'essaie évidemque j'appréciais pour leur talent respectif et qui musicalement ment d'incorporer ce nouvel élément dans mon jeu. C'est là que
m'ont marqué. J'ai appris ensuite à apprécier des genres de réside je pense, l'intérêt de la musique et du travail de musicien.
musique différents : jazz, rhythm n'blues, pop, country music.
Depuis le début, vous semblez fasciné par les grands
J'ai acquis ainsi une palette de goûts très large en travaillant
ensembles, les Big Bands...
comme programmateur et cela m'est resté, je crois.
Oui, et dès mon premier disque en 1949 ! Pour lequel j'avais
Témoin de ces goûts variés, l’album country,
déjà une section de trois cuivres, trompette, trombone, saxoLove Me Tender, il y a quelques années...
phone, plus guitare, basse, batterie et piano en section rythOui, j'aimais vraiment beaucoup de chansons chantées par mique. C'était plutôt rare dans ce contexte à l'époque mais j’ai
Elvis Presley, et ce disque était une sorte d'hommage au musi- toujours été attiré par le son des grands ensembles. Beaucoup
de groupes de rock, de pop, de soul ont
Les manches et la belle !
toujours eu des choristes, disons que
Les psychanalistes en herbe se font plaisir : la guitare
moi, mes choristes, ce sont les cuivres.
de B.B. King porte un nom de femme. Or, quel instruPourquoi décider de quitter
ment chante mieux lorsqu’on le caresse ?
Memphis pour Los Angeles
En réalité, Lucille est le nom d'une fille qui, dans un bar
au milieu des années 50 ?
de Twist (Arkansas), fit des œillades (incendiaires!) à
Essentiellement parce que la compagnie
deux gars du coin. Schéma classique : bagarre, chaufpour laquelle j'enregistrais à I'époque
fage à pétrole renversé et incendie. B.B. King, alors sur
avait son siège à L.A. et que c'était
scène, s'enfuit comme les autres pour éviter de cramer.
vraiment plus pratique d'être sur place.
Mais réalisant qu’il a oublié sa guitare dans la précipiJ'avais fait mes quatre premières faces
tation (un instrument à 30 dollars) il retourne dans le
pour Bullet Records puis j'avais signé
brasier et ne sera que blessé, malgré l'écroulement du
un contrat avec la compagnie des frères
bar (deux morts.). En souvenir de cette "allumeuse",
Bihari qui était installée à L.A. Au début,
depuis cette nuit de 1949, sa guitare s’appelle Lucille...
j'ai fait mes premiers enregistrements
B.B. King eut d’abord une guitare Stella rouge (à 15
pour eux à Memphis dans un studio avec
dollars) qu’il se fit voler, puis il acquit, grâce à l'aide
lequel ils avaient des accords. Les suide Bukka White, sa première Gibson. Vers 1950, il
s’équipe en Fender et en 1958 revient à Gibson, avec la ES-355. Au cours de sa carrière, il vants se sont déroulés un peu n'importe
a eu des accidents de voiture et a perdu au moins 4 Gibson, une Gretsch, une Epiphone… où, dans une Y.M.C.A., dans l'apparteC’est en 1976 que Gibson lui construit un modèle spécial de 355 Solid-body étroite, sans ment d'un musicien dont on couvrait les
ouïes, sans manette de vibrato (il ne s'est jamais servi de cet artifice), au manche plus fin murs de couvertures, etc. ce n'était pas
et au cordier caréné, afin qu’il épargne ses manches (royales) de chemises ! (JB)
très confortable. Un jour, je suis allé à
Le Cri du Coyote n°145 page 54
L.A. pour des sessions et j'ai trouvé
avons réuni les gens de manière un
les conditions vraiment très agréables !
peu empirique, je le concède !
Voilà pourquoi j'ai quitté Memphis.
"Playin' With My Friends", avec
A l'époque, on vous donnait plutôt
Robert Cray ouvre l’album :
partant pour Chess à Chicago...
est-ce que vous voyez en lui
Mais j'ai bien failli aller chez Chess!
une espèce de fils spirituel ?
(rires). J'étais donc sous contrat avec
Je pense que Cray n'a pas vraiment
les Bihari Bros. et je voulais renégocier
besoin de père spirituel, ni moi d'un
celui-ci car j'avais acquis plus de poids
fils. ll a son propre style et sa propre
commercial. La compagnie refusait et
voix à la guitare, forgés à force de
j’ai été contacté à ce moment-là par
travail et d'influences diverses. C'est
Chess qui devait avoir eu vent de nos
un très bon guitariste et un très bon
désaccords. Chess acceptait intégralechanteur que j’apprécie énormément.
ment toutes mes conditions. J'ai donc
Cela suffisait largement pour justifier
accepté leur offre d'enregistrer une
sa présence sur Blues Summit.
session. Là dessus ma compagnie a eu
Comment ont été choisis
peur de me voir partir et a, à son tour,
les titres de cet album ?
accepté de revoir mon contrat. Je suis
Une liste de chansons avait été étaquelqu'un de fidèle et de loyal. Comme
blie par le producteur et nous l'avons
ils avaient finalement accepté mes
analysée et élaguée ensemble en
conditions, je suis resté chez eux. Je
estimant "qui pouvait faire quoi en duo
ne l'ai jamais regretté. Ensuite, ils ont
avec B.B". (rires) Ça a été long et fastiacheté la session Chess et tout est rentré dans l’ordre.
dieux, la première liste comptait plus de cent chansons !
A L.A., vous avez travaillé sous la direction du grand
On peut être surpris : il n'y a pas de Blancs...
producteur Maxwell Davis. Qu'a-t-il apporté
Mais c'est faux ! Le producteur, le manager, certains sidemen
à votre musique et à votre travail?
sont blancs, mon bassiste est blanc...
ll a été un véritable mentor, c'est une des grandes rencontres
Je voulais dire une "popstar ou une rockstar bIanche"
de ma vie. C'était un grand arrangeur, un remarquable musicien
présentée en "duo avec B.B. King"...
et une personne délicieuse. ll m'a tant appris ! Sa disparition a
C'est un hasard. Certains musiciens auraient participé s'ils
été un des drames de ma vie. Il n'avait pas son pareil pour réu- avaient pu, comme Eric Clapton par exemple. Ça n'a pas été
nir un groupe et le faire sonner immédiatement comme il l'en- possible. Dommage. Mon propos n'était pas en tout cas de faire
tendait. ll avait une sorte d'aura à laquelle personne ne pouvait un disque de Noirs, crois-moi !
résister, une espèce de charisme très rare qui guide les gens et
Des historiens de la musique, souvent relayés par des
les amène à donner le meilleur eux-mêmes en un temps record.
rappeurs, évoquent “le vol de la musique noire par les
Maxwell était un génie selon moi.
BIancs" à leur profit et dont le blues
Quelle était la principale raison de
serait l'exemple manifeste.
votre collaboration avec U2 en 1988 ?
Partagez-vous cette analyse?
La principale raison ? Mais c'était une
Non pas du tout. Les Blancs n'ont rien
des plus grosses chances de ma carrière
volé du tout, ils ont popularisé, ce qui est
tu veux dire ! Imagine : le plus grand et
totalement différent… Aux U.S.A., il y a
le plus célèbre goupe de rock du monde,
des milliers de radios, mais quelques cencomposé des personnes les plus vraies
taines seulement sont noires, il y a des
et les plus adorables que compte le bumilliers de programmes TV, très peu sont
siness, qui me demandent d'ouvrir leurs
noirs. Donc il faut passer par des médias
B.B. King a été récemment honoré par son pays
shows et d’enregistrer avec eux ! C'était
possédés par les Blancs pour faire de la
(Ici avec Mme et M. Obama)
extraordinaire, des tas de gens, en plus
promotion... Or je pense qu'il existe un
très jeunes pour la plupart, qui ne savaient même pas qui rapport étroit entre la possibilité de diffusion d'une chanson
j’étais, ont pu découvrir ma musique. Ça a fait un bien terrible et son succès. Dans les années cinquante a fortiori ! A cette
à ma carrière ! Pour U2, je pense que le nom de B.B. King leur époque, lorsque j'écrivais une chanson ou lorsque Little Richard
donnait aussi une reconnaissance, une crédibilité qu'ils recher- en écrivait une, elles n'étaient diffusées que par un très petit
chaient auprès du public blues et rhythm ’n’ blues. Enfin notre nombre de radios alors que dans le même temps Pat Boone
association avait le mérite de montrer à
touchait, lui, des millions d’individus.
la face de millions de gens le mélange
La confusion que font ces historiens
possible des musiques et les liens qui
est là. ll ne viendrait à |'idée de perexistent quoiqu'il arrive entre les génésonne, j'espère, de dire que Pat Boone
rations de musiciens. Ça ne pouvait être
a volé un quelconque patrimoine noir ;
que bénéfique. De plus, nous aimions
en fait il a vulgarisé pour le grand public
bien nos musiques respectives et nous
un succédané plus ou moins réussi qui
nous sommes beaucoup amusés ! Ce
aurait, de toutes façons, vu le jour avec
fut très enrichissant pour tout le monde
ou sans lui. ll s'agit tout simplement
je pense. J'en garde pour ma part un
d'une réalité économique, parce que le
souvenir très spécial.
pouvoir d’achat de masse est majoriComment avez-vous choisi
tairement blanc. C'est donc tout à fait
les différents musiciens
logiquement que ce pouvoir joue de la
invités pour Blues Summit ?
musique blanche sur les ondes, c'est
Ça a été très long et très compliqué !
inévitable, il s'adapte au marché…
(rires) Rien qu'en me fiant à mes goûts
On a souvent dit, à propos d'Elvis
et à mes envies, j'avais une liste d'inviPresley aussi, qu'il avait volé des
tés de plus de 200 noms ! (rires). Donc
choses aux Noirs. Mais il n'a rien volé
il a fallu procéder autrement. Avec l'aide
du tout ! ll a adapté, ça oui... Elvis est
du producteur et de mon manager nous
certainement le premier mélange réusavons contacté un à un les musiciens
si des musiques noires et blanches...
vraiment susceptibles de participer au
Et, en définitive, ce sont bien les méprojet et qui me tenaient à coeur. A parlanges qui rendent la musique intérestir de là certains pouvaient, d'autres pas
sante, non ?… Tu ne penses pas?
selon leurs projets personnels. Nous
© Le Cri du Coyote n°28 (1993)
Elvis & B.B. King
Le Cri du Coyote n°145 page 55
CROCK & ROLL
BiG DAVE MC LEAN :
Faded But Not Gone
On peut ne pas être
originaire d’une région
et en maîtriser, pourtant,
la musique. C’est le cas
avec ce Canadien de Winnipeg, qui propose un superbe album de blues rural
du Delta, entre rockin blues lents (Tough
times, I best choose to pick the blues, Sittinon a fence, Dont get mad, get even)
et ragtimes sautillants (Dead cat on the
line), auxquels il mêle un peu de gospel
(Shades of grace, Oh Mr Charlie, oh) ou
de r'n'b néo-orléanais (Devil in the jukebox, One more day). Le jeu de guitare
est tout en retenue, le piano léger, ce qui
permet d’apprécier un vocal bien mis en
avant A découvrir. Black Hen/ distr Mark Pucci
iGOR PRADO BAND & DELTA GROOVE ALL
STARS : Way Down South
Le mieux est, parfois,
l’ennemi du bien, car
ici la pléthore d’intervenants (10 vocalistes, 13
musiciens en plus de
ceux du groupe) qui se relaie au long des
morceaux apporte souvent un plus mais
aussi, parfois, un moins, le jeu de guitare
d’Igor devenant plus rock (et pas assez
n’ roll) sur certains titres (un Shake and
fingerpop, au vocal très Little Richard,
aurait pu être un rock' n' roll sauvage
sans cela). L'ensemble évolue dans un
registre rockin r'n'b / blues, jump blues
lent/ medium, à l’exception du sautillant
jump blues You better believe it ou du
swamp pop If you ever need me. Plus
de titres dans ces styles m’auraient bien
convenu. Delta Groove DGPCD 167
TOOTS LORRAiNE : Make It Easy
J’ai découvert cette
chanteuse via cet album,
très majoritairement rockin r'n'b/ jump blues,
comportant aussi trois
titres plus cabaret jazzy.
Elle possède un vocal puissant, pas
assez exploité car elle se confine dans
les mediums, un seul morceau (reprise
du Low down dog de Joe Turner) étant
enlevé. Outre ce dernier, les deux autres
temps forts sont Let your tears fall baby
et Built for comfort. auto ss N° / Frank Roszak
ROBB SHENTON & THE SHENTONES :
Down The Line
Le chanteur/ pianiste
Robb Deka est né en
1946 à Preston. Dès
1960, il œuvre au sein
de groupes locaux. Fin
1962, il auditionne à Londres pour Joe
Meek avec les Bobcats, qui sont engagés et rebaptisés Puppets, Robb enregistrant une douzaine d’inédits pour Joe
avec divers groupes durant la décennie.
En 1964, il se produit au Star Club de
Hambourg. Il change son nom en Robb
Shenton en 1977 et sort un CD sur Fury
il y a 4 ans. L’été dernier, il se rend au
studio Hoodwink à Derby pour une répétition et Shane, propriétaire du studio et
de la marque éponyme, décide d’éditer
les 5 titres répétés ce jour-là sur ce CD.
Les reprises de Down the line et My babe
sont bonnes, Lonely blue boy convient
très bien au vocal chaud de Robb, qui
s’en sort correctement sur le I'm a hog
for you baby des Coasters, pas évident à
interpréter seul. Quant à Be boppin baby,
c’est le plus rockabilly du lot.
Hoodwink HEP 001, www.hookwindrecordings.co.uk
JEFF CHAZ : Chronicles
Ce guitariste de blues
électrique, aux airs de
Calvin Russell, est né à
Lake Charles, Louisiane
et a grandi à Creole. Il
découvre d’abord le jazz, étudie en Californie, part sur les routes avec un groupe.
De retour en Californie, il étudie la musique à l’université, avant de tâter de la
country. Réalisant qu’il est mieux fait pour
le blues, il part à Memphis, puis à la Nouvelle Orléans et s’y installe. Ses albums
précédents étant épuisés, il sort cette anthologie des 10 titres qu’il juge les meilleurs. Les 5 premiers, du r'n'b des 60's et
des ballades soul bluesy ne sont pas très
convaincants, mais la suite est bien meilleure, avec du rockin r'n'b (Ive got to be
clean étant le meilleur), du rockin blues
lent et un titre plus néo-orléanais.
JCPX 62606 / distr Frank Roszak
THE KABOOMS : The Kabooms
Matt Olivera (vo, r-gtr),
El Lega (gtr sol), Javier
Carrasco (cbs) et Alex
Granero (bat) sont espagnols et ont monté ce
quatuor rockabilly. Ils ont,
aussi, la bonne idée de composer, ce qui
nous vaut 14 originaux sur ce premier
album. Adeptes d’un style assez classique, ils y mêlent quelques medium plus
d’ambiance. L’ensemble est bien réussi,
en particulier Only mine, Let's do it, My
baby don't bop, She's my woman, Pack
your things and go, Hunter with no gun,
le meilleur titre du lot étant pour moi Point
blank range. A suivre. Rhythm Bomb 5807
THE RiPEM' UPS : Killswitch !
Dans le domaine du
rock' n' roll, l’immigration mexicaine a fourni
Ritchie Valens et Chan
Romero. Il va falloir leur
ajouter ce groupe de Los
Angeles, qui inclut Javier De La Rosa (vo,
gtr), Edgar Villareal (bs), Santos De Leon
(bat), Jose Rodriguez (gtr sol), Marco
Palos (sax tén). Carl Sonny Leyland leur
fournit l’excellent appoint de son piano
sur plusieurs titres. Si leurs quelques
titres plus néo ne sont pas remarquables,
ils savent faire du rock' n' roll mélodieux,
un peu de Johnny Kidd, du r'n'b néo-orléanais ou du rockin surf. Mais ils donnent
leur pleine mesure et mont emballé sur
les titres à la Ritchie Valens (Comprendeme nena rappelle Oh my head) et ceux
à la Little Richard (Frantic est époustouflant). Qu’ils persévèrent dans cette voie.
Rhythm Bomb ss N°
Le Cri du Coyote n°145 page 56
Bernard
BOYAT
SANDY LEE :
I Got A Man
Bye Bye Young Men
Sandra Lehmann, native
dAugsbourg, Allemagne,
qui est aussi actrice de
séries TV et qui était passée à Attignat en
2013, rejoint l’écurie Rydells avec ce superbe 45t simple, dans la série Rockabilly
Queens, dont l’appellation ne colle pas
à sa musique, du bon vieux rock' n' roll
noir. En face A, on trouve une excellente
compo, sur laquelle le saxo de Freddy
Pohardy Riteau est omniprésent et le
piano de Jean-Pierre Cardot s’en donne
à cœur joie. La face B est une reprise du
morceau de Ruth Brown, dans une version plus rock' n' roll et avec des chœurs
à la Jordanaires. J'en redemande !
Rydells RR 719 / 14 rue de la Gare
37110 Le Boulay Tel : 02-47-56-87-17
THE BONERS : Hell Yeah
Ce quatuor anglais inclut Spike (vo, gtr, hca),
Houdi (gtr sol), Yorks
(cbs), Mikky (bat). Il est
à ranger dans une mouvance plus moderne
que classique, mais fortement teintée
de blues. Certains titres (Baby shaker,
Lockdown) sont plus jump blues que
rockabilly, Muchacha ! a des sonorités
hispaniques, Driving et Walk to the light
sonnent plus rock' n' roll mélodieux, alors
que The train song évoque plus un TGV
qu’un TER. Ma préférence va à Hotel with
no name, rockabilly bien classique.
Rhythm Bomb RBR 5803
JAi MALANO : Rocket Girl
Jai sévissait au sein
des Royal Rhythmaires,
mais, sur ce CD, ce sont
les Français Nico Duportal (gtr), Thibaut Chopin
(cbs), Pascal Mucci (bat),
Olivier Cantrelle (pno), Arnaud Desprez
(sax tén), Alex Bertain, orthographié Bertein dans la pochette (sax bar), qui sont
derrière elle. En revanche, le style n’a
pas changé, toujours axé sur le r'n'b d’antan. Il y a peu de reprises, dont elle pourrait se passer, car elle compose fort bien.
Elle donne sa pleine mesure sur les titres
bien carrés (Learn about a man, Rocket
girl, Aint I a mess) ou néo-orléanais, sur
lesquels cuivres et piano donnent leur
pleine mesure (Johnny knows, superbe
ballade très swamp pop), quelle devrait
privilégier et oublier les morceaux plus
jazzy cabaret. Rhythm Bomb RBR 5758
CAROLiNA & HER RHYTHM ROCKETS :
By My Side
Carolin Rottmann (vo,
r-gt) évolue dans un créneau qui recoupe celui de
sa consoeur ci-dessus.
Mais son groupe (Sebastian Rottmann, gtr sol, Marco Mass, cbs,
Stefan Dürrbeck, bat) est dans une configuration rockabilly. Du coup, les titres
plus blues/ rockin blues pâtissent de
l’absence de saxos et piano, comme pour
You dont care au rythme néo-orléanais
chaloupé, sauf sur les deux titres, Real
good man et I'm gonna leave you, où ce
dernier est présent. Elle pourrait creuser
plus dans un répertoire plus blanc (très
bonne reprise de Got a lot of rhythm in
my soul) ou Bo Diddley (Jungle king) et
se dispenser, comme Jai(cf ci-dessus),
des titres cabaret jazzy. Rhythm Bomb 5806
THE MiKE HENDERSON BAND :
If You Think Its Hot Here
Un vocal puissant, une
guitare souvent frémissante, un harmonica très
Chicago, un piano bien
présent, les ingrédients
étaient réunis pour concocter un excellent album de blues musclé, entre titres
plus enlevés et d’autres lents, avec un
morceau soul medium (If you think its hot
COYOTHÈQUE
Bye Bye Elvis
Caroline de Mulder
Etrange roman
qui alterne ses
chapitres sur la
fin du King et
l'évocation d’un
vieil homme qui
vit à Paris (John
White) assisté de
sa gouvernante
Yvonne.
Le parallèle peut
faire croire à une correspondance quasi mystique entre le
chanteur malade, écrasé par
son image et qui fait pitié (la documentation sur la déchéance
est acerbe) et un vieil homme
pouvant être un éventuel avatar du King (au lecteur de trancher), orphelin et seul, que le
récit d’Yvonne, qui ne sait rien
du passé de John, nous évoque
avec une tendresse qui n’exclut
aucun détail. L’auteur brouille
volontairement le jeu en affirmant de son personne fictif :
"L'évocation de la vie d'Elvis
pourrait n'être que le fil de ses
souvenirs, au moment de mourir". Un jeu subtil et plaisant qui
accrochera l'amateur du King
en prolongeant son éternelle
curiosité. (JB) Actes Sud, 2014
here), un instrumental (Rock house blues) et un Matchbox bien rock' n' roll pour
faire bonne mesure. Mike reste dans
la lignée des albums antérieurs que je
connais. EllerSoul 1501-019/ distr Frank Roszak
RiCKY FABiAN : Pictures
Nous avons découvert
ce chanteur allemand il y
a un an. Le revoici avec
un CD dédié aux films.
Il comporte diverses influences, allant du rockabilly à Johnny Kidd en passant par le r'n'r,
ou le teen, la variété et la country des
années soixante. Mes préférences vont
aux morceaux où le saxo et le piano sont
bien présents, les rockabillys When i'm
gone et Big ole bag, le country Try again
et les teens A thing of the past, Julie Anne
et Sunset girl (avec Cherry Casino sur ce
dernier). Rhythm Bomb 5812
ARLEN ROTH : Slide Guitar Summit
Si vous aimez la slide
guitare, ne laissez pas
passer cette occasion et
procurez-vous cet album,
lequel n’usurpe pas son
nom, avec la présence
de maîtres du genre, comme Johnny
Winter (dont ce fut l’ultime session),
Sonny Landreth, David Lindley, Rick Vito,
Jimmy Vivino, Jack Pearson, Lee Roy
Parnell, Cindy Cashdollar, Greg Martin.
La totalité des morceaux chantés relève
du rockin rhythm & blues ou rockin blues,
les instrumentaux sont presque tous des
ballades très agréables. Les deux titres
les plus étonnants sont les reprises de
Peach pickin time in Georgia de Jimmy
Rodgers et de Steel guitar rag de Merle
Travis en country rock.
Aquinnah ss N° / distr Mark Pucci Media
JEAN-JACQUES MiLTEAU : What’s That Sound ?
Film de Stéphane Jourdain
DVD
Le film débute par un long solo d’harmonica, modulé comme s'il cherchait
les couleurs de sa voix et de son humeur, puis il pase en duo, avant l’arrivée du groupe, comme pour rappeler que l’harmonica, pour Jean-Jacques
Milteau, est avant tout une voix, presque parmi d’autres, dans ce concert
filmé, sans effets inutiles, au Parc floral de Vincennes (en 2013). Les séquences enregistrées en public sont entrecoupées d’une interview de J.J.
Milteau qui évoque d’abord l'importance fondamentale du Delta du Mississippi, avec sa musique issue des échos africains et une certaine violence
de vie. "Je préfère le rêve à la réalité" dit-il après avoir découvert le monde
du blues, au sud de Memphis, lequel a "des trous à ses chaussettes".
Bilan réaliste donc, entre l'amour des sons et le constat, moins brillant, de l'état de leur berceau.
En tout cas, s’il a découvert l’instrument avec Sonny Terry, Jean-Jacques Milteau a immédiatement intégré l’apport des techniques où se mêlent mélodie, rythmes, effets et bruits divers, de
même que le dialogue permanent entre le chant de ses collègues et ses lames, dans un effet
d’appel/ réponse quasi spirituel.
Avec Michael Robinson, à la "voix céleste" (il est fils de pasteur, ça doit venir de loin !) et
Ron Smyth avec son timbre plus "terrien", la complicité est évidente, soutenue par Gilles Michel
(basse) Eric Laffont (batterie) et le grand Manu Galvin (guitare). Sur un titre intervient aussi Mathias Haug à la guitare. Côté répertoire, des compositions intéressantes changent des éternelles
reprises classiques ou banales de certains concerts de blues...
Magnifiques réussites par exemple de Leaving In The Morning (Milteau/ Smyth) ou Will You
Come, écrit par Robinson (qui évoque Martin Luther King) sur une mélodie de Manu Galvin : le
solo d’harmonica intervient après plusieurs couplets comme un complément mélodique. Originalité de choix encore avec Long Time Gone (Crosby) qui démarre après un long solo de guitare.
En final on trouve une autre pulsion de rythme avec un beau solo chaud d’harmonica. Le titre
débute par un solo parlé avant l’annonce "Something happening" qui introduit le titre For What It’s
Worth (Stephen Stills) d’où est extraite la phrase What’s That Sound qui donne le titre du DVD.
Au-delà de la virtuosité des musiciens, Gavin et Milteau en tête, on partage un moment d’échange
où l’harmonica "dialogue, illustre, conforte, titille, relaie pour créer un décor propice à l’expression
du chant". Comme conclut Jean-Jacques : "si le blues pose le problème, et si le gospel le résout,
alors la Soul est entre les deux". Le tout est un bien bel équilibre de cette musique qui correspond
à une réalité humaine et sociale qui nous touche par sa sincérité et sa chaleur de vie. (JB)
(8 titres, 54’). La Huit, 218 bis rue de Charenton, 75012 Paris (www.lahuit.com)
ABONNEMENT & BON DE COMMANDE
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(BP 48 26170 Buis-les-Baronnies)
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Le Cri du Coyote n°145 page 57
CONCERTS
JUiN
21- LONG ROAD
Feyzin (69) Fort
21- BACKWEST
Salvetat sur Agout (34)
21- Thierry LECOCQ
& BLUEGRASS BROTHERS
St Mandé (94)
25- Liane EDWARDS
Trio Acoustique, Balazuc (07)
25- Th. LECOCQ & STATiON
Paris (14) Café d’Orléans
26- ZZ Top
Paris, Zénith
26 au 28- Festival Country
(27) Mr SOUL
Rose ALLEYSON
J.C. HARRiSSON
(28) TEXAS SiDESTEP
Coudray-Monceaux (91)
27-HONKY TONK ANGELS
CH- Interlaken
27- Liane EDWARDS
Trio Acoustique, Auxerre (89)
27- CELTiC SAiLORS
Longpont S/ Orge (91)
27 & 28- Pierre LORRY
& Bill BOSCHUNG
Courpière (63)
27 & 28- BACKWEST
Gujan Mestras (33)
27 & 28 American Festival
(27) Gabi JONES
Ernest Ray EVERETT
MARiOTTi BROTHERS
(28) Nadine SOMERS
SMOOTH & BULLY BOYS
Agde (34)
26- CATFiSH
Dunkerque (59)
28- Liane EDWARDS Band
Charquemont (25)
28 & 29- The WHO
Paris, Zénith
30- Liane EDWARDS Band
Cintegabelle (31)
JUiLLET
01- Joel RAFAEL
Paris, Pomme d'Eve
01- Long CHRiS
& Chris EVANS
Paris (14°) Petit Journal Montp.
02- Th. LECOCQ & LULU
Paris (14) Café d’Orléans
03- CATFiSH
Cognac (16)
03- Banjo Night
Old Time, Celtic, Bluegrass
Paris (12°) Le Tonic
03 & 04- Fest’ Country
NASLY & CHATTAHOOCHEE
BOTTLEGGERS
BACKWEST
Herepian (34)
03 au 05- American Festival
The MUDDY HiLL BOYS
Morgan BERNARD
The CHOUQUETTES
HOWLiN JAW’S
Nico DUPORTAL
& His RHYTHM DUDES
Miss MARY ANN
& RAGTiME WRANGLERS
The BUGALETTES
Jackson SLOAN
& The RHYTHM TONES
Simon ABKARiAN
Kevin BUCKLEY
ONE MORE GiRL
Aaron PRiTCHETT
Lloyd PRiCE
Jay MALANO
Tours (37)
03 au 05- Festival CW
Ian SCOTT
Laurette CANYON
Lilly WEST
St Jean Monclar (04)
04- Jefferson NOiZET
Lautrec (81) Café Plum
04- Liane EDWARDS Band
St Vit (25)
04- Th. LECOCQ & Mr JAY
CH- Ecublens
04- The BOOTLEGGERS
RUSTY LEGS
Le Grau du Roi (30)
04 & 05- Fest. Country Frogs
(04) GUNSHOT
NASLY & CHATTAHOOCHEE
(05) NAHViLLE 1950
ROCKiNCHER
ELDORADO
Gragnague (31)
05 au 12- Semaine Country
John PARMENTER
Raphaëlle DESS
TEXAS SiDESTEP
SOUTHERN GANG
Cap d'Agde (34)
09 & 10- American Festival
(09) Mr JAY BAND
Michael JONES
(10) Ernest Ray EVERETT
Doug ADKiNS(USA)
Montpellier (34)
10- WiTCH DOCTORS
Langrune sur mer (14)
10- MARY-LOU
(Rencontres folk, country western)
Plaine Haute (29) 0296641781
11- LiTTLE BOB
Eu (76)
11- MARY-LOU (TRiO)
Pont l’Abbé (29)
11- BUCEPHALES RiDERS
Gabi JONES
Th. LECOCQ & Mr JAY
Cotignac (83) 06-1126-4807
11 & 12- Country Roque
Shorty TOM & LONGSHOTS
The COUNTRY BREAKERS
TEXAS MARTHA
& HOUSE Of TWANG
FLYiNG SAUCERS
(12) NEW STEP iN GRASS
Doug ADKiNS
Ernest Ray EVERETT
Vicky LAYNE
La Roque d'Anthéron (13)
11 au 14- Festival Country
(11) HOLY WOOD
The JiVE ACES
(12) MARiOTTi BROTHERS
Johnny HORSEPOWER (13)
GHOST HiGHWAY
Jason Lee McKINNEY
(14) Gabi JONES & OUTLAWS
RHYTHM SOPHiE
Mirande (32)
12- Bob DYLAN
Albi (81)
13- MARY-LOU (Rencontres)
Vasles (79) 21h
14- CATFiSH
Hastingues (40)
17- MARY-LOU (TRiO)
Penmarch (29) St Guénolé
17- Laurette CANYON (Duo)
Lac de la Madine (55)
18- BACKWEST
Baratier (04) American Day’s
18- Pierre LORRY
Héricourt (70)
18 & 19 Festival Américain
KENTUCKY CODY-DANCERS
Charlie WEST
The MUDDY HiLL BOYS
Mézières en Drouais (28)
22- Th. LECOCQ & JEFFS
Ambert (63)
22- The CRAZY DUCKS
EiGHT KiLLERS BLUES
Villeneuve s/ Lot (47) gratuit
23- The RiNGTONES
Nevers (58) Les Arcandiers
23- Liane EDWARDS Band
Le Vigan (30)
23- CATFiSH
Brest (29)
24- The RiNGTONES
Châteauneuf la Fotêt (87)
24- Laurette CANYON
Reims (51)
24- CATFiSH
Mâcon (71) L'été Frappé
24-26- America Normandy
ATOMiC CiRCUS ORCHESTRA
(24) GUMBO GAZOLiNE
ViNTAGE
YOUNG JAM BLUES BAND
Yann MATiS
HAWAiiAN PiSTOLEROS
HiLLBiLLY ROCKERS
(25) MiSS JACK
WEST BOUND
BiG RiVER
Neal BLACK
Ray SCOTT
Michael LONSTAR
HONKY TONK ANGELS
(26) BLUE TEARS TRiO
The iNDiCATiONS
Laurette CANYON
COLD CAN
Caen (14) Parc des Expos
24- Th. LECOCQ & JEFFS
Craponne (43)
24 & 26- Country RDV
(24) Les RiVETS SAUVAGES
MORAND CAJUN BAND
ROCKiN' BONNiE
& THE MiGHTY ROPERS
DELLA MAE
LiVEWiRE
(25) Liane EDWARDS
WHEELS FARGO
& The NiGHTiNGALE
Sarah GAYLE MEECH
MiCKY & THE MOTORCARS
Matt HiLLYER
(26) M. SOUL
FOUR WHEEL DRiVE
LARKiNG POE
Craig MORGAN
Linda Gail LEWiS
Off- MUDDY HiLL BOYS
ROOTS 66 - BACKWEST
BARTENDERS
Craponne sur Arzon (43)
04 71 03 25 52
25- LiTTLE BOB
Le Mans (72)
29-02 août- Festival Bluegrass de La Rocher-sur-Foron (74)
Dès le mercredi 29 : "OFF"
Jeudi 30 : Groupes Stagiaires +
BLACKJACK (CZE) 2011*
KRENi (CZE) 2009*
HiCKORY PROJECT (US)
Vendredi 31 : JUMPER CABLES (CZE) 2014*
SONS OF NAVARONE (B) 2012*
FRANK SOLiVAN & DiRTY KiTCHEN (US)
Samedi 01 : RED HERRiNG (HOL)
KiDS ON BLUEGRASS (US)
Master class :
Acoustic Trading Cie & Kids on Bluegrass
OAK (F) CdeC* 2014
SPRiNGFiELD (F)
EASY WEST (SLO/CZE) 2013*
MONOGRAM (CZE) 2008*
G-RUNS'N ROSES (CZE) 2010*
ACOUSTiC TRADiNG C° (US) = Kim & Joel
Fox, Dale Ann & John Bradley, Phil Leadbetter
LONESOME RiVER BAND (US)
Dimanche 02 : CHEERFUL DiLiGENCE (RUS)
MART O'PiCKERS (FRA)
STONES BONES & BAD SPAGHETTi (POR)
KiDS ON BLUEGRASS (US)
MiDEANDO STRiNG QUiNTET (IT) CdeC* 2008
LE CHAT MORT (SUE) CdeC* 2012
HOLY WATER (HOL) CdeC* 2010
BLUEGRASS STUFF (IT) V* 2006
KRALiK'S ROWDY RASCALS (CZE) 2007*
RACKHOUSE PiLFER (IR) CdeC* 2013
www.larochebluegrass.fr
*V. = Vainqueur du concours, CdeC* = Coup de Cœur
Membre : 29 Euros
Bienfaiteur : 34 Euros
Le numéro : 6 Euros (port inclus)
Dernier paru : n°144
(à partir du dernier paru)
AOÛT
01- CATFiSH
Bourges (18)
01 & 02- Pierre LORRY
Mende(49)
01 & 02- Festival Country
(01) SUNNY SiDE
G.G. GiBSON
David WADDELL
GUNSHOT
(2) BAB' N' BLUE
RieNDANTONFOLK
Le Barp (33)
02- MARY-LOU
Concarneau-Lanriec (29) 14h
03- MARY-LOU
Chartres (28) 21h
05- COPYCAT
Cock ROBiN
Villeneuve sur Lot (47) gratuit
06- Liane EDWARDS Band
Mejanes le Clap (30)
06- LiTTLE BOB
Bedarieux (34)
07- Jefferson NOiZET
Calmont (31) C. Le Mercier
08- Paul Mac BONViN
Berck-Plage (62)
08- TEXAS SiDESTEP
Molsheim (67)
08- Liane EDWARDS Band
Montbeliard (25)
08- Jefferson NOiZET
Seissan (32) Chez Charlotte
12- OSTiNATO
Les SALES TiQUES
Villeneuve sur Lot (47) gratuit
12 au 16- Festival Equiblues
(12) HAR & KiNGS COUNTY
(13) HiLLBiLLY ROCKERS
Jack GREELLE
BAYLOU
(14) SUBWAY COWBOYS
Chad WARE
Junior GORDON Band
(15) Carson McHONE
Josh GRiDER
Ashton SHEPERD
Saint Agrève (07)
13- Jefferson NOiZET
Bethmale (09)
13- Pierre LORRY
Plomeur (29) Camp. Lanven
NB : Vous pouvez commander sur papier libre
pour conserver votre revue intacte
ABONNEMENT & ANCiENS NUMÉROS
J'adhère à l'association :
je recevrai 4 bulletins
25- The RiNGTONES
Commentry (03)
25- TEXAS SiDESTEP
Saint Viaud (85)
26- Liane EDWARDS Band
Décizes (58
29- MARY-LOU (TRiO)
Loctudy (29) Lodonec 19h
29- Patricia VONNE
Don DONUTS & TWiN HillBOYS
Villeuneuve Sur Lot (47)
31- The RiNGTONES
Chevannes (89)
31- Laurette CANYON (Duo)
Lac de la Madine (55
31 & 1er- ROUTE 67
TEXAS SiDESTEP
Laurette CANYON & AZiLiZ
Steinbourg (67)
Offre spéciale vente groupée
25 euros les 5 numéros
45 euros les 10 numéros
60 euros les 20 numéros
Indiquez la liste des anciens numéros
que vous désirez :
Etranger : 32 Euros
Le Cri du Coyote n°145 page 58
14- Liane EDWARDS Band
Valdahon (25)
15- CELTiC SAiLORS
Marçon (72)
15- TEXAS SiDESTEP
Colmar (68)
15- Jefferson NOiZET
Clermont (09) Le Souleilla
15- Liane EDWARDS Band
Les Rousses (39)
19- ACOUSTiC BOULEVARD
Doucier (39) MFR 21h
21- ACOUSTiC BOULEVARD
Igé (71) 21h
23- BACKWEST
Saint Pierre d’Albigny (73)
28- Liane EDWARDS Band
Beauregard Barret (26)
29- Pierre LORRY
Chaumont (?)
29- The RiNGTONES
Béthune (62) Le Poche
29- Liane EDWARDS Band
E- Salardù
29- TEXAS SiDESTEP
Lionel WENDLiNG
Raphaëlle DESS
Longeville sur Mer (85)
SEPTEMBRE
04- CATFiSH
Varennes Vauzelles (58)
05- Liane EDWARDS Band
St Rémy de Blot (63)
05- PO’ RAMBLiN’ BOYS
CH- Lommis
06- PO’ RAMBLiN’ BOYS
CH- Liestal
11- Mike SANCHEZ
MATT & PEABODY DUCKS
The H-BOMBS
SHORTY TOM
Montepellier (34)
12- Thierry LECOCQ
L'Aigle (61)
12- CRAZY CAVAN
EARL & OVERTONES
T. BO & B BOPPERS
LEGACASTER
Montpellier (34)
24 au 26- Jefferson NOiZET
Toulouse (31) Th. Fil à Plomb
26- CATFiSH
St Sébastien (44) L'Escale
26- Erik SiTBON
Dadonville (45)
26- BACKWEST
Saint-Paul-Cap-de-Joux (81)
27- The RiNGTONES
Châteauroux Belle-Isle (36)
OCTOBRE
03- BACKWEST
Aubigny-sur-Nère (18)
09- Jefferson NOiZET
Castelnau-Magnoac (65)
10- Jefferson NOiZET
Hélette (64)
17- The RiNGTONES
Hautvillers (51)
31 & 1er Festival Country
SANDY & PRAiRiE DOGS
MARiOTTi BROTHERS
Kevin FOWLER
(avec Paul EASON)
Evreux (27) 02 3238 2565
TU L'AiMES MA POCHETTE ?
Une douce pensée pour Linda
Ronstadt, aujourd'hui malade.
Mais comment s'étonner si,
dans (presque) tout Coyote,
il y a un Cochon qui Dort ?
Le Cabas du Fana
COMPAGNiE WESTERN
Catherine (02-35-97-43-49)
CD/ DVD Westerns & séries US
[email protected]
DiXiEFROG : BLUES
Albums Blues & Country:
www.bluesweb.com
STAGE BLUEGRASS NATURE
15 au 21 août à Doucier (39)
avec Acoustic Boulevard
www.gillesrezard.com
BLUEGRASS EN DRÔME
19 & 20 septembre Crupies (26)
Gérard Miech : 04-75-52-48-80,
EBMA : NOUVEAU BUREAU
Après la démission de Angelika
Torrie, Rienk Janssen, Christopher Howard-Williams, Petr
Brandejs et Dagfinn Pedersen,
voici le nouveau bureau : Eugene
O'Brien (pdt), Stu Vincent,
Richard Cifersky, Susie Bowe,
Chris Keenan, Martino Coppo
SiTE D'iNFORMATiONS
www.agenda-country.com
NO DEPRESSiON PAPiER
Souscription Kickstarter pour la
publication d’un n° spécial papier
(140 p sans pub) en septembre
BANJOLiT & Dr ARM
Richard Cifersky et des amis
proposent un repose-bras : Dr
Arm (www.banjolit.com/store)
A VENDRE
Collection complète de Jukebox
Magazine du n°1 au n°340
(600€ le lot). Port à charge de
l’acheteur ou enlever à Rodez (12)
(Contacter Le Cri qui fera suivre)
STAGES GUiTARE & ViOLON
Thierry Lecocq 25 & 26 juillet
au Festival de Craponne (43)
STAGES BLUEGRASS
Intervenants à La Roche (74)
du 28 au 30 juillet
Chant : Mathilde Cousin & Mary
Reynaud, Mandoline : Anthony
Hannigan & Dorian Ricaux
Violon : Raphaël Maillet & Coleman Smith, Guitare : Mark Morris
& Jimmy Josse, Banjo : Ed Lick
& Pierre-Yves Lechat
Dobro : Pierre Bastide
[email protected]
COYOTHÈQUE
Rockabilly Fever, Michel Rose
(De Memphis,TN
à Austin, TX).
Ré-édition
attendue d'un des
premiers guides
du genre par un
passionné (et
Coyauteur à ses
heures). Ed. Camion Blanc
John Prine, In Spite Of Himself
Eddie Huffman. U. ofTexas
Don Helms, Steel Guitar Song
Book, DeWitt Scott. Mel Bay
5-String Banjo Book
Lluis Gómez (Tablatures)
[email protected]
Liane EDWARDS
Elle tourne avec deux équipes :
Guillaume Defoulounoux
ou Thierry Jaoul (gtr) et Nicolas
Mermoud ou Olivier Capelli (bat)
(04 75 66 84 12)
AU-DELA DE LA MUSiQUE
Nos lecteurs ont du talent :
Bruno Gallet publie un roman à
suspens sur le monde de l'escalade (L'Aigle de Bonelli)
Ed. Anne Carrière
CONTACTS LABELS & DiSTRiBUTEURS
Bear Family, PO Box 1154, 27727 Hambegen (All.), www.bear-family.de
Blind Raccoon, PO Box 40045, Memphis TN 38174, www.blindraccoon.com
F. Roszak, 7400 Sepulveda Blvd # 330, Van Nuys, CA 91405, USA, www.roszakradio.com
Frémeaux, 20 rue R. Giraudineau, 94300 Vincennes, www.fremeaux.com
Hemifrån, Spadvägen 8, SE-513 50 Sparsör (Suède), www.hemifran.com
Bear Family, PO Box 1154, 27727 Hambegen (All.), www.bear-family.de
Blind Raccoon, PO Box 40045, Memphis TN 38174, www.blindraccoon.com
Mark Pucci M., 5000 Oak Bluff Ct, Atlanta GA 30350, USA www.markpuccimedia.com
Part Records, Wiesenstrasse 6, 69190, Walldorf (Allemagne) www.part-records.de
Rhythm Bomb Haupstrasse 38, 27478 Cuxhaven (Allemagne) www.rhythmbomb.com
SOURiS-THÈQUE
Disco (Marc Alésina, Gilles Vignal) :
http://sonnyburgess.voila.net
Blog de passionné rockabilly/ country :
http://rollcallblog.blogspot.com
Blog de l'ami Gérard Herzhaft. Blues :
http://www.jukegh.blogspot.com
Blog de l'ami Coyauteur Sam Pierre :
http://sampierre.blogspot.com
Blog amateurs de R'n'R & Country :
http://www.bopping.org
Magazine Big Beat :
http://bigbeatmagazine.blogspot.com
Classement européen Americana :
http://www.euroamericanachart.eu
Une vidéo par jour, gratuitement :
http://www.bluegrassonthetube.com
Emmanuel Marin (Pixels Country) :
www.emarin-country.fr
Roger Lyobard (Country Gone) :
www.countrygone.fr
Daumy (Fotozic) : www.fotozic.com
FANZiNES-MAGAZiNES
THE BLUEGRASS TiMES (FBMA)
Nicolas Guibout, 2491 CD 925
L'Orée du Bois, 73200 Grignon
BLUEGRASS EUROPE
Fiechthagstrasse 4
CH-4103 Bottmingen
SUR LA ROUTE DE MEMPHiS
Magazine désormais sur Internet :
http://madmagz.com/fr/magazine/386087
BCR LA REVUE : 4 rue Baillergeau
79100 St Jacques de Thouars
TRAD MAGAZiNE
89 rue Championnet, BP 10292,
75867 Paris, Cedex 18
BLUES AGAiN
19 Av. M. Foch, 77508 Chelles
BANDS OF DiXiE
Route du Vigan, 30120 Montdardier
BLUES MAGAZiNE, Rés. Mermoz,
1 Allée Bastié, 95150 Taverny
JOURNAL OF TEXAS MUSiC HiSTORY
History Depart. Texas State University
San Marcos, TX 78666, USA
GOLDENSEAL (John Lilly) :
1900 Kanawha Blvd East
Charleston WV 25305, USA
NO FENCES (en Allemand)
Friedrichsstrasse 16 34117 Kassel, All.
Country Music - Blues - Cajun - Folk Song
Gérard HERZHAFT
Tél. 04-72-33-45-89
http://www.jukegh.blogspot.com
Knockin' On Heaven's Door
Jean RiTCHiE (92 ans) 1er juin
Chanteuse emblématique des Appalaches, elle était
porteuse d’une tradition que sa voix de soprano a fait
connaître au moment du folk revival de la fin des 50’s,
dans la mouvance de Pete Seeger. De Judy Collins à
Emmylou Harris, nombreuses sont les chanteuses qui
l’ont appréciée pour son apport musical et culturel.
Richard E. WATSON (49 ans) 1er juin
Fils de Merle et guitariste il a accompagné son grandpère Doc durant une dizaine d’années. Figue populaire
du MerleFest, Il a enregistré Feeling the Blues (1992)
et produit Third Generation Blues en 1999 (Sugar Hill).
Ronnie GiLBERT (88 ans) 6 juin
Acteur puis psychologue, il fut surtout membre des
Weavers avec Pete Seeger, Lee Hays et Fred Hellerman dès les 40’s. Le groupe spécialisé dans le folk
et les avancées politiques a gravé des classiques et
chanté Woodie Guthrie. Le macchartisme verra en eux
des suppots communistes ce qui limitera leur carrière
par des interdits d'affichages. Avec sa femme (dentiste) Ronnie s'installe alors en Californie. En 1955 ils
Le Cri du Coyote n°145 page 59
ont repris une dizaine d’années de concerts à succès,
avec Erik Darling et Ronnie reste une des grandes voix
de ce mouvement musical et social qui a permis l’avènement des Droits civiques.
Randy HOWARD (65 ans) 09 juin
Auteur de l’album Now and Then (1976) dans la mouvance des Outlaws, puis de l’ironique All-American
Redneck, il fut aussi un compagnon de scène de Willie
Nelson, Waylon Jennings, Hank Williams Jr, Charlie
Daniels, etc. Il a été abattu alors qu’il tirait sur un chasseur de prime venu l’arrêter (pour possession d’arme,
drogue, conduite sans permis, alcoolisme, etc.)
Jim Ed BROWN (81 ans) 11 juin
In Style (présenté dans Le Cri n°144 p50) fut le dernier chant de James Edward Brown. Avec ses sœurs
Maxine & Bonnie, il fit partie du célèbre trio The Browns
dont The Three Bells (1959) fut longtemps en tête des
charts avec l’efficacité de cette tradition d’harmonie
familiale. NB : Décédé la veille de notre remise à l’imprimeur… nous reviendrons sur ce musicien dans un
prochain Cri. (JB)
145
Bulletin de liaison de l’assocation à
but non lucratif (type loi 1901) :
"Découverte et promotion des
musiques issues des traditions
acoustiques nord-américaines
et leurs dérivées.“
PHOTO
SOUVENiR
Lamar Grier, Tex Logan, Roger Mason, Peter Rowan, Amanda Rowan, Barry Mitterhoff.
NEWS
NEWS
Coyote Report
NEWS
Coyote Report
POP ROCK iN BLUEGRASS
Dale Ann Bradley continue
dans un répertoire hors bluegrass traditionnel avec Michael
Cleveland (fdl) Steve Thomas
(gtr, mdl) Mike Sumner (bjo)
Tish Disman (bss) Phil Leadbetter (reso-gtr) et les harmonies vocales de Tina Adair et
Ronnie Bowman pour Pocket
Full Of Keys (Pinecastle)
COAT OF MANY COLORS
La belle chanson de Dolly Parton (1971) qui évoque le manteau bigarré que sa maman qui
lui a cousu à partir de bouts de
tissus donnés (belle allusion
biblique au passage) va devenir
le sujet d’un film TV (NBC).
ANGELS AND ALCOHOL
Drôle de mélange détonnant
annoncé par Alan Jackson pour
titrer son 15ème album produit
par Keith Stegall. Dix nouveaux
titres dont 7 signés Jackson
ROCKiN’ CLASS HERO
Titre du "rockumentaire "de
Laurent Jezequel et Gilbert
Coursoux sur Little Bob avec
de nombreux témoignages.
A quand une distribution en
dehors du Havre ?
TOURNÉE COMMUNE
Ry Cooder, Sharon White et
Ricky Skaggs avec Buck White
(pno) Mark Fain (bss) Joachim
Cooder (drm) et Cheryl White
(h-vo). Pour qui se rappelle
la qualité des Whites, avec
l’apport de Ry, l’affiche doit
valoir le déplacement
STATE MUSiCiAN
Le Texas honore ses artistes
parmi lesquels Jimmie Vaughan
et Joe Ely. Bonne idée
Nécro : Carl Da SiLVA
(30 mars) Chanteur et guitariste des Rhythm All Stars,
groupe apprécié des amateurs
de R’n’R & Rockabilly
Coyote Report
ATTAQUE DU CRABE GRASS
Songwriter et banjoïste, Ray
Edwards (The Bluegrass Brothers ) se bat contre un cancer.
Ses chansons sont reprises par
Lou Reid & Carolina et Mike
Bentley & Cumberland Gap
Connection, Marty Raybon, etc.
CALViN EUGENE
Prénoms du fils de Claire Elizabeth Coffee et son mari, Chris
Thile, né en mai à Portland
COCHON QUi DORT
Un redneck, un peu alcoolisé,
dit à sa femme :
- Eh bé ch’rie, t’as pas encore
grossi ? T’as l’cul qu’est large
comme not’ barbecue !
Le soir venu, et l’alcool aidant,
il s’approche tendrement d’elle
et tend la main…
- Ah bé non ! dit-elle, on va pas
allumer tout le barbecue pour
une si petite saucisse !
The Coyote Staff
AMi-COYOTE
Extraite des archives du Cri, une sélection spéciale Blues
offerte par tirage au sort, aux Membres Bienfaiteurs suivants :
Dominique ANGLARES (94) Pierre BRAU-ARNAUTY (65)
Thomas CREPiN (02) Pierre GUiCHARD (69) Jeff TRONELLE (03)
B.B. KiNG & iRMA THOMAS : We're Gonna Make It, Single Promo MCA Hors commerce (1993)
BLUES AGAINST RACiSM : Compilation 17 titres (1999) de Little Bob à Spider X
2000 ROOTS & NEW : Compilation 18 titres DixieFrog (1999), de Tommy Castro àVan Wilks
STRAiGHT BLUES 4U : Compilation 17 titres Black & Tan (2003), de Big George Jackson à Sunset Travelers
SLAVERY iN AMERiCA : Redemption Songs 1914-1972, Compilation 3 CD (72 titres) Frémeaux (2014)
L’adhésion/ abonnement
est de 4 numéros.
Les Bienfaiteurs participent
au tirage au sort ”Ami-Coyote“
pour gagner des CD.
Les articles, signés, n’engagent
que l’opinion de leurs auteurs.
NB : Les documents non
sollicités ne sont pas renvoyés.
Directeur de la publication
Jacques BRÉMOND
Ont participé à ce numéro :
Marc ALÉSiNA
Eric ALLART
Dominique ANGLARES
Bernard BOYAT
Christian BRÉMOND
Jean-Jacques CORRiO
Romain DECORET
Jacques DUFOUR
* Jean-Luc FAïSSE *
Dominique FOSSE
Anne & Alain FOURNiER
Gérard HERZHAFT
Christian LABONNE
Roland LANZARONE
Thierry LOYER
Serge MOULiS
Philippe OCHiN
Sam PiERRE
Eric RiCHARD
Eric SUPPARO
Lionel WENDLiNG
ABONNEMENT :
29 Euros (4 n°)
Bienfaiteur: 34 Euros
Etranger: 32 Euros
Ce n° est dédié à Gérard Herzhaft
qui a reçu le Keeping the Blues Alive
Award décerné à Memphis. Bravo !
Le Cri du Coyote, BP 48, 26170 Buis-les-Baronnies ([email protected])
Le Cri du Coyote n°145 page 60