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Figure 19 : les médicaments Chapworm et Charworm. Le design du packaging du Charworm ne diffère de celui du Chapworm que par la typographie, le codage du numéro de lot, la nuance des couleurs (en particulier sur le blister) et l’absence d’information en clair sur la source du médicament (cf. figure 19). Les deux entreprises étaient légalement enregistrées en Inde et chaque fabricant a reconnu être à l’origine du produit qui lui a été envoyé lors de l’investigation d’authenticité. Tout comme pour le cas Tanzol/Inasol, il a été difficile de porter un jugement sur la légalité de ces deux produits. En ne considérant que le problème d’usurpation d’identité, seul Charworm a été déclaré contrefait pour le principal motif que, dans cette étude, le fabricant Syncom Formulations est à l’origine de nombreux médicaments ressemblant à d’autres produits pharmaceutiques d’origines très diverses. En l’absence d’éléments contradictoires, le fabricant Shreechem Pharmaceuticals a été considéré comme étant le concepteur original du packaging du Chapworm. Cependant, ce même médicament porte sur son étiquetage le nom d’un distributeur nigérian non autorisé à commercialiser ce produit et donc non autorisé à y apposer son nom, faisant ainsi de Chapworm une contrefaçon par présence d’informations mensongères (cf. 5.3.2.2.2.3). _ Le couple Nivaquine®/Nirupquin (chloroquine) Seul le Nirupquin (chloroquine) fait partie des échantillons prélevés lors de cette étude. La Nivaquine® est un antiparasitaire produit par Aventis en France. La forme dosée à 100 mg que l’on peut voir sur la figure 20 n’est plus exportée, en 2005, que vers la Suisse. Figure 20 : les médicaments Nivaquine® et Nirupquin. Le Nirupquin possède un conditionnement extérieur très similaire à celui de Nivaquine® mais, par contre, ne porte aucune mention sur la source du produit, si ce n’est le code indien du fabricant (MP/DRUGS/25/10/95). Grâce à cette information, le médicament a été identifié comme provenant de l’industrie pharmaceutique Syncom Formulations. Concernant l’ensemble du packaging, Nirupquin diffère de Nivaquine® par le design du blister, le contenu et la présentation de la notice, et par la présence d’indications en arabe. On note par ailleurs la présence de nombreuses fautes d’orthographe dans la partie française de la notice. Sachant que l’industrie Aventis est le concepteur du design commun aux deux produits et que l’industrie Syncom Formulations est à l’origine de nombreux médicaments ressemblant à d’autres produits pharmaceutiques, le Nirupquin a donc été jugé comme étant une contrefaçon. _ Les six Maloxine/Melaxime (sulfadoxine-pyriméthamine) Le Maloxine® (sulfadoxine-pyriméthamine) représenté à l’extrême gauche sur la figure 21 est un antiparasitaire fabriqué par Gracure Pharmaceuticals Ltd. (code No RA/DRUGS/1639) en Inde pour Exphar s.a. en Belgique. Exphar est propriétaire de la marque Maloxine® et commercialise ce produit dans de nombreux pays d’Afrique dont la Côte d’Ivoire. Cette présentation, qui a été fournie par Exphar comme point de comparaison, est une ancienne version du packaging, la plus récente étant maintenant de design un peu plus sophistiqué et à dominante bleue (elle fait partie des échantillons collectés sur le terrain). Les cinq autres médicaments, 4 Maloxine et 1 Melaxime, sont des contrefaçons produites par des fabricants indiens différents (5 codes de fabricant différents) dont 4 ont pu être identifiés (l’un d’entre eux est l’industrie Syncom Formulations), le dernier ayant usurpé frauduleusement le code d’un autre fabricant (Brown and Burk Pharmaceutical), qui a réfuté tout lien avec la fabrication de Maloxine. Sur le contenant des 4 produits appelés Maloxine figure le nom d’une même société, « Britlodge Limited », pour laquelle auraient été fabriqués les médicaments. Deux adresses différentes ont été utilisées mais toutes les deux seraient situées au Royaume-Uni. Après vérification, aucune trace de cette industrie n’a pu être retrouvée (cf. 5.3.2.2.2.3). Par ailleurs, certains de ces produits ont déjà été considérés comme des contrefaçons par le gouvernement nigérian116 et quelques procès sont actuellement en cours117. Figure 21 : les médicaments Maloxine et Melaxime. _ Le couple Boska®/Bhaskha (paracétamol et caféine) Les deux médicaments ont été collectés sur le marché illicite dans le cadre de cette étude. Boska® (paracétamol et caféine) est un antalgique fabriqué par DexaMedica en Indonésie pour le compte d’Orange Drugs Ltd. localisée au Nigeria. Boska® est une marque protégée en Indonésie. L’autre médicament Bhaskha est produit en Inde par Darrwin Pharma (Code No 02 14 0678) qui s’est avéré appartenir à May Laboratories Ltd. Le packaging des deux médicaments est presque totalement identique à l’exception de quelques paramètres (cf. figure 22) : la typographie, la présence d’un hologramme chez Boska® à la place duquel se trouve un carré en grisé pour Bhaskha, le contenu de l’image des comprimés imprimée sur la boîte des médicaments (pour Boska®, les comprimés portent sur les deux faces une étoile en relief et sur une des faces le nom du médicament alors que pour Bhaskha, les comprimés sont simples, sans mention et sont sécables) et la qualité de l’image représentant un personnage (l’image est la même mais celle apposée sur Bhaskha est assurément de qualité inférieure, apparemment retouchée par ordinateur et de mauvaise résolution). Par ailleurs, il est intéressant de remarquer que le logo de Darrwin Pharma présent au dos de la boîte et au bas de la notice (triangle rouge avec les initiales DP à l’intérieur) ressemble beaucoup à celui de DexaMedica situé aux mêmes endroits (triangle rouge au sein duquel se trouve le schéma d’une formule chimique). Or Darrwin Pharma n’utilise habituellement pas ce logo sur les autres médicaments qu’il produit, dont certains ont été collectés dans cette étude et feront l’objet d’une discussion ultérieurement. Cette observation ainsi que la mauvaise qualité générale de Bhaskha par rapport à Boska® (les contrefacteurs font rarement une copie dont la qualité dépasse celle de l’original) et le fait que Darrwin Pharma/May Laboratories Ltd. soit à l’origine d’autres médicaments ressemblant à certains produits du marché, font que Bhaskha a été désigné comme étant une contrefaçon. N’ayant pas reçu de réponse de la part du laboratoire DexaMedica, le produit collecté sur le marché illicite et portant leur nom (pas de vérification des numéro de lot, de la date de péremption…) n’a pas pu être formellement authentifié. Figure 22 : les médicaments Boska® et Bhaskha. _ Les quatre Medik-55®/Mediic-55 (paracétamol, caféine) L’ensemble des médicaments de la figure 23 fait partie des échantillons collectés sur le marché illicite. Ce sont des analgésiques constitués de paracétamol et de caféine. Le Medik-55® situé en bas à droite sur la photo est produit par Kalbe Farma en Indonésie. Le nom commercial de ce médicament est une marque déposée dans le pays de fabrication. Les trois autres versions sont produites par deux fabricants indiens : Darrwin Pharma (Code No TN/DRUGS/975), qui n’est autre que May Laboratories Ltd., est à l’origine des deux Mediic-55 et Syncom Formulations (Code No MP/DRUGS/25/10/95) du Medik-55. Le packaging des deux spécialités de Darrwin Pharma est totalement identique sauf qu’il ne porte pas le même nom d’industrie pharmaceutique (l’un est présenté avec le nom de « Darrwin Pharma » suivi de la mention « India » tandis que l’autre affiche le nom de « Pode Pharma » suivi de l’indication « Germany ») et n’utilise pas tout à fait la même typographie sur les blisters. Figure 23 : les médicaments Medik-55® et Mediic-55. Le Medik-55 de Syncom Formulations se distingue des autres versions par l’absence de données sur la source du produit (à l’exception du code indien du fabricant), par la mauvaise qualité du dessin figurant sur la boîte ainsi que par la présence d’un code barre et d’informations sur les contre-indications. Enfin, le Medik-55® indonésien porte des informations concernant les indications, les précautions d’utilisation et la posologie dont le contenu diffère par rapport aux autres produits. De plus, certaines de ces informations sont absentes des inscriptions figurant sur les blisters, contrairement aux médicaments indiens. Pour conclure, sachant que parmi les quatre échantillons collectés, au moins 3 sont des copies illégales, et sachant aussi que les deux industries pharmaceutiques indiennes ont déjà été identifiées dans cette étude comme des contrefacteurs, les deux Mediic-55 de Darrwin Pharma et le Medik-55 de Syncom Formulations ont été désignés comme étant des contrefaçons. À défaut d’indices ou de preuves contradictoires, le médicament indonésien a été considéré comme authentique sur la base des informations fournies par Kalbe Pharma et les autorités. _ Les médicaments génériques à base de paracétamol Trois médicaments génériques à base de paracétamol d’aspects très proches ont été collectés sur le marché parallèle (cf. figure 24). L’un d’entre eux est fabriqué par Emzor Pharmaceutical Industries au Nigeria, le second par l’industrie Syncom Formulations en Inde (identifié grâce au code du fabricant inscrit sur la boîte) et le dernier par l’industrie May Laboratories Ltd. également en Inde. Pour ce dernier, seul le blister a été collecté, celui-ci se trouvant, lors de l’achat, à l’intérieur d’une boîte du fabricant Syncom Formulations (compte tenu de la similarité des blisters, le vendeur a sans doute cru qu’ils venaient du même fabricant). Si on compare le design des deux boîtes à disposition, il n’existe que de très légères variations de typographie, de couleur et de style. La seule différence notable est la présence sur le médicament nigérian du logo, du nom et de l’adresse du fabricant, remplacés soit par un espace vide soit par des informations sur les contreindications et les précautions d’emploi sur la présentation de Syncom Formulations. En ce qui concerne les blisters, ceux d’origine indienne ont des inscriptions qui se lisent verticalement alors qu’elles sont disposées horizontalement sur ceux d’origine nigériane. On remarque aussi que le blister de May Laboratories Ltd. porte des instructions traduites en trois langues (anglais, français, espagnol) contre une seule (anglais) pour les autres médicaments, ainsi qu’un logo qui ressemble beaucoup à celui d’Emzor Pharmaceutical Industries. Or, May Laboratories Ltd. n’utilise pas ce logo sur les autres médicaments qu’il fabrique, dont certains ont d’ailleurs été jugés frauduleux dans le cadre de cette étude (cf. 5.3.2.2.2.3). Ainsi, compte tenu des divers antécédents de Syncom Formulations et de May Laboratories Ltd., les médicaments génériques à base de paracétamol qu’ils ont produits ont été considérés contrefaits. En l’absence de réponse de la part du laboratoire Emzor, le produit portant son nom n’a pu être jugé quant à son authenticité. Figure 24 : les médicaments génériques à base de paracétamol. 5.3.2.2.2.3 Les médicaments à informations mensongères Le type le plus répandu d’informations mensongères concerne le nom et l’adresse des exploitants ou des distributeurs (« manufactured for »). En effet, pour 16 échantillons (32,7% des contrefaçons), aucune trace tangible de l’existence de certaines entreprises n’a pu être trouvée aussi bien auprès des autorités de régulation pharmaceutique qu’auprès des registres du commerce des pays mentionnés, ce qui a permis de conclure qu’elles avaient été inventées de toutes pièces (cf. figure 25). La particularité commune à toutes ces contrefaçons est de ne pas indiquer le nom du fabricant sur le conditionnement, seule la présence d’un code permet de l’identifier (ce code est une caractéristique de la réglementation pharmaceutique indienne, il y est appelé neutral code).