Extraits du Lien de décembre 2007

Transcription

Extraits du Lien de décembre 2007
MOUVEMENT
O R I E N T A T I O N
édito
PRIORITÉ À
L’ÉDUCATION
Comme les 70 000 familles
qui composent notre mouvement
familial, vous partagez cette
priorité forte qu’est l’éducation
de vos enfants. Vous avez choisi
d’accompagner votre jeune dans
son projet aux côtés du maître
de stage ou d’apprentissage
et de l’équipe pédagogique.
L’une de nos grandes priorités
est de continuer à proposer
des parcours originaux aux
plus jeunes dès quatorze ans.
Vous le savez, de nombreux
adolescents aspirent à autre
chose que ce qu’ils vivent au
collège. Nos classes de 4e et
de 3e ainsi que les classes de
préapprentissage offrent des
parcours profondément différents,
parcours qui motivent et
responsabilisent le jeune. Depuis
plusieurs mois nous portons nos
efforts sur le préapprentissage.
Les responsables des MFR
rencontrent les élus et les
pouvoirs publics et attirent
fermement leur attention. Le cadre
juridique est important certes,
mais ce qui fait la réussite d’un
jeune en MFR, c’est avant tout
la façon dont il est accompagné
par les adultes qui l’entourent.
L’équipe pédagogique, le maître
de stage ou d’apprentissage
ont besoin de vous rencontrer
régulièrement pour échanger sur
votre enfant, sur sa progression et
sur son projet qui émerge. C’est
toute la richesse et l’efficacité de
notre pédagogie de l’alternance.
L’équipe pédagogique est
à votre écoute. N’hésitez
pas à venir à sa rencontre,
prenez un peu de temps pour
participer aux activités de
la MFR car comme son nom
l’indique, la Maison familiale,
c’est la Maison des familles.
4e et 3e de l’enseignement agricole et classes
préparatoires à l’apprentissage constituent
une originalité de l’offre de formation des
Maisons familiales rurales. Elles savent depuis
longtemps qu’il faut placer les adolescents
dans une spirale éducative positive. Il faut
les mettre en situation d’exercer une réelle
activité dans le monde des adultes tout en
leur donnant des connaissances solides
pour leur permettre de réfléchir à leurs
projets avant de professionnaliser leur
formation. Ces années « collège » ont-elles
toute leur place en Maison familiale ?
Les MFR… après
vec plus de 17 000 élèves
en 4e et 3e, les Maisons
familiales sont la première
composante de l’enseignement
agricole à scolariser autant de
jeunes dans ces classes qui sont
aujourd’hui uniques dans le
dispositif éducatif français. En
effet, depuis la réforme de 1996
qui a découpé le collège en trois
cycles : une année d’adaptation
en 6e, un cycle central de deux
ans (la 5e et la 4e), puis une
année d’orientation en 3e, le
palier d’orientation après la 5e
a été théoriquement supprimé
même si les familles peuvent
toujours faire leur propre
choix.
Peu à peu, les classes de 4e et 3e
technologiques qui existaient
dans l’enseignement profession-
A
#OLLÒGEs-&2
4e et 3e de collège
François Subrin
PRÉSIDENT
DE L’UNION NATIONALE
DES MAISONS FAMILIALES RURALES
4e
5e
3e
et
de
l’enseignement
agricole
Préapprentissage
4
le Lien
s
DÉCEMBRE 2007
nel ont disparu. Fort heureusement, l’enseignement agricole
a su maintenir des 4 e et 3 e
spécifiques. Et le succès qu’elles
rencontrent est la démonstration
de leur intérêt.
De même, les Maisons familiales
ont un savoir-faire important
dans les parcours préparatoires à
l’apprentissage. Les turbulences
suscitées par la création d’un
nouveau dispositif « d’apprentissage junior » presque
aussitôt suivie de l’annonce de
sa probable suppression n’ont
pas modifié le cap pris par
les Maisons familiales depuis
de nombreuses années. Avec
leurs 1 200 préapprentis sur les
quelque 10 000 scolarisés en
France, les Maisons familiales
entendent faire entendre leur
-&2s
#&!sLYCÏEPROF
Seconde générale
et technologique
CAP(A) ou BEP(A)
(en formation scolaire
ou en apprentissage)
© Hervé Vincent/MFR de Richerenches (84)
La formation générale
étroitement associée à la
formation professionnelle,
l’accompagnement des
adultes, l’implication des
parents, sont quelques-uns
des secrets de la réussite en
Maison familiale rurale.
e
la 5
voix pour préserver le travail
conduit qui permet la réussite
des jeunes lorsqu’ils entrent en
apprentissage.
L’alternance dès 14 ans
Danielle Alphand, directrice du
Centre de formation d’apprentis des MFR de Rhône-Alpes
explique : « à 16 ans, l’apprenti
s’engage souvent dans une entreprise sans préparation suffisante,
dans un métier qu’il n’a pas
toujours choisi. Il ne faut pas
s’étonner alors que la moyenne
nationale des taux de rupture des
contrats soit de l’ordre de 25 à
30 % ? Réussir un apprentissage
de qualité suppose d’organiser
une préparation. » En Maison
familiale, les jeunes bénéficient
d’un environnement capable de
les accompagner. On constate
moins de ruptures de contrats
(5 % environ).
Les Maisons familiales ont posé
le concept d’une alternance
scolaire encadrée mais efficace
pour les jeunes âgés de 14 à 16
ans. Pour le mouvement, l’alternance est une méthode éducative
qui a d’authentiques vertus :
découverte, confrontation à la
réalité, relations avec les adultes,
apprentissage de la citoyenneté,
acquisition de savoirs, de savoirfaire et de savoir être…
Enfin, les Maisons familiales
insistent, dans ces classes-là,
sur la nécessité d’un travail
approfondi sur l’orientation.
Jean-Marie Landreau, directeur
du Centre national pédagogique
prévient : « L’orientation est un
processus long qui passe par des
étapes qui prennent du temps,
qui fait appel à la responsabilité
de l’élève, qui l’engage personnellement. » À cette période
charnière, l’orientation doit
permettre à l’adolescent non
pas de faire des choix mais de
dire quelles perspectives l’animent et de prendre conscience
progressivement de lui-même.
« C’est à l’équipe éducative et
à sa famille de l’accompagner
dans cette approche globale et
de longue haleine qui dépasse de
loin les seuls aspects scolaires ou
les besoins des professions ».
Si les Maisons familiales obtiennent des résultats positifs en
matière d’insertion, c’est sans
doute parce qu’elles proposent
une démarche où la rencontre
peut se faire avec des personnes
qui transmettent leur passion, où
chacun construit graduellement
son projet.
Aujourd’hui, personne ne remet
en cause la nécessité d’une scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans et
encore moins l’acquisition d’un
socle commun de connaissances.
Les Maisons familiales ont toujours défendu la nécessité d’une
formation générale associée à la
formation professionnelle. Au
milieu du brouhaha médiatique
sur le collège unique, il est clair
qu’elles entendent bien faire
valoir leurs positions pour une
meilleure réussite des jeunes.
Patrick Guès ■
TROIS QUESTIONS À JEAN-CLAUDE DAIGNEY*
POUR UN PRÉAPPRENTISSAGE DE QUALITÉ
Les MFR sont-elles favorables à l’apprentissage dès
14 ans ?
J.-C. Daigney. Non. Les
MFR sont favorables à un
préapprentissage à partir
de 14 ans à condition que ce
parcours soit une formation
scolaire par alternance, comme c’était le cas
dans les anciennes classes préparatoires à l’apprentissage.
Quel est l’enjeu ?
à la mise en situation réelle avec des adultes dans le
monde du travail. Ce parcours les prépare à signer
avec succès un contrat d’apprentissage à partir de
16 ans.
Comment faire entendre ce point de vue ?
J.-C. Daigney. Les Maisons familiales élaborent
un projet de parcours préparatoire à l’apprentissage qu’elles vont soumettre aux ministères
concernés et aux conseils régionaux. Elles ont
alerté les pouvoirs publics sur la nécessité de
remplacer le dispositif d’apprentissage junior par
un cadre respectueux de l’expérience des MFR.
J.-C. Daigney. C’est pour les jeunes le moyen de
suivre un enseignement qui leur permet de réfléchir *Jean-Claude Daigney est directeur de
à leur orientation en testant leur motivation, grâce l’UNMFREO.
le Lien
s
DÉCEMBRE 2007
5
&QUUKGT
LE
LIEN
-
N U M É R O
3 2 1
-
D É C E M B R E
2 0 0 7
En 20 ans, nous sommes
passés en un temps record
de la préhistoire de l’ère
numérique à l’avènement d’un
monde nouveau. La France qui
avait pris le train en marche a
comblé son retard en matière
d’équipement informatique des
ménages et de haut-débit. Les
écoles ont mis l’informatique
au programme. Internet,
jeux, mobile, messagerie,
blog… Les jeunes sont très
à l’aise avec cette nouvelle
panoplie d’outils à
leur disposition
et ont rapidement érigé
une nouvelle culture qui
échappe à leurs parents.
Fracture générationnelle ?
Suivez le guide !
L
À L’ÈRE
NUMÉRIQUE
a vitesse avec laquelle les
nouvelles technologies se
sont répandues en France a
pris tout le monde de court.
Fin 2006, on compte, d’après
Médiamétrie, quatorze millions de foyers (55 %) équipés
d’un micro-ordinateur (une progression de
13 % en un an) et 28,6 millions d’internautes
(une évolution de 10 % en un an). Neuf
adolescents sur dix, d’après le Crédoc en
2004, « sont familiarisés avec un ordinateur
et Internet ». Le psychanalyste Michael
Stora(1) avertit : « Les mondes virtuels sont
bel et bien là » et mieux vaut en comprendre
les règles plutôt que de se mettre à l’écart ou
de se comporter en mauvais joueur.
Nous vivons dans un environnement numérique qui nous permet d’écouter la radio
sur l’ordinateur, de recevoir son courrier
électronique sur son mobile,
d’écouter de la musique sur sa
console de jeux… Les jeunes,
ET
quelle que soit leur origine
sociale ou géographique, ont le même usage
débordant des écrans en tout genre (ordinateur, console de jeux, mobile). Nombreux
sont ceux qui ont craint que les nouvelles
technologies ne nuisent à la sociabilité et
favorisent le repli sur soi. C’est plutôt le
Dossier réalisé par
Sabine Berkovicius
contraire qui s’est produit. Ces nouvelles
technologies sont précisément fondées
sur la communication. C’est la facilité et la
rapidité de la mise en relation qui ont séduit
les jeunes. Que ce soit le mobile avec lequel
LES JEUNES
LA CYBERCULTURE
on se parle et on s’écrit, les jeux vidéo qui se
jouent en réseau sur Internet, la messagerie
instantanée qui connaît un succès croissant
auprès des adolescents, les blogs qui explosent, les outils se sont multipliés. Petit tour
(suite page 13)
d’horizon.
le Lien
s
DÉCEMBRE 2007
11
&QUUKGT
À L’ÈRE NUMÉRIQUE
Jeux
LES ADOS
À L’ÈRE NUMÉRIQUE
EN QUELQUES CHIFFRES
des foyers français
équipés d’une
console de jeux non portable
25%
71,5%
En 2004, le chiffre d’affaires du jeu vidéo
devance celui du cinéma et, en 2005, celui
de l’industrie musicale.
MARCHÉ MONDIAL DE
L’INDUSTRIE DES LOISIRS
EN 2006
(en milliards
d’euros)
Mobiles
27 27,5
des 12-17 ans
80%
utilisent un
mobile
18
(74% population totale)
CINÉMA MUSIQUE
USAGES
EN DEHORS DES COMMUNICATIONS
TÉLÉPHONIQUES LES 12-17 ANS
UTILISENT LE PORTABLE POUR :
SMS
des 6-14 ans équipés
en jeux vidéo
JEUX
(SOURCE : IDATE)
89%
PHOTO/VIDÉO
76%
75%
MUSIQUE 59%
INTERNET 23%
JEUX
70%
des parents
laissent leurs enfants à
partir de 8 ans accéder
seuls au web (ENQUÊTE LA CROIX)
(AFOM/TNS SOFRÈS - AOÛT 2006)
INFOS
PRATIQUES
POUR LES
PARENTS
LES PRINCIPAUX
USAGES DE L’ORDINATEUR
CHEZ LES ADOLESCENTS (12-17 ANS)
COMPARÉS À CEUX DES ADULTES
90%
(ENQUÊTE CREDOC - 06/2003)
78%
le Lien
travailler
s
des foyers
ont un accès à
(MÉDIAMÉTRIE/GFK 2007)
USAGES INTERNET
57%
10%
12
46,6%
74%
46%
se distraire
83%
internet
80%
58%
des 12-17 ans
ont un ordinateur à domicile (CRÉDOC 2006)
rechercher
gérer ses
des informations comptes
DÉCEMBRE 2007
+ jeux en réseaux
+ téléchargement
+ blog La France compte le nombre
de blogs par internaute le plus élevé
au monde (9 millions de blogs)
+ messagerie
courrier
électronique (e-mail), messageries
instantanées (chat, MSN)
FIXEZ DES LIMITES
L’usage des mobiles et
d’Internet fait partie de la vie
sociale des jeunes. Ne leur
interdisez pas leur usage mais
contrôlez-en l’accès : offre
bloquée avec facture détaillée
ou offre prépayée pour les
portables, horaires limités de
connexion à Internet de
préférence après les devoirs.
www.afom.fr
INSTAUREZ LE
DIALOGUE Les jeunes
évoluent dans un monde qui
échappe aux adultes, cela
n’empêche pas de maintenir
un dialogue, de discuter avec
eux de ce qu’ils font tout en
respectant leur jardin secret.
internetsanscrainte.fr
INFOGRAPHIE : D. BERNARD
Ordinateurs
FILTREZ Installez des
logiciels de contrôle parental
proposés gratuitement par tous
les fournisseurs d’accès à
Internet. www.foruminternet.org
LE COURRIER ÉLECTRONIQUE
Le courrier électronique ou e-mail (mél
pour les puristes) est le plus ancien des
services disponibles sur Internet (1970).
Il permet d’échanger des messages avec
des utilisateurs disposant également d’une
adresse électronique caractérisée par la
désormais célèbre @ arobase.
LA MESSAGERIE INSTANTANÉE
Comme son nom l’indique, cette messagerie
permet de recevoir et d’envoyer instantanément des messages. Plusieurs outils
existent. Le plus connu est MSN Messenger.
Il permet de voir en temps réel qui, dans
sa liste de « contacts personnels », est en
ligne (c’est-à-dire connecté à Internet).
La messagerie instantanée offre aussi des
fonctions de communication audio et vidéo
via une Webcam. En 2005, environ 70 %
des 12-18 ans qui ont accès à Internet disent
se servir de la messagerie instantanée. Cet
outil est plus utilisé par les ados que le mail.
Comme le téléphone mobile, il est devenu
un outil qui prolonge la relation.
le sont illégalement, sans respect de la
législation sur les droits d’auteurs. Selon une
étude européenne récente (Eurobaromètre
en mai 2007), les jeunes pirates ont peu
conscience des préjudices créés aux auteurs,
et des risques de poursuites judiciaires
encourus.
LE BLOG
Le blog contraction de web et log (carnet
de bord) est un site web constitué d’articles, de photos, de vidéos, classés du plus
récent au plus ancien. Ces sites sont faciles à créer. Plusieurs hébergeurs (Skyblog,
Overblog…) proposent ce type de service
gratuitement. Cet outil est souvent utilisé
par les jeunes comme un journal intime,
qui n’a rien de privé puisqu’il peut être
consulté par l’ensemble des internautes.
LES JEUX VIDÉO
Les jeux vidéo sont les loisirs préférés des
jeunes et des adolescents. Il y a 400 millions
de joueurs dans le monde sur des consoles.
Sur Internet, les jeux sont nombreux. Les
jeux de rôle en ligne, les MMORPG, abréviation anglaise de « Massivement Multiplayer
Online Role Playing Games », se jouent avec
un grand nombre de joueurs simultanément
qui interagissent. Le jeu est accessible en
permanence. Le joueur s’incarne dans un
avatar, son double virtuel, qu’il doit faire
progresser dans des mondes différents… Ces
types de jeux demandent qu’on y consacre
beaucoup de temps. ■
P.G. et S.B.
(1) Michael Stora dans son livre « Les écrans
çà rend accro… ». Lire entretien p. 16
WEB 2.0
Une nouvelle
génération de sites est fondée sur la
participation des internautes. C’est ce qu’on
appelle « la toile vivante ». Ce sont des
sites où les gens collaborent, participent,
partagent des données et se rencontrent tels
MySpace, Youtube, Wikipédia ainsi que tous
les blogs. C’est ce qu’on appelle le web 2.0
LE CHAT* OU « TCHAT »
Le chat permet aux internautes d’envoyer
et recevoir des messages à d’autres internautes connectés au même moment. Pour
« chatter » il faut se connecter à un site web
proposant ce service. Sur les sites de chat,
on communique en direct et, la plupart du
temps, avec des inconnus.
* To chat : « bavarder » en anglais
EN SAVOIR PLUS : Révolution 2.0
Courrier International, Hors-série, oct-déc. 2007
LE MOBILE
LES SITES WEB
Les jeunes se sont approprié le web, constitué
aujourd’hui d’une centaine de millions de
sites accessibles dans le monde, qui vont
des pages perso aux sites d’entreprises en
passant par les blogs et tous les sites communautaires. Si la recherche d’information
sur le web est utilisée à des fins scolaires
avec notamment Wikipédia, l’encyclopédie
communautaire, les jeunes surfeurs naviguent,
surtout, pour le plaisir, sur des sites de jeux
ou de musique.
LE TÉLÉCHARGEMENT
Le Peer-to-Peer (égal à égal) est une technologie qui permet l’échange de fichiers
entre internautes. Les fichiers sont partagés
sur tous les ordinateurs des internautes
faisant partie d’un réseau, sans passer par
un ordinateur central. Les fichiers échangés
sont essentiellement des fichiers musicaux et vidéo et des logiciels. 6 jeunes sur
10 disent télécharger de la musique, des
vidéos et des logiciels. Même si des sites de
téléchargement légaux gratuits ou payants
existent, la plupart des fichiers échangés
BJR, KOI 29 ?
Toutes les fonctions offertes par les
téléphones font oublier parfois leur
fonction première : la conversation !
Personnalisation
Le mobile se personnalise à l’extérieur avec des
autocollants, des housses et autres accessoires
indispensables, comme à l’intérieur avec des
sonneries ou des fonds d’écran. Comptez 3 €
pour une sonnerie !
SMS et MMS
Le SMS offre la possibilité d’envoyer des
messages textes de téléphone à téléphone. Afin
de saisir plus vite et plus court, des raccourcis
textuels parfois surprenants sont souvent
utilisés. Le MMS offre la possibilité de joindre
du son et des images au message texte.
Photo et vidéo
Les mobiles sont souvent pourvus d’appareils
photo numériques qui ont également des fonc-
tions d’enregistrement de vidéos. Ces images
peuvent être ensuite transférées par MMS, par
mél ou envoyées vers un ordinateur pour être
imprimées ou utilisées sur un blog par exemple.
Jeux
En plus des jeux pré-installés, beaucoup de sites
Internet proposent en téléchargement des jeux
supplémentaires à 4 ou 5 € l’unité.
Lecteur de fichiers multimédias
Certains mobiles intègrent des fonctions
multimédias. Ils permettent d’écouter des
fichiers MP3, mais aussi de regarder des photos
ou de lire des vidéos.
Internet
Certains téléphones permettent d’accéder à
Internet. Il devient alors possible d’envoyer des
méls, de naviguer sur le web ou bien d’utiliser
une messagerie instantanée comme MSN. ■
Pierre Gosselin
le Lien
s
DÉCEMBRE 2007
13
&QUUKGT
À L’ÈRE NUMÉRIQUE
EXPÉRIENCE MFR
LES MFR ENCADRENT L’USAGE
DES NOUVELLES TECHNOLOGIES
LE MOBILE,
NOUVEAU DOUDOU
qu’un téléphone, c’est un véritable doudou
dont les jeunes ont du mal à se passer. La
nuit, les mobiles sont déposés en dehors
des chambres et récupérés le matin pour
éviter aux jeunes trop de tentations. Les
téléphones, de plus en plus sophistiqués,
permettent de prendre photos et vidéos, de
jouer, d’envoyer des fichiers d’un téléphone
sur l’autre, d’écouter de la musique… de
14
le Lien
s
DÉCEMBRE 2007
© Hervé Vincent/MFR de Monteux (84)
D
ans les Maisons familiales
rurales qui accueillent les
élèves en internat toute la
semaine, l’usage immodéré
par les jeunes des mobiles,
mais aussi d’Internet, fenêtre ouverte sur le monde, a
rapidement interpellé les équipes éducatives
qui chacune à leur façon ont essayé de
mettre en place des garde-fous.
Le téléphone portable a vu son compte
rapidement réglé. Dans certaines Maisons
familiales, les jeunes n’utilisent pas leur téléphone portable de la semaine. « Il ne s’agit
pas d’interdire pour interdire. Mais nous
avons été confrontés à des problèmes très
concrets. Par exemple les jeunes appelaient
leurs parents au moindre souci qu’il s’agisse
d’un petit bobo ou d’un incident mineur avec
un camarade ou un formateur », explique
un moniteur. « Les parents s’inquiétaient
à distance, à juste titre, mais souvent pour
des motifs anodins qui se seraient réglés
sans leur intervention ». Le mobile et sa
trop grande réactivité ont tendance à faire
oublier qu’il faut parfois laisser du temps
au temps.
Dans d’autres établissements, les mobiles
ne sont allumés que pendant les pauses
ou le soir. Si par hasard le portable sonne
pendant les cours, il est confisqué et rendu
en fin de semaine. « Certains arrivent à la
Maison familiale avec plusieurs téléphones
et passent outre nos consignes », raconte un
moniteur. Car le mobile est aujourd’hui plus
quoi empêcher les jeunes de dormir tranDans les Maisons familiales
quillement la nuit.
rurales, l’utilisation raisonnée des
Concernant Internet, la question est un peu
technologies de l’information et de
plus ardue. Les jeunes en Maison familiale
la communication, avec des limites,
ont la chance en général de bénéficier de
permet de sécuriser les jeunes.
salles informatiques fort bien équipées.
Par exemple dans le Rhône, le Conseil
général a câblé tous les établissements
scolaires. Dix MFR sur onze possèdent une toutes les Maisons familiales, y compris
salle connectée à Internet. Xavier Boucher, pour les jeunes qui arrivent avec leur propre
responsable informatique de la fédération portable. Cela signifie que les jeunes n’ont
départementale, s’est vite rendu compte pas accès à certaines catégories de sites
qu’on ne pouvait pas laisser les élèves faire (violents, pornographiques, racistes, sites
ce qu’ils voulaient sur Internet. « Les veillées de téléchargement de fichiers MP3, peer-tooù on laissait les jeunes surfer sur la toile peer, sites de jeux, messagerie instantanée…).
sans contrôle n’ont pas duré longtemps. Il « Les catégories bloquées font l’objet d’une
a fallu trouver rapidement une parade. »
Pour se couvrir du téléchargement illégal,
de la visite de sites interdits, la réponse a
d’abord été d’ordre technique. Un filtrage
de la connexion Internet a été installé dans
UNE CHARTE
INFORMATIQUE
Une fois réglée la question technique, il a
fallu mettre en place une réflexion pédagogique et éducative.
« Je suis alerté par mail quand les jeunes sont
bloqués. C’est l’occasion pour les formateurs
d’essayer de leur faire comprendre ce qu’ils
ont le droit de faire et ce qu’ils ne peuvent
pas faire et pourquoi. Il y a une question de
responsabilité. »
Dès 2004, le Rhône s’est doté d’une charte
informatique qui est ajoutée au règlement
intérieur. « Chaque Maison familiale peut
l’adopter et doit la personnaliser suivant
les objectifs qu’elle se donne », explique
Xavier Boucher. « Dans certaines Maisons
familiales rurales, les comptes des élèves qui
ne respectent pas la charte sont invalidés
ou ne permettent la connexion que pendant
les plages horaires des cours. » La charte
est signée par les jeunes et par les parents
qui en sont informés lors des réunions de
rentrée.
Les jeunes peuvent en général se servir du
courrier électronique (cela fait d’ailleurs
partie des objectifs du B2i : lire ci-dessus)
mais la messagerie instantanée est interdite
car son utilisation s’est révélée ingérable.
« MSN Messenger est un produit qui s’ouvre
quand on lance la moindre session. Pendant
les cours informatiques, les élèves passaient
leur temps sur la messagerie. C’est le lien
qu’on garde avec la famille, les amis. C’est
important pour les adolescents. Je trouve
regrettable qu’on soit obligé de tout interdire » explique Xavier Boucher « mais pour
l’instant nous n’avons pas trouvé de solution
idéale ».
Les jeux sont un autre souci à gérer. Là aussi,
il a fallu mettre le holà, certaines salles informatiques étant devenues de vraies salles de
jeux. La règle a été établie de ne rien installer
sur les postes de la Maison familiale. La
discipline est de rigueur mais c’est le prix
à payer pour permettre aux jeunes le libre
accès à la salle informatique.
I N F O R M AT I Q U E
LE B2I S’IMPOSE
Le brevet informatique et internet (B2i) est
une attestation comportant trois niveaux de
maîtrise des technologies de l’information
et de la communication (B2i école, collège
et lycée-CFA). Pour l’obtenir, les élèves
autoévaluent leurs compétences. Il s’agit,
par exemple, de savoir utiliser les logiciels
(traitement de texte, tableur…), créer un
document, l’enregistrer, l’imprimer, d’adopter
une attitude responsable sur Internet, de
savoir utiliser un moteur de recherche et le
courrier électronique… Ces compétences sont
ensuite validées par un formateur dans le cadre
d’activités pédagogiques interdisciplinaires.
Internet n’est pas seulement source de
contraintes. Moniteurs et jeunes mesurent
chaque jour l’intérêt pédagogique du web
(consultation de bases de données et des
sites professionnels, utilisation du courrier
électronique, création de blogs). De plus
en plus de moniteurs utilisent la salle
informatique pour faire leur cours.
UN INTÉRÊT
PÉDAGOGIQUE
Dans certaines MFR, par exemple à
Mortagne-au-Perche dans l’Orne, les
parents peuvent communiquer par mail
avec les formateurs, avoir accès aux notes
mais aussi à l’album de photos mis à jour
régulièrement qui illustre les activités de
la semaine. C’est
« un plus » qui ne
remplace ni les
réunions, ni les
carnets de liaison,
ni la relation.
Pour les moniteurs,
un espace
partagé sur
le réseau
permet
de visualiser les
plannings,
d’accéder
à des informations
c o n f i d e n - © Hervé Vincent/MFR de Richerenches (84)
© Stéphane Dévé/MFR d’Haleine (61)
négociation avec les membres de l’équipe
pédagogique, selon l’âge des jeunes ou leur
niveau », explique Xavier Boucher. Dans le
Rhône, les jeunes doivent s’identifier sur
l’ordinateur pour pourvoir l’utiliser. Une
annonce alors apparaît leur rappelant que
leur navigation sur Internet est soumise à
un contrôle qui assure une traçabilité des
connexions. « Nous avons mis en place
une sorte de permis à points. Au bout d’un
certain nombre de connexions sur des sites
interdits, les jeunes sont privés d’accès à
Internet ».
tielles, à des cours, des sujets de devoirs…
Et ce ne sont que les prémices. Dans un
autre domaine, les quelques fédérations
régionales des MFR qui ont développé
les formations « Deuxième chance pour
une qualification » qui permettent aux
jeunes de repasser un examen manqué
de peu sans suivre à nouveau toute la
formation utilisent également ces nouveaux outils. Suivi individualisé, tutorat,
accompagnement à distance sont possibles
grâce à toutes sortes de moyens, des plus
traditionnels (téléphone,
courriers, rencontres)
aux plus modernes
(plateformes,
messagerie…).
Les
perspectives sont
immenses. ■
le Lien
s
DÉCEMBRE 2007
15
&QUUKGT
À L’ÈRE NUMÉRIQUE
RENCONTRE
Michael Stora PSYCHOLOGUE, PSYCHANALYSTE, FONDATEUR DE L’OBSERVATOIRE DES MONDES NUMÉRIQUES
EN SCIENCES HUMAINES. IL OUVRIRA L’AN PROCHAIN UN INSTITUT DES MONDES NUMÉRIQUES.
❝ LA VIOLENCE,
C’EST DE LAISSER UN ENFANT
SEUL AVEC UN ÉCRAN ❞
En 1998, vous avez créé l’observatoire des mondes numériques.
Quel était votre objectif ?
Je veux simplement insister sur le fait que
ces jeunes qui passent à l’acte, qui tirent sur
tout de qui bouge et finissent par se suicider
montre qu’ils sont atteints d’un problème
psychotique d’un autre ordre avec un milieu
familial souvent défaillant.
Messagerie, mobile, jeux en
réseau, il y a comme une frénésie
de communication. Cela comble-til un manque ?
Michael Stora : Cela fait neuf ans que je
travaille sur ce sujet. Au départ, l’idée était de
M. S. : Quand le téléphone est apparu, on a
se retrouver entre chercheurs qui défendaient
dit que les gens n’allaient plus se voir. C’est le
notamment l’aspect thérapeutique du jeu
contraire qui s’est passé. Ils se téléphonaient
vidéo. En France, on ne parle des jeux vidéo Qu’est-ce qu’il y a à craindre des
pour se donner rendez-vous. Les personnes
que sous deux angles : la violence et l’addiction jeux vidéo ?
qui se rencontrent virtuellement se voient en
avec un discours diabolisant. C’est cela qui M. S. : Il existe de gros consommateurs de
général dans la vraie vie. Les jeunes qui jouent
intéresse les médias. Personnellement, j’ai eu
jeux vidéo. Mais ils sont peu nombreux à
en réseau finissent par se rencontrer aussi.
une expérience différente : j’ai joué, j’ai aimé. être cyberdépendants. En général ils jouent Çà c’est plutôt bon signe. Quant au mobile
Je me suis rendu compte de la
à ce qu’on appelle les « jeux aujourd’hui, j’appelle cela le doudou sans fil.
vertu thérapeutique du jeu. Je
de rôle en ligne massivement Il permet de garder le lien, de relire les SMS.
UN DISCOURS
suis un observateur militant. En
multijoueurs », dont le plus Il y a une forte angoisse de la solitude. Il ne
DIABOLISANT
connu dans le monde est Word
faut pas oublier que la France est le premier
tant que clinicien, j’expérimente
certains jeux avec mes patients.
of Warcraft (500 000 joueurs
pays consommateur de psychotropes. Nous
Je continue à essayer de comprendre, et je
en France). Ce sont des jeux extrêmement sommes une société prozac. Le mobile a
commence à être connu pour çà. Je suis expert chronophages. Il faut y passer beaucoup de
une fonction d’antidépresseur.
pour un plan d’éducation au multimédia* temps pour atteindre un stade intéressant
mis en place par le ministère de la Jeunesse, et ensuite encore plus de temps pour s’y Vous êtes également consultant
depuis un an, pour promouvoir une image
maintenir. Mais il existe d’autres jeux qui
pour skyblog. Quelle est votre
positive des nouvelles pratiques des jeunes. font appel à l’inventivité et à l’imaginaire. mission ?
J’ai une formation de cinéaste et j’ai été
Ils permettent de projeter une image de
M. S. : Les médiateurs repèrent les blogs
photographe. Je m’intéresse aux images
soi valorisante ou au contraire sont un
hébergés sur skyblog qui parlent de suicide et
et aux objets tels que le chat, les blogs, le
exutoire à l’agressivité. Les jeux permettent peuvent en faire l’apologie, ou de l’anorexie,
de développer des compétences une bonne
de la pornographie… J’analyse la mise en
mobile, les jeux vidéo, les robots… En ce
moment je travaille sur ce qu’on appelle le
coordination main-oeil, la spascène : les photos retravaillées,
cybersexe. Personne n’en parle. « Sexe » est tialisation, une intelligence de
les polices de caractères utiliLE JEU A DES
pourtant le mot le plus tapé sur les moteurs
la 3 D. Les parents devraient
sées, les couleurs. Il y a une
VERTUS
de recherche sur Internet !
nouvelle façon d’exprimer
s’autoriser le plaisir de jouer
avec leurs enfants. Cela les
quelque chose. Mon rôle est
Pourquoi les jeux vidéo ont-ils si
libérerait de leurs pulsions et favoriserait d’entrer en contact avec le jeune. Je lui
explique que le contenu de son blog est
le dialogue !
mauvaise presse ?
M. S. : Je pense que les jeux vidéo sont
inquiétant et je lui propose de me répondre.
la nouvelle sorcière à brûler. Quand dans Y a t-il un danger à vivre dans un
On renvoie ensuite les jeunes sur des services
l’actualité, il est question de la violence
d’aide et d’écoute.
monde virtuel ?
chez les jeunes avec des actes suicidaires
M. S. : Un nombre incroyable de parents Il y a un désir désespéré d’exister aux yeux du
ne sait pas ce que leurs enfants font sur
monde et le blog permet cela assez facilement.
par exemple, on va souvent chercher une
Internet. Ils contrôlent éventuellement le
Les images donnent un impact encore plus
explication du côté de la pratique intense
des jeux vidéo. Il y a beaucoup de fantasmes
fort. On ne sait pas très bien quel effet
temps passé mais pas les contenus. C’est
et de préjugés. Leur violence entraînerait cela qui est violent, c’est l’enfant seul avec
peut avoir ce genre de blogs sur des jeunes
la violence. Je n’y crois pas un seul instant. un écran.
fragilisés.
❝
❞
❝
16
le Lien
s
DÉCEMBRE 2007
❞
Peut-on tout dire sur un
blog ?
UN ENJEU
❝
D’AUTORITÉ
❞
M. S. : Il existe ce sentiment de
liberté absolue sur le net mais
on ne peut pas tout dire évidemment. Les
jeunes ont souvent plusieurs blogs : un
dont ils donnent l’adresse aux parents et
un autre où ils disent tout le reste… Le blog
peut aider à se construire une personnalité,
une identité.
À lire ces blogs, que peut-on en
tirer sur ce que vivent les adolescents ?
porte de leur chambre et font une
crise d’adolescence virtuelle.
Quel conseil donneriez-vous à des parents sur la
conduite à tenir par rapport à
l’utilisation de l’ordinateur en
général ?
M. S. : Il faut commencer à s’inquiéter quand
les enfants ne viennent plus manger parce
qu’ils font de l’ordinateur, s’ils jouent la nuit,
ne dorment plus, s’ils n’ont plus le temps
de faire leurs devoirs, s’ils ne voient plus
leurs copains. Il faut mettre des limites et
les faire respecter. Tant que les enfants ne
sont pas adolescents, il est préférable d’éviter
d’installer l’ordinateur dans la chambre.
Et je conseille aux parents de regarder les
enfants jouer et mieux même, de jouer avec
eux et fixer des limites. Le temps du plaisir,
c’est le temps de l’inconscient, on ne voit
pas passer le temps. Il faut donc établir des
règles et s’y tenir. L’ordinateur est un nouvel
enjeu d’autorité parentale. ■
M. S. : Les adolescents n’ont pas changé.
Ils ne vont pas ni mieux ni plus mal. C’est
l’environnement qui a changé. Les crises
d’adolescents ont toujours existé. Et on
ne soigne pas un adolescent en crise. Il
s’oppose à ses parents et se construit ainsi.
La difficulté aujourd’hui vient des parents
qui n’exercent plus leur autorité sur les
enfants et ne veulent pas les contrarier. Les
adolescents souffrent finalement de trop de
compréhension. Eux qui adorent transgresser
n’ont plus de cadres dont ils pourraient * Le plan est expérimenté dans cinq régions :
s’affranchir. Les jeunes avant claquaient la
l’Aquitaine, l’Auvergne ; la Bretagne, le Centre
porte de chez eux, aujourd’hui, ils ferment la
et Midi-Pyrénées.
Michael Stora
■ FONDATEUR DE L’OBSERVATOIRE
DES MONDES NUMÉRIQUES EN SCIENCES
HUMAINES
www.omnsh.org
■ EXPERT DANS LE PLAN D’ÉDUCATION
AU MULTIMEDIA DU MINISTÈRE DE LA
JEUNESSE
■ CONSULTANT AUPRÈS DE SKYBLOG
■ AUTEUR DE :
- Les écrans, çà rend accro…
collection Çà reste à prouver,
Hachette Littératures, 2007.
- L’enfant au risque du virtuel
avec Serge Tisseron et Sylvain
Missonnier, Dunod, 2006.
- Guérir par le virtuel : une nouvelle
approche thérapeutique,
avec Blandine de Dinechin,
Presse de la Renaissance, 2005.
le Lien
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F O R M AT I O N
O R I E N T A T I O N
LES
CHIFFRES
CLÉS
8,6 millions de chiens
sont répartis dans 27 %
des foyers en France.
15 % des chiens ont
un pedigree inscrit
au livre des origines
français (LOF).
Le chiffre d’affaires
de la filière canine est
estimé à 3,9 milliards
d’euros.
La filière emploie
27 000 personnes.
MÉTIERS
Développés dans les années 1990, les formations dans
les métiers du chien attirent de plus en plus de jeunes
passionnés par les animaux. Les Maisons familiales
rurales comptent plus de 700 jeunes dans ce secteur.
Yorkshires, Caniches, Bergers,
Labradors, des plus petits aux
plus gros, les Français ont une
prédilection pour les chiens. La
population canine y est la plus
nombreuse d’Europe, même si
en 2006 s’amorce une légère
baisse.
Dans ce contexte favorable aux
éleveurs et vendeurs de chiens
notamment, se développent
DE LA FILIÈRE CANINE
●
●
●
CHIEN
Comme
chiens et chats
LES ACTEURS
●
DU
entre 500 et 800
éleveurs professionnels,
entre 20 000 et 30 000
éleveurs amateurs
et plusieurs dizaines
de milliers d’éleveurs
occasionnels,
les commerçants
(principalement les
animaleries),
les fournisseurs :
aliments pour chien
(1,52 milliard d’euros
●
également tous les métiers
connexes : toilettage, pension,
dressage, éducation, soins,
commerce d’aliments. Cet
accroissement exponentiel a
nécessité d’organiser la professionnalisation du secteur. Une
filière de formation propre à
l’élevage s’est développée dans
l’enseignement agricole à la
demande des professionnels. En
en 2003), industrie
pharmaceutique,
les prestataires : 9 000
vétérinaires, 800
toiletteurs, presse
spécialisée (16
titres), des milliers
d’éducateurs…
1994, s’ouvre le BEPA « Élevage
canin » qui s’étend aux félins
en 2001 alors que se crée le bac
professionnel.
Dans le même temps,
en janvier 1999, la loi
relative aux animaux
dangereux et errants
et à la protection des
animaux domestiques a conduit
l’État à intervenir dans le secteur. La profession des éleveurs
de chiens est réglementée : ils
doivent utiliser des installations
conformes aux règles sanitaires.
La loi définit notamment qui
est éleveur professionnel et qui
TRAVAIL SUR
LA QUALITÉ
ne l’est pas : « On entend par
élevage de chiens ou de chats,
l’activité consistant à détenir
des femelles reproductrices et
donnant lieu à la vente d’au
moins deux portées d’animaux
par an. » Enfin, il est
désormais obligatoire
de posséder un certificat de capacité
à l’élevage pour
s’installer. »
SOURCE : RAPPORT
« LA GESTION DES
RACES CANINES » 2005
le Lien
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F O R M AT I O N
O R I E N T A T I O N
Les Maisons familiales ont de
leur côté élaboré une charte de
qualité qui détaille les engagements du centre de formation,
des parents, du jeune et du
maître de stage.
Les jeunes intéressés ont
forcément « une affinité pour
l’animal » explique Béatrice
Peltais, monitrice à la MFR de
Guilliers en Bretagne. Mais il ne
faut pas confondre affectivité
et professionnalisme. « Nous
ne voulons pas leurrer les jeunes », met en garde François
Gueguen moniteur à Mortagneau-Perche en Basse-Normandie.
« Travailler dans un élevage, ce
n’est pas caresser et promener
des chiens ou des chats toute
la journée ». La réalité est tout
autre : il faut nettoyer les box,
prendre conscience que dans un
élevage, les chiens sont là pour
se reproduire…
Les jeunes sont forcément très
motivés. En stage, ils logent souvent sur place. Ils sont parfois
amenés à travailler en fin de
semaine en raison des expositions-ventes d’animaux qui sont
organisées le week-end.
Après le BEPA qui donne déjà le
certificat de capacité d’élevage,
nombreux sont les jeunes qui
poursuivent en bac professionnel. Les diplômes dans le
DES MÉTIERS
AUTOUR DU CHIEN
Dans l’élevage, les entreprises
familiales comptent peu de
salariés. Les jeunes se mettent
rarement à leur compte dans
la foulée de leur formation. En
secteur canin s’arrêtent là. Ceux
qui veulent poursuivre en BTS
pourront choisir l’agriculture
ou le commerce pour ensuite
occuper des postes à responsabilité.
et renoue avec sa passion. Il choisit sans hésiter son régiment : il
sera maître de chien. « J’ai reçu
mon chien, âgé d’un an, à mon
arrivée. Il s’appelle Hurbo. Il suit la
formation en même temps que moi.
Je le dresse à la fouille de terrain,
à l’attaque et à la défense. Nous
22 ans, Nicolas Hoffmann formons tous les deux une équipe
est sergent au 132e bataillon indissociable. » En juin prochain,
cynophile de l’armée de terre quand Nicolas Hoffmann aura
à Suippes dans la Marne. Il est terminé sa formation, il sera chef
maître de chien et réalise un rêve de groupe. Il pourra diriger quatre
d’enfant. Dès sa 3e à la MFR de personnes et sera prêt à intervenir
Semur-en-Auxois, il dessine son dans d’autres pays, au Liban, en
projet. Après son bac professionnel Côte d’Ivoire… « J’ai toujours eu
« Élevage canin », il est sélectionné envie d’aller voir ailleurs. Dans ce
par l’armée pour faire l’École natio- métier, on apprend tous les jours. Il
nale des sous-officiers d’active à n’y a jamais de routine, je travaille
Saint-Maixent dans les Deux-Sèvres. avec les chiens depuis l’âge de 13
Il se forme à la discipline militaire. ans. Je veux progresser aussi loin
■
Huit mois plus tard, il est sergent que possible ».
témoignage /// NICOLAS HOFFMANN
Maître de chien dans l’armée
❝ JE RÉALISE UN RÊVE ”
À
20
le Lien
s
DÉCEMBRE 2007
attendant de pouvoir un jour
avoir leur propre élevage, nombreux sont ceux qui se dirigent
vers des métiers autour du
chien : le toilettage, le gardien-
témoignage /// ETIENNE
❝ L’AMI DE L’HOM
E
n tant qu’éducateur canin,
j’apprends au maître à
contenir son chien et
au chien à réfréner ses
pulsions. J’intègre le
chien dans la famille. J’explique
que la maison forme un cadre et
qu’il y a une sorte de règlement
intérieur que le chien doit connaître.
J’agis en préventif sur des chiots,
et le plus souvent en curatif,
quand les chiens sont adultes.
Je donne des cours individuels ou
6+105
(14/#M
FR
en
nage, la vente en animalerie, le
soin, le dressage ou les métiers
de la sécurité. Pour travailler
dans ces secteurs, une formation
complémentaire est souvent
indispensable.
Au cours du BEPA et du bac
professionnel, tous les jeunes
reçoivent une initiation au
toilettage mais la MFR de Mortagne-au-Perche est le seul établissement dans le mouvement
à proposer par apprentissage
le Certificat de toiletteur canin.
Les demandes sont nombreuses.
Il s’agit d’un métier artistique
qui requiert à la fois une bonne
condition physique (station
debout, manipulation de chiens
parfois lourds) et de la patience.
Le secteur est en plein développement. Le jeune sera ouvrier
de salon avant d’envisager une
installation.
Les éleveurs cumulent souvent
leur activité avec de la pension
pour animaux, du dressage ou
de l’éducation par exemple. La
MFR de Semur-en-Auxois vient
d’ouvrir le Brevet professionnel
éducateur canin par apprentissage (lire ci-dessous).
Les jeunes peuvent également
être attirés par le métier de
conducteur de chien. L’armée, la
gendarmerie ou dans le civil, des
sociétés de gardiennage,
forment aux métiers
de la sécurité avec un
chien. À la MFR de
Mortagne, il existe
une formation pour
adulte, Agent cynophile
de sécurité.
« La formation est un maillon
qui aide les jeunes à faire leur
chemin », analyse Patrick
Mathieu, directeur de la MFR de
Semur-en-Auxois. « Certes, les
jeunes ne sont pas tous éleveurs
en sortant. Mais on les retrouve
assistants vétérinaires, dresseurs, toiletteurs, vendeurs en
animalerie… Ils travaillent pour
un refuge. Le secteur a besoin
de gens compétents et formés
pour répondre à la demande
de services qui se développent
très vite ». ■
LES MÉTIERS
DU CHIEN
Le mouvement des MFR prépare
les diplômes et titres suivants :
BEPA Élevage canin et félin
Bac professionnel
Élevage et gestion de l’élevage canin
et félin
Brevet professionnel
Éducateur canin
Certificat toiletteur
canin (titre niveau V)
Agent cynophile de
sécurité (titre niveau V)
Neuf établissements du réseau
des MFR préparent à ces métiers :
MFR Eyragues (13)
www.mfr-eyragues.fr
MFR Semur-en-Auxois (21)
www.formations-canines.com
GIRARDET /// ÉDUCATEUR CANIN*
ME N’EST PAS UNE PELUCHE ”
collectifs, chez moi ou chez les
gens. J’ai l’habitude d’expliquer
que le chien est dépourvu d’état
d’âme, qu’il ne fait pas plaisir à
son maître. Il agit par réflexe et par
instinct. Les hommes prennent trop
souvent les chiens pour ce qu’ils
ne sont pas. Ils les infantilisent
ou au contraire se laissent
dominer par eux. Le rapport à
l’animal est rarement le bon.
Autrefois dans le milieu rural, on
savait naturellement où était la
place de l’animal. Les citadins font
de la sensiblerie au détriment de
l’éducation. Le chien n’est pas une
peluche. Le maître doit établir un
rapport de force, mettre en place
son autorité avec un principe
de sanction et de récompense.
L’éducateur permet au maître
d’avoir un chien qui se conduit
bien en société. Le civisme
est la première des règles. Le
chien doit donc être bien élevé.
Je pense qu’il y a un gros travail
à faire en ville pour permettre
à tous de vivre en harmonie.
Je suis très heureux qu’il existe
aujourd’hui des formations à ce
métier dans les écoles. Il nécessite
de la psychologie, de la motivation,
de la pédagogie, de l’ouverture
d’esprit. J’interviens régulièrement
à la MFR de Semur-en-Auxois
pour le Brevet professionnel.
Je suis certain que l’éducation
canine est un métier porteur. ■
*Étienne Girardet est éducateur canin.
Il tient également une pension,
un club d’agility et développe la
zoothérapie avec
des personnes
handicapées.
MFR Donneville (31)
MFR Saint-André le Gaz (38)
MFR Champigné (49)
MFR Guilliers (56)
www.mfr-guilliers.com
MFR Mortagne-au-Perche (61)
www.mfr-mortagne.asso.fr
MFR Berlencourt (62)
CFP Brens (81)
www.cfp81.asso.fr
EN SAVOIR
www.mfr.asso.fr
www.onisep.fr
www.scc.asso.fr
le Lien
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