Extraits du Lien de décembre 2007
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Extraits du Lien de décembre 2007
MOUVEMENT O R I E N T A T I O N édito PRIORITÉ À L’ÉDUCATION Comme les 70 000 familles qui composent notre mouvement familial, vous partagez cette priorité forte qu’est l’éducation de vos enfants. Vous avez choisi d’accompagner votre jeune dans son projet aux côtés du maître de stage ou d’apprentissage et de l’équipe pédagogique. L’une de nos grandes priorités est de continuer à proposer des parcours originaux aux plus jeunes dès quatorze ans. Vous le savez, de nombreux adolescents aspirent à autre chose que ce qu’ils vivent au collège. Nos classes de 4e et de 3e ainsi que les classes de préapprentissage offrent des parcours profondément différents, parcours qui motivent et responsabilisent le jeune. Depuis plusieurs mois nous portons nos efforts sur le préapprentissage. Les responsables des MFR rencontrent les élus et les pouvoirs publics et attirent fermement leur attention. Le cadre juridique est important certes, mais ce qui fait la réussite d’un jeune en MFR, c’est avant tout la façon dont il est accompagné par les adultes qui l’entourent. L’équipe pédagogique, le maître de stage ou d’apprentissage ont besoin de vous rencontrer régulièrement pour échanger sur votre enfant, sur sa progression et sur son projet qui émerge. C’est toute la richesse et l’efficacité de notre pédagogie de l’alternance. L’équipe pédagogique est à votre écoute. N’hésitez pas à venir à sa rencontre, prenez un peu de temps pour participer aux activités de la MFR car comme son nom l’indique, la Maison familiale, c’est la Maison des familles. 4e et 3e de l’enseignement agricole et classes préparatoires à l’apprentissage constituent une originalité de l’offre de formation des Maisons familiales rurales. Elles savent depuis longtemps qu’il faut placer les adolescents dans une spirale éducative positive. Il faut les mettre en situation d’exercer une réelle activité dans le monde des adultes tout en leur donnant des connaissances solides pour leur permettre de réfléchir à leurs projets avant de professionnaliser leur formation. Ces années « collège » ont-elles toute leur place en Maison familiale ? Les MFR… après vec plus de 17 000 élèves en 4e et 3e, les Maisons familiales sont la première composante de l’enseignement agricole à scolariser autant de jeunes dans ces classes qui sont aujourd’hui uniques dans le dispositif éducatif français. En effet, depuis la réforme de 1996 qui a découpé le collège en trois cycles : une année d’adaptation en 6e, un cycle central de deux ans (la 5e et la 4e), puis une année d’orientation en 3e, le palier d’orientation après la 5e a été théoriquement supprimé même si les familles peuvent toujours faire leur propre choix. Peu à peu, les classes de 4e et 3e technologiques qui existaient dans l’enseignement profession- A #OLLÒGEs-&2 4e et 3e de collège François Subrin PRÉSIDENT DE L’UNION NATIONALE DES MAISONS FAMILIALES RURALES 4e 5e 3e et de l’enseignement agricole Préapprentissage 4 le Lien s DÉCEMBRE 2007 nel ont disparu. Fort heureusement, l’enseignement agricole a su maintenir des 4 e et 3 e spécifiques. Et le succès qu’elles rencontrent est la démonstration de leur intérêt. De même, les Maisons familiales ont un savoir-faire important dans les parcours préparatoires à l’apprentissage. Les turbulences suscitées par la création d’un nouveau dispositif « d’apprentissage junior » presque aussitôt suivie de l’annonce de sa probable suppression n’ont pas modifié le cap pris par les Maisons familiales depuis de nombreuses années. Avec leurs 1 200 préapprentis sur les quelque 10 000 scolarisés en France, les Maisons familiales entendent faire entendre leur -&2s #&!sLYCÏEPROF Seconde générale et technologique CAP(A) ou BEP(A) (en formation scolaire ou en apprentissage) © Hervé Vincent/MFR de Richerenches (84) La formation générale étroitement associée à la formation professionnelle, l’accompagnement des adultes, l’implication des parents, sont quelques-uns des secrets de la réussite en Maison familiale rurale. e la 5 voix pour préserver le travail conduit qui permet la réussite des jeunes lorsqu’ils entrent en apprentissage. L’alternance dès 14 ans Danielle Alphand, directrice du Centre de formation d’apprentis des MFR de Rhône-Alpes explique : « à 16 ans, l’apprenti s’engage souvent dans une entreprise sans préparation suffisante, dans un métier qu’il n’a pas toujours choisi. Il ne faut pas s’étonner alors que la moyenne nationale des taux de rupture des contrats soit de l’ordre de 25 à 30 % ? Réussir un apprentissage de qualité suppose d’organiser une préparation. » En Maison familiale, les jeunes bénéficient d’un environnement capable de les accompagner. On constate moins de ruptures de contrats (5 % environ). Les Maisons familiales ont posé le concept d’une alternance scolaire encadrée mais efficace pour les jeunes âgés de 14 à 16 ans. Pour le mouvement, l’alternance est une méthode éducative qui a d’authentiques vertus : découverte, confrontation à la réalité, relations avec les adultes, apprentissage de la citoyenneté, acquisition de savoirs, de savoirfaire et de savoir être… Enfin, les Maisons familiales insistent, dans ces classes-là, sur la nécessité d’un travail approfondi sur l’orientation. Jean-Marie Landreau, directeur du Centre national pédagogique prévient : « L’orientation est un processus long qui passe par des étapes qui prennent du temps, qui fait appel à la responsabilité de l’élève, qui l’engage personnellement. » À cette période charnière, l’orientation doit permettre à l’adolescent non pas de faire des choix mais de dire quelles perspectives l’animent et de prendre conscience progressivement de lui-même. « C’est à l’équipe éducative et à sa famille de l’accompagner dans cette approche globale et de longue haleine qui dépasse de loin les seuls aspects scolaires ou les besoins des professions ». Si les Maisons familiales obtiennent des résultats positifs en matière d’insertion, c’est sans doute parce qu’elles proposent une démarche où la rencontre peut se faire avec des personnes qui transmettent leur passion, où chacun construit graduellement son projet. Aujourd’hui, personne ne remet en cause la nécessité d’une scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans et encore moins l’acquisition d’un socle commun de connaissances. Les Maisons familiales ont toujours défendu la nécessité d’une formation générale associée à la formation professionnelle. Au milieu du brouhaha médiatique sur le collège unique, il est clair qu’elles entendent bien faire valoir leurs positions pour une meilleure réussite des jeunes. Patrick Guès ■ TROIS QUESTIONS À JEAN-CLAUDE DAIGNEY* POUR UN PRÉAPPRENTISSAGE DE QUALITÉ Les MFR sont-elles favorables à l’apprentissage dès 14 ans ? J.-C. Daigney. Non. Les MFR sont favorables à un préapprentissage à partir de 14 ans à condition que ce parcours soit une formation scolaire par alternance, comme c’était le cas dans les anciennes classes préparatoires à l’apprentissage. Quel est l’enjeu ? à la mise en situation réelle avec des adultes dans le monde du travail. Ce parcours les prépare à signer avec succès un contrat d’apprentissage à partir de 16 ans. Comment faire entendre ce point de vue ? J.-C. Daigney. Les Maisons familiales élaborent un projet de parcours préparatoire à l’apprentissage qu’elles vont soumettre aux ministères concernés et aux conseils régionaux. Elles ont alerté les pouvoirs publics sur la nécessité de remplacer le dispositif d’apprentissage junior par un cadre respectueux de l’expérience des MFR. J.-C. Daigney. C’est pour les jeunes le moyen de suivre un enseignement qui leur permet de réfléchir *Jean-Claude Daigney est directeur de à leur orientation en testant leur motivation, grâce l’UNMFREO. le Lien s DÉCEMBRE 2007 5 &QUUKGT LE LIEN - N U M É R O 3 2 1 - D É C E M B R E 2 0 0 7 En 20 ans, nous sommes passés en un temps record de la préhistoire de l’ère numérique à l’avènement d’un monde nouveau. La France qui avait pris le train en marche a comblé son retard en matière d’équipement informatique des ménages et de haut-débit. Les écoles ont mis l’informatique au programme. Internet, jeux, mobile, messagerie, blog… Les jeunes sont très à l’aise avec cette nouvelle panoplie d’outils à leur disposition et ont rapidement érigé une nouvelle culture qui échappe à leurs parents. Fracture générationnelle ? Suivez le guide ! L À L’ÈRE NUMÉRIQUE a vitesse avec laquelle les nouvelles technologies se sont répandues en France a pris tout le monde de court. Fin 2006, on compte, d’après Médiamétrie, quatorze millions de foyers (55 %) équipés d’un micro-ordinateur (une progression de 13 % en un an) et 28,6 millions d’internautes (une évolution de 10 % en un an). Neuf adolescents sur dix, d’après le Crédoc en 2004, « sont familiarisés avec un ordinateur et Internet ». Le psychanalyste Michael Stora(1) avertit : « Les mondes virtuels sont bel et bien là » et mieux vaut en comprendre les règles plutôt que de se mettre à l’écart ou de se comporter en mauvais joueur. Nous vivons dans un environnement numérique qui nous permet d’écouter la radio sur l’ordinateur, de recevoir son courrier électronique sur son mobile, d’écouter de la musique sur sa console de jeux… Les jeunes, ET quelle que soit leur origine sociale ou géographique, ont le même usage débordant des écrans en tout genre (ordinateur, console de jeux, mobile). Nombreux sont ceux qui ont craint que les nouvelles technologies ne nuisent à la sociabilité et favorisent le repli sur soi. C’est plutôt le Dossier réalisé par Sabine Berkovicius contraire qui s’est produit. Ces nouvelles technologies sont précisément fondées sur la communication. C’est la facilité et la rapidité de la mise en relation qui ont séduit les jeunes. Que ce soit le mobile avec lequel LES JEUNES LA CYBERCULTURE on se parle et on s’écrit, les jeux vidéo qui se jouent en réseau sur Internet, la messagerie instantanée qui connaît un succès croissant auprès des adolescents, les blogs qui explosent, les outils se sont multipliés. Petit tour (suite page 13) d’horizon. le Lien s DÉCEMBRE 2007 11 &QUUKGT À L’ÈRE NUMÉRIQUE Jeux LES ADOS À L’ÈRE NUMÉRIQUE EN QUELQUES CHIFFRES des foyers français équipés d’une console de jeux non portable 25% 71,5% En 2004, le chiffre d’affaires du jeu vidéo devance celui du cinéma et, en 2005, celui de l’industrie musicale. MARCHÉ MONDIAL DE L’INDUSTRIE DES LOISIRS EN 2006 (en milliards d’euros) Mobiles 27 27,5 des 12-17 ans 80% utilisent un mobile 18 (74% population totale) CINÉMA MUSIQUE USAGES EN DEHORS DES COMMUNICATIONS TÉLÉPHONIQUES LES 12-17 ANS UTILISENT LE PORTABLE POUR : SMS des 6-14 ans équipés en jeux vidéo JEUX (SOURCE : IDATE) 89% PHOTO/VIDÉO 76% 75% MUSIQUE 59% INTERNET 23% JEUX 70% des parents laissent leurs enfants à partir de 8 ans accéder seuls au web (ENQUÊTE LA CROIX) (AFOM/TNS SOFRÈS - AOÛT 2006) INFOS PRATIQUES POUR LES PARENTS LES PRINCIPAUX USAGES DE L’ORDINATEUR CHEZ LES ADOLESCENTS (12-17 ANS) COMPARÉS À CEUX DES ADULTES 90% (ENQUÊTE CREDOC - 06/2003) 78% le Lien travailler s des foyers ont un accès à (MÉDIAMÉTRIE/GFK 2007) USAGES INTERNET 57% 10% 12 46,6% 74% 46% se distraire 83% internet 80% 58% des 12-17 ans ont un ordinateur à domicile (CRÉDOC 2006) rechercher gérer ses des informations comptes DÉCEMBRE 2007 + jeux en réseaux + téléchargement + blog La France compte le nombre de blogs par internaute le plus élevé au monde (9 millions de blogs) + messagerie courrier électronique (e-mail), messageries instantanées (chat, MSN) FIXEZ DES LIMITES L’usage des mobiles et d’Internet fait partie de la vie sociale des jeunes. Ne leur interdisez pas leur usage mais contrôlez-en l’accès : offre bloquée avec facture détaillée ou offre prépayée pour les portables, horaires limités de connexion à Internet de préférence après les devoirs. www.afom.fr INSTAUREZ LE DIALOGUE Les jeunes évoluent dans un monde qui échappe aux adultes, cela n’empêche pas de maintenir un dialogue, de discuter avec eux de ce qu’ils font tout en respectant leur jardin secret. internetsanscrainte.fr INFOGRAPHIE : D. BERNARD Ordinateurs FILTREZ Installez des logiciels de contrôle parental proposés gratuitement par tous les fournisseurs d’accès à Internet. www.foruminternet.org LE COURRIER ÉLECTRONIQUE Le courrier électronique ou e-mail (mél pour les puristes) est le plus ancien des services disponibles sur Internet (1970). Il permet d’échanger des messages avec des utilisateurs disposant également d’une adresse électronique caractérisée par la désormais célèbre @ arobase. LA MESSAGERIE INSTANTANÉE Comme son nom l’indique, cette messagerie permet de recevoir et d’envoyer instantanément des messages. Plusieurs outils existent. Le plus connu est MSN Messenger. Il permet de voir en temps réel qui, dans sa liste de « contacts personnels », est en ligne (c’est-à-dire connecté à Internet). La messagerie instantanée offre aussi des fonctions de communication audio et vidéo via une Webcam. En 2005, environ 70 % des 12-18 ans qui ont accès à Internet disent se servir de la messagerie instantanée. Cet outil est plus utilisé par les ados que le mail. Comme le téléphone mobile, il est devenu un outil qui prolonge la relation. le sont illégalement, sans respect de la législation sur les droits d’auteurs. Selon une étude européenne récente (Eurobaromètre en mai 2007), les jeunes pirates ont peu conscience des préjudices créés aux auteurs, et des risques de poursuites judiciaires encourus. LE BLOG Le blog contraction de web et log (carnet de bord) est un site web constitué d’articles, de photos, de vidéos, classés du plus récent au plus ancien. Ces sites sont faciles à créer. Plusieurs hébergeurs (Skyblog, Overblog…) proposent ce type de service gratuitement. Cet outil est souvent utilisé par les jeunes comme un journal intime, qui n’a rien de privé puisqu’il peut être consulté par l’ensemble des internautes. LES JEUX VIDÉO Les jeux vidéo sont les loisirs préférés des jeunes et des adolescents. Il y a 400 millions de joueurs dans le monde sur des consoles. Sur Internet, les jeux sont nombreux. Les jeux de rôle en ligne, les MMORPG, abréviation anglaise de « Massivement Multiplayer Online Role Playing Games », se jouent avec un grand nombre de joueurs simultanément qui interagissent. Le jeu est accessible en permanence. Le joueur s’incarne dans un avatar, son double virtuel, qu’il doit faire progresser dans des mondes différents… Ces types de jeux demandent qu’on y consacre beaucoup de temps. ■ P.G. et S.B. (1) Michael Stora dans son livre « Les écrans çà rend accro… ». Lire entretien p. 16 WEB 2.0 Une nouvelle génération de sites est fondée sur la participation des internautes. C’est ce qu’on appelle « la toile vivante ». Ce sont des sites où les gens collaborent, participent, partagent des données et se rencontrent tels MySpace, Youtube, Wikipédia ainsi que tous les blogs. C’est ce qu’on appelle le web 2.0 LE CHAT* OU « TCHAT » Le chat permet aux internautes d’envoyer et recevoir des messages à d’autres internautes connectés au même moment. Pour « chatter » il faut se connecter à un site web proposant ce service. Sur les sites de chat, on communique en direct et, la plupart du temps, avec des inconnus. * To chat : « bavarder » en anglais EN SAVOIR PLUS : Révolution 2.0 Courrier International, Hors-série, oct-déc. 2007 LE MOBILE LES SITES WEB Les jeunes se sont approprié le web, constitué aujourd’hui d’une centaine de millions de sites accessibles dans le monde, qui vont des pages perso aux sites d’entreprises en passant par les blogs et tous les sites communautaires. Si la recherche d’information sur le web est utilisée à des fins scolaires avec notamment Wikipédia, l’encyclopédie communautaire, les jeunes surfeurs naviguent, surtout, pour le plaisir, sur des sites de jeux ou de musique. LE TÉLÉCHARGEMENT Le Peer-to-Peer (égal à égal) est une technologie qui permet l’échange de fichiers entre internautes. Les fichiers sont partagés sur tous les ordinateurs des internautes faisant partie d’un réseau, sans passer par un ordinateur central. Les fichiers échangés sont essentiellement des fichiers musicaux et vidéo et des logiciels. 6 jeunes sur 10 disent télécharger de la musique, des vidéos et des logiciels. Même si des sites de téléchargement légaux gratuits ou payants existent, la plupart des fichiers échangés BJR, KOI 29 ? Toutes les fonctions offertes par les téléphones font oublier parfois leur fonction première : la conversation ! Personnalisation Le mobile se personnalise à l’extérieur avec des autocollants, des housses et autres accessoires indispensables, comme à l’intérieur avec des sonneries ou des fonds d’écran. Comptez 3 € pour une sonnerie ! SMS et MMS Le SMS offre la possibilité d’envoyer des messages textes de téléphone à téléphone. Afin de saisir plus vite et plus court, des raccourcis textuels parfois surprenants sont souvent utilisés. Le MMS offre la possibilité de joindre du son et des images au message texte. Photo et vidéo Les mobiles sont souvent pourvus d’appareils photo numériques qui ont également des fonc- tions d’enregistrement de vidéos. Ces images peuvent être ensuite transférées par MMS, par mél ou envoyées vers un ordinateur pour être imprimées ou utilisées sur un blog par exemple. Jeux En plus des jeux pré-installés, beaucoup de sites Internet proposent en téléchargement des jeux supplémentaires à 4 ou 5 € l’unité. Lecteur de fichiers multimédias Certains mobiles intègrent des fonctions multimédias. Ils permettent d’écouter des fichiers MP3, mais aussi de regarder des photos ou de lire des vidéos. Internet Certains téléphones permettent d’accéder à Internet. Il devient alors possible d’envoyer des méls, de naviguer sur le web ou bien d’utiliser une messagerie instantanée comme MSN. ■ Pierre Gosselin le Lien s DÉCEMBRE 2007 13 &QUUKGT À L’ÈRE NUMÉRIQUE EXPÉRIENCE MFR LES MFR ENCADRENT L’USAGE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES LE MOBILE, NOUVEAU DOUDOU qu’un téléphone, c’est un véritable doudou dont les jeunes ont du mal à se passer. La nuit, les mobiles sont déposés en dehors des chambres et récupérés le matin pour éviter aux jeunes trop de tentations. Les téléphones, de plus en plus sophistiqués, permettent de prendre photos et vidéos, de jouer, d’envoyer des fichiers d’un téléphone sur l’autre, d’écouter de la musique… de 14 le Lien s DÉCEMBRE 2007 © Hervé Vincent/MFR de Monteux (84) D ans les Maisons familiales rurales qui accueillent les élèves en internat toute la semaine, l’usage immodéré par les jeunes des mobiles, mais aussi d’Internet, fenêtre ouverte sur le monde, a rapidement interpellé les équipes éducatives qui chacune à leur façon ont essayé de mettre en place des garde-fous. Le téléphone portable a vu son compte rapidement réglé. Dans certaines Maisons familiales, les jeunes n’utilisent pas leur téléphone portable de la semaine. « Il ne s’agit pas d’interdire pour interdire. Mais nous avons été confrontés à des problèmes très concrets. Par exemple les jeunes appelaient leurs parents au moindre souci qu’il s’agisse d’un petit bobo ou d’un incident mineur avec un camarade ou un formateur », explique un moniteur. « Les parents s’inquiétaient à distance, à juste titre, mais souvent pour des motifs anodins qui se seraient réglés sans leur intervention ». Le mobile et sa trop grande réactivité ont tendance à faire oublier qu’il faut parfois laisser du temps au temps. Dans d’autres établissements, les mobiles ne sont allumés que pendant les pauses ou le soir. Si par hasard le portable sonne pendant les cours, il est confisqué et rendu en fin de semaine. « Certains arrivent à la Maison familiale avec plusieurs téléphones et passent outre nos consignes », raconte un moniteur. Car le mobile est aujourd’hui plus quoi empêcher les jeunes de dormir tranDans les Maisons familiales quillement la nuit. rurales, l’utilisation raisonnée des Concernant Internet, la question est un peu technologies de l’information et de plus ardue. Les jeunes en Maison familiale la communication, avec des limites, ont la chance en général de bénéficier de permet de sécuriser les jeunes. salles informatiques fort bien équipées. Par exemple dans le Rhône, le Conseil général a câblé tous les établissements scolaires. Dix MFR sur onze possèdent une toutes les Maisons familiales, y compris salle connectée à Internet. Xavier Boucher, pour les jeunes qui arrivent avec leur propre responsable informatique de la fédération portable. Cela signifie que les jeunes n’ont départementale, s’est vite rendu compte pas accès à certaines catégories de sites qu’on ne pouvait pas laisser les élèves faire (violents, pornographiques, racistes, sites ce qu’ils voulaient sur Internet. « Les veillées de téléchargement de fichiers MP3, peer-tooù on laissait les jeunes surfer sur la toile peer, sites de jeux, messagerie instantanée…). sans contrôle n’ont pas duré longtemps. Il « Les catégories bloquées font l’objet d’une a fallu trouver rapidement une parade. » Pour se couvrir du téléchargement illégal, de la visite de sites interdits, la réponse a d’abord été d’ordre technique. Un filtrage de la connexion Internet a été installé dans UNE CHARTE INFORMATIQUE Une fois réglée la question technique, il a fallu mettre en place une réflexion pédagogique et éducative. « Je suis alerté par mail quand les jeunes sont bloqués. C’est l’occasion pour les formateurs d’essayer de leur faire comprendre ce qu’ils ont le droit de faire et ce qu’ils ne peuvent pas faire et pourquoi. Il y a une question de responsabilité. » Dès 2004, le Rhône s’est doté d’une charte informatique qui est ajoutée au règlement intérieur. « Chaque Maison familiale peut l’adopter et doit la personnaliser suivant les objectifs qu’elle se donne », explique Xavier Boucher. « Dans certaines Maisons familiales rurales, les comptes des élèves qui ne respectent pas la charte sont invalidés ou ne permettent la connexion que pendant les plages horaires des cours. » La charte est signée par les jeunes et par les parents qui en sont informés lors des réunions de rentrée. Les jeunes peuvent en général se servir du courrier électronique (cela fait d’ailleurs partie des objectifs du B2i : lire ci-dessus) mais la messagerie instantanée est interdite car son utilisation s’est révélée ingérable. « MSN Messenger est un produit qui s’ouvre quand on lance la moindre session. Pendant les cours informatiques, les élèves passaient leur temps sur la messagerie. C’est le lien qu’on garde avec la famille, les amis. C’est important pour les adolescents. Je trouve regrettable qu’on soit obligé de tout interdire » explique Xavier Boucher « mais pour l’instant nous n’avons pas trouvé de solution idéale ». Les jeux sont un autre souci à gérer. Là aussi, il a fallu mettre le holà, certaines salles informatiques étant devenues de vraies salles de jeux. La règle a été établie de ne rien installer sur les postes de la Maison familiale. La discipline est de rigueur mais c’est le prix à payer pour permettre aux jeunes le libre accès à la salle informatique. I N F O R M AT I Q U E LE B2I S’IMPOSE Le brevet informatique et internet (B2i) est une attestation comportant trois niveaux de maîtrise des technologies de l’information et de la communication (B2i école, collège et lycée-CFA). Pour l’obtenir, les élèves autoévaluent leurs compétences. Il s’agit, par exemple, de savoir utiliser les logiciels (traitement de texte, tableur…), créer un document, l’enregistrer, l’imprimer, d’adopter une attitude responsable sur Internet, de savoir utiliser un moteur de recherche et le courrier électronique… Ces compétences sont ensuite validées par un formateur dans le cadre d’activités pédagogiques interdisciplinaires. Internet n’est pas seulement source de contraintes. Moniteurs et jeunes mesurent chaque jour l’intérêt pédagogique du web (consultation de bases de données et des sites professionnels, utilisation du courrier électronique, création de blogs). De plus en plus de moniteurs utilisent la salle informatique pour faire leur cours. UN INTÉRÊT PÉDAGOGIQUE Dans certaines MFR, par exemple à Mortagne-au-Perche dans l’Orne, les parents peuvent communiquer par mail avec les formateurs, avoir accès aux notes mais aussi à l’album de photos mis à jour régulièrement qui illustre les activités de la semaine. C’est « un plus » qui ne remplace ni les réunions, ni les carnets de liaison, ni la relation. Pour les moniteurs, un espace partagé sur le réseau permet de visualiser les plannings, d’accéder à des informations c o n f i d e n - © Hervé Vincent/MFR de Richerenches (84) © Stéphane Dévé/MFR d’Haleine (61) négociation avec les membres de l’équipe pédagogique, selon l’âge des jeunes ou leur niveau », explique Xavier Boucher. Dans le Rhône, les jeunes doivent s’identifier sur l’ordinateur pour pourvoir l’utiliser. Une annonce alors apparaît leur rappelant que leur navigation sur Internet est soumise à un contrôle qui assure une traçabilité des connexions. « Nous avons mis en place une sorte de permis à points. Au bout d’un certain nombre de connexions sur des sites interdits, les jeunes sont privés d’accès à Internet ». tielles, à des cours, des sujets de devoirs… Et ce ne sont que les prémices. Dans un autre domaine, les quelques fédérations régionales des MFR qui ont développé les formations « Deuxième chance pour une qualification » qui permettent aux jeunes de repasser un examen manqué de peu sans suivre à nouveau toute la formation utilisent également ces nouveaux outils. Suivi individualisé, tutorat, accompagnement à distance sont possibles grâce à toutes sortes de moyens, des plus traditionnels (téléphone, courriers, rencontres) aux plus modernes (plateformes, messagerie…). Les perspectives sont immenses. ■ le Lien s DÉCEMBRE 2007 15 &QUUKGT À L’ÈRE NUMÉRIQUE RENCONTRE Michael Stora PSYCHOLOGUE, PSYCHANALYSTE, FONDATEUR DE L’OBSERVATOIRE DES MONDES NUMÉRIQUES EN SCIENCES HUMAINES. IL OUVRIRA L’AN PROCHAIN UN INSTITUT DES MONDES NUMÉRIQUES. ❝ LA VIOLENCE, C’EST DE LAISSER UN ENFANT SEUL AVEC UN ÉCRAN ❞ En 1998, vous avez créé l’observatoire des mondes numériques. Quel était votre objectif ? Je veux simplement insister sur le fait que ces jeunes qui passent à l’acte, qui tirent sur tout de qui bouge et finissent par se suicider montre qu’ils sont atteints d’un problème psychotique d’un autre ordre avec un milieu familial souvent défaillant. Messagerie, mobile, jeux en réseau, il y a comme une frénésie de communication. Cela comble-til un manque ? Michael Stora : Cela fait neuf ans que je travaille sur ce sujet. Au départ, l’idée était de M. S. : Quand le téléphone est apparu, on a se retrouver entre chercheurs qui défendaient dit que les gens n’allaient plus se voir. C’est le notamment l’aspect thérapeutique du jeu contraire qui s’est passé. Ils se téléphonaient vidéo. En France, on ne parle des jeux vidéo Qu’est-ce qu’il y a à craindre des pour se donner rendez-vous. Les personnes que sous deux angles : la violence et l’addiction jeux vidéo ? qui se rencontrent virtuellement se voient en avec un discours diabolisant. C’est cela qui M. S. : Il existe de gros consommateurs de général dans la vraie vie. Les jeunes qui jouent intéresse les médias. Personnellement, j’ai eu jeux vidéo. Mais ils sont peu nombreux à en réseau finissent par se rencontrer aussi. une expérience différente : j’ai joué, j’ai aimé. être cyberdépendants. En général ils jouent Çà c’est plutôt bon signe. Quant au mobile Je me suis rendu compte de la à ce qu’on appelle les « jeux aujourd’hui, j’appelle cela le doudou sans fil. vertu thérapeutique du jeu. Je de rôle en ligne massivement Il permet de garder le lien, de relire les SMS. UN DISCOURS suis un observateur militant. En multijoueurs », dont le plus Il y a une forte angoisse de la solitude. Il ne DIABOLISANT connu dans le monde est Word faut pas oublier que la France est le premier tant que clinicien, j’expérimente certains jeux avec mes patients. of Warcraft (500 000 joueurs pays consommateur de psychotropes. Nous Je continue à essayer de comprendre, et je en France). Ce sont des jeux extrêmement sommes une société prozac. Le mobile a commence à être connu pour çà. Je suis expert chronophages. Il faut y passer beaucoup de une fonction d’antidépresseur. pour un plan d’éducation au multimédia* temps pour atteindre un stade intéressant mis en place par le ministère de la Jeunesse, et ensuite encore plus de temps pour s’y Vous êtes également consultant depuis un an, pour promouvoir une image maintenir. Mais il existe d’autres jeux qui pour skyblog. Quelle est votre positive des nouvelles pratiques des jeunes. font appel à l’inventivité et à l’imaginaire. mission ? J’ai une formation de cinéaste et j’ai été Ils permettent de projeter une image de M. S. : Les médiateurs repèrent les blogs photographe. Je m’intéresse aux images soi valorisante ou au contraire sont un hébergés sur skyblog qui parlent de suicide et et aux objets tels que le chat, les blogs, le exutoire à l’agressivité. Les jeux permettent peuvent en faire l’apologie, ou de l’anorexie, de développer des compétences une bonne de la pornographie… J’analyse la mise en mobile, les jeux vidéo, les robots… En ce moment je travaille sur ce qu’on appelle le coordination main-oeil, la spascène : les photos retravaillées, cybersexe. Personne n’en parle. « Sexe » est tialisation, une intelligence de les polices de caractères utiliLE JEU A DES pourtant le mot le plus tapé sur les moteurs la 3 D. Les parents devraient sées, les couleurs. Il y a une VERTUS de recherche sur Internet ! nouvelle façon d’exprimer s’autoriser le plaisir de jouer avec leurs enfants. Cela les quelque chose. Mon rôle est Pourquoi les jeux vidéo ont-ils si libérerait de leurs pulsions et favoriserait d’entrer en contact avec le jeune. Je lui explique que le contenu de son blog est le dialogue ! mauvaise presse ? M. S. : Je pense que les jeux vidéo sont inquiétant et je lui propose de me répondre. la nouvelle sorcière à brûler. Quand dans Y a t-il un danger à vivre dans un On renvoie ensuite les jeunes sur des services l’actualité, il est question de la violence d’aide et d’écoute. monde virtuel ? chez les jeunes avec des actes suicidaires M. S. : Un nombre incroyable de parents Il y a un désir désespéré d’exister aux yeux du ne sait pas ce que leurs enfants font sur monde et le blog permet cela assez facilement. par exemple, on va souvent chercher une Internet. Ils contrôlent éventuellement le Les images donnent un impact encore plus explication du côté de la pratique intense des jeux vidéo. Il y a beaucoup de fantasmes fort. On ne sait pas très bien quel effet temps passé mais pas les contenus. C’est et de préjugés. Leur violence entraînerait cela qui est violent, c’est l’enfant seul avec peut avoir ce genre de blogs sur des jeunes la violence. Je n’y crois pas un seul instant. un écran. fragilisés. ❝ ❞ ❝ 16 le Lien s DÉCEMBRE 2007 ❞ Peut-on tout dire sur un blog ? UN ENJEU ❝ D’AUTORITÉ ❞ M. S. : Il existe ce sentiment de liberté absolue sur le net mais on ne peut pas tout dire évidemment. Les jeunes ont souvent plusieurs blogs : un dont ils donnent l’adresse aux parents et un autre où ils disent tout le reste… Le blog peut aider à se construire une personnalité, une identité. À lire ces blogs, que peut-on en tirer sur ce que vivent les adolescents ? porte de leur chambre et font une crise d’adolescence virtuelle. Quel conseil donneriez-vous à des parents sur la conduite à tenir par rapport à l’utilisation de l’ordinateur en général ? M. S. : Il faut commencer à s’inquiéter quand les enfants ne viennent plus manger parce qu’ils font de l’ordinateur, s’ils jouent la nuit, ne dorment plus, s’ils n’ont plus le temps de faire leurs devoirs, s’ils ne voient plus leurs copains. Il faut mettre des limites et les faire respecter. Tant que les enfants ne sont pas adolescents, il est préférable d’éviter d’installer l’ordinateur dans la chambre. Et je conseille aux parents de regarder les enfants jouer et mieux même, de jouer avec eux et fixer des limites. Le temps du plaisir, c’est le temps de l’inconscient, on ne voit pas passer le temps. Il faut donc établir des règles et s’y tenir. L’ordinateur est un nouvel enjeu d’autorité parentale. ■ M. S. : Les adolescents n’ont pas changé. Ils ne vont pas ni mieux ni plus mal. C’est l’environnement qui a changé. Les crises d’adolescents ont toujours existé. Et on ne soigne pas un adolescent en crise. Il s’oppose à ses parents et se construit ainsi. La difficulté aujourd’hui vient des parents qui n’exercent plus leur autorité sur les enfants et ne veulent pas les contrarier. Les adolescents souffrent finalement de trop de compréhension. Eux qui adorent transgresser n’ont plus de cadres dont ils pourraient * Le plan est expérimenté dans cinq régions : s’affranchir. Les jeunes avant claquaient la l’Aquitaine, l’Auvergne ; la Bretagne, le Centre porte de chez eux, aujourd’hui, ils ferment la et Midi-Pyrénées. Michael Stora ■ FONDATEUR DE L’OBSERVATOIRE DES MONDES NUMÉRIQUES EN SCIENCES HUMAINES www.omnsh.org ■ EXPERT DANS LE PLAN D’ÉDUCATION AU MULTIMEDIA DU MINISTÈRE DE LA JEUNESSE ■ CONSULTANT AUPRÈS DE SKYBLOG ■ AUTEUR DE : - Les écrans, çà rend accro… collection Çà reste à prouver, Hachette Littératures, 2007. - L’enfant au risque du virtuel avec Serge Tisseron et Sylvain Missonnier, Dunod, 2006. - Guérir par le virtuel : une nouvelle approche thérapeutique, avec Blandine de Dinechin, Presse de la Renaissance, 2005. le Lien s DÉCEMBRE 2007 17 F O R M AT I O N O R I E N T A T I O N LES CHIFFRES CLÉS 8,6 millions de chiens sont répartis dans 27 % des foyers en France. 15 % des chiens ont un pedigree inscrit au livre des origines français (LOF). Le chiffre d’affaires de la filière canine est estimé à 3,9 milliards d’euros. La filière emploie 27 000 personnes. MÉTIERS Développés dans les années 1990, les formations dans les métiers du chien attirent de plus en plus de jeunes passionnés par les animaux. Les Maisons familiales rurales comptent plus de 700 jeunes dans ce secteur. Yorkshires, Caniches, Bergers, Labradors, des plus petits aux plus gros, les Français ont une prédilection pour les chiens. La population canine y est la plus nombreuse d’Europe, même si en 2006 s’amorce une légère baisse. Dans ce contexte favorable aux éleveurs et vendeurs de chiens notamment, se développent DE LA FILIÈRE CANINE ● ● ● CHIEN Comme chiens et chats LES ACTEURS ● DU entre 500 et 800 éleveurs professionnels, entre 20 000 et 30 000 éleveurs amateurs et plusieurs dizaines de milliers d’éleveurs occasionnels, les commerçants (principalement les animaleries), les fournisseurs : aliments pour chien (1,52 milliard d’euros ● également tous les métiers connexes : toilettage, pension, dressage, éducation, soins, commerce d’aliments. Cet accroissement exponentiel a nécessité d’organiser la professionnalisation du secteur. Une filière de formation propre à l’élevage s’est développée dans l’enseignement agricole à la demande des professionnels. En en 2003), industrie pharmaceutique, les prestataires : 9 000 vétérinaires, 800 toiletteurs, presse spécialisée (16 titres), des milliers d’éducateurs… 1994, s’ouvre le BEPA « Élevage canin » qui s’étend aux félins en 2001 alors que se crée le bac professionnel. Dans le même temps, en janvier 1999, la loi relative aux animaux dangereux et errants et à la protection des animaux domestiques a conduit l’État à intervenir dans le secteur. La profession des éleveurs de chiens est réglementée : ils doivent utiliser des installations conformes aux règles sanitaires. La loi définit notamment qui est éleveur professionnel et qui TRAVAIL SUR LA QUALITÉ ne l’est pas : « On entend par élevage de chiens ou de chats, l’activité consistant à détenir des femelles reproductrices et donnant lieu à la vente d’au moins deux portées d’animaux par an. » Enfin, il est désormais obligatoire de posséder un certificat de capacité à l’élevage pour s’installer. » SOURCE : RAPPORT « LA GESTION DES RACES CANINES » 2005 le Lien s DÉCEMBRE 2007 19 F O R M AT I O N O R I E N T A T I O N Les Maisons familiales ont de leur côté élaboré une charte de qualité qui détaille les engagements du centre de formation, des parents, du jeune et du maître de stage. Les jeunes intéressés ont forcément « une affinité pour l’animal » explique Béatrice Peltais, monitrice à la MFR de Guilliers en Bretagne. Mais il ne faut pas confondre affectivité et professionnalisme. « Nous ne voulons pas leurrer les jeunes », met en garde François Gueguen moniteur à Mortagneau-Perche en Basse-Normandie. « Travailler dans un élevage, ce n’est pas caresser et promener des chiens ou des chats toute la journée ». La réalité est tout autre : il faut nettoyer les box, prendre conscience que dans un élevage, les chiens sont là pour se reproduire… Les jeunes sont forcément très motivés. En stage, ils logent souvent sur place. Ils sont parfois amenés à travailler en fin de semaine en raison des expositions-ventes d’animaux qui sont organisées le week-end. Après le BEPA qui donne déjà le certificat de capacité d’élevage, nombreux sont les jeunes qui poursuivent en bac professionnel. Les diplômes dans le DES MÉTIERS AUTOUR DU CHIEN Dans l’élevage, les entreprises familiales comptent peu de salariés. Les jeunes se mettent rarement à leur compte dans la foulée de leur formation. En secteur canin s’arrêtent là. Ceux qui veulent poursuivre en BTS pourront choisir l’agriculture ou le commerce pour ensuite occuper des postes à responsabilité. et renoue avec sa passion. Il choisit sans hésiter son régiment : il sera maître de chien. « J’ai reçu mon chien, âgé d’un an, à mon arrivée. Il s’appelle Hurbo. Il suit la formation en même temps que moi. Je le dresse à la fouille de terrain, à l’attaque et à la défense. Nous 22 ans, Nicolas Hoffmann formons tous les deux une équipe est sergent au 132e bataillon indissociable. » En juin prochain, cynophile de l’armée de terre quand Nicolas Hoffmann aura à Suippes dans la Marne. Il est terminé sa formation, il sera chef maître de chien et réalise un rêve de groupe. Il pourra diriger quatre d’enfant. Dès sa 3e à la MFR de personnes et sera prêt à intervenir Semur-en-Auxois, il dessine son dans d’autres pays, au Liban, en projet. Après son bac professionnel Côte d’Ivoire… « J’ai toujours eu « Élevage canin », il est sélectionné envie d’aller voir ailleurs. Dans ce par l’armée pour faire l’École natio- métier, on apprend tous les jours. Il nale des sous-officiers d’active à n’y a jamais de routine, je travaille Saint-Maixent dans les Deux-Sèvres. avec les chiens depuis l’âge de 13 Il se forme à la discipline militaire. ans. Je veux progresser aussi loin ■ Huit mois plus tard, il est sergent que possible ». témoignage /// NICOLAS HOFFMANN Maître de chien dans l’armée ❝ JE RÉALISE UN RÊVE ” À 20 le Lien s DÉCEMBRE 2007 attendant de pouvoir un jour avoir leur propre élevage, nombreux sont ceux qui se dirigent vers des métiers autour du chien : le toilettage, le gardien- témoignage /// ETIENNE ❝ L’AMI DE L’HOM E n tant qu’éducateur canin, j’apprends au maître à contenir son chien et au chien à réfréner ses pulsions. J’intègre le chien dans la famille. J’explique que la maison forme un cadre et qu’il y a une sorte de règlement intérieur que le chien doit connaître. J’agis en préventif sur des chiots, et le plus souvent en curatif, quand les chiens sont adultes. Je donne des cours individuels ou 6+105 (14/#M FR en nage, la vente en animalerie, le soin, le dressage ou les métiers de la sécurité. Pour travailler dans ces secteurs, une formation complémentaire est souvent indispensable. Au cours du BEPA et du bac professionnel, tous les jeunes reçoivent une initiation au toilettage mais la MFR de Mortagne-au-Perche est le seul établissement dans le mouvement à proposer par apprentissage le Certificat de toiletteur canin. Les demandes sont nombreuses. Il s’agit d’un métier artistique qui requiert à la fois une bonne condition physique (station debout, manipulation de chiens parfois lourds) et de la patience. Le secteur est en plein développement. Le jeune sera ouvrier de salon avant d’envisager une installation. Les éleveurs cumulent souvent leur activité avec de la pension pour animaux, du dressage ou de l’éducation par exemple. La MFR de Semur-en-Auxois vient d’ouvrir le Brevet professionnel éducateur canin par apprentissage (lire ci-dessous). Les jeunes peuvent également être attirés par le métier de conducteur de chien. L’armée, la gendarmerie ou dans le civil, des sociétés de gardiennage, forment aux métiers de la sécurité avec un chien. À la MFR de Mortagne, il existe une formation pour adulte, Agent cynophile de sécurité. « La formation est un maillon qui aide les jeunes à faire leur chemin », analyse Patrick Mathieu, directeur de la MFR de Semur-en-Auxois. « Certes, les jeunes ne sont pas tous éleveurs en sortant. Mais on les retrouve assistants vétérinaires, dresseurs, toiletteurs, vendeurs en animalerie… Ils travaillent pour un refuge. Le secteur a besoin de gens compétents et formés pour répondre à la demande de services qui se développent très vite ». ■ LES MÉTIERS DU CHIEN Le mouvement des MFR prépare les diplômes et titres suivants : BEPA Élevage canin et félin Bac professionnel Élevage et gestion de l’élevage canin et félin Brevet professionnel Éducateur canin Certificat toiletteur canin (titre niveau V) Agent cynophile de sécurité (titre niveau V) Neuf établissements du réseau des MFR préparent à ces métiers : MFR Eyragues (13) www.mfr-eyragues.fr MFR Semur-en-Auxois (21) www.formations-canines.com GIRARDET /// ÉDUCATEUR CANIN* ME N’EST PAS UNE PELUCHE ” collectifs, chez moi ou chez les gens. J’ai l’habitude d’expliquer que le chien est dépourvu d’état d’âme, qu’il ne fait pas plaisir à son maître. Il agit par réflexe et par instinct. Les hommes prennent trop souvent les chiens pour ce qu’ils ne sont pas. Ils les infantilisent ou au contraire se laissent dominer par eux. Le rapport à l’animal est rarement le bon. Autrefois dans le milieu rural, on savait naturellement où était la place de l’animal. Les citadins font de la sensiblerie au détriment de l’éducation. Le chien n’est pas une peluche. Le maître doit établir un rapport de force, mettre en place son autorité avec un principe de sanction et de récompense. L’éducateur permet au maître d’avoir un chien qui se conduit bien en société. Le civisme est la première des règles. Le chien doit donc être bien élevé. Je pense qu’il y a un gros travail à faire en ville pour permettre à tous de vivre en harmonie. Je suis très heureux qu’il existe aujourd’hui des formations à ce métier dans les écoles. Il nécessite de la psychologie, de la motivation, de la pédagogie, de l’ouverture d’esprit. J’interviens régulièrement à la MFR de Semur-en-Auxois pour le Brevet professionnel. Je suis certain que l’éducation canine est un métier porteur. ■ *Étienne Girardet est éducateur canin. Il tient également une pension, un club d’agility et développe la zoothérapie avec des personnes handicapées. MFR Donneville (31) MFR Saint-André le Gaz (38) MFR Champigné (49) MFR Guilliers (56) www.mfr-guilliers.com MFR Mortagne-au-Perche (61) www.mfr-mortagne.asso.fr MFR Berlencourt (62) CFP Brens (81) www.cfp81.asso.fr EN SAVOIR www.mfr.asso.fr www.onisep.fr www.scc.asso.fr le Lien s DÉCEMBRE 2007 21