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Mona Greenbaum
Directrice de la Coalition des
familles homoparentales
Les familles homoparentales
face à l’homophobie et
à l’hétérosexisme
Dans la section Des recherches scientifiques pour déconstruire les mythes à propos des familles homoparentales, nous avons vu comment trente ans de
recherches scientifiques ont permis de déconstruire les mythes à propos des familles homoparentales, notamment les craintes voulant que ces familles entraînent
des problèmes de développement chez leurs enfants.
Dans cette section, nous présentons sommairement les résultats des recherches qui traitent de l’effet de la discrimination, de l’homophobie et de l’hétérosexisme
sur le développement des enfants vivant au sein de familles homoparentales. Nous soulignons aussi le rôle de premier plan xque pourraient jouer les milieux
préscolaire et scolaire pour accueillir adéquatement ces enfants et leurs familles et contribuer ainsi à une transformation positive de la société.
Malgré des changements législatifs majeurs au Québec et au Canada mettant fin à toute discrimination légale envers
les couples de même sexe et les familles homoparentales, les enfants vivant au sein de familles homoparentales
font quotidiennement l’expérience de la discrimination du fait que leurs familles sont différentes des autres, ne
sont pas reconnues, acceptées ou valorisées par la société en général, et le milieu scolaire en particulier.
N.B. Les notes de fin de texte pour cette section se trouvent sur la page 13. Pour la bibliographie complète, veuillez consulter le module bibliographie.
2
L’effet de l’homophobie et
de l’hétérosexisme sur les enfants
Bien que la majorité des enfants de familles homoparentales, comme ceux des familles hétéroparentales, soient
susceptibles de devenir hétérosexuels une fois adulte, ils vivent néanmoins une stigmatisation, non parce qu’ils
font partie d’un groupe minoritaire, mais plutôt parce qu’ils sont associés à ce groupe minoritaire  : leurs parents
homosexuels1. Si ces derniers doivent composer avec l’homophobie et l’hétérosexisme principalement dans leur milieu
de travail, leurs enfants en font l’expérience à la garderie et à l’école. Au Québec, l’école est un milieu où l’homophobie,
l’hétérosexisme et les discours hétérosexistes sont encore fréquents2. Alors que les politiques et les pratiques scolaires
ne tolèrent plus les attitudes racistes, les attitudes et les insultes homophobes passent encore régulièrement inaperçues
et restent incontestées. De plus, même lorsque les enfants qui ont des pères gais ou des mères lesbiennes ne sont pas
directement la cible d’homophobie et d’hétérosexisme, ils en font l’expérience indirectement lorsque des incidents de
discrimination ou de victimisation sont présents et même omniprésents dans leur environnement. Or, les écoles peuvent
aider les enfants de familles homoparentales à faire face à ces situations homophobes.
Que nous dit la recherche à ce propos ?
Des études rapportent que les enfants qui ont des pères gais ou des mères lesbiennes ont peur d’être rejetés par leurs pairs et ont par conséquent
tendance à garder le secret sur leur situation familiale3. Des entrevues effectuées auprès de 74 enfants américains âgés de 10 ans et ayant une
mère lesbienne ont révélé que 43 % des enfants avaient eu à composer avec l’homophobie dans leur milieu. Les enfants se sont sentis en colère,
bouleversés ou attristés à la suite de leurs expériences avec des réactions homophobes dans leur milieu. Parmi les 74 enfants, ceux qui avaient vécu
des situations homophobes étaient également un peu plus susceptibles d’être décrits par leurs mères comme ayant des troubles de comportement4.
Ces résultats suggèrent que les enfants ayant des parents gais ou lesbiens se porteraient mieux dans des environnements sociaux qui les soutiennent.
Dans le même sens, l’examen5 de l’estime de soi chez un groupe de 76 adolescentes ayant une mère lesbienne montre que les adolescentes
stigmatisées, comparées à celles qui n’avaient pas vécu de stigmatisation, se sentaient moins acceptées socialement, avaient une plus faible
estime d’elles-mêmes, une moins bonne évaluation de leur conduite, de leur apparence physique et de leur réseau d’amis proches.
Par ailleurs, les recherches suggèrent que si les enfants qui gardent leur situation familiale secrète font moins l’objet de taquineries et
d’intimidations directes de la part de leurs pairs, ils pourraient néanmoins ressentir les effets du stress liés au secret, de même que l’impact
indirect d’un climat homophobe dans leur milieu.6
3
L’importance de la
structure familiale
dans la formation
de l’identité des
enfants
La famille est un facteur fondamental de la
formation de l’identité des jeunes enfants. La
famille et la qualité des liens qui s’y développent
contribuent à façonner le sens du soi du jeune
enfant et sa position dans l’environnement
social plus large et le monde. Lorsqu’ils vont à
la garderie et à l’école, les enfants font souvent
l’expérience de la diversité pour la première
fois en remarquant à quel point leur famille est
semblable ou différente des autres familles.
Afin de réussir sur les plans scolaire et social, les enfants doivent entre autres sentir que leurs familles, et par extension eux-mêmes, sont « corrects. » Autrement dit, les enfants doivent percevoir que leur famille s’inscrit au sein de la communauté scolaire afin de développer un sentiment
d’appartenance à celle-ci. Des études sur la réussite scolaire montrent qu’il existe un lien important entre d’une part, les perceptions qu’ont les
élèves du soutien de leurs enseignants, de leurs parents et de leur école et, d’autre part, leur réussite scolaire. Des élèves qui ont l’impression d’être
bien soutenus à l’école et à la maison ont de meilleurs résultats scolaires7 que les enfants qui se perçoivent et perçoivent leur famille en marge.
«
Tout le monde traite Philippe de « gai » et rit de lui. J’ai peur qu’on me traite aussi de gai si je leur demande d’arrêter. Les profs
ne disent rien. Lorsque j’entends ça, j’ai l’impression que l’on rit aussi de moi et de ma famille.
Marc, 9 ans
4
»
«
Je sais qu’il n’y a rien de mal à être gai, mais
les autres enfants ne savent même pas ce que
ça signifie. Ils pensent tout simplement que c’est
mal. Lorsque je les entends utiliser ce mot comme
une insulte, c’est comme s’ils s’en prenaient à ma
famille.
Monique, 11 ans
«
À l’école, l’enseignante nous a expliqué ce qu’est
un arbre généalogique. Elle nous a montré comment y inscrire le nom de notre mère et de notre
père. Comme j’ai deux mamans, je ne savais pas
quoi faire, alors je n’ai rien fait.
Camille, 8 ans
«
Une maman et un papa; une maman et un papa.
Pourquoi est-ce toujours une maman et un papa ?
Jules, 7 ans
»
»
»
Les enfants dont la structure familiale est le miroir de la famille traditionnelle (une maman et un papa de la même origine culturelle, avec des
enfants liés biologiquement à chacun des parents) voient et entendent des situations et des propos qui soutiennent ce modèle traditionnel.
Les enfants de familles homo-parentales, par contre, voient et entendent des situations et des propos qui le plus souvent ignorent ou même
dénigrent leurs familles.
«
Comme le dit si bien la poétesse Adrienne Rich :
Lorsqu’une personne en position d’autorité, tel qu’un enseignant, décrit le monde et que vous n’en faites pas partie, il y a un
instant de déséquilibre psychique, comme si vous regardiez dans un miroir sans vous y voir. (Adrienne Rich, Blood Bread and
Poetry, 1986)
5
»
Les infos
en bref
Stratégies adoptées par
les enfants
Les stratégies adoptées par
des enfants pour faire face à
la discrimination, l’homophobie
et l’hétérosexisme
Nous venons de voir qu’à l’école, et même dès la garderie, les enfants sont souvent exposés aux
effets de l’homophobie et de l’hétérosexisme en raison de l’orientation sexuelle de leurs parents.
En présentant leur famille au monde extérieur, les enfants de pères gais et/ou de mères lesbiennes
doivent apprendre à maintenir un équilibre fragile entre le sentiment d’authenticité (être transparent pour les amis) et les peurs de perdre les amis ou l’acceptation des pairs. Les peurs ressenties
et les problèmes les plus souvent vécus par les enfants vivant au sein de familles homoparentales
est le rejet ou l’intimidation par leurs pairs ou la crainte que les autres présumeraient de leur
propre orientation sexuelle sur la base de celle de leurs parents8. La crainte de perdre des amis,
d’être jugé et d’entendre des pairs faire des remarques homophobes ou anti-gaies a été rapportée
par de nombreuses études9.
6
changer leur comportement pour
garder le secret
demander aux parents de changer
leur comportement pour garder
le secret
mentir
éviter le sujet
choix judicieux des amis à qui
se confier
Les enfants peuvent également constater ou ressentir que leur environnement est homophobe, lorsqu’ils subissent
une confrontation directe au sujet de leurs familles ou indirectement par les railleries homophobes qu’ils entendent
régulièrement dans la cour de récréation, et en remarquant que, dans l’ensemble, ces insultes sont tolérées ou
ignorées par ceux en position d’autorité.
D’une certaine façon, comme leurs parents ont dû le faire à un moment antérieur de leur vie, les enfants de familles homoparentales doivent
traverser un processus d’affirmation (une forme de « coming out ») lorsqu’ils décident d’informer leurs enseignants ou leurs pairs que leurs
parents sont homosexuels. Ils font alors face aux enjeux de l’affirmation, c’est-à-dire se demandent s’ils doivent s’affirmer et, si oui, quand,
comment et à quel point s’affirmer auprès de leurs pairs, de leurs enseignants et des autres adultes10. En décidant de s’affirmer, les enfants
doivent soupeser les risques potentiels et les bénéfices de cette révélation11. Ainsi, bien qu’ils risquent le rejet en confiant aux autres la réalité
de leur famille, ils vivent aussi les conséquences positives de la révélation, c’est-à-dire le soulagement du poids du secret qu’ils doivent parfois porter12. Des études montrent que les enfants qui sont encouragés à garder le secret sur l’orientation sexuelle de leurs parents tendent à
présenter des symptômes de dépression, et à se sentir seuls et isolés13.
Devant ces difficultés, les enfants utilisent généralement l’une des trois « stratégies de régulation sociale14 » pour traiter de l’homosexualité de
leurs parents : 1) la maîtrise des limites de chacun; 2) la non-divulgation; et 3) la divulgation.
1. La maîtrise des limites de chacun...
se manifeste par la régulation du comportement des
parents par l’enfant, la régulation par l’enfant de son propre
comportement vis-à-vis de ses parents homosexuels et la
régulation de l’interaction des autres avec ses parents.
«
Je fais toujours bien attention à qui j’invite à
la maison.
Cynthia, 8 ans
«
J’ai demandé à mes papas de ne pas venir
ensemble au tournoi de judo.
Nour, 7 ans
»
»
7
2. La non-divulgation...
se manifeste par le déni ou le refus de l’enfant de dévoiler l’homosexualité de ses parents. Les enfants deviennent énigmatiques et prudents
quant à leur façon de décrire leurs familles. Ils en ont assez d’avoir à s’expliquer au sujet de leur famille, soit parce qu’ils sont intimidés ou
taquinés, soit parce qu’ils ont peur de l’être15. Une étude récente menée au Québec a montré que la plupart des enfants de familles homoparentales ne dévoilent pas d’emblée leur situation familiale16.
«
J’ai toujours su que mes mères sont lesbiennes et cela n’a aucune importance pour moi, c’est ma famille comme n’importe
quelle autre famille. Par contre, quand je suis arrivée à l’école primaire, j’ai entendu les autres utiliser le mot « gai » comme
insulte et rire du mot « lesbienne », et je me suis dit : « Ils parlent de mes mères ! » Après, il était hors de question que je parle
de ma famille à qui que ce soit.
Clara, 15 ans
«
Un jour que j’étais chez mon ami Éric, nous sommes allés au parc. Toute la famille d’Éric est au courant pour ma famille et ça
ne les embête pas. Par contre, au parc, l’un des amis d’Éric m’a demandé si c’était vrai que j’avais deux mères. J’ai simplement ignoré sa question et changé de sujet. Je n’avais vraiment pas envie d’avoir à tout expliquer de nouveau, que personne
ne me croit et que tout le monde se moque de ma famille.
Steve, 13 ans
»
»
3. La divulgation...
se manifeste par le partage sélectif que fait l’enfant de ses renseignements personnels.
«
Je n’en parle pas à ceux qui, à mon avis, ne seraient pas d’accord ou à ceux que je ne connais pas bien. J’en ai parlé à mes
bons amis et il n’y a pas de problème avec eux, mais la majorité des gens l’ignore. Parfois, je crains que les autres le découvrent
et j’ai peur de ce qu’ils pourraient penser de moi; cela serait gênant.
Basma, 12 ans
8
»
Les stratégies adoptées par
des parents homosexuels pour
faire face à la discrimination,
l’homophobie et l’hétérosexime
Alors que l’une des questions importantes que se posent les gais et les lesbiennes est de savoir quand,
comment et à quel point affirmer son orientation sexuelle, l’enjeu se complexifie lorsqu’ils deviennent
parents17. Ils doivent équilibrer un certain nombre d’éléments contradictoires : le désir de vivre ouvertement sa vie; le désir de présenter une image de fierté à son enfant afin que ce dernier n’ait pas honte
de sa famille; et le désir de protéger l’enfant de toute discrimination et de respecter sa vie privée.
Une étude longitudinale18 portant sur des familles homoparentales américaines
indique que la plupart des mères lesbiennes n’ont pas hésité à divulguer leur
orientation sexuelle au travail et avec le personnel des garderies lorsque
leurs enfants étaient en bas âge, mais qu’elles étaient moins portées à le
faire lorsque leurs enfants avaient 10 ans et plus. Ce changement au niveau
de leur visibilité reflète la sensibilité des mères à l’égard des inquiétudes
croissantes de leurs enfants préadolescents au sujet de l’homophobie. En
fait, une étude britannique sur les familles homoparentales montre que le
bien-être des enfants était considéré, par les parents, comme un absolu qui
prévalait sur tous les autres éléments de la vie familiale19. Afin de protéger
leurs enfants d’un monde potentiellement homophobe et du rejet de leurs
pairs, les parents dissimulaient donc parfois leur orientation sexuelle.
Afin de faire face à la discrimination, l’homophobie et l’hétérosexisme omniprésents dans
leur environnement social, les pères gais et les mères lesbiennes utilisent diverses stratégies dites passives ou d’affirmation sélective.
9
Les infos
en bref
Stratégies adoptées par
les parents
éviter le sujet avec les
intervenants rarement
rencontrés
ne pas le mentionner à moins
d’être questionné directement
divulgation sélective basée sur
l’évaluation du degré d’ouverture
de l’école
degré d’ouverture dépend du
souhait des enfants
«
Le personnel de l’école que fréquente notre fils, ainsi que bon nombre de ses amis, savent que nous sommes une famille où il y
a deux papas. Par contre, lorsque nous allons le chercher, d’une certaine manière, sans même en avoir consciemment discuté,
nous n’arrivons jamais ensemble comme un couple lorsque tous ses amis sont présents.
Luc, 40 ans
»
1. Stratégie passive
La décision concernant la divulgation par les parents de leur orientation sexuelle dépend largement de contextes particuliers. Une étude australienne20 rapporte que des mères lesbiennes utilisent une stratégie de divulgation passive dans un contexte de soins de santé. Bien qu’elles aient
été prêtes à s’affirmer si nécessaire, elles n’offraient pas d’information aux professionnels de la santé qui ne les questionnaient pas précisément
sur leur identité sexuelle. Cette stratégie passive semble liée au fait qu’elles ne voyaient ces professionnels de la santé que de façon intermittente.
«
Lors de la première visite chez notre nouvelle médecin de famille, elle ne m’a pas demandé qu’elle était notre situation familiale, alors je n’ai pas dit que mon fils a deux mères lesbiennes. Je ne voulais pas créer d’inconfort. Par contre, avec le recul, je
réalise que cette information est essentielle afin que ma conjointe soit également contactée en cas d’urgence ou qu’elle puisse
l’accompagner lors d’un prochain rendez-vous médical.
Monica, 39 ans
2. Stratégie d’affirmation sélective
Par contraste avec les stratégies passives dans un contexte de soins de santé, dans le contexte
scolaire de leurs enfants, les parents sont plus souvent ouverts au sujet de leur orientation sexuelle,
mais de façon sélective. Le choix de s’affirmer auprès de certaines personnes seulement dépend de
divers facteurs tels que la politique particulière de l’école en terme d’acceptation et d’inclusion des
minorités en général, le degré d’ouverture de la communication avec les enseignants et la perception
d’ensemble à l’égard de la sensibilité de l’école au sujet des familles homoparentales21.
«
Chaque fois que Sophie commence une nouvelle année scolaire, nous nous assurons d’informer sa nouvelle professeure que Sophie a deux papas gais. Je ne sais pas si la directrice de
l’école le sait. C’est difficile de savoir si la directrice est ouverte face à une famille comme
la nôtre. C’est possible qu’elle ne sache même pas qu’une famille homoparentale existe !
Greg, 43 ans
10
»
»
Un certain nombre d’autres facteurs sont associés à la divulgation ou non de
l’orientation sexuelle des parents à l’école de leur enfant. Par exemple, les
parents de classe moyenne et ceux dont les enfants fréquentent l’école privée
semblent plus susceptibles de s’affirmer que les parents de classe ouvrière
et ceux dont les enfants fréquentent l’école publique. Les parents en milieu
urbain sont aussi plus susceptibles de s’affirmer que ceux des milieux ruraux22.
Le type de structure familiale est également lié au degré de divulgation. Les
parents qui ont planifié avoir leurs enfants dans le contexte d’une relation
homosexuelle semblent plus susceptibles de divulguer leur orientation sexuelle
que les parents qui ont eu leurs enfants dans d’autres contextes, vraisemblablement parce que les enjeux ont déjà été traités avant d’avoir des enfants.
Dans ce sens, il est également possible que les enfants nés au sein de familles
homoparentales soient plus à l’aise avec leur situation familiale que les enfants
qui ont commencé leur vie dans une famille hétérosexuelle pour se retrouver
dans une famille homoparentale à la suite du divorce de leurs parents. Une
étude23 indique que la transition du contexte hétérosexuel au contexte gai ou
lesbien fait en sorte que certains parents sentent le besoin de compenser pour
la perte du sentiment de « normalité » de leurs enfants. Ces enfants ont aussi un
père et une mère et peuvent donc aisément se présenter comme les enfants de
parents divorcés, tout en camouflant l’homosexualité dans la nouvelle famille
reconstituée. Divulguer qu’un de ses parents est homosexuel peut être doublement difficile si l’autre parent divorcé est homophobe.
«
Mon garçon traversait déjà une si grosse épreuve à la suite de ma
séparation avec son père, alors j’ai pensé que de lui dire que je suis
lesbienne serait trop difficile à accepter. Il n’avait pas besoin d’être
humilié à l’école par-dessus le marché.
Julia, 37 ans
»
Tout comme leurs enfants, les parents homosexuels ont recours à un grand
éventail de stratégies d’adaptation pour éviter d’être confrontés à l’homophobie.
11
Les écoles peuvent et doivent agir pour lutter
contre la discrimination, l’homophobie et
l’hétérosexisme
Bien que le préjudice soit vivement ressenti par les familles homoparentales, les professionnels des écoles sont peu informés de l’existence et de la nature des
problèmes auxquels ces familles sont confrontées. Peu nombreux sont les parents et les enfants qui se sentent en position de confronter seuls l’homophobie en
tant que telle24. Par conséquent, les mères lesbiennes, les pères gais et leurs enfants peuvent se sentir marginalisés et stigmatisés par ces milieux.
Il est probable que des facteurs de risques tels qu’un soutien social faible et un statut économique inférieur rendent certaines familles plus vulnérables aux effets de
l’homophobie et moins susceptibles d’influencer l’environnement face à l’homophobie. Ces facteurs pourraient ainsi exacerber les effets négatifs de l’homophobie
sur le bien-être des parents et des enfants. Ces facteurs doivent être mieux compris afin de planifier des interventions qui pourront aider les familles homoparentales.
Selon une étude américaine25, plusieurs enfants ignorent les réactions ou la
position de leurs enseignants face à l’homophobie, et plusieurs perçoivent
les enseignants comme ne faisant rien pour contrer l’homophobie ou comme
étant incapables d’y mettre un terme. Les enfants rapportent que certains
enseignants participent même à la propagation de commentaires homophobes.
Les attitudes passives ou homophobes du personnel scolaire peuvent décourager les élèves à
profiter des ressources éducatives, récréatives et de soutien disponibles dans les écoles. Pour
aider tous les enfants à se sentir en sécurité et bien accueillis, les écoles peuvent aborder de
façon proactive le problème des injures, des taquineries préjudiciables et du harcèlement. Il
importe que tous les enfants se sentent reconnus et compris à l’école. Ne pas parler d’un sujet
(qui est par ailleurs abordé de manière négative par les enfants dans la cour d’école) envoie un
message fort puissant aux enfants, suggère que ce sujet est si peu important qu’il ne mérite pas
qu’on en parle, ou encore suggère qu’il doit rester secret, parce que le sujet est honteux.
Rappelons que les milieux préscolaire et scolaire peuvent jouer un rôle de premier plan afin
d’accueillir adéquatement les enfants issus de familles homo-parentales et contribuer ainsi à
une transformation positive de notre société.
12
NOTES DE FIN DE TEXTE
1
Goffman, 1963.
2
Otis et al., 1999; Groupe de Recherche et d’Intervention Sociale (GRIS-Québec), 2005; Emond & Charlebois,
2007; Conseil permanent de la jeunesse, 2007.
3
Gershon et al., 1999; Golombok et al., 1997; Haack-Moller et al., 1984; Litovich, 2004; O’Connell, 1993.
4
Gartrell et al., 2005.
5
Gershon et al., 1999.
6
Baptiste, 1987; Pennington, 1987.
7
Substance Abuse and Mental Health Services Administration, 2003.
8
Bigner & Bozett, 1990; Bozett, 1987a; Lewis, 1980; Paul, 1986; Wyers, 1987.
9
Gartrell et al., 2005; Lewis 1980; O’Connell, 1993; Vyncke & Julien, 2008.
10 Garner, 2004.
11 Perlesz et al., 2006b.
12 Baptiste, 1987; Pennington, 1987.
13 Baptiste, 1987; Crosbie-Burnett et al., 1993; Pennington, 1987.
14 Bozett, 1987a.
15 Ray & Gregory, 2001.
16 Vyncke & Julien, 2007, 2008.
17 Laird 1998; Malley & Tasker, 2002.
18 Gartrell et al., 2005.
19 Weeks et al., 2001.
20 Perlesz et al, 2006B.
21 Perlesz, 2006b; Casper & Schultz, 1999.
22 Perlesz et al., 2006.
23 Weeks et al., 2001.
24 Clarke et al., 2004; Ray & Gregory, 2001.
25 Ray et Gregory, 2001.
13
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