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Bilan campagne Ligne Azur dans les collèges et lycées 2010
du lundi 19 avril au vendredi 2 juillet 2010
Cadre
Le 3 février dernier, le ministre de l’Éducation nationale Luc Chatel
avait rappelé en clôture du 6ème forum de la Fondation Wyeth pour
la santé des enfants et des adolescents, qu’il entendait s’attaquer
en 2010 à l’ensemble des discriminations, y compris celles liées à
l’orientation sexuelle.
Le 16 avril 2010, un communiqué de presse annonçait la campagne
de promotion de la Ligne Azur dans les collèges et les lycées
concrétisant ainsi l’engagement du ministère de l’Éducation
nationale dans la lutte contre l’homophobie. Un kit de promotion de
la Ligne Azur comprenant deux affiches et deux cents cartes mémos
destinées aux jeunes se posant des questions sur leur orientation
sexuelle a été mis à disposition des collèges et lycées.
Disponibles de 8h à 23h au 0 810 20 30 40, les écoutants de Ligne
Azur sont présents pour informer, écouter et soutenir les jeunes
éprouvant un mal-être, une crainte ou une difficulté en lien avec leur
orientation sexuelle. Accessible 24h/24, le site www.ligneazur.org
offre un service de questions-réponses par messagerie électronique.
Outils d’évaluation
L’impact quantitatif sur l’activité du service téléphonique est mesuré à partir des données issues de
l’autocommutateur. Cette machine comptabilise tous les appels qui lui parviennent et ceux traités par les écoutants.
Il apparaît nécessaire de rappeler les définitions suivantes :
•
Appels reçus (ou sollicitations) : appels numérotés par le public et parvenus à l’autocommutateur.
•
Abandons : appels reçus ayant été raccrochés avant de parvenir sur le poste d’un écoutant.
•
Appels traités : appels décrochés par les écoutants (entretiens + hors cadre).
•
Entretiens : l’appelant formule une demande en lien avec l’objet et le cadre posé par le dispositif.
•
Hors cadre : plaisanteries courtes, injures, faux numéro, raccrochés, etc.
L’analyse qualitative des entretiens s’appuie sur le recueil de données réalisé par les écoutants à partir d’une fiche
d’appel informatisée constituée de rubriques préétablies et de commentaires libres de l’écoutant. Elle est remplie à
partir des informations apportées par l’appelant dans le cadre de son entretien. Seules trois ou quatre questions
sont posées en fin d’appel (si celui-ci n’est pas interrompu et si l’état psychologique de l’appelant le permet) :
-
« Est-ce la première fois que vous obtenez un correspondant ? »
et si oui, « Comment avez-vous eu connaissance de notre numéro ? »,
-
« De quel département appelez-vous ? »,
-
« Quel âge avez-vous ? ».
Le service de questions-réponses par Internet a été remis en fonction depuis mi-mars 2010. Aussi, l’impact
quantitatif de la campagne ne pourra pas être mesuré et la comparaison avec des données antérieures ne sera
pas possible. Toutefois, une fiche de renseignements succincte est remplie par l’expert qui a traité la question à
partir des seules informations disponibles dans le message initial. Une brève analyse qualitative de ces données
viendra compléter celle du service téléphonique.
Association SIS – Observatoire
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Activité de la ligne
En termes de volume d’appel, la campagne d’affichage a généré un nombre de sollicitations important
(tableau 1). Comparativement à la même période l’an dernier, les appels reçus et traités ont été multipliés par 8.
Sur les 7 582 sollicitations parvenues à l’autocommutateur, les écoutants en ont décroché 4 806. Malgré cet
afflux massif d’appels, le taux de traités (77,1 %) est resté élevé et a même été supérieur à celui de l’année
précédente, le service ayant été en capacité d’absorber ce surcroît d’activité.
Le suivi d’activité jour par jour indique que la campagne d’affichage a eu un impact dès la première semaine. Le
niveau d’activité s’est intensifié progressivement pour atteindre son plus haut niveau au cours de la troisième
semaine.
Le mardi est le jour préféré des élèves pour solliciter la ligne. C’est d’ailleurs le mardi 4 mai que l’activité a été la
plus importante avec 293 appels traités sur 371 reçus. Diminuant de moitié dès la quatrième semaine, le trafic
s’est progressivement calmé au cours des semaines suivantes. La campagne a continué de produire un impact
plus modéré et ce n’est qu’à partir du 21 juin que l’activité est redescendue en dessous du niveau de la première
semaine.
Comme il était attendu en raison de la thématique liée à la sexualité, cette campagne d’affichage n’a pas manqué
de susciter des appels dits « de cour de récré ». Ils peuvent se limiter à des rires, des plaisanteries ou aller jusqu’à
des injures. Le poids de ces sollicitations « parasites » a été très important. Ainsi, sur les 4 806 appels décrochés
par un écoutant, 908 (19 %) ont été qualifiés comme étant un entretien en lien avec le cadre de la ligne. Parmi
ces derniers, figurent des échanges courts (moins d’une minute et trente secondes) qui sont pour la plupart des
plaisanteries ou des blagues mais au cours desquels l’écoutant a effectué un travail de passation d’information
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2
sur la thématique de la ligne. En excluant ces appels « parasites », seuls 369 (7,7 %) ont réellement constitué un
échange en lien avec la thématique de la ligne. Si rapportés aux appels décrochés cette proportion apparaît
faible, comparativement à l’année passée les entretiens ont doublé : 170 entretiens avaient été réalisés sur la
même période, soit +117 %.
Tableau 1. Récapitulatif de l’activité sur Ligne Azur du 19 avril au 02 juillet 2010 et sur la même période 2009
Période
19/04/2010 au 02/07/2010
Appels reçus en service
ouvert (de 8h à 23h)
7 582
Appels
traités
4 806
Moyenne hebdomadaire 2010
708
449
19/04/2009 au 02/07/2009
943
584
Moyenne hebdomadaire 2009
Évolution période 2009 // 2010
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88
55
+704 %
+723 %
% d'appels traités
(hors abandons)
77,1 %
-71,8 %
-+5,3 points
Entretiens
369
34
170
16
+117 %
3
Profil des appelants
L’analyse des fiches d’appel porte sur 369 entretiens. Un item a été placé dans la rubrique « sujet de restitution »
de la fiche d’appel afin de repérer ceux suscités par la campagne d’affichage mais ce seul indicateur sous-estime
l’impact de la campagne (19 % des entretiens). En effet, les oublis de renseignement de cet item de la part des
écoutants ont pu être fréquents dans la mesure où il s’agit d’une démarche occasionnelle dans leur procédure de
remplissage. D’autres indicateurs reflètent davantage l’impact de la campagne. Si la proportion de nouveaux
appelants est habituellement élevée sur Ligne Azur, elle l’est encore davantage sur la période de campagne
examinée : 75,1 % sollicitent le service pour la première fois (72,7 % sur la même période en 2009). Indicateur
clair de l’impact de la campagne, près de la moitié des primo-appelants ont eu connaissance du numéro par une
affiche, une brochure ou une carte mémo (45,5 %) alors que ces supports n’avaient été cités qu’une fois sur dix
en 2009 (13 %). Internet (25,7 %) et les services sociaux ou le secteur éducatif (13,4 %) constituent les deux
autres sources d’information les plus citées. Enfin, les appelants sollicitant la ligne pour quelqu’un d’autre sont à
peine plus nombreux pendant la campagne (5,4 % vs 5 %). Quelques appels émanent du médecin ou de
l’infirmière scolaire, soit pour avoir des renseignements sur la Ligne Azur (qui sont les écoutants ? quelle est leur
formation ? soit pour parler d’un cas concret.
La région d’appel est connue dans six appels sur dix. Cette information est moins souvent connue pendant la
période de campagne en raison des appels « parasites » qu’elle a suscités. En effet, 60 % des 18 ans ou moins
ont indiqué leur département d’appel contre 88 % des plus de 18 ans.
Tableau 2. Répartition des entretiens selon la région et l’âge des appelants, en effectifs
18 ans
ou moins
19 ans
et plus
Non renseigné
50
18
Total
(y compris
sans âge
connu)
141
Île-de-France
Rhône-Alpes
17
7
27
15
PACA
Bretagne
8
5
Aquitaine
Haute-Normandie
Région
Région
18 ans
ou
moins
19 ans
et plus
Total
(y compris
sans âge
connu)
4
Auvergne
1
2
51
26
Bourgogne
Dom
1
2
2
2
4
4
11
14
23
19
Basse-Normandie
Franche-Comté
2
1
1
2
3
3
2
1
15
7
18
11
Limousin
Lorraine
3
2
1
3
3
Languedoc-Roussillon
Centre
8
2
3
8
11
10
Picardie
Champagne-Ardenne
2
1
3
1
Nord-Pas de Calais
Pays de Loire
5
3
2
4
9
9
Poitou-Charentes
Tom
Midi-Pyrénées
Alsace
3
1
3
4
6
5
Total
1
125
1
1
144
369
Le sexe et l’âge sont deux indicateurs variant de façon importante sur la période de campagne comparativement à
2009 et reflétant ainsi l’impact de la promotion de la Ligne Azur auprès des élèves. En effet, les appelants sont plus
jeunes : l’âge moyen passe de 29 ans en 2009 à Tableau 3. Répartition par âge des 18 ans et moins, n=125
25 ans et demi. Proportionnellement, la population 10 ans
1%
15 ans
17 %
des 18 ans et moins [10[10-18] a plus que doublé : 12 ans
2%
16 ans
28 %
elle représente près de la moitié des échanges 13 ans
4%
17 ans
19 %
14 ans
15 %
18 ans
14 %
pendant la campagne (46,5 % vs 21,2 %).
Le public s’est féminisé également, avec quatre appelantes pour dix entretiens (40 % vs 26 % en 2009) et
notamment parmi les jeunes appelants où elles deviennent même majoritaires : 52 % des 18 ans et moins sont
des filles (40 % en 2009). Il convient de préciser que l’âge n’est pas connu dans plus d’un quart des entretiens
(27 %, question non posée en fin d’appel pour diverses raisons). De ce fait, l’effectif de jeunes de 18 ans ou
moins susceptibles d’appeler suite à la campagne d’affichage peut
peut être soussous-estimé.
estimé L’analyse qualitative des
appels portera donc davantage sur les propos des appelants rédigés par les écoutants.
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Concernant l’orientation sexuelle, le public jeune exprime une plus grande difficulté à se situer : près de la moitié
ne savent pas ou ne se définissent pas (47 %) contre un quart parmi les 19 ans et plus. S’ils sont aussi nombreux
que leurs aînés à se reconnaître dans l’homosexualité (38 % vs 37 %), ils sont en revanche peu nombreux à
déclarer être hétérosexuels (9 % vs 26 %) ou bisexuels (5 % vs 11 %). Ceci peut s’expliquer par le fait qu’ils ont
une expérience de vie moins longue et par conséquent qu’ils ont vécu moins de situations sentimentales mais
également sociales dans lesquelles l’orientation sexuelle est « affichée » ou reconnue.
Contenu des appels
En accord avec la thématique de Ligne Azur, sept jeunes sur dix s’interrogent sur l’homosexualité, la bisexualité,
l’identité sexuelle ou la découverte de la sexualité.
sexualité La taille de l’échantillon ne permet pas de dégager
statistiquement de différence selon le sexe (77 filles, 73 garçons). Ils expriment leur difficulté à se reconnaître
dans une orientation sexuelle ou à interpréter leur attirance envers unun-e amiami-e du même sexe.
sexe Ils s’interrogent
également sur ce qu’est l’amour et dans certains cas ne parviennent pas à définir si les sentiments qu’ils
l’amitié. Ils s’inquiètent souvent de savoir si ce qui leur arrive
éprouvent pour une personne sont de l’amour ou de l’amitié
ou ce qu’ils ressentent est « normal » ou non.
non
« J’ai vu votre affiche sur le fait de penser que l’on est homo ou bi. Je ne sais pas ce que je suis. Je traine toujours
avec les filles. Je pense que je suis peut-être homo. Mais j’aimerais quand même sortir avec les filles mais quand je
fantasme c’est plutôt les garçons. Dans ma classe il y a des filles qui me plaisent bien et puis il y a ce garçon… On
s’entend bien, on rigole bien, on délire bien. Mais si je lui demande de sortir avec lui, comment va-t-il prendre ça ? Et
s’il me rejette et si tout le monde est au courant ? » Garçon, 17 ans
« Je ne sais pas par quoi commencer... Quand je serre la main d’un de mes copains, je sens que j’ai le cœur qui bat
fort... » Garçon, 17 ans
« J’avais trop bu ce weekend et j’ai embrassé un garçon alors que je suis certain d’être hétéro... C’est normal ? Y a
pas des risques que je devienne homo plus tard? » Garçon, 17 ans
« C’est ici que l’on peut parler des questions autour de la sexualité ? Je fais du théâtre avec une copine, on a fait
comme un câlin, j’ai ressenti des choses… Ca veut dire que je suis lesbienne ? » Fille, 14 ans
« Je ne sais pas si je suis homo, hétéro ou bi car j’aime autant embrasser les filles que les garçons... » Fille, 15 ans
« Je suis amoureuse de mon copain mais je suis aussi attirée par les filles. Je m’inquiète beaucoup est-ce vraiment
normal surtout que j’aime vraiment mon copain, nous avons une sexualité mais je ne sais pas ce qui m’arrive… »
Fille, 16 ans
Les appels dépassent très souvent la simple demande d’informations et des aspects psychologiques sont
sont
présents dans près de la moitié des entretiens avec les jeunes (47 %), quel que soit leur sexe mais de façon plus
prononcée chez les garçons.
garçons
Tandis que certains jeunes s’interrogent sur leur orientation, d’autres n’ont pas de doutes quant à leur homosexualité.
homosexualité.
Ils appellent Ligne Azur pour parler de leurs difficultés à accepter leur différence ou de leur crainte d’être rejeté.
« Je vous appelle parce que j’ai un problème avec mon orientation sexuelle. J’ai trouvé un petit papier dans mon lycée
qui dit " homo, hétéro, bi ". J’ai vu qu’on pouvait être rappelé sur Internet, ça a été plus facile pour moi comme ça. Je
trouve ça vraiment curieux d’aimer les hommes. Je voulais aller voir un psy pour combattre ça, puis je me suis dit que
ça n’était pas forcément la bonne solution. Ce que je ressens, c’est de la honte, au lycée, j’ai l’impression que tout le
monde me regarde. J’ai du dégoût, aussi. Les filles m’intéressent, j’ai déjà eu des histoires, mais bon, dès fois en
soirée et tout je regarde des hommes et ça m’attire aussi. Mes amis, mes parents, personne ne le sait, je n’en ai
parlé à personne. Je me dis, un jour si je suis amoureux de quelqu’un, si je le disais à mes parents ou à des amis,
j’aurais peur du rejet, même si je pense qu’ils sont ouverts d’esprit. Quand ils voient des gens dans la rue, ils disent
" Ca regarde chacun, le plus important, c’est d’être heureux ". En fait, c’est surtout pour moi que ça pose problème.
Quand je ressens de l’attirance, je me braque, je me dis que c’est mal et je me bloque. Depuis un moment, à cause
de ça, je n’ai pas de relation, ni même avec des filles. Je suis sûr que mes parents se doutent de quelque chose, ils
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doivent se poser des questions, parce que j’ai jamais ramené de filles à la maison. Je sais pas, moi, je me dis que
normalement dans la vie on doit être avec quelqu’un, et du sexe opposé. De toute façon, je crois que j’ai toujours été
un peu " comme ça ". J’ai joué à des jeux de filles, j’avais plus de copines que de copains. » Garçon, 17 ans
« Je suis lesbienne. Est-ce que je peux changer ? Est-ce qu’il y a une solution pour que je puisse changer d’attirance ?
C’est mal...du point de vue de la société... » Fille, 16 ans
Dire ou pas son homosexualité et comment la dire sont des questions récurrentes dans les appels de jeunes
homosexuels, garçons comme filles. L’annonce au père et à la mère et la crainte de leur réaction sont au cœur de
ces entretiens. La mentalité des parents perçue par les jeunes, parfois liée à une religion, est souvent évoquée
comme un obstacle
obstacle impossible à surmonter.
« Ma famille se doute que je suis homosexuel et je suis de plus en plus rejeté. Je ne l’ai pas dit mais ça devient
insupportable. Je veux partir mais comme je suis au lycée je ne sais pas comment faire. » Garçon, 18 ans
« J’ai 14 ans, je sais que je suis homosexuel depuis 2 ans mais je ne peux pas le dire autour de moi. C’est dur de vivre
en secret... Je l’ai dit à ma mère qui je pense le vit mal et à mon cousin qui a aussi 14 ans qui ne sais pas trop quoi
dire... En fait j’ai dit à ma mère que je suis bisexuel mais je ne suis pas du tout attiré par des filles. C’est difficile au
collège, avec des amis...je m’entends bien avec l’infirmière scolaire, je crois elle le sait… »Garçon, 14 ans
« Je sais pas comment vivre mon homosexualité. Je suis dans un milieu très catho, coincé... Comment je peux vivre
mon homosexualité sans heurter mes parents ? Ils m’ont surpris, en tout cas ils ont accédé à mon historique sur le
net, ils sont tombés sur des sites homo, du coup j’ai plus accès au net. J’en ai marre de sortir avec des filles pour faire
semblant ! » Garçon, 15 ans
« Je vous appelle pour avoir des réponses à mes questions. Je suis homosexuel, mais je suis d’une famille
musulmane très pratiquante. Mes parents sont séparés, je vis chez ma mère : si elle était au courant, elle me jetterait
dehors. C’est une situation intenable. Je suis allé voir ma psy en urgence aujourd’hui, elle me dit qu’elle ne peut plus
rien faire pour moi, que la seule solution serait de dire à ma mère que je ne vais pas bien, sans forcément lui dire que
je suis homosexuel. Mais je sais qu’elle va chercher à savoir pourquoi je ne vais pas bien. La question que je me
pose, c’est de savoir si je pourrais vivre avec ça, sans pour autant faire ce que j’ai envie, faire ce que les autres
attendent de moi -se marier, avec des enfants- tout en étant malheureux. Je déprime, j’angoisse, au cas où ma mère
l’apprenne. Mes parents sont très pratiquants, je ne fais déjà pas la prière comme ils voudraient, ça ne facilite pas
les choses, ma mère m’a déjà jeté dehors pour ça. Si je lui dis que je suis homosexuel, elle ne va pas accepter, on ne
va plus se parler, ça va la détruire. Ma mère m’a déjà proposé une fille, elle s’étonne que je n’ai pas de copine, elle
m’imagine marié dans 2 ans. Mais si je me marie avec une femme, je serai malheureux. Où est ma place ? Je dois
penser d’abord à moi ou aux autres ? J’ai 18 ans, je suis lycéen, je ne travaille pas, je n’ai pas d’autonomie. Je suis
fils unique, avec ma mère on avait une relation très fusionnelle, et je suis parti 1 an ailleurs pour les études, pour
casser cette relation. Depuis, les choses ont un peu changé. Quand j’étais en 4e, ma mère a regardé les messages
sur mon portable, en me disant qu’elle était responsable de mes péchés, et qu’elle ne voulait pas aller en enfer. Elle
a trouvé un texto que j’avais envoyé à une copine, en lui demandant si elle ne connaissait pas des amis gays. J’ai dit à
ma mère que je pensais aimer les hommes. Elle a eu une réaction violente, en disant "c’est pas possible, je n’ai pas
pu accoucher d’un pédé" et est allée aux urgences parce qu’elle n’arrivait plus à respirer. Si je lui dis ça, ça va la
détruire, ça va me détruire. Je respecte ma mère à un point où je ne peux pas lui faire de mal, elle a une santé fragile.
Elle pratique plus maintenant qu’avant. La religion, c’est toute sa vie. Quand elle regarde la télé, ce ne sont que des
émissions religieuses. Quand je lui pose une question, elle répond par des propos religieux, pas ce qu’elle pense.
Mon père est extrémiste aussi. Et mon père, je ne sais pas s’il serait capable de me tuer. Dans notre religion, s’il y a
un témoin oculaire qui voit que deux hommes couchent ensemble, les deux sont tués sur le champ. Moi aussi je suis
croyant, mais j’aimerais une vie stable, je ne veux pas qu’on me juge. Depuis 2 ans, je suis sous pression. Je n’arrive
plus à réfléchir. J’angoisse perpétuellement. Je prends un anxiolytique, mais dès que l’effet passe, j’ai des crises
d’angoisses. Je crois que je suis prêt à lui dire, à ma mère, mais je ne suis pas prêt aux conséquences qui vont suivre.
Je travaille pour passer mon bac, je n’arrive pas à me concentrer. En vous appelant, j’ai fait déjà un effort, avant je
n’aurais jamais osé en parler à qui que ce soit. J’ai un ami, que je viens de connaitre par internet. Avec lui, je vis
normalement, on discute sexualité. J’ose à peine dire le mot tellement c’est tabou, mais je ne parle pas de pratiques
sexuelles, c’est intime. Je n’ai jamais eu de relation avec un homme, même si je l’ai déjà imaginé. Mais déjà pour la
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masturbation, je me fais des reproches alors qu’on me dit autour de moi que c’est normal. Il y a 2 ans, il y a eu une
tentative de viol, des attouchements. Cette personne était un homme, je me suis dit que tous les homos étaient
comme ça. Je commence à peine à me dire que je ne suis pas coupable. Je vois ma psy depuis l’âge de 10 ans, je fais
partie d’un groupe de jeunes malentendants, je suis appareillé. Ma psy connait mon problème, et ma famille aussi.
Mais elle me dit qu’elle ne peut plus rien faire pour moi. J’ai jamais eu de petit copain, jamais de "smack", jamais
rien eu, juste des contacts homosexuels sur internet. Avec le copain dont je vous parlais, on échange des idées, des
envies. Oui, je suis attiré peut-être. Lui aussi, il aimerait bien qu’on se voie mais il est déjà en couple, et dans la
religion il ne faut pas être déjà en couple. Depuis 1 mois seulement, je discute sur ce forum pour les homosexuels,
sur internet. Je ne répondais jamais aux personnes qui m’ont dragué dans la rue, mais là je vois que plusieurs
personnes veulent me rencontrer. Quelqu’un de mon lycée voudrait avoir un rendez-vous avec moi, pour se connaitre.
Je discute en ce moment avec lui sur MSN, mais je n’irai pas le voir tant que je ne le connaitrai pas, j’ai trop peur que
ce soit en fait un groupe homophobe qui veut traquer un homosexuel. Ma priorité, c’est d’être tranquille.
L’anxiolytique, c’est bien, mais je peux pas en prendre 24h/24. Je n’ai pas le choix, je dois soit le dire, soit partir. Si
jamais on me jette dehors, est-ce qu’une association peut m’héberger ? Garçon, 18 ans
« Voilà, ça fait 2 mois que je sors avec une fille, avant c’était avec des garçons. Ma mère a piraté mon compte
Facebook, et l’a découvert comme ça. Moi, je pensais attendre un peu, voir si c’était une relation importante pour
moi ou pas avant de lui en parler, comme d’habitude en fait avec mes précédents petits-copains. Mais elle m’a
envoyé un message, en me disant : "Ma grande, j’ai pleuré toute la nuit, et tu sais pourquoi". Je n’ai pas compris
tout de suite, on s’est renvoyé plusieurs messages et ça a dégénéré, c’est devenu méchant. Elle a même envoyé un
message à mon coloc lui disant : "ma fille sort avec une fille" alors qu’elle le connaît à peine. Heureusement, tous
les deux on est là l’un pour l’autre, il me soutient, j’essaie d’être là pour lui aussi. Là, ça fait un mois maintenant
qu’elle ne me parle plus. Je pleure tous les jours, j’ai besoin de conseils, je ne sais pas comment faire. Je ne vis pas
avec ma mère, pour mes études je suis dans une autre ville, mais avant on était très proches. Je n’ai qu’elle, je ne
vois jamais les autres membres de ma famille. J’aimerais qu’elle se rapproche de moi. Je ne comprends pas sa
réaction, son soudain éloignement. Mon meilleur ami est homosexuel, quelqu’un d’autre dans ma famille aussi,
j’avais l’impression qu’elle n’avait rien contre ça. Elle me dit qu’elle n’aura jamais de petits-enfants, mais ça n’a rien
à voir ! Elle devrait vouloir mon bonheur. » Fille, 17 ans
Les demandes ne sont pas toujours explicites d’emblée. Les écoutants aident les appelants à exprimer leur
demande et ainsi à cheminer avec leurs questionnements. Ce commentaire d’un écoutant au sujet d’un appel d’une
fille de 16 ans illustre bien le déroulement de ce type d’échange : « L’appelante au début de l’appel n’est pas claire. Je
n’arrive pas à comprendre ce qu’elle dit. Elle commence par dire "Je suis gay". Elle dit être attirée par les filles. Le problème, c’est
que lorsqu’elle se trouve en présence d’une fille, elle est bien. Mais après elle se sent mal. Lorsque je lui ai demandé si elle en avait
déjà parlé, c’est là qu’elle exprime sa demande. En réalité, elle dit souffrir car elle se considère "anormale". C’est cette différence
qui la torture et l’empêche de s’accepter en tant que homosexuelle. Elle dit avoir besoin de trouver les mots qui vont lui permettre
d’en parler. Elle a déjà pu dire cela. Ce n’est certainement pas suffisant, mais il m’a paru important de ne pas la brusquer. Elle a déjà
fait un effort important pour arriver à parler de sa "souffrance". Elle a demandé si elle pouvait rappeler. A suivre... »
Les appels de jeunes victimes d’homophobie, parfois avec violence physique, sont rares mais existent.
« C’est ma prof et l’infirmière du Lycée qui m’ont donné vos coordonnées. Je suis victime de propos et d’attitudes
homophobes, j’ai essayé de porté plainte mais on refuse de prendre ma plainte... Comment je peux faire ? »
Garçon, 18 ans
« Je suis infirmière scolaire. Je voudrais le numéro d’une association de lutte contre l’homophobie car j’ai un souci
avec un jeune homo en classe de troisième, qui assume son homosexualité mais, qui commence à se faire maltraiter
par d’autres élèves. J’ai peur qu’il lui arrive quelque chose même si il assume, il se met en danger. » A propos d’un
garçon de 15 ans
« C’était à la sortie du lycée, des jeunes avec des cagoules, ils m’ont insultée et agressé physiquement... J’en ai parlé
à mes parents mais sans leur dire vraiment que c’était lié au fait que j’étais homo. Je n’ai pas porté plainte mais je
vais peut être le faire. Au lycée, les profs se sont aperçus que mes résultats chutaient... Ils m’ont demandé ce qui se
passait, ils m’ont aidée. Au lycée, quand ça va pas, j’ai le droit d’aller souffler à l’infirmerie. Ce matin ça n’allait pas,
c’est l’infirmière qui m’a proposé de vous appeler. Je commence à parler de ce que j’ai vécu, je commence à mettre
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des mots mais c’est difficile. Je pense que ces jeunes me connaissaient car les insultes étaient sur l’homosexualité.
Je n’ai pas été violée, non, j’ai eu des attouchements forcés. J’ai une amie qui va m’accompagner pour porter plainte
si je me décide. » Fille, 17 ans
Les questions-réponses par Internet
Le service a reçu 84 questions au cours de la période de campagne. Parmi elles, 49 ont été postées par un jeune
de 18 ans ou moins [12-18] dont 35 filles et 14 garçons. Seuls 32 ont indiqué leur département de connexion et
sont éparpillés sur l’ensemble du territoire français. Tout comme au téléphone, leurs demandes concernent
essentiellement la sexualité (n=43). L’écrit ne les empêche pas d’exprimer également des difficultés
psychologiques et/ou relationnelles (n=20). Leurs questions sont souvent complexes mais certains disent même
être plus à l’aise pour aborder des questions
questions intimes par écrit plutôt que par téléphone.
téléphone Pour rester le plus fidèle
aux propos des utilisateurs, les textes extraits des messages n’ont pas été corrigés.
Les interrogations sur l’attirance envers les personnes du même sexe et leur orientation sexuelle sont les plus
fréquentes. Les messages sont parfois très directs et courts mais certains donnent quelques éléments sur ce qui
les amènent à se poser des questions. L’inquiétude par rapport à ce qui est « normal » ou la honte sont parfois
exprimés. Ils recherchent très souvent le moyen d’être sûr d’être homo, bi ou hétéro. Les « problèmes de cœur » sont
souvent exposés car c’est à travers eux que les internautes expriment les doutes sur leur orientation sexuelle.
« Je voudrais savoir comment sais t-on qui aimons-nous ? » Fille, 13 ans
« Bonjour J'ai 12 ans et je suis attirer par les femmes est-ce Normale à Mon age ? Merci de me répondre » Fille, 12 ans
« Bonjour, je suis une fille de bientot 15ans et je suis d'être hétérosexuelle, mais quelques fois il y a des filles que je
trouve tres belles et je me vois en train de faire l'amour avec elles et même de les embrasser :s Suis je bisexuelle ou
bien juste parce a mon age c'est «normal» de «ressentir» ces chose ? » Fille, 15 ans
« Je pense etre besexuel car je mate beaucoup les filles autant les garcons meme si je n'ai jamais eu d'aventure avec
les filles. L'autre jour j'ai parler de cette orientation sexuelle avec ma mere sans faire reference a moi elle n'a pas du
tout apprécier, elle m'a dit tout un tas de choses sur cette sexualité, comme si c'était un crime d'etre be. Depuis je
suis genée quand je regarde une fille, est-ce normal ?" » Fille, 15 ans
« Bonjour, J'ai 17.5 ans et depuis quelques années je me suis interrogé sur mon orientation sexuelle. Pendant 2 ans
au lycée je n'ai pas eu de relation et au debut de cette année j'ai «flashé» sur un garcon de mon lycée. Entre temps
une fille a voulu sortir avec moi et j'ai accepté, peut etre pour me dire que finalement je n'etais pas homo. Même si
je ne me sens pas si mal avec elle, ca n'est pas non plus extraordinaire et je pense souvent a cet autre garcon.Je ne
sais pas quoi faire, si je dois lui avouer mes sentiments et comment lui dire. Si je dois rester avec cette fille ou non...
Je vous remercie par avance de votre reponse » Garçon, 17 ans
« J'ai regarder un film nommer « I love you phillip morris « dedans ewan mcgregor interpréte un gai et je suis attiré
par lui je le trouve beau tous les soir je pensse a lui. Mais je suis attiré énormément par une fille de mon collège qui
est magnifique celon moi. Mais j'ai peur d'être bi ou gai donc je vais souvent sur des site de gai pour essayer de me
dégouter. Je n'est vraiment pas envie d'en être un. J'en n'est jamais parler a personne. Mais il mais déjà arriver avec
ma bande d'amis de se smaker ou de se toucher dans des soirée mais il sont hétéros. Je voudrais juste savoir si tous
cela ve dire que je suis gai ou hétéros. Merci de me répondre au plus vite Anonyme. » Garçon, 13 ans
De nombreux jeunes ont conscience d’être dans une phase où ils se cherchent. Ils expriment parfois une
confusion entre les sentiments amicaux et amoureux,
amoureux les jeunes filles semblant être plus matures à cet égard.
« J'aimerai bien savoir comment on pourrait être sur de son oriantation. Habituellement je m'attache aux garçons,
les filles c'est plus amical. Mais en soirée, parfois arrosées, entre fille on s'embrasse. De plus, je serai plus en train
de regarder les filles que les garçons ( en photo ) et mon avis se porterai plus sur les filles. Je pense être bi mais bon,
j'en suis pas vraiment sur, je pourrai le savoir comment ? Merci de répondre, je ne sais vraiment pas à qui en parler
d'autre. » Fille 16 ans
Association SIS – Observatoire
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« Je ressens un dégout à l'encontre du sexe de l'homme. Mais on me dit que je ne peux pas le savoir étant donner
que je n'ai jamais eu d'expérience sexuelle. De plus je suis amoureuse d'une amie. Est-ce que ça veut dire que je
suis homosexuelle ? Ou seulement en phase de recherche ? » Fille, 16 ans
« Jusqu'ici, j'ai toujours pensé être hétérosexuelle, mais je me rends compte que je suis de plus attirée par les filles.
Je me demande si c'est un «phase», «l'adolescence», ou un autre truc dans ce genre là. Je regarde certaines filles
différement, une sorte de «désir», j'ai envie qu'on soit proches, pas comme un besoin d'affection mais plus comme
un besoin physique. Et quand je regarde certains garçons, c'est tout le contraire; un besoin affectif et pas physique.
J'en ai vraiment envie, je voudrais embrasser des filles et parfois (souvent) plus, beaucoup plus. Je ne sais pas où
trouver des gens dans le même cas que moi, pour en parler, pour partager, faire connaissance. Et aussi, j'ai peur de
ne pas assumer. Quand je «fantasme» sur une relation avec une fille, je m'imagine constament une sorte de
«secret», quelque chose de «mystérieux». C'est pour moi une sorte de fruit défendu; un «interdit», et on le sait bien:
«l'interdit extite l'envie»." » Fille, 16 ans
« Bonjour, Je suis une lycééne de 16 ans et je m'interroge beaucoup sur mon orientation sexuelle en ce moment. Je
suis presque sure que je suis lesbienne, au moins bisexuelle, et j'ai plus envie de garder le secret. Ma meilleure amie
est très ouverte avec ces choses là donc je pense lui dire un peu ce qui se passe... le problème c'est que, en le
disant, mon «homosexualité ou bisexualité devient vraiment concret, et comme je suis encore jeune, mes sentiments
sont encore très très confus. Devrais-je attendre que je sois vraiment sure de ma sexualité avant d'en parler? Je ne
pourrais jamais reprendre ce que je dis... Merci... » Fille, 16 ans
« Bonsoir, Je vais être direct dès le début, si vous n'y voyez aucun inconvénient. Je pense être amoureux, vraiment. Je
suis heureux dès que ses yeux se posent sur Moi et dès que je lui souris. Je pensais être gay, mais j'aime une fille. Et elle
est lesbienne de surcroît. Nous avons déjà couché ensemble deux fois, dont la première fois totalement pétés. Mes amis
appellent cela une sorte «d'amitié-amoureuse», mais je ne suis pas sûr de Moi. Je n'arrive pas à mettre des mots
simples et clairs sur ma relation avec elle. Comment dois-je voir les choses? Dois-je continuer? » Garçon, 17 ans
L’homophobie peut également être évoquée mais moins souvent qu’au téléphone.
« ''Luc Chatel, ministre de l'Éducation Nationale, a adressé à tous les proviseurs de lycées et à tous les principaux
de collèges, un « kit de promotion » de la Ligne Azur composé de deux affiches grand format et deux cents cartes
mémo'' Bien je n'est jamais vue une affiche de t'ell sort dans mon collège. Cela normal ? Pourtant sa mederait
beaucoup car je suis gay je suis victime d'insulte au quotidien peut aitre cela les edrait t'il a comprendre ? Je ne sais
pas . Alors la raison et peut étre que la publication et prévue prochainement. Je ne sais pas. En tout cas j'habite a
[nom de la ville] le nom de mon établissement [coordonnées du collège] Je pence que sa pourrait m'aider que c'est
affiche sois publier. Merci." » Garçon, 14 ans
Dans de plus rares cas, la question de la sexualité est secondaire et ce sont les sentiments amoureux, voire la
difficulté à exprimer ses sentiments ou à trouver un partenaire, qui leur posent davantage problème.
« J'ai 17 ans et cela va faire un an que je sais que je suis gay mais que je ne trouve personne comme moi dans ma petite
ville, pourtant je traine des heures et des heures sur sites de rencontres et chats. Que dois je faire ? » Garçon, 17 ans
Par rapport au téléphone, les internautes semblent être davantage dans une phase de recherche par rapport à
leur orientation sexuelle. De ce fait, ils n’en sont pas encore à l’étape de l’annonce à la famille et aux amis. La
question de dire ou pas son homosexualité est donc peu évoquée.
Conclusion
Le nombre important d’appels de plaisantins montre que la campagne ne laisse pas indifférent. Lorsqu’ils sont
réellement en lien avec la thématique de Ligne Azur, les entretiens menés avec les jeunes sont riches de contenu
et montrent bien à quel point les questionnements concernant l’orientation sexuelle sont source de mal-être, de
craintes et de difficultés. Le rejet de la différence et l’homophobie sont présents en filigrane tout au long des
témoignages.
Association SIS – Observatoire
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