la construction du quotidien dans la

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la construction du quotidien dans la
Livro produzido pelo projeto
Para ler o digital: reconfiguração do livro na cibercultura PIBIC/UFPB
Wellington Pereira
Departamento de Mídias Digitais - DEMID / Núcleo de Artes
Midiáticas - NAMID
Grupo de Pesquisa em Processos e Linguagens Midiáticas Gmid/PPGC/UFPB
Coordenador do Projeto
Marcos Nicolau
Capa
Rennam Virginio
Editoração Digital
Marina Maracajá
Marriett Albuquerque
LE QUOTIDIEN VOILÉ:
Integrantes do Projeto
Fabrícia Guedes
Filipe Almeida
Keila Lourenço
Marina Maracajá
Marriett Albuquerque
Rennam Virginio
L ’AFFAIRE COLLOR DE MELLO DANS
LE MAGAZINE BRESILIEN VEJA
EDITORA
Av. Nossa Senhora de Fátima, 1357, Bairro Torre
Cep.58.040-380 - João Pessoa, PB
www.ideiaeditora.com.br
P436l
João Pessoa
2013
Le quotidien voilé[livro eletrônico]: láffaire Collor de Mello dans le magazine bresilien Veja / Wellington Pereira. - - João Pessoa: Ideia, 2013.
1.857 kb / pdf.
ISBN 978-85-7539-819-7
1. Journalisme. 2. Politique. 3. Consommation. 4. Quotidien.
UFPB/BC
CDU: 070
Le
quotidien voilé
7
- Wellington Pereira
“Mais le texte est écrit et le travail
intellectuel consiste, no pas à créer de
toutes pièces la réalité,
mais à décrypter ce qui est déjà là.
Moins création que récréation”
(Michel Maffesoli - Éloge de la Raison Sensible)
Capa
Sumário
eLivre
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
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- Wellington Pereira
SOMMAIRE
Introduction ........................................................ 12
Première Partie
La
construction du quotidien dans la presse brésilienne
Chapitre I
Le
quotidien brésilien dans la presse écrite
................. 19
Naissance de la Presse au Brésil ............................... 19
La presse brésilienne: le retard historique .................. 21
La liberté de la presse vue
comme une concession de l’Etat ................................ 22
La lutte contre la censure et le casse-tête narratif ..... 33
La construction du quotidien
dans la presse écrite brésilienne ............................... 39
La chronique et la richesse esthétique du quotidien ... 47
Le fait divers dans la presse écrite quotidienne ...... 51
La métaphore et la structure
des récits journalistiques .......................................... 54
Notes bibliographiques du chapitre I ............. 57
Chapitre II
La
presse magazine brésilienne
.................................... 59
Les caractéristiques de la presse
magazine au Brésil .................................................... 59
Veja: le style magazine au quotidien ......................... 65
La démarche du Chasseur de Maharajahs ............... 72
Notes Bibliographiques du Chapitre II ............. 81
Chapitre III
La
technique d’inversion des opinions
Capa
.......................... 83
Sumário
eLivre
Comment inverser les opinions
pour légitimer Collor de Mello ................................... 83
“Ne me laissez pas seul”:
le messianisme de Collor de Mello ............................. 89
Le programme de gouvernement
du Chasseur des Maharajahs ..................................... 98
Les stratégies du consensus politique ....................... 105
Le “nomadisme politique”
au service des idées de Collor ................................... 110
Les chaussettes du Cardinal
Fernando Collor de Mello ........................................... 123
Les accords politiques de Fernando Collor de Mello ... 127
Notes Bibliographiques du Chapitre III .......... 141
Chapitre IV
Le faux paradoxe brésilien .......................................... 145
Le peuple “contre” la démocratie ............................. 145
La lutte pour l’écharpe Présidentielle ........................ 155
Le prodige des urnes:
Collor de Mello et son double .................................... 159
Le héros qui s’exprime en langue de bois .................. 169
Le candidat Collor de Mello et le quotidien tronqué:
conclusion de la première partie ............................... 176
Notes Bibliographiques du Chapitre IV ........... 180
Deuxième Partie
Le
spectacle du politique
Chapitre V
Le
gouvernement
Collor
et l’emprise du spectacle
de
Mello
............................................. 184
Monsieur Le Président ou la mise
en scène du politique .............................................. 184
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
11
- Wellington Pereira
Collor: le Don Juan médiatique
contre le Don Juan classique ..................................... 204
Le corps depouillé du Don Juan médiatique ............... 215
Collor de Mello: les goûts du faux dandy ................... 222
Notes Bibliographiques du chapitre V ............ 227
Chapitre VI
La politique théâtralisée ............................................ 230
La mise en scène et la négation de l’Etat ................... 230
La présidence théâtralisée ........................................ 238
Le président sur scènes ............................................. 244
La substantivation du spectacle ................................ 251
Notes Bibliographiques do Chapitre VI .......... 271
La présidence Collor et le théâtre de la consommation ... 274
L’objet de consommation comme gadget politique .... 274
Le gaspillage comme répresentation politique .......... 286
La consommation tapageuse
du gouvernement Collor .......................................... 292
Notes Bibliographiques du Chapitre VII ....... 305
Comment Veja
révoque le
La description du quotidien et la négation du subjectif ... 381
La démocratie descriptive ...................................... 381
Le realjournalisme .................................................. 393
Notes Bibliographiques du Chapitre X .......... 401
Le Quotidien Voilé: en guise de conclusion .... 403
Démarche de Recherche et la méthode .............. 410
Le Formisme et la lecture
du récit journalistique ..................................... 417
Bibliographie GÉNÉRALE ................................... 422
Président .......................... 307
La déconstruction de la cour ....................................
Quand la Cour étonne: personnages fictifs et réels ...
Le magazine Veja fait sauter la cour ........................
Notes bibliographiques du Chapitre VIII ......
Chapitre XIX
La
Chapitre X
Notes Bibliographiques de la Méthode ............ 420
Chapitre VII
Chapitre VIII
L’acteur sans vertus ................................................ 371
Notes Bibliographiques du chapitre XIX ....... 379
théâtralité politique tournée en dérision
307
318
322
353
.............. 356
Collor de Mello: l’acteur écartelé ............................... 356
Fernando Collor de Mello et
l’ostracisme médiatique ........................................... 363
Capa
Sumário
eLivre
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
Introduction
Les analyses des récits journalistiques ont, dans
la majorité des cas, pour objectif de vérifier ce que de
mantient les idéologies contenues dans les discours de
la presse et ce, à travers une approche des études sur
l’esthétique de la réception.
Cette thèse est le résultat d’un cheminement inverse. Nous cherchons à démontrer, justement, ce qui
est caché dans l’objectivité journalistique, vis à vis des
faits sociaux présentés à travers les règles du journalisme d’information.
Dans les chapitres suivants, nous avons pour but
d’amener les lecteurs et les lectrices à comprendre comment ce discours de presse est capable de créer et de
recréer des univers langagiers au profit des modèles socio-politiques qui maintiennent le pouvoir de l’État et étouffent les “mouvements” qui réagissent contre le paramètre
esthético-économique établi par les gouvernements.
Le but de cette étude est de vérifier comment le magazine Veja provoque des distortions conceptuelles à travers
la description politique du quotidien du président Fernando
Collor de Mello, (15 mars 1990- 27 septembre 1992).
Capa
Sumário
eLivre
Cependant, nous avons choisi d’analyser les récits
de Veja en nous appuyant sur la sociologie de Michel Maffesoli, dont le principal intérêt est de montrer comment le
discours totalitaire nie la complexité de la vie quotidienne.
Pour notre part, nous avons travailé dans une perspective d’analyse qui cherche à comprendre comment le
principal magazine d’information brésilien, Veja, a pu occulter des références historiques, des concepts sociologiques et
anthropologiques, pour fabriquer des images du quotidien
du président Fernando Collor de Mello de façon contraditoire.
Dans la première partie de cet ouvrage, nous analysons comment la presse quotidienne forge le concept de
quotidien, étant donné que les règles du journalisme d’information imposent une notion de la vie quotidienne attachée aux référents sociaux, à la matérialisation du discours des personnages. C’est ce que nous étudions dans
le Chapitre I, Le Quotidien dans la presse écrite.
Mais le quotidien n’est pas toujours construit dans la
presse écrite de la même façon. Comme il y a une diversité des langages aussi bien dans les journaux que dans
les hebdomadaires, cette construction du quotidien dans
la presse pose des problèmes différents aux chercheurs
et aux analystes. Par exemple, la façon de saisir le temps
quotidien dans les magazines obéit à une grammaire informationnelle bien particulière. C’est pourquoi nous voulons analyser la “création” des faits quotidiens à travers
les caractères de la presse magazine, dans le deuxième
chapitre de la première partie.
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
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- Wellington Pereira
Dans le troisième chapitre, nous voulons montrer
aux lecteurs, comment lemagazine Veja opére une sorte
d’inversion des concepts et forge des terminologies utilisées par les sciences sociales pour justifier l’ascension du
candidat Fernando Collor de Mello. En effet, c’est ce que
nous avons appelé l’inversion des opinions; c’est un exercice langagier où le magazine commence à maquiller ses
sources d’informations pour projeter l’image d’un politicien
qui correspond à son projet politique: le néolibéralisme.
Le quatrième chapitre s’attache aux contradictions
constatées entre la société brésilienne réelle et l’image que
Veja donne aux lecteurs de l’organisation politico- brésilienne. Pour justifier le choix de Fernando Collor de Mello
comme son candidat, le magazine va parler de l’État brésilien à travers des préjugés, de fausses premisses, oubliant de dire quelles sont les origines du détournement de
l’agent public, de la corruption, de la violence urbaine et
de la crainte du futur au Brésil, envisageant les échecs sociaux comme quelque chose d’inhérent aux citoyens brésiliens;c’est ce que nous appelons le faux paradoxe brésilien.
Dans la deuxième partie de cette étude, nous analysons comment le magazine Veja décrit le quotidien du
gouvernement Fernando Collor de Mello à deux niveaux:
le spectacle et la consommation. C’est pouquoi dans le
chapitre V, notre objectif est de montrer aux lecteurs qu’
un des projets du président Collor était de conquérir le
pouvoir politique à travers la théâtralisation de ses actes
personnels: c’est l’emprise du spectacle qui donne au pré-
Capa
Sumário
eLivre
sident brésilien le même statut que les nouveaux leaders
du populisme-médiatique, Ross Perot aux États-Unis, Bernard Tapie en France et Silvio Berlusconi en Italie.
Le chapitre VI traite des formes de théâtralisation du
politique adoptées par Collor de Mello pendant sa présidence. Les problèmes que nous avons trouvés pour analyser
cette politique théâtralisée, sont d’ordre conceptuel, parce
que le magazine place ce “théâtre” dans l’ordre des faits
divers. En conséquence, nous allons démontrer comment
cette classification s’inscrit dans un projet de domination
plus subtil, puisque les contraintes idéologico-politiques
sont minimisées et rabaissés au niveau des spectacles individuels organisés par le président et son entourage.
Dans le chapître VII nous étudions comment la théâtralisation politique de Fernando Collor de Mello est liée
aux règles de la société de consommation. C’est pourquoi
tout le symbole de la présidence Collor est un gadget,
dont les contours sont bordés par les images de la séduction politique et des biens de consommation.
Mais, à partir du chapitre VIII, nous analysons comment Veja révoque cette image très positive du président
Fernando Collor de Mello, et pourquoi le magazine récuse
un symbole politique qu’il a lui-même aidé à construire.
Dans les chapitres XIX et X, les démontrations de la révocation et de la théâtralité politique, respectivement, tournées en dérision, alliées à une idée de négation des subjectivités de la vie quotidienne, on fait passer le président
Collor de Mello du statut de sauveur de la patrie à l’image
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
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- Wellington Pereira
d’un acteur sans qualités, un cynique dénué des qualités
morales nécessaires pour gouverner le Brésil.
Ce changement radical, cette déconstruction de
l’image du président Fernando Collor- le président brésilien élu lors de la première élection démocratique après le
coup militaire de 1964 qui a permis aux généraux d’exercer le pouvoir pendant 29 ans, avec 53 p.100 des suffrages validés, s’explique à partir du langage totalitaire du
journalisme d’information, qui ferme, au nom d’un processus descriptif de la réalité sociale, la possibilité d’envisager les faits sociaux dans toutes leur complexité.
C’est pourquoi, en guise de conclusion, nous parlons
de la mort du journalisme d’information, démontrant que
les techniques journalistiques vont forger une sorte de
“realjournalisme” qui, comme la realpolitik, veut dominer
en cachant les contradictions socio-politiques.
Du point de vue méthodologique, nous proposons
comme méthode de lecture des faits journalistiques l’
aproche sociologique du formisme chez Maffesoli, dont le
but est de montrer les mouvements sociaux à travers la
pluralité de leurs formes esthéticopolitiques, et, surtour,
de faire apparaître les formes qui sont créées dans les
manifestations sensibles de la société.
Cette approche méthodologique, ce lien entre une
sociologie du sensible et l’amplification des régles de
construction du discours journalistique, à travers les figures de la rhétorique comme la métaphore et l’oxymore,
peuvent aider journalistes et producteurs d’information
Capa
Sumário
eLivre
à mieux comprendre les événements sociaux comme la
présidence Collor au Brésil.
Cependant, dans l’affaire Collor de Mello, le magazine Veja a privilégié ses caractérisations du quotidien de
façon rationnelle, puisque la théâtralisation politique du
président n’a pas été vue comme signe du monde concret,
réel, mais comme faits appartenant à un monde imaginaire, en dehors du monde politique, de la représentation
de l’État brésilien.
Mais le but de cette thèse est de montrer au contraire,
comment la politique dans la société contemporaine essaye
de dominer les différents imaginaires sociaux à partir de la
théâtralisation. Et un des moyens d’effacer les différences
sociopolitiques est de forger des réalités langagières.
La création des réalités langagières est une des specialités des médias, des techniques du marketing politique,
et, surtout, du journalisme d’information. C’est pourquoi
notre principale préoccupation, dans cette étude, sera
d’élaborer une façon de lire le quotidien qui soit plus près
du sensible, de la reconnaissance de la complexité et des
contradictions socio-culturelles, niées par Veja, dans ses
reportages consacrés à la description du quotidien politique du président Fernando Collor de Mello.
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Referências
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quotidien voilé
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- Wellington Pereira
Chapitre I
Le quotidien brésilien
dans la presse écrite
Première Partie
La
Naissance de la Presse au Brésil
La presse brésilienne naît officiellement le 10 septembre 1808 avec la publication de la Gazeta do Rio de
Janeiro. Ce journal a illustré les nouvelles relations entre Portugal et Brésil lors de l’établissement de la Famille
Royale portugaise au Brésil (1).
L’apparition de la Gazeta do Rio de Janeiro n’a
pas contribué à une lecture des conjonctures socio-politiques au Brésil, au début du XIXe siècle. C’est pourquoi,
la majorité des historiens considérent un autre journal,
O Correio Brasiliense, édité à Londres par Hipólitio José
da Costa comme la première manifestation journalistique brésilienne.
La Gazeta do Rio de Janeiro représentait essentiellement la Cour portugaise. Elle avait pour objet d’informer le public sur les nouvelles européennes: la santé
des princes, l’économie de pays très éloignés du continent Sud-américain. Parfois, ses pages étaient illustrées
construction du quotidien dans la
presse brésilienne
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Sumário
eLivre
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
21
- Wellington Pereira
par des documents officiels du prince D. João VI, odes ou
panégyriques de la Famille royale.
Le journal Correio Brasiliense eut un rôle idéologique particulièrment remarquable dans la politique de la
Cour portugaise au Brésil. Mais les chercheurs contestent
l’insertion de ce journal dans une histoire de la presse
brésilienne, arguant du fait qu’il était édité à l’extérieur.
Pourtant, Hipólito José da Costa, pour sa part, justifiait
le publication de son journal à Londres par l’existence de
la censure imposée à toute manifestation contraire aux
idéaux du royaume portugais.
Le Correio Brasiliense critiquait la forme du gouvernement établi par le prince du Portugal au Brésil, mais
sans proposer, de façon trés claire, de nouvelles voies qui
auraient conduit à la construction d’une identité nationale
en s’affranchissant de l’aspect doctrinaire qui caractérisait
cette première naisssance de la presse au Brésil.
Nous pourrions discuter les aspects formels pris
comme éléments d’analyse par les historiens qui se sont
penchés sur ces premiers journaux brésiliens. Mais, le plus
important est de comprendre comment la presse au Brésil
naît sous le regard du colonisateur qui, a ce moment-là,
n’a qu’ une vision fragmentaire de la réalité brésilienne.
Au Brésil, dans la première moitié du XIXe siècle,
le journalisme ne se présente pas comme un ensemble
de procédures techniques visant à maîtriser la narration
des faits sociaux. À ce moment-là, il est inévitablement
confondu avec les “nouvelles officielles” émanant de la
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Sumário
eLivre
cour portugaise, dont la principale préoccupation est de
contrôler le contenu des messages contraires à la domination portugaise au Brésil.
En outre, le caractère hétérogène du langage des
journaux de cette époque-là rend difficile, pour les historiens de la presse brésilienne à ses débuts, de conduire
leurs analyses en dehors d’un ordre chronologique.
La presse brésilienne: le retard historique
Plusieurs thèses sont présentées par les historiens
brésiliens de la presse pour expliquer l’instauration tardive
de la presse au Brésil, par rapport à ce qui se passe dans
les autres pays d’Amérique du Sud et d’Amérique Centrale.
Selon l’historien Nélson Werneck Sodré, plus particulièrement, le retard historique de la naissance de la
presse au Brésil a comme cause principale l’absence d’une
bourgeoisie nationale et d’un capitalisme national. Sodré
affirme que là où le capitalisme se développe la presse se
développe également (2).
Il s’agit donc d’expliquer la naissance tardive de la
presse au Brésil, par l’absence d’une bourgeoisie nationale. Cette idée n’a pas conduit à un examen approfondi
des raisons historiques et culturelles qui ont été déterminantes dans l’implantation du modèle social imposé à la
colonie brésilienne par la cour portugaise.
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
23
- Wellington Pereira
La liberté de la presse vue
comme une concession de l’Etat
Après l’Estado Novo (1937-1945), le Brésil va vivre
une courte période de démocratisation. Peu démocratique, cependant, car la conduite du pouvoir par le général
Dutra avait un caractère policier. Malgré la recrudescence
politique de la censure appliquée à la liberté d’expression,
sous ce gouvernement, la presse brésilienne a connu un
développement technique incomparable, par rapport aux
autres étapes de son histoire.
La période correspondant à la présidence du général
Eurico Gaspar Dutra suscite une série d’analyses contradictoires de la société. D’un côté, des historiens constatent
un certain développement social, avec la diminution du
taux d’analphabétisme et le relèvement du salaire minimum. De l’autre, des historiens de formation marxiste,
comme Nelson Werneck Sodré, considerent le gouvernement Dutra comme la continuité de la dictature Vargas
- l’Estado Novo - et l’annonce du coup d’état militaire de
1964. De toute façon, c’est une période les plus délicates
de l’histoire du Brésil, parce que les forces conservatrices,
celles-là mêmes qui, appuyées par le capital nord-américain ont été contraires à la dictature de Vargas, vont,
de plus en plus, empêcher les individus d’exercer, pleinement, la liberté d’expression.
Le suicide, au Palais Catete, le 23 août 1954, de
Gétulio Vargas qui, dans une lettre testament déclare
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avoir subi des pressions de la part des forces politiques
conservatrices brésiliennes, place l’histoire du Brésil sur
une nouvelle trajectoire politique. Le principal sentiment
provoqué par le suicide de Vargas s’exprima dans le renouvellement d’une campagne nationaliste.
Gétulio Vargas avait consagré le modèle populiste
au Brésil. Pendant son gouvernement, la presse a subi
des pressions de toutes sortes, idéologiques, financières,
mais le plus significatif a été la façon dont les journaux
brésiliens on utilisé les stratégies de construction du discours pour échapper aux censeurs de l’Estado Novo. Un
de leurs principaux recours fut la caricature, qui est devenue une des armes quotidiennes contre la censure, mais
qui n’a néanmoins pas échappé à sa vigilance.
Après la période Vargas, prendra place le gouvernement de Juscelino Kubitschek, qui a représenté la
marche vers le développement technologique du Brésil,
sous une forme accélérée. Son fameux objectif de Développement, traduit par l’expression “50 ans en 5”, a
signifié aussi l’entrée du pays dans le club des grands
débiteurs d’Amérique Latine.
Mais la presse brésilienne, après le suicide de Gétulio Vargas est entrée dans une période de légalisme, et
même, certains journaux, comme O Estado de São Paulo
et la Tribuna da Imprensa vont lutter contre l’élection de
Juscelino Kubitschek. Ces journaux accusaient Kubitschek
d’être allié au Parti Comuniste brésilien. C’est pourquoi la
presse est divisée entre les quotidiens qui proclament la
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
légalité du pouvoir du nouveau président et ceux qui prétendent le contraire.
Les journaux brésiliens, et toute la presse quotidienne comme les magazines, vont vivre selon un nouveau mode de construction des informations: le mode
industriel inspiré par le modèle de la presse nord-américaine. C’est justement dans les années 50 que le journal
Diário Carioca, sous la direction du journaliste Pompeu de
Souza se met à employer les formules narratives empruntées au quotidiens des Etats-Unis.
Tandis que le projet gouvernemental de modernisation du Brésil avance, la majorité des journaux brésiliens enthousiasmés par sa perspective d’ouverture ne
font pas une critique cohérente des changements sociaux
induits par les grands investissements financiers, comme
la construction de la Capitale Féderal, Brasíla, symbole
d’un exercice médiatique du pouvoir que Juscelino à commencé à implanter dans ce mêmes médias, sur lesquels il
fait pression pour que la nation brésilienne soit reconnue
comme propère et moderne.
Nous ne pouvons donc encore parler d’une presse
arrivée à maturité, du point de vue de la critique sociale,
sous le gouvernement Kubitschek.
En réalité, le gouvernement Kubitschek a provoqué
un changement du point de vue technique lié au slogan
“50 ans en 5”. Ainsi ces changements essentiels associés
au projet moderniste de Kubitschek ont beaucoup favorisé l’essor des journaux, comme le Jornal do Brasil, un des
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Sumário
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principaux quotidiens de Rio de Janeiro, ce que constate
André de Seguin des Hons:
On décèle, dans les journaux de l’époque, la dimension
idéologique du “desenvolvimentismo”. L’information économique prit de l’importance, l’expansion industrielle
et l’essor national constituèrent la préoccupation fondamentale du moment. On le ressent dans la thématique des éditoriaux. On l’observe surtout dans la nature même des informations. La construction de grandes
routes (comme Belém-Brasíla) de barrages (comme Furnas ou Três Marias), de chantiers navals, l’implantation
des usines automobiles (comme Ford ou Volkswagen, à
São Paulo) en bref les réalisations économiques étaient
soudain hissées au rang de manchettes de première
page. La construction de Brasília fut suivie pas à pas par
la presse et se termina en apothéose le 21 février 1960.
(3)
L’euphorie “desenvolvimentista” du modèle brésilien dont les grandes entreprises journalistiques brésiliennes, compromises avec les formes séductrices des investissements internationaux, ne faisaient pas la critique, se
brouille avec l’entrée dans les années les plus obscures de
l’histoire du Brésil: les années 60.
Les résultats de l’élection de 1960 montrent que la
presse brésilienne n’avait acquis beaucoup de maturité
pour analyser les phénomènes politiques- presque trente ans après, le problème des analyses de la conjoncture réaparraît lors de l’élection de Collor de Mello - car le
nouveau président Jânio Quadros fut élu comme leader
Autor
Referências
Le
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27
- Wellington Pereira
des masses, capable de conduire les pays sur une voie
démocratique plus calire que ne l’avait été la politique du
“desenvolvimentismo” de Juscelino Kubitschek.
Jânio a cherché à lier le populisme de Getúlio Vargas
avec l’austérité et le savoir-faire de Juscelino Kubitschek,
mais se posait toujours la question de la proximité avec
la couche la plus pauvre économiquement. Aussi, les
quotidiens commencent-ils à ses méfier des aptitudes de
Jânio à maintenir le processus démocratique sans passer
par des alliances avec les politiques conservateurs. Malgré la tentative de coup d’était avortée, les entreprises
du gouvernement de Jânio Quadros furent marquée par
des “péripéties”, comme l’interdiction du port du bikini
sur la plage, ou même des gaffes diplomatiques, comme
l’hommage à Che Guevara (alors ministre cubain) qui a
été interprété comme un défi lancé aux segments politiques conservateurs.
Plus d’une fois, la presse brésilienne a interrompu son processu de maturation historique. Son caractère
d’épigone paraît être toujours lié à la forme imprécise
que prend l›existence d›un état vraiment démocratique
au Brésil. Avec, pour résultat, que les journaux sont pris
entre le discours apocalyptique de Jânio Quadros et les
sentiments plus conservateurs qui font remonter à tout
instant l’idée qu’il faut préserver la morale traditionnelle
et les bonnes moeurs d’une manière autoritaire. Il n’y a
pas, à ce moment-là d’évolution dans les procédés d’analyse de la société brésilienne, car la presse reste sous in-
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fluence de certains groupes politiques. L’évolution vers la
pratique d’un journalisme d’opinion permettant un exercice effectif de l’information selon les modèles du journalisme nord-américain ne s’était pas consolidée.
Sous la menace perpétuelle d’un coup d’état, préconisé par les partisans de la force militaire, ou même
par les politiques réactionnaires, comme Carlos Lacerda,
qui fait figure de représentant du courant conservateur
au Brésil dès le gouvernement de Getulio Vargas, les
obstacles se renforcent pour empêcher Jânio de continuer à exercer sous une forme “grotesque” la présidence
de la République, mais en vérité; c’est une lutte entre
partis qui est menée.
Le 25 août Jânio renonce à la Présidence de la République du Brésil. Jusqu’ à aujourd’hui cet épisode est
vu comme un des faits divers de la politique brésilienne.
Mais ce qui est important, c’est de démontrer comment
les quotidiens brésiliens, même quand le développement
technologique était visible dans la structure des entreprises journalistiques, lorsqu’il s’agir de l’interprétation
des faits sociaux, sont trahis par une vision partisane et
souvent bien éloignée d’une lecture correcte des articulations entre le monde des raisons politiques et le spectacle
instauré par les candidats élus (plus tard nous mettrons
l’accent sur cet aspect à propos de Collor de Mello).
Après la démission de Jânio Quadros, un mouvement en faveur du vice-président João Goulard, avait
mené une campagne pour la légalité. Goulard, qui était
Autor
Referências
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- Wellington Pereira
en visite en Chine Populaire, fut conduit à la présidence
à travers une série de négociations.
Pour une partie de la presse brésilienne, le pouvoir
de João Goulard va signifier une orientation plus à gauche
dans les relations diplomatiques brésiliennes, l’ascension
de la classe ouvrière, la résolution de problèmes sociaux,
et même la réforme agraire, objet d’une polémique.
Des réformes très importantes vont être établies
dans la courte période du gouvernement de João Goulard,
l’historien Boris Fausto place parmi les réussites sociales
de la période Goulard, le mouvement des Ligas Camponesas, à partir duquel les paysans du Nordeste brésilien
s’organisent autour des idées de leur leader: Francisco
Julião, avocat à Récife, Pernambuco.
La presse brésilienne a vécu une contradiction entre
le développement technologique et l’orientation ideologique. Les grands quotidiens atteignent le summum de ces
contradictions au moment du gouvernement João Goulard
où ils s’interrogent sur les réformes sociales qui menacent
les intérêts de la bourgeoisie nationale, ou même des partis les plus conservateurs.
Les journaux orientés plus à droite poussent la
couche moyenne à protester contre la tentative de João
Goulard de gouverner en prennant en compte des revendications des mouvements populaires. La peur des secteurs
conservateurs est traduite par une constante menace de
coup d’état. Avec une contradiction majeure qui est que la
presse en vient à assumer un plate-forme politique basée
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Sumário
eLivre
sur les propositions des ouvriers. Mais la peur du communisme, la perte de prestige pour une partie de la classe
moyenne urbaine, amène les journaux de droite comme
Última Hora et Notícias Populares, fondateur des idéaux
de l’UDN (Union Democratique National), un des partis
conservateurs du Brésil, a engager une épreuve de force.
Le coup d’Etat instaura un nouveau modèle de gouvernement au Brésil. Cette fois les militaires avaient pris
le pouvoir par la force. Au nom de l’ordre des coutumes
établies, du maintien de la tranquillité dans la société
brésilienne. Les généraux s’installent au pouvoir en avril
1964 sous une façade légaliste. Cela va concorder avec
la promulgation de mesures autoritaires pour contrôler la
liberté d’expression au nom du nouveau régime politique.
Suivant l’exemple de l’Estado Novo, les militaires
vont promulguer une nouvelle constitution, qui va garantir
le “pouvoir suprême des militaires” sur la société civile.
Mais la violence du régime va être renforcée par l’instauration de l’Acte Institutionnel n°5. La presse, à ce moment-là
a tenté une tardive résistance, car les mécanismes de défense des garanties sociales étaient menacés.
L’Acte InstitutionneL n°5 signifiait un accroissement
de la violence du pouvoir des militaires à l’égard de la société civile au Brésil, violence dirigée principalement contre les
médias, et associée à une autre caractéristique concernant
le développement de la presse: la dépendance économique
des médias vis-à-vis du modèle politico-économique instauré par les militaires, comme nous pouvons le constater:
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Referências
Le
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- Wellington Pereira
À l’action répressive de l’Etat s’est d’ailleurs ajoutée une
étroite dépendance de la presse au système. Un réseau
complexe de relations entre les entreprises de presse,
le monde bancaire, les agences de publicité et l’Etat lui
même, a en effet engendré une inféodation des journaux
au modèle politique-économique. Cette dépendance, liée
à l’avènement de la presse-entreprise, n’est évidement
pas le propre des journaux brésiliens. Elle es cependant
au Brésil très accentuée, la combinaison d’un régime autoritaire avec le capitalisme sauvage ayant produit un
ensemble de forces qui entoure la presse et réduit considérablement son autonomie politique(...). (4)
La censure imposée par les militaires aux journaux
quotidiens, à asphyxié les aspirations démocratiques d’une
petite partie de la presse brésilienne. La violence se déploie
contre les citoyens à travers,la mort qui suivait la torture,
comme ce fut les cas pour le journaliste Vladimir Herzog,
décédé dans la prison du DOPS à São Paulo, l’organe de la
Police Politique du régime militaire. Cette violence contre la
presse, s’exerçant à travers des arrestations et des emprisonnements illégaux à cassé tout le développement économique et même la créativité linguistique que les quotidiens
brésiliens avaient commencé à pratiquer pour contrer le
modèle du journalisme nord-américain.
Les militaires, de leur côté, vont investir des grosses
sommes d’argent dans la propagation de l’image du nouveau régime, que l’on maquille en Révolution. A cet égard,
le rôle de propagandistes incombe à la radio et à la télévision, qui sont chargées de justifier le coup d’état.
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La presse quotidienne pendant la période du gouvernement des militaires change, cette fois sous la pression de l’autoritarisme, son langage comme la construction des récits, cars les militaires avaient la prétention
d’éliminer même les manifestations esthétiques contraires
au régime. Cela nous donne un idée de la façon dont la
censure politique, basée sur la violence et sur la non-reconnaissance des institutions démocratiques, fonde une
sorte “d’asepsie culturelle”, c’est-à-dire un nettoyage de
tous les discours contraires à l’exercice même du pouvoir
établi, qu’ils soient en faveur de la garantie des droits
humains, ou qu’ils prennent la forme de manifestations
esthétiques, comme les mouvements des artistes et des
intellectuels qui revendiquaient plus de liberté d’expression au Brésil à l’époque de la “révolution des militaires”.
Le régime des militaires au Brésil s’étend jusqu’au
début de l’année 1985. Mais auparavant, avec l’élection
du général João Batista de Figueiredo, débute un processus d’ouverture politique.
À partir des campagnes pour les élections directes,
qui se terminent par la nomination indirecte de Tancredo
Neves, en 1995, la liberté d’expression revient au sein de
la société brésilienne et l’histoire de la presse, du point de
vue hronologique, va entrer dans un nouveau cycle. C’est
ce que Tancredo a décidé avant d’assumer la présidence
de la République. Pour le journalisme, ce fait est à l’origine de changements de stratégie dans la construction du
nouveau langage journalistique.
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Referências
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- Wellington Pereira
Les théoriciens du journalisme brésilien, vont fortement s’intéresser dans leurs discussions au “Journalisme
dans la Nouvelle République” pour bien démarquer ce moment de rénovation démocratique, qui voit le jour en dépit
de la vice-présidence de José Sarney, politicien lié au PDS
(Parti Démocratique Social) et au courant conservateur
du Congrés. Mais Tancredo est mort, et la République brésilienne passe a être gouverner par José Sarney, un des
leaders de la droite au Brésil.
Après les premières années du gouvernement Sarney, la presse quotidienne avait découvert qu’il n’y avait
pas de nouveautés dans le champ de l’investigation journalistique ni dans les méthodes largement répandues du
“Journalisme de la Nouvelle République”.
Par rapport aux mécanismes de construction
des informations journalistiques, pendant la période
d’installation du gouvernement de la Nouvelle République,
il est important de reprendre les débats qui ont été menés
par l’École de Communication et d’Art, de l’Université de
São Paulo,USP. Dans ces débats, les professeurs de Journalisme ainsi que d’anciens journalistes ont exprimé leurs
préoccupations devant le flux des informations journalistiques qui inondent la société contemporaine.
Dans les débats organisés en recueil par le professeur et journaliste Cremilda Medina, nous voyons ressortir
la discussion entre les journalistes Pompeu de Sousa, Alberto Dines, et le professeur José Luiz Braga, enseignant
à l’époque à l’université Fédérale de Paraíba.(5)
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L’importance de cette discussion se situe dans le
caractère inédit d’une nouvelle conception de la réalité
sociale, née avec la Nouvelle République, dans les récits
journalistiques. Les premiers exposés, sont ceux de Pompeu de Sousa et Alberto Dines, celui-là un des promoteurs
de l’emploi des techniques nord-américaines dans le journalisme brésilien, lors de la réforme du Diario Carioca, va
démontrer que la relation entre la presse et l’Etat brésilien
est toujours un tour de force vu le divorce entre les institutions gouvernamentales et la réalité sociale au Brésil.
Pour nous, ce qui est intéressant c’est la forme que
prend la construction du discours journalistique dans la
presse quotidienne, en dehors de toute préoccupation
concernant une approche historique des relations entre
la presse et le pouvoir au Brésil.Ainsi, nous allons essayer d’étudier la structuration du langage journalistique
dans sa présentation du quotidien brésilien par rapport
aux pièges représentés par la confusion politique et esthétique imposée par la dictature des militaires entre
avril 1964 et janvier 1985.
La lutte contre la censure et le casse-tête narratif
Le Brésil est entré dans les années 60 en avortant
de la majorité de ses utopies. À l’ombre des règles du
“desenvolvimentismo” établies par la dictature militaire.
Le rêve d’une grande nation indépendante de l’influence
des Etats-Unis, mais plus proche de la partie du contiAutor
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nent oublié ou même cachée par les politiques successives d’assauts menés contre la liberté, va échouer. Mais,
en même temps, ces années-là vont représenter la résistance la plus créative de l’histoire de la presse brésilienne.
Résistance qui se traduit par le changement de formulation du récit journalistique, ou même par la conception
nouvelle du langage de presse.
À partir de l’instauration du AI5 (Acte Institutionnel
n°5), la presse brésilienne fut obligée de travailler sur un
vrai casse-tête narratif pour surmonter les pressions politiques et même policières imposées par le régime militaire,
au nom du maintien de la tranquillité sociale. Les journaux
brésiliens, sont alors engagés dans une lutte pour survivre
à l’oppression, jouant de ruse dans la conjugaison de la
forme et du discours journalistique; le dit et le non-dit.
Au-delà de la violence policière, le pouvoir des généraux au Brésil a voulu établir un modèle esthétique fondé sur l’idée d’ordre et de progrès, mais dans une acception pour laquelle la fierté à l’égard de la patrie devait
être mise au-dessus des principes de la sociabilité. Pour
contrer ce nationalisme forcé, la presse va construire un
discours axé sur de nouvelles valeurs urbaines, issues du
mouvement de la contre-culture, inspiré de celui de Mai
68, en France; elle pratique une relecture de l’aspect esthétique de la presse qui fait retrouver au nationalisme un
sens autre que celui que lui donnaient les militaires.
Contre l’immobilité esthétique, fruit du modèle de
developpement proclamé par les militaires, la presse va
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élaborer des stratégies diverses, soit au plan du langage
verbal, soit dans la mise en page des récits journalistiques.
La lutte contre la standardisation des idées, créée
par la censure du gouvernement militaire, est vécue par
les journaux comme un bataille, dans laquelle on ruse avec
les exigences formelles de construction du discours journalistique imposées par les censeurs. Nous pouvons parler
d’un vrai jeu d’esquive. Ce jeu est marqué par une manière
de parler entre les lignes de ce qu’on ne peut dire de façon
explicite, de façon néanmoins à avertir la population.
La resistance au langage formel et objectif imposé
aux quotidiens a commencé avec les journaux alternatifs,
comme le Pasquim, le Movimento et l’Opinião. Contrairement aux grandes entreprises journalistiques, ces petits
journaux, qui, du point de vue de l’entrepreneur, étaient
constitués en coopératives, renforcent le combat idéologique et provoquent une renovation du langage de la
presse dans le début des années 60 au Brésil.
L’exemple le plus représentatif des journaux alternatifs est le Pasquim, un journal qu a été créé par un
groupe de journalistes, caricaturistes, acteurs, et de personnalités du quartier d’Ipanema, à Rio de Janeiro. Ce
journal fut le symbole de la résistance à la dictature militaire pendant les années 70.
Dans son livre, O Pasquim e os anos 70 (6), José
Luis Braga, professeur à l’Université de Brasília, montre
comment l’existence du Pasquim et d’autres journaux alternatifs on été un des faits culturels marquants des an-
Autor
Referências
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- Wellington Pereira
nées 70 au Brésil, ce qui prouve que le “vide culturel”,
expression utilisée pour caractériser cette époque-là, est
d’une certaine manière un dénomination imprécise.
Cette résistance de la presse alternative à la modélisation esthétique de la société s’exprime à deux niveaux:
1) le niveau idéologique; 2) le niveau linguistique. Au niveau idéologique, les journaux alternatifs se caractérisent
par la construction de discours parfois liés aux partis politiques. Mais, ce qui prédomine chez eux, c’est la couleur
politique différente de chaque vecteur. Certains journaux
sont plus engagés dans la lutte des partis, comme le Movimento, tandis que d’autres, par exemple le Pasquim,
sont nés au sein de la classe moyenne urbaine, et servent
de porte-voix aux aspirations, aux luttes pour la modernisation de la société brésilienne, incluant la démocratisation des relations sociales.
Au niveau linguistique, la résistance des journaux alternatifs peut être vue dans la manière dont le récits des
ces publications renversent la logique de construction des
faits sociaux qui souffrent de distortions dans les journaux
liés à la dictature militaire. Ainsi, les journaux comme Pasquim, Opinião et Movimento vont inverser la focalisation
narrative des nouvelles publiées sous la censure, c’est-àdire, pour la presse alternative, les faits sociaux qui, énoncés par le gouvernement, manquent de vraisemblance.
Dans l’univers des journaux alternatifs, le Pasquim peut être considéré comme le paradigme de la lutte
contre l’autoritarisme de la dictature militaire au Brésil,
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principalement par l’activité linguistique qui a marqué la
trajectoire de ce journal.
Le Pasquim a exercé une fonction primordiale dans
ce que nous pouvons appeler l’innovation linguistique de
la presse brésilienne. Au contraire des autres journaux
alternatifs, les récits du Pasquim ne sont pas liés idélogiquement à un partir de gauche déterminé, mais à un état
d’esprit qui va bien représenter l’époque d’effervescence
culturelle et idéologique à l’oeuvre dans le monde entier. Comme exemple, les discours écologiques qui commencent à être véhiculés par le journal.
Les caractéristiques des articles du Pasquim sont
l’analyse et l’humour. Tou cela, associé à la lecture critique des faits sociaux, principalement des événements
politiques, économiques, et des problèmes de la société
brésilienne. Le journal a également un structure éditoriale
qui attribue une page spécifique à chacun des thèmes, au
contraire de la grande presse de cette période-là.
Au-delà des luttes idéologiques contre la dictature
militaire, le Pasquim fait une analyse du langage de la
presse, et dénonce les formules qui défigurent la réalité,
et ne contribuent pas à une lecture correcte des événements sociaux reconstruits en quelque sorte par les
interdits de la censure.
Pour dénoncer la manière dont la censure à fonctionné, le Pasquim va effectuer une sorte de méta-lecture de la censure. Ce fait est particulièrement caractérisé
par la publication de l’interview de l’actrice Leila Diniz (
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Referências
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Pasquim n°22), symbole de féminisme brésilien dans les
années 60. Leila a accordé une entrevue dans laquelle
elle a beaucoup utilisé des mots grossiers. Les rédacteurs du Pasquim vont décodifier les mots qui peuvent
être offensants pour le régime militaire. Mais ce qui est
intéressant, c’est la formule adoptée dans la construction
narrative: le journal met trois points après la première
lettre de chaque mot prononcé par Leila Diniz.
Le paradigme de résistance au discours uniforme
imposé par la dictature militaire dans les années 60, se
construit à partir de la lecture critique de la manière dont
sont formulées les nouvelles dans la presse écrite. C’est
évidement la presse la plus à gauche qui se montre la plus
active dans l›exercice de reconstruction d’une certaine réalité perdue dans les jeux de langage pratiqués par les
grandes entreprises journalistiques au nom de la survie
économique. Mais ce qui révele important quand nous
prenons le Pasquim comme paradigme de la résistance à
la censure du gouvernement militaire, c’est que ce journal
à bien joué son rôle dans le champ idéologique et dans le
champ linguistique. Nous pouvons affirmer qu’après l’expérience du Pasquim, le langage de la presse écrite brésilienne à beaucoup changé.
Une des innovations proposée par le Pasquim, par
comparaison avec le langage des journaux des années 60
et 70 constitués comme grandes entreprises journalistiques,
c’est la répercussion de la langue orale, principalement l’expression de la ruse, de la malice propre au quartier d’Ipane-
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ma à Rio de Janeiro. En effet, ce journal va réagir contre les
jargons journalistiques; aussi la langue va-t-elle être un des
ses thèmes d’analyse, par le biais de l’humour.
La résistance de la presse écrite brésilienne à l’autoritarisme, que ce soit sous la dictature Vargas, pendant la période du régime de l’Estado Novo ou dans les années du pouvoir militaire, se manifeste sous deux formes différentes et à
deux étapes historiques distinctes: 1) le recherche d’une
identité brésilienne; 2) la lutte contre la standardisation
du langage des médias.
La construction du quotidien
dans la presse écrite brésilienne
La construction du quotidien dans la presse écrite
brésilienne est marquée par l’idée d’objectivité. C’est
pourquoi le quotidien raconté à travers le langage journalistique prend une caractéristique linéaire quand sont
représentés les faits sociaux.
Un des principaux théoriciens du journalisme brésilien, Nilson Lage(7), démontre que la construction du langage journalistique dépend des référents sociaux adoptés
pour expliquer les événéments. Mais c’est justement ce
paradoxe qu fait naître les contradictions dans la construction du quotidien à travers la presse écrite, puisque les
actes quotidiens son condifiés d’une manière entièrement
rationalisée. Pourtant, les journaux et les magazines, du
point de vue d’une mise en oeuvre des signes quotidiens
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Referências
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- Wellington Pereira
vont réduire la représentation du quotidien à une pragmatique de la vie urbaine sans prendre en compte les petits
rituels de la vie quotidienne qui ourdissent, la vie des sociétés au jour le jour.
C’est dans cette ambigüité de la construction du quotidien à travers la presse écrite que nous pouvons identifier un certain nombre de problèmes révélant l’incapacité
des récits journalistiques à comprendre des faits produtis au quotidien. Le premier probleme est représenté par
le décodage du quotidien en genres narratifs (reportage,
articles, portraits, interviews), sans prise en compte des
divers aspects discursifs de groupes sociaux.
Le deuxième problème vient de la focalisation sur
le contenu, au détriment des formes créées socialement
pour la transmission des faits, parce que, pour chaque fait
existe une forme correspondant à son caractère, qui est
alors représenté par des réactions gestuelles, des vêtements, toutes formes de représentation visant à atténuer
les effets d’une mauvaise nouvelle.
Il nous semble, dans une perspective analytique,
que le modèle de construction du quotidien dans l’univers linguistique des journaux et magazines, est condifié
à partir d’une forme narrative créée auparavant par un
certain style journalistique, qui prend pour base l’idée de
description objective des faits, mais qui, surtout, met en
oeuvre une lecture qui paralyse l’action des acteurs sociaux. Par ce biais, les journaux ne nous offrent qu’ une
vision opaque de la réalité.
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Cette version opaque de la réalité sociale présente,
principalement dans la presse écrite, va fonctionner comme
une doxa grâce à une fermeture au sens, à une compréhension des faits sociaux, qui s’effectuerait en dehors du
modèle de l’écriture journalistique, dont la principale caractéristique est de montrer le quotidien comme une chose
déporvue de raison, qui doit être maîtrisée par la méthode
de la description objective des faits.
En considérant que le quotidien est quelque chose
d’irrationnel, dénué de formes esthétiques, l’écriture journalistique se prive de la capacité de dépasser le sens de
son propre langage, focalisé sur la réorganisation du quotidien, pour comprendre les styles et les formes qui surgissent dans la parole des acteurs sociaux.
Cette myopie du langage journalistique est à l’origine
des difficultés qui rendent illisibles pour les lecteurs les
richesses esthétiques du quotidien, ce qui est très clair
dans la pensée de Michel Maffesoli:
(...) Par là est bien accentué le système réticulaire qu’ est
la vie quotidienne. Réseau subtil, complexe, où chaque
élément, objet, sujet situations anodines, événements
importants, pensée, action, relations, etc, ne vaut qu’en
tant qu’il est lié au tout et ne fait sens que dans et par la
lobalité. C’est cela qui est perçu, d’une manière plus ou
moins onsciente, dans la valorisation contemporaine du
quotidien. On se sent en correspondance avec les autres,
on participe, avec les autres, à un ensenble plus vaste.
Tous les divers affoulements, les émotions collectives,
les divers effervescences festives, les attractions tribales
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et autres modes vestimentaires, langagières, gestuelles,
ne font que souligner, au quotidien, la prégnance d’un
style de vie auquel personne ne peut échapper (...) (8).
Le langage journalistique méconnaît les liaisons esthétiques établies entre chaque fait du quotidien, et même
la richesse des formes de ce réseau subtil et complèxe où
les éléments prennent des apparences particulières dans
leurs relations avec les autres signes.
De toute façon, le style journalistique imposé par
une “grammaire” fondée sur les référents sociaux ne
prend pas en compte l’importance du caractère aléatoire
des faits que peut expliquer la richesse esthétiques des
événements, comme le constate Michel Maffesoli dans
une réflexion sur le style du quotidien:
En fait le style du quotidien est traversé par l’aléatoire
qui est le propre même de l’esthétique, celui de l’émotion
commune. Celle-ci peut se porter sur tel objet, puis
sur tel autre, elle eut vibrer pour telle idée, puis pour
une autre opposée, elle peut s’enflammer pour tel héros,
gourou, star politique ou sportive, et l’abandonner sans
autre forme de procès. Elle se charge de rappeler que le
pouvoir est bien fragile-sic transit gloria mundi (...) (9).
Cette reconnaissance de la fragilité du pouvoir en
même temps que de l’existence d’une émotion commune
partagée par les individus à partir de leur sens esthétique
construit dans le quotidien, échappe au discours journalistique structuré dans le domaine de la raison objective.
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Cet aspect souligne la pauvreté analytique du journalisme, principalement de la presse écrite, dans laquelle on
dénue au quotidien toute philosophie et toute esthétique.
Le quotidien tel qu’il est créé dans l’univers du langage journalistique cherche à représenter les faits sociaux à partir des prémisses de la production, de la circulation et de la consommation des marchandises. Ainsi,
les discours sociaux s’articulent-ils surtout sur la bipolarité des notions de produnction industrielle et de force
de travail, parce que le journalisme ne considère pas que
l’imaginaire soit une forme de construction et reconstruction de référents d’une société déterminée. Dans cette
acception, tout ce qui s’inscrit dans un modèle de production et de temps industriel, qu’il soi d’ordre économique ou
linguistique est placé dans la catégorie des fait qui ne sont
pas objets d’intérêt du point de vue de la théorie du journalisme, ou même de systématisation dans son langage.
Un des problèmes posés par la construction du quotidien dans les récits journalistiques est la conception a fortiori des faits. Dans cette prémisse, le discours journalistique guide l’interprétation des phénomènes sociaux à partir
d’une raison expérimentale dans laquelle le vécu vaut plus
que la pensée, parce que le journalisme a toujours uniquement diffusé les discours socialement démarqués.
L’idée d’une représentation du quotidien à partir du
vécu, un des champs de force de la théorie du journalisme
d’information, restreint l’interprétation des phénomènes
sociaux en raison de l’accent mis sur l’objectivité, laquel-
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le ne reconnait pas la possibilité du caractère aléatoire
des signes du quotidien qui naissent à partir des liaisons
esthétiques et des idées attachées à la philosophie de
chaque groupe urbain.
En rejetant la “banalité” du quotidien, le journalisme a privé les lecteurs de la reconnaissance des différentes dimensions esthétique, politique, philosophique
présents dans la construction des événements, les obligeant ainsi à suivre une lecture linéaire des faits sociaux
qui sont inscrits dans la “grammaire de l’objectivité”, un
des héritages de la transition entre l’ère des gazettes
et le journalisme d’information, comme nous l’explique
Yves Lavoine:
Quant aux périodiques eux-mêmes, leur observation du
débat du XVII siècle à la fin du XX° permet de repérer
schématiquement la mise en oeuvre successive de deux
grands modèles, épistolaire et informatif. Ceux-ci se
distinguent nettement tant par leurs formes: l’organisation
matérielle du support, le mode de mise en pages, que par
leurs contenus: les types d’articles et, donc, les gestes
journalistiques qu’ils impliquent. A cet égard, le XIXe siècle
constitue une sorte de longue période de transition. La
construction d’un langage spécifique pour traiter et gérer
les nouvelles, le modèle informatif, apparaît donc comme
le résultat d’une évolution de plus de deux siècles. Une telle
mise en perspective historique du journal, cette singulière
“machine à lire”, particulièrement du quotidien, fait mieux
ressortir la spécifité de son langage actuel, de sa manière de construire du sens (10).
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Dans la construction des récits sur le quotidien le
problème majeur du langage journalistique est celui de la
production du sens, parce que, pour l’étalon journalistique
basé sur la diffusion de l’information, dans lequel prévaut
l’accent mis sur le contenu, “la raison objective” apparaît
comme l’axe conducteur des lectures des faits sociaux.
La formulation, dans l’univers journalistique, d’un
langage objectif pour montrer aux lecteurs les signifiés du
quotidien ne considère pas les richesses des formes esthétiques présentes dans la vie quotidienne. Puisque pour
la presse écrite, la discussion sur la forme est liée uniquement à la question de la mise en page, référence qui doit
être utilisée pour différencier les uns des autres, quotidiens ou magazines. Ici, nous rappelons que la notion de
“forme journalistique” est acceptée comme arrangement
du discours verbal dans l’espace graphique, devant conférer une certaine identité. C’est la fonction de la mise en
page, comme nous l’explique Maurice Mouillon:
La mise en page a progressivement donné à chaque journal son identité propre au point qu’ aucun organe de presse actuellement n’ose lui pporter de modification sensible
sans s’en expliquer auprès des ses lecteurs: toute modification de la forme d’un journal apparaît comme l’altération
violente de son identité; au reste, chaque fois q’un journal
modifie sensiblement sa maquette, un important courrier
de lecteurs proteste contre ce changement: ces lecteurs
ne trouvent pas “leur” journal et s’en inquiètent. Ce n’est
pas le contenu du journal, aujourd’hui qui impose d’abord
sa personalité, c’est par sa forme qu’on l’identifié (11).
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Pour le journalisme écrit, dans sa quasi totalité, la
richesse esthétique est sinonyme d’élaboration d’un projet graphique, d’une mise en page qui rend possible une
personnalisation des publications. Mais pour ce qui est du
contenu des genres journalistiques, ce qui subsiste toujours, c’est la fonction référentielle du langage dans la
construction des événements du quotidien.
La représantation de la réalité par le discours
journalistique est tissée par la notion tautologique de
l’information, où l’important est de “forger” une description de la réalité s’appuyant sur la légitimité du sens propre du langage de presse, comme le démontre Mouillaud:
esthétique en raison de la prédominance de l’accent porté
sur la mise en valeur des signes extérieurs à l’univers du
langage de presse.
Pour lutter contre cette standardisation du langage, à partir de l’exercice de description reférentielle du
monde, dans la presse écrite brésilienne, la lecture des
formes esthétiques du quotidien s’effectue, d’une part
à travers des modes narratifs au genre de la chronique,
d’autre part à travers une conception du fait divers et
l’utilisation de la métaphore.
En d’autres termes, le journal donne une représentation du monde où le réel est produit par l’ordre même
de l’information. Si bien que le contenu de l’information
ne peut pas être, par exemple, ce qui dans la “réalité”,
pourrait apparaître comme les conditions de production
de ce qui arrive. Le mode d’organisation du journal, imposant a priori un cadre pour la perception de tout ce qui
arrive, produit ainsi un “effet de réel”: il indique, explicitement, pour chaque information, la référence qui la
constitue comme information. C’est très exactement ce
que nous désignons ici par “effet de réel”: le journal ne
tente pas de produire ou de manifester une signification,
mais une référence: il relie, d’emblée, l’information et la
référence (...) (12).
Avant la délimitation du champ sémantique occupé
par la chronique dans l’univers journalistique, il est nécessaire de montrer la signicafion des récits des chroniqueurs, à partir de la tradition littéraire occidentale.
Le mot chronique vient du grec Cronikós, qui est relatif à Chrónos(temps), du latim chronica,qui a signifié au
début de l’ère chrétienne une série d’événements organisés selon la marche du temps, en suite chronologique.
Le signifié de la chronique dans l’univers du langage
journalistique va dépasser la barrière représentée par l’idée
temporelle des récits, même si, dans sa première acception, les spécialistes démontrent qu l’importance du genre
chronique réside dans la structuration chronologique des
faits. Pour accepter cette prémise nous devons ignorer les
aspects multiformes de l’écriture des chroniqueurs, aspect
Cet “effet de réel” qui donne pour perspective au
journalisme de raconter le monde à partir de l’idée de regroupement des références sociales, provoque la misère
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La chronique et la richesse esthétique du quotidien
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Referências
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mportant si l’on veut comprendre l’aptitude de la chronique
à lire les formes esthétiques du quotidien.
L’aspect multiforme de la chronique se retrouve
dans sa richesse esthétique, dans le mode opératoire
du récit, car le chroniqueur cherche à établi un processus narratif qui s’oppose au fonctionnement d’un modèle plus descriptif présent dans d’autres genres journalistiques comme les nouvelles, les portraits, ou même
certaines formes d’interviews. Le rapport entre la chronique et les formes narratives classées sous la rubrique
du journalisme d’opinion, vient du fait que la chronique
va procéder à la lecture de faits sociaux et les montrer
en mouvement, avec la préoccupation d’amplifier la voix
du sujet de l’énonciation.
La différence entre le procès de l’énonciation et
l’énoncé de la nouvelle journalistique est plus révélatrice
dans la lectures des faits sociaux. La tendance à décrire
les faits, simplement, doit nous conduire à une narration
qui prend la forme de la nouvelle, dont la limite est fixée
par la diffusion des événements. Par contre, l’énonciation
va signifier l’exercice narratif. La chronique ne se contente
pas de démontrer un fait. Elle cherche à établir des rapports entre le contenu et la forme esthétique de chaque
événement. Ainsi, nous pouvons citer une des réflexions du
théoricien de la Littérature brésilienne, Antonio Cândido:
La chronique a toujours aidé à établi ou à rétablir la dimension des choses et des personnes(13).
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La chronique va échapper à la domination du caractère dénotatif du discours du journalisme d’information,
et donne aux lecteurs la possibilité d’interpréter les faits
au-delà des référents sociaux pré-établis, tout en récupérant la dimension esthétique des événements et en montrant que l’importance des messages journalistiques, dans
leur majorité, dépasse l’accent mis sur les contenus, par
le concept de “nouvelle” propre à la presse écrite.
Dans la presse brésilienne, le rôle des chroniqueurs
est d’assembler les récits venant de l’imaginaire social,
d’éclaicir les confusions produites par l’autoritarisme du
discours politique, comme l’a fait, parfois, Machado de Assis, qui est considéré comme le plus important écrivain
brésilien de la fin du XIXe siècle, pour les ouvelles diffusées par les journaux de Rio de Janeiro sur la Guerra de
Canudos, de même que Carlos Drummond de Andrade,
poète et chroniqueur brésilien qui a publié des chroniques
dans les années 70 pour dénoncer la violence de la dictature militaire. Pour toute ces raisons, la chronique a marqué nettement cette récuperation des ormes de discours
véhiculées au quotidien, tant du point de vue du “jeu politique”, que d’un certain lyrisme prêté au journalisme par
d’autres formes narratives, comme la poèsie, le cinèma,
et la musique.
Au Brésil, la construction du quotidien à travers
le langage journalistique situé dans la perspective de la
chronique donne un autre dimension aux récits journalistiques, car le chroniqueur va démontrer la richesse es-
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thétique des faits au quotidien, soulingnant la pauvreté
d’un langage référentiel et même en tant que genre, la
chronique se crée en dehors de l’organisation temporelle
propre aux catégories du journalisme d’information, comme les nouvelles, les reportages ou interviews, car dans
la représentation du monde, telle qu’elle est faite par les
chroniqueurs, ce qui intéresse c’est la révélation aux lecteurs que les faits, même considerés comme banals, sans
importance, dans le paramètre des discours politiques,
économiques ou artistiques, sont importants pour comprendre la signification du quotidien.
De manière équivoque, l’étude de la chronique dans
le journalisme brésilien, principalement dans l’analyse des
faits quotidiens, est faite à partir de la notion de genres
qui sont ceux du journalisme d’opinion, comme les articles
et l’éditorial, et se place dans les mêmes circonstances
d’espace et de temps que les autres genres journalistiques. Or, c’est une erreur d’analyser la chronique en ayant
pour référence la théorie du journalisme d’opinion, pour la
simple raison que les récits des chroniqueurs vont enrichir
les champs lexicaux de la presse écrite et donner un caratère intemporel à la formulation narrative du quotidien.
La chronique est donc un des espaces d’énonciation
de la richesse esthétique du quotidien dans l’univers du
langage journalistique. C’est pourquoi nous ne devons pas
oublier son indépendance par rapport aux autres genres
du journalisme, parce que les récits des chroniqueurs sont
incapables de réécrire les faits qui sont simplement situés
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au plan de la description. Ainsi, la chronique amplifie le
sens référentiel des récits du journalisme d’information,
démontre l’importance des choses “banales”, et nie la pauvreté esthétique du quotidien tel qu’il est présenté dans la
majorité des narrations journalistiques.
Le fait divers dans la presse écrite quotidienne
Pour la majorité des théoriciens du journalisme brésilien, le fait divers représente les événements insolites,
les faits qui ne sont pas regroupés selon la logique du processus d’édition des genres journalistiques d’information
ou d’opinion. Por eux, le fait divers est synonyme de hasard, ou même il représente des faits qui appartiennent
à la catégorie des antinomies sociales, mais il est intéressant de vérifier comment le fait divers peut révéler
la “charge” sémantique du quotidien, ou bien comment
la chronique, reprend la valeur sémantique d’un fait qui
apparaît probablement de manière désorganisée, si l’on
se réfère à l’objectivité journalistique. La conception du
fait divers nous aide à mieux comprendre son insertion
dans l’univers journalistique:
D’un fait divers, on pourra dire qu’il est indice d’une certaine “réalité” s’il est avec elle dans le même rapport que
la fumée avec le feu, ou la trace de pied que Robison
Crusoé aperçoit sur le sable avec l’existence de Vendredi. Il s’agit, selon les termes de Roman Jakobson, d’une
contiguïté de fait entre le significat et sont signifié: ain-
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Referências
Le
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- Wellington Pereira
si, pour Francesco Rosi, en est-il de l’écroulement d’une
maison qui fait deux victimes avec le scandale immobilier qui en est la cause indirecte (...) (14).
On a parfois, construit le quotidien dans la presse
écrite en dédaignant les signes sociaux cachés dans la
structure du fait divers. C’est pourquoi l’intérêt pour le fait
divers existe quand les journalistes peuvent recourir à la
logique journalistique des fantasmagories politiques ou
même idéologiques pour dénoncer des dominations économiques, des violences urbaines, ou identifier le handicap
d’un groupe d’individus dans leurs relations avec l’État.
La mauvaise lecture du fait divers effectuée par le
journalisme n’aide pas le lecteur à apercevoir les différentes nuances des faits quotidiens. En classant les faits
divers dans une rubrique qui a pour caractéristiques “nouvelles inusitées”, le discours journalistique permet de
comprendre que ces faits “rares”, du point de vue de la
logique informationnelle comportent une autre forme stylistique de représentation des faits sociaux, même si on
peut considérer comme sans valeur les choses dites, parce
que non nommées et ne répondant pas aux nécessités de
substantivation politique ou culturelle propres aux sociétés
contemporaines. Une identification correcte des signifiés
du fait divers aiderait les journalistes à lire les événements
du quotidien qui échappent à la tendance générale laquelle
veut que l’on pense le fait comme soumis à un catalogue
des choses connues, ou bien comme relevant des nouvelles
insignifiantes, comme le montre Roland Barthes:
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Voici un assassinat: s’il est politique, c’est une information, s’il ne l’est pas, c’est un fait divers. Pourquoi? On
pourrait croire que la différence est ici celle du particulier et du général, ou plus exactement, celle du nommé et de l’innommé: le fait divers (le mot semble moins
indiqué) procéderait d’un classement de l’inclassable, il
serait privatif, il ne commencerait d’exister que là où le
monde cesse d’être nommé, soumis à un catalogue connu (politique, économie, guerres, spectacles, sciences,
etc); en un mot, ce serait une information monstrueuse,
analogue à tous les faits exceptionnels ou insignifiants,
bref anomiques, que l’on classe d’ordinaire pudiquement
sous la rubrique de Varia, tel l’ornithorynque qui donna
tant de souci au malhereux Linné. (15)
L’idée que le fait divers représente un ensemble de
récits qui n’appartiennent pas à la logique du journalisme
d’information contribue à ce que les lectures sur le quotidien soient effectuées sous une forme opaque, sans transparence, parce que niant l’importance de l’imaginaire dans
une meilleure compréhension des faits sociaux. Mais la
structuration du langage journalistique a abouti à la prédominance des exercices objectifs qui, dans la majorité des
cas, conduisent les lecteurs à un seul mode d’interprétation
des faits, comme le démontre Daniel Cornu:
Rares pourtant sont les journalistes ou les médias qui
parviennent à dépasser le seuil de la description, souvent
compatissante, pour en tirer un signification sociale. Cet
inconfort face aux faits divers se traduit traditionnellement par un clivage, dans la presse écrite, entre jour-
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Referências
Le
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55
- Wellington Pereira
naux dits “intellectuels” et journaux populaires, les premiers se contentent d’entreouvrir leurs colonnes à ce que
les seconds cultivent. Mais les plans tendent aujourd’hui
plutôt à se rapprocher qu’ à se séparer davantage, dans
l’attention que les uns et les autres portent aux faits divers sinon dans le traitement qu’ils leur réservent. (16)
Le problème de l’inconfort du langage journalistique en face de la possibilité d’élargir les recours narratifs, peut être améliorer par l’utilisation des méthodes de
structuration des récits qui regardent positivement les richesses esthétiques trouvées dans les genres comme la
chronique, ou même par la réorganisation du temps verbal, lorsqu’ on prend en compte la valeur révélatrice des
faits divers qui s’oppose à l’objectivité linéaire du journalisme d’information.
Une autre ressource utilisée pour enrichir les lectures du quotidien dans ‘univers de la presse écrite est
l’utilisation d’une figure de rhétorique oubliée par le discours journalistique: la métaphore.
La métaphore et la structure
des récits journalistiques
La métaphore comme figure de rhétorique, est ignorée par les discours journalistique dans la construction du
quotidien, parce que, dans la presse écrite, tous les textes
qui échappent au langage référentiel des quotidiens ou des
magazines sont refusés car ne répondant pas à l’objectivité.
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Mais l’emploi de la métaphore pourrait donne au
journaliste un idée plus complète du quotidien, en élargissant les lectures de la société. C’est pourquoi la métaphore peut être utilisée comme méthode d’appréhension
des signes du quotidien pour vérifier une sorte d’illusion
linguistique forgée par le journalisme telle que le définit
Maurice Mouillaud:
Le réalisme, sans lequel l’information, de nos jours, ne
serait pas crédible, repose sur une illusion linguistique:
celle d’une langue qui pourrait être au service de la seule fonction référentielle, une langue dont les signes seraient les substituts des choses. (17)
Le signe comme représentation fidèle des choses
écarte donc l’utilisation de la métaphore dans le discours
de la presse d’information. D’une manière inflexible, les
récits vont être construits pour faire la preuve des référents. Ainsi, dans cette construction du quotidien on substitue à la réalité sa représentativité, ce qui signifie que
les symboles quotidiens on une valeur plus grande que le
quotidien lui-même, dont on évite de présenter les différents aspect d’appréhension des événements.
La métaphore, si elle était bien utilisée dans la
construction des récits journalistiques, pourrait conférer
au discours informatif plus d’ampleur dans le processus
de lecture ou même d’identification des signes de la société, ou même nier des réalités établies a priori par le
langage journalistique.
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Referências
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- Wellington Pereira
En revanche, pour cette réalité établie par le discours
journalistique le plus informatif, la métaphore n’est pas la
négation de la réalité, mais l’élargissement des voies d’interprétation d’un fait présenté, parce que la métaphore est
un moyen de saisir la complexité des concepts qui sont utilisés par le langage du quotidien das les divers couches de
la société. Et même ainsi, employer de recours métaphoriques ne signifie pas restreindre la recherche des expressions le plus adéquates à la narration du quotidien.
La métaphore comme recours linguistique peut aider le narrateur-journaliste à dévoiler les formes diverses
que les faits sociaux revêtent dans les différents domaines
de la vie en société, sans oublier la particularité que prend
chaque fait dans les communautés de traditions culturelles
et sociales différentes. Dans ce sens, Michel Maffesoli présent l’utilisation, à bon escient, de la métaphore comme
un instrument de lecture de la réalité:
Ainsi tout comme l’intuition est un bon moyen
d’appréhender le retour de l’expérience quotidienne, il
est possible que la métaphore soit le mieux à même de
saisir l’aspect bigarré d’un monde imaginal aux développements encore imprévisibles. (18)
La métaphore comme instrument d’interprétation
des événements, idée empruntée à Michel Maffesoli,
démontre la nécessité pregnante de toujours faire attention aux aspects hétérogènes de la vie quotidienne surtout
dans un pays comme le Brésil, dans lequel les richesses
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esthétiques du quotidien créées par le mélange des diverses traditions culturelles sont ignorées par l’objectivité
journalistique, on court alors le risque de ne jamais apercevoir les liaisons essentielles qui existent entre les signes
présents dans les “énoncés” de sujets, lorsque les couches
sociales et ethniques sont devenues méconnaissables.
En refusant l’utilisation de la métaphore comme un
des recours de la rhétorique, et même comme un bon
moyen d’appréhender les signes du quotidien, la presse
écrite nie un des caractères du discours de la vie quotidienne au Brésil dans les divers groupes sociaux: l’application de la métaphore esthétique, pour réinventer des
langages, pour échapper à la pauvreté, à la violence, ou
au manque de citoyenneté.
En utilisant la métaphore comme un des moyens
de répercuter dans les récits journalistiques la pluralité
esthétique du quotidien, le journalisme peut amplifier la
signification de la vie quotidienne. C’est pour cette raison, aussi, que l’exercice de la chronique, et la lecture
correcte de faits divers, vont contribuer à élargir la vision
de la vie quotidienne.
Notes bibliographiques du chapitre I
1. FAUSTO, Boris- Historia do Brasil. 2°ed. São Paulo, USP,
1995. P.120.
2. SODRE, Nelson Werneck- História da Imprensa no Brasil. 3°
ed. São Paulo, Ed. Martins Fontes, p.20.
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
3. SEGUIN DES HONS, André- Le Brésil- presse et histoire19301985, Paris, L’Harmattan, 1995, p.78.
4. SEGUIN; p.86.
5. MEDINA, Cremilda (org.) O jornalismo na Nova República,
São Paulo, Summus Editorial, 1989, p.37.
6. LUIZ BRAGA, José- O Pasquin e os anos 70, Brasília, ed;
UNB, 1991, p.32.
7. LAGE, Nilson- Linguagem journalística- São Paulo, ed. Atica,
Série Princípios, 1985, p.36.
8. MAFFESOLI, Michel- La Contemplation du Monde- figures
du style communautaire, éditions Grasset, Le Livre de Poche,
1993, p. 57.
9. Idem, pp. 60/61.
10. LAVOINE, Yves- Le langage des médias- P.U.G, 1997, p. 46.
11. MOUILLAUD, Maurice et alii- Le journal quotidien. P.U.G,
1989, p.55.
12. Idem, p.189.
13. CANDIDO, Antonio- “A vida ao rés-do chão”, in: Para Gostar de Ler, n° 5- Crônicas- São Paulo, Ática, 1979, p.50
14. AUCLAIR, Georges- Le Mana Quotidien- structure et fonctions de la chronique des faits divers, Paris, éditions Athropos,
1982, p.139.
15. BARTHES, Roland- Essais Critiques- Structure du Fait diversParis,Editions du Seuil, 1964, p.195.
16. CORNU, Daniel- Journalisme et vérité- pour une éthique de
l’information- Gèneve, Labor et fides, 1994, p. 317.
17. MOUILLAUD et alii- Le journal quotidien- P.U.G, 1989, p.
169.
18. MAFFESOLI, Michel- Eloge de la raison sensible- Paris, editions Grasset, 1996, p.196.
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Chapitre II
La presse magazine brésilienne.
Les caractéristiques de la presse
magazine au Brésil
L’histoire des magazines au Brésil est destinée à un
rôle très important, que ce soit du point de vue économique, ou du point de vue politique et culturel.
L’évolution des revues brésiliennes correspond à l’idée
du surgissement d’une classe moyenne consomantrice, dont
les rêves de confort, de sécuritié et même des gaspillage
vont obliger la presse à modifier son langage pour satisfaire
l’imaginaire social des nouveaux citoyens qui on besoin de
comprendre les nouvelles sensations apportées par la publicitié, le cinéma, et le nouveau média: la télévision.
La naissance de la presse magazine au Brésil est
liée à conception de la société urbaine, à ses modèles
esthétiques et culturels et aux rassemblements de nouveaux groupes sociaux dans les “ghettos” des grandes villes. C’est pourquoi les théoriciens du journalisme brésilien
observent que l’évolution de cette presse se confond avec
le développement économique du pays.
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Referências
Le
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- Wellington Pereira
Pour tracer un schèma de l’évolution de la presse
magazine au Brésil, nous pouvons diviser l’histoire des
revues brésiliennes en trois phases ou trois générations
selon la classification d’André de Seguin des Hons:
L’histoire des revues, elle, est bien différente. Les publications se sont succédé, des bouleversements se sont
réalisés. On pourrait distinguer trois périodes, si l’on emploie le mot période en se situant au-delà de la simple
chronologie. Ce sont en fait trois systèmes de presse-magazine, trois structures distinctes de revues qui ont
existé. Toutefois chaque système n’a pas suprimé le
précedent. On rencontre enconre aujourd’hui de revues
qui appartiennent à un système passé, des éléménts
“anciens” qui subsistent au sein du “moderne”. Trois générations de revues sont nées et son superposées. La
première a aujourd’hui pratiquement disparu. La seconde, d’âge mur est en stagnation. La troisième, récente,
est en pleine ascension. (1)
Au Brésil, la première génération de revues est marquée par l’influence de la rhétorique politique et reste au
niveau de l’information générale. Des publications comme
O Malho, fondée en 1908, Fonfon,(crée en 1907), sont
des publications de loisir ou de diffusion de la mode européenne. Ces magazines s’engagent dans la critique humoristique contre l’autoritarisme politique en même temps
qu’ils apportent des suggestions portant sur les bonnes
moeurs en société.
Cependant, le langage des magazines de la première génération est proche des “belles-lettres”, parfois, du
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conformisme idéologique et moral. C’est pourquoi la presse magazine de cette époque-là va échouer lorsqu’elle doit
parler du quotidien des couches économiquement faibles
au Brésil, parce que les références culturelles et sociales
sont celles de la bourgeoisie européenne.
La représentation des couches populaires, dans le
magazines brésiliennes de la première génération, paraît
seulement dans les rubriques humoristiques, dans lesquelles la vie mondaine des grandes villes, Rio de Janeiro et São
Paulo, est traitée comme la partie obscure de la société.
En dépit du conservatisme de la presse magazine de
la première génération, au début du XXe siècle, c’est à ce
momentlà que s’effectue la transition de la presse artisanale à la presse industrielle.
La deuxième génération de revues brésiliennes naît
entre 1945 et la fin des années 60, sous l’influence de la
presse magazine des pays riches. C’est pourquoi ces revues
vont copier le modèle de la presse magazine internationale, comme ParisMatch, en France, et Life, aux Etats-Unis.
Les revues de la deuxième génération peuvent être
classées en trois projets éditoriaux: a) photo-magazine,
b) revues de culture, c) presse du coeur. Mais le photo-magazine va prédominer comme le genre par excellence
de la presse magazine brésilienne, dont la revue O Cruzeiro a été l’exemple les plus achevé.
C’est le magazine O Cruzeiro qui conjugue le mieux
la formule de la nouvelle presse: développement économique plus nationalisme. Ce qui implique que cette pres-
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Referências
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se transmettra au public la vision d’un pays en marche
pour la prospérité. O Cruzeiro est un des symboles de la
politique du “Brésil Géant”, faisant connaître des régions
peu connues de la majorité des brésiliens, à travers des
photo-reportages, comme nous démontre André de Seguin des Hons:
L’apogée du Cruzeiro se situe entre 1955 et 1960, avec
un tirage oscillant entre 600 000 et 700 000 exemplaires. La revue atteignait aussi bien le public populaire
que les classe privilégiées. Plus que le simple reflet d’un
mouvement idéologique, O Cruzeiro en a été l’un des
amplificateurs. Cette dimension du risque, du spectaculaire, du grandiose qui caractérise la revue doit être mis
en parallèle avec l’idéologie du ”desenvolvimentismo”
dont elle est une des composantes. Elle constitue un des
“back-ground” idéologiques de faits hisotirques comme
la construction de Brasília, la création d’une industrie automobile ou les grands travaux comme la Transamazonienne ou Itaipu. (2)
La transformation provoquée par le magazine O
Cruzeiro va mettre en marche une nouvelle formule éditoriale qui s’éloigne de la conception des revues de la
première génération. Mais, O Cruzeiro doit seulement
marquer le processus de transition vers la troisième génération de la presse magazine brésilienne, puisque les publications comme Manchete, ou même la presse du coeur,
comme Gilda, Querida et Capricho; principalement représentant de ce type de magazines, ne correspondent pas à
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l’évolution technique ou culturelle initiée par O Cruzeiro.
Dans le début des années 60, les magazines de la
deuxième génération des revues brésiliennes sont supplantés par la troisième génération, dont le modèle éditorial est la presse internationale d’information. Pour étudier cette nouvelle gamme de revues, nous pouvons la
classer en trois formats éditoriaux: a) revues d’actualités;
b) presse masculine, c) presse féminine.
Chaque format éditorial de cette troisième génération des revues reflète l’essor de la presse magazine au
Brésil, issue du nouveau modèle du marché économique
et de la dictature politique imposée par les militaires. Ainsi ces magazines vont obéir à deux logiques différentes
qui démarquent le projet d’édition: la violence d’un état
totalitaire et l’influence du consumérisme nord-américain.
Comme exemple de projet éditorial de rénovation,
nous avons dans cette phase le magazine Realidade, qui
a joué un rôle important en ce qui concerne l’exercice du
reportage dans le journalisme d’information.
Au contraire du Cruzeiro, Realidade n’a pas pour
but de célébrer les grandeurs du “Brésil Géant”, mais il
pratique un journalisme qui dénonce les problèmes économiques et sociaux cachés par la censure du pouvoir militaire et par celle qu’exercent les investissements financiers nord-américains.
Cette troisième phase de la presse magazine au
Brésil s’inscrit aussi dans les nouveaux paramètres de la
classe moyenne urbaine, dont la formation universitaire et
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Referências
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- Wellington Pereira
un certain pouvoir de consommation influencent le surgissement de nouvelles publications, principalement des magazines qui vont atteindre des publics spécifiques; nous
prendrons comme exemple une publication qui cherche
à rompre avec les tabous sexuels et à se focaliser sur le
quotidien des femmes; même si elle le fait seulement en
se référant à la partie de la bourgeoisie brésilienne située
au Sud-est du Brésil.
Tandis que les autres catégories de la presse magazine de la troisième génération- les revues masculines et féminines-comme Playboy, Status, Claudia, Nova, Desfile sont
calquées sur leurs homologues internationaux, le modèle de
rénovation des revues d’information est bien réprésenté par
Realidade(1966-1976), dont le processus de réflexion sociale est initié par les reportages qui traitent des mouvements de la contre-culture ou de la Guerra du Viêt-Nam,
pour laquelle Realidade a fait une sorte de “meta-journalisme”, en parlant des méthodes de couverture de la guerre
employées par le magazine. Mais Realidade a commencé
à subi la concurrence de Veja, un autre magazine crée en
1968 par la même maison d’édition, Abril Cultural.
Le magazine Realidade a disparu en 1976, dix ans
après avoir consolidé un modèle de journalisme caractérisé par l’exercice du reportage qui a démontré et dénoncé
les contradictions sociales d’un Brésil jusque là inconnu de
la majorité des brésiliens.
Au cours de cette période, apparaît un troisième revue, dans la catégorie magazine-informatif, la revue Is-
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toé, qui profite de l’ouverture politique de la fin des années 70, et présent un projet éditorial plus progressive
que Veja, laquelle demeure néanmoins la plus importante
des revues d’actualité au Brésil.
Malgré le surgissement d’autres magazines dans les
années 80, comme Afinal, lancé en 1984, ou Fatos(1985),
qui selon André de Seguin des Hons, dans son livre, Le
Brésil- Presse et Histoire-1930-1985, reprend la formule
des revues “news-magazines”, Realidade et Veja se maintiennent comme le paramètre des magazines d’information pour les théoriciens de la presse brésilienne, bien que
la similitude entre eux soit contestée, puisque Realidade a
réprésenté un moment de liberté et de créativité du processus journalistique qui s’oppose à l’influence de l’objectivité propre au journalisme d’information, et que Veja se
situe bien dans la lignée des magazines aux textes standardisés à la manière du Times magazine, dans lesquels
prédomine l’idée d’un seul narrateur.
Veja: le style magazine au quotidien
La formulation des théories visant à comprendre le
langage des revues d’information-générale a amené les
études sur le journalisme brésilien à s’appuyer sur les
“champs miné” des concepts littéraires de la “théorie du
journalisme”, qui se présente comme une théorisation de
la Communication Sociale.
La plus grande partie des études sur le style des
Autor
Referências
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- Wellington Pereira
magazines brésiliens parlent de la proximité entre le texte
des revues et le sytle littéraire, un choix, quasi impossible,
pour eux, dans la pratique des quotidiens. C’est pourquoi
ils vont insister sur la possibilité pour les magazines de
concrétiser une lecture esthétique des faits sociaux bien
mieux que ne le fait le journal.
Prendre pour justification l’idée que la différence
principale entre les quotidiens et les magazines se fait
à partir de la structuration des récits, n’est pas totalement acceptable, parce que, en général, les revues se
distinguent des quotidiens du point de vue de la seule
temporalité, car les formulations de règles pour le projet
d’édition sont semblables.
Le temps est le “leitmotiv” différenciateur entre
l’énonciation qui se pratique de plus en plus dans les magazines et l’énoncé des faits, formule déjà épuisée par le
journalisme d’information au Brésil. Mais les théoriciens
de la presse écrite brésilienne ne prennent pas en compte
l’influence du temps sur le processus de structuration des
textes journalistiques. Ils inclinent toujours à la construction de concepts les plus proches des formes jornalistiques
déjà établies, que ce soit sous influence économique, ou
sous influence culturelle.
Dans le cas des magazines brésiliens, l’influence est
diffétrente de celle qui s’exerce sur les quotidiens, puisque
ceux-cisubissent l’emprise de la technique du journalisme
d’information nord-américain, le Lead- la téchnique journalistique qui consiste à structurer des nouvelles à partir
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du fait les plus important pour aller ver le moins important- tandis que les magazines vont se laisser emporter
par un mouvement esthétique, comme le Nouveau Journalisme, mouvement qui a explosé aux Etats-Unis dans
les années 60, comme le démontre Mark Hunter:
Le soi-disant ‘nouveau journalisme’ a explosé sur l’avant-scène au millieu des années 60, dans des magazines
tels que Esquire et les articles de fond quotidiens, notamment ceux du New York Herald. Le nouveau journalisme s’attaquait avec encore plus d’acharnement
que les muckrakers à la notion “objective” selon laquelle un journaliste doit être absent des ses reportages, en tant qu’observateur neutre des événements.
Se rattachant à la tradition journalistique française du
grand reportage, le nouveau journalisme américain plaçait souvent l’interaction du reporter avec ses sources
au centre du récit. En agissant ainsi, des journalistes
comme Hunter S. Thompson ou Joan Didion ne diminuaient pas- en tout cas, pas forcément- ni l’impact ni la
crédibilité de leur travail (3).
L’abandon de l’influence de l’objectivité par le nouveau journalisme va démarquer une autre conception du
texte journalistique, spécifiquement, dans les magazines
d’information générales. Mais au Brésil, cette ascension
d’un journalisme qui adopte une forme narrative différente dans la construction des faits n’est pas bien acceptée dans la presse magazine brésilienne.
En dépit de l’experience éditoriale du magazine Realidade(1966-1976), la presse magazine brésilienne n’a pas
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Referências
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pratiqué le nouveau journalisme sur une large échelle,
c’est pourquoi Realidade demeure le grand représentant de
cette époque- là au Brésil. Mais en tous cas, l›imprégnation
du style “nouveau journalisme” se confond avec les fausses
littéralités de la plupart des récits journalistiques, sans s’approcher de la méthode d’investigation du nouveau journalisme américain, dont l’exemple majeur a été l’affaire du
Watergate, avec la démission du président des Etats- Unis,
Richard Nixon, ce que constate Hunter:
Il y a un structure narrative implicite dans tout reportage
d’investigation réussi, dont le Watergate est exemplaire. Le récit d’investigation contient au début, le moment
où la corruption et le mal se propagent, puis un deuxième temps, pendant lequel les reporters-héros cherchent à les démasquer; et il suggère une fin, lorsque
les méchants seront punis par une société outragée; On
voit que cette structure n’est autre que celle du “modèle
de mobilisation”; même si ce modèle ne fonctionne pas
toujours dans la réalité, il fonctionne parfaitement dans
le discours journalistique (4).
Cette idée des reporters-héros à beaucoup marqué la presse magazine brésilienne; le principal exemple a été le meta-reportage publié dans le magazine
Realidade sur l’accident subi par son reporter José Hamilton Ribeiro dans les champs du Viêt-Nam. Dans ce
cas, le magazine en utilisant la violence d’une guerre, incorpore la technique narrative implantée par le
nouveau journalisme nord-américain qui transforme les
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journalistes en personnages des événements.
Du nouveau journalisme introduit au Brésil sous
l’influence des écrivains américains comme Tom Wolfe,
reste une hésitation entre des techniques journalistiques
et la forme narratives des genres littéraires: le roman, le
conte. Mais si on trouve une richesse esthétique dans la
presse magazine, due à la participation plus active d’un
reporter-narrateur, parfois personnage, tout cela représente peu par rapport à la structure des magazines, qui,
même à la fin des années 80, vont se préoccuper de la
standardisation des textes et de la voix des acteurs sociaux dans leurs récits. C’est le cas de Veja.
Le sytle des textes du magazine Veja a échappé à la
forme du nouveau journalisme norde américain, bien que
ce magazine soit né à la même période que les revues qui
ont subi l’influence de ce modèle journalistique. Veja va
adopter une standardisation des récits, dans laquelle le
lecteur a l’impression qu’une voix omniprésente domine
l’expression des événements.
Veja se donne un style journalistique, où le reporteur-narrateur cède la place à des textes dont la norme
est représentée par l’unité des voix des narrateurs dans
la pluralité narrative, sans pour autant que les lecteurs
aient la possibilité de vérifier les signes qui composent
la structure des nouvelles à travers des perspectives diverses. Ainsi, Veja, ne s’inscrit pas dans l’univers d’un
journalisme qui cherche à organiser ses genres narratifs
en privilégiant l’esthétique par rapport au contenu.
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Referências
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- Wellington Pereira
Cette ubiquité des voix dans la narration des récits
de Veja cache les contradictions sociales et esthétiques
existant du fait du déplacement des acteurs sociaux, à
travers leurs discours, lorsque les techniques journalistiques prennent les faits et les transforment en genres
d’information ou d’opinion.
L’asepsie des récits de Veja en revanche; échappant aux possibles bruits d’une narration plurielle avec
plusiers “focus” démontre la linéarité du langage employé
pour raconter le quotidien. C’est pourquoi Veja pratique
une linéarisation des signes du quotidien en appliquant,
dans l’interprétation des faits, qui écarte les liens entre le
réel et l’imaginaire, la représentation du discours produit
sur la société et ses acteurs et sa spectacularisation par
les médias ou par les stratégies persuasives des pouvoirs
politiques ou esthétiques, où ne sont pas décodées les significations profondément dissimulées dans la banalité de
la vie quotidienne.
Dans son livre, O Estilo Magazine- o texto em revista, São Paulo, Summus editorial, 1996, pages 81,82, Sergio Villa Boas dit que Veja a toujours chehé à répondre aux
interrogations des lecteurs à partir du marché éditorial,
en exerçant une “philosophie de l’agréable” qui consistait en avantager les images du succès dans la société
de consommation: beauté physique, luxe, faits extraordinaires, haute société et autres signes qui répresentent
bien le “modus” de ce magazine, dont le divertissement
détermine le style.
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Il est important de vérifier comment Veja, dans ses
récits, a construit le quotidien sous le gouvernemnt Collor de Mello au Brésil- du 15 mars 1990 au 27 septembre
1992, dans la mesure où s’y vérifie parfaitement une
contradiction entre le propos éditorial et la forme narrative de la vie quotidienne brésilienne, à ce moment-là.
Au preimier plan, les textes de Veja, dans l’affaire
Collor de Mello ont la prétention de représenter la réalité
brésilienne sans faire de différences entre les faits sociaux
émanants de la société civile et les faits dépendants de
l’action de l’Etat. Ceci se retrouve dans une section informative que les éditeurs de Veja appellent “Brésil”.
Dans le projet éditorial du magazine Veja, la section
“Brésil” est un espace dans lequel le quotidien est présenté à partir d’une vision du fonctionnement de l’Etat,
où le sujet est toujours pris dans des contradictions entre
vie publique et vie privée. Dans ce cas, la prédominance
de l’objectivité journalistique donne une optique confuse,
car incapable de différencier la “vie politique” des faits
quotidiens produits, dans leur plus grande partie, par des
acteurs sociaux qui n’appartiennent pas au monde “rationnel” du journalisme d’information.
En analysant les récits du magazine Veja, pendant
la période du gouvernement Collor de Mello, nous pouvons constater que la théâtralisation du quotidien du
président Collor a une signification qui échappe aux interprétations les plus rigoureuses, parce que, quand on
attribue à ces faits la fonction de faits divers, et qu’on les
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Referências
Le
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- Wellington Pereira
classe dans les catégories de l’imaginaire, nous fermons
alors les voies d’interprétation des faits sociaux. Voilà
l’ambiguïté de la constrctution du quotidien, citée plus
haut, qui amène les lecteurs de Veja à penser que les
faits sont saisis seulement dans une forme esthétique,
rationnelle, éloignée de l’imaginaire.
Dans les prochaines chapitres, nous allons essayer
de démontrer comment ce style de Veja, calquée sur le
modèle de la presse magazine nord-américaine d’information, a classé les représentations du gouvernement
Collor de Mello en faits objectifs: à savoir son action publique d’homme d’État,et en faits subjectifs: sa vie privée
théâtralisé qui, elle, appartiennent à la catégorie des faits
divers, qui ne procédent pas de l’analyse et retiennent
l’attention du public.
La démarche du Chasseur de Maharajahs
Le début de la candidature de Fernando Collor de
Mello paraît dans la section Brésil du magazine Veja au
mois de mars 1989. Le reportage intitulé La chasse aux
Maharajahs (20) lance une campagne contre l’abus du
clientélisme politique dans le service public. Les premiers
paragraphes du récit démontrent la mauvaise gestion des
services publics par la majorité des politiciens brésiliens,
et rappellent comment ce pillage remonte aux temps de
la colonisation portugaise, et spécialement à la période
où était Gouverneur Général du Brésil le portugais Thomé
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Sumário
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de Souza, à qui Veja attribue l’instauration de l’esprit de
corps dans la fonction publique. En revanche, le jeune
gouverneur de l’Etat d’Alagoas, Fernando Collor de Mello,
apparaît comme une alternative à la politique des partis
tradionnels brésiliens.
Le magazine Veja présente Fernando Collor de Mello
comme “Le chasseur de Maharajahs”- l’emblème qui doit
servir à toute la campagne du candidat- et fait référence
à l’audience nationale obtenue par Collor grace à son programme de suppressions de postes dans l’administration
publique de l’État d’Alagoas.
Dans le reportage sur la chasse aux maharajahs,
Veja va entamer une séries d’analyses de la candidature du
gouverneur d’Alagoas alors méconnu, Fernando Collor de
Mello. Même si les informations manquent de précisions,
car les récits ne fournissent pas les données concernant
les suppressions de poste effectuées par Collor à Alagoas,
le reporteur-narrateur insiste sur le caractère innovateur
de la politique proposée par Collor pour diriger “la machine des fonctionnaires publics”, ce que nous pouvons
constater dans les récits de Veja:
Avec son combat contre les maharajahs et pour améliorer le fonctionnement de la machine administrative de
l’Etat, le gouverneur d’Alagoas, Fernando Collor de Mello,
est un exemple parfait du politicien qui obtien la popularité par sa politique d’austérité, une nouvelle monnaie en
circulation dans le pays. (6)
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Referências
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En même temps que Veja construit le mythe du
“Chasseur de Maharajahs”, créant pour Collor de Mello
l’image d’un politique austère et populaire, le magazine
commence à faire des comparaisons entre le Brésil “archaïque”, bien représenté, à ce moment-là, dans le discours du candidat Fernando Collor de Mello, par le président José Sarney, et le Brésil “moderne”, incarné par le
modèle Collor: un mixte de technocrate et de prophète
messianique. Mais nous pouvons trouver des contradictions dans l’exposé de Veja sur le gouvernement Collor de
Mello à Alagoas, lorsque, dans le même récit, il opère un
rapprochement entre Collor et les politiciens de gauche du
Nordeste brésilien, comme Miguel Arraes, par exemple.
Veja ne fait pas une véritable analyse des conjonctures politiques, qui permettrait de mettre l’accent sur les
différences entre les politiciens de gauche du Nordeste
brésilien, leaders nés avec le mouvement des partisans,
comme “As ligas camponesas” des années 60, écrasés par
le coup d’État soutenu par les militaires et les politiciens
conservateurs. C’est pourquoi nous considérons comme
exagérée la comparaison avec le gouvernant de l’État
d’Alagoas et la trajectoire de politiciens qui ont subi les
conséquences d’une dictature militaire.
Le récits de Veja au début de la campagne de Collor,
sont très élogieux et attribuent au candidat à la présidence la fin du népotisme dans l’administration publique.
Mais le magazine oublie de faire référence à la Constitution Brésilienne, promulguée le 5 octobre 1998, qui a ren-
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du possible la plupart des mesures adoptées par Collor,
en tant que gouverneur d’Alagoas.
Veja ignore la nouvelle Constitution Brésilienne,
lorsqu’il considère que l’austérité proposée par Collor
dans l’administration de l’État d’Alagoas est une oeuvre
personnelle, indépendante de lois, et même du modèle
d’organisation politique de la région Nordeste, qui prêche,
toujours selon l’abécédaire des politiciens conservateurs,
des accords sociaux payés grâce l’exploition du peuple.
Dans un autre reportage intitulé “Le Chasseur
est au deuxième rang dans l’Ibope” (7), Veja annonce
l’ascension du candidat Collor de Mello dans les sondages électoraux, éffectués par le principal Institut de Recherche Brésilien, le fameux Ibope. Le texte du reportage présente Collor de Mello comme le fait nouveau de la
campagne pour la présidence du Brésil, tandis qu’il montre la désorganisation des partis de gauche, pris dans
une lutte interne, pour le choix des candidats. Ainsi, Veja
distingue la trajectoire de Collor de Mello:
(...) Collor de Mello, un politicien sorti du deuxième état
brésilien pour la petitesse détient 15% des intentions
de votes. Avec ce résultat, Collor arrive à égalité avec,
le deputé Lula da Silva, du PT (Partis des ravailleurs) se
place seulement à deux points de la première position
occupée par l’exgouverneur de l’Etat de Rio de Janeiro,
Leonel Brizola. (8)
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Après avoir présenté Collor de Mello comme un fait
nouveau de la campagne électorale, Veja lui donne la parole, pour que le candidat puisse expliquer son ascension
au deuxième rang des candidats:
Les indécis vont se décider en ma faveur, car je suis le
fait nouveau de la campagne. (9)
Le magazine Veja s’appuie sur les chiffres des sondages qui vont faire la une de la presse brésilienne, mais sans
qu’ils soient expliqués de façon claire, ni même interprétés
correctement. C’est pourquoi les sondages lors des élections brésiliennes de 1989 furent une des préoccupations
des analyses de presse, spécialement dans le cas de Collor
de Mello, comme nous l’explique Fátima Jordão:
La période d’ascension de Collor (mars-avril) est particulièrment révélatrice de la relation presse/sondages.
Collor se détachait déjà dans les enquêtes publiées au
début de l’année: en janvier il occupait la troisième place
dans le sondage national Gallup/ Istoé /Senhor, il figurait en quatrième place dans la ville de São Paulo dans
le sondage Ibope divulgué en février par le quotidien O
Estado de São Paulo; en première place, à Brasília, selon
une étude de Folha de S. Paulo, et dans dix capitales du
pays à la fin du mois de mars. Aucun de ces trois articles
ne fait mention de l’impact croissant du nom Collor. Il en
ressort que la presse ne fait pas grand cas de l’opinion
publique, alors que parallement, l’ex-président et candidat possible Janio Quadros- un nom en baisse dans les
sondages-retient l’attention de celle-ci, remplissant les
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colonnes des journaux alors qu’il fait du tourisme en Europe. D’où l’impression que les rédactions cherchaient à
transformer Quadros, alors âgé de 72 ans, en candidat à
grand renfort de déclarations.(10)
La première impression que nous laisse l’observation
de Fátima Jordão c’est que la presse brésilienne, dans le
cas des journaux en particulier, centralise l’attention de
la campagne présidentielle sur une candidature conservatrice comme celle de Janio Quadros, dans une recrudescence du modèle du populisme politique des années
60, moment où l’élection de Quadros a représenté la
voix de la moralisation publique. La deuxième impression c’est que la presse ignore complètement l’opinion
publique et même la lutte pour la démocratisation du
pays, lorsqu’elle présente le retour des politiciens conservateurs comme Janio Quadros.
Le désaccord sur les chiffres des sondages électoraux marque bien la position des quotidiens dans la
campagne. À chaque numero difusé, les journaux, principalement, vont montrer leurs préférences politiques,
mais la “confusion” mathématique, le manque d’analyse
de la conjoncture éloigne les électeurs d’une vision plus
claire du processus politique, comme l’a bien observé
Fátima Jordão:
Il fut possible d’observer ces réajustements de cible dans
les divers organismes de presse à plusieurs moments
de la campagne présidentielle. Entre les chiffres exprimés par les sondages et leur interprétation, une certaine
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Referências
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marge existe selon les éditoriaux des divers journaux
de télévision. Cette marge est cependant limitée et ne
laisse pas place, par exemple, à des renversements de
tendances ou à des falsifications. (11)
Ce qu’il est important de vérifier à partir des analyses des sociologues c’est que les chiffres des sondages
sont utilisés par les journalistes comme une “photographie” de la tonalité des faits de la campagne et non seulement comme source. La presse brésilienne suit le “Chasseur de maharajahs” sans retracer le contexte des actes
politiques de Collor de Mello.
La presse brésilienne qui a suivi les campagnes pour
les élections directes, au début des années 80, disparaît.
A sa place, apparaissent des journaux conservateurs,
comme O Globo, qui appartiennent à l’Organisation Globo, propriétaire de la TV Globo, soutenue par le régime
militaire dans les années 60. C’est pourquoi s’établit une
bipolarisation de la vie politique brésilienne entre l’offre
par les conservateurs, d’un “confort social” et la menace
d’un gouvernement de gauche, qui même pour les journaux situés à gauche, était synonyme d’incertitudes.
Le candidat Collor de Mello représentait, à ce moment-là, l’axe électoral trouvé par la droite pour lutter
contre la menace de la gauche, et la presse, dans sa
majorité, accepte le “phénomène Collor”, comme en dehors du monde politique traditionnel, reposant sur des
alliances politiques entre les propriétaires latifundiaires
et les partis politiques de droite.
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Dans un reportage intitulé “La star qui court en tête
du peloton”, le magazine Veja donne la parole à Collor de
Mello qui s’exprime déjà comme le candidat élu:
Dans ma gestion nous n’aurons pas de dépences somptuaires. Je vais vendre les maisons du gouvernement à
brasília, les voitures officielles. Dans une année et demie, l’inflation sera de 3% par mois. (12)
Le magazine fait une sorte de portrait du candidat
Collor, discourt sur la trajectoire de l’ex-gouverneur de
l’État d’Alagoas, rappelle que Collor de Mello à l’âge de 39
ans, a été élu maire de Maceió, capitale d’Alagoas, par le
PDS, le parti brésilienne qui a soutenu la dictature militaire, qu’il accordé son vote à Paulo Maluf, un des politiciens
brésiliens de droite, lors de l’élection présidentielle, au
cours de laquelle Tancredo Neves à été élu par le Collège
électoral, sans élection directe. Mais, le magazine Veja
met l’accent sur la perforfmance de Collor:
A six mois des élections, Collor est en première position
dans les sondages. Il totalise 32% des intentions de
vote. (13)
Après la description de la candidature Collor, Veja
laisse parler le candidat, comme si un membre du futur
gouvernement brésilien était présenté:
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Ma candidature terrifue autant la droite, qui accepte seulement de faire des alliances sous tutelle, que la gauche,
qui se contente du discours. Mais j’ai la pratique. (14)
L’important dans la lecture de ce reportage est de
noter que Collor parle d’un futur prochain. Il ne parle
pas comme un candidat, mais comme un homme capable de maîtriser les problèmes de l’État brésilien. En
même temps, le magazine Veja prête à la candidature
Collor de Mello un air d’unanimité nationale, même si le
discours des candidats qui font opposition à Collor apparaît comme dépassé.
Après les déclarations des candidats de gauche,
comme Leonel Brizola, ex-gouverneur de Rio de Janeiro,
qui affirme: “Collor est un produit de la droite” ou Lula,
le candidat du PT (Parti des Travailleurs), qui dit: “Collor
c’est un politique conservateur, compromis avec les oligarchies”, (28), Veja conclut le reportage en faisant une
synthèse dans laquelle il valorise les sondages, qui, naturellement, sont favorables à Collor de Mello.
Une des caractèristiques du récit par Veja de la trajectoire du candidat Collor de Mello est l’utilisation presque
constante des paroles de Delfin Netto, ex-ministre du gouvernement militaire comme une sorte de contrepoint, destiné à expliquer le parcours de Fernando Collor de Mello.
Ce fait ne semble pas avoir encore d’explication
claire, mais l’ex-ministre Delfim, un des responsables du
“miracle économique” mis en avant par les militaires dans
les années 70, apparaît dans la plus grande partie des reCapa
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portages, où tantôt, il prend parti contre la gauche, tantôt
il insiste sur la force de la candidature Collor de Mello.
Voyons une des insertions discursives de Delfim
Netto:
Je considère Collor plus que comme un feu de paille.
D’ailleurs, lorsque l’entreprise atteint les sommets, tout
joue, et les fautes deviennent un vertu. (15)
Notes Bibliographiques du Chapitre II
1. SEGUIN DES HONS, André- Le Brésil- presse et histoire
1930/1985- Paris, L’Harmattan, 1985, p. 26.
2. Idem, p.30.
3. HUNTER, Mark- Le journalisme d’investigation- Paris, P.U.F,
Colle; Que sais-Je? N° 3239, p.20.
4. Idem, .27.
5. VILLA BOAS, Sérgio- O Estilo Magazine- o texto em revistaSão Paulo, Summus, 1996, pp. 81/82.
6. Le magazine Veja- édition du 1/03/1989.
7. “Le chasseur est au deuxième rang do Ibope”, Veja,
19/04/1989.
8. Idem, Veja- 19/04/1989.
9. Idem, ibidem.
10. JORDÃO, Fatima - Les sondages des élections brésiliennes
de 1989 - fer de lance de la campagne, Paris, Hermès, 8-9,
1990, p.23.
11. Idem.
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Referências
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12. “La star qui court en tête du peloton”, Veja- 17/05/1989.
13. Idem, Veja 17/05/1989.
14. Idem, ibidem.
15. Idem;... Veja 17/05/1989.
Chapitre III
La technique d’inversion des opinions
Comment inverser les opinions
pour légitimer Collor de Mello
Dans les récits de Veja, appartenant à la période de
la campagne électorale, il est normal de trouver une dualité des contenus qui se rapportent à l’image de Fernando
Collor de Mello; certaines critiques sont faites concernant
le comportament du candidat:
Le propos de campagne sont durs, mais c’est la loi du genre. La semaine dernière, Collor a utilisé des mots grossiers, dans une interview pour parler du général Ivan de
Souza Mendes, chef du Service National d’Information,
SNI, qu’il traite de “generaleco”; commandant en chef
d’un service obsolète. (1)
Veja démontre, ainsi qu’il fait également la critique
du candidat Collor de Mello. C’est pourquoi le magazine publie quelques articles qui doivent montrer aux lecteurs son
impartialité. Par exemple, il déclare que l’augmentation des
salaires des “maharajahs” d’Alagoas-fonctionnaires publics
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qui touchent de hautes sommes d’argent et ont des privilégies dans le secteur public - fut un avantage proposé
par le gouverneur de l’Etat d’Alagoas, à l’époque, Fernando
Collor, à partir d’un décret, qui augmentait les revenus des
ces “hauts fonctionnaires publics” de plus de 40%.
Veja poursuit en analysant l’adminsitration de Collor
de Mello dans l’État d’Alagoas:
Collor a acheté, l’année dernière, avec l’argent de la
Prévoyance Sociale- la Sécurité Sociale brésilienne, 9è
véhicules, sans autorisation et sans justification, selon
un audit de l’INAMPS (Institut National de la Prévoyance
et de l’Assistance Sociale), qui révélait que les voitures
n’étaient pas encore livrés. (2)
Dans l’exercice dialectique d’inversion des significations des faits sociaux, Veja fait coexister dans un même
récit la critique de Collor de Mello et l’opinion de ses partisans, pratique dangeureuse, parce que les lecteurs ne se
font pas un idée claire de l’objectif du reportage.
Le magazine Veja, après les dénonciations de
l’adminsitration de Collor de Mello dans l’État d’Alagoas,
présente une image positive de la candidature Collor
de Mello, dans le reportage du 17/05/89 où il montre
l’adhésion des politiciens brésiliens:
La semaine dernière, Collor de mello a reçu des signes
de bienvennue au PMDB (Parti do Mouvement Démocratique Brésilien). C’est pourquoi sa candidature doit toucher des proportions gigantesques d’électeurs. (3)
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Dans la même reportage, page, 37, du texte cité
plus haut, Veja divulgue le programme de gouvernement
de Collor et souligne l’utilité de la candidature de Fernando Collor de Mello:
Petit à petit, des gens qui appartiennent à l’élite, ceux
qui annoncent l’échec des institutions, à chaque fois que
les urnes signalent une défaite, se rassemblent sur un
candidat. C’est pourquoi le nom du querelleur Collor de
Mello représente la stabilité dans la campagne pour la
succession présidentielle. (4)
La démonstration qui veut présenter Collor comme
un politicien capable de stabiliser les différences idéologiques entre les partis de gauche ou de droite est une
affirmation truquée, parce qu’elle cache le parcours historique et idéologique des autres candidats et prend Collor
comme référence dans la perspective d’une cohabitation
avec des politiciens comme Lula ou même Brizola.
Dans un autre reportage intitulé “Le maharajah des
sondages électoraux fait la fête”, section Brésil, Veja utilisant le slogan de la campagne de Collor de Mello, “Le chasseur des Maharajahs”, démontre que Collor est un des favoris des électeurs. Mais ce qui est parlant c’est la manière
dont le magazine introduit le discours du candidat:
Je suis le candidat de la société civile. (5)
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Veja veut prouver que Collor est le représentant de
la société civile brésilienne, mais le concept de société civile
est chargé d’ambiguïtés. C’est pourquoi, dans ces processus
d’inversion de la logique politique, le magazine emprunte
à Collor des expressions qui ont des effets persuasifs sur
l’imaginaires des électeurs, comme celle de société civile,
utilisée dans le sens d’intégration sociale. Collor représentait
alors l’unification de la pensée politique au Brésil.
La confusion provoquée par l’expression de Collor
de Mello: “Je suis le candidat de la société Civile“, montre
bien que Veja ne se préoccupe nullement en analyser
la conjoncture du discours de Fernando Collor de Mello,
parce que par société civile, nous pouvons comprendre
le champ des conflits économiques ou idéologiques, dont
l›État doit être chargé ou même la société politique. En
même temps, il est possible d’utiliser société civile comme
synonyme de société civilisée. D’une certaine manière,
Veja dissimule les conflits provoqués par la lutte pour la
présidence de la République en démontrant que Collor de
Mello est le candidat de la majorité des électeurs. C’est
pourquoi Veja affirme que Fernando Collor de Mello peut
représenter l’ideal d’un État moderne.
Au début du reportage “Le maharajah des sondages
électoraux fait la fête“ - utilisant le propre slogan du
candidat de façon paradoxale, Veja établit le prognostic
de la campagne de Fernando Collor de Mello:
La vie du candidat Collor est très agréable, alors que ses
adversaires, étourdis, embarrassés dans leus propres
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campagnes réduisent toutes leurs activités, pratiquement, à la médisance à l’égard du jeune ex-gouverneur
de l’état d’Alagoas. (6)
Le reportage de Veja se poursuit avec des louanges
partant sur la place de Fernando Collor de Mello dans les
sondages électoraux et des critiques adressées à ses adversaires:
Non seulement Collor à déjà provoqué des vagues au
PMDB (Parti du Mouvement Démocratique Brésilien)
dans lequel gagne le désenchatement vis à vis de la candidature d’Ulysses Guimarães, mais il a fait des dégâts
au PFL (Parti du Front Liberal) dont il a aussi ruiné le
candidat Aureliano Chaves, il a même affaibli le PT (Parti
des Travailleurs). (7)
Veja fait ici allusion à l’impact de la candidature de
Fernando Collor de Mello sur les autres candidatures, mais
il ne le démontre pas d’une manière chiffrée ou même
en se référant aux sondages électoraux, il préfere mettre
l’accent sur le liens du andidat Collor de Mello avec les
entrepreneurs brésiliens:
La majorité des candidats n’ont pas réussi à ébaucher le
plan financier de la campagne, et maintiennent des relations
distantes avec des grands industriels. En revanche, Collor
ne manque pas d’avions, utilisés dans ses déplacements à
travers le pays-course dans laquelle il démontre l’énergie
de ses 39 ans. Ni Collor ni son équipe ne gaspillent un centime pour des dépenses de logement et d’alimentation. (8)
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- Wellington Pereira
Dans cette procédure d’inversion de la logique des
récits politiques, dans laquelle Veja fait toujours une comparaison entre les candidats à la présidence du Brésil et
la perfomance de Collor. Et pour mieux affirmer la surprématie de Fernando Collor de Mello, le magazine présente
le candidat comme un phénomène social:
Les forces politiques persistent à mépriser Collor de
Mello, mais c’est un phénomène social. Sa candidature
a pris une telle ampleur qui maintenant seul Collor peut
vaincre Collor. (9)
La reproduction des déclarations du député du Parti Social Démocrate Brésilien (PSDB), de centre-gauche,
veut démontrer que Collor est un candidat imbattable,
et prouve que Veja prend la candidature Collor de Mello
comme un modèle à suivre au nom de la démocratie, sans
faire une analyse de la conjoncture qui donnerait aux lecteurs une vision plus ample de la campagne électorale,
et sans présenter non plus un portrait des autres candidats. C’est pourquoi le magazine va présenter la trajectoire du candidat Fernando Collor de Mello comme une
sorte de messianisme politique, dans lequel le moderne
et l’archaïque sont liés pour construire l’image de Collor,
le père des pauvres, le protecteur des “descamisados”, le
gens humbles, qui n’ont même pas de chemise.
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“Ne me laissez pas seul“:
le messianisme de Collor de Mello
Une des caractéristiques de la campagne de Fernando Collor de Mello à été son appel à une sorte d’union
du peuple autour de son nom, pour la présidence de la
République. Le slogan: “Ne me laissez pas seul” (10) représente bien le caractère messianique de la trajectoire
du candidat, car à un moment où les partis de gauche
sont divisés dans l’opposition, Collor demande l’aide de la
population brésilienne, qui pour lui est séparée en deux
mondes: le moderne et l’archaïque.
Pour gagner la sympathie des électeurs qui appartiennent au monde archaïque, monde situé, pour les politiciens, au Nordeste du Brésil, Collor va utiliser des stratégies semblables à celles des missionaires catholiques, au
début du XVIIIe siècle dans le sertão, zone semi-aride du
Brésil dans laquelle le mélange de pauvreté et de religion
a créé un imaginaire social rempli de mythes religieux, incarnés par Antonio Conselheiro, Padre Cicero du Juazeiro,
le moine Damião, et aussi le héros “cangaceiro” Lampião.
Pour assurer l’insertion de sa candidature dans le
“Brésil archaïque”, Collor va instaurer un discours de confrontation et de négation par rapport aux politiciens brésiliens qui, à ce momentlà, représentent l’État. Ainsi, il
cherche à démontrer la nécessité d’aider les plus humbles
pour ceux qui sont les responsables de la misère et de
l’ignorance de ces populations. A cet égard, le temps mes-
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Referências
Le
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sianique de la candidature Collor est bien analysé pour le
sociologue Francisco de Oliveira:
Le temps messianique s’oppose à une quelconque temporalité de manière radicale. Il est, pour une unique
fois, promesse infinie et indéfinie; une foudre qui peut
s’abattre, soudain, sans prévenir, de façon apocalyptique, toujours annoncé, mais sans précision de date ni
de minutes. Sa venue est le “dies irae” de la vengeance,
qui est aussi le jour de la justice. Cette qualité radicale
du temps messianique entre en collision frontale avec le
système de manière previsible; et pour Collor cet avènement est pour bientôt si bien que la date de la prise
de possession de la présidence a été interprétée par la
majorité des électeurs comme le “dies irae”. Le messie
(Collor) a tenté de faire jouer en son faveur, la contradiction, presque fatale surtout dans une société déjà en
partie ruinée par les moyens de communication de masse, que le “dies irae” introduit souvent. (11)
Aux habitants du “Brésil archaïque”, de la région la
plus pauvre du Brésil, le Nordeste, Collor offre les promesses de jours meilleurs. Tout cela renvoie à la tradition introduite par les religieux à l’usage des nordestinos, qui doivent
attendre les miracles qui viennent du ciel, c’est Padre Cicero, Lampião et le moine Damião, un frère franscicain qui a
parcouru tout le Nordeste en disant la messe et annonçant
la fin du monde, l’arrivée de la “Bête d’Apocalypse”.
L’utilisation des symboles des mouvements messianiques du Nordeste brésilien, est un des emblèmes
de la campagne présidentielle du candidat Fernando
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Collor de Mello. Ces mythes d’hommes pacifiques ou
guerriers sont toujours liés à la vie rurale et nés dans
l’imaginaire de la culture rustique, comme l’a noté Maria
Isaura Pereira de Queiroz, dans son livre, O messianismo no Brasil e no Mundo(12). La primière manifestation
de ce caractère messianique à été la croyance dans le
retour du roi portugais D.Sebastião, venant sauver les
gens humbles des ténèbres.
Le candidat Fernando Collor de Mello va parcourir le
“Brésil archaïque” en utilisant les mythes fondanteurs de
l’imaginaire nordestin pour démontrer qu’il s’inscrit dans
la même fonction sociale que ces figures messianique:
restaurer les royaumes promis par un discours religieux
comme celui du Père Cícero, “O Padim Ciço”, du Juazeiro
(ville du Nordeste brésilien) leader charismatique du Sertão - dans l’État de Ceará - qui a exercé son influence sur
la région à la manière d’un saint de 1872 à 1934, tandis
qu’un autre mythe la figure du mâle, la force du guerrier
Lampião, sorte de “Robin de Bois” à la brésilienne, héros
du “Cangaço”, mouvement de bandes armées où se mêlent religiosité et assauts contre les grands propriètaires
de terres, dans une révolte contre la misère.
Selon Francisco de Oliveira (13) l’appel messianique
de Fernando Collor de Mello a servi aussi à bloquer, grâce
à l’utilisation du moine Damião, l’action des prêres catholiques liés à la Théologie de la Libération, mouvement de
l’église catholique de gauche en Amérique Latine, et pratiquant un travail d’éducation populaire et d’orientation
Autor
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- Wellington Pereira
politique contraire aux intérêts des latifundiaires et des
politiciens conservateurs de la region nordeste.
Cependant cette idée du “messianisme politique” de
Fernando Collor de Mello tel qu’il est annoncé par le magazine Veja, qui s’en sert comme d’un appel à l’incorporation des diverses tendances politiques dans la marche du
candidat échappe à des analyses plus complexes de ce qui
peut signifier une construction idéologique. Les interprétations du slogan de Collor de Mello: “Ne me laissez pas
seul”, dans le reportage oublient cet usage des symboles
qui appartiennent à la tradition mythique d’une région en
perpétuel désarroi économique.
La tribalisation implicite de la phrase de Fernando
Collor de Mello: “Ne me laissez pas seul”, ne représente
ni ne traduit la notion de religion comme “re-ligare” tant
discutée par Michel Maffesoli dans Le temps des Tribus,
parce que les procédures mythiques utilisées par Collor
de Mello n’ont pas pour but de s’attaquer à des situations
d’oppressions par un dialogue sur l’exercice de la liberté.
Le discours de Collor, à ce moment-là, représentait la préméditation politique, la tentative de séduction des gens
humbles du nordeste, par le biais de leurs propres signes.
Ainsi la mystique éloquente de Collor est-elle différente de
la proposition utilisée par Maffesoli pour expliquer l’idée
d’une réunion des tribus:
(...) D’ailleurs la mystique est d’une essence plus populaire qu’on ne croit, en tou cas son enracinement l’est
manifestement. En son sens étymologique elle renvoie
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à une logique d’union: ce qui unit les initiés entre eux;
forme paroxystique de la religion(re-ligare). (14)
Collor a essayé deux parcours dans la campagne
pour la présidence de la République du Brésil. Nous avons
présenté le premier en analysant une certaine trajectoire
messianique du candidat dans l’univers des “descamisados”, des pauvres du Nordeste brésilien. Fernando Collor
de Mello, ici, a utilisé la tradition messianique qui reposait
sur les mythes “nordestinos” empruntés soit à la littérature, soit aux cultes religieux. Mais pour parler au “Brésil
moderne”, le pays urbain, Collor se transforme en sa propre icone pendant sa campagne.
Pour l’ature Brésil, celui-ci de la modernité, Fernando Collor de Mello abandonne son appel messianique et
propose l’image d’un jeune élégant, comme dit Francisco
de Oliveira: “L’image d’un ‘yuppie’“ (15).
La méfiance du “Brésil moderne” à l’égard de la figure du “chevalier messianique”, ou même du politicien
“outsider” va déterminer l’attitude de Fernando Collor de
Mello: pour cette couche d’électeurs urbaines, Collor est
le prince, le souverain dans un monde où la raison prédomine. C’est pourquoi son combat contre la bourgeoisie a suscité des réactions favorables aussi bien chez les
personnalités de la politique, que chez les entrepreneurs,
comme le signale Francisco de Oliveira:
Dés le premier tour, en attaquant les thèmes les plus
chers à la bourgeoisie, articulé de manière metalinguis-
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Referências
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tique dans le combat contre les maharajahs, (Collor)
réussit à être la modernité en personnne. Et dans les
résultats du deuxième tour de la campagne, Collor, avec
28% des votes enant des couches les plus pauvres de la
société, a été transformé en candidat de la “caste dominante”. (16)
L’important c’est de voir comment Fernando Collor
de Mello, dans cette première phase de la campagne, utilise des symboles du “Brésil archaïque”, le monde rural, les
paysans, les imaginaires religieux ou même des combats
mythiques contre le pouvoir du gouvernement qui soutient
les grands propriétaires, en revanche quand il s’adresse
au “Brésil moderne”, celui de l’industrialisation, il utilise
des images urbaines, des synonymes de progrès, dans les
grandes villes comme São Paulo et Rio de Janeiro.
Le messianique politique de Fernando Collor de
Mello, dans sa tentative d’assembler des gens qui appartiennent à des mondes différenciés par la pauvreté et
l’analphabétisme, contrastant avec la “modernisation”
urbanistique des grandes villes du sud et du sud-est, a
créé une sorte de faux tribalisme dans le domaine de la
politique, parce que Collor de Mello à pretendu à une unification des masses en sa faveur, prenant pour guide son
image, capable de conduire les plus humbles au-delà des
temps d’hostilités sociales; et les plus riches au sommet
des stratégies de pouvoir.
Mais, pour mieux comprendre l’appel de Fernando Collor de Mello adressé à la masse bipolaire des élec-
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teurs: “Ne me laissez pas seul”, nous partegeons l’idée de
“l’immoralisme éthique” analysée par Maffesoli:
(...) Pour employer un langage qui m’est plus famillier,
et que j’ai précédemment théoriser à propos de ce que
j’ai appelé “l’immoralisme éthique”: quelles que soient la
situation et la qualification morale, qui sont, on le sait,
éphémères et localisées, le partage du sentiment est le
vrai ciment sociétal; il peut conduire au soulèvement politique, à la révolte ponctuelle, à la lutte pour le pain, à
la grèvre pour la solidarité; il peut également s’exprimer
dans la fête ou dans la banalité courante. Dans tous les
cas il constitue en ethos qui fait que, contre vents et
marées, au travers des carnages, et des génocides, le
peuple se maintient en tant que tel, et survit aux péripéties politiques (...). (17)
À partir de cette citation de Maffesoli, nous pouvons
démontrer que le magazine Veja n’opère pas une analyse
de conjoncture des paroles du candidat Fernando Collor
de Mello; en revanche le discours politique se confond
avec l’imaginaire religieux des plus humbles, dans un mélange de punition et de gloire, celle de la morale restaurée
par la punition de l’opresseur. Mais ce que Veja ne révèle
pas aux lecteurs, c’est l’origine du projet politique de Collor de Mello, qui s’inscrit dans un ordre bien précis si on se
réfère à une certaine notion moins relative du croisement
entre politique et religion:
(...) Pour être plus précis, on eut imaginer un pouvoir
en voie de mondialisation, bi ou tricéphale, se disputant
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- Wellington Pereira
en partageant les zones urbaines d’influence économico-symboliques, jouant à l’intimidation atomique, et,
en deçà ou à côté, une prolifération des groupements
d’intérêts divers, la création de baronnies spécifiques,
la multiplication de théories et d’idéologies opposées
les unes aux autres. D’un côté l’homogénéité, de l’autre
l’hétérogéneisation. Ou encore, pour reprendre une vieille
image: la dichotomie au plan universel d’un “pays légal”
et d’un “pays réel”. Cette perspective est actuellement
déniée par la majorité des politistes ou des observateurs sociaux, en particulier parce que cela contrevient
à leurs schèmas d’analyse issus des pensées positivistes
ou dialectiques du siècle dernier. Mais si l’on est à même
d’interpréter des indicesn (index: le doigt qui ponte) tels
que les massif désengagement politique ou syndical,
l’attirance de plus en plus affirmée pour le présent, le fait
de considérer le jeu politicien pour ce qu’il est: activité
théâtrale ou de variétés de plus ou moins grand intérêt,
l’investissement dans de nouvelles aventures économiques, intellectuels, spirituelles ou existentielles, tou cela
devrait nous inciter à penser que la société qui est en
train de naître ne doit rien aux vieux monde( qui est encore le nôtre) politico-social. (18)
L’analyse de Michel Maffesoli, malgré la taille de la
citation, nous aide à penser le sens du discours de Fernando Collor de Mello, caché dans la “transparence” de
l’objectivité journalistique. La première chose à opérer
dans une analyse du “Ne me laissez pas seul” prononcé par Collor de Mello au début de la campagne pour
la présidence de la République du Brésil, c’est la tentative de réunification des maginaires sociaux, que l’on va
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réaliser en pronoçant des discours adéquats à chaque
structure sócioéconomique: pour le sud, développer des
propositions de nouvelles aventures économiques; pour
le nordeste sousdéveloppé, la réunion spirituelle fondéé
sur l’invocation des symboles catholiques traditionnels,
comme le moine Damião, ou même la punition des oppresseurs du peuple, des latifundiaires, et l’invocation de
la virilité des “nordestinos comme Lampião”, le fameux
héros “cangaceiro”. (19)
Dans un vrai jeu de politicien, Fernando Collor de
Mello a essayé de lier les Brésis antagoniques, l’archaïque
et le moderne, avec l’intention de réaliser politiquement
sont projet. Et dans ses récits, Veja ne fait que reproduire
le discours du candidat, montrant son “cri séducteur” sans
donner aux lecteurs la possibilité de comprendre l’origine
politique et sociale de l’appel de Collor de Mello.
La duplicité du discours de Fernando Collor de Mello reproduit par Veja se situe à l’opposé de la notion de
“duplicité” dévellopée par Michel Maffesoli à partir de la
pensée de Nietzsche:
La duplicité est ce qui permet d’exister, souvenons-nous de cet aphorisme de Nietzsche: “Tou ce qui est
profond aime le masque... tou esprit profond a besoin
d’un masque. Je dirai plus encore: autour de tout esprit
profond croît et s’épanouit sans cesse un masque”; Ce
propos ne s’applique pas seulement au génie solitaire, il
est tout aussi bien le fait du genius collectif. Et en rendre compte, c’est introduire en sociologie un vitalisme
ontologique. Ainsi sera la rouerie paysanne, la gouaille
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ouvrière, plus généralement la multiplicité des “système D”, touts choses qui sans trop savoir se verbaliser
manifestent une méfiance structurelle à l’encontre de ce
qui est institué tout en affirmant l’aspect irrépressible de
la vie. Mais comme il n’est pas possible d’exprimer ouvertement cette méfiance et ce vouloir-vivre, on utilise
la procédure “perverse” (per via -chemin détourné) de
l’acquiescement apparent. (20)
Pourtant le chemin detourné de Fernando Collor de
Mello ne se propose pas de cacher les sens profonds des
signes de la socialité, mais, par contre, il joue avec la possibilité de maîtriser les antagonismes sociaux; le “Brésil
moderne” contre le “Brésil archaïque”, pour dénoncer la
fragilité de l’État.
Le projet politique de Fernando Collor de Mello veut
offrir le futur aux misérables du Nordeste brésilien, en
utilisant des images propres à leur imaginaire, comme la
bénédiction du moine Damião ou la vaillance du “cangaceiro” Lampião. Son enjeu reste néanmoins la théâtralisation politique qui met en oeuvre la destruction de l’Etat
et la reconstruction d’une nouvelle société, à partir de son
modèle personnel de gouvernement, basée sur la politique-spectacle et la consommation.
Le programme de gouvernement
du Chasseur des Maharajahs
le titre “Lune de miel dans la campagne” (le 14 juin 1989)
démontre que le candidat Fernando Collor de Mello est bien
accepté par les électeurs divers, par les entrepreneurs et
les militants des partis de gauche. Ce reportage représente
un élément de promotion du candidat Collor de Mello, juste
à 5 mois de l’élection. Mais l’objet du récit demeure la diffusion du programme de gouvernement Collor. Et au-dessous
du titre, figure une photo de Fernando Collor de Mello dans
une cabine téléphonique regardant sa montre, manifestant
sa préoccupation vis- à- vis du temps.
Dans la “lune de miel” entre Fernando Collor de Mello et ses électeurs, comme Veja persiste à le démontrer,
le discours du candidat donne une projection de son programme de gouvernement à partir de thèmes qui touchent
au sens de la démocratie. La parole de Collor de Mello va
ourdir chaque proposition:
Capital étranger: “J’ouvrirai le marché au capital externe”.
Grèves: “Lorsque je serait en charge, on proposera une
trève de six mois aux syndicats”. Inflation: “En dix-huit
mois, je promets de réduire l’inflation à l’indice mensuel
de 3%”. Militaires: “Je vais mettre fin au SNI (Le Service
Nationl d’Information, qui eut un grand pouvoir sous le
régime de la dictature militaire), et fondre les ministères
militaires dans un unique ministère, le Ministère de la Défense. J’augmenterai la solde des soldats et des officiers”.
Subsides: “Je mettrai fin aux subsides accordés aux proprietaires des usines de canne-à-sucre”. (21)
Après le parcours messianique du “Chasseur de
Maharajahs”, le magazine Veja publie un reportage, dont
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- Wellington Pereira
Dans certains points des discours de Fernando Collor de Mello publiés par Veja les lecteurs n’ont pas l’opportunité de réflechir aux signifiés de chaque mot-thématique exprimé dans le programme de gouvernement. En
premier cas, l’ouverture du marché brésilien au capital
étranger a été une des propositions visant à unifier des
pays d’Amérique du Sud dans une communauté financière, aujourd’hui nommée Mercosul, le marché commun
des pays sud-américains.
Dans le second cas, les rapports avec les syndicats, il
faut rappeler qu’ à ce moment-là, Fernando Collor de Mello
mène un combat contre la CUT (Central Unique des Ouvriers) qui a soutenu la campagne de Lula, le candidat à la
présidence du PT (Parti des Travailleurs). Les troisiéme et
quatriéme points du programme, l’inflation et le SNI, sont
traités par Collor de Mello en fonction de leurs rôles sous
le gouvernement militaire, qui a beaucoup utilisé le service
d’information pour torturer et intimider les gens de gauche,
contraires au régime. Mais en même temps, on revalorise
les soldes des soldats et des officiers des armées. Cela
constitue l’antithèse de la politique du président José Sarney, et du projet de la Nouvelle République, qui a renvoyé
les militaires à la caserne, et mis fin au rôle qu’ils s’étaient
octroyés sur la scène politique brésilienne.
Nous pouvons constater deux absences dans l’analyse que fait Veja du programme de gouvernement proposé par le candidat Fernando Collor de Mello. La première
est la question du contrat établi par Collor de Mello alors
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qu›il était gourverneur de l’Etat d’Alagoas avec les producteurs de canne-à-sucre. A ce sujet nous avons consulté le
livre du frère de l’ex-président Fernando Collor de Mello,
Pedro Collor, dans lequel se trouvent des explications sur
l’affaire de la propriété des usines de canne-à-sucre:
La même disparité entre le discours et l’action a été appliquée dans l’affaire des propriétaires d’usine. Ils ont
contracté une dette de 220 à 240 millions de dollars avec
la banque de l’Etat d’Alagoas dès 1982. À cette époquelà, la Banque du Brésil avait suspendu le financement de
la production de cane-à-sucre, et le gouverneur précédent Teobaldo Barbosa avait autorisé la banque de l’Etat
d’Alagoas-Produban- a contracter des emprunts auprés
d’institutions financières étrangères et à repasser les
dettes aux producteurs. Le temps s’est écoulé et les producteurs n’ont pas payé. C’est pourquoi Fernando Collor
de Mello dans les campagnes pour le gouvernement de
l’Etat d’Alagoas, menace de prendre les terres de ceux
qui ne paieraient pas et de faire la réforme agraire
dans l’Etat d’Alagoas: “Je vais percevoir centimes par
centimes”, disait Fernando Collor de Mello. Les offensives en public, toutefois ont été transformée, aprés les
élections- par le gouvernement d’Alagoas- en accords
particuliers. Sous la direction de PC Fariasb (le fameux trésorier de la campagne de Fernando Collor à la
présidence du Brésil), plusieurs accords ont été réalisés.
Tous dommageables aux contribuables. Pendant le gouvernement Sarney, la banque de l’Etat d’Alagoas était
placée sous la responsabilité fédérale lorsque les producteurs réussirent à réduire les dettes à 60 millions de
dollars. Et même avec cette réduction substantielle, la
coopérative des producteurs de sucre d’Alagoas ne fait
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pas honneur à tous ses engagements.Une fois encore,
Fernando Collor de Mello resserre ses liens avec les producteurs de canne-à-sucre. Dans la deuxième année du
gouvernement, les producteurs introduisent une action
en Justice en demandant une compensation des impôts
sur la circulation des marchandises-ICM- payés sur la
canne-à-sucre(produite dans les usine et qui, pourtant,
d’après leur argumentation ne circulait pas) il y a cinq
années. Le valeur de cette remise approdrait les 160 millions de dollars. (22)
Des accords entre Fernando Collor de Mello, alors
gouverneur de l’État d’Alagoas, et les usiniers dénoncés
plus tard par son Frère Pedro Collor de Mello demontrèrent les contradictions politiques du politicien Fernando
Collor. Or, Veja a diffusé le programme du candidat comme si chaque mot avait un signifié isolé du contexte politique. Le magazine n’utilise pas un principe de base du
journalisme: l’interprétation des faits.
Fernando Collor de Mello essaye un discours critique par rapport au gouvernement Sarney (1985-1990) en
s’attaquant à la politique de subsides favorables aux producteurs de cane-à-sucre qui ont été plus favorisés dans la
période où il était gouverneur de l’État d’Alagoas. Et Veja a
reproduit un discours du candidat et emprunté ses analyses.
Dans le même reportage du 14 juin, Veja admet
qu’il y a un grand nombre d’électeurs indécis, mais pour la
candidature de Fernando Collor de Mello le magazine considère qu’elle marche bien, et ne souffre pas des menaces
des autres candidats, il va jusqu’ à affirmer:
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Dans les grandes villes du pays le nombre des électeurs
qui appliquent des adhésifs du candidat Fernando Collor
de Mello sur leurs voitures n›arrête pas de grandir. (23)
D’une manière exprès, Veja a confondu les stratégies de marketing du candidat Fernando Collor de Mello
avec sa ligne éditoriale dans la section Brésil- champs de
notre analyse- si bien qu’il en arrive à présenter aux lecteurs les faits sociaux comme une caricature de la réalité,
alors que, suivant le principe d’édition journalistique, il
devait effectuer une interprétation des faits en donnant
aux lecteurs la possibilité de comprendre des événements
sous une forme plurielle, que ce soit du point de vue esthétique, ou que ce soit du point de vue politique.
Le magazine Veja n’a pas procédé à une analyse de
la manière dont le candidat Fernando Collor de Mello utilise des thématiques sociales qui se trouvaient déjà dans
les critique précédentes faites au gouvernement Sarney et,
qui de toute façon représentent des héritages de la dictature, comme exemple, le problème des soldes des militaires,
en particulier des soldats et des officiers subalternes, ce
qui représentait un motif d’insatisfaction récurrent depuis
l’instalation de la République Brésilienne qui s’appuyait sur
une armée influencié par le positivisme d’Auguste Comte.
En vérité, Fernando Collor de Mello introduit un débat politique à partir de thèmes qui sont très liés au maintien de la classe dominante au Brésil: les latifundia, et le
pouvoir électoral dans les regions les plus pauvres, comme le Nordeste brésilien.
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En ce qui concerne le processus de diffusion du
programme du candidat Fernando Collor de Mello par
Veja, nous pouvons citer na réflexion de Jean Charron
sur les caractéristiques du discours produit par le journalisme politique:
La nécessité du “mensonge” tient ensuite aux stratégies
politiques. Du point de vue du journalisme, le discours
politique est nécessairement “mensonger” parce qu’il est
toujours intéressé, parce qu’il vise à jouer sur les perceptions, à persuader, à vaincre un ou des adversaires
politiques et parce qu’il procède par sélection, dissimulation, camouflage. (24)
Il est intéressant de signaler la capacité du journalisme à occulter une certaine réalité pour dire le monde à
partir d’une logique descriptique, dans laquelle nommer
chaque élément du discours des acteurs sociaux peut, parfois, devenir plus important que l’assemblage des formes
discursives, qu’elles soient celles de la politique, ou de la
publicité, ou même celles des récits de la vie quotidienne,
élaborés à partir du contexte où s’inscrivent les actions
des individus. C’est pourquoi nous trouvons une sorte de
camouflage, selon des observations de Jean Charron dans
les stratégies du discours journalistique, par rapport à la
politique; le fait que le magazine Veja ne présente pas
d’interprétation du discours de Fernando Collor de Mello,
quand il se réfère à l’interrupption des subventions aux
producteurs de canne-à-sucre, cachant la vraie face des
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négociations entre les partis politiques et la société coopérative de propriétaires des usines, révélée par son frère
Pedro Collor de Mello, dans la citation antérieure.
Veja présente une vision de la campagne du candidat Fernando Collor de Mello hors du contexte socio-politique, comme si l’important était, simplement, de diffuser
le programme d’un futur gouvernement Collor sans ajouter d’observations capables de provoquer une réflexion sur
ce que, à ce moment-là, représente Collor de Mello dans
la scène politique brésilienne. Mais le plus grave c’est la
persistance avec laquelle Veja cherche à démontrer qu› il
y a un consensus autour de nom de Fernando Collor pour
la course à la présidence du Brésil.
Les stratégies du consensus politique
Dans le même reportage du 14 juin 1989, Veja fait
des allusions au fait que la candidature de Fernando Collor
de Mello a trouvé un appui dans les différentes couches
sociales. Même des politciens d’opposition comme Tasso
Jereissati, à l’époque gouverneur de l’Etat de Ceará, donne
son appui à Collor. En même temps il déclare que la candidature de Collor de Mello est au-dessus des intérêts personnels des entrepreneurs brésiliens, suivons la citation:
La semaine prochaine, Collor devra recevoir une nouvelle manifestation de soutien des entrepreneurs, cette fois à travers la Convergence Démocratique, dont
le dirigeant est l’ex-président de la Petrobras (la Com-
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pagnie d’exloitation de Petrole brésilienne), Ozires Silva. L’avantage de Fernando Collor de Mello est qu’il n’a
pas besoin d’aide. Ce sont les entrepreneurs qui veulent
adhérer mais Collor reste bien claire dans ses entretiens
avec eux. Au cours du rendez-vous à Rio de Janeiro,
par exemple, un des participants eut l’idée d’observer
que pour receveoir leur appui l’ex-gouverneur de l’Etat
d’Alagoas explicitait mieux son programme de gouvernement. Collor laisse parler son interlecuteur et dit: “Si
veut monsieur veut me soutenir, merci, mais je suis
arrivé jusqu’ ici sans votre aide, et je ne prétends pas
demander l’approbation des entrepreneurs pour quoi
que ce soit. (25)
Veja continue le reportage en analysant las posture
de Fernando Collor de Mello devant ses soutiens en déclarant que le candidat doit refuser certaines alliances pendant la campagne, alors qu’il se félicitant de l’appui des
militaires l’essaye de corriger des dérapages verbaux.
Veja, plus d’une fois, pratique le paradoxe par rapport à l’image du candidat Fernando Collor de Mello: tout
d’abord il tente de placer le candidat au-dessus du politique, comme un politicien supérieur aux autres politiciens, et même représentant un nouvel “ordre politique”
en opposition à celui du gouvernement Sarney. Cette premisse ne respecte pas le principe editorial d’une présentation des faits sociaux basée sur l’analyse et la critique des
faits. Cependand, la procédure de Veja est contraire, le
magazine diffuse des propositions de Collor de Mello sans
aucune analyse, créant une conviction fausse; que Col-
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lor peut réfuter la participation d’autres partis politiques,
c’est le premier paradoxe dans la construction du quotidien du candidat Fernando Collor.
Le deuxième paradoxe se définit à partir de la préoccupation du magazine concernant les militaires, symbole, toujours, de la faiblesse démocratique brésilienne,
où l’idée de la menace du pouvoir militaire est toujours
utilisée par la classe dominante pour freiner la croissance
des mouvements de gauche.
Comme antidote contre les manaces de la gauche,
la corruption des anciens politiciens brésiliens bien représentés par José Sarney, dans la vision du magazine, et les
“maharajahs”, fonctionaires publics privilegiés par rapport
aux salaires, Veja présente Fernando Collor de Mello, qui
est au-dessus du modèle tradionnel de l’action politique. À
partir de cette assertion, le magazine crée un consensus autour du nom de Collor de Mello, démontrant qu’il représente
mieux la perspective de modernisation de l’État brésilien.
De cette manière, l’enthousiasme de Veja pour la
candidature de Fernando Collor de Mello à la présidence du Brésil n’est pas nouveau, comme bien le démontre
Emiliano José:
Le magazine Veja qui, plus tard, se fera connaître comme le détonateur de la procédure d’impeachment engagée contre Collor, peut être puis paradoxalement pendant la campagne comme référence de la presse écrite
militante favorable au candidat Fernando Collor de Mello.
Deux avants des élections, Veja (12/8/87) commence
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la campagne en première de ouverture: “La plaie des
maharajahs”. Dans les pages intérieures Collor apparaît,
bientôt: “Le cas des maharajahs s’est déjà transformé
en une tragédie nationale”, affirme le gouverner Fernando Collor de Mello, de l’Etat d’Alagoas. On commence à
ce moment-là à lier le nom de Collor au combat contre la
plaie des maharajahs. (26)
Veja poursuit alors une sorte de “création” façonnant
une image positive du candidat Fernando Collor de Mello
sans se préoccuper d’analyser les orgines du discours politique qui sert d’emblème à la candidature de Collor de
Mello à la présidence de la République du Brésil. D’une
certaine manière, cette “tactique” linguistique du magazine représente bien les manoeuvres du discours politique
dans la presse d’information, discours dont la caractéristique principale est de déguiser la réalité au moyen de
faits linguistiques isolés du contexte social. C’est pourquoi
Veja, dans un reportage du 21 juin 1989, considére déjà
Fernando Collor comme le président élu:
Sur deux fronts différents, la semaine dernière, Collor
a pu tester la force actuelle de sa candidature. Mardi, Collor a été reçu pour un déjeuner à l’ambassade
d’Argentine, à Brasília. Comme on s’y anttendait en présence de 21 ambassadeurs latins, Collor a prononcé un
discours de président élu. Il a défendu l’intégration latino-américains et en a profité pour ajuster des détails de
son voyage à Cuba, prévu pour le deuxième semestre,
avec l’ambassader cubain Jorge Balans qui lui a promis
une boîte de cigarres Cohiba et un rendez-vous person-
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nel avec Fidel Castro; la nouveauté de la rencontre, toutefois, a résidé dans les hommages des amphitryons qui
ont reservé à Collor un traitement cérémonieux, comme
pour un audience avec un futur président. (27)
Le magazine Veja a l’intention de présenter Fernando
Collor de Mello comme un politicien qui peut transiter par le
monde de la politique sans être empêché par des differences ideologiques de concrétiser ses objectifs. C’est pourquoi
Veja voit en Collor de Mello le symbole de l’unification de
l’Amérique Latine, rôle induit par le discours prononcé, qui
semble celui d’un président déjà élu. Mais le vrai problème
c’est que le discours journalistique cache les contraditions
inhérentes aux réalités politiques en Amérique latine, tout
en y faisant figurer des idées unificatrices comme la création du Mercosul, marché commum Sud-américain, et la
lutte de Cuba contre l’embargo nord-américain.
Fernando Collor de Mello semble, selon les récits de
Veja, avoir la capacité de maîtriser les différences sociales
et même politiques en Amérique Latine. Et pour sa démonstration le magazine utilise deux symboles de la politique, telle qu’elle se pratique dans la société post-moderne: tout d’abord le jeu de l’information médiatisée, et
en second lieu les régles de production de la marchandise.
C’est ainsi que la référence aux cigarres cubains s’inscrit
dans les récits de Veja qui soulignent la perfomance politique de Collor, comme une griffe, un label de société.
La présentation de Fernando Collor de Mello comme
un projet permettant l’intégration des imaginaires sociaux
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et politiques de l’ensemble Sud-américain paraît incompatible avec la vision d’un Brésil qui ne partage pas toutes
les particularités linguistiques, culturelles et sociales des
autres pays d’Amérique du Sud.
Le simple fait que le Brésil soit l’unique nation à parler Portugais dans ce continent montre déjà les difficultés
avec lesquelles les propositions politiques d’un candidat à
la Présidence de la République du Brésil, pouvont se faire
comprendre par les politiciens de l’amérique Hispanophone.
Le “nomadisme politique”
au service des idées de Collor
En ce qui concerne la démarche du Candidat Fernando Collor de Mello Veja à créé une réalité informationnelle
basée sur deux sujets: les déplacements de Collor de Mello et ses discours qui ne sont pas en phase avec la réalité
sociale. Mais, dans une tentative pour unifier des images
et des actions politiques étrangères au projet politique
de Collor, le magazine le présente comme un candidat
capable de maîtriser deux exercicespolitiques difficiles:
1) le politicien-unificateur; 2) le politicien-viator.
Comme politicien-unificateur, Fernando Collor de
Mello apparaît, dans les récits de Veja, comme au-dessus
des schèmes politiques, transcendant les conflits idéologiques entre les partis, cherchant à prouver aux électeurs
que la politique est un champ d’actions personnelles; ainsi il est capable, pour cette raison de conjuguer les dif-
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férences pour régler les difficultés sociales de son pays,
parce que, tous les politiciens, même ceux de l’opposition
comprennent sa mission.
Le rôle du politicien-viator est joué par Fernando
Collor de Mello comme la performance qui va symboliser,
plus tard, à toute occasion, son exercice de la Présidence
de la République du Brésil. Dans ce domaine, Collor de
Mello utilise des techniques de la publicité et du marketing politique pour transformer la politique en un sorte de
“nomadisme” servi à la carte par les médias.
L’idée d’un “nomadisme politique” bien ancrée dans
le parcours des politiciens dans les médias est contraire
à la présentation des origenes du nomadisme et des vagabondages initiatiques bien exposée par Michel Maffesoli,
dans son livre Du Nomadisme-vagabondages initiatiques
(28). Mais nous pouvons découvrir dans les récits de Veja
pendant la période de la campagne, que Collor de Mello a
joué un rôle de protagoniste dans une sorte de nomadisme
inverse à celui qui a pour résultat la fondation de nouvelles
communnautés et la circulation des marchandises.
Le magazine Veja cherche à séduire les lecteurs en
montrant les aventures du politicien-viator dans sa capacité à maîtriser les divers espaces sociaux. C’est pourquoi
Fernando Collor de Mello circule dans l’imaginaire politique d’Amérique Latine sans en être empêché par la méfiance, ou par un analyse des ses actes. Veja n’explique
pas les significations des barrières que le viator doit faire
tomber pour construire les principes de la démocratie.
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Fernando Collor de Mello, le politicien-viator se
glisse dans les récits de Veja comme l’homme capable de
restaurer l’éthique perdue dans le monde de la politique
brésilienne et d’offrir aux lecteurs la certitude d’un futur
débarrassé du fardeau de la corruption et du manque
de citoynneté, qui les aidera à survivre au pièges de la
compléxité de la vie quotidienne au Brésil: en particulier la fosse existant entre l’administration des services
publics et l’assistance aux citoyens, en ce qui concerne
l’éducation, la santé publique, d’une part, la reconnaissance des politiques culturelles créées en dehors du contrôle de l’État, d’autre part.
Dans sa recherche d’un consensus autour du candidat Fernando Collor de Mello, Veja met en circulation
un personnage politique, mais en même temps crée par
rapport aux lecteurs des attitudes qui faussent le caractère de “nomadisme politique” adopté par Collor de Mello,
parce que le magazine ne pratique pas le déblocage des
“réalités informationnelles”, un exercice commum à la tradition nomade, dont le principe est la circulation des informations pour élargir les frontières et créer de nouveaux
espaces de convivialité.
La représentation de la circulation politique du candidat Fernando Collor de Mello présentée par Veja aux
lecteurs présente une conception du “nomadisme politique” contraire aux rapports entre la politique, dans la
société post-moderne et les mouvements sociaux basées
sur les idées de circulation, comme le Mouvement des
Capa
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Sans Terre qui traverse les frontières agricoles du Brésil
pour réclamer la Réforme Agraire. En revanche, le magazine Veja n’introduit pas l’errance de Collor de Mello
de manière dialectique. Il n’y a pas dans le parcours de
Collor qu’un sens unique dans l’interprétation des faits
sociaux divers et complexes que Collor de Mello a pu vérifier dans son parcours de campagne. Ce qui signifie que
Veja n’applique pas une des règles propres au discours
politique, qui toujours se méfie des pensées errantes,
comme le signale Michel Maffesoli:
On peut dire que le propre même du politique, dans son
souci de gestion et de productivité est de se méfier de
ce qui est errant, de ce qui échappe au regard (...). (29)
L’ errance politique de Fernando Collor de Mello
n’est pas un “mouvement circulaire” qui serait une amplification du discours démocratique, il ne représente pas
un rapprochement fédérateur, pra référence même à la
conception du Brésil comme République Fédérale, parce
qu’il n’y pas d’agrégation sociale dans les récits politiques
présentés par Veja étant donné qu’on attribue précisément au candidat Collor de Mello la capacite d’unifier les
différences idéologiques et sociales du candidat Fernando
Collor de Mello. C’est pourquoi le “nomadisme politique”
que le magazine Veja emprunte aux périples de Collor
autour de l’imaginaire d’Amérique Latine est faux du point
de vue anthropologique, parce que l’accent est mis sur la
persuasion et la conquête des électeurs sans que soit déAutor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
montrée l’origine du discours du candidat et sans que la
parole des opposants soit évoquée.
Le “nomadisme politique”, qui ne peut pas se
confrondre avec l’idée d’errance associée à la liberte héritée du moyen âge, a comme principe d’orienter la logique
des récits dans un sens contraire aux faits sociaux et,
avant tous de prêcher un droit à la citoyenneté qui s’incarnnerait surtout dans l’exigence de sécurité de citoyens
et soumis cette contradiction entre les nomades et la
conception de l’État moderne on retrouve chez Maffesoli:
Le nomadisme est totalement antithétique à la forme de
l’Etat moderne. Et celui-ci s’emploie, avec constance, à
supprimer ce qu’il considère comme une survivance d’un
mode archaïque. En fixant l’on peut dominer. Il s’agit là
d’une bonne illustration de ce “fantasme” de l’un”, qui
est le propre de la violence totalitaire moderne. (30)
L’antinomadisme de Fernando Collor de Mello dans
le récits de Veja est démontré par la manière dont Veja
éloigne le discours politique des différentes réalités sociales pour donner une impulsion à la candidature de Collor
de Mello, incarnant aussi l’idée au point de départ d’unité
de l’État et de servitude des individus. Mais comment le
mettre en pratique sans donner aux lecteurs la possibilité d’identifier les contradictions présentes au sein de la
politique, ou même encore de s’adonner à un exercice
critique par rapport aux diverses formes d’élaboration des
pouvoirs publics en Amérique latine.
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Le politicien-viator, Fernando Collor de Mello, tel
qu’il à été créé par Veja place la persuasion avant la circulation des ses idées politiques, parce que le magazine
présente Collor de Mello comme l’unique politique, voie
totalitaire des possibilités des la réussite sociale, alors que
l’enjeu démocratique est précisement toujours le contraire à savoir: la lutte contre le “fantasme de l’un”, fanstame
lié à la violence de la rhétorique politique; et même du
totalitarisme moderne.
Aprés avoir essayé de convaincre ses lecteurs de la
double puissance du candidat Fernando Collor de Mello,
soit comme politicien-unificateur, soit comme politicien-viator, le magazine Veja cherche à capturer des électeurs
en leur donnant un “avant-gôut” des caractéristiques des
électeurs de Fernando Collor:
Il est déjà possible d’avoir une idée des caracteristiques
de ceux qui votent pour Collor, le 15 mai, qui sont-ils,
et comment vivent ces brésiliens? Dans leur majorité, ce
sont des électeurs désillusionnés du PMDB (Parti do Mouvement Démocratique Brésilien), du PFL (Parti du Front
Libéral) et même du PT (Parti des Travailleurs). (31)
Dans les propositions de Veja éclate la possibilié
d’une compréhension de la politique brésilienne, des places occupées par chaque parti dans le champ des idéologies, et même y ne figure pas la rénovation de la scène
sociale à partir dans certain “nomadisme politique” utilisé par le magazine pour faire circuler les idées du candidat Fernando Collor de Mello.
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- Wellington Pereira
Veja veut démontrer que le modèle d’électeur qui
soutien Fernando Collor de Mello s’inscrit dans les deux
aachétypes qui représentent les méfiances sociales par
rapport au rôle de l’État: 1) la méfiance dans la société
moderne et sa solidarité mécanique; 2) le sentiment de
perte des idéaux communautaires qui toujours défavorisent le présent par rapport à une promesse future, dont
le projet est toujours inachevé.
La méfiance à l’égard du projet moderniste peut s’incarner dans une critique qui s’inquiète de l’abandon des
héritages ontologiques que les civilisations anciennes ont
laissés à l’homme. Même dans l’imaginaire vaporeux de la
société postmoderne, dans laquelle les idéologies sont occultées par la vitesse du monde urbain, il est possible de
penser que les formes d’organisation politique obéissent
à des principes minimum d’organisation complexe, que ce
soit du point de vue esthétique, ou du point de vue qu’une
prise de conscience du déploiement de la libido.Cette vision qui confronte les tenants des théories les plus pessimistes a, parfois, un sens didactique, lorsqu’ elle établir
les diverses manières de voir le monde à partir des exercices polysémiques de réécriture de ce moment-là.
Dans ce cas, nous pouvons rejoindre Michel Maffesoli et son concept de l’ “être-ensemble”(32). Mais du
côté journalistique, cet être-ensemble anthropologique
est très difficile à expliquer, parce que toute charge du
langage informatif est marquée par la polarisation entre la
conception de la production de marchandise et l’utilisation
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des forces de travail, sans qui soit faite, évidemment, la
critique de l’aliénation, et du fétiche de la marchandise.
La méfiance à l’égard de l’orientation rationnelle
de la société moderne autour du progrès peut être pensé comme positive, dans l’univers du langage journalistique, du moment que des possibilités sont données au
lecteur pour qu’il soit capable de s’apercevoir qui l’interprétation du monde est la meilleure quand nous utilisons
des méthodes de lecture qui valorisent des catégories très
proches de l’être humain, comme: l’affectif, l’émotionnel.
Cela confère un caractère pluriel à la convivialité humaine
et fait bouger la masse, lorsque des menaces sont à la
porte des démocraties.
En dépit de toutes ces assertions, le journalisme fait
la critique de la raison moderne, mais en employant un
“nihilisme langagier”, dans lequel le présent vaut moins
que le futur antérieur; c’est la raison pour laquelle évoquer les mouvements sociaux à partir de la polarisation
mode de production-force de travail est un confortable
exercice de substitution des individus par les paroles, mais
qui omet de considérer que les hommes peuvent accélérer
ou retarder la transformation des paradigmes sociaux non
seulement à travers des habitudes langagières, ce qui intérésse particulièrement le journalisme, mais en jouant la
complexité de la psychologie de la vie quotidienne, pour
le pire ou pour le meilleur.
D’ailleurs, pour expliquer le côté positif de cette critique du rationnalisme de la société moderne, à partir de
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- Wellington Pereira
l’idée du l’ “être-emsenble antropologique”, et pour démontrer qu’ il existe bien, dans le monde post-moderne,
une sorte de tribalisation, dont le projet le plus clair est la
valorisation “écologique” , vue dans un sens strictement
humain, nous recourons à Michel Maffesoli:
pas montrés les parcours effectués par les divers groupes
sociaux pour échapper à la violence totalitaire. Le médias prêchent toujours une sorte d’illogisme esthéticopolitique, dans lequel prédomine l’éloignement de toute
reférence sociale, de la volonté d’ “être-ensemble”, come
le signale Michel Maffesoli, dans Le Temps des Tribus.
À mon avis, après une modernité marquée par l’isolement, ou le contrat individualiste, on assiste à un réveil
de l’esthétique, dans le sens que j’ai donné à ce terme.
Dans tous les domaines il ya une reherche de la tactilité,
jusque et y compromis dans l’industrie, avec la constitution de petites unités de production (modèle japonais),
ou dans la consommation (produits pour des publics très
ciblés), sans oublier la communication (le développement technologique favorisant les petites tribus informationnelles. Dans tous le cas on retrouve la “connextié
tactile” que les historiens de l’art appliquent au baroque.
Mais ce “connexionisme” qui est accéléré par les technologies de l’information, et par le développement de
l’informatique, se retrouve également en politique: la
constitution de petites; en religion: les formes mineures
du sacré (sectes); dans l’ordre de la pensée: la république des lettres, l’universitas, remplacée par la profusion des chapelles intelectuels. En chacun de ces cas, ce
n’est plus le contrat rationnel qui prédomine, mais bien
l’attraction, l’esthétique émotionnelles. (33)
Comme la majorité des médias brésiliens, Veja fait
le choix dans le champ des analyses politique de conforter la vision tragico-apocalyptique en invertissant dans la
mort des dieux tradiotionnels liés aux cultes des tribus
brésiliennes, du monde urbain ou rural, qui portent la trace des liens anthropologiques, comme le Candomblé, la
“Capoeira”, pour propulser des divinités médiatiques, les
commédiens des télénovelas, les idoles du Football, les
personalités du Show business. Ainsi, nous pouvons considérer ces affirmations de Gilles Lipovestsky, comme une
des tendances de la société postmoderne:
La deuxième caractéristique du sentiment de méfiance
concernant le rôle social et politique de l’État à l’égard
des citoyens au Brésil sera parfois un caractère negativiste, dont l’objectif est de démonter la complicité des
gouvernements avec la corruption, avec la violence urbaine, mais dans un simple sens de dénotation; ne sont
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Après l’agitation politique et culturelle des années
soixante, qui pouvait encore apparaître comme un investissement de masse de la chose publique, c’est une
désaffection généraliste qui ostensiblement se déploie
dans le social, avec pour corollaire le reflux des intérêts
sur des préoccupations purement personneles et ce, indépendamment de la crise économique. La dépolitisation
et la désyndicalisation prennent des proportions jamais
atteintes, l’espérance révolutionnaire et la contestation
étudiante ont disparu, la contre-culture s’épuise rares
sont les causes encore capables de galvaniser à long
terme les énergies. La res publica est dévitalisée, les
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- Wellington Pereira
grandes questions “philosophiques”, économiques, politique ou militaires soulèvent à peut près la même curiosité désinvolte que n’importe quel fait divers, toutes les
“hauteurs” s’effondrent peu à peu, entraînées qu’elles
sont dans la vaste opération de neutralisation et de banalisation sociales. (34)
Le magazine Veja, en camouflant l’option éditoriale
du néolibéralisme présente une critique analogue à celle
de Lipovetsky qui camoufle les possibilités de résistance,
c’est pourquoi la critique de la société, ainsi centrée sur
le rôle des institutions, souligne seulement l’incapacité de
mobilité esthétique et politique des acteurs sociaux, inscrite dans les paradigmes de la postmodernité, comme l’a
démontré Lipovetsky, dans L’ère du vide. (35)
En revanche, à l’opposé des analyses de Veja se situe une sorte de critique universitaire des médias et de la
société de consommation qui, façonnée par la philosophie
marxiste est parfois reproduite, par le journalisme, empêchenat les lecteurs de comprendre les diverses formes
de luttes contre les tentatives de standardisation des comportements sociaux; nous reprenons ici Michel Maffesoli:
Pour reprendre une expression situationiste, plutôt que
de “lutter contre l’aliénation avec des moyens aliénés
(bureaucratie, partis,militance, report dejouissance), on
pratique la dérision, l’ironie, le rire, toutes choses qui
d’une manière souteraine contreviennent à la normalisation ou à la domestication qui est le fait de tous les
garants de l’Ordre voulu d’exterieur, et donc abstrait.
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Pour ce qui concerne nos sociétés cette domestication
des moeurs aboutit à ce que j’ai appelé “l’asepsie sociale” qui a pour conséquence la crise éthique ou la destructuration sociale que nous connaissons (...). (36)
Cette asepsie se traduit aussi par des appropriations
théoriques, comme l’exemple donné d’une inertie sociale,
sans mouvements de contestation, parce que l’individu
est toujours vu comme une proie du monde qu à été crée
par des pensées comme celle-ci démeurent à côté des
théories de Lipovetsky qui, parfois, sont employées de
façon totalitaire,dans un sens unique.
Mais, à partir des figures du langage, comme l’ironie,
bien soulignée par Michel Maffesoli dans la citation antérieure, nous pouvons percevoir que Veja fait la critique des institutions, en niant toutes possibilité de survie
en dehors du modèle politique proposé par le candidat
Fernando Collor de Mello. Aussi, le magazine instaure-t-il, une critique sociale, dont les fondements s’agencent
effectivement dans une critique de “l’ére du vide”, mais
qui pèche lorsqu’elle investit dans une “domestication-persuation” des électeurs partant du consensus autour
de Collor de Mello, au détriment des autres candidats.
Les stratégies de consensus autour du candidat Fernando Collor de Mello continuent à être représenté dans
les récits du magazine Veja. Dans un reportage publié
en 12/09/89, intitulé “Le joyeux retour”, les voyages du
politicien-aviator sont présentés comme une victoire, celle de la réussite de Collor de Mello dans ses contacts avec
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- Wellington Pereira
les politiciens européens, le magazine met encore l’accent
sur le style politique de Collor: luxe et rhétorique messianique. Le luxe sert à l’identifier aux leaders politiques
européens(voir le chapitreVII sur l’influence du luxe et de
la consommation dans le gouvernement Collor de Mello),
comme eu témoigné ce portrait esquissé par Veja:
Avec sa cravate française et ses chaussures italiennes,
Collor a apporté un nouveau refort à sa candidature (...).
(37)
Le périple du politicien-viator gagne une autre valeur quand le magazine Veja associe la capacité d’articulation politiques de Fernando Collor de Mello à son élegance
personelle. À partir de ces topiques: élegance, bonnes relations internationales; Veja en vient à décrire le succès
des rendez-vous de Collor de Mello avec les politiciens
d’Europe, principalement sa rencontre avec Margareth
Thatcher, à qui le magazine attribue le titre de “Reine du
Liberalisme”. (38)
Dans ce reportage, Veja commence a révéler sa
tendance à présenter le néolibéralisme comme le modèle
de la réussite économique pour le Brésil. C›est pourquoi
l›image de Fernando Collor de Mello, homme politique
capable de dialoguer avec les leaders européens, et
même arborant une élegance archetypale de la société
de consommation, donne aux lecteurs l’impression que
Collor est un politicien moderne, éloigné de la tradition
politique brésilienne.
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Lorsque Fernando Collor de Mello a rendu visite au
Pape, chef suprême de l’Église Catholique romaine, Veja
mis en avant le rendez-vous comme un point de plus dans
la campagne. En revanche, dans le même reportage, le
magazine ne fait qu’ une simple allusion à la visite du
candidat de gauche Leonel Brizola au Président français,
François Mitterand. Ce qui insinue que pour le lien entre
le Brésil, le grand pays catholique des amériques , visiter
le Pape signifie être proche de la couche des chrétiens
brésiliens dans leur majorité conservateurs.
La dichotomie entre le rendez-vous de Fernando
Collor de Mello avec le Pape et celui de Brizola, candidat
du PDT (Parti Démocratique Travailliste) à été utilisée par
Veja pour démontrer que Collor de Mello est très proche
de l’imaginaire judeo-chrétien qui sous-tend la tradition de
la politique brésilienne. C’est pourquoi une visite au président socialiste Miterrand est vue avec méfiance, parce
que à ce moment-là le socialisme n’est pas un exemple d’
“aggiornamento” pour la société brésilienne.
Les chaussettes du Cardinal
Fernando Collor de Mello
Dans ses liens avec l’église catholique brésilienne la plus conservatrice le candidat Fernando Collor de
Mello, de manière implicite, va révéler des accords qui
ont été marqués par le soutien de l’église au pouvoirs
des “colonels”, c’est-à-dire les grands latifundiaires qui
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Le
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- Wellington Pereira
vont obtenir ce titre grâce a ses faveurs, principalement
au Nordeste brésilien.
Dans son livre La trajectoire d’un farceur, Pedro Collor
de Mello, le frère de Fernando Collor, fait cette révelation:
Quand je suis né, en 1952, mon père était le gouverneur
de l’Etat d’Alagoas. Fernando mon frère avait trois ans
et voulait être cardinal. Il aimait la somptuosité, la croix
d’or sur le sein, l’écharppe rouge à la ceinture. Il jousait
une fixation sur les chaussettes rouges du carinal. (39)
Ce qui est important, c’est que le magazine Veja
cache la manière dont la politique brésilienne et l’église
catholique orientée plus à droite s’associer pour contrôler
la République brésilienne. Evidement, le désir de Fernando Collor de Mello de s’habiller comme un cardinal reflète
bien la liaison étroite entre les hiérarchies de l’État écclesiastique et la formation des hiérarchies politiques au
Brésil, mixte de messianisme catholique, d’heroïsme lié
au mythe de la terre, comme en témoigne du banditisme
errant, les “cangaceiros” et la force de parole du bachelier formés à l’école de Coimbra. Cet ensemble: le prêtre,
le “cangaceiros” et le bachelier sont les archétypes de la
société brésilienne esclavagiste, dont l’influence politique
est propotionelle à la taille des latifundia.
L’accent mis par le reportage de Veja sur la visite
du candidat Fernando Collor de Mello au Pape, à Rome,
démontre bien que les références à l’importance du catholicisme comme espace de conservation de l’imaginaire
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populaire brésilienne, principalement au Nordeste part
de l’idée que la politique appartient au même champ
d’articulations sociales et imaginaires, que les mouvements nomades et messianiques qui sont nés au Brésil de
la fracture sociale; la pauvreté et le manque de terre pour
apaiser la faim, et la foi se mêlent avec le sentiment qu’
un jour un “sauver du peuple” arrivera, que soit Jésus-Christ, ou les leaders messianiques comme Antonio Conselheiro, Padre Cícero ou Lampião.
Au cours de la campagne pour la Présidence de la
République du Brésil, Veja s’efforce de montrer le candidat
Fernando Collor de Mello comme le politicien-unificateur,
capable de convaincre les électeurs de suivre ses propositions qui représentent le chemin de la modernisation de
la société brésilienne et la réussite du combat contre la
corruption. Et pour développer cette premisse, Veja utilise
les déclarations de Delfin Netto, ancien ministre du gouvernement militaire, responsable du maquillage des chiffres de l’économie brésilienne, pendant la période connue
comme celle du “Miracle économique” (1969-1973):
Collor a réussi à s’ancrer dans l’opinion comme l’ami
du peuple, et l’ennemi de tou ce qu’ irrite l’électeur
aujourd’hui. (40)
Il est étrange que Veja ait eu plusieurs fois recours
aux affirmations de l’ex-ministre Delfin Netto pour identifier la trajectoire du candidat Fernando Collor de Mello,
parce que Delfin a éte responsable d’une des politiques
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- Wellington Pereira
économiques les plus désastreuses dans l’histoire de la
République brésilienne:
La politique économique de Delfim Netto a eu pour objectif faire crôitre les richesses pour ensuite les distribuer. L’accumulation des capitaux a éte privilégiée (...);
L’autre aspect négatif du “miracle” à été le décalage entre
l’avance économique et le retard , ou même l’abandon
des programmes sociaux par l’Etat. Le Brésil se sera
illustré dans le contexte mondial par les indicateurs très
bas de la santé, de l’education et du logement, mesures
de la qualité de vie du peuple. (41)
Comme nous l’avons affirmé, le soutine apporté à
l’image du candidat Fernando Collor de Mello par les propos de l’ex-ministre Delfin Netto est étrange, dans un moment où les pays cherche à effacer le passé autoritaire
des gouvernements militaires, principalement du point de
vue économique. Mais Delfim représente les ideaux du
néolibéralisme, avec des intérêts semblables à ceux de
l’orientation économique de Collor de Mello.
Veja persiste à présenter Delfim Netto comme un
des adversaires politiques de Fernando Collor de Mello,
mais sans expliquer aux lecteurs le contexte des propos
rapportés, le magazine profite pour mettre l’accent sur le
caractère positif de la candidature de Collor de Mello:
Le Brésil est un pays dans lequel le PIB stagne dès 1980,
avec une économie désorganisée et une inflation qui lorsqu’ elle reste au-dessous de 30% est fêtée par le Palace
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du Planalto (résidence officielle du Président du Brésil).
Tous les candidats promettent le retour à la prosperité,
mais, jusqu’ à présent, Collor est le seul qui ait réussi à
convaicre les électeurs qu’il est capable de faire en sorte que le Brésil se développe et connaisse de nouveaux
progrès. Enfin: d’après les chiffres des sondages, peu de
monde considère qu’il sera un Collor égal aux autres. (42)
Les accords politiques de Fernando Collor de Mello
Dans un reportage du 2 août 1989, intitulé “Les
constellations présidentielles”, le magazine Veja parle des
adhésions des entrepreneurs brésiliens et des gestes theâtraux dont font partie les dénonciations de corruption
rapportées au ministre de la Justice du moment, monsieur Oscar Dias Correa. En realité, le reportage dépeint
les actes de perfomance politique qui doivent illustrer le
quotidien du président Fernando Collor de Mello victorieux
est déjà préparée par Veja:
Collor a trouvé une constellation d’entrepreneurs qui contrôlent une partie du PIB de l’Etat de São Paulo (...). Le
dialogue s’est engagé comme si Collor était déjà élu. (43)
S’appuyant sur ces adhésions, Veja commence à
traiter Fernando Collor de Mello comme le président brésilien déjà élu. C’est pourquoi le magazine évoque aussi la
participation des propriétaires des moyens de communication à la campagne, principalement celle des représentants des chaînes de TV:
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Collor a écouté les paroles aimables des hommes
d’affaires qui disposent d’un investissements bien particulier: l’audience télé. Silvio Santos, le proprietaire du
Système Brésilien de TV(SBT), avec qui le candidat s’est
trouvé a São Paulo, lui a dit que l’élection était gagnée,
et ajouté: “J’en fais le pari, parce que je sais que vais
gagner une bonne somme d’argent. (44)
Dans le même reportage du 8 août 1989, Veja associe plusieurs propos venant d’entrepreneurs ou même
de personalités du monde artistique qui appuient la candidature de Fernando Collor de Mello. Parmi eux, Roberto
Marinho le PDG de la TV Globo, une chaîne de télé qui a
été marquée par sa positition favorable à la dictature au
regime militaire dans les années 60, accordant une interview au journal Folha de S. Paulo à annoncé Collor comme
le candidat des entrepreneurs:
“ Il est le plus proche de l’entreprise privée”, a-t-il
déclaré. (45)
Mais ce qui frappe les analystes des récits de Veja
à cette période-là, c’est l’insertion de “commentaires éditoriaux” de Veja qui induisent les électeurs à penser que
Fernando Collor de Mello est la meilleur alternative par la
présidence du Brésil:
Avant toutes choses, Collor est le politicien le plus préparé, aujourd’hui pour éloigner de l’esprit des entrepreneurs le grand cauchemar actuel de la politique brésilienne, le candidat du PDT Leonel Brizola”. (46)
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Le magazine Veja procède en éliminant toute possibilité pour les électeurs de comprendre les caractéristiques, ou le plan politique des autres candidats. Mais
l’insistance dans la fermeture du “foyer” de la narration
sur le nom de Fernando Collor de Mello se présente de
manière antidialectique, parce que la politique n’est pas
montrée comme un champ large des actions entreprisés
par plusiers acteurs sociaux; en revanche le magazine
présente Collor de Mello comme offrant la possibilité de
l’avènement d’un nouvel ordre social.
Dans la construction du consensus, Veja poursuit en démontrant les qualités politiques de Fernando
Collor de Mello en les opposant aux actes adminsitratifs
du président Sarney:
Dans le Palace du Planalto il y a des auxiliaires du président Sarney qui déjà envisagent la victoire de Collor
comme un fait accompli. (47)
Dans la conclusion du reportage “Les constellations
présidentielles”, en août 1989, Veja donne la parole à Fernando Collor de Mello qui souligne la menace que constituerait un deuxième tour lors de l’élection du président de
la République du Brésil:
Un deuxième tour des élections ne serait pas bon pour le
Brésil, car aurait lieu une cohabitation dangeureuse, une
vraie guerre. Une victoire au premier tour serait meilleure, donc nous ouvrirons les espaces nécessaires aux
accords du futur gouvernement. (48)
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Dans ces cas, Veja maintient l’image de Fernando
Collor de Mello comme le candidat idéal, sans faire aucune analyse, ni même aucune comparaison avec les perfomances des autres candidats. En revanche, le magazine
rend responsables les candidats de gauche de violence
verbale ou parfois, physique contre Collor de Mello, comme à l’occasion des événements de Nitéroi, ville de l’Etat
de Rio de Janeiro, où les partisans que Veja identifie comme des militants du PDT(Parti Démocratique des Travailleurs), dont le candidat à la présidence était Leonel Brizola. Suivons le récit de Veja:
Au mois d’avril 1982, lorsque Leonel Brizola était candidat au gouvernement de l’Etat de Rio de Janeiro, une
entité a surgi dans la célébre Place de la Cinélandia, à
côté de l’hôtel de Ville qui’est devenu fameuse dans le
Brésil tout entier, la Brizolândia. Selon ses propres statuts, son objectif est de développer une unique activité autour d’une unique personne, Leonel Brizola, pour
propager ses idées à partir de ce terrain ancré dans le
centre de la ville de Rio de Janeiro. Au cours des années,
la Brizolândia est devenue une sorte de club des fans
de Leonel Brizola, avec des réseaux dans plusieurs régions du pays et une croissante tendance à la querelle ou
même à la guerre de rues, avec l’organisation de gangs
d’attaque. (49)
Le reportage sur l’incident qui a opposé les partisans de Fernando Collor de Mello et les partisans de Leonel Brizola, comme le montre Veja, crée une image de la
campgne de Brizola, comme si, d’un côté, celui des “briCapa
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zolistas”, la politique était synonyme de barbarie; tandis
que, l’autre, celui des partisans de Collor, les “coloridos”,
la politique était interprétée comme la representation du
“monde moderne”, et de l’État démocratique. C’est pourquoi le magazine Veja va condamner l’attitude des “brizolistas”, et donne la parole à Collor de Mello:
L’action était désespérée, pour ceux qui n’ont ni les votes ni les idées. (50)
En oubliant un des principes de base du journalisme
d’information, confronter des opinions diverses pour donner aux lecteurs la possibilité de bien interpréter les faits,
Veja a construit les récits portant sur les incidents nitérois
à partir de la seule vision de Fernando Collor de Mello
ou de ses partisans. Et même quand il cite les paroles
d’autres candidats, c’est pour démontrer que les attitudes
des “brizolistas” sont anti-démocratiques:
Cette confusion a gâché la fête de la campagne”, a dit
le senateur Mario Covas. Après une longue période sans
élection présidentielle, nous ne pouvons pas faire de ce
moment, un moment de désordre”. (51)
Le magazine Veja poursuit ses critiques envers les
partisans de Brizola et n’hésite pas à s’appuyer sur des
opinions considérées comme divergentes dans la politique brésilienne pour fabriquer un consensus autour du
nom de Fernando Collor de Mello, le meilleur candidat à
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la présidence de la République du Brésil. Cette fois, Veja
emprunte la voix du député Francisco Dornelles, un politicien considéré de centre droite qui appartient au Parti du
Front Liberal (PFL) de Rio de Janeiro:
Ces faits sont au-dessous de la culture politique de l’Etat
de Rio de Janeiro. (52)
Dépassant les signifiés des faits historiques, Veja
fait des comparaisons entre la violence de la campagne
représentée par les incidents à Niterói et l’ordre social
établi par le président João Batista Figueredo (président
du Brésil dans la période 1979-1985) et dernier général à
avoir occupé la présidence du Brésil:
A trois mois des élections s’est produit à nitéroi la première effusion de sangue de la campagne présidentielle. Jamais une scène aussi violente n’était arrivée, pas
même quand le Palace du Planalto était occupe par un
générale à quatre étoiles et que beaucoup de monde se
rendaient sur la place publique, juste pour choisir sans
être gêné par personne. (53)
En dépit des comparaisons irrationnelles entre le
gouvernement de transition du général João Batista Figueredo et la protestation des citoyens contre le rôle
des médias et des entrepreneurs dans la construction de
l’image de Fernando Collor de Mello comme unique politicien capable de gouverner le Brésil, à partir d’un modèle
de modernisation dépendant des capitaux étrangers, Veja
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poursuit son méli-mélo conceptuel pour justifier la suprématie du candidat Collor de Mello au détriment des autres.
Le magazine banalise des concepts comme “mode
de production” et “formation sociale” qui sont très importants pour une compréhénsion de la sociologie dans un
point de vue marxiste. De même, Veja utilise l’expression
lumpen-proletariat, reprenant Fernando Collor de Mello, à
l’époque senateur représentant le PSDB (Parti Social Démocratique Brésilien), et actuellement Président du Brésil:
C’est un type de politique à laquelle il est nécessaire de
mettre fin, parce qu’elle est dangereuse pour à la démocratie affirme le senateur Fernando Henrique Cardoso
(PSDB) qui voi dans les actions des “escadrons” du candidat Leonel Brizola des signes appartenant à ce qui est
appelé “lumpen”, avec une tactique régulière de campagne. (54)
Le problème est que Veja utilise le concept de lumpen sans donner à ses lecteurs de la définition précise d’un
des mot-clés de la Sociologie marxiste, de plus il le fait de
manière dépreciative, car lumpen-prolétariat dans le sens
adopté par Veja est synonyme de gang, marginaux, ce qui
diffère de la conception sociologique de lumpen proposée
par Noberto Bobbio:
En premier lieu, tandis que la figure de l’ouvrier apparaît
associé au travail dans l’usine, le prolétariat peut aussi
avoir des rapports avec d’autres secteurs de la production; en deuxième lieu, le terme proletariat est plus exl-
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plicite et fréquemment attaché à l’action des travailleurs
salariés. Ce qui est, d’ailleurs, plus en accord avec la
distinction analytique entre les moyens de production et
la formation sociale: dans le premier cas se situe la relation capital-travail et, dans la deuxième, précisément
la relation bourgeoisie- prolétariat. De là, résulte, fondamentalement, une réduction de la notion de prolétariat
qui aurait fini par signifier classe ouvrière, soit la totalité des travailleurs manuels de l’industrie. C’est dans ce
sens que se comprend la claire distinction entre le prolétariat (lumpen-prolétariat) auquel il reconnaît un rôle
contre - révolutionnaire, celui constitué par les couches
les plus basses de la société est composé d’inoccupés
ou d’occupé sous une forme précaire ou ininterrompue,
dans les secteurs xtrinséques ou marginaux par rapport
au mode de production capitaliste. (55)
L’utilisation du concept de lumpen-prolétariat par
Veja donne une connotation péjorative a l’évocation de la
couche dépourvue de ressources matérielles ermettrant
de survivre dans une société dominée par les moeurs de la
production capitaliste. La lecture que fait le magazine des
événements qui sont passés à Niterói s’accompagne d’une
ligne éditoriale orientée en faveur de Fernando Collor de
Mello et il met l’accent sur des explications sociologiques,
mais toujours dans l’optique du consensus établi autour
du nom de Collor de Mello:
Dans les livres de sociologie est mentionné que le lumpen est celle tranche de la sociéte située au-dessous
des salariés, formées par des personnnes que n’ont pas
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de travail assuré, qui travaillent peut, vivent mal, très
mal, fréquentement les frontiers de la marginalisation et
sont disponibles pour toute sorte d’activités permettant
de gangner de l’argent. Ce sont les personnes sorties
de cette couche où les agents “brizolistas” embauchent
leurs groupes de choc. (56)
Ainsi Veja utilise des concepts qui nécessiteraient
d’étaient mieux abordés, parce que dans la stratégie qui
vise à annuler les images et les discours des adversaires
de Fernando Collor de Mello dans la course à la Présidence
de la République du Brésil, comme nous pouvons le constater dans le même reportage du 16 auôt 1989:
L’entourage du candidat Leonel Brizola, les “brizolistas”
est capable de prononcer des discours sympatiques et,
va jusqu’ à enflamer le badaud, ainsi qu’il arrive dans une
situation dans laquelle le virus de la tactique fasciste peut
contaminer une partie de la campagne (...) Un des aspects essentiels de l’attaque subie par Collor lors de sa
visite à Nitéroi se trouve dans la réaction supposée de
Leonel Brizola, qui n’aurait nullement fait un secret de son
acceptation de la violence physique comme d’une forme
d’action politique. Ce qui pose problème, c’est la position
adoptée par laquelle partie “chic” des partisans de Brizola, representée par les intellectuels brésiliens qui donnent
des cours à la Sorbonne et aiment boir de bons vins. (57)
Dans cet extrait du reportage de Veja, nous pouvons trouver deux problèmes qui nuisent à la compréhénsion du quotidien politique brésilien. Le premier problème
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- Wellington Pereira
se situe dans l’ordre de la conception des mouvements
d’origiens politico-totalitaires, comme le Fascisme. À force
de ne pas exliquer à ses lecteurs le signifié du mouvement
fasciste, le magazine associe ce type de mouvement aux
affrontements entre les partisans du candidat Leonel Brizola et les alliés de Collor de Mello dans le rues de Niterói ,
ville de l’État de Rio de Janeiro. Mais si le texte du reportage a la prétention de défendre la démocratie, pourquoi ne
pas éviter l’emploi de concepts sociologue, comme, fascisme, fasciste, pour identifier avec les luttes de rue entre
militants. Ainsi le magazine Veja fait une confusion entre
la violence des militants et un système politique basé sur
l’autoritarisme et la monopolisation des représentations
du champ politique, comme le démontre Norberto Bobbio:
En général, s’entend par fascisme un système autoritaire
de domination qui est caractérisé par la monopolisation
de la représentation politique par un parti de masse unique, hiérarchiquement organisé par un idéologie fondée
sur le culte du chef, dans l’exaltation de le collectivité
national, méprisant les valeurs de l’individualisme libéral
et l’idéal de la collaboration des classes, dans une opposition frontale avec le socialisme et le communisme,
dans un système corporatif, dont l’objectif est l’expansion
impérialiste, but qu’ on poursuivre au nom des luttes
des nations pauvres contre les puissances ploutocrates,
à travers la mobilisation des masses d’une part, et par
leru encadrement en organisations qui tendent vers une
“socialisation” politique entière, fontionnaliste, au service du régime; par l’anéantissement des oppositions,
d’autre par de la violence et de la terreur, par un “appa-
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reil” de propagande basé sur le contrôle des informations
et des moyens de communication de masse; enfin par
un croissant dirigisme de l’Etat(...), en accord avec une
logique totalitaire qui s’applique aux relations économiques, sociales et culturelles. (58)
Le deuxième problème posé par les articles de Veja
traitant des affrontements entre les militants de Brizola
et les partisans de Fernando Collor de Mello se trouve
dans la référence à la couche des intellectuels qu’ auppuyaient Brizola, dont une partie avait fait ses études
de post-graduation à Paris, à la Sorbonne, et étaient des
sympathisants du socialisme à la Mitterrand, avec lequel
Brizola entretenue des liens politiques forts au sein de
l’Internationale Socialiste.
L’influence que la Sorbonne, et même que la sociologie française ont eu dans la construction de l’intelligentsia
brésilienne s’est marquée dans les années 30 avec la fondation de l’Université de São Paulo-USP. Mais ce que cache le discours de Veja, c’est la fréquente participation
des intellectuels brésiliens de gauche dans la vie politique
du pays à partir de l’instauration de la dictature, au début
des années 60.
En utilisant le statut d’expert, sous la protection des
institutions, comme les universités et même les différentes centres de recherches créés au Brésil, malgré le contrôle de la production académique par les militaires, les
intellectuels brésiliens vont jouer un rôle très important
dans la lutte pour la démocratisation de la société civile,
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dont l’aboutissement se concrétise seulement dans la fin
des années 80, avec l’élection du Président de la République. Ce rôle des intellectuels dans le champ de la politique
brésilienne est bien expliqué par Daniel Pécault, dans son
essai Les intellectuels brésiliens et la pensée politique,
lorsqu’ il parle de la revalorisation de la politique:
Jusqu’ en 1974, les intelectuels ont encore moins raisons
qu’avant de prêter foi aux partis politiques puisque le régime a autoriairement supprimé les partis existants pour
installer un système bipartisan dans lequel le MDB (Parti
Démocratique Brésilien), censé rassembler l’opposition,
semble voué à rester toujours minoritaires. Dès 1973,
des membres du CEBRAP (56), acceptent de collaborer
avec le MDB, en 1974, se produit fla surprise: les résultats électoraux font apparaître une remarquable avancée
du MDB. Voilà qui concourt soudanti à réhabiliter la politique électorale et l’adhésion aux artis politique, d’autant que cela précède de quelques années la découverte
des “nouveaux acteurs sociaux”; Jusqu’ en 1979, le MDB
conserve une position de monopole à cet égard. Il la
perd avec la création du PT(Parti des Travailleurs) auquel
se rallie toute une partie des intellectuels. Cette dualité des partis d’opposition est essentielle: en consacrant
l’existence d’une division politique parmi les intellectuels
eux-mêmes, elle fait éclater les mythes unitaires, en
prétendant atteindre des couches sociales différentes,
elle donne une nouvelle assise à la problématique de la
représentation. (59)
Dans la présentation des intellectuels brésiliens comme militants politiques Veja, plus d’une fois, ne fait pas
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une analyse historique des faits pour expliquer aux lecteurs
ce que signifie la trajectoire de l’intelligentsia brésilienne.
C’est pourquoi ce rapport entre les intellectuels “brizolistas”
et l’influence du socialisme français a prêté à des préjugés
dans la lecture de la participation des intellectuels faite par
une presse influenciée par les principes du néolibéralisme.
Mais le magazine Veja a confondu la formation intellectuel
en mélangeant le steréotype des “intellectuels brésiliens
formés à la Sorbonne” avec la participation politique de ces
intellectuels dans le processus de reformulation et democratisation de la société brésilienne.
Dans l’affaire provoquée par la violence des militants politiques, pendant la période du premier tour de la
campagne présidentielle au Brésil en 1989, Veja a adressé une seule fois des critiques aux partisans de Fernando
Collor de Mello, et même uniquement en fonction d’un
certain “corporativisme de presse”, puisque c’étaient des
journalistes qui avaient fait l’object de l’agression. Dans
ce cas, Veja pratique une sorte de métalangage, ou ,
précisément, de langage-objet, en mettant en lumière,
“l’intouchable” pouvoir journalistique, lors de l’agression
subie par le journaliste Andrea Dantas, correspondant de
Veja à Recife (ville du nordeste brésilienne, capitale de
l’État de Pernambuco), et l’opérateur de caméra de TV Irinaldo Lafayette. Dans ce reportage, le magazine présente, aussi, le rôle des policiers de l’État d’Alagoas utilisés
comme garde du corps de Fernando Collor de Mello, sous
le commandement du colonel Octavio Albuquerque. Mais,
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même dans le cas de ces agressions contre les journalistes, Veja donne la parole à Collor de Mello qui s’excuse:
Vendredi, Collor a déclaré à Veja que l’agression contre
les journalistes, à Recife était un acte condannable et a
présenté ses excuses pour les événements - Ce qui est arrivé est déplorable et les responsables seront punis”. (60)
Le discours du candidat Fernando Collor de Mello tel
que Veja à le présenté paraît fermer la discussion autour
du problème de la violence. Mais restent des contradictions
quant à l’utilisation des concepts comme: fascisme, violence, qui dans le journalisme d’information sont toujours
banalisés, sans donne lieur à une explication plus claire ou
même plus scientifique, l’emploi du concept de la violence dans les sociétés contemporaines, nous semble donner
naissance à un problème qui vient du manque de terminologie adequate, comme l’a souligne Hannah Arendt:
Il me paraît assez triste de constater qu’ à son stade
actuel la terminologie de notre science politique est incapable de faire nettement la distinction entre divers
mots clefs, tels que “pouvoir”, “puissance”,”force”, “autorité”, et finalement “violence”, dont chacun se réfère
à des phénomènes distincts et différents.(...) L’usage
correct des ces mots n’est pas seulement une question
de grammaire, mais aussi de perspective historique. Les
utiliser comme s’il s’agissait simplement de synonymes,
no seulement dénote une certaine insensibilité à leur signification linguistique, ce qui paraît assez grave, mais témoigne en outre d’une ignorance regrettable des réalités
auxquelles ce langage se réfère.(61)
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Notes Bibliographiques du Chapitre III
1. “La star qui court en tête du peloton” Veja - 17/05/1989.
2. Idem.
3. Idem.
4. Idem, ibidem.
5. “Les maharajah des sondages électoraux fait la fête”- Veja
17/05/1989.
6. Idem.
7. Idem, ibidem.
8. Veja- édition du 31 mai 1989- Le premier meeting politique
de Fernando Collor de Mello à Manaus- Capatile de l’Etat de
Amazonas.
9. Idem.
10. Idem, ibidem.
11. DE OLIVEIRA, Francisco- Collor: a falsificação da ira. Rio de
Janeiro, ed. Imago, 1992, p.71.
12. PEREIRA DE QUEIROZ, Maria Isaura- O messianismo no
Brasil e no Mundo- São Paulo, Alfa-Omega, p.158.
13. DE OLIVEIRA, Francisco- Collor: a falsificação da ira, op.
Cit. p.42.
14. MAFFESOLI, Michel- Le temps des tribus- le déclin de l’individualisme dans les sociétés de masse- Paris, Le Livre de
Poche, 1988, p.91.
15. DE OLIVEIRA, Francisco op. Cit. P.49
16. Idem, ibidem.
17. MAFFESOLI, M.- Le temps des tribus, op.cit. p.71.
18. Idem; pp. 71/72.
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Referências
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19. Dans un meeting politique à Juazeiro do Norte, Ville de
l’Etat du nordeste brésilien, le candidat Fernando Collor de Mello à affirmé: “Je suis mâle, j’ai des couilles”.
20. MAFFESOLI, M.- Le temps des tribus, p.79/80.
21. “La lune de miel dans la campagne” Veja 14/06/89.
22. COLLOR DE MELLO, Pedro- Passando a limpo: a trajetória
de um farsante- Rio de Janeiro, 4° ed, 1993, pp.95/96.
23. “La lune de miel dans la campagne”-Veja-14/06/1989.
24. CHARON, Jean- La production de l’actualité- une analyse
strategique des relations entre la presse parlamentaire et les
autorités politiques, Quebec, Boreal, 1994, p.228.
37. “Le jour du retour”- Veja- 9/08/1989.
38. Idem.
39. COLLOR DE MELLO, Pedro- A trajetória de um farsante- Rio
de janeiro, ed. Record, 1993, p.22.
40. “Collor joue l’attaque”; Veja - 9/08/1989.
41. FAUSTO, Boris- História do Brasil- São Paulo, ed; da USP,
1995, p.487.
42. “Collor joue l’attaque”- Veja- 9/08/1989.
43. Idem.
44. Idem, ibidem.
25. “La lune de miel dans la campagne”- Veja- 14/06/1989.
45. “Les constelattions présidentielles”- Veja 2/08/1989.
26. JOSÉ, Emiliano- Imprensa e poder- ligações perigosasSalvador, ed. UFBA, Hucitec, 1996, p.27.
46. Idem,
27. “La lune de meil dans la campagne”- Veja- 14/06/89.
48. Idem.
28. MAFFESOLI, Michel- Du nomandisme- vagabondages iniatiques- Paris, Librarie Générale Française, 1997, p.20.
49. “Le poison de Nitéroi“- Veja 16/08/1989.
29. Idem, p.23.
47. Idem, ibidem.
50. Idem.
51. Idem, ibidem.
30. Idem, ibidem, p.22.
31. “Le masque des partisans de Collor-les partisans de Collor
ne croient pas dans les partis politiques”. Veja- 21/06/1989.
52. Idem.
53. Idem, Veja 16/08/1989.
32. MAFFESOLI, Michel- La transfiguration du politique- la tribalisation du monde- Paris, ed. Grasset, Le Livre de Poche,
1992, p.165.
54.Idem, ibidem.
33. Idem, pp.172/173.
56. “Le poison de Nitéroi”- Veja- 16/08/1989.
34. LIPOVETTSKY, Gilles- L’ère du Vide- essai sur l’individualisme
contemporain, Paris, éditions Gallimard, Folio Essais, 1993, p. 72.
57. Idem.
55. BOBBIO, Noberto et alii- Dicionário de Política, Brasília, ed.
Da UNB, 4° ed. 1992, p.1016.
35. Idem, p.72
58. BOBBIO, Noberto et alii- Dicionário de Política, op. Cit.
P.466.
36. MAFFESOLI, Michel- Le temps des Tribus op. Cit. P.82.
59. PECAULT, Daniel- Les intellectuels brésiliens et la pensée
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- Wellington Pereira
politique: une metamorphose de la représentation politique au
Brésil et en Europe, Paris, CNRS, 1971.
60. “La sauvagerie Collorée” - Veja- 6/09/1989.
61. ARENDT, Hannah- Du mensonge à la violence- essai de
politique contemporain- Paris, Colman Lévy, Ágora, Les classiques, 1992, p.193.
Chapitre IV
Le faux paradoxe brésilien
Le peuple “contre” la démocratie
En valorisant ma thèse du consensus sur la candidature de Fernando Collor de Mello présentée comme
la meilleure, Veja insiste sur l’affirmation qui pretend
que le manque de démocratie au Brésil est un problème
provoqué par la nature du peuple, et évoque la fracture
historique centre les classes dominantes et les couches
économiquement défavorisée:
Il y a longtemps une partie des citoyens brésiliens, les
30% qui voyagent en Europe, ont des voitures, font des
achats dans les shoppings centers- et qui sont appelés l’
“elite du pays”- donnent des signes clairs montrant qu’
ils font aucun cas de l’autre partie de la société brésilienne, les 70% qui sont toujours à l’arrêts d’autobus,
mangent seulement une fois par jour, n’ont pas l’habitude d’aller au cinèma et au théâtre. On a déjà parlé de
ces gens-là, avec des mots durs, doux et même avec de
paroles poétiques: “Ce sont des bêtes brutes qui n’ont
de l’homme que l’apparence et la méchanceté”, comme
l’a dit le poète Olavo Bilac (...) Une sondage du Ibope
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(Institut Brésilien d’Opinion et Recherche), qui a conduit
des entretiens avec 3.750 personnes dans tout le pays,
démontre que les brésiliens qui appartiennent à la classe
A, qui regroupe les citoyens ayant des revenus mensuels supérieurs à 2.500 dollars par mois- une partie
de la société brésilienne qui va des travailleurs spécilisés jusqu’ à des entrepreneurs que gagnent des millions
de dollars- ne sentent pas aisément où ils vivent. Pour
eux, le problème n’est pas la stagnation de l’économie ni
la ruine de l’action gouvernamentale, mais les 70% qui
survivent dans le Brésil le plus pauvre. D’après les sondages, les 31% qui appartient à la classe A considérent
que le peuple (les 70% les plus pauvre) est ignorant,
43% déclarent qu’ils ne sont pas honnêtes; et 45% les
estiment paresseux. En 1989, à moins de trois mois des
élections directes pour la présidence de la République, le
premières depuis 29 ans, 68% des couches sociales les
plus riches de la population brésilienne était convaincue
que le peuple n’était pas habilité à voter. (1)
Un premier problème sérieux est posé par cette ratification des sondages sur la division des “brésils”, à partir des données privilégiant une qualité de vie basée sur
la consommation. Veja en effets coupe le processus historique, nie la complexité de la formation du peuple brésilien et même la précarisation de la bougeoisie nationale
à partir du coup des militaire qui empêché la formation
d’une “élite nationale” et des projets comme la réforme
agraire, l’amèlioration de l’éducation par un programme
avec participation populaire, comme celui entamé entre
1945-1964, et interrompu par la dictature militaire.
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Le deuxième problème, non moins sérieux, est l’utilisation du concept de peuple pour justifier les défaites
économiques d’une partie du pays. Dans ce cas, Veja, en
privilégiant les sondages, exclut la possibilité d’expliquer
à ses lecteurs le signifié du concept de peuple dans la
construction d’une nation.
Pour démontrer encore une fois que le magazine
Veja laisse échapper des contextualisations de termes
historiques qui sont nécessaires à la compréhension des
faits sociaux, nous essayons d’établi un paralléle entre
l’idée d’exclusion du peuple établie à partir des valeurs de
la société de consommation et la conception d’un domaine
du seigneur; définie par Norberto Bobbio:
Le Dominus, le seigneur, exclut peu à peu le peuple de
la vie politique qui s’et concentrée en noyaux restrictifs
de groupes sociaux et politiques claustrés dans une aristocratie rigide par une norme développée et maintenue
seulement par l’autocooptation. Le peuple devenu purement une désignation sociale, réalité subalterne et désagrée, fondamentalement, exclue de la gestion du pouvoir (...) se présente seulement comme une masse de
manoeuvre, à des moments sporadiques et infructueux
l’insurrection. C’est seulement avec la redécouverte romatique du peuple, déjà en consonnance avec une vision
politique nationale qui identifié l’Etat avec la nation et,
donc donne une nouveau valeur à tout ce qui comme la
réalité nationale, que le peuple a commencé a être distingué comme un possible sujet de la vie politique. Mais
sa révélation avait été liée aux grands processus de la
transformation économique et sociale au début de l’ére
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industrielle, au XIXe siècle, ayant comme conséquence
la formation des grands partis politique populaire. (2)
s’agit du concept du peuple, ou même de la polysémie de
l’homme brésilien au quotidien:
L’affirmation du magazine Veja selon laquelle le
“peuple” constitue un problème dans le processus de reconnaissance entre les “brésils”, les plus riche, les 30%
de la classe moyenne, urbaine, et la partie la plus pauvre,
les 70% de “chômeurs”, les gens qui sont à la frontière
de la barbarie, appelle une autre question: le quotidien
du peuple brésilien à toujours été brise par les décisions
des classes dominantes. Et même lors de la déclaration de
la République du Brésil in n’a pas été le principal acteur.
C’est pourquoi Veja reproduit les préjugés qui ont accompagné la formation de la Nation brésilienne: la formation
du caractère brésilien.
La presse écrite brésilienne, d’una manière fréquente, va toujours insister sur la manque d’un caractère
national. Toutes les comparaisons ayant trait au peuple
brésilien, dans l’ensemble des ses institutions, sont abordées à partir de deux points: 1) la faiblesse de la capacité
d’organisation sociale; 2) l’utilisation du “JE” comme extension des titres honorifiques hérités des latifundia. Ainsi
dans son reportage, “Le problème c’est le peuple”, d’août
1989, Veja en reproduisant cex deux signes distinctits de
la société brésilienne à éloigné ses lecteurs d’une compréhension plus claire du concept de peuple au Brésil.
Une des traces des institutions brésiliennes bien
remarquée par Gilberto Freyre nous donne une idée du
procédé en vigueur dans la presse brésilienne, quand
Nos institutions sociales tout comme notre culture matérielle ont laissé s’epanouir l’influence amérindienne,
comme plus tard l’influence africaine, qui ont contaminé
le droit lui-même: pas directement, bien sûr, mais de
manière subtile et indirecte. Notre “benignité juridique”,
comme l’a déjà noté Clovis Beviláquia, serait un reflet de
l’influence africaine. Certaine suavité brésilienne dans la
punition du crime et du vol reflète peut-être la particulière contemporanéité de l’europeen et de l’amérindien,
presque insensible à la notion de crime en vertu du régime communautaire ou de l’organisation communautaire
de sa vie et de son économie. (3)
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Même si le sociologue Gilberto Freyre a démontré
l’origine de la complexité des institutions brésiliennes,
Veja paraît ne prendre pas en compte ce qui révèle aux
lecteurs les données historiques et sociales qui éloignent
le concept de peuple de la conception de la démocratie,
parce que, dans l’histoire du Brésil, le caractère institutionnel s’impose à l’exercice démocratique, ce qui signifie
que des institutions sont créées pour justifier la démocratie comme dans l’exemple de la proclamation de la République du Brésil née à partir de l’aspiration bureaucratique
des politiciens positivistes, sans la participation du peuple.
Dans le même reportage, Veja essaye de démontrer comment l’élite brésilienne se place à distance de
la vie quotidienne:
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Un des problèmes des 30% des brésiliens favorisés est de
régler le pas vers vers le rythme du changement historique et de participer aux changements touchant au quotidien du pays. Une des phrases de l’ex-président Tancredo
Neves fait déjà partie de l’anthologie de la politique brésilienne: “La patrie des politiciens est toujours dans l’avenir,
c’est pourquoi ils se posent en avant de l’histoire. (4)
Mais la critique du magazine Veja portant sur
“l’absence” des elites brésiliennes de la vie quotidienne
du pays prend une autre direction: renforcer l’image de
Fernando Collor de Mello comme celle du candidat qui
s’oppose à cette couche la plus riche de la société:
Dans ler derniers sondages, l’institut Data-Folha, a constaté que Fernando Collor de Mello, par exemple a perdu
des voix dans la couche la plus riche et plus lettrée de
la population brésilienne, il a également subi une baisse
de poularité dans le grandes villes (...) À première vue,
Collor aurait échoué. Mais ce n’est pas vrai. Ce qui arrive
c’est qu’il est en train de trouver son véritable électeur.
Si il perd des points dans le grands villes et parmi les
lettrés, en revanche, Collor augmente ses scores dans
les villages en attend la popularité de ceux qui n’ont pas
terminé leurs études primaires. (5)
Le magazine Veja insiste pour montrer Fernando
Collor de Mello comme le candidat des moins favorisés
socialement, en même temps qu’ il souligne la superiorité
de Collor de Mello dans l’organisation de sa marche vers
la présidence de la République du Brésil:
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Le schèma de l’organisation du candidat du PRN (Parti de
Rénovation Nationale) Collor de Mello est le plus professionnel et vaut bien celui du PT (Parti des Travailleurs).
Dans une réunion politique mardi dernier, à Lages, ville
de 170000 habitant, dans l’Etat de Santa Catarina, par
exemple, Collor a rassemblé 10000 personnes appartenant à un réseau routier. L’organisation en a incombé au
secrétaire des Sports de l’Etat de Santa Catarina, Paulo
Marques, qui est filié au PRN. Il a demandé de l’argent
aux personnalités les plus riches de la ville, a imprimé
des bulletins d’informations et a engagé des musiciens
locaux pour faire la fête. Collor qui voyage dans tout le
pays pour tenir des meetings avec cinq moyens courriers, aime ce genre de manifestation. À Lages, Collor a
utilisé un chapiteau de 2 mètres d hauteur et pesant 12
tonnes, qui été apportée de São Paulo par une entreprise, dont le sercie a côuté 100 000 dollars, environs. (6)
L’importance des mesures, la comparaison entre
l’organisation des meetings de Fernando Collor de Mello et
le professionalisme des partisans du PT (Parti des Travailleurs) bien utilisés par Veja dans ce reportage, donne aux
lecteurs le sentiment d’une sorte d’omnipotence associée
à la campagne de Collor de Mello. En même temps, le reportage a comme objectif de montrer que le candidat du
PRN maitrise la vie quotidienne du pays, puisqu’ il réussit
à conjuguer le spectacle politique et les manifestations
populaires dans les rues du pays, comme le démontrera clairement l’ancien chefe du gouvernement Collor de
Mello, Renan Calheiros, à l’époque député fédéral:
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Un des grands mensoges de cette élection c’est d’affirmer
que l’époque des meetings est finie.(7)
“Les peuples aiment à retirer les faveurs qu’ils ont, un
moment, accordées. (8)
Veja présente à ses lecteurs des images du candidat Fernando Collor de Mello qui ne corresponde n’à l’élite
économique brésilienne, ni même aux politiciens traditionnels
des latinfundia. Dans ce sens, le discours journalistique situe
bien la politique dans le champ de la production symbolique,
dans lequel la participation du peuple est conçue comme
un objet de manoeuvre dans le cadre des intentions politiques des partis. Ce qui signifie que le peuple est toujours
vu comme incapable de conduit son destin.
Si on s’appuie sur le signifié des discours du leader du gouvernement Fernando Collor de Mello, à Brasília,
le député Renan Calheiros, les manifestations populaires
dans les meetings paraissent naïves, sans la défense
devant les articulations politiques. En revanche, Michel
Maffesoli emprunte une autre vision de la versatilité du
peuple à l’égard des manifestations du monde politique:
Contrairement à la lecture proposée par Michel Maffesoli, chez Foucault aussi, Veja reprend un préjugé bien
établi concernant la participation des couches sociales brésiliennes les plus pauvre à la vie politique. Ce phénomène
de l’éloignement du peuple brésilien de la scène du monde
politique est une des marques de la constitution républicaine au Brésil, qui comme nous pouvons le constater à
travers l’histoire, repose toujours sur un accord entre les
élites les plus traditionnelles, que soit au Nordeste, avec
les grands latifundia, ou au sud-ouest avec l’exploitation
du café, principalement dans l’État de São Paulo.
Le peuple brésilien est devenu un paradoxe démocratique si nous considérons que sa participation dans la
vie politique du pays a toujours été marquée par le contrôle des “colonels”, les maîtres des votes au Nordeste,
et les politiciens des grands centres urbains, qui à partir
seulement de la moitié du XIXe siècle, sous l’influence
des mouvements ouvriers, même ceux d’orgine anarcho-syndicalistes à São Paulo, vont être poussés a établir le
suffrage universel. C’est pourquoi nous ne sommes pas
d’accord avec la thèse d’Eduardo Gianneti da Fonseca,
dans son livre, Vícios Privados, Benefícios Públicos?- A ética na riqueza das nações- dans lequel l’auteur développe
l’dée d’un “paradoxe brésilien”:
(...) La versatilité du peuple est une constante dans les
histoires humaines, elle se manifeste dans les périodes
impromptues, l’apathie nullement prévue, l’enfièvrement
soudain ou les identifications sucessives à des tribus opposés. En périodes calmes, ce seront les variations électorales imprévisibles, trivialement: “un coup à droite,
un coup à gauche”, ou les abstentions soudaines. Cette
versatilité don est là pour demander, d’une manière lancinante: qui t’a fait roi? Comme l’a dit bellement Michel
Foucault, à propos de la précarité des destins politiques:
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Le
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- Wellington Pereira
Le paradoxe brésilien est le suivant: chacun de nous,
séparément, a le sentiment et la croyance sincère d’être
au-dessus de toute cette réalité. Personne n’accepte,
personne ne supporte, mais: aucun de nous ne pactise
avec “la mer de boue”, la débauche, la honte de notre
vie publique et communautaire. Le problème c’est que,
en même temps, le résultat final du tout nous rattrape et
c’est precisement cette réalité même. L’auto-image chacune des partie-l’idée que chaque brésilien aime nourri
de lui même- ne correspond pas à la réalité du Brésil tout
entier, mélancolique et exaspéré. A ses propres yeux,
chaque individu est bon, progressiste et aimerait pouvoir
“donner un coup de main” au pays. Mais lorsque nous
sommes appelés à la justice et à l’efficience, alors nous
rentrons chacun dans notre île, avec un pied dans le Premier Monde, alors que collectivement grisés et somnambules nous pagayons vers Haiti. Pour résumer, la société
brésilienne sera réduite à deux couches fondamentales:
la couche de ceux qui mangent, et la couche de ceux qui
ne mangent pas; Le tout est inférieur à la somme des
parties. Le brésilien est toujours l’autre, celui que “je ne
suis pas”. (9)
Le paradoxe de peuple tel que le propose Eduardo
Giannetti, ferme la possibilité d’une lecture plurielle sur
les actions de citoyens brésiliens par rapport à leurs institutions et même dans le domaine de l’organisation des
élections. Il y a plusieurs formes des réactions au pouvoir
constitué, car comme la signale Maffesoli, dans son livre
Le Temps des Tribus, la pratique de la dérison, de l’ironie,
de la jouissance, vont être implacable à l’égard des modèles totalitaires (Maffesoli- Temps des Tribus, p.82). C’est
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pourquoi nous jugeons inacceptable une théorisation
dans laquelle la passivité du peuple brésilienne s’explique
à partir des idées du manque de sociabilité, parce qu’ il
n’y a pas un ensemble peuple, mais différentes formes
d’organisation sociales qui donnent à l’organisation des
acteurs sociaux un sens polysémique, si bien que les
formes du social sont toujours renouvables à cause des
mouvements éthiques et esthétiques de certains rassemblements d’individus.
Ce paradoxe du peuple hors de soi, hors du procès
démocratique, constitue un des pilliers de la tentative du
magazine Veja de présenté l’image du politicien Fernando Collor de Mello comme une voie de la vie politique au
Brésil, liée à une idée consensuelle établie autor de Collor
de Mello qui poursuit sa trajectoire du candidat pendant le
deuxième tour des élections présidentielles.
La lutte pour l’écharpe Présidentielle
Les vainqueurs du deuxième tour des élections pour
la présidence du Brésil, en novembre 1989, sont le candidat du parti de la Rénovation National(PRN) Fernando
Collor de Mello et le candidat du Parti des travailleurs(PT)
Luis Inácio Lula da Silva, Lula. Mais ce qui nous intéresse,
c’est la manière dont le magazine Veja va soutenue la
candidature de Collor de Mello.
Fernando Collor a obtenu plus de 20 millions de
voix au premier tour des élections présidentielles au Bré-
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Le
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- Wellington Pereira
sil. Son adversaires du deuxième tour, Lula a été choisi
par plus de 12 millions d’électeurs comme candidat à la
présidence de la République.
Dans le reportage sur la tournée de la deuxième
phase des élections, le magazine Veja assigne aux
candidats vainqueurs une sorte de responsabilité morale et cherche à démontrer que les électeurs ont chosi
Collor et Lula dans un acte de proteste contre les politciens traditionnels:
Les électeurs ont voté contre. Ils attendent des changements, et c’est pourquoi ils ont parié sur le candidats qui
leur semblent les plus adéquat pour le rôle de démolisseur. C’est la raison pour laquelle les élécteurs des ces
deux citoyens n’ont aucun lien avec le “monde grippé” de
la politique traditionnelle. (10)
Le magazine Veja, plus d’une fois, donne à ses lecteurs l’impression que la vie politique est éloignée de la
vie quotidienne et attribue le statut de “politique ridée”
aux actes du gouvernement du président José Sarney.
Mais ce que Veja ne démontre pas c’est que Fernando
Collor de Mello et Sarney partagent le même terrain politique: les latifundia et la “politique des faveurs” ancrée
dans la “machine de l’État” qui maintient les priviléges des
politiciens dans le secteur de l’administration publique.
Quand il parle d’un “au-délà de la politique”. Veja
insiste sur le fait qu’une nouvelle couche d’électeurs se
refuse à choisir des politiciens qui correspondent à une
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pratique politique basée sur les formes traditionnelles,
mais le magazine ne précise pas quelles sonts les caractéristiques de cette politique, quelles sont les voies ideologiques qui démarquent le territoire des discours des politiciens au Brésil. C’est pourquoi Veja va construire tous les
discours du deuxième tour des élections présidentielles
sur une opposition entre le Brésil de l’avenir, des politiciens modernes, attachés au nouvel ordre économique
internationale, et le Brésil du passé simple, le pays dans
lequel le citoyens vont soutenir le “Système D”, le “jeitinho brasileiro”, ou même la “Loi de Gérson”. (11)
De toute façon, ce qui est important c’est l’opposition
que le magazine Veja établit entre la vie quotidienne et le
monde politique au Brésil, comme si les deux mondes, à
un certain moment, et dans une certaine temporalité ne
s’imbriquaient pas, et dans la lutte pour la fonction présidentielle, Veja renvoie les électeurs à Collor comme à
l’annonce d’un événement politique qui marque bien la fin
d’une période dans l’histoire de la République brésilienne.
La trajectoire du candidat Fernando Collor de Mello
est racontée dans un climat d’épopée, qui a transformé
le “chemin de Collor” en une aventure personelle et mythique, en dehors des accords politique, des concessions
des priviléges à ses partisans, comme le montre ce récit
du reportage du 22 novembre 1989:
(...) Fernando Collor de Mello était un politicien presque
méconnu. Lorsqu’ il lance sa candidature à la présidence
de la République, il comptabilise seulement un nom aris-
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- Wellington Pereira
tocratique, un député fédéral en son faveur, des critiques
adressées aux maharajahs et un parti politique exotique, le PRN (Le Parti de la Rénovation Nationale), qui le
soutien. Il à fait des critiques au président José Sarney
dans ses déclarations. Collor à obtenu le plus de voix
au premier tour. Son adversaire, Luis Inacio Lula da Silva, Lula, arrive avec le souteine beaucoup plus solide du
PT (Parti des Travailleurs), parti qu controle aujourd’hui
l’important réseau des militants politiques dans le pays.
Lula, cependant, n’a jamais habité le monde politique tel
qu’il est normalement compris. (12)
Veja donne à la trajectoire du candidat Fernando
Collor de Mello un air de fabulation mythique, en revanche,
quand il parle du parcours de Lula, le magazine essaye de
démontrer quelque chose de bizarre se passe dans le processus de ratification d’une candidature, dont le représentant n’appartient pas au monde de la politique. Mais que
pouvons-nous comprendre par “monde politique” dans le
sens emprunté à Veja.
Le magazine Veja à présenter le discours du principal adversaire de Fernando Collor de Mello comme un
ensemble de paroles dépassées, sans articulation avec le
modèle de la politique occidentale, dont l’apanage est la
notion de modernisation de la société à partir des effets
illusionistes de la politique, vue comme un champ des
symboles capables d’organiser tous les besoins humains,
même les plus conflictuels.
Le monde du travail, l’ascension des ouvriers, l’organisation de l’État à partir de l’idée d’une certaine responCapa
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sabilité civile, dans un certain sens les droits du citoyen,
sont des choses qui, pour le magazine Veja, échappent
au champ de la politique, surtout au Brésil, où la praxis
politique est toujours confondue avec la verbalisation des
problèmes sociaux, sans résolution effective. C’est pourquoi la notion d’appartenance au “monde politique” se
confond, pour le journalisme d’information, avec le fait de
régler la vie quotidienne à partir des exigences du modèle
politique imposé par l’État.
Dans ce premier reportage sur le deuxième tour
des élections, Veja va renforcer les écarts entre la vie
quotidienne au Brésil et le “monde politique”. Ainsi même
dans le titre des reportages, le magazine qualifie les actions de Fernando Collor de Mello, en leur donnant une
charge sémantique qui dépasse le quotidien des acteurs
sociaux, on peut le vérifier dans la majorité des récits sur
le candidat Collor de Mello, au deuxième tour des élections
présidentielle, en 1989, au Brésil.
Le prodige des urnes:
Collor de Mello et son double
Dans un autre reportage paru dans la même edition
du 22 novembre 1989, sous le titre “Le prodige des Urnes“, Veja poursuit la statégie de construction de l’image
de Fernando Collor de Mello, le candidat qui est au-dessus
du modèle politique brésilien, que le magazine considère comme dépassé. Ce qui marque bien cette stratégie,
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- Wellington Pereira
c’est la répetition de l’affirmation que la réussite de Collor
de Mello est lié à ses efforts personnels et plus d’une foi,
comme si le discours politique n’était pas touché par les
conflits sociaux, et comme si la trajectoire d’un politicien
dans un régime republicain pouvait être interpréter de la
même façon qu’un avènement monarchiste.
La notion d’ avènement politique est bien présente
dans la trajectoire du candidat Fernando Collor de Mello
dans le récits du magazine Veja. C’est pourquoi l’utilisation
des adjectifs, comme “prodige”, pour expliquer la marche
de Collor vers la présidence du Brésil donne à la campagne de ce candidat un caractère “extraordinaire”.
Fernando Collor de Mello apparaît dans la scène politique comme un acteur social sans référence, qui vient
d’un lieu où les conflits, les luttes politiques sont minimisées dans la reconnaissance de sa vocation “naturelle”
pour être le leader promis au peuple brésilien, dont la
méfiance à l’égard des politiciens traditionnels aide Collor
de Mello à restaurer la moralité dans le monde politique.
Et, dans cette “marche apollinienne”, l’unique problème
de Collor est la maîtrise de lui même, parce que les autres
adversaires ne comptent pas. L’idée que Collor est son
propre double, une sorte de Dionysos à l’envers, est bien
explicite pour Veja:
Jusqu’ à la semaine dernière, la difficulté pour Fernando
Collor de Mello à été de prouver qu’il était le même Fernando Collor de Mello. Depuis avril dernier, lorsque sa
campagne s’est échauffée il fut consacré champion des
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sondages électoraux, se détachant devant le deuxième
classé- malgré son refus est d’apparaître dans le débats
télévisés, et bien qu’il ait les salons de l’élite politique et
économique du pays. Collor s’est consacré, presque uniquement, à parler à la masse, avec un discours agressif
et une expression corporelle de défi. À l’âge de 40ans,
dynamique, audacieux et avec une brutale confiance en
soi-même, Collor de Mello a reussi à réaliser des prouesses diverses. Dans les cinq semaines dernières seulement, il a parcouru 37 villes dans tout le Brésil, et a
tenu plus de 30 meetings. Selons les comptes de ses
assesseurs, il a reussi à rassembler plus de 1,5 million de
personne, appartenant à la majorité des électeurs pauvre des villages ou de la campagne. Collor de Mello avait
plus que les autres candidats, le soutien des masses. La
semaine dernière, lorsque les urnes des élélections du
15 novembre 1989 ont été ouvertes, on a pu vérifier que
Fernando Collor de Mello peut être meilleur que Fernando Collor de Mello. (13)
Le portrait du candidat Fernando Collor de Mello que
le magazine Veja élabore dans la période des élections
présidentielles de 1989 au Brésil marque bien une des caractéristiques de la politique de la société postmoderne:
le silence sur les origines du discours des candidats. Dans
ce cas, le discours politique -tautologique est devenu le
miroir des actions des politiciens et peut importe que “le
langage” soit orienté ou non ver la compréhension des
mobilisations sociales. Le lieu de naissance des idées des
candidats n’est as important pour les médias, qui pensent
que l’irruption d’une candidature comme celle de Fernan-
Autor
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- Wellington Pereira
do Collor de Mello est toujours un phénomène social, sans
explication, comme le montre Veja:
Collor de Mello, après que Collor eut laissé en gare les
perdants des sondages électoraux. (15)
La victoire de Fernando Collor de Mello au premier tour
de l’élection est plus marquante lorsqu’ on essaye de
trouver d’où il vient et ce qu’il il y a derrière de lui. À Brasília, où Collor de Mello à habité dès sa jeunesse, il réside
dans uen grande maison dans le quartier du Lac Nord.
Quand il a commencé sa marche pour la présidence de
la République, le 15 novembre, son parti, le PRN, avait
un schèma de campagne familier (...). À São Paulo, il
avait pour appui son frère Leopoldo Collor de Mello. Dans
l’Etat de Rio de Janeiro, l’aide la plus importante venait
de son ex-femme, la “socialite carioca” Lilibeth Monteiro
de Carvalho, avec qui Collor a deux fils- Arnon Afonso
et Joaquim Pedro. Collor de Mello obtenait l’aide de son
beau-frère, l’ambassadeur du Brésil à Athènes, Marcos
Coimbra. C’était tout. (14)
Dans cette perspective qui consiste à présenter
Fernando Collor de Mello comme un candidat qui n’a
pas besoin des alliances entre le pouvoir économique
et les stratégies des politiciens conservateurs au Brésil,
Veja donne aux lecteurs une image du candidat Collor
de Mello très proche de celle des héros de la mythologie et, ici, nous pouvons retrouver deux notions fondamentales pour comprendre la politique dans la société
postmoderne: 1) le mythe du Dionysos, dans la vie quotidienne, chez Maffesoli; 2) La notion du héros dans la
vie politique.
La construction de l’image du candidat Fernando
Collor de Mello se place dans un processus contraire à la
réécriture du mythe dionysiaque proposée par Michel Maffesoli, dans son livre, L’Ombre de Dionysos- contribution à
une sociologie de l’orgie-dans ce qui est le propre de la politique: créer l’illusion du rassemblement à partir d’une unité
imaginaire. De certe façon, Collor de Mello va représenter
un Dionysos à l’envers, parce que le politicien n’offre pas
la possibilité d’établir une convivialité critique devant des
institutions ni de construire des rapports culturels entre les
diverses couches de la société, dont le sens de la communauté est ainsi construit à partir de l’émotionel.
Ce qui est intéressant dans la construction de
l’image de Fernando Collor de Mello par le magazine Veja,
Veja cherche à démontrer aux lecteurs dans ses récits que le candidat Fernando Collor de Mello est un politicien self-made-man (un homme qui s’est fait lui même)
par rapport aux accords du monde politique, et même en
considérant l’appui des entrepreneurs brésiliens:
Il est vrai que le 15 novembre 1989 Collor était le candidat qui avait gaspillé plus de 100 millions de dollars
dans la campagne. L’argent qui avait été offert par les
entrepreneurs. Il est également vrai cependant, que ce
n’est Collor qui est monté dans le train des entrepreneurs, mais, aux contraire, ce sont les entrepreneurs qui
ont pris en marche le train de la campagne de Fernando
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c’est que, parfois, il semble mettre en marche l’idée de
déconstruction des forces totalitaire de l’État, en refusant
l’identification avec les politiciens considérés comme archaïque, comme le président José Sarney.
Cette idée de déconstruction, ou même d’opposition
au monde archaïque, si on considère le fait nouveau de
la politique; la puissance capable d’instaurer un nouvel
ordre social, donne au discours de Collor de Mello une
puissance attractive, une sorte de bel canto, la possibilité
d’unité. Mais à la différence que les images du candidat
Fernando Collor de Mello cherchent l’unité entre la raison
du monde politique et les transgresseurs de l’ordre social
et culturel empruntées à la vie quotidienne. C’est pourquoi nous avons réflexhir sur ce caractère de Dionysos
inversé bien soulingné dans les actes de Collor, lorsqu’il
offre-dans le langage des récits de Veja- la possibilité de
transgresser les frontières du politique pour aller vers la
construction d’une société plus moderne, plus achevée du
point de vue de la citoyenneté.
Mais le problème c’est que, dernière cette image de
la transgression- proposée par un candidat à la présidence
de la République brésilienne- Fernando Collor de Mello- se
cache l’idée d’emporter des élections à partir d’une unité
esthétique: le candidat séduit mais à partir d’un schèma
qui n’admet pas la multiplication de son visage, parce que
de multiples images peuvent instaurer des paradoxes et,
en conséquence, la banalisation-dans un sens positif- des
propositions politiques des politiciens.
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Un Dionysos sans contradiction, cela correspond
bien à la construction des mythes de la politique dans les
récits du journalisme d’information. En effet, cette construction des mythes dans la presse obéit à un modèle en
adéquation avec les paradigmes de l’État. C’est pourquoi
nous trouvons une analyse de ces contradictions dans le
propos qui a été formulé par Michel Maffesoli pour expliquer le rôle de Dionysos dans la société contemporaine:
S’ il y a un paradoxe à allier Dionysos et ordre, il s’agit d’un
paradoxe dynamique. Sa fonction pivotale est en même
temps facteur d’équilibre. En effet, Dionysos est en quelque sorte l’interface entre la nature et la culture, il permet à la fois l’accès à l’instinctuel et l’approfondissement
de la société(...). (16)
Le candidat Fernando Collor de Mello va représenter, dans l’imaginaire politique des récits journalistiques
du magazine Veja un double rôle: en même temps qu’il
séduit les électeurs, en offrant comme Dionysos des possibilités d’envisager de nouvelles formes d’organisation
sociale à partir de rassemblements esthétiques divers, il
doit aussi procéder dans ses articulations politiques de
manière apollinienne, en faisant preuve de maîtrise de soi,
pour dominer les autres logiques du monde politique qui
appartiennent à l’ordre économique, des marchandises.
En effet, la logique du politique est toujours une logique
appollinienne deguisée en une sorte de “Dionysos émotionnel” qui utilise la fête comme une piégé de domination.
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Ce Dionysos à l’envers, bien représenté par Fernando Collor de Mello ne va instaurer ni une nouvelle forme
de rassemblement social, ni même une idée de dispersion
dans la pluralité des voix des acteurs sociaux lors de fêtes
politiques- les meetings- parce que l’intention de ce Dionysos, c’est la domination dont le but est la prise de l’État
à partir de l’exigence d’unification des faits sociaux.
Contrairement aux propositions de Michel Maffesoli,
dans son livre, L’ombre de Dionysos- contribution à une
sociologie de l’orgie- la séduction du candidat Fernando
Collor de Mello a pour objectif majeur la domination des
espaces sociaux et des actions de leurs acteurs dans la
perspective d’une organisation apollinienne de l’État et
des certitudes qui vont modeler les promesses des politiciens. C’est pourquoi nous pouvons lui appliquer cette
assertion maffesolienne pour mieux comprendre le rôle
dionysiaque dans la société postmoderne:
La sagesse dionysiaque a souvent été opposée à la tranquille certitude apollinienne. (17)
Dans la fête du Dionysos à l’envers, la transgression
même est raisonnable, parce que la réussite des “bacchanales” des politiciens en campagne c’est la domination,
grâce à la confrontation avec les qui s’opposent aux leurs
dans un exercice de mise à l’écart des thèses contraires à
la vision du candidat, comme le magazine Veja l’a démontré dans les récits de ce reportage:
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(...) Dans la marche finale, le candidat Collor de Mello
a une ligne d’action et sait qu’il est nécessaire de faire.
(18)
On assiste à l’unification des différences esthétiques
et même ideologiques, pendant la campagne présidentielle, dans laquelle Veja a soutenu l’image du candidat
Fernando Collor de Mello comme celle du politicien capable de réhabiliter la dignité des politiciens et de réduire
la fracture sociale entre le Brésil archaïque, au Nordeste,
et le Brésil moderne, au sud. Mais dérrière cette posture,
il y a un discours des mouvements démocratiques écrasés
par la dictature militaire.
Le candidat Fernando Collor de Mello, dans la deuxième phase de la campagne présidentielle, est déguisé
en Dionysos, mais en vérité un dionysos inversé qui promeut une sorte de “bacchanale” contre les lois établies,
les actes des politiciens malhonnêtes, mais pratique toujours la révérence envers l’ordre appolliniene de l’organisation de l’État. Et c’est pourquoi il va jouer un double jeu
naviguant entre les forces ultra-conservatrices, du Brésil
archaïque, comme les colonels, les grands propriétaires
de terres au Nordeste, et les dirigeants conservateurs qui
appartiennent au Brésil soit disant moderne, comme les
entrepreneurs à São Paulo et à Rio de Janeiro, sud-est
brésilien.
L’image du candidat Fernando Collor de Mello va établir une vision double du quotidien brésilien dans la période
de la campagne présidentielle. La façon dont le magazine a
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couvert cette candidature donne aux lecteurs de Veja l’idée
que la politique est toujours écartée de la vie quotidienne,
car celle-ci n’a pas d’importance, du point de vue philosophique et même esthétique, pour une compréhension
des faits historiques. Dans ce cas, le discours de Collor va
emprunter aux récits de Veja deux éléments dignes d›une
analyse: a) le héros poltique distant de la réalité; b) le discours poltique situé au-délà de la vie quotidienne.
Pour le monde politique brésilien le candidat Fernando Collor de Mello surgit comme un héros qui fait la
critique de la vie quotidienne mais n’appartient pas à celleci. En vérité, le discours de Collor de Mello est soutenu par
le promesse de maîtriser le décalage entre l’oppression
pratiquée par le monde “sale” de la politique et les raisons
“sales” du messianisme politico-réligieux.
Le discours du candidat Fernando Collor de Mello correspond au parcours narratif des héros de l’Illiade, dont le
comportement est bien représenté par une description éloignée de la réalité sociale, qui ne trouve sa signification qu’ à
parti des métaphores, comme le démontre Yves Barel:
L’Illiade ignore délibérément le monde de la quotidienneté. La neige y est un prétexte à métaphores poétiques,
pas une réalité physique(...). (19)
Dans le sens du langage, Fernando Collor de Mello
s’exprime comme quelqu’un qui parle de la vie sociale de
même façon qu’on évoque la neige dans l’Illiade, à travers des métaphores,pour créer une fausse unification,
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des postures esthétiques dans l’univers politique bréslien.
Mais le chant de Collor pour persuader les électeurs imprégné des faux-bourdons, dont la logique de la persuasion
n’obéit pas au cours des émotions de héros de l›Illiade,
parce que dans la mise en scène de la politique il y a un
but: la domination. Et pour entamer cette domination, il
est nécessaire, dans la logique du politique, d’épargner
les émotions jusqu’au moment de la réussite et d’éviter
les gaspillages émotifs.
Le candidat Fernando Collor de Mello traverse le deuxième tour de la campagne présidentielle, dans le récits
du magazine Veja, comme un héros qui vient rétablir une
nouvelle organisation sociale à partir de l’idée de modernisation de la société brésilienne. Mais les insruments de
modernisation sont déguisés en promesses messianiques
avec la punition des polititicnes corrompus. De cette façon, Collor de Mello utilise des symboles qui frappent la
vie quotidienne des brésiliens, comme le manque de citoyenneté, la sensation d’éloignement entre le pouvoir
politique et le quotidien, pour construire un discours, dont
la prétention majeure est de convaincre les électeurs de la
possibilité de promouvoir un nouvel étage de sociabilité.
Le héros qui s’exprime en langue de bois
Une des caractéristiques du discours du candidat
Fernando Collor de Mello pendant leu deuxième tour des
élections présidentielles de 1989, c’est de confondre et de
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mélanger des concepts qui sont très utiles pour la compréhension des cours des mouvements sociaux dans les
sociétés contemporaines.
Un des aspects de la trajectoire politique de Collor de
Mello, c’est l’invocation d’une certaine autorité pour changer les paramètres de la politique brésilienne. Mais le problème c’est que le magazine Veja ne fait pas l’analyse du
discours de Fernando Collor et acheve en endosant les propositions de Collor le politicien capable de gouverner sans
conflits idéologiques, bien démontré dans ce reportage:
Collor a l’appui de 180 parlamentaires au Congrès, et
plus de 15 attendent des signes des urnes- ce qui donnera la majorité a Collor à la chambre des deputés et au
Sénat. (20)
Dans ce reportage du 13 décembre 1989, le magazine Veja anticipe les propos du futur président Fernando
Collor de Mello. Mais l’idée prédominante, c’est que Collor
garde un certain pouvoir d’unification des différences politiques, sans avoir à démontrer la complexité du monde
politique. C’est pouquoi, dans le même reportage, Veja
anticipe la création d’un marché commum entre les pays
sud-américains qui devient un des intems du programme
du gouvernement Collor de Mello:
Bien qu’il rejette les discours politique calqué sur une notion de politique du Tiers-Monde, Collor adopte, comme un
des ses principaux objectifs la création d’un Marché Commum Latino-Américain. Dans son gouvernement, Collor
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cherchera à reserver les liens économiques avec la communauté européenne, les Etats-Unis, et le Japon. (21)
Le magazine Veja présente la trajectoire du candidat Fernando Collor de Mello comme la marche d’un héros épique, capable de restaurer l’éthique sociale et, en
antecipant ses “travaux et ses jours” au pouvoir de reprend la notion des héros politiques inscrits dans l’univers
du journalisme d’information: un héros construit à partir
de la notion d’exploitation des événements sociaux, dont
la principale caractéristique est d’exercer la maîtrise de
l’avenir à travers le langage.
Dans les récits de Veja, Fernando Collor de Mello
représente ce type de héros forgé par le discours journalistique, dont le parcours narratif peut être inscrit en temporalités diverses, mais il y a toujours un héros-politicien
qui ressurgit comme le phénix, dans le temps des narratives journalistiques qui confondent paramnésie et attitude
esthétique - souvenir faussement localisé -, mémoire et
imagination. (22)
Mais le problème, c’est que le journalisme est attaché
aux contenus des discours des acteurs sociaux, c’est ainsi
que les héros politique, dans l’univers de l’information,
sont analysés seulement à partir du langage, car dire le
monde dans le journalisme d’information, c’est décrire les
mouvements sociaux à travers les paroles.
En analysant le discours du candidat Fernando Collor
de Mello dans le deuxième tour des élections présidentielles
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brésiliennes, en 1989, le professeur Belmira Rita da Costa
Magalhães, de l’université d’ Alagoas- nordeste du Brésildétache des caractéristiques du discours de Collor de Mello:
L’intention du discours de Collor (...) c’est de montrer
une proposition qui exprime les contraditions inhérentes à la réalité d’un pays du Tiers-Monde, inséré dans
la crise mondiale. Le but discursif c’est de présenter un
projet, dont la proposition sera de rompre avec le passé, dans une convergence avec le capital internationalcondition de la modernisation. Ce discours se présente
comme le seul que montre des nouvelles idées, dont le
projet s’inscrit dans la modernité: “Nous avons de nouvelle idées (...) nous avons une vision moderne (...) nos
avons l’avenir possible. (23)
Dans cette analyse du discours du candidat Fernando Collor de Mello, au deuxième tour des élections présidentielles de 1989, le professeur Belmira Magalhães trouve deux axes conducteurs des propositions de Collor de
Mello: 1) la notion de modernité; 2) la promesse de justice sociale. En ce qui concerne l’idée de modernisation de
la société utilisée par Fernando Collor dans son discours,
nous trouvons un des premiers problèmes: l’utilisation du
concept de modernisation comme synonyme de développement, lorsque le candidat affirme:
Le neuf c’est réduire la taille de l’Etat (...) faire apprendre les libertés individuelles, la liberté de manifestations,
d’opinion (...) être moderne, c’est reconnaîttre les droits
des personnes, respecter les différences d’opinion, com-
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me je le fais(...) et fondamentalement, assurer la propriété, si petite qu’elle soit. (24)
Les propositions du candidat Fernando Collor de Mello pour la construction d’une société moderne s’inscrivent
dans un embarras conceptuel, car l’idée de la modernisation de l’Etat brésilien cache la complexité de la vie quotidienne au Brésil, dont chaque groupe social emprunte des
particularités esthétiques ou idéologiques à l’ambiance
sociale. C’est pourquoi parler dans son discours de société moderne par rapports aux mouvements sociaux, dans
le sens qui lui donne Collor de Mello, c’est retourner au
concept de modernité, dans une vision structurelle mécanique des sociétés, dans laquelles prédominent l’organisation politique au-dessus des intérêts des individus.
Les idées de modernisation de l’Etat brésilien soutenues par Fernando Collor de Mello cachent la vraie signification de son discours politique: les idéaux d’une société
néoliberal, dont le but est l’éloignement de l’État des secteurs publics, et le déplacement des obligations sociales
à la sphère privée. Dans un pays comme le Brésil, où la
garantie de la citoyenneté est une chose presque étrange
dans l›exercie de la politique parlamentaire, en chaque
groupe social est obligé de créer ses règles de survie.
Dans la campagne pour le deuxième tour des élections, le candidat Fernando Collor de Mello s’exprime en
langue de bois, car ses aphorismes ne sont pas trés clairs
dans les récits de Veja lorsqu’il exprime sa volonté de
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Referências
Le
quotidien voilé
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- Wellington Pereira
moderniser la société brésilienne, c’est une contradiction,
parce que pour une meilleure compréhension de la compléxité de l’État brésilien, il faudrait entamer une lecture
qui parte de la reconnaissance des structures complexes
de la société postmoderne, dont les structures visibles ne
sont pas toujours les indices de l’organisation du pouvoir,
car derrière les institutions, ou même en parallèlé, il y a
des formes de rassemblements sociaux plus complexes
qui échappent au domaine de la politique, au sens partidaire, puisque chaque groupe social va gérer de nouvelles
formes politiques au jour le jour.
Le discours de Fernando Collor de Mello pendant la
campagne du deuxième tour est marqué par des contraditions qui échappent aux yeux des analystes les moins
attentifs. Une des contradictions, c’est la confusion entre
la notion de l’État néoliberal et la garantie de citoyenneté.
Ainsi Collor de Mello défend la réduction du rôle de
l’État dans les investissements sociaux, et même temps
est d’accord avec l’implication du gouvernement dans le
domaine de la santé publique, de l’éducation, du logement,
de l’infrastructure de base. Cela donne aux électeurs une
perspective de résolution immédiate des problèmes politiques brésiliens qui n’est pas nouvelle dans l’histoire de la
République brésilienne et a été utilisée a plusiers reprises.
Cependant, Fernando Collor de Mello croit avoir
une influence sur la majorité des électeurs, ceux qui présentent, à ce moment-là une particularité, comme l’a singnale le professeur Belmira Rita da Costa Magalhães:
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Sumário
eLivre
La majorité des électeurs qui appuient Collor ont une
conscience immédiate du monde réel, et ce niveau de
connaissance ne permet pas de passer par l’abstraction
qui conduirait à percevoir les idées neoliberales sous-jacents dans les discours du candidat, lorsqu’il déclare:
“Nous sommes la majorité. (25)
La présentation du candidat Fernando Collor de
Mello dans les médias, principalement dans les récits du
magazine Veja, va démontrer que la logique du discours
de Collor c’est la ambiguïté, la contradiction inhérente à
l’image d’un politicien qui parle à deux pays différents:
le Brésil archaïque, le nordeste, et le Brésil moderne, le
sud et le sud-est. C’est ainsi que la représentation des
idées de Collor de Mello lors du deuxième tour des élections pour la présidence de la République empêche la reconnaissance des rapports qui existent entre la vie quotidienne brésilienne et le monde de la politique. Mais pour
masquer cette rupture entre l’action des politiciens et les
problèmes d’ordre social affrontés par les citoyens au jour
le jour, Collor utilise des stratégies qui sont expliquées
par Belmira Magalhães:
C’est principalement pour la classe moyenne que Collor
crée, à travers les médias, l’image du surhomme, de
l’homme moderne, cependant cultivé, intelligent, entrepreneur-stéréotype parfait de l’homme ocidental, du
premier monde consumériste, toujours en phase avec
les innovations technologiques propres au monde développéle rêve de la classe moyenne. Ici, ce n’est pas le
discours qui prédomine, c’est l’image. (26)
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Le
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- Wellington Pereira
En effet, pour les médias, l’image du candidat Fernando Collor de Mello est confondue avec des paroles.
C’est pourquoi les propositions de Collor sur la modernité de l’Etat brésilien se mêlent toujours à sa performance personelle. En revanche, les électeurs ne peuvent
en aucune façon percevoir la vie politique brésilienne de
façon amplifiée, avec ses contradictions idéologiques, un
pouvoir parlamentaire écarté de la vie sociale des brésiliens, qui cherchent d’autres modes d’organisation, parfois
esthétiques, comme le carnaval, le foot, les fêtes dans les
rues, les cultes d’origine africains, en connivence avec le
catholicisme, pour pallier le manque de sécurité sociale.
Mais toutes ces contradictions sont négligenciées par le
magazine Veja, lorsqu’il présent Collor de Mello comme le
politicien capable de conduire le Brésil vers la modernité
et d’aplani les difficultés économiques et sociales.
Le candidat Collor de Mello et le quotidien
tronqué: conclusion de la première partie
Ce qui, dans les récits de Veja, caracterise la démarche du candidat Fernando Collor de Mello lors de la
campagne du deuxième tour, c’est l’éloignement entre le
discours de Collor de Mello et la vie politique brésilienne.
Veja cherche à montrer le candidat Fernando Collor
de Mello comme le politicien capable d’instaurer au Brésil
l’ordre social, la confiance du peuple dans les institutions
politiques. Cependant, le magazine ne considère pas le
parcours des autres candidats.
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Sumário
eLivre
Fernando Collor de Mello apparaît comme une voix
unique dans le récits du magazine Veja. Sa démarche bouleverse tous les stéréotypes de la politique brésilienne. A
certains moments, les lecteurs de Veja ont l’impression
que le candidat du PRN (Parti de la Reconstruction Nationale) n’a pas de défauts, et son discours représente une
sorte de “prophétie” qui eut sauver le Brésil archaïque, le
nordeste, de la corruption et de la faim; em même temps,
il réserve à l’autre côté, le discours du surhomme, cultivé
et intelligent, capable de prêter un autre rythme de développement au Brésil moderne, du sud et du sud-est.
Jusqu’ à la réussite de Fernando Collor de Mello à la
présidence du Brésil, le magazine Veja pratique un journalisme de révérence à l’égard des propositions du candidat, sans donner à ses lecteurs une vision élargie du signifié des jeux politiques par rapport à la vie quotidienne
brésilienne. Un des problèmes majeurs, c’est justement
cette rupture entre le discours politico-journalistique et la
vie quotidienne des citoyens brésiliens.
Un des problèmes majeurs, c’est justement cette
rupture entre le discours politico-journalistique et la vie
quotidienne des citoyens brésiliens, c’est le manque d’une
analyse de conjoncture des origines du fait politique théâtraliser par Collor de Mello. Nous pouvons constater la
difficulté du magazine Veja d’interpréter de façon claire
ce qui se cache derrière le discours du candidat Fernando
Collor de Mello. Mais du fait que Veja ne fait pas l’analyse
des signes utilisés par Collor dans ses meetings politiques,
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
ou même lors des ses panages à la télé, il contribue au
maintien d’une fracture entre le Brésil réel et le Brésil du
jeu verbal des politiciens.
Cependant la rhétorique de la presse écrite est
toujours mise en oeuvre de façon à vendre la marchandise avec un emballage qui soi le plus capable de persuader les lecteurs. Et la politique est une machandise
qui exige une haute stratégie de marketing. C’est pourquoi les contours du discours des politiciens sont cachés
dans leurs propres formules, parce que ce qui intéresse
le journalisme d’information c’est plus la formulation de
la phrase, que sa compréhension. Dans ce cas, le traitement fait par Veja de la démarche de Fernando Collor
de Mello pendant la campagne du deuxième tour obéit
à deux principes fondamentaux de la presse parlemantaires: 1) parler des contrats sociaux futurs; 2) rejeter
les contrats sociaux du présent.
Pour la majorité des lecteurs de Veja, Fernando Collor de Mello va représenter ce paradoxe, la negation d’un
passé politique incarné par le président José Sarney, par
la désorganisation financière et politique à ce moment de
la campagne pour la présidence de la République, et les
promesses d’un candidat engagé les “réformes” de l’État
brésilien. Mais, le problème c’est que le candidat Collor de
Mello n’est pas situé dans le quotidien, dans le temps présent. Il parle d’un temps messianique, qui ne donne aux
électeurs qu’une dimension de son gouvernement promis
à être une période de résolution des difficultées.
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Sumário
eLivre
Rejetant le présent, Fernando Collor de Mello inscrit
les problèmes politiques du Brésil dans un imaginaire qui
n’appartient pas à son idéal de modernisation, parce qu’il reporte les changements sociaux vers le futur, sans présenter
ni l’origine de ces problèmes et ni la façon de les combattre.
Dans ce langage de cache-cache de Veja, les lecteurs
doivent découvrir ce que signifie chaque mot, chaque expression, chaque geste de Collor dans le champ politique.
Ce qu’il trouve, dans la majorité des cas, très difficile,
parce que Veja ne fait pas toujours une analyse de la
conjoncture, mais prend le discours du candidat Fernando
Collor de Mello comme l’unique chemin à suivre.
Au cours de la campagne présidentielle au Brésil,
Veja a construit une sorte de discours politique autour du
candidat Fernando Collor de Mello qui a brisé le quotidien
des brésiliens, car les paroles des autres acteurs sociaux y
figurent rarement. C’est toujours le discours de Collor de
Mello qui predomine sur celui de la majorité des politiciens
et même sur celui des autres partis ayant une orientation
idéologique différente. Et on ne peut amèliorer la compréhenison du quotidien bréslien à partir d’una langage qui
ferme la possibilité de vérifier le caractère polysémique de
la vie quotidienne au Brésil.
La manière dont Veja va construire l’image du candidat Fernando Collor de Mello, est extrêmement dangeureuse pour ses lecteurs, parce que le magazine ne démontre ni la localisation idéologique do discours de Collor
ni ses alliances pour arriver à la présidence de la Répu-
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Referências
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181
- Wellington Pereira
blique. Dans les récits de Veja, Collor symbolise la modernité politique, le politicien capable de rompre avec la
tradition de la corruption, des méfiances des brésiliens
par rapport à leur gouvernement.
Le quotidien du candidat Fernando Collor de Mello est éloigné de la vie quotidienne brésilienne conformé
d›un jeu rhétorique, dans lequel Veja cherche à constuire
une nouvelle réalité politique pour convaicre les électeurs
que les idéaux de Collor de Mello, dans son pélerinage
entre le Brésil archaïque, avec ses mythes de saints et
de guerriers, et le Brésil moderne, avec sa puissance industrielle et ses surhommes du marché financier peuvent
sauver le Brésil de la misère, et le conduire vers un paradis localisé dans les plans de la politique néoliberale.
Pourtant, dans la deuxième partie de cette thèse,
nous allons démontrer comment le magazine Veja montre
le quotidien de ce “messie-yuppie” de la politique brésilienne, et quels sont les contradictions constatées entre
l’exercice du pouvoir présidentiel tel qu’il est raconté
dans le magazine et l’importance d’une réelle compréhension du Bresil.
3. FREYRE, Gilberto - Casa Grande £ Senzala - São Paulo, ed.
Fundação Giberto Freyre- Recife- 1992, 28° ed. Pp. 160/161.
4. “Le problème, c’est le peuple” - Veja - 6/09/1989.
5. “La dernière tournée des sondages” - Veja - 13/09/1989.
6. “La force des rues” - Veja - 22/10/1989.
7. Idem.
8. MAFFESOLI, Michel - La transfiguration du politique – La
tribalisation du monde - Paris, Le Livre de Poche, 1992, p.105.
9. DA FONSECA, Eduardo Giannetti - Vícios Públicos, benefícios privados? - a ética na riqueza das nações
- São Paulo, Companhia das Letras, 1993, p.12.
10.”La lutte pour l’écharpe presidentielle”. Veja - 22/11/1989.
11. “La Loi de Gérson”. Gérson Nunes de Oliveira à été un des
les plus célébres footballeurs du Brésil. Vainqueur de la Coupe
du Monde de Footbal de 1970 au Méxique. Cause d’une publicité, dans laquelle Gérson à joué un rôle et prononcé la phrase:
“J’aime avoir des avantages”, il a été confondu avec son personnage et transformé en une sorte d’anti-héros national.
12. “La lutte pour l’écharpe présidentielle” - Veja 22/11/1989.
13. “Le prodige des urnes“ - Veja 22/11/1989.
14. “La lutte pour l’écharpe présidentielle” - Veja- 22/11/1989.
15. Idem.
Notes Bibliographiques du Chapitre IV
16. MAFFESOLI, Michel - L’ombre de Dionysos - Contribuition
à une sociologie de l’orgie - Paris, Le Livre de Poche, 1985,
p.191.
1. “Le problème, c’est le peuple” - Veja - 6/09/1989.
18. “Entourer le paon“ - Veja - 6/12/1989.
2. BOBBIO, Noberto et alii- Dicionário de Politica, Brasília, ed.
UNB, 4° ed., 1992, pp. 986-1087.
19. BAREL, Yves- Le héros et la politique- le sens d’avant le
sens- P.U.G., 1989, p.59.
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Sumário
17. Idem; p. 147.
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Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
20. “Le Brésil de chacun“ - Veja - 13/12/1989.
21. Idem.
22. Voir- SARTRE, Jean Paul - L’imaginaire – Psychologie Phénomenologique de l’imagination, Paris, 1986, p. 273
23. DA COSTA MAGALHÃES, Belmira Rita et alii- Da linguagem
ao poder - os discursos de Collor e Lula nas eleições presidenciais de 1989 - Maceió- Edufal, Série Apontamentos, 1997,
p.31.
24. Idem.
25. Idem, ibidem.
deuxième Partie
26. Idem, pp.32/33.
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spectacle du politique
Autor
Referências
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185
- Wellington Pereira
lisation des actes individuels du président, à travers l’utilisation d’un langage de presse en totale distortion avec le
quotidien des citoyens brésiliens.
Durant cette période, la majorité des récits du magazine Veja cherchent à rendre compte du nouvel ordre
mondial, de la globalisation des économies.En revanche,
les problèmes d’administration, de fonctionnement de
l’État brésilien sont toujours méprisés, car Veja les considère comme pesanteur, un archaïsme hérité du gouvernement précédent celui du président José Sarney (19851990). Mais voyons tout d’abord comment le magazine
présente l’image du président élu le 15 mars 1990:
Chapitre V
Le gouvernement Collor de Mello et
l’emprise du spectacle
Monsieur Le Président
ou la mise en scène du politique
Fernando Collor de Mello a été le premier président
brésilien élu par le vote direct, depuis 1960. Il occupe la
présidence de la République du Brésil le 15 mars 1990,
pour un mandat de cinq ans.
Fernando Collor de Mello, une des figures les plus
controversées de la politique brésilienne, a promis a ses
électeurs de moderniser le pays, de mettre fin à l’injustice sociale et de punir les politiciens corrompus. Mais son
gouvernement va correspondre à l’une des périodes les
plus pénibles de l’histoire du Brésil.
Dans cette deuxième partie de la thèse nous allons
essayer de démontrer comment sont construits dans le
magazine Veja les récits et reportages consacrés au gouvernement Collor de Mello. En effet, il est particulièrement
intéressant, voir ême fascinant de vérifier comment s’y
opère un savant mélange de la politique et de la théâtra-
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Agé de 40 ans, le 41° président de la République du
Brésil est le plus jeune et de tous le plus inattendu. Il y
a un an, Fernando Collor de Mello avait manifesté, pour
la première fois, l’intention de disputer la présidence de
la République,Mais le député Ulysses Guimarães avait
envoyé à Alagoas, un émissaire, l’ex-minsitre Raphaël
d’Almeida Magalhães, dont la mission consistait à faire
comprendre au jeune candidat qu’il devrait modérer ses
ambitions, puisque, dans la course à la présidence, la
première place était réservée à ce même Ulysses Guimarães. En compensation, celui-ci proposait à Collor de se
faire élire à la vice-présidence.Fernando Collor de Mello
se montre convaincu mais se rend néanmoins à São Paulo pour négocier son affiliation au PSDB, à condition de
figurer sur la liste électorale aux côtés du sénateur Mário Covas. Le quel prétexte un agenda trop chargé qui
empêche toute rencontre (...). Le candidat du PMDB qui
avait offert la vice-presidence à Collor échoue au premier tour des élections, le candidat du PSDB, Mário Co-
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Referências
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- Wellington Pereira
vas qui n’avait pu accorder un rendez-vous à Collor reste
en quatrième place.Et le 17 décembre 1989, Fernando
Collor de Mello l’emporte au deuxième tour des élections
présidentielles devient le phénomène les plus époustoflant jamais produit par une élection dans ce pays. (1)
Veja poursuit démontrant que, récusé par la plupart des partis politique, Fernando Collor de Mello réussit
grâce à ses seuls efforts, sans s’identifier aux politiciens
traditionnels et adopte même un nouveau style oratoire:
Le 15 mars 1990, lors de la cérémonie de la transmission des pouvoirs, le président Fernando Collor de Mello
a inauguré un nouveau style au Palace du Planalto.C’est
un administrateur méticuleux et organisé qui garde,
pendant plusieurs mois, les notes prises pendant les réunions avec son staff. Si on consulte la biographie politique de Collor de Mello on y trouve la marque d’une centralisation administrative de la gestion du personnel, des
fonctionnaires, et même des actions les plus importantes
de sa carrière politique. Il ne craît pas limoger des gens
qui ne se montrent pas très utiles à leur poste. Pendant
sa campagne, Fernando Collor de Mello a eu trois assesseurs responsables de la propagande politique à la radio
et à la télé. Il a commencé a travailler avec le publicitaire Juca Colagrossi, puis il l’a remplacé par le journaliste
Beliza Ribeiro- à qui il à donné que des pouvoirs secondaires; pendant qu’il déléguait au publiciste Chico Santa
Rita la direction de sa campagne dans les médias. (2)
Dans ce premier portrait du président Fernando Collor de Mello, nous pouvons constater un des principaux
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Sumário
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traits de son personnage: le souci de personnaliser de la
Présidence de la République, ce qui va devenir une des
principales caractéristiques de son gouvernement.
En fait, Fernando Collor de Mello va gouverner le Brésil en s’appuyant sur les traditions politiques des “Caudilhos” sud-américains, mais dans une perspective où vont se
mélanger autoritarisme et “techno-bureaucratie”. En dépit
de l’enthusiasme dont fait preuve le magazine Veja pour
la manière de gouverner de Collor de Mello, le président
brésilien élu par le vote direct, après trente ans de lutte
pour l’instauration de la démocratie au Brésil, reste fidèle à
l’héritage des élites politiques qui sont à l’origine de la République brésilienne, comme le démontre Candido Mendes:
Le Brésil des années 90 désire une autre forme de pouvoir, une compensation orgiaque à plus d’un siècle de
“castration” politique qui n’a ps connu d’autre mode
d’élection présidentielle que celui qui prenait l’apparence
d’une sorte d’assension naturelle. Ainsi Tancredo Neves,
a-t-il repris le modèle républicain du président élu par
les élites civiles, le restaurant avec vigueur à la faveur
du dégel qui connaît l’autoritarisme. Dans ce modèle, la
magistrature suprême est vue comme l’expression des
volontés politiques collectives, nées des luttes menées
au sein des différents gouvernements, dans le cadre
des alternances et surtout, à l’intérieur de limites bien
établies. En revanche, la présidence de Collor emerge
dans une période fondamentale où le régime militaire, fortifié par la faiblesse des derniers moments de la
Nouvelle République (le gouvernement de José Sarney
- 1985 - 1990) va installer de pouvoir à l’intérieur d’un
Autor
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- Wellington Pereira
mécanisme de négociations politiques à la trame lâche
(...) L’histoire de Collor, c’est avant tout l’histoire de la
densité nocturne, d’un électorat nouvellement arrivé à
la maturité, après avoir, pendant des années, été écarté
des élections résidentielles (...); Ajoutons- y l’envers et
l’endroit de notre inconscient, celui d’une “Russie Tropicale”, régime à l’extension géographique démesurée,
mais à la citoyenneté limitée et passive, où le seul gouvernement est celui des hiperboles reconnaissables dans
le personalisme d’un État-Providence, à la fois cruel et
munificent. (3)
Ce que le magazine Veja appelle le style Collor dans
la pratique gouvernamentale peut être décrit comme une
extension de la bureaucratie au gouvernement de la République brésilienne, avec en contrepartie un fort pouvoir
personnel est un des héritages du champ polititique propre
au “royaume des latifundia”. Pourtant, Fernando Collor de
Mello va apporter à la politique brésilienne une nouvelle
forme d’organisation, dans laquelle sont mises en évidence
les qualités personnelles du président élu, ce qui est en
contradiction avec la conjoncture socio-historique.
Lorsque pour Veja les qualités individuelles du président Fernando Collor de Mello deviènnent le coeur même
du pouvoir, deux pistes se présentent à nous qui vont
nous permettre de comprendre comment le discours journalistique foncionne et utilise, dans la majorité des cas,
l’hyperbole pour évoquer les faits politiques. Mais, comme
a démontré Candido Mendes, l’hyperbole, dans le journalisme d’information fonctionne,dans la réalité, comme
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Sumário
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un coup d’assommoir, car on trouve dans cet exercice
une amplification exagérée des valeurs vehiculées par
certains symboles du champ politique. Le magazine Veja
commence à confondre les actions de l’État brésilien et
les actes personnels du président Fernando Collor de Mello. C’est pourquoi la figure de l’hyperbole souligne Candido Mendes, dans la violence du langage journalistique
provoque une inversion des valeurs historique du régime
républicain, parce que, en attribuant la capacité de changer de la politique de l’État à la façon de gouverner de
Collor, le magazine passe sous silence toute la trajectoire
des présidents antérieurs qui ont cherché à imposer un
style, mais étaient attachés au principe du maintien de la
grande propriétaire terrienne au rôle de la parenté dans
la formation des groupes politiques au Brésil. Ces deux
éléments transforment l’élection d’un président républicain au Brésil en un avènement réel, puisque la conception du présidentialisme brésilien a, toujours, un sens monarchiste. Cependant, dans les récits du magazine Veja
l’élection du président Fernando Collor de Mello apparaît
comme un “avènement politique”, dont les origines sont
inscrites dans le modèle républicain nord-américain, mais
qui se présente comme néanmoins un système politique
où cherche à doser un mélange de système présidentiel et
des formes de gouvernement empruntées aux royaumes
européens. Mais dans la formule que Veja a adoptée pour
le premier portrait du président Fernando Collor les héritages principaux de la République brésilienne n’appa-
Autor
Referências
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raissent pas. En effet, la victoire de Collor de Mello dans
au deuxième tour des élections présidentielles de 1989
est présentée par Veja comme un fait situé en dehors des
luttes de classes, et les lecteurs n’ont aucune possibilité
de comprendre le sens de la campagne présidentielle.
Le style politique du president Fernando Collor de
Mello est, vraiment, une pure extension du “modus vivendi” de la politique brésilienne, héritage d’une République
Positiviste, fondée par la classe dominante brésilienne. A
ce sujet, nous pouvons utiliser les réflexions de Francisco
de Oliveira, dans son étude, Collor: a falsificação da ira,
où il précise les caractéristiques de la victoire de Fernando
Collor de Mello, dans au deuxième tour des élections présidentielles de 1989:
Le second tour des élections a éte une guerre de classe,
qui s’est jouée électoralement entre les formations alliées autour des deux candidats présents au second tour.
Plus qu’un affrontement entre deux partis, ce fut un
affrontement entre deux candidats aux racines sociales
et politiques opposées, si bien que ce deuxième tour est
devenu une lutte des classes électorale condifiée; avec
le candidat vient mieux, bien-né, fils de l’oligarchie nordestine, bien-mis, faisant partie du cercle restreint des
classes dominantes du Nordeste, mais également membre des nouvelles bourgeoisies nordestines, qui, present
de la condition de l’oligarques , à celle d’entreprenons
capitalistes sans renoncer neanmoins à avoir recours et
aux “jagunços” or au “trabuco” (...). (4)
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La violence- bien representée ici par les “jagunços”,
hommes de mains qui forment des bandes pour assaillir
ou tuer surs les ordres des grands propriétaires terriens,
en utilisant le “trabuco”, sorte de fusil, apportée à la tradition du “don” est une caractéristique les originelle des
élites rurales au Nordeste du Bresil.
Pour ce qui est de “l’idéologie du cadeau”,de l’ exercice du “don” lié au processus politique, principalement
dans la région nordestienne brésilienne, nous reprenons
l’analyse de Michel Maffesoli pour mieux comprendre le
“fonctionnement” de ce jeux d’echange idéologique:
Le don, sous ses diverses modulations, depuis le rituel
jusqu’à l’idéologie du cadeau, est un double rapport (...).
(5)
Ce rapport social établi à partir de la tradition du
“don” est dans la politique brésilienne une des pratiques
le plus anciennes. Mais ce qu’ il est intéressant d’observer,
c’est un certain niveau de conscience chez les “électeurs”,
les plus humbles, qui comprennent bien la “valeur” de leur
marchandise: le vote; et vont bien élaborer une “convivialité” fondée sur les faux pilliers de la passivité. C’est
pourquoi nous pouvons considérer “stratégie” de survie
politique comme une des clés qui verrouillent les liens socio-politiques établis au sommet du pouvoir.
Sans cette pratique du “don” alliée à la violence des
“jagunços” - les bandits de l’intérieur du Nordeste brésiliendéguisés en modernes “entrepreneurs” au sud et au
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Referências
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- Wellington Pereira
sud-este, Fernando Collor de Mello ne serait jamais arrivé
à la Présidence de la République du Brésil.
L’“ideologie du cadeau” bien expliquée par Michel
Maffesoli, dans son livre La conquéte du présent met
l’accent sur un des héritages de la politique brésilienne: le
pouvoir lié à notion de troc, qui a marqué le principe de la
colonisation portugaise au Brésil.
Cependant dans la société contemporaine,le don,dans la pratique politique n’a plus pas de sens anthropologique. Il n’est pas mise en oeuvre comme une
extension des traditions socio-culturelles, mais dans un
sens unique d’échange, dans ce cas la valeur des votes
comme, souvent au Brésil, devient une brève reconnaissance de la citoyenneté. Cet échange prend alors une signification majeure, puisque la concession de “bénéfices”
aux électeurs d’une région pauvre comme le Nordeste
brésilien s’incrit dans l’ordre de l’imaginaire religieux et
culturel. Et dans ce processus, les échanges mélangent
l’âme et les choses, comme le démontre Marcel Mauss,
dans son livre Sociologie et anthropologie, au chapitre
où il traite des règles de la générosité:
(...) Au fond, ce sont de mélanges. On mêle les âmes, les
vies et voilá comment les personnes et les choses mêlées sortent chacune de sa sphère et se mêlent: ce qui
est précisement le contrat et l’échange. (6)
Cette relation entre le “don” en politique et les promesses d’un futur moins dur, qui marque les discours des
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Sumário
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politiciens brésiliens adressés à leurs électeurs à caractérisé l’élection de Fernando Collor de Mello. Cependant, le
magazine Veja s’abstient de montrer les alliances politiques
et présente le vainqueur, le futur président comme le “roi
promis”, le “sauveur du peuple”, em mettent l’emphase sur
la compétence personnelle de Collor de Mello. Par conséquent, nous pouvons discerner dans cette prise de position
de Veja deux problèmes touchant à la comprehénsion du
contexte politique qui a permis l’élection de Fernando Collor: 1) le manque d’explication claire sur la signification du
“Style Collor”; 2) la négation du champ politique comme un
“univers” d’ ideologies conflictuelles.
Pour les lecteurs du magazine en effet, la lecture du
portrait du président Fernando collor de Mello pose une primière difficulté: que se cache-t-il sous le mot “style”? terme
que la magazine ne cherche pas a utiliser de la manière
la plus exacte, étymologiquement pour ainsi dire. De quel
style parle-t-on? Nous comprenos, entre guillemets, l’intention de Veja qui est de présenter Collor de Mello comme
l’homme d’une politique présidentielle nouvelle manière.
Mais en réalité où réside la nouveauté. A priori nulle part.
Le “Style Collor“ comme Veja l’a appelé, lors de
l’installation à la présidence de Fernando Collor de Mello,
ne peut pas être consideré comme innovateur, puisque
les alliances qui ont permi sa victoire gardent la “marque”
des oligarchies les plus conservatrices de la politique brésilienne. Et pour élargir la compréhension il faut rappeler
ce qu’était la conjoncture dont le magazine Veja devait
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
permettre aux lecteurs de comprendre le vrai signifié et
qui a abouti à l’élection de Collor de Mello, comme l’ explique Francisco de Oliveira:
En fait, la nouvelle présidence a marquée, en réalité, le
fait qu’il y avait une élection directe pour la Présidence
de la République: par servilité on peut lui attribuer la
credibilité du nouveau président, cependant, sa militance antérieure militance dans les “rangs” de l’autoritarisme fait supposer que, san la résistance démocratique
de plusieurs citoyens qui, lors des élections, n’ont voté
pas pour les propositions de Fernando Collor de Mello,
jusqu’ à aujourd’hui nous subirons encore l’arrogance
militato-bourgeoise, et sans exagérer dans les prévisions, en faisant des concessions à la “bonne-fois” et à la
capacité de changements des hommes,on peut penser le
président qui entrait en foctions demeurait le promoteur
de l’autoritarisme (...). La “griffe” du nouveau président
reside dans sa capacidté de toujours surprendre, de manipuler, avec habillité, disent les courtisans; la nouvelle
technique de communication socialement disponiblec’est-à-dire la télévision il ne répond plus à ce qui fut
la figure officielles des hommes politiques brésiliens: visage fermés, vestes provenant du Mappin,ignorance des
moyens modernes de communication (...) Si bien que
l’ère Collor va être la révélation dramatique de l’absence
de projet national chez les classes dominantes. (7)
De fait, le “Style Collor” se caractérise par une prise
en charge des jeux politiques établis par les oligarchies
brésiliennes dont le seul projet est d’occuper l’Etat, mais
qui n’ont pas un idée très claire de ce que requiert, dans
Capa
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le contexte présent, le gouvernement du pays. Francisco
de Oliveira, dans son livre, Collor: a falsificação da ira, à
la page 130, montre que, ce qui est est intéressant, dans
ces représentations “démocratiques” des oligarchies, c’est
de constater “l’accumulation du capital effectué, surtout
pendant la période de l’état autoritaire (8). Mais la façon
dont Veja parle des mondifications introduites par Fernando Collor dans la politique brésilienne nous présente
qu’ une idée fausse, celle d’un rénouvellement politique
réduit au savoir-faire de Collor de Mello.
La façon de gouverner qui fut celle de Fernando Collor
de Mello pendant le premiers jours de sa présidence, reproduit en vérité celle des “Caudilhos” d’Amérique Latine:
culte de la personnalité célebré à l’occasion des actes personels des dictateurs; les mandats électoraux deviennent
donc, dan ce système une “extension du pouvoir divin”;
Mais dans le flot discursif des récits de Veja, comme bien
distinguer ce qui fait le style Collor? Dans un premier temps,
il est nécessaire de comprendre que le discours journalistique travaille sur les variantes de la représentation sociale,
don le processus d’édition va sélectionner les “métonymies
de l’impact”; ainsi au contraire des bonnes métonymies, le
contenant ne ramène pas à une idéalisation du contenu, ni
même à un chagement des signes.
L’impact de la forme n’a pas pour objectifi de vérifier le pluralisme des liens sociaux, mais de cacher le sens
des modes narratifs adoptés pour parler des événements
journalistiques. Cette idée de la “métonymie de l’impact”
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
peut être comprise à partir d’une lecture des quotidiens
et des magazines où l’on vérifiera comment la forme, la
mise en page de ces publications vont minimiser le rapport entre forme et contenu, en privilégiant la forme Dans
ce sens, Veja suit le modèle de la presse-magazine nord-américaine et, à partir d’une forme qui est celle que se
donne la nouvelle équipe du gouvernement de Collor de
Mello, la publication mélange style de société communautaire et style personnel du président.
Nous empruntons à Maffesoli, dans son livre, La
Contemplation du Monde-figures du style communautaire, la notion de style qui peut nous aider à mieux comprendre la confusion conceptuelle diffusée par Veja à
propos du “style Collor”:
(...) Plus précisement: que le style d’un homme, ou d’un
groupe donné, n’était que la cristallisation de l’époque
où ils vivent. Cela lui donne une autre ampleur, et surtout lui permet de servir de révélateur de la complexité
sociale (...). (9)
En nous appuyant sur cette remarque de Michel
Maffesoli, nous pouvons constater que le “Style Collor”,tel qu’il est présentée par Veja n’offre pas au lecteur une
“vision” sociale élargie, démontrant la complexité de la
construction des faits sociaux, du point de vue culturel ou
politique.Ce premier point: expliquer le signifié du “Style
Collor” n’est pas pris en compte par le magazine qui ne
propose pas aux lecteurs un analyse claire de la conjo-
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Sumário
eLivre
cture ou des forces politiques qui ont conduit Fernando
Collor de Mello à la Présidence de la République du Brésil.
Le deuxième problème posé par le portrait du président Fernando Collor de Mello, c’est la négation par le
magazine Veja du champ politique. En géneral, le président est présenté comme un homme au-dessus des petites querelles de la politique politicienne. Collor, à travers
les récits de Veja, apparaît comme le “restaurateur” de la
politique archaïque pratiquée par le gouvernement antérieur à celui du président Sarney, et donne aux lecteurs
l’impression de marcher dans une croisade contre le mal.
Cependant, le magazine cache aux lecteurs les notions de base de l’exercice du politique, comme le caractère d’ambiguïté propre au pouvoir, concept que nous
empruntons à Georges Balandier, dans son livre Anthropologie politique:
L’ambiguïté est donc un attribut fondamental du pouvoir.
Dans la mesure où il s’appuie sur une inégalité sociale
plus ou moins accentuée, dans la mesure où il assure
des privilèges à ses détenteurs, il est toujours, bien qu’à
des degrés variables, soumis à contestation (...). (10)
En refusant de mieux expliquer les contradictions
qui traversent le champ politique, le magazine Veja n’apporte pas aux lecteurs la possibilité de vérifier ce qui est
propre à la politique: l’ambiguïté. Ou même, comme nous
pouvons le constater, cette attirance de Veja pour l’image
de Fernando Collor de Mello président du Brésil, fait que le
Autor
Referências
Le
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199
- Wellington Pereira
magazine ne prend jamais conscience de cette tâche complexe du pouvoir politique: dédoubler ses signifiés.Ruse
du pouvoir particulièrement bien expliquée par Balandier:
(...) La ruse surprême du pouvoir est de se contester rituellement, pour mieux se consolider effectivement. (11)
Le magazine Veja ne prend pas en compte le sens du
rituel en tant que forme du pouvoir orientée, soit vers une
dictature, soit vers la démocratie. Le portrait du président
Fernando Collor, au début du gouvernement, est toujours
marqué par le culte de la personalité, cantonné dans les
limites des actions personnelles, determinées surtout par
une lourde tradition politique familiale.
Dans cette même édition du 24 décembre 1989, le
magazine Veja ose dévoiler une autre face du portrait du
président Fernando Collor de Mello:
Le nouveau président a un caractère explosif, un comportement imprévisible. (...). Tendu et impatient, Collor
est un des politicien qui pratique un rituel psychologique
apprécié par la plus grande partie des électeurs (...). (12)
Dans ce sens, le magazine Veja a réduit les formes
politiques représentées par Fernando Collor de Mello à
son caractère personnel. Cette individualisation du pouvoir initiée dans les récits de Veja ne fait que consolider
le pouvoir des groupes organisés auxquels est reconnu
le droit de gouverner souverainement. C’est pourquoi le
contenu des portraits du magazine, qui cherche à soulingCapa
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eLivre
ner le rôle du nouveau président n’est en réalité qu’une
négation du politique, puisque Veja n’apporte pas à ses
lecteurs la possibilité de comprendre clairement les origines du pouvoir exercé par Fernando Collor de Mello.
Dans l’exercice de la Présidence de la République,
Fernando Collor de Mello va incarner une individualisation
du pouvoir toujours confondue avec la personnalisation
du pouvoir, individualisation qui consiste à mettre en évidence les actes personnels du président en adoptant les
méthodes du marketing, de la propagande politique, avec
par but de remplacer les formes de gouvernements, et le
problèmes socio-politiques par les symboles de réussite et
les idées personnelles.
En reprenant les analyses Max Weber sur une typologie du pouvoir (13), nous pouvons nous attacher à
l’idée suivant laquelle l’État se caractérise par l’usage légitime de la violence. À tout coup, nous pouvons dire que
cette violence est bien articulée lorsque la personnalisation du pouvoir, dépasse la notion, dans son sens même,
d’individualisation. C’est pouquoi l’événement représenté par les premières élections démocratiques d’un président brésilien, après la dictature militaire, mélangé aux
attributs personnels du gouvernant donne un fausse conception des formes du pouvoir politique, principalement
au Brésil; on fait alors défendre les carences sociales de
l’omnipotence d’un seul homme, qui gouverne le pays à
partir d’une image calquée sur le mythe du pouvoir conçu comme une chose atemporelle. Mais pour le magazi-
Autor
Referências
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- Wellington Pereira
ne Veja, les éléments du portrait du président Fernando
Color de Mello ne prennent jamais un “ton” outrancier, à
cause de la personnalisation.
Certains politologues, comme Alain Duhamel, dans
son livre, La Politique imaginaire, admettent que cette culture de l’omnipotence présidentielle peut-être considérée
comme dépassée dans les démocraties occidetales:
(...) Le mythe de l’omnipotence présidentielle, outrancier
depuis toujours, tend à devenir largement obsolète aujourd’hui. Il offre des arguments polémiques commodes,
il flatte des réminiscences historiques (...). Il entretien
cette fierté équivoque de ne jamais rien faire comme les
autres, puisque la tradition et le patrimonie culturel le
veulent ainsi. L’inconvénient de ces facilités intellectuelels et politiques est qu’elles ne rendent pas compte de la
réalité, et même qu’elles s’éloignent de plus en plus de la
société politique telles qu’elle est (...). (14)
Ce mythe de l’omnipotence politique qu’ a montré
Duhamel a bien marquée l’élection du président Fernando
Collor de Mello, puisque Collor apparaît, dans le magazine
Veja, comme le “sauveur” du peuple brésilien, comme un
politicien capable de résoudre des problèmes complexes
tels l’inflation, et surtout, la pauvreté du Nordeste brésilien.
D’après la forme de pouvoir politique établie par
Max Weber, le président Fernando Collor de Mello peut
être identifier comme le type “charismatique (15), dont
la formulation du pouvoir passe souvent par la croyance
dans le surhomme.
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Cette idée du pouvoir charismatique exercée par
Fernando Collor de Mello dans les médias brésiliens donne
à quelques analystes de la victoire de Collor aux deuxième tour des élections l’impression que le président à été
simplement une construction du discours médiatique, on
omet alors de considérer la tradition de pouvoir des latifundias qui s’est cherché un symbole politique capable de
rassembler, dans une lutte politique contre la gauche, le
charisme et la vision des grands mystiques. D’une certaine façon, ce “champ” de l’imaginaire politique brésilien a
été rempli par Janio de Quadros dans une des majeures
élections poupulistes de l’histoire de la République Brésilienne dans les années 60, où il a joué le rôle de “balayeur” de la corruption. Mais Janio était un symbole du
monde urbaine, dont l’image de sauveur s’est heurtée à
deux frontières; les difficultés du service public, la moralité du monde urbain; son charisme s’inscrit, donc uniquement, dans l’univers d’un électorat soi-disant moderne.
Fernando Collor de Mello, quant à lui, va mieux correspondre à la figure recherchée par la bougeoisie latifundiaire pour combler les faiblesses politiques du gouvernement de centre-droit incarné par José Sarney, en
touchant un imaginaire populaire plus large que celui
qu’avait su capter Jânio Quadros. En effet, Collor de Mello
a sur reprendre l’héritage de son père, un politicien du
Nordeste brésilien, lequel avait utilisé tous les symboles
du charisme-mystique pour gouverner l’Etat d’Alagoas.
C’est pourquoi, les médias conservateurs vont trouver
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
dans l’image du candidat Collor de Mello le signe parfait,
capable d’unifier les contraditions régionales et de faire de
Collor le politicien capable de réduire les décalages socio-économiques entre le Brésil archaïque, le Nordeste, et le
Brésil moderne, le sud et le sud-est.
Cependant, l’élection du président Fernando Collor
de Mello a un sens anythropologique au regard des analyses qui s’orientent vers une omnipotence des médias,
comme l’a démontré Emiliano José, dans son livre, Imprensa e poderligações perigosas:
Collor a été élu dans lors de ce que nous pourrions appeler la première élection médiatique du Brésil (...). (15)
Avant de considérer les élections présidentielles de
1989 au Brésil comme un fait strictement médiatique,
nous pouvons ajouter à cette analyse portant sur la constrcution du portrait du président élu, deux clés pour une
lecture anthropologique de la forme politique représentée par les classes conservatrices qui ont soutenu Collor:
1) le charisme comme attribut essentiel pour le maintien du pouvoir; 2) L’idée du pouvoir comme rôle de la
“personna”. Ce sont les mots qui caratérisent la tradition
politique moderne; tradition élaborée à partir d’un mélange entre des formes conservatrices du pouvoir, liées
surtout aux gands propriétaires, celles de l’univers des
médias,l’apparence personnelle, en particulier, dont les
racines se trouvent dans les canons de la beauté édictés
par les classes dominantes.
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Pour mieux comprendre le type charismatique incarné par Fernando Collor de Mello pendant la campagne
présidentielle et bien accepté par la presse, lorsque il est
devenu président, nous rappelons Balandier, déclarant à
propos des caractères de la domination charismatique:
(...) Quant à la domination charismatique, elle constitue
un type exceptionnel. Elle est une puissance révolutionnaire, un moyen de bouleversement opérant à l’encontre
des régimes de caractère traditionnel ou légal. Les mouvements messianiques à prolongements politiques (...)
illustrent ce pouvoir dissolvant qui attaque l’ordre traditionnel et fait place à la ferveur utopique. (17)
La domination charismatique exercée par le président
Fernando Collor de Mello représente bien cette liaison entre
les régimes politiques traditionnels marqués, au Brésil, par
la propriété foncière et maintenue par la violence et les
prolongements des mouvements messianiques à une politicopartidaire, illustrés au début de ce siècle par “Padre
Cícero du Juazeiro”, mélange de guide spirituel et de leader
politique dans l’Etat du Ceará, au Nordeste brésilien.
Le magazine Veja insiste sur l’imagem charismatique du président Fernando Collor de Mello et accentue
les qualités personnelles du nouveau “leader” politique,
tout présentant une contradiction portant sur le signifié
d’une trajectoire personnelle en politique, c’est ce qui a
démontré Francisco de Oliveira, dans une analyse du parcours de Collor de Mello “sauveur de peuple brésilien en
haillon”, les “descamisados”:
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Les caractèristiques d’une telle personnalité, sont les circonstances qui rendent possible des figures messianiques
s’élévent au-dessus de la politique institutionnelle. (18)
Ouvrant à la “personalisation” du champ politique, le
magazine Veja va, donc, inscrire collor en deux univers qui
refondent les principaux niveaux de présentation du discours politique du président: 1) le spectacle comme forme
de négation des problèmes politiques de la nation brésilienne; 2) la représentation du confort comme stragtégie
de gouvernement dans le cadre d’un pouvoir absolu; 3) les
actions théâtrales du président sont l’objet de critiques.
De fait, Veja établit un “portrait” du président Fernando Collor de Mello dans lequel va prédominer une “pratique” personnelle du pouvoir. Pouvoir qui repose sur le
“charme” de Collor de Mello et sur les signes de la consommation. C’est ainsi que le magazine présenté à ses lecteurs
une image somptueuse du quotidien de la présidence associée au mépris pour la “pauvreté” de l’Etat brésilien, tant
du point de vue de son administration, que du point de vue
de la participation du à la marche démocratique.
Collor: le Don Juan médiatique
contre le Don Juan classique
Dans une formule bien frappée de la pressemagazine, où le loisir, le “bien-être” revêtent la même
importance, dans la présentation des nouvelles, que les
analyses de conjonctures, Veja cherche à montrer aux
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lecteurs que le nouveau président élu, Fernando Collor
de Mello faire preuve de qualités personnelles qui sont les
signes legitimes de la modernité. Ce monde, dans les articles du magazine apparaît comme le “monde” du confort,
auquel Veja associe la conotation de “monde civilisé”.
Une des manières de présenter le président Fernando Collor de Mello, consiste à en faire un “Dandy”,
un homme aux goûts raffinés, capable de restaurer les
“fastes” de la République brésilienne.
Cette présentation de Fernando Collor de Mello sous
les traits d’un Dandy est une extension du caractère messianique prêté par Veja à la campagne de Collor pendant
les deux tours de la campagne présidentielle. Avant tout,
le “leader” charismatique a besoin de conquérir la nation
à travers ses moeurs, soit qu’il symbolise l’homme cultivé, soit qu’il se présente comme le “jeune beau”, qui fut
mannequin de Pierre Cardin, dans un défilé organisé par
l’épouse du dictateur Costa e Silva, à Brasília, en 1968.
Mais de toute façon, le magazine Veja cherche à fournir
des interprétations du “Style Collor” en finit par créer une
sorte de dandysme contradictoire, où le langage imprécis
du magazine semble fissurer la cohérence du portrait.
En premier lieu, nous allons démontrer comment
Veja commence à suggérer l’idée du dandisme de Collor,
en parlant de l’image d’un homme très cultivé:
À sa disposition, Collor a une bibliothèque de plus de 30000
titres, installée dans un autre immeuble de la famille situé
en face de sa propriété, sur le Lac Nord, à Brasília. Collor
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Referências
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aime fréquenter ce lieu, principalement en compagnie des
photographes et des caméramans de la TV. (19)
Veja ne se contente pas de se montrer particulièrement favorable à l’image du Présidente Fernando Collor
de Mello. Le magazine verit néanmoins que le président
soi aux yeux des lecteurs, l’objet d’une posture “critique”
portant sur le comportements du nouveau président, comme nous pouvons l’observer dans cet extrait:
Collor n’est sûrement pas un intellectuel. En temps
normal, il lit, du début à la fin, cinq livres par an. Il en
consulte d’autres quand il veut s’éclairer sur des sujets
d’intérêt immédiat comme l’économie ou la politique. Sa
vie d’étudiant a été un désastre. Au collége São José, où
il a fait ses études de premier cycle, il était considéré
comme un bon élève et étant le premier de la classe. Par
contre, dans le deuxième cycle, il s’est fait remarquer davantage par une vie nocturne agitée que par sa présence
au cours. A l’Université de Brasília où il débute en 1969 un
cursus d’Economie, il rate des épreuves dans la majorité
des disciplines et voit presque son inscription annulée par
l’université. En 1972, grâce à un transfert à l’Université
Fédérale d’Alagoas, Collor réussit à terminer ses études et
obtient son diplôme de Bachelier en Economie. (20)
L’utilisation d’un langage flou est particulièrement
claire lorsque Veja critique les comportements et les aptitudes du président ou le modèle de gouvernement qu’’l
adopte. Mais en même temps, Veja substitue à cette critique un consensus de l’image du président.
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Parfois, donc Collor apparaît comme quelqu’un qui
a échoué sur certains points du modèle de modernité
construit par Vejalequel n’explique pas clairement ses référents sociaux dans les articles qui traitent de la nouveautée présidentielle-par conséquent, les “fautes” du
“jeune” Collor sont assimilées à une sorte de “désinvolture”, propre aux personnes de sa génération, Celle de
Mai 68 et de la contre-culture.
Par la suite, dans ce même reportage du 24 décembre
1989, Veja trace un croquis de Collor de Mello séducteur:
Dans sa jeunesse, Collor avait une réputation de séducteur à Brasília, titre qui,à une première vue peut sembler
surprenant. Malgré sa bonne forme physique et sa bonne
mine, Collor a un nez aquilin, pointu et aigu. Ses jambes
sont si arquées que, quand il était étudiant, on l’avait
surnomné pince. Aujourd’hui, il cherche a cacher son imperfection en s’habillant de pantalons larges. Les mains
de Collor sont enormes, ainsi que ses pieds Il mesure
1,89 metres; et il chausse du 43.(21)
Veja prépare la vie à l’introduction du leader charismatique dans l’imaginaire des lecteurs. Le mélange de la
bonne mine avec les goûts raffinés du nouveau président
déplacent la lecture du fait politique vers les stéreotypes
des hommes politiques vers comme despersonnages de la
société de consommation.
Collor de Mello, dans l’article du magazine, apparaît
d’abord comme un de ces personages éternellement jeunes dont le destin les élève au-dessus des possibilités du
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monde réel; Il n’est jamais déprimé, jamais fatigué. Son
type de beauté pourrait heuter les origines aristocratiques
de la République brésilienne, mais malgré tant des traits
européens qui le différencient des métis qui ont servi la
république dans le seul moments où la patrie avait besoin
de considérer les idéaux, comme lors de la guerre avec le
Paraguay, ou la guerre de Canudos. Offrant un tout autre
modèle, le président apporte une image née de la fusion de
l’aristocratie rurale avec les technocrates urbains, en apparence historiquement déracinés et faisant passer l’intérêt
de leur bourse avant toute réference de nationalité.
Une des signes principaux attachés à l’image du leader charismatique dans la société contemporaine, c’est
l’importance qu’ils accordent aux symboles de la modernité comme, la vitesse, le langage publicitaire, l’action incessante, dans un temps qui ne s’écoule pas et le succès,
comme le démontre Roger-Gérard Schwartzenberg:
Ils s’accordent aux mythes de leur temps (la vitesse,
l’action, le succès), à l’idéologie implicite véhiculée par
les médias et la publicité. Par-dessus tout, ils sont mobiles. Actifs, dynamiques, mouvants.(22)
Outre l’image charismatique, Veja introduit celle
d’un président Don Juan, séducteur dans sa jeunesse des
filles de la bourgeosie nationale:
A l’époque où il était célibataire le président a eu des
“aventures” avec les filles des bureaucrates du premier
échelon de la capitale fédérale (Brasília). Il a eu en par-
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ticulier des relations amoureuses avec Vera Fischer, pendant un festival de cinéma. (23)
Le président séducteur apparaît comme une extension du leader charismatique qui, en l’occurence, est aussi
un Dandy, profitant de son élegance pour conquérir le monde de la politique. Cependant une remarque reste nécessaire, car Veja apporte une information valable pour ce qui
est de construction de la compréhension du chemin politique parcouru par Collor de Mello: la séduction des filles de
bureaucrates brésiliens, fait partie de la conquête de l’Etat.
Fernando Collor de Mello, dans le portrait de Veja, est
un mélange: à la fois leader de charme et sorte de Dandy,
nouveau Don Juan arrivé à son projet de s’aproprier de l’Etat
par la personnalisation du pouvoir. Mais, pour distinguer,
dans le monde de la politique, le leader de charme du Dandy, nous reprenons Schwartzemberg, dans L’Etat Spectacle:
Un trait, pourtant, distingue nettement le leader de charme du dandy. Celui-ci provoque la société égalitaire, en
se réclamant d’une nouvelle aristocratie. Au contraire,
celui-là ménage le sentiment démocratique, tout en se
motrant différent et supérieur. (24)
Dans l’imaginaire du lecteur de Veja, le président
Fernando Collor de Mello commence sa conquête du
pouvoir avec des “jeux de séduction” destinés aux filles
des bureaucrates. Ici, le magazine trace les contours
d’un certain caractère donjuanesque propre au président Fernando Collor de Mello.
Autor
Referências
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Cependant, dans cette présentation du président en
séducteur incarnant le mythe du Don Juan urbain, à Brasília, le magazine Veja en mettant l’accent sur la “conquête”
des jeunes filles du milieu bureaucratique renforce le caractère de séduction utilisé par Fernando Collor de Mello qui
joue de son “charme” personnel. Le magazine met l’accent
sur les aventures amoureuses du président, en narrant ses
amours avec l’ex-miss brésilienne Vera Fischer:
(...) Il a connu un épisode amoureux, assez bref, avec
Vera Fischer, pendant un festival de cinéma. (25)
Dans cette citation nous pouvons voir que l’image
du séducteur Fernando Collor de Mello revêt un attribut
propre donjuanisme politique mais, peut-être, encore plus
pervers: la spectacularisation de ses conquêtes. C’est
pourquoi Veja insiste sur la diffusion du président galant,
surtout lorsqu’il s’agit de ses “relations” amoureuses avec
les stars de la télé ou du cinéma comme Vera Fischer.
La manière dont Veja présente le jeu de séduction
du président Fernando Collor de Mello, est une forme qui
correspond plus aux jeux de séduction d’un don Juan classique, parce que le défi du mythe de Don Juan se révele
dans une fracture morale, qui instaure un dégats de la
libido, Libido que, dans ce cas précis, l’Etat se trouve incapable de contrôler.
Le Don Juan représenté par Fernando Collor de Mello,
c’est de l’ordre du langage politique, d’une representation
sociale dans laquelle les conquêtes amoureuses ont un
Capa
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but: faire montre de ses proies. C’est pourquoi, dans le
récits de Veja, cette présentation de Collor de Mello en
“président galant” sert à démontrer comment le magazine
cherche à nourrir l’imaginare des lecteurs à partir du modèle du “macho” séducteur suivi par Fernando Collor dans
sa jeunesse, à Brasília.
Dans le même reportage, Veja poursuit son évocation des qualités de séducteur du nouveau président, en
évocant le mariage de Collor avec la “socialite” brésilienne
Lilibeth Monteiro de Carvalho:
Fernando Collor de Mello s’est marié pour la première
fois en 1975, à l’âge de 26 ans, avec Lilibeth Monteiro
de Carvalho, la mère de ses fils Arnon Afonso, 13 ans, a
que le présidente appelle Nonon, et Joaquim Pedro, 11
ans, le “pepê”. Il a divorcé en 1981, pour se remarier
avec Rosane. Trois ans plus tôt, entre ses deux mariages, Collor de Mello a fait la cour à la comédienne Maria
Lúcia Dahl. (26)
Comme Veja cherche à refoncer la puissance séductrice du président Fernando Collor de Mello, malgré l’évocation de son parcours familial, le magazine met l’accent,
plus d’une fois, sur les aventures amoureuses de Collor
avec des comédiennes de la télé ou du cinema, comme
Maria Lúcia Dahl.
Nous pouvons cependant établir une différence
entre le Don Juan classique et le Don Juan Collor de Mello,
fabriqué par Veja et qui apparaît comme un modèle de séducteur politique, c’est que Don Juan, en tant que mythe
Autor
Referências
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propre à la culture “ latine” répresente la fuite des obligations sociales, la capacité d’échapper au contrôle social
des contrats de mariage.
Le Don Juan classique navigue entre la morale et les
dégats de la libido, dont le contrôle est un des buts de la
société rationnelle. Mais ce don Juan, né dans l’imaginaire
hispanique, devenu un emblème de la ruse sociale grâce à
laquelle la liberté du plaisir défie les règles du péché de la
chair et du châtiment éternel, survit à travers les modèles
contradictoires de la société qui l’engendre. C’est pourquoi Don Juan est toujours une figure à double sens: côté
face pour la passions, côté pile pour la haine.
Le Don Juan classique a toujours une dette à régler
avec la société. Il est toujours un objet de méfiance à
cause de la vulgarité à laquelle son entreprise de conquête
réduit des sentiments comme l’amour et la fidélité, qui
pour l’aristocratie sont une forme de noblesse. De fait,
l’apport majeur de ce Don Juan classique est l’insolence,
l’irrespect affiché à l’égard d’une morale qui mesure les
sentiments comme on mesure la surface des terres ou les
contours des objets. C’est pourquoi Don Juan représente
un désordre moral, pour prendre Michel Meyer, dans son
livre, De l’insolence- essai sur la morale et le politique:
Même si l’insolence de Don Juan échappe aux circuits
sociaux de la distribution et de la redistribution qui assurent les justes équilibres comme les équilibres des justes, l’insolence est, quelque part, la voix de la justice.
Elle rétablit les vérités enfouies et inverses, rejette le
Capa
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faux-semblants, dénonce l’inadéquation entre les valeurs proclamées et celles pratiquées. (27)
En dépit de toute l’insolence du Don Juan classique,
nous pouvons trouver en lui les traces d’un affectif, une
certaine émotivité qui le conduit vers le destin des tragédies humaines, puisque la personnalité insolite du Don
Juan classique, qui traverse les cultures et les imaginaires
sociaux, appartient à un modèle de société bien determiné, dont le héros picaresque est l’emblème majeur.
En fait, le Don Juan classique rend à la société les
concepts de ruse, de séduction, d’insolence, de trahison
qui s’incarnent en lui, comme le démontre José Ortega y
Gasset:
Seulement, alors, Don Juan n’est pas un imbécile mais
le symbole terrible de la semence tragique que nous
portons tous, nous les hommes, que nous couvons
plus ou moins au-dedans de nous: le soupçon que nos
idéaux sont manchots et incomplets, la folie d’une heure
d’ivresse, qui culmine dans le désespoir, l’embarquement
joyeux, un jour ou l’autre, sur des navires pavoisés, qui
toujours finissent par couler. (28)
La différence entre le Don Juan classique et le Don
Juan médiatique, représenté par Fernando Collor de Mello
dans les récits de Veja, c’est la publicisation des jeux de
séduction, l’exhibition de la “proie” amoureuse. En ce
sens, le Don Juan des médias n’a ni éthique, ni souffrance, ni crainte du châtiment, car il est construit uniquement
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
à partir des règles floues de la société de consomation.
Et pour tant ses conquêtes sont inscrites dans le temps
éphémère de la marchandise.
La séduction politique, alliée au modèle du Don Juan
médiatique, traverse sociétés modernes; les premières
phases do processus de séduction,établies par Baudrillard,
pour se camoufler derrière un jeu politique “informel”:
Ainsi la séduction aurait eu sa phase rituelle (duelle, magique, agonistique), sa phase esthétique (celle qui se
reflète dans la “stratégie esthétique” du Séducteur, et
où son orbite se rapproche de celle du féminin et de
la sexualité, de l’ironique et du diabolique, c’est alors
qu’elle prend le sens qu’elle a pour nous, de détournement, de stratégie, de jeu, éventuellement maudit, des
apparences) et enfin sa phase “politique” en reprenant
le terme, ici un peu ambigu, de Benjamin, celle d’une
disparation totale de l’original de la séduction, de sa
forme rituelle comme de sa forme esthétique, au profit
d’une ventilation tous azimuths où la séduction devient
la forme informelle du politique la trame démultipliée du
politique insaississable, voué à la réproduction sans fin
d’une forme sans contenu. (Cette forme informelle est
inséparable de la technicité: c’est celle des réseaux- tout
comme la forme politique de l’objet est inséparable de la
téchnique de reproduction sérielle). Comme pour l’objet,
cette forme “politique” correspond à la diffusion maximale et à l’intensité minimale de la séduction. (29)
Cette forme “politique” de la séduction adoptée par
le Don Juan médiatique prend forme dans l’écriture journalistique, dont l’ essentiel de la téchnique rédactionnelle
Capa
Sumário
eLivre
consiste à ancrer les signfiés du message dans le seul contenu. Ainsi le Don Juan médiatique, présenté par Veja aux
lecteurs sous les traits du président exerce les marques
dans un jeu apparemment informel, mais où se cachent
toutes les stratégies d’une domination exercée à travers
l’image, le culte de la personne et, dans le cas de Collor de
Mello, de la mise en plance du corps du séducteur comme
principal véhicule des envies de conquête.
Le corps depouillé du Don Juan médiatique
Au contraire du Don Juan classique, dont la séduction s’inscrit dans son parcours social, le Don Juan médiatique est né des structures communicationnelles dont le
but est parfaitement clair: exercer une domination sur le
spectateur. Le Don Juan médiatique n’est pas un véritable
héros, parce que son chemin se strutucture hors des angoisses ontologiques. Pas de tragique, pas de souffrance
dans la marche du Don Juan médiatique. Il n’épreuve pas
de culpabilité à l’égard du viol de l’honneur, parce que son
objectif est de transformer ses relations avec ses proies
en événement médiatisé.
Le corps du Don Juan médiatique est attaché au
temps médiatique, c’est pourquoi sa séduction est aussi
éphémère, et n’arrive pas au niveau de celle des héros
tragiques ou dramatiques. Ses actes ont la permanence
des “images” des marchandises présentées par les médias. Et le corps est toujours présent pour que sa “chair”
soit la principale nourriture des consommateurs.
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
217
- Wellington Pereira
Le magazine Veja dépèce le corps du président Fernando Collor de Mello, découpé en plusieurs morceaux:
mannequin, adepte des arts martiaux, vaniteux, orgueilleux
de son visage. Ce corps du président Fernando Collor de
Mello est presenté aux lecteurs de Veja selon deux niveaux
paradoxaux: 1) le corps comme véhicule de la beauté; le
mannequin, le vaniteux 2) le corps comme instrument de
puissance physique, le sportif, l’adepte des arts martiaux.
Pour caractériser ce corps véhicule de la beauté,
Veja, dans le portrait du nouveau président, parle du métier de mannequin exercé par Fernando Collor de Mello
pendant les années de la dictature militaires, où il a participé à un défilé organisé par l’épouse du Général Costa e
Silva, en août 1968, à Brasília:
Un des faits qui ont le plus marqué la jeunesse de Collor
de Mello fut sa participation à un défilé de mode; décision que le jeune homme de 19 ans considérait comme tout à fait normale, mais que l’homme de 40 ans
regrette aujourd’hui parce que cet épisode a été utilisé
par l’opposition, pendant la campagne éléctorale (...) En
effet, Invité par la Première Dame du pays, à l’époque,
Mme. Yolanda Costa e Silva, épouse du présidente Arthur
da Costa e Silva, Fernando Collor de Mello a défilé comme
mannequin pour le couturier francais Pierre Cardin. (30)
Dans cette première présentations du corps de Fernando Collor de Mello, Veja commence à défendre , ideologiquement, le droit d’un jeune de 19 ans de prêter son
corps a l’exhibition du luxe encouragée par la dictature
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militaire. En rappelant l’utilsiation de ce fait par la gauche pendant la période électorale, le magazine suggére
d’une certaine façon la supériorité de Collor, qui remplace
des conjonctures politiques, en montrant que le corps de
Collor s’incrit dans le canon de la beauté européenne, acceptable même pour les gens qui gouvernent l’industrie
du luxe et du charme, comme Pierre Cardin. Ce que nous
dit Veja au dernier paragraphe du reportage:
À la fin du défile, Collor de Mello a gagné un écharpe en
soie Pierre Cardin, autographiée, avec l’adresse du couturier à Paris. (31).
Tandis que le jeune Fernando Collor de Mello faisait
motre de sa beauté dans les salons de Brasília, le peuple
brésilien commençait à subir les effets les plus perverss de
la Dictature Militaire, car la lutte armée à débutait au Brésil, et étudiants et ouvriers, influencés par Mai 68 en France, allaient entamer une lutte pour la liberté d’expression
et pour de meilleures conditions de vie.
C’est dans cette période historique, que la Dictature Militaire promulgue le plus cruel de ses édits: l’Acte
Institutionnel N° 5, le fameux AI-5. À travers cet acte, le
général Costa e Silva ferme l’Assemblée Nationale, coupe
les droits politiques de ceux qui s’opposent au règime- y
compris certains opposant de droite. Et dans tout le pays
éclatent des grèves dans les principales agglomérations
ouvrières, comme Osasco à São Paulo, et Contagem (Minas Gerais) siège du groupe italien Fiat.
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
219
- Wellington Pereira
L’Acte Institutionnel N° 5 va retirer le droit à l’“habeas corpus” aux personnes acusées de crimes contre
l’ordre économique et social (32).
Par conséquent ce qui est paradoxal dans ce rappel
de la participation de Fernando Collor de Mello, au défile
du couturier Pierre Cardin, c’est que, alors que Veja une
fois de plus, nie un des principes de base du journalisme
d’information, la contextualisation des faits.
Le magazine condamne l’utilisation des images de
“Collor mannequin” par la gauche pendant la campagne électorale. Il semble avoir oublie que, à ce moment-là, le corps
de Fernando Collor est un instrument idéologique: c’est le
corps de la bourgeoisie brésilienne, du Don Juan médiatique
qui peut conquérir les “filles de la bureaucratie” à Brasília.
La différence entre le corps du “mannequin” Fernando Collor de Mello et le corps des ouvriers et étudiants
brésiliens, c’est que celui-ci n’a pas le droit de circuler.
C’est pouquoi nous pouvons remarquer que, si la sentence “Habeas Corpus” est déniée à la majorité des citoyens
brésiliens, à l’occasion de la promulgation du AI-5, le
corps de Collor de Mello, tel que le présentent les récits de
Veja, devient un véhicule des idéaux de la société brésilienne préconisés par les militaires dans un des moments
les plus violents de l’histoire du Brésil.
Cependant, Veja essaie de camoufler l’aspect idéologique que prend la projection du corps de Collor,
dans le défilé promu par Mme Costa e Silva, symbole
de l’aliénation et de la simulation d’une société en paix,
Capa
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quand coexistent la guérilla, et la torture contre les prisonniers politiques. Nous rappelons Michel Maffesoli,
dans son livre, L’ombre de Dionysos- une contribution a
une sociologie de l’orgie, précisément dans le chapitre
Le corps multiplié, pour démontrer comment ce corps de
Collor est en contradition avec l’héritage de la collectivisation du corps dans la culture occidentale:
(...) Oublier son corps propre pour un corps collectif,
c’est redire à sa manière le cycle sans fin de la génération et de la destruction (...). (33)
Le corps du Don Juan n’est jamais transformé en
corps collectif, parce que le contenu de la séduction réside
en lui-même. Le corps médiatique ne représente pas l’essence des choses, mais il reste attaché à leur image. C’est
pourquoi la métaphore du corps mystique dans la tradition catholique, bien étudiée par Maffesoli, dans L’Ombre
de dionysos (34), ne s’applique pas aux aspects du don
juanisme incarnés par Fernando Collor de Mello dans les
récits de Veja, puisque l’image, le corps en mouvement du
nouveau président brésilien sont découpés en catégories
correspondant aux conduites personnelles de Collor.
C’est ainsi que, pour ajouter au portrait du président des qualités personnelles, Veja propose la vision
d’un autre corps de Collor de Mello: c’est le corps du sportif, de l’adepte des arts martiaux, différent du corps dans
lequel la beauté gagne un statut de fonction du langage et
se confond ave la “fonction phatique” (35), par son invite
Autor
Referências
Le
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221
- Wellington Pereira
séductrice adressé au lecteur. La deuxième utilisation du
corps du président, comme élements de la construction
narrative du portrait de Collor, a pour objectif de confirmer la suprématie de Collor de Mello à travers la force,
l’extravagance, ce que nous pouvons constater dans ces
extraits d’un reportage de l’edition du 24 décembre 1989:
Au début de son séjour à Brasília, en décembre 1966,
Collor s’est bâti une réputation d’audacieux querelleur.
Il a porté la ceinture noire, symbole des champions de
“Karaté”, à un niveau supérieur. Il a surtout accumulé les
mésaventures. Un jour, pour séparer deux amis qui se
battaient, Collor a appliqué un knock out à l’un d’eux et
l’a gratifié d’un coup de pied dans les côtes. (36)
Ce corps enragé, symbole de la force du jeune Président Fernando Collor de Mello est exploité dans les récits
au-delà des préoccupations éthiques, même si ses actions
sont devenues synonymes de violence physique:
Un incident a été causé à l’Hotel Heron de Brasília, un des
cinq étoiles de la ville, par un gardien qui n’a pas permis
à une amie de Collor d’aller dîner dans la chambre occupée par le jeune politicien, lequel, à cette époque, était
député de l’État d’Alagoas. L’heure était trop tardive et le
règlement de l’hôtel interdisait que des personnes étrangères à l’hôtel rendent visite aux hôtes après 23 heures.
Collor qui avait beaucoup insisté pour que cette amie
fut introduite dans son appartement, informé par téléphone de l’interdiction qui lui était fait, descend jusqu’à
l’accueil chercher à convaincre le gérant de revenir sur
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Sumário
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sa décision; Il argue d’un cas semblable, concernant un
autre homme politique logé dans le même hôtel. Mais,
comme le gérant lui signifie clairement qu’il ne peut pas
dîner das sa chambre avec son amie, Collor commence à
l’insulter. Un des gardiens, qui essaye de le calmer, reçoit
un coup si fort qu’il est projeté contre une vitrine. Résultat de la bagarre: un gardien est resté évanoui pendant
quelques minutes, un autre, blessé, avait la bouche en
sang. Le “cow-boy” Collor, quant à lui, est sorti sain et
sauf, en vrai héros de Western. (37)
Le corps de la séduction est transformé, dans le récit
de Veja, en un corps de la haine, de la puissance physique
qui peut vaincre les ennemis par l’usage violent de la force.
Le magazine crédite dans l’imaginaire de ses lecteurs l’image
de Mello d’un homme capable de résoudre les problèmes en
utilisant avec habilité les arts martiaux, comme le Karaté.
Passage d’un corps de douceur à un corps en colère,
voilà une des stratégies linguistiques formulées par Veja
pour démontrer le caractère superieur du président Fernando Collor de Mello, en se plaçant d’abord au plan de la
séduction et en évoquant la notion de “beauté physique”,
pour ensuite faire appel à l’idée de “vigueur physique”
dans la narration des baggarres où Collor est impliqué.
Dans ces deux premières formes de séduction utilisées par Collor, à savoir la vanité de l’apparence physique; et l’utilisation de la force pour imposer la figure
d’un président au-dessus de la fragilité humaine, Veja assume cette trancendance médiatique des corps successifs
de Collor comme un signe, un “avènement”, dont le but
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Referências
Le
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223
- Wellington Pereira
est démontrer que le président élu garde les qualités d’un
surhomme, et est capable de régler les problèmes de la
nation en donnant simplement quelques ordres.
Cependant, dans le portrait du surhomme Fernando
Collor de Mello, la douceur et la colère du corps du Don
Juan médiatique ne sont pas suffisantes, il est nécessaire
que le président séducteur accquière la marque la plus
important de la société dans laquelle habite. Au contraire
du Don Juan classique, la marque du Don Juan médiatique
n’est pas sa dette éternelle envers l’ethos social, puisque
le rôle du Don Juan Collor de Mello est joué dans les paroxismes de la scène politique, dans un construction de la
mise en scène du social qui fait toujours de la séduction,
une stratégie de domination, à travers la consommation.
C’est ainsi que, abordant une autre forme de séduction politique, Veja insiste sur les gôuts personnels
du président Fernando Collor de Mello. C’est la troisième
transmutation du corps de Collor de Mello. Cette fois, le
magazine le présente comme un Dandy.
Collor de Mello: les goûts du faux dandy
Veja construit le portrait du nouveau président en
installant les qualités personnelles de Fernando Collor de
Mello au-dessus de la conjoncture politique, comme dans
ce récit où sont évoqués les “plaisirs doméstiques” du président Collor de Mello:
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Sa propriété situé sur le Lac Nord à Brasília, a une superficie de 1000 m2; Elle comporte un vaste jardin et des
pièces décorées d’oeuvres de peintres célebres. C’est la
résidence habituelle du président où sa femme Rosane et
lui sont servis par une armée de serviteurs (38).
Ce qui prédomine dans cette description c’est
l’image d’un président attaché au bon goût, tant sur le
plan du confort que sur le plan culturel. Mais la notion de
l’élegance chez Collor, s’inscrit d’abord dans l’idée de consommation à laquelle se rattachent les dégats engendrés
par le désir des biens matériels associés au luxe. C’est
ce que définit Gustave Flaubert, dans le Dictionnaire des
idées reçues:
Le luxe ce qui perd les États (39).
La différence entre le Dandy incarné par le président
Collor, Dandy dont nous venons d’établi l’image, et le Don
Juan classique réside dans le fait que les descriptios littéraires ou philosophiques du Dandy l’associent à une démarche sociale bien démarquée, propre au personnage, dans
laquelle prévaut l’éthique d’une période où les sociétés se
transforment sous l’impulsions du développement industriel.
Les raisons qui poussent des écrivaints comme
Balzac,dans Le Traité de la vie élégante (40) à créer un
portrait positif , ou même une sociologie du Dandy sont
différentes des propagandes de Veja autour des goûts
personnels de Collor de Mello.
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
225
- Wellington Pereira
Ce dandysme de Collor, ses raffinements personnels, cette invocation du confort (nous allons, dans les
prochains chapitres, démontrer comment cette extase due
au luxe démarque l’exercice du pouvoir dans le gouvernement Collor), n’est pas une simple parade un enchantement qui agit à travers le charme et l’indiférence.C’est la
sublimation de la réalité par la valorisation de la consommation et des objets. Veja insiste sur ces caractères “diferenciateurs” des classes sociales, dont Fernando Collor est
un des représentants, en décrivant comment le président
investit dans son apparence:
Soigneux de son image publique et de son aparence personnelle, Collor revêt un complet différent pour chaque
rendez-vous. Depuis 1979, il achete, au moins, quinze
complets par an. Dans le passé, Collor portait des lunnetes rondes, à la John Lennon. Aujourd’hui, il porte des
verres de contact. Lorsque ses cheveux ont commencé
a grisonner, il s’est effondré. Mais une de ses bonne l’a
teint mèche par mèche .Maintenant, Collor de Mello assume son age. (41)
En analysant ce récit de Veja, une primière préoccupation se fait jour: quel est le rapport chez Collor
de Mello, entre le souci de l’apparence personnelle et le
souci de l’apparece publique? Les lecteurs du magazine sont trompés par une superposition d’informations,
d’images, dans le portrait du nouveau président brésilien qui ne s’appuie sur aucun support sociologique ni
anthropologique.
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Dans un premier exercice d’interprétation concernant la vanité du président Fernando Collor de Mello évoquée dans le reportage, nous pouvons conclure que la
construction de cette image de politicien soigneux et orgueilleux de ses attributs physiques appartient au modèle du Dandy. Mais pour Veja, au contraire, les actions
personnelles semblent hors de tout contexte, dénuées de
trait socio-culturel.
Le dandisme, comme signe d’une époque, comme
comportement, où le charme et la vanité sont des manifestations esthétiques ne se présente pas comme une application du canon du charme et de la beauté emprunté à
la sociéte brésilienne par Fernando Collor de Mello, parce
que, de même que la séduction du Don Juan médiatique,
le dandysme de Collor, présenté par Veja est situé au-delà
des règles sociales, comme le démontre cette anecdote:
La vanité de Collor est une légende dans sa famille, dans
laquelle on raconte que, à l’age de 4 ans, marchant dans
les rues de Rio de Janeiro, en compagnie d’une cousine
plus âgée, Collor se mit a sangloter, parce qui on lui avait
interdit d’acheter des “bonbons”. Une femme s’approcha
et dit: “Ne pleurez pas. Vous êtes mignon”. Collor interrompit ses pleurs et répondit: “Et tu ne m’as jamais vu
avec mes bottes blanches. (42)
Veja parle de la vanité de Fernando Collor Mello comme d’un sentiment intrinsèque à l’existence du président.
Cela pose un problème: alors que la vanité du Dandy est
construite socialement, la vanité de Collor de Mello appaAutor
Referências
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- Wellington Pereira
raît comme un “don”, une chose propre aux divinités. C’est
pouquoi, le magazine cherche à rassembler, dans le même
reportage, la chimère du président et sa superstition,en
mettant l’accent sur sa pratique du catholicisme:
Catholique, Collor fait profession de fréquenter la messe où ses fils l’accompagnent, quand c’est possible. Il
est aussi préoccupé par les forces d’une autre nature, et
principalement par la malchance. Inquiété par des nouvelles diffusées par les quotidiens et la radio, faisant état
d’un possible attentat criminel, le 28 septembre, Collor
de Mello a engagé les services du “Pai de Santo” Ivo
Carabazal, à Rio de Janeiro, et de la voyante Leila Alkimin qui lui a conseillé de rester chez lui à la date prévue
pour cet attentat présumé. Le président a donc annulé
ses voyages internationaux en Egypte et en Chine. Par
ailleurs, pendant la campagne électorale, le président a
consulté le ”médium” Chico Xavier et le voyant Nilto Pinto de Salvador. Par superstition le président ne passe pas
sous les échelles et allume un cigarre, chaque foi qu’il
assiste à la chute d’un politicien. (43)
Veja essaye de démontrer que la vanité du président
Fernando Collor de Mello s’inscrit aussi dans l’imaginaire
populaire brésilien, dans la catégorie des “susperstitieux”,
et il renforce l’idée de superiorité de Collor de Mello dans
la dernière phrase, en parlant de sa coutume d’allumer
des cigares en présence des politiciens déchus.
La tenue du dandy Collor n’est pas démocratique,
et la vanité du président brésilien n’a pas pour but la circulation des idées nouvelles, même si certains sont nées
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Sumário
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d’une perception personnelle du quotidien, qui se traduit
par une quête incessante de la différence chez le dandy
construit de la tradition philosophique ou littéraire.
La vanité du président Fernando Collor de Mello, représentée par la consommation excessive des objets comme les cravates Hermès, le Wisky Loogan, et l’utilisation
du Jet-Ski (un modèle de scooter maritime) est bien
l’exercice vaniteux d’un acteur, qui a joué la spectacularisation du quotidien politique du pays jusqu’au bout,
imité en cela par son staff politique, et les discours de
l’histrion sont présentés par Veja, dans la première période du gouvernement comme l’arrivée de la modernité
au Brésil. Nous allons analyser ces affirmations dans le
prochain chapitre.
Notes Bibliographiques du chapitre V
1) Veja- édition du 24/12 1989
2) idem.
3) MENDES, Candido- Collor- Anos-Luz- Anos Zero, Rio de Janeiro, Nova Fronteira, 1993, p. 27
4) DE OLIVEIRA, Francisco- Collor: a falsificação da ira. Rio de
Janeiro, Ed; Imago, 1992, p.17
5) MAFFESOLI, Michel- La Conquete du Présent, Paris, PUF,
1979, p.47
6) MAUS, Michel- Sociologie et Athropologie, Paris, PUF, 1995.
Coll. Quadrige, p.173
7) DE OLIVEIRA, op. cit; p. 126.
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
229
- Wellington Pereira
8) idem, p;130.
9) MAFFESOLI, Michel- la contemplation du Monde- figures du
style communautaire - Paris, edition Grasset, 1993, p.25.
10) BALANDIER,George- Anthropologie politique, Paris, 3°
edition,Coll. Quadrige, 1995, p.49
11) idem, p. 50
12) Veja, edition du 24/12/1989
13) WEBER, Max- Le Savant et le Politique, Freud, Paris, 1959.
14) DUHAMEL, Alain- La politique imaginaire, Paris, edition Flamarion, 1993, p.59.
15) idem, p. 60
16) JOSÉ, Emiliano- Imprensa e Poder- ligações perigosas-Salvador,BA-Brésil, EDUFBA, Hucitec, São Paulo, 1996, p.38.
29) BAUDRILLARD, Jean- De la Séduction- Paris, edition Galilées, 1979, pp. 244/245.
30) Veja, edition du 24/12/1989
31) idem;
32) FAUSTO, Boris- História do Brasil- São Paulo, Editora da
Universidade de São Paulo, Edusp, 1995, p. 480.
33) MAFFESOLI, Michel- L’Ombre de Dionysos-Contribution à
une sociologie de l’orgie- Paris, Méridiens, 1985, p. 193
34) idem, p. 195
35) À Voir: MAIGUNEAU,Dominique- Analyser les Textes de
Communication, Paris, Denod, 1998, p. 46
36) Veja, édition du 24/12/89
37) idem,
17) BALANDIER, op. cit. p.55
38) idem
18) DE OLIVEIRA, op. cit. p. 27
39) FLAUBERT, G.- Dicionnaires des idées reçues.
19) Veja, edition du 24/12/1989
40) BALZAC, Honoré - le Traité de La vie Élegante;
20) idem,
41) Veja, edition du 24/12/1989
21) idem,ibidem;
42) idem;
22) SCHWARTZEMBERG, Roger Gerad- L’État Spectacle-Le system Star en Politique, Le livre de Poche,1977, p. 81
43) idem, ibidem.
23) Veja, edition du 24/12/1989
24) SCHWARTZEMBERG, op. cit. p. 83
25) Veja, edition du 24/12/1989
26) idem;
27) MEYER, Michel- De l’Insolence-essai sur la morale et le politique, Paris, Le Livre de Poche, p; 90
28) ORTEGA Y GASSET, José- Le Spectatuer- introduction à un
Don Juan, Paris, Editions Rivages, 1992, p. 23.
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Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
Chapitre VI
La politique théâtralisée
La mise en scène et la négation de l’Etat.
Le président Fernando Collor de Mello était pratiquement inconnu de la majorité des brésiliens avant son élection
à la présidence de la République du Brésil, en mars 1990.
Fernando Collor de Mello a vaincu le candidat de
l’opposition, Luís Inacio Lula da Silva, du PT (Parti des
traivalleurs) en obtenant 35 millions de voix (53 p.100
de suffrages validés). Cette élection de Fernando Collor
de Mello a représenté, la prémière élection démocratique
pour la présidence de la République, depuis le coup d’Etat
des militaires. Les brésiliens ont voté par Janio Quadros
dans les années soixante, puis, ils n’ont plus participé à
l’élection ni des gouverneurs ni des deputés, ni même des
maires, dans certaines ville considérées prioritaires pour
la sécurité nationale, pendant une longue période allant
de la dictarture militaire à l’ouverture politique qui a commencé avec le gouvernement du Géneral Geisel et a été
consolidée à la fin du gouvernement Figueredo, avec l’élection du président Tancredo Neves, lequel décède avant la
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Sumário
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passation présidentielle, et dont le vice-président, José
Sarney est porté au pouvoir, et gouverne de 1985 a 1990.
Au début de la présidence Collor de Mello, les problèmes économiques connus par les brésiliens sont
énormes. On se trouvait dans une grande spirale économique qui avait brisé l’économie nationale et désorganisé
le quotidien de millions de citoyens. Mais Fernando Collor
de Mello pour assumer le pouvoir s’appuie sur la majorité
des entrepreneurs, des partis conservateurs et obtient un
support enthousiaste de la presse.
Dans une lecture critique des récits deVeja, pendant
la première période de la présidence de Fernando Collor
de Mello, nous allons démontrer comment ce magazine a
construit un discours très positif pour parler de la performance individuelle du président et, par contre, a établi un
discours négatif, souvent, pour évoquer le fonctionnement
de l’État brésilien.
Ce langage imprécis de Veja nous permet de vérifier que le magazine, qui appartient à un des grandes
“groupes d’édition” d’Amérique latine, le Groupe Abril, paraît soutenir la thèse d’un état neo-libéral, gouverné à la
mode brésilienne: par une sorte de prince européen, par
un “démocrate” à la mode d’Amérique du nord ou, parfois,
par un “père”.
Ces caractèristiques de la construction d’un
modèle perésidentiel “pluriel” vont, dans les récits de Veja, privilégié le spectacle politique promu par le présidente Fernando Collor de Mello, au dé-
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Referências
Le
quotidien voilé
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- Wellington Pereira
triment d’une réflexion sur les problèmes de l’État
Brésilien. Et parfois, les discours reproduits dans les reportages de Veja sont marqués par l’autoritarisme “langagier” qui repousse la possibilité d’une comprehénsion historique des problèmes socio-économique affrontés par les
citoyens brésiliens au cours de l’histoire de la construction
de la nation.
À la veille de l’entrée en fonction du nouveau président, Fernando Collor de Mello, le 14 mars
1990, Veja publie un reportage, dont le titre est “Collor a appelé le commissaire”. Le magazine y introduit une sorte de norme dictée par la construction
d’un Etat brésilien moderne, même si parfois, on à recours à la force de la police. Et même si Veja adresse
des critiques aux choix ministèriels de Collor de Mello, il acheve en reprenant à son compte les paroles du président sur la nomination du délegué de
la Police Fédérale, Romeu Tuma, et la Suritendance des
Impôts Féderaux:
Le choix du commissaire Romeu tuma pour la Suritendance des Impôts Fédéraux montre que le combat contre
la valse des étiquettes dans le domaine des prix sera
mené comme s’il agissait d’un “cas de police”, à déclaré
la semaine dernière Fernando Collor de Mello, à la veille
de son entrée en fonctions. (1)
Dans les paragraphes suivants du reportage, Veja
introduit des critiques portant sur le nouveau ministère
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de Fernando Collor de Mello. Le magazine s’inquiéte de la
nomination au Ministére des Affaires Sociales de Margarida Procópio, ex-secrétaire de Collor, à l’époque où il était
gouverneur de l’État d’Alagoas, parce que l’influence de
Mme Collor est à l’origine de ce choix.
Néanmois Veja reconnaît également la compétence
de certains ministres:
Y figurent aussi des personnalités qui ont éte choisies
pour des fonctions ministérielles en raison de leur competences reconnues dans le domaine qu’ils vont exercer,
comme l’économiste Ibraim Eris, le nouveau président
de la Banque Centrale (...). (2)
Après avoir salué les nominations ministérielles, et
les faits que les ministéres ont été réduits de 23 à 12
par le président Fernando Collor de Mello, Veja se met à
utiliser un langage à michemin entre le monde politique
et l’univers médiatique, en commentant a nomination du
footballeur Zico, Arthur Antunes Coimbra, une des idoles
de l’équipe du Flamengo, à Rio de Janeiro, au Bureau des
Sports, qui pour Veja est un des organes du gouvernement les mieux “argentés”:
Le président Fernando Collor de Mello est en harmonie
avec ses électeurs. Il eu a donné un premier signe avec la
nomination de Zico comme Secrétaire d’État, chargé
d’organiser le sport brésilien, dans un organisme très
bien argenté (...) (3).
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
235
- Wellington Pereira
Veja poursuit en affirmant que les choix ministériels
du président Collor représentent un pas en avant pour la
société brésilienne, et que la domination du commissaire
de la Police Fédérale est pariculièrement approprié à la
lutte contre la fraude fiscale. Citant les paroles de Romeu
Tuma, le magazine donne aux lecteurs un “exemple” du
modèle suivi par la politique économque de la présidence
Collor de Mello:
Pour moi, escroqueur et receleur,c’est la même chose.
Je vais être l’ange des contibuables et le lion des receleurs (4).
Ces lectures et analyses de ces aticles nous amènent à y décrypter une idée sous-jacente: la construction
d’un nouvel État brésilien se fera en confiant le règlement
des problèmes sociaux à la police. Mais dans le cadre de
cette étude nous nous attacherons prioritairement à démontrer comment le magazine commence à investi dans
un modèle etatique fondé sur la négation de la tradition
politique brésilienne.
Veja se lance dans une sorte de discours moralisateur, afin de redonner au président Fernando Collor de
Mello les forces nécesaires à la construction d’une sociéte, dont le projet est gardé secret par le magazine, qui
brûle d’offrir au président, comme une “carte de modernisation du pays”.
Cependant, pendant la première période de la présidence Collor de Mello, Veja erre entre les représentations
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politiques du politicien incarné par le président et celles
des affarires de l’État. C’est pourquoi, l’imaginaire politique brésilien est scindé en deux parts où se mélangent, le
discours sur l’État et le spectacle qui forment par les actes
personnels de Collor de Mello.
Parfois, Veja éprouve la necessité d’exliquer le sens
de ses récits. En montrant que pour la même presse le
ministre de la Justice, Bernardo Cabral un des principaux
juristes brésiliens fait partie des personnes interéssées
au maintien de la Zone Franche pour la commercialisations
et la production defiscalisées de marchandises importéesà Manaus, capitale de l’Etat d’Amazonie. Veja critique ces
privilèges accordés aux politiciens de la région Nord du
Brésil; il démontre même que le ministre de la Justice
a intérêt à utiliser des dispositifs constitutionnels pour
modifier la franchise à des entrepreneurs étrangers à
Manaus.
Le problème vient du fait que Veja considère que
les modifications dans les structures de l’Etat brésilien
peuvent être réalisées selon leu point de vue personnel
de Fernando Collor de Mello. Dans un petit fragment du
reportage du 14 mars 1990, Veja parle de la syntonie
de Collor de Mello avec le peuple brésilien, mais fait état
d’une sensation “désagreable” provoquée par l’utilisation
de la force policière pour résoudre les problèmes sociaux:
Nous pouvons adresser des éloges à Collor de Mello, parce que il est en syntonie avec l’état d’esprit de la population, et cela apparaît dans la majorité de ses actions.
Autor
Referências
Le
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237
- Wellington Pereira
Le problème, c’est que le gouvernement en utilisant la
police pour arrêter les escroc provoque une sensation
désagréable. Mais cette sensation ne subsistera longtemps (...) (5).
Veja a noté, dans ces récits le caractère autoritaire
des mesures gouvernamentales, mélangeant des affaires politico-sociales à des problèmes d’ordre policier et
judiciaire. Mais le magazine fait toujours la critique des
problèmes de l’état dans une perspective qui valorise les
actes personnels de Fernando Collor de Mello (dans la première phase du gouvernement), du point de vue du spectacle politique, cependant un fossé demeure entre l’État
brésilien, le président et le quotidien du peuple brésilien.
Pour Veja, l’Etat brésilien est toujours archaique et
nécessiterant des réformes profondes. Å partir de cette
constatation, Veja commence à investir dans une certaine
idéalisation celle d’un nouveau pays, moderne et surtout
moins corrumpu.
Les contradictions entre la nature l’État brésilien,
les actes personnels du président Fernando Collor de
Mello et les idées du présidente Fernando Collor de Mello
s’élargissent au moment où le magazine commence à conduire ses lecteurs dans les pièrges de la politique-spectacle de Collor de Mello.L’image du politicien doté de forces
extraordinaires remplace l’exercice démocratique,du gouvernement par la théâtralisation d’actes “apparemment”
banals, mais qui sont capitaux pour la connaissance du
fonctionnement du jeu politique en société.
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Le spectacle comme forme d’expression du politique fonde des préoccupations qui méritent des analyses
approfondies dans les divers champs du savoir, comme
l’anthropologie, la sociologie, les études sur les médias
lesquelles échappent à la tendance mathématique des
analyses de la théorie de l’information.
Le spectacle organisé par Collor de Mello, comme président de la République du Brésil, démontre das les articles de Veja que la théâtralisation de
la vie politique occupe le même rang - en niveau
d’importance que les actes administratifs, les mesures
économiques et même les investissements dans le secteur
public, comme l’éducation et la santé. Ainsi, le citoyen-électeur étourdi par la vitesse des images, et la superposition d’un discours paradoxal construit, principalement,
par le journalisme d’information, est placé aux frontiéres
d’un “monde politique publicisé” vendu par les journalistes et leur patrons comme “la réalité politique”.
Le problème de la politique spectacle n’est pas nouveau dans la tradition rhétorique occidentale. Mais ce qui
gène les analystes du langage de la presse d’information,
c’est justement l’utilisation des codes de la “langue de
bois” du jeu politique comme représentation objective de
la réalité. Ce totalitarisme informationnel met en scène le
spectacle des actes des politiciens comme justificatif de
leur maintien ou non au pouvoir.
Le problème de la politique-sectacle, c’est qu’elle
ne compte pas d’entractes destinés à une refléxion histo-
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
239
- Wellington Pereira
rique. On y trouvea glorification ou punitons, mais jamais
d’interludes qui expliquent aux citoyens les vraies origines
des mots et de la dramaturgie jouée par les commediens
sur la scène politique, même quand le dernier acte est
une tragédie, qui s’enfonce dans la violence en touts les
niveaux. C’est pourquoi, le spectacle-médiatico-politique,
parfois débute avec un acteur et s’achève avec un bouffon
qui pleure ou même avec un autre personnage, tandis
que les médias associés aux couches sociales qui défendent des intérêts spécifiques dans un moment determiné,
prennent des mesures pour le remplacer.
ractéristique de l’information prés qui va prédominer dans ses relations sur la présidence jusq’au
processus de destitution de Collor de Mello: la théâtralisation du quotidien du président. Mais cette théâtralisation contrarie l’idée positive que nous pouvons nous faire
d’une vraie théâtralité de la vie quotidienne.
Contrairement à ce que nous pouvons apprendre avec
Michel Maffesoli, dans son livre, La Conquête du Présent,
le spectacle promu par Fernando Collor de Mello n’est pas
inscrit dans une notion d’échanges affectifs ni même dans
la dimension anthropolgique des rituels qui appartiennent
à un pluralisme culturel, comme le démontre Maffesoli:
La présidence théâtralisée
Le gouvernement de Fernando Collor de Mello débute dans les récits du magazine Veja sous les signes
du spectacle. Collor de Mello est, pontentiellement, un
comédien,dont le jeu consiste à présenter la vie politique
brésilienne comme une théâtralisation sans entracte, ce
qu’a bien défini le porte-parole de l’ex-président:
Collor a joué son rôle avec discipline et élegance. Il avait
l’habitude de dire qu’il était né pour les fonctions exécutives, mais il s’est trompé. C’est inexact: il est né, surtout, pour les fonctions de représentations. (6)
Dans un reportage du 14 avril 1990, un mois
après l’entrée en fonctions du président Fernando Collor de Mello, Veja commence à explorer une ca-
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Du ‘bonjour’banal aux discussions académiques les plus
élaborées, des phrases anodines qui ponctuent nos
actions de tous le jours aux échanges affectifs qui font
toute la qualité de l’existence, le rituel théâtral (l’étiquette) est à l’oeuvre, il permet la communication, il
permet l’échange, i.e., il permet d’être social. (7).
Le magazine Veja paraît mépriser les “jeu théâtreux
du président Collor de Mello, laissant croire aux ses lecteurs qu’il se préoccupe de l’image de la Présidence:
Dans sa vie privée, le président Fernando Collor de Mello a
eu un certain nombre de mauvaises idées, dés le moment
où il a été élu. Depuis la victoire du 17 décembre 1989,
Collor s’est embarqué en direction des Îles Seychelles,
un paradis fiscal,pour des vacances de courte durée. Il
y a deux semaines, Collor a visité la forêt amazonienne
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Referências
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- Wellington Pereira
deguisé en Falcon, le petit bonhomme recommandé cher
aux enfants de l’âge de 12 ans qui aiment jouer au soldat.
Le dimanche 1° d’avril, en pilotant une moto Kawasaki
Ninja 100 Cylindrées, dans les rues de Brasília, le président a fait la pire promenade de son gouvernement”.
Dans un pays confronté depuis longtemps à une tradition
d’illegalité la moto Kawasaki Ninja 100 symbolise justement aujourd’hui la trsngression de la loi. (8)
Le principé d’austérité affiché par Fernando Collor
de Mello au début du gouvernement et même à travers la
nomination du commissaire Romeu Tuma, à la têté d’un
organisme chargé de combattre la contrabande, est contredir par l’exhibitionnisme politique de Collor de Mello.
Veja exige alors une certaine posture éthique du nouveau
président. Mais son discours glisse sur deux premisses:
a) la moralité politique, il exige du président un comportement à la hauteur de la présidence, b) il déplore que la
moto Ninja soit un des produits interdits par le gouvernement alors que le rêve de la plupart des motards brésiliens est de piloter un modèle Kawasaki Nija 1000:
Pour les meilleurs motards du pays, piloter une machine
comme celle-ci( moto Kawasaki Ninja 100), avec six vitesses, beaucoup de stabilité et une puissance supérieure permettant d’atteindre 260 kilomètre heure, c’est un
bon rêve. Mais c’est un rêve dificille à réaliser, car le prix
d’une Kawasaki peut arriver à 30 000 dollars. Jusqu’au
15 mars 1990, jour de l’acession de Fernando Collor
de Mello à la présidence de la République du Brésil, la
moto Kawasaki Ninja 1000 était un des produits dont
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l’importation était complètement interdite par le gouvernement. Très chères et rares, on estime leur nombre au
Brésil à moins de 100 Nija 1000, actuellement en circulation à São Paulo, est la majorité a été importée dans le
pays pour des circuits illégaux (9).
Dans ces critiques portant sur la théâtralisation du
quotidien présidentiel, Veja élabore un discours contraditoire, puisqu’il valorise dans une certaine mesure un
produit de consommation, comme la moto Kawasaki, la
désignant comme un objet fétiche des motards, mais, en
même temps, il se dit préoccupé par l’éthique du président
Fernando Collor de Mello. Veja aussi conclut le reportage
en donnant la parole a des députés de l’opposition, comme le député Jayme Santana du PSDB (Parti Socialista
Démocratique Brésilien), que condamne les promenades
de Collor de Mello à moto:
Un président ne peut pas piloter une moto trafiquée (10).
Le magazine s’arroge le droit de dicter des normes
de comportements au nouveau président et utilise même
le discours des politiciens d’autres partis pour légitimer son
point de vue, comme le montre une interview du député
du PT (Parti des Travailleurs - Minas Gerais) Paulo Delgado:
Si le commissaire Tuma a voyait quelqu’un piloter une
moto trafiquée, il a l’obligation d’en vérifier les documents (11).
Autor
Referências
Le
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243
- Wellington Pereira
Veja paraît blâmer le président Fernando Collor de
Mello, en dévoilant des irrégularités dans les actes présidentiels. Cependant, même lorsqu’il critique, le magazine renforce l’image de puissanse athlètique du président,
comme nous pouvons le constater:
De fait, si ce matin-là, le commissaire de la Police Fédérale, Romeu tuma, avait circulé dans Brasília, pour arrêter
de fraudeurs du Fisc, trafiqueurs d’étiquettes, nouveaux
riches et autres ennemis publics du gouvernement, il aurait vu la moto Ninja et se serait probablement méfié du
pilote qui roulait à grande vitesse en bermuda et tee-shirt blanc. (12)
Cette contradiction apparante du spectacle centré
sur les performances du présidente Fernando Collor de
Mello qui deviennent une négation de l’État brésilien, dissimule chez Veja la face cachée des stratégies de marketing du nouveau président. Dans une trajectoire politique
où se mêlent la violence des grands propriétaires de terres
et les idéaux des républicains positivistes, l’exercice de la
présidence au Brésil a été médiatisée d’une manière plus
accentuée par le gouvernement de Jânio Quadros.Mais la
différence entre Collor de Mello et Jânio Quadros, c’est
que le premier appartient à une politique, où le discours
est toujours un mélange de sophisme, des raisonnements
spécieux, structurés sur la base de la réthorique publicitaire. C’est pourquoi, le danger de cette interprétation
“naïve” des actes de Collor de Mello théâtralisés n’aide
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pas les lecteurs de Veja a faire d’une lecture critique intentions du rôle joue par le président comédien.
L’exemple le plus grave, est donné par les récits qui
renforcent les signes mêmes de la théâtralisation et se
partagent entre deux champs d’analyse de la société, le
fétichisme des objets de consommation et la morale politique, comme l’illustre ce fragment du reportage:
(...) Biens sûr, une motto aussi belle que la Kawasaki
Ninja 1000 n’est pas responsable des maux qui on frappé
le pays ces dernières années. Mais la promenade à moto
rend confuses les interventions du président au moment
où il désire convaincre les citoyens qu’ils vivent dans un
pays nouveau. (13)
Nous pouvons comprendre à la lecture de ces récits de Veja, dans les premiers temps de la présidence de
Fernando Collor de Mello, que le magazine utilise la figure
de l’hypallage, qui consiste à attribuer à certains mots
d’une phrase ce qui convient à d’autres mots de la même
phrase- ici la responsabilité de Collor, qui a piloté une moto
trafiquée, si change une possible culpabilité imputée alors
à un bien de consommation durable.En effet Veja valorise
la théâtralitsation instituée par Fernando Collor de Mello,
mais dévalorise ses propres critiques sociales portant sur
l’impunité politique adoptée comme méthode de gouvernement. C’est ainsi que nous pouvons relever deux interprétations emphatisées du quotidien théâtralise de Fernando
Collor: 1) l’accent mis sur les signes de la société mo-
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Referências
Le
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- Wellington Pereira
derne, rapidité, puissance des machines, motos, avions,
voitures modernes; 2) la description hyberbolique de la
force physique du président avec un comparaison récourrente entre Collor et des héros des médias, comme Falcon,
Rambo, entre autres.
En vérité, la théâtralisation de la présidence qui
s’inscrit dans le modèle de la société de consommation,
va néanmoins épauler une certaine notion de “société moderne” défendue par Veja.
Le président sur scènes
La mise en scène instauré par le président Fernando
Collor de Mello au début de son gouvernement comporte
diverses contradictions. La plus discutée par les analystes
des médias au Brésil à éte la capacité dont Collor de Mello
a fait preuve récuperer pour la tradition des meetings politiques,dans une société où les politiciens s’étaient mis à
utiliser les médias électroniques, comme la télé, la ràdio
et les divers recours publicitaires comme l’affiche, etc
pour véhiculer leurs idées et les plateformes politiques.
Une autre étude des analystes démontre que Fernando
Collor a exercé une influence très forte sur les électeurs,
parce qu’il a bien su utiliser la presse, les journaux télévisés, les quotidiens, les magazines, usant d’une rhétorique
plus éfficace que les autres hommes politiques.
La première conception qui veut que Fernando Collor de Mellor, alors en campagne pour la présidence de
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la République du Brésil, ait redécouvert dans les meetings politiques une stratégie efficace pour gagner des
voix, est tout à fait fausse, puisque les meetings sont un
des moyens utilisés par les politiques dans les commanautés brésiliennes illettrées, où les candidats recourent
souvent à la communication orale. Cependant, le deuxième point à savoir, l’emprise de Collor sur les médias
nous révèle aussi que le “quatrième pouvoir”- comme
sont appelés les médias dans certaines études sur la réception médiatique éffectuées par la tradition de l’École
de Frankfurt (14) -au Brésil reste très fragile devant le
“marketing politique”.
Nous considérons que réside dans les actes de
“persuasion” politique qui appartiennent à des formes de
structuration sociale pas toujours visibles, du point de vue
de l’ analyse des grandes catégories socio-économiques
un sens plus profond. C’est pourquoi pour mieux comprendre la mise en scène organisé par Fernando Collor de
Mello dans l’exercice de la présidence, nous empruntons à
Michel Maffesoli la possibilité d’envisager cette théâtralisation de Collor en dehors des macro-structures, en nous
référant à La conquête du Présent:
Il est possible d’analyser une structuration sociale à partir de grandes catégories économiques ou culturelles,
mais ces grandes catégories ne sont que des squelettes,
et c’est la passion toujours à l’oeuvre qui donne à ces
squelettes quelque consistance (15).
Autor
Referências
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- Wellington Pereira
Ces petites structures sociales qui échappent au
contrôle politique et intellectuel et ont comme base la production de marchandises et l’exploitation de la force de
travail considérent la théâtralisation de la vie politique du
point de vue d’une pragmatique sociale. La compréhension des idées développées par Maffesoli sur la passion
qui recoure les os des squelettes des grandes théories
peut nous aider à comprendre des représentations du social forgées dans les jornaux ou les magazines, représentations qui pour les théoriciens des médias sont limitées
au savoir-faire narratif.
Néanmoins, un autre point apparaît dans la diffusion
des actes du théâtre politique,c’est que leur relation ne
comporte aucune réflexion sur le signifié de l’événement,
ni au sens anthropologique ni dans le sens d’une sociologie de la compréhension. Dans le cas du journalisme, la
théâtralisation du fait politique devient la propagande d’un
État autoritaire ou d’un surhomme, comme nous pouvons
l’observer dans ce récit de Veja, où l’image du savoir-faire
et de la force de Collor de Mello est présentée comme une
forme de soutien politique:
Les aventures sportives du président sont un des principaux piliers de son image politique.A ce sujet, il consulte
le député d’Alagoas, Cleto Falcão, son ami personnel,mais
en général le président a ses propres idées, comme celle
de se rendre à Rio de Janeiro aux commandes d’un avion
de chasse, F5, de la Force Aérienne Brésilienne-FAB-. (16)
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A l’opposé de son appréciation négative sur la promenade de Collor de Mello en moto de contrebande, cette fois Veja reconnaît que le président se préoccupe de
la sécurité des avions de chasse, mais l’essentiel reste
l’effet politique:
En matière de sécurité, le risque d’accident est calculé.
Sur les 45 avions de chasse qui existent au Brésil, depuis
1975, quatorze ont subi des accidents, dont sept ont été
détruits dans l’espace. Collor de Mello est preocuppé par
la sécurité, mais son intérêt le plus aigü, réside plutôt
dans les effets politiques d’un événement comme celuilà, ou comme celui que représente le fait de piloter un
Jet-Ski, sur le Lac Paranoá, à Brasília, ou de parcourir les
rues à moto, à une vitesse de 130k/h, ou de planer dans
des petits avions au-dessus de sa particulière, la Maison
de la Dinde, dans la Capitale Fédérale. (17)
Veja montre à ses lecteurs que le président Fernando Collor de Mello a conscience des effets qu’il peut retirer
de la théâtralisation de ses promenades les jours fériés
ou le weekend, mais prête au texte presque un caractère
d’avènement, comme si les “voyages exotique” de Collor
de Mello n’étaient pas inscrits dans une stratégie de domination, soit du point de vue de la rhétorique, soit du
point de vue de l’exploitation de l’image. Dans ce sens, le
discours politique gagne un côté émotionnel très fort, à
travers le simulacre et l’accent mis sur l’apparence, comme le démontre Maffesoli:
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
L’apparence, le simulacre, la duplicité, dont on sait
l’importance dans la structuration sociale, trouvent dans
la théâtralité leur expression la plus achevée(...) (18)
de son image,fondées sur des enquêtes d’opinion. C’est
pourquoi Collor a réussi à rétablir le principe d’autorité,
qui vaut également pour les militaires. (20)
Le problème, c’est que la théâtralité politique n’a
pas le sens des échanges rituels et s’inscrit même dans
un ordre de la domination, dans un exercice de répetition
des signes, dont l’objectif est de convaincre le citoyen de
suivre le chemin prédeterminé par les signes d’un message qui se construit sur des simulacres de qualités intellectuelles ou personnelles attribuées aux candidats.
Cependant, la théâtralité politique ne donne pas à
la vie quotidienne le sens que Maffesoli donne au théâtre:
Veja montre au lecteur que Fernando Collor de Mello
s’impose, dans ce gouvernement, à travers le “culte” de
sa propre image. Dans les fragments du récits ci-dessus, nous pouvons constater que le magazine reconnaît
à la théâtralisation politique de Collor de Mello le pouvoir
d’impressionner même le pouvoir militaire au Brésil,en résumé: la panoplie du surhomme-politique contre la force
des baïonettes , moyen de convaincre et dominer.
Veja s’engage donc dans la diffusion de la mise en
scène du président Fernando Collor de Mello, sans examiner les signifiés de la théâtralisation politique et, dans
la plupart des cas, il ne différencie pas le rôle théâtral du
président de son rôle économique , comme le montre ce
reportage du 30 mai 1990:
Ce qui nous importe, en montrant l’efficace sociale de
la théatralité, c’est de faire comprendre qu’elle est tout
simplement une des manifestations de la pluralité, de ce
polythéisme des valeurs (...) (19)
La théâtralité politique n’instaure pas un polythéisme des valeurs, puisque elle est par nature monothèiste, consacrant le culte de la personnalisation à l’extrême.
Ainsi nous pouvons vérifier que Veja, pour justifier les
promenades théâtralisées de Fernando Collor de Mello à
défini la rapidité, l’instinct,et le souci de l’image comme
étant les composantes du “style Collor” en politique:
La façon de gouverner du président Fernando Collor de
Mello est un mixte d’objectivité,de rapidité,d’efficacité
et d’instinct- le tout allié à une énorme préoccupation
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Exactement 28 jours après sa première visite à un supermaché Carrefour, à Brasília, mardi de la semaine dernière, le président Fernando Collor de Mello est revenu
avec la même liste de prix à la main pour acquérir les
mêmes dix-neuf marchandises établies par le gouvernement comme prioritaires. Il a payé ses achats avec un
chèque de la Caisse Economique Fédérale, dont le valeur
était 1.771,85 cruzeiros. Le président a eu une surprise:
il a constaté que les prix n’avaiet subi aucun réajustement, au cours des derniers mois, au supermaché Carrefour à Brasília. (21)
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
Ce reportage, est une démonstration du niveau de
théâtralisation du gouvernement Collor de Mello, à travers
l’apparition du président faisant des achats dans un supermaché, démonstrations qui s’accompagne d’une certaine
confusion lorsqu’il s’agit des indices des prix.Dans les
paragraphes suivants, le magazine démontre les contraditions entre l’indice des prix mesuré par l’Université de
São Paulo, USP-FIPE- qui a cette période-là, était de 3,29,
tandis que le gouvernement avait calculé un réajustement
du coût des marchandises, de 0,34.
Dans le même reportage, Veja va soutenir des opinions
gouvernamentales, insistant sur la confusion des chiffres de
l’inflation et d’indice des prix, problème dû à la mauvaise
administration du président précédent, José Sarney:
(...) Entre autres faits diffusés par la presse, et dans lesquels le gouvenement Collor de Mello n’a pas de responsabilité, figure la question de l’augmentation de l’indice
des prix des loyers dans les immeubles. Mais cet effet
rétrocatif a pour origine les problèmes économiques hérités du gouvernement Sarney (22).
Le magazine défend,par ce rappel, la théâtralisation
de la visit du président Fernando Collor de Mello, dans un
supermarché où se va annoncer les indices des prix au
consommateur, et fait en même temps l’apologie de la politique économique du gouvernement, donnant la parole à
madame, la ministre, Zélia Cardoso de Mello:
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(...) L’inflation n’est pas revenue. Il est nécessaire de
mettre fin au mythe qui veut qu’elle monte toujours, a
dit la ministre de l’Economie Zelia Cardoso de Mello (23).
Dans les récits de Veja qui couvrent la première
phase de la présidence Collor de Mello, la théâtralisation prend la place de la réflexion, des analyses de
conjoncture socio-politique, et met en évidence l’image
du président et de son équipe de gouvernement. C’est
pourquoi les paroles et les tenues de Collor de Mello sont
plus valorisés que les faits sociaux, où les divers acteurs
sont engagés dans la construction de la société. Le magazine ne prend pas en compte cette premisse et mélange les affaires politiques avec la mise en scène de
Collor. Mais l’important, c’est que Veja reconnaît ce jeu
en toute conscience, puisqu’il présente le pouvoir exercé par Collor de Mello comme exercice scènique, et le
concept de politique moderne comme une variante de la
rhétorique publicitaire.
La substantivation du spectacle
Grosso modo, Veja assume le caractère de la mise
en scène dont le président Fernando Collor de Mello est
le principal acteur. Mais, dans ce spectacle présidentiel, le magazine garde encore le vice du journalisme
d’information: substantiver les choses et les actions des
hommes, enlevant toute possibilité de compréhension du
monde d’une pluralité esthétique ou même de déplaceAutor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
ments des signifié qui pourraient démontrer les différences des faits sociaux, pris sous angles distincts.
Le journalisme d’information est pris entre une
construction qui se veut objective des faits sociaux et l’interprétation du fossé créé quotidiennement par sa différence avec les imaginaires sociaux qui forment la société.
Nous pouvons constater dans les récits de Veja, en
rapport avec la théâtralisation politique, que le journalisme assume celle-ci comme une réalité plus réelle que le
réel, car dans une conception informationnelle du champ
politique la valeur de la représentation s’évalue à la mesure de sa proximité avec le concret, ce qui signifie que:
pour dissimuler, il est nécessaire de bien copier les règles
sociales du “monde réel”.
Cette construction des apparences utilisée par le
journalisme pour présenter la politique est semblable à
un jeu de miroirs, où la taille et la variété formes donnent
la sensation du multiple et du différent à partir des diverses positions du corps. Mais le problème vient du fait
que dans le journalisme d’information lié au politique il y
a toujours un miroir faussement parfait, où le truquage
offre une image parfaite déployant l’image que chaque
individu construit dans sa propre conscience. C’est peutêtre pourquoi, Veja reconnaît dans l’exercice de la théâtralisation une forme efficace de la politique, ce que nous
pouvons observer dans les récits suivants:
La politique brésilienne n’a jamais offert de spectacle
aussi produti que cette cérimonie où paradent entre-
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preneurs en costumes et syndicalistes en chemises à
manches courtes. On peut affirmer que, hommis l’extension de son mandat à 5ans, rien n’a davantage occupé
le gouvernement du président Sarney, que ces réunions
entre leaders syndicalistes et patrons où jamais aucune
négociation n’a abouti. Président depuis six mois, Fernando Collor de Mello s’est déjà payé une expérience
dans ce secteur. La première rencontre de ce genre a eu
lieu au mois de juin au Ministére de l’Economie. Elle a pris
fin à minuit, tous le participants étant fatigués et avides
de manger quelque chose. Mais rien n’a été accordé. Le
deuxième rendez-vous, baptisé “accord national” en vertu des principes de base de la théorie publicitaire pour
laquelle l’emploi d’un nom différent peut aider à faire
accepter par le marché des marchandises de mauvaise
réputation, a été inauguré il y a quinze jours à Brasília.
Elle a réuni des syndicalistes, des entrepreneurs et des
ministres pour discuter du même sujet. C’est du cinéma?
Bien sûr. Personne ne peut croire à ce rituel, inspiré par
la nature du pacte de Moncloa qui avait permis la transition et fait passe l’Espagne de la dictadure de Franco à la
démocratie et qui va se terminer dans la mélancolie d’un
lendemain de Carnaval. Non, Personne (24).
Dans cet extrait du récits de Veja, nous pouvons constater que la revue échange clairement l’utilisation du
langage théâtral par les politiciens dans les moments où
ils présentent au public différents rapports avec la société. Mais, si le magazine reconnaît que la politique du
gouvernement Collor de Mello est un jeu théâtral, il utilise aussi cette mise en scène pour critiquer la posture
du leader de la Centrale Unique des Travailler (CUT), Jair
Meneguelli, qui pour Veja est l’unique personne à ces
types de rendez-vous politiques (25).
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
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- Wellington Pereira
De fait, Veja appelle ses lecteurs à considérer comme inéfficace les rendez-vous des ministres et des travailleurs autour d’une table ronde. Encore une fois, il renforce
le spectacle présidentiel et attribue à Fernando Collor de
Mello un certain art de gouverner à partir de la théâtralisation. Cependant la premisse du journalisme d’information,
à priori n’est pas de se centrer sur la fonction conactive
du langage, en faisant appel aux sens des citoyens. Cela,
c’est la stratégie, le but des textes publicitaires, dont la
conception des rites sociaux est formatée par le culte de
l’objet. Pourtant, Veja , de façon contraditoire, adopte cette formule publicitaire pour parler du rôle de Collor de
Mello en tant que président de la République du Brésil.
De cette manière, en corroborant l’idée que le président Fernando Collor de Mello pratique un fertile exercice
de théâtralisation, Veja confirme que contrairement à ce
que la majorité des théoriciens peuvent imaginer, les médias, au Brésil, sont sous l’influence du politique, et vont
accepter, passivement, les scénarios proposés par le marketing des politiciens.
La mise en scène du président Fernando Collor de
Mello, déjà pendant sa campagne électorale est considerée comme un exemple de maîtrise des techniques de
communications, c’est ce qu’ explique Maria Luiza Belloni:
Ainsi, pendant toute la période qui précède la campagne
électorale officielle, on assiste à une autre campagne,
publicitaire, en faveur du jeune gouverneur de l’Alagoas
(Fernando Collor de Mello). Il se pose en champion de la
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moralité politique contre la corruption installée au pouvoir, s’affrontant aux “colonels” du Nordeste rural et rétrogade, surgissant comme une nouvelle donne du jeu
de la succession présidentielle (26).
Si, pendant la campagne présidentielle le candidat
Collor de Mello avait imposé un “aggiornamento” à la presse, cette même influence va s’élargir dans le parcours de
son exercice comme président. Cependant, cette théâtralisation du pouvoir de Fernando Collor de Mello, dans
les médias, se caractérise de deux façons. Tout d’abord,
l’utilisation du langage publicitaire pour diffuser les actes
administratifs du gouvernement; ensuite la comparaison
constante des actes personnels de Collor avec ceux héros
du cinéma et de la télé, preuve de sa force et de sa capacité à exercer le mandat politique.
Cependant, dans ces deux formes qui prévalent
dans la théâtralisation politique de Collor de Mello, figurent deux pièges tendues aux théoriciens et aux journalistes, lorsque ces deux catégories vont métaphoriser le
parcours social du président. Les journalistes vont avoir
recours à un autre univers langagier comme celui de la
publicité pour reconnaître la théâtralisation politique et
vont parfois utiliser les héros de la “mythologie médiatique”, tandis que les analystes de presse s’appuient sur la
pragmatique du langage pour expliquer les performances
de Fernando Collor de Mello. Néanmoins, ces perspectives
se croisent, comme nous pouvons l’observer dans ce fragment de l’essai écrit par Maria Luiza Belloni:
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
Plusieurs analyses parues dans la presse pendant la
campagne ont établi cette analogie entre l’image de
Collor et les héros les plus populaires du petit ou du
grand écran, Rambo, Indiana Jones, ou le personnage
mythique des campagnes nordestines, rendu célèbre par
Glauber Rocha: ‘ les vertueux guerrier contre le dragon
de la méchanceté. Ces symboles ont des racines profondes dans l’imaginaire social brésilien, marqué par des
mythes peuplés de héros populaires tragiques et par les
mythes violents, produits de l’industrie culturelle. (27)
L’incorporation de la mythologie médiatique dans
les analyses de presse ou même dans les études académiques se heurte au problème de la vraisemblance
dans les langages cinématographiques et publicitaires, puisque ces deux langages vont s”appuyer dans la
mytholgie classique pour “vendre” leurs produits, tout
en laissant au spectateur-consommateur la possibilité
de comprendre les origines de leurs enoncés, explique
Anne Sauvageot:
Comme toute autre expression artistique et symbolique,
la publicité donne leur forme aux idées et aux rêves.
En mettant en scène les mythes et en leur donnant une
figure de chair, elle joue un rôle prépondérant dans la
manifestation des mentalités collectives. Car, c’est en
s’ancrant dans des formes que l’idée acquiert sa réelle
existence: écrit, parole, image...C’est donc en tant que
langage figuratif et poétique que la publicité a été pour
nous un auxiliaire extrêmement précieux dans l’observation des grands courants imageants de notre époque. En
effet, le réel impact de la publicité auprès d’un public si
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vaste, et surtout si récepteur, en fait un “art populaire”
du fait qu’elle est à la fois écho et projection des grandes
formes de la mentalité collective. (28)
Le journalisme d’information attaché à l’ exercice du
politique va créer une mythologie du vide, puisque les représentations des acteurs-politiciens prennent des formes
qui appartiennent aux héros de la télé et du cinéma,
puisque le principal but des récits de ce journalisme est
de démontrer que le personnage politique peut réaliser lui
aussi les mêmes prouesses spectaculaires au quotidien.
À partir de la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, les
stratégies de marketing politique vont être plus proches
du “show business”. Le “commerce d’affaires ideologiques” s’extend au sens de la représentation caricaturale
des personnages de cinèma, ce qui signifie que le discours
est transformé en scenario des potentialités inhumaines,
et que les politiciens sont les nouveaux demi-dieu de la
société de consommation, leur trajectoire est dénuée de
tout héritage anthropologique et échappe à tout problème
d’ordre métaphysique.
Le nouveau héros politique a l’âme coulée dans le
parcours éphémère des héros médiatiques, et correspond
au besoin d’établir l’éthique sociale à partir d’ aventures
morales, comme si les faits sociaux avaient été écrits
dans la même structure narrative fabuleuse, dont le
principe est la lutte du bien contre le mal. Cette confusion entre les politiciens et les héros de cinema va gérer
ce que nous appelons une “mythologie du vide”, dans
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Referências
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- Wellington Pereira
laquelle les représentations du social sont soumis au
temps de présence des images du héros politicien dans
les médias. Si bien que, le politicien le plus efficient, selon cet étalon de la politique contemporaine, est celui
qui a réussi a proroger sa performance personnelle dans
les diffusions médiatiques. Veja a su montrer l’exploit
du président Fernando Collor de Mello et ses qualités de
super-politicien, par la comparaison avec les héros cinématographiques, comme nous pouvons le constater dans
le reportage du 5 décembre 1990, dont le titre “Survivre
dans la jungle”, et le sous-titre, -Déguisés en Rambo,
Collor , Rosane et plus de 23 invités risquent l’avanture
dans la jungle amazonienne-donnent un idée de la théâtralisation pratiquée par le gouvernement du président
Fernando Collor de Mello:
Depuis qu’il a été élu président, Fernando Collor de Mello
a déjà conduit un jet-ski, une moto Ninja, des avions
supersoniques et a fait un voyage en sous-marin. La
semaine dernière, le président a vécu la plus longue,
la plus périlleuse et la plus impressionnante des aventures. Pendant vingt heures consécutives, Le président
et son épouse, Rosane Collor avec vingt-trois invités,
amis et autorités gouvernamentales, ont participé à un
“Cours Intensif de Survie dans la Jungle Amazonienne”,
dans un champ d’entraînement de l’armée à soixante
kilomètres de Manaus. Collor se déguise en Rambo. Il
a appris à tuer des serpents, des crocodiles, a manger
des fruits exotiques et des larves crues. Le président a
marché dans la forêt amazonienne cherchant des pièges meutrièrs et vénéneux de facture vietnamienne et
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aussi a assisté à une simulation de guerre, dans laquelle l’armée brésilienne a capturé et exterminé les ennemis, ce fut un spectacle unique (...). (29)
Dans la couverture de la promènade du président
Fernando Collor de Mello dans la jungle amazonienne, ce
qui est intérêssant c’est la reconnaissance par le magazine du caractère spectaculaire de la visite que fait Collor
de Mello à une des frontières militaires du Brésil, où a été
établi le Projet “Calha Norte”, dont le but est de protéger la frontière brésilienne en amazonie, et de défendre
les terres délimitées par le gouvernement et réservée à
l’occupation des indiens d’Amazonie.
Cependant, l’intérêt du reportage réside dans les
comparaisons entre l’imaginare politique, la présence du
président Fernando Collor de Mello et de ses ministres,
dans une region presque inconnue pour la majorité des
brésiliens du Nordest, du Sud et Sud-est, et l’imaginaire
cinématographique: les héros de films de séries ou des
programmes animés par les présentateurs vedettes de la
Rede Globo, comme Fausto Silva, qui anime le fameux
“Domingão do Faustão”, tous les dimanches, en direct
dans tout le pays.
Dans ce reportage du 5 décembre 1990, Veja a e
beaucoup joué sur la théâtralisation de la visite du président Fernando Collor de Mello dans la forêt amazonienne,
utilisant même les déclarations des ministres pour mieux
définir le spectacle:
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Referências
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- Wellington Pereira
C’est une aventure à la Macgyver, a dit, à un certain moment, le ministre du Travail, Antonio Rogério Magri, un
des membres de la commission, faisant référence à un
super policier, héros d’un film diffusé tous les dimanches
par la TV Globo”. (30)
Veja raconte la visite du président Fernando Collor
de Mello en suivant deux axes de la théâtralisation politique: le premier correspond à la comparaison récourrente
des images de Collor de Mello avec celles des héros des
telefilms; le deuxième, c’est l’introduction des qualités
spectaculaires des membres du gouvernement, dans une
sorte de méta-spectacle, où les personnages qui parlent
du président ont aussi eux mêmes un rôle théâtral. Ainsi,
le magazine s’appuie sur les paroles du Ministre du Travail, Antonio Rogério Magri pour présenter Collor comme
un surhomme et, en même temps il démontre que le ministre a lui aussi des qualités physiques dignes de celles
des super-héros:
Antonio Rogério Magri, un des membres de la commission gouvernamentale (...) est un des mieux physiquement preparés à affronter ce type d’expérience dans la
forêt amazonienne. En outre, Magre est champion (ceinture-noire) de Judô, et a une musculature suffisante
pour couper en deux des annuaires téléphoniques (31).
Veja poursuit la théâtralisation des actions du président Fernando Collor de Mello, dans un processus de
métaphorisation de la réalité socio-économique du
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pays. Il a toujours tendance à comparer les décisions
administratives du président avec les actions des stars
cinématographiques,nous pouvons le vérifier dans ce reportage du 6 février 1991:
(...) Ainsi comme Sylvestre Stallone dans son RockV, le
Brésil, après avoir survécu au Plan(économique)Sarney
III, en est maitenant au Plan Collor II. Si on continue à
ce rythme, à la fin de l’année on en sera au Collor X, si
le cinéma n’est pas détruit avant (32).
Le langage figuré utilisé par Veja pour démontrer les
faits sociaux gérés par le gouvernement Collor de Mello est
utilisé pour parler aussi des problèmes adminsitratifs, de la
façon de gouverner des ministres. Dans l’extrait de l’article
cité au-dessus, la présentation des plans économiques par
les gouvernements successifs est comparables au télé-film
Rock V qui raconte la saga d’un boxeur, incarné au cinéma
par l’acteur nord-américain Silvester Stallone.
Le magazine, même quand il formule des critiques
sur les erreurs de l’admistration Collor de Mello emprunte
au cinéma des exemples pour expliquer la réalité socio-politique du Brésil. En agissant de cette manière, Veja
voile les problèmes quotidiens, mettant sur un seul plan
narratif le monde fictionnel, où un lutteur de boxe essaye
de ratrapper des échecs personnels et un pays qui est
confronté à plusieurs essais économiques.
Grosso modo, Veja considère que les plans économiques brésiliens sont du même genre narratif que les
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Referências
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- Wellington Pereira
films en série de Silvester Stallone. Cependant, le magazine ne croit pas dans la durée du spectacle gouvernamental, quand il évoque une éventuelle destruction du
cinéma avant une future diffusion de Collor X.
Ce langage journalistique qui présente le quotidien
du gouvernement du président Fernando Collor de Mello
d’une manière voilée pose des problémes d’interprétation
des faits sociaux à cette période-là, puisque la comparaison grossière entre la production des faits politiques et
la narration cinématographique, va éloigner les lecteurs
de toute comprehénsion des nouvelles véhiculées sur la
situation économique du pays.
Même dans l’équipe économique du gouvernement
Collor de Mello régnait une tendance à l’utilisation du vocabulaire de la publicité pour identifier des conduites dans le
champ de l’économie, c’est ce que nous observons dans le
reportage du 2 février 1991, lorsque Veja critique la perte de
contrôle de l’inflation par le ministre Zélia Cardoso de Mello:
Au mois de octobre de 1990 quand l’équipe économique de Zélia Cardoso de Mello reconnaît avoir perdu le
contrôle de l’inflation (...) le gel des pris et des salaires
reçoit le surnom de “Jaime”, personnage publicitaire qui
incarne une assurence-décès. Par coincidence ce nom
avait été utilisé par euphémisme par la Banque Itaú pour
remplacer le mor “mort” dans une campagne publicitaire pour l’assurance-vie. Ainsi, comme pendant toute
la structuration de son “plan” économique, l’équipe de
Zélia Cardoso invitait à utiliser le mot “gel’, tous les procédés mis en place furent nommés “Jaime” (33).
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Dans cette utilisation des pseudonymes symbolisant
les forces rassemblées dans une lutte contre l’inflation,
l’équipe économique du gouvernement Collor de Mello
achève de gérer une sorte de méta-théâtralisation, qui
consiste à créersa propre stratégie de simulation du pouvoir. Et Veja qui devrait interpréter ce qui se cache derrière
le langage voilé de la politique, participe à l’égarement
des lecteurs en reproduisant sans la moindre critique les
règles de la théâtralisation, en renforçant le simulacre du
pouvoir, une des tendances du pouvoir politique, comme
nous l’explique Roger-Gérard Schwartzenberg:
Car le pouvoir spectaculaire n’est souvent que simulacre. Et les prestige, si vanté dans le fil de l’épée, est
l’instrument majeur de cet illusionnisme politique. (34)
La légitimation de ce que aussi bien Schwartzenberg
qu’Edgar Morin (35)
Appellent de star-system, en politique, est acceptée
par Veja, lorsqu’il a recours à des expressions figurées
et vulgarisées pour représenter le gouvernement du président Fernando Collor de Mello, et est confirmée par la
transformation de Collor en politicien-star et de son style
de gouvernement en grand spectacle. C’est pourquoi cet
illusionnisme politique prolonge dans les récits de Veja les
symboles de propagande propre à Collor de Mello.
Ce qui est dangereux, du point de vue de la construction des nouvelles journalistiques, c’est l’absorption
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Referências
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par Veja de cette théâtralisation promue par l’équipe de
Collor sans qu’y soit jointe la moindre critique. Le magazine reste dans les comparaisons; ainsi les difficultés rencontrées par Collor de Mello pour résoudre des problèmes
de l’État font de cette tâche une chose impraticable, même
pour des héros de cinéma comme Batman et la Femme-merveille. Ce que nous trouvons dans le reportage sur la
banqueroute du système de santé publique brésilien:
La Prévoyance Sociale, dès qu’elle a été fondée par Gétulio Vargas, dans les années 30 est toujours la cible
des dénonciations de corruptions (...) Collor de Mello a
un délai très court pour régler avec les problèmes de la
prévoyance. Ni Eliot Ness,ni Batman ni même la Femme-Merveille n’auraient réussi une telle prouesse. (36)
Cette transposition des échecs de Collor dans le domaine des problèmes gouvernamentaux, chez les héros de
bande dessinée, Batman, la Femme-Merveille, et le commissaire Eliot Ness qui se bat contre les “gangsters”, donne
à Collor le même statut que la marchandise dans la société
de consommation, parce que le président est devenu “la
star”; et dans cette logique de la politique-spectacle, le rôle
des stars est de fétichiser des relations sociales, à la manière des produits présentés en gondole dans un magasin
libre- service, comme le révèle Edagar Morin:
La star est un marchandise totale: pas un centimètre de
son corps, pas une fibre de son âme, pas un souvenir de
sa vie qui ne puisse être jeté sur le marché. Cette mar-
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chandise totale a d’autres vertus: elle est la marchandise
type du grand capitalisme: les énormes investissements,
les techniques industrielles de rationalisation et de standardisation du système font effectivement de la star une
marchandise destinée à la consommation des masses.
La star a toutes les vertus du produit de série adopté au
marché mondial, comme le chewing-gun, le Frigidaire,
la lessive, le rasoir, etc. La diffusion massive est assurée
par les plus grands multiplicateurs du monde moderne:
presse, radio et film, évidemment (...). (37)
Le gouvernement du président Fernando Collor de
Mello est présenté dans les récits de Veja sur deux plans:
en premier lieu le plan individuel; Collor apparaît comme
un demi-dieu, dont la faiblesse n’appartient pas au modèle connu des politiciens alhonêttes et incompétents. En
second lieu;la tâche du présidente est toujours comparable à celles des héros médiatiques. Mais Fernando Collor
est surtout un acteur, et le magazine promeut le dédoublement des images, en exerçant sa fonction de multiplicateur d’un des signes du monde moderne: le spectacle.
La question de la politique-spectacle et ses liens
avec les médias est bien expliquée à partir les analyses
de Guy Debord sur l’emprise du spectacle dans la société
contemporaine:
Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation. (38)
Autor
Referências
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Cette notion du spectacle comme “arme” idéologique
et stratégie de persuasion politique a toujours fait partie
du projet de gouvernement de Collor de Mello, mais Veja
n’a jamais correctement interprété les spectacles donnés
par Collor aux médias: la presse a accepté la thétralisation du politicien Collor de Mello comme quelques chose
de l’ordre du personnel, sans vérifier que dérrière le masque de l’acteur se cachaient les stratégies de domination
très sophistiquées, de la politique-spectacle. Ce à quoi le
magazine abouti c’est à nier la possibilité pour les lecteurs
de mieux comprendre les représentations politiques adoptées par Collor de Mello, dans l’exercice de la présidence,
ou comme le rappele Erving Goffman:
(...) Les observateurs doivent être capables de voir que
l’impression de réalité donnée par une représentation est
une chose délicate, fragile, qui peut voler en éclats au
moindre accident (40).
Cependant, cette observation critique des rôles des
acteurs sociaux et principalement de la fragilité du pouvoir de l’État, telle qu’elle est proposée par Goffman, n’est
pas faite par Veja. Par conséquent, le langage journalistique fonctionne comme un support de la théâtralisation
organisée par Fernando Collor de Mello.
Il est nécessaire de comprendre que dans la politique-spectacle le politicien joue toujours un rôle complexe visant à persuader, où les intentions sont toujours
éloignées du discours verbal et de la construction des
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images personnelles. Nous pouvons arguer que la politique elle-même est un jeu théâtral. Mais ce qui est faux
dans une affirmation comme celle-là, c’est que, entre la
mise en scène des comédiens et celles des politiciens
il y a des différences énormes: la rhétorique théâtrale
est un ensemble de règles destinées à construire un effet communicationnel, alors que la rhétorique politique
s’oriente vers une seule signification, celle de la marchandise. Si au théâtre on participe au processus narratif en donnant vie au signifié des récits, en politique, par
contre, nous sommes invité à accepter la performance
des politiciens, présentés comme les meilleurs conducteurs de nos projets sociaux.
Dans ce sens, au individuel, la perfomance théâtrale
du président Fernando Collor dans les récits de Veja n’est
rien de plus que l’incarnation de l’acteur derrière le masque
du consommateur-consommé, parce que Collor est, en
même temps, marchandise et “merchandising” d’une société fondée sur la consommation. C’est pourquoi, en lui, la
théâtralisation du politique s’appuie sur des objets, comme
le jet- ski, la moto Ninja et d’autres signes de distinction
sociale correspondant à des valeurs d’ostentation.
Un politicien qui joue le même rôle que les stars et
les héros de cinéma et de bandes dessinées; est au-dessus des difficultés de l’État, problèmes mineurs qui ne sont
préoccupants que pour citoyens communs. Voici l’image
du président Fernando Collor de Mello que Veja propose
quotidiennement, dans la démarche en faveur d’une poli-
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tique néolibérale, qui va caractèriser la première phase de
son soutien au projet Collor.
Dans les récits de Veja, la théâtralisation du président Collor est d’autant plus forte qu’elle reflète l’incapacité du journalisme d’information de se libérer de l’emprise de la sociéte de consommation. Nous constatons ici
la faillite d’une méthode journalistique et d’actes langagiers qui n’ont pu dire aux lecteurs ce que signifiait le rôle
de l’acteur Collor de Mello dans l’exercice de la présidence.
Sur un plan sociologique, Guy Débord a trouvé une
explication à l’origine du spectacle:
L’origine du spectacle est la perte de l’unité du monde,
et l’expansion gigantesque du spectacle moderne exprime la totalité de cette perte: l’abstration de tout travail particulier et l’abstration générale de la production
d’ensemble se traduisent parfaitement dans le spectacle,
dont le mode d’être concret est justement l’abstraction.
Dans le spectacle, une partie du monde se représente
devant le monde, et lui est supérieure. Le spectacle n’est
que langage commun de cette séparation. Ce qui relie
les spectateurs n’est qu’un rapport irréversible au centre
même qui maintient leur isolement. Le spectacle réunit
le séparé, mais il réunit en tant que séparé. (41)
l’ostentation,où les objets de luxe et le confort personnel
deviennent symbole du pouvoir.
Ce qui caractérise bien l’avénement de la présidence de Fernando Collor de Mello au Brésil, c’est le mélange entre la théâtralisation du politique, liée à l’image des
sociétés modernes: vitesse et nouvelles possibilités de
consommation, et la tentative d’instaurer un étalon social
nouveau inscrit dans la tenue vestimentaire des membres
du gouvernement, porteurs de cravates Hèrmes, de sacs
Louis Vuitton et de chaussures italiennes.
Fernando Collor, devenu star politique, réincarnant
parfois le mythe de James Dean, l’ enfant gâté du star-system, lorsqu’il se confronté à la vitesse des avions militaires, aux périls des profondeurs de la mer, les voyages
en sous-marin, a bien su maîtriser, du point de vue individuel, le moyens médiatiques pour vendre son image de
“sauveur du peuple brésilien.
Sociologues et politologues ont exploré, dans le cadre de leurs formations respectives, les liens entre la manière Collor de faire de la politique et les structures achaïques et fragiles de la démocratie brésilienne, c’est ce que
souligne Maria L. Belloni:
Le président Fernando Collor de Mello est un acteur qui a reussi à étendre les relations entre la politique
et la société de consommation dans leurs dimensions les
plus larges, non seulement du point de vue des stratégies
de persuasion politique, mais dans l’exercice même de
Collor inaugure son gouvernement en tant que leader populiste, héros politique fort et charismatique, qui se passe
de la médiation des représentants puisqu’ils s’adresse directement au peuple. La jeune démocratie brésilienne est
encore très fragile et les mécanismes de représentation
manquent de tradition et de force politique. (...). (42)
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Pour notre part, nous ne partageons pas complètement l’idée d’un fragilité de la démocratisation dans la
société brésilienne, parce que la dernière période du gouvernement Collor de Mello a demontré le contraire. Notre
axe d’interprétation s’orientera plutôt vers l’idée d’une
fragilité de la presse brésilienne, et du magazine Veja en
particulier. En effet, dès les premiers jours de la présidence Collor, il a fait entièrement crédit au projet politique du nouveau président, a presenté sa politique spectacle comme un exemple de force, de rigueur, contribuant
même à la création du mythe du Collor super-politicien,
audessus de l’Assémblée Nationale, et même des partis.
Dans l’essai écrit par le professeur Maria Luiza Belloni,
figure une note de bas de page, où elle révèle ce que fut le
parcours médiatique du président Fernando Collor de Mello:
Tous les dimanches, le président se donne en spectacle:
il pratique des sports dangereux (moto, jet, ski, ULM)
ou bien il participe à des manoeuvres militaires(vols
en avion supersonique, promenade en sous-marin). Sa
première aventure militaire en tant que président fut sa
visite au projet “Calha Norte”, en Amazonie. En ces occasion, Collor se fait accompagner de ses deux fils et
s’revêt un uniforme militaire de campagne. Ainsi on a
pu le voir en pleine jungle amazonienne dans un uniforme de camouflage qui évoquait Rambo. Naturellement,
la télévision le suit partout, même lorsque, par manque
d’une activité sportive plus spectaculaire, il fait du jogging dans la brousse voisine de Brasília. (43)
Ce qui nous intéresse c’est de démontrer comment
ce choix de la spectacularisation va prédominer pendant
la période de la présidence Collor, et comment celle-ci
s’inscrit dans le modèle de la société de consommation. Et
Veja, à cette époque absorbe ses pantomimes sans aucune
critique, niant ainsi les buts du journalisme d’information
qui sont d’interpréter les faits sociaux, en cherchant à les
présenter de la façon la plus objective possible.
L’entreprise de spectacle politique à laquelle Fernando Collor dépasse le plan individuel et instaure presque un
modèle gouvernemental, auquel le journalisme pratiqué
par Veja accorde soutien. C’est ce qui va faire l’objet du
prochain chapitre.
Notes Bibliographiques do Cahpitre VI
1. Veja, édition du 14 mars 1990
2. idem;
3. ibidem;
4. idem, ibidem;
5. idem;
6. ROSA E SILVA, Cláudio Humberto- Mil Dias de Solidão- Collor
bateu e levou, São Paulo, Geração Editorial, 1993, p. 286.
7. MAFFESOLI, Le conquête du présent, op. cit; p.157.
8. Veja, éditon du 14 mars 1990
9. idem,
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Autor
Referências
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10. idem, ibidem,
34. L’Etat Spectacle, op. cit. p. 373
11. idem
35. MORIN, Edgar- Les Stars, Paris, Seuil, 1972.
12. Veja, édition du 11 avril 1990
36. Veja, édition du 10 avril 1991
13. idem,
37. MORIN, op. cit. p. 102
14. Encyclopedia Universalis, versio CD-Rom, notes sur l’Ecole
de Frankfurt
38. DEBORD, Guy- La Société du Spectacle, Paris, Gallimard,
1992, p. 15.
15. MAFFESOLI, op. cit. p. 154
39. ROSA E SILVA, op. cit. p. 286.
16. Veja, edition du 25 avril 1990.
40. GOFFMAN, Erving- Le sens commun- la mise en scène de
la vie quotidienne- La présentation de soi- Tome I, Paris, Les
Editions Minuit, 1973.
17. idem,
18. MAFFESOLI, La conquête du Présent, op. cit. p. 153.
41. DEBORD, op. cit. p. 30
19. idem, p. 163
42. BELONNI, op. cit.
20. Veja, édition du 25 avril 1990
43. idem.
21. Veja, édition du 30 mai 1990
22. idem;
23. ibidem;
24. Veja, édition du 14 septembre 1990
25. idem;
26. BELLONI, Maria Luiza- Collor ou la politique de la mise en
scène, in Hermès-8-9, Paaris, 1990.
27. idem
28. SAUVAGEOT, Anne- Figures de la Publicité; figures du monde, Pars, PUF, 1987, p. 189.
29. Veja, édition du 5 décembre 1990
30. idem;
31. idem, ibidem
32. Veja, édition du 6 février 1991
33. idem;
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Referências
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Chapitre VII
La présidence Collor et le théâtre
de la consommation
L’objet de consommation comme gadget politique
Une des caractéristiques de la théâtralisation politique
est la promotion du pouvoir à travers l’exhibiton des objets
de consommation. C’est pourquoi nous pouvons désigner
l’objet de consommation comme le gadget spécifique des
stratégies de domination socio-politique mise en pratique
sous de la présidence de Fernando Collor de Mello.
En effet, Fernando Collor de Mello va instaurer la
théâtralisation politique, dans laquelle le culte de la personnalité d’un leader charismatique, père des pauvres se
devient l’élement principal de sa propagande gouvernamentale. Mais il existe une autre façon d’imposer le pouvoir: c’est la manifestation du pouvoir à partir des symboles de la société de consommation. C’est la séduction
par l’objet de consommation. Dans les pays d’Amérique
du sud, où la majorité de la population ne mange pas tous
les jours, l’ostentation de biens matériels est bien représentative de la segmentation des classes sociales. Et le
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gouvernement de Fernando Collor de Mello a su explorer
certains mécanismes d’attraction possédés par les objets
dans la société brésilienne, oú acheter un appareil de télevision, est le rêve de consommation des gens les plus
humbles du point de vue économique.
Dans le cas de Veja, lorsque le magazine s’attache
au quotidien du gouvernement Collor de Mello, la consommation est confondue avec la modernisation de la société,
illustrée par les nouvelles moeurs en usage dans l’entourage
du nouveau président. Parfois, le luxe, le confort et le gaspillage sont présentés dans un même ordre conceptuel. Plus
d’une fois, les récits de Veja suppriment l’interprétation des
informations pour vanter l’éclat des objets de consommation, signes du style politique inauguré par Collor de Mello.
Dans le reportage du 5 décembre 1990, dont le titre “Survivre dans la jungle”, annonce déjà bien les aventures de Fernando Collor de Mello et de son entourage
dans la jungle amazonienne, Veja dans certains passage
s’intéresse surtour à la tenue des membres de la “caravane presidentielle”:
Collor a invité des amis à participer à l’expédition: Eduardo Cardoso et son épouse Mme Joyce Cardoso. Celle-ci,
en tenue de camouflage, le sac Vuitton en bandoulière,
est fortement maquillée et porte un rouge à lèvres Saint-Laurent. Elle interrompt plusieurs fois la marche pour
se retoucher les lèvres. Rosane Collor de Mello porte elle
aussi un sac Louis Vuitton, et elle ausi se fait surprendre,
retouchant son maquillage. (1)
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Nous pouvons constater ici que l’objet de consommation est devenu un des signes du “nouvel ordre” politique que Fernando Collor de Mello a essayé d’établir dans
la courte période de son passage à la présidence.
Fernando Collor de Mello utilise les règles de la société de consommation à l’extrême. Il va associer, systématiquement, la force persuasive de la rhétorique politique aux “besoins” de consommer. C’est pourquoi Collor
de Mello cherche à faire, auprés de la couche urbaine du
Brésil développé, au sud et au Sud-est, une démonstration de puissance dans le champ de la maîtrise des objets
ou des biens de consommation.
Ce qui nous paraît intéressant, c’est la transformation des objets d’usage personnel en symbole de sa force politique. Dans ce cas, la présentation en images du
quotidien du président Collor de Mello est réglée par les
contours des objets de consommation, par l’idée que la
puissance politique est aussi assurée par l’exhibition des
biens durables de consommation.
Dans le théâtre politique proposé par le président
Fernando Collor de Mello, l’objet de consommation est un
signe “vivant” du pouvoir politique, d’une certaine idée de
la modernisation du Brésil. Et le journalisme d’information
va reproduire cette assertion sans, jamais, questionner le
signifié des “messages” transmis par les “acceptations”
ou les “négations” de l’objet de consommation. Ainsi, la
presse achève-t-elle de ratifier la notion d’objet de consommation devenu arme politique. Fait qui s’établit dans
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une sorte de conversion de l’objet de consommation sur la
scène sociale, bien démontrée par Jean Baudrillard:
Cette conversion de l’objet vers un statut systématique
de signe implique une modification simultanée de la relation humaine qui se fait relation de consommation, c’està-dire qui tend à se consommerau double sens du mot: à
s’ “accomplir” et à “s’abolir” dans et à travers les objets,
qui en deviennent la médiation obligée, et, très vite, le
signe substitutif, l’alibi. (2)
La conversion de l’objet de consommation en fait politique, est une des stratégie du président Fernando Collor
de Mello. Mais notre principal objectif, à travers cette citation de Jean Baudrillard, est de démontrer, comment dans
les récits de Veja les objets de consommation personnelle
ont un rôle de médiateurs du discours politique de Collor de
Mello, et fonctionnent, en même temps, comme “les signes
substitutifs et l’alibi” du jeu rhétorique soutenant le projet
socio-économique engagé par Fernando Collor.
L’objet apparaît comme un signe substitutif de la rhétorique politique propre à un pouvoir totalitaire ou même
comme une légitimation de la force politique à travers la
consommation. C’est qui apparaît dans le reportage du 18
décembre 1991, intitulé ”Rosane fait la fête”, où on suit le
périple de Madame Collor qui, dans les magasins de Rome,
gaspille 15000 dollars en chaussures tailleurs sacs à main:
En tournée à Rome, dans les magasins de la capitale intalienne Mme Collor de Mello était servie par une modeste
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
escorte de huit voitures. Le pape João Paulo II, lui-même
qui a subi un attentat, ne s’est pas fait accompagner par
huit voitures, quand il a circulé dans les rues de la ville.
Peut-être n’est-il pas aussi fameux à Rome que Mme Collor. Ou peut-être n’a-t-il pas de courses à faire.Le journal Il
Manifesto declare que Mme Collor a gaspillé 34 000 dollars
dans un seul magasin, mais il n’apporte aucune preuve
pour confirmer la nouvelle. Ce que Veja peut constater,
c’est que Mme Collor a dépensé l’équivalent de 15 000 dollars, pour des achats dans deux magasins, payant ses dépenses avec sa carte de crédit personnelle. Le mercredi,
Mme Collor s’est promenée toute la journée sur la Piazza
di Spagna et dans les alentours , quartier du commerce de
luxe à Rome. Le matin, Mme Collor s’est rendue chez Escada, la marque allemande. Elle a acheté six tailleurs de la
nouvelle collection printemps-été. Ses dépenses ont été de
l’ordre de 9 000 dollars. L’après-midi, après le déjeuner à
la Casina Valadier, dans les jardins de la Villa Borghese, en
compagnie de l’épouse du Premier Ministre italien, Giulio
Andreotti, et de dix autres dames, Mme Collor est revenue
à la Piazza di Spagna pour une nouvelle tournée d’achat.
Cette fois, Mme Collor est allée à Beltrami, le magasin sophistiqué de la Via Condotti. Elle a emporté huit paires de
chaussures, huit sacs à mains, tous en harmonie avec les
souliers, et encore un manteau. Mme Collor a payé pour
le tout 6 000 dollars. Les courses de Mme Collor ont donc
coûté 14,8 millions de cruzeiros (la monnaie brésilienne à
cette époque-là). (3)
Dans ce reportage signé par Marco Antonio Rezende, Veja cherche à presenté les gaspillages de Mme Collor
comme un signe représentatif du gouvernement de Fernando Collor de Mello,et la description avide du chemin
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du luxe parcouru par Mme Collor sert à faire des objets,
chaussures, sacs à mains, un indice des abus de cette représentation du pouvoir.
Cependant du point de vue de la construction de
l’information journalistique, Veja a oublié le b.a-ba du
journalisme: l’interprétation des faits. Une fois de plus,
c’est la description qui va prédominer par rapport à
l’analyse. Alors, le magazine dans une sorte de narration
ambiguë laisse entendue que les dépenses de Mme Collor
sont “considerables” pour le budget famialial, qu’elles représentent bien la fascination de Mme Collor pour les signes de la sociéte de consommation, mais que cela n’a pas
d’importance pour le président, parce que c’est un riche
entrepreneur et qu’il a d’autres revenus que ses revenus
de président, malgré l’association faite par Veja entre le
gaspillage de Mme collor et ses origines familiales:
L’épouse du président appartient à une famille bourgeoise. Elle a une préférence pour le classique et aime
l’excès.Le directeur du magasin Beltramin, Claudio Triscini, à complimenté Mme Collor, faisant réference à la sophistication de la famille Malta de Canapi, de la lignée de
Pompilho, “le gros”, et Joãozinho, “la gâchette”. Triscini a
vendu à Rosane huit paires de chaussures, à talons peu
élévés, dont deux modèles du soir, or et lamé. Avec cette garde-robe, l’étoile des Malta(Mme Collor) fait fureur
dans les salons élegants de la bourgeoisie de Canapi. (4)
Dans les récits de ce reportage du 18 décembre
1991, Veja essaye de faire figurer quelques critiques conAutor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
cernant la famille de Mme Collor, les Malta, qui représentent les oligarchies nordestines. Les références au système politique allié à la violence, contenues dans l’épithète
“Joãozinho, la gâchette sûre”, démontre que le magazine
utilise le stéréotype du “macho brutal” du nordeste brésilien pour ironiser sur les origines bourgeoises de l’épouse
du président Fernando Collor de Mello.
Néanmoins, Veja a placé l’image du président Fernando Collor de Mello au-dessus de la médiocrité des origines et des gaspillages de Mme Collor, en affirmant:
Mais Collor est un entrepreneur riche,qui a d’autres revenus que ses revenus de président de la République. (5).
Dans un certain sens, Mme Collor sert de parapluie
aux critiques qui sont destinées au président Fernando
Collor de Mello, critiques placées entre guillemets.Cependant, avec un certain illogisme, le magazine a oublié que la
famille de Mme Collor, les Malta, appartienent à la base politique sur laquelle s’est appuyé Fernando Collor de Mello:
les latinfundia avec les mythes des “jagunços”- hommes
de main- au service des grandes propriétaires ruraux- et
participant au rétablissement de la morale par la force.
Ainsi, Veja cherche à montrer que les alliances politiques de Fernando Collor de Mello avec la famille de Mme
Collor, les Malta, est caractérisée par l’archaïsme de ceux
qui occupent des fonctions politiques dans les regions les
moins économiquement développées du Brésil. Mais, dans
ce rapport établi entre la politique et l’étalage ostentatoiCapa
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res des objets personnels, symboles de puissance, ont rejoint des pratiques fondatrices des idées politico-sociales
au Brésil, entre autres le fait d’exposer des objets de consommation, que ce soit la propriété, le corps, ou même la
promesse d’une vie meilleure dans le “royaume de Dieu”.
Cependant, la façon dont Veja présente la famille
de Mme Collor de Mello ne contribue pas à proposer une
lecture de la complexité qui se cache sous cette emprise
de la consommation dans la représentation politique au
Brésil. L’objet de consommation comme signe substitutif,
entre guillemets, du totalitarisme politique est la marque
de cette politique, dont la formulation discursive obéit aux
mêmes règles que la fabrication de la marchandise dans
la société de consommation. C’est pourquoi ce thème de
l’ostentation et de l’utilisation de l’objet de consommation
comme gadget politique trouve des échos dans la pensée
de Guy Debord:
Un style de vêtements surgit d’un filme; une revue lance
des clubs, qui lancent des panoplies diverses. Le gadget
exprime ce fait que, dans le moment où la masse des
marchandises glisse vers l’aberration, l’aberrant lui-même devient une marchandise spéciale. (6)
Cette idée de la marchandise qui glisse vers
l’aberration et se transforme en un signe spécial assume
des caractéristiques diverses dans la présentation des objets de consommation comme gadgets du projet politique
de Fernando Collor de Mello. Même lorsqu’il fait la critique
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
du gaspillage de Mme Collor, le magazine Veja n’abandonne
pas sa confiance en un projet de “modernisation” lié à la
présidence Collor de Mello. Parfois, cette conviction est
établie dans une contradiction ideologique, comme nous
pouvons l’observer à partir de la remarque de Veja sur
l’interdiction de l’usage des manteaux de fourrure fait aux
femmes de l’entourage présidentiel en visite à Rome:
Le Secrétaire de l’Environnement, José Lutzemberg, a
interdit l’usage du manteau de fourrure aux femmes de
l’entourage présidentiel, pour une question de cohérence
écologique. (7)
Dans cet extrait du reportage de Veja, daté du 18
décembre 1991, nous pouvons, Une fois plus, constater
l’ambiguïté du discours journalistique du magazine. Dans
le premier Cas, l’incohérence se traduit par la négation
des signes de la modernité politique du gouvernement
Fernando Collor de Mello (modernité basée sourtout sur
les signes de la consommation) contenue dans les critiques qui sont faites des gaspillages de Mme Collor. Dans
le deuxième cas, on atteste l’engagement du président
dans la résolution des problèmes qui effrayent la société
contemporaine, comme les accidents écologiques. Et cela
va se matérialiser à travers les objets de consommation
en l’occorrence-les manteaux de fourrure- utilisés par les
membres de l’entourage présidentiel.
Nous pouvons admettre que ces analyses de Veja
comportent un certain paradoxe, puisque l’exposition
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abrupte des objets de consommation est déjà un signe de
contresens écologique. Mais, en même temps, le magazine souligne que la conduite du Secrétaire de l’Environnement est “politiquement correcte”. Alors, que signifient
les critiques sur les gaspillages de Mme Collor? Dans une
certaine mesure, les critiques formulées sur le comportement de Mme Collor s’inscrevent dans les discours néolibéral représenté par Veja, car la lutte politico-idéologique
est seulement menée contre la bourgeoisie tenue pour
inculte et violente, celles des propriétaires de grands domaine , dans le Nordeste brésilien, bourgeoisie à laquelle
appartient Mme Collor. C’est pourquoi les critiques portant
sur le gaspillage ne sont pas situées dans une analyse
de conjocture, implicitement Veja laisse entendre que la
bourgeoisie de “Canapi”, la ville de Mme Collor, n’est pas
suffisamment “cultivée” pour décoder les qualités des objets de la société de consommation.
Dans cette analyse imcomplète des origines de la
bourgeoisie brésilienne, Veja coupe les étapes historiques
de l’évolution de la société de consommation au Brésil, en
oubliant que le grand marché des objets de consommation a été établi pour la classe des maîtres latifundiaires.
C’est pourquoi nous pouvons considérer que les
critiques de Veja, évoquant le manque d’allure de Mme
Collor, qui prétende se conformer aux règles du bon goût
de la société de consommation son une mauvaise lecture de l’histoire du Brésil, parce que la couche sociale à
laquelle appartient la famille des Malta représente bien
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
cette transitionn ce passage de la possession de la terre,
la puissance maintenue la force (physique, mythique et
réligieuse) vers le luxe, ce que bien démontre Michel
Maffesoli, analysant de façon très claire la pensée du sociologue brésilien Gilberto Freyre:
La splendeur des étoffes de soie dont vont se vêtir les
nouveaux maîtres du Brésil, au XVIIe et au XVIIIe siècle,
a bien une fonction symbolique dans les deux sens qu’on
vient de lui donner: elle conforte le corps social des propriétaires, et elle impulse le commerce maritime. G.
Freyre rapporte de nombreuses anecdoctes et analyses
en ce sens concernant Bahia. Il montre en particulier que,
plus qu’ à la nourriture, l’aspect somptuaire s’attache à
la parure. Ce n’est certaiment pas pour rien. En effet, il
s’agit d’une somptuosité qui rejoue un acte de fondation.
Dépense pure, superflue, servant de semence; ostentation qui entend prouver aux nations établies du vieux
monde que celui qui est en train de naître, en faisant
bonne figure au présent, est assuré d’un avenir prometteur. En tous les domaines, le luxe tapageur du nouveau
riche n’a pas d’autres fonctions. (7)
Ce que Veja n’a pas démontré à ses lecteurs et a ses
lectrices, c’est que le gaspillage de Mme Collor est bien un
“geste” politique, car il incarne la course de la bourgeoisie agraire brésilienne vers la société urbaine. Le luxe,
la parure, l’ostentation sont la marque de la puissance
des nouveaux maître aux XVIIe et XVIIIe siècle au Brésil.
C’est pourquoi la critique des dépenses de Mme Collor
ne contribue pas à une lecture claire de la fonction de la
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consommation dans la formation d’une classe dominante
brésilienne, émergeant de la fracture entre l’opulence des
grands producteurs de canne-à-sucre et la misère de la
manoeuvre esclave.
Dans cette lecture de la dépense , signe substitutif
d’un pouvoir totalitaire qui se déguise en “bien-être”, dans
une période de transition du monde rural vers le monde
urbain, indique aussi que les exemples de gaspillage de
Mme Collor correspondent à l’image des consommatrices européennes du XIXe, plongées dans l’enchantement
provoqué par le fétichisme de la soie dans les grands
magasins.C’est ce qu’illustre Émile Zola, dans son roman,
Au Bonheur des Dames:
Cette soie, depuis que les réclames étaient lancées, occupait dans leur vie quotidienne une place considérable.
Elles en causaient, elles se la prommettaient travaillées
de désir et de doute (...) madame Marty, emportée par
sa rage de dépense, prenant tout au Bonheur des Dames
sans choix, au hasard des étalages; madame Guibal, s’y
promenant des heures sans jamais faire une emplette,
heureuse et satisfaite de donner un simple régal à ses
yeux; madame de Boves, serrée d’argent, toujours torturée d’une envie trop grosse, gardant rancune aux marchandises qu’elle ne pouvait emporter; madame Bourdelais, d’un flair de bourgeoise sage et pratique, allant droit
aux occasions, usant des grands magasins avec une telle
adresse de bonne ménagère, exempte de fièvre, qu’elle
y réalisait de fortes économies; Henriette enfin, qui,
très élégante, y achetait seulement certains articles, ses
gants, de la bonneterie, tout le gros ligne. (9)
Autor
Referências
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- Wellington Pereira
Le gaspillage comme répresentation politique
Les gaspillages de Mme Collor sont une des formes
de la représentation politique de ce pouvoir qui émane
du latifundium et prend le contrôle, principalement dans
des pays comme le Brésil, de la société qui se prépare
pou établir un nouvel ordre du marché: la consommation.
Si on s’oriente alors l’analyse vers la société des nouveaux maîtres du Brésil, on peut dire que Mme Collor prend
l’État comme garant de ses dépenses, car un des principaux soutiens de la République Brésilienne a été celui des
grands terriens dont le goût pour les marchandises importées et par les vêtiments de soie est associé à l’image des
“colonels” du Nordeste brésilien.
Mme Collor, contrairement aux personnages d’Émile
Zola, trouve pour sa part le monde de la consommation
dans un état de sophistication d’une telle complexité, que
le sentiment de madame de Boves, décrit par Zola comme
“une envie trop grosse, gardant rancune aux marchandise
qu’elle ne pouvait emporter...”(10), a été transformé en
pouvoir de persuasion à travers l’ostentation.
Dans une analyse du texte de Veja nous pouvons
constater que les objets de consommation sont vis à
deux niveaux. D’un côte on fait la critique du gaspillage,
de l’ensorcellement des marchandises, bien incarné par
Mme Collor, ou même par les femmes de la bourgeoisie
européenne du XIX e, telles qu’elle apparaissent Au bonheur des Dames.
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D’un autre côté, l’objet devient dans la construction
du quotidien de la présidence Collor de Mello, un signe de
la modernité, toujours lié à la notion de développement
technologique. Cela est particulièrement explicite, lorsque
Veja parle du caractère décontracté de l’équipe économique du président Fernando Collor de Mello.
Dans un reportage du 6 février 1991, qui souligne
l’importance des décisions du ministre de l’économie, Zélia Cardoso de Melo, Veja donne un sens très positive à
l’objet en tant que gadget politique:
Pour la réussite d’une négociation avec l’Assemblée
Nationale il est très important de changer l’équipe
économique (...). tout en m’amusant à des jeux vidéo et
en y perdant, j’ai quelques idées fulgurantes. (11)
Cette fois, l’objet électronique, le jeu-vidéo apparaît
comme symbole de la société moderne, où la consommation de jeux électroniques est liée aux nouvelles conceptions de loisirs. Est ici que nous réprenons un manque
d’analyse du contexte historique aussi bien lorsqu’il il
s’agit des formes de gaspillage de Mme Collor que de la
forme de consommation choisie par le ministre de l’economie, Zélia Cardoso de Mello, les jeux-vidéo.
Mme Collor tout comme Zélia s’inscrit, dans les récits de Veja, dans un même ordre: la valorisation des objets de consommation. Mais le problème, c’est que les
deux formes de consommation appartiennent à des racines historiques différentes.
Autor
Referências
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- Wellington Pereira
Mme Collor représente l’extension des stratégies politiques des maitres du latifundium, dans une période transition entre la société agraire brésilienne et la société urbaines,
où la politique “café au-lait”, dont le fiel historique se situe
entre São Paulo et Minas Gerais, ont contrôlé la poltique brésilienne dans les primières années de la République.
Zélia Cardoso de Melo en revanche va se présenter aux
lecteurs-électeurs comme une femme moderne, née dans le
millieu urbain, à São Paulo, considéré comme le “Brésil moderne”. C’est pourquoi son rôle de personnage d’un monde
où la notion de consommation est liée aux nouveaux imaginaires produits par la technologie et est renforcée par l’emphase accordée au jeuvidéo signe d’une nouveau modéle de
domination, celui de la préeminence urbaine.
La différence, entre guillemets, que le magazine essaye d’établir entre l’image du gaspillage de Mme Collor et
les idées qui viennent au ministre de l’économie, quand elle
joue aux jeu-vidéo, est la suivante: Mme Collor représente
la consommation obsolète, enfermée dans la forme même
de l’objet (les manteaux de fourrure, les gants en cuir, les
chaussures italiennes), tandis que Zélia Cardoso de Melo
présente une “face” plus complexe de la société de consommation: l’imaginaire comme marchandise, passant sur réalités virtuelles reproduites par les jeux électroniques.
L’objet, comme gadget de la politique divise, dans
les récits de Veja, le quotidien de la présidence Collor de
Mello en trois actes correspondant à la théâtralisation de
la consommation: 1) l’objet de consommation comme
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signe substitutif de la violence totaliaire, bien représenté
par le mixte: violence du latifundium et consommation,
incarné par les gaspillages de Mme Collor, 2) le modèle de
consommation du millieu urbain developpé, tel qu’il apparaît dans l’exemple ci-dessus où un lien s’établit entre
la pensée du ministre de l’économie et les jeux électroniques, 3) La mauvaise qualité des biens de consommation fabriqués au Brésil, prise comme un alibi pour justifier un changement de politique socio-économique.
Dans ce troisième acte, le discours sur la mauvaise
qualité des biens durables fabriqués au Brésil, se retrouve
les réactions du président Fernando Collor de Mello à propos des caractéristiques des voitures “brésiliennes”:
Aucun gouvernement n’a attaqué les méthodes archaiques
de notre industrie automobile autant que le mien. (12)
Cette déclaration de Fernando Collor de Mello, reproduite par l’ex-porte-parole de la présidence, Cláudio Humberto Rosa e Silva ,dans son livre, Mil Anos de
Solidão-Collor Bateu e levounous montre bien comment
Collor va combattre l’industrie automobile au Brésil, en
critiquant l’archaïsme et le manque de confort des voitures brésiliennes:
Pendant un voyage où cours duquel, le président après
sa victoire eléctorale, en février 1990, visitera neuf pays,
nous nous retrouvons à Bonn, en Allemagne. Le président
Collor est allé se promener à bicyclette dans les environs
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
de l’hôtel, à l’aube. Lors de son retour à l’hôtel, quelques
journalistes-haletants-, parce que ils ont essayé inutilement de l’ accompagner pendant sa course- ont réussi
à interviewer le président pendant assez long temps. Au
journaliste Teodomiro Braga, du Jornal do Brasil, Fernando Collor de Mello a déclaré: - Voyez la différence ces
voitures-ci et les notres. Les voitures brésiliennes sont
dépassées. (13)
Ce que Veja ne révele pas aux lecteurs, c’est la racine totalitaire des actes de Mme Collor, du ministre Zélia
Cardoso de Mello et du président Collor. Ces trois exemples ont pour but la consolidation d’une image positive
du pouvoir, par le biais la consommation ainsi que la représentation d’une certaine sophistication (Mme Collor)
et des formes du loisir dans la société moderne (Zélia
Cardoso de Melo); les voitures brésiliennes dépassées (le
président Collor de Mello).
Veja va mettre en place un jeu de contradictions en
présentant des étapes différentes dans la systèmatisation
d’une politique qui, sous la présidence Fernando Collor de
Mello, utilise la valorisation des objets de consommation.
Ces contradictons proviennent du manque d’analyses
concernant la représentation des pouvoirs distincts: 1)
le pouvoir latifundium-gaspillage-ostentation, bien représenté dans l’épisode de Mme Collor; 2) le pouvoir loisir-jeux-raison bureaucratique, incarné par le ministre Zélia Cardoso de Mello; 3) les cas des voitures brésiliennes
considérées dépassées.
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Cette théâtralisation du pouvoir à travers la mise en
scène de l’objet de consommation s’accompagne en effet
d’aucune analyse de ses origines socio-anthropologiques,
laquelle permettant au lecteur de mieux comprendre
pourquoi le gaspillage de Mme Collor est objet de critiques
alors qu’on fait l’éloge des jeux électroniques que le minsitre Zélia Cardoso utilise comme levier de commande de
ses réflexions, et des critiques aux voitures brésiliennes.
Dans le signifié de l’objet devennu chez Veja gadget de la politique du président Fernando Collor de Mello,
nous pouvons vérifier que la forme des objets de consommation influence la représentation du pouvoir , mais que
cette forme n’est pas unificatrice et ne rendre pas visible
l’être-ensemble qui est pour Maffesoli synonyme de la reconnaissance des sociabilités plurielles:
La forme objet, image, corps n’est que l’anamnèse de la
puissance sociétale; elle rappelle le symbolisme général
du va-et- vient constant qui unit le cosmos et le microcosmos. (14)
Dans une voie contraire à la théorie de Maffesoli
sur les effets de la forme des objets, on ne retrouve pas
dans les récits de Veja cette fonction anamnestique, dont
le but est de “retracer” la trajectoire historique des objets
sur l’angle de leur utilisation comme symboles de couches
sociales bien différenciées.
Le magazine décrit les gaspillages, la valorisation
des objets comme marque du pouvoir, mais ne dit pas
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
quels sont les principes historiques qui régentent cette
notion d’ostentation, ni pourquoi ces objets de consommation sont liés à la représentation politique. Lorsque
Veja essaye de faire une critique du luxe, des dépenses
du gouvernement Collor de Mello, il présente ce “genre”
de chose come une défaillance de l’État brésilien. C’est
ce que nous allons analyser dans la deuxième partie
de ce chapitre, où nous évoquerons la façon dont le
magazine parle de la “consommation - tapageuse” du
gouvernement Collor.
La consommation tapageuse
du gouvernement Collor
Veja cherche à dévoiler les contraditions que comportent les propositions de campagne de Fernando Collor
de Mello: la lutte conte les “maharajahs”, d’un côté, et le
comportement des membres du gouvernement, de l’autre,ainsi, le magazine fait-il un parcours narratif des gaspillages des ministres; et des homme politiques amis du
président Collor.
Cette fois ici, Veja va dénoncer, dans un premier moment, les dégats du modèle proposé pour l’Etat brésilien.
C’est pourquoi apparaît une “caricature” des membres
du gouvernement Collor de Mello: ministres et politiciens
sont identifiés comme appartenant au monde de la corruption et de la “ruse”. Dès lors, le magazine commence
à écorner l’image positive du président Fernando Collor
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(voir Chapitre 8), en dénoçant les actes illicites de l’administration publique.
Àfin de faire preuve d’une certaine impartialité
idéologique, Veja commence à s’intéresser aux dépenses
du Palacio do Planalto (siège principal du gouvernement)
le magazine commence même à publier des reportages
sur les dépenses de la présidence ou même sur les malversations commis sur le compte de l’argent public pendant la présidence Collor.
Dans un reportage du 4 septembre 1991, qu’ a par
titre Les dépenses du Planalto, Veja cherche à mettre l’accent sur la corruption et les dégâts qu’elle provoque pour
l’image du gouvernement Collor de Mello:
Les comptes de la Présidence de la République sont lourds.
Le Palace du Planalto doit payer cette année 11 000 dollars
pour 4880 mètres de soie naturelle. Il doit, aussi, dépenser
2000 dollars pour acheter des crevettes, 137000 dollars
pour acquerir 26 nouvelles voitures. 207 000 dollars pour
financier les voyages du président Fernando Collor de Mello
et 73 000 pour acheter des objets anciens destinés à la
décoration du palais présidentiel. (15)
Dans le sous-titre du reportage, Veja élargit le poids
des dépenses en précisant que le gouvernement a acheté
presque 5 kilomètres de soie; des crevettes et des antiquités. Mais, même quand le magazine dénonce des irrégularités dans les dépenses présidentielles, en donnant
parfois la parole aux députés d’opposition, comme par
exemple le deputé Eduardo Suplicy du PT (Partis des TraAutor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
vailleurs) qui déclare: “Ces dépenses sont absurdes” (16),
les idées exprimées restent floues, ce qui est une façon de
protéger l’image du président:
Les dépenses de la Présidence de la République révèlent
le bon goû du président. Les 4 880 mètres de soie naturelle, commandés à Beraldin Tecidos, à São Paulo, et
destinés à décorer le Palacio d’Alvorada, où le gouvernement doit loger les invités étrangers, étaient suffisants
pour confectionner 160 rideaux de taille standard ou 300
canapés trois places: “Il ya aussi du tissu pour 9 760
coussins”, l’artistes plasticien Mucki Skowronski, spécialiste en peinture de tissus, a fait les calculs. (17)
Le reportage est construit de façon contraditoire. Le
magazine essaie de montrer le gaspillage associé à l’idée
de confort , en même temps qu’il cherche à dénoncer des
“dépenses” exorbitantes, la dilapidation de l’argent public.
Mais l’ensemble des voix qui s’expriment dans les récits
ne donnent pas de sens contextuel aux faits. C’est pourquoi la dénonciation devient vide, lorsque Veja s’appuie
sur des témoignages pour justifier les décisions de la Présidence de la République:
Le personnel du gouvernement à été très sérieux dans la
négociation. (...) Personne n’a touché de commissions.
D’autant plus que les dépenses ont été considérables;
Zelito Beraldin, propriétaire du magasin Beraldin, l’a
confirmé. (18)
Dans cette étude sur le rôle des objets de consommaCapa
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tion devenus gadgets politiques pendant la présidence de
Fernando Collor de Mello, ce que nous avons voulu souligner, c’est l’absence chez Veja d’une analyse de conjoncture
propre à montrer aux lecteurs les racines de ce mélange
entre politique et consommation, principale caractéristique
de la trajectoire d’un politicien qui prétend établir un nouveau modèle politique. Modèle visualisé par une focalisation
sur les objets de luxe: cravates Hermès (Fernando Collor
de Mello), sacs à main Vuitton (Mme Collor et son entourage), Whisky Logan (Fernando Collor et son entourage),
etc. Si nous ajoutons la critique des voitures fabriquées au
Brésil, nous constatons que tous ces signes ostentatoires,
qui ont suscité bien des commentaires, visaient à modifier
l’imaginaire politique brésilien.
En réalité, les dépenses tapageuses du gouvernement Fernando Collor de Mello révèlent le nouveau visage d’un populisme politique, dont un des principaux
“moyens” de séduction, l’étalage tapageur des objets de
consommation et la promotion du confort, devient une
manière de légitimer le pouvoir.
C’est à travers la consommation et l’idée de confort que la poltique-sspectacle du président Fernando
Collor de Mello va essayer d’organiser le quotidien brésilien, de manière violente, parce que celui qui ne peut
pas consommer est déjà un exclu, et que, parmis les
membres de classe moyenne, la lutte contre l’exclusion
passe par l’adoption des signes de consommation utilisés
par le président et son entourage (les cravates Hermès,
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
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- Wellington Pereira
le whisky Logan) pour les hommes, les femmes qui vont
copier Mme Collor (sac à main Louis Vuitton, rouge à
lèvres Ives Saint -Laurent).
Dans cette bataille de séduction politique, que le
président mène avec succès grâce à l’emprise de la communication, ce qui manque aux médias brésiliens, ce sont
des instruments ou des méthodes capables de réveler aux
lecteurs le signifié de ces stratégies politico-consommatrices dans la société contemporaine.
En effet ni les analyses de Veja, ni même les études
réalisées par les théoriciens des médias au Brésil, n’ont
démontré que cette juxtaposition d’un discours prônant
la société de consommation et de la rhétorique politique
trouve ses racines dans la formation des groupes socio-économiques qui gouvernent le pays. Le magazine fait la
critique des dépenses du gouvernement ou de l’entourage
présidentiel, tout en se conformant à une des pratiques les
plus sujetes à controverse du journalisme d’information,
tel qu’il est pratiqué en cette fin de siècle: informer sans
interpréter les faits. Ce procedé est aisément vérifiable
dans le reportage dont se rend responsable un député du
PRN (Parti du président) et tente de dénoncer les “Amitiés
millionaires” présidentielles:
Un des rares politiciens qui ne se plaignent pas de la
vie, est le député Cleto Falcão, leader do PRN (Parti da
Reconstruction Nationale) à la Chambre des députés.
Comme tous les samedi il offre à des dizaines d’amis et
invités la “feijoada” la plus courue de la ville (Brasília),
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Sumário
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frequentée parfois par le président Fernando Collor de
Mello, lui-même. À l’âge de 38 ans, Cleto a un salaire
de 4 mille dollars par mois- 2,2 millions de dollars en
tant que député fédéral et 1,8 millions de dollars comme
député retraité de l’État d’Alagoas- mais au vu de ses
dépenses, il vit comme s’il touchait des revenus quatre
fois plus élevés. Cleto Falcão a une explication singulière
pour ce miracle: mes amis m’aident beaucoup. (19)
Le magazine souligne ce qu’a d’incompréhensible la
richesse de Cleto Falcão. Il fait même preuve d’une certaine méfiance, en rappelant que, après la campagne présidentielle de Fernando Collor de Mello, le député avait
une dette de 1,3 millions de dollars et que 28 chèques
sans provisions signés par Cleto étaient en circulation
dans l’État d’Alagoas. Veja continue à décrire cette fortune surprenante:
Cleto Falcão réside dans une maison de 400 mètres carrés, avec cinq chambres, sur le Lac Nord, à Brasília. La
valeur de l’immeuble est estimeé à 500000 dollars. Il
est aussi propriétaire d’une petite ferme sur le Lac Sud,
dont la valeur est de l’ordre de 300000 dollars. Cleto
posséde deux voitures, un “bateau à moteur”, une moto
Honda CB 400, et deux jet-ski: “Ce sont des cadeaux
des amis”, explique ce parlementaire de l’État d’Alagoas,
au fréquentations si fructueuses. Dans sa maison, il y
a aussi un débarcadère en forme de “T”, de 30 mètres
de longueur. “Le débarcadère est aussi un cadeau des
amis”, a confirmé le député. (20)
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Referências
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- Wellington Pereira
Existe un mot clé pour comprendre le jeu politique
induit par la politique tapageuse du gouvernement Collor
de Mello: le don. C’est la “traduction” du terme d’amitié
toujours invoqué par le député Cleto Falcão. En fait, la
conception du “don”,comme l’avait pensé Marcel Mauss,
est un enjeu socio-culturel bien représenté dans la politique brésilenne, qui a dominé l’imaginaire politique et a
été institutionalisé par le politicien Roberto Cardoso Alves- un député de droite qui déclarait:
C’est en donnat, que nous recevons. (21)
Dans cette perspective, la consommation tapageuse
des politiciens qui ont soutenu la campagne de Fernando Collor de Mello et des membres du gouvenement fait
référence aux mêmes racines de pouvoir totalitaire que
les gaspillages de Mme Collor. La différence, c’est que les
liens d’amitié révèlent que cette notion du “don”, en réalité le devoir de rendre des “cadeaux politiques”, s’inscrit
dans l’échelle de production des biens de consommation.
Les stratégies du don en politique établissent un fort
rapport de proximité entre l’acte de consommer et les devoirs des politiciens, rapport dont le but est un échange
de faveurs, où l’obligation de donner est toujours ce qui
marque la présence du politicien ou même sa puissance
dominatrice dans un endroit donné.
Lorsque le député Cleto Falcão affirme que les cadeaux
payés par ses amis ne lui enlèvent pas son independance
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Sumário
eLivre
politique (22), il dévoile bien la signification du “don” dans
l’enjeu socio-politique, comme le démontre Marcel Mauss:
L’obligation de donner est non moins importante; son
étude pourrait faire comprendre comment les hommes
sont devenus échangistes. Nous ne pouvons qu’indiquer quelques faits Refuser de donner, négliger d’inviter,
comme refuser de prendre, équivaut à déclarer la guerre;
c’est refuser l’alliance et la communion (...). (23)
Cette communion à travers le don qui caractérise
bien la politique brésilienne, devient progressivement un
signe du revirement d’opinion du magazine à propos du
gouvernement Collor. Il n’en reste pas moins vrai que les
faits son énoncés sans qu’aucune corrélation ne soit établie avec les origines sociales du pouvoir de Fernando Collor de Mello.
La consommation tapageuse apparaît partout pendant la présidence de Fernando Collor de Mello. Et même
le mot “maharajah” qui avait servi d’emblème à la campagne présidentielle est utilisé par Veja pour dénoncer les
détournements de l’argent public par les ministres du gouvernement Collor, ce que nous pouvons constater dans le
reportage du 5 février 1992, dont le titre “Le maharajah
de l’air” évoque les gaspillages du ministre de l’Armée de
l’Air, Socrates Monteiro:
L’année dernière, le ministre de l’Armée de l’air, Socrates Monteiro a réalisé une réforme dans sa maison. Il
a changé le revêtement du sol et des murs et refait le
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Referências
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- Wellington Pereira
plafond. (...) Il a mis une moquette neuve, a agrandi la
cuisine et a mis de nouveaux placards.(...) Entre meubles et oeuvres d’arts, le ministre a fait l’acquisition d’un
ensemble de trente pièces au le magasin Nouvelle Époque, un des plus chers de Brasília. Il a acheté une table
de salle à manger, de style anglais, qui a coûté 5 mille
dollars; un canapé Via Apia, acheté pour 3,5 mille dollars
et un fauteuil en cuir de 1,5 millions de dollars(...). le
coût de la réfection de la maison du ministres a été de
l’ordre de 173 mille dollars, mais le ministre n’a pas déboursé un centime. Tout a été payé par un fond de pension de l’Armée de l’air qui retient 30% de la solde brute
des militaites de l’armée. Le ministre lui, gagne 5 mille
dollars et en paye 390 pour habiter une maison de 460
mètres carrés. (24)
Les gaspillages du ministre représentent un autre
aspect du don politique: la faveur de l’État. Ce que Veja
veut démontrer, à travers l’exemple de cette rénovation,
c’est l’apport des corporations institutionnelles bien representées par le “fond de pension” de l’Armée de l’air qui
ont financé les travaux de restauration de la maison du
ministre Socrates Monteiro.
Encore une fois dans ce reportage, la critique de Veja
est tournée vers l’État brésilien, et n’explicite pas comment cette consommation tapageuse s’inscrit dans le modèle de confort établi dans le pacte social qui unit les grands
propriétaires de terres et les politiciens qui ont “fondé” la
République brésilienne. Les militaires au Brésil sont les représentants de ce “croisement” entre le pouvoir positiviste
et le latifundium, lors de la naissance de l’État républicain.
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Sumário
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Les critiques qui fait Veja de la consommation tapageuse du ministre de l’Armée de l’air manifeste, de la part
du magazine, un désir de changement, entre guillemets,
dans le modèle d’État proposé. Cependant, les formes de
consommation associées par le ministre Sócrates Monteiro
ou le député Cleto Falcão à l’exercice du pouvoir politique,
représentent des formes de légitimation différentes du politique, qui passent par la notion de confort ou de gaspillage.
Dans le cas de Sócrates Monteiro, le reportage met
en cause le non-respect des règles d’une déontologie de
l’État. En effet, les dépenses somptuaires effectuées dans
la résidence du ministre sont contraires à l’orientation initiale du gouvernement Collor de Mello qui prétendait en
fini avec les privilèges administratifs à tous les niveaux,
aussi bien celui des ministres que celui des fonctionnaires.
Le pouvoir de consommation du ministre de l’armée
de l’air est bien significatif du corporativisme de la function publique, bras droit du pouvoir républicain. Mais ce
que le magazine n’analyse pas, c’est l’ héritage des forces
issues du latifundia dans l’organisation de la carrière des
fonctionnaires publics, puisque des embauches dans ce
secteur ont été réalisées (à une époque récente) sur ordre
des politiciens, des “colonels” de la politique.
C’est l’Etat qui fait un cadeau au ministre Sócrates
Monteiro, c’est le don institutionnel, garanti par des corporations qui se forment à partir de l’agent récolté sur les
fonds propres de l’état. C’est pourquoi dans la république
brésilienne le pouvoir des fonctionnaires publics, parado-
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xalement, ne place pas pas en rupture avec le pouvoir du
souverain, souverain pour construire une autre forme de
pouvoir, l’état total du fonctionnaire absolu; analysé par
Michel Maffesoli , dans La Violence Totalitaire:
Le fonctionnaire absolu, c’est la commutativé réalisée,
c’est, ainsi que le rappelait M. Weber, une somme de petits “engrenages” qui assurent un “fonctionnement” social. En ce sens on peut dire que cette commutativité est
l’abstration rationalisée de ce que l’utopie désigne comme circulation sociale, à savoir l’échange symbolique. Ce
sont donc ces deux pistes: sociogenèse de la bureaucratie et élaboration de l’Etat centralisé, qui nous paraissent
constitutives de ce que l’on peut appeler l’idéologie du
service public. (25)
Le problème, c’est que au Brésil le système du fonctionnariat public ne représente pas une “centrale commutative” ni même une rupture avec le souverain pour créer
un nouveau pouvoir autour des pratiques technobureaucratiques. Il est, dans son ensemble, fragmenté, sans objectifs clairs, uniquement tourné vers la carrière politique,
dans un sens individuel.
La fonction publique au Brésil est un pouvoir parallèle au pouvoir du souverain, parfois plus violent, parce
qu’il consomme les ressources de l’Etat pour gérer des
privilèges individuels sur la base d’échange de faveurs
économiques, adminsitratives, ou même de l’ordre du
gaspillage ou du confort, comme le démontre le reportage
sur les gaspillages du ministre de l’armée de l’air.
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La fonction du journalisme d’information est bien de
dénoncer et d’analyser ces causes de détournement de
l’argent public, mais ce qui se passe dans le récits de Veja
c’est que le magazine joue “ la carte de l’ amnesie historique”, comme si tous les faits qui régentent l’administration du gouvernement Fernando Collor de Mello n’avaient
pas de racines historico-sociales et que le président, luimême, avait été élu sur la base de cette “idéologie de la
faveur” qui unit la violence du latifundium et la rationalité
de la technobureacratie.
Cependant, le pouvoir des bureaucrates et même
des militaires dans la République brésilienne côtoie par
l’image du souverain, parce que même s’il est élu par un
système républicain, le Président du Brésil a toujours une
allure de roi, associée à la consommation et au pouvoir
suprême dans les décisions administratives. C’est toujours un pouvoir qui cherche à parodier d’autres systèmes
politiques sans réussir à s’affirmer véritabliment.
La phrase du président Fernando Collor de Mello, parodiant Louis XIV, au début du gouvernement: “Le ministre
de l’économie, c’est moi.” (26); symbolise cette forme “totalitaire” de l’exercice d’un pouvoir; pouvoir qui se veut
absolu et en même temps populaire. Ce pouvoir totalitaire,
du point de vue de la construction médiatique n’amène pas
de changement dirigé vers la modernité néoliberale, parce
qu’il garde encore des racines profondes dans les structures
archaïques de la violence du monde “agraire” qui soutient
la majorité des parlementaires brésiliens.
Autor
Referências
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- Wellington Pereira
Le magazine Veja, dans ses dénonciations de
consommation tapageuse du gouvernement Collor de
Mello commence à manifester sa méfiance à l’égard du
projet politique promulgué par le président, et l’extase de
la consommation, parfois confondue avec un certain goût
raffiné du président Collor, est mise en question.
Le luxe, l’usage ostentatoire des objets de consommation, le détournement de l’argent public, la corruption sont présentés par Veja comme des signes de la
décandence du projet poltique proposé par le président
Fernando Collor de Mello mais tout cela prend uniquement dans les récits du magazine, une forme narrative
dénuée d’analyse de conjoncture, et privée de toute
comprehénsion du flux historique des faits qui eû pu
expliquer l’ascension et la chute du politicien Fernando
Collor de Mello.
Lors de la chute et de l’ascension du président Fernando Collor de Mello, le langage de Veja est toujours totalitaire, et ne s’attache pas aux signifiés des évenements
sociaux, il colle aux discours qui sont favorables à l’image
du président (dans la première période du gouvernement)
à ceux qui lui sont défavorables (dans la deuxième période), et pendant l’entracte il élabore une représentation
très négative de l’Etat brésilien. On assiste à un reversciment d’opinion sur l’image de Fernando Collor de Mello,
l’homme capable de moderniser le Brésil, revirement qui
commence a preparer la sortie du président; alors que
les échéances politiques pouvaient conduire jusqu’à l’an
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Sumário
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2000 et jusqu’ à l’arrivée d’une nouvelle démocratie. Mais
quelle démocratie? La démocratie édictée par le lagange
journalistique.
Notes Bibliographiques du Chapitre VII
1- Veja; edition du 5 décembre 1990.
2- BAUDRILLARD, Jean- Le Système des objets, Tel; Gallimard,
1978, p.277.
3- Veja, édition du 18 décembre 1991. 4- idem;
5- idem;
6- DEBORD, Guy- La Société de Consommation, p.62. 7- Veja,
edition du 18 décembre 1991.
8- MAFFESOLI, Michel- Au Creux des apparences, Plon 1990,
p.134.
9- ZOLA, Émile- Au Bonheur des Dames, Pocket, Paris, 1990,
pp. 85-86.
10- idem, p.86.
11- Veja, édition du - février 1991.
12- HUMBERTO ROSA E Silva, Cláudio- Mil Dias de SolidãoCollor Bateu e Levou-, Geração Editora, 1993, p.331.
13- idem, p. 331.
14- MAFFESOLI, Michel- Au Creux des Apparences, op; cit.
p.125.
15- Veja, édition du 4 septembre 1991. 16- idem.
17- ibidem;
18- 1idem, ibidem.
Autor
Referências
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307
- Wellington Pereira
19- Veja, édition du 27 novembre 1991. 20- idem.
21- Phrase empruté a Roberto Cardoso Alves, politicien brésilien, député de droit.
22- Veja, édition du 27 novembre 1991.
23- MAUSS, Marcel- Sociologie et Anthropologie- P.U.F, 1995,
pp. 162-163.
Chapitre VIII:
Comment Veja révoque le Président
24- Veja, edition du 5 fevrier 1992.
25- MAFFESOLI, Michel- La Violence Totalitaire, Méridiens,
1979, pp.146-147.
26- Voir l’analyse de MENDES, Candido in: Collor: anos-luz,
anoszero, Nova Fronteira, Rio de Janeiro, 1993, 228.p.
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Sumário
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La déconstruction de la cour
Le début de l’éloignement politique entre le magazine Veja et le gouvernement du président Fernando Collor
de Mello a commencé, avec des critiques sur les gaspillages présidentiels. Cette fois, Veja met le “pouvoir” de la
cour à terre.
Ce qui est intéressant, c’est que les dénonciations
de corruption portées à l’encontre de Fernando Collor de
Mello commencent à partir des travaux de restauration
de la maison familliale Collor qui a été choisie comme résidence officielle par le président, la Maison de la Dinda,
héritage de la grand-mère de Fernando Collor de Mello.
L’histoire de la Maison de la Dinda est un peu bizarre, mais reflète aussi le caractère monarchiste de la République Brésilienne, puisque, au début de son gouvernement, Fernando Collor de Mello refuse d’habiter au Palais
do Planalto, résidence officielle des présidents brésiliens,
et établi sa résidence dans une propriété de famille, d’où
il va gouverner le pays.
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Referências
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- Wellington Pereira
La maison de la Dinda correspond à l’idée de la Société de Cour analysée par Norbert Elias; et, dans le cas
du président brésilien, elle devient aussi une manière de
présenter l’exercice de la politique comme un signe de la
proprieté privée, faisant aussi partie du domestique.
Cependant, pour les politiciens brésiliens les règles
de la Société de cour sont toujours inversées, parce que
le premier signe de puissance en politique, pour eux, est
toujours l’exhibition de leur demeures luxueuses au bord
de la mer, ou même de leurs résidences secondaires à la
campagne.
Au Brésil, la Société de Cour ne se referme pas
sur ellemême, puisque le propre de ce modèle sociétal
pour les riches brésiliens, c’est d’afficher des richesses
intérieures, décorations, oeuvres d’arts, électromenager, piscines, et espaces de sports et de loisirs. En effet,
l’exhibition des espaces intimes se fait en petit, et est
reservé aux rares élus (happy few), mais dans un cercle
toujours renouvelable.
Cette exibition de l’intimité est contraire aux règles
d’une société bourgeoise, mais est inscrite dans les traits
de la société de consommation, puisqu’elle est identifiée
par sa valeur monétaire. C’est pourquoi le luxe présenté
est, en même temps, persuasion et façon de conquérir du
préstige dans plusieurs domaines: politiques, artistiques
et intellectuels.
Mais dans le cas présent, la restauration de la maison de Fernando Collor a été payée avec l’argent de la
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corruption, comme essaye de le démontrer Veja dans le
reportage du 9 septembre 1992, intitulé “Les cataractes
de la corruption”:
Les jardins babyloniens de Fernando Collor de Mello sont
la septième merveille de la corruption gouvernamentale et s’érigent en monument de la farce présidentielle.
Le dimance, 30 août, le président a menti à la télévision, en déclarant que la transformation des jardins
de la maison de la Dinda était une oeuvre mineure.Il
a également traité les hommes politiques de menteurs
parce qu’ils avaient révélé le prix des travaux effectués
dans sa maison particulière, travaux dont le coût total
s’éléve à millions de dollars. Le président Collor a achevé
l’interview en affirmant que son “Eden particulier” faisait
partie du patrimonie de Brasília(...). (1)
Dans le procès de déconstruction de la cour, Veja
commence à démontrer que la parole du président Fernando Collor de Mello est disqualifiée. Il ment sur les gaspillages occasionnés par la restauration de sa maison. Et
l’image du “roi” qui lutte contre la corruption, qui est capable de vaincre les obscurités administratives de l’État,à
s’obscurcir.
Avec la dénonciation du financement par l’agent public du confort présidentiel, Veja écrase Collor et sa Société
de Cour, mais sans apporter aux lecteurs les vrais signifiés
de cette ostentation de biens de consommation et d’une
séduction politique que s’exerce à travers l’exhibition de
chambres et de jardins luxueux. C’est pourquoi nous pou-
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- Wellington Pereira
vons remarquer que le pouvoir de Fernando Collor commence à s’écrouler à partir de ces dénonciations de la
corruption gouvernamentale; ironie du sort: c’était la promesse de s’attaquer à ces faits qui avait permis l’élection
de Collor de Mello.
L’image positive du leader charismatique Fernando
Collor de Mello a disparu, dans les récits de Veja, chassée par un des symboles chers à l’attitude aristocratique et bourgeoise, l’osiveté et le confort. Dans le cas de
l’administration présidentielle, l’oisiveté est incarnée par
le doux farniente des corporations de fonctionnaires et
par la consommation tapageuse qui a marqué toute la
période de la présidence Collor de Mello.
Sociologiquement, nous pouvons faire appel à Norbert Elias pour expliquer les signifiés de la défaite de Fernando Collor après les dénonciations du “luxe corrompu”
qui s’étale dans les jardins de sa maison particulière:
Les implications de l’existence sociale d’une couche oisive
ne sont pas oins impérieuses et inéluctables que celles qui
mènent à la ruine une couche laborieuse. C’est ce que le
duc de Croÿ a voulu dire en affirmant: “Ce sont les maisons qui ont écrasé la plupart des grandes familles”. On ne
saurait expliquer la différence entre l’attitude aristocratique
et l’attitude bourgeoise face au problème des dépenses et
des recettes, en invoquant simplement les carences et défaillances personnelles d’un grand nombre d’individus. (2)
Dans la citation empruntée à Norbert Elias nous
devons noter la métaphore des maisons qui écrasent les
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classes sociales, phénomène dominant dans le système
de cour, que celle-ci soit formée par une aristocratie ou
par une bourgeoisie, mais qui doit être interprété différemment lorsqu’il s’agit d’une cour qui fonctionne sur le
budget de l’État.
La défaite du président Fernando Collor de Mello est
sourtout une défaite de l’Etat, parce que la bourgeoisie
“latifundiaire” qui soutient la “carrière” des politiciens populistes-de-droite, a comme principal source de revenus
l’État. Ainsi, à partir du moment où, dans un pays comme
le Brésil, les grands propriétaires de terres financent le
maintien du statu quo, c’est à dire d’un ordre politique
violent, et corrumpu, ils se considèrent en droit de piller
l’État. C’est ainsi qu’ il n’y a pas de respect par le patrimoine public. Le but de la classe dominante est de transformer les richesses de la nation en profit personnel.
En effet, la classe dominante qui a financé la candidature de Fernando Collor de Mello ne corresponde pas au
modèle de la “bougeoisie professionnelle”, que nous peint
Norbert Elias:
Nous avons d’un côté l’éthos social de la bourgeoisie professionnelle. Ses normes obligent chaque famille à accorder les dépenses aux recettes et à maintenir, dans la
mesure du possible, la consommation au-dessous du niveau des revenus, la différence pouvant être investie en
vue d’augmenter les recettes futures. Dans un tel système, la consolidation de la position de la famille et, plus
encore, le succès social, l’accès à un statut plus élevé et
plus considéré, dépendent de la stratégie à long terme
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- Wellington Pereira
en matière de dépenses et de revenus, et des efforts de
l’individu en vue de subordonner la satisfaction de ses
besoins immédiats à la nécessité d’épargner pour assurer des gains futurs(...). (3)
Contrairement à cette bourgeoisie professionnelle invoquée par Norbert Elias qui établit des normes pour équilibrer
les dépenses et les recettes, maintenant la consommation
au-dessous du niveau des revenus, la “bourgeoisie-latifundiaire” au Brésil n’a pas pour préoccupation de maîtriser le
gaspillage, parce qu’elle a toujours recours à l’État comme à
une “caisse d’ épargne”, au service de ses besoins.
Or, dans les récits de Veja ne figure aucune étude
historique de cette société de cour, même lorsque le magazine s’attaque au symbole représenté par la maison de
la Dinda, figure de cette extension du pouvoir des groupes
politiques, pour qui l’accumulation de biens de consommation demeure une façon, historiquement référenciée de
garantir leurs privilèges dévant la pauvreté qui touche la
majorité de la population.
Pour les membres de cette bourgeoisie-latifundiaire-consommatrice, la réussite sociale doit être affichée
à travers l’exhibition du confort et des objets de consommation. C’est pourquoi les grandes maisons sont toujours
le symbole d’un nouveau pouvoir économique et finissent
par reproduit une différence analogue à celledes société
agraires où elle s’exprime par l’opposition entre la “Casa
Grande” et la “Senzala”, phénomène social étudie par le
sociologue brésilien Gilberto Freyre (4) qui a souligné les
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différences socio-culturelles introduites par le logement
au Brésil des maîtres de la canne-à-sucre.
Ce thème de la maison, représentation d’un pouvoir hérité de la société esclavagiste au Brésil trouve son
achèvement dans le symbole qu’est devenue la résidence
particulière de Collor. Et c’est pourquoi Veja décrit de façon ironique la demeure du président Fernando Collor, en
utilisant même le mot de paradis dans l’intertitre, pour
expliquer les dépenses occasionnées par la restauration
de la maison de la Dinda:
Fernando Collor de Mello a agrandi la superficie de sa
propriété avec 13000 mètres carrés de jardin, où l’on
peut admirer 200 arbres de moyenne et grande taille,
des centaines de plantes ornementales, quarente arbres
fruitiers, un lac aritificiel qui s’étage sur quatre niveaux
de chutes, et, signes d’une mégalomanie végetale, cinc
cascades d’eau cristaline de 10 mètres de hauteur. Le
président chache des cascades pour ne pas gêner les
plus humbles. Le sybarite actionne le mécanisme
électronique qui interrompt leur fonctionnement lorsque
ne sont présents que les sycophantes et les brigands qui
forment son entourage. Dans la maison de la Dinda, les
100 carpes japonaises ont une meilleure vie que la majorité des “descamisados” (5)
Dans cet extrait du reportage de Veja, outre déscription de l’opulence des cascades qui ornent les jardins de
la Maison de la Dinda, le magazine commence à révoquer
le président Fernando Collor de Mello en l’associant à des
mots comme: 1) sybarite; 2) sycophantes; 3) brigands.
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- Wellington Pereira
En effet, le magazine utilise des euphémismes pour
traiter le président Fernando Collor de Mello de délateur
(sycophante), bandit (brigand) et sybarite (personne qui
recherce les plaisirs de la vie dans une atmosphère de
luxe et de raffinement). Cette désacralisation de l’image
de Collor de Mello est initiée par Veja sous une forme indirecte, puisqu’il n’ose pas dénoncer directement les actions
maladroites de l’entourage politique de Fernando Collor à
ce moment-là.
Fernando Collor de Mello est présenté comme un
sybarite, un homme à la recherche des plaisirs de la vie,
créant une société de cour très particulière, dont les gaspillages sont financés par l’État.Ce qui qui est contraire
aux principes de la campagne politique de Collor de Mello
pour la présidence de la République. Et dans l’extrait du
reportage de Veja cité ci-dessus, figure un mot clé qui reflète bien cette contradiction entre le discours du candidat
et les actions du président: “descamisados”.
Le mot “Descamisado” (les gens pauvres qui n’ont
même pas de chemises) à été la clé du populisme médiatique de Fernando Collor de Mello. S’appuyant sur les
campagnes d’Evita Peron, en Argentine, dans lesquelles
les défavorisés sociaux sont mis au centre des discussions
politiques, Collor de Mello va prêcher une certaine révolte
morale contre les exploiteurs des plus humbles. Il prêche
aussis une abstinence matérielle.
Néanmoins, ce que Veja décrit est complètement différent, le président cache ses chutes d’eau, considérées
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comme des merveilles, pour ne pas géner des humbles,
et est accusé de malversartion puisque l’argent public est
utilisé à la restauration de sa maison particulière. Le cas,
présenté ici par le président Fernando Collor de Mello, dont
les dépenses prennent une référence matérielle dans les
jardins de la Maison de la Dinda, semble s’inscrire dans la
tradition de l’aristocratie et de la société de cour, dépeinte
par Norbert Elias:
Dans la bouche d’un aristocrate de la cour, le mot “économie”, quand il signifie harmonisation des dépenses
et des revenus ou limitation planifiée de la consommation en vue de l’épargne, garde jusqu’ à la fin du XVIIIe
siècle, et parfois même après la Révolution, un relent de
mépris. Il symbolise la vertu des petits gens(...). (5)
Dans le projet politique du gouvernement Fernando
Collor de Mello, épargner est l’affaire des gens humbles,
qui ont peur de l’avenir. C’est pourquoi une des premières
mesures économiques du président a été de confisquer
la “poupança”- caisse d’épagne des brésiliens. Les contraditions soulignées par Veja révélent clairement qu’ aux
pauvres est dévolu le sacrifice, au roi et à son entourage
le confort et le gaspillage.
Ces couches supérieures representées par Fernando
Collor de Mello sont toujours portées à consommer. Mais la
différence entre les membres de cette classe et la bourgeoisie professionnelle, c’est que c’est l’État qui paye. Et elles ont
toujours ruiné l’État, pour s’approprier sa richesse, dans
Autor
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un mouvement historique contraire à celui qui est décrit
par Norbert Elias:
Les couches supérieures animées d’un éthos de consommation de prestige sont toujours organisées de telle manière qu’en cas de forte émulation, un certain nombre de
familles se ruinent (...). (6)
Historiquement, les jardins de la Maison de la Dinda
réprésentent cette propersion des couches sociales dirigeantes à la consommation. Mais le problème, c’est qu’au
Brésil elles n’ont pas même un éthos social, par qu’elles
ne sont pas inscrites historiquement dans un “modus” de
production. Ces couches sont l’image de l’accumulation de
biens passant par le formes de pouvoir créées par un état
bureaucratique et autoritaire.
En général, le pouvoir administratif au Brésil est
exercé par l’aristocratie rurale décadente. L’élite qui
rend des services au roi, recherche aussi son indépedance à travers le “Système D” et les gaspillages de la cour
vont servir de “moteur” à une révolution silencieuse, qui
consiste à s’enrichir comme un boucanier, à l’ombre de
l’administration publique, en volant. Pour mieux rendre
compte de notre idée, nous rappelons Michel Maffesoli:
Nos sommes em présence d’une fonctionnalité qui ne
dépend pas d’une utilité à court terme mais qui s’inscrit dans l’organisation de la trame sociale; il s’agit,
pourrait-on dire, d’une rémanence qui, tout en favorisant dans le mécanisme du monopole l’”autorité” du roi
Capa
Sumário
eLivre
(dans un sens charismatique), est une entrave pour le
développement de son pouvoir, pouvoir qui devient interchangeable et échappe de ce fait à une élémentaire
écologie sociale. (7)
Dans ces exemples, l’autorité du “roi-républicain”
au Brésil est toujours marquée par un sorte de charisme qui ne favorise pas la circulation du pouvoir. Aussi
le “lâchage” médiatique de Collor de Mello débute-t-il à
deux niveaux de critique: 1) l’imitation des moeurs du
roi à travers l’accumalation de biens illicites, copiant la
richesse de la cour (voir les exemples antérieurs de la
consommation tapageuse du député Cleto Falcão et du
ministre de l’armée de l’air, Sócrates Monteiro, analysés
dans le septième chapitre); 2) l’étonnement devant la
richesse du roi.
Les deux niveaux sont également violents. Le premier va refléter la trahison des principes moraux arborés par le président pendant la campagne, le deuxième
fait naître la méfiance sur les origines de la richesse
de la cour. Et la conséquence, sera la chute du roi, la
dégradation politique de la cour. Mais pour dénoncer
l’étonnement provoqué par les jardins de la Maison de
la Dinda, Veja évoque des personnages de l’univers médiatique brésilien: chanteurs populaires, personnages
des telenovelas, comme nous allons le démontrer, et
souligne même le rapport entre les gaspillages et une
“certaine” écologie sociale.
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
319
- Wellington Pereira
Quand la Cour étonne: personnages fictifs et réels
Pour peindre la réaction d’étonnement des personnes qui fréquente la Maison de la Dinda, nous constatons que Veja utilise l’opinion des chanteurs de musique
populaire brésilienne et même des personnages des “telenovelas” (le feuilleton à la télévision) à qui il revient
d’exprimer leur surprise devant les “merveilles” de la
cour; c’est qui apparaît dans cet extrait du reportage paru
le 9 septembre 1992:
(...) Les jardins de la Maison de la Dinda reçoivent
peu de visiteurs. La sécurité maintient les photographes à une distance considérable, et le cérémonial et
l’administration sélectionnent les invités- la préférence en ce moment est donnée aux chanteurs de musique populaire rurale (la musique “sertaneja”) -, mais
tous ceux qui y sont allés n’ont pas oublié ce qu’ils ont
vu: “C’est une chose très belle.On se croit au ciel”,
affirme Aldo Ghetto, l’“impresario” du chanteur Fabio
Juinor, qui est allé à la Maison de la Dinda pour fêter
l’aniversaire de Collor le dimanche 9 août. “Même le
jour où je serai très riche, je n’aurai pas, dans ma
maison, le meubles qu’il a dans les jardins. A l’entrée
de la maison, il y a un immense portail, qui nous donne l’impression que nous allons entrer dans le paradis, décrit Ghetto. Fábio Júnior aussi a pu contempler
un fícus robuste, l’arbre des rêves érotiques féminins
dans la “telenovela” Pedra sobre Pedra où il incarnait
le personnage de Jorge Tadeu (...). (8)
Capa
Sumário
eLivre
Le magazine essaye de faire voir le détournement
de l’argent public dans la restauration de la Maison de la
dinda en utilisant le monde fictionnel. La comparaison des
arbres des jardins de la cour présidentielle avec le ficus
du feuilleton télévisuel Pedra Sobre Pedra, programé par
la Télé Globo pendant l’année 1992, montre comment le
langage de Veja échape toujours aux règles d’interpretation des événements, un des principes du journalisme
d’information.
Jorge Tadeu, personnage joué par le chanteur Fábio Júnior dans la telenovela est le symbole du séducteur,
de l’homme qui habite l’imaginaire des femes d’un village
brésilienne. Ce personnage marque bien le début des discussions sur la sexualité féminine, comme le démontre le
professeur Wellington Pereira, dans son essai, Olhai Os
Lírios com Jorge Tadeu:
Jorge Tadeu symbolise la découverte d’un langage sensuel qui, à la Tv brésilienne, remplace la pornographie
et les représentations déformées qui montrent, sans le
moindre dégré d’intelligence le sexe à la télé. (9)
Il est vrai que lorsque Veja utilise le personnage
d’un feuilleton télévisuel pour dévoiler le signifié des gaspillages de l’argent public à la cour de Fernando Collor
de Mello, il a l’intention de provoquer l’imaginaire du lecteur et de la lectrice. Mais, le magazine ne démontre pas
quelles sont les racines de ce pouvoir, qui vise d’étonner
par l’étalage de son confort personnel et de sa richesse.
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
321
- Wellington Pereira
Pour écraser l’image de Fernando Collor de Mello, chausser de maharajahs, président restaurateur de la
morale au sein d’un État corrumpu, Veja utilise le symbole du quotidien présidentiel, la Maison de la Dinda,
dénonçant, de façon indirecte, à travers le dégré de perception des visiteurs s’extasiant devant des chutes d’eau
et un jardin de millionaire la fausseté des promesses politique de Collor de Mello.
La chute de la cour de Collor de Mello commence
avec le témoignage des visitieurs occasionnels ou des invités de préstige qui se promènent dans les jardins de la
Maison de la Dinda. Cependant, les expressions d’admiration ou de révolte, de ceux qui ont visité les jardins sont
les indices que la richesse de la cour n’est pas compatible avec les aspirations d’un certain modèle social promu
par Collor et financé par Veja, qui donnait crédit au programme de moralité publique énoncé par Fernando Collor
de Mello au début de son gouvernement.
Dans un autre reportage du 23 septembre 1992,
intitulé “Mensonges et video”, Veja accuse le président de
mentir sur les dépenses occasionés par les chutes d’eau
et les jardins de la Maison de la Dinda:
Après la dénonciaton des 2,5 millions de dollars gaspillés
par l’ami du président, P.C.Farias qui s’est fait construire
des jardins de millionaire dans le potage de sa maison
particulière, les chaînes de TV, ministres et politiciens
avec groupe d’entrepreneurs triés sur le volet, ont été
conviés la seùaine dernière au Palacio du Planalto. Ils
Capa
Sumário
eLivre
ont pu voir une video des cascades de Fernando Collor
dans laquelle les chutes d’eau n’apparaissent pas. Cette
sélection d’image avait un objectif annoncé: démenti les
photos publiées par Veja il y a deux semaines (...). (9)
Cet extrait du reportage de Veja, paru dans l’édition
du 23 septembre 1992, révèle que le magazine décide
d’affronter le président, d’une façon très curieuse: un
effort metalingüistique pour défendre la vérité des donnés
et publiées sur les jardins de la Maison de la Dinda par le
magazine, qui a même interviewé son reporteur photographique, Ênio Derwanger pour démontrer l’authenticité
des faits journalistiques:
Il n’est pas possible d’inventer des trucs capables de démontrer ce qui n’existe pas. (10)
À cet égard, le magazine trompe les lecteurs, encore
une fois, puisque toute l’ascension de Collor de Mello, candidat et président, jusqu’ aux premières dénonciations du
réseau de la corruption, fut marquée par la construction
d’un quotidien présidentiel voilé, où l’objet de consommation fut le gadget de la politique d’ostentation du président
Fernando Collor de Mello et deson entourage. C’est pourquoi on peut parler de “trucage” linguistique, stratégie
malheureusement habituelle aux “patrons” de la socièté
de consommation.
Cependant, les dénonciations de la cour présidentielle représentent le premier degré des écheques du
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
323
- Wellington Pereira
“modèle” Collor en politique, dans la mesure où lorsqu’on fait de la maison particulière du président un signe
de corruption, on dénonce également la pourriture de la
société, elle-même extension d’une pourrie, ou pour reprendre Norbert Elias:
Ce que nous venons de dire de la société de cour nous
permettra de mieux saisir les rapports entre structures de domination, structures sociales et jugements de
valeur. (11)
Le magazine Veja fait sauter la cour
Au début de l’année 92, toute la cour dont s’entoure
Fernando Collor de Mello dans la Maison de la Dinda est
écrasés par les dénonciations de corruption.
Pour Veja, c’est la fin d’un projet politique, des illusions d’une modernité conforme aux modes du libéralisme
qui commence a diriger le monde entier vers une politique
d’échange des capitaux et des faibles garanties sociaales
dans les pays les plus pauvres du monde, ou même dans
une ex-puissance mondiale comme la Russie. Même le
programme l’ agenda Collor, dont l’objectif était de placer
le Brésil dans le circuit des investissements du néolibéralisme n’a pas été sufisant pour modifier le caractère d’un
État brésilien corrompu par une classe dominante oisive.
Aux réactions d’étonnement dévant le luxe de la
cour (voir les jardins de la Dinda, les gaspillages de Mme
Collor, la restauration de la maison du ministre de l’armée
Capa
Sumário
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de l’air, Socrates Monteiro), s’ajoute le scandale essentiel
qui mettra fin à l’image de président-roi dont Veja avait
paré Fernando Collor, restaurateur de modernité au Brésil: la corruption.
Cette corruption présente dans les stratégies des
membres du gouvernement qui appartiennent à cette
bourgeiosie nationale oisive, héritière des latifundia, propriétaire des usines de canne à- sucre, qui a influencié
toute la formation républicaine au Brésil’ pendant la période pré-industrielle, et dont le rapport avec le travail est
explicité par N.Elias:
Dans la société pré-industrielle, la richesse la plus considérée était celle qu’on avait acquise sans travailler, pour
laquelle on n’avait pas besoin de travailler, autrement dit
la richesse reçue en héritage, surtout les rentes provenant de domaines hérités (...). (12)
Une des contraditions de la société brésilienne est
représentée, d’un côté; par la marche vers la modernité avec les grands investissements industriels concentrés
dans le Sudeste du pays (13), de l’autre côté, les pratiques archaïques de pillage de l’État effectués à l’ombre
des corporations des ministères publics.
C’est au coeur même de l’admininistration publique
brésilienne que “règne” ce modèle de richesse acquise
sans travail, étudié par N. Elias et caractéristique d’une
société nonindustrialisée, ce qui signifie que le Brésil se
situe encore dans la partie obscure du développement so-
Autor
Referências
Le
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325
- Wellington Pereira
cial, celle- qui est financée par la corruption et par les
contrefaçons administratives.
Cependant, l’imitation des moeurs du roi qui prend
la forme de l’accumulation par le biais de la corruption est
dénoncée dans les reportages de Veja comme un phénomène isolée, sans lien historique avec la formation des
couches dominantes brésiliennes.
Par ailleurs, les corrumpu et les corrupteurs qui envahissent la cour de Fernando Collor de Mello s’inscrivent
dans un procès inverse de celui qu’ analyse ici N. Elias:
La remarque de l’Encyclopédie que la décoration d’aucun
palais ne doit ressembler au palais du roi, est significative du réseau de dépendances dont s’était entouré le
gouvernement royal. (14)
Or, dans le cas qui nous occupe la corruption a permis de construire des palais aussi riche que le palais du roi
(le président Fernando collor de Mello) et la panoplie des
“pantins” s’est vie comblie par les mêmes jouets que le
souverain: jet-ski, avions, marchandises importées, parfums et cravates français, le tout payé par l’État.
Veja montre la décomposition de la cour à travers
le procès du roi entouré de serfs pressés de l’imiter, en se
plaçant à deux niveaux: 1) celui de la corruption institutionnelle, pratiquée au nom du gouvernement; 2) celui de
la corruption pratiquée par l’entourage du président.
Dans le cadre de la corruption institutionnelle, Veja
commence à démontrer que l’Éat brésilien a subi le asCapa
Sumário
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sauts de prédateurs et fait même une comparaison entre
la chasse aux maharajahs, entamée par Fernando Collor
de Mello, au début de sa campagne présidentielle, et la
présence de ces réseaux enraciné dans l’adminsitration
fédérale, ce qui figure dans cet extrait du reportage d’avril
1991, intitulé “Des bandits dans l’État”, où Veja annonce
déjà que le gouvernement Collor est corrompu à la base:
Il y a quelque chose de pire que les majordomes des
maharajahs, dans le couloirs gouvernamentaux. La semaine dernière, la policie qui enquêtait sur des dénonciations concernant des maharajahs retraités, a découvert
des réseaux organisés à l’intérieur de la Sécurité Sociale
par voler l’agent des contribuables et échaffauder ainsi des fortunes calculés en millions de dollars. Comme
dauns un film de gangster, les brigands de la Sécurité
Sociale agissent dans l’ombre, pratiquent l’assassinat,
subornent la justicie et peu à peu finissent par former
une sorte de société secréte.(16)
Dans ce reportage Veja montre que la corruption à
l’intérieur de la Sécurité Sociale est aussi symptomatique
de la faiblesse de l’État, puisqu’il établit une comparaison
avec les “gangs” à Rio de Janeiro, où les tranfiquants de
drogues remplacent le gouvernement dans le domaine de
l’assistance sociale destinée à la population pauvre.
Cependant, le but du reportage est de démontrer
que la politique de Fernando Collor est impuissante à combattre l’organisation de bandes au sein même du gouvernement et que, par conséquent, l’épithète de “Chasseur
Autor
Referências
Le
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327
- Wellington Pereira
de Maharajahs” est pratiquement inopérante dans le combat contre la corruption.
Mais la lutte contre les corrupteur débouche toujours sur l’enchevêtement des affaires de l’État et de
celles de la famille qui gouverne. C’est pourquoi dans ce
combat contre un gouvernement écrasé par la corruption
les titres de certains reportages de Veja sont trompeurs,
parce qu’ils portent le lecteur à croire que la corruption
est le problème de toute la nation et non celui de la classe
dominante, comme le suggère le titre du reportage publié
le 4 avril 1991, Scandale Fédéral, où on dénonce la corruption qui gangrène la Légion Brésilienne d’Assistance,
organe du gouvernement dirigé par Mme Collor.
Dans ce reportage où est évoqué le scandale du détournement de l’argent public administré par Mme Collor, alors présidente de la Légion Brésilienne d’Assistance,
Veja utilise un langage flou pour dénoncer la corruption
organisée à l’intérieur du gouvernement Fernando Collor
de Mello. De plus, le titre du récit est abusif, parce que,
dans un premier moment il cache les racines de la corruption: le pouvoir politique-familial qui traverse toute
l’histoire de la République brésilienne. Par contre, dans
les premiers paragraphes du récit, le magazine se penche
sur les pleurs de Mme Collor à occasion d’une messe à la
Cathédrale de Brasília:
Rosane a pleuré. Le choeur a commencé à chanter Ave
Maria de Gounod, dans la Cathédrale de Brasília, mercredi dernier, et la Première-Dame du pays, Rose Malta
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Sumário
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Collor a baissé la tête et a essayé de contrôler ses larmes
devant les objectifs des photographes, les cameras de
TV et les 500 invités qui assistaient à la messe de commemoration du 49° anniversaire de la Legião Brasileira
de Assistência. Au cours de la cérémonie de communion,
les larmes de la présidente de la LBA roulèrent sur figure. Mme Collor fut alors secourue par l’ex- première
dame Sarah Kubitschek, veuve du résident Juscelino Kubitschek. Le choeur a chanté Alléluia de Haëndel et les
effusions lacrimales de Mme Collor ont recommencé. Le
lendemain, lors d’une autre cérémonie à Goiânia, Capitale de l’Etat de Goiás, Rosane a pleuré encore une fois.
C’est que Rosane, 26 ans, peut, à plus d’un motif, faire
figure de protagoniste dans des scènes dignes du feuilleton mexicain en vogue comme celle qui s’est joué il
y a un mois, lorsque ne pouvant plus user ses alliances
matrimoniales, le président a humilié Rosane en public
(...). (16)
Au début du reportage, les lecteurs ne connaisent
pas la cause de larmes de Mme Collor. Malgré l’émotion
suscitée par les chants de Gounod et de Haëndel, le magazine ne présente pas de manière très claire le sujet d’angoisse de la première-dame du pays. En fait, l’objetif de
Veja est de dire que la femme du président est elle aussi
accusée de corruption et que c’est pourquoi M. Collor joue
la comédie, en humiliant publiquement son épouse.
Tout comme son titre, Scandale Fédéral, la construction du reportage n’est pas claire, car Veja utilise une vieille
technique journalistique, le Nez-de-cire, qui consiste à
faire débuter la narration des faits à partir du “climax”,
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Referências
Le
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- Wellington Pereira
point culminant de la crise, pour faire découvrir ensuite
que ce que l’désigne comme “le scandale du ouvernement
fédéral”, n’est en réalité qu’un cas de corruption ordinaire
en que le détournement d’argent découvert à la Légion
Brésilienne d’Assistance, est tout à fait significatif de la
place dominante occupée par les membres de la famille
Malta, dans les affaires gouvernamentales.
Dans ce reportage, c’est aussi la première fois que
Veja appelle Mme Collor par son nom de famille, Rosane
Malta et fait un mélange de citations où entrent des compositeurs de musique classique, Gounod, Haëndel et des
telenovelas, comme Carrossel, feuilleton mexicain présenté par le Système Brésilien de Télévison- SBT. Mais de
toute façon, le gaspillage de l’argent public par la Légion
Brésilienne d’Assistance (organe du gouvernement Fédéral, comportant 9 400 fontionnaires, à l’époque) était de
l’ordre de 11 millions de dollars.
C’est alors que quelque chose d’étrange se passe
dans la conclusion du reportage, puisque le magazine ne
s’excuse pas d’établi des comparaisons avec les dénonciations de corruption qui ont provoqué la mort du présidente
Gétulio Vargas, mais il va jusqu’à démontrer que dans le
moment présent, il n’existe même pas de conspirations
militaires contre le président.
Les dénonciations de la corruption institutionnelle
nous conduisent à une autre question, l’implosion du sens
politique dans la société contemporaine, où le journalisme
couvre le champ politique en proposant une idéologie
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eLivre
marquée par les règles de la simple description des faits
sociaux, dans un jeu où la politique es occultée dans le récit journalistique, extension du pouvoir médiatique placé
sous la coupe des grands propriétaires de terre, victime
de la cartellisation de la presse au Brésil.
Ce qui explique que le “jeu démocratique” soit joué
dans la presse à partir des représentations des couches
dominantes. Et même les critiques adressées au phenomène de corruption ne prennent pas en compte le fait que
la société bouge s’organise à travers de la ruse, les petites
insubordinations, fait que nous avons déjà analysé en citant Maffesoli et le double sens en politique.
Néanmoins, la critique fait par Veja du gouvernement corrumpu de M. Fernando Collor de Mello est inscrite dans la “pragmatique” de l’État, elle n’apporte pas
aucune précision sur les racines historiques de la corruption dans la République. De toute façon, cette notion
d’implosion du politique dans le champ journalistique est
contraire à l’idée d’une implosion des pouvoirs autoritaires, d’après Michel Maffesoli:
Comme angle d’attaque heuristique, je proposerai de
lier l’implosion du politique à la saturation de la logique de l’identité (...). pour être plus précis, à celle des
identifications successives, et ce dans tous les domaines. J’ai proposé même de voir dans ce glissement la
marque de la postmodernité. Je ne reviendrai donc pas
sur ce sujet. Mais en l’appliquant au propos qui est le
nôtre maintenant, on peut comprendre que, si le sujet, seigneur et maître de son histoire, est fragilisé, le
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
contrat qu’il pouvait établir avec d’autres sujets historiques, contrat qui est l’essence même du politique, soit
fragilisé à son tour. (...). (17)
Ce sujet , dont parle Maffesoli, maître de son histoire et fragilisé, dénonce aussi la multiplicité des “petits”
pouvoirs qui entourent la cour. C’est pourquoi le but de la
sociologie maffesolienne, est d’amplifier les lectures des
représentations quotidiennes considérées comme banales
dans le langage de presse, comme les gestes et la forme d’organisation des groupes sociaux qui occupent des
espaces périphériques dans la société, qu’ ils soient de
l’ordre de la consommation, ou d’ordre culturel.
En effet, cette implosion politique amorcée par les
dénonciations de la corruption du gouvernement Fernando Collor de Mello dans les récits de Veja ne prend pas
en compte la complexité des faits sociaux, ce qui impliquerait une étude de la manière dont les individus reagissent contre ce modéle politique; c’est que les paroles
des corrupteurs et celles des corrompus appartiennent
au même scénario politique: la République. Ces protagonistes ont aussi le pouvoir de changer les représentants
et les façons de gouverner, au Brésil, parce que ce sont
les mêmes qui, à la fois, sont producteurs et vendeurs de
l’imaginaire politique.
C’est la raisons, d’après les récits de Veja, l’implosion
du politique, d’après les récits de Veja, dans la période
Collor de Mello signifie la négation du statu quo, négation dont le but est de l’assomption d’autres acteurs pouCapa
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vant mener une politique de protection des privilèges des
classes dominantes et favoriser leur insertion dans l’ordre
économique mondial, sans permettre aux autres segments sociaux de participer à l’élaboration de la critique
concernant les malversations financières et la corruption
des hommes politiques.
Le gouvernement Collor de Mello est pourri. C’est ce
que dénonce Veja. Mais qui a commencé cette pourriture?
Historiquement, le lecteur ne connaît pas les raisons qui
ont amené le magazine à fabriquer une image de Collor
de Mello, sauver de la patrie, seul politicien capable de
promouvoir la modernisation future du pays, puis, sans
aucune explication historique le magazine a transformé le
président et son gouvernement en un bande de brigands
attaquant la démocratie et le développement du Brésil à
travers la corruption.
Ministres pourris, gouvernement de caniveau. Mais
où est l’interprétation des faits. Veja se met à attaquer la
corruption institutionnelle, à annoncer la chute du président Collor, dans un bel exemple de revirement d’opinion,
reniant son enthousiasme initial pour les projets politiques
du président. Suit la dénonciation de Zélia Cardoso de
Mello, ministre de l’économie qui a obtenu que le ministére favorise certains de ses relations dans l’affair de délit
d’initié occasionnée par les cotations du café brésilien à la
bourse de New-York:
Après avoir moisi pendant quatre mois dans les archives
de la Policie Fédérale, l’affaire des opérations irregulières
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
concernant les valeurs du café exporté par les entrepreneurs brésiliens à la Bourse de New York a de nouveau
gêné le gouvernement la semaine dernière. Une liste officielle a été divulguée avec le nom de douze entreprisse
qui, à partir des informations confidentielles du ministère de l’Economie, ont accru la valeur de leurs contrats
d’exportation jusqu’ à 300% du taux habituel. Quatre de
ces entreprises appartiennent au groupe de l’entrepreneur
Guilherme Ribeiro, un des grands exportateurs du pays
et “collègue” du frère du président, Leopoldo Collor de
Mello. Une autre entreprise appartient à Fernando Quintelle, responsable des contibutions financières de la campagne présidentielle de Fernando Collor de Mello; l’autre
entrepreneur est un ami de l’ex-minsitre Zélia Cardoso
de Mello, Pedro Henrique.Pourtant, quand elle était encore Ministre Zélia a ouvert des procédures judiciaires pour
trouver les coupables, ce qui peut dire que la minsitre
n’est peut-être pas mélangée dans cet affaire (...). (18)
Veja participe à la chute du président en démontrant qu’ il y a quelque chose de pourrri dans le “royaume
de Collor de Mello”. Pour le magazine, les ministres sont
plongés dans la pourriture, c’est qui ressort des dénonciations concernant le ministre de l’economie, Zélia Cardoso,
que les ministres sont dans la pourriture, et est explicitement démontré dans le reportage du 18 décembre 1991,
dont le titre “Les Ministres-pourris”, souligne la décomposition publique de l’État brésilien:
Le ministère est pourri. Le président Collor réunit les
ministres tous les soixante jours. Lorsque du dernièr
rendez-vous, placé dans l’intervalle entre sa visite en
Capa
Sumário
eLivre
Afrique et son voyage aux Etats-Unis au mois de septembre, Collor a reclamé un gouvernement de “machos”
et a adressé des semonces aux ministres qui n’ont pas
défendu le gouvernement. La semaine dernière, Collor
s’est rendu en Europe pendant quatre jours et, avant
son embarquement, a fixé son prochain rendez-vous
avec les ministres au 20 décembre. Depuis trois mois,
comme un lutteur qui chancelle, ce gouvernement de
“machos” a baissé la garde et ne sait pas se défendre
des coups qui le frappent. (19)
Dans ce reportage, la critique du comportement de
certains membres du gouvernment est faite par le gouverneur de l’État de Bahia, Nordeste brésilien, Antonio Carlos
Magalhães, politicien de droite et allié au regime militaire,
pendant la période de la dictature. Antonio Carlos Magalhães, dont l’épithète “toninho, le méchant”, fait qu’il a la
confiance de la plupart des politiciens de droite au Brésil,
sans compter l’autorité qu’il tire de son statut de onseiller des gouverneurs et des présidents, est présenté par
Veja comme un “docteur ès politique”, pour citer Fernando
Collor de Mello. Ce qui explique que le magazine accorde
son soutien au gouverneur de Bahia, lorsqu’ il blâme les
ministres de Collor de Mello:
Mardi dernier, déjeunant avec un groupe de journaliste
à Brasília, le gouverneur de Bahia, Antonio Carlos Magalhães, qui selon Fernando Collor de Mello est docteur
ès politique, a preconisé un balayage général au premier
échelon du gouvernement Collor. Antonio Carlos Magalhaes a affirmé que la corruption est massive et seuls ont
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
échappé ses critiques les ministres Marcilio Marques Moreira, à l’économie (le successeur de Zélia), Antonio Cabrera, à l’ agriculture et José Goldemberg, à l’éducation:
“tous les ministéres, ya-t-il déclaré, sont très ordinaires,
avec quelques personnalité extraordinaires. ACM (le nom
du gouverneur de Bahia est toujours representé par ce
sigle dans la presse brésilienne) a aussi dénigré le ministre de l’Action Sociale, Margarida Procópio: “Le ministre
(Margarida Procópio) ne réussit pas à articuler une phrase. C’est une psychopathe. Il a rappelé les scandales du
Ministère de la Santé,où était impliqué le ministre Alcenir
Guerra et a remarqué que le caractère principal de la presidence Collor, c’est le désordre administratif (...). (20)
La décomposition publique du gouvernement Collor
de Mello, annoncée Veja dans le chapeau du reportage,
proclamée par une homme politique qui au Brésil est le
porte-parole des latinfudia, Antonio Carlos Magalhães, répresente le moment où le magazine commence à dissocier l’image de la présidence de Collor de l’impulsion de la
modernité dans la politique et dans les secteurs sociaux.
Pour s’éloigner de l’image du président corrupteur,
le magazine poursuit avec ma métaphore de l’ombre, illustrée par les égouts de la corruption, séjour des principaux
membres de la cour présidentielle. Le ministre visé par
les plus fortes accusations est celui que Collor de Mello a
choisi par jouer le rôle de leader syndical, Antonio Rogério
Magri, ministre du travail, un syndicaliste maison qui va
monter au pouvoir par neutraliser la C.U.T (Centrale Unique des Travailleurs), principale soutien de la candidature
Capa
Sumário
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de Lula, l’opposant de Collor pendant la campagne présidentielle. Le ministre Rogério Magri fut impliqué dans une
transaction administrative, pour laquelle il a reçu 30 000
dollars. (20)
La corrption est partout dans le gouvernement Collor
de Mello. Après le ministre du travail, c’est le ministre de
la santé qui est accusé d’avoir acheté 235000 bicyclettes,
22500 sacs à dos et 22500 parapluies pour les agents
de santé publique, programme prévi au niveau national.
(21). Mais le ministre est reconnu innocent par la justice
brésilienne, fait que Veja va publier seulement le 5 février
1992, tout en maintenant la rubrique corruption en haut
de la page, qui est propre à semer la confusion. (22)
Le gouvernemment du président Fernando Collor
de Mello qui avait été salué comme l’annonce du renouvellement de la politique brésilienne devient pour Veja
l’entrave qui gêne la marche du pays vers le progrès. Et
le magazine s’adresse directement aux lecteurs, essayant
d’expliquer les effets et les causes de la corruption dans
la société, comme dans cet extrait du reportage, intitulé
“L’argent de la boue”, du 18 septembre 1991:
Il faut oublier, pour un moment, les discussions politiques, les aspects éthiques et les questions culturelles.
En termes matériels, la corruption est mauvaise, parce qu’elle est cause que la misère brésilienne perdure.
“Dans ses aspects économiques, la corruption provoque
des méfaits enormes”, affirme le député Delfim Netto.
D’après le raisonnement de Delfim Netto, si chaque année l’equivalent de 6 milliards de dollars, presque 6% du
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Referências
Le
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- Wellington Pereira
PIB brésilien, est arraché aux coffres du gouvernement
fédéral pour le paiement des commissions, des suborneurs, des faveurs, des informations confidentielles, des
arrangements et négociations entre individus, le pays en
reste socialement plus pauvre (...). (23)
Dans cet extrait du reportage du 18 septembre 1991,
Veja a commis deux grandes erreurs, du point de vue
historique et dans l’analyse de conjoncture. Une fois de
plus, le magazine donne la parole à Delfim Netto pour qu’il
parle sur des effets de la corruption dans l’économie brésilienne. Or, du point de vue historique, c’est une contradition énorme, parce que Delfim, qui était ministre sous la
dictature militaire a été responsable du maquillage de l’économie brésilienne dans les années soixante-treize, avec
pour résultats une euphorie des investissements étrangers,
ce que les militaires ont appelés “Le Miracle Economique”.
Delfim, en vérité, a altéré les chiffres de la croissance économique du Brésil à cette période. Il a même été accusé de
corruption et de détournement de l’argent public.
Du point de vue d’une analyse de conjoncture, le
magazine a commis l’erreur de démander aux lecteurs
d’oublier les discussions politiques, les aspects éthiques et
culturels pour se concentrer sur les méfaits économiques
de la corruption. Mais la culture, l’économie et l’éthique
sont les colonnes de la politique-economique.Or, le magazine ne voit la corruption que comme un acte isolé, dans
la construction des systèmes de gouvernement:
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Sumário
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Au Brésil, le trésor public a été pillé dès la découverte
du pays par les Portugais (et dans le monde dès que la
serpent a corrompu Eve avec une pomme), mais nous en
arrivons à une situation d’exaspération- au moins pour
ceux qui ne volent pas. Et ceux qui ne volent pas sont la
grande majorité des brésiliens (...). (24)
Veja considére que la corruption est enracinée dans
un ethnie, celle des portugais ou des autres étrangers qui
ont été les colonisateurs du Brésil, ou qu’elle se présente comment acte individuel, le serpent donnant la pomme à Eve. Mais la corruption est quelque chose de plus
complexe, parfois engendrée par la structure propre de
l’État et déguisée en actes légaux. Elle peut aussi prendre
l’apparence d’un jeu, dont les implications s’étendent à
toute forme d’organisation institutionelle. C’est pourquoi
nous pouvons parler d’une mécanique de la corruption,
telle que l’analyse Alain Etchegoyen:
La mécanique de la corruption constitue alors un engrenage dans lequel l’argent facile devient progressivement
un besoin, voire un nécessité. On en oublie même qu’il
s’agit d’un détournement des fonds publics. La mécanique de la corruption réunit deux opérations apparemment contradictoires: d’une part, elle consiste en des
precédures de plus en plus complexes, maîtrisées par un
petit nombre d’individus; d’autre part, elle consiste en
une banalisation de l’échange corrupteur. (25)
Cette mécanique où le contrôle de l’État, passe aux
moins d’un petit groupe de corrupteurs corresponde bien
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Referências
Le
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339
- Wellington Pereira
à la déconstruction de la cour de Fernando Collor de Mello,
minée par les dénonciations de corruption qui environnent
les actes du gouvernement. Cela est suffisant pour que
Veja considère que la corruption commence à retarder le
développement économique du pays; il en fait d’ailleurs le
sous-titre du reportage du 18 septembre 1991:
La corruption retarde le progrès du pays, crée une situation exaspérante et maintient entrepreneurs et politiciens bloqués dans le carburateur de la machine gouvernamentale. (26)
Montrer la corruption du gouvernement Fernando
Collor de Mello comme étant le vecteur du rétard économique brésilien, est un paradoxe si l’on réfère aux affirmation précédentes où Collor de Mello apparaissait comme un
homme politique dont la volonté de gouverner s’appuyait
sur une modernité proclamée. Veja cherche donc à fonder
sa méfiance nouvelle à l’égard de la légitimité politique
de Fernando Collor sur l’opinion publique brésilienne, telle
qu’elle est reflétée par les “telenovelas”, où l’on parle d’un
certain niveau d’exaspération sociale:
L’exaspération nous conduit au paradoxe, comme le
montre la campagne contre la corruption que la TV Globo
a entamée la semaine dernière. Dans cette campagne,
le personnage Beija-flor (colibri) de la telenovela O Dono
do Mundo-Le maître du monde- dit qu’il est très difficile
de réussir au Brésil, en étant hônnete. La campagne globalienne s’appuie sur un sondage d’opinion dans lequel
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Sumário
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74% des personnes interviewées approuvent l’attitude
de Beija-flor, lorsqu’ il refuse d’empocher un dessous-de-table dans un achat d’ équipement (...) (27).
Dans cet extrait du reportage, il faut faire deux remarques sur les pièges du langage journalistique. Le première porte sur le mot globalienne, souligné à propos dans
la citation ci-dessus, parce que cette expression représente l’influence que la TV Globo exerce dans l’imaginaire socio-politique brésilien, au point que l’adjectivation devient
usuelle lorsqu’il s’agit de qualifier les actions de la chaîne
télévisuelle. L’autre, remarque porte sur l’utilisation fréquente de l’imaginare des telenovelas par la presse brésilenne pour expliquer les problèmes quotidiens et principalement leur donner un sens éthique. C’est une manière
de signifier, indirectement, aux politiciens, aux maîtres du
pouvoir, que le peuple comprend le rôle qui jouent les parlementaires dans l’amplification des problèmes sociaux
grâce aux scénarios des feuilletons télevisuels.
La corruption institutionnelle de même que les faveurs
acoordées aux protégés du président Fernando Collor de
Mello sont analysées par Veja, sous une forme qui emprunte
sa vraisemblance au monde fictionnel, dans une procédure
où s’inverse la logique des téchniques narratives.
Dans la mesure où les dénonciations pour corruption sont diffusées par les médias, Veja considère que la
préoccupation de l’éthique en politique augmente et le
magazine défénd cette prémisse:
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Referências
Le
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341
- Wellington Pereira
Les accusations de corruption ont changé d’objet lorsque
Rosane Collor s’est tournée visée par des dénonciations
documentées et dévastatrices portant au l’exercice de ses
fonctions de PDG de la Légion Brésilienne d’Assistance.
Mais, si la femme du président est devenue une étoile
de première grandeur, c’est un ami de Collor de Mello
qui joue le rôle du trou noir dans cet univers pourri. Il
s’agit de Paulo César Farias, P.C, dont la têté a eté mise
à prix à la table des négociations, à Macéio (capitale de
l’État d’Alagoas). P.C déclare être victime d’une campagne dont l’objectif réel est de mettre fin à la présidence
Collor de Mello. Ils veulent me martyriser, come J.C., et
il a déclaré. Si P.C. Farias doit être crucifié sur l’autel des
ententes politiques, il est possible que la croix du martyre ne soit pas placée au centre du Calvaire, mais à la
gauche du nazaréen (...). (29)
Dans un langage métaphorique, Veja insinue que PC
Farias n’est pas le Christ de l’histoire, mais que à gauche
du nazaréen, il représente un des voleurs cruficié par
l’Empire romain. Dans ce reportage apparaî l’autre forme
de corruption dénoncée par le magazine, et qui se révéle
concomitante de la corruption insitutionnelle: la curruption des “amis du Président”.
Aprés avoir démontré que la corruption instituionnelle du gouvernement Fernando Collor de Mello commence à fragiliser l’État brésilien, et touche même des
institutions fondatrices de la République brésilien, comme
l’armée de terre, dont Veja dénonce les autorisations illégales d’achat, pratique néanmoins contestée par le ministre de l’armée, le général Carlos Tinoco. Il s’agit d’un
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reportage du 30 oct. 1991, intitulé “Des uniformes des
Millionnaires”. A ces accusations s’ajoute la méfiance exprimée à l’égard des politiciens “riches et prospères”. C’est
le titre du reportage du 18 septembre 1991, dans lequel le
magazine montre combien il est difficile d’identifier les politiciens corrupteurs ou corrompus et de les arrêter parce
qu’ils sont protégés par les oligarchies, bureaucraties et
lafifundiaires dont ils fon partie.
L’affaire P.C. Farias, ce proche de Collor qui, poursuivi pour crimes contre l’État, a fui la justice, après avoir
été jugé innocent, a été trouvé mort avec son “amie”;
dans un de ces immeubles situé sur une plage de Maceió,
(crime non élucidé et objet de plusieurs théses au Brésil),
conduit les lecteurs et lectrices de Veja, qui, du point de
vue économique, mantiennent à la classe moyenne brésilienne, à percevoir que la corruption institutionnelle est
étroitement mêlée à celle où sont impliqués, amis et parents du président et de Mme Collor.
Il faut compter aussi avec les affinitées électives
dans la période Collor de Mello, où la politique est incarnée par la “Mafia des Sept Nains”, les sept deputés qui
avaient le contrôle du budget au Congrès brésilien, leur
principal representant est le polticien João Alves, qui va
même essayer de suborner, les reporters de Veja pour
qu’ils publient des textes en faveur de son rôle de rapporteur de la Commission budgétaire du congrès, comme
cela apparaît dans le reportage du 23 octobre 1991:
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Le
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343
- Wellington Pereira
Le député João Alves a voulu suborner deux reporters de
Veja pour qu’ils publient un texte de cinq pages écrites
à la main, pourtant le timbre de la Chambre des députés. Ce texte est une d’entretien fictif, dans lequel le
député Alves répond à deux questions. La première, est
une question du sénateur Eduardo Suplicy, du PT (Parti
des travailleurs), de São Paulo- qui il y a deux semaines
a denoncé des malversations concernant l’utilisation du
budget à des fins électorales. Dans ses responses, João
Alves a traité Suplicy “vaurien et menteur” et a menacé de portre plainte contre le sénateur. L’autre question
de cet auto-entretien (sic) conçu par João Alves porte
sur l’attitude du journal O Globo, à Rio de Janeiro, qui
le dimanche 13, a publié un reportage sur les “pots de
rin” reçus par les conseilleurs municipaux “baianais”, de
l’État de Bahia, lesquels ont soutenu la reconduction de
João Alves au Congrès. Dans l’interview, le député qualifie le reportage du journal O Globo d’agression gratuite.
L’entretien avec João Alves a duré deux heures. Habitué
à conduire des négociations, le député fait des offres, en
proposant trois fois, aux reporters deux voitures neuves,
en échange de la publication de l’auto-entretien (sic).
“Tout homme a son prix”, a affirmé le député. La nuit
suivante, le directeur de Veja, Luís Costa Pinto, est retourné chez Alves pour obtenir d’autres informations. Il
a entamé le dialogue suivant avec le député: João AlvesLa voiture que j’ai offerte, est la marque de la reconnaissance d’un travail bien fait, parce que tout Homme
a son prix. Le reporter- Et Quel est son prix,monsieur le
député? João Alves- Aujourd’hui, personne ne peut pas
m’acheter. Je ne suis pas à vendre à moins de millions
de dollars (...). (34)
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Les attaques contre “La Mafia des Septs Nains”, les
petits députés qui contrôlent le budget du Congrès Brésilien se sont multipliées dans toute la presse brésilienne.
Les dénonciations contre les députes complices de João
Alves, qui lui correspondent en taille, vont démontrer, plus
tard que cette maffia avait conclu des accords avec le président Fernando Collor de Mello, comme cela a été publié
par le journal Folha de S. Paulo dans le reportage du 03
javier 1994, où il est déclaré que l’ex-ministre de l’économie du gouvernement Collor de Mello, Marcílio Moreira
Marques, et l’ex-secrétaire du budget, Pedro Parente, ont
confirmé le rôle du présidente et son soutien aux propositions des Sept Nains dans le projet budgétaire pour
l’année 97.
Neanmoins, l’importance de ce reportage sur la
“Mafia des Sept Nains”, ces petits députés qui mesurent
1.60 cm, en moyenne: João Alves (à l’époque sans partis politique), 1,62cm, Cid Carvalho (PMDB-MA), 1,65cm,
Genebaldo Correa (PMDB-BA), 1,65 cm, José Geraldo Ribeiro (PMDB-MG), 1,63cm, Manoel Moreira (PMDB-SP)
1,62, José Carlos Vasconcellos (PRN-PE), 1,70 cm et le
sénateur Ronaldo Aragão (PMDB-RO), 1,72 (36), réside
dans le fait que le magazine Veja essaye de prouver aux
lecteurs qui il a, lui aussi, subi les effets de la corruption
qui gangrène le gouvernement Collor de Mello, alors que
le magazine se situe au centre de l’histoire.
En dévoilant la corruption des politiciens, Veja démontre que l’État brésilien, représenté par l’image
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Le
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345
- Wellington Pereira
du president Fernando Collor de Mello est vide.
D’autre part, l’écrasement de la cour, deuxième niveau de la corruption, est bien representé par les
scandales où sont impliqués des “amis” de la famille Collor
et Veja rapporte que des proches parents de Mme Collor ont
été condamnées par la justice, dans l’affaire de la Légion
Brésilienne d’Assistance, mais que l’épouse du président a
éte innocentée, nous nous référons ici au reportage du 4
décembre 1991, dont le titre est très ironique: “Il manque
un Malta” (37), en référence à l’acquittement politique de
Rosane Collor de Mello; Et même dans un reportage antérieur, du 11 septembre 1991 (38), le magazine établi des
comparaisons au sujet de la réconciliation entre Collor et
Rosane, extension d’un pacte politique qui cache les racines
de la corruption qui sévit à la présidence de la République.
Dans les articles du début de l’année 92, apparaît la
face de la théâtralisation politique en place. On découvre
alors les tentacules de la corruption qui prennent l’aspect
de certains amis du président Fernando Collor de Mello,
comme Pedro Paulo Leoni Ramos, secrétaire des affaires
extraordinaires, responsable d’un “plan” de corruption qui
a négocié des millions avec le ministre de l’economie Zélia Cardoso de Mello, pour une affaire dans laquelle selon
Veja, est impliquée la Compagnie Brésilienne de Pétrole,
à travers les Fonds de Pension. (39)
Dans cette phase où le magazine dénonce la participation des “proches” du président au processus de corruption, Veja construit ses récits sur le modèle du journalisme
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d’investigation: analyse de conjoncture et interprétation
des événéments. Mais porquoi a-t-il attendu seulement
pour le faire le moment où la pourriture de la cour de Collor de Mello est présentée dans tous les médias brésiliens?
Parce que le projet du chasseur de maharajah, exalté par
le magazine, ne correspond ni aux projets du néoliberalisme, ni à ceux de la classe dominante du pays qui avait
investi dans le parcours politique de Collor de Mello et son
élection à la présidence de la République.
Les élites politiques brésiliennes héritières de la violence latifundiaire et d’un modèle industriel basé sur l’exploitation d’une main-d’oeuvre “illétrés” commencent a se
méfier du pouvoir parallèlle instauré par le trésorier de
la campagne de présidentielle, PC Farias. C’est le propre
frère de président Fernando Collor de Mello, Pedro Collor
de Mello qui, dans une interview accordé à Veja, dans
l’édition du 27 mai 1992, explique comment fonctionne la
société PC-Fernando Collor. Pedro Collor affirme que PC
Farias est à la tête des négociations entre le gouvernement et les entrepreneurs, tractations dans lesquelles il
gagne 30% et le président Fernando Collor 70%:
Paulo Cesar affirme clairement que 70% des commissions reviennent à Fernando et 30% sont à lui-même; Je
suis sûr qu’il y a une symbiose(..). (40)
Les paroles du frère de Fernando Collor de Mello
sont utilisées par Veja comme une cartographie de la corruption dans la République brésilienne. C’est pourquoi
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- Wellington Pereira
l’interview de Pedro Collor est un vrai détonateur, confirmant les schémas de détournement de l’argent public en
usage sur la présidence de Collor de Mello. Mais, dans une
des questions posées par le reporter à Pedro Collor (le
frère du president), la préoccupation du magazine concernant la “fragilité” des institutions parlementaires brésiliennes et la peur d’un coup d’État, comme celui des
militaires au début des années soixante, revient. Voyons
l’extrait de l’entretien:
Veja- Vous ne considerez pas que les institutions brésiliennes sont menacées par ces accusations? Pedro Collor
de Mello- Je considére que les institutions en supportent
le poid. (...). (41)
Les déclarations de Pedro Collor, dans l’interview accordée à Veja représentent un moment capital, dans la
déconstruction de la cour du président Fernando Collor de
Mello. Cependant, à l’intérieur du texte nous avons relevé
des contraditions, portant sur le processus d’édition:1) le
magazine conduit l’interviewé à repondre à des questions
en accord avec son orientation et utilise une troisième
personne (l’épouse de Pedro Collor, Tereza Collor) pour
confirmer ses informations; 2) dans l’autre reportage publié dans la même édition du 27 mai 1992, Veja retient
des affirmations du frère du président qui sont en contradiction avec ses déclarations de l’interview.
Dans la première prémisse, indirectement, Veja accuse le président de harcèlement sexuel, et introduit dans
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le texte les paroles de Tereza Collor de Mello pour confirmer ces allégations:
Veja - Vous avez dit que votre frère, le président Fernando Collor de Mello avait essayé de conquérir votre femme, Tereza Collor? Comment cela est-il arrivé?
Pedro Collor - Les choses ne se sont pas passée ainsi.
Nous avons eu un problème, une crise conjugale, lorsque Fernando (le président) était gouverneur de l’État
d’Alagoas. A cette époque je suis allé au Canada. J’ai appris qu’il avait invité Tereza a venir “bavarder” au palais.
Ils ont bavardé peut dont beaucoup de temps.
Veja - Y-a-t- il eu tentative de séduction?
Pedro Collor - Je crois qu’il a commencé, à ce moment,
à installer un climat de séduction autour d’une personne
fragilisée par la perspective de la rupture de son mariage.
Veja - Tereza, y-a-t-il eu tentative de séduction?
Tereza Collor- Non. Il (le président) a cette manière de
parler, un peut fraternelle, un peu donneuse de conseils
(...). (42)
Dans cet extrait de l’interview, d’un côté, nous trouvons une intention très claire, de la part du reporter: accuser
le président Fernando Collor de Mello de harcèlement sexuel.
De l’autre, en introduisant la parole d’une troisème personne pour confirmer les informations sur le rapport entre le
président et son frère, l’intervieweur démontre que le travail
journalistique de vérification des sources d’information réalisé par le magazine est précaire, puisque il est amené à vérifier auprès de Tereza si elle a été séduite par le président.
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- Wellington Pereira
Cette pratique qui consiste à suggérer les réponses des
interviewés est constatée dans autre extrait de l’entretien:
à des affirmations fausses, dans un “mécanisme” de contrôle langagier, explicité par Schopenhauer:
Veja - Vous- avez admis avoir consommé des drogues
dans votre jeunesse. Comment s’est-il passé?
L’extension. Étirer l’affirmation de l’adversaire au-delà
de ses limites naturelles, l’interpréter de la façon la plus
générale possible et l’exagérer. Par contre, réduire la
sienne au sens le plus restreint qui soit, dans les limites les plus étroites possibles. Car plus une affirmation
devient générale, plus elle est en butte aux attaques. La
parade est de poser clairement le punctus (point débattu) ou le status controversion (manière dont on présente
la controverse). (45)
Pedro Collor - Quand j’était jeune, c’était une chose à la
mode, dans les années 68, 69, 70.
Veja - En 1968, vous aviez 16 ans.
Pedro Collor- Oui. C’est ça.
Veja - Quel type de drogue avez-vous consommé?
Pedro Collor - de la Cocaïne.
Veja - Votre frère, Fernando Collor(le président) aussi?
Pedro Collor - Oui.
Veja - Il vous a poussé à consommer de la cocaïne?
Pedro Collor - Non. Il ne m’a pas poussé, ni même m’a
présenté de la drogue (...). (43)
Dans cet extrait de l’interview, il est évident que
le reporter a construit un piège langagier pour conduire
Pedro Collor à faire des réponses défavorables à l’image
du président Fernando Collor de Mello. Cette pratique du
journalisme, qui consiste à faire parler les interviewés à
partir de ce que désire l’organe de presse réjoint
les
préoccupations philosophiques de Schopenhauer, dans
L’Art d’avoir toujours raison (44), où il parle de la dialectique éristique comme de l’art de la dispute, qui permet
d’avoir toujours raison par tous les moyens possibles.
Cependant, le reporter de Veja cherche à étirer les
affirmations de l’interviewé, Pedro Collor, pour le conduire
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Ce mode d’argumentation” bien préparé par le reporter de Veja a comme principe de créer l’image d’un
président consommateur de drogues, séducteur (dans un
sens contraire à l’image du Don Juan Fernando Collor qui a
été construite par le magazine au début de la campagne).
Mais si les déclarations de Pedro Collor ne peuvent être en
accord avec ces qualificatifs, ceux- ci sont distordus dans
le reportage du 27 mai 1992, dont le titre “Un nettoyage géneral”, nous donne bien un aperçu de la façon dont
Veja révoque le président. C’est dans ce reportage que la
réponse de Pedro Collor à la question de savoir s’il a été
poussé par son frère (le président) à consommer des drogues apparaît comme un affirmative:
Fernando était un consomateur habituel de cocaïne. Il
m’a amené à consommer. (46)
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Referências
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- Wellington Pereira
Dans ce reportage, “Un nettoyage géneral”, signée
par Luis Costa Pinto, Veja fait preuve de la même contradiction éditoriale, que lors de la création de l’image du
candidat Fernando Collor de Mello, chasseur de maharajahs, au début de la campagne présidentielle. Cette fois,
le magazine, dans un même récit utilise des données différentes pour étayer par des faits les accusations de corruption portées contre le gouvernement.
La nécessité d’écraser l’image du président trouvera
ses premisses dans un long détournement de sens. Ainsi,
ce qu’a déclaré sous forme négative Pedro Collor, niant
que sont frère l’ait amené à consommer de la cocaïne,
dans une négation, est pris comme vérité par le reporter
Luis Costa Pinto, dans un véritable exercice de stratagème philosophique, où l’on prend des pistes fausses pour la
vérité absolue, comme le démontre Schopenhauer:
Pour prouver sa thèse, on peut aussi utiliser des fausses
prémisse, et cela quand l’adversaire ne considéreit pas
les vraies, soit parce qu’il n’en reconnaît pas la vérité,
soit parce qu’il se rend compte que la thèse en résulterait
automatiquement. (47)
La thèse que le reporter de Veja cherche à prouver,
c’est que le président est lui aussi un criminel, qui participe aux actes illicites commis par les membres de la cour.
En dépit de ses informations contradictoires, le magazine
arrive au but: démontrer qu la cour est pourri, en raison
même de l’habitude familiale de la corruption.
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Contrairement au stratagème philosophico-politique décrit par Schopenhaur, le texte dans le journalisme d’information ne part pas de premisses fausses pour
gérer des “vérités; il gere des vérités fausses pour créer
des premisses fausses, puisque le lecteur est obligé de
croire que toute la construction des vérités journalistique
repose sur l’objectivité apparente et la distance vis à vis
des faits sociaux.
Cependant, c’est à partir de sa démonstration sur
la pourriture de la cour du président Fernando Collor de
Mello et sur les implications de sa famille dans le schèma
PC Farias (trèsorier de la campagne présidentielle), que
le magazine commence à faire la preuve que le président
Collor de Melle doit sa fortune à des affaires de l’ordre de
230 millions de dollars, vénant de transations illégales. Ce
qu’illustré cet extrait du reportage, La roue de la fortune,
publié dans l’édition du 19 août 1992:
On a déja une idée du volume financier représenté par
l’organisation de PC Farias et de son ami Fernando Collor
de Mello: 230 millions de dollars. Cette comptabilité a été
realisée par des membres de la Commission d’Enquête
Parlementaire. (48)
Dans cet extrait du reportage, nous pouvons remarquer que Veja a retenu pour parler des relations entre
Fernando Collor et P.C. Farias le qualificatif d’ami, alors
que toute l’opinion publique utilise à l’égard de celui-ci
des adjectifs comme voleur et mafieux. De plus, le ma-
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Referências
Le
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gazine confirme les dénonciations du frère du président:
Pedro Collor à dit que PC était à la tête des negociations de Fernando. Il a affirmé aussi que l”argent était
partagé de la manière suivante: 70% pour le président
et 30% pour son trèsorier. Suivant ce raisonnement, si
Collor et PC ont accumulé 230 millions de dollars depuis
septembre 1989, le président est à la tête d’une fortune
de l’ordre de 161 millions de dollars (...). (49)
Ce reportage, La roue de la fortune, est la preuve
que la République d’Alagoas, comme Veja a appelé les
membres du gouvernent Collor de Mello venus de l’État
d’Alagoas, est pourrie, et que la République moderne incarnée par le symbole du chasseur de maharajahs est
assassinée par ses membres corrompus et corrupteurs,
l’acteur principal commence à disparaître de la scène,
parce que la corruption transforme la théâtralisation du
politique dans la République en un autre type de gouvernement, comme l’explique Alain Etchegoyen:
(...) Ainsi quand la vertu s’échappe de la République, la
République se corrompt, se transforme en autre type de
gouvernement. La République est singulière: la corruption dans la République est la corruption de la République. La mort des acteurs est la mort du gouvernement
(...). (50)
Pour Veja le président Collor a perdu la vertu, puisque il est corrompu et, comme représentant majeur de
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l’État brésilien, corrupteur. Par consequent, c’est l’heure
de reconquérir la démocratie et d’arracher l’acteur Collor
de Mello à la scène politique, grâce à un processus de description d’un nouvel ordre démocratique Ce ue nous allons
analyser dans le prochain chapitre.
Notes bibliographiques du Chapitre VIII
1) Veja, édition du 9 septembre 1992.
2) ELIAS,Nobert- La Société de Cour, Paris, Flamarion, 1995,
p.47.
3) idem, p.48;
4) Freyre Gilberto, op. cit.
5) Elias, op. cit. p.48.
6) idem; p.50.
7) MAFFESOLI, Michel- La violence Totalitaire, op. cit. p. 152.
8) Veja, éditon du 9 septembre 1992.
9) PEREIRA, Wellington- Olhai os Lírios com Jorge tadeu in: Mídia en debate- Jornal O Norte, édition du 19 avril,João Pessoa,
Paraíba, Brasil.
10) Veja, édition du 23 septembre 1992. 11) idem;
12) ELIAS, op.cit; p. 59.
13) idem, p. 56.
14) Voir FURTADO, Celso - Formação Econômica do Brasil, p.
231- le chapître sur la concentration de la production industrielle au Brésil dans la période post-guerre.
15) ELIAS, op. cit. p.58.
Autor
Referências
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- Wellington Pereira
16) Veja, édition du 3 avril 1991.
42) idem;
17) Veja, édition du 4 semptembre 1991.
43) idem;
18) MAFFESOLI, La transfiguration du politique, op. cit. p. 108.
19) Veja, édition du 25 septembre 1991.
44) idem, ibidem.
20) Veja, édition du 18 décembre 1991.
45) SCHOPENHAUER, Arthur- L’Art d’avoir toujours raison. Paris, Editions Mille et une Nuits, n° 191, février 1998.
21) Veja, édition du 4 mars 1991.
46) idem, p. 23.
22) Veja édition du 11 décembre 1991.
47) Veja, édition du 27 mai 1992.
23) Veja, édition du 5 février 1992.
48) SCHOPENHAUER, op. cit. p. 31.
24) Veja édition du 18 septembre 1991.
49) Veja, édition du 19 auôt 1992.
25) idem;
50) ETCHEGOYEN, op. cit. p. 169.
26) ETCHEGOYEN, Alain- Le Corrompteur et le corrompu, Paris,
Pocket, 1998, p.49.
27) Veja, édition du 18 septembre 1991.
28) Telenovelas diffusée par la TV GLOBO en 1991. 29) Veja,
édition du 18 septembre 1991.
30) idem;
31) Veja, édition du 30 octobre 1991.
32) Veja, édition du 18 décembre 1991. 33) Voir l’affaire PC
Farias.
34) Veja, édition du 23 octobre 1991. 35) idem;
36) In: Folha de S. Paulo (quotidien à São Paulo- Brésil), 3 janvier 1994, p. 1-1.
37) KIEGER, Gustavo et alii- Os donos do Congresso- a farsa na
CPI do Orçamento- S. Paulo, Ática, 1994, p. 77.
38) Veja, édition du 4 décembre 1991.
39) Veja, édition du 11 septembre, 1992. 40) Veja, édition du
15 avril 1992.
41) Veja, édition du 27 mai 1992.
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Referências
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Chapitre XIX
La théâtralité politique
tournée en dérision
Collor de Mello: l’acteur écartelé
L’acteur politique hors scène, s’éloigne d’un projet
de gouvernement soutenu par le magazine, créé dans
l’univers du langage journalistique et rehaussé par un
modèle de gouvernement qui a choisi comme base de
sa représentation la formule d’un spectacle réunissant la
rhétorique politique et la fantasmagorie de la société de
consommation.
Les variations temporelles du discours journalistique
de Veja ont conduit l’acteur jusqu’ à un fossé historique.
Et l’image de l’acteur est ecrasée, ex abrupto, par la modernité sociale invoquée par le magazine, dès sa première
entrée en scène.
D’abord, l’acteur à été presenté comme le porteur
de la modernité, le héraut de la moralité publique, capable de renverser l’histoire d’oppression et l’humiliation
subi par les plus humbles, en punissant les tyrans. C’est
pourquoi il a été désigné comme le nouveau maître de la
Capa
Sumário
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politique, des stratégies de la domination, de l’art de gouverner. C’est pour cette raison que l’image de cet acteur
a été explorée par le magazine de façon exacerbé,exactement, 39 couvertures du magazine Veja, dans la période
qui correspond à la campagne et à son élection comme
président de la République Fédérale du Brésil (1).
Cependant, cet acteur qui a obtenu dans les récits
de Veja le statut de politicien moderne, de chasseur de
maharajahs, va être écartelé et va retourner à la boue.
Et même son nom n’a plus d’importance, parce que Fernando Collor de Mello finit pour signifier la corruption, la
honte republicaine, l’incertitude de l’avenir ancrée dans la
dérision. Voilà comment le magazine à défini les derniers
rôles politiques d’un acteur-personnage qu’ il a construit:
Le président Fernando Collor est un acteur. Il donne
l’impression qu’il choisit sa personnalité comme il choisit
sa cravate le matin. Il choisit une personnalité pour la
journée. (2)
Cette image de Fernando Collor de Mello tournée vers
la dérision est l’apanage d’une autre mimésis politique: le
rôle joué par Collor de Mello ne sert plus au modèle de démocratie et au néolibéralisme(caché dans les propositions
du magazine sur l’État brésilien), proposé par Veja, lors de
ses acclamations enthousiastes de la candidature de Fernando Collor. Mais l’expulsion de l’acteur Collor, de la République forgée par le langage journalistique est due à des
raisons contraires aux motifs platoniciens(3), ce n’est pas
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
359
- Wellington Pereira
la caricature du pouvoir qui ménace le pouvoir même, ni la
force de la passion d’un individu- qui échappe aux règles de
base de la mimésis, c’est une seule chose: la corruption.
En effet, la corruption est une sorte de contrefaçon de toute la possibilité de liberté esthétique;autrement
dire, elle tue le passé et avorte le futur. C’est pourquoi le
rôle joué par Collor dans l’imaginaire politique brésilien
est pauvre esthétiquement, puisque il y a falsification du
jeu idéologique qui l’amène au sommet des combats politiques: la présidence.
Pourtant, la contrefaçon du rôle politique représenté
par Fernando Collor de Mello, pendant la campagne et au
cours de sa présidence, est connue par Veja, dénonciations du frère Pedro Collor ont d’abord donné naissance
à une vague de moralisation publique, avant d’écarter
l’image du président. Et pourquoi les qualités morales du
chasseur de maharajahs ne correspondent-elles pas à la
qualité morale de l’Etat brésilien exposée par Veja? Parce
que le rôle politique de Collor trahit le principe essentiel
du journalisme d’information: montrer ce qui ne peut pas
être vu, c’est-à-dire: construire une perception des objets avant même de présenter les objets, qu’ils soient de
l’ordre de la rhétorique, ou de l’ordre des pragmatiques
sociales. Et dans ses jeux, la politique est toujours une
forme discursive adaptée au réel.
La corruption pratiquée par les membres du gouvernement et par le président, jugé pour responsabilité civile, a empêché Veja de faire confiance au projet politique
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Sumário
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dont, d’une certaine manière, il était responsable. Mais
le problème, c’est que ce langage totalitaire ou même
meutrier de la presse d’information, bien representée par
Veja peut changer l’intrigue de l’histoire sans démontrer
aux lecteurs les liaisons entre la passé et le futur; donc
Fernando Collor de Mello, le tout puissant, est transformé
de politique effronté en cabot effondré.
Quelles sont les raisons historiques qui font que
Veja transforme , tout à coup, le président Fernando Collor de Mello, l’ancien acteur principal de l’entrée de la société dans la modernité, d’après le magazine, en un fou
de cour? D’abord, il n’y a pas d’explications historiques au
début du lancement de la campagne présidentielle de Fernando Collor dans la presse brésilienne. Dans ce genre de
chose, les journaux et le magazines ne font pas souvent
d’analyses de conjoncture. C’est pourquoi les lecteurs de
Veja ne comprennent pas l’abandon de la mise en scène
de Collor par le magazine, qui transforme en ennemi public, l’acteur qui menace le développement socio-culturel
de la République brésilienne et la démocratie, alors qu’auparavant il était désigné comme le “restaurateur”.
Tout à coup, Veja écrase l’image du chasseur de
maharajahs et donne au personnage, dans ses récits,
le caractère d’un fou de cour, ce que nous pouvons bien
comprendre d’aprés Georges Balandier:
Le fou de cour se signale non pas seulement par des
disgrâces physiques, mais aussi par un costume et des
attributs symbolisant certains aspects de sa charge; il
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
361
- Wellington Pereira
est le doublet dérisoire du roi qui manifeste sa puissance
par l’apparat et son pouvoir par les regalia(...). (4)
Dans notre exercice d’interprétation, nous avons
besoin de démontrer que, dans un sens particulier, nous
pouvons comprendre pourquoi le président Fernando Collor de Mello est devenu un fou de cour dans les récits
de Veja à partir du mot clé: regalia. Dans une sorte de
contre-sens, ce mot qui a représenté le droit qu’avait le
roi de France de percevoir les revenus des évêchés en
vacances(5), gagne une autre sens, celui de corruption.
C’est pourquoi Collor est devenu un fou qui doit être puni,
remplacé. Mais qu’ en est-il de son rôle de doublet dans
le jeu politique? C’est l’élement qui permet au magazine
de diffuser les idées de ses patrons, dans une simulation
entre enjeux utopiques et idéologiques.
Dans la première phase d’implantation du gouvernment Fernando Collor de Mello, Veja a nié l’existence des
conflits idéologiques, parmi les forces contraires ou favorables à Collor de Mello. Le magazine a soutenu l’élection
d’un président qui fut conduit à la présidence à la façon
d’un monarque, entouré par un cercle de tecnocrates,
économistes, disciples du néoliberalisme (forme de liberalisme qui admet un intervention limitée de l’État).
Toutefois, le couronnement du président Fernando
Collor de Mello a été un “avènement” plus pervers que la
combinaison entre l’utopie et l’idéologie devenant stratégie de domination, d’après Alain Touraine:
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C’est la combinaison de l’utopie et de l’idéologie qui
permet de reconnaître le champ des rapports de classes(....). (6)
Comme au début de la présidence Collor de Mello
le magazine a donné aux lecteurs un sens utopique aux
propositions politiques du nouveau président (modernisation du pays, effacement de la corruption, arrivée du
bien-être), quelques lecteurs, moins exigents à l’égard du
discours journalistique, se rendent compte que à, ce- moment là, avec la conquête politique de Collor, le Brésil a
été transformé en un pays sans conflits sociaux. C’est le
premier moment où le journalisme d’information pratiqué
par Veja tue l’histoire.
Le deuxième moment, c’est celui où le magazine va
adapter l’idéologie(ici comprise comme l’action des acteurs
dans la construction des société, dans un sens pluriel, prenant en considération les différents groupes et la diversités
des champs imaginaires) à son modèle d’État. Ainsi Collor
de Mello est devenu fou de cour à cause de ses affaires
de corruption qui sont menés de façon tort. Collor a brisé
les regalias spirituelles de la République brésilienne, dans
laquelle tous sont un peu corrompus, comme l’avait reconnu son ami PC Farias à la Commission Parlementaire
d’Enquête (7), mais gardent le principe du sécret par rapport à l’éthique politique, il a brisé aussi la regalia temporelle du journalisme d’information: cacher les conflits sociaux dans un jeu rhétorique, pas toujours clair.
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
363
- Wellington Pereira
Mais fou de cour, frappé par les regalias de la corruption de sa cour, le président Fernando Collor de Mello
doit être remplacé, parce que, comme un fou classique il
n’a pas réussi à tenir son rang dans la société. C’est pourquoi son décorum ne sert plus de modèle de la démocratie
et de la modernité pronées par Veja lorsqu’il est arrivé à la
présidence de la République du Brésil, en mars 1990. Cette raison de la débâcle est bien expliquée par Balandier:
C’est aussi par lui que le décorum, l’apparat, le cérémonial sont présentés à la fois dans leur nécessité et leur
fragilité. Il suffit de faire apparaître le grotesque pour
qu’ils soient mis dessous, mais en même temps désirés
en raison de la dérision qui leur est substituée (...). (8)
Pour condamner Collor de Mello, le fou de cour, le
magazine se place au-dessus de la conjoncture politique,
mais au-dessous des exigences d’un véritable exercice du
journalisme d’interprétation, parce qu’ il non démontre
pas quels sont les faits qui vont lier, plus tard, une partie
des politiciens qui ont été les juges de Collor (même si
le magazine, une fois que Collor aura quité la présidence
de la présidence, va faire, avec retard des analyses de la
corruption que la Mafia des Sept Nains a exercée dans le
monde politique. Mais de toute façon, le magazine anticipe la punition de Collor de Mello, en le conduisant à une
sorte d’ostracisme.
Au lieu de l’image du chasseur de maharajahs,
c’est le corps écartelé du président qui s’offre à la
Capa
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configuration de la sanction imposée par le magazine.
C’est pourquoi, à travers des récits de Veja, nous pouvons trouver cette “manipulation ambiguë”, qui punissant les fautes du président Fernando Collor de Mello,
isole aussi les lecteurs d’une compréhension historique
des faits qui ont determiné l’élection de Collor de Mello
et les racines de la corruption dans la république brésilienne. Cette force, par audace analytique, nous l’appellerons l’Ostracisme Médiatique.
Fernando Collor de Mello
et l’ostracisme médiatique
L’ostracisme dans l’antiquité classique était une procedure contre l’abus de pouvoir, une forme de défense de la
collectivité chez les grecs. Mais aujourd’hui, l’ostracisme a
un sens péjoratif, d’échec social, d’isolement. Pour meiux
comprendre l’origine du mot ostracisme, qui vient du grec
ostrakon, lequel signifie coquille, nous nous référons à
Pierre Boudot:
À l’origine, le terme d’ostracisme n’avait pas la valeur péjorative qu’on lui donne aujourd’hui. Il sanctionnait un vote
des Athéniens contre un citoyen suspect, qui était alors
banni pour dix ans. Ce jugement devait atteindre les citoyens trop avides de popularité ou à qui leurs actes avaient
valu une popularité jugée excessive. Il s’agissait donc en
droit d’une réaction de défense d’une collectivité nationale
éprise de justice et redoutant les coups d’Etat. (9)
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
L’idée d’une nation éprise de justice, craignant le
pouvoir absolu, dans cette phase d’écrasement de l’acteur
Fernando Collor de Mello, est chargée des contradictions.
D’abord, parce que cette pratique d’ostracisme appliquée
à Collor manque d’une légitimation sociale, puisque le
processus d’ostracisme implique aussi, d’après la démocratie grecque, la participation des citoyens, comme nous
explique Boudot:
(...) Un tel processus supposait l’existence d’un groupe de citoyens se connaissant entre eux, théoriquement
aptes à distinguer la vie privée de la vie publique et à
porter les uns sur les autres un jugement sans passions
inspiré par un idéal civique commun. (10)
L’ostracisme que l’image du président Fernando
Collor de Mello a subi dans les récits de Veja,est très différent du processus entamé par les Athéniens, parce que
le magazine travaille dans une perspective d’isolement, de
punition, à partir de la destruction des archétypes du Collor
politicien qui incarnait les vertus et la force de la modernité. Mais ce jeu archétypal a été construit par Veja, même
si était orienté par la classe puissament armée des patrons
de la politique brésilienne. Et c’est pourquoi le magazine
commence a montrer la soufrance d’un président écarté de
la société par ses fautes, comme dans le reportage du 26
août 1992, dont le titre est “La voix du bunker”, est dans le
chapeau reflète bien cette idée d’ ostracisme:
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Protégé par les barricades qui laissent les manifestations
loin de la maison de la Dinda, Collor ne lit plus les journaux, s’ isole et feint d’aller très bien. (11)
L’idée d’isolement du président Fernando Collor de
Mello s’accompagne aussi d’une perte de crédibilité supposée et, en même temps que d’une certaine nticipation de
l’agonie de l’ostracisme. C’est ce que le magazine construit
peu à peu, pour démontrer aux lecteurs la force punitive de
l’ostracisme, ce que démontre bien cet extrait du reportage
, dont l’ inter-titre “Égal à la mort” est bien suggestif:
Collor a abandoné les livres de Norberto Bobbio inspirant
la phase socio-liberale qui avait précedé la Commission
Parlamentaire d’Enquête et, maintenant, se dédie à la
lecture de la Bible. Il lit aussi A Cabala da Inveja (La Cabale de l’envie), dont l’auteur est le rabbin Nilton Bonder,
auter du best-seller A Cabala do Dinheiro (La cabale de
l’argent).” L’envie est un sentiment profond. Elle est égale à la mort” a dit Collor en parlant à un de ses proches.
Le président a cessé d’écrire, de prendre des notes, de
prendre des décisions. Ses amis admettent que, parfois,
le président paraît hors de la réalité. Loin de reconnaître
ses erreurs, il considère avoir toujours agir de façon correcte, même si sa démagogie nationaliste- a été transformée en une fête noire(...). (12)
Le mécanisme de dénonciation de l’ostracisme dans
lequel se trouve le président Fernando Collor de Mello est
bien précisé par l’utilisation d’expressions et de mots qui
sont confrontés avec la pratique du catholicisme au Brésil:
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
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- Wellington Pereira
la cabale, l’envie, la richesse en filigrane derrière l’ idée
d’une cabale de l’argent. Cela, tout en démontrant que
Collor de Mello est déconecté de la réalité.
Ce que Veja initie dans cette démontration où l’on
montre le présidente Fernando Collor prisonnnier de
sa propre morale, c’est la pratique d’une autre forme
d’ostracisme: l’ostracisme médiatique. D’une façon plus
radicale, ce genre d’ostracisme dans les société post-moderne dépasse d’autres formes d’ostracismes, idéologique, juridique,culturel, économique, et s’approche de
l’ostracisme héologique, expliqué par Pierre Boudot:
L’ostracisme, qui se caractèrise par une grande pauvreté
d’imagination quant aux fins, exil ou mort, la dissimule derrière un cérémonial, une liturgie des gestes de la
haine, un recours an néant, illustrés par exemple par le
recours au feu(...). (13)
Contrairement
à
l’ostracisme
théologique,
l’ostracisme médiatique, même en privilégiant la dissimulation de la haine et du désir de punition, ne peut
pas être taxé de pauvreté d’imagination, parce qu’il a
pour but, à travers l’imaginagion, d’effacer d’autres stratégies idéologico-politiques contraires à la pensée de
la classe dominante. Il s’insinue , tout à coup, dans la
faiblesse de la société post-industrielle, et, de toute façon, exprime des principes fondateurs de l’ ostracisme
dans le monde contemporain, que démontre Boudot:
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La décadence de la communication individuelle par
la parole, l’accumulation des hommes dans les villes,
le délire mécanique, l’interprétation de la vie par les
mass médias, la manipulation des décisions par les
sondages, tout concourt à mettre l’esprit dans une situation de dépendance, l’ostracisme se servant alors
des antagonismes idéologiques qui prennent la relève du bannissement grec et de l’anathème religieux.
Pour sanctionne le délit d’opinion, pour susciter le délit d’intention, pour mettre au pas les conséquences
que l’exclusion publique peut avoir sur la carrière d’un
homme, sur sa réputation ou, plus gravement, sur sa
liberté d’expression(les motifs étant déguisés en théorisations littéraires, religieuses, idéologiques ou artistiques). L’ostracisme verrouille toute issue, d’une
façon souvent invisible et sournoise, mais toujours redoutable et efficace. (15)
La citation, ci-dessus, revèlè combien il est important de démontrer cette application de l’ostracisme dans
la construction de l’image du président Fernando Collor de
Mello à la fin du gouvernement, dans la mesure où apparaît le danger de dire sournois qui ne permet pas aux lecteurs de comprendre l’effacement d’un politicien pourtant
élut, dans les récits du magazine, comme le “sauveur” de
la moralité publique. Mais nous rejoignos ici le principe de
la désinformation dans la société contemporaine (société
où, pradoxalement, les stratégies d’information dominent
les actes sociaux).
Cependant, c’est dans cet espace établi entre le
manque de projet politique des élites pour l’État brésilien
Autor
Referências
Le
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369
- Wellington Pereira
et le “contrôle sournois” des aspirations démocratiques de
la société que l’ostracisme médiatique pratiqué par Veja se
confond avec l’éthique, sans que les vraies raisons de l’ostracisme décidé par le Congrès et la presse à l’encontre de
Fernando Collor de Mello soient aucunement démontrées.
C’est ce dont nous avions déjà discuté dans un article publé dans le journal O Norte, João Pessoa, Paraíba, édition
du 13 décembre 1992:
Le rôle joué par le Congrès brésilien dans le bannissement du président Fernando Collor de la scène
politique reprend la question de l’assemblée du peuple d’Athènes: y-a-t-il des raisons pour appliquer
l’ostracisme? En cas de réponse positive, les grecs
prennent les mesures nécessaires pour punir le contrevenant, l’éloigner des alentours de la cité, sans perte des biens matériels. Cette opposition exercée contre le président Collor s’inscrit dans les manuels de
Philosophie Politique, dans la plus complexe des inventions de la démocratie grecque: l’ostracisme. Ce
qui, parfois, est confondu avec un sentiment de rejet
personnel,est,vraiment, un dispositif destiné à protéger l’État de la vanité des hommes. (15)
Cet écrasement de l’image du presidente Fernando
Collor, par le biais de l’ostracisme médiatique est posé
par Veja comme une “recherche des vertus perdues”.
C’est dans cette enquête contradictoire que le magazine
va plancer l’image d’un président isolé, hors de la rélalité, comme dans le reportage du 14 octobre 1992, dont
le titre, “Le prisonnier de la Maison de la Dinda” illusCapa
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tre l’ostrascime de Fernando Collor de Mello, traduit par
l’isolement personnel:
Même éloigné du Palais du Planalto parce que soupçonné
de corruption, le président Fernando Collor de Mello persiste et signe. Pour donner à la société que l’image d’un
homme que la crise n’a pas touché, ses neurones théâtraux ont imaginé plus d’une mise en scène farcesque,
la semaine dernière Jeudi, Collor de Mello a ordonné au
photographe officiel de la présidence, Ubirajara Dettmar,
de faire des photos, en complet, cravate, alors que luimême simulant la lecture d’un livre de la bibliothèque
familiale, installée sur un terrain qui fait face à la Maison de la Dinda. Sur la photo nous pouvons voir Collor,
non pas traqué, mais installé chez lui vêtu de façon très
confortable et decontractée.C’est un peu comme si Napoleon avait porté la couronne pendant l’exil à l’île d’Elbe. L’intention de Fernando Collor était de paraître sous
les traits d’un homme tranquille, solitaire. Mais la réalité
est bien différente. Conscient de son impopularité, il a
renforcé la sécurité de la maison(...). (16)
Dans cet extrait du reportage, le président Fernando Collor de Mello qui avait déjà quité la présidence de la
République, 29 septembre 1992, est présenté comme un
homme solitaire, isolé de la société, incapable d’apercevoir
la réalité autour de lui.
L’isolement du président Fernando Collor de Mello
est conçu dans le langage de Veja comme une forme de
punition infligée à Collor par la société brésilienne. Par
contre, la simulation du pouvoir, sur la photo présidentiel-
Autor
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Le
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- Wellington Pereira
le, nous donne l’idée d’un “déjà vu”, qui évoque la cour
traditionnelle des dictateurs latinoamericains. Mais il nous
pose une question que si situe en dehors du pragmatisme
de la narration journalistique: l’imbrication entre solitude
et isolement, de fait deux choses différentes, comme nous
explique Jean Grenier:
Il faut distinguer entre isolement et solitude. L’isolement
est momentané, il est relatif. L’exilé, le prisonnier sont
des isolés. Contrairement à ceux qui croient ceux qui
ne sont pas passés par cette épreuve, l’isolé-c’est-à-dire
celui qui est seul involontariement(...). Au contraire la
solitude est essentielle et définitive. Elle répond à une
vocation de l’individu. Elle se manifeste publiquement à
certaines époques comme au temps du Romantisme et
l’on peut alors douter de son authenticité d’autant plus
qu’elle est l’objet d’une expression plus forte. (17)
Cette image d’un président isolé, frappé par une
punition sociale, et de la solitude, évoquée dans une
comparaison caricaturale avec les dictateurs de l’histoire
de l’Amérique latine, est tenue pour fatidique par les
analystes de la presse, parce que cela nous renvoie à une
forme implicite de combat qui serait mené de l’intérieur,
dans le langage de Veja: la destruction du populisme à
l’âge des médias.
Quoique le président Fernando Collor apparaisse
comme prisonnier de ses actes moraux, de son manque
de vertu, le but des récits de Veja est d’effacer les racines
du populisme médiatique qu’il avait participé à construire
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au cours de la campagne présidentielle et dans la première période du gouvernement Collor de Mello.
Effacer l’image du “Chasseur de Maharajhas” en le
transformant, soudain, en homme sans vertus. Cela équivaut à une procèdure a-historique, une façon de cacher
les liaisons éthiques qui ont été à l’origine de l’élection de
Fernando Collor et, encore une fois, dénier aux lecteurs
la possbilité de comprendre quelles sont les autres forces
qui articuleront l’occupation de la présidence après la sortie de Collor.
Le fait le plus grave, dans cette déconstruction des
vertus politiques de Collor, c’est la création d’une fossé
politico-sociologique qui empêche la comprehension des
faits sociaux, comme si les événements se situaient hors
des questions de l’État. C’est pourquoi Veja essaye de détruire l’image politique de Collor en évoquant sa folie et
son cynisme, sa vertu perdue.
L’acteur sans vertus
Le magazine Veja écarte l’acteur Fernando Collor de
Mello de la scène politique en construisant, du point de
vue éditorial un exil. C’est pourquoi le reportage du 28
octobre 1992 paraît sous la rubrique “Exil”, suivi d’un titre
qui reprend une phrase de Collor: “Je reviendrai”. (18).
Dans cet article, le président Fernando Collor de
Mello est presenté comme un homme sans emotions,
rationnel, mais, surtout, éloigné de la réalité politique,
Autor
Referências
Le
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- Wellington Pereira
un homme sans qualité à la Musil(19), enclin à la défaite, privé de l’appui de ses amis, plongé dans la souffrance de l’ exil:
On grandit dans la souffrance. C’est un moment
d’apprentissage, de recherche spirituelle. On ne mûrit
pas dans une serre, mais dans les dégoûts, dans la lassitude. Je vis un moment très dur, mais ne ne peux oublier
mon objectif qu’il soit bon au mauvais. (20)
Après avoir démontré la souffrance de Collor dans
son ostracisme politique, Veja essaye d’exercer une sorte
de meta-lecture de la procèdure de mise en accusation sur
les actes de corruption partiqués par Fernando Collor de
Melo et les membres de son gouvernement. Cette lecture, méta-politique, peut-être, est construite à partir d’un
jeu de langage, où, à travers des lectures effectuées par
Collor, le magazine recherche une définition de la classe
politique, en donnant même la parole au président:
Je suis en train de lire Doutrina da Classe Política et
Teoria das Elites, de Ettore Albertoni, où sont faites
des analyses du traité de Vilfredo Pareto, un socioloque
italien. Vous savez que le terme élite, vient du latim
eligere qui signifie élire? L’élite, ce sont les élus. Plus
par la fourtune ou par les circonstances. Il y a, aussi, l’élite des gouvernants et l’élite du gouvernement et
l’élite des non-gouvernés. Je lis aussi Teoria e Prática do
Governo Moderno, de Herman Fines. En 1 150 pages,
ils nous donne 260 definitions de la liberté. Dans un
passage il écrit: “Le merite de la démocratie consiste
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Sumário
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à obtenir, pour un le plus grand nombre possible (sic),
le bénéfice social”. Je marque tous les livre que j’ai lu.
Sur la suggestion de la revue Superinteressante, j’ai
acheté Meio ambiente e Pobreza, de Jeffrey Leonard,
et 11 Questions sobre a Terra e o Espaço, de Isaac Asimov. J’ai cherché A poluiçao do Cosmos, mais je l’ai pas
trouvé pas. Le soir, je lis un livre écrit par un journaliste
portugais, Miguel Esteves, qui parle des aventures de la
République portugaise. (21)
Cet extrait du reportage révèle que, à travers les paroles du président Collor de Mello, de même qu’ à travers
ses lectures, Veja dénonce le portrait du président lui-même, des élites qui ont soutenu sa candidature, rappelle les
circonstances socioeconomiques qui permis l’élection du
“chasseur de maharajahs”. Mais le magazine laisse entendre aux lecteurs que Collor n’a pas compris le mécanisme
de la politique, lorsqu’ il a exercé le mandat de président.
En réalité, Veja cherche à lier Collor à un certain modèle
de politiciens brésiliens, comme si il y avait une régle générale pour apprécier les actes en politique.
Collor de Mello est puni. Le magazine essaye de
montrer qu’il n’avait pas les valeurs éthiques nécessaires
pour gouverneur le Brésil, en insistant sur la perte de la
vertu, au sens moral. Mais quelle vertu Collo a-t-il perdue?
Dans l’extrait du reportage, ci-dessus, nous avons vu que,
d’une certaine façon, le magazine récupère la vertu intellectuelle de Fernando Collor de Mello, en présentant les
lectures qu’il en train de faire sur la société, le gouvernement et l’environnement. D’emblée, donc le lecteur perAutor
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Le
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- Wellington Pereira
çoit qu’il lui manque la vertu morale. Mais quelles sont les
différences entre la vertu morale et la vertu intellectuelle?
Cela est bien expliqué par Aristote, dans son livre, Éthique
à Nicomaque:
La vertu apparaît sous un double aspect, l’un intellectuel,
l’autre moral; la vertu intellectuelle provient en majeure
partie de l’instruction, dont elle a besoin pour se manifester et se développer, aussi exige-t-elle de la pratique
et du temps, tandis que la vertu morale est fille des bonnes habitudes, de la vient que, par un léger changement,
du terme moeurs sort le terme moral.Cette constatation
montre clairement qu’aucune des vertus morales ne naît
naturellement en nous; en effet, rien ne peut modifier
l’habitude donneé par la nature(...) Ce n’est ni par un
don ni par un effet de la nature, ni contrairemùent à la
nature que les vertus naissent en nous; nous sommes
naturellement prédisposés à les acquérir, à condition de
les perfectionner par l’habitude(...). (22)
Dans un sens contraire à ces réflexions d’Aristote, le
magazine veut introduire une vertu morale dans l’univers
de la politique, sans voir que la construction de la vertu
en politique ne passe pas, simplement, par une réflexion
de morale personnelle.
Dans sons souci de proposer des explications pour
l’ostracisme de Fernando Collor de Mello, Veja oulbie que,
au début de la candidature Collor de Mello, les vertus du
politicien furent reléguées au deuxième plan du jeu, et
que son image d’un restaurateur de la morale fut érigée
au-delà du politique, mettant en application une définiton
Capa
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d’après Michel Maffesoli qui démontre bien l’autoritarisme
langagier de Veja dans son soutien à la présidence Collor.
Dans son principe de construction de l’mage du candidat Fernando Collor de Mello, le magazine Veja a caché
le principe de la vérité des faits politique qui ont conduit à
la candidature Collor, en utilisant des artifices langagiers
chers à la théorie du journalisme d’information, à savoir:
nier l’interpretation des faits( les dénonciations pour malversation de l’argent public dirigées contre Collor de Mello,
quand il était gouverneur de l’État d’Alagoas, par exemple)
et élaborer des faits nouveaux qui deviennent vertus politiques prêtées a Collor, jeu dangereux pour l’énontiation
des faits dans la société moderne, comme nous explique
Hannah Arendt:
Bien que les vérités politiquement les plus importantes
soient des vérités de fait, le conflit entre la vérité et
la politique a été pour la première fois découvert et
articulé relativement à la vérité rationnelle. Le contraire
d’une afirmation rationnellement vraie est, soit l’erreur
et l’ignorance, comme dans les sciences, soit l’illusion
d’opinion, comme en philosophie. La fausseté délibérée, le mensonge vulgaire, jouent leur rôle seulement
dans le domaine des énoncées de fait, et il semble
significatif et plutôt bizarre que dans le long débat qui
porte sur l’antagonisme de la vérité et de la politique,
de Platon à Hobbes, personne apparemment n’a jamais cru que le mensonge organisé, tel que nous le
connaissons aujourd’hui, pourrait être une arme appropriée contre la vérité. (23)
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Referências
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C’est ce pouvoir d’organiser les mensonges en vertus, quand même mensonges qui donne au journalisme
un langage totalitaire, capable de produire des scénarios sociaux qui ne tiennent compte ni des classes, ni de
l’organisation des groupes urbains ni même de l’existence
d’autres formes de résistance sociale, situées en dehors de
la notion de production de marchandise et d’exploitation
de la main d’oeuvre.
Si la lecture de la société qui part des fondements
du jornalisme d’information se fait à travers des macrostructures, de même la critique journalistique se situe à
l’intérieur des rapports entre l’État ses gouvernants et ses
adversaires. Le journalisme d’information, repose sur un
axiome: la vertu des individus est la vertu du modèle économique, et l’un peut forger l’autre.
Fidèle a son projet d’un État moderne, dont les principes seraient l’économie et l’éthique du neolibéralisme,
Veja banit le politicien Fernando Collor de Mello, encourageant les lecteurs à une réflexion sur la personnalité du
président: “Cynique ou fou?”. Ce titre du reportage publié
dans l’édition du 23 décembre 1992, démontre bien le
processus d’effacement politique de Collor de Mello par
le magazine. Dans le premierr paragraphe, le magazine
décrit des scènes du quotidien de Collor de Mello:
Tous les matins, l’accusé Fernando Collor revêt son uniforme de président:complet kaki, drapeau brésilien sur
la poitrine et cravate-rayée, il traverse à pied, la rue qui
sépare la Maison de la Dinda de la bibliothéque de son
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père, où se trouvaient les anciens logements de la Garde Présidentielle,et qui fonctionne, maintenant, comme
gabinet du président congédié. Comme il l’a fait dès son
arrivée à la présidence de la République, Collor interpréte plus d’un personnage. Cette fois, il joue le rôle
de la victime. Victime des machinations des politiciens,
qui ont imposé la destitution. Victime des entrepreneurs
mécontents de son projet de modernisation. Victime des
forces vaincues dans les luttes pour la présidence de la
République. En se présentant à deux randez-vous, la semaine dernière, il en a profité pour se poser en victime
héroïque. Mais on a entendu un nombre de mensonges,
de délires, d’astuces, qui paraissent forgées par une
personnalité névrotique divisée en deux. D’une part en
effet, Fernando Collor apparaît un cas clinique de folie.
De l’autre, il il semble un pur cynique. (25)
Ce reportage est un exemple du caractère meurtrier du langage de Veja, parce qu’ il va tuer l’image du
politicien Fernando Collor de Mello en niant,justement,
le point du projet politique de Collor que le magazine
a soutenu de manière très forte: la modernisation et la
situation se retourne. Collor est chassé du plateau politique, où il avait placé par Veja comme le metteur en
scène d’une nouvelle politique.
Langage totalitaire des récits de Veja(voir le chapitre sur la mort du journalisme d’information), futur loitain, dans lequel le magazine avait essayé de situer les
paramètres du développement pour la société brésilienne, en faisant de Fernando Collor de Mello le “sauveur de
la patrie”; Veja oublie son passé de partenaire du proAutor
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jet Collor et punit le président en lui appliquant d’autres
stéréotypes: stéréotype du fou ou du cynique , et procède
comme s’il était le promoteur du renouveau de la démocratie brésilienne . Ainsi, après avoir expulsé le buffon
Collor de Mello des ses récits, le magazine prêche le renouveau de la démocratie.
Du surhomme, du politicien capable de vaincre
l’inflation avec ses gestes spectaculaires, de l’homme
élegant, de l’homme raffiné qui parle plusieurs langues
étrangères, du politicien modernisateur, Il n y a plus traces dans les récits de Veja. L’image du super-politique
Fernando Collor de Mello est effacée de la mémoire des
lecteurs, par le moyen d’un recours aussi efficace qui autoritaire: la description.
Dans le journalisme d’information pratiqué par Veja
pendant la période de la présidence Fernando Collor de
Mello, les lecteurs ont été mis en rapport avec les faits
à partir de la description des événements politiques les
plus souvent. Dans un exercice de perception sociale monochrome, où les différences sociales ne sont plus
sorties dans la pluralité des individus, ni leurs formes
d’organisation sociale. C’est pourquoi nous appelons cette
“nouvelle” démocratie naugurée par Veja, après le limogeage de Collor, “démocratie descriptive”. Elle sera l’objet
du prochain chapitre.
Notes Bibliographiques du chapitre XIX
(1) JOSÉ, Emiliano- Imprensa e Poder: ligações perigosasEDUFBA-HUCITEC- Salvador-São Paulo, 1996.
(2) Veja , édition du 8 juillet 1992.
(3) Voir Aristote, La Rhétorique.
(4) BALANDIER, G;- Le pouvoir sur scène; op. cit. p.55
(5) Le Petit Robert- Dicionnaire de la langue Française- Liris
Interactive, 1998.
(6) TOURAINE, Alain- procution de la Société- le livre de Poche,
Paris, 1973. P. 146.
(7) Veja, édition du 17 juillet 1992.
(8) BALANDIER, op. cit. p. 63.
(9) BOUDOT, Pierre- L’ostracisme in: Encyclopedia UniversalisEdition Cd-Rom, version 3.0.
(10) idem;
(11) Veja, édition du 26 août 1992.
(12) idem;
(13) BOUDOT, op. cit.
(14) idem;
(15) PEREIRA, Wellington- A ética do ostracismo tem um valor
político- in: Mídia em Debate, Jornal O Norte, João Pessoa,Domingo, 13 décembre, 1992.
(16) Veja, édition du 14 octobre 1992.
(17) GRENIER, Jean- La Vie Quotidienne, Gallimard, Paris,
1982, pp. 186/187.
(18) Veja, édition du 28 octobre 1992.
(19) MUSIL, Robert- L’Homme Sans Qualités, Éditions du Seuil,
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paris, 1995.
(20) Veja, édition du 28 octobre 1992.
(21) idem;
(22) ARISTOTE, Éthique à Nicomaque, p.51.
(23) ARENDT, Hannah- La Crise de la Culture- Folio, Essais,
Éditions Gallimard, Paris, 1984, p. 294.
(24) Veja, édition du 23 décembre 1992.
(25) idem.
Chapitre X
La description du quotidien
et la négation du subjectif
La démocratie descriptive
Dans les récits de Veja qui correspondent à la période
de “l’exil” du président Collor de Mello, de son éloignement
de la présidence de la République, il y a un moment où le
magazine va transmettre aux lecteurs une certaine notion
d’effervescence sociale, dont le ferment paraît être la re-démocratisation de la société brésilienne, c’est le moment
où tout le monde descend dans la rue pour protester contre
la corruption du gouvernement Collor de Mello.
Le mouvement que Veja a consideré comme un
exemple de mobilisation de la société civile, a commencé
avec une convocation du président Fernando Collor qui,
dans un discours daté du 13 août 19, dénonce un conspiration contre son gouvernement et appelle la population à
manifester son soutien en arborant le dimanche les couleurs nationales.
La Bataille des Couleurs ou Mouvement des “Caras-Pintada”(en reférence aux militaires rebelles angentins)
sont les noms donnés aux manifestations de rue des jeu-
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nes brésiliens qui protestent contre le pouvoir de Collor.
Mais , le magazine Veja profite de la situation et leur prête
une “couleur démocratique” plus forte que la réalité.
En vérité, il s’agit d’un moment où les vraissemblances historiques se trouvent confrontées à l’imaginaire médiatique. La lutte des “guérilleros” contre la dictature militaire, dans les années soixante, la symbiose entre la culture de
la société de consommation, la culture pop et l’introduction
de ses élement conceptuels dans la musique populaire brésilienne, dans le theâtre et dans les arts en général, fondent
un certain mélange de liberté et de rage qui éclate contre le
pouvoir représenté par Collor et son entourage.
A la télé Globo, un feuilleton intitulé Les Années
Rebelles, dont le leitmotiv était sur une chanson de Caetano Veloso-une des compositeur brésilien le plus connus- Alegria, Alegria- pousse le Brésil au retour au rêve
d’une démocratie perdue pendant la nuit du gouvernement militaire.
La jeune génération des années soixante chante
l’hymne à la joie et à la joie composé par Caetano. C’est
aussi un moment de révision des lignes idéologiques des
partis de gauche. Soudain, les mots des anciens reviennent à la bouche des garçons et filles nés trois génerations après le début de la luttre contre l’autoritarisme
des militaires.
En pratiquant une mauvaise articulation verbale,
Collor a placé le Brésil dans un carrefour historique, dessiné par les images utilisées par une nouvelle puissance
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politique, celle des tribus urbaines, particulièrement concentrées à Rio de Janeiro, Brasília, São Paulo et Belo Horizonte, comme le montre Pierre Broué:
Le 15 août tout le monde était dans le bleu, pas celui
du drapeau, mais celui de la confusion. On avait lancé
l’idée de manifester en noir, un deuil symbolique pour
les crimes commis par le Président(sic) contre le peuple. Mais d’autres, en particuliers les diregeants du PT
préoccupés par les élections municipales, répugnaient
à laisser à l’adversaire le monopole des couleurs nationales. Certains préconisent un brassard vert et jaune
avec l’inscription “assez” en noir. Finalement José Dirceu
(député du Parti des Travailleurs-PT) répéta qui’il ne fallait
pas abandonner à Collor les couleurs nationales et qu’on
les combinerait avec le noir sur des petits drapeaux vert
et jaune portant en noir l’inscription: “ Brésil, oui! Collor,
dehors!”(...) Deux jours après sa manifestation étudiante, sous l’impulsion d’un comité d’organisation présidé
par le dirigeant régional de la CUT (Central Unique des
Travailleurs), Washington da Costa, Rio de Janeiro reussisssait une deuxième manifestation sous la forme d’un
cortège de deuil, marche à pied de 10 km d’environ 100
000 personnes et d’un défilé de 200 voitures. (1)
Cette démonstration de l’organisation des étudiants
et des partis de gauche présentée par Broué est vide, au
plan de l’analyse de conjoncture. Ce qui est peut-être dû
à la proximité idéologique de l’auteur avec les membres
du parti des travailleurs; rappellons nous que Lula (‘adversaire politique de Collor aux élections présidentielle de
1989) à ecrit la préface du livre de Pierre Broué.
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La faute de Broué , est la même que celle de Veja,
quand il parle du mouvement des étudiants, de la force
jeune qui s’éléve contre le pouvoir corrompu de Collor de
Mello. Ils sont inscrits dans l’exercice du totalitarisme linguistique et l’erreur consiste à décrire les manifestations
démocratiques, sans les interpréter. L’un, Broué, comme
historien nie les origines des faits; l’autre;le langage de
presse, le récit de Veja, donne aux lecteurs une vision où
la démocratisation n’est qu’ un événement sans racines
spacio-temporelles.
Le titre du reportage publié par Veja le 19 août 1992,
Alegria, Alegria (Joie, Joie) reflète bien la médiatisation
du sens de la démocratie, cair il mélange les images du
feuilleton , le vers de Caetano Veloso avec un certaine
explication donnée par jeunes sur leur participation aux
manifestations politiques:
Tant à Rio qu’ à São Paulo, les manifestations des jeunes sont un réflet des Années Rebelles. “On était très
désinformé. On ne savait pas, qu’ il y avait une dictature, explique Elaine Barreto Santos, 15 ans,élève de
l’Institut d’Education, qui est connu à Rio comme une
école conservatrice. Même ainsi les élèves de l’Institut
ont organisé leur participation avec un humour typique
de la géneration des nouveaux rebelles(...). “Les choses
ont changé dans l’école, et notre groupe est très politisé. Si j’avais à lutter pour défendre le Brésil, comme
les personnages des Années Rebelles, je ferais cela sans
penser”, a déclaré Jaira Lima Ruas, 16 ans. (2)
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Plusieurs fois nous avons rappelé que le magazine
utilise la fiction pour renforcer la description de la réalité. Dans la citation, ci dessus, nous pouvons vérifier que
Veja souligne l’influence du feuilleton Années Rebelles
exibés par la Télé Globo dans les comportements des
jeunes manifestants. Cette réciprocité entre le quotidien
politique du peuple brésilien et le quotidien des personnages des telenovelas est bien marquée dans l’espace
urbain. Et même dans un moment très important de la
vie politique au Brésil, le principal magazine d’information va recourir à un monde fictionnel, ponctué par les
règles de la société de consommation, pour expliquer la
nécessité d’une procèdure de mise en accusation contre
le président corrompu.
Cependant, le problème le plus frappant, du point
de vue d’une analyse du discours de Veja, reste le
manque d’une explication claire pourtant sur la signification des manifestations de la société civile contre
Collor de Mello.
Initialement, dans la configuration de la Cour du
président Fernando Collor de Melo, il n’y avait pas de société civile. Collor était le souverain, le monarque élu pour
sauver les humbles de l’exploitation et de la violence pratiquées par les riches. Il dévait gouverner sans opposition,
parce que ses idées étaient les meuilleures pour le bien
du pays. La fonction de la société civile était d’appuyer le
projets du président-roi, qui avait trouvé le chemin de la
modernisation du pays.
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Mais, quand ce président se révèle corrumpu, le magazine va établir de nouveaux parametres démocratiques
pour la société brésilienne. Il appuie ses fondements sur
un processus très cher à l’utilisation démocratique du discours: la description.
En décrivant les manifestation politiques organisées
contre Fernando Collor de Mello, Veja élève la possibilité
de comprehénsion de la fonction sociale de chaque individu, et même celle de la notion de démocratie, parce
que la démocratie descriptive construite par le magazine,
pendant la période de la destitution de Collor est très démonstrative, sans être analytique, du point de vue même
de l’interprétation historique des faits. Cette sorte de démocratie démonstrative est celle dont parle le professeur
André Akoun, quand il évoque dans L’Illusion Sociale le
caractère de la démocratie jacobine:
La démocratie jacobine est une démocratie démonstrative. Les hommes du pouvoir ne viennent pas devant
l’Assemblée pour délibérer, mais pour expliquer des décision prises(...). (3)
Il est très important d’essayer de faire quelques remarques sur la différence, dans les récits journalistiques
de Veja, entre la démonstration et la description. Dans
le processus de la démonstration, il y a un exercice de
raisonnement, une opération mentale visant à exposér le
décisions, la prise de pouvoir, qui exige une vérification
du cours des choses, même de façon autoritaire, comme
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le rappele monsieur Akoun, dans sa définition de la démocratie jacobine. Cependant, cette notion de démocratie
descriptive utilisé par le langage journalistique, est une
tentative d’énumération portant sur les caractères des
faits sociaux.
La notion de description de la réalité est un des pilliers de la technique du journalisme d’information. En décrivant les mouvements sociaux, le journalisme exerce
une sorte de “paralysie sociale”, parce qu’ il ne donne pas
aux lecteurs la possibilité de trouver ni de comprendre
l’expression esthéticosociale que forme la pluralité significative des rapports entre les divers segments sociaux.
La description de la manifestation étudiante, protestant contre la corruption du gouvernement Collor de
Mello, fait qu’échappent aux lecteurs les raisons politiques
et anthropologiques de ce mouvement. C’est pourquoi
que nous pouvons constater que pour Veja, l’importance
des “caras-pintadas” s’inscrit dans le même ordre que les
faits divers, événements qui sont exposés comme des
phénomènes sans racines sociales.
Cependant, le magazine essaye d’expliquer que le
mouvement des jeunes étudiants brésiliens est une prise
de conscience de la réalité socio-politique, et ne manque
pas de souligner l’influence du feuilleton Les Années Rebelles sur la marche des “caras-pintada”:
Malgré l’influence du feuilleton, c’est une illusion de penser que la vie imite l’art. Dans les manifestations, les
jeunes démontrent une perception aiguë de ce qui se
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passe dans le pays. Ils ont résolu, tout à coup, le problème de fond dont le président du PT, Luis Inacio Lula
da Silva, et le président du PMDB, Orestes Quércia, ont
discuté la semaine dernière. Quércia a dit à Lula qu’ une
des craintes des politiciens du PMDB concernant les manifestations contre le président Fernando Collor de Mello,
etait d’être hués par le militants du PT (...). (4)
Les manifestations des jeunes étudiants brésiliens
contre la corruption, l’abus de pouvoir et le manque de
garanties sociales sous le gouvernement du président Fernando Collor de Mello représentent bien la notion de démocratie liée à l’idée de liberté, ou même le concept classique de démocratie, d’après Aristote: le gouvernement
de chacun par tous et de tous par chacun(5). Mais étant
donné la manière dont les événements sont présentés par
Veja, la possibilité d’entendre la démocratie comme une
manifestation tournée vers la liberté, comme une lutte
contre le totalitarisme de l’État se perd dans le manque
d’analyse de la conjoncture.
Un des problèmes de cette célébration d’un “renouveau” démocratique, partant du mouvement des “Caras-pintada”, est que le magazine, plus d’une fois, juge
que les politiciens sont incapables de résoudre, ce qu’il
appelle le problème de fond: l’incapacité d’une articulation démocratique entre les partis, dans la lutte contre
la corruption. Le manque d’explication claire de ce qui a
représenté la mobilisation de la société contre Collor, dans
les récits de Veja, est regrettable.
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Dans un coup d’audace, nous dirons que Veja a utilisé les mouvements des jeunes étudiants comme une stratégie permettant d’échapper aux humiliations de la justification éditoriale subi par plusieurs journaux, qui on nie
au dernier moment leur appui à Fernando Collor de Mello,
c’est ce que démontre Plínio de Abreu Ramos, dans son
essai, A politica econômica do governo Collor e a imprensa: do apoio à decepçao (6).
Ce qui pose problème, c’est que dans le jeu de cette
démocratie descriptive, le journalisme d’information n’est
pas engagé dans l’élaboration d’une lecture plurielle du
quotidien. C’est la raison pour laquelle nous pouvons nous
demander pourquoi la mobilisation sociale des citoyens
brésiliens contre le gouvernement Collor de Mello est
considérée uniquement comme une grande lutte démocratique, dans les récits de Veja, quand les médias ont
retiré leur soutien politique au président?
Cette célebration abrupte de la “politisation” des
couches sociales representée par les manifestations des
étudiants, par le peuple dans la rue, ne signifie plus chez
Veja que le caractère totalitaire du langage du journalisme
d’information, qui essaye de remplacer une représentation
de la réalité par autre représentation de la réalité. Pourtant, ces manifestations sociales ont toujurs, se situant
sur différents plans esthétiques ou sociaux, sous une forme parfois violente, parfois douce, lorsqu’elles suivaient
une éthique de la ruse, mais la simple description de ces
mouvements ne peut pas démontrer cette complexité.
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- Wellington Pereira
La campagne pour l’effacement de l’image du chasseur de maharajahs, que Veja a conduite à travers la description des manifestations des “caras-pintadas” est contraire à une lecture basée sur l’expression maffesolienne,
libertés interstitielles qui peuvent expliquer plus précisément cette explosion démocratique dans les rues du Brésil, dirigée contre le président Collor de Mello:
À côte des explosions, de divers ordres, qui, lorsque
celui-ci devient par trop étriqué, trouent le tissu social,
il existe d’autres manières, plus adoucies, de déstabiliser le politique, d’en montrer la relativité et l’aspect
limité. Ce pourra être l’abstention, la ruse, l’ironie, l’inversion carnavalesque, et bien d’autres modulations
encore. Toutes choses qui redisent la scessio plebis, qui
rappellent qu’il existe de nombreuses manières de se
retirer sur l’Aventin. Tout comme dans les formes effervescentes des utopies en majuscules, il s’agit de vivre,
en mineur, une multiplicité de petites utopies interstitielles, qui toutes manifestent un instinct de conservation de groupe(...). (7)
Ces libertés interstitielles ne sont pas visibles dans
la description des faits sociaux, que fait le journalsime
d’information. Et ce genre de journalisme veut contrôler
rationnellement les trous du tissu social. Selon ce principe,
Veja, en diffusant les manifestations des “caras-pintada”
sans expliquer leur pourquoi, exerce un totalitarisme langagier, puisque le magazine va offrir aux lecteurs une démocratie (é)dictée.
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Cette démocratie (é) dictée, née du caractère descriptif du langage du journalisme d’information, a pour le
but de vider de leur signifié les faits sociaux en effaçant
la narration du quotidien (les formes discursives, verbales
ou non verbales-interagissant dans les diverses formes
sociales) et des les remplacer par des représentations en
accord du gouvernant. C’est ce qui s’est passé avec le discours démocratique qui, dans le langage de Veja et de la
majorité de la presse brésilienne, demandait que Fernando Collor de Mello quitte la présidence de la République,
dans une sorte, pour user d’un terme emprunté à Eugène
Enriquez (8): démocratie programmée, visible dans le reportage du 30 décembre 1992, dont le titre “La farce dans
la farce” est bien évocateur:
Dans l’après-midi de lundi , à la veille de son jugement
pour crime de corruption, le président Fernando Collor
de Mello a envoyé deux lettres au Sénat. Dans un document, il a communiqué la destitution de ses avocats,
Evaristo de Moraes Filho e José guilherme Villela, chargés de la défense. Dans l’autre, intitulé Lettre à la Nation, le président se présente comme “victime d’une
campagne diffamatrice sans précédent dans l’histoire
du pays, il se dit très préoccupé pour les libertés démocratique. Il reclame un jugement juste et impatial”.
C’était la farce dans la farce. Le souci de Collor pour
les “libertés démocratiques”, pour ses droits de citoyen,
est aussi sincère que les inoubliables discours indignés
prononcés à la Télé- ceux où Collor a parlé de tout, sauf
de la vérité(...). (9)
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- Wellington Pereira
Dans les récits de veja sur le quotidien du gouvernement Fernando Collor de Mello les contraditions sont
bien évidentes au moment où le magazine abandonne
tous les référents informationnels pour construire l’image
de Collor de Mello, super-politicien pour créer un autre référent imaginaire,caractérisé par la pratique d’une démocratie (é)dictée, où les mouvements politico-esthétiques
sont comprimés dans une sorte de présentation de la réalité rangée dans un “présentoir” où figurent des offres de
liberté desconectées de la vie quotidienne. C’est pouquoi
le magazine change ses référents, ses sources à propos
de la marche de Fernando Collor, comme si la vie politique
était un univers lié à la seule pragmatique de la production industrielle et à la formation de l’État.
Le magazine Veja n’a pas considéré que toutes ces
manifestations contre la corruption du gouvernement Collor de Mello, corruption qu’il a dévoilée dans les derniers
moments, étaient dejà connues de la majorité de citoyens
brésiliens, mais que, dans la logique du journalisme d’information, il dévait s’associer à cette dénonciations seulement à partir du moment où la puniton était officialisée
par les institutions.
Le cri du peuple, la ruse, le jeu des couleurs, la parodie des vertus sur les trottoirs du pays, ont été exposés aux
lecteurs comme la preuve d’une résistance en faveur de la
démocratie. Mais pourquoi cette résistance n’avait-elle pas
été montrée pendant la période de totalitarisme économique
et culturel(Collor a interdit l’action de l’État dans la culture.
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Pourquoi a-t-il fermé le Ministère de la Culture ? Nombreuses
sont les réponses à une premisse unique; ce que Veja a fait
: trucage des informations, la négation du portrait de Collor établi au début de son gouvernament représente bien
la faillite du magazine dans sa méthode de lecture des faits
sociaux, liés au quotidien du président Fernando Collor de
Mello. C’est la négation des formes quotidiennes, dans leur
sens esthétique et politique, comme moyen de lutte contre
le langage totalitaire du realjournalisme.
Le realjournalisme
Les dificultés à comprendre les rapports entre la politique du gouvernement Fernando Collor de Mello et le
quotidien brésilien, au cours de cette période-là, sont un
des problèmes imposés par le journalisme d’information
dans la société postmoderne.
Dans le récit du journalisme d’information la construction des événements sociaux respecte une logique de
fragmentation du temps, tout se passe comme s’il n’y avait
aucun lien entre les faits. C’est une logique d’éclatement,
associé à une puissance d’effacement des marques du lieu
où sont produites les paroles des individus.
Pour le journalisme d’information, la seule chose importante, c’est la démonstration des événements, au niveau
de la description même, puisque raconter exige une pluralité
du discours, et que le journalisme se preoccupe seulement
de la manifestation matérielle du signe, le signifiant.
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Referências
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- Wellington Pereira
Cependant, à partir de cette insistance sur l’importance des référents, dans une tendance a privilégier la
rationalité, le journalisme d’information nie l’importance
du subjectif pour une compréhension des forces sociales
responsables de la construction de la société.
Dans l’affaire Fernando Collor de Mello, Veja a une
tendance du journalisme d’information que revient à reconstruire le quotidien d’une façon totalitaire, parce que
dans un premier moment, lors de la campagne de Collor
pour la présidence de la République, le magazine a privilégié la théâtralisation du politique, en occultant les faits
qui auraient été importants pour la compréhension de la
candidature Collor de Mello, Et dans un second temps, il
va créer une rupture de sens pour dire aux ses lecteurs
que le président élu ne sert plus les principes démocratiques de la nation.
Cette coupure abrupte des faits et des acteurs
sociaux dans le processus de construction du realjournalisme a une facette totalitaire, puisqu’il considère
comme possible d’éluder ou de promouvoir des signes
de la vie quotidienne sans expliquer les origines de leur
mise en image.
Dans le realjournalisme le présent s’écoule comme
une denrée périssable.Dans une formule où le présent est
dit sans être orieinté vers le futur, et sans mention du
passé, parce que pour le journalisme d’information la réalité est un jeu de superpositions des représentations factices du quotidien.
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Parfois, il y a des similitudes entre le realjournalisme
et la realpolitik, principalement , lorsque nous considérons la
construction d’une politique basée sur les rapports de force.
Mais du point de vue de la création de la réalité, le realjournalisme omet de démontrer aux lecteurs les variations
idéologiques qui sont les points qui articulent le tissu social.
La déclaration du porte-parole du président Fernando Collor de Mello, “Il ne devait pas finir comme ça”(10),
represente bien cette capacité de superposer des réalités
qui est propre au realjournalisme, manière de nier le présent, de renvoyer les lecteurs à une logique où le temps
social est découpé en morceaux sans continuité.
La phrase du porte-parole du président déplorant la
manière dont le gouvernement Collor a pris fin, donne la
mesure de la fragmentation du politique promue dans cette
période, en même que de sa lecture d’un quotidien voilé,
mis entre la théâtralisation du politique et les modes sociaux
imposés par les règles de la société de consommation.
Cependant, dans la pensée du porte-parole, lui aussi
homme de presse, la construction de l’image du président
Fernando Collor de Mello dans les médias brésiliens, principalement dans la première phase du gouvernement,
était bien conçue, parce qu’elle respectait les postulats du
realjournalisme, révéler les images sans chercher identifier les racines socio-culturelles.
Ce que le porte-parole du gouvernement Fernando
Collor de Mello n’avait pas compris, c’est que le realjournalisme construit ses énoncés avec les règles de la gram-
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Referências
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- Wellington Pereira
maire des marchandises, où ce qui est important ce sont
les effets fantasmagoriques dont le but est de conduire les
lecteurs à une certaine compréhension des faits, ou même
l’idée de la complétude d’un temps social forgé dans l’objectivité du journalisme d’information.
Le temps social dans le realjournalisme naît à partir
de la faillite des rapports sociaux qui devient être d’emblée remplacés par d’autres enjeux politico-culturels.C’est
pourquoi ,dans cette construction temporelle des faits
journalistiques qui obéissent à la grammaire de la société
de consommation, l’image d’un président corrompu est
abruptement effacée, sans qu’aucune connexion ne soit
établie ni avec sa trajectoire personnelle ni avec ses rapports au présent.
Le reajournalisme est la pour transmettre son besoin de construction d’une société parfaite, construction
qui ne nécessite pas que l’on conjugue au présent un
temps capable de nourrir des reflexions sur le passé et
le futur, parce que le but du realjournalisme est d’empiler
des images, des dicours et de leur donner un nouvel ordre
esthético-politique, en niant l’actuel, en sautant de la raison à l’utopie, de l’utopie au néant.
La formulation du quotidien dans le realjournalisme
est ourdie dans une idée de progrès où le présente n’ a
pas de place, dans la recherche de la société parfaite,
comme l’explique Michel Maffesoli, dans son livre, La Violence Totalitaire:
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Sauter par-dessus le présent au nom de la perfection de la
société parfaite, c’est encore passer à côté de l’épaisseur
et de la densité sociale du vécu social, ce qui revient à
dire qu’il ne convient pas de canoniser la réalité sociale, le statu quo, mais de voir comment, les situations
humaines sont un mixte de spectacle et d’authenticité,
d’acceptation et de révolte, de banalité et d’aventure, en
un mot, sont les liens de l’ambivalence (...). (12)
Le problème, c’est que le realjournalisme n’admet
pas l’ambivalence des représentations de la vie quotidienne. C’est pourquoi dans l’affaire Collor de Mello, au
début du gouvernement Collor, le magazine a caché les
contradictions qui avaient entouré la campagne présidentielle, parfois accompagnée d’accusations de corruption et de malversation de l’argent public dirigées contre
Fernando Collor de Mello, quand il était gouverneur de
l’État d’Alagoas. Et c’est seulement, à la fin d’une procèdure de mise en accusation, que le magazine se résout
à substituer à l’image de Collor, politicien moderne, incorruptible, celle d’ un double, voleur et assassin de la
moralité publique.
Ce processus de susbstitution, voie même de négation, des concepts, des images créées sans références
exactes, qui servent à une sorte de jeu de la domination
sociale, puisque la représentation du quotidien prend une
forme linéaire qui ne reproduit pas les contradictions existantes entre les acteurs sociaux, en un mot, la violence du
realjournalisme est tissée dans l’échange d’une réalité par
Autor
Referências
Le
quotidien voilé
399
- Wellington Pereira
une autre, dans la logique des systèmes politiques totalitaires, étudiées par Hannah Arendt:
Rien ne caractérise mieux les mouvements totalitaires
en général, et la gloire de leurs chefs en particulier, que
la rapidité surprenante avec laquelle on les oublie et la
facilité surprenante avec laquelle on les remplace. (13)
C’est dans cette logique de remplacement des idéologies, des chefs, et même des données de la vie quotidienne que nous pouvons mieux comprendre l’affaire
Collor de Mello dans les récits de Veja, où les variations
des concepts,des images d’un politicien nouns donnent la
dimension du journalisme d’information, “machinerie des
signes”, capable d’imposer des réalités à partir de l’idée
d’effondrement politique, de débâcle des classes sociaux,
théme très cher à Anna Arendt et à Maffesoli, parce qu’
ils démontrent comment ce système totalitaire est nourri
par la conception de la défaite des sociétés. Alors la “machinerie des signes” se résout à soutenir une “nouvelle
démocratie”. C’est le rôle du jorrnalisme d’information qu’
a joué Veja, en révoquant Fernando Collor de Mello.
Le modèle de structuration du quotidien politique du
président Fernando Collor de Mello, le double jeu des significations qui a empêché les lecteurs de mieux comprendre
les rapports entre la politique et la société brésilienne,
à ce moment-là, sont les colonnes de cette construction
objective de la vie quotidienne établie par les règles du
jornalisme d’information.
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Sumário
eLivre
Cependant, à la fin de l’affaire Collor de Mello, nous
pouvons, en lisant les récits de Veja, revenir sur ce langage
du journalisme d’information capable de déterminer de nouvelles réalités socio-politiques, tout en procédant à l’anéantissement des individus, des insitutions, dès que la liaison
entre société de consommation et politique est menacée.
La technique du realjournalisme est basée sur un
jeu de superposition des réalités langagières, à mi-chemin entre la publicité, et des réalités imaginaires édifiées
sur des faits divers. De toute façon, l’identification du
realjournalisme se fera sur le critère de la confusion qu’il
provoque dans la pensée des lecteurs, puisque tout peut
changer de signifié et de contenu, sous les auspices des
lois de la société de consommation.
Le realjournalsime représente une étape très avancée du journalisme d’information,où l’alliance entre la politique et la consommation est au sommet. Évidemment,
l’utilisation du langage, dans le realjournalisme devient
plus sophistiquée, donc l’exercice de la persuasion plus
fort, exercice dont l’intérêt est de forger des réalités et
non pas de convaincre quelqu’un, car tel est le but du
journalisme d’information.
D’ailleurs, dans le realjournalisme- si nous souhaitons faire une sociologie du journalisme- nous ne trouvons pas la différence entre le publiciste politique et le
journaliste dépeint par Max Weber (14).
Max Weber, dans Le savant et le politique, parle
des idées saugrenues colpotées par le journalisme, soup-
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Referências
Le
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401
- Wellington Pereira
çonnant et met en cause la responsabilité du journaliste (15). Comme Weber, nous avons raisons de nous
méfier du métier des journalistes, mais il faut bien observer que le problème n’est pas lié à la fonction, la
question posée est celle des contrats sociaux conclus par
les producteurs d’information, pas forcemment les journalistes, mais sourtout les propriétaires des moyens de
communications, qui pour dire la vérité sont payés par le
pouvoir, qu’il soit politique ou économique.
Ce contract d’information avec les grande propriétaires des biens de consommation a fait des médias, dans
la société post-moderne, l’univers d’échanges symboliques très vastes. Parfois, ces échanges symboliques sont
formalisées normes à visée totalitaire, ce que Serge Halimi appelle la pensée unique (16), et parfois fragile, parce
que le contrat informationnel ne réussit pas à répondre
aux besoins de la société:
La vie sociale résiste à l’écran, elle n’est pas virtuelle, elle
informe souvent davantage que l’information sur les mécanismes du pouvoir et sur l’urgence des refus(...). (17)
Dans l’affaire Fernando Collor de Mello, les analystes de la presse brésilienne, principalement des magazine
comme Veja, vont parlmer d’une “trahison de la presse”.
Nos préférons parler d’une rupture du contrat informationnel entre Collor, Veja et les patrons (ceux des latifundia
et de la société de consommation, dans toute son extension), responsable de l’effacement politique de Collor et
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Sumário
eLivre
du “renouveau démocratique”, circonstance où le magazine utilise les mécanismes d’oppression et de confusion
des signe(voir le cas des caras-pintadas) pour établir un
autre ordre social, orienté vers le néoliberalisme.
Ce qui pose problème dans la construction du quotidien politique du président Fernando Collor de Mello par
les récits de Veja, c’est la négation de l’ambivalence des
rapports sociaux. Y-a-t-il résistance à l’autoritarisme esthético-politique propre à Collor et à son entourage? Évidemment.
Cependant, le journalisme d’information, dans sa
forme la plus élaborée, le realjournalisme, réduit les différences sociales aux vérités institutionnelles, dans un premier plan discursif; dans un second, il place des manifestations des acteurs sociaux moins favorisées dans l’ordre
du fait divers. C’est pourquoi le quotidien brésilien, dans
la période Collor de Mello, voit ses signes obscurcis par le
langage totalitaire des récits de Veja.
Notes Bibliographiques du Chapitre X
1) PIERRE, Broué,- le Brésil de L’affaire Collor - Paris,
L’Harmathan, 1993, pp. 47/48
2) Veja, édition du 14 août 1992.
3) AKOUN, André- L’Illusion Social, Paris, PUF, 1989, p. 121.
4) Veja, édition du 19 août 1992.
5) ) ARISTOTE- Les Politiques-Paris, Flamarion, 1990, p. 418.
Autor
Referências
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403
- Wellington Pereira
6) PLINIO DE ABREU, Ramos- A Politicia Econömica do Governo
Collor e a imprensa: da aprovação à decepção in: A imprensa
faz e desfaz um presidente- o papel da imprensa na ascensão
e queda do fenômeno Collor, Rio de Janeiro, Nova Fronteira,
1994, p.98.
7) MAFFESOLI, La transfiguration du politique, op cit; p. 84.
8) ENRIQUEZ, Eugène - Pouvoir et Pouvoi d’État dans le processus de démocratisation et de developpement au Nord et au
Su- octobre de 1995- Pouvoir et gouvernement des hommesForum de Delphes - 27 au 30 octobre 1995.
9) Veja, édition du 30 décembre 1992.
10) ROSA E SILVA, Claudio Humberto- Mil Dias de SolidãoCollor
bateu e levou- op cit; p. 397.
11) MAFFESOLI, La Violence totalitaire; op; cit; p. 195.
12) ARENDT, Hannah - Le Système Totalitaire- les origines du
totalitarisme- Paris, Edition du Seuil. Coll point\Essais; 1972,
p. 27
13) WEBER, Max - Le Savant et le Politique- Paris, Plon, Coll,
10/18, 1963, N° 134, p. 158.
14) idem, p; 159.
15) HALIMI, Serge - Les Nouveaux Chien de Garde- Paris, LiberRaisons d’Agir, 1997, p. 46.
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Le Quotidien Voilé:
en guise de conclusion
Nous avons essayé de démontrer que la manière
dont le magazine Veja a présenté le quotidien du président Fernando Collor de Mello (du 15 mars 1990 au 27
septembre 1992) pose le problème d l’interpretation des
données de la réalité sociale dans cette période de l’histoire socio-politique et culturelle du Brésil.
Une des difficultés soulevée par la lecture de la période du gouvernement Fernando Collor de Mello dans les
récits de Veja, est le manque d’ambivalence de la vie quotidienne, puisque l’interpétation que Veja donne des faits
est construite sur la base d’un rationalisme, qui se veut
synonyme d’objectivité et d’impersonnalité.
Cependant, ce que nous pouvons constater, à partir
des concepts empruntés à Maffesoli, Hannah Arandt, Simmel, Schultz et Max Weber, c’est que cette impersonnalité
attribuée à la méthode de lecture des faits sociaux par le
journalisme, representé, quand même un exercice totalitaire de construction des réalités sociales.
Notre but est aussi de démontrer que ce modèle
du journalisme d’information, qui a dominé la presse bré-
Autor
Referências
Le
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405
- Wellington Pereira
silienne à partir de la fin des années 40, ne sert pas à
comprendre les interactions entre les acteurs sociaux responsables de la formation du tissu social, chemin qui va
du micro au macro, garantissant un minimun de dialogue
entre les couches sociales.
Néanmoins, les récits de Veja sur la période Collor
de Mello refuse aux lecteurs la possibilité de comprendre
la signification plurielle de la vie quotidienne et les apports qu’elle fournit à la politique, parce que le magazine
montre le discours politique comme construit en dehors
des micros rapports, à partir du seul institutionnel (les
partis, les institutions de l’Etat, le discours des polticiens
représentatifs des idéologies).
Ainsi, le quotidien du président Fernando Collor
de Mello est-til établir à partir d’une grammaire journalistique qui ne prend pas en compte les autres formes
aptes à saisir l’ambivalence de la société. C’est pourquoi Veja a traité la “théâtralisation politique” de Collor comme un faits divers, hors de toute logique. En
revanche, les dicours sur l’archaïme de l’État brésilien
étaient, toujours, valorisés en tant que “preuve” de la
répresentation du Brésil réel.
Mais le problème, réside dans une troisième voie
qui s’insére entre le quotidien “réel” démontré par Veja
et le quotidien théâtralisé par Collor: c’est le quotidien
voilé. Dans ce quotidien voilé, l’entassement des images
et des concepts est là pour forger un réalité langagiére
masquant la faillibilité de l’objectivité journalistique.
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Le quotidien de la vie politique du président Fernando Collor de Mello cache des contradictions, du point
de vue conceptuel et historique, qui ne donnent pas aux
lecteurs une idée claire des accords politiques, qui dans
un premier moment, ont été à l’origine de la candidature
Collor de Mello, et qui dans un deuxième moment, ont
été remplacés par d’autres, de même qu’est ignorée la
nature des procèdures judiciaires qui vont éléver Collor à
la presidence de la République du Brésil. Le point de vue
historique étant ici absent.
Du point de vue conceptuel, si on se place au niveau
de la théorie du journalisme, Veja est un exemple de la
faillite du journalisme d’information, dont la technique est
basée sur le principe d’objectivité, qui nie toutes le vérites
érigées en faveur de Collor de Mello, au commecement de
la campagne présidentielle.
Cette négation des vertus prêtées a Collor de Mello
par le magazine, s’inscrit dans la formulation d’un langage
totalitaire incarné par le journalisme d’information. Ce langage agencé un double du quotidien pour “vendre” l’image
d’un politicien sauveur de la patrie, et dans un autre moment martyriser le “sauveur”. Cela signifiait non seulement
la mort médiatique de Fernando Collor de Mello, mais aussi
la mort du journalisme d’information, dont le mode d’écriture
de la vie quotidienne a confondu la réalité langagière avec la
réalité de la vie quotidienne au Brésil a ce moment-là.
Pour les lecteurs de Veja qui ne sont pas des analystes de la presse, il es difficile de comprendre l’affaire
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- Wellington Pereira
Collor de Mello dans tout sa cohérence, puisque le quotidien du président a été offert en tranches, subjugant les
richesses socio-esthétiques de la vie quotidienne et privilégiant la logique des discours institutionnels.
C’est pourquoi pour mieux comprendre la période du
gouvernement Fernando Collor de Mello dans les récits de
Veja, il est nécessaire d’étudier les formes d’organisation et
de mobilisation des acteurs sociaux, appartenant aux élites
brésiliennes ou aux partis de gauche. Mais cet exercice d’élucidation ne peut se faire qu’ à partir d’une reconnaissance de
la pluralité des signes de la vie quotidienne.
Dans la narration journalistique du quotidien
du président Collor, Veja a oublié d’appliquer les “focus” narratif pour démontrer que, même dans le
moment d”euphorie suscité par le Plan Collor, plusieurs segments sociaux ont protesté contre les
mesures autoritaires. Le magazine a toujours privilégié les discours qui provenaient des “sources d’informations”, en réalité les structures de l’État, comme les
politiciens, les professionnels liberaux, et même les ministres et secrétaires du gouvernement. La forme sous
laquelle Veja a montré le quotidien du président Fernando Collor signifait qu’était niée la richesse de la vie
quotidienne. Ce que nous pouvons constater à deux niveau. Dans un niveau, le magazine insuffle à ses lecteurs l’idée que la politique peut être construite au-delà
des conflits sociaux et de l’action des acteurs sociaux. A
l’autre niveau, la vie quotidienne apparaît comme vide
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d’intelligence, de causes, elle n’est qu’une somme, un
ensemble de faits.
L’anéantissement des formes contradictoires de la
vie quotidienne a interdit la possibilité d’une lecture plurielle de ce qui liait e le projet politique de Fernando Collor
et les règles d’“entassement” des images dans la société
de consommation. Mais Veja a choisi comme but de la représentation du politique le sens “objectif” du journalisme
d’information, qui représentait aussi une manière de faire
éclater la force du subjectif propre à faire basculer le social, offrant ainsi un signifié du quotidien vu comme un
ensemble de faits donnés.
Sans considérer la multiplicité des signes qui ont
été construits dans une des plus importantes périodes
de l’histoire politique du Brésil, Veja a pris comme modèle, par presenter le quotidien de Collor, ou bien la
pragmatique du journalisme, exercée à traves les paroles des interviewés, ou bien qui veut que les faits
s’inscrivent en dehors de la logique de l’objectivité,
comme “faits divers”, choses extraordinaires qui appartiennent à l’imaginaire.
Pour mieux comprende la complexité de l’affaire
Collor de Mello dans le scénario de la politique brésilienne, il était necessaire d’invoquer l’importance
de l’imaginaire social dans la composition des racines politiques brésilienne, des sensibilités sociales cachées sous la surface des rapports entre l’État et les
individus.
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- Wellington Pereira
Le quotidien du président Fernando Collor de Mello
présenté par Veja est de l’ordre du rationnel, des actions
mécaniques, du totalitarisme langagier exercé par la description, qui empêché les lecteurs de comprendre les divers niveaux d’articulation politique pour ou contre Collor,
de même que la relecture des utopies esthético-politiques
réalisées par les mouvements des étudiants dans les rues
du Brésil, où ils crient des slogans hostis au pouvoir représenté par Collor.
Veja, en exerçant l’objectivité journalistique dans
l’affaire Collor de Mello, a oublié que la vie quotidienne
est construite aussi à partir de formes ambivalentes, qui
sont de l’ordre de la pensée et du sensible.
Mais comprendre l’ascension et la chute de Collor de
Mello dans un certain scénario politique est très difficile pour
les lecteurs de Veja, à cette période-là, parce que le magazine démontre les faits sociaux, en prennant comme instrument de représentation de la réalité sociale, une autre réalité: la réalité langagière, créée par le discours journalistique.
Dans cette réalité langagière, Veja voile la vie
quotidienne par les biais des susbstitutions des signifiés, et des contenus, pour justifier la necessité d’exclue
Fernando Collor de la scène politique. Et ce qui prédomine c’est la logique de l’événement, au détriment des explications claires, révélant le rôle des elites
brésiliennes dans l’ascension et dans la chute du président.
L’affaire Collor de Mello a démontré aussi que le
langage du journalisme d’information peut tuer la réalité,
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mais qu’il le fait toujours à travers un processus de description des réalités, ce qui lui donne la possibilité de créer
des réalites nouvelles, ou même de ne plus faire cas des
vertus de ses acteurs, quand elles servent plus sa logique
narrative, comme nous avons pu le constater dans la manière dont le magazine a fait disparaîte celles de Collor.
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- Wellington Pereira
Démarche de Recherche et la méthode
Notre recherche s’inspire du modèle de lecture du
quotidien proposé par Michel Maffesoli, principalement
dans son livre La Connaissance Ordinaire- precis de sociologie compréhensive (1). Notre démarche vise à reconstituer le jeu auquel participent les lecteurs et les acteurs
sociaux dans la vie quotidienne du président Fernando
Collor de Mello (Brésil 15 mars 1990-27 septembre 1992),
dans les récits du Magazine Veja, le plus important de en
Amérique latine.
Suivant donc l’approche de la sociologie compréhensive, propose par Michel Maffesoli, nous avons comme but,
dans cette recherche, de lecture et l’identifier les “pièges langagièrs” qui sont imposés aux lecteurs du magazine Veja, pendant la période du gouvernement Fernando
Collor de Mello.
En effet, L’analyse systèmique-stratégique ne procéde pas uniquement d’une lecture des champs symboliques qui sont “ancrés” dans les récits journalistiques
de Veja.
Comme nous rappelle le Durkheim: “Il y a toujours
plusieurs voies qui mènent à un but donné; il faut donc
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choisir entre elles(...). (2); a priori nous avons eu à construire des hyphotèses pour démarquer notre premier chemin de recherche:
1) tout d’abord le magazine Veja voile le quotidien
brésilien, en niant les ambivalences de la vie quotidienne
du président Fernando Collor de Mello et en passant sous
silence le quotidien de la majorité des brésiliens, pour légitimer un “nouveau” modèle politique incarné par Collor,
dont la mise en scène se fonde sur les régles de la société
de consommation, en particulier le caractère éphèmére
des rapports sociaux et l’exhibition des objets de consommation, pris comme une des valeurs d’occupation d’un
espace social determiné;
2) en second lieu, le langage du journalisme
d’information representé dans les récits de Veja est un
langage totalitaire, parce qu’ il a pour but d’imposer une
réalité politique à la réalité sociale brésilienne, pendant la
période du gouvernement Fernando Collor de Mello.
Ces hypothèses vont orienter vis une direction où
devient possible la compréhension des mécanismes capables de faire apparaître notre problème de façon claire;
c’est pouquoi nous avons besoin d’une méthode.
Pour notre part, nous avons voulu adopter un point
de vue différent et complémentaire, une approche moins
globale, et des méthodes plus qualitatives. Cela a impliqué une lecture des recits du magazine Veja qui couvrent
la période du gouvernement Fernando Collor de Mello, du
15 mars au 27 septembre 1992.
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413
- Wellington Pereira
L’investigation scientifique dans l’univers journalistique pose toujours des problèmes aux chercheurs: le journalisme est-il une science? Comment créer un discours
scientifique sur une chose qui n’est pas considérée comme scientifique? Une des réponses à ces questions donnée
par les analystes du journalismes d’information, consiste à
fourni des explications aux effets du message journalistique à partir des modèles de la sémiotique ou de la sémiologie. C’est pourquoi on a toujours recours aux fonctions
du langage pour expliquer les rapports entre le destinateur
et le récepteur qui sont inscrits dans une logique fonctionelle. Mais nous sommes donné pour but de découper ces
perspectives d’analyse du discours journalisitique, perdues
entre la pragmatique des schèmas qui réduisent le discours
du journalisme d’information à des interprétations pragmatiques ou à la démonstration des idéologies ou des morales
forgées par le langage même du journalisme.
Notre propos fut d’établir une lecture qui puisse démontrer que la représentation de la réalité sociale du Brésil, à travers la presentation de la vie quotidienne du président Fernando Collor de Mello, empêche les lecteurs de
comprendre les faits à partir d’une receptivité aux idées,
aux actes et à la sensibilité des acteurs sociaux.
Pour démontrer que le journalisme d’information ne
reconnait pas les formes sensibles de la vie quotidienne,
nous avons choisi de travailler sur une notion chère aux
producteurs d’information journalistique, la notion de fait
social reçue comme une contrainte.
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Cette notion de fait social comme vécu une contrainte, est empruntée à Durkheim:
Est fait social toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure; ou bien encore, qui est générale, dans l’étendue d’une
société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses manifestations individuelles. (3)
Pour illustrer cette notion de fait social lié à la révelation des contraintes, nous avons choisi , parmi les nombreuse récits sur Collor de Mello, la section Brésil, dont
l’objectif est de démontrer les actions politiques, et l’État
brésilien en général, en s’appuyant sur l’idée de l’objectivité journalistique.
À partir de la rubrique Brésil, nous avons choisi
d’étudier uniquement les textes qui se veulent la démonstration du parcours politique du président Fernando Collor
de Mello et de son entourage, et qui reflètent l’image de
l’État brésilien chez Veja.
Mais une des difficultés rencontrées dans ce travail sur
les sources, c’est le fait que le contenu des récits concernant
Fernando Collor de Mello varie dans la rubrique de Veja. C’est
la raison pour laquelle, une des exigences formelles du début de notre recherche, a été de vérifier la contrainte gérée
par les récits de Veja, en parlant de la catégorie des événéments où le candidat Fernando Collor de Mello est présent.
Dans un deuxième moment, nous avons procédé
à une lecture de la construction des récits mettant en
Autor
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Le
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- Wellington Pereira
scène un ensemble de faits qui servent à formaliser la
théâtralisation du quotidien politique du président Fernando Collor de Mello.
Ainsi, nous avons divisé l’univers des récits concernant sur Collor en trois branches:
1) Ceux qui présentent le polititicien Collor de Mello, comme le candidat moderne, le président capable de
restaurer la morale et de placer le pays sur les rails de la
modernité;
2) les récits qui démontrent l’archaïme de l’État
brésilien;
3) les récits qui vont révoquer le président pour instaurer une “nouvelle” démocratie.
Cependant, à partir de cette segmentation du répertoire sur Collor, nous avons eu des difficultés à classer les récits de manière à ce qu’il puissent corroborer
notre hypothèse, en tenant compte des trois branches(ci-dessus) choisies la manière dont le magazine a représenté le quotidien de la vie politique du président
Fernando Collor de Mello.
Au total, nous avons travaillé sur 48 éditions du magazine Veja. Avec cet échantillon, notre objectif était de
démontrer à travers les récits inscrits dans la rubrique Brésil, comment Veja va créer un univers politique contraire
à la majorité des faits soiciaux vécus par la plupart des
citoyens brésiliens dans cette période.
Cette rubrique Brésil a été chosie comme catégorie d’usage courant, parce qu’elle représente bien la
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ligne editoriale du magazine. A partir de l’identification
du champ d’analyse, nous avons essayé de répondre
à des questions simples, comme: de quoi traitent ces
récits? Dans les récits du début de la campagne, notre
intérêt immédiat nous amène à vérifier comment Veja a
consolidé l’image de Fernando Collor de Mello, homme
politique capable de diriger sans problèmes le Brésil,
du point de vue économique et moral- un sauveur qui a
incarnnait la modernité.
La lecture des récits couvrant la période de la présidence Fernando Collor de Mello, va être établie à partir
des hypothèses concernant des relations entre variables
analytiques. Dans ce cas, au contrairement aux récits
de la phase de campagne, nous avions pour but de démontrer comment le magazine commence à forger des
concepts pour légitimer l’image de Fernando Collor de
Mello politicien moderne, seul homme capable de mener
le Brésil vers la modernité. Ainsi avons nous legitimé nos
hypothèses en nous fondant sur une notion empruntée à
Madeleine Grawitz:
Quelle que soit son origine, l’hypothèse ne peut être utilisable que sous certaines conditions. Elle doit avant tout
être vérifiable, pour cela utiliser des concepts communicables, c’est-à-dire que les deux termes mis en relations
par l’hypothèse doivent être définis, si possible de façon
opératoire, en tout cas, de façon à permettre des observations précises (...). (4)
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Referências
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- Wellington Pereira
Après la confirmation des hypothèses, du classement des catégories: textes informatifs qui appartiennent
à la rubrique Brésil, en générale des reportages, nous
avons retrouvé des handicaps communs à tout chercheur
en sciences sociales: quelle est la méthode adéquate pour
analyser notre sujet : le quotidien brésilien voilé dans les
récits de Veja? Comme a dit Bachelard: “Il n’y a de science que du caché” (5); nous avons choisi l’analyse de contenu, parce que notre construction des concepts , a priori,
a été une déconstruction des concepts utilisés par Veja
pour légitimer ou révoquer Fernando Collor de Mello dans
le scénario politique brésilien.
Nous avons travaillé l’analyse de contenu dans le
sens emprunté par madeleine Grawitz à Berelson:
C’est une technique de recherche pour la description
objective, systématique et quantitative, du contenu
manifeste des communications, ayant pour but des les
interpréter.(6)
Le Formisme et la lecture
du récit journalistique
Nous avons utilisé l’analyse de contenu dans son
sens même d’interprétation des récits journalistiques, à
partir du classement des textes-reportages parus dans la
rubrique Brésil,du magazine Veja. Mais pour construire
notre objet d’étude, il a été nécessaire de décoder les “lapsus langagiers” qui sont commis par Veja, quand il décrit
la vie politique du président Fernando Collor de Mello.
Pour déchiffrer ces “lapsus langagiers” du langage
journalistique de Veja, nous avons empruté à Maffesoli
l’idée de formisme:
Ainsi ce que j’appelle le “formisme” est en quelque sorte une autre manière de reposer l”éternel problème de
l’Universel et du Singulier. Chaque “idéologie” d’une époque doit affronter ce problème(...). (7)
Or, force est de constater que la méthode de lecture du discours journalistique ne fait pas attention
aux formes des sociétés ni même aux variations idéologiques qui sont cachées dans la parole des acteurs,
puisque décrire le monde à partir du langage journalisCapa
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- Wellington Pereira
tique est un exercice de représentation des signifiants
du ou des “dis-cours”.
Nous aovns donc décidé, d’une part, d’adopter pour
lire les récits de Veja, une méthode proche de la lecture
de la vie quotidienne effectuée par Maffesoli. Dans ces
sens, nous nous sommes proposé de vérifier , surtout,
comment le langage journalistique se méfie des formes
sociales qui sont gérées par les faits sociaux.
Cependant, notre principal propos fut, d’autre part,
de démontrer qu’ une des manières de révéler le voile
séparait le discours du magazine Veja sur la construction de la vie quotidienne du président Fernando Collor
de Mello et la vie socioéconomique était d’utiliser une
analyse qui prenant en compte le concept du formisme,
réaction contre le réduction lagangière des conflits sociaux dans les récits journalistiques, comme l’explicite
Michel Maffesoli:
A ce égard, le formisme est une réaction contre la monovalence rationaliste, il fait ressortir la polyssémie du
geste, l’aspcet bigarré de la vie courante par opposition
au concept qui entend épurer, réduire, ramasser le complexe dans la brévité pure (...). (8)
Pendant notre recherche, notre but a été de vérifier comment les récits produits par Veja sur le gouvernement Fernando Collor de Mello, ont eu pour principale caractéristique de nier des aspects importants pour la
compréhension du quotidien brésilien, à ce moment- là,et
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de ne pas dévoiler aux lecteurs les diverses formes de
réaction contre le “totalitarisme” socio-politique de Collor.
D’ailleurs, de toute façon, le langage du magazine est lui-même un totalitarisme.
Pour nous, une méthode de lecture qui peut conduire à une interprétation du quotidien à partir du langage
journalistique doit tenir compte des formes sociales, et
amplifier , à travers cette reconnaissance, les contradictions socio-esthétiques. C’est pourquoi, notre méthode
d’ênquete, l’analyse de contenu des récits de Veja s’appuie
sur une sociologie pratiquée par Maffesoli, qui est définie
par Madeleine Grawitz, dans Méthodes des sciences sociales, dans les termes suivants:
M. Maffesoli s’intéresse à la vie quotidienne. Celle-ci lui
paraît trop mouvante, complexe pour être comprise par
une sociologie positiviste qui appauvrit le réel en le réduisant au concept(...) Dans son intérêt pour le quotidien, Maffesoli privilégie la proxémie, l’appartenance, la
communication(...). (9)
Nous avons appliqué cette méthode qui considère
la proxémie des hommes et des objets dans les analyses des récits de Veja sur la période de la présidence
Fernando Collor de Mello, pour démontrer aux lecteurs
comment le journalisme, au nom d’une certaine objectivité écarte des signes importants pour la compréhension
de la construction et du remplacement des acteurs politiques dans la société.
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- Wellington Pereira
C’est pourquoi, notre enquête et l’analyse du contenu des récits de Veja a été soutenue pour les idées de
Simmel (10)en particulier l’accent mis sur l’importance
des formes produites dans la vie sociale, celles de Schütz,
principalement quand il affirme que “l’origine de toute réalité est subjective” (11), et celles de Maffesoli, à savoir
l’entendement de la réalité esthético- politique, à travers
les “précis” d’une sociologie compréhensive”(12).
En effet, notre but est de proposer, comme méthode de lecture des faits journalistique, l’application du
formisme chez Maffesoli,
comme une anti-méthode
dirigée contre l’appauvrissement des formes de la vie
quotidienne, dont est responsable l’objectivité du journalisme d’information.
8) idem; p. 113
9) GRAWITZ; op. cit. p. 144.
10) SIMMEL, Georg, Sociologie et Epistémologie, Paris, PUF,
1981.
11) SCHÜTZ, Alfred Le Chercheur au Quotidien, Paris, Méridiens, 1994, p. 103.
12) MAFFESOLI, La Connaissance Ordinaire, op. cit.
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2) DURKHEIM, Emile- Les Règles de la Méthode Sociologique,
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3) idem; p; 14.
4) GRAWITZ, Madeleine- Méthodes des Sciences Sociales, Paris, Editions Dalloz, 1996, p.363.
5) idem; p. 347.
6) idem; p. 551.
7) MAFFESOLI, La Connaissance Ordinaire, op. cit; p.111
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O AUTOR
Doutor em Sociologia pela Université Paris-Descartes (1999), mestre em Letras pela Universidade Federal
da Paraíba (1989) e graduado em Jornalismo, também
pela UFPB (1985). Professor do Programa de Pós-Graduação em Comunicação (PPGC/UFPB) e do Curso de Comunicação em Mídias Digitais. Coordena o Grupo de Pesquisa
sobre o Cotidiano e o Jornalsmo - GRUPECJ.
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