Téléchargez la publication

Transcription

Téléchargez la publication
gagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité di
geante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance for
tratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrô
erformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-pl
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
égation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétitio
mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentratio
rage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivati
centration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engag
ent motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigean
olidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratég
nité dirigeante
solidarité engagement mo
vation concentration courage compétitio
mental victoire
abnégation fair-play sportivi
ontrôle performance force stratégie fémin
dirigeante solidarité engagement motivatio
centration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engag
ent motivation
concentration courage compétition mental victoire abnégatio
-play sportivité
contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidari
gagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité di
geante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance for
tratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrô
erformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-pl
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
égation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétitio
mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentratio
rage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivati
centration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engag
ent motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigean
olidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratég
minité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performan
e stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrô
erformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-pl
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
égation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétitio
mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentratio
rage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivati
centration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engag
ent motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigean
olidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratég
minité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performan
e stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrô
erformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-pl
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
gation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement performance force stratégie féminité dirigean
olidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratég
minité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performan
e stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrô
erformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-pl
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
égation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétitio
mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentratio
rage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivati
centration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engag
ent motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigean
olidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratég
minité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performan
e stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrô
erformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-pl
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
égation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétitio
mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentratio
rage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivati
centration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engag
ent motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigean
olidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratég
minité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performan
e stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrô
erformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-pl
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
égation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétitio
mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentratio
rage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivati
centration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engag
ent motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigean
olidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratég
minité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performan
e stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrô
erformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-pl
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
égation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétitio
mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentratio
ormance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-pl
agement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dir
tal victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration coura
force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivi
otivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante so
abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compé
tégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrô
erformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-pl
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
égation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétitio
solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratég
minité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performan
e stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrô
erformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-pl
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
SPORTIVES EN BOURGOGNE
Portraits, histoires et témoignages.
SPORTIVES EN BOURGOGNE
Portraits, histoires et témoignages.
AVERTISSEMENT
Cet ouvrage s’appuie sur des témoignages et des portraits de femmes reconnues chacune
dans leur discipline pour leur engagement comme sportive, entraîneur ou dirigeante. Ce ne
sont pas les seules femmes remarquables en Bourgogne mais compte tenu de leur nombre, il
n’était pas possible de toutes les citer, ni de représenter les 68 disciplines sportives de la Région Bourgogne. Il a donc fallu faire des choix. Au travers de cet ouvrage, nous désirons rendre
hommage à toutes les femmes sportives, dirigeantes, bénévoles, de la Région.
Sportives en Bourgogne - Portraits, Histoires et Témoignages est un ouvrage
Coordonné par :
Ludivine JACQUINOT, Chargée de mission au CROS de Bourgogne.
Carine ERARD, Maître de conférences à la Faculté des Sciences du Sport de Dijon.
Edité par :
le Comité Régional Olympique et Sportif de Bourgogne en partenariat avec le Conseil régional de Bourgogne.
Date d’édition :
Mars 2010
Avec le soutien de la Faculté des Sciences du Sport de Dijon
Direction Artistique / Maquette : Sportunit - Agence Sportive
Impression : La Darantière - 8, boulevard de l’Europe - BP 21800 QUETIGNY
Données :
Ministère de la Santé et des Sports
Ligues et comités régionaux
Crédits photos :
FF Tir à l’Arc, FF Gymnastique, FF Cyclisme, FF Handisport, ligues et comités de Bourgogne, Catherine CABROL, Hervè HAMON Secrétariat d’Etat aux sports, Grégory PICOUT, Stéphane PILLAUD Sportissimo
SOMMAIRE
Préface de Rama YADE, Secrétaire d’Etat chargée des sports
Introduction de Jean-Pierre PAPET, Président du CROS de Bourgogne
Femmes aux Jeux Olympiques
Sportives dans les médias
10. Histoire du sport et histoire des femmes par Thierry TERRET,
Université de Lyon 1
42. Traitement du sport en presse écrite par George SANTOS,
journaliste au Bien Public
12. Interview de Jacqueline BRISEPIERRE-GAUGEY, gymnaste
(J.O. 1964 et 1968)
44. Interview d’Anne-Caroline CHAUSSON, Championne Olympique de BMX (J.O. 2008)
14. Interview de Marine PETIT, gymnaste (J.O. 2008)
46. Une persistante sous représentation des femmes sportives
dans les médias par Catherine LOUVEAU, Université de Paris sud
11
Femmes aux commandes
16. La place des femmes dans les instances dirigeantes du sport
par Carine ERARD, Université de Dijon
18. Interview de Julie LAZARD, Championne d’Europe de boxe
savate
47. Le point de vue d’une bourguignonne par Liliane BAILLET,
vice présidente du CDOS 71
Des femmes dans un monde d’hommes
21. Interview de Marie-France CHARLES, dirigeante
48. Folklore viril et culture sportive : blagues sexistes et exhortations homophobes par Philippe LIOTARD, Université de Lyon 1
22. Profils sociaux et parcours de dirigeantes par Carine ERARD,
Université de Dijon
50. Interview de Tony CHAPRON, arbitre de football en ligue 1
23. Les freins à l’investissement des femmes dans les organisations sportives et les actions envisageables par Carine ERARD,
Université de Dijon
Sport Handi au féminin
24. Le handi sport au féminin par Sébastien MESSAGER, CTN
handisport
26. Interview de Valérie JUTAND, haltérophile
28. Zoom sur les Jeux Paralympiques de Pékin 2008
En bourgogne, le sport c’est aussi au féminin
30. En quelques chiffres
31. Répartition des licences féminines en Bourgogne
32. Interview de Safia OTOKORÉ, Vice Présidente chargée des
sports en Bourgogne
52. Portrait de Corinne LAGRANGE, arbitre de football en ligue
professionnelle
54. « Elles sont toutes lesbiennes ! » par Philippe LIOTARD, Université de Lyon 1
56. Interview d’Elena GROPOSILA, entraîneure de handball en
D1
Sport pour toutes
58. Les conditions d’accès à la pratique physique et sportive par
Catherine LOUVEAU, Université de Paris sud 11
60. Portrait de Yannick GACON, athlétisme
62. L’UNSS au féminin par Catherine LEPETZ, directrice de
l’UNSS en Bourgogne
63. Pratiques sportives et discours médicaux au XXe siècle par
Anaïs BOHUON, UFR STAPS Paris sud
Sportives de haut niveau
34. Les femmes dans le sport de haut niveau par Catherine LOUVEAU, Université de Paris sud 11
36. Interview de Véronique PECQUEUX-ROLLAND, Championne
du Monde de Handball
38. Les hommes, les femmes et leur mental par Christian RAMOS,
psychologue
40. Interview de Bérengère SCHUH, médaillée de bronze Olympique en tir à l’arc (J.O. 2008)
64. Le mot des présidents de CDOS
68. Conclusion et remerciements
69. Quelques idées de lecture...
PRÉFACE
Le sport doit jouer une fonction de rencontre, d’ouverture, d’émancipation, pour tous les publics, et
d’abord pour ceux qui en sont les plus éloignés, comme peuvent l’être les femmes et jeunes filles.
Si aujourd’hui, en France, les femmes sont de plus en plus nombreuses à pratiquer des activités physiques et sportives, la pratique féminine ne représente encore que 35% des licences. De la même manière,
les femmes sont très insuffisamment présentes dans l’encadrement technique et au sein des instances
dirigeantes du sport.
La question de la place des femmes dans le sport et de la mixité est étroitement liée à celle des femmes
dans la société. C’est pourquoi une politique volontariste est indispensable, afin que cette place-baromètre pertinent d’évolution d’une société-soit constamment affirmée.
Le Secrétariat d’Etat chargé des sports soutient les fédérations sportives dans ce sens, au travers de
« plans de féminisation » de leurs disciplines, et mène une stratégie qui permet notamment de valoriser
les bonnes pratiques et d’ouvrir l’accès du sport aux femmes (pratique/encadrement/instances dirigeantes).
Dans ce contexte, je salue l’initiative du Comité Régional Olympique et Sportif de Bourgogne et la conception de cet ouvrage. Il dresse un état des lieux, sur un territoire, destiné à mettre en lumière, à valoriser la
place des femmes dans le sport, à tous les niveaux. C’est un travail important afin que le « sport féminin »
soit mieux connu et mieux pris en compte.
Le concours « Femmes et sport » organisé par le Secrétariat d’Etat chargé des sports, a d’ailleurs récompensé en 2009 une jeune femme bourguignonne, Julie LAZARD, pour son investissement exemplaire
comme bénévole dans le développement de la pratique féminine en savate boxe française dans l’Association sportive de Chevigny-Saint-Sauveur. Je suis heureuse de découvrir que c’est l’une des interviews que
l’on retrouve dans votre publication comme illustration d’un parcours remarquable.
A la lecture des exemples cités, je souhaite que cette publication permette à davantage de femmes, jeunes et moins jeunes, d’aller vers le sport. Je souhaite aussi que ces beaux parcours incitent davantage
les dirigeants sportifs, et tout le mouvement sportif de manière générale, à ouvrir plus grande la porte de
leurs clubs pour les femmes et les jeunes filles. En d’autres termes, à accepter les femmes dans le rôle
et la place qu’elles peuvent, qu’elles veulent et qu’elles doivent avoir dans le sport.
Rama YADE
Secrétaire d’Etat chargée des sports
PRÉFACE | Page 7
LE SPORT AU FÉMININ
Jean-Pierre PAPET
Président du CROS de BOURGOGNE
S’il existe un domaine encore libre, sans barrière, c’est bien celui dans lequel s’exerce le sport. En effet,
quelque soit le pays et sa langue, quelque soit la condition sociale, quelque soit la couleur de peau, le
sport est ouvert à tous et réunit tout le monde.
Entre les femmes et les hommes il y a bien sûr des différences - notamment au point de vue physique - qui conduisent à organiser des épreuves sportives pour les unes et des épreuves sportives pour
les autres. Il n’est cependant pas légitime que ces différences conduisent à des oppositions des unes par
rapport aux autres. Pour les rares disciplines sportives dans lesquelles les femmes et les hommes sont
réunis pour une même épreuve, soit au sein d’une même équipe soit sur le même terrain ( l’équitation
par exemple, ou bien encore les courses au large en voile ), on peut d’ailleurs constater qu’il n’existe que
très rarement de conflit de pratique ou d’antagonisme.
La répartition des sportifs et des sportives licenciés en France, met en évidence un nombre plus réduit
de ces dernières - deux tiers d’hommes et un tiers de femmes - et démontre bien que les conditions de
pratique posent plus de problèmes aux femmes qu’aux hommes. De toute évidence, des facteurs culturels et sociaux - les filles pratiquent la danse ou la musique et les garçons jouent au football - influencent
encore l’avenir sportif des féminines.
Que pouvons nous faire pour rendre la pratique sportive des féminines plus accessible ? Sans doute et
déjà, présenter les pratiques sous un angle plus attractif, aussi bien pour les pratiquantes que pour les
spectateurs, peut être également adapter les lieux, aménager les règles et les conditions de pratique.
Certaines disciplines, pas forcément attirantes de prime abord pour les féminines l’ont bien compris et
se sont organisées pour atteindre un nouveau public…
Le développement des clubs sportifs en France passe peut-être aussi par là !
INTRODUCTION | Page 9
Histoire du sport et histoire des femmes
Thierry TERRET
Professeur des Universités à l’UFR STAPS de Lyon 1, Directeur du Centre de Recherches et d’Innovations sur le Sport (CRIS)
En France, la première vague d’implantation et d’institutionnalisation des sports modernes se produit dans
le dernier quart du XIXe siècle sans les femmes. Les
associations sportives demeurent strictement une affaire d’hommes, les pratiques le support d’une sociabilité exclusivement masculine. L’absence des femmes
reflète ici assez étroitement la place qu’elles tiennent
plus généralement dans la société. La France est patriarcale ; elle légalise et essentialise des rapports de
domination des hommes sur les femmes imposés depuis plusieurs siècles. La place des femmes est idéalement au foyer, sous la responsabilité de leurs parents
puis de leurs maris. Les excès de la compétition ne
sont compatibles ni avec leurs fonctions maternelles,
ni avec l’humilité qu’on attend d’elles à tous les instants. Dès lors, celles qui s’aventurent sur la scène
sportive sont affublées de tous les maux et vertement
critiquées. Discours scientifiques, éducatifs, religieux
et politiques convergent par exemple pour dénoncer
la perversité des cyclistes au regard de la position immorale qu’elles adoptent sur la selle de leur vélo. Les
seules exceptions tolérées jusqu’à la Grande Guerre
concernent pour l’essentiel les activités saturées en
idéologie hygiéniste (danse, gymnastique, natation) ou
rendues non exemplaires en raison de leur éloignement géographique (alpinisme, aérostation, excursionnisme).
FEMMES AUX JEUX OLYMPIQUES | Page 10
« Des clubs spécifiquement féminins se
créent et un premier championnat de
France d’athlétisme féminin est organisé en juillet 1917 »
Le contexte de la Première Guerre mondiale s’avère
paradoxalement propice à une nouvelle étape dans la
conquête de la citadelle sportive par les femmes. La séparation des sexes due à l’envoi des hommes au Front
crée les conditions d’une liberté provisoire à l’arrière
dont elles profitent pour s’essayer à des activités qu’elles avaient rarement eu l’opportunité d’essayer auparavant. Des clubs spécifiquement féminins se créent
et un premier championnat de France d’athlétisme
féminin est organisé en juillet 1917. Quelques clubs ne
tardent pas à se regrouper au sein d’une nouvelle fédération, certes créée initialement par un homme, mais
dont, à l’issue de la guerre, les rênes sont rapidement
prises par des femmes. Alice MILLIAT, en particulier,
devient présidente de la Fédération des Sociétés Féminines Sportives de France (FSFSF) en mars 1919,
une position institutionnelle d’où elle se lance dans un
combat contre les instances sportives traditionnelles
pour faire admettre les femmes dans les compétitions
nationales et internationales. Face à leur hostilité, elle
prend l’initiative d’un « Premier meeting internatio-
nal d’athlétisme d’éducation physique féminine et de
sports féminins » à Monte-Carlo, en avril 1921, que
la presse qualifie d’« olympiades féminines ». Deux
autres éditions suivent les années suivantes. Quelques
mois après la réussite de Monte-Carlo, le 31 octobre
1921, Alice MILLIAT fonde aussi une Fédération Sportive Féminine Internationale, dont elle devient la présidente. Elle organise alors des « Jeux olympiques féminins » à Paris, en août 1922, avec 300 femmes venues
de cinq pays. Devant la réaction du CIO et d’un Coubertin scandalisé, l’événement est rebaptisé « Premiers
Jeux féminins mondiaux » ; il connait néanmoins une
seconde édition en 1926 à Göteborg (Suède) avec huit
nations représentées, une troisième en 1930 à Prague
avec seize nations et une ultime en 1934 à Londres.
« L’étape décisive est franchie entre
1928, qui marque leur première participation aux épreuves olympiques d’athlétisme »
Les instances sportives internationales, voyant ainsi
une partie du monde sportif leur échapper, décident
progressivement d’intégrer plus largement les femmes. L’étape décisive est franchie entre 1928, qui marque leur première participation aux épreuves olympiques d’athlétisme, et 1936, quand le revirement de la
fédération internationale d’athlétisme (IAAF) puis de la
fédération française (FFA) entraîne une double crise
financière et démographique pour la fédération féminine qui oblige Alice MILLIAT à jeter l’éponge. Sous le
giron d’une institution sportive particulièrement machiste et toujours dominée par les hommes, le sport
féminin se développe alors lentement, mais les représentations traditionnelles de « la » femme n’évoluent
guère, quand bien même le droit de vote obtenu en 1944
pourrait laisser penser le contraire. Dans les stades, le
« deuxième sexe » demeure toujours bien loin du premier et les commentaires sur les sportives continuent
de produire des stigmatisations en jouant sur des
processus complémentaires d’omission, de condamnation, d’infantilisation, d’infériorisation, d’érotisation
et d’essentialisation (« qualités » attachées de façon
idéale à la féminité, fonctions sociales réduites à la vie
domestique et à la maternité, hétérosexualité obligatoire).
Sur fond de transformation économique majeure, d’aspiration à de nouveaux modes de vie, de diminution du
temps non consacré au travail domestique, de sportivisation des programmes scolaires et de revendication féministe plus ou moins affichée, un mouvement
plus important de féminisation du sport se développe
pourtant dans les années 1960 et 1970, qui contribue
alors fortement à sa démocratisation. En 1967, 22 %
des femmes déclarent pratiquer une activité sportive
régulière ou occasionnelle, chiffre qui monte à 32 %
en 1983, puis à 64 % en 1994 pour un résultat légèrement supérieur chez les hommes (72 %). Même si
cette augmentation concerne davantage des activités
relevant des sports non olympiques ainsi que des formes moins compétitives en comparaison des pratiques
des hommes, les écarts se resserrent entre les sexes.
Les fédérations qui refusaient encore les femmes finissent d’ailleurs par céder : Fédération Française de
cyclisme en 1959, de football en 1970, d’haltérophilie
en 1984, de rugby en 1989 et finalement de boxe en
1997. Les programmes sportifs deviennent également
plus égalitaires. En athlétisme, le saut à la perche et
le marteau féminins font par exemple leur apparition
alors que leur existence paraissait encore totalement
inimaginable dans les années 1950, tant ils étaient en
rupture avec les modèles traditionnels de la femme :
la force masculine contre la grâce féminine pour le
marteau ou l’acrobatie, le risque, l’instrumentation et
le symbole de l’élévation, toutes choses idéalement
masculine dans le cas de la perche.
Sous l’impulsion de l’Europe du Nord, du Canada et des
Etats-Unis, la demande pour davantage d’égalité fait
place à une pression en faveur de plus d’équité entre
les hommes et les femmes dans les années 1980 et
1990. La France suit le mouvement avec une série de
lois dans de nombreux domaines après 1999. Le sport
est concerné mais, au-delà de sa pratique elle-même,
de nouvelles questions sont désormais posées. Trois,
en particulier, s’imposent depuis une dizaine d’années. La première est celle de la division sexuelle des
fonctions dirigeantes, mise notamment en exergue par
l’amendement de la Charte olympique en faveur de
l’égalité des chances des hommes et des femmes en
1996 et la demande faite à tous les comités nationaux
olympiques et à toutes les fédérations internationales
qu’au moins 10 % des postes relevant des structures
décisionnelles soient pourvus par des femmes d’ici la
fin de l’an 2000, puis 20 % avant la fin de l’an 2005. La
seconde est celle des violences sexuelles sous toutes
leurs formes, du viol à l’insulte, qui trouvent dans l’enceinte sportive un lieu privilégié de développement et
de dissimulation. Le troisième est celle des médias qui
contribuent à perpétuer l’ordre du genre par le traitement différent dont les sportifs et les sportives sont
l’objet.
Dans les sociétés occidentales, les différences entre
les sexes ont eu objectivement tendance à se réduire,
tout en gagnant en subtilité. Pourtant, par ses connotations historiquement et socialement masculines, le
monde du sport constitue l’un des lieux les plus réfractaires à cette dynamique. Son histoire s’écrit certes
de moins en moins au masculin mais, au regard de la
présence des femmes, elle témoigne d’un mouvement
pour le moins inachevé.
FEMMES AUX JEUX OLYMPIQUES | Page 11
Jacqueline BRISEPIERRE-GAUGEY
Jacqueline
BRISEPIERRE-GAUGEY
Une des premières femmes bourguignonnes à avoir participé aux Jeux Olympiques.
Professeur Agrégée d’Education Physique et Sportive (EPS), Directrice de l’Union Nationale du Sport Scolaire
(UNSS), elle termine sa carrière comme Inspectrice de l’Académie de Paris (IAP).
Comment s’est déroulé votre parcours sportif ? Quand
et comment avez-vous commencé la gymnastique ?
J’étais une enfant qui bougeait beaucoup avec des
qualités de souplesse qui ont été détectées à l’école
primaire par une monitrice municipale, Mme BAUDIN.
Elle s’occupait aussi du club de gymnastique « Montceau Fémina Club » à Montceau-les-Mines et bien sûr
FEMMES AUX JEUX OLYMPIQUES | Page 12
elle a incité mes parents à m’inscrire au club. J’ai donc
commencé la gymnastique à 10 ans. J’ai très vite eu
de bons résultats et je me suis retrouvée en équipe de
France dès l’âge de seize ans.
A l’époque, comment vous organisiez-vous pour concilier études et pratique sportive ?
C’était très compliqué, nous n’avions pas les dispositifs actuels tels que les sport-études ou les pôles
d’aujourd’hui. A 10 ans, je m’entraînais 3 fois 2h par
semaine ; à 13 ans, c’était tous les jours, samedi et dimanche matin inclus. Je me souviens que mes parents
ont fait beaucoup de sacrifices pour me permettre de
m’entraîner. Ils m’ont d’ailleurs toujours soutenue et
je leur en suis très reconnaissante, en particulier au
moment du choix, en 1964, entre le BAC en mai et les
Jeux de Tokyo en octobre. J’étais pré-sélectionnée en
équipe de France, je m’entraînais tous les jours à Paris.
Je n’allais donc pas beaucoup au lycée. Mes parents
m’ont dit « Tokyo, c’est une fois dans sa vie. On te fait
confiance ; si tu n’as pas ton bac, ce sera pour l’année
prochaine ». J’ai eu mon BAC et je suis allée aux Jeux.
C’est très important d’avoir sa famille et ses parents
derrière soi, c’est une des conditions pour réussir !
Avez-vous pensé arrêter à un moment donné? Est-ce
que vous avez fait beaucoup de sacrifices ?
Je me régalais, je n’avais pas l’impression de subir ces
entraînements ; mon entraîneur, Félix BAUDIN était
formidable, très humain. Je n’ai jamais pensé à arrêter. Le seul sacrifice que j’ai fait, c’est à l’âge de 16-17
ans. Pas de sortie avec les copains, pas de cinéma, pas
de discothèque. Mon loisir, c’était la gym.. Ensuite, il a
fallu que je fasse un choix pour entrer à l’Ecole Normale Supérieure d’Education Physique (ENSEP). A l’époque, c’était sur concours et ayant échoué une première
fois, j’ai choisi de mettre entre parenthèses la gymnastique pour réussir ce concours que j’ai eu en 1966 en
même temps que mon titre de Championne de France
senior. Mais dès mon entrée à l’ENSEP en 1967, j’ai
repris les entraînements et j’ai réussi à être sélectionnée pour les Jeux de Mexico en 1968. C’est grâce à la
compétition et à la pratique de haut niveau, avec ce que
cela engendre de conséquences (rencontres, voyages,
ouverture sur le monde, etc.) que je suis sortie de mon
quotidien. A l’époque, dans un environnement comme Montceau-les-Mines, le destin, pour une femme,
c’était de travailler chez GERBE. Et moi, je rêvais de
poursuivre cette aventure, de voyager, d’aller à l’ hôtel,
au restaurant… Grâce à Mr GANTHERET, ancien directeur du CREPS de Dijon, je pense avoir fait le bon choix.
De plus, en entrant à l’ENSEP, je devenais professeur
stagiaire, donc rémunérée. Pour mes parents, un papa
mineur et une maman qui faisait des ménages, ce fut
un soulagement parce que ce n’était pas facile pour
eux de continuer à me soutenir financièrement.
que les garçons tournaient moins bien que nous. Nous
étions dans des conditions idéales de travail.
Que retenez-vous aujourd’hui de votre participation
aux Jeux Olympiques ?
Les jeux, c’est un souvenir extraordinaire : c’est vivre
dans un collectif national de tous les sportifs olympiques français : j’ai côtoyé Roger BAMBUCK, Christine
CARON, et combien d’autres. C’est valorisant ! Les
défilés, les cérémonies d’ouverture, l’émotion, les stades remplis, les gens qui applaudissent toutes les délégations… Ce sont des souvenirs formidables et une
grande émotion ! J’ai eu la chance de participer aux
Jeux de Tokyo et de Mexico qui étaient extrêmement
festifs alors que par la suite, aux Jeux de Montréal auxquels je participais en tant que capitaine de l’équipe de
France, la police était partout en raison de l’attentat
de Munich en 1972. L’ambiance n’était plus du tout la
même. Pour des questions de sécurité bien sûr, nous
étions fouillées à l’entrée des stades, escortées pour
aller aux entraînements, les hélicoptères nous suivaient pour les trajets... Cela n’avait rien à voir avec la
fête olympique de Tokyo et Mexico.
Que pensez-vous de la médiatisation de la gymnastique ?
La gymnastique produit des championnes extraordinaires. La plus célèbre, Nadia COMANECI, 16 ans à
Montréal en 1976, a été mondialement connue. L’aspect artistique de la discipline permet une bonne médiatisation.
Entretien réalisé par Ludivine JACQUINOT,
Chargée de mission pour le développement du sport féminin
en Bourgogne
La gymnastique en
Bourgogne, c’est
8 186 licenciés dont
75 % de féminines
Sentiez-vous à l’époque une inégalité entre hommes et
femmes ?
Sincèrement, je n’en sais rien. Je pense plutôt que
nous étions favorisées. Cela tenait à l’histoire de la
gymnastique. On avait la chance d’avoir une équipe féminine qui tournait bien, une femme, Olga LEMHENY,
entraîneur national hongrois de grande qualité. Alors
FEMMES AUX JEUX OLYMPIQUES | Page 13
Marine
PETIT
Quand et comment avez-vous commencé la gymnastique ?
Mon père entraînait les garçons, et il entraîne toujours
d’ailleurs, au club de Dijon. Il m’emmenait souvent avec
lui. C’est avec lui que j’ai pris goût à la gymnastique et
c’est donc à 6 ans que j’ai débuté.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de pratiquer à haut
niveau ?
J’ai d’abord été détectée par l’entraîneur du pôle de Dijon
et ensuite par l’entraîneur national. De voir que je progressais et que le haut niveau était à ma portée me plaisait et me motivait pour continuer.
FEMMES AUX JEUX OLYMPIQUES | Page 14
Combien d’heures d’entraînement faites-vous et
comment arrivez-vous à concilier les études et les
entraînements ?
Je fais actuellement entre 27 à 30 heures d’entraînement
par semaine. Je suis à l’INSEP où les horaires des cours
sont aménagés et où l’on peut justement adapter son
emploi du temps pour concilier études et sport de haut
niveau.
Pensez-vous à l’après gymnastique ?
Oui bien sûr, c’est important d’autant plus que cette année je passe le bac. Et on sait bien que la carrière d’une
gymnaste est courte mais je ne compte pas m’arrêter
tout de suite, j’aimerais participer aux prochains Jeux
Olympiques.
Vous avez participé pour la première fois aux Jeux
Olympiques de Pékin en 2008, qu’est-ce qui vous a le
plus marqué ? Quel est votre plus beau souvenir ?
Ce que j’ai adoré, c’est le village olympique, retrouver
tous les sportifs français dans le même immeuble, côtoyer de grands sportifs français ou étrangers tous les
jours, se confronter aux chinoises et aux américaines.
Crédits photo : FF Gymnastique
Mon plus beau souvenir restera la cérémonie de clôture
des jeux, au moment d’entrer dans le stade olympique : la
flamme était juste devant nous et l’émotion était très forte
quand nous l’avons vu s’éteindre.
Je pense que les Jeux Olympiques sont « LA » compétition la plus attendue pour un sportif de haut niveau. Il y
a quatre années de préparation, c’est un objectif long à
atteindre et ultime à réussir !! C’est un de mes objectifs
pour les années à venir.
Palmarès
16 ans dans l’année, c’est l’âge de Marine PETIT,
alors benjamine de l’équipe de France Olympique de
Pékin 2008.
Championne de France par équipe en 2005 / 2006 /
2007 / 2008 / 2009
Championne de France au sol et à la poutre en 2006
Préparez-vous de la même façon un Championnat du
Monde et les Jeux Olympiques ?
Non, parce que la pression est plus importante pour les
Championnats du Monde car ils sont, en général, qualificatifs pour les Jeux. Les Jeux, c’est vraiment la dernière
compétition après toutes ces années de préparation, donc
on a plus de plaisir, moins de stress.
Que pensez-vous du sport féminin en général ?
Je trouve qu’on parle encore aujourd’hui trop peu des sports
féminins. En ce qui concerne la gymnastique, on manque
de médiatisation, mais pour d’autres sports féminins, c’est
encore pire !!! Je trouve cela vraiment dommage !
Championne de France au sol et à la poutre en 2007
A participé à plusieurs Championnats du Monde et
d’Europe, et aux Jeux de Pékin 2008
Championne de France du concours général, au sol
et par équipe en 2009
Obtient la première place par équipe des Jeux Méditerranéens de Pescara en 2009
Entretien réalisé par Ludivine JACQUINOT,
Chargée de mission pour le développement du sport féminin
en Bourgogne
FEMMES AUX JEUX OLYMPIQUES | Page 15
La place des femmes dans les instances dirigeantes
du sport
Carine ERARD
Maître de Conférences en socio-histoire du sport et de l’éducation physique,
Laboratoire de socio-psychologie et de management du sport, UFR STAPS, Dijon
L’idée que le milieu associatif et le domaine du loisir
sont moins un enjeu de pouvoir et moins sujets aux
inégalités sociales est largement répandue. Or, l’accès
aux postes de direction, bénévoles ou professionnels,
suscite de véritables oppositions, tensions, conflits
(réels ou symboliques) entre les membres des organisations. L’accès des femmes à des postes de direction
au sein des organisations sportives est indiscutablement lié à l’histoire des sportives et de la genèse de
l’institution sportive. Rappelons en effet que la création des premiers clubs sportifs sous forme de groupements associatifs a été une « affaire d’hommes »
(ARNAUD, 1996). Historiquement, les femmes ont donc
été exclues, explicitement ou par la force, des représentations, des instances de direction du sport.
« Les postes stratégiquement les plus
élevés dans la hiérarchisation des organisations sportives qu’ils soient techniques, administratifs ou électifs sont en
grande majorité occupés par des hommes »
Même si elles ont accédé en masse aux pratiques phyFEMMES AUX COMMANDES | Page 16
siques et même si la proportion de femmes parmi les
sportives licenciées des fédérations a particulièrement
augmenté ces trente dernières années, les femmes
demeurent minoritaires dans tous les secteurs de décision des organisations sportives. L’idée qu’il existe un
lien direct entre la proportion de licenciées féminines
et celle des dirigeantes est erronée : une fédération
comportant moins de 10 % de licenciées a certes peu
de chances de comporter une forte proportion de dirigeantes en son sein, mais les fédérations fortement
féminisées ne comprennent pas pour autant une forte
proportion de dirigeantes. Dans le sport comme dans
de nombreux autres secteurs professionnels, il existe
une « division sexuelle du travail » se caractérisant par
le fait que les femmes n’investissent pas les mêmes
secteurs de travail que les hommes et que ces derniers
occupent généralement les postes les plus élevés et
valorisés. Les postes stratégiquement les plus élevés
dans la hiérarchisation des organisations sportives
qu’ils soient techniques, administratifs ou électifs sont
en grande majorité occupés par des hommes (CHIMOT,
2005 & 2008). Chez les élus, les postes de président de
fédérations, de CROS, de CDOS sont à 96 % des hommes. La sous-représentation de femmes aux postes
de pouvoir dans les organisations sportives s’explique
Amandine NUGUET, Sylvette CHRETIEN, Cathy HEDIEUX, Maggy DESCHAMPS, Lauréates 2008 du Prix Maurice GUICHARD, récompensant les dirigeantes méritantes
en partie par les systèmes électoraux utilisés. D’une
certaine façon, la nature associative des organisations sportives contribue à établir des rapports supposés non autoritaires et hiérarchiques et basés sur
la « convivialité », le « relationnel », la « solidarité »
(autant de valeurs historiquement associées à la gestion du mouvement sportif et censées préserver l’idéal
démocratique) permet insidieusement de maintenir le
pouvoir masculin en place. Cette sous-représentation
des femmes aux postes de pouvoir se manifeste aussi
chez les salariés.
Quel que soit le secteur d’exercice des fonctions, la hiérarchie interne des postes se manifeste par une plus
forte proportion de femmes pour les postes d’adjointes que pour les postes principaux. Cette assignation
des femmes aux postes d’adjointes s’inscrit dans l’idée
d’une « complémentarité » hiérarchique du travail des
hommes et des femmes (on retrouve cette tendance
à l’accès limité des femmes aux postes de décisions
élevés dans la hiérarchie dans les entreprises de sport
et entreprises en lien avec le sport). A cette hiérarchie
verticale des postes de direction selon le sexe, s’ajoute
une distribution sexuée horizontale des postes.
Les femmes, quelle que soit la fonction exercée, sont
plus présentes dans les fédérations multi-sports et
affinitaires (en lien avec l’assignation et l’engagement
privilégié des femmes dans des secteurs considérés
comme plus féminins). Elles sont plus nombreuses
dans les fédérations qui développent des activités qui
ne sont pas nécessairement de nature compétitive et
n’entrent pas dans une logique de performance. Les
femmes sont aussi plus nombreuses dans des secteurs
supposés féminins, c’est-à-dire dans des activités qui
prolongeraient des « qualités » supposées spécifiquement féminines (tâches administratives pour les femmes et postes techniques pour les hommes).
Ainsi, les hommes se concentrent dans les postes
techniques plus proches le plus souvent de la haute
compétition (domaine socialement plus valorisé) tandis que les femmes se concentrent dans les postes
administratifs ou de communication. G. VIEILLE-MARCHISET dans l’enquête qu’il a coordonnée sur les femmes dirigeantes en Franche Comté (VEILLE-MARCHISET, 2005) montre aussi que l’investissement féminin
concerne plus fréquemment les fonctions de secrétariat.
Bibliographie
CHIMOT, C. (2005) Les dirigeantes dans les organisations sportives, Thèse co-dirigée par HIRATA, H. et LOUVEAU, C., Université Paris 8.
CHIMOT, C. (2008) « Le genre dans les fédérations sportives : les carrières des femmes cadres techniques », in GUICHARD-CLAUDIC, Y. (et coll)
L’inversion du genre, Presses Universitaires de Rennes.
VIEILLE-MARCHISET, G. (2004) Des femmes à la tête du sport. Les freins
à l’investissement des dirigeantes locales, Presses Universitaires de
Franche-Comté.
FEMMES AUX COMMANDES | Page 17
Julie
LAZARD
Pouvez-vous nous décrire votre parcours de dirigeante et de sportive,
deux parcours que vous menez de
front ?
J’ai débuté la boxe à 5 ans, obtenu mon
premier titre de Championne de France de Savate boxe française à 13 ans,
de Championne de France universitaire par équipe en 2008 et en individuel
en 2009. C’est le titre de Championne
de France Assaut en 2009 qui m’a
permis d’intégrer l’équipe de France
et d’être Championne d’Europe 2009.
Mon parcours de dirigeante a quant à
lui commencé alors que j’étais juge
arbitre en compétition. La commission nationale jeune m’a recrutée et
envoyée en stage au CNOSF en 2001
et 2003. Suite à ce stage sur le dopage, la responsable de la commission jeune m’a demandé de faire partie de la commission nationale jeune.
J’avais 16 ans. Actuellement (j’ai 20
ans), je suis responsable de la commission nationale « jeune dirigeant »
de la Fédération de boxe, membre de
la commission nationale d’arbitrage
et je suis aussi au comité directeur
de la Fédération. J’encadre les stages
« jeunes arbitres » nationaux depuis
plus de 3 ans maintenant.
On sait que l’engagement associatif
demande une grande disponibilité,
comment avez-vous concilié à la fois,
le sport de haut niveau, les études et
les responsabilités de dirigeante ?
C’est beaucoup d’organisation, mais
aussi et surtout, beaucoup de soutien.
J’ai la chance d’avoir mes parents qui
me suivent et m’aident à assumer
toutes ces responsabilités. Ils m’ont
donné le goût d’encadrer, de s’investir. C’est une passion pour moi, alors
je ne compte pas mon temps : ce sont
des week-ends boxe, des soirées
boxe… mais j’aime ça. Je donne tout
de même la priorité à mes études.
Aujourd’hui voyez-vous votre vie sans aucun engagement en tant que bénévole ?
Non mais je crois que c’est maintenant que je peux le
faire : j’ai 20 ans, pas d’enfant, pas de travail qui m’empêcherait de m’investir. C’est donc le bon moment de
vivre ce genre d’expérience. C’est ma passion, ce que
j’aime faire et je le fais avec beaucoup de plaisir.
Si un jour vous aviez à choisir entre votre pratique de
sportive de haut niveau et vos fonctions de dirigeante,
quel serait votre choix ?
Pour l’instant je n’ai pas vraiment eu de choix à faire :
j’ai réussi à tout concilier et j’espère que cela va durer,
que je vais pouvoir continuer à tout gérer. Mais si demain je devais choisir, c’est le sport de haut niveau que
je privilégierais ! Mais il est vrai que ce n’est pas facile
de tout mener de front !
Quels sont vos objectifs personnels dans les deux domaines ?
Au niveau sportif, j’aimerais obtenir de nouveau le titre de Championne de France et intégrer l’équipe de
France pour participer aux Championnats du Monde.
Si j’y parviens, le reste ne sera que du bonus ! Pour
ce qui est de mon rôle de dirigeante, je cherche déjà
à mener à terme toutes les missions que j’ai au sein
de ma Fédération et ensuite on verra. Pour l’instant, je
prends les choses comme elles viennent. Je m’occupe
à présent des jeunes et de l’arbitrage. Peut-être que
plus tard je passerai au domaine des féminines ou de
l’international, on verra !!!
Pensez-vous qu’il soit plus difficile pour une femme
dirigeante que pour un homme dirigeant de se faire
entendre et respecter ?
Oui, effectivement et d’autant plus quand on est jeune. Il
n’est pas évident de faire sa place, de se faire accepter,
d’être écoutée, de faire bouger les choses également,
surtout avec les hommes qui sont un peu plus âgés.
J’en ai fait l’expérience : parfois notre engouement, notre énergie sont mal perçus. Il faut avoir du caractère
et savoir se faire respecter en montrant qu’on est capable de faire les choses et de les faire bien. Certaines
personnes sont prêtes à laisser la place aux jeunes ou
du moins à nous aider. Certaines croient en nous et en
notre travail, d’autres pas du tout.
mon rôle est de former les jeunes et de les aider à
s’investir. Par contre, il est vrai que lorsque je discute
avec d’autres sportifs, notamment à l’UFR STAPS, la
tendance actuelle est effectivement de consommer
une offre sportive sans s’investir dans le club, la ligue
ou le comité. Je pense qu’il y a un travail à faire parce
que les jeunes pensent ne pas avoir les compétences
pour assumer ce rôle de dirigeant qui leur paraît insurmontable. Or, il s’agit surtout à la base d’un manque
de confiance !
Pensez-vous que le tutorat favorise l’engagement
dans des fonctions de dirigeante ?
Je suis tout à fait pour ça. Moi j’ai la chance d’avoir
mes parents qui m’ont beaucoup aidée et sur qui je
peux compter quand je trouve que c’est trop difficile.
Avoir une personne sur qui un jeune dirigeant peut
s’appuyer en cas de difficulté serait, je pense, une des
solutions pour faciliter l’accès des jeunes aux postes
de dirigeants.
Que pensez-vous de l’évolution du sport féminin en
général ?
Je pense que les mentalités évoluent, que les filles
trouvent de plus en plus leur place dans un maximum
de sports et qu’elles pratiquent de plus en plus. Le
sport féminin commence à être reconnu, parce qu’il
est soutenu. Il faut donc continuer à mettre en place
toutes sortes d’actions pour arriver à une égalité entre
les femmes et les hommes.
Entretien réalisé par Ludivine JACQUINOT,
Chargée de mission pour le développement du sport féminin
en Bourgogne.
La Boxe féminine
entre aux Jeux
Olympiques de
Londres en 2012
Est-il vrai que de moins en moins de jeunes s’investissent dans des missions de dirigeants bénévoles ?
Depuis cette année, j’ai moins cette impression. J’ai
laissé ma place de responsable de ligue en arbitrage
à quelqu’un de plus jeune que moi, qui a envie de s’investir. Au niveau de ma Ligue et de ma Fédération,
FEMMES AUX COMMANDES | Page 19
Marie-France
CHARLES
Professeur des écoles, directrice d’école maternelle
puis élémentaire, chevalier de l’ordre du mérite en
2002, aujourd’hui administratrice du CNOSF, présidente du Conseil National des Sports de Nature (CNSN) et
Membre du Comité de Direction du CROS de Bourgogne, Présidente d’Honneur de la Fédération Française
de Course d’Orientation.
Comment une femme devient-elle Présidente de Fédération ?
C’est vraiment un travail de longue haleine, à long terme. J’ai pris ma première licence en course d’orientation en 1973 et c’est en novembre 2000 que je suis
devenue présidente de la Fédération de Course d’Orientation. Il m’a fallu du temps ! J’ai gravi les échelons
doucement : d’abord licenciée, puis secrétaire d’un
club, membre du Comité Directeur du Comité Départemental de Côte d’Or, puis du Comité Directeur de la
Ligue, présidente de la ligue de Bourgogne de Course
FEMMES AUX COMMANDES | Page 20
d’Orientation pour ensuite me présenter en tant que
présidente de la Fédération de CO où j’ai été élue en
2000. Le bon côté de ce cheminement c’est qu’ainsi,
on connaît le fonctionnement de toutes les structures
intermédiaires.
L’investissement associatif nécessite une certaine
disponibilité, comment avez-vous réussi à concilier
à la fois votre vie familiale, professionnelle et associative ?
J’ai toujours été tournée vers les autres et le monde
associatif a répondu à mes attentes et mon mari a également cette fibre, cela facilite bien des choses. N’ayant
plus d’enfant à charge, j’ai pu me consacrer entièrement à la fédération qui demandait quand même énormément de travail. Mais quand on veut quelque chose,
on se donne les moyens de l’obtenir ! Une femme qui
s’engage, c’est une femme qui a des convictions, qui
sait ce qu’elle peut apporter, qui se donne des objectifs
et qui s’y tient.
Parce que vous étiez une femme, vous a-t-il fallu vous
battre pour vous faire respecter et faire passer vos
idées ?
Au niveau de ma fédération, il n’y a pas de clivage entre
les hommes et les femmes, donc pas de problème. On
est à 40 % de femmes pour 60% d’hommes, les femmes y ont toutes leur place. Par contre, dans certaines
instances, comme le CNOSF, où les hommes sont très
accrochés à leur poste, il faut « faire son trou ». J’ai
eu la chance d’avoir à mes côtés un homme qui m’a
beaucoup aidée et beaucoup soutenue, c’est Henri SERANDOUR. Quand je suis allée le voir en lui disant que
je voulais me présenter, il m’a tout de suite poussée et
guidée. En général, j’ai bien été accueillie au CNOSF,
je m’entends très bien avec ces messieurs mais pour
gravir la hiérarchie au sein de la structure, c’est plus
difficile en tant que femme.
A votre avis, que faudrait-il changer pour que les
femmes s’engagent davantage dans des postes à responsabilités ?
Le problème se situe au niveau de la disponibilité et
de la formation. Je crois que le tutorat serait une très
bonne initiative pour aider ces femmes qui souhaitent
s’engager. Autrefois, on dirigeait une association sans
formation particulière, ce n’est plus le cas aujourd’hui,
il faut avoir du professionnalisme parce que les compétences en comptabilité, en conduite de réunion,
entre autre, ne s’inventent pas : elles s’apprennent. A
l’aube du 21ème siècle il faut être conscient que les associations deviennent de petites PME, avec toutes les
contraintes liées à ce statut. Les Présidents de Fédération sont de véritables « Chefs d’Entreprises».
Quels conseils pourriez-vous donner à une jeune dirigeante qui souhaite s’engager ?
Avoir la foi dans ses convictions et ses choix, s’armer
fortement contre les embûches, tenir son ou ses engagements, savoir «être hard à la tâche», et surtout ne
pas baisser les bras à la moindre difficulté. Se dire que
quelque part, il y a une autre femme qui peut l’aider à
surmonter cette difficulté qu’elle a certainement, elle
aussi, dû connaître à un moment donné. Je crois fortement au tutorat. La bonne volonté ne suffit plus : il faut
se former et s’informer, se constituer un réseau d’aide
et de soutien.
Mais quelle belle aventure tout de même, qui apporte
beaucoup à ceux et celles qui la vivent. Allez-y cela en
vaut la peine.
Entretien réalisé par Ludivine JACQUINOT,
Chargée de mission pour le développement du sport féminin
en Bourgogne
FEMMES AUX COMMANDES | Page 21
Profils sociaux et parcours de dirigeantes
Carine ERARD
Maître de Conférences en socio-histoire du sport et de l’éducation physique,
Laboratoire de socio-psychologie et de management du sport, UFR STAPS, Dijon
Pour comprendre l’engagement de ces femmes investies dans les organisations sportives, sur des postes
traditionnellement occupés par des hommes, (et en
« creux » les résistances et freins à la pratique), il faut
se pencher sur le parcours de ces femmes « exceptionnelles ».
« Ce n’est pas le temps dont les femmes
disposent mais qu’elles accordent à ces
activités qui prévaut »
Contrairement aux idées reçues, très peu de femmes
dirigeantes dans le domaine du sport sont inactives :
ce n’est pas le temps dont les femmes disposent mais
qu’elles accordent à ces activités qui prévaut sur leur
investissement dans le type d’activité bénévole. Les dirigeantes bénévoles sont non seulement plus souvent
en activité que les hommes dirigeants (plus âgés qu’elles) et elles travaillent essentiellement à temps plein.
Le fait que ces femmes occupent en grande partie un
emploi à temps complet questionne la manière dont
elles articulent vie professionnelle, familiale et associative quand on sait que les femmes en général prennent en charge la majorité des tâches domestiques au
sein de la sphère familiale (deux fois plus de temps).
On peut dès lors comprendre les tensions, les difficultés que peuvent rencontrer ces femmes (en sachant
qu’elles consacrent autant de temps que les hommes
à leur fonction de dirigeantes).
Quatre profils de dirigeantes se dégagent (CHIMOT,
2004 & 2008 et VIEILLE-MARCHISET, 2005). Les passionnées d’une discipline sportive gardent contact
avec la communauté sportive en acquérant des compétences techniques et administratives. Leur connaissance de la pratique sportive et de son organisation
leur donne une légitimité pour accéder à des postes
à responsabilités. Elles organisent leur vie autour
de leur activité sportive. Les militantes qui ont vécu
dans le milieu associatif et sportif depuis leur tendre enfance, connaissent les rouages d’un club ; leurs
activités de loisir tournent autour des associations et
leur famille y est intégrée. Leurs compétences et leur
investissement les autorisent à briguer des postes à
responsabilités. Les dirigeantes de circonstances (les
plus nombreuses) ont été sollicitées à un moment donné par des proches, le plus souvent en référence avec
leurs compétences professionnelles. Elles se «contentent» de se rendre utiles et s’appuient le plus souvent
d’une transmission « à rebours » (de leurs enfants).
Leurs perspectives d’évolution au sein du système
sportif qui sont rares. Les sportives de haut-niveau
qui se reconvertissent dans un emploi sportif sans
FEMMES AUX COMMANDES | Page 22
avoir initialement un projet professionnel autour de ce
type d’emploi. Elles deviennent alors cadres techniques (Entraîneures nationales, Directrices Techniques
nationales, Conseillères Techniques régionales…).
Cet accès à des emplois salariés (plus rarement bénévoles) s’explique alors par la conversion privilégiée
de leur capital sportif de haut niveau. La reconversion
professionnelle de ces femmes dans le milieu sportif
semble alors aller de soi.
En matière de modes plus ou moins conflictuels de
gestion de la vie familiale et de la carrière dirigeante,
deux profils de femmes dirigeantes se révèlent. Les
premières continuent de privilégier leur vie familale,
les secondes refusent de subordonner leur carrière de
dirigeante (professionnelle ou bénévole), à l’exercice
de leurs responsabilités domestiques, ou à la priorité
donnée à la carrière de leur conjoint. Pour les unes,
cela suppose le choix de vivre seules (refusant la logique de partage), ce qui est souvent le cas des cadres
techniques dont les fonctions ne respectent pas les
rythmes privés (avec réunions le soir, compétitions
le week-end, stages pendant les vacances). D’autres
refusent d’abandonner leur carrière (elles sont plus
jeunes, plus diplômées et appartiennent aux classes
sociales supérieures).
Ainsi, la socialisation familiale puis les parcours socioprofessionnels permettent de comprendre l’engagement des dirigeantes sportives dans un domaine
traditionnellement masculin, avec des parcours qui
dépendent ensuite largement des rapports sociaux qui
existent dans les organisations sportives.
BIBLIOGRAPHIE
CHIMOT, C. (2005) Les dirigeantes dans les organisations sportives, Thèse co-dirigée par HIRATA , H. et LOUVEAU, C., Université Paris 8.
CHIMOT, C. (2008) « Le genre dans les fédérations sportives : les carrières des femmes cadres techniques », in GUICHARD-CLAUDIC, Y. (et coll)
L’inversion du genre, Presses Universitaires de Rennes.
VIEILLE-MARCHISET, G. (2004) Des femmes à la tête du sport. Les freins
à l’investissement des dirigeantes locales, Presses Universitaires de
Franche-Comté.
Les freins à l’investissement des femmes dans les
organisations sportives et les actions envisageables
Carine ERARD
Maître de Conférences en socio-histoire du sport et de l’éducation physique,
Laboratoire de socio-psychologie et de management du sport, UFR STAPS, Dijon
Les freins à l’investissement des femmes sont liés à
l’histoire personnelle des femmes (avec des différences selon les disciplines, les postes et fonctions et le
fait d’être salarié/élu) mais aussi au fonctionnement
des organisations. Ainsi, plus les disciplines sont de
tradition masculine, plus les processus de marginalisation, d’isolement, de subordination, de plafonnement, de stigmatisation sont forts, grossissant les
freins à l’accès des femmes à la direction du sport.
« Un certain nombre de modalités d’exclusion « classiques » sont repérables »
Un certain nombre de modalités d’exclusion « classiques » sont repérables : des habitudes de fonctionnement, des représentations ancrées qui limitent l’accès
et l’évolution des femmes dans les directions, des
attitudes qui parfois cantonnent les dirigeantes dans
des fonctions de subordonnées ou d’exécution, en lien
avec l’héritage culturel de la « domination masculine »
qui est reproduit inconsciemment, insidieusement.
Le fonctionnement électoral et les modes de légitimité sont plus souvent favorables aux hommes. Dans
certains cas, les femmes s’autolimitent. Le management des structures sportives (répartition des tâches,
conduite des réunions, modalités d’organisation) peuvent pénaliser les femmes qui, prises dans l’engrenage
quotidien, laissent peu de place aux « temps perdus ».
Le « flou » de l’organisation sportive pénalise les femmes. Les freins demeurent d’abord culturels avant
d’être issus de processus électifs ou organisationnels.
Pour autant, des actions semblent possibles.
Transformer les modèles et /ou rôles au sein des familles (répartition des taches et modèles) permet aux
femmes d’envisager un temps pour soi, libéré des tâches domestiques, orienté vers l’investissement dans
la sphère publique (et des fonctions de dirigeantes)
et permet à leurs enfants de bénéficier de modèles
d’identification modifiants les contours de la masculinité/féminité. C’est une nouvelle articulation des sphères de la vie sociale, professionnelle et associative qui
permet un tel investissement. L’éducation dès le plus
jeune âge, dans les familles et à l’école (avec l’Education Physique et Sportive et l’Association Sportive) doit
autoriser et favoriser l’accès des filles à des pratiques
« masculines » tout comme à des fonctions de dirigeantes (arbitres…). Les médias, en donnant davantage à
voir et à lire les résultats du sport féminin, donneraient
des figures d’identification aux jeunes filles, avec des
femmes entraîneures d’équipes féminines tout autant
que masculines. Si un changement des mentalités en
matière de modèles sociaux-culturels du masculin et
du féminin est un processus lent, des actions à court
terme sont à envisager au niveau des organisations
sportives. Développer une politique volontariste, non
par quota, mais en travaillant sur les modalités d’élection des dirigeants est décisif. Les politologues nous
indiquent bien que le mode de scrutin par liste est plus
favorable aux femmes, avec un ordre de présentation
des candidats qui constitue un enjeu majeur. Inciter les
doublettes titulaires/suppléants de sexe opposé dans
les listes ; annoncer au préalable la candidature évite
de passer par des modes de proposition de candidatures qui, sous couvert de convivialité et de collégialité,
favorise les hommes plus enclins à prendre la parole,
se mettre en avant et à se proposer sur ce type de
poste. Prendre en compte les qualifications des candidats (et en faire un critère d’ordonnancement sur les
listes) permettrait de valoriser les candidatures féminines (souvent plus dotées en qualifications et diplômes sportifs). Développer des formations qualifiantes autour de ces fonctions de dirigeant(e)s du sport
permettrait de dispenser une formation permettant de
« gagner du temps » dans l’exécution des tâches de dirigeants, de mener des réunions, de gérer des conflits
et ainsi donner confiance et une crédibilité assumée et
revendiquée. Porter attention aux horaires des réunions en les rendant autant que possible compatibles
avec la vie familiale, en évitant les réunions et décisions informelles ou le flou dans les dates et réunions
évite d’exclure les femmes. Organiser des réunions aux
horaires calibrés (et éviter les réunions qui durent à
n’en plus finir). Placer les réunions durant des entraînements (les femmes peuvent ainsi accompagner les
enfants et rester à la réunion durant l’entraînement).
L’engagement des femmes dans des postes de dirigeantes pourrait ainsi être facilité. Les clubs doivent
aussi jouer un rôle d’éducation, en incitant les filles à
entraîner, prendre des responsabilités dans les clubs
(dès le plus jeune âge) et ainsi mettre le pied à l’étrier
à des carrières de dirigeantes. Enfin, développer les
actions de sensibilisation à cette question des freins
et de la présence des femmes dans le sport avec des
dirigeants (locaux ou nationaux), mais aussi à travers
la presse et les médias, n’est pas sans effet.
Bibliographie
VIEILLE-MARCHISET, G. (2004) Des femmes à la tête du sport. Les freins
à l’investissement des dirigeantes locales, Presses Universitaires de
Franche-Comté.
FEMMES AUX COMMANDES | Page 23
Le handi sport au féminin
Sébastien MESSAGER
CTN Handisport
Selon une enquête de 2003 du service des droits des
femmes et de l’égalité, les femmes représentent
52,6 % des personnes en situation de handicap, que ce
soit de naissance, suite à un accident ou une maladie.
Ces dernières subissent simultanément les discriminations qui s’exercent à l’encontre des femmes par
rapport aux hommes et celles qui s’exercent à l’encontre des personnes handicapées par rapport aux
personnes valides, c’est-à-dire une double discrimination, à raison du sexe et du handicap. La promotion de
l’égalité des chances entre filles et garçons constitue
désormais une priorité non seulement au niveau national, mais également dans le programme de l’Union
Européenne qui consacre des fonds structurels à sa
mise en œuvre.
Dans l’univers méconnu du monde du handicap par le
grand public, la pratique sportive prend une part de
plus en plus prépondérante dans la vie quotidienne des
personnes déficientes motrices ou sensorielles. Force
est de reconnaître qu’au niveau des instances sportives
internationales (l’International Paralympic Committee
et le C.I.O.), de nombreux projets et réflexions se mettent en place sur la mixité dans les pratiques sportives
ainsi que sur la prise de responsabilité des femmes
dans le monde des dirigeants. La Fédération Française
Handisport, qui organise la pratique sportive en France, accompagne depuis de longues années la politique
internationale en faveur de la pratique féminine.
Durant la saison 2008/2009, la Fédération Française
SPORT HANDI AU FÉMININ | Page 24
Handisports (F.F.H.) comptait près de 24000 licenciés
pour environ 1000 clubs. Sur ces 24000 pratiquants, il
y avait 6760 femmes, ce qui représente près de 26.6 %
des licenciés (dont 5430 en plus de 20 ans).
« Le passage d’une pratique de loisir à
une pratique compétitive continue d’être
plus difficile pour les femmes. »
On peut donc remarquer que ce chiffre est quasiment
identique à celui de la représentation nationale, toutes
fédérations confondues. Pour aller encore plus loin,
sur les 7500 licences loisirs, les femmes sont représentées à hauteur de 36 %. Une fois l’accès à la pratique réalisé, la participation aux compétitions reste
plus difficile pour les féminines mais à l’inverse, l’engouement et l’assiduité y sont beaucoup plus forts. Le
passage d’une pratique de loisir à une pratique compétitive continue d’être plus difficile pour les femmes.
L’image et la valorisation des sportives sont aussi des
passages importants. Sur les évènements de référence,
tels que les championnats du monde ou les Jeux Paralympiques, et malgré les « quotas » appliqués durant
les Jeux sur certaines disciplines, il n’y avait que 32 %
de femmes au sein de l’équipe de France Paralympique en 2008 à Pékin (39 femmes et 81 hommes). Ces
sportives ont apporté près de 34 % des médailles (or,
argent ou bronze) sur les 104 de la France. Cette statistique reste constante depuis les Jeux Paralympiques
de Sydney en 2000. Deux sportives de haut niveau, parmi bien d’autres, ont porté haut les couleurs du sport
féminin français dans le monde entier grâce à leurs
succès durant les dernières Paralympiades et ainsi
obtenu une reconnaissance méritée. Il s’agit de Béatrice HESS qui a obtenu 20 médailles d’or en natation
en 5 participations aux Jeux et Assia EL HANNOUNI,
Bourguignonne d’origine, qui a obtenu 6 médailles d’or
en athlétisme sur les deux derniers Jeux. Si depuis les
premiers « Jeux » de Stoke Mandeville en 1948 puis les
1er Jeux paralympiques à Rome en 1960, la présence
des femmes en équipe de France ne fait que progresser, un long chemin reste encore à parcourir.
Dans un autre registre, l’accès réel des femmes aux
postes de direction est en constante augmentation. Sur
presque 6000 « cadres dirigeants » licenciés comme
tels à la F.F.H., 32 % sont des femmes.
Actuellement, un renforcement de la politique de
mixité est en cours dans de nombreuses disciplines
paralympiques majeures de la F.F.H., car c’est dans
ce secteur que de nombreuses médailles sont réalisables à moyen et long terme. L’obtention de cette mixité
constitue un véritable enjeu de société. C’est pourquoi
il convient de prendre des mesures qui agissent sur les
structures, les mentalités et les comportements.
Photo de JUTHAND Valérie
Participation aux JO de Sydney en 2000 en
Handi haltérophilie
Crédits photo : Grégory PICOUT
Valérie
JUTAND
Valérie JUTAND est une ancienne athlète de haut niveau
Bourguignonne qui a participé aux Jeux Paralympiques
de Sydney 5ème place, en haltérophilie handisport, l’équivalent handisport du « développé-couché » (les athlètes
sont allongés sur un banc qui diffère légèrement de celui
utilisé par les valides ; il est plus large, pour des raisons
de sécurité, et les athlètes peuvent plier les jambes ou
être attachés.
SPORT HANDI AU FÉMININ | Page 26
L’objectif est de descendre la barre au niveau de la poitrine, de marquer un temps d’arrêt, puis de la pousser
vers le haut jusqu’à extension et stabilisation complète
des bras). C’est en milieu scolaire qu’elle a découvert
l’haltérophilie. A 20 ans, elle commence à pratiquer cette
activité en compétition.
Ce qui lui plaît dans cette activité, « c’est le côté individuel
et sympathique du milieu ». Elle s’entraîne avec des hommes dont son entraîneur et elle aime cet univers dans lequel « il faut savoir se faire respecter et avoir beaucoup
d’humour, mais où les relations sont plus franches et
directes ».
En 1990, elle est championne du Monde (Mouvement
Handi) des -40 kg. En 1997, elle est championne d’Europe
Valérie
JUTAND
puis vice Championne du Monde (dés 1991 Mouvement
valide) en 1998 des -44 kg. En 2000, elle est 5ème des Jeux
Paralympiques de Sydney. Son record personnel est de
72.5 kg pour moins de 44 kg en haltérophilie handisport.
Elle ne fait aucune compétition sans être maquillée : elle
se sent femme avant tout et revendique le fait que les
femmes aient le droit à la même reconnaissance que les
hommes. « La p’tite nénette toute mignonne la veille qui
soulève 72.5 kg le lendemain en surprenait plus d’un ».
Pour autant, comme elle le souligne, « le sport féminin
en général n’est pas assez médiatisé et encore moins le
handisport féminin. Il y a une double discrimination pour
une femme handicapée ».
lier son sport avec le travail. Aujourd’hui, elle pratique du
handbike et de la musculation pour le loisir. Ses parents,
ses amis sont fiers de son parcours, de son palmarès.
Les 10 ans de compétition lui ont permis de vivre des
moments extraordinaires (Les Jeux de Sydney, le titre de
Championne du Monde), de faire des rencontres exceptionnelles et de s’épanouir.
Portrait réalisé par Ludivine JACQUINOT,
Chargée de mission pour le développement du sport féminin en
Bourgogne
En 2003, elle arrête le haut niveau sans regret parce
qu’elle ne vit pas de son sport et ne parvient plus à conci-
SPORT HANDI AU FÉMININ | Page 27
Zoom sur ...
Les Jeux Paralympiques de Pékin
« Le porte drapeau de l’équipe de France paralympique
aux jeux de Pékin en 2008 était une femme»
La France est représentée dans 13 des 20 disciplines paralympiques :
Athlétisme, aviron, basket-ball fauteuil, boccia, cécifoot, cyclisme, équitation,
escrime fauteuil, football électrique, haltérophilie, judo, natation, rugby fauteuil,
tennis, tennis de table, tir à l’arc, tir sportif, torball, voile, volley assis.
<
Assia EL’HANNOUNI
qui a commencé l’athlétisme en
Bourgogne.
Les Jeux Paralympiques de Pékin en chiffres c’est...
472
262 pour les hommes
(dont 59 pour les grands handicapés)
176 pour les femmes
(dont 34 pour les grands handicapés)
Nombre de sportifs
épreuves
4000
127
34 mixtes
(dont 22 pour les grands handicapés)
athlètes présents durant ces jeux
sportifs de la délégation française
(dont 39 athlètes féminines et 88 athlètes masculins)
Nombre de médailles olympiques hommes/femmes
100
75
Femmes
Hommes
50
Aux Jeux Paralympiques de Pékin, il y eu 44 médaillés hommes contre
18 médaillées femmes. Aux Jeux Paralympiques d’Athènes, les hommes comptaient 50 médailles contre 19 pour les femmes.
25
Pékin 2008
Athènes 2004
SPORT HANDI AU FÉMININ | Page 28
Aujourd’hui en Bourgogne
de plus en plus d’activités
sportives s’ouvrent aux
personnes en situation de
handicap.
Elise est une jeune bourguignonne qui découvre
différents sports au sein
de son association (Association Handicap Valide
Vivre Ensemble Solidaire),
par une pratique partagée
« handi/valide ».
Répartition des licences féminines en fonction des fédérations au niveau national en 2008
100%
75%
50%
25%
Fédérations unisport olympiques
Fédérations unisport non olympiques
Fédérations multisports
Général (hors groupements nationaux)
Les licences féminines représentent en moyenne 35.3 %
des licences totales des fédérations. Ce chiffre monte à
53,7 % au sein des fédérations multisports, 29 % dans les
fédérations unisport olympiques et seulement 25,5 % dans
les fédérations unisport non olympiques.
Source : Recensement réalisé par la Mission des Etudes, de
l’Observation et des Statistiques, auprès des fédérations sportives
agréées par le Ministère de la Santé et des Sports.
Répartition des licenciés hommes/femmes en Bourgogne en 2008
En Bourgogne, les femmes représentent 35 % des licenciés
contre 61 % pour les hommes, ce qui correspond à la moyenne
nationale.
Les 4 % restants représentent les licenciés n’ayant pas été répartis.
EN BOURGOGNE, LE SPORT C’EST AUSSI AU FÉMININ | Page 30
61%
35%
Accrobranche Aerobi
AEromodElisme Aéros
Aikido Alpinisme Apné
gym Arts martiaux ar
AthlEtisme Aviation Av
foot Badminton Ball t
sur
Ba
ba
déf
soccer Beach volley B
Biathlon Billard BMX
Boogie Woogie Boomer
lyonnaise Bowling Box
Boxe anglaise Boxe ch
française Boxe thaïla
Canne de combat Cann
Canoë kayak Canyonis
Répartition des licences féminines en Bourgogne
93%
93% 7%
7%
F.FE.PGV
F.FE.PGV
7%
7%
93%
93%
32%
32% 68%
68%
Sport
Sporten
enmilieu
milieurural
rural
FSCF
FSCF
EPMM
EPMM
31%
31% 69%
69%
15%
15% 85%
85%
14265
14265
Ball-Trap
Ball-Trap
15324
15324
Pêche
Pêcheau
auCoup
Coup
7280
7280
Billard
Billard
5230
5230
Vol
Vollibre
libre
2001
2001
96%
96% 4%
4%
95%
95% 5%
5%
93%
93% 7%
7%
95%
95% 5%
5%
U.L.M
U.L.M
97%
97% 3%
3%
Pêche
Pêcheààlalamouche
mouche
Vol
Volààvoile
voile
Source : Ministère de la Santé et des Sports - Statistiques 2007
95%
95% 5%
5%
95%
95% 5%
5%
TOTAL
TOTAL
TOTAL
TOTAL
TOTAL
TOTAL
TOTAL
TOTAL
1303
1303
TOTAL
TOTAL
789
789
639
639
TOTAL
TOTAL
TOTAL
TOTAL
TOTAL
TOTAL
109
109
TOTAL
TOTAL
50%
50% 50%
50%
97%
97% 3%
3%
TOTAL
TOTAL
95%
95%
92%
92% 8%
8%
Aéromodélisme
Aéromodélisme
TOTAL
TOTAL
U.S.E.P
U.S.E.P
5%
5%
1228
1228
TOTAL
TOTAL
Twirling
TwirlingBâton
Bâton
37%
37% 63%
63%
TOTAL
TOTAL
Roller
RollerSkating
Skating
Aéronautique
Aéronautique
1330
1330
447
447
TOTAL
TOTAL
TOTAL
TOTAL
5697
5697
TOTAL
TOTAL
40%
40% 60%
60%
4%
4%
7316
7316
400
400
TOTAL
TOTAL
96%
96% 4%
4%
359
359
TOTAL
TOTAL
Rugby
Rugby
Motocyclisme
Motocyclisme
Randonnée
Randonnéepédestre
pédestre
279
279
Hockey
Hockeysur
surGlace
Glace
Chiffres
faire)
19%
19% sport
81%
81%féminin (tableau
300
300 excel graphes à96%
96%
Sport
Sportde
deGlace
Glace
56504
56504
TOTAL
TOTAL
TOTAL
TOTAL
7978
7978
96%
96% 4%
4%
343
343
TOTAL
TOTAL
42%
42% 58%
58%
Natation
Natation
8186
8186
TOTAL
TOTAL
25%
25% 75%
75%
Football
Football
228
228
TOTAL
TOTAL
Gymnastique
Gymnastique
15453
15453
TOTAL
TOTAL
23%
23% 77%
77%
Equitation
Equitation
Disciplines ayant moins de 10 %
de licenciées en Bourgogne
175
175
TOTAL
TOTAL
Disciplines ayant plus de 50 %
de licenciées en Bourgogne
EN BOURGOGNE, LE SPORT C’EST AUSSI AU FÉMININ | Page 31
SAFIA
OTOKORÉ
Vice Présidente déléguée à la Jeunesse, aux Sports, à
la lutte contre les discriminations, aux Relations Internationales européennes et Coopération décentralisée au
Conseil régional de Bourgogne.
Que pensez-vous du sport féminin en général et bourguignon en particulier ?
Aujourd’hui de plus en plus de femmes pratiquent le
sport en France. Mais il est vrai qu’il existe encore certains freins comme l’accessibilité des équipements sportifs dans les milieux ruraux, les horaires de pratiques
proposés, ou encore la diversité de l’offre d’activités (trop
souvent on propose du foot !). Dans le sport bourguignon,
on sent encore cette inégalité dans la pratique sportive
puisque seulement 36 % des licenciés bourguignons sont
des femmes. Pour une femme qui est mère, impliquée
dans sa vie professionnelle, c’est plus difficile de pratiquer un sport qu’un homme, parce que culturellement,
c’est la femme qui doit s’occuper des enfants et de la
maison.
par le faible pourcentage de femmes aux postes à responsabilités. Seulement 12 % de femmes à l’assemblée
et dans le sport, environ 36 % des femmes pratiquent
mais très peu dirigent. Il y a eu la loi de la parité qui a permis de réguler et de corriger cette inégalité mais il reste
encore beaucoup à faire. C’est dommage mais pas simple
à faire évoluer. Dans le milieu sportif les dirigeants sont
d’abord des bénévoles, souvent des hommes retraités,
les réunions sont tard le soir et nombreuses, donc pas
adaptées à l’emploi du temps que peut avoir une femme
et quand on leur demande de faire de la place aux femmes ils nous répondent « mais il n’y a pas de femmes
qui veulent prendre notre place ».En Bourgogne, on sent
cette volonté du monde sportif de vouloir faire émerger
des femmes aux postes à responsabilités même si ce
n’est pas encore perceptible.
Quand on est femme, on a besoin de s’affirmer pour être
écoutée, on aimerait être considérée en fonction de nos
compétences et pas de notre sexe, on n’est pas meilleure
que les hommes mais pas moins compétente.
Quelles actions avez-vous mises en place pour remédier à cette inégalité ?
Tout d’abord on s’est attaché à accompagner les clubs
féminins dans l’élaboration de leur dossier, reconnaitre
leurs valeurs autant que celles des garçons pour favoriser un équilibre, une égalité entre les clubs masculins
et féminins.
Pourquoi est-il important de mettre l’accent sur le sport
féminin ?
Pourquoi avoir mis l’accent sur le sport féminin ?
D’abord parce que je dois ma réussite au sport et que
le sport est un moyen d’émancipation, de promotion, et
de bien-être qu’on soit homme ou femme. Il me semble
naturel de chercher à réduire les inégalités entre sport
féminin et sport masculin et permettre à tous d’avoir les
mêmes accès à la pratique.
Parce que je pense qu’une société qui s’occupe de ses
femmes, quelle que soit la thématique, est une société
qui se grandit et d’autant plus lorsqu’il y a une certaine
inégalité, et la délégation dans laquelle je me trouve a la
possibilité de rester inactive ou de dénoncer et d’agir et
moi j’ai choisi d’agir.
Pourquoi devez vous votre réussite au sport ?
Est-ce qu’aujourd’hui vous arrivez à concilier votre vie
de femme politique, maman et pratiquante ?
Je suis née dans un pays, en Somalie, où dans les années
1975, les filles avaient un destin déjà tout tracé. On est
d’abord la fille de quelqu’un puis la femme de quelqu’un,
ensuite la mère et la grand-mère de tout cela. On n’autorisait pas les filles à se former, s’éduquer, ni à s’ouvrir
à la culture ou au sport. La place d’une femme était à la
maison. Ma famille était pauvre et le sport était un moyen
de gagner de l’argent. Rien qu’en courant je faisais vivre
ma famille, là le sexe n’avait plus d’importance, je n’étais
plus une fille, j’étais une source financière. Donc j’ai profité de cette opportunité pour m’émanciper, acquérir une
certaine liberté, réussir ma vie. Sans le sport je n’aurais
pas pu modifier mon destin.
Non, pas autant que je le voudrais. J’arrive à courir une
fois par semaine, le dimanche, mais je ne suis pas licenciée dans un club. Je passe plus de temps à regarder le
sport qu’à le pratiquer.
Entretien réalisé par Ludivine JACQUINOT,
Chargée de mission pour le développement du sport féminin en
Bourgogne
Aujourd’hui vous êtes une des rares femmes dans un
monde d’hommes, comment avez-vous été intégrée ?
Le monde du sport et le monde politique se ressemblent
EN BOURGOGNE, LE SPORT C’EST AUSSI AU FÉMININ | Page 33
Les femmes dans le sport de haut niveau
Catherine LOUVEAU
Professeure des Universités, Paris Sud 11, Membre du Laboratoire Genre, Travail,Mobilité, CRESPPA-GTM, UMR
7217, Présidente de la société de sociologie du Sport de langue française.
Venues nombreuses à une pratique physique ou sportive de loisir, d’entretien, d’esthétisation, les femmes
demeurent sous représentées dans le champ compétitif. Les différentes enquêtes nationales confirment la
persistance du constat sur 20 ans. Plus la pratique se
codifie et s’institutionnalise, moins il y a de femmes :
sur 100 compétiteurs, 25 sont des femmes. Elles ne
représentent d’ailleurs que 28 % des licences des fédérations olympiques.
« On compte 35 % de femmes aux niveaux élevés de l’excellence sportive,
(au sein de la liste officielle des sportifs
de haut niveau comprenant 7266 personnes en 2008) »
On compte 35 % de femmes aux niveaux élevés de
l’excellence sportive, (au sein de la liste officielle des
sportifs de haut niveau comprenant 7266 personnes
en 2008). Enfin, au plan le plus élevé, les Jeux Olympiques, leur entrée est tardive et récente dans nombre
de disciplines. Dans tous les cas, les sportives sont
sous représentées. Les instances internationales tel le
CIO se félicitent beaucoup de la proportion, inédite, de
femmes parmi les athlètes aux Jeux de Pékin 2008 :
42 %. En effet, à Atlanta en 1996, elles étaient 35 %. A
Montréal en 1976, 21 %, à Rome en 1960, 11 %. Mais en
SPORTIVES DE HAUT NIVEAU | Page 34
plus de 110 ans de sport olympique, les athlètes féminines ne sont toujours pas représentées paritairement.
En outre, à l’échelle planétaire, nombre de femmes demeurent absentes du haut niveau ; certains pays dérogeant à la charte olympique. A Pékin, 15 délégations
ont présenté des sportives voilées. De plus, quand on
regarde la répartition des excellences sportives féminines sur la planisphère (en natation, athlétisme…), ce
sont des pans de continents qui disparaissent ; ainsi
l’Afrique subsaharienne.
Autant de constats qui viennent en contrepoint d’images et d’impressions, du fait d’une présence médiatique de sportives et de discours appuyés par la presse,
comme au lendemain du Mondial de football en 1998.
Nombre de journalistes parlèrent alors « d’engouement » ; mais depuis près de 40 ans que les Françaises
pratiquent du football dans le cadre de la FFF, elles ne
représentent toujours que 2,7 % des licenciés. Le sport
de haut niveau pratiqué, montré, n’est pas cet espace
ouvert, mixte, auquel hommes et femmes pourraient
accéder identiquement et à égalité. Les obstacles ici
tiennent non à des règlements ou des refus explicites;
mais à des mécanismes plus invisibles et combinés,
pour partie culturels et sociaux pour partie institutionnels et politiques. Même les mesures volontaristes ne
suffisent pas à les défaire.
• sur 100 français : 52 femmes (base de référence ;
dans l’ensemble de la population, les deux sexes
sont quasiment représentés à parité)
• sur 100 compétiteurs : 25 femmes, toutes fédérations confondues
• sur 100 sportifs de haut niveau : 35 femmes
• parmi les Conseillers Techniques : 14 % de femmes
• parmi les Entraîneurs nationaux : 10 % (38 femmes)
• parmi les Directeurs Techniques nationaux :
6,6 % (= 4 femmes)
• parmi les Présidents de fédérations : 6 femmes
sur 119 fédérations
les considérés comme n’étant pas dans les normes. Si
la femme musclée bénéficie aujourd’hui d’une bonne
acceptation sociale (comme signe de tonicité, de « forme »...), les sportives demeurent, en propre, questionnées quant à leur identité de « vraies femmes ».
C’est justement une appréciation de « trop de virilité » et ces suspicions qui ont amené, dans les années
soixante, la mise en place de tests de féminité. 40 ans
plus tard, et alors que le CIO a supprimé à Sydney,
l’obligation systématique de cet examen pour toutes
les sportives (elles devaient le faire ou montrer leur
certificat dans toutes les compétions internationales),
le cas de C. Semenya, athlète sud africaine suspectée en août 2009 (mondiaux d’athlétisme) « d’être un
homme » par ses adversaires, montre trois éléments
qui doivent être disjoints : l’existence avérée (et problématique pour l’institution sportive) des intersexués,
et transsexuels, la complexité des identités sexuées
(acte de naissance, chromosomes, gonades, hormones...) enfin le traitement médiatique d’apparences et
de performances jugées « hors normes ». Car il faut le
souligner, en 40 ans de tests de féminité mis en place
pour démasquer des tricheurs, aucun homme déguisé
en femme ne fut jamais trouvé.
Crédits photo : Stéphane PILLAUD Sportissimo
La part des deux sexes dans les fonctions d’encadrement de haut niveau est à cet égard très significative.
L’accès des femmes aux postes de dirigeantes, i-e aux
postes de responsabilités au sein des organisations
sportives est encore exceptionnel : cela est vrai tant
dans les instances administratives, techniques que politiques. En mars 2008, le principe « agir pour la parité »
a été réitéré par le CIO ; invitant les CNO de tous les
pays à une participation accrue des femmes dans les
comités exécutifs. Ces déclarations de principe sur la
mixité et au mieux la parité existent de longue date.
Sans effet voyant sur les faits ainsi qu’on peut l’observer en France en 2008 :
Comme dans le monde professionnel des entreprises
et des administrations et le monde politique, les femmes se raréfient à mesure qu’on monte dans la hiérarchie des fonctions, des responsabilités et du pouvoir. Elles ont affaire ici au plafond de verre, d’autant
plus résistant que le sport demeure un monde d’hommes, aux plans pratique, professionnel, médiatique,
symbolique...
D’autres faits peuvent en attester tel ce que nous avons
nommé un procès de virilisation. Au début du XXe siècle, le qualificatif de « viriles » valait pour toutes celles
qui accédaient à des domaines masculins ; mais dans
le sport, cette qualification persiste encore. Dans leurs
gestuels et leur efficacité technique, les sportives
se sont rapprochées des sportifs ; sous les effets de
l’entraînement, elles peuvent avoir des morphotypes
proches de ceux des hommes. Cette référence à une
« virilisation » s’entend a fortiori dans des sports dans
lesquels elles sont peu nombreuses et que l’histoire
et la culture ont dévolus aux hommes (cyclisme, foot,
rugby, boxe…). Le renvoi à la femme « virile », voire
à un « 3ème sexe » apparaît encore pour celles qui ont
un signe sexuel secondaire habituellement/culturellement assigné aux hommes, « trop de muscles », les
épaules « trop carrées », « pas assez de poitrine » ou
bien des hanches gommées. Ici sont amalgamées les
grandes, les musclées, les costaudes, les contrôlées
positives aux androgènes ainsi que les homosexuelles
déclarées. On observe très fréquemment la production
d’un amalgame entre les morphologies différentes de
celle de la femme « canon », les effets des androgènes
et encore des modes de vie et des orientations sexuel-
BIBLIOGRAPHIE
Sport de haut niveau au féminin, coordonné par CARPENTIER, C., FORGET, S., QUINTILLAN, G., Les cahiers de l’INSEP, n° spéciaux 31 et 32,
Paris, INSEP, 2002
CHIMOT C., Les femmes dans les organisations sportives ; le genre et le
sport, Thèse pour le doctorat de sociologie, Université de Paris 8/CNRS,
2005
LOUVEAU, C., BOHUON, A., Le test de féminité, analyseur du procès de
virilisation fait aux sportives In TERRET, T. (dir.) Sport et genre XIXe – XX e
siècles. (4 volumes), Volume 1, La conquête d’une citadelle masculine.
Paris, L’Harmattan, 2005
SPORTIVES DE HAUT NIVEAU | Page 35
Véronique
PECQUEUX
ROLLAND
283 sélections en équipe de France,
849 buts, Championne du Monde en
2003, Vice Championne du Monde en
1999, médaille de Bronze aux Championnats d’Europe en 2002 et 2006.
A quel âge avez vous commencé le
handball? Et pourquoi cette discipline ?
J’ai découvert le hand à 11 ans, au
collège, avec mon professeur d’EPS
qui était aussi l’entraîneur du club. Je
pratiquais déjà le basket et la gymnastique, mais mon choix s’est porté très
vite sur le handball parce que ce sport
correspondait plus à ma personnalité.
J’ai pratiqué dans un premier temps
à l’UNSS, puis en club. Dès 11 ans j’ai
dit à ma maman : « je serai en équipe
de France ». C’était vraiment mon objectif ! Je n’aurais pas pu pratiquer un
sport individuel : la relation avec les
autres, la cohésion d’un groupe, avoir
des objectifs communs avec les joueuses et l’entraîneur, pouvoir échanger
avec mon entraîneur, étaient des éléments importants pour moi.
Crédits photo : Catherine CABROL
Quel rôle vos parents ont-ils eu dans
le déroulement de votre carrière ?
Mes parents ont joué un rôle prépondérant dans ma carrière. Ils m’ont
soutenue dès le début, sans jamais me
pousser. Ils ont dû faire énormément
de déplacements et de concessions
pour faire en sorte que je pratique le
hand : cela n’a pas toujours été facile.
Ils ont toujours été derrière moi, même
quand j’ai décidé de partir à Dijon pour
atteindre mon objectif ou de reprendre
le hand après la naissance de Gabin,
mon premier enfant.
Pourquoi avoir décidé de faire votre
premier enfant au beau milieu de votre carrière ?
Avoir une famille et des enfants était un
but qui me tenait vraiment à cœur. Je
ne voulais pas un jour me retourner sur mes années de
compétitions et me dire que j’étais passée à côté de ma
vie de femme. Le sport de haut niveau, avec les compétitions qui s’enchaînent (championnats du Monde, d’Europe, Jeux Olympiques, Qualifications, etc…) ne laisse
aucun répit...C’est donc après les Jeux de Sydney qu’on
a décidé, avec mon mari, que c’était le bon moment pour
avoir un enfant, tout en sachant que mon objectif était de
revenir au plus haut niveau ensuite et j’y suis arrivée !
Quelle expérience ! Je suis revenue avec une force supplémentaire grâce à ce petit bout de chou.
Avez-vous douté de votre retour en équipe de France ?
J’ai mis tous les moyens de mon côté pour réussir à revenir et j’ai eu la chance d’avoir mes parents, ma famille
et une nounou d’enfer qui m’ont permis de m’investir à
100 % dans le handball et la préparation des compétitions. Le soutien de mes proches a été très précieux dans
le déroulement de ma carrière.
Vous êtes aujourd’hui une sportive connue et reconnue,
quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes joueuses ?
Je crois sincèrement que quand on veut, on peut, mais
que rien n’est facile ou acquis. Pour réussir, il faut se fixer
des objectifs, ne pas se mettre de barrières et se donner
les moyens. Cela demande de faire des concessions (je
ne parlerais pas de sacrifices car pour moi il était normal
de devoir me priver de certaines choses, pour atteindre
mes objectifs). Etant donné que je n’avais pas vraiment
de « vraies » dispositions physiques, il m’a fallu travailler
dur et faire des choix, mais ça a payé. C’est grâce à ma
volonté et à un mental d’acier que j’ai réussi à réaliser
mon rêve. Ce qui est important aussi, c’est de ne jamais
laisser tomber l’école et de penser à l’après handball, à
sa reconversion. Une carrière de sportive de haut niveau
est courte et on n’est pas à l’ abri d’une blessure grave qui
nous empêche de reprendre ou de retrouver le haut niveau. Il faut penser assez tôt à sa reconversion parce qu’il
est sûr que ce n’est pas le nombre de sélections ou un
titre de championne du Monde qui nous fera vivre après
le handball. Personne n’y pense à notre place. Le danger
est de ne pas se préparer et de ne pas prévoir l’aprèscarrière sportive.
Avez-vous rêvé d’être championne du monde ?
Jeune j’y pensais, mais ça me paraissait inaccessible,
improbable. Je pense que quand on est athlète de haut
niveau, on a toujours soif de titres, on veut le meilleur !
Donc oui, j’en ai rêvé. J’ai été très déçue de n’être que
vice championne du monde en 1999 parce que j’ai estimé
qu’on avait loupé notre chance et que cela ne se représenterait pas plusieurs fois. Paradoxalement, quand on
a arraché le titre en 2003 contre la Hongrie, on n’arrivait
pas à le croire.
tamment parce que le scénario de ce titre a été exceptionnel. Ce jour là, il s’est passé quelque chose de fort ;
les gens ont vibré avec nous, ont souffert pendant les prolongations et ont explosé de joie au coup de sifflet final.
Je pense qu’on a surpris tout le monde et que le public a
été marqué par cette rage et cette combativité qui nous
animaient. Mais je pense que le sport féminin n’est, en
général, pas suffisamment mis en valeur par les médias,
et qu’il n’est pas reconnu comme il devrait l’être. Cela fait
longtemps que je suis sur les terrains et je trouve qu’il y a
une évolution tout de même ! En tout cas, pour ce qui est
du hand féminin, nos titres, nos trois participations aux
jeux, ont contribué à faire sortir le handball féminin de la
case inconnue.
Quel moment retenez-vous de votre carrière ?
Le handball a été pour moi comme une deuxième famille.
Je me suis investie complètement et il y a eu énormément de moments importants au cours de ma carrière,
à commencer par le jour où j’ai reçu ma première convocation en équipe de France. Je pensais effectivement que
le plus dur était d’y rentrer, mais ensuite il fallait y rester, pour aujourd’hui la quitter. Tous ces moments vécus
entre cette première sélection et mon dernier match ont
été importants. Peut être que notre première qualification pour les jeux de Sydney a une saveur toute particulière, parce que ce n’était pas un objectif de la Fédération
(qui visait les jeux de 2004) et alors que pour nous, c’était
maintenant ou jamais. Lors du quart de final contre les
Danoises, la pression était tellement forte que dans le
bus avant le match, il régnait un silence de mort et j’avais
les larmes aux yeux avant de jouer…Et puis, on gagne
ce match ; on passe en demi finale du championnat du
Monde et puis surtout on gagne notre billet pour les Jeux
Olympiques de Sydney...
Tout au long de votre carrière, vous avez eu plusieurs
entraîneurs : quel type de relations entreteniez-vous
avec eux ?
Plusieurs entraîneurs ont jalonné ma carrière handballistique : Dragan ZOVKO, qui m’en a fait baver parce que
j’avais tout à apprendre et qu’il avait vu en moi un certain potentiel. Néanmoins, j’acceptais d’en baver pour
atteindre mon objectif. La relation avec l’entraîneur est
très importante, parfois conflictuelle parce que s’opèrent
souvent des désaccords sur les choix techniques. Elle est
aussi très affective parce qu’on vit et qu’on partage les
mêmes moments forts, qu’ils soient beaux, notre titre
de championne du Monde, par exemple, ou tristes, notre déception aux jeux. Un bon entraîneur, c’est celui qui
sait utiliser les compétences de chacune pour rendre le
groupe plus fort.
Entretien réalisé par Ludivine JACQUINOT,
Chargée de mission pour le développement du sport féminin en
Bourgogne
Comment avez-vous vécu la médiatisation de votre titre
de championne du monde ?
On a été un peu plus médiatisées qu’on ne l’avait été
auparavant. A notre arrivée à l’aéroport, les journalistes
étaient là, on a fait des émissions télé, de radio mais noSPORTIVES DE HAUT NIVEAU | Page 37
SPORTIVES DE HAUT NIVEAU | Page 38
LES HOMMES
LES FEMMES
ET LEUR MENTAL
On connaît, dans le domaine du
à s’investir pour atteindre des objecsport, les inégalités physiques mais
tifs personnels, qu’elles réagissent
aussi sociales (salaires, couverture
mieux à la rétroaction positive qu’à la
médiatique) entre les hommes et les
critique, qu’elles aiment bien que l’on
femmes. Mais qu’en est-il sur le plan
entretienne leur confiance, qu’elles apdu fonctionnement psychologique et
précient plus le progrès personnel que
du comportement ?
la victoire et qu’elles sont sensibles aux
sentiments de leurs coéquipières.
Les études montrent que dans le
quotidien, les athlètes masculins et
Mais sachez que l’on peut être un grand
féminins sont plus compétitifs que les
gaillard de 1m98 pour 120kg et avoir des athommes et les femmes non athlètes.
titudes mentales qualifiées de féminines tout
En sport, cependant, les hommes
simplement parce qu’il a été démontré que les
sont habituellement plus orientés
hommes et les femmes peuvent posséder ausvers la victoire, alors que les femmes
si bien des caractéristiques dites masculines
recherchent davantage l’amélioraet féminines et s’inscrire plus facilement dans
tion personnelle. Les hommes sont
la compétitivité ou l’accomplissement. Bien sûr,
donc plus sensibles à la comparail’idéal est de trouver un équilibre entre les deux
son sociale car ils s’appuient sur
pour s’assurer d’une motivation permanente.
une motivation orientée vers l’ego
alors que les femmes privilégient
une motivation à l’accomplissement
Christian RAMOS
orientée vers la tâche leur permetPsychologue, spécialisé en préparation mentale
tant de rester attachées à leur projet sans éprouver la nécessité de se
comparer. Aussi, si vous souhaitez
créer un climat motivationnel favorable aux féminines, n’oubliez pas
qu’elles ont une opinion réaliste de
leurs aptitudes, qu’elles sont prêtes
SPORTIVES DE HAUT NIVEAU | Page 39
Crédits photo : FITA
Bérengère
SCHUH
Sportive de haut-niveau en tir à l’arc, elle a été Championne d’Europe cadette en 1999 ; Championne du
Monde senior en salle en 2003 ; 4ème par équipe aux Jeux
d’Athènes en 2004 ; Championne d’Europe en salle en
2006 ; Championne du Monde par équipe et Vice Championne du Monde en individuel en salle en 2007 ; Championne d’Europe en extérieur, médaillée de Bronze par
équipe aux Jeux de Pékin de 2008 ; 3ème au Championnat
du Monde en salle et actuellement 4ème au classement
Mondial en 2009.
Quand et comment avez-vous commencé la pratique du
tir à l’arc ?
J’ai commencé en septembre 1996 à l’âge de 12 ans.
En fait, mon entraîneur de club, qui habite à 300 m de
chez mes parents, était connu dans le village pour ses
résultats au niveau national (comme toute sa famille) et
j’ai eu l’envie d’essayer, de faire comme lui. Lors de ma
première année au pôle, en 1999, nous étions 12 et j’étais
la seule fille !
Et pourquoi poursuivre à haut niveau ?
Cette discipline m’a tout de suite plu, dès que j’ai tiré mes
premières flèches. De plus, l’ambiance dans le club était
super ; j’ai retrouvé une amie d’enfance et j’avais un très
bon entraîneur. Après 3 ans, j’étais Championne d’Europe
cadette, chose très rare : en général, on met beaucoup
plus de temps à atteindre le haut niveau. Mais je me donne toujours à fond et j’aime avoir des résultats. Obtenir
des titres me motivait et me donnait envie de continuer
et d’aller toujours plus loin. Je souhaitais avoir des résultats aussi en senior, rentrer en équipe de France et
participer aux Jeux Olympiques pour ramener une médaille. Mes parents m’ont beaucoup aidée et soutenue
dans mon parcours.
Comment voyez-vous votre vie après le sport ?
Pour l’instant, je ne sais pas. Je ne pense pas arrêter ma
carrière prochainement. Par contre, je sais que j’aimerais, plus tard, me reconvertir dans le secteur de la petite
enfance.
Comment conciliez-vous le sport de haut niveau et vos
études ?
J’ai complètement arrêté mes études un an avant les
Jeux pour pouvoir me préparer correctement. Il y a deux
ans, j’ai indiqué à la Fédération (au directeur technique national) que je ne pouvais pas continuer comme
ça. Après Pékin, soit je devenais professionnelle, soit je
continuais ma formation pour travailler et alors j’arrêtais
ma carrière. Le problème est que dans le secteur de la
petite enfance, il n’y a pas d’aménagement possible, ni
pour la formation, ni dans le travail. La Fédération a donc
cherché les moyens de m’aider et de me professionnaliser. Suite à l’obtention de ma médaille, le Ministère des
sports nous a aussi bien soutenu. Quand on fait du sport
de haut niveau, on ne peut pas avoir un travail à temps
plein : il faut forcément avoir un aménagement pour obtenir des résultats.
Est-ce que vous parvenez à vivre de votre sport ?
Je suis professionnelle depuis mai 2009 et la première
femme à l’être en France. On peut donc dire que depuis
cette année, je vis de mon sport grâce au Conseil régional, au Conseil Général, aux primes à la performance de
la Fédération et à mes sponsors. On fait en sorte que le
tir à l’arc soit aussi plus médiatique, même si ce n’est pas
facile : grâce à nos résultats, les médias parleront de plus
en plus de nous, les sponsors suivront : on pourra ainsi
vivre plus facilement de notre sport.
Que pensez-vous de la médiatisation du sport féminin ?
Je pense que le problème ne concerne pas uniquement
le sport féminin mais le sport en général : il faudrait rééquilibrer la médiatisation des sports et ne pas mettre en
avant que le foot et ce serait déjà bien. En tout cas, pour
ma part, j’ai toujours été bien suivie par la presse départementale, l’Yonne républicaine et France Bleu Auxerre.
Est-ce que vous ressentez des inégalités entre les hommes et les femmes dans le tir à l’arc ?
Non pas trop… En général les femmes tirent mieux que
les hommes d’ailleurs !!!
Quel est votre prochain objectif ?
Une médaille d’Or en compétition individuelle aux Jeux
de Londres en 2012.
Et votre plus beau souvenir ?
Il y en a beaucoup : la médaille de Bronze aux Jeux mais
peut être aussi mon titre de Championne du Monde senior
à Nîmes en 2003. C’était ma première grosse compétition
en senior en France, avec 5000 personnes dans les tribunes. J’ai été très touchée de gagner devant le public français, comme à Vittel en 2008, au Championnat d’Europe.
J’apprécie énormément les compétitions en France.
Entretien réalisé par Ludivine JACQUINOT,
Chargée de mission pour le développement du sport féminin en
Bourgogne
SPORTIVES DE HAUT NIVEAU | Page 41
Le traitement du sport en presse écrite, un exemple
en PQR : le Journal du Bien Public
Georges SANTOS
Responsable des Sports du Bien Public à Dijon.
SPORTIVES DANS LES MÉDIAS | Page 42
S’il est bien un lieu où la parité hommes/femmes
a bien du mal à se faire une place, c’est sans aucun
doute chez les médias dans leur ensemble (télévision,
radios, presse écrite nationale et régionale). Toutefois,
le traitement du sport féminin est différent, s’il s’agit
de médias nationaux et médias régionaux.
Dans les médias nationaux, les sportifs masculins occupent près de 90 % de l’actualité médiatique et bien
souvent seules les sportives (ou équipes) parfaitement
reconnues par le public ont droit de cité (MANAUDOU,
MAURESMO, les tenniswomen en général, l’équipe
de France de handball…). La proportion est beaucoup
moins importante au niveau des médias régionaux et
notamment en PQR (presse quotidienne régionale),
même si les hommes restent toujours surreprésentés, notamment parce que les sportives féminines sont
plus identifiables par le public et les lecteurs.
« Dans les colonnes du Bien Public, le
sport féminin représente ainsi 30 % de
nos pages sur une semaine d’actualité »
Dans les colonnes du Bien Public, le sport féminin
représente ainsi 30 % de nos pages sur une semaine
d’actualité. Cette proportion nous semble raisonnable
au regard de l’actualité sportive en Côte-d’Or (notre
zone d’action). Depuis plusieurs années, nous avons
fait le choix de traiter l’actualité sportive de la façon la
plus objective et la plus impartiale possible. Les sports
où les filles brillent ont largement leur place dans
nos colonnes. Pour exemple, en raison de son histoire
(près de 20 ans au plus haut niveau) et de son potentiel
public (1200 spectateurs de moyenne), le club de handball du Cercle Dijon Bourgogne est ainsi le cinquième
club le mieux traité de nos pages sportives derrière les
footballeurs du DFCO, les basketteurs de la JDA, les
handballeurs du DBHB et les rugbymen du Stade dijonnais, et à égalité avec le hockey sur glace. Dans l’élite
féminine la saison dernière, le Dijon rugby féminin a
eu droit à une exposition régulière chaque semaine.
Pour les sportives de haut niveau, nous ne faisons là
aucune différence entre les hommes, c’est d’abord la
performance sportive et l’histoire de l’athlète qui nous
intéressent (tête de page sur Julie LAZARD, championne d’Europe de boxe française, une page sur la jeune
gymnaste de l’ADG 21 Natalia ZOLOTARYOVA…)
Mais plus que la médiatisation du sport féminin, il faut
d’abord se pencher sur la médiatisation des sports en
général, notamment télévisuelle car pour beaucoup de
fédérations et de clubs, ce sont désormais les images
qui priment. Or, les sports dits « petits » médiatiquement souffrent de la surexposition des sports hautement médiatiques que sont le football et plus récemment le rugby. Tant que cette domination médiatique
se poursuivra (elle s’est encore intensifiée), les autres
sports, et de surcroît le sport féminin, auront du mal
à exister.
SPORTIVES DANS LES MÉDIAS | Page 43
Anne Caroline
CHAUSSON
Vous êtes multiple Championne du Monde de BMX, de
VTT et dernièrement Championne Olympique. Comment
et pourquoi avoir choisi ce sport ?
Mes deux frères pratiquaient le BMX en compétition et
je voulais faire comme eux. C’est à l’âge de 7 ans que j’ai
commencé. L’aîné Arnaud m’a emmenée sur mes premières courses de VTT à l’âge de 16 ans.
Est-ce que c’était un rêve d’enfant d’obtenir tous ces
titres ?
Pas forcément. Plus jeune, mon objectif était tout simplement de ressembler à mes entraîneurs de BMX, qui
étaient semi pro, et de leur faire plaisir en ayant des bons
résultats ! Je donnais à chaque fois, le meilleur de moimême, je cherchais d’abord à me faire plaisir sur le vélo,
les résultats ont suivi naturellement.
Comment fait-on pour devenir Championne Olympique ?
J’ai eu la chance avant les jeux de pouvoir me consacrer
uniquement à ma préparation grâce à mes sponsors, aux
SPORTIVES DANS LES MÉDIAS | Page 44
aides du Conseil régional, d’Ambition Sports Bourgogne… Donc pendant deux ans, mon quotidien c’était : se
lever tôt, 2 heures de musculation, repas sportif, repos
et séance de 2 à 3 h de BMX en fin d’après-midi, et compétition les week-ends . Il faut beaucoup de temps de récupération entre les entraînements pour être réellement
performante et progresser. Ne pas avoir à courir partout
entre les entraînements ou aller travailler, c’est important. Avoir l’esprit libre pour se consacrer uniquement
à son objectif permet de travailler dans les meilleures
conditions pour réussir. J’ai eu cette chance là. Mes parents aussi m’ ont toujours soutenue ; ils ne m’ont jamais
rien imposé, ni la compétition, ni l’entraînement.
Est-ce que ce rythme a constitué une contrainte pour
vous ?
Au début non. C’était un choix dans lequel ma famille m’a
soutenue et quand le résultat est là, on oublie vite toutes les contraintes. Mais en y pensant à nouveau, je ne
suis pas sûre de vouloir refaire la même chose : avec le
recul, c’était très dur et il a eu beaucoup de sacrifices.
Aujourd’hui, je suis une ambassadrice du BMX et je ne
fais plus de compétitions internationales.
Qu’est-ce que vous pensez de la médiatisation de vos
titres ?
J’ai été plusieurs fois championne du monde, mais avant
ce titre olympique, le grand public et la presse ne me
connaissaient pas ! Je n’ai pas fait du sport pour être
connue, mais pour moi avant tout, pour mon plaisir.
Crédits photo : FF Cyclisme
Aujourd’hui, j’arrive à vivre de mon sport grâce à mes
résultats et à cette reconnaissance, je ne suis donc pas
à plaindre.
Dans le BMX, avez-vous repéré des discriminations
entre les femmes et les hommes ?
Oui, au niveau des primes. Pour les vainqueurs, c’est
quasi équivalent mais pour la deuxième et troisième
place, c’est plus vite dégressif pour les femmes. Ce qui
est surprenant, c’est que le BMX est un sport macho et
pourtant, ce sont les femmes qui l’ont projeté sur le devant de la scène en obtenant deux médailles aux Jeux de
Pékin. C’est notre petite part de féminité qu’on a ancrée
dans le BMX. Aujourd’hui, je pense que le monde du sport
est de moins en moins « macho », la société évolue, de
plus en plus de femmes pratiquent et s’imposent de par
leurs résultats.
Le plus beau moment de votre carrière ?
Les Jeux ! C’était un objectif personnel. Pour ces Jeux,
il y avait une forte émulation autour de moi. Quand j’ai
gagné, j’étais heureuse, mais c’est toute une équipe,
tout un groupe autour de moi qui sautait de joie. J’étais
fière d’avoir pu rendre mon entraîneur, mes parents,
mes amis, fiers de moi. Au-delà du travail bien fait, c’était
une récompense pour tous ! Ils ont eu raison de me faire
confiance.
Palmarès
2008 Médaille d’or aux Jeux Olympiques de Pékin en
BMX
9 fois Championne du Monde de descente (de 1996 à
2005)
2 fois Championne du Monde de dual slalom (2000 et
2001)
2 fois Championne du Monde de 4-cross (2002 et
2003)
Vice-championne du Monde en BMX (2008)
Le cyclisme en
Bourgogne, c’est
3 121 licenciés dont
12 % de femmes
SPORTIVES DANS LES MÉDIAS | Page 45
Une persistante sous représentation des femmes
sportives dans les médias
Catherine LOUVEAU
Professeure des Universités, Paris Sud 11, Membre du Laboratoire Genre, Travail,Mobilité, CRESPPA-GTM, UMR
7217, Présidente de la société de sociologie du Sport de langue française.
Les femmes sont en général peu visibles dans les médias ; l’étude intitulée « baromètre diversité » du CSA de
2009 indique en effet une sous représentation des femmes, puisqu’elles comptent pour environ un tiers des
intervenants dans les émissions documentaires, d’information, de divertissement, de fiction. S’agissant des
sportives, elles sont quasiment invisibles puisqu’elles
ne représentent que 9 % des intervenants ! Le sport
dit féminin est couramment considéré comme « peu vendeur » dans les médias, la télévision en particulier. Le
sport médiatisé demeure ainsi un univers quasiment
monosexué, côté journalistes et côté images.
« Les journalistes traitant de sport sont
exceptionnellement des femmes alors
que l’ensemble de la profession en
compte plus d’un tiers »
Les journalistes traitant de sport sont exceptionnellement des femmes alors que l’ensemble de la profession
en compte plus d’un tiers ; dans le sport, elles représentent moins de 10 % de l’ensemble. Concernant la
présence des sportives, une recherche (plus ancienne)
portant sur l’ensemble des médias a permis d’objectiver la présence des sportives. Pour la presse écrite,
trois constats. Le sport des femmes représente en
moyenne 16 % du volume occupé par les pages sportives... et celles-ci ne représentent que 1 % du nombre
de pages dans la presse « féminine ». La presse s’intéresse aux sportives à travers la compétition (on y traite
aux trois quarts du sport de haut niveau) et surtout si
elles gagnent ; en clair, il est demandé aux femmes
de gagner pour être dans la presse, ce n’est pas le cas
pour les hommes. Enfin, les sports où apparaissent
des femmes sont en nombre très restreint. De manière
générale, on peut observer que sur les milliers d’heures consacrées au sport annuellement sur les chaînes
hertziennes (les plus diffusées), il est probable qu’on
n’ait vu aucune sportive durant les deux tiers du temps
environ ; puisque les sports les plus diffusés, en temps
horaire, sont aussi parmi les plus masculins : football,
cyclisme, rugby, boxe, Formule 1, rallyes automobiles....
Des sportives sont effectivement visibles dans les
médias, y compris dans des activités peu communes
pour les femmes : des navigatrices, cyclistes, pilotes
automobile, alpinistes apparaissent, à côté des plus
« classiques » joueuses de tennis ou coureuses. Reste
que le patinage artistique et la gymnastique sportive
sont les sports dans lesquels les femmes sont les plus
montrées et qui sont aussi très regardés par les femmes... Où il est en effet question d’esthétique des gestuels et des figures, de « grâce », où les apparences
SPORTIVES DANS LES MÉDIAS | Page 46
sont travaillées à travers les tenues et le maquillage.
Où ce qui importe est moins le corps productif que le
corps esthétique. C’est donc ce sport féminin-là qui
retient prioritairement sinon exclusivement l’attention/
l’audience...
Lorsque la sportive apparaît
Les pratiques et performances des sportifs et des
sportives font l’objet d’un traitement différent dans
les commentaires, même si les dernières années attestent d’évolutions sensibles. Le sportif en action est
décrit dans ce qu’il fait. Il en va autrement des sportives : c’est là une spécificité du sport au féminin, que
de ne pouvoir être commenté sans que soit appréciée
l’esthétique de celle qui en est l’actrice.
La pratiquante de natation synchronisée, et tout aussi
bien la gymnaste ou la patineuse représentent le modèle, le « moule » auquel toutes les sportives devraient
être faites. On le perçoit bien lorsque les femmes
s’adonnent à des sports « de tradition masculine », ou
quand elles ont des morphologies différentes de cette
femme conforme aux canons de la féminité dominante.
La question de la compatibilité entre sport de performance et féminité demeure sous jacente dans nombre
de propos. Les grandes, les costaudes, les musclées
sont très souvent discréditées avant même que ne
soient appréciées leurs performances sportives.
« Le sport menace-t-il leur beauté ? »
est une question récurrente se conjuguant exclusivement au féminin »
« Le sport menace-t-il leur beauté ? » est une question
récurrente se conjuguant exclusivement au féminin.
Pour beaucoup demeure un hiatus quand les femmes se donnent à voir dans l’action et l’effort sportif,
à fortiori dans les épreuves de force, de puissance, de
prise de risque aussi. Preuves de la masculinité dans
nos cultures. Ce ne saurait être un hasard si les footballeuses, les haltérophiles, et les joueuses de rugby
sont quasi invisibles sur les écrans français. C’est
pourquoi l’obligation d’attester de leur appartenance
de sexe pèse spécifiquement sur les sportives, seraitce par les attributs les plus communs : le maquillage,
les bijoux mais aussi le vêtement, qui sont aussi les
marqueurs les plus symboliques de la féminité dans
notre culture. Voir le cas de Caster SEMENYA aux mondiaux d’athlétisme de 2009, suspectée de ne pas être
une femme ; des journalistes n’ont pas hésité à prendre « pour preuve » le fait qu’elle courut en bermuda
collant…et non en petite culotte et brassière « comme
les autres ». La mise en place du test de féminité sys-
tématique dans les années 60 fut justifiée par des suspicions de ce type, sur l’apparence « hors norme » de
sportives.
Cette subordination des femmes/sportives au paraître a été exacerbée par la spectacularisation puis la
médiatisation du sport. Versant donné comme positif
(la sportive montrée souriante, non dans l’effort et
son substrat, la sueur, dont on louange les formes, le
sourire ou la grâce bref la « féminité ») et versant négatif (la sportive dite trop musclée, ou anguleuse bref
décrite comme masculine) sont les deux faces d’une
même attente pesant sur les sportives et que les médias révèlent. C’est toujours la même femme qui est
attendue, idéale, celle de la séduisante à qui est assignée avant tout une fonction « décorative » et d’objet
sexuel. Aujourd’hui, les sportives sont de plus en plus
enjointes de s’exposer dans ce registre ; les tenues
qu’on leur demande de porter dans les compétitions de
haut niveau, voire qu’on leur impose (moulantes, dénudant le corps), les photographies de nombre d’entre
elles, publicitaires ou « sportives » (selon le procédé
connu du corps fragmenté réduit à une épaule, une
chute de reins, des jambes…), attestent d’une sexualisation exacerbée de leur présentation. Au point parfois
de reléguer la performance en arrière plan ainsi qu’en
témoigne le cas connu de la joueuse de tennis KOURNIKOVA, omniprésente dans cette mise en image alors
qu’elle n’avait pas obtenu les meilleurs classements
au plus haut niveau sportif.
Sous des formes explicites ou tacites, et comme dans
la publicité, la sportive est attendue sous l’angle d’une
féminité l’inscrivant dans des rapports sociaux avec les
hommes des plus traditionnels, dans l’ordre de la dépendance, sinon de la domination.
BIBLIOGRAPHIE
LEMIEUX, C., Les inégalités de traitement entre les sportifs masculins
et féminins dans les médias français ». in CARPENTIER, C., FORGET, S.,
QUINTILLAN, G. (coord), Le sport de haut niveau au féminin. Les Cahiers
de l’INSEP, Paris. INSEP, 2002
Enquête CSA 2009 « baromètre diversité » : www.csa.fr/upload/dossier/
barometre_diversite_vague_1_20_oct_09.pdf
Point de vue d’une Bourguignonne
Liliane BAILLET
Vice-présidente du CDOS 71 et Présidente de la Commission Femmes et Sport.
Force est de constater que si les filles partagent le terrain elles ne partagent pas toujours les médias.
« Les femmes réinventent un sport,
elles font évoluer les disciplines et les
stratégies, elles ne copient pas forcément les hommes. »
Or 1 sportif sur 2 est une femme et 1 licencié sur 3
est une femme, néanmoins on constate dans les dits
médias, la faible place réservée à la pratique féminine.
Quelles en sont les raisons simples ou plus profondes ? Simple question de résultat, manque d’intérêt
ou le sport féminin souffre–t-il d’à priori ou d’intolérance (gestes disgracieux, inesthétiques, mascarade
de sport masculin) ; les représentants masculins de
la discipline ont souvent été les premiers à attaquer
cette intrusion dans leurs bastions. Quant à la médiatisation, si médiatisation il y a, impossible d’échapper
à une appréciation esthétique et même parfois à des
soupçons de virilité ce qui oblige nos athlètes à jouer
la carte glamour jusqu’à se piéger elles-mêmes car
elles renforcent alors les clichés : une femme sportive
oui mais dans les normes de la féminité. Les femmes
réinventent un sport, elles font évoluer les disciplines
et les stratégies, elles ne copient pas forcément les
hommes.
Pour convaincre les jeunes filles qu’elles peuvent pratiquer, il est important qu’elles voient des images positives de femmes athlètes à la télévision, qu’elles entendent des commentaires dénués de condescendance
et de sexisme.
SPORTIVES DANS LES MÉDIAS | Page 47
Folklore viril et culture sportive :
blagues sexistes et exhortations homophobes.
Philippe LIOTARD
Maître de Conférences à l’Université Lyon 1, membre du Centre de Recherches et d’Innovations sur le sport (CRIS) et
chargé de Mission pour l’Egalité entre les Femmes et les Hommes à l’Université Lyon 1
En droit, tout le monde (homme, femme, hétérosexuel,
homosexuel) peut faire du sport, s’inscrire dans un club,
participer aux compétitions. Il n’existe aucune restriction à l’engagement sportif. Pourtant, dans les faits, de
nombreuses personnes sont mal à l’aise dans l’environnement sportif et, au bout du compte, cessent la pratique
malgré le plaisir qu’elles y prennent.
Tel est le cas des femmes – qui arrêtent la pratique plus
tôt et plus souvent que les hommes – ou bien encore des
homosexuels – qui observent une très grande discrétion, si ce n’est le secret, sur leur vie sentimentale, là où
les hétérosexuels ne se privent pas de parler de leurs
amours et conquêtes.
Si des personnes qui aiment les pratiques sportives ne se
sentent pas bien dans le monde sportif, c’est en raison de
la culture sexiste et homophobe qu’il abrite. Cette culture
DES FEMMES DANS UN MONDE D’HOMMES | Page 48
recèle des éléments insidieux, des détails qui, pour ne
pas être spontanément repérables, n’en sont pas moins
efficaces dans les interactions qu’ils génèrent et les émotions qu’ils produisent. Le malaise que peuvent ressentir
des femmes ou des homosexuels dans le sport tient à ces
petits riens que l’on retrouve dans deux types de manifestations culturelles : les blagues et les exhortations.
Les blagues faites aux femmes comme les blagues sur « les
homos » constituent un arrière-plan gênant. Les dirigeantes que les collègues hommes taquinent en demandant
si leur mari « s’occupe des gosses », les sportives qui,
lors d’un mouvement d’échauffement qui les amènent à
se pencher vers l’avant, entendent de la part d’un camarade de club « bouge pas j’arrive », reçoivent un nombre
de remarques qu’elles seules peuvent percevoir comme
désagréables sinon insupportables. Les hommes, eux,
bouche de son père ou de sa mère) ou du terrain où officie
n’ont que la conscience de plaisanter cordialement. Or, la
son entraîneur, le jeune garçon apprend à se construire
manifestation constante de ces « spécificités féminines »
en n’étant ni femme ni homo, deux pôles négatifs brandis
dans les blagues et les plaisanteries ne sont pas sans
constituer la cohésion du groupe.
signification. Rapporter les femmes à un objet sexuel –
Texte de Mr LIOTARDpour
(université
de lyon)
même sur le plan de l’humour, surtout lorsque l’humour
Ces
éléments
de
la culture sportive ne sont pas inélucest lourd – ou à un rôle social les confinant aux
tâches
EN ATTENTE
tables. La culture n’est pas seulement ce qui fait que l’on
ménagères ou à l’éducation des enfants produit un sentipense ce que l’on pense et que l’on se comporte comme
ment de malaise voire d’agacement dont la majorité des
l’on se comporte. La culture se transforme aussi. Elle est
hommes n’ont pas conscience.
le résultat d’actions, d’expressions et de productions qui
Dans la même lignée, les exhortations sexistes et homo- peuvent s’affranchir des pesanteurs de la tradition. En fiphobes faites aux sportifs peuvent produire les mêmes nir avec la valorisation d’un folklore viril, tel est l’enjeu de
effets d’exclusion. Ne pas être une « gonzesse » ou ne la constitution d’un environnement respectueux.
pas être un « pédé », constitue l’injonction à laquelle est
confronté tout petit sportif dès son apprentissage de l’affrontement. En provenance des tribunes (parfois de la
La féminisation des termes
Depuis quelques années, grâce à la féminisation linguistique des appellations, des titres et des fonctions, le masculin générique peut être abandonné, pour pouvoir assurer une représentation équitable du masculin et du féminin. Si pour l’Académie Française, l’usage du terme « entraîneure » constitue une aberration (au même titre que
chercheure à la place de chercheuse par exemple), l’emploi du terme « entraîneuse » (peu usité dans le langage
courant) ou « entraîneure » permet de rendre visible le fait que des femmes occupent des fonctions et des métiers
liés à l’entraînement sportif. Alors même que le langage structure et véhicule des représentations et des imaginaires, on comprend bien que derrière les choix orthographiques et linguistiques se dessinent des enjeux de parité qui
dépassent largement la parité linguistique...
DES FEMMES DANS UN MONDE D’HOMMES | Page 49
Tony
CHAPRON
Tony CHAPRON, vous êtes arbitre international de football et vous avez arbitré avec Corinne LAGRANGE en Ligue 1 : dans quelles conditions avez-vous été amené à
arbitrer avec elle ?
Je connaissais Corinne pour avoir arbitré avec elle lors de
matches de Ligue 2. Ces rencontres s’étaient bien pasDES FEMMES DANS UN MONDE D’HOMMES | Page 50
sées et notre association était le fruit du hasard, au gré
des désignations de la Direction Nationale de l’Arbitrage.
Lorsque j’ai été promu en Ligue 1, je n’avais pas d’arbitre
assistant attitré et ne connaissais pas très bien ce milieu
professionnel. Corinne avait déjà quelque expérience, elle
n’était pas associée à un arbitre en particulier (il faut préciser que chaque arbitre de Ligue 1 peut demander à la
DNA d’être associé à un ou deux assistants pour constituer des duos ou des trios immuables) et son état d’esprit me plaisait bien. Elle est discrète, honnête et fidèle.
Elle sait aussi ce qu’elle veut et a un tempérament bien
trempé. Nous avons arbitré durant 5 saisons ensemble.
Même si la dernière saison a été marquée par quelques
décisions malheureuses des uns et des autres, je garde
un excellent souvenir de notre association. J’ai beaucoup
appris à ses côtés et son détachement par rapport aux
événements m’a permis de prendre de la distance et de
la hauteur.
Est-ce différent d’arbitrer avec un arbitre assistant
homme ou femme ? En quoi ? Pourquoi ?
Aussi surprenant que cela puisse paraître, je n’ai pas vraiment constaté de différences entre Corinne et un autre
assistant homme. Elle arbitre avec ses qualités et ses
défauts. Mais dans notre relation professionnelle, je n’ai
jamais fait le distinguo entre elle et notre autre collègue
qui composait notre trio (Emmanuel BOISDENGHIEN). Il
faut avoir une confiance totale quand vous arbitrez avec
des assistants. Or, j’ai fait confiance à Corinne sans me
soucier qu’elle soit une femme. Pour moi, elle était un
élément du trio à part entière. Un arbitre.
Quelles étaient les attitudes des joueurs à l’égard de
cette femme arbitre (Corinne LAGRANGE étant une des
très rares femmes arbitre à ce niveau) ?
Il est vrai que Corinne fut pendant quelques années la
seule femme arbitre à ce niveau (après le départ à la
retraite de Nelly Viennot). L’attitude des joueurs était la
même avec elle, me semble-t-il, qu’avec mon autre assistant. Je crois, que passé le premier effet de surprise,
les joueurs ne font pas de différence dans leur comportement vis-à-vis d’un homme ou d’une femme. Ils se situent davantage dans un rapport joueur/arbitre que dans
un rapport homme/femme. En revanche, on peut toutefois dire qu’ils ont une attitude moins agressive notamment verbalement et évitent certains termes grossiers.
Et des dirigeants ?
Les dirigeants se montraient courtois avec Corinne et sa
féminité n’a jamais été un obstacle. C’est plutôt un atout
parfois. Le fait qu’elle soit une « rareté », nous amenait à
entendre souvent « ça fait plaisir d’avoir une femme dans
ce monde de brutes ».
Comment réagissaient les entraîneurs ?
Les entraîneurs se montraient pour la plupart assez respectueux, mais lorsque vous faites une erreur à ce niveau
là, que vous soyez un homme ou une femme, cela reste
une erreur. Il n’y a pas de plus grande indulgence.
problèmes extérieurs. Je me souviens surtout de l’étonnement que sa présence provoquait lorsque nous allions
arbitrer des compétitions à l’étranger. Car en Europe, les
femmes arbitres sont rares surtout pour les matches
internationaux. Si bien que le public et les médias parlaient beaucoup de sa fonction. Cela nous amusait. Un
jour j’ai rencontré un arbitre belge dans une compétition
internationale. Il m’a reconnu en me disant « tu es venu
arbitrer en Belgique il y a quelques mois et ton assistant
était une femme… ». Sans quoi il ne m’aurait sans doute
pas reconnu.
Comment expliquez-vous que les rares femmes arbitres de haut-niveau soient assistantes et non pas arbitres centrales ?
Tout d’abord, l’ouverture du monde du football et de l’arbitrage aux femmes sont assez récents. Ensuite, la fonction en elle-même n’attire pas les foules et les comportements imbéciles et réactionnaires sont légions dans ce
milieu footballistique. Recruter dans ces conditions relève de l’exploit. Quant à recruter des femmes, cela tient
du miracle. La proportion de femmes au haut niveau est
sensiblement la même que sur l’ensemble du nombre
d’arbitres. Un faible taux à la base induit inévitablement
un faible taux au haut niveau. Ensuite viennent se greffer
des obstacles sociologiques. La place de la femme dans
le foyer (le fait qu’elle parte tous les week-ends dans un
milieu très masculin doit poser problème dans le couple), la place de la maternité également (on accède au
haut niveau à une trentaine d’années, ce qui correspond
à peu de chose près à l’âge du premier enfant). C’est donc
un sacrifice familial auquel il faut consentir ou renoncer.
Reste une distinction entre arbitre et assistante. Sans
vouloir jouer les sociologues du monde du travail, vous
avez plus d’assistantes de direction que de directrices
d’entreprises : c’est donc la même chose dans le football.
Il faut également aborder l’aspect physique de la fonction; courir pendant 90 minutes au même rythme que les
joueurs demande un gros potentiel physique et pour les
épreuves olympiques, aucune n’est mixte. Cela résume
assez bien l’exigence quant aux performances physiques
car on oublie souvent de dire qu’un arbitre est avant tout
un sportif. Les niveaux de compétences physiques entre
un arbitre et un assistant sont assez sensibles cela peut
expliquer que les femmes soient moins représentées en
qualité d’arbitre qu’en qualité d’assistant.
Entretien réalisé par Carine ERARD,
Maître de Conférences en socio-histoire du sport et de l’éducation
physique, Laboratoire de Socio-Psychologie et de Management
du Sport, UFR STAPS, Dijon
Quant au public, comment se comportait-il à l’égard de
votre collègue femme ?
Elle reste une sorte de curiosité dans un monde ultra
masculin. La première approche est souvent liée à l’étonnement et l’impression d’être une bête de foire. J’imagine que pendant le match, elle doit entendre de drôles
de choses mais elle ne m’en a jamais fait part. Soit parce
qu’elle y était habituée et n’y prêtait plus guère attention,
soit parce qu’elle ne souhaitait pas me perturber avec ces
DES FEMMES DANS UN MONDE D’HOMMES | Page 51
Corinne
LAGRANGE
Une femme arbitre de la Ligue Professionnelle de football masculin.
Corinne LAGRANGE est une des très rares femmes à
arbitrer des matches de football masculin au plus hautniveau. Arbitre de la Ligue Professionnelle de football
masculin (en Ligue 1 et Ligue 2) depuis 1995, elle est
également arbitre internationale de matches féminins.
Présente à la Coupe du Monde de football en 2007, elle a
arbitré le championnat d’Europe féminin qui s’est déroulé
en Finlande du 23 août au 10 septembre 2009.
Depuis toute petite, c’est une « passionnée par le football ». A 12 ans, elle commence par être joueuse au Club
de Saint-Apollinaire : elle intègre l’équipe féminine de ce
club. Un jour, lorsqu’elle a 15 ou 16 ans, lors d’un déplacement en bus, un dirigeant du club demande si quelques unes parmi elles étaient intéressées par l’arbitrage… « Pourquoi ne pas essayer ! » se dit-elle… Elle passe
les examens écrits et pratiques (sur le terrain). Ayant
réussi ces tests, elle commence par arbitrer des équipes
de jeunes de moins de 17 ans et moins de 15 ans, tout en
continuant de jouer. Dès ses débuts, elle arbitre essentiellement des équipes masculines. « Au début, c’était un
petit peu difficile : je n’osais pas siffler ! J’étais un petit
peu timide… Les premiers matches sont donc un petit
peu difficiles mais ensuite, à force de faire des matches,
on acquiert de l’expérience ; on prend de l’assurance… ».
Sa présence dans ce monde masculin n’est pas sans
susciter quelque étonnements voire quolibets au bord du
terrain et dans les tribunes : « il faut qu’elle retourne à la
cuisine ! » ; « c’est pas un sport de femmes », entendelle parfois. « Au début, cela fait un petit peu mal et puis
on continue les matches et puis il y a toujours nos collègues hommes qui nous disent : « mais nous aussi, on se
fait insulter ! Ce n’est pas grave, avance, continue… Cela
nous réconforte ». A l’inverse aussi parfois, entraîneurs
et spectateurs invitent les joueurs à « bien se tenir » :
« c’est une femme au milieu, vous ne dites rien » entendelle dire. Il faut dire que lorsqu’elle commence à arbitrer,
elle était la seule femme arbitre de matches masculins
en Bourgogne.
Jusqu’à 23 ans, elle joue avec l’équipe féminine de SaintApollinaire tout en arbitrant : un week-end, elle joue ;
l’autre week-end, elle arbitre. Elle continue de gravir les
échelons de l’arbitrage en réussissant les différents examens pratiques et théoriques. Si les tests et les barèmes
sont identiques pour les hommes et les femmes, certains
contrôleurs sont hostiles à la présence de femmes : « on
tombe encore sur des gens qui ne veulent pas de femmes arbitres ». Michel VAUTROT œuvre alors en faveur
de l’arbitrage féminin en ouvrant la porte aux assistantes au niveau national (en Division 2). C’est ainsi qu’elle
choisit d’arbitrer à la touche en division 1 plutôt que de
réessayer de devenir arbitre central. Après 4 ou 5 ans
passés comme arbitre assistante (arbitre de touche) en
Division 2, elle intègre la Ligue 1 masculine : « Il y a toujours l’effet de surprise car on était les premières à être
en D2 et ensuite en Ligue 1. Il y avait la surprise quand ils
nous voyaient mais une fois que le match est lancé, il est
lancé ». Si au début, les collègues arbitres fustigent qu’
« elles prennent la place d’un homme », ensuite, elle parvient à faire reconnaître sa place : « elle fait les mêmes
tests que nous ; elle fait les mêmes matches que nous ;
elle est notée comme nous…. Au bout de 4 ou 5 ans, il n’y
avait plus de réflexions ». Arbitre de Ligue 1, elle s’entraîne deux fois par semaine en plus du match qui suppose
de partir le vendredi soir et de rentrer le dimanche midi,
avec parfois des matches en semaine. Travaillant d’abord
à mi-temps, elle doit reprendre son poste à plein-temps
suite à un changement de direction dans son entreprise :
« Il a donc fallu que je jongle. Je prenais des jours de
congés pour aller arbitrer. C’était la course… Il y a aussi
la vie de famille en plus de la vie professionnelle et au
niveau du temps, c’est compliqué ».
Dans le milieu de l’arbitrage masculin du football de
haut-niveau, elle parvient à se faire une place, non sans
lien avec son éthique de l’arbitrage qu’il est possible de
résumer ainsi : « il faut respecter les acteurs du football
et eux, doivent accepter les erreurs d’arbitrage. Le football ne sera jamais une science exacte donc, chacun à
sa place avec le respect d’autrui ! ». Si un pôle d’arbitres
féminins a récemment été mis en place au niveau de la
Fédération, les femmes restent très rares et plus souvent arbitres assistantes qu’arbitres centrales au fur et à
mesure de l’élévation du niveau d’arbitrage. En devenant
arbitre assistante de matches masculins de football en
Ligue 1, Corinne LAGRANGE a brisé une partie du « plafond de verre ».
Portrait réalisé par Carine ERARD,
Maître de Conférences en socio-histoire du sport et de l’éducation
physique, Laboratoire de Socio-Psychologie et de Management
du Sport, UFR STAPS, Dijon
Le football en
Bourgogne, c’est
56 504 licenciés dont
4 % de femmes
DES FEMMES DANS UN MONDE D’HOMMES | Page 53
« Elles sont toutes lesbiennes ! »
Philippe LIOTARD
Maître de Conférences à l’Université Lyon 1, membre du Centre de Recherches et d’Innovations sur le sport (CRIS)
et chargé de Mission pour l’Egalité entre les Femmes et les Hommes à l’Université Lyon 1
Le sport est historiquement une affaire d’hommes.
Pour le pratiquer, les femmes ont dû conquérir cette
citadelle masculine. Durant le vingtième siècle, elles
ont ainsi accédé progressivement à la quasi totalité
des activités sportives, y compris à celles qui se donnaient comme des pratiques d’hommes. Aujourd’hui,
elles peuvent réglementairement évoluer dans l’arène
sportive et lancer le marteau, soulever de la fonte,
s’affronter sur un terrain de rugby ou un ring de boxe.
Elles jouent ainsi sur le terrain des hommes et produisent des techniques qui leur étaient proscrites naguère.
exemple, qu’elles sont des femmes « quand même »
et développent des stratégies de l’apparence visant à
surligner leur féminité.
« Elles expriment notamment le fait
qu’il n’y a pas de terrain de jeu réservé
aux hommes »
La suspicion est, certes, renforcée par l’existence (et
la visibilité relative) de joueuses homosexuelles dans
de nombreuses équipes. Mais elle se construit surtout sur l’idée – énoncée en l’absence de toute donnée chiffrée – que seules des lesbiennes pourraient
avantageusement pratiquer les sports en question
(les « sports d’hommes »), alors qu’au contraire, ces
mêmes sports n’accueilleraient aucun homme homosexuel. L’annonce de son homosexualité faite récemment (le 19 décembre 2009) dans le Daily Mail
par Gareth Edwards – un des plus célèbres rugbymen
gallois –peut ouvrir la brèche sur cette illusion collective. Cette idée est d’autant plus amusante que la
seule sportive de haut niveau dont l’homosexualité est
connue du grand public en France est, en 2009, Amélie
MAURESMO.
Mais cet engagement dans un univers masculin n’a
pas (encore) abattu tous les obstacles, notamment
les obstacles symboliques. Les femmes qui font des
sports « de mecs » commettent une infraction à l’ordre des genres. En développant des compétences
techniques et tactiques, elles montrent leur capacité
à s’approprier le jeu ; en mobilisant des valeurs spontanément prêtées aux hommes (la force, le courage,
l’agressivité, la combativité, l’engagement physique…),
les sportives interrogent le bel ordonnancement du
monde. Elles expriment notamment le fait qu’il n’y a
pas de terrain de jeu réservé aux hommes et qu’une
femme n’est pas plus « faite » pour la danse
qu’un homme n’est « fait » pour le rugby ou la
lutte. Par leur apprentissage des techniques
produites par les hommes (frappe, placage,
projection, tir, lancer…), elles proclament
que la ségrégation sportive entre les
sexes résulte de choix culturels que
rien ne justifiait, si ce n’est les représentations dominantes faisant des
femmes des êtres plus fragiles que
les hommes.
La suspicion, elle, se situe du côté de leur orientation
sexuelle. La mise en question de la féminité des sportives pratiquant des « sports d’hommes » va en effet
au-delà des apparences pour interroger le registre de
l’intime, du sentimental et du sexuel. Dire par exemple
des joueuses de foot, de rugby ou de hand qu’« elles
sont toutes lesbiennes », c’est apposer une étiquette
réelle et stigmatisante à partir d’un fantasme.
L’injonction à se montrer féminine et la suspicion de
lesbianisme sont ainsi deux manières de porter le discrédit sur les sportives, de perpétuer un monde rassurant, un monde stéréotypé, dans lequel, une femme
« masculine » n’en serait pas vraiment une…
Cette situation de transgression
génère un questionnement
quant à leur féminité, qui se
traduit par une injonction et
une suspicion. L’injonction
consiste à leur demander
de « se montrer féminine » malgré l’adoption
de
comportements
« masculins » sur le
terrain. Les joueuses intériorisent
cette injonction
lorsqu’elles affirment, par
DES FEMMES DANS UN MONDE D’HOMMES | Page 55
Elena
GROPOSILA
Entraîneure du Cercle Dijon Bourgogne, club professionnel de la ligue féminine de handball.
Comment êtes vous arrivée au poste d’entraîneure du
Cercle Dijon Bourgogne, club professionnel de la ligue
féminine de handball ?
Je suis arrivée en France en tant que joueuse professionnelle, en 2001 et j’ai progressivement fait ma place dans
l’équipe. J’ai même été capitaine. A cause de blessures,
j’ai dû arrêter ma carrière de joueuse mais j’avais envie
de rester dans le milieu du handball. J’entraînais déjà les
jeunes au club et les dirigeants m’ont proposé une formation, avec comme objectif de devenir entraîneur de
l’équipe première de Dijon, ce que j’ai tout de suite accepté ! J’ai donc passé des diplômes et acquis de l’expérience en entraînant en binôme avec Pierre TERZI, pour
avoir aujourd’hui, les clefs de la maison.
Etiez-vous plusieurs femmes en formation ?
Non. Qu’il s’agisse des diplômes fédéraux ou d’Etat, nous
étions très peu nombreuses. Pour la formation au brevet d’Etat deuxième degré (BE2), j’étais même la seule
femme et nous n’étions que 6 femmes sur 53 candidats
à passer le concours. D’une manière générale, c’est un
milieu d’hommes et en formation, on ne parle jamais des
joueuses uniquement des joueurs.
Vous avez été joueuse et vous n’avez eu que des hommes comme entraîneurs. Maintenant que vous êtes entraîneure, est-ce que vous avez l’impression de coacher
votre équipe comme un homme ?
A mon avis, que ce soit un homme ou une femme qui entraîne ne fait pas de grosse différence surtout en ce qui
concerne les exigences techniques ou de performances.
Au niveau de l’autorité, je pense que les joueuses respectent l’entraîneur, homme ou femme, à partir du moment
où il est juste et compétent. Par contre, sur la gestion
humaine de l’équipe, dans la relation avec les joueuses,
j’ai effectivement l’impression d’être plus ouverte à la discussion et plus à l’écoute.
Est-ce que vous avez envie, par la suite, d’entraîner des
garçons ?
Il est vrai que c’est un défi intéressant et j’y ai déjà pensé !
Dans la ligue féminine de handball, nous ne sommes que
trois femmes entraîneures, et c’est un gros progrès. Mais
chez les hommes, il n’y en a pas du tout. Or, je ne vois pas
pourquoi une femme ne pourrait pas entraîner des garçons. Il s’agit juste d’une barrière culturelle pour l’instant
car j’estime que nous avons les mêmes compétences que
les hommes.
Que pensez-vous du sport féminin en général ?
Je pense qu’au même niveau de performance, il n’y a pas
égalité de reconnaissance médiatique entre sport masculin et sport féminin et ce, quel que soit le sport et c’est
bien dommage ! De fait, le sport féminin souffre de cette
inégalité qui freine son développement. Il est difficile de
demander à une fille qui ne vit pas de son sport de s’entraîner deux fois par jour, de partir tous les week-ends.
C’est un cercle vicieux : moins s’entraîner implique de
moins bons résultats. Il faut également souligner que
bien souvent, dans le milieu du handball en tout cas, les
salaires des garçons sont multipliés par 3 ou 4 par comparaison avec les filles, Il existe encore trop d’inégalités
même si elles ont tendance à s’estomper depuis quelques années.
Quel est votre objectif en tant qu’entraîneure
aujourd’hui ?
Avoir une équipe dijonnaise qui a une âme, qui se bat sur
le terrain et qui donne envie aux spectateurs bourguignons de revenir chaque week-end.
Entretien réalisé par Ludivine JACQUINOT,
Chargée de mission pour le développement du sport féminin en
Bourgogne
Le handball en
Bourgogne, c’est 7 927
licenciés dont 36 % de
femmes
Vous sentez-vous écoutée dans ce monde d’hommes ?
Avant d’être prise au sérieux, une femme se doit de prouver qu’elle a les compétences pour être là, parmi les
hommes. Ensuite, elle doit s’imposer et se faire respecter
pour être écoutée.
DES FEMMES DANS UN MONDE D’HOMMES | Page 57
Les conditions d’accès à la pratique
physique et sportive
Catherine LOUVEAU
Professeure des Universités, Paris Sud 11, Membre du Laboratoire Genre, Travail,Mobilité, CRESPPA-GTM, UMR
7217, Présidente de la société de sociologie du Sport de langue française.
Pratiquer une activité physique ou sportive (APS) est devenu très fréquent en France ces dernières décennies ;
d’autant que la pratique sportive s’est diversifiée : codifiée, encadrée, orientée vers la compétition, spectacularisée, elle est aussi devenue pratique d’entretien du
corps et de loisir physique. Quel que soit l’aspect observé, les femmes demeurent sous représentées, surtout
s’agissant de leur accès aux postes d’encadrement et de
direction dans les institutions sportives. Contribuant à la
« fabrication des hommes », le sport reste un espace très
majoritairement masculin.
« En 35 ans le nombre des licences féminines a été multiplié par 5 »
En France, depuis près de 40 ans, de plus en plus de femmes pratiquent une APS. En 1967, 22 % d’entre elles se
déclaraient pratiquantes occasionnelles ou régulières, en
2000, c’est dans une proportion comparable à celle des
hommes qu’elles se disent adeptes de l’exercice physique ou du sport : 79 % des femmes de 15 à 75 ans mentionnent au moins une activité pour 88 % des hommes. Si
ce sont des activités informelles ou « auto organisées »
que les femmes ont principalement investies (seule, avec
des ami(e)s, en famille…), elles ont été de plus en plus
présentes dans le sport institué : en 35 ans le nombre des
licences féminines a été multiplié par 5 (par 3,5 pour les
licences masculines).
Cette évolution quantitative est le produit de changements
intervenus dans les modes de vie depuis les années 70
et plus généralement d’une conjoncture économique et
sociale : accès croissant des femmes au salariat, terSPORT POUR TOUTES | Page 58
tiarisation des emplois s’accompagnant d’un travail des
apparences, omniprésence d’une culture sportive médiatique, place croissante de l’image sous toutes ses formes
et, corrélativement, injonction à l’entretien du corps.
La persistance des inégalités
La massification d’une activité physique n’a pas entraîné l’uniformisation des pratiques et encore moins leur
indifférenciation. Depuis une trentaine d’années, nombre d’enquêtes sur les Français et les pratiques sportives ont mis en avant des obstacles spécifiques pour les
femmes ; la situation familiale, les enfants, les coûts ou
encore l’éloignement des équipements appartiennent à
cet ensemble de « raisons » invoquées ; elles résistent
mal à l’objectivation. Sous l’angle quantitatif, la situation
familiale différencie peu les probabilités de pratique, à
l’exception, peut-être, des femmes vivant seules avec
enfant(s). En revanche l’activité professionnelle et le niveau d’études demeurent particulièrement discriminants
parmi les femmes. Il faut bien admettre que la « nécessité » de l’entretien du corps par la pratique physique n’est
toujours pas également partagée au sein de la population
féminine en 2000. La distance entre les femmes cadres
ou travaillant dans le tertiaire et les femmes ouvrières et
agricultrices, ayant souvent connu des scolarités courtes, est toujours considérable : en 2000, les trois quarts
des femmes ne pratiquant aucune activité physique sont
employées ou ouvrières. Ici les inégalités entre femmes
et hommes peu dotés en capital culturel, scolaire et économique demeurent réelles : les hommes ont toujours
plus de probabilité de pratiquer une activité sportive que
les femmes.
Des activités durablement sexuées
Ce sont surtout les disciplines de forme, d’entretien du
corps et de loisir physique que les femmes ont investies
depuis une trentaine d'années. Leur présence croissante
n’a pas modifié la tendance lourde observée de longue
date : plus la pratique est institutionnalisée et codifiée
moins les femmes y sont présentes : en 2008, le mouvement sportif licencié comprend 35 % de femmes (18 %
en 1963) et on compte 24 % de femmes parmi l’ensemble
des compétiteurs, proportion inchangée depuis 15 ans.
Au delà de ces finalités qui partagent encore hommes et
femmes, les différences les plus visibles concernent les
disciplines sportives choisies. La sexuation des pratiques
est un processus durable structurant l’histoire du sport ;
elle demeure effective aujourd’hui alors que les interdits
réglementaires sont levés. En 2008, parmi les quelque 85
fédérations recensées (olympiques et non olympiques),
une quarantaine comptent moins de 20 % de femmes.
Les sports de combat rapproché, les sports collectifs de
grand terrain, les sports motorisés, de pleine nature et de
glisse demeurent très majoritairement masculins, quand
les danses, les gymnastiques ou encore l’équitation sont
toujours, voire de plus en plus, des activités « de femmes ».
« Cette sexuation est similaire à celle du
travail professionnel et domestique »
Comment expliquer cette historique et persistante sexuation des pratiques sportives alors que dorénavant « elles peuvent tout faire » ? Cette sexuation est similaire à
celle du travail professionnel et domestique. Dès que les
activités impliquent la force, le risque, des compétences
techniques, scientifiques, des technologies, les armes
ou les grands espaces, elles demeurent majoritairement
des « territoires » masculins, des lieux - pratiques et/
ou symboliques - où se construit en propre la masculinité. Plus celle-ci se joue sur le terrain de la force et de
l’affrontement, du « physique », plus affirmées sont, à ce
jour encore, les résistances à la venue des femmes.
La sexuation des sports a aussi partie liée avec les représentations dominantes de la féminité. L’acceptabilité de
pratiques et de modes d’engagement du corps pour les
femmes s’est modifiée au fil de l’histoire ; la gymnastique
- la danse même - n'ont pas été données comme féminines « de tous temps ». Malgré ces « déplacements »,
on observe que les interdits comme les prescriptions de
pratiques sportives pour les femmes se réfèrent à trois
représentations dominantes de la femme : la « mère » et
la femme séduisante, comme référents positifs de préconisation, la femme « masculinisée » voire virile comme
référent négatif pour interdire ou juger. Aujourd’hui le
rugby, l’haltérophilie, les boxes mais encore les sports
à risque demeurent des pratiques où les femmes sont
malvenues.
Changements et permanences caractérisent la présence
des femmes dans les pratiques sportives ces dernières
décennies. Mais observe-t-on pour autant des changements intergénérationnels ? Selon les enquêtes récentes, un peu plus d’une fille sur deux, entre 12 et 18 ans,
pratique régulièrement une activité physique et sportive
(en dehors de l’école) alors que c’est le cas de trois garçons sur quatre. L’écart se creuse à 15 ans, en défaveur
des filles ; l’adolescence est un moment de « décrochage » parmi elles. A la fin du lycée, moins d’une fille sur
trois pratique encore (60 % des garçons). Les inégalités
perdurent parmi les jeunes : la probabilité et l’intensité
de la pratique sont d’autant plus élevées que les parents
et surtout la mère, ont un haut niveau d’étude et qu’elle
est sportive. Ces inégalités sont particulièrement perceptibles en lycée professionnel et en zone d’éducation
prioritaire (ZEP).
BIBLIOGRAPHIE
DAVISSE, A. et LOUVEAU, C., Sports, école, société : la différence des sexes,
Paris, L'Harmattan, 1998, préface de Geneviève Fraisse.
INSEP/Ministère de la Jeunesse et des Sports. Les pratiques sportives en
France. Paris, Insep, 2002
LOUVEAU, C., Pratiquer une activité physique ou sportive : la persistance
des inégalités parmi les femmes. Recherches féministes, Université Laval
(Québec), n° spécial “sport et femmes ” vol 17, 1, 2004, p. 39-76
Le sport chez les jeunes de 12 à 17 ans, Stat-info, 02-04, octobre 2002 ;
INSEE Première, 932, novembre 2003. Les adolescents et le sport ; résultats
de l’enquête 2001 menée par le MJSVA et l’INSEP, Paris INSEP, 2005
SPORT POUR TOUTES | Page 59
Yannick
GACON
Internationale en saut en longueur ; enseignante d’Education Physique au collège Boris VIAN de Talant ; entraîneure et dirigeante au Dijon Université Club (section
athlétisme).
Yannick GACON a commencé par pratiquer, dès le plus
jeune âge, de la gymnastique puis de la natation, à Nice,
en compagnie de sa sœur avec qui elle est inséparable.
Ayant déménagé en Nouvelle Calédonie, elle souhaite
continuer à pratiquer la gymnastique mais là bas, point
de club de gymnastique. Elle admire son professeur
d’éducation physique, un « bel athlète » : elle veut « faire
comme lui ». C’est ainsi qu’elle débute l’athlétisme à 15
ans à l’AS Magenta. Au fur et à mesure de ses progrès,
elle complète sa pratique de club par un entraînement
qu’elle se concocte elle-même, ce qui lui permet de participer aux championnats de France en saut en longueur.
L’été, elle aime encadrer des colonies de vacances et
des stages.Ayant obtenu le baccalauréat, elle revient en
métropole pour poursuivre ses études et devenir enseignante d’Education Physique comme elle le désire depuis
l’école primaire.
Après une année de préparation au Lycée Maurice RAVEL
de Paris, elle entre à l’UEREPS de Dijon. Elle intègre alors
le Dijon Université Club pour poursuivre sa pratique de
l’athlétisme à haut-niveau. Son entraîneur est Alain PIRON, « Monsieur PIRON » précise-t-elle. A cette période,
en parallèle de ses études en Education Physique, elle
s’entraîne le soir et participe aux compétitions régionales
et nationales. En 1978, elle décroche sa première sélection internationale en saut en longueur (elle sera onze fois
sélectionnée depuis cette date jusqu’en 1982) ; en 1979,
elle participe aux championnats du monde universitaire
de Mexico. Ayant obtenu le CAPEPS (le concours de professeur d’Education Physique et Sportive) et continuant
d’être athlète de haut-niveau, elle obtient une nomination
au collège Boris VIAN de Talant. Elle peut ainsi continuer
à pratiquer l’athlétisme (jusqu’à 35 ans) mais aussi entraîner au DUC et également s’investir dans l’Association
Sportive de son collège. Elle souhaite y impulser une dynamique en athlétisme…
Son conjoint étant très impliqué dans l’athlétisme local
et national, elle élève pratiquement seule ses enfants.
Si la famille toute entière est passionnée de sport, la
conciliation de la vie de famille avec la vie professionnelle et la vie sportive n’en reste pas moins un exercice
quotidien difficile à réussir. L’appel à une « nounou » est
souvent nécessaire lorsque les enfants sont petits même
si, dès leur plus jeune âge, ils sillonnent les stades puis
intègrent l’école d’athlétisme (qu’elle encadre). « Redonner aux autres ce que l’athlétisme m’a donné » est
son leitmotiv. Aujourd’hui en mesure de quitter l’enseignement (pour prendre sa retraite), elle préfère garder
cette activité tout comme toutes celles qu’elle a depuis
de nombreuses années : l’entraînement, l’encadrement
de l’association sportive du collège, sa pratique personnelle (elle court trois fois par semaine et continue d’être
classée en tennis) ; l’encadrement des stages de la Ligue
d’athlétisme de Bourgogne.
Comme depuis longtemps, elle préfère jouer les équilibristes d’un emploi du temps chargé de ses multiples
activités de femme, de mère de famille, d’enseignante,
de sportive, d’entraîneure et de dirigeante. Comme elle,
à leur tour, ses deux filles, Pascale et Laure, sont enseignantes d’éducation physique tout en continuant d’entraîner et de pratiquer l’athlétisme à haut-niveau au DUC
(respectivement la perche et le 400m haies). Frédéric,
quant à lui, en 1ère année à l’UFR STAPS, est d’abord
footballeur même s’il s’adonne au lancer du javelot. Il
aime lui aussi prêter main forte au Football Club de Talant tout comme aider sa maman lorsqu’elle anime l’association sportive de son collège.
Portrait réalisé par Carine ERARD,
Maître de Conférences en socio-histoire du sport et de l’éducation
physique, Laboratoire de Socio-Psychologie et de Management
du Sport, UFR STAPS, Dijon
Mariée avec Georges GACON (alors enseignant à l’Unité
d’Enseignement et de Recherches en Education Physique
et Sportive (UEREPS) de Dijon et entraîneur au DUC avec
A. PIRON), elle a trois enfants (ils sont nés en 1983, 1986
et 1990). Elle continue toutes ses activités : elle entraîne
l’école d’athlétisme du DUC et ensuite la perche (discipline nouvellement ouverte aux femmes) ; elle participe
au Comité départemental de Côte-d’Or ; elle poursuit son
objectif de développement de l’athlétisme dans son collège ; elle continue elle-même de pratiquer (l’athlétisme
et le tennis) ; elle encadre les stages d’athlétisme de la
Ligue de Bourgogne.
SPORT POUR TOUTES | Page 61
L’UNSS au féminin
Catherine LEPETZ
Directrice de l’UNSS de Bourgogne
12000 : c’est le nombre de jeunes filles de 11 à 20 ans
qui pratiquent une ou plusieurs activités dans le cadre
du sport scolaire dans l’académie de Dijon. Atteignant
42 % des licenciés UNSS, cette partition féminine demeure d’une grande stabilité au fil des années.
Toutefois, le pourcentage de la population féminine
UNSS varie très sensiblement avec l’âge des pratiquantes. Entre 11 et 13 ans, les deux axes sont quasiment à parité.
Le taux diminue progressivement pour ne plus représenter qu’un tiers des licenciés en juniors.
Elles sont sportives se destinant au haut niveau, polyvalentes de talent ou simplement jeunes filles épanouies. Leurs attentes sont diverses, elles vont de la
simple pratique loisir aux rencontres compétitives en
vue d’une qualification aux championnats de France.
Parmi les activités les plus prisées on trouve logiquement : la Gymnastique Rythmique Scolaire, la Gymnastique Artistique et Acrobatique, l’Aérobic, la Danse. Si
les formules de compétition reposent essentiellement
SPORT POUR TOUTES | Page 62
à l’UNSS sur un classement par équipe d’établissement scolaire, ces équipes peuvent-être mixtes dans
18 disciplines. Cette orientation permet de dynamiser
sensiblement la pratique sportive féminine dans certaines activités (tennis de table, canoë-kayak, triathlon, escrime, natation…). Cette mixité offre également
l’accès au plus haut niveau de compétition dans des
sports à faible taux de pratique féminine puisque sur
les 42 disciplines permettant d’accéder à un championnat de France, toutes sont ouvertes aux féminines.
La mixité développe un esprit de coopération et d’entraide entre les deux sexes à un âge où les préjugés
sont parfois importants.
Les filles s’engagent peut être assez facilement dans
une pratique du sport en milieu scolaire en partie grâce à l’offre très variée d’activités, en partie grâce à la
prégnance de la notion d’équipe. Chacune peut trouver
sa place comme sportive de tous niveaux ou comme
arbitre, juge.
Au sein de leur établissement, l’association sportive
reste bien un lieu où elles peuvent faire l’expérience du
vivre, décider et agir ensemble.
Pratiques sportives et discours médicaux au XXe
siècle
Anaïs Bohuon
Docteure en Sciences du sport, membre du Laboratoire SPOTS de l’UFR STAPS de Paris Sud XI. Sa thèse soutenue
en 2008 à Paris Sud XI sous la direction de C. Louveau s’intitule Entre santé et pathologie: discours médical et
pratique physique et sportive féminine (1880-1922).
Les femmes, dans leur accession au monde sportif,
ont tenté de pénétrer des terrains jusque là essentiellement réservés aux hommes et ont suscité – et suscitent encore – nombre d’interrogations du fait d’une
morphologie différant souvent des référents normatifs de la féminité. La pratique physique et sportive
engage en effet les corps, les morphologies et entretient de fait un lien très étroit avec la médecine. Or,
depuis l’Antiquité, l’influence de la médecine s’exerce
sur les femmes dans de nombreux domaines, public,
professionnel, privé mais aussi sportif et nourrit la différence des sexes. L’argument biologique, véhiculé par
les médecins qui expliquent que cette dissemblance a
des origines génétiques et hormonales, tend à laisser
croire que les différences physiques sexuées, qui interviennent dans le domaine sportif, sont fixées et intarissables.
Historiquement, l’avis du corps médical s’est révélé
véritablement déterminant s’agissant des sportives.
Au cours du XXe siècle, les médecins ont joué un rôle
prédominant pour les sportives en leur prescrivant et/
ou proscrivant des activités physiques et sportives. Le
discours médical qui a accompagné l’évolution de la
pratique sportive des femmes en contrôlant leur activité physique, est marqué de très fortes ambivalences.
Comment exercer physiquement les corps féminins
sans les viriliser, sans les dénaturer ? Les médecins
oscillent entre la représentation d’un corps féminin par
essence pathogène, « malsain » et un corps « sain »,
procréateur. Cela se traduit dans leurs injonctions par
une alternance entre protection et renforcement des
corps féminins, plus encore entre les vertus curatives
et les risques pathologiques associés à la pratique
physique et sportive féminine. Par ce type de discours,
les médecins ont légitimé, reproduit la différence des
sexes en « pathologisant » les corps féminins mais
également en définissant la féminité estimée compatible avec les attributs symboliques du féminin qui sont
les leurs.
Les femmes doivent être « belles » d’un point de vue
esthétique comme dans leurs gestes sportifs, c’est-àdire répondre aux normes de la féminité telles que la
grâce, la souplesse, l’élégance, la mesure, la douceur.
Mais les médecins voient les corps féminins évoluer,
changer, se forger par la pratique physique, ce qui les
rend particulièrement mal à l’aise quant au maintien
du diktat de la Nature en matière de différence des
sexes. Car, en définitive, les pratiques physiques et
sportives renvoient de façon très paradigmatique à la
tension entre naturalité et plasticité du corps.
BIBLIOGRAPHIE
BOHUON, A., «Sport et bicatégorisation par sexe : test de féminité et ambiguïtés du discours médical », in Nouvelles Questions Féministes, vol.
27, n°1, 2008, pp. 80-91.
BOHUON, A. et LUCIAN, A., “Biomedical discourse on women’s physical
education and sports in France (1880-1922)”, in International Journal of
the History of Sport, vol. 25, n° 5, April 2009, pp. 1-21.
BOHUON, A., « Entre perversion et moralisation. Les discours médicaux
sur la pratique physique et sportive des femmes à l’aube du XXe siècle »,
in Revue Corps n° 7, 2009.
BOHUON, A. et QUIN, G., « The body treatment of “nervous disorders”
(1847-1914). Medicine, female bodies and movements », in Gender &
History, à paraitre.
Tout au long du XXe siècle, ils vont exercer une influence
sur la construction de la féminité des sportives, en définissant certaines disciplines comme trop agressives
donc trop masculines, ou comme trop « virilisantes ». À
titre d’exemple, un médecin du sport interrogé en 2004
au sujet des coureuses de fond analyse : « Quand on les
regarde, elles n’ont plus de poitrine. Parfois, elles ont
des fesses un petit peu trop hyper musclées et elles
perdent un petit peu leur attrait par rapport au regard
d’un homme ». Sous couvert d’une légitimité universelle, en énonçant des prescriptions et proscriptions
médicales, ils énumèrent ce qu’il convient de faire ou
de ne pas faire, ce qu’il convient d’être ou ne pas être.
SPORT POUR TOUTES | Page 63
Le mot du Président du CDOS de la Nièvre
L’offre doit s’adapter à la demande
Roger ROUSSAT
Il y a plus de cent ans, lors de la première édition des Jeux Olympiques, (en
1896), les compétitions n’étaient pas ouvertes aux femmes… Depuis, la présence des femmes à tous les niveaux sportifs a considérablement évolué et
heureusement car ça traduit parfaitement les valeurs de la société actuelle.
Les femmes sont de plus en plus nombreuses à pratiquer un sport et à participer à des compétitions de haut niveau, leur présence au sein des instances
dirigeantes sportives reste faible. Femmes et hommes ont des pratiques différentes, et se rencontrent encore peu dans les mêmes disciplines.
Elles pratiquent toutes les disciplines, mais certaines les attirent plus que
d’autres parce qu’elles répondent mieux à leurs attentes.
Si, dans certains cas, les activités ne rencontrent pas plus de succès auprès des femmes, c’est parce que cellesci ne se déroulent pas comme elles le souhaitent ni au moment où elles peuvent y participer. Dans toute société
moderne, c’est l’offre qui doit s’adapter à la demande, et non l’inverse !
Dans notre département la Nièvre, 30 % des licenciés sont des femmes, mais ce chiffre est surtout dû à la pratique de la gym volontaire et la randonnée où une forte majorité de licenciés sont des femmes, mais nous manquons de femmes dans les disciplines de compétitions quelles soient collectives ou individuelles et bien peu
de club ou de comité sont à parité femme/homme dans la gestion des diverses disciplines et encore moins à la
direction des comités et clubs.
Le mot du Président du CDOS de l’Yonne
Une réflexion convaincue sur le sport féminin
Michel LEBLANC
Les statistiques démontrent que la place des femmes dans le sport est encore
toute relative. Rares sont les disciplines dans lesquelles les femmes sont majoritaires comme l’équitation, la gymnastique, les sports de Glace...
Le CDOS de l’Yonne s’est lancé avec conviction dans la réflexion sur le sport féminin et travaille à un plan d’actions qui permettrait :
- d’augmenter le nombre de licenciées féminines dans les comités, les clubs.
- de développer la mixité au niveau de l’encadrement sportif.
- de favoriser l’accès des femmes aux postes à responsabilités.
Actions engagées et/ou envisagées :
- Médiatisation des dirigeantes et des actions entreprises en faveur des femmes.
- Organisation de la soirée de l’esprit sportif, effort de communication via le site internet.
- Parrainage de nouvelles dirigeantes quel que soit leur niveau de responsabilité.
- Forum d’échanges inter comités.
- Organisation d’une journée spécifique féminine.
Tout est question d’état et d’ouverture d’esprit, donnons envie aux plus jeunes de
s’investir en leur montrant l’exemple de femmes ayant réussi grâce au sport.
SPORT POUR TOUTES | Page 64
Le mot du Président du CDOS de la Côte d’Or
Le sport, les femmes...
Max DUCUING
Depuis l’émancipation de la femme, la société a accepté sa présence dans
tous les domaines. Le sport réservé aux hommes avides de montrer leurs
forces, leurs muscles est un concept maintenant dépassé.
Les femmes ont tout d’abord choisi des disciplines plutôt adaptées à leur physiologie, danse, gymnastique. Plus aucun sport ne leur est interdit malgré les
réticences de ces messieurs : football, rugby, boxe. Participante en tant que
sportive soit, mais en tant que dirigeante ?
Les hommes sont-ils prêts à laisser la place ?
Certainement, seulement la représentation, le pouvoir, est-ce vraiment un
idéal pour beaucoup de femmes ?
Des freins demeurent importants : famille, travail, enfant font que beaucoup
reculent à prendre des responsabilités.
A nous les hommes de trouver des moyens pour les aider à accéder à ces
postes.
Le mot du Président du CDOS de la Saône et Loire
Le sport ouvert à toutes et à tous
Bernard PONCEBLANC
Le sport est une nécessité pour chacun, femme, homme, enfant.
Promouvoir le sport au féminin, effacer les inégalités hommes femmes, médiatiser le sport au féminin… Bien sûr, l’on ne peut qu’être d’accord mais pourquoi spécifier le féminin…
Ne faudrait -il pas dans la société actuelle : inculquer… éduquer… apprendre…
enseigner … que le sport est ouvert à toutes et à tous… que le respect des
valeurs du sport et de la vie est plus important que le fait que le sport soit
pratiqué par des hommes ou des femmes, d’origines différentes…
Le problème n’est pas de médiatiser ou non le sport « féminin » mais de donner un libre accès à la pratique sportive de tous les sports pour tous ! Ce n’est
ni plus ni moins les valeurs du sport que nous devons faire redécouvrir !
SPORT POUR TOUTES | Page 65
CONCLUSION ET
REMERCIEMENTS
Faire reculer les préjugés, les inégalités d’accès à la pratique ou aux responsabilités, permettre une évolution culturelle et une plus grande reconnaissance du sport féminin pour
rendre plus fort, le sport en général, c’est l’objectif de cet ouvrage initié par le Comité Régional Olympique et Sportif de Bourgogne et suggéré par le Conseil régional de Bourgogne.
Bien sûr, il ne s’agit pas d’une grande révolution mais d’une participation sincère et toute
relative au développement du sport féminin.
Le Comité Régional Olympique et Sportif a joué un rôle fédérateur en réunissant dans cette
publication, le mouvement sportif régional, la Faculté des Sciences du Sport de Dijon et des
sportives et dirigeantes bourguignonnes.
Nous remercions toutes celles et ceux qui par leur témoignage montrent les difficultés
auxquelles elles ont été et sont encore confrontées, mais aussi leurs bonheurs, leurs réussites et leurs exploits dans le sport : Jacqueline BRISEPIERRE-GAUGEY, Marine PETIT,
Marie-France CHARLES, Julie LAZARD, Valérie JUTAND, Véronique PECQUEUX-ROLLAND,
Bérengère SCHUH, Anne-Caroline CHAUSSON, Tony CHAPRON, Corinne LAGRANGE, Yannick GACON.
Merci également à Carine ERARD, Catherine LOUVEAU, Anaïs BOHUON, Catherine LEPETZ, Philippe LIOTARD, Sébastien MESSAGER, Christian RAMOS, Georges SANTOS,
Thierry TERRET qui nous permettent de mieux connaitre et comprendre les tenants et les
aboutissants du sport féminin.
Et un grand merci à toutes celles et ceux qui ont contribué de près ou de loin à cette publication, en espérant que le sport devienne aussi féminin que masculin !!!
CONCLUSION | Page 68
Quelques idées
de lecture …
ARNAUD, P. & TERRET, T. (1996) Histoire du sport féminin, Paris, L’Harmattan (2 volumes)
BAILLETTE, F. & LIOTARD, P. (1999) Sport et virilisme, Ed Quasimodo et fils.
DAVISSE, A. & LOUVEAU, C. (1998) Sports, école, société : la différence des sexes, Paris, L’Harmattan.
LIOTARD, P. (2008) Sport et homosexualités, Montpellier, Quasimodo et Fils.
MENNESSON, C. (2005) Etre une femme dans le monde des hommes. Socialisation sportive et construction du
genre, Paris, L’Harmattan.
OTTOGALI-MAZZACAVALLO, C (2006) Femmes et alpinisme (1874-1919). Un genre de compromis, Paris, L’Harmattan.
OTTOGALI-MAZZACAVALLO, C. & SAINT-MARTIN, J. (sous dir) (2009) Femmes et Hommes dans les sports de
Montagne : au-delà des performances, Grenoble, MSH, septembre 2009.
PRUDHOMME-PONCET, L (2003) Histoire du football féminin au XXème siècle, Paris, L’Harmattan.
SAOUTER, A. (2000) Etre rugby, Jeux du masculin et du Féminin, Paris, Ed MSH.
TERRET, T., LIOTARD, P., SAINT-MARTIN, J., ROGER, A. (2005) Sport et genre, Paris, L’Harmattan (4 volumes).
VIEILLE-MARCHISET, G. (2004) Des femmes à la tête du sport. Les freins à l’investissement des dirigeantes locales, Presses Universitaires de Franche-Comté.
Revue STAPS, n° Spécial « Activités physiques et Genre », n°66, 2004.
Revue Clio, n° 23, « Le genre du sport », sous la direction de T. Terret ; F. Thébaut & M. Zancarini-Fournel
RAMOS, C.(2009) Apprendre à gagner, La préparation mentale expliquée aux jeunes compétiteurs. www.mentalplus.com.
BIBLIOGRAPHIE | Page 69
agement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité
igeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance forc
ratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôl
rformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
gation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétiti
mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration c
e compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation
centration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engag
nt motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigean
olidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie f
courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement m
gation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétiti
e force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivit
é engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie fémini
e compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation
centration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engag
ntrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation f
on concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité
agement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité
igeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance forc
ratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôl
rformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
gation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétiti
mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration c
e compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation
centration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engag
nt motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigean
olidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie
té dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance f
ratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôl
rformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
gation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétiti
mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration c
e compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation
centration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engag
nt motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigean
olidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie
té dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance f
ratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôl
rformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire ab
nt motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigean
olidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie
té dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance f
ratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôl
rformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
gation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétiti
mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration c
e compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation
centration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engag
nt motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigean
olidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie
té dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance f
ratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôl
rformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
gation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétiti
mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration c
e compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation
centration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engag
nt motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigean
olidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie
té dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance f
ratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôl
rformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
gation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétiti
mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration c
e compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation
centration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engag
nt motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigean
olidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie
té dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance f
ratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôl
rformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
gation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétiti
mental victoire abnégation
fair-play sportivité contrôle p
erformance force stratégie féminité dirigeante solidarité e
gagement motivation concentration courage compétition m
victoire abnégation fair-play
sportivité contrôle performan
e force stratégie féminité dirigeante solidarité engagemen
motivation concentration courage compétition mental victo
abnégation fair-play sportivité
contrôle performance force s
ratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôl
rformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a
gation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement performance force stratégie féminité dirigean
olidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance force stratégie
té dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôle performance f
ratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play sportivité contrôl
rformance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire abnégation fair-play
ortivité contrôle performance force stratégie féminité dirigeante solidarité engagement motivation concentration courage compétition mental victoire a

Documents pareils