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20/26 NOV 14 Hebdomadaire OJD : 229211 33 RUE VIVIENNE 75002 PARIS - 01 44 76 92 31 Surface approx. (cm²) : 1324 Visualiser l'article sur le portail Page 1/4 A27AD5105EA0D704D29445B49201A5213CC2543621CE4097E3320CE FOURPOINTS 6946012400503/XCB/OTO/2 (c) Argus de la Presse 2014 20/26 NOV 14 Hebdomadaire OJD : 229211 33 RUE VIVIENNE 75002 PARIS - 01 44 76 92 31 Surface approx. (cm²) : 1324 Visualiser l'article sur le portail Page 2/4 En couverture Le géant qui ose tout au nom du client roi Son ADN a 20 ans: innover tous azimuts pour vendre un service à très grande échelle. Amazon domine aujourd'hui la planète e-commerce. Quitte à cabrer la concurrence, la Bourse ou les gouvernements. Au coeur du campus d'Amazon, au nord de Seattle, dans le vaste salon où les dirigeants du groupe reçoivent leurs invités, en toute décontraction, l'un des murs est entièrement recouvert de cadres qui célèbrent les moments-clés de l'histoire du groupe. De l'expédition de la première commande à un certain John Waynewright le 3 avril 1995, au démarrage de la livraison de produits frais il y a quèlques années, tout y est. L'un des rectangles renferme deux couvertures du magazine économique américain Barron's. La première remonte à mai 1999 et prédit la fi n prochaine de la jeune entreprise de commerce électronique sous ce titre incendiaire: « Amazon.bomb ». Internet, expliquait la revue, devait permettre aux fabricants comme Dell ou Sony de vendre en direct, sans intermédiaire. La seconde couverture date de 2009 et célèbre « Le meilleur commerçant du monde »: Amazon. Le cybermarchand de Seattle ne compte plus les condamnations à mort et les retours en grâce. Au cours dcs quinze dernières années, U a fait mieux que survivre. Dans chacun des treize pays où il s'est implanté, il figure sur le podium de l'e-commerce. En France, où il est présent depuis 2000, il est devenu, pour la première fois cette année, le numéro un incontesté du secteur, selon le baromètre de Pricewaterhousecoopers qui mesure l'activité sur les sites de commerce électronique dans l'Hexagone. Le groupe possède à présent plus de 80 entrepôts géants à travers le monde, dont plus de la moitié sont situés aux Etats-Unis, et emploie quelque 150 000 salariés, dont 17 000 ont été recrutés au cours des trois derniers mois. Depuis sa fondation par Jeff Bezos, il y a tout juste vingt ans, Amazon affiche des taux de croissance explosifs toujours autour de 20 % ces dernières années. Une course aux parts de marché au détriment des profits. L'entreprise affichait déjà clairement sa philosophie dans sa lettre aux actionnaires de 1997, année de son introduction en Bourse: « Nous continuerons de prendre nos décisions d'investissements à la lumière de considérations de leadership à long terme sur nos marchés, plutôt que de considérations de profitabilité ou des réactions de Wall Street à court terme. » Analystes financiers divisés Peu importe si les marchés s'agitent ou se désespèrent. Amazon n'en fait qu'à sa tête et en dit le moins possible sur ses intentions. « Ils sont un peu plus transparents que le Parti communiste chinois », ironise Benoît Flamant, directeur général adjoint du fonds d'investissement Pourpoints. Le groupe l'a encore démontré récemment lors de la publication de ses derniers résultats trimestriels: les ventes ont grimpé de 20 % à 20,58 milliards de dollars, mais le groupe creuse sa perte à 437 millions. En cause, pour une bonne part, les dépenses dans les technologies et les contenus qui atteignent la somme stratosphérique de 2,4 milliards pour le seul trimestre. Le résultat de son incursion ratée dans les smartphones et de ses débuts dans la production de séries télé pour alimenter son site de vidéos en streaming, concurrent de Netflix. Wall Street ne comprend plus la stratégie d'Amazon. Sa valorisation en Bourse a chuté de 25 % depuis le début de l'année. Et les analystes sont de plus en plus partagés. Au sein même du cabinet Forrester, grand spécialiste des géants du Web, les avis divergent. « Depuis seize ans que je les suis, j'entends dire qu'ils vont devoir être plus conciliants avec Wall Street, mais, en vérité, tant qu'ils travailleront aussi dur pour être innovants, nous devrons nous réjouir », estime James McQuivey. Sa collègue Sucharita Mulpuru pense tout l'inverse: « Ils continuent d'être valorisés comme des entreprises dc technologie, mais ils sont tout sauf cela: ils n'ont pas les profits d'un Apple ou d'un Google.» Amazon est un animal à part. « Ils inventent un nouveau mode de relation avec Wall Street, observe Georges Nahon, le président d'Orange Institute, cellule de veille technologique de l'opérateur dans la Silicon Valley. Ils sont à la recherche constante de nouvelles ressources pour créer de la valeur et de tout ce qui peut réduire leurs coûts. » Ses dirigeants assument leur démarche jusqu'auboutiste pour ne servir, selon eux, qu'un seul objectif: le bien du client. Cette stratégie est de plus en plus critiquée, notamment par la concurrence, mais aussi par les gouvernements. La Commission européenne a ainsi ouvert une enquête sur les conditions fiscales offertes par le Luxembourg à la multinationale, afin qu'elle installe son siège européen dans le grand-duché. « Nous sommes très à l'aise sur la question de la fiscalité, assure Romain Voog, PDG d'Amazon France et ancien de Carrefour. Nous sommes dans le Top-10 des plus gros créateurs d'emplois en France depuis trois ans, et nous sommes les plus gros prestataires de La Poste. » Pour lui, « certains groupes sont actuellement utilisés comme études de cas dans les discussions qui s'ouvrent sur la fiscalité internationale ». Hachette a fini par céder La Commission enquête, mais Amazon n'a pas la réputation d'être un grand adepte du compromis. Contre Hachette, il a ferraillé durant six mois pour convaincre l'éditeur de baisser ses prix. Pour parvenir à ses fins, A27AD5105EA0D704D29445B49201A5213CC2543621CE4097E3320CE FOURPOINTS 6946012400503/XCB/OTO/2 (c) Argus de la Presse 2014 20/26 NOV 14 Hebdomadaire OJD : 229211 33 RUE VIVIENNE 75002 PARIS - 01 44 76 92 31 Surface approx. (cm²) : 1324 Visualiser l'article sur le portail Page 3/4 il n'a pas hésité à freiner les ventes de l'éditeur sur sa plateforme. Le groupe français a cédé. « Ils sont très arrogants dans leur approche, commente Sucharita Mulpuru, du cabinet Forrester. Mais c'est un jeu très dangereux: toute l'industrie du livre souhaite qu'Hachette gagne.» Le géant de Seattle aime avoir raison contre tout le monde. « Nous acceptons de ne pas être compris pendant très longtemps », résume Eric Brossard. Amazonien de la première heure, il a été recruté par Jeff Bezos en 1998, quand l'entreprise occupait encore un immeuble miteux du centre-ville de Seattle. Il est aujourd'hui le patron international de toute la Marketplace, l'espace de la plateforme Amazon où 2 millions de commerçants tiers ont installe leur cyberéchoppe et vendent leurs biens, moyennant une commission de 7 à 15 %. Les fenêtres de son bureau donnent sur le nouveau campus, une douzaine de buildings flambant neufs, bâtis sur d'anciennes friches industrielles. Près de 30 DOO amazoniens travaillent ici. Cloud pour le CAC et Netfl x renvoyé une nouvelle console. Il ignorait que le client était journaliste au New York Times et que cette affaire vaudrait à Amazon un article élogieux que Jeff Bezos brandirait, hilare, les semaines suivantes dans les couloirs du siège, à Seattle. Le client est roi. Et Amazon investit dans tout ce qui pourrait l'inciter à venir dépenser plus sur son site. Après les produits frais, les téléphones mobiles et les contenus, quelle sera sa prochaine terre de conquête? La vente aux entreprises, un marché trois fois plus gros que celui du grand public? « Ils n'ont rien annoncé, mais ils commencent à embaucher », assure Benoît Flamant. Les services à la personne sont une autre piste sérieuse, tout comme la publicité où il réaliserait déjà, selon Sucharita Mulpuru, I milliard de dollars de chiffre d'affaires. Les rumeurs évoquent même l'ouverture d'un magasin en dur à Manhattan. Jeff Bezos le répète à l'envi à ses équipes: « Nous n'en sommes qu'au premier jour. » Sur les méthodes commerciales Des fournisseurs déréférencés sans prévenir Stéphane Treppoz, PDG de Sarenza L'ambiance a change, pas la culture. « Nous sommes très durs avec nous-mêmes, fait savoir le manager français. Lors des réunions, nous ne parlons que de ce qui ne marche pas. Notre objectif, c'est de résoudre les problèmes. » La méthode Amazon, c'est de concevoir des services capables de monter en charge à très grande échelle et, en général, en libre-service. Comme pour la place de marché, ou encore Amazon Web Services (AWS), sa plateforme de stockage de données, l'un des géants du cloud, qui oeuvre pour des clients très variés: Netfl ix, le gouvernement américain, ou encore 70 % des entreprises du CAC 40 lui ont confi é leurs informations. Cette division est née il y a une dizaine d'années. Le cybermarchand dépensait beaucoup d'énergie à concevoir une architecture informatique capable de résister à toutes sortes de pannes. Les chercheurs y passaient trop de temps. Pour ne pas mettre en péril l'innovation, Jeff Bezos a externalisé cette activité qui est devenue un business à part entière. Et dont le premier client est Amazon.com. Les récentes révélations d'espionnage dévoilées par l'affaire Snowden ne semblent pas avoir rafraîchi ses relations commerciales. Et le fait que la CIA fasse partie de ses nombreux clients lui sert même d'argument de poids. « A chaque fois que nous amènerons un niveau de sécurité, il profite à tout le monde », assure Miguel Alava, directeur de la division pour la France. Cap sur les entreprises Amazon est incontestablement le leader planétaire de cette industrie très prometteuse. Selon le cabinet Gartner, les capacités dc stockage ct de calcul du cloud d'Amazon sont cinq fois supérieures à celle de ses quatorze poursuivants réunis, parmi lesquels Microsoft, IBM ou Google. Difficile de suivre sur ce terrain Amazon, qui y applique son modèle de distributeur, peu commun dans l'informatique: gros volumes, faibles marges. En huit ans d'existence, Ic groupe abaissé 45 fois ses tarifs. « Cela coûte cher d'être concentré sur le client », résume Eric Brossard. Il y a quèlques années, le service après-vente d'Amazon avait reçu l'appel d'un client new-yorkais qui prétendait ne pas avoir reçu la console dc jeux qu'il avait commandée, le bordereau de livraison avait été signé par le voisin. Une histoire embrouillée. Le téléopérateur avait illico Amazon est un formidable concurrent qui a compris que la satisfaction clients était la clé d'une relation de confiance. Nous respectons profondément cette approche qui est aussi la nôtre. Là où Amazon me pose un problème majeur, c'est dans ses pratiques commerciales et son manque d'éthique sociétale. Derrière une communication policée se cache un concurrent pour lequel les fournisseurs sont traités en fonction des priorités stratégiques du moment: Amazon n'hésitera pas à contourner un fournisseur sans le prévenir en traitant en direct avec ses usines ou en le déréférençant du jour au lendemain. Encore plus grave, Amazon fait preuve d'un cynisme absolu pour localiser ses centres de profit en créant d'opportunes sociétés intermédiaires dans les pays à fiscalité avantageuse, afin de payer le moins d'impôts possible en France. C'est moralement condamnable dans l'absolu et c'est même une faute, car notre contrat de société repose sur la juste contribution des uns et des autres à l'intérêt général. » Sur les pratiques fiscales Et pourtant l'argent public paie ses locaux! SERGE PAPIN, PDG DE LA COOPERATIVE SYSTEME U Ce n'est pas tant le modèle économique que la vision insatiable du dirigeant qui m'interroge. Il veut vendre de tout dans tous les pays. Et cette boulimie engendre des travers qui apparaissent maintenant en pleine lumière: ses pertes financières, en particulier. Jeff Bezos va devoir opérer un recentrage plus modeste à moins de dire à ses actionnaires «rendez-vous dans vingt-cinq ans». Il est son propre ennemi. On ne peut pas être aussi gourmand, et il n'a pas non plus les moyens de lutter contre des puissances agrégées comme Walniart, Carrefour ou Auchan qui ont le maillage du territoire et des processus encore plus économiques qu'Amazon. Ce qui est inadmissible, c'est son utilisation injuste de la fiscalité vis-à-vis des autres opérateurs qui participent, eux, au développement des territoires. L'argent public lui sert à créer des entrepôts, alors qu'il ne paie pas ses impôts. Il a réinventé le taylorisme sans transmission de savoir-faire, ni évolution A27AD5105EA0D704D29445B49201A5213CC2543621CE4097E3320CE FOURPOINTS 6946012400503/XCB/OTO/2 (c) Argus de la Presse 2014 20/26 NOV 14 Hebdomadaire OJD : 229211 33 RUE VIVIENNE 75002 PARIS - 01 44 76 92 31 Surface approx. (cm²) : 1324 Visualiser l'article sur le portail Page 4/4 possible pour ses employés. Il s'installe dans des zones de confort, qu'il prend et qu'il assèche. » transformé notre modèle pour apporter une solution de commerce alternative. Sur la relation clients La Fnac offre désormais la possibilité à ses clients de bénéficier à tout moment et en tout lieu de l'intégralité de ses produits et services, que ce soit sur Internet, sur mobile, et sur l'ensemble du territoire, via son important parc de magasins. Les clients expriment également un désir fort d'accompagnement pour comprendre les usages des nouveaux produits techniques sur le marché. L'expertise et la disponibilité de nos vendeurs en magasin permettent de répondre à cette demande. A la fois global et connecté, ce nouveau modèle de commerce est aujourd'hui la spécificité et la force de notre enseigne face aux géants du Net. » La nouvelle demande renforce notre enseigne ALEXANDRE BOMPARD, PDG DE LA FNAC Face à la révolution numérique et à l'émergence de nouveaux acteurs de l'e-commerce tels qu'Amazon, nous avons eu très tôt la certitude que les consommateurs ne voulaient pas choisir entre les sites d'e-commerce et les magasins, mais qu'ils recherchaient plutôt à cumuler les avantages des uns et des autres. C'est avec l'objectif de répondre à cette nouvelle demande que nous avons G. F. A27AD5105EA0D704D29445B49201A5213CC2543621CE4097E3320CE FOURPOINTS 6946012400503/XCB/OTO/2 (c) Argus de la Presse 2014