La chanson française des années 70

Transcription

La chanson française des années 70
Le paysage de la chanson française, après les années-fleurs de la fin des années
60, va voir apparaitre les années-flirt. En 1969, année sous influence Pop music
avec Woodstock, Gainsbourg chante « 69, année érotique » avec sa muse
anglaise Jane Birkin. Mais le « flower power » ne règne pas sans partage.
Maxime Le Forestier dit les douceurs du farniente à « San Francisco » (1973)
mais écrit également une chanson anti militariste avec « Parachutiste ».
« Campus », rendez-vous radiophonique de Michel Lancelot avec les débats
d’idées du moment, diffuse « Tranche de vie », chanson de François Béranger
adoptée par les contestataires. Léo Ferré publie l’album « Amour Anarchie »,
auquel participe le groupe rock Zoo, et chante aussi ardemment Apollinaire, qu’
« Avec le temps » (1971). Le répertoire malicieux et mordant d’Anne Sylvestre
surnommée «la Brassens en Jupons», fait avancer la cause féministe.
La contestation passe aussi par la revendication des identités régionales : le
Basque Beñat Achiary, les bretons Glenmor, Gilles Servat, Alan Stivell (parmi
les musiciens de celui-ci, Dan Ar Bras, qui fera plus tard une carrière solo et
Gabriel Yacoub, futur fondateur du fameux groupe médiévalo-folk Malicorne).
Les Occitans, Joan Pau Verdier, Claude Marti, l’Alsacien, Roger Siffer,… font
connaître leurs langues et leurs musiques. La contestation passe enfin par le
renouveau. Discographique, avec Saravah, inventif label crée par Pierre Barouh.
Artistique, l’écriture originale de Dick Annegarn ; le magistral « concept-album »
de Gainsbourg avec « Histoire de Melody Nelson », les inflexions blues de Nino
Ferrer…
Ces temps changeants n’empêchent pas Barbara de remporter son plus grand
succès avec « l’Aigle noir » (1969), Jacques Lanzmann et Jacques Dutronc de
devancer les écologistes dans « le petit jardin » (1972), Michel Sardou de vanter
les Bals populaires (Album « J’habite en France », 1970). Mais ils ouvrent la voie
à ce qu’on va appeler « la nouvelle chanson française ». Dans cette génération
montante, Alain Souchon, Yves Simon, David McNeil, Michel Jonasz,
Véronique Sanson, Michel Berger…
Source : le Hall de la Chanson
La chanson a perdu un grand (Jacques Brel, en 1978) et trouvé de nouveaux
accents : toute une génération se reconnaît dans la chanson intime et
clairvoyante d’Alain Souchon, le rebelle en douce, ensoleillée par la partition
pop de Laurent Voulzy. Le public explore le pays des merveilles d’Yves Simon,
voyage en solitaire avec Gérard Manset (« Il voyage en solitaire »), part pour le
Brésil avec Claude Nougaro (« Tu verras ») et Bernard Lavilliers (« San
Salvador ») met encore le cap vers « le Sud » (1975) avec Nino Ferrer et sur les
Chemins de traverse de Francis Cabrel. La singularité d’un William Sheller qui
conjugue pop et classique fait de plus en plus d’heureux, de même que les fêtes
au Champagne (Album « Champagne pour tout le monde », 1979) de Jacques
Higelin. « Hexagone » (1975), « Société tu m’auras pas » de Renaud prolonge la
veine contestataire des années précédentes. Jacques Brel rend hommage à
Jaurès (Album « Les Marquises », 1977).
Mais c’est le rock surtout qui souffle la révolte. De nombreux groupes naissent,
dont Téléphone, qui d’Hygiaphone à la Bombe humaine (1979) renouvelle un
genre jusque-là peu renouvelé en France, en dehors du fidèle Eddy Mitchell (Il
ne rentre pas ce soir, 1978). Starshooter, Bijou témoignent à leur tour de la
vitalité rageuse du rock français. Point commun entre ces deux groupes, ils
chantent aussi du, et avec Serge Gainsbourg (lequel surprend encore avec sa
Marseillaise reggae (Aux armes et cætera).
Moins engagée que le rock, tout en lui empruntant de son énergie, la chanson
innove plutôt dans la forme : comédie musicale avec Starmania, du Québécois
Luc Plamondon et du français Michel Berger (Un garçon pas comme les autres) ;
conte musical avec Emile jolie de Philippe Chatel, interprétée par Georges
Brassens, Henri Salvador, Alain Souchon, Laurent Voulzy, Sylvie Vartan,
Françoise Hardy, Isabelle Mayereau, Julien Clerc, Eddy Mitchell, Robert
Charlebois, Louis Chédid…
Source : le Hall de la Chanson (Centre National du patrimoine de la Chanson)