Dossier de presse - Festival de Marseille
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Dossier de presse - Festival de Marseille
14 juin – 17 juillet 2015 04 91 99 02 50 festivaldemarseille.com Dossier de presse Dominique Berolatti [email protected] 06 14 09 19 00 Patricia Lopez [email protected] 06 11 36 16 03 Calendrier JUIN Samedi 6 CINÉ-DANSE CINÉMA Monocromo Ana Pérez et Cristina Hall Suivi de Los Tarantos Trois films autour de la danse intégrée The Cost of Living / Soliloquy / Outside In 21h - Cité Radieuse PARADE - CRÉATION dimanche 14 We are the City Willi Dorner Mardi 23 Du Square Léon Blum (Les Réformés) au J4 (MuCEM) départ 18h 16 En corps libres Restitution des ateliers menés par Sylvain Bouillet 18h - La Friche SPECTACLE Mercredi 17 Soleil de Nuit 14h30 - L’Alcazar - BMVR Mercredi 24 18 SPECTACLE Samedi 20 Un Jour à New York Jeudi 25 SPECTACLE Hofesh Shechter’s deGeneration Cult / Fragments / Disappearing Act Ballet de l’Opéra de Lyon Sarabande / Steptext / One Flat Thing, reproduced CINÉMA 21h - Le Silo SPECTACLE Ballroom Dancing 14h30 - Alcazar - BMVR SPECTACLE - PREMIÈRE EN FRANCE Vendredi Candoco Dance Company Playing Another : Let’s Talk About Dis / Notturnino 26 SPECTACLE - PREMIÈRE EN FRANCE Candoco Dance Company Playing Another : Let’s Talk About Dis / Notturnino 21h - KLAP Zef ! Kelemenis & cie 19h - MuCEM / Place d’Armes du Fort Saint-Jean SPECTACLE Hofesh Shechter’s deGeneration Cult / Fragments / Disappearing Act 21h - KLAP à l’issue du spectacle 21 14h30 - Alcazar - BMVR 21h - La Criée Rencontre avec l’équipe artistique de Candoco Dance Company Dimanche Mission David Van Reybrouck, Raven Ruëll & Bruno Vanden Broecke / KVS CINÉMA RÉPÉTITION PUBLIQUE 15h30 - Le Silo SPECTACLE 21h - La Friche 21h - Le Silo Jeudi Mission D. Van Reybrouck, R. Ruëll & B. Vanden Broecke / KVS CINÉMA Ballet de l’Opéra de Lyon Sarabande / Steptext / One Flat Thing, reproduced Ballet de l’Opéra de Lyon Sarabande / Steptext / One Flat Thing, reproduced SPECTACLE 21h - La Friche RESTITUTION D’ATELIERS Mardi 14h30 - L’Alcazar - BMVR 21h - La Criée Samedi 27 CINÉMA Devdas 14h30 - Alcazar - BMVR CINÉ-CONCERT Dimanche 28 Gisela João Suivi de La Cage Dorée 21h puis 22h15 - L’Alhambra PAGE 2 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples JUILLET Jeudi 2 SPECTACLE SPECTACLE Verklärte Nacht Anne Teresa De Keersmaeker / Rosas What the Body Does Not Remember Wim Vandekeybus / Ultima Vez 21h - BNM SPECTACLE Jeudi 9 Verklärte Nacht Anne Teresa De Keersmaeker / Rosas Vendredi 3 ATELIER Wim Vandekeybus / Ultima Vez Atelier mené par Eduardo Torroja SPECTACLE - CRÉATION 21h - Théâtre Joliette-Minoterie Samedi 11h - KLAP 11 SPECTACLE - PREMIÈRE EN FRANCE Speak low if you speak love… Wim Vandekeybus / Ultima Vez SPECTACLE Rosas danst Rosas Anne Teresa De Keersmaeker / Rosas Samedi 21h - Le Silo 4 SPECTACLE Impulso Rocío Molina Lieu à découvrir SPECTACLE Dimanche 5 Impulso Rocío Molina Lieu à découvrir SPECTACLE Lundi 6 Un Sacre du Printemps Daniel Linehan, Hiatus Rencontre avec l’équipe artistique de Wim Vandekeybus / Ultima Vez À l’issue du spectacle 21h - BNM Spectres Josette Baïz - Compagnie Grenade / Quatuor Béla 21h - La Criée 21h - Le Silo SPECTACLE Dimanche 12 Guests Josette Baïz - Groupe Grenade 21h - La Criée SPECTACLE Jeudi 16 Ballet du Capitole Valser - Catherine Berbessou 21h - Le Silo BAL Vendredi 17 Bal Tango Carte blanche à marseille objectif DansE 19h - Ombrière du Vieux-Port 21h - BNM SPECTACLE Mardi 7 Un Sacre du Printemps Daniel Linehan, Hiatus 21h - BNM SPECTACLE - PREMIÈRE EN FRANCE Mercredi 8 Nómada Cía Manuel Liñán 21h - Théâtre Silvain FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 3 PAGE 4 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples 1996/2015 : nous nous sommes tant aimés... Depuis vingt ans le Festival de Marseille danse sur la ligne de faille de l’art et de la politique. Ces strates d’engagement, d’engouement, d’iconoclasme entre imaginaire et réalité ont sédimenté un lien indéfectible entre le Festival et sa ville. Arrimé à la « pensée voyageuse » chère à Maurice Blanchot, le Festival a avancé en se découvrant et en découvrant les autres sur un chemin parfois escarpé où en fin de compte le parcours et les « choses de la vie » ont plus compté que le but à atteindre. Curieux, arpenteur, scrutateur, spectateur-acteur du monde, et des mondes qui l’entourent, il a fait de sa liberté et de sa pensée un combat au quotidien. Pour les artistes et le public. Tous les publics. Si héritage il y a, il est ici. Dans cette trace, cette exigence. Quant à la mémoire qui çà et là resurgit dans la programmation de cette année, elle ne porte pas la nostalgie d’un temps révolu. Enserrée dans les plis insaisissables de cette texture moirée et changeante que sont nos souvenirs, elle est le signe vivant, le ricochet tendre et reconnaissant de ces vingt ans de vie aux éclats porteurs d’avenir, de renouveau. « On vieillit quand les regrets dépassent les rêves », disait Flaubert. Avec cette vingtième édition désirée, fêtée, choyée par tous, aucun danger… les rêves ont triomphé des moments difficiles, du doute, du cynisme ambiant. Puissants et inaliénables, ils sont un creuset fertile pour celui qui va prendre soin de l’âme du Festival, indissociable de son éthique. Nul doute qu’il le fera avec la conviction, la passion et la force qui ont marqué durant quinze ans sa direction à la tête de l’un des plus brillants et militants théâtres européens. Cette arrivée très attendue est un gage de devenir, tout comme la solidité et la confiance inaltérables de l’équipe du Festival, de son président, de son conseil d’administration et de la Ville de Marseille qui ont fait naître cette aventure. Grâce à eux la sérénité et la plénitude accompagnent cette programmation des vingt ans. Il en va de même de ce sage conseil de Blaise Cendrars : « Quand tu aimes, il faut partir. » Bel été à tous ! Apolline Quintrand-Pacull FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 5 Sommaire 14 juin P.9 We are the City Willi Dorner 26 juin P.39 Zef ! Kelemenis & cie CRÉATION 28 juin 17 et 18 juin P.17 Ballet de l’Opéra de Lyon Sarabande – Benjamin Millepied Steptext One Flat Thing, reproduced William Forsythe CINÉ-CONCERT Gisela João Suivi de La Cage Dorée de Ruben Alves 2 et 3 juillet 20 et 21 juin P.43 P.23 Candoco Dance Company Playing Another Let’s Talk About Dis – Hetain Patel Notturnino – Thomas Hauert PREMIÈRE EN FRANCE P.45 Verklärte Nacht Anne Teresa De Keersmaeker / Rosas 3 juillet P.51 Spectres Josette Baïz – Compagnie Grenade Quatuor Béla CRÉATION 23 et 24 juin P.29 Mission David Van Reybrouck, Raven Ruëll & Bruno Vanden Broecke KVS 25 et 26 juin Hofesh Shechter’s deGeneration Interprété par Shechter Junior Cult Fragments Création 2015 4 juillet P.55 Rosas danst Rosas Anne Teresa De Keersmaeker / Rosas P.35 4 et 5 juillet P.59 Impulso Rocío Molina 6 et 7 juillet Un Sacre du Printemps Daniel Linehan, Hiatus PAGE 6 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples P.63 8 juillet P.69 Nómada Cía Manuel Liñán Au fil du FestivalP.95 PREMIÈRE EN FRANCE 9 juillet Ciné-danseP.96 P.71 What the Body Does Not Remember Wim Vandekeybus Ultima Vez 11 juillet Monocromo Ana Pérez et Cristina Hall suivi de Los tarantos Réal. Francisco Rivera Beleta Espagne / 1963 P.75 Speak low if you speak love... Wim Vandekeybus Ultima Vez Restitutions d’ateliers Répétition publique Rencontres avec les équipes artistiques Ateliers P.98 Un Festival au service de tous les publicsP.99 PREMIÈRE EN FRANCE 12 juilletP.79 Guests Josette Baïz – Groupe Grenade 16 juillet CinémaP.92 La Charte culture L’accessibilité du Festival - Ateliers de danse intégrée - du 10 au 20 mai - La danse intégrée toute l’année - Des dispositifs d’accessibilité renforcés Les actions éducatives et culturelles Infos pratiquesP.105 P.85 Ballet du Capitole Valser – Catherine Berbessou Tarifs Réservations Abonnements Accessibilité Les lieux du FestivalP.108 20 ans de Festival 17 juillet Bal Tango Carte blanche à marseille objectif DansE P.89 P.109 Les artistes depuis 1996 Cœur d’un festival : Marseille au cœur 1996-2015 Festival de Marseille : 20 ans de pensée complexe Le Festival en quelques motsP.114 Les partenairesP.116 L’équipe du FestivalP.131 FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 7 PAGE 8 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples We are the City Willi Dorner AUTRICHE Création Création 2015 Chorégraphie et direction artistique : Willi Dorner Assisté de : Sung-ah Cho, Rocio Berenguer, Nathalie Besson, Karim Dehdouh, Julien Dégremont, Mathilde Grandguillot, Patricia Guannel, Antoine Le Menestrel pour la chorégraphie verticale et Alice Ruffini. Musique originale : Tom Rae Smith créée dans le cadre d’une commande de la MDI et de la « Foundation of Community Dance » pour le Big Dance Weekend 2014. Parade Du Square Léon Blum (Les Réformés) au J4 (MuCEM) 14 juin Départ 18h Groupes : Accueil de Jour (ADJ) ; Association de la Fondation Étudiante pour la Ville (AFEV) ; Centre Hospitalier VALVERT ; Centre d’Innovation pour l’Emploi et le REclassement Social (CIERES) ; Chorale de l’AP-HM (Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille) ; Croix-Rouge française (secouristes) Croix-Rouge française – Institut Régional de Formation Sanitaire et Sociale Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse (IRFSS) et Institut de Formation de Soins Infirmiers Saint-Jacques Marseille (IFSI) ; Établissement Français du Sang (EFS) Fanfare des Sapeurs-Pompiers d’Aubagne ; KICK’N ROLL Moto Club Le CIL (Interprètes LSF) ; Médecins du Monde ; Profil (Cordistes) Relais d’Aide Matérielle aux Handicapés (RAMH) ; SAMU Social Secours populaire ; Unis-Cité ; Unis-terre. Merci à : La Cité des Arts de la Rue, à KLAP Maison pour la danse et à la Cité des Associations, à l’Espace Culture et à la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille Provence. Un grand merci à tous les participants. Merci au réseau social tous-benevoles.mobee.org We are the City (« Nous sommes la ville ») est une parade célébrant la ville et les habitants qui la font vivre au quotidien. Le chorégraphe autrichien Willi Dorner nous invite donc à un véritable défilé de Marseillais qui contribuent au fonctionnement de la ville et auxquels nous ne prêtons pas attention ou trop peu. Depuis la fin des années 1990, Willi Dorner révèle les lieux familiers de nos mégapoles déshumanisantes en les transformant en espaces de vie incongrus. Son cycle Bodies in Urban Spaces, relecture poétique et politique de la ville, présentée au Festival de Marseille en 2010, mettait en scène des danseurs anonymes s’emboîtant dans des installations sculpturales éphémères. Lovés aux creux des cicatrices du paysage urbain, ces corps interlopes incitaient les passants à contourner et se réapproprier les tracés que l’architecture impose. We are the City, son dernier cycle, présenté pour la première fois en France, est le prolongement de cette philosophie du redimensionnement du projet commun auquel le chorégraphe autrichien, entouré de chorégraphes phocéens, rend hommage en revitalisant la tradition du défilé. Dans toutes les cultures, à toutes les époques, la parade a été le cœur coloré de nos engagements collectifs. Elle est cette apparence chantée et dansée d’une réalité que ses participants invitent à faire advenir en traçant de nouveaux chemins symboliques dans l’espace partagé. La parade n’écrit pas l’histoire : elle est de l’histoire possible. Les participants à cette parade, nous ne les connaissons pas vraiment. Ils forment pourtant la société civile. Des hommes et des femmes engagé(e)s quotidiennement au service des autres qui sont la pierre angulaire de la solidarité à Marseille : travailleurs sociaux, sapeurs-pompiers, cordistes, infirmiers, interprètes en langue des signes, personnels médicaux et bien d’autres… Ils sortent enfin de l’anonymat et traverseront la ville avec un message spécialement imaginé pour ouvrir cette vingtième édition du Festival, qui tient à marquer sa reconnaissance à ses publics : ensemble, nous sommes la ville. Ensemble, nous sommes la vie ! Production Festival de Marseille. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 9 BIOGRAPHIE Les participants au défilé Willi Dorner Né à Baden en Autriche, professeur diplômé de technique Alexander (technique psycho-corporelle permettant d’éviter les tensions inutiles quelle que soit notre activité), Willi Dorner étudie la danse-thérapie. Il a aussi étudié au studio d’Eric Hawkins et au Body–Mind Centering Studio à New York. En tant qu’interprète en danse contemporaine, Willi Dorner a travaillé avec Daniel Lepkoff, Irene Hultman et Stephen Petronio aux États-Unis et avec l’IDA, Compagnie Mark Tompkins à Paris. Il a commencé son propre travail chorégraphique en 1990. Parallèlement aux tournées internationales de sa compagnie, il réalise des films et s’intéresse particulièrement à la création d’événements donnant aux publics l’opportunité de faire de nouvelles expériences esthétiques, mais aussi de renouveler leur perception du quotidien, notamment du paysage urbain. Son approche pluridisciplinaire l’amène à collaborer avec des artistes et des scientifiques dans divers domaines. Le travail de la Compagnie Willi Dorner sur scène ou dans des performances in situ a déjà été présenté dans de nombreux théâtres et festivals prestigieux en Europe, en Afrique, en Amérique du Nord et du Sud, et en Chine. Les chorégraphes du projet à Marseille Sung-Ah Cho, Antoine Le Menestrel, Karim Dehdouh et Nathalie Besson, Patricia Guannel, Alice Ruffini, Julien Dégremont, Mathilde Grandguillot, Rocio Berenguer. ADJ – Accueil de jour L’ADJ propose un espace de dignité pour les sans domicile fixe en répondant aux besoins essentiels de la vie : être à l’abri, en sécurité, prendre une douche, laver du linge, pouvoir soigner une petite blessure, être domicilié pour recevoir du courrier. ADJ a pour vocation d’écouter, d’orienter, d’accompagner une recherche de logement ou d’emploi, d’assurer une mission de guichet unique, d’être une plaque tournante entre la personne et les services administratifs à travers diverses permanences. accueildejour.asso.fr AFEV – Association de la fondation étudiante pour la ville L’AFEV, premier réseau d’étudiants solidaires intervenant dans les quartiers populaires, est une association nationale née en 1991 sur la base d’un constat, celui des inégalités dans les quartiers populaires, et d’une conviction, celle que la jeunesse a envie de s’engager. Elle défend un projet politique porteur de justice sociale où chaque individu a le pouvoir d’évoluer en maîtrisant son parcours de vie dans une société ouverte, favorisant la confiance et non la défiance face à l’altérité. afev.fr Centre hospitalier Valvert Le centre hospitalier Valvert est un établissement public de santé ayant pour mission générale la lutte contre les maladies mentales. À ce titre, il mène des actions de prévention, de diagnostic, de soins, de réadaptation et de réinsertion sociale. ch-valvert-marseille.fr CIERES – Centre d’innovation pour l’emploi et le reclassement social Le CIERES est né en janvier 1993 à l’initiative d’une équipe de praticiens de l’insertion professionnelle. Sa finalité, c’est la lutte contre l’exclusion sociale, professionnelle, culturelle, par des actions d’insertion, de formation, d’accompagnement social et à l’emploi. Son but est également d’analyser, d’initier et d’expérimenter de nouvelles actions afin de mieux répondre aux nouveaux besoins recensés, tant individuels que collectifs, sur l’ensemble du territoire marseillais. cieres.fr PAGE 10 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Chorale de l’AP-HM - Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille. Composée de membres du personnel soignant ou administratif, la chorale de l’AP-HM est devenue en 2010 partie intégrante du projet « Santé e(s)t culture(s) ». De ce fait, elle participe activement au programme « De la musique encore et toujours » en donnant chaque année 5 concerts dans différents services des hôpitaux ap-hm.fr Les infirmiers Institut régional de formation sanitaire et sociale PACA & Corse (IRFSS) de la Croix-Rouge française Pour répondre aux enjeux stratégiques de la décentralisation, la Croix-Rouge française a structuré son appareil de formation à l’échelle régionale. Vingt instituts régionaux de formation sanitaire et sociale ont été créés en France en 2007, dont l’IRFSS Provence-Alpes-Côte d’Azur & Corse. Le cadre d’action des IRFSS est défini par la cinquième orientation stratégique de la Les secouristes de la Croix-Rouge française Croix-Rouge française : adapter l’outil de formation pour une action humanitaire durable. Dans le secteur de la formation, cela Fondée en 1864, la Croix-Rouge française est une association loi se traduit par cinq axes : instaurer et renforcer la transversalité 1901 reconnue d’utilité publique depuis 1945. Actrice de référence entre les formations du sanitaire et du social, développer l’offre dans le domaine de l’action humanitaire, la Croix-Rouge française de formation en favorisant la mobilisation de l’ensemble des mène des actions pour venir en aide aux personnes en difficulté en voies de formation, promouvoir l’innovation pédagogique à partir France et à l’étranger. S’appuyant sur plus de 50 000 volontaires des TIC (technologies de l’information et de la communication), et 17 000 salariés, l’association, forte d’un réseau constitué de renforcer l’ancrage régional et ouvrir à la dimension européenne et 950 unités locales, de 100 délégations départementales et de internationale, améliorer l’articulation entre la formation initiale et la 678 établissements agissant dans le domaine sanitaire, médi- formation continue. L’IRFSS PACA & Corse emploie près de 200 co-social et de la formation, la Croix-Rouge française assure une salariés et forme plus de 4 000 étudiants et professionnels par an. présence sur l’ensemble du territoire français. Ce maillage territorial irfss-pacac.croix-rouge.fr exceptionnel lui permet d’assurer au mieux ses missions fondamentales de proximité auprès des personnes en difficulté dans Institut de formation de soins infirmiers Saint-Jacques (IFSI) cinq domaines d’action : l’urgence-secourisme, l’action sociale, la santé et l’autonomie, l’action internationale et la formation. Chaque L’IFSI Saint-Jacques est géré par l’Association de service social de année, l’action de la Croix-Rouge française permet d’aider 1 million Provence, association loi 1901 créée en 1936. À sa création, l’asde personnes, d’en secourir 200 000, d’en former ou d’en initier sociation proposait deux formations : une formation d’assistantes 1 million aux premiers secours et de préparer 17 000 élèves aux sociales et une formation d’infirmières hospitalières. En 1950, elle métiers médico-sociaux. La Croix-Rouge française est par ailleurs ouvre un jardin d’enfants. En 1989, les formations d’assistants présente dans 35 pays pour y développer des programmes spé- sociaux et d’éducateurs de jeunes enfants sont rattachées à l’Inscifiques afin d’améliorer l’accès à l’eau, la sécurité alimentaire et titut régional du travail social (IRTS). À partir de 1989, l’association la santé des personnes vulnérables. gère uniquement la formation d’infirmières et ouvre en 1992 une marseille.croix-rouge.fr filière aides-soignantes. Depuis 1987, l’IFSI est implanté au cœur de la cité afin de favoriser l’accès pour tous à la formation. ifsi-saint-jacques.fr EFS – Établissement français du sang La transfusion sanguine, dont l’EFS a le monopole depuis 2000, comprend le don de sang, le don de plasma, le don de plaquettes, le don de moelle osseuse et le don de sang placentaire. L’établissement français du sang est le garant de la sécurité de la chaîne transfusionnelle, du donneur au receveur. Il contribue à soigner 1 million de malades par an en recueillant tous les types de dons. Solidement implanté sur le territoire grâce à ses 17 établissements régionaux, l’EFS répond chaque année aux besoins en produits sanguins grâce à la générosité des donneurs de sang, au professionnalisme de son personnel et à l’aide d’un vaste réseau de bénévoles. dondusang.net FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 11 Fanfare des sapeurs-pompiers d’Aubagne Profil Créée en 1952 par le sergent fourrier André Richaud, à l’initiative du capitaine Maurric, la fanfare des sapeurs-pompiers obtient rapidement une audience qui dépasse les limites du département. Cette formation est composée de quarante participants, dont de nombreux jeunes. Cet ensemble voit son activité s’accroître d’année en année. Parallèlement à ses déplacements à l’étranger, il participe aux congrès de sapeurs-pompiers, où sa présence est très appréciée. pompiers.aubagne.free.fr Un cordiste, ou travailleur acrobatique, est un technicien qualifié qui se déplace à l’aide de cordes pour effectuer des travaux en hauteur et des travaux d’accès difficile sans utiliser d’échafaudage ni d’autre moyen d’élévation. À Marseille, Profil est une équipe de professionnels au savoir-faire reconnu et validé par leur corps de métier, travaillant dans le bâtiment, dans l’industrie, dans le génie civil ou encore dans la protection contre la foudre. profil-accro.com KICK’N ROLL moto-club RAMH – Relais d’aide matérielle aux handicapés « Le plus sympa des clubs de moto custom et Harley Davidson marseillais. Il privilégie les rencontres entre bikers et les balades cool, et se mobilise pour de grandes causes. » kicknroll.fr L’association participe à des actions diverses, telles que « Un bouchon : un sourire » (récupération de bouchons en plastique de boissons), « Pélé-Polio » (récolte de timbres-poste oblitérés) : le principe est de recueillir différents matériels ou objets pour les faire recycler ou reconditionner et, avec les bénéfices retirés, de venir en aide à des personnes handicapées dans le besoin. Le CIL L’association récupère également du matériel déambulatoire ou L’association CIL a pour objet de gérer et de développer un ser- des fauteuils roulants et participe à l’organisation de spectacles vice d’interprètes de liaison en LSF (langue des signes française), ou agit dans un but précis d’aide à une personne handicapée afin de permettre aux personnes sourdes ou malentendantes de en difficulté. communiquer pleinement et sans restriction en toute occasion ramh.net souhaitée, mais aussi afin de venir en aide à toute personne ou organisme ayant besoin de nouer contact avec une population SAMU social sourde. Pour cela, le CIL met à disposition des interprètes de liaison pratiquant la langue des signes française, le moyen d’ex- Beaucoup l’ignorent encore : le 115 est le numéro du Samu social, pression le plus communément utilisé par la population sourde organisme d’aide aux SDF qui effectue notamment des maraudes ou malentendante. (rondes de surveillance et de prévention). Il suffit de l’appeler pour Médecins du Monde Association de solidarité internationale, Médecins du monde soigne les populations les plus vulnérables, les victimes de conflits armés, de catastrophes naturelles, ceux et celles que le monde oublie peu à peu. L’action de Médecins du monde repose sur l’engagement de volontaires, de logisticiens, de médecins, d’infirmiers, de sagesfemmes… Association indépendante, Médecins du monde agit au-delà du soin. Elle dénonce les atteintes à la dignité et aux droits de l’homme, et se bat pour améliorer la situation des populations. medecinsdumonde.org que le Samu social se déplace (jusqu’à 5 heures du matin) pour aider un sans-abri et éventuellement l’emmener dans un centre d’accueil. Secours populaire Né en 1945, le Secours populaire est une association à but non lucratif reconnue d’utilité publique et déclarée grande cause nationale. Celle-ci est habilitée à recevoir des dons, des legs et des donations. L’association s’est donné pour mission d’agir contre la pauvreté et l’exclusion en France et dans le monde, et de promouvoir la solidarité et ses valeurs. Elle rassemble des personnes de toutes opinions, conditions et origines qui souhaitent faire vivre la solidarité. secourspopulaire.fr/13 PAGE 12 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Unis-Cité Association favorisant le service civil, UnisCité pense qu’il est naturel que tous les jeunes, quels que soient leurs origines et leurs parcours, consacrent une étape de leur vie à la solidarité. Que cette période soit pour eux l’occasion d’agir pour améliorer la vie dans la cité et de rencontrer des jeunes d’horizons totalement différents. Qu’elle leur permette de réfléchir, de s’enrichir, et influe durablement sur leurs pratiques en tant que citoyens. Pour cela, elle propose aux jeunes un engagement solidaire d’au moins six mois à temps plein, de faire partie d’équipes de filles et de garçons de toutes origines sociales et culturelles et de tous niveaux d’études, d’aider les associations et structures locales de service à la collectivité par la mise à disposition d’équipes de jeunes volontaires, de sensibiliser la société dans son ensemble à la responsabilité personnelle de chacun d’entre nous, individu ou organisation. uniscite.fr Unis-Terre Unis-Terre est une association de 200 membres créée en 2004 dont le but est de promouvoir et développer les initiatives de solidarité tant locales qu’internationales afin d’encourager un développement solidaire et durable. L’équipe est composée de jeunes étudiants d’École Supérieure de Commerce conscients des enjeux de la nouvelle économie et de l’importance le la solidarité, tant locale qu’internationale. Ainsi, l’association regroupe actuellement vingt-et-un projets dont sept de solidarité internationale, dix projets de solidarité locale, un projet de défense de l’environnement, un projet de sensibilisation au commerce équitable, un projet d’audit en RSE et un projet de mise en valeur des projets d’entrepreneuriat social pour le concours international Enactus. unis-terre.com « Un beau matin de juillet le réveil a sonné dès le lever du soleil Et j’ai dit à ma poupée faut te secouer c’est aujourd’hui qu’il pa-as-se On arrive sur le boulevard sans retard Pour voir défiler le roi de Zanzibar Mais sur-le-champ on est refoulés par les agents alors j’ai dit : On n’est pas là pour se faire engueuler on est là pour voir le défilé On n’est pas là pour se faire piétiner on est là pour voir le défilé Si tout le monde était resté chez soi ça ferait du tort à la République Laissez-nous donc qu’on le regarde Sinon plus tard quand la reine reviendra Ma parole nous on reviendra pas. » Boris Vian FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 13 We are the City à Liverpool Pour Willi Dorner, WATC est comme « une installation mouvante sous un nuage de sons électroniques. C’est un projet difficile à décrire en quelques mots ». Il a toutefois souligné que le projet Donald Hutera a enquêté sur les projets du MDI (Merseyside était « une déclaration politique car il se déroule dans une zone Dance Initiavive). Il présente ici la Parade, We are the City, qui a besoin de l’attention d’un public large ». Son intention est de programmée par le MDI en collaboration avec l’artiste autri- « rendre visible ce qu’est la communauté et ce qu’elle défend », chien Willi Dorner et les habitants de la ville de Liverpool en pour que les habitants de Liverpool et les visiteurs puissent « voir juillet 2014. We are the City est donc créée pour la deuxième la ville en marchant et en être témoin, expérimenter et apprécier… fois, à Marseille en juin 2015. comme une procession d’activités, d’objets et d’êtres humains ». Ce sont ces derniers, bien sûr, qui comptent le plus. Il déclare : Extrait : « dans la parade, je donne un visage aux personnes qui fournissent des services quotidiens et que nous tenons pour acquis. […] Dans WATC (We are the City), ce sont les gens ou, plus spé- Je veux qu’ils reçoivent un peu de reconnaissance. Ils sont une cifiquement, une procession publique de groupes de personnes part importante de la ville et méritent d’être appréciés. » issus de milieux et intérêts très différents, qui sont au cœur du projet. Le MDI a demandé à des groupes identifiés de personnes Willi construit et chorégraphie le projet comme « un événement via les réseaux sociaux et ses autres moyens de communication : participatif de masse » en étroite collaboration avec Karen et son quels sont vos occupations, vos passe-temps, vos talents et équipe, avec la manager technique Fiona Hilton ainsi qu’avec comment cela contribue-t-il à faire vivre Liverpool ? l’aide précieuse de cinq chorégraphes locaux - Jo Ashbridge, Leila Chebbi, Paul Doyle, Jennifer Hale et Ruth Jones - et du compositeur Parmi les personnes ciblées pour le projet, se trouvaient les Tom Rea Smith. WATC consiste principalement à demander aux membres de nombreux clubs, des associations et des entreprises participants d’observer ce qu’ils font normalement et de trouver regroupant différents corps de métiers tels que des routiers et des avec eux des actions emblématiques qui peuvent être transformécaniciens, des infirmiers et des aides-soignants, des équipes mées en une série de phrases répétées – ou moments de gestes de basket et de football, des freerunners, des agents de sécurité, chorégraphiés – au sein de la parade. des membres du service d’ordre et des policiers, des maçons et des charpentiers, des peintres et des décorateurs, des femmes Bien que 150 des participants viennent de groupes artistiques de chambre et du personnel d’entretien, des enseignants et des basés à Anfield, il n’a jamais été question pour Willi d’attirer des agents de circulation, des danseurs hip-hop et des étudiants artistes professionnels. Parmi les non-danseurs qui prennent part en danse, des boxeurs et des boulangers, des artisans, etc. […] à la parade se trouvent des apiculteurs, des danseurs de salon, des Pour Karen Gallagher, directrice artistique de MDI, « l’idée était bikers, des fanfares, des pompiers, etc. Il s’agit « d’une tapisserie de donner aux habitants de la ville l’opportunité de célébrer ce de la vie de Liverpool […] une intervention, une perturbation et qu’ils sont et ce qu’ils font et de méditer sur les changements un processus permettant d’étudier comment nous utilisons et qui s’opèrent ici. » définissons le mouvement. […] Une déclaration des habitants ». Propos recueillis par Donald Hutera. Source : www.communitydance.org.uk/animated Sortant des sentiers battus, le travail interdisciplinaire de Willi Dorner, artiste autrichien à l’origine du projet We are the City, a souvent fait collaborer artistes et scientifiques. En parallèle à ses tournées internationales, Willi s’est intéressé à l’élaboration d’événements qui proposent aux participants et aux publics « de nouvelles expériences et idées et une perception différente de la vie de tous les jours ». Depuis plus de cinq ans, il a étudié l’espace urbain, se concentrant sur « les diverses structures architectoniques dans lesquelles nous vivons et que nous utilisons tous les jours » et les mouvements et habitudes qui leur sont attachés. […] Pour Jo Ashbridge il s’agit de « prendre le mouvement et le présenter d’une façon artistique et intéressante, mais très naturelle. C’est une célébration du quotidien, mais encadrée afin de repousser les frontières de la conception que les gens ont la danse. » Elle fait référence à chaque participant comme à un élément capable de changer la perception de ceux qui assistent à la parade « et de toutes les personnes à qui les membres en ont parlé ». Pour Karen, le processus de création a été tout sauf simple. À la mi-mai, elle admet « je suis complètement paniquée. Ce projet n’est pas si différent de ce que l’on fait d’habitude, pourtant, c’est bien plus dur que tout ce que nous avons pu faire jusqu’à présent ». Cela, dit-elle, est dû à la façon de recruter les participants. « Comment-établissons nous un lien avec eux ? Nous devons avoir PAGE 14 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples une discussion au cours de laquelle nous décrivons le projet de façon à leur donner envie de participer. Il s’agit de construire une relation de confiance. En face-à-face, les barrières tombent et les gens comprennent que l’on n’attend pas d’eux qu’ils dansent. Nous désirons en réalité présenter ce qu’ils font et ce qu’ils sont. » Bien que tout cela ait l’air extrêmement positif, la réalité est parfois une frustrante série de déceptions et de contretemps. Karen s’est aperçue qu’avec ses collègues, ils avaient passé un temps démesuré à « tenter d’engager le dialogue avec des personnes qui paraissaient à première vue emballées par le projet mais ils ont finalement décidé de ne pas participer. Dans la première phase du projet nous avions 18 groupes dont nous étions sûrs. Maintenant nous en avons 10 ». […] Une autre difficulté a été d’expliquer à certains groupes que suite à des changements, ils ne correspondaient plus à l’esprit du projet. Dans certains cas, les longues discussions ont considérablement réduit le temps de création avec ceux qui allaient vraiment participer. De plus, les plannings variant beaucoup d’un groupe à l’autre, la répétition générale avant l’événement a été remise en question. Une autre tâche plus délicate a été d’expliquer à Willi (qui n’a pas pu être présent en continu à Liverpool) pourquoi certaines choses n’ont pu être mises en place. « Ceci est une première pour lui, un vrai projet pilote. Il commence à en parler à d’autres partenaires dans d’autres pays ». […] Quelles conclusions Karen en tire-t-elle ? « Être aussi préparée que possible, mais réduire mes attentes et me laisser porter un peu plus. » WATC, comme elle l’admet, « n’est pas un projet typique de MDI, mais au bout du compte, j’y crois vraiment. Il se révèle au fur et à mesure et évolue constamment. » Certains aspects, dit-elle, ont « fait chaud au cœur, mais la question et le défi restent – comment tout cela va t-il se rassembler ? Je suis convaincue que d’ici le retour de Willi en juillet, juste avant l’événement, les artistes locaux auront développé des ensembles pour chaque groupe. Nous devons trouver le meilleur moyen de faciliter cela, faire en sorte que les participants soient confiants et qu’ils y prennent plaisir le jour J. Mais je n’arrive pas complètement à imaginer à quoi cela va ressembler. C’est excitant. Il peut y avoir des moments de pathos et de beauté, ou une cacophonie de sons et de mouvements. La plus grande interrogation est : comment nous engageons-nous avec les participants après cette expérience, et comment sur ce projet avons-nous appris des uns et des autres ? » FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 15 PAGE 16 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Ballet de l’Opéra de Lyon Sarabande Benjamin Millepied Steptext One Flat Thing, reproduced William Forsythe FRANCE Sarabande Création novembre 2009 par la Cie Danses Concertantes Entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon en décembre 2011 Chorégraphie : Benjamin Millepied. Musique : Jean-Sébastien Bach, extraits de la Partita pour flûte seule et des Sonates et Partitas pour violon seul / Costumes : Paul Cox Lumière : Roderick Murray. Steptext Création janvier 1985 par l’Aterballetto, à Reggio Emilia, Italie Entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon le 15 mars 1987 Chorégraphie, décor, costumes, lumière : William Forsythe. Musique : Jean-Sébastien Bach, Partita pour violon seul n°2 en ré mineur BWV 1004 (chaconne). One Flat Thing, reproduced Création en 2000 par le Frankfurt Ballet Entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon le 12 septembre 2004 Chorégraphie, scénographie, costumes et lumière : William Forsythe. Musique : Thom Willems / Costumes : Stephen Galloway Le Silo 17 – 18 juin 21h durée 1 heure 25 avec entracte tarifs de 31 € à 10 € / abonnement spectacle A Répétition publique Le Silo / 18 juin à 15h30 William Forsythe et Benjamin Millepied : un programme de trois pièces inédites à Marseille mariant diversités des techniques et des styles, porté par de somptueuses plages musicales et interprété par le prestigieux Ballet de l’Opéra de Lyon. S’il est envisagé comme une dynamique, celle de nos altérités successives, le répertoire est un des fondements de l’expression du perpétuel besoin de changement de l’homme moderne. Force héritée capable d’ouvrir des brèches à travers lesquelles le futur peut s’esquisser, il est à la fois sa condition, son inspiration et sa force d’innovation. Depuis vingt ans, le prestigieux Ballet de l’Opéra de Lyon met l’excellence de ses interprètes au service d’un impressionnant répertoire mariant, de créations en relectures, diversités des techniques et des styles. Avec le Festival de Marseille, il porte une attention particulière à l’évolution des personnalités qui explorent tous les territoires de la danse. Une philosophie qui n’est pas étrangère au plus européen des chorégraphes américains, William Forsythe. Depuis ses débuts, cet électron libre pioche aussi bien dans les avancées néoclassiques de Balanchine, vitesse d’exécution, extensions exagérées, pieds flexes, poignets cassés, que dans les fulgurances postmodernes de Cunningham. Mais, comme ici dans Steptext et One Flat Thing, reproduced, Forsythe a un autre talent : pousser à l’extrême le moindre mouvement en le décuplant dans de vertigineuses spirales quitte à désaxer les corps, sans cesse au bord du déséquilibre. Une démarche tout aussi familière au plus américain des chorégraphes français, Benjamin Millepied, actuel directeur de la danse à l’Opéra de Paris. S’il partage avec son aîné une même forme de musicalité gestuelle, il réussit à imposer son propre langage chorégraphique, tout en fluidité et en souplesse. À l’image de Sarabande, somptueuse réinterprétation d’un monument de la danse spécialement conçu pour Barychnikov par Jerome Robbins, chorégraphe du mythique West Side Story, directeur associé du New York City Ballet, qui a personnellement fait éclore le talent de Millepied. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 17 Le programme Sarabande, Benjamin Millepied Steptext, William Forsythe Pièce pour quatre danseurs. Créée en novembre 2009 par Benjamin Millepied pour la Cie Danses Concertantes, entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon en décembre 2011. Durée : 24 minutes. Pièce pour quatre danseurs. Créée en janvier 1985 par l’Aterballetto, à Reggio Emilia, Italie. Entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra le 15 mars 1987. Durée : 20 minutes. Sarabande, à la manière d’A Suite of Dances, que Jerome Robbins avait chorégraphié pour Mikhail Barychnikov en 1994 – et que Benjamin Millepied a également dansé, en travaillant ce solo avec son créateur –, Sarabande est une pièce en sept séquences, construite elle aussi sur des extraits de Jean-Sébastien Bach. Mais si l’œuvre de Robbins s’appuyait sur des morceaux des Suites pour violoncelle, Millepied utilise ici la Partita pour flûte seule et des extraits des Sonates n° 1 et 2 ainsi que la Partita n° 1 pour violon seul. Elles ont été écrites à la cour du prince Léopold d’Anhalt Köthen (1717-1723). Millepied a fait sienne l’attitude chorégraphique de Robbins d’être sans cesse « à l’écoute de la musique » et de danser comme inspiré par elle. Une danse qui joue de la maîtrise technique et de l’apparente décontraction, comme si le danseur improvisait. La Partita pour flûte est dansée par un seul interprète. Les autres séquences pour violon sollicitent quatre danseurs, dans un jeu relationnel à deux, à trois, à quatre : continuel enchaînement de pas, de portés, entrecoupés de grands sauts et de tours virtuoses. Josseline Le Bourhis (Opéra de Lyon) Sarabande, danse : Une sarabande est une danse à trois temps d’origine espagnole, noble et grave, très prisée à la Renaissance et au XVIIe siècle. Sarabande, musique : Pour son ballet, Benjamin Millepied a retenu la Sarabande et l’Allemande de la Partita pour flûte seule en la mineur (BWV 1013), l’Andante de la Sonate n° 2 en la mineur (BWV 1003), la Courante, la Sarabande et le Double de la Partita n° 1 en sol mineur (BWV 1002), et enfin le Presto de la Sonate n° 1 en sol mineur (BWV 1001), ces cinq derniers morceaux pour violon seul. Steptext, première pièce à être entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon en 1987, un an après sa création, apparaît dans sa torsion à l’extrême du vocabulaire classique comme une sorte de manifeste du style Forsythe. Non seulement le chorégraphe y étire les corps et les gestes à la limite du déséquilibre, mais en contrepoint de la Chaconne en ré mineur de Bach, il organise une savante déconstruction des codes sonores et scéniques de la représentation. Les trois hommes en collant noir et la femme sur pointes, toute de rouge vêtue, évoluent entre noir et lumière, musique et silence, apparitions et disparitions. Ce troublant ballet de l’ellipse met très exactement le spectateur au centre du mystère de la création. Isabelle Calabre One Flat Thing, reproduced, William Forsythe Pièce pour quatorze danseurs, créée par le Frankfurt Ballet en 2000, entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon le 12 septembre 2004. Durée : 17 minutes. One Flat Thing, reproduced est un parcours sauvage au milieu de grandes tables, sortes de radeaux, de surfaces habitables entre ciel et terre. La danse s’ébauche et se développe dans les passages entre, sous et sur ces plates-formes qui, par leur disposition, organisent notre perception : corps vus en entier, à moitié, ou tronqués. Un déchaînement d’insolites assemblages visuels et sonores. Entrée fracassante : quatorze danseurs déboulent du fond du plateau, propulsant vingt grandes tables industriellement ordinaires. Josseline Le Bourhis (Opéra de Lyon) PAGE 18 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples « Le vocabulaire n’est pas, ne sera jamais, vieux. C’est l’écriture qui peut dater… La grande différence entre hier et aujourd’hui réside dans la façon de bouger et de concevoir l’espace où l’on se meut. » Forsythe se défait ainsi de la linéarité lisse du ballet, se référant au nouveau roman, qui pratique la non-chronologie, au philosophe Jacques Derrida, qui – sous ce qui semble logique – déjoue une réalité occultée, à l’architecte Daniel Libeskind, qui dérange notre vision par des constructions disloquées. Mais la révolution Forsythe n’est pas que formelle, synthétisant en quelque sorte un siècle d’évolution de la danse. L’actualité, les maux de notre société, influent sur son œuvre aux implications philosophiques : ses spectacles chorégraphiques ont amplement contribué à transformer la pratique du ballet, qui n’est plus cantonné au seul répertoire patrimonial, pour lui donner un élan nouveau comme art dynamique d’aujourd’hui. William Forsythe La révolution Forsythe Source : Josseline Le Bourhis pour l’Opéra de Lyon Partant du matériel que lui fournit la danse classique, William Forsythe cherche à élargir les possibilités chorégraphiques. Il ne travaille pas contre la danse classique, mais à côté, autour. « Ce qui m’intéresse, c’est ce qui reste du mouvement […] pas le mouvement lui-même, pas le mouvement pour le mouvement, mais ce qu’il signifie, le sens qu’il révèle, avec les à-côtés, les débris, les résidus, les différentes couches, la prolifération autour […] sa disparition et sa résurgence. » Ni récit ni fil conducteur, plutôt une architecture que l’on construit et déconstruit. La chorégraphie se déploie en thème et variations : Forsythe déplace ses phrases, les décline en diverses séquences, reprises, transformées, inversées, engendrant d’autres combinaisons. Les ensembles éclatent en morceaux et s’éparpillent pour éventuellement se reformer plus loin, mais de façon différente. Les pas de deux sont comme des nœuds que l’on fait et défait. Le danseur qui s’investit avec une constante énergie est entraîné dans une spirale vertigineuse, sans cesse au bord du déséquilibre, en désaxant son corps. « Plus vous serez capable de vous laisser aller, de vous abandonner à une sorte de transparence du corps, de sentiment proche de l’effacement, plus vous serez en mesure de parvenir à une différenciation dans la forme, dans la dynamique. Vous pourrez, à ce stade, bouger très vite, produire des accélérations phénoménales, à condition de savoir où vous quitterez le mouvement… Vous chercherez à ce que votre corps se détache le plus possible du mouvement, comme si vous vouliez exclure de votre pensée le fait que vous êtes justement en train de produire du mouvement. Il ne s’agira donc pas de se propulser dans l’espace et d’envahir l’espace, mais d’abandonner votre corps à l’espace. Se dissoudre. » William Forsythe FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 19 Benjamin Millepied, ou l’art de faire valser les traditions La volonté d’hybrider tous les arts en développant une pensée globale du plateau irrigue le geste chorégraphique de Benjamin Rosita Boisseau, Le Monde, 2014 Millepied. Il le dit et le répète du reste depuis sa nomination : il veut ouvrir le ballet de l’Opéra, dans tous les sens du terme. Chorégraphe subtil célébré aux États-Unis, il aime faire Autrement dit, lui donner des couleurs en accueillant davantage appel à des plasticiens ou à des compositeurs à la pointe. de danseurs de toutes les origines ; le déplacer dans des endroits Le prochain directeur de la danse à l’Opéra de Paris devrait où il n’a pas l’habitude d’aller ; mais encore tenter de détecter les faire bouger la grande maison. chorégraphes potentiels de la compagnie en leur procurant les outils de leurs rêves. […] Pour l’ancien interprète du […] prestigieux New York City Ballet, l’attention portée aux danseurs et à leurs conditions de travail L’avenir de la danse et d’un corps de ballet comme celui de l’Opéra semble un enjeu. […] Il a pu déjà travailler avec eux, pour sa pièce ne se dessine-t-il pas aussi à travers d’autres arts ? Le cinéma, que Daphnis et Chloé, sur une musique de Maurice Ravel et dans des Millepied affectionne – et pas seulement à cause de sa femme, décors de Daniel Buren. Outre son intérêt, cette chorégraphie l’actrice Natalie Portman : il a réalisé cinq courts-métrages sur semble offrir la synthèse d’une certaine ligne artistique défendue des pièces pour violoncelle du compositeur Philip Glass –, devrait par Millepied. Elle donne donc des indices sur ce que pourrait être trouver un abri de luxe à l’Opéra. Quant à Internet et aux nouvelles la danse à l’Opéra de Paris sous sa direction. technologies, de plus en plus utilisés par les interprètes de tout poil, ils ont non seulement changé la face de la danse en mettant Ainsi, en digne héritier du New York City Ballet, Millepied brandit à disposition une incroyable banque de données, mais peuvent le désir d’un geste dansé extrêmement musical, d’une riche aussi se révéler des moteurs de danse. Des sources d’invention amplitude de nuances. Compte-t-il aussi inculquer le swing, le auxquelles Millepied devrait très vite puiser. déhanché et la désinvolture américaine à la stricte élégance frenchy ? Ce sera un enjeu de demain. On remarquera que, depuis 2005, pour sa compagnie LA Dance Project, Millepied a toujours alterné entre la relecture de grands ballets, comme Casse-Noisette ou Les Sylphides, et des créations, comme Moving Parts ou Reflections. Il fait aussi régulièrement appel pour les décors à des plasticiens contemporains, tels Paul Cox, Barbara Kruger ou Christopher Wool. Idem pour les partitions musicales, signées par des compositeurs à la pointe, comme Nico Muhly ou David Lang, et pourquoi pas bientôt des groupes, entre rock et techno, comme Antony and the Johnsons ou Daft Punk – il confiait en mai au Figaroscope avoir « adoré leur dernier album, Random Access Memories ». PAGE 20 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples BIOGRAPHIES Le Ballet de l’Opéra de Lyon Une compagnie de formation classique tournée vers la danse contemporaine. Les danseurs, dans la pratique que leur apporte la diversité des styles proposés, sont entraînés à différentes techniques. Depuis plus de vingt ans, la compagnie s’est constitué un répertoire important (103 pièces, dont 51 créations mondiales) en faisant appel à des chorégraphes qui privilégient le langage, le faisant évoluer, inventant son environnement et sa mise en espace : les « post-modern » américains (Merce Cunningham, Trisha Brown, Lucinda Childs, Bill T. Jones, Ralph Lemon, Stephen Petronio, Susan Marshall) ou australiens (Lucy Guerin, Lee Serle), les écrivains du mouvement (Jiří Kylián, Mats Ek, William Forsythe, Nacho Duato, Anne Teresa De Keersmaeker, Sasha Waltz) et les explorateurs de territoires nouveaux, mêlant gestuelle et images (Philippe Decouflé, Mathilde Monnier, Benjamin Millepied, la « next wave » américaine), ainsi que les représentants de la « jeune danse française » (Jérôme Bel, Alain Buffard, Boris Charmatz, Rachid Ouramdane, Christian Rizzo) et la singulière Catherine Diverrès. Un pas vers le futur, englobant d’autres tendances ouvertes à la théâtralité, comme la relecture décapante de quelques œuvres de référence (Cendrillon ou Coppélia vues par Maguy Marin, Roméo et Juliette par Angelin Preljocaj et Casse-Noisette par Dominique Boivin). On peut dire qu’actuellement le Ballet de l’Opéra de Lyon reflète la danse en mouvance dans le monde. Yorgos Loukos, directeur du Ballet de l’opéra de Lyon William Forsythe Fils d’un publicitaire passionné de rock, adolescent, William Forsythe se révèle doué en matière de danse. Au lycée, dans les années 1960, il crée des chorégraphies pour des comédies musicales et remporte des concours de twist. C’est à l’université de Jacksonville, en Floride, qu’il étudie l’art de la danse classique et de la danse jazz. Durant cette période, il analyse les techniques de Martha Graham et de George Balanchine, que certains considèrent comme son mentor. Ensuite, en 1971, il entre à l’école du Joffrey Ballet à Chicago, dont il intègre la compagnie peu de temps après. Mais pour une courte durée, car, en 1973, il est invité à rejoindre la troupe du Ballet de Stuttgart, en Allemagne. William Forsythe n’a que vingt-trois ans lorsqu’il devient chorégraphe résident de la compagnie (et ce jusqu’en 1980). Encouragé par John Cranko, le directeur, en 1976, il crée sa première œuvre, Ulrich, un duo sur une musique de Gustav Mahler. Par la suite il choisit de se diriger vers une carrière indépendante. Durant les sept années qui vont suivre, il va élaborer des chorégraphies pour plus de vingt ballets, dont le Ballet de Bâle, le Ballet de Munich, le Deutsche Opera Ballett de Berlin, le Joffrey Ballet et le Nederlands Dans Theater. En 1984, le chorégraphe américain est promu à la direction du Frankfurt Ballet, un an après avoir réalisé le ballet Gänge pour cette prestigieuse institution. Ce nouveau cadre professionnel va l’entraîner dans une trajectoire artistique différente de celle du ballet classique, qu’il va explorer tout en restant très proche des bases du classique. Les créations de l’artiste se révèlent alors plus originales, enrichies d’un zeste de provocation, et lui permettent de toucher un nouveau public. Par ses œuvres, William Forsythe veut transcender la danse ; ses chorégraphies reflètent une grande partie des intérêts qu’il a développés pour la science, les mathématiques, la linguistique, la philosophie, etc. Il cherche à synthétiser ces différentes approches dans l’esthétique de ses ballets. Les compositions de William Forsythe sont plus focalisées sur la recherche d’esthétiques nouvelles en danse, tandis qu’avec le Frankfurt Ballet, il expérimente des mouvements plus complexes et des mises en scène théâtrales. Il est nommé directeur du TAT (Theater am Turm) de Francfort en 1999. Tout en continuant ses créations pour le Frankfurt Ballet, il va créer des pièces qui seront présentées au Bockenheimer Depot, un ancien dépôt de tramway à Francfort transformé en lieu de spectacles par le TAT. C’est en 2005 que William Forsythe se retire de la direction du Frankfurt Ballet. Depuis, il a créé The Forsythe Company, dont les sièges sont à Francfort et à Hellerau. Il est aussi chargé de la direction artistique du Festspielhaus Hellerau. Déjà à l’école, William Forsythe était encouragé par ses professeurs. Percevant en lui un penchant pour la transgression dans l’art de la danse et un intérêt pour l’exploitation subtile de l’espace et du temps. « J’aime le mécanisme de la danse. J’aime ce que l’on ressent et j’aime comment on y réfléchit », confie-t-il. Auteur d’une centaine de créations, le chorégraphe américain a bel et bien fait ses preuves dans le paysage artistique européen. Il hérite ainsi du pseudonyme « du plus européen des Américains ». À l’inverse de George Balanchine, maître du ballet russe qu’il étudia à l’université et qui lui, alla à New York pour parfaire sa carrière, William Forsythe a quitté les ÉtatsUnis pour s’imposer en Europe. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 21 Benjamin Millepied Les débuts : Benjamin Millepied est le fils d’une professeure de danse contemporaine et d’un entraîneur sportif. De l’âge de trois mois à quatre ans, il grandit à Dakar, au Sénégal, où il s’initie aux prémices de la danse auprès de sa mère, qui s’occupe d’une école de danse contemporaine et africaine, avant que ses parents ne partent pour Bordeaux, en 1981, créer une nouvelle école dans leur maison familiale. Il apprend dans une grande liberté les bases de la discipline avec sa mère, puis commence la danse classique vers dix ans avec Wladimir Skouratoff, ainsi qu’auprès de la professeure de danse contemporaine et classique Sylvie Tarraube-Martigny (à son école de danse de Bordeaux), avant d’intégrer à treize ans, après une audition et sur dérogation d’âge, le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon, où il a pour condisciple Dimitri Chamblas et pour professeurs Marie-France Delieuvin et Michel Rahn. Danseur étoile : En 1993, Benjamin Millepied rentre à la School of American Ballet de New York et obtient deux ans plus tard son premier rôle de danseur dans le prestigieux New York City Ballet, dans 2 & 3 Parts Inventions de Jerome Robbins. Il travaille pendant de nombreuses années avec Peter Martins et Jerome Robbins, qui devient son mentor. En 2001, Benjamin Millepied est nommé danseur étoile du New York City Ballet. de George Balanchine, de Jerome Robbins, mais également des chorégraphies plus contemporaines, notamment d’Angelin Preljocaj. Benjamin Millepied devient en 2004, avec l’aide de mécènes, directeur artistique du Morris Center Dance à Bridgehampton (New York). En 2009, il propose sa première importante chorégraphie pour son institution de rattachement, le New York City Ballet, avec la création de Quasi una fantasia sur le quatuor à cordes homonyme d’Henryk Górecki. En 2009, il est engagé comme consultant chorégraphe du film Black Swan, réalisé par Darren Aronofsky, aboutissant à son mariage avec la principale protagoniste, Natalie Portman. Directeur de la danse à l’Opéra de Paris : Benjamin Millepied décide en 2011 de quitter le New York City Ballet pour fonder à Los Angeles sa propre compagnie, baptisée LA Dance Project, composée de six danseurs et collaborant avec divers artistes contemporains, comme le compositeur Nico Muhly ou le peintre et scénographe Paul Cox. En 2011 également, il réalise son premier courtmétrage intitulé Time Doesn’t Stand Still en collaboration avec le réalisateur Asa Mader. Benjamin Millepied est nommé le 24 janvier 2013 pour assurer la succession de Brigitte Lefèvre à partir du 1er novembre 2014 à la tête du Ballet de l’Opéra de Paris. Chorégraphe : Tout en continuant à danser les premiers rôles, Benjamin Millepied démarre en 2002 une carrière de chorégraphe avec la création de Triple Duet à Londres, qui marque le début de ses créations pour de grandes troupes telles que celles du Ballet de l’Opéra de Paris, de l’American Ballet Theatre et du Ballet Mariinsky. Il interprète avec le New York City Ballet les grands ballets PAGE 22 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Candoco Dance Company Playing Another Let’s Talk About Dis Hetain Patel Notturnino Thomas Hauert ROYAUME-UNI Première en France Let’s Talk About Dis Création 2014 Conception, chorégraphie & mise en scène : Hetain Patel Texte : Hetain Patel avec la Candoco Dance Company Notturnino Création 2014 Chorégraphie : Thomas Hauert / Danseurs : Tanja Erhart, Adam Gain, Andrew Graham, Mirjam Gurtner, Laura Patay, Rick Rodgers et Toke Broni Strandby KLAP 20 – 21 juin 21h durée 1 heure 15 avec entracte tarif 10 € / spectacle hors abonnement Candoco est une compagnie hors norme composée de danseurs professionnels handicapés et non-handicapés dont les incroyables talents métamorphosent l’art du mouvement. Son credo ? Écrire la danse avec le handicap comme des compositeurs écrivent la musique pour une variété d’instruments. Le corps différent n’a pas toujours été des nôtres. Du fait de sa dissemblance, c’est son humanité qui lui a été déniée. Il aura fallu attendre le XXe siècle, la psychanalyse, le développement des nouvelles technologies, pour que des personnes souffrant de handicap réintègrent la communauté des hommes, pour que l’incapacité devienne enfin une surcapacité. Écrire la danse avec le handicap comme des compositeurs écrivent la musique pour une variété d’instruments : tel pourrait être le credo de Celeste Dandeker-Arnold Obe, chorégraphe, et du plasticien Adam Benjamin, fondateurs en 1991 de la Candoco Dance Company. Invités pour la première fois à Marseille, ils présentent Playing Another, un programme tissé autour de deux approches, très différentes, de leurs incroyables talents. Artiste visuel de renommée Let’s Talk About Dis internationale, familier des malentendus culturels, le Britannique Dramaturgie : Eva Martinez / Chorégraphe associée : Lorena Randi d’origine indienne Hetain Patel a imaginé pour eux une pièce tout Consultant chant : Dom Stichbury / Création lumière : Jackie Shemesh en humour qui s’appuie sur les fortes physicalités de la compaCréation des costumes : Valentina Golfieri / Interprètes BSL gnie. Interrogation ludique de l’identité, Let’s Talk About Dis sonde (langue des signes britannique) : Jean St Clair et Jeni Draper. également le public et l’invite à penser au-delà des apparences. Cette pièce est une commande d’artsdepot, financée par Cockayne Foundation avec le soutien du London Studio Centre. Dans Notturnino, le chorégraphe belge Thomas Hauert, remarqué chez Anne Teresa De Keersmaeker et Pierre Droulers, fabuleux Notturnino expérimentaliste, s’est inspiré lui du documentaire Le Baiser de Musique tirée de la bande originale du film : Le Baiser de Tosca de Tosca : plongée enthousiasmante et vivifiante dans le monde de Daniel Schmid / Création lumière : Chahine Yavroyan cette maison de retraite pour chanteurs lyriques fondée à Milan par Création des costumes : Natasa Stamari. Giuseppe Verdi. Fragments de conversations, réminiscences des Cette pièce est une commande de Live at LICA avec le soutien de grandes œuvres lyriques réalisées par les résidents : la bande-son Platform Islington et Greenwich Dance. de ce spectacle explore la fragilité de la vie avec tendresse. Un thème qui est la structure de travail de cette pièce à la fois écrite et improvisée, rendant chaque représentation aussi unique que forte. Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation. 20 juin FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 23 La danse selon Candoco Cette compagnie fut la première au RoyaumeUni à ouvrir la danse contemporaine aux artistes handicapés. La voilà désormais mondialement célèbre. Brève histoire d’une troupe atypique… La compagnie britannique Candoco a été fondée en 1991 à Stanmore (Middlesex) par Celeste Dandeker-Arnold Obe, du prestigieux London Contemporary Dance Theater, et Adam Benjamin, plasticien enseignant le tai-chi. Leur but était de proposer un environnement professionnel dans lequel danseurs handicapés et valides pourraient travailler ensemble. Les chorégraphies, inspirées des techniques de Martha Graham, ont débouché sur la production d’un premier « vrai » spectacle, à Leeds, en 1992. En 1993, Flying in the Face Of connut un immense succès à Londres. Le public anglais de la danse contemporaine était visiblement prêt à accueillir cette compagnie atypique désormais installée dans la capitale britannique. Dès le début, des chorégraphes extérieurs à la troupe (dont certains très connus dans le monde de la danse contemporaine) ont été invités à y développer leurs créations, les spectacles tournant ensuite dans tout le pays et à l’étranger. La présence de sobres fauteuils roulants sur la scène est très rapidement oubliée tant le travail chorégraphique entre danseurs valides et handicapés est intelligent, souvent habité par l’humour, la poésie et une certaine tendresse. Parallèlement à ses spectacles, la compagnie a créé, dans le nord de Londres, un programme d’éducation intégré auquel participent des élèves venus du monde entier, ainsi qu’une compagnie spécifique baptisée Candoco 2. Côté finances, Candoco a la chance de pouvoir compter sur de nombreux subventionneurs publics et privés, au premier rang desquels l’Arts Council of England et la loterie nationale. Les déplacements hors les murs sont assurés grâce au mécénat du groupe de transport National Express Group P.L.C. La compagnie travaille par ailleurs étroitement avec l’association Aspire, qui œuvre à l’intégration des personnes blessées médullaires. Candoco-ZOO : contraintes et libertés L’expérience de Thomas Hauert Propos recueillis par Denis Laurent (Source : NDD L’ ACTUALITÉ DE LA DANSE publié par Contredanse) Candoco Dance Company est une compagnie professionnelle de danse contemporaine qui réunit des danseurs avec et sans handicap. Fondée en 1991 par Celeste Dandeker et Adam Benjamin, elle s’est imposée comme une référence mondiale en matière de « danse intégrée » ou « danse inclusive ». Dès le départ, elle s’est distinguée par le fait qu’elle nourrit des ambitions artistiques similaires à celles de toute autre compagnie de danse contemporaine, et entend être jugée en fonction de ces ambitions plutôt que d’objectifs thérapeutiques. Compagnie de répertoire, Candoco commande ses productions à des chorégraphes confirmés, tant britanniques qu’étrangers. Pour ces dernières années, on peut citer Emanuel Gat, Rachid Ouramdane, Thomas Hauert, Wendy Houston, Javier de Frutos, Hetain Patel… Candoco a aussi remonté Set and Reset de Trisha Brown en y intégrant des danseurs avec handicap et vient de créer une version unique de The Show Must Go On de Jérôme Bel. En 2012, Pedro Machado et Stine Nilsen, les directeurs artistiques actuels de la compagnie,ont approché le chorégraphe bruxellois Thomas Hauert dans l’idée de lui commander une nouvelle pièce. Le 28 février 2014, a eu lieu la première de Notturnino à Londres. La pièce, que l’on espère pouvoir découvrir prochainement en Belgique, continue aujourd’hui de tourner internationalement. Thomas Hauertnous parle de cette expérience. « Quand Candoco m’a contacté, je n’avais jamais vraiment réfléchi à la question du handicap dans la danse. J’avais remarqué des initiatives de formation intégrant des danseurs aux capacités mixtes, et j’avais vu quelques spectacles avec des performers en situation de handicap, mais je n’avais été directement confronté au handicap ni dans ma vie privée ni dans mon parcours professionnel. La proposition de Candoco m’a toutefois immédiatement séduit. Avec ma compagnie ZOO, nous développons un langage chorégraphique qui part des possibilités du corps humain, de l’anatomie, plutôt que d’idéaux esthétiques et techniques préexistants. Nous défendons une physicalité ouverte et « intégrée ». Pour générer de nouvelles formes, nous travaillons aussi beaucoup à partir PAGE 24 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples de contraintes physiques. Créer une pièce avec Candoco me semblait donc un beau défi. Par ailleurs, sans doute à cause de mon histoire personnelle, j’ai développé un goût particulier pour la déconstruction des hiérarchies entre le centre et la marge. Et, clairement, Candoco est une compagnie qui s’emploie à remettre en question les discours normatifs sur ce qu’est la danse, ce qu’est un danseur ou une danseuse, ce qu’est un « handicapé » ou un « invalide ». Pour vérifier notre intérêt mutuel, Candoco m’a invité à passer quelques jours en studio avec les danseurs de la compagnie. J’ai entamé le travail avec eux comme je l’entame avec tous les danseurs, en transmettant les principes fondamentaux de la pratique d’improvisation que j’ai développée avec ma compagnie ZOO depuis près de vingt ans. Mais pour moi, ces jours d’essai ont été très révélateurs du fait que cette pratique chorégraphique de ZOO est basée sur nos propres corps, nos propres capacités, notre propre expérience. Avec Candoco, nous avons dû adapter les tâches en fonction des capacités de chacun. C’est un travail que nous avons fait tous ensemble : les danseurs ont l’habitude de trouver des solutions appropriées à leur corps, ils le font avec beaucoup d’aisance et de talent, mais ils ne sont pas forcément conscients de l’impression que ces propositions donnent depuis l’extérieur. Ces journées m’ont montré que les danseurs étaient vraiment curieux d’apprendre, de se prêter à des processus d’improvisation nouveaux pour eux. Elles ont aussi fait apparaître un riche potentiel. L’intégration de personnes aux capacités différentes change le fonctionnement et la mécanique de certains principes, jeux et structures de coordination. Elle apporte des choses intéressantes au niveau du rythme, des qualités de mouvement, des possibilités d’interaction et de connexion. Cette période a aussi nourri ma réflexion sur une possible intention dramaturgique. Même si on aimerait pouvoir dire que Candoco est une compagnie comme une autre et que les différences entre danseurs valides et invalides ne sont pas plus signifiantes que celles qui existent entre danseurs valides, le fait est que notre société n’en est pas encore là. Nous ne sommes pas habitués à voir sur scène des danseurs avec handicap, et leur présence change inévitablement la perception, les associations, les sensations de la danse proposée. En tout cas, pour moi qui avais été très peu confronté au handicap, leur présence plaçait le processus à un endroit que je ne pouvais pas ignorer. Au cours de nos conversations, Pedro Machado a évoqué l’idée de travailler avec de la musique d’opéra. Réfléchissant à cette suggestion, je me suis souvenu d’un film que j’avais vu en Suisse quand j’étais étudiant et qui m’avait bouleversé. Bacio di Tosca (le baiser de Tosca) est un documentaire du réalisateur Daniel Schmid sur une maison de retraite pour chanteurs d’opéra créée à Milan par Giuseppe Verdi. Dans le film, on voit ces gloires lyriques du passé se remémorer leurs souvenirs et exprimer leur amour de la musique, chantant leurs anciens rôles dramatiques en pantoufles et cardigans de laine. Il m’a semblé qu’il y avait peut-être là quelque chose d’intéressant, que le vieillissement – la perspective d’un handicap à venir qui nous touche tous – pourrait être une manière de créer une identification du spectateur avec le handicap des danseurs sur scène. Pedro et Stine étant conquis par l’idée, j’ai décidé d’utiliser des parties de la bande-son de ce film comme bande-son du spectacle. Dès le début des répétitions, cet élément était là comme un fil rouge. Le temps de création étant court, j’ai privilégié des processus que je connais bien et dont je sais qu’ils ouvrent vite beaucoup de possibilités. Ces principes de création de mouvement individuel et collectif ont été adaptés aux capacités physiques de chacun, ont été transformés par les contraintes et possibilités, ont été tirés par les significations et sensations de la bande-son. Nous avons beaucoup parlé et je pense que nous avons tous beaucoup appris. Il a été pour moi merveilleux – et secouant – de découvrir l’attitude très pragmatique des danseurs par rapport à leur handicap : le handicap n’est pas un sujet tabou ou délicat, et on rit volontiers des préjugés et incompréhensions. J’ai travaillé avec les danseurs de Candoco comme avec tous les danseurs, en les poussant à leurs extrémités, en les invitant à contrecarrer les habitudes dans lesquelles leur corps est installé, en les encourageant à ne jamais s’arrêter de chercher et de créer, à développer par l’entraînement une confiance dans les processus physiques inconscients qui permettent de proposer des solutions créatives sur scène. Nous avons exploré les qualités de mouvement acheminées par les contraintes. L’utilisation de béquilles, par exemple, permet d’immobiliser le corps dans des positions qui seraient autrement impossibles. Le fait que les bras touchent le sol à chaque instant modifie les possibilités de balancement du corps, le rythme et la vitesse des mouvements… Plutôt que comme un signe, nous avons approché les béquilles de façon abstraite, comme un instrument, un outil de danse, une extension pour bouger. À mon sens, une difficulté à laquelle est confrontée la danse inclusive, au-delà de la passionnante diversité des capacités physiques des danseurs, est la diversité de leurs niveaux d’expérience. Même au sein de Candoco, peut-être la plus célèbre et la plus professionnelle de toutes les compagnies intégratives, certains danseurs ont suivi une véritable formation en danse mais d’autres n’ont eu que très peu de contacts avec le monde de la danse contemporaine (et de l’art en général). Cette situation est symptomatique du fait que pour les jeunes en situation de handicap, les opportunités et sources pour se former, s’entraîner, se développer artistiquement sont très limitées – même au Royaume-Uni, un des pays les plus avancés en la matière. Des organisations tentent de pallier ce manque – c’est le cas de Candoco qui a développé un très vaste, important et utile « Learning Programme » – mais les possibilités restent maigres en comparaison de celles qui s’offrent aux jeunes sans handicap. S’agissant du handicap, la danse est une discipline dérangeante, car c’est précisément le corps qu’elle met en œuvre et offre au regard. La danse inclusive subvertit l’idée de « virtuosité » comme canon technique standardisé. Mais en fait, pour une partie du public, le corps de danseurs comme moi est déjà hors normes, car en décalage avec les idéaux esthétiques d’une virtuosité conventionnelle. Par rapport aux prérequis du ballet classique, je suis un handicapé : mon corps ne fonctionne pas comme ça, il n’a pas cet aspect-là. Comme le défendait Anna Halprin, chaque corps peut danser. Mais si on veut devenir danseur, que l’on soit ou non en situation de handicap, il faut s’entraîner, pratiquer, travailler. Pour se développer, il faut de la discipline. » FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 25 Les corps différents Danser en situation de handicap Par Alexia Psarolis (Source : NDD L’ACTUALITÉ DE LA DANSE publié par Contredanse) […]La danse inclusive fait (un peu) parler d’elle. Points de vue de chorégraphe, danseur, et pédagogues. « If you are alive, you can dance ». Ces propos d’Alito Alessi résument à eux seuls la philosophie de ce précurseur de la danse inclusive. Tout le monde peut danser et doit avoir accès à cette pratique artistique. Tout le monde ? Est-il aisé de danser professionnellement en situation de handicap ? Comment définit-on le « handicap » ? Le terme a évolué au cours du XXe siècle. À la vision strictement médicale du handicap s’est ajoutée une dimension sociale. « Une situation de handicap est le fait de se trouver, de façon durable, limité dans ses activités personnelles ou restreint dans sa participation à la vie en société, en raison de l’interaction entre d’une part, l’altération d’une ou plusieurs de ses fonctions physiques, sensorielles, mentales ou psychiques et d’autre part, des facteurs environnementaux et contextuels1». Limitations, restrictions, altération… tous ces termes renvoient à des réalités très diverses. Du fauteuil roulant à la déficience sensorielle, les types de handicap sont loin d’être identiques et leur appréhension n’est pas la même en fonction du champ dans lequel on se situe. Parler de handicap en danse amène conséquemment à évoquer ce qui est normatif. Chaque époque définit, voire impose, ses stéréotypes. Si la danse classique met en scène des interprètes au corps répondant à des critères bien définis (finesse, jeunesse, virtuosité…), la danse contemporaine s’est érigée contre ces diktats techniques et esthétiques : elle a ouvert la scène à des danseurs aux corps différents, qu’importe leur âge ou leurs formes, juste à « des gens qui dansent », pour reprendre le titre d’une chorégraphie de Jean-Claude Gallotta. Le chorégraphe français le revendique : « Je me suis toujours élevé contre la ségrégation des corps. J’ai toujours pris des gros, des maigres, des petits, des âgés, des enfants. Je m’intéresse au corps dans toute sa splendeur et toute sa décadence2 ». Pina Bausch, Maguy Marin, Jérôme Bel… autant de chorégraphes qui ont contribué, au travers de leurs créations, à bousculer les idées reçues et, ce faisant, à modifier le regard du spectateur. Mais c’est en Angleterre que la danse a fait un pas de plus en terme de mixité : c’est là qu’est née la première compagnie de danse professionnelle qui rassemble des danseurs dits « valides » et des danseurs en situation de handicap. Candoco (on peut lire « Can do co » en anglais) a été créée en 1991 sous l’impulsion d’Adam Benjamin et ses activités se situent dans le champ de la création artistique et non (directement) thérapeutique. Le concept s’est développé sous les noms de danse intégrative, danse intégrée, danse inclusive. Aux Etats-Unis, au Canada, en Allemagne, en Autriche, en Ecosse, des compagnies de ce type se sont développées. En Belgique, des associations ont vu le jour telles que le Créahm (Liège et Bruxelles), Platform K (Gand), Demos (Bruxelles) mais il n’existe pas de compagnies de danse professionnelles à l’égal de Candoco. Candoco, c’est le point vers lequel convergent les artistes interrogés dans le cadre de ce dossier. Pour le chorégraphe Thomas Hauert, la création avec des danseurs en situation de handicap représentait un défi. Les contraintes physiques ont généré de nouvelles potentialités corporelles, des formes inattendues. Comment cette expérience est-elle vécue du point de vue de l’interprète ? Comment parler de sa différence et comment composer avec elle ? La danseuse et comédienne Marie Limet le confesse : à l’origine, sa malformation du bras ne lui posait pas réellement de problème jusqu’à ce que celle-ci se réfléchisse dans le regard des autres. Sa « hors-normalité », elle a décidé de la mettre en scène dans « Tout le monde, ça n’existe pas », spectacle autobiographique créé en 2012, à nouveau programmé en avril en Belgique. Elle y aborde la question de la norme et de la « malformation, déformation, transformation ». Pour le circassien Hédi Thabet, qui a créé avec son frère Ali et Mathurin Bolze la pièce Nous sommes pareils à ces crapauds… pour le festival XS en mars 2014 et présentée en mai 2015 au Théâtre du Rond-Point à Paris, « [le handicap] n’est ni à cacher, ni à revendiquer3 ». Sa jambe amputée n’est pas son propos… et ne paraît pas constituer un frein à ses prouesses acrobatiques. Mais avant d’arriver jusqu’à la scène et à la reconnaissance, le parcours est souvent semé d’embûches pour ces artistes « différemment valides ». Les obstacles, la danseuse et comédienne française Magali Saby de passage à Gand, en février dernier pour danser dans « You and Vous » 4 - les connaît bien : elle nous livre son témoignage et propose des pistes de réflexion pour améliorer la condition du danseur professionnel. L’été dernier, elle a suivi à Londres un workshop mené par Anouk Llaurens, chorégraphe, danseuse et pédagogue installée en Belgique. Cette dernière souligne, dans l’entretien qu’elle nous a accordé, la richesse de ces ateliers « mixed ability » où l’obstacle devient un révélateur de créativité. Diversité et inventivité sont également les termes qu’emploie Iris Bouche, enseignante et coordinatrice artistique du Baccalauréat en danse au Conservatoire d’Anvers. Elle défend activement le décloisonnement de la danse et explique modestement comment, à partir de son expérience de danseuse, elle essaie d’« ouvrir les horizons » : à son initiative, un module de danse inclusive est intégré depuis cette année au cursus des étudiants en troisième année du Baccalauréat en danse. Des initiatives émergent pour combler cet énorme fossé entre personnes valides et celles en situation de handicap, en témoignent les différentes démarches présentées dans ce dossier (restreint au handicap physique). Ceci étant, le chemin est encore long pour arriver à une réelle mixité - tant artistique que sociétale) et, surtout, franchir le plus résistant des obstacles : le préjugé. 1. Définition de l’Association française pour l’Insertion des Handicapés Moteurs citée par Muriel Guigou dans La danse intégrée - Danser avec un handicap, éd. L’Harmattan 2. Cité dans « Danse contemporaine. Eloge du corps ordinaire » par Marion Rousset in Regards, avril 2006 3. C eci est mon corps, documentaire diffusé sur ARTE, 2014 4. Spectacle de danse inclusive programmé dans le cadre d’Integrance et présenté à Gand les 19 et 20 février 2015. PAGE 26 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples BIOGRAPHIES Thomas Hauert Hetain Patel Après avoir grandi en Suisse, où il achève des études d’instituteur, Thomas Hauert reçoit une éducation formelle en danse contemporaine à l’académie de Rotterdam (aujourd’hui Codarts) à partir de 1989. Il s’installe à Bruxelles en 1991 et danse pendant trois ans dans la compagnie Rosas d’Anne Teresa De Keersmaeker. Hetain Patel est un artiste plasticien. Depuis 2004, ses vidéos, photographies et performances ont été vues et acclamées dans les institutions, de la Tate Britain à Londres jusqu’au Ullens Centre for Contemporay Art à Pékin. En deux ans, Hetain Patel a incarné Bruce Lee sur scène à la Royal Opera House, terminé des œuvres pour la Tate Modern et Southbank Centre, fabriqué un robot Transformer à partir d’une vieille Ford Fiesta (avec son père), été en tournée internationale avec sa performance Ten (en français et en anglais) et a été invité à animer une conférence TED (conférences en ligne de personnalités de disciplines variées telles que les sciences, les arts ou la politique pour partager leurs connaissances) qui a depuis été vue plus de deux millions de fois sur Internet. Il collabore ensuite avec David Zambrano, Gonnie Heggen et Pierre Droulers. Après la création du solo Hobokendans (1997) dans le cadre des Petites Formes de Droulers, il fonde la compagnie ZOO avec les danseurs Mark Lorimer, Sarah Ludi, Mat Voorter et Samantha Van Wissen. Leur premier spectacle, Cows in Space (1998), reçoit deux prix aux Rencontres chorégraphiques internationales de SeineSaint-Denis. Le travail de Thomas Hauert se développe à partir d’une recherche sur le mouvement, avec un intérêt particulier pour une écriture basée sur l’improvisation et explorant la tension entre liberté et contrainte, individu et groupe, ordre et désordre, formel et informel. S’il guide toujours le processus de création de ses spectacles, le chorégraphe valorise particulièrement la responsabilité et la liberté, en studio et sur scène, des danseurs avec qui il collabore, et il entretient le plus souvent avec eux des relations professionnelles de long terme. Basée sur le postulat que la danse peut parler directement au corps des spectateurs, sa recherche fait de l’anatomie humaine la base de son travail et s’affranchit des formes habituelles de mouvement. Vitesse, luminosité, musique, tension, relâchement, rotation et gravité sont autant de paramètres et de contraintes qui guident ses investigations dans l’espace et l’aident à répondre à ce pari impossible : créer une pièce qui a une structure, tout en étant improvisée. Surgissent ainsi des chorégraphies organiques, fluides et rigoureuses, chaotiques et harmonieuses, dans lesquelles l’unisson et la force du collectif s’expriment avec fulgurance. La relation à la musique joue aussi un rôle majeur dans son œuvre. Depuis 1998, il a créé avec sa compagnie ZOO près de vingt spectacles. Depuis 2012, il participe au projet « Motion Bank », dirigé par la Forsythe Company et l’Ohio State University. Thomas Hauert est artiste en résidence à Charleroi Danses et artiste associé au Kaaitheater à Bruxelles. Sa pratique, qui consiste à explorer les subtiles et souvent drôles complexités de la formation de l’identité, se développe sous de multiples formes, du travail en galerie et au théâtre à l’écran, au Web et au livre. Au cours de l’année 2014, en plus de la création d’une pièce pour la Candoco Dance Company, Hetain Patel a eu trois premières à Londres : son premier travail d’animation pour son exposition « At Home » (Pump House Gallery), American Boy, sa toute première performance solo (Sadler’s Wells) et une installation vidéo multiécran pour l’Indian Classical Music Festival Darbar (Southbank Centre). Hetain Patel est un artiste associé au théâtre Sadler’s Well (Sadler’s Wells New Wave Associate), tout en étant résident au LICA (Lancaster Institute for the Contemporary Arts). Il est représenté par la galerie Chatterjee & Lal. Découvrez-en plus sur Hetain Patel sur son site : www.hetainpatel.com. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 27 PAGE 28 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Mission David Van Reybrouck, Raven Ruëll & Bruno Vanden Broecke KVS BELGIQUE Création 2007 Texte : David Van Reybrouck Traduction en français : Monique Nagielkopf Mise en scène : Raven Ruëll Dramaturgie : Ivo Kuyl Interprétation : Bruno Vanden Broecke Friche la Belle de Mai Grand Plateau 23 – 24 juin 21h durée 1 heure 40 tarifs de 20 € à 10 € / abonnement spectacle B Scénographie : Leo de Nijs Création lumière : Johan Vonk Régisseurs : Lieven Symaeys, Donald Berlanger Lumière : Marc De Boelpaep / Son : Dimi Joly. Diffusion et gestion de tournée : Nicole Petit / Production : KVS Le KVS est subventionné par la Ville de Bruxelles, la Communauté flamande, la Vlaamse Gemeenschapscommissie (VGC) et la Région de Bruxelles-Capitale. Portrait d’un prêtre belge en mission au Congo, récit qui tresse plusieurs histoires de vie, ce spectacle infiniment tendre et politique aborde le rapport entre mission et mystique, s’engager ou contempler. Une pièce qui libère la parole d’intelligence de ceux qui font le lien entre les hommes et les dieux. Quand, en 2011, le Festival de Marseille programme Mission, il le fait dans le même mouvement qu’en invitant, en 2013, GratteCiel de Sonia Chiambretto et Hubert Colas. Le premier spectacle, bouleversant portrait d’un prêtre belge réalisé à partir d’entretiens avec des missionnaires au Congo, aborde l’ère postcoloniale du point de vue de la foi. Le second, basé sur les récits de jeunes Algérois, exprime sans détour le rapport au politique, à l’amour et au religieux d’une génération née sur les ruines de la guerre d’indépendance. Les deux traquent le colonialisme et ses survivances – jusque dans les plaies ouvertes – en libérant la parole. À l’époque, il s’agissait de réaffirmer que la critique postcoloniale prolonge la pensée d’un humanisme fondé, selon Achille Mbembe, auteur de Sortir de la grande nuit, « sur le partage de ce qui nous différencie, en deçà des absolus ». Mais qu’en est-il, en 2015, de cet en deçà ? Une phrase du père André, magistralement interprété par Bruno Vanden Broecke, donne aujourd’hui un nouvel écho au texte de David Van Reybrouck : « Chaque jour, je comprends de moins en moins les viols, les ténèbres, l’angoisse. » Cette secousse intellectuelle, qui pose la question du danger des absolus, de ce que les hommes peuvent faire au nom de Dieu au XXIe siècle, rappelle les valeurs communes du KVS et du Festival de Marseille, pour qui, ainsi que le souligne Raven Ruëll, metteur en scène de la pièce, « l’Art doit toujours garder cette ambition : avoir la force de dire ce qui ne peut se formuler d’aucune autre manière ». FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 29 Entretien avec David Van Reybrouck Par Ivo Kuyl À propos de Mission « Il faut être un saint sans Dieu » : l’injonction d’Albert Camus ne prône pas seulement l’insoumission aux dogmes. Elle convoque également une éthique de l’engagement capable d’affronter celles qui, trop souvent, servent de prétexte à des combattants cyniques pour imposer des valeurs morales contraires à la pensée critique et humaniste. « […] ça te prend toute une journée, enfin, si du moins on ne se bat pas. Toute une journée. Au moins ! Avec une qua’t fois quatre, hé ! Même pas 50 kilomètres. Tu t’embourbes, pour sûr. Garanti. Et tu t’estimes heureux d’être près d’un village. Que des gens viennent t’aider à pousser et à te désembourber. Et ces villageois, tu leur donnes quelques centaines de francs congolais. Jusqu’à ce que ça te frappe que les plus grands trous sont toujours près des villages. Qu’ils se pointent toujours particulièrement vite avec leur pelle pour te sortir du trou. Jusqu’à ce que tu comprennes que la pelle qui t’aide est peut-être la même que celle qui, une semaine plus tôt, a creusé ce trou. Ah ! oui, qu’est-ce que tu ferais, toi ? Avoue ! Si tu n’avais pas d’argent ! » Extrait du texte de la pièce Un Père blanc missionnaire au Congo nous parle de l’Afrique. Une méditation sur l’engagement par un grand comédien du théâtre flamand. Mission est une pièce de David Van Reybrouck. Le continent africain – et plus particulièrement le Congo –, qu’il connaît bien pour l’avoir sillonné de nombreuses fois, est présent dans toute son œuvre, depuis son premier livre, Le Fléau (Actes Sud, 2001), qui a pour cadre l’Afrique du Sud postapartheid. Sa première pièce, L’Âme des termites (écrite en 2004 et qui a déjà reçu deux prix néerlandais), raconte l’histoire d’un entomologiste ruminant les événements des années passées au Katanga, juste après l’indépendance. Mission (écrit en 2007), inspiré d’entretiens avec de vieux missionnaires du Congo de l’Est, est le monologue d’un homme qui a assisté à tous les massacres des guerres récentes et qui, un soir, fait le point sur sa vie, son engagement, ses découragements. Voici une entrevue réalisée pour le KVS par Ivo Kuyl. Aujourd’hui encore, à l’heure où la plupart des pays européens ont perdu leurs anciennes colonies, nous voyons dans ces missions passées et présentes un avant-poste de l’impérialisme occidental… Depuis les quinze dernières années, nous avons pris l’habitude de remettre en question toutes sortes d’implications et d’engagements, d’amour du prochain dans le cas des missionnaires, et de supposer qu’il y a toujours un autre plan, un agenda caché. C’est une espèce de méfiance systématique à l’égard des convictions, certainement de nobles convictions. L’amour du prochain devient alors un prétexte pour imposer des valeurs occidentales, catholiques, ou pour coloniser les esprits et les corps ou même compenser en quelque sorte une vie sexuelle frustrée. Avec comme grand désavantage qu’on jette le bébé avec l’eau du bain. Bien sûr, il est crucial de rester critique, mais nous devons aussi nous garder d’ériger cette critique en finalité. La plupart des missionnaires avec lesquels j’ai parlé ont complètement intégré cette critique postcoloniale. Ce serait donc parfaitement erroné de juger l’œuvre des missionnaires en l’an 2007 sur la base d’une documentation qui concerne le mode des missions entre 1900 et 1950. C’est exactement ce qui se passe constamment, donc la plupart des critiques sont anachroniques… Et faciles. J’ai écouté ces gens et j’ai été impressionné par leur quête et aussi par leur sérénité, malgré le fait qu’ils sont confrontés, dans une très large mesure, à la souffrance et au chagrin. Les missionnaires avec qui j’ai parlé ont une humilité et une patience à laquelle nous pouvons à peine prétendre avec notre mode de pensée axé sur le résultat. Certains missionnaires disaient : nous n’y sommes pas encore, mais peut-être y serons-nous dans cinq cents ans. Avoir une foi qui permet de concevoir un délai de cinq cents ans doit procurer un calme énorme en cas de revers. Quand les dix-quinze dernières années de votre vie semblent sans valeur, il n’y a pas vraiment de raison de désespérer. PAGE 30 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Dans quels lieux as-tu été et quelles personnes as-tu rencontrées ? J’ai parlé avec une quinzaine de personnes de divers ordres catholiques : des jésuites, des Pères blancs, des pères de Scheut, des oblats, des capucins, des franciscains, des salésiens, etc. Partout au Congo : à Kinshasa, à Kikwit, à Bukavu, à Goma, à Kalima, à Kamina, à Lubumbashi et à Likasi. Mais les entretiens cruciaux pour moi se sont passés dans l’Est, ce n’est pas un hasard, à Bukavu et à Goma, le territoire entre le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, qui a souffert le plus pendant la toute dernière guerre et qui baigne toujours dans une atmosphère de guerre. Pour moi, ce contexte était crucial : je ne voulais pas obtenir le monologue d’un missionnaire qui vit ici dans une maison de repos, mais de quelqu’un sur place qui a vécu la guerre et se débat avec la souffrance de cette guerre. Toutefois, ce n’est ni cette guerre ni le contexte historique du Congo pendant les quinze dernières années qui m’intéressent avant tout. Mais cela m’aide pour mener ma réflexion sur l’engagement du missionnaire. Comment peut-on encore réfléchir sur son Dieu quand on a vu quelqu’un passer avec un seau rempli d’yeux d’êtres humains ; comment peut-on encore croire en la bonté de l’être humain quand on a été soi-même plusieurs fois plaqué au sol de son poste de mission et qu’on a crié : « Mais tirez donc ! » « Engagement » est donc un mot-clé pour toi. Avec cette pièce, je veux sonder les conditions qui permettent l’engagement aujourd’hui. Pas seulement religieux, mais aussi artistique. Et pour moi, le missionnaire est une sorte d’aune : quelqu’un qui a choisi de vivre selon ses convictions et qui est parfois prêt à assumer les conséquences écrasantes de ce choix. Es-tu d’avis que l’artiste d’aujourd’hui doit retourner à la littérature engagée ou à l’art engagé comme on l’a connu dans les années 1960 et 1970 ? Je ne pense pas que l’art doive nécessairement être le véhicule d’une prise de position idéologique. Cette attitude conduit trop souvent à un art trop superficiel, de l’art qui veut faire passer un message qui peut être transmis en dehors de cette expression artistique. L’art a la force de dire ce qui ne peut se formuler d’aucune autre manière. Il faut toujours garder cette ambition formelle. C’est pour cela, je pense, que dans une pièce de théâtre par exemple, on peut aller beaucoup plus loin et être beaucoup plus nuancé qu’une certaine prise de position sociale. Je suis toujours impliqué. C’est la manière qui diffère. Que font les missionnaires que tu as rencontrés ? Ils sont souvent actifs dans des écoles ou aumôniers dans les prisons. Il y a ceux qui occupent les postes de brousse – les fameux « broussards »… Très souvent aussi, ils travaillent dans le secteur paramédical. Ce qui frappe, c’est la créativité incroyable dont ils font preuve : ils apprennent à faire eux-mêmes des prothèses et à bricoler des chaises roulantes. Et ils se démènent inlassablement pour trouver des fonds, notamment pour construire une clinique pour les yeux. Être missionnaire, en fait, c’est improviser pendant 90 % du temps. Ils arrivent quelque part un mardi soir, et le mercredi matin, ils donnent les premiers cours au petit séminaire de Bongolo, par exemple. L’un d’eux m’a raconté qu’il devait enseigner toutes les matières – français, économie, histoire, théologie… –, mais pas le néerlandais, parce qu’il venait de la Flandre occidentale et qu’il avait un accent. Mais il pouvait donner le cours de grec. Un autre missionnaire m’a dit : « Il y a trois choses à ne jamais oublier : votre moustiquaire, votre coffret de messe et une pince pour arracher les dents. » Tu m’as dit que les évêques congolais ont écrit une lettre dans laquelle on lit que le déclin moral est le plus grave problème dans leur pays. Partages-tu cette conception ? Je suis d’accord avec les évêques, cette crise congolaise a en effet commencé comme une crise économique et politique, et comme une crise de la démocratie. Mais à l’heure actuelle, c’est aussi une véritable crise morale. Le déclin du pays s’est incrusté dans les fibres de quasi tous les Congolais. L’idée qu’il existerait encore partout en Afrique un sentiment de collectivité évident, une solidarité évidente, est fausse. Le Congo n’est pas un pays boitant à la traîne dans l’ordre mondial néolibéral, c’est l’exemple le plus extrême de la façon dont le néolibéralisme brise un pays, avec très souvent pour conséquence affligeante un égoïsme poussé et une pulsion individualiste extrême. Les associations se multiplient, tout le monde veut être directeur. Dans l’armée, il y a plus d’officiers que de simples soldats. Il y a très peu de sens civique. Au Congo, on ne vit plus ensemble, on survit collectivement. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 31 BIOGRAPHIES Le KVS En tant que théâtre bruxellois de ville, le KVS choisit d’être une plate-forme pour toute une panoplie de voix et d’histoires de la capitale plurilingue et diverse de la Belgique et de l’Europe. La réalité urbaine, ses défis, ses efforts et ses opportunités sont les germes à partir desquels se développe l’activité artistique du KVS. Le KVS veut contribuer à la ville de demain et croit au travail artistique qui puise sa substance dans les contextes locaux. Dans cette optique, le KVS rencontre chaque année sur son chemin des artistes, des compagnies, des scientifiques, des penseurs, des activistes et des institutions, tous très divers. Dans une ville fragmentée telle que Bruxelles, il existe un besoin prononcé d’expériences partagées et de projets qui jettent des passerelles par-dessus les frontières linguistiques, culturelles et socio-économiques. Le KVS veut par conséquent être un lieu cosmopolite où se reconnaissent des artistes et des publics très hétéroclites. Et où ils peuvent se rencontrer. De son ancrage bruxellois, le KVS tend résolument vers le monde, qui est plus grand que l’Europe, par le biais de collaborations et d’échanges avec des artistes, des compagnies et des théâtres internationaux. Avec, comme centre vital, des trajets internationaux de longue durée comme au Congo et en Palestine, basés sur la réciprocité et l’égalité, le KVS veut humblement faire une différence de la Flandre au Congo, et se mobilise sans compter en faveur de pollinisations croisées qui contribuent à modeler la ville de demain. Artistes à l’œuvre dans des créations du KVS (Koninklijke Vlaamse Schouwburg) : Koen Augustijnen, Brett Bailey, Walter Bart, Thomas Bellinck, Gabriela Carrizo, Fabrizio Cassol, Franck Chartier, Josse De Pauw, Kristien De Proost, Kaat De Windt, Guy Dermul, Wine Dierickx, Dinozord, Youri Dirkx, Thomas Gunzig, Wim Helsen, Fumiyo Ikeda, Matijs Jansen, Serge Kakudji, Anton Lachky, Tom Lanoye, Yann Leguay, Faustin Linyekula, Jolie Ngemi, Sebastian Nübling, Elvis Peeters, Alain Platel, Manu Riche, Dominique Roodthooft, Raven Ruëll, Pierre Sartenaer, Ula Sickle, Willy Thomas, Rosalba Torres Guerrero, Peter Vandenbempt, Benjamin Verdonck, Maartje Remmers, Marleen Scholten, Jeroen Van der Ven, Stijn Van Opstal, David Van Reybrouck, Wim Vandekeybus, Bruno Vanden Broecke, Mieke Verdin. Des compagnies qui apposent leur sceau sur des créations du KVS : A.M. Qattan Foundation, Anton Lachky Company, Behoud de Begeerte, Le Corridor, les ballets C de la B, Teater N099, Münchner Kammerspiele, Peeping Tom, Rosas, Steigeisen, Studios Kabako, Kunstenfestivaldesarts, Théâtre les Tanneurs, Théâtre national, Third World Bunfight, Toneelhuis, Tristero, Ultima Vez, Wunderbaum. David Van Reybrouck, auteur David Van Reybrouck (né à Bruges, en 1971) a étudié l’archéologie et la philosophie aux universités de Louvain et de Cambridge, et détient un doctorat de l’université de Leyde. Il a été professeur invité à Barcelone et à Paris, et chercheur postdoctoral au sein du département d’histoire de l’université de Louvain. Son premier livre, De plaag (Le Fléau, 2001), qui tient à la fois du récit de voyage et du roman policier littéraire, place l’action dans l’Afrique du Sud postapartheid. Collaborateur pour le quotidien flamand De Morgen, Van Reybrouck a coédité un ouvrage sur le futur de la Belgique, Waar België voor staat (« Les défis de la Belgique », 2007) et un pamphlet poussant à la réflexion, Pleidooi voor populisme (« Un plaidoyer pour le populisme », 2008), qui a suscité quelque polémique. Outre ces ouvrages de littérature à base de faits réels, Van Reybrouck poursuit également une carrière d’écrivain de théâtre. Sa première pièce, Die Siel van die Mier (L’Âme des termites, 2004), un monologue, raconte l’histoire d’un entomologiste ruminant les événements des années passées au Katanga, juste après l’indépendance. En tant que poète, Van Reybrouck contribue régulièrement à la revue littéraire Het Liegend Konijn. Il est le fondateur du Collectif bruxellois de poètes, une initiative plurilingue et multiculturelle qui réunit des poètes d’âges, de styles et d’antécédents différents, basés à Bruxelles. Au cours de ses performances, le collectif mêle les vers classiques au slam de poésie et à l’expérimentation avant-gardiste. PAGE 32 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Raven Ruëll, metteur en scène Raven Ruëll termine ses études au RITS (département Arts dramatiques et techniques audiovisuelles de l’Erasmushogeschool Brussel) en 2001 ; pour son projet de fin d’études, il monte In de eenzaamheid van de katoenvelden (Dans la solitude des champs de coton). Depuis 2001, il a mis en scène Parasieten (de Marius von Mayenburg, au KVS), Litanie, dans le cadre de Stuk, Limelight et Nieuwpoort, une performance sur la folie). Nominé au prix 1000 Watts 2002 avec Jan, mijn vriend, il met en scène pour le KVS Het Leven en de Werken van Leopold II (La Vie et les travaux de Léopold II) d’Hugo Claus, nominé pour le Theaterfestival 2003. En avril 2004, il écrit et met en scène Stoksielalleen, signe également la mise en scène de Roberto Zucco (KVS), de Martino, de Caligula, de De Kersentuin (La Cerisaie, KVS), de Platonov. Raven Ruëll est membre de la compagnie artistique du KVS ; il enseigne au conservatoire de Liège et au RITS (Bruxelles). Bruno Vanden Broecke, comédien Bruno Vanden Broecke est acteur depuis 1999. Comédien indépendant, il a joué avec Bronstig Veulen, Dito’Dito’, de Tijd, Publiekstheater, Toneelhuis. En 2000, il participe à la fondation de SkaGeN (DeDayRoom, Lift-Off, Door Mijn Schuld, La Merde, Winterkant…) et joue régulièrement avec la Compagnie de KOE (Van Alles Naar Allen, PoesPoesPoes, Squirrels, De Wet Van Engel, Millernin, Utopie Van Het Atoom…). Il travaille également à plusieurs reprises avec Raven Ruëll (Jan, mijn vriend, Het Leven en de Werken van Leopold II, Roberto Zucco, Pakman…) et par extension au KVS (Schitz, In de eenzaamheid van de katoenvelden…). En Belgique, on le retrouve également sur le grand et le petit écran dans Katarakt, Spike, Any Way the Winds Blows, Een ander Zijn Geluk, Firmin, De Koning Van De Wereld, Vaneigens, Wat Als ? Het Eiland et plus récemment Safety First. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 33 PAGE 34 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Hofesh Shechter’s deGeneration Interprété par Shechter Junior Cult Fragments Disappearing Act ROYAUME-UNI Cult Création 2004 Chorégraphie et musique originale : Hofesh Shechter Pièce pour six danseurs. Fragments Création 2003 Chorégraphie et musique originale : Hofesh Shechter Pièce pour deux danseurs. Disappearing Act Création 2015 Chorégraphie et musique originale : Hofesh Shechter Pièce pour sept danseurs. La Criée, Théâtre national de Marseille 25 – 26 juin 21h durée 1 heure 10 avec entracte tarifs de 20 € à 10 € / abonnement spectacle B Cult Création lumière : Chahine Yavroyan Conseiller musique : Matthew Davidson Cult est une commande originale pour The Place Prize 2004, sponsorisé par Bloomberg. Fragments Création lumière et costumes : Hofesh Shechter Musique : Jean-Sébastien Bach, Eric Idle. Disappearing Act Création lumière : Lawrie McLennan avec Hofesh Shechter Création des costumes : Holly Waddington Costumière : Helen Johnson La nouvelle création est basée sur Under a Rock de Hofesh Shechter, commandée par la Companhia Instável en 2012. deGeneration est une production de la Hofesh Shechter Company. Huit jeunes danseurs interprètent ce programme d’Hofesh Shechter, surdoué de la danse connu pour son écriture musclée, sa limpidité formelle, son goût de la vitesse. Inédit à Marseille, le spectacle s’articule autour d’une création, de deux reprises et d’un mot d’ordre : « Chaos, insurrection, devenir. » Le concept de génération a un génie historique, politique, philosophique et humain. Il renvoie à l’une des dimensions essentielles de la vie : le temps. Cette durée qui, pour un individu, sépare la naissance de la mort mais dont la conscience suscite une projection hors de sa propre temporalité, vers un passé qu’il n’a pas connu et un avenir qu’il ne connaîtra jamais. Sidi Larbi Cherkaoui, Jonah Bokaer, Gregory Maqoma, Kyle Abraham : en vingt ans, le Festival de Marseille a montré toute l’attention qu’il porte aux artistes émergeants sur la scène chorégraphique régionale, nationale et internationale. Cette année, c’est une nouvelle génération d’interprètes de la danse qu’il met en avant en invitant les pièces de Michel Kelemenis, de Daniel Linehan, de Josette Baïz et de Hofesh Shechter, chorégraphe et compositeur déjà renommé en France. Ce chorégraphe de quarante ans, formé à l’Académie de danse et de musique de Jérusalem avant d’intégrer la Batsheva Dance Company, où il a travaillé avec Ohad Naharin et d’autres chorégraphes comme Wim Vandekeybus, ne manque pas d’atouts : puissance physique, écriture musclée, limpidité formelle, maîtrise de l’espace, sens du clip, goût de la vitesse… Entouré d’une formidable distribution, huit jeunes talents venus du monde entier, il est invité pour la première fois à Marseille avec deGeneration, programme articulé autour d’une création et de deux reprises. Imaginé en 2004, Cult fait partie des opus politiques du chorégraphe, qui donne ici son point de vue, ironique et sombre, sur ces pouvoirs entraînant les individus à suivre des causes qui les dépassent. Conçue en 2003, Fragments est la toute première pièce d’Hofesh Shechter. Là, avec humour et délicatesse, il met en scène un couple façon Cinérama. Quant à sa création, nul doute qu’elle ne réponde à nouveau aux trois impératifs de la danse de ce surdoué : « Chaos, insurrection, devenir ». FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 35 Hofesh Shechter Hofesh Shechter aime la danse physique, bourrue, combative. Celle qu’il a longtemps interprétée avec la Batsheva Dance Company ou avec Wim Vandekeybus. Le chorégraphe, installé à Londres depuis 2002, unanimement salué par la critique, a créé depuis la fondation de sa compagnie huit pièces d’une force peu commune et d’une originalité évidente. Musique vivante et pulsations rythmiques ajoutent au foisonnement d’émotions de la danse de Hofesh Shechter. Une chorégraphie conçue entre chaos et devenir. La verve et l’énergie de sa danse ont propulsé la compagnie sur le devant des différentes scènes internationales. Des chorégraphies comme Uprising, In your Rooms ou Political Mother, avec son titre battant qui associe l’intimité au geste insurrectionnel, ont marqué les esprits de leurs climats musicaux et de leurs mouvements de groupe aux effets d’unisson presque extatiques. Hofesh Shechter est diplômé de l’Académie de Jérusalem (danses et musique) ; il rejoint ensuite la célèbre Batsheva Dance Company, où il a travaillé avec Ohad Naharin et d’autres chorégraphes comme Wim Vandekeybus, Paul Selwyn-Norton, Tero Saarinen et Inbal Pinto. À Tel-Aviv, il commence des études de batterie et de percussion qu’il poursuit à Paris à l’École de batterie Agostini. Par la suite, il commence à expérimenter et à développer sa propre musique tout en participant à divers projets impliquant la danse, le théâtre et le « body-percussion ». En 2002, il s’installe au Royaume-Uni. Fragments, sa première création chorégraphique, dont il compose aussi la musique, fait immédiatement une tournée internationale. En 2004, Hofesh Shechter reçoit une commande de The Place Prize et crée le sextet Cult. La pièce reçoit le Prix du public. De 2004 à 2006, le chorégraphe est artiste associé à The Place et reçoit une commande de la Fondation Robin Howard. Il crée alors Uprising, sa pièce la plus célèbre, pour sept danseurs. Fragments, Cult et Uprising forment l’ensemble deGeneration, qui constitue le premier programme de soirée complet de Hofesh Shechter. En 2007, les trois lieux majeurs pour la danse de Londres que sont The Place, le Southbank Centre et le Sadler’s Wells, s’associent pour proposer à Hofesh Shechter de créer In your Rooms, qui est présenté sur les trois scènes et finit par se jouer à guichets fermés au Sadler’s Wells Théâtre. Cette pièce remporte le Prix du cercle des critiques de la meilleure chorégraphie en 2008. En 2009, Hofesh Shechter crée The Choreographer’s Cut, pour lequel il reprend son fameux double programme Uprising/In your Rooms et dispose d’un groupe de vingt musiciens aux côtés d’une troupe de dix-sept danseurs. La même année, il répond à la commande du Brighton Festival en créant The Art of Not Looking Back, inspiré par six danseuses et conçu pour elles, défini par The Observer comme « délicieusement acrimonieux ». Hofesh Shechter crée ou remonte des pièces pour bon nombre de compagnies, comme Bare Bones Dance Company, Edge and Verve, CeDeCe Ballet (Portugal), Hellenic Dance Company (Grèce), Bern Ballett (Suisse), Skånes Dansteater (Suède), Carte Blanche Dance Company (Norvège) et Cedar Lake Contemporary Ballet (New York). Il a aussi travaillé comme chorégraphe au Théâtre Royal Court sur Motortown de Simon Stephens (2006) et The Arsonists (2007), en collaboration avec le metteur en scène Ramin Gray. Il a signé la chorégraphie d’une production primée du Théâtre national de Saint Joan (2007) et a également chorégraphié Dance Maxxie, la fameuse séquence de danse qui fait l’ouverture de la célèbre série télévisée de Channel 4, Skins. Hofesh Shechter est artiste associé au Sadler’s Wells, et la Hofesh Shechter Company est résidente au Brighton Dome. PAGE 36 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Hofesh Shechter, ou la stratégie de l’électrochoc Le point de vue de la maison... La danse selon Hofesh Shechter Coup de projo dans les yeux, hurlement dans les oreilles, percussions métalliques à fond les manettes... Décidément, la stratégie de l’électrochoc régit le travail du chorégraphe et musicien Hofesh Shechter, à l’affiche du Théâtre des Abbesses, à Paris. Son coup de patte brutal et sophistiqué a une fois de plus transformé le plateau en caisse de résonance dont les éclats ont matraqué le spectateur, transformé, lui, en punching-ball. Et ça marche, ça cartonne, même ! Sauf pour ceux tombés groggy au fond de leur fauteuil. Une danse à la physicalité exacerbée Par Rosita Boisseau (Le Monde) Par La Maison de la Danse La notion de physicalité chez Hofesh Shechter apparaît tout d’abord comme l’un des éléments les plus marquants de son esthétique chorégraphique. Corps lourds et ancrés au sol se déploient sur scène, rampant ou frappant le sol, que ce soit dans de larges mouvements d’ensemble ou de manière bien plus isolée. On est très loin de la légèreté du classique, de ses envolées gracieuses et de ses portés. Ici, le corps du danseur semble pris dans un rapport à la terre qui le dépasse, et les tentatives pour s’élever, les Hofesh Shechter […] a tout d’un phénomène. Installé à Londres invocations aux cieux ne font qu’échouer les unes après les autres. depuis 2002, cet artiste israélien, percussionniste, batteur et com- D’où une danse tribale, animale, où les corps tombent, se relèvent, positeur, il écrit les musiques de ses spectacles, a fait grimper le chutent à nouveau. On repousse sans cesse son propre corps public anglais aux rideaux dès ses premières pièces. Soutenu par irrésistiblement attiré au sol, on repousse aussi celui des autres, des scènes phares comme The Place, le Southbank Centre et le corps fictifs d’inconnus ou corps concrets des autres danseurs. Sadler’s Wells, dont il est chorégraphe associé, il s’est imposé à Dans son travail, Hofesh Shechter fait appel à un imaginaire parla vitesse de l’éclair. Depuis son premier passage en France, à la ticulièrement chaotique, un imaginaire construit autour de flashs Maison de la danse, à Lyon, en 2009, il a été programmé à deux comme autant de scènes différentes et qui pourtant nous renvoie reprises au Théâtre de la Ville, à Paris. toujours à la même réalité. Une réalité étrangement froide et solaire à la fois qui semble peser de la même façon sur les corps des Qu’est-ce qui explique un tel plébiscite ? La liste des qualités danseurs quel que soit le dispositif scénographique employé : de cet expert en effets spectaculaires est longue : science du rangées de projecteurs frontaux à la lumière éblouissante et crue plateau et des lumières au laser, énergie brute, vitesse, change- ou bien douches de lumière chaude et ocre. Le corps surexposé ments d’humeur, musique agressive et tribale... Sans compter ou à demi caché dans l’ombre est le même, soumis aux mêmes une danse qui danse, comme on dit aujourd’hui, sur le pied de lois physiques, à la même inévitable attraction terrestre. guerre, et savante dans sa déglingue. Au diapason d’un monde violent et survolté, Shechter entretient une excitation permanente Le rôle central de la musique qui colle au conditionnement actuel. Il zappe et coupe et fonce. Il fait court aussi, très court, évitant de se répéter et de lasser le Autre élément fondamental, c’est la musique, qui occupe chez le public. Pas le temps de souffler, c’est déjà fini. chorégraphe une place de choix : en effet l’artiste anglo-israélien est également musicien et réalise lui-même la bande-son de ses créations. Une bande-son aux rythmes hypnotisants et aux envolées électro-rock tonitruantes qui participent de cette danse furieuse, transcendant littéralement interprètes comme spectateurs. Tout comme les lumières, on peut dire de la musique qu’elle fait son entrée par « flash », explosion d’énergie ou bien fond sonore lointain et trouble, elle fait exister les apparitions des danseurs en tant qu’éléments à part entière de la chorégraphie. La relation entre danse et musique s’inscrit donc dans une démarche fusionnelle, les deux disciplines étant envisagées comme complémentaires, voire indissociables. Il n’est pas ici question d’habillage ; la musique et la danse dans l’œuvre de Shechter s’envisagent sur le même plan : c’est la combinaison de ces deux matières rythmiques qui permet d’atteindre la puissance organique de ses pièces. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 37 PAGE 38 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Zef ! Kelemenis & cie FRANCE Création 2014 Conception générale et chorégraphie : Michel Kelemenis Danse : Luc Bénard, Émilie Garetier, Benjamin Gouin, Félix Heaulme, Claire Indaburu, Mylène Lamugnière, Mélanie Venino, Lisa Vilret Musique : Jean-Philippe Rameau Œuvres interprétées par : Marcelle Meyer. MuCEM Place d’Armes du Fort Saint-Jean 26 juin 19h 2 autres lieux surprises à découvrir sur festivaldemarseille.com durée 25 min entrée libre En collaboration avec le MuCEM Dans cette odyssée « urbaine et animale », avec le vent et la lumière du jour comme partenaires, les jeunes danseurs de Michel Kelemenis tissent une partition aléatoire tout en flux. Flux d’air, flux d’élans, flux d’émotions. Les pièces courtes ne sont pas nombreuses dans le foisonnant parcours de Michel Kelemenis, comme les évocations mythologiques ou poétiques dont Marseille, sa ville d’adoption, s’est fait l’écho. Elles composent pourtant la partie la plus intime de son répertoire par évocations maritimes successives. C’est donc en filigrane que l’on peut lire le titre de sa dernière création, Zef !, diminution de « zéphyr ». Dans la mythologie, il désigne à la fois ce vent violent et pluvieux qui éloigna Ulysse de Pénélope et cette brise d’ouest, douce et chaleureuse, qui le ramena à Ithaque. À moins que le chorégraphe ne se soit souvenu, au moment de créer cette odyssée « urbaine et animale » interprétée par une nouvelle génération de danseurs, que ce souffle inspira de nombreux poètes. Parmi lesquels le Marseillais François Malaval qui, s’interrogeant sur l’origine de son inspiration, écrivait au mitan du XVIIe siècle : « Dis-moi, Zéphyr, d’où vient ton mouvement ? » Celui de Michel Kelemenis a la particularité de tordre les corps et de distendre l’espace-temps. Comme ici quand, troublant dispositif sonore à l’appui, il semble distribuer ses danseurs au gré de flux aléatoires, flux d’air, flux d’élans, flux d’émotions sur les Suites pour clavecin de Jean-Philippe Rameau. Et plus encore lorsque, de parallèles en croisements, il évoque dans la lumière du jour « la convergence, la dispersion, l’exploration solitaire… ». FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 39 BIOGRAPHIE Michel Kelemenis Danseur et chorégraphe français né à Toulouse en 1960. Après une formation de gymnaste, Michel Kelemenis commence la danse à Marseille à l’âge de dix-sept ans. Dès 1983, il est interprète au sein du Centre chorégraphique national de Montpellier auprès de Dominique Bagouet et écrit ses premières chorégraphies, dont Aventure coloniale avec Angelin Preljocaj en 1984. Lauréat de la Villa Médicis hors les murs en 1987, il fonde la même année Kelemenis & cie (Association Plaisir d’offrir), qu’il installe à Marseille dès 1989. La compagnie est aussitôt, et depuis, soutenue par la Ville, le Conseil général des Bouches-du-Rhône, le Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur et la DRAC PACA. En 1991, Michel Kelemenis est lauréat de la bourse Léonard-de-Vinci et du fonds japonais Uchida Shôgakukan. Ses nombreuses pièces (plus de soixante, dont une quarantaine pour sa compagnie) sont présentées à travers le monde. Son parcours est salué par deux distinctions : il est nommé chevalier dans l’ordre national du Mérite en 2007 et promu officier des Arts et des Lettres en 2013. Amoureux du mouvement et des danseurs, de ces instants exceptionnels où le geste bascule dans le rôle, Michel Kelemenis articule ses créations autour de la recherche d’un équilibre entre abstraction et figuration. Pour son style personnel, qui allie finesse et performance, le chorégraphe est sollicité par les ballets de l’Opéra de Paris, du Rhin, du Nord, de Genève, ou le Ballet national de Marseille. À l’Opéra de Marseille, il met en scène en 2000 le drame lyrique et chorégraphique L’Atlantide de Henri Tomasi. Il participe ensuite aux créations du Festival d’Aix-en-Provence : en 2003, il anime les quatre acrobates-animaux du Renard de Stravinski mis en scène par Klaus Michael Grüber et dirigé par Pierre Boulez ; en 2004, il assiste Luc Bondy pour le mouvement des chœurs du Hercule de Haendel, sous la direction de William Christie. Depuis 2008, après 20 années consacrées à l’élaboration sensuelle d’un langage gestuel abstrait, Michel Kelemenis s’aventure sur le terrain du récit pour s’adresser à l’enfance comme pour honorer les commandes de compagnies de ballets. Le répertoire de Kelemenis & Cie ne cesse de s’inventer et s’étoffer au travers de créations Jeune public, d’un désir de circulation et d’irrigation territoriales toujours suivant un axe de dialogue entre création chorégraphique et création musicale. Avec sa création 2015, le chorégraphe met en tension et sous pression cet équilibre de présence scénique, entre narration et abstraction, que l’Histoire de la danse se plaît à opposer : La Barbe bleue part en quête d’un archaïsme des émotions. De missions régulières portées par l’Institut français, au bénéfice des services culturels à Cracovie, Kyoto, Johannesburg, Los Angeles, en Inde, en Corée et en Chine, naissent des projets de formation, de création et d’échange, de façon toujours bilatérale, avec des artistes d’expressions différentes et des compagnies étrangères. Sa longue coopération ininterrompue depuis 1994 avec l’Afrique du Sud aboutit en 2010 à la création de la formation Crossings, ouverte à des jeunes chorégraphes, danseurs, musiciens et éclairagistes de plus de dix nationalités. De nombreuses actions sont menées au sein de formations supérieures et professionnelles : Coline - formation professionnelle du danseur interprète contemporain situé à la Maison de la Danse d’Istres, École nationale Supérieure de danse de Marseille et plus particulièrement Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon. En octobre 2011, à l’initiative de Michel Kelemenis, est inauguré KLAP Maison pour la danse à Marseille, nouvel équipement de 2 000 mètres carrés dédié à la création et à la culture chorégraphiques. Questions à Michel Kelemenis Michel Kelemenis, pouvez-vous nous résumer votre parcours ? La transposition des acquis de gymnaste dans la danse, du sportif vers l’artiste, s’est effectuée spontanément, riche de ce qui s’acquiert, enfant, à la façon d’un jeu : le plaisir d’un geste clair, assimilé et sublimé. La danse a précipité et exalté aussi rapidement que naturellement ce qui était en moi. Ensuite, si ma première chorégraphie essayait de dire le besoin d’une autre danse que celle qu’il m’était proposé de défendre dans la première compagnie, aixoise, avec laquelle je travaillais, le ver de cette façon a pénétré le fruit : le désir d’écrire la danse est allé de pair avec celui de danser moimême. La structure de compagnie indépendante me convient, car elle offre une très grande liberté de rencontres, d’approches et de formes. De même, j’aime faire danser de grandes compagnies de ballets, comme celles de l’Opéra de Paris, du Rhin, de Genève ou plus récemment de Marseille, et risquer les fondements d’une écriture gestuelle balancée entre finesse et performance à des PAGE 40 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Élévation sur le zéphyr François Malaval corps et des savoirs autres que les miens : je sais que nous tous, danseurs si différents, sommes les artisans d’un même métier. Mon cheminement artistique est en profonde résonance avec le besoin d’être populaire et savant, simultanément. Les frottements qui résultent de cette dualité s’expriment entre abstraction et figuration par le goût du détail et la malice des présences en scène. Ma voie s’affirme dans la confrontation aux écritures originales des compositeurs d’aujourd’hui : je trouve dans ce dialogue la virginité sans cesse régénérée d’une double réflexion où chacune des deux expressions, la danse et la musique, éclaire l’autre. Au-delà de la création, vous donnez une place importante à la sensibilisation du public autour de la danse. Concrètement, quelles sont vos actions ? Mettre des mots sur la danse est un exercice particulièrement complexe, et je suis persuadé qu’à travers eux le goût s’affirme et s’affine. Toutes nos actions tendent à expliciter la multitude de strates qui constituent notre métier. Rien n’est exclu, du partage de pratique au débat, du « j’aime / j’aime pas » au décryptage de l’œuvre, de la description du quotidien aux instants magiques où la répétition bascule dans l’art. Nous multiplions les accès aux formes curieuses que prend notre expression au monde, car nous reconnaissons le courage du public qui prend le risque d’une découverte et accepte d’être bousculé. Nous devons à la fois rassurer et surprendre, et notre base marseillaise est le laboratoire de ces différents possibles. Très doux zéphyr qui caresses les fleurs, Viens modérer les trop vives chaleurs Que je souffre en mon cœur pour le Dieu qui t’anime : La douceur de sa paix en ta fraîcheur s’exprime. Non, Dieu n’est point dans un orage affreux Qui brise un roc et le cèdre orgueilleux ; Sans troubler son amour s’insinue en notre âme, Et sans la travailler, la parfume et l’enflamme. Dis-moi, zéphyr, d’où vient ton mouvement ? D’où vient l’odeur qui te rend si charmant ? Tu parfumes les champs sans connaître ta course ; Et moi, de mes douceurs, je ne vois point la source. Va du Seigneur poursuivre les desseins, Vent des amours, n’emporte que des saints Et fais sentir partout où ton souffle repose Que les charmes parfaits, c’est Dieu seul qui les cause. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 41 PAGE 42 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Ciné-concert Gisela João Suivi de La Cage Dorée Souvenez-vous. C’était le temps des ciné-concerts. Sous la protection du petit plongeur de Paestum, L’Alhambra l’emblème du Festival, l’amphithéâtre de la Sucrière Place Raphel accueillait des voix du monde entier. Comme celles venues du Portugal, amenant dans leurs sillages 28 juin le chant viscéral et impérieux des marins en exil concert : 21h exaltant le souvenir de leur terre natale, le fado. PORTUGAL film : 22h15 ENTRÉE LIBRE Pour cette vingtième édition, le Festival retrouve ces mélopées vagabondes et fait revivre ce rendez-vous mythique à l’Alhambra qui fête cette année les vingt-cinq ans de sa réouverture. L’occasion de découvrir Gisela João, jeune interprète qui secoue le fado d’une vibrante énergie en mariant - sans détours ni artifices - l’authenticité de la tradition à des sonorités actuelles et urbaines. L’occasion également de rencontrer l’univers du réalisateur Ruben Alves lors de la projection en plein air, sur la place qui jouxte l’Alhambra, de sa dernière comédie : La Cage Dorée. L’histoire ? Maria et José Ribeiro vivent en famille à Paris quand ils héritent d’une maison au Portugal, leur pays d’origine. Pour en bénéficier, le testament leur impose de retourner vivre au pays afin d’exploiter l’entreprise familiale. Leurs proches et leurs employeurs, qui ont tout intérêt à ce que le couple reste, vont alors tout imaginer pour les empêcher de partir… Une belle soirée pour fêter ensemble nos anniversaires respectifs ! FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 43 Gisela João La nouvelle voix de la musique portugaise est celle de Gisela João. Elle est non seulement devenue la nouvelle artiste incontournable du fado mais son premier album a rapidement été disque de Platine et a rassemblé un public issu de la pop, du rock et même du hip-hop, ainsi que les amoureux du fado. Gisela João a fait salle comble à l’historique Coliseum à Lisbonne et Porto, mais aussi dans des lieux contemporains comme la Casa da Música et le Centro Cultural de Belem – des scènes majeures dévolues aux artistes incontournables. Sans aucun doute, Gisela João est déjà une figure exceptionnelle dans l’univers du fado contemporain. Ce qui distingue Gisela, c’est l’émotion qu’elle amène dans sa musique. Que ce soit de la tristesse ou de la joie, du drame ou de la sérénité, elle a l’art de tout unir magnifiquement. Dans son premier album, Gisela João en a fait la démonstration dans douze chansons qui nous emmènent dans un voyage envoûtant au cœur de nos émotions. Bien sûr, l’inévitable comparaison se fait avec Amália Rodrigues, mais en réalité Amália était là depuis le début. Gisela était encore petite fille, s’occupant de ses frères et sœurs tandis que sa mère travaillait, lorsqu’elle s’est soudain rendue compte que le ‘Que Deus me Perdore’ (Que Dieu me pardonne) d’Amália définissait sa propre vie. À partir de ce moment, elle a su qu’elle deviendrait fadista. Il est à présent temps pour le reste du monde de découvrir la personnalité derrière cette nouvelle voix extraordinaire du Portugal. C’est Gisela João – et ne soyez pas surpris si le monde s’arrête de tourner l’espace d’un moment. PAGE 44 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Verklärte Nacht Anne Teresa De Keersmaeker / Rosas BELGIQUE Création 2014 Chorégraphie : Anne Teresa De Keersmaeker Dansé : par Samantha Van Wissen, Boštjan Antončič & Nordine Benchorf. BNM 2 – 3 juillet 21h durée 40 min tarifs de 20 € à 10 € / abonnement spectacle B Musique : Arnold Schönberg, Verklärte Nacht, op. 4, par le New York Philharmonic dirigé par Pierre Boulez Lumière : Luc Schaltin, Anne Teresa De Keersmaeker Costumes : Rosas, Rudy Sabounghi Dramaturgie musicale : Georges-Élie Octors, Alain Franco Coordination artistique et planning : Anne Van Aerschot Directeur technique : Joris ErvenAssistantes costumes : Valérie Dewaele, Emma Zune / Techniciens : Philippe Fortaine, Wannes De Rydt, Michael Smets, Bert Veris. Création Ruhrtriennale, 16 août 2014 Production : Rosas Coproduction : Ruhrtriennale, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg. La Nuit transfigurée est un souffle cosmogonique qu’Anne Teresa De Keersmaeker épure – vingt ans après sa première version – dans une abondance d’élans, d’envols, tout en se concentrant sur l’essentiel : le dialogue amoureux de ses danseurs. « Effrontément romantique » : voilà comment, en 1995, Anne Teresa De Keersmaeker qualifie sa Nuit transfigurée, réponse à l’œuvre de jeunesse composée – sous l’influence de Wagner et de Brahms – par un Arnold Schönberg alors follement amoureux. Écrite comme un vaste souffle, presque cosmogonique, sur un livret du poète allemand Richard Dehmel, la pièce raconte l’histoire d’une femme qui avoue à l’homme dont elle vient de s’éprendre qu’elle porte l’enfant d’un autre, qu’elle n’aime pas. L’homme, après un moment douloureux d’hésitation, accepte de considérer cet enfant comme le sien. Le couple est alors uni dans la nuit transfigurée. Vingt ans après sa première version, la chorégraphe donne aujourd’hui une nouvelle dimension à sa pièce. Ici, il n’est plus question de teintes sépia caressées de mélancoliques lumières automnales. Les six couples ont été remplacés par un seul, à peine accompagné du troisième homme à l’ouverture ; le plateau est nu, parfaitement neutre, et la lumière retrouve les accents objectifs qui sont la marque d’Anne Teresa De Keersmaeker. Même la musique ouvre de nouvelles perspectives à ce dialogue amoureux qui est l’épure tragique de l’œuvre. À la version d’origine, la chorégraphe en a préféré une plus tardive, réécrite par le compositeur, relue ici par Pierre Boulez avec une magistrale sobriété. Reste la danse, « une histoire de générosité et d’émotion vraie », enchaînée dans une abondance d’élans, d’envols et concentrée sur l’essentiel : la vie à venir. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 45 « Zwei Menschen » Verklärte Nacht Par Wannes Gyselinck, professeur à la School of Arts Ghent (Traduction Jean-Luc Plouvier & Émilie Syssau) Deux réécritures Près de vingt ans après sa création en 1995, Anne Teresa De Keersmaeker reprend sa réponse chorégraphique à Verklärte Nacht d’Arnold Schönberg, et la reformule totalement. Non pas une reprise, mais une réécriture. Schönberg, que la postérité établira plus tard en maître d’un intransigeant modernisme musical, à qui l’on devra une rupture décisive d’avec la musique tonale, est encore jeune, pauvre et parfaitement inconnu en 1899, lorsqu’il compose son sextuor à cordes Verklärte Nacht (La Nuit transfigurée). Il s’agit là de son premier chef-d’œuvre : une ténébreuse élégie qui s’achemine lentement vers la jubilation et le chant de triomphe. L’influence de Brahms y rivalise avec celle de Wagner, dans un souffle très mahlérien. Le choix musical d’Anne Teresa De Keersmaeker ne s’est pas porté sur le sextuor original, mais sur la somptueuse version ultérieure pour orchestre à cordes – une « réécriture », là aussi. En effet, même si Schönberg aimait se voir comme un moderne Prométhée faisant se lever sur la musique une nouvelle aurore – plutôt que cet artiste automnal épris du romantisme tardif qu’il développait encore en 1899 –, il ne pourra s’empêcher de revenir plusieurs fois sur son œuvre de jeunesse : en 1917 d’abord, puis en 1943. À son grand agacement, cette œuvre restera d’ailleurs la plus jouée de son catalogue. Dans la version pour orchestre à cordes, la texture harmonique et sonore de Verklärte Nacht est étoffée aux dimensions d’un véritable poème symphonique. La réécriture d’Anne Teresa De Keersmaeker participe d’une démarche inverse et adopte pour mot d’ordre un très moderne less is more : le décor quelque peu grandiose, ouvertement romantique, construit pour la version de 1995 est abandonné, la scène étant ramenée à la nudité totale ; la lumière automnale, qui caressait le plateau de chaudes tonalités sépia, se fait désormais neutre, froide et objective. Des six couples augmentés de deux danseuses solistes, il n’en reste plus qu’un seul, à peine accompagné d’un troisième homme dans le tableau d’ouverture. Nous voici au plus près d’une épure tragique : un triangle amoureux. L’œuvre, en effet, est construite sur un canevas narratif – pas si « tragique » que cela, du reste. Arnold Schönberg a explicitement composé son sextuor en s’appuyant sur le poème éponyme de Richard Dehmel. L’écriture schönbergienne épouse tous les replis du poème en un complexe tissu de leitmotive qui se déploient et s’entrelacent, développant une histoire sans paroles. Un homme et une femme se promènent dans la lumière lunaire (la phrase « Zwei Menschen gehn durch kahlen, kalten Hain » (« deux personnes s’en vont par un bois nu et froid ») se traduit musicalement par une mélodie descendante et ténébreuse, dont l’harmonie module lentement vers les tonalités diésées, en appui sur une seule et lugubre note de basse). La femme avoue à son amant qu’elle attend un enfant d’un autre homme, qu’elle n’aime pas. Le triangle se reconfigure alors sur l’enfant à naître : l’homme réagit avec une générosité bouleversante – et plutôt surprenante, si nous la rapportons aux règles morales du XIXe siècle : il assure à la jeune femme que leur amour mutuel transfigurera (verklären) l’enfant à naître, et qu’elle peut désormais le porter comme s’il était sien. La tension entre la crise morale – l’aveu désespéré de la jeune femme – et sa résolution par la sublime réponse de l’amant s’exprime musicalement par de brusques contrastes entre des épisodes à l’harmonie transparente et d’autres où la résolution harmonique est sans cesse esquivée et indéfiniment retardée. C’est seulement dans les dernières minutes de l’œuvre que s’abolit définitivement toute tension et toute dissonance, en une triomphale apothéose (« Zwei Menschen gehn durch hohe, helle Nacht » (« deux personnes s’en vont par une nuit vaste et claire »). L’art de l’esquive Verklärte Nacht fut reçu avec scepticisme lors de sa création en 1902. Schönberg s’était autorisé certains agrégats dissonants non classés (c’est-à-dire des « accords impossibles » selon les canons de l’harmonie classique), et c’était suffisant pour que la Société musicale de Vienne refuse à cette œuvre son agrément. Les passages où l’harmonie se dérobe continuellement à toute résolution témoignaient des puissantes forces d’érosion minant le système tonal à la fin du XIXe siècle, et de sa lente obsolescence. En 1908, soit six ans après la création de Verklärte Nacht, Schönberg marquera l’histoire musicale d’une franche rupture en abolissant toutes les relations tonales et en « émancipant la dissonance » des contraintes harmoniques – jetant par là les bases de ce qu’il est convenu d’appeler « atonalité », même si Schönberg estimait ce terme plutôt mal approprié (« C’est comme si l’on définissait le mot “voler” comme ”l’art de ne pas tomber” », ironisait-il). Mais dans Verklärte Nacht déjà, à la suite de Mahler, Schönberg faisait reculer les frontières de l’harmonie traditionnelle par l’audace de dissonances jusque-là inouïes, en restant toutefois en bordure interne de la syntaxe tonale. Il faudra attendre neuf années avant qu’il ne termine de s’acquitter de son devoir moderniste et ne délivre l’équivalent musical du Carré noir de Malevitch (1913). PAGE 46 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Toute une histoire... Schönberg ne se contente pas, avec la partition de Verklärte Nacht, d’enfreindre les règles de l’harmonie. En écrivant un sextuor à cordes au programme résolument narratif, il transgresse l’idéal de « musique pure » dont la musique de chambre – le genre des initiés et des connaisseurs – était le dernier bastion. Depuis l’entrée de Liszt et de Wagner sur la scène musicale, la musique « pure », ou « absolue », avait dû essuyer déjà les nombreuses attaques des défenseurs d’un genre plus « corrompu » : le poème symphonique, où la substance musicale se mettait au service d’une histoire ou d’une idée – et se réduisait donc, selon les puristes, à n’être plus qu’illustration. Anne Teresa De Keersmaeker reconnaît volontiers la coprésence de ces deux axes (le narratif et le formaliste) au sein de son travail. « Je considère Verklärte Nacht comme une étape dans ma recherche sur l’écriture en duo. Un duo est presque toujours narratif par nature, dans la mesure il suppose une relation entre deux personnes – et qu’une relation en mouvement touche inévitablement au récit. » « Dans mes premiers duos, comme dans Fase, par exemple (1982), je m’étais arrangée pour réprimer presque totalement cet aspect narratif. Fase était l’exact opposé de Verklärte Nacht, je l’avais conçu comme un dédoublement physique, dans un esprit purement formel. Dans les duos de Bartók/Mikrokosmos (1987), et plus encore dans Mozart/Concert Arias (1992), j’ai commencé d’explorer plus intensément la théâtralité intrinsèque du duo. Verklärte Nacht approfondit cette veine. D’une manière plus générale, je ne peux m’empêcher désormais de trouver vaine et sans intérêt cette opposition entre danse “formelle” et danse ”dramatique”. Un corps qui danse, selon moi, est toujours davantage qu’une simple forme. Il est forcément expressif. Lorsqu’il se met à danser, tout être humain raconte une histoire. » Bien plus tard, en 1950, Schönberg se sentira encore redevable de répondre à l’accusation d’avoir subverti le genre noble par excellence en le soumettant à une narration (l’attaque était d’ailleurs plus pertinente encore concernant la version orchestrale, dont la pâte sonore évoque franchement quelque « poème en musique »). Schönberg répondra en ces termes à ses détracteurs : « Dans la mesure où ma musique n’illustre pas une action dramatique, mais se limite à peindre la nature et le jeu des émotions humaines, elle acquiert de ce fait une somme de qualités dont chacun peut jouir, ne connaîtrait-il même pas les propos qu’elle illustre ; en d’autres termes, il est parfaitement possible de l’apprécier en tant « Effrontément romantique » que “musique pure”. » Le Schönberg de la maturité, donc, aurait volontiers fait ranger son poème symphonique postromantique Au sujet de la fibre romantique de ce spectacle, la chorégraphe dans la catégorie « musique pure ». ajoute : « L’expressivité du vocabulaire gestuel de Verklärte Nacht provient en partie des postures stylisées des couples sculptés par Danser, raconter Rodin. Certains autres gestes, ou certaines poses, proviennent d’un manuel destiné aux hommes voulant assister leur femme C’est cette dernière version pour orchestre à cordes qu’Anne pendant le travail de l’accouchement. Sur un plan plus formel, il Teresa De Keersmaeker utilise pour sa propre réécriture, dans faut pointer l’importance de la figure de la spirale (ascendante ou l’enregistrement de Pierre Boulez. « Il me semble que cette descendante) qui prévaut dans tout le spectacle, qu’il s’agisse interprétation imagée et grandiose contraste assez joliment de l’élaboration des mouvements ou du traitement de l’espace. » avec la froide objectivité de la scénographie, estime-t-elle. Ce spectacle, quoi qu’il en soit, demeure effrontément romantique. « Il m’importait beaucoup de trouver un délicat équilibre entre Dans la version de 1995, j’avais tempéré l’intensité émotionnelle le plan des formes et des structures, d’une part, et le plan des du récit par une certaine fragmentation, en multipliant les person- qualités expressives, voire des détails concrets, de l’autre. Dans nages jusqu’à obtenir six couples qui déclinaient des séries de cette nouvelle version de Verklärte Nacht, je pense avoir trouvé variations sur les rapports homme-femme. En resserrant cette une réponse mieux ajustée à la musique de Schönberg, et au distribution sur l’essentiel, c’est-à-dire sur un couple d’amants – poème de Dehmel qui l’a inspirée. La générosité du geste de auquel s’ajoute un second homme dans les premières minutes –, l’homme m’impressionne et m’émeut. Deux êtres humains je pense renouer avec l’esprit de l’œuvre. Sous cet aspect, ma transcendent leurs existences par la grâce de la compréhension chorégraphie ressemble au ballet narratif classique, ou du moins mutuelle et de la confiance en l’autre. Tout cela sonne peut-être lui rend hommage. » un peu romantique… mais sans doute suis-je d’une nature très romantique. À cet égard, on pourra trouver étrange que les Tout comme dans le champ musical à la fin du XIXe siècle, il est musiques que j’ai abordées et mises à mon répertoire aillent de possible de discerner dans l’histoire de la danse du XXe siècle une Bach au grand modernisme en passant par Mozart et Beethoven, tension entre formalisme et narration. La danse doit-elle exprimer mais en occultant totalement un siècle de musique romantique. des émotions, raconter une histoire – ou n’est-elle rien d’autre Schönberg et Mahler sont de ce point de vue des exceptions ; leur qu’une sorte de « musique pour les yeux » qui dispose les corps romantisme tardif est d’ailleurs un adieu à cette esthétique, bien dans le temps et l’espace ? Comme en musique, l’orthodoxie davantage que son apogée. Et ce n’est pas un hasard si je me moderne a volontiers dénoncé les facilités de la narration et de la tiens à distance de tout cela. Un artiste habité par ses passions, théâtralité dansée, dans lesquelles on a cru discerner le symptôme attiré par le chaos et l’entropie, cherchera à produire une œuvre d’une décadence générale, une concession au goût bon marché stricte ; il développera des structures qui le contiennent. C’est pour le vulgaire, un goût populaire pour des narrations bien lisibles une affaire d’attraction des contraires, j’imagine. » et simples à appréhender. Néanmoins, certains chorégraphes, des femmes le plus souvent – on pense au premier chef à Pina Bausch –, ont été capables de désamorcer cette critique par des œuvres qui ont convaincu leur époque, et continueront de le faire, par leur puissance formelle autant qu’émotionnelle et théâtrale. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 47 La Nuit transfigurée Richard Dehmel (traduction Guy Rillaers) La Nuit transfigurée, une œuvre de jeunesse La Nuit transfigurée op. 4 (Verklärte Nacht) est une œuvre pour sextuor à cordes (deux violons, deux altos, deux violoncelles), composée par Arnold Schönberg en 1899. Durant l’été 1899, le musicien tombe amoureux de Mathilde, la sœur d’Alexander von Zemlinsky, avec qui il se mariera un peu plus tard. Il compose pour elle cette Nuit transfigurée en moins de trois semaines. Il s’agit donc d’une œuvre de jeunesse, écrite bien avant sa période dodécaphonique, avec des accents de romantisme tardif. On y perçoit principalement l’influence de Wagner et de Brahms, certains enchaînements harmoniques évoquant fortement Tristan et Iseult et ses accords de neuvième sans fondamentale. Œuvre de jeunesse sans doute, mais qui va déjà bien au-delà des conventions de l’époque. Le jeune Schönberg, âgé de vingtcinq ans, a déjà assimilé et dépassé l’art des grands romantiques allemands ; mais l’auteur reste toujours dans les limites de la tonalité. Ce chef-d’œuvre précoce reste l’une des œuvres les plus jouées et les plus applaudies du futur novateur viennois. La pièce est basée sur un poème extrait du recueil La Femme et le monde (Weib und Welt) de Richard Dehmel, un ami du musicien. Le texte, plus tard publié séparément sous le titre Zwei Menschen. Roman in Romanzen, décrit une promenade nocturne d’un couple amoureux dont la femme avoue qu’elle attend un enfant d’un autre. Son amant insiste sur l’importance de sa maternité et lui assure qu’il est disposé à faire sien cet enfant. Ils marchent heureux, sous la lune, dans cette nuit transfigurée. Deux personnes vont dans la forêt, chauve et froide. La lune les accompagne, ils regardent en soi. La lune passe aux dessus des hauts chênes, Pas un nuage ne trouble la lumière céleste Vers laquelle les fagots noirs s’étendent ; La voix d’une femme parle. « Je porte un enfant et pas de toi, Je vais à côté de toi dans le péché ; Je me suis gravement compromise, Je ne croyais plus au bonheur Et j’avais pourtant un lourd désir D’une raison de vie, de bonheur maternel Et de devoir, puis je me suis affranchie. J’ai alors toute frémissante Laissé posséder mon sexe par un étranger, Et pour cela je me suis encore bénite. Maintenant la vie s’est vengée, Maintenant je t’ai rencontré, toi, ô toi. » Elle va d’un pas incertain. Elle relève le regard, la lune la suit. Son regard sombre se noie dans la lumière. La voix d’un homme parle. « Que cet enfant qui est conçu Ne soit pas une charge pour ton âme. Ô regarde comme l’univers brille clairement ! Il y a un lustre de toute part. Tu chasses avec moi sur la mer glaciale, Mais une propre chaleur rayonne De toi en moi, de moi en toi. Elle va transfigurer l’enfant étranger. Tu vas l’enfanter pour moi, de moi, Tu as apporté un éclat de lumière en moi, Tu m’as moi-même refait enfant. » Il embrasse sa forte taille, Leur souffle se mêle dans les airs. Deux personnes vont dans la nuit haute et claire. PAGE 48 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples BIOGRAPHIE Souffle du Nord – paysages scéniques Anne Teresa De Keersmaeker Par Francis Cossu La scène internationale est prise dans le tourbillon de la création belge. Comme le « plat pays », politiquement et linguistiquement morcelé, elle n’est pas d’un bloc. Bruxelles bien sûr, mais aussi Anvers, Gand, Charleroi ou Louvain sont autant de capitales artistiques d’où nous parviennent des esthétiques novatrices qui pulvérisent la notion de genre. Anne Teresa de Keersmaeker, chorégraphe de la structure et de l’émotion. Jan Lauwers, metteur en scène des corps « mis à vif par les excès du pouvoir ». Jan Fabre, enfant terrible d’une « beauté disciple du chaos ». Wim Vandekeybus, conteur arpentant le territoire cruel des rêves. Alain Platel (ballets C de la B), héros d’une « comédie sociale réaliste ». Le collectif théâtral Tg. STAN, les compositeurs de l’ensemble contemporain Ictus... Danse, musique, théâtre : depuis plus de vingt ans, rien n’échappe à la tornade belge. Pas même la définition de l’art ! Metteur en scène-plasticien, danseur-photographe, chorégraphe-musicien, acteur-chanteur… Les créateurs ont plus d’une corde à leur arc. Ce ne sont pas les genres qui les intéressent, mais leurs circulations. Une manière pour eux de dépasser les clivages qui minent le pays (11 millions d’âmes, deux langues, trois régions administratives et de vigoureux sentiments nationaux) en formant une communauté de pensée hétéroclite, mais soudée. Le résultat ? Ils ont façonné une esthétique du mélange aussi visuelle que sonore, aussi charnelle qu’engagée, aussi énergique que sensuelle, provocante que fascinante, où le corps, conjuguant vitesse et violence, prend en charge des écritures à forte densité littéraire, parfois abstraites, mais toutes élaborées hors de la domination du langage. Jan Fabre : « Peut-être que la Belgique est une œuvre d’art et que, comme toute bonne œuvre d’art, elle continuera à signifier un défi. » C’est à Mudra, l’école de danse dirigée par Maurice Béjart, que la jeune danseuse belge se forme avant de partir se frotter au postmodernisme américain, en 1980, à la Tisch School of the Arts de New York. Après Asch, sa toute première pièce créée à Bruxelles en 1980, et Violin Fase, créée aux États-Unis, c’est avec Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich qu’elle se fera connaître. En 1983, avec Michèle Anne De Mey, Fumiyo Ikeda et Adriana Borriello, elle fonde Rosas et chorégraphie sa première grande pièce, Rosas danst Rosas. Succès immédiat : la compagnie tourne sur toutes les grandes scènes. L’Europe est sous le charme de ce style nouveau et envoûtant, tendu entre structure et émotion, imprégné de la rigueur minimaliste américaine, nourri par les sentiments portés par l’expressionnisme européen et qui développe un rapport intime, presque architectonique, à la musique. De création en création, ATK (comme on la surnomme) va aussi affirmer son goût pour le décloisonnement des genres. Après le temps de l’élaboration d’une écriture propre, de l’exploration musicale (Bartók, Ligeti, Monteverdi...), elle se tourne vers le théâtre et met en scène une trilogie du dramaturge allemand Heiner Müller, collabore avec le collectif flamand Tg. STAN. « Le texte a toujours été présent, même dans mes toutes premières pièces et même dans les chorégraphies où il n’apparaît pas comme tel. Chaque moyen d’expression ouvre des champs différents », dit-elle à ce sujet. Glissant de grandes productions en pièces plus intimistes, s’essayant à la vidéo comme à la mise en scène d’opéra, Anne Teresa De Keersmaeker déjoue les tentatives de classification. En 1992, elle devient chorégraphe en résidence au Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles, décide d’intensifier encore davantage la relation entre musique et danse, et de créer un répertoire pour sa compagnie. Trois ans plus tard, elle fonde P.A.R.T.S., école de danse contemporaine en passe de devenir la plus courue d’Europe. Aujourd’hui, après trente ans de travail, Anne Teresa De Keersmaeker, qui a créé une œuvre protéiforme d’une exceptionnelle rigueur, avoue cependant : « Je me sens de nouveau comme une débutante avec énormément à déchiffrer, tant dans la façon de parler aux danseurs que du point de vue du lien entre le mouvement et la musique, entre le sens et le geste. » FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 49 PAGE 50 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Spectres Josette Baïz – Compagnie Grenade Quatuor Béla FRANCE Création Chorégraphie : Josette Baïz et Compagnie Grenade Interprètes : Aurore Indaburu, Axel Loubette, Géraldine Morlat, Sinath Ouk, Rafaël Sauzet, Anthony Velay. Quatuor Béla : Frédéric Aurier (violon), Julian Boutin (alto), Luc Dedreuil (violoncelle), Julien Dieudegard (violon). Théâtre Joliette-Minoterie Surgissement de moments surréalistes, mystérieux, de respirations humoristiques, de clairs de lune spectraux ou de contre-jours crépusculaires : ici corps, voix, instruments et lumières se retrouvent projetés dans le monde de l’invisible pour créer une féerie « de chants suspendus ». Lorsqu’en 1998 certains enfants danseurs du Groupe Grenade ont atteint leur majorité et une véritable maturité artistique, Josette Baïz décide de les professionnaliser et fonde autour d’eux la Compagnie Grenade. 3 juillet Depuis, presque chaque année, elle leur crée une nouvelle pièce. La douzième, Spectres, est présentée pour la première fois au Festival de Marseille. durée 60 min tarifs de 20 € à 10 € / abonnement spectacle B C’est en écoutant les musiciens du Quatuor Béla au Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence qu’est née l’idée de ce spectacle. Avec le groupe de cordes, réuni autour du désir de défendre le fabuleux répertoire du XXe siècle, la chorégraphe élabore un projet métis où la danse et la musique sont étroitement impliquées dans une même recherche. 21h Musiques : Black Angels, George Crumb ; Spectres, John Oswald ; Quodlibet, John Cage ; Microludes (extrait), György Kurtág ; Quatuor n° 7, mouvements 2 et 3, Dmitri Chostakovitch ; Quatuor n° 2, mouvement 1 et Quatuor n° 3, mouvement 3, Benjamin Britten / Scénographie et lumière : Hervé Frichet Sonorisateur : Émile Martin / Costumes : Julie Yousef. Production : Compagnie Grenade – Josette Baïz et Quatuor Béla. Coproduction : du Festival de Marseille_danse et arts multiples, du Festival d’Aix-en-Provence 2015, du Pôle Arts de la Scène – Friche Belle de Mai, du Bois de l’Aune – Aix-en-Provence. Avec le soutien : du Conseil général des Bouches-du-Rhône, Centre départemental de créations en résidence. Une aventure qui traque dans les œuvres de Crumb, d’Oswald, de Cage, de Kurtág, de Chostakovitch ou de Britten, interprétées en live par le Quatuor Béla, la figure tutélaire – aussi évocatrice que fascinante – du fantôme. Les danseurs reçoivent alors pour mission d’investir ces sources comme s’ils entraient dans « la peau d’esprits mélancoliques et facétieux ». La Compagnie Grenade est conventionnée par le ministère de la Culture et de la Communication – DRAC PACA ; est subventionnée par le Conseil général des Bouches-du-Rhône, le Conseil régional PACA, la Ville de Marseille et la Ville d’Aix-en-Provence. Le Quatuor Béla est conventionné par le Conseil général de la Savoie. Il reçoit le soutien de la Sacem, de l’Adami, de la Spedidam, de la Région Rhône-Alpes, de Musique nouvelle en liberté, de l’Onda. La DRAC Rhône-Alpes apporte son aide à certains de ses projets ; il est adhérent au Bureau export. Coproduction : Festival de Marseille. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 51 BIOGRAPHIES La Compagnie Grenade Josette Baïz La Compagnie Grenade a été créée en 1998 par Josette Baïz, suite logique au travail entrepris depuis 1992 avec le Groupe Grenade. Présents pour certains depuis vingt ans (et il ont moins de trente ans aujourd’hui !), les danseurs ont inventé avec Josette Baïz le métissage caractéristique de Grenade, chacun ayant apporté sa culture – orientale, asiatique, africaine ou urbaine –, tout en intégrant l’univers contemporain de la chorégraphe. Leurs créations sont donc une perpétuelle recherche dont le leitmotiv est d’ouvrir son mode d’expression. Josette Baïz, formée par Odile Duboc, enseigne la danse contemporaine depuis 1978 à Aix-en-Provence, où elle crée ses premières chorégraphies pour de jeunes danseurs issus de ses cours. En 1982, alors danseuse chez JeanClaude Gallotta, Josette Baïz remporte le premier prix au quatorzième Concours international de chorégraphie de Bagnolet, ainsi que ceux du public et du ministère de la Culture. Elle fonde alors sa première compagnie : La Place Blanche, et a créé depuis lors plus de quarante spectacles, aussi bien pour ses propres compagnies que pour de nombreux ballets nationaux (Toulouse, Jeune Ballet de France du CNR de Lyon…) ou internationaux (Boston, Ballet royal de Phnom Penh, Allemagne, Venezuela, PaysBas…). Le style de Josette Baïz s’est construit par l’approche d’autres chorégraphes de sa génération et de grands maîtres américains tels que Alwin Nikolais et Merce Cunningham, par l’expérience pédagogique transmise par Odile Duboc et Susan Buirge, et par les collaborations artistiques avec Jean-Claude Gallotta. Au fil des ans, la compagnie a accueilli plusieurs danseurs d’horizons chorégraphiques différents, contribuant ainsi à l’enrichissement de Grenade. Parallèlement, certains danseurs de la compagnie ont continué leur aventure avec d’autres compagnies (Maguy Marin, Dominique Boivin, Angelin Preljocaj, Compagnie Malka, Abou Lagraa, Carolyn Carlson, Pierre Droulers…) pour découvrir d’autres styles chorégraphiques. C’est dans cet esprit que Josette et ses danseurs poursuivent leur recherche par l’ouverture permanente à des techniques (contact, improvisation, techniques Limón, Graham, Cunningham…) prétextes à l’invitation régulière de professeurs extérieurs et à des collaborations artistiques basées sur la rencontre et l’échange. En 1989, le ministère de la Culture lui propose une résidence d’une année dans une école des quartiers Nord de Marseille. Cette rencontre avec ces jeunes d’origines et de cultures diverses l’amène à repenser le sens de son travail et à modifier radicalement sa démarche artistique. La confrontation avec des propositions aussi diverses que le break dance, le smurf, le hip-hop, la danse orientale, gitane, indienne ou africaine l’ont obligée à revoir entièrement ses acquis corporels et mentaux. Les appuis, la façon d’utiliser le sol, les mouvements de hanches circulaires, les frappés acérés du flamenco et le bassin relâché des Africains, rien de tout cela ne lui était familier. Un processus d’échanges s’est alors mis en place : Josette Baïz enseignait le contemporain, le classique et la composition dans des ateliers de recherche ; les jeunes danseurs lui apprenaient leur façon d’affirmer leurs origines et leurs sentiments. Naturellement Josette Baïz fonde en 1992 le Groupe Grenade, qui rassemble alors plus de trente jeunes danseurs. C’est en 1998 qu’elle prend le parti de pérenniser le travail de métissage entrepris avec lui, tout en restant dans une optique profondément contemporaine. Elle fonde alors la Compagnie Grenade, composée de cinq danseuses majeures issues du Groupe Grenade. Josette Baïz souhaite continuer à enrichir ce répertoire chorégraphique en collaborant artistiquement, toujours et encore, avec des chorégraphes français et étrangers ; en participant à des projets pluridisciplinaires nouveaux et originaux, développant ainsi la rencontre et l’échange. PAGE 52 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Quatuor Béla Les interprétations engagées et exigeantes du Quatuor Béla ont été, à plusieurs reprises saluées par la presse : « L’excellent Quatuor Béla ». Le Monde - Juillet 2013. Fondé en 2006 par 4 musiciens des CNSM de Lyon et Paris : Julien Dieudegard et Frédéric Aurier, violons, Julian Boutin, alto, Luc Dedreuil, violoncelle, le Quatuor Béla s’est réuni autour du désir de défendre le fabuleux répertoire du 20ème siècle ainsi que la création. L’ensemble se produit en France et à l’étranger sur des scènes éclectiques : Cité de la Musique à Paris, Arsenal de Metz, Festival d’Aix en Provence, Flâneries de Reims, Biennale Musique en Scène de Lyon, Why Note, Les Musiques à Marseille, Villa Médicis, Les Suds à Arles, Jazz Nomades, Africolor, l’Atelier du Plateau, Musique Action, Les Journées Electriques, ainsi que sur les Scènes Nationales. « Les membres du Quatuor Béla semblent aux anges, tant cette musique ardue, qu’ils travaillent depuis leurs débuts, paraît couler de source. […] Ils n’en triomphent pas moins, par l’allégeance à tous crins de leurs archets. » Gilles Macassar, Télérama, janvier 2014 « [...] joyeusement tournés vers leur époque, impressionnants dans des répertoires inattendus, ouverts à des formes musicales peu orthodoxes. A suivre de près, ils offrent chaque fois des moments de musique rares, singuliers, déroutants, forçant le respect de toute la profession et hypnotisant un public toujours plus demandeur. » Pascale Clavel, le Petit Bulletin, novembre 2013 Le Quatuor Béla se distingue par sa volonté d’être à l’initiative de nouvelles compositions et de nourrir le dialogue entre interprètes et compositeurs. Il a créé ou s’apprête à créer les oeuvres de Philippe Leroux, Francesco Filidei, Daniel D’Adamo, Thierry Blondeau, Benjamin de la Fuente, Jean-Pierre Drouet, François Sarhan, Nimrod Sahar, Jérôme Combier, Garth Knox, Karl Naegelen, Alvaro Léon Martinez, Sylvain Lemêtre, Frédéric Aurier, Frédéric Pattar... Curieux et enthousiasmé par la diversité des courants qui font la création contemporaine, le Quatuor Béla s’associe souvent à des figures artistiques emblématiques : l’improvisateur et performer Jean-François Vrod, le rockeur inclassable Albert Marcoeur, le griot Moriba Koïta, le jeune maître du oud Ahmad Al Khatib, le trio de jazz surpuissant Jean Louis. Il publie en 2013 deux disques, l’un, consacré à une oeuvre co-écrite par Thierry Blondeau et Daniel D’Adamo, Plier/Déplier chez Cuicatl/ la Buissonne, l’autre, Métamorphoses Nocturnes, dédié à la musique de Ligeti chez AEON, dont la sortie a suscité un grand enthousiasme dans la presse (ffff Télérama, Luister 10 award, Gramophone Cristics’ Choice award…). FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 53 PAGE 54 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Rosas danst Rosas Anne Teresa De Keersmaeker / Rosas BELGIQUE Création 1983 Chorégraphie : Anne Teresa De Keersmaeker Dansé par : Linda Blomqvist, Tale Dolven, Sandra Ortega Bejarano, Sue-Yeon Youn Créé avec : Anne Teresa De Keersmaeker, Adriana Borriello, Michèle Anne De Mey, Fumiyo Ikeda. Le Silo 4 juillet 21h durée 1 heure 45 tarifs de 31 € à 10 € / abonnement spectacle A Musique : Thierry De Mey, Peter Vermeersch Musiciens (enregistrement) : Thierry De Mey, Walter Hus, Eric Sleichim, Peter Vermeersch / Lumière : Remon Fromont / Costumes (1983) : Rosas Costumes reprises : Anne-Catherine Kunz. Direction des répétitions : Fumiyo Ikeda, Muriel Hérault Coordination artistique et planning : Anne Van Aerschot Directeur technique : Joris Erven / Techniciens : Philippe Fortaine, Wannes De Rydt, Michael Smets, Bert Veris. Première mondiale : 6 mai 1983, Kaaitheaterfestival au Théâtre de la Balsamine (Bruxelles) / Production 1983 : Rosas & Kaaitheater / Coproduction : Early Works Sadler’s Wells (Londres), Les Théâtres de la Ville de Luxembourg. La chorégraphe belge remonte son spectacle culte. Silence des corps, déflagration de la musique, redéfinition de l’espace, épuisement : trente ans après, retrouvez les bases de ce vocabulaire décomplexé, nerveux, sensuel, solidement architecturé, qui a littéralement bouleversé les codes de la danse. Les premiers défis que se lancent de jeunes artistes ont toujours fasciné, surtout quand ils se révèlent plus tard de grands auteurs. Ces pièces contiennent la genèse de leur univers mental et formel, qu’ils déplient et approfondissent ensuite comme « s’ils hantaient leurs propres frontières ». En 1983, Anne Teresa De Keersmaeker n’a encore composé que deux duos, Asch et Fase, largement remarqués pour leurs usages hypnotiques de la répétition du mouvement. Quand elle présente Rosas Danst Rosas, le monde découvre une chorégraphe autrement plus complexe dans son approche de la danse contemporaine, bien loin du postmodernisme américain qui la caractérisait jusque-là. Pour la première fois apparaissent les tensions qui marqueront la totalité de son travail : l’opposition entre la raison froide et les émotions pures, entre l’agressivité et la tendresse, entre l’uniformité du mouvement et ses incarnations multiples. La chorégraphe belge impose aussi une énergie nouvelle qui décale le regard du spectateur en lui montrant l’envers physique de la danse comme étant de la danse, pleine et entière. Impensable dans un monde qui occulte les notions de fatigue et d’effort physique dans ses productions. Plus encore : en quatre temps – le silence des corps, la déflagration de la musique, la redéfinition de l’espace, l’épuisement –, la chorégraphe jette les bases d’un vocabulaire nerveux et sensuel fait de gestes abstraits ou quotidiens et de circulations solidement architecturées. Un exceptionnel climat dramatique, parfois proche dans ses décomplexions de la comédie musicale, qui fait aujourd’hui encore le succès de cette pièce. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 55 Rosas danst Rosas Par Marianne Van Kerkhoven, in Kritisch Theater Lexicon / Anne Teresa De Keersmaeker, 1998. C’est en 1983 qu’Anne Teresa De Keersmaeker atteint le succès international avec la représentation Rosas danst Rosas. La production va en première pour le festival du Kaaitheater à Bruxelles et signifie d’emblée l’avènement de la compagnie Rosas. Les quatre danseuses qui font initialement partie de Rosas sont toutes d’anciennes élèves de Mudra : Anne Teresa De Keersmaeker et Michèle Anne De Mey, auxquelles viennent s’ajouter Fumiyo Ikeda et Adriana Borriello. La musique de Rosas danst Rosas, composée par Thierry De Mey et Peter Vermeersch, voit le jour en parallèle à la chorégraphie. La représentation est structurée en cinq parties, la danse comme la musique s’appuient sur des principes répétitifs et minimalistes. d’atteindre la perfection absolue dans ses chorégraphies : elle n’impose pas à ses danseurs d’exécuter sans aucune erreur les mouvements en simultané. C’est pourquoi les représentations de Rosas témoignent toujours cette expressivité et cette humanité si spécifiques. La première partie de Rosas danst Rosas se joue au sol et en silence. Formant une grande diagonale de l’arrière droite au devant gauche, les quatre corps allongés sur la scène roulent sur le sol avec des pauses et des intervalles, accompagnés d’une pure « musique » de halètements syncopés, du frappement des bras sur le plancher, du roulement des corps… Le deuxième mouvement se joue sur des petites rangées de chaises alignées en biais. Le matériel gestuel se compose de gestes rapides, durs et énerDans Rosas danst Rosas, dont Thierry De Mey a entre-temps giques qui répondent aux percussions métalliques. La troisième réalisé un film du même titre, deux sortes de mouvements s’entre- partie est tout comme la première un jeu entre les lignes droites lacent. D’une part des mouvements abstraits, difficiles à qualifier, et les diagonales que l’éclairage accentue par des couloirs de de l’autre, des mouvements plus concrets, reconnaissables : la lumière. La mise à nu incidente ou voulue d’une épaule – rite de main qui lisse les cheveux, qui rectifie la tenue d’une blouse, la tête séduction ? – est l’un des gestes concrets les plus marquants qui tourne brusquement… Ces gestes qui réfèrent à des gestes de ce mouvement. Le quatrième mouvement est une danse en du quotidien possèdent une signification directe. À croire que les groupe et monte en crescendo, jusqu’à la limite de l’épuisement incidents du processus de l’œuvre émaillent la représentation physique, des diagonales, des lignes droites et des cercles se comme autant de citations littérales. Mais le matériel gestuel n’est succèdent et s’alternent dans cette partie. L’épilogue est une pas le seul à continuellement ébrécher l’hermétisme illusoire de coda très courte qui n’est constituée que par des gestes concrets la représentation (« de la danse et rien de plus ») et à le pousser liés à la fatigue réelle des danseuses. Dans toute la pièce on voit dans le sens d’une réalité plus factuelle. Ainsi, pendant l’intermède encore beaucoup de mouvements à l’unisson entre les quatre entre la première et la deuxième partie, les danseuses préparent femmes, ce qui n’empêche que toutes les variations possibles leurs chaises et leurs chaussures, lissent leurs vêtements et du nombre quatre soient essayées. Trois danseuses font par reprennent manifestement haleine. À la fin de la quatrième partie, exemple le même mouvement, la quatrième son contraire ; ou elles affichent sans honte leur fatigue : elles se tiennent sur la encore, elles suivent un parcours deux par deux, ou une plus une scène, visiblement haletantes et trempées de sueur. plus deux, une ou plus deux plus une, etc. Dans ces courts instants, « l’envers » physique de la danse est montré comme un art corporel. Il serait impensable de le voir dans une représentation de ballet classique ; mais les exécutions de danse moderne sont, elles aussi, placées sous le signe de l’occultation de la fatigue et de l’effort. Au contraire, l’œuvre d’Anne Teresa De Keersmaeker s’applique, aussi après Rosas danst Rosas, à briser l’illusion qu’une représentation de danse mette en scène une réalité tout autre que la réalité (physique) quotidienne. Ainsi peut-on remarquer que De Keersmaeker n’essaie jamais C’est dans Rosas danst Rosas qu’apparaissent pour la première fois les champs de tension qui marqueront la totalité des œuvres ultérieures d’Anne Teresa De Keersmaeker, notamment l’opposition entre les structurelles rationnelles (« pensées ») et les émotions signifiantes, la dialectique entre l’agressivité et la tendresse, ou l’interaction entre l’uniformité (de costumes ou de mouvements) et l’individualité (l’accentuation des différences de constitution entre les danseuses par le port de vêtements identiques, ou les accents singuliers dans l’exécution des mouvements à l’unisson). PAGE 56 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples BIOGRAPHIES Anne Teresa De Keersmaeker C’est à Mudra, l’école de danse dirigée par Maurice Béjart, que la jeune danseuse belge se forme avant de partir se frotter au postmodernisme américain, en 1980, à la Tisch School of the Arts de New York. Après Asch, sa toute première pièce créée à Bruxelles en 1980, et Violin Fase, créée aux États-Unis, c’est avec Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich qu’elle se fera connaître. En 1983, avec Michèle Anne De Mey, Fumiyo Ikeda et Adriana Borriello, elle fonde Rosas et chorégraphie sa première grande pièce, Rosas danst Rosas. Succès immédiat : la compagnie tourne sur toutes les grandes scènes. L’Europe est sous le charme de ce style nouveau et envoûtant, tendu entre structure et émotion, imprégné de la rigueur minimaliste américaine, nourri par les sentiments portés par l’expressionnisme européen et qui développe un rapport intime, presque architectonique, à la musique. De création en création, ATK (comme on la surnomme) va aussi affirmer son goût pour le décloisonnement des genres. Après le temps de l’élaboration d’une écriture propre, de l’exploration musicale (Bartók, Ligeti, Monteverdi...), elle se tourne vers le théâtre et met en scène une trilogie du dramaturge allemand Heiner Müller, collabore avec le collectif flamand Tg. STAN. « Le texte a toujours été présent, même dans mes toutes premières pièces et même dans les chorégraphies où il n’apparaît pas comme tel. Chaque moyen d’expression ouvre des champs différents », dit-elle à ce sujet. Glissant de grandes productions en pièces plus intimistes, s’essayant à la vidéo comme à la mise en scène d’opéra, Anne Teresa De Keersmaeker déjoue les tentatives de classification. En 1992, elle devient chorégraphe en résidence au Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles, décide d’intensifier encore davantage la relation entre musique et danse, et de créer un répertoire pour sa compagnie. Trois ans plus tard, elle fonde P.A.R.T.S., école de danse contemporaine en passe de devenir la plus courue d’Europe. Aujourd’hui, après trente ans de travail, Anne Teresa De Keersmaeker, qui a créé une œuvre protéiforme d’une exceptionnelle rigueur, avoue cependant : « Je me sens de nouveau comme une débutante avec énormément à déchiffrer, tant dans la façon de parler aux danseurs que du point de vue du lien entre le mouvement et la musique, entre le sens et le geste. » Thierry De Mey Thierry De Mey est un compositeur et un réalisateur de films. L’intuition du mouvement guide l’ensemble de son travail, lui permettant d’aborder et d’intégrer différentes disciplines. Le postulat préalable à son écriture musicale et filmique veut que le rythme soit vécu dans le(s) corps et qu’il soit révélateur du sens musical pour l’auteur, l’interprète et le public. Il a développé un système d’écriture musicale du mouvement, à l’œuvre dans certaines de ses pièces où les aspects visuels et chorégraphiques sont d’importance égale au geste producteur de son : Musique de tables (1987), Silence Must Be ! (2002), Light Music, créée à la Biennale Musiques en scène de Lyon en 2004. Une grande partie de sa production musicale est destinée à la danse et au cinéma. Pour les chorégraphes Anne Teresa De Keersmaeker (Rosas danst Rosas, Amor constante, April Me, Kinok), Wim Vandekeybus (What the Body Does Not Remember et Les Porteuses de mauvaises nouvelles, Le Poids de la main), pour sa sœur Michèle Anne De Mey, mais aussi pour le metteur en scène Robert Wilson (Dantons Töd), il fut souvent bien plus qu’un compositeur, mais aussi un précieux collaborateur dans l’invention de « stratégies formelles », pour reprendre une expression qui lui est chère. Il a participé à la fondation de Maximalist! et de l’ensemble Ictus, qui a créé plusieurs de ses pièces (dir. Georges-Élie Octors). Les installations de Thierry De Mey, où interagissent musique, danse, vidéo et processus interactifs, ont été présentées dans des manifestations telles que les biennales de Venise et de Lyon et dans de nombreux musées. Son travail a été récompensé par des prix nationaux et internationaux (Bessie Awards, Eve du spectacle, Forum des compositeurs de l’Unesco, FIPA…). En 2003, le processus de travail avec Anne Teresa De Keersmaeker sur April Me a fait l’objet d’un documentaire, Corps accord, produit par Arte, qui a par ailleurs diffusé et coproduit la plupart de ses films. En 2009, l’occasion de la Biennale Charleroi Danses, il crée Equi Voci, polyptique de films de danse accompagné d’un orchestre. Thierry De Mey est aujourd’hui artiste associé à Charleroi Danses, Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Peter Vermeersch Peter Vermeersch, né en 1958 à Waregem (Belgique), a fondé les groupes X-Legged Sally et Flat Earth Society, avec lesquels il a joué la plupart de ses œuvres, et a mené des expériences proches de l’improvisation et du jazz. Comme producteur, il a également un rôle actif sur la scène alternative de Bruxelles (groupe dEUS). Dans les années 1980, il a fait partie des ensembles postmodernes Union et Maximalist!, qui ont travaillé avec les compagnies de danse Rosas et Ultima Vez. Nombre de compositions consistent alors en « soundtracks » pour les spectacles (Rosas danst Rosas), mais Peter Vermeersch poursuit son travail de compositeur « classique », notamment avec l’opéra De Oplosbare et The Purple Cucumber, en hommage à Frank Zappa, ou plus récemment un quatuor à cordes, Nachts Brede Opklaringen. En 1996, Music Hall propose une forme de cabaret contemporain sur des textes du poète Paul van Ostaijen. Du côté du théâtre, Peter Vermeersch compose la musique de Weg, Larf et Charms, ou encore pour le cinéma. Un projet, Magnus, réunit Tom Barman de dEUS, et un musicien de la scène techno, CJ Bolland. L’opéra Heliogabal (2002) est quant à lui destiné à la Flat Earth Society. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 57 PAGE 58 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Impulso Rocío Molina ESPAGNE Création 2014 Danse : Rocío Molina / Percussions : Pablo Martín Jones. 4 – 5 juillet 2 lieux surprises à découvrir sur festivaldemarseille.com Directrice générale : Rocío Molina Direction de la compagnie : Loïc Bastos. Production : Danza Molina Coproduction : Festival de Marseille_danse et arts multiples Diffusion : Agence Mister Dante Coproduction Festival de Marseille Cherchant de nouvelles inspirations pour sa danse passionnément vivante, Rocío Molina décide de faire de la Cité phocéenne le nouveau théâtre de son inspiration. Une chorégraphie polyphonique qu’elle interprète in situ en emmenant le flamenco là où il a envie d’être. Le Festival de Marseille a été de tous les rendez-vous qui ont vu éclore, une à une, les multiples facettes du flamenco novateur. L’année dernière, sur la scène du Silo, celle que ses admirateurs appellent désormais – à tout juste trente ans – « la Molina » offrait aux Marseillais l’avant-première mondiale de Bosque Ardora. Une pièce concertante dans laquelle elle poussait le geste flamenco jusque dans ses retranchements les plus abstraits, révélant l’image de la danseuse contemporaine pleinement épanouie que l’on devinait en elle. Aujourd’hui, c’est la Cité phocéenne qui sert d’écrin à sa danse. Depuis des années, Rocío Molina part à l’assaut d’espaces et de situations improbables, travaillant aussi bien sur les bords de Seine que dans une cellule de prison. Cherchant de nouvelles inspirations, une issue dans les couleurs du sable, la transparence du cristal ou la fraîcheur du métal, Rocío Molina a appris à dompter et faire chanter les éléments qui lui servent de décor. Chorégraphie polyphonique, Impulso est le fruit de ces semis exploratoires. Un grand format qu’elle interprète in situ en associant des matériaux organiques et bruts, comme les végétaux, à ses nouvelles textures sonores et lumineuses. En emmenant le flamenco là où il a envie d’être, Rocío Molina démontre une fois encore qu’elle n’appartient pas seulement au monde du flamenco, mais bien à celui de l’art. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 59 Entretien avec Rocío Molina : « Sur scène, il n’y a pas d’injustice » Propos recueillis par Muriel Mairet Traduction : Stéphanie Boulard (questions), Murielle Timsit (interview) (Source : flamenco-culture.com.) Rocío Molina s’exprime rarement. Dans cet entretien, elle revient sur son parcours, sa carrière, ses envies. Rocío, tu es de Málaga ; tu as commencé à trois ans. Quel est ton tout premier souvenir ? Tu parles souvent de liberté dans ta danse. Libre de tes envies, en sincérité totale, que cherches-tu à dire à travers cette vérité ? Que t’apporte-t-elle ? C’est comme cela que j’aimerais que le monde soit. Parce que je n’aime pas les gens faux, ni les mensonges ni les imposteurs. Je déteste l’injustice et tout ce type de choses. Comme tout le monde je me sens impuissante, mais j’ai la grande chance de pouvoir monter sur scène, et là il n’existe pas d’injustice. C’est ça ma liberté, ma vie : pouvoir exprimer ce que je veux. En réalité je deviens intouchable sur scène. Si le public aime ou non, c’est son choix ; il peut se lever et partir, moi je fais ce dont j’ai envie. Je me souviens très bien que ma mère m’a emmenée à l’acadé- Aimerais-tu interpréter un personnage de roman ou réel, mie de mon village à l’âge de trois ans, je buvais de l’eau dans un comme Frida Kahlo ? biberon, et j’ai fait un cours d’étirements et de coordination, c’est comme cela que ça a commencé ! Tout le monde aimerait interpréter Frida ! Nous les femmes, on peut facilement s’identifier à ce personnage si fort. Dans le flamenco, Avec qui as-tu étudié le flamenco ? on en parle beaucoup. J’ai été dans sa maison, je l’ai vue, j’ai lu sa biographie. J’adore cette femme. Cependant, je ne pense à Je n’ai pas eu un professeur en particulier. Tu sais, j’ai étudié avec personne de particulier que j’aimerais interpréter. Avec le temps beaucoup de monde, j’ai étudié avec Rafaela Carrasco quand sûrement, oui. J’aime les contes, mais plus pour transmettre un j’étais plus jeune, avec des gens de Séville ; j’ai appris le folklore, message, une émotion. Dans mes spectacles, pour l’instant, je l’école boléra, j’ai étudié avec plusieurs professeurs à Málaga et travaille plus sur l’émotion que sur une histoire concrète. J’aime à Grenade, j’y ai suivi l’enseignement de Mariquilla, quelqu’un qui transmettre un sentiment, une émotion, pas une histoire. m’a transmis un peu plus de passion. As-tu deux adjectifs pour décrire ton tempérament ? Ton parcours croise celui d’Antonio Canales, de María Pagés. Que retires-tu de ces expériences ? Prudente… et forte. Je suis forte, bien que je sois petite dans les moments critiques. Je peux être faible, mais j’en ressors toujours Ce sont de bonnes et jolies expériences. Par exemple, j’ai un plus forte ! souvenir tendre de María, car j’ai appris beaucoup de choses et surtout la convivialité au sein de la compagnie. María est une Comment vis-tu le temps sur scène mentalement personne extrêmement intelligente, j’ai beaucoup appris d’elle. et physiquement ? En ce qui concerne Antonio, j’ai peu travaillé avec lui, mais ce que je retiens, c’est l’énergie qu’il transmet au groupe ; on en ressort Je ne sais pas si c’est bien ou mal, mais je cherche toujours à tous plus forts. atteindre mes limites et bien sûr cela requiert un effort physique bestial. Et parfois je ne me contrôle plus. Bon, maintenant, c’est parce que je suis très jeune et que j’ai beaucoup d’énergie ; quand je serai plus âgée, je freinerai un peu. Je m’investis totalement, je cherche toujours à atteindre les limites. Il y a des jours où j’y arrive et d’autres non. PAGE 60 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples « Le monde flamenco est un concentré d’un monde riche de savoirs, avec des fenêtres fermées. Nous sommes heureusement quelques-uns aujourd’hui à mettre la tête à la fenêtre. » BIOGRAPHIE Rocío Molina Rocío Molina « Être flamenco, c’est avoir une autre chair, une autre âme, d’autres passions, une autre peau, des instincts, des désirs. C’est avoir une autre vision du monde, c’est posséder le destin dans la conscience, la musique dans les nerfs, la fierté dans l’indépendance, la joie dans les larmes. C’est la peine, la vie et l’amour porteur d’ombre. » Tomás Borrás Icône du flamenco contemporain, elle revisite son art dans un va-et-vient perpétuel entre tradition et innovation. Plusieurs fois récompensée, Rocío Molina frappe le public par son style éblouissant, saisissant panache de candeur et de puissance. Née à Málaga en 1984, elle commence la danse au conservatoire à l’âge de sept ans. Elle quitte Málaga pour Madrid à treize ans, découvre le Japon et les États-Unis à dix-sept, se produit en soliste deux ans plus tard et s’offre même, à New York, un duo avec Israel Galván. En 2001, elle fait partie de la compagnie de María Pagés, pour qui elle crée une chorégraphie avec laquelle elle entame une tournée internationale. En 2002, elle reçoit le prix d’honneur du Conservatoire de danse de Madrid. En 2003, elle participe à un festival flamenco aux États-Unis et danse en tant que soliste aux côtés de Manuela Carrasco. Elle donne son premier spectacle, Entre Paredes, en 2005, et elle est choisie la même année par l’Agencia Andaluza para el Desarrollo del Flamenco pour réaliser un spectacle, El Eterno Retorno, basé sur des textes de Nietzsche, salué unanimement par la critique. Depuis, elle danse dans de nombreux festivals et spectacles aux côtés de grands musiciens et danseurs : Laura Rozalén, Carmen Linares, Belén Maya, Rafaela Carrasco, Chano Lobato. En 2010, consacrée aux ÉtatsUnis avec Cuando las piedras volan, elle est la plus jeune danseuse à recevoir le Prix national de danse, la plus haute distinction d’Espagne. Depuis 2013, elle est artiste associée au prestigieux Sadler’s Wells Theatre (Londres). Cette année elle est nominée aux Olivier Awards à Londres pour Bosque Ardora. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 61 PAGE 62 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Un Sacre du Printemps Daniel Linehan, Hiatus BELGIQUE Une chorégraphie sur la musique Le Sacre du printemps d’Igor Stravinski (version pour deux pianos). Interprété en live par Jean-Luc Plouvier (ICTUS) et Alain Franco. Création 2015 Chorégraphie : Daniel Linehan / Dramaturgie musicale : Alain Franco Danseurs : Jeanne Colin, András Déri, Alexandra Dolgova, Erik Eriksson, Taha Ghauri, James McGinn, Charles Ngombengombe, Krišjānis Sants, Christoffer Schieche, Hagar Tenenbaum, Roman Van Houtven, Kathryn Vickers, Tiran Willemse (diplômés de P.A.R.T.S. Research Cycle 2014) Musique : Igor Stravinski Piano : Jean-Luc Plouvier (ICTUS) et Alain Franco. BNM 6 – 7 juillet 21h durée 50 min tarifs de 20 € à 10 € / abonnement spectacle B Stylisme : Fédérick Denis / Technicien lumière : Elke Verachtert Technicien son : Alexandre Fostier. Production : Hiatus (Bruxelles, BE) Diffusion internationale : Damien Valette / Diffusion en Belgique : Hiatus Production exécutive : Caravan Production (Bruxelles, BE) Coproduction : L’Opéra de Lille, Campus International des arts (Anvers, BE), Festival de Marseille_danse et arts multiples, en collaboration avec P.A.R.T.S. (Bruxelles, BE). Daniel Linehan / Hiatus est artiste en résidence à l’Opéra de Lille depuis Janvier 2013 et il est subventionné par le gouvernement flamand. L’œuvre de Stravinski est représentée par la maison d’édition musicale Boosey & Hawkes. Le Sacre du chorégraphe américain Daniel Linehan relance les dés de l’histoire et rassemble spectateurs, danseurs et musiciens dans une troublante proximité. Il est des œuvres nouvelles dans lesquelles les formes anciennes se retrouvent selon un processus qui n’est pas celui de la transmission des savoirs, mais celui de la rémanence, des « revenances », des survivances impensées ou inconscientes. De Mary Wigman (1957) à Pina Bausch (1975), de Maurice Béjart (1959) à Sasha Waltz (2013), chaque chorégraphe porte en lui son Sacre du printemps, initialement créé en 1913 pour les Ballets russes par Vaslav Nijinski sur une musique d’Igor Stravinski. L’argument de ce ballet mythique, c’est encore le compositeur qui le résume le mieux : « Des vieux sages, assis en cercle, observent la danse à la mort d’une jeune fille qu’ils sacrifient pour leur rendre propice le dieu du printemps. » Daniel Linehan se penche à son tour sur cette œuvre fondatrice de la danse contemporaine en 2013. Exit le sacrifice. Dans l’interprétation qu’il donne, le récit de l’individu assurant de sa mort la pérennité de la communauté cède la place à un examen minutieux de la structure musicale, qu’il envisage, à l’inverse des motifs fixés il y a plus de cent ans, comme une succession d’élans et de débuts scandés. L’énergie et la puissance de la musique ont pour lui cette capacité de saisir en les rassemblant spectateurs, danseurs et musiciens dans « une troublante proximité ». Le Sacre n’est plus le spectacle d’un rituel tribal et mortel, mais « l’expérience commune, vitale, intériorisée et physique, des formes possibles de commencements et de devenirs ». Prenant l’œuvre à contre-pied, le chorégraphe américain propose ici une version résolument iconoclaste, hautement spéculative et puissamment sensorielle d’une pièce qui hante la mémoire collective. Coproduction Festival de Marseille. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 63 « Lorsque j’écoute la musique, je n’entends pas cette histoire de sacrifice ; je n’entends pas la mort. J’entends la vibration, en un mot la vie. » Daniel Linehan Le Sacre du printemps, la musique Le Sacre du printemps, sous-titré Tableaux de la Russie païenne en deux parties, est un ballet composé par Igor Stravinski et chorégraphié originellement par Vaslav Nijinski pour les Ballets russes de Serge de Diaghilev. Sa création au Théâtre des Champs-Élysées à Paris, le 29 mai 1913, a provoqué un scandale artistique. Dans Le Sacre, Stravinski approfondit les éléments déjà expérimentés avec ses deux premiers ballets, L’Oiseau de feu et Petrouchka, soit le rythme et l’harmonie. L’un est constitué d’un dynamisme sans précédent, alors que l’autre repose en partie sur l’utilisation d’agrégats sonores. On considère aujourd’hui la partition de Stravinski comme une des œuvres les plus importantes du XXe siècle, qui a inspiré de nombreux chorégraphes tels que Maurice Béjart, Pina Bausch, Jean-Claude Gallotta, Angelin Preljocaj, Martha Graham, Uwe Scholz ou Emanuel Gat, qui en donneront leurs propres versions. Dans cette œuvre de rupture, contrairement aux précédents compositeurs russes qui acceptaient les techniques symphoniques allemandes, Stravinski a utilisé des méthodes complètement « antisymphoniques », avec des éléments non développés. Des blocs de contraste séparés sont juxtaposés comme une mosaïque, et les mouvements accumulent des lignes individuelles et des images rythmiques pour générer un crescendo de son et d’activité. Chacune des deux parties commence par une musique lente et calme, puis finit par une explosion. Les rythmes sont soit répétitifs, sur des ostinatos statiques, soit très dynamiques, avec des accents sans cesse déplacés (à tel point que le compositeur lui-même savait jouer la Danse sacrale mais ne savait pas la retranscrire). De plus, bien qu’il ait dit n’en avoir utilisé qu’une seule pour toute l’œuvre (la mélodie d’ouverture du basson, lituanienne), il a transformé une douzaine de mélodies slaves provenant des anciennes festivités pour Le Sacre du printemps. Certaines d’entre elles étaient d’ailleurs éditées par son professeur, Rimsky-Korsakov. Aucune n’est à l’état brut, elles sont toutes transformées. La manière avec laquelle Stravinski a basé sa musique complexe sur de tels matériaux bruts est une manifestation extrême de la tradition nationale de laquelle il est issu. PAGE 64 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Le Sacre du printemps, le ballet De nombreux chorégraphes du XXe siècle, dont le premier a été Nijinski en 1913, ont chorégraphié Le Sacre du printemps. On peut citer : Mary Wigman (1957), Maurice Béjart (1959), Pina Bausch (1975), Paul Taylor (1980), Martha Graham (1984), Mats Ek (1984), Jorge Lefebre (1988), Marie Chouinard (1993), Angelin Preljocaj (2001), Régis Obadia (2003), Doug Varone (2003), Emanuel Gat (2004), Heddy Maalem (2004), Xavier Le Roy (2007), Marguerite Donlon (2008), Ginette Laurin (2011), Jean-Claude Gallotta (2011), Sasha Waltz (2013). Après avoir vu Orphée à Liège et Arcane à Bruxelles, le directeur du Théâtre de la Monnaie Maurice Huisman propose à Maurice Béjart d’ouvrir la nouvelle saison par une œuvre emblématique, Le Sacre du printemps. Béjart, qui vit une situation financière difficile, accepte la commande, et la première a lieu à Bruxelles le 8 décembre 1959, au cours d’une soirée de ballets qui réunit des danseurs venus de tous horizons. Le Sacre de Béjart, temps fort de la soirée, est interprété par Germinal Casado et Tania Bari, qui resteront longtemps ses danseurs fétiches. C’est en 1975 que Pina Bausch a donné sa version du ballet, un an avant de fonder le Tanztheater Wuppertal. Le Sacre, selon elle, oppose danseurs et danseuses sur une scène couverte de tourbe. Les planches deviennent le lieu d’âpres combats qui font s’épuiser les êtres humains jusqu’au moment du sacrifice, selon le rite païen. Dans Le Sacre créé en mai 2001 à Berlin par Angelin Preljocaj, le chorégraphe contemporain est probablement le plus proche d’une technique de ballet classique. La création réunit douze danseurs du Ballet Preljocaj et ceux du Staatsoper de Berlin, sous la direction musicale de Daniel Barenboïm. Emanuel Gat crée une version originale du Sacre en 2004 en proposant une chorégraphie basée sur des pas extrêmement rapides de salsa dansée par deux hommes menant trois femmes dans une ambiance de bacchanales endiablées. Cette chorégraphie du Sacre du printemps a remporté un Bessie Award à New York en 2007. Heddy Maalem compose son Sacre en 2004 pour quatorze danseurs d’Afrique de l’Ouest, en collaboration avec Benoît Dervaux pour la création vidéo. Suivront une tournée internationale, de 2004 à 2011, et une adaptation pour la Sichuan Dance Company de Chine en octobre 2010. Créé en 2011, Le Sacre de Jean-Claude Gallotta est donné pour sa première à la MC2 de Grenoble le 7 octobre 2011. Dans cette version pour douze danseurs il n’y a pas d’« élue », ou du moins pas d’élue unique, glorifiée puis sacrifiée. En effet chaque interprète féminine sera « éligible » tour à tour. La version de Sasha Waltz est créée en 2013 pour le double centenaire du Théâtre des Champs-Élysées, et du Sacre qui y fut créé. En 1987, Robert Joffrey, alors directeur du Joffrey Ballet de Chicago, en collaboration avec la chorégraphe et historienne de la danse américaine Millicent Hodson et l’historien de l’art anglais Kenneth Archer, entreprend des recherches afin de reconstituer Le Sacre dans sa version originale. Nijinski n’ayant pas noté sa chorégraphie, le travail de Hodson et Archer s’appuya sur des dessins, des photographies, des témoignages, la partition annotée de Stravinski, une autre annotée par Marie Rambert, assistante de Nijinski à la création du Sacre en 1913, indiquant certains mouvements, etc. Les droits d’auteur sur cette version du Sacre que les deux historiens perçoivent ensuite font objet d’une vive contestation pendant de nombreuses années de la part de Tamara Nijinski, la fille du célèbre chorégraphe, et de son petit-fils Vaslav Markevitch. Un accord entre les deux parties a semblé être trouvé en 2013 seulement, quand Tamara Nijinski a assisté au célèbre ballet pour la première fois au Théâtre des Champs-Élysées, pour la commémoration du centenaire de sa création par les Ballets russes de Diaghilev, alors qu’elle avait toujours refusé de s’y rendre auparavant pour ne pas cautionner « une spoliation ». FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 65 BIOGRAPHIES Daniel Linehan Jean-Luc Plouvier (Ictus) Daniel Linehan travaille comme danseur et chorégraphe à New York, avant de s’installer à Bruxelles en 2008, où il suit le cycle de recherche à P.A.R.T.S (Performing Arts Research and Training Studios – l’école d’Anne Teresa De Keersmaeker). Jean-Luc Plouvier est né en 1963. Après des études de piano et musique de chambre au Conservatoire de Mons, il se consacre presque essentiellement à la musique des XXème et XXIème siècles. En qualité de soliste, il a créé des œuvres de Thierry De Mey, de Brice Pauset et de Philippe Boesmans. Comme chambriste, il a travaillé avec le Bureau des Pianistes, en duo avec Jean-Luc Fafchamps, et aujourd’hui avec le Quatuor Ictus et l’Ensemble Ictus, dont il est aussi le coordinateur artistique. Jean-Luc Plouvier fait partie de l’équipe de la Cinémathèque de Belgique, où il accompagne des films muets. Il a donné quelques années le cours de « musique et culture » pour le module de formation à la musicothérapie de l’Institut Marie-Haps. Il a écrit des musiques de scène pour les chorégraphes Anne Teresa De Keersmaeker, Nicole Mossoux, Iztok Kovač et Johanne Saunier. En tant qu’interprète, Daniel Linehan travaille, entre autres, avec Miguel Gutierrez et Big Art Group. En 20072008, il est aussi artiste en résidence au Movement Research. Dans son propre travail chorégraphique, Daniel Linehan cherche à obscurcir en douceur la frontière qui sépare la danse de tout le reste. Il aborde la création du point de vue de l’amateur curieux, en testant les nombreuses interactions entre la danse et les formes de non-danse, à la recherche d’improbables conjonctions, juxtapositions et parallèles entre les textes, mouvements, images, chansons, vidéos et rythmes. À New York, il crée, avec une équipe de quatre danseurs, des performances basées sur le texte et la danse. Il collabore également avec Michael Helland sur de nombreux projets en duo. En 2007, il crée le solo Not About Everything, qui, depuis sa première, a été joué dans plus de cinquante théâtres du monde entier. Ses projets les plus récents sont Montage for Three (2009), Being Together Without any Voice (2010), Zombie Aporia (2011), ainsi que Gaze is a Gap is a Ghost (2012). En 2013, il a publié le livre A No Can Make Space, en collaboration avec le graphiste anversois Gerard Leysen. The Karaoke Dialogues est sa première création pour le plateau de l’Opéra de Lille, où il est en résidence depuis janvier 2013. Il est également artiste associé 2012-2014 à deSingel Internationale Kunstcampus (Anvers) et New Wave Associate 2012-2014 à Sadler’s Wells (Londres). Alain Franco Alain Franco, né à Anvers, il vit à Bruxelles et Berlin. Il a suivi une formation musicale, instrumentale et théorique dans les différents conservatoires Royaux de Belgique et est également titulaire d’un DEA Ircam – E.H.E.S.S (Musique et Musicologie du XXe siècle) à Paris. Son intérêt pour la modernité l’a conduit dans un premier temps à privilégier le répertoire du 20e siècle et les créations contemporaines (principalement en tant que chef d’orchestre et d’ensemble), et dans un second temps, à entamer une réflexion de fond sur la représentation scénique dans son ensemble. C’est dans cette optique qu’il travaille depuis plusieurs années à la fois comme musicien et comme dramaturge musical : citons parmi les collaborations récentes Kattrin Deufert, Thomas Plischke, Anne-Teresa de Keersmaeker, Meg Stuart, Isabelle Schad, Romeo Castellucci, Benjamin Vandewalle, Etienne Guilloteau, Loïc Touzé, Emmanuelle Huynh, Raimund Hoghe, Arkadi Zaides,Daniel Linehan. A partir de 2014, il lance une série de conférences performatives « Nachgespielt » à la Volksbühne de Berlin, joue l’intégrale du « Wohltemperiertes Klavier » de Bach au Festival de Sydney, et lance le projet « Das Neue Epische Theater » au théâtre Hebbel am Ufer de Berlin. Il enseigne également au Peforming Arts, Research and Training Studios (Bruxelles) et au Hochschulübergreifendes Zentrum Tanz (Berlin). PAGE 66 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Performing Arts Research and Training Studios, P.A.R.T.S. Les Performing Arts Research and Training Studios, P.A.R.T.S. ont ouvert leurs portes en septembre 1995, à l’initiative de la compagnie de danse Rosas et de la Monnaie, l’opéra national belge. Le programme d’études artistique et pédagogique a été élaboré par Anne Teresa De Keersmaeker, qui assure la direction de l’école. P.A.R.T.S. est une formation en danse contemporaine. Elle propose un entraînement technique poussé aux danseurs et chorégraphes, et les assiste dans leur épanouissement en tant qu’artistes créateurs autonomes. Mais la danse n’est pas une discipline artistique isolée ; elle entretient un dialogue permanent avec les autres arts de la scène, la musique et le théâtre. Par conséquent, ces deux disciplines occupent une large place dans le programme d’études. P.A.R.T.S. oriente en effet son travail vers le moment de la représentation, le moment où l’artiste entre en dialogue avec le public – car le danseur est un interprète, mais un interprète qui réfléchit. L’école veut attirer de fortes personnalités, fonctionnant également bien en groupe. P.A.R.T.S. est avant tout un projet artistique : son programme d’études est fondé sur la pratique artistique multiforme d’Anne Teresa De Keersmaeker et d’autres chorégraphes. Mais P.A.R.T.S. est aussi un laboratoire où se prépare l’avenir. Si être artiste ne s’apprend pas, le programme proposé est considéré par les étudiants comme un défi qui leur est lancé, qui les encourage à se forger leurs propres idées et qui constitue un fondement productif pour leur pratique artistique future. Bref, P.A.R.T.S. se veut un lieu propice à l’éclosion de la condition d’artiste critique et créative. P.A.R.T.S. est une formation résolument internationale. Les quelque cinquante artistes et professeurs du corps enseignant sont majoritairement originaires de Belgique, d’autres pays d’Europe et des États-Unis, mais certains d’entre eux viennent d’autres continents. Quant aux étudiants, ils représentent chaque année plus de vingt pays du monde entier. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 67 PAGE 68 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Nómada Cía Manuel Liñán ESPAGNE Première en France Création 2014 Direction et chorégraphie : Manuel Liñán Musique : Víctor Márquez « Tomate » et Fran Vinuesa Danse : Anabel Moreno, Agueda Saavedra, Isabel Rodríguez, Adrián Santana, Jonatan Miró, Manuel Liñán Chant : Miguel Ortega, Miguel Lavi, David Carpio Guitare : Víctor Márquez « Tomate », Fran Vinuesa. Théâtre Silvain 8 juillet 21h durée 1 heure 15 tarifs de 20 € à 10 € / abonnement spectacle B Conception costumes : Yaiza Pinillos / Conception lumière : Olga García Son : Kike Cabañas. Coordination et production : Ana Carrasco / Diffusion : Mister Dante. Avec le soutien de la Communidad de Madrid, de l’INAEM – Instituto Nacional de las Artes Escénicas y de la Música, de la Junta de Andalucía, Consejería de Educación, Cultura y Deporte. Gestes hypnotiques, mouvements gracieux, accents tranchants comme le diamant noir : la danse de Manuel Liñán, passeur de mille émotions, explore l’esprit voyageur de son art millénaire dans une pièce magistrale et éperdument flamenca. Perméable aux bruits du monde, le flamenco contemporain explore des rivages encore inconnus de la danse, de la musique et du chant, les trois piliers de cette tradition collective, de cet art millénaire, qui s’est construit des avenirs multiples en traversant l’Europe des cultures et des peuples. Nómada a été conçue comme un voyage « en dehors et à l’intérieur de soi » parcourant l’intimité et la pluralité des passions qui sont la richesse du style de Manuel Liñán. Saluée par de nombreux prix, la danse de ce jeune chorégraphe andalou né à Grenade en 1980, formé entre autres par Mario Maya et Manolete, a longtemps déconstruit les archétypes du flamenco pour mieux les faire ressurgir dans de véritables irruptions telluriques, instinctives et profondes. Pour lui, la tradition, qu’il approche « par décalages brechtiens » à distance respectueuse, est facteur de progrès. Dans cette toute dernière création, il explore cette fois l’esprit nomade de son art et compose avec ses complices – cinq danseurs, trois chanteurs et deux guitaristes – « une ode à la migration créative ». Caña, soleá de Triana, seguiriya, tanguillo, zapateado, rondeña, verdial, fandango de Huelva, alegría de Córdoba, taranto, taranta, granaina, bulería : tout ici rappelle que le flamenco est à la fois indien, flamand, gitan, ou encore andalou. Façonné « par les peines et les joies, les nostalgies et la révolte de millions de bouches closes à jamais », il a dû emprunter des chemins tortueux pour arriver jusqu’à nous aussi vivant et rageur. Tout confirme que Manuel Liñán, avec ses gestes hypnotiques, ses mouvements gracieux et ses accents tranchants comme le diamant noir, est devenu l’un des maîtres du flamenco contemporain. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 69 La danse flamenca D’Alexandra Arnaud-Bestieu et Gilles Arnaud. L’Harmattan, 2014, extraits. Entends-tu la note soutenue, le son qui initie et invite à l’écoute ? Éclaircissements de la voix et invocation de l’harmonie. Est-ce Zyriab qui traverse le temps ou Miguel qui se manifeste ? L’Andalousie est un territoire historique, et cela dans toute la profusion de sens que ce qualificatif peut signifier : lieu de vie et d’investigation, il s’offre et se retire, reste dans l’ombre d’un soleil brûlant. Il est des régions du monde qui cristallisent les problématiques sans vouloir les épuiser, sans s’en laisser conter, et continuant à faire montre de beauté. Andalousie, le mot est efflorescence, peutêtre avant toute chose. Ne serait-ce que tenter de penser la terre andalouse, et l’évocation s’immisce à notre insu. Le matériel et l’immatériel se révèlent être consubstantiels, la richesse est partout présente. Un art vivant dont la nature repose sur l’évanescence porte, au même titre qu’un monument, les stigmates du temps. Une pesanteur est transmise : l’essentiel est devant nous, avec ces vies et ces fantômes qui s’invitent et partagent les formes du mouvement. La danse est lieu d’agrégations, lumières et scories se combattent, et non en vain. ***** Avant toute autre considération, nous nous devons de rappeler que le flamenco est un genre musical à part entière, au même titre que le jazz. Il possède des structures et des codes qui lui sont propres. Il ne s’agit pas de répéter des motifs définissant un style, mais bien d’un ensemble avec une cohérence dont l’appréhension intellectuelle est du domaine de l’érudition, de l’analyse. Si l’on y ajoute la danse et son interface scénique, le flamenco constitue un art du spectacle, un art vivant, un univers culturel qui n’a eu de cesse de se nourrir de ce qui lui est non seulement proche, mais aussi lointain. Cet art, fondamentalement populaire, semble s’imposer de nos jours sur la scène internationale – selon une exposition bien différente de celle d’un passé récent. Le flamenco contemporain est devenu incontournable, émergence d’un mouvement de fond, d’une indéniable mutation. Nous assistons à un épanchement capable de transcender les malentendus parfois synonymes de repli sur soi. Depuis trop longtemps, une certaine culture de la feria véhicule une image déformée des plus mensongères. Un art se voit réduit et assimilé à un imaginaire kitsch de carte postale de bien mauvais aloi, où le populaire verse dans le grotesque et oublie sa noblesse. Le flamenco continue de résister à ces attaques « esthétiques », pour continuer sa route, comme toute forme artistique, et créer son chemin, creuset d’une élite. […] Le flamenco contemporain est déjà là, il se manifeste et montre du doigt le passé et les possibilités de création que peut offrir une avant-garde. Et les frontières se font évanescentes. L’identité n’est déjà plus ce que l’on croit. PAGE 70 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples BIOGRAPHIE Manuel Liñán Manuel Liñán est né à Grenade en 1980. Il a été formé par Mario Maya et Manolete, et a développé son art dans de nombreux festivals et tablaos. Distingué par de nombreux concours, il a travaillé avec Merche Esmeralda, Manolete, Cristóbal Reyes et Rafaela Carrasco, et depuis une dizaine d’années avec Marco Flores et Olga Pericet. Loué par la presse spécialisée, invité à enseigner par le Ballet national d’Espagne, ce fabuleux danseur affole les scènes et les aficionados. S’appuyant sur une technique solide, un instinct sûr et profond, Manuel Liñán propose une danse fine et aérienne. Résolument contemporaines, ses chorégraphies font toujours référence aux traditions flamencas. What the Body Does Not Remember Wim Vandekeybus Ultima Vez BELGIQUE Création 1987 Mise en scène, chorégraphie, scénographie : Wim Vandekeybus Interprété par : Jorge Jauregui Allue, Germán Jauregui Allue, Pavel Mašek, Guilhem Chatir, Eddie Oroyan, Aymara Parola, Revé Terborg, Claire Lamothe, Léa Dubois. La Criée, Théâtre national de Marseille 9 juillet 21h durée 1 heure 20 tarifs de 20 € à 10 € / abonnement spectacle B Musique originale : Thierry De Mey & Peter Vermeersch Directeur des répétitions : Eduardo Torroja / Costumes : Isabelle Lhoas assistée de Frédérick Denis / Coordination technique : Davy Deschepper Création lumière : Francis Gahide / Régie lumière : Krispijn Schuyesmans Régie son : Antoine Delagoutte. Production : Ultima Vez / Coproduction : KVS / Avec le soutien de : Charleroi Danses, Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles Coproducteurs : du spectacle original Centro di Produzione Inteatro Polverigi, Festival de Saint-Denis, Festival d’été de Seine-Maritime, Toneelschuur Producties Haarlem / Remerciements : Louise De Neef, Benjamin Dandoy. Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation. 9 juillet Le chorégraphe belge remonte sa toute première pièce : ce cri primal, dialogue inouï entre la danse et la musique, est l’occasion de retrouver les mondes d’avant le monde de Wim Vandekeybus, ses rêveries sauvages, les corps électriques et sensuels de sa tribu. Culte. Dans les années 1980, on ne parle plus que de cette « belgian wave », aussi spectaculaire que flamboyante, qui redéfinit l’idée même de danse contemporaine : elle se frotte à la comédie sociale, repense le rapport à la musique et aux sciences, développe de nouvelles puissances physiques, explose la frontière qui la sépare encore des arts visuels et fait le choix, dans un pays divisé linguistiquement, de l’énergie contre la langue… Quand Wim Vandekeybus surgit, en 1987, il provoque une nouvelle déflagration. Deux ans seulement après son premier engagement chez Jan Fabre, ce passionné de la relation corps-esprit fonde sa compagnie, Ultima Vez, et présente sa première création, What the Body Does Not Remember. Public, professionnels et critiques sont sous le choc : ils découvrent une nouvelle tribu dont la physicalité explosive joue avec leur persistance rétinienne et auditive. Dans ce dialogue inouï entre la danse et la musique de Thierry De Mey et Peter Vermeersch, le chorégraphe projette littéralement les corps hors d’eux-mêmes, provoque des rencontres inédites, pousse à l’extrême leur sensualité et les force à réagir à « l’intensité de ces moments où on n’a pas le choix, comme la seconde juste avant un accident inévitable ». Un cri primal qui répond à une urgence primordiale pour ce jeune chorégraphe qui dit alors imaginer « que la scène se balance sur une pointe et [qu’il doit] la tenir en équilibre ». FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 71 « Mon tempérament me pousse toujours en direction des extrêmes » - Wim Vandekeybus Par Jozefien Van Beek (demorgen.be) Non-contrôle Le premier amour de Wim Vandekeybus est la photographie. Il a donc longuement hésité pour définir sa vraie première œuvre. Était-ce une photo ou ses débuts sur scène ? Il a opté pour What the Body Does Not Remember. Le jeune homme sans formation de théâtre ni de danse donne avec What the Body Does Not Remember une interaction crue entre des gens sur scène : un performeur lance une pierre en l’air et reste en dessous jusqu’à ce que quelqu’un le pousse, des hommes fouillent des femmes d’une main pas tendre, une femme Les images que Wim Vandekeybus a faites pendant son adoles- s’exerce à un petit jeu de pouvoir sur deux hommes. cence portent déjà en elles tous les thèmes qu’il explorera plus tard dans ses spectacles. « Je faisais des photos dans notre « Pour moi, il s’agissait d’une expérience. Je voulais faire un specjardin. Je lançais des pierres en l’air et je marchais entre elles. tacle qui toucherait les gens, mais je ne savais pas à l’avance Mon frère devait appuyer sur le déclencheur. Je m’intéressais à quoi ressemblerait précisément mon produit fini. Par contre, déjà aux catastrophes. » je savais très bien ce que je ne voulais pas. À mon sens, les mouvements devaient revenir à une nécessité au lieu d’être La fascination de Vandekeybus pour la fatalité s’exprime dans le purement esthétiques. La danse parle très fort du contrôle du nom de sa compagnie : Ultima Vez, « la dernière fois » en espagnol. corps bien sûr, alors que ce qui m’intéressait, c’est justement le Ses débuts, What the Body Does Not Remember, ont choqué non-contrôle. Mon tempérament me pousse toujours en direction tout le monde de la danse en 1987. Et lors d’un festival au Brésil, de l’intense, de l’extrême. J’ai commencé à faire des recherches un technicien s’est même vu refuser l’entrée : « Il ne pouvait pas sur les réflexes corporels. Comment fonctionnent les instincts entrer parce qu’il avait un tatouage et qu’il portait un petit marcel. avant le moment où l’homme rationalise ? » Le public était en smoking. » En guise de préparation, un petit garçon hyperkinétique de cinq Lorsque Vandekeybus fait ses débuts, on peut dire qu’il a peu ans est venu loger pendant trois semaines chez Vandekeybus. d’expérience dans les arts de la scène. « J’ai étudié la psychologie, « Je l’ai étudié et je lui faisais faire certaines choses, raconter des mais en fait, je m’intéressais surtout au théâtre. » J’ai vu C’est du idées et écrire des textes. Nous allions au musée par exemple, théâtre comme c’était à espérer et à prévoir de Jan Fabre et cela et il se roulait par terre pour voir comment les gens allaient réagir. m’a bouleversé. C’était fantastique. On pouvait entrer et sortir Nous avions un accord : nous discutions ensemble, mais nous ne pour aller aux toilettes, mais je suis resté assis, du début à la fin, parlions jamais avec d’autres gens. C’était une période d’étude pendant huit heures. Je me disais : si ça, c’est possible sur scène, très importante pour moi parce que ce petit garçon était la source alors le théâtre est vraiment très intéressant. » de purs instincts. Très impulsif. Inspirant. Un gamin fantastique. » « Puis il y a eu des auditions pour un nouveau spectacle. Je n’étais pas un danseur, mais Jan m’a choisi pour le rôle de l’Empereur Nu. Et quelques mois après cette tournée, il y a eu la première de What the Body. Tout est allé très vite. » « Pour le spectacle, nous travaillions sur la recherche de contact auprès de gens qui vivent dans une métropole, qui vont travailler le matin, rentrent le soir et constatent qu’ils n’ont touché personne pendant la journée. Le tango est une réponse à cela. Cette danse est en réalité un cri : touchez-moi ! Toute femme qui veut être touchée va danser le tango. » « Je voulais faire une scène sur ce thème, et le pousser très loin. C’est ainsi qu’est née l’idée de la fouille. Pour cette scène, nous avons réinventé le tango. J’étais fasciné par l’attraction et la répulsion des corps, par la passion, la séduction, tous des éléments du tango. Mais j’avais une distribution de non-danseurs, donc je savais : si on se met à danser le tango, dans dix ans les Argentins se moqueront encore de nous. J’ai donc décidé d’inventer un truc à nous, qui nous permettrait de balayer les Argentins. Et nous avons réussi. Des hommes qui fouillaient des femmes, encore et encore, jusqu’à ce que la femme entame la séduction. Cette scène résiste à tout. Époustouflant, tout simplement. » PAGE 72 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples On a presque fini en prison Il y a vingt-six ans, c’était la première mondiale de What the Body Does Not Remember à Haarlem. Le spectacle a eu l’effet d’une bombe. « Quelqu’un de la célèbre maison new-yorkaise des arts The Kitchen est venu voir et a trouvé ça fantastique. Deux mois plus tard, nous jouions à New York, mais nous devions tout payer de notre poche. Avec mon manager de l’époque, Louise De Neef, nous avons été à la banque. Nous avons tous deux contracté un emprunt pour pouvoir aller jouer le spectacle aux États-Unis. Et deux ans plus tard, nous étions incapables de rembourser cet emprunt. On a presque fini en prison. [Il rit] Pendant les six jours où nous étions à New York, nous avons joué cinq fois. Nous dormions ensemble dans un loft, avec les techniciens. Très intense, tout ça. Mais bon, ça en valait la peine. Après la première représentation dans The Kitchen, nous avons entendu crier quelqu’un. C’était Iggy Pop, qui faisait partie du conseil d’administration de The Kitchen, et qui trouvait le spectacle génial. Il est venu nous le dire. » « Peu après, nous avons remporté le Bessie Award. Nouvelle invitation à New York et nouvel emprunt. Nous y avons laissé des plumes. Mais nous avions le Bessie Award. » « Les premières œuvres sont toujours très chouettes parce qu’il y a une sorte d’ignorance. On manque d’expérience et on ne sait pas où on va tomber, mais juste avant, on invente un truc nouveau. Pour être libre, il faut se fixer des limites. Dans une première œuvre, il faut faire beaucoup de choix, des choix difficiles. Il faut avoir une seule idée et s’y accrocher, parce que si l’on veut montrer les cent mille idées qu’on a, on échoue. J’avais assez d’idées pour remplir des livres. Je les lisais à mes danseurs, et après deux jours, ils faisaient leurs valises. Ils disaient : « Si tu ne choisis pas et n’élabores pas une seule idée centrale, on met les voiles. » Et ils avaient raison. » « L’intensité de ces moments où on n’a pas le choix, où les décisions sont prises à notre place, comme le coup de foudre, ou la seconde juste avant l’accident qui était inévitable ; ils surgissent soudain, comme ça, et pour moi, ils sont importants à cause de leur caractère extrême bien plus que du sens qu’on peut leur donner. La décision d’utiliser cela comme matériau de base pour un spectacle de théâtre est pour le moins un défi paradoxal, car un spectacle de théâtre est considéré comme susceptible de se répéter. Mais quand tout est dit et fait, le corps ne se souvient peut-être de rien et tout est une illusion subtile du manque, ce qui aide à jalonner le jeu ou à l’épuiser. » Wim Vandekeybus La première œuvre de Vandekeybus n’était pas seulement déterminante pour sa carrière, elle l’était aussi pour sa vie personnelle : « Avec ma partenaire dans la scène de la fouille, Charo Calvo, j’ai eu un fils par la suite. Ce spectacle m’a permis d’être avec quelqu’un que je n’aurais jamais rencontré autrement. Et j’en suis toujours heureux. » Si vous avez manqué What the Body Does Not Remember en 1987, vous avez maintenant la chance de voir ce morceau d’anthologie de la danse. Wim Vandekeybus reprend sa première œuvre avec une nouvelle distribution. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 73 BIOGRAPHIES Wim Vandekeybus Le chorégraphe et cinéaste Wim Vandekeybus aime introduire les nouvelles formes et les nouveaux médias dans ses créations. Il dit rudoyer ses obsessions en leur imposant chaque fois des règles nouvelles. Il ne choisit jamais la facilité, préférant la difficulté pour pouvoir ensuite en profiter et dire que cela en valait la peine. Raison pour laquelle il aime toujours créer des spectacles : « Parfois, le début du processus me rebute. De nouveau le stress et les nuits blanches parce que cinq idées se bousculent dans ma tête, mais ensuite, c’est l’univers de la production qui se déploie et tout redevient instantanément passionnant et amusant. » Wim Vandekeybus est né à Herenthout le 30 juin 1963. Son père est vétérinaire. Après l’enseignement secondaire, le jeune homme part à Louvain pour y étudier la psychologie. Il nourrit une passion sans bornes pour la relation entre le corps et l’esprit, passion qui a toujours un rôle dans ses chorégraphies. Il cède cependant devant le degré trop objectif et scientifique de ces études et ne les termine pas. En 1985, il s’engage dans une voie toute nouvelle. Il passe une audition pour Jan Fabre et se voit attribuer un rôle dans The Power of Theatrical Madness. Deux ans plus tard, il fonde Ultima Vez : « Après Fabre, j’ai voulu créer mon propre spectacle, mais personne ne m’en croyait capable. C’était une période très difficile et solitaire. » Son premier spectacle, What the Body Does Not Remember, a valu à l’artiste un Bessie Award récompensant une œuvre novatrice. Une trentaine d’années et toute une série d’œuvres filmées et de vidéos plus tard, Wim Vandekeybus poursuit sa quête de la nouveauté et de l’innovation : « Pour moi, la forme doit être chaque fois différente, dit-il, c’est pour ça qu’une fois, je crée un spectacle très musical comme NieuwZwart, que la fois d’après je place un seul homme face à un film, comme dans Monkey Sandwich, que je fais un spectacle pour des jeunes dont je me tiens à l’écart (Radical Wrong), que je mets en scène une pièce mythologique classique (Œdipus/Bêt noir) ou que je monte un spectacleanalyse où la photographie joue un rôle majeur (Booty Looting). » Et de conclure : « Je veux pousser l’innovation si loin que, dans dix ans, j’aurai inventé un nouveau medium. » Cette multiplicité de médias est possible, pour une part, grâce à la collaboration avec des équipes changeantes de danseurs, d’artistes de cirque, d’acteurs, de musiciens et d’autres artistes issus des disciplines les plus diverses. Et tout logiquement, la musique, le son, sont devenus le fil conducteur de son œuvre. Peter Vermeersch, Thierry De Mey, David Byrne, Marc Ribot, Eavesdropper, David Eugene Edwards, Daan, Arno, Mauro Pawlowski, Roland Van Campenhout et Elko Blijweert ont écrit la musique de ses spectacles. En règle générale, les compositions sont écrites pendant le processus de répétition : spectacle et musique évoluent ensemble. Mais la photographie et le texte ont des rôles tout aussi importants. Dans Booty Looting, Danny Willems a fait des photos : l’œil rivé à l’objectif, il arpentait la scène parmi les performeurs et projetait ses photos en direct. On a pu voir les acteurs Jerry Killick et Birgit Walter dans plus d’un spectacle d’Ultima Vez. L’auteur Peter Verhelst a signé des textes à quatre reprises (Scratching the Inner Fields, Blush, Sonic Boom, NieuwZwart), et Vandekeybus s’est attaqué pas moins de trois fois à l’adaptation d’Œdipe de Jan Decorte, pour Bêt noir, avant d’en avoir fini avec ce texte. Un spectacle de Wim Vandekeybus porte toujours l’empreinte évidente de Wim Vandekeybus. Indissociable d’une scène débordante d’une énergie énorme et de dynamisme. La multidisciplinarité sans cesse grandissante et changeante ainsi que le refus de penser en catégories sont aussi des facteurs déterminants de son langage théâtral. Ultima Vez Ultima Vez a été fondée en 1986 en tant que société et compagnie de danse du chorégraphe, metteur en scène et cinéaste Wim Vandekeybus. Depuis sa fondation, Ultima Vez a beaucoup développé ses activités en tant que compagnie internationale de danse contemporaine avec une base forte à Bruxelles et en Flandre. Le chorégraphe et cinéaste Wim Vandekeybus aime introduire la nouveauté dans ses créations et s’intéresse aux nouvelles formes et aux nouveaux médias. PAGE 74 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Speak low if you speak love… Wim Vandekeybus Ultima Vez BELGIQUE Première en France Création 2015 Première mondiale : juillet 2015, Mons – Belgique Mise en scène, chorégraphie, scénographie : Wim Vandekeybus Créé avec & interprété par Jamil Attar, Livia Balazova, Chloé Beillevaire, David Ledger, Tomislav English, Nuhacet Guerra Segura, Sandra Geco Mercky, Maria Kolegova. Le Silo 11 juillet 21h durée 1 heure 45 tarifs de 31 € à 10 € abonnement spectacle A Musique originale (live) : Mauro Pawlowski, Elko Blijweert, Jeroen Stevens, Tutu Puoane / Assistante artistique & dramaturge : Greet Van Poeck Assistants mouvement : Iñaki Azpillaga, Máté Mészáros Costumes : Isabelle Lhoas assistée de Isabelle De Cannière Création lumière : Davy Deschepper, Wim Vandekeybus Création son : Bram Moriau / Coordination technique : Davy Deschepper. Production : Ultima Vez (Bruxelles, BE) / Coproduction : KVS (Bruxelles, BE), Le Manège Mons Centre Dramatique (Mons, BE), Festival de Marseille_danse et arts multiples (Marseille, FR). Avec l’appui de : deSingel internationale Kunstcampus (Anvers, BE) / Ultima Vez reçoit l’appui des Autorités flamandes et de la Commission communautaire flamande de la Région de Bruxelles-Capitale. Insaisissable et fantasque, l’amour inspire la poésie. Wim Vandekeybus le convoque ici dans une pièce envoûtante, où se rencontrent musique rock, danse contemporaine et néoclassique. « Si la musique est la pâture de l’amour / Jouez encore, donnez-m’en jusqu’à l’excès / En sorte que ma faim gavée languisse et meure. » C’est sous l’égide de William Shakespeare qu’est placée la toute nouvelle création de Wim Vandekeybus, Parlez bas, si vous parlez d’amour, présentée pour la première fois en France lors de cette édition anniversaire du Festival de Marseille. De ce sombre émerveillement baroque, le chorégraphe extrait le suc d’un nouveau drame musical et chorégraphique, celui d’une puissance sensuelle qui déborde les esprits. Imaginée pour neuf danseurs classiques et contemporains, sur des compositions originales de Mauro Pawlowski, interprétées en live, la pièce est à l’image des bouleversements qui l’inspirent : à la fois sensuelle, menaçante, impérieuse, rêveuse et entraînante. Un mélange traduisant la multiplicité des mondes qui envoûtent l’œuvre de cet artiste protéiforme toujours à la recherche d’un lieu qui serait propre au désir. Car depuis What the Body Does Not Remember, Wim Vandekeybus a fait de l’amour, de l’incompréhension face à ses mécanismes complexes, à la fois chimiques et existentiels, un des facteurs aggravants de la propulsion du mouvement. Maudite dans son premier opus, sa puissance animale poussait les danseurs à littéralement fouiller leurs corps instinctifs. Si presque trente ans ont passé, le sentiment, ici sublimé, demeure toujours pour lui « le plus insaisissable et le plus fantasque de tous les états intérieurs ». Coproduction Festival de Marseille. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 75 Wim Vandekeybus : chorégraphe et danseur intuitif Propos recueillis par Sabine Beaucamp Sources : www.agirparlaculture.be Chorégraphe et danseur flamand natif de Herenthout, Wim Vandekeybus a débuté en 1987 dans les spectacles de Jan Fabre et Thierry De Mey. Il a ensuite suivi son propre chemin dans le monde de la danse, du théâtre et du cinéma. Aujourd’hui, il a créé plus de vingt-huit productions qu’il a jouées sur la scène internationale. Wim Vandekeybus travaille l’esprit et le corps. Il oscille dans un univers viscéral, instinctif et irrationnel. Il est d’une sauvagerie physique étonnante, indomptable. Rencontre avec l’artiste. Votre biographie mentionne que vous avez entamé des études de psychologie. La psychologie, le corps et l’esprit sont-ils le fil conducteur de vos spectacles ? Je ne pense pas vraiment. J’ai fait deux ans d’études en psychologie, puis j’ai décidé d’arrêter, car je n’aimais plus et n’assumais plus ce choix. Quelque part, dans mes spectacles, je dirais que je fais un peu de psychologie sociale en ce sens que j’agis sur le mental du danseur de manière intuitive, je lui laisse ensuite sa propre création, sa propre évolution sur scène. Je ne suis pas quelqu’un de théorique, pas un intellectuel. Je vis de mon intuition et la fais partager aux danseurs. Je ne suis pas dirigiste. Vous êtes chorégraphe, danseur, cinéaste et même photographe. Ces multiples disciplines se retrouvent-elles dans vos spectacles ? Le mélange des disciplines est une technique que j’apprécie. Ce que j’aime, c’est travailler la performance ; je suis très physique, spontané. L’être humain est fait pour être un performeur. J’essaie de bien mener la technique pour faire apparaître une certaine qualité de danse. Comme je dis toujours : on ne mange pas la fourchette, on mange ce que la fourchette prend ! Je construis au fur et à mesure mon spectacle avec les danseurs, j’endosse simplement le rôle de guide. Le public doit comprendre pourquoi on bouge et de quelle manière. C’est là mon souci premier. Un bon créateur pour moi doit tuer le père ! Quelles sont les principales qualités que vous recherchez chez vos danseurs ? Chaque danseur est unique, il doit être éclectique. Je recherche surtout la qualité du mouvement, une présence, une certaine fragilité, une complémentarité au groupe formé, un défaut peut s’avérer une véritable qualité. Pour mes spectacles, j’auditionne environ 700 personnes. Je reconnais très vite celles qui apportent Vous avez créé votre compagnie de danse contemporaine, ce petit plus dont j’ai besoin. Il n’y a pas un profil spécifique, encore Ultima Vez. Avez-vous pensé à fonder votre propre école de une fois je privilégie l’intuition avant tout ! danse, à l’instar d’Anne Teresa De Keersmaeker par exemple ? J’ai effectivement fondé en 1986, une compagnie de danse, mais ça s’arrête là. Non, je n’ai jamais songé à créer une école de danse, simplement parce que je n’en vois pas l’utilité. Mes danseurs ont toujours suivi beaucoup de cours de danse, ils viennent d’un peu tous les coins du monde. Je dirais que ma compagnie de danse contemporaine s’appuie sur des échanges et des techniques. Il s’agit là véritablement d’une école du voyage, nomade ; on goûte aux plaisirs d’échanger les techniques. Je participe à quatre ou cinq workshops partout dans le monde, c’est là que je découvre toujours intuitivement mes danseurs. Je les forme par la suite, le travail s’effectue d’un commun accord. BIOGRAPHIES Wim Vandekeybus Le chorégraphe et cinéaste Wim Vandekeybus aime introduire les nouvelles formes et les nouveaux médias dans ses créations. Il dit rudoyer ses obsessions en leur imposant chaque fois des règles nouvelles. Il ne choisit jamais la facilité, préférant la difficulté pour pouvoir ensuite en profiter et dire que cela en valait la peine. Raison pour laquelle il aime toujours créer des spectacles : « Parfois, le début du processus me rebute. De nouveau le stress et les nuits blanches parce que cinq idées se bousculent dans ma tête, mais ensuite, c’est l’univers de la production qui se déploie et tout redevient instantanément passionnant et amusant. » Wim Vandekeybus est né à Herenthout le 30 juin 1963. Son père est vétérinaire. Après l’enseignement secondaire, le jeune homme part à Louvain pour y étudier la psychologie. Il nourrit une passion sans bornes pour la relation entre le corps et l’esprit, passion qui a toujours un PAGE 76 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples rôle dans ses chorégraphies. Il cède cependant devant le degré trop objectif et scientifique de ces études et ne les termine pas. En 1985, il s’engage dans une voie toute nouvelle. Il passe une audition pour Jan Fabre et se voit attribuer un rôle dans The Power of Theatrical Madness. Deux ans plus tard, il fonde Ultima Vez : « Après Fabre, j’ai voulu créer mon propre spectacle, mais personne ne m’en croyait capable. C’était une période très difficile et solitaire. » Son premier spectacle, What the Body Does Not Remember, a valu à l’artiste un Bessie Award récompensant une œuvre novatrice. Une trentaine d’années et toute une série d’œuvres filmées et de vidéos plus tard, Wim Vandekeybus poursuit sa quête de la nouveauté et de l’innovation : « Pour moi, la forme doit être chaque fois différente, dit-il, c’est pour ça qu’une fois, je crée un spectacle très musical comme NieuwZwart, que la fois d’après je place un seul homme face à un film, comme dans Monkey Sandwich, que je fais un spectacle pour des jeunes dont je me tiens à l’écart (Radical Wrong), que je mets en scène une pièce mythologique classique (Œdipus/Bêt noir) ou que je monte un spectacleanalyse où la photographie joue un rôle majeur (Booty Looting). » Et de conclure : « Je veux pousser l’innovation si loin que, dans dix ans, j’aurai inventé un nouveau medium. » Cette multiplicité de médias est possible, pour une part, grâce à la collaboration avec des équipes changeantes de danseurs, d’artistes de cirque, d’acteurs, de musiciens et d’autres artistes issus des disciplines les plus diverses. Et tout logiquement, la musique, le son, sont devenus le fil conducteur de son œuvre. Peter Vermeersch, Thierry De Mey, David Byrne, Marc Ribot, Eavesdropper, David Eugene Edwards, Daan, Arno, Mauro Pawlowski, Roland Van Campenhout et Elko Blijweert ont écrit la musique de ses spectacles. En règle générale, les compositions sont écrites pendant le processus de répétition : spectacle et musique évoluent ensemble. Mais la photographie et le texte ont des rôles tout aussi importants. Dans Booty Looting, Danny Willems a fait des photos : l’œil rivé à l’objectif, il arpentait la scène parmi les performeurs et projetait ses photos en direct. On a pu voir les acteurs Jerry Killick et Birgit Walter dans plus d’un spectacle d’Ultima Vez. L’auteur Peter Verhelst a signé des textes à quatre reprises (Scratching the Inner Fields, Blush, Sonic Boom, NieuwZwart), et Vandekeybus s’est attaqué pas moins de trois fois à l’adaptation d’Œdipe de Jan Decorte, pour Bêt noir, avant d’en avoir fini avec ce texte. Mauro Antonio Pawlowski Songwriter de génie, showman d’exception et authentique psychopathe, Mauro Antonio Pawlowski, flamand d’origine italo-polonaise, s’est fait connaître au milieu des années 1990 avec son groupe Evil Superstars, fer de lance de la scène indé belge de l’époque, aux côtés de dEUS (dont il deviendra le guitariste une douzaine d’années plus tard). Croisement hors limites entre Girls Against Boys et Queen (ce qui signifie, en gros, que ça ressemblait assez clairement à Brainiac), Evil Superstars sortira son premier album (Love Is Okay) en 1996. Mauro Antonio Pawlowski quitte les Evil Superstars en 1998, et joue depuis dans de nombreux groupes, comme Mitsoobishy Jacson, Kiss My Jazz, Monguito et Shadowgraphic City. Bourreau de travail, il accompagne très régulièrement les groupes dEUS, The Love Substitutes, Othin Spake, Club Moral, Archetypes of the Multisabanas et I Hate Camera. Parallèlement, il a travaillé en solo sous différents pseudonymes, comme Mauro A. Pawlowski ou Somnabula, formé un nouveau groupe appelé Mauro Pawlowski & The Grooms, a également rejoint Teun Verbruggen et Jean Delacoste dans la formation Noise Rock Stahlmus Delegation, puis produit New Found Sacred Ground, l’album de Roland Van Campenhout sorti en 2013. Ultima Vez Ultima Vez a été fondée en 1986 en tant que société et compagnie de danse du chorégraphe, metteur en scène et cinéaste Wim Vandekeybus. Depuis sa fondation, Ultima Vez a beaucoup développé ses activités en tant que compagnie internationale de danse contemporaine avec une base forte à Bruxelles et en Flandre. Le chorégraphe et cinéaste Wim Vandekeybus aime introduire la nouveauté dans ses créations et s’intéresse aux nouvelles formes et aux nouveaux médias. Un spectacle de Wim Vandekeybus porte toujours l’empreinte évidente de Wim Vandekeybus. Indissociable d’une scène débordante d’une énergie énorme et de dynamisme. La multidisciplinarité sans cesse grandissante et changeante ainsi que le refus de penser en catégories sont aussi des facteurs déterminants de son langage théâtral. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 77 PAGE 78 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Guests Josette Baïz – Groupe Grenade FRANCE Création 2014 Directrice artistique : Josette Baïz Chorégraphies : Alban Richard, Dominique Bagouet via Michel Kelemenis, Emanuel Gat, Hofesh Shechter, Lucinda Childs, Rui Horta et Wayne McGregor. La Criée, Théâtre national de Marseille 12 juillet 21h durée 1 heure 10 tarifs de 20 € à 10 € / abonnement spectacle B Interprètes danseurs du Groupe Grenade : Axelle Anglade, Arthur Bergogne, Pierre Boileau, Jossilou Buckland, Emma Cappato, Ludivic Collura, Camille Cortez, Lola Cougard, Louna Delbouys Roy, Tony Ignacimouttou, Anthony La Rosa, Axel Loubette, Mathieu Louit, Samuel Malerbe, Olivia Mari, Géraldine Morlat, Auguste Nganta, Lisa Rapezzi, Rafaël Sauzet, Louis Seignobos, Anna Suraniti, Anthony Velay. Transmission de chorégraphies : Tricksters Alban Richard / Spotlight Solo Silvia Bertoncelli, Rui Horta / Entity Antoine Vereecken, Davide di Pretoro, Jessica Wright / Concerto Lucinda Childs, Gaëtan Raffin / Déserts d’amour Michel Kelemenis / Brilliant Corners Emanuel Gat, François Przybylski Uprising James Finnemore. Maître de ballet : Élodie Ducasse / Répétitrices : Élodie Ducasse, Sinath Ouk, Stéphanie Vial / Scénographie : Dominique Drillot / Musiques originales : Tricksters Carl Cox Benny Benassi, Hard Techno ; Kitty, Daisy & Lewis, Going up the Country ; Rameau, Air des sauvages, interprète Christophe Rousset / Spotlight Solo Tiago Cerqueira / Entity Jon Hopkins Concerto Henryk Górecki / Déserts d’amour Divertimenti pour cordes KV 136, 137, 138 (adagio et fugue) de Wolfgang Amadeus Mozart / Brilliant Corners Emanuel Gat / Uprising Hofesh Shechter / Scénographies originales : Tricksters Alban Richard et Dominique Drillot / Spotlight Solo Rui Horta / Entity Patrick Burnier / Brilliant Corners Emanuel Gat / Uprising Hofesh Shechter. Quand elle est sollicitée, en 1989, pour s’installer dans une école des quartiers Nord, rien ne prédestine Josette Baïz au monde qu’elle va découvrir à Marseille. Danseuse, elle a croisé la route d’Odile Duboc et de Jean-Claude Gallotta. Jeune chorégraphe, elle a déjà remporté un premier prix au très en vue Concours international de chorégraphie de Bagnolet. Dans la Cité phocéenne, elle travaille avec des enfants d’origines différentes, imprégnés par la culture des cités et qui ont un point commun : la danse – hip-hop, smurf, africaine, orientale ou gitane. Depuis longtemps, ils sculptent au quotidien leurs corps agiles et aiguisent leurs oreilles musicales. La chorégraphe repense alors sa danse, réinvente ses appuis, esquisse de nouveaux déhanchés, intègre ces gestuelles qu’elle n’a jamais pratiquées pour créer un lexique commun avec les enfants. Le Groupe Grenade naît trois ans plus tard. Plus international que Grenade, les 20 ans, le nouveau programme de Josette Baïz confronte ses jeunes danseurs de Grenade à des univers « très forts, sans concession, ardus et même assez violents ». Pour l’occasion, elle décide d’inviter des chorégraphes de renommée internationale à créer pour elle, à transmettre ou remonter des extraits de leur répertoire. Dominique Bagouet, Alban Richard, Wayne McGregor, Rui Horta, Lucinda Childs, Emanuel Gat, Hofesh Shechter : dans ce programme, les pièces de quelquesunes des plus grandes figures de la danse sont interprétées par des enfants et des adolescents de 10 à 22 ans. Un programme à l’image de cette génération de danseurs pour qui la diversité est une nature première. Comment résumer la philosophie de l’exceptionnelle aventure du Groupe Grenade ? Sans aucun doute en convoquant Antoine de Saint-Exupéry : « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. » Création costumes : Entity Patrick Burnier / Brilliant Corners Emanuel Gat Création lumière originale : Tricksters Valérie Sigward / Spotlight Solo Rui Horta Entity Lucy Carter / Concerto Dominique Drillot / Brilliant Corners Emanuel Gat Uprising Lee Curran / Régie générale et adaptation lumière : Erwann Collet Régie son : Mathieu Maurice. Production : Groupe Grenade – Josette Baïz / Coproduction : Théâtre de la Ville de Paris et du Festival de Marseille_danse et arts multiples. Le Groupe Grenade a bénéficié du soutien du Pavillon noir – Ballet Preljocaj et du Théâtre des Salins – Scène nationale de Martigues dans le cadre d’accueils en résidence. Le Groupe Grenade est subventionné par le Conseil général des Bouches-du-Rhône, la Communauté du pays d’Aix, la Ville de Marseille et la Ville d’Aix-en-Provence. Coproduction Festival de Marseille. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 79 BIOGRAPHIES Groupe Grenade En 1989, le ministère de la Culture propose à Josette Baïz une résidence d’un an dans les quartiers Nord de Marseille, à l’école de la Bricarde. Elle y crée, avec l’aide du réalisateur Luc Riolon, le film Mansouria, qui regroupe une centaine d’enfants dans diverses disciplines telles que la danse, le chant, le théâtre… Josette Baïz y a découvert des enfants de toutes origines, entièrement investis dans ces projets de danse. Le succès de ce premier film et l’enthousiasme des enfants ont permis de poursuivre cette action. Le travail de Josette Baïz dans les quartiers d’Aix et de Marseille lors de ces deux années de résidence successives s’est concrétisé en 1992 par une expérience peu commune, la création d’un groupe de jeunes danseurs issus de ces quartiers : le Groupe Grenade. Au cours des dix premières années, les jeunes du Groupe Grenade ont peu à peu mêlé leurs diverses provenances chorégraphiques pour inventer un langage unique et original. Dès le départ, le « métissage » a été la spécificité du groupe, dérivant du contemporain au hip-hop en passant par de multiples danses ethniques. Le succès des tournées a conforté Josette Baïz dans son envie de développer une technique de plus en plus pointue en élargissant la formation des danseurs à d’autres disciplines et en incluant le classique. Ces jeunes danseurs ont été rapidement reconnus comme porteurs d’un style chorégraphique nouveau : le style Grenade, symbole d’énergie, de métissage et d’ouverture sur le monde. Actuellement, le Groupe Grenade est composé d’une cinquantaine d’enfants et adolescents de sept à dixhuit ans. Le travail du Groupe Grenade s’est ouvert vers d’autres horizons chorégraphiques en interprétant deux ballets de Jean-Claude Gallotta : 3 Générations en 2003 et Ulysse en 2007. En 2011, à l’occasion de l’anniversaire de Grenade, est né « Grenade, les 20 ans » avec des extraits de pièces de : Jérome Bel - The show must go on, Philippe Decouflé - Codex, Jean-Claude Gallota - Mammame, Michel Kelemenis - Le Faune, Abou Lagraa - Allegoria Stanza, Jean-Christophe Maillot - Vers un pays sage et Miniatures, Angelin Preljocaj - Marché noir. L’aventure des transmissions s’est poursuivie avec la création 2014, « Guests » et les chorégraphies de : Alban Richard (création) Tricksters, Rui Horta - Spotlight solo, Lucinda Childs - Concerto, Wayne McGregor - Entity, Dominique Bagouet - Déserts d’amour, Emanuel Gat - Brilliant corners et Hofesh Shechter - Uprising. C’est dans ce sens d’ouverture, de pratique constante de la technique d’improvisation-composition et de développement de la qualité que Josette Baïz et le Groupe Grenade travaillent leurs créations. Chaque création n’excède pas une quinzaine d’interprètes, ce qui permet à Josette Baïz d’approfondir la qualité de la danse et de créer ainsi des répertoires professionnels, comme Le Sacre dansé par des adolescents, qui a connu un très beau parcours et a permis de développer une technicité très pointue. Ces mêmes adolescents se chargent de la transmission aux petits danseurs nouvellement arrivés. À leur majorité, Josette Baïz propose à certains danseurs alliant technique, qualité et engagement d’intégrer progressivement la compagnie professionnelle Grenade. D’autres choisissent de parfaire leur formation au sein d’écoles de danse nationales (Conservatoire de Lyon, CNDC d’Angers, Epsedanse/Anne-Marie Porras…). Cette expérience est unique en France, et le Groupe Grenade est accueilli avec succès dans tout l’Hexagone et à l’étranger. Il a aujourd’hui pour vocation de devenir un véritable centre chorégraphique pour la jeunesse. Alban Richard Alban Richard est danseur du CCN de Caen, dirigé par Karine Saporta de 1994 à 1998, puis il travaille avec Christian Bourigault, Christine Gaigg, Odile Duboc (2002-2010), Olga de Soto (2006-2008) ou encore Rosalind Crisp (2008-2009). Il développe également une carrière de chorégraphe en fondant L’Abrupt en 1999. Cette compagnie est en résidence au Prisme de SaintQuentin-en-Yvelines, à la Scène nationale d’Orléans et au Théâtre national de Chaillot. Alban Richard est également enseignant au sein de différentes institutions et a développé le cycle « La Contagion insolite du mouvement ». Rui Horta Après des études au Ballet Gulbenkian, Rui Horta travaille à New York avec l’Alvin Ailey American Dance Theater. En 1984, il est nommé directeur de la Companhia de Dança de Lisboa et, en 1987, fonde la compagnie Rui Horta and Friends. Lauréat aux Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis en 1992, il fonde le S.O.A.P. Dance Theatre à Francfort, qu’il dirige de 1991 à 1998. Il travaille ensuite à Munich pendant deux ans. De retour au Portugal en 2000, il fonde à Montemor-o-Novo un centre de recherche et de soutien aux jeunes créateurs. Rui Horta a chorégraphié pour le Ballet Gulbenkian, le Ballet Cullberg, le Nederlands Dans Theater 2, le Phoenix Dance Theatre, l’Opéra de Malmö, l’Opéra de Marseille, le Ballet du Grand Théâtre de Genève, l’Iceland Dance Company, le Scottish Dance Theatre. PAGE 80 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Lucinda Childs Dominique Bagouet Lucinda Childs s’intéresse à la danse classique et au théâtre dès le lycée, s’initiant aux deux arts. En voulant d’abord suivre un cursus de théâtre au Sarah Lawrence College, dans l’État de New York, elle découvre la danse moderne suite à sa rencontre avec Bessie Schönberg, Merce Cunningham et Judith Dunn, qui vont influencer sa carrière. Elle obtient son diplôme en danse au Sarah Lawrence College ainsi qu’à l’école fondée à New York par Merce Cunningham. Lucinda Childs participe à la fondation et aux travaux de recherches du Judson Dance Theater de 1962 à 1966. Elle danse alors avec Yvonne Rainer et Steve Paxton dans des spectacles expérimentaux. En parallèle, elle écrit ses premières œuvres personnelles (Pastime, 1963 ; Geranium, 1965). En 1968, en reprenant des cours selon la technique Alexander, elle s’associe à la danse « minimaliste », qui deviendra l’un des éléments les plus marquants dans sa carrière artistique. Elle crée sa propre compagnie en 1973 à New York, la Lucinda Childs Dance Company. Elle utilise alors les monologues comme le fait Yvonne Rainer, puis s’oriente à nouveau vers la danse minimaliste. En 1976, elle se fait remarquer lors de sa première apparition au Festival d’Avignon, grâce à son solo dans Einstein on the Beach de Philip Glass mis en scène par Robert Wilson. À partir de ce moment-là, Lucinda Childs se produira plus souvent en Europe, et notamment en France. Elle s’installera finalement à Paris, où elle habite encore aujourd’hui, se sentant plus à l’aise dans le milieu artistique européen qu’aux États-Unis. Elle collabore fréquemment avec des compositeurs de musique minimaliste tels que Philip Glass, John Gibson, Steve Reich, John Coolidge Adams, et des plasticiens comme Sol LeWitt et Tadashi Kawamata. Elle s’éloignera légèrement de la danse minimaliste pour tenter un style plus académique (Calyx, 1987), plus élaboré techniquement mais apportant une simplicité classique. Elle revient à une écriture complice avec la musique grâce à son spectacle Dance. Cette complicité grandit lors de sa rencontre avec Élisabeth Chojnacka, claveciniste qui deviendra en 1991 directrice musicale de sa compagnie. Lucinda Childs a également écrit des pièces pour plusieurs ballets internationaux et des mises en scène pour des opéras (Einstein on the Beach, Salomé, Macbeth…). Dominique Bagouet entame une formation en danse classique à Cannes, dans l’école de Rosella Hightower, et obtient ses premiers engagements au Ballet du Grand Théâtre de Genève dirigé par Alfonso Cata ; il y danse le répertoire de Balanchine. Après une période où il est interprète chez Félix Blaska, puis chez Maurice Béjart à Bruxelles, il découvre l’enseignement de Carolyn Carlson à l’Opéra de Paris, celui de Peter Goss, et fait partie de Chandra, le groupe d’anciens danseurs de Mudra. En 1974, il part pour les États-Unis, où il acquiert les techniques de Martha Graham et de José Limón avant d’aborder la danse postmoderne avec Merce Cunningham, Trisha Brown et Lar Lubovitch, entre autres. De retour en France en 1976, il présente sa première chorégraphie, Chansons de nuit, au Concours de Bagnolet, pour laquelle il obtient le premier prix. Il fonde la Compagnie Dominique Bagouet et s’établit à Montpellier, où il devient directeur, dès 1980, de l’un des premiers centres chorégraphiques régionaux (devenu Centre chorégraphique national en 1984). Dès lors les créations s’enchaînent. En 1981, il initie le premier Festival international Montpellier Danse. Pour l’accompagner dans ses créations chorégraphiques, il fait appel à de nombreux artistes, des musiciens comme Gilles Grand, Denis Levaillant, Tristan Murail, Pascal Dusapin, mais aussi des plasticiens comme Christian Boltanski, William Adjété Wilson ou Christine Le Moigne. Il se soucie particulièrement de l’enseignement et de la formation du danseur et il élabore le projet d’aménagement du bâtiment des Ursulines pour le développement du centre chorégraphique. Avec Dominique Bagouet, on est au cœur du renouveau de la danse d’auteur des années 1980, mouvement également appelé « nouvelle danse française ». L’association Les Carnets Bagouet, créée après sa disparition en 1992 par les membres de sa compagnie (notamment Olivia Grandville), préserve et diffuse son œuvre sous diverses formes. Dominique Bagouet est désormais entré au répertoire de nombreuses troupes en France et à l’étranger (Ballet de l’Opéra national de Paris, Ballet de l’Opéra de Lyon, Ballet du Grand Théâtre de Genève, Dance Theater of Ireland). Dominique Bagouet meurt en 1992 du sida alors qu’il était sur le point de commencer les répétitions de Noces d’or, en l’honneur des cinquante ans de mariage de ses parents. Cette création est reléguée au stade de projet. Treize ans plus tard, Marie-Hélène Rebois fait revivre dans un film documentaire un portrait de l’artiste et ce qu’aurait été l’œuvre ultime du chorégraphe. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 81 Wayne McGregor Emanuel Gat Après avoir étudié la danse au University College de Bretton Hall et dans la José Limón School de New York, Wayne McGregor fonde très rapidement, en 1992, sa propre compagnie, la Wayne McGregor Random Dance Company, et se fait remarquer dès ses premières chorégraphies : Xeno 1 2 3 (1993) et Labrax (1994). De 1993 à 1994, il est chorégraphe-résident du Place Theatre. Parallèlement à sa compagnie, il mène avec succès d’autres projets importants, chorégraphiant les opéras Orphée et Eurydice (1993) et Le Mariage de Figaro (1995) pour le Scottish National Opera, Salomé (1996) pour l’English National Opera ainsi que pour le film Bent de Sean Mathias. Il est également l’auteur de la chorégraphie du clip de la chanson Lotus Flower de Radiohead. Une caractéristique des chorégraphies de McGregor est l’énergie et la fluidité mêlées à l’utilisation de nombreux outils technologiques pour la mise en scène. Ancien sportif, Emanuel Gat étudie la musique à la Rubin Academy of Music de Jérusalem pour devenir directeur d’orchestre et découvre la danse à vingt-trois ans, après son service militaire. Il travaille alors avec les chorégraphes et pédagogues israéliens Liat Dror et Nir Ben Gal. Ses premières chorégraphies à succès datent du début des années 2000, mais il sera particulièrement remarqué grâce à la création de son Sacre du printemps et de son Voyage d’hiver, qui seront récompensés en 2006 par un Bessie Award. Il fonde sa propre compagnie, Emanuel Gat Dance, en 2004 au Suzanne Dellal Centre à TelAviv, avant de s’établir en France, à la Maison de la danse intercommunale d’Istres en octobre 2007. Il collabore également avec des compagnies internationales comme invité. L’œuvre d’Emanuel Gat est très liée à la musique, sur laquelle il utilise un langage chorégraphique hérité de la danse postmoderne et de l’étude du mouvement pur. Ce très fort lien avec entre la danse et la musique est particulièrement exploré en 2011 avec Brilliant Corners, ballet pour dix danseurs pour lequel il écrit tout à la fois la chorégraphie, la musique originale et la scénographie. En 2013, il est l’artiste associé du Festival Montpellier Danse, pour lequel il chorégraphie quatre pièces très remarquées et propose deux expositions photographiques sur son travail. De plus, il organise huit sessions de création interactives (de deux heures chacune), intitulées « The Surprising Complexity of Simple Pleasures », ouvertes au public afin de « donner à voir le processus d’élaboration dont il est exclu, et le partager ». Il y crée en direct une pièce sous le regard des spectateurs, qui peuvent questionner sa démarche chorégraphique. Hofesh Shechter Hofesh Shechter suit, à partir de l’âge de quinze ans, l’enseignement de l’Académie de danse et de musique de Jérusalem avant d’intégrer la Batsheva Dance Company trois ans plus tard. Il danse ensuite avec Wim Vandekeybus, Paul Selwyn-Norton, Tero Saarinen et Inbal Pinto avant de s’installer à Londres en 2002, où il devient résident en 2004 de The Place. En plus de ses fonctions de chorégraphe, il crée et joue les partitions rythmiques de ses spectacles en raison de sa pratique de la batterie et des percussions, qu’il a étudiée avec Dante Agostini à Paris. Sa première chorégraphie, Fragments, date de 2002. En 2006, il crée Uprising, inspiré en partie des émeutes de 2005 dans les banlieues françaises. Il reçoit, en 2007, la commande par trois institutions londoniennes importantes (The Place, le Southbank Centre et le Sadler’s Wells Theatre) d’un spectacle intitulé In your Rooms qui remportera le Prix du syndicat de la critique. En 2008, il fonde à Londres sa propre compagnie. PAGE 82 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples À propos de Guests Par Thomas Hahn (dansercanalhistorique.com) Voilà un joli pied de nez aux conventions : le Groupe Grenade invite, et tout le monde vient. Les voilà au Théâtre de la Ville avec des extraits de pièces signées Lucinda Childs, Emanuel Gat, Rui Horta, Wayne McGregor, Hofesh Shechter, Dominique Bagouet (transmis par Michel Kelemenis), le tout précédé par une création sur mesure signée Alban Richard. Chez Grenade, à Aix-en-Provence, il y a la Compagnie et le Groupe : les professionnels de plus de dix-huit ans et les jeunes, pas moins pros cependant quand ils attaquent sur le plateau. Pour la première fois, le Groupe Grenade est invité à se produire sur le grand plateau du Théâtre de la Ville. Guests commence par cinq garçons face public, chacun sur un praticable, jouant sur la statuaire et les poses, en résistance à une musique techno assez infernale. Aussi, ils sont finalement emportés par le rythme, mais de façon contrôlée. Cette ouverture intitulée Tricksters est une création d’Alban Richard spécialement pour Guests. Et le moteur démarre. Les cinq garçons vont finir par nous conquérir dans la mesure où ils acceptent de tomber sous le joug de la techno. Du quintet en noir on passe à un duo en blanc, romantique et même un brin baroque. Mais ce flirt avec et par le ballet apparLe Groupe Grenade, c’est une pépinière fourmillante de jeunes tient à Dominique Bagouet, et les quelques minutes de Déserts danseurs du plus haut niveau technique et humain. La reconnais- d’amour évoquent plutôt un jardin en fleurs. Est-ce malgré le sance pour cette troupe est telle qu’ils ont déjà l’habitude des jeune âge des interprètes ou à cause de lui ? Au-delà de l’aisance plus grandes scènes, interprètent leurs œuvres avec finesse et technique, le couple s’approprie les codes de la séduction avec enthousiasme. Et pourtant, personne n’aurait pu imaginer un tel une aisance stupéfiante, tout en laissant entrevoir un décalage succès il y a dix ans. Grenade, créée par Josette Baïz, ancienne troublant. Ce pas de deux cache quelque vérité sur le monde des pionnière de la compagnie de Jean-Claude Gallotta, a bouleversé pré-ados d’aujourd’hui. l’image de la danse en tournant avec ses danseurs et leurs créations à travers la France et à l’étranger. Il a fallu bien plus de Après cette excursion vers la narration, on revient au costume noir temps aux institutions pour enfin reconnaître que Grenade est et à l’abstraction, avec un extrait de Concerto de Lucinda Childs, synonyme d’avenir de la danse. au rythme très soutenu, ici par le clavecin de Górecki, demandant puissance, énergie, précision et endurance. L’extrait de cette Sept pièces brèves, liées par des intermèdes chorégraphiques pièce majeure est ici interprété par sept danseuses. Il permet ou burlesques, le concept a de quoi étonner quand il s’applique d’apprécier les petits liens souterrains entre les différentes parties, non au ballet, mais à la danse contemporaine. Mais ça marche, du dialogue entre les musiques aux structures des éclairages et et comment ! La première mouture, créée pour les vingt ans des chorégraphies qui se répondent d’une pièce à l’autre, sans de Grenade et montrée entre autres au Théâtre des Abbesses, oublier les petits modules de transition, créés par les danseurs avait rencontré un succès fulgurant. Il en va de même pour un eux-mêmes en écho aux chorégraphies des grands. On y voit que programme actuellement en tournée avec la troupe profession- leur compréhension des gestes et des structures est déjà profonde. nelle de Grenade, composé d’extraits de chorégraphes femmes contemporaines d’Europe, d’Asie et d’Afrique. Et on passe à la synthèse de tout ce qui a précédé, avec Entity de Wayne McGregor, en costumes noir et blanc. Ici, la séduction Pour la première au Grand Théâtre de Provence, Lucinda Childs, se double d’une énergie combattante. Force physique et mentale Emanuel Gat et d’autres vedettes avaient fait en personne le scellent un affrontement permanent avec l’autre sexe, la musique déplacement. Les jeunes du Groupe Grenade sont donc entou- et l’érotisme, avec la personne en face. Amour et lutte ne font rés de très grands, dont bien sûr Josette Baïz, la fondatrice et qu’un. Entity fait figure de powerhouse, la centrale énergétique de directrice artistique, ainsi que toute son équipe de professeures Guests, les lions et lionnes en scène étant constamment rejoints et répétitrices, composée d’anciennes danseuses de Grenade. par d’autres dans un crescendo explosif. Si ce nouveau type de soirées en danse contemporaine peut attirer l’intérêt grâce aux grands noms de chorégraphes, ce sont en vérité les danseurs qui occupent le devant de la scène et les stars de la scène chorégraphique sont leurs invités, les « Guests ». Le spectacle appartient à la jeunesse, ce qui apporte souvent un décalage pouvant révéler une pièce sous une lumière différente. Changement de décor, enfin, de tapis. Du blanc au noir pour Spotlight Solo, et c’est un solo très rock’n’roll, à l’énergie rebelle et insolente, pour un danseur-acteur-rockstar de Rui Horta qui marque le passage vers Brilliant Corners d’Emanuel Gat. On voit ici le début de la pièce, très axé sur le groupe, et une fois de plus un groupe très jeune affirme une troublante maturité, où quelque chose de dramatique semble se préparer. Et en effet, le point d’orgue arrive, de façon plutôt guerrière, avec un extrait tonitruant d’Uprising de Hofesh Shechter, star israélienne de la scène chorégraphique britannique. Ici le groupe, ou la communauté, est soumis à des tensions et des violences extrêmes, pour inventer des manières acrobatiques de se déplacer que même côté parkour, personne ne saurait imaginer. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 83 Avec Josette Baïz, les ados sont des pros Par Marie-Christine Vernay (Libération) À Aix, la chorégraphe et la compagnie Grenade mènent un travail atypique avec et pour les enfants. Parmi tous ceux qui sont passés par cette école de la danse et de la vie, beaucoup ont dû lâcher, notamment des jeunes filles que leurs parents, dès leur puberté et l’apparition des seins, retiraient de la compagnie. D’autres se sont accrochés et sont encore dans la danse : une quinzaine dans la Compagnie ou dans les activités annexes, danseurs, professeurs ou assistants. Une vingtaine travaillent dans des compagnies françaises ou étrangères, chez Kelemenis à Marseille, Angelin Preljocaj à Aix-en-Provence, chez Maguy Marin, dans la compagnie hip-hop Malka, chez Carolyn Carlson, Dominique Boivin, Mathilde Monnier… Au début des années 1990, on croise Josette Baïz dans les rues d’Aix-en-Provence, son fief. Elle nous raconte que depuis 1989, à la suite d’une résidence dans les quartiers Nord de Marseille, elle a mis en place des ateliers pour les minots. Personne n’aurait pu imaginer, à l’époque où les actions de sensibilisation auprès des jeunes se résumaient à des travaux menés parallèlement aux activités des compagnies, que la résidence d’un an allait se À l’origine du parcours de Josette Baïz avec les enfants, Jeanne transformer en un parcours artistique rare. On ne connaît pas Vallauri demeure un symbole. On l’a vue danser à l’âge de quatre d’équivalent au trajet de Josette Baïz, qui a mis bien longtemps à ans avec le groupe, attirant le regard des spectateurs tant elle trouver ses marques, tant il est atypique, non pas pour les enfants, était sûre d’elle. « Elle n’a jamais complètement quitté mon esprit, commente la chorégraphe. Ni Aïda Boudriga, déesse tunisienne, mais par les enfants. absolument polyvalente, sans doute réincarnation de multiples stars de la danse. » Appétit de danse Formée par Odile Duboc à Aix-en-Provence et donc rompue à un large éventail de techniques de danse contemporaine et à une démarche de création, Josette Baïz intègre le Groupe ÉmileDubois de Jean-Claude Gallotta. On se souvient, en 1981, dans Ulysse, le ballet blanc du chorégraphe de Grenoble, d’une jeune fille montée sur ressorts, souriante, qui avalait le plateau comme un sandwich géant. Rien ne démentira son appétit de danse, qu’elle transmettra aux jeunes Marseillais. « Après la résidence avec des enfants d’origines et de cultures diverses, j’ai été amenée, raconte-t-elle, à repenser le sens de mon travail et à modifier radicalement ma démarche artistique. » Parallèlement à sa compagnie pour adultes, la Place Blanche, elle crée en 1992 le Groupe Grenade (pour enfants entre sept et dix-huit ans), puis, en 1998, la Compagnie Grenade (dont la plupart sont issus du Groupe). À la fois lieux de formation et de création, les deux rassemblent aujourd’hui soixante danseurs. Les jeunes sont en effet considérés comme des professionnels, rémunérés dès qu’ils assurent les spectacles. Ce ne fut pas évident au départ. L’argent versé aux danseurs pouvait être utilisé par les familles. Il va désormais sur des comptes bloqués jusqu’à la majorité, le tout sous la surveillance des services sociaux. Jeanne Vallauri crée aujourd’hui ses propres pièces et travaille comme assistante dans la compagnie Malka. D’autres sont restés vingt ans avec Grenade, devenant des piliers et des transmetteurs, comme Sinath Ouk, Stéphanie Vial, Kader Mahamed ou Nordine Belmekki. Répertoire vivant Josette Baïz a appris autant d’eux qu’inversement, nourrissant sa propre danse de leurs nombreux apports. En cela, il ne s’agit ni d’une compagnie d’enfants ni d’une compagnie pour enfants mais d’un projet commun qui, aujourd’hui, aboutit à un répertoire vivant, incluant de nombreux chorégraphes extérieurs. Dans Welcome, en mai au KLAP, Maison de la danse de Marseille, Grenade interprétait des chorégraphes femmes, en réponse à Grenade, les vingt ans, dont le programme était masculin. Guests, élargit encore le répertoire, avec des chorégraphes dont on connaît l’exigence : Dominique Bagouet via Michel Kelemenis, Lucinda Childs, Emanuel Gat, Rui Horta, Wayne McGregor, Alban Richard et Hofesh Shechter. Tous ont accepté de transmettre ou de créer des pièces issues de leur propre répertoire, preuve de la confiance qu’ils placent dans les jeunes de Grenade. Une confiance justifiée. Celle que d’autres accordent plus timidement. On espère que cet énorme travail aboutira à la création d’un centre chorégraphique pour la jeunesse. PAGE 84 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Ballet du Capitole Valser – Catherine Berbessou FRANCE Création 1999 Chorégraphie : Catherine Berbessou Création par la Compagnie Catherine Berbessou, le 12 mars 1999, aux Gémeaux, Scène nationale de Sceaux Entrée au répertoire du Ballet du Capitole de Toulouse le 18 juin 2014. Le Silo 16 juillet 21h durée 1 heure 15 tarifs de 31 € à 10 € / abonnement spectacle A Musique : Jean-Sébastien Bach, les Maîtres tambours du Burundi, Dario Moreno, Giù per la mala via (louange anonyme du XVe siècle) et divers compositeurs de tangos / Scénographie et lumière : Marc Oliviero Bande-son : Anita Praz. Comme dans un bal tango, une certaine sauvagerie et un triste abandon guettent les danseurs qui s’évaluent, se tracent, se trouvent, se renvoient, s’appellent au beau milieu d’une arène de terre battue entourée palissades, tendue de cordes. Voilà le ring sensuel de Valser. Catherine Berbessou crée Valser en 1999, après A Fuego Lento, spectacle sur le tango argentin, qu’elle découvre au cours d’un voyage à Buenos Aires. Danseuse contemporaine, elle est fascinée par la richesse humaine et la technicité de cette danse des faubourgs, mais aussi par « son climat et ses humeurs, son rapport à l’espace et au temps, sa musicalité ». Qu’en est-il de la relation homme-femme ? « Je voulais la sortir des stéréotypes en lui associant une réflexion sur la solitude, le couple, la jalousie, la violence, la complicité, le mal-être », explique-t-elle alors. Comme dans un bal, les danseurs se guettent, évaluent leurs partenaires avant d’entrer dans la danse. Puis ils se tracent, se trouvent, se renvoient, s’appellent. Les couples se font et se défont, opposant danses viriles et féminines dans des quatuors souvent tempéramentaux et parfois drôles. Pourtant, du tango, la chorégraphe a surtout retenu les traits acérés du jeu de jambes, ses sophistications anguleuses et sensuelles. Une certaine sauvagerie et un triste abandon aussi. Quant à sa danse, la contemporaine, elle observe de près sa cousine argentine, l’envoie valdinguer, redéfinit l’espace, règle le travail de groupe, trouve de nouveaux accents, stylise les émotions : « Une façon de casser la perfection trop souvent liée au tango et de dégager sa puissance phénoménale. » FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 85 BIOGRAPHIES Le Ballet du Capitole, Toulouse À propos du Ballet du Capitole Kader Belarbi, chorégraphe et directeur Pendant plus de deux siècles, le Ballet du Capitole est dédié à l’art « Mon souhait est que le Ballet du Capitole soit un ballet d’aulyrique : il danse les divertissements des opéras présentés sur la jourd’hui qui mette en dialogue des arts, des époques et des scène du Théâtre du Capitole. Il faut attendre 1949 pour que des styles différents, un ballet qui s’implique dans la danse d’expressoirées entièrement consacrées à la danse soient proposées, à sion classique selon une démarche résolument actuelle. L’une l’initiative de Louis Orlandi, maître de ballet et chorégraphe. Le des missions fondamentales d’une compagnie de ballet est le Ballet du Capitole va enfin devenir une compagnie de ballet au répertoire. Oublier la tradition, c’est se perdre. L’axe majeur que plein sens du terme. Il connaît dès lors de belles heures avec ses je veux donner au ballet est une ligne de conduite exigeante directeurs de la danse successifs, de Louis Orlandi à Nanette dans le domaine classique afin de conserver une identité de Glushak. Depuis août 2012, Kader Belarbi, danseur étoile de l’Opéra ballet classique, tout en intégrant d’autres langages. Le ballet de Paris et chorégraphe, est directeur de la danse au Théâtre doit s’inscrire à la fois dans la tradition des œuvres de répertoire du Capitole. Une nouvelle page s’écrit pour le Ballet du Capitole, et dans la représentation d’écritures personnelles, d’imaginaires faite de préservation du répertoire classique et néoclassique, et et d’œuvres revisités. Le ballet est une compagnie ouverte aux d’une grande ouverture sur la création contemporaine. Le projet propositions de nombreux chorégraphes, c’est un outil au service artistique porté par Kader Belarbi est d’ouvrir cette compagnie de la diversité des langages chorégraphiques et de la création. classique composée de trente-cinq danseurs à tous les langages J’aime l’idée de mouvance et de mouvement, et je souhaite pour corporels d’aujourd’hui, manifestations de la diversité de l’art cela trouver une cohérence dans une communication et un partage chorégraphique. Tradition et modernité résument la vocation du autour de la création, de l’accueil et de la diffusion des œuvres Ballet du Capitole, avec l’ambition d’offrir de saison en saison le chorégraphiques et ainsi, fédérer et fidéliser un large public. C’est reflet d’un ballet vivant, en phase avec son temps, ouvert à tous. avec un esprit de conquête et un travail d’artiste que je rêve d’être un catalyseur autour d’une équipe et d’un théâtre en vue d’une identité rayonnante du Ballet du Capitole de Toulouse et pour que l’art de la danse participe pleinement à la vie. » Catherine Berbessou Catherine Berbessou commence son parcours professionnel à l’école des Rencontres internationales de danse contemporaine avec Françoise et Dominique Dupuy. Très vite, elle est danseuse dans la compagnie L’Esquisse (Joëlle Bouvier et Régis Obadia), puis rejoint la Compagnie Claude Brumachon. En 1993, elle fonde sa propre structure (la Compagnie Catherine Berbessou) et crée pour la Biennale nationale de la danse du Val-de-Marne le spectacle À table. C’est aussi l’année où elle s’enflamme pour le tango argentin, qu’elle pratique à Buenos Aires avec de grands maîtres. En 1996, elle crée A Fuego Lento, spectacle sur l’univers du tango à travers une dramaturgie contemporaine. Ce spectacle connaît un beau succès et l’appui du Théâtre de la Ville à Paris. En 1997, elle assiste en qualité de chorégraphe le comédien Jacques Gamblin pour son spectacle Le Touché de la hanche. De 1998 à 2002, la compagnie s’installe en résidence aux Gémeaux, Scène nationale de Sceaux. En 1999, Catherine Berbessou crée Valser, spectacle pour huit danseurs. En 2000, elle travaille en collaboration avec le réalisateur Sébastien Jaudeau sur le film Intrusion et présente son nouveau spectacle, Rencontre exceptionnelle. De 2000 à 2002, la compagnie se consacre à la diffusion des deux spectacles A Fuego Lento et Valser. En 2002, elle retrouve le Théâtre des Gémeaux à Sceaux en résidence de création où elle présente Fleur de cactus. En 2009, Catherine Berbessou a participé au duo In I d’Akram Khan et Juliette Binoche concernant le tango argentin. En 2010, elle chorégraphie un solo avec la comédienne Armelle Deutsch dans la série Pigalle, la nuit de Hervé Hadmar. Depuis 2003, elle se consacre essentiellement à l’enseignement du tango argentin avec Federico Rodriguez Moreno, en France et à l’étranger. Parallèlement, elle crée plusieurs chorégraphies pour des festivals de tango argentin. Retour sur la création de Valser Par Catherine Berbessou « J’ai adoré être interprète. C’est un énorme travail, rentrer dans l’univers de l’autre, être à l’écoute. Surtout dans l’improvisation. C’est de ce type d’échange que m’est venue l’envie de créer moi aussi, une envie qui s’est renforcée après la découverte du tango. La démarche artistique se caractérise par la rencontre de plusieurs sujets qui peuvent sembler sans lien les uns avec les autres. Furieux, emporté, tendre, gais, beaux, sage, gifles, éclaboussé, séduisant, intime, fragile, désordre, acharné, fier, sale, déglingué, animal, dualité. Établir l’ordre à partir du chaos sans trahir le chaos. Jouer sur l’ambivalence, faire surgir dans un même jaillissement ce que l’on croit incompatible. La violence dans l’affection, le désir dans la répulsion, sans embellir ; tout cela dans la même pièce en même temps. Le tango est une danse très humaine, qui joue beaucoup sur les relations. C’est une danse d’improvisation à la palette infinie, à l’écriture complexe mais très ouverte, en étroite relation avec la musique. Tout cela me parle beaucoup, ce caractère violent, charnel, mais doux. C’est aussi un dialogue où chacun peut rester lui-même. » PAGE 86 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Le plus beau tango du monde Deux questions à Catherine Berbessou Pourquoi avoir consacré cette pièce, Valser, au tango ? Initialement, je viens de la danse contemporaine, où j’ai longtemps été danseuse dans la Compagnie Bouvier-Obadia. Puis, le hasard a fait que j’ai découvert le tango argentin en France et, très vite, je me suis rendu compte qu’il me fallait partir en Argentine, à Buenos Aires, pour l’apprendre véritablement. Puis est venu le besoin de créer mes propres chorégraphies : A Fuego Lento, tout d’abord, puis Valser. Le tango, découvert à Buenos Aires, m’a fascinée par sa richesse humaine et technique. Aussi, ai-je voulu créer une pièce, non pas sur l’histoire du tango (thème souvent traité), mais sur les rapports entre l’homme et la femme, pour sortir des stéréotypes. Ce qui m’intéresse dans le tango, ce sont le climat et les humeurs que cette danse peut dégager, son espace au temps, sa musicalité et la relation entre l’homme et la femme. « Parler du tango bagarreur n’est pas assez, j’irais jusqu’à dire que le tango et les milongas expriment directement quelque chose que les poètes ont souvent cherché à dire avec les mots : la conviction que le combat peut être une fête. » Jorge Luis Borges Pourquoi choisir d’appeler un spectacle sur le tango Valser ? La valse et le tango sont-ils si proches ? Ou est-ce plutôt pour dérouter le public ? Valser a pour moi, ici, le sens de « faire valser », « faire valdinguer », « envoyer tout promener ». J’ai voulu jouer sur les contraires, sur des contraires qui ne s’excluent pas mais se complètent : sur la puissance et la fragilité, la fatigue et le réconfort. Entre arène et ring, j’ai voulu dire quelque chose dans un espace presque extérieur. Si je fais danser les danseurs dans la terre, c’est parce que la terre laisse des traces, des empreintes, des salissures, tout comme les coups durs de la vie. C’est une façon de casser les codes de la perfection, du propre, du policé, trop souvent liés au tango, et de dégager sa puissance phénoménale. Valser ne raconte pas à proprement parler une histoire, mais la pièce est faite de plusieurs couples qui se rencontrent et grâce auxquels je peux aborder les notions de violence, d’affection, d’intime, de groupe, d’ordre, de désordre, de fragilité, de puissance, d’animalité… La violence est omniprésente dans notre société, et notamment dans les rapports entre hommes et femmes. Cette violence est donc aussi présente dans le tango, car les danses sont toujours un reflet de nos sociétés. Cette violence peut être très sournoise dans le tango, comme l’est la solitude des milongueras. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 87 PAGE 88 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Bal Tango Carte blanche à marseille objectif DansE Ombrière du Vieux-Port 17 juillet 19h Soirée en collaboration avec Les Trottoirs de Marseille et manoamano Le peuple argentin nous a donné quelques pépites universelles dans des champs aussi différents que la littérature, le football, la dramaturgie, la BD, le cinéma… Quant au tango, cette « possibilité infinie » inscrite par l’Unesco au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité, c’est peu dire qu’il est inséparable de l’identité portègne : il serait impossible ici de citer des noms et des styles tant il y en a -compositeurs, poètes, orchestres, danseurs- ce qui sans doute, malgré une histoire douloureuse, a maintenu chez les Argentins un sens de la fête inégalé. Les 20 ans du Festival sont un magnifique prétexte à faire la fête : pour nous, qui pratiquons le tango à Marseille depuis un quart de siècle, il n’est pas de fête sans musiciens et danseurs argentins. « On peut discuter le tango, et nous le discutons, mais il renferme, comme tout ce qui est auhentique, un secret » écrit Jorge Luis Borges dans son Histoire du tango. Partager avec le plus grand nombre ce moment d’anniversaire, cette nuit sous l’ombrière du port, miroir de lumières et de corps dansants, c’est offrir au Festival un peu de ce secret et lui dire publiquement notre intangible amitié. Josette Pisani, Directrice artistique de marseille objectif DansE FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 89 Otros Aires Otros Aires est un projet audiovisuel d’electrotango fondé à Barcelone par le musicien et architecte argentin Miguel Di Genova en 2003. À l’origine, Otros Aires mixe les premiers tangos et milongas du début du XXe siècle à des rythmes électroniques et des mélodies du XXIe siècle. Ce premier projet est présenté en décembre 2003 sur la place Nova de Barcelone, à la suite de quoi Otros Aires donne des représentations dans toute la ville. En 2004, Miguel Di Genova retourne en Argentine afin d’enregistrer le premier album du groupe, Otros Aires. Cet album a été présenté le 11 décembre de la même année (connu comme « la journée du tango », du fait de l’anniversaire de Guardel), au Guardel House Museum. Entre 2004 et 2005, Otro Aires donne de multiples concerts au Torre Monumental (nuit des musées), au Museo Casa Carlos Guardel (journée du tango), et dans des milongas comme La Nacional, El Parakultural, Italia Unita, Unitango, Palermo Tango Club et La Vikinga ; Circulo de Creativos Argentinos, musée Renault, Yacht Club Puerto Madero, Culture Of Laprida, Telefé, Canal 9, CM, Radio Set, festival Codigo Pais, festival de Tango de l’Uruguay,… En mars 2006, Otros Aires joue au festival de Tango de Buenos Aires à « La Viruta », et en juin de la même année, il part en tournée en Allemagne et aux Pays-Bas. Otros Aires a, depuis, enregistré trois albums studios de plus, un album live (avec un DVD documentaire) et a joué plus d’une centaine de concerts dans le monde. marseille objectif DansE [en 1500 signes !] « Le nom de marseille objectif DansE m’a toujours suggéré une image composite. Marseille et la danse, dans tout leur pouvoir d’évocation respectif, escortent ou plutôt flanquent le mot « objectif » et ses trois sens : - but visé - objectivité d’une ville frontière et maritime dans la définition d’un point de vue - système optique, oculaire. Si, au-delà d’être une forme spectaculaire, subventionnée, une section de l’histoire de l’art et de l’humanité et une pratique plus ou moins professionnelle, la danse offrait à l’amateur, convaincu ou aspirant, un oculaire, un filtre, une grille de lecture, la formulation d’un être aventureux au monde, pensée et corps conscients et unifiés ? » 1 Ce texte éclaire le postulat fondateur de moD [1987] qui reste, à nos yeux et par les temps qui courent, plus que jamais d’actualité : la danse contemporaine, comme mouvement de pensée, se doit d’être revendiquée. marseille objectif DansE est né de cette conscience là. 28 ans après, moD est toujours militant des marges et guetteur attentif du paysage vivant 1. Le secret de cette durée ? La force de convictions qui s’expriment à travers les choix définis d’une programmation indépendante, réfléchie et vivante 1, fenêtres ouvertes sur le monde par lesquelles chacun peut regarder un morceau d’humanité — L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible dit Paul Klee. 1500 signes pour dire une histoire de 10220 jours : mission impossible et peu importe. L’important, c’est d’être présents, frais, souples et dispos pour fêter en beauté les 20 ans du Festival de Marseille, notre partenaire et ami. 1. Denise Luccioni, 2000, extraits Josette Pisani marseille-objectif-danse.org PAGE 90 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples CINÉMA FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 91 Cycle écran[s] total l’été cinéma à l’Alcazar - BMVR mardi 23 juin | 14h30 mercredi 24 juin | 14h30 Danse et handicap : trois films autour de la danse intégrée Soleil de Nuit La danse intégrée réunit personnes valides et handicapées en se focalisant sur les spécificités et les capacités des corps de chacun. Trois courts-métrages de chorégraphes novateurs dans ce domaine seront suivis d’une rencontre avec la compagnie britannique Candoco, qui présente son spectacle les 20 et 21 juin. Le danseur étoile Nikolai Rodchenko – interprété par le célèbre Mikhail Barychnikov – a fui la Russie soviétique dix ans plus tôt. Contraint lors d’une tournée de revenir dans son pays natal, il s’y retrouve prisonnier et va tout faire pour repasser à l’Ouest, avec l’aide d’un danseur de claquettes noir américain, interprété par Gregory Hines. La rencontre de la danse classique et des années 1980. The Cost of Living Entrée libre dans la limite des places disponibles durée 2 heures 17 / VOST États-Unis / 1985 / Réal. Taylor Hackford Grande-Bretagne / 2004 / Réal. Lloyd Newson, fondateur de DV8 Physical Theatre Soliloquy États-Unis / 2015 / Réal. Heidi Latsky Production Arts & Cultural Programming Outside In jeudi 25 juin | 14h30 Un Jour à New York États-Unis / 1949 / Réal. Stanley Donen et Gene Kelly Grande-Bretagne / 1994 / Réal. Margaret Williams Chorégraphie Victoria Marks / Interprétation Candoco Dance Company Trois marins débarquent à New York pour une journée de permission riche en émotions… Entrée libre dans la limite des places disponibles durée 1 heure / VOST Un Jour à New York est l’une des plus célèbres comédies musicales de l’extraordinaire duo Donen/Kelly. Ce film d’une grande générosité est à la fois une ode à la ville de New York, au chant et à la danse. Entrée libre dans la limite des places disponibles durée 1 heure 38 / VOST PAGE 92 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples vendredi 26 juin | 14h30 Ballroom Dancing Australie / 1992 / Réal. Baz Luhrmann Scott Hastings est un jeune prodige de la danse, mais son originalité lui porte parfois préjudice. Lorsqu’il doit remplacer sa partenaire par Fran, une débutante, Scott est d’abord catastrophé… Ballroom Dancing décrit avec ironie le monde fermé et codifié des concours de danses de salon, avec une esthétique flamboyante propre au futur réalisateur de Moulin Rouge. entrée libre dans la limite des places disponibles durée 1 heure 34 / VOST 27 juin | 14h30 Devdas Inde / 2002 / Réal. Sanjay Leela Bhansali Une histoire d’amour passionnelle et impossible à la Roméo et Juliette sur fond de lutte des classes, interprétée par le couple le plus glamour de la comédie musicale indienne, Shah Rukh Khan et Aishwarya Rai. Le meilleur du chant et de la danse bollywoodienne réuni dans un tourbillon de saris. entrée libre dans la limite des places disponibles durée 3 heures (avec un entracte « bollywoodien ») / VOST FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 93 PAGE 94 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples AU FIL DU FESTIVAL Ciné-danse, restitutions d’ateliers, répétition publique, rencontres avec les équipes artistiques, ateliers… FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 95 Ciné-danse Monocromo Ana Pérez et Cristina Hall Suivi de Los Tarantos Réal. Francisco Rivera Beleta La Cité Radieuse – Toit-terrasse Le flamenco le plus pur revisité par une Américaine 6 juin 21h Monocromo Création 2014 Danse et chorégraphie : Cristina Hall et Ana Pérez Violoncelle : Israel Fausto Martínez Direction artistique : Andrés Marín. Los Tarantos Espagne / 1963 Avec Carmen Amaya et Antonio Gades. entrée libre / réservation indispensable au 04 91 99 00 20 ou [email protected] et une Française. Deux corps antagoniques qui se fondent dans une même couleur, un monochrome. Le flamenco est une célébration du métissage. Cela n’a pas échappé à Andrés Marín quand la prestigieuse Biennale de Séville lui commande une pièce pour son cycle « Espaces singuliers ». Il y voit l’occasion de travailler enfin avec deux danseuses que tout pourrait opposer si elles n’avaient pas importé leurs cultures respectives au cœur de la danse flamenca : américaine pour Cristina Hall ; latino-africaine pour la Marseillaise Ana Pérez. Dans Monocromo, c’est d’abord la musique d’Israel Fausto Martínez, au violoncelle, qui les rapproche. Pourtant, elles évoluent encore dans des espaces séparés. Entrées en résonance, elles finiront par se rejoindre sur une terre commune. De cette réunion naît un flamenco aux accents lyriques et sensuels qui métamorphosent cette pièce en « poème de la féminité ». Le flamenco « La raison, la passion, la vérité, la vie » par José Bergamín Dès la première édition, le Festival de Marseille s’est jeté dans l’arène du flamenco, de tous les flamencos. Avec audace, il a fait confiance à l’intuition des nouvelles générations de danseurs, tous porteurs d’une identité élargie. Baile, cante, toque : le flamenco est un art aux multiples visages qui renferme, de façon inextricable, les mémoires de l’Andalousie – la musulmane, savante et raffinée ; la juive, pathétique et tendre ; la gitane enfin, rythmique et populaire. Ce qui fait dire à l’écrivain Tomás Borrás qu’être flamenco, « c’est posséder le destin dans la conscience, la musique dans les nerfs, la fierté dans l’indépendance, la joie dans les larmes : c’est la peine, la vie et l’amour porteurs d’ombre ». Bien sûr, il y a les puristes. Les irréductibles. Les garants de l’esprit flamenco. Ceux qui protègent les secrets. Gardent le cœur vibrant et intact. Et pourtant, quand, en 2001, Israel Galván entre en scène dans La Metamorfosis et danse sur Ligeti, Kurtág ou Luigi Nono, presque rien ne filtre de l’incompréhension des gardiens du temple. Ils observent, scrutent. La pièce bouleverse les codes, mais l’art est grand. Le duende est là. On pourrait continuer et citer le sauvage Joaquín Cortés, la cristalline Eva Yerbabuena, la déesse María Pagés, l’infante Rocío Molina. Ces artistes qui ont ouvert les plus belles pages du flamenco contemporain à Marseille et dans le monde. Chacun avec leur caractère, ils ont exploré des rivages encore inconnus de la danse, de la musique et du chant, les trois piliers de cet art millénaire, nomade, gitan, andalou, qui s’est construit en traversant l’Europe des cultures et des peuples. De cet art PAGE 96 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples modelé par la joie et la souffrance. Un héritage que les nouvelles générations cherchent à enrichir toujours plus, en s’appropriant les fondements de la danse pure tout en leur imprimant un souffle nouveau, en métissant les genres, les techniques, les musiques, en allant puiser l’inspiration dans d’autres mythologies… Ils nous rappellent ainsi que le flamenco n’est pas un art identitaire. Qu’il s’est toujours modifié en s’imprégnant de son environnement immédiat. Et que s’il prend soin de ses racines, il est, et sera toujours, perméable aux bruits du monde. Cristina Hall Cristina Hall, née et élevée à San Francisco, en Californie, habite et danse à Séville, en Espagne depuis plus de douze ans. Elle danse avec des artistes renommés tels qu’Israel Galván et Manuela Ríos, entre autres. Elle est partie en tournée dans le monde entier avec ses propres créations, telle qu’El Sonido del Silencio (« Le son du silence ») et Ensueño (« Rêverie »). Finaliste du concours chorégraphique international de Sadler’s Wells à Londres avec sa création Blackbird, Cristina Hall a obtenu la deuxième place du Concurso Internacional Del Tablao Las Carboneras à Madrid. BIOGRAPHIES Israel Fausto Martínez Ana Pérez Fille de Maria Pérez, directrice du Centre Solea, et de Patrick Servius, chorégraphe contemporain, Ana Pérez a mis ses premières chaussures de danse à l’âge de trois ans. À neuf ans, elle était sur scène aux côtés d’Adela Campallo pour danser sa première alegría au tablao de la rue Sainte. Formée à la danse contemporaine par Josette Baïz, elle finit par choisir la route du flamenco et s’installe à Séville à dix-huit ans. Et c’est de là que sa carrière démarre de manière fulgurante. En 2011, elle danse dans la Compagnie de la célèbre Cristina Hoyos. Finaliste du concours « Los Jovenes Flamenco » en 2013, elle se produit dans les tablaos les plus prestigieux de la capitale andalouse et de Barcelone. Révélation des festivals de Nîmes et de Mont-de-Marsan en 2012 avec sa propre création, elle jouera également à l’Amphi de l’Opéra de Lyon son spectacle Pilares, entourée toujours des meilleurs musiciens (Pepe de Pura, Juan José Amador, Ramón Porrina…). Lauréat de prestigieux concours nationaux et internationaux, Israel Fausto Martínez est considéré comme l’un des violoncellistes espagnols les plus prometteurs à un niveau international. Il a joué ces dernières années en tant que soliste ou musicien d’orchestre de chambre, dans toute la péninsule Ibérique, en Allemagne, aux États-Unis, aux Pays-Bas, en Italie, en Croatie, au Royaume-Uni, ou encore en France. On l’a vu souvent à la télévision sur les grandes chaînes espagnoles. Depuis 2003, il détient une chaire au Conservatoire supérieur de musique Manuel Castillo de Séville et donne régulièrement des master classes pour différentes institutions et festivals. Invité à être jury de nombreux concours nationaux et internationaux, il participe également à des publications musicales spécialisées. Israel Fausto Martínez est docteur en philosophie à l’université de Séville et joue sur un violoncelle Georg Stauffer de 1830. À propos d’Ana Pérez « C’est une personne à part, une grande artiste à la fois humble et très simple. Pour moi, elle a tout : la maturité, la sagesse et l’élégance. Elle domine et remplit complètement l’espace scénique. D’ailleurs, il suffit qu’elle apparaisse pour que le public soit saisi par son aura et ce qu’elle dégage. Évidemment, elle domine une technique parfaite des pieds, des bras et de tout le corps. Mais c’est sans aucun doute le style qu’elle incarne qui la rend tellement unique. C’est un peu comme si elle invitait l’Afrique à danser le flamenco ! » Moisés Navarro, critique. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 97 Au fil du Festival Restitution d’ateliers Rencontres avec les équipes artistiques En corps libres Candoco Dance Company En corps libres est le titre des ateliers de pratique artistique encadrés par Sylvain Bouillet et menés auprès de 150 enfants dans le cadre des actions éducatives et culturelles du Festival en milieu scolaire. Le chorégraphe favorise le croisement des singularités de chaque danseur et développe un langage chorégraphique hybride basé sur un travail autour de l’énergie brute et spontanée des corps. Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation. Samedi 20 juin Mardi 16 juin à 18h Friche La Belle de Mai | Toit-terrasse Entrée libre KLAP Wim Vandekeybus / Ultima Vez Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation. Jeudi 9 juillet La Criée, Théâtre national de Marseille Ateliers Répétition publique Wim Vandekeybus / Ultima Vez Ballet de l’Opéra de Lyon Eduardo Torroja propose un atelier destiné aux danseurs hip-hop professionnels et avancés. Jeudi 18 juin à 15h30 Le Silo Entrée libre / réservation indispensable au 04 91 99 00 20 ou [email protected] Samedi 11 juillet de 11h à 13h et de 14h à 16h KLAP entrée libre / réservation indispensable au 04 91 99 00 20 ou [email protected] PAGE 98 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples UN FESTIVAL AU SERVICE DE TOUS LES PUBLICS FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 99 La charte culture : un dispositif unique de billetterie solidaire Le Festival de Marseille fédère autour de lui un groupe de 12 Témoignages recueillis : partenaires unis dans un même combat : celui de l’accès à la culture pour le plus grand nombre. L’édition 2015 signe la 7e « En fait c’est la première fois que je peux venir voir un spectacle année d’existence de la Charte culture, dispositif exceptionnel dans une salle comme ça. C’est quand même super de pouvoir de billetterie solidaire qui permet aux publics aux revenus les accéder à des spectacles de grande qualité à ce tarif. » plus modestes de découvrir, pour 1 € symbolique, des artistes, (jeune en structure de formation et d’insertion) des lieux, des événements qu’ils n’ont pas ou peu l’occasion de fréquenter. « C’était vraiment génial. Les enfants étaient très calmes et attentifs. Je pense qu’ils ont vraiment été bluffés par les danseurs. On était La Charte culture va bien au-delà d’une simple mise à disposition au premier rang en plus. Merci encore, ce sont des moments de places, elle accompagne les personnes qui en bénéficient inoubliables pour eux comme pour moi. » grâce à des présentations de la programmation adaptées et des (un professeur des écoles en zone d’éducation prioritaire) interventions de médiation en amont du Festival. Autant d’actions et de rencontres pour sensibiliser au spectacle vivant les per- « Je souhaitais vous remercier pour votre implication et votre dissonnes qui s’en tiennent à l’écart pour des raisons économiques, ponibilité dans ce projet d’accès a la culture pour tous. La danse culturelles, sociales ou de santé. contemporaine m’a toujours attiré mais je n’ai jamais osé, grâce à vous je me suis jeté à l’eau et j’ai découvert un univers qui m’a En 2015, la Charte culture offre plus de 2000 places grâce au fasciné. J’ai voyagé dans le monde artistique de ces chorégraphes soutien financier de nos partenaires et à l’implication des asso- et danseurs que je ne connaissais pas. Aujourd’hui je garde une ciations et structures relais. part de l’imaginaire de ces artistes en moi, grâce à vous. » (un spectateur déficient visuel) Merci aux Actions culturelles d’Arte, partenaire principal de la Charte culture, à la Ville de Marseille, au Conseil départemental des Bouches-du-Rhône et aux mairies de secteur des 1/7, 2/3, 4/5, 6/8, 9/10, 11/12, 13/14 et 15/16. Pour plus d’informations sur le dispositif Charte culture et sur les actions de sensibilisation, contactez Julie Moreira-Miguel au 04 91 99 02 56 ou [email protected]. PAGE 100 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Danse comme il te plaît Ateliers de danse intégrée du 10 au 20 mai L’accessibilité du Festival : au-delà des actions, une vision Le Festival de Marseille invite à partir du 10 mai quatre prestigieuses compagnies venues de France (Acajou), Belgique (Ballet du Grand Miro), Israël (Power of Balance - Vertigo) et Grande-Bretagne (Candoco Dance Company). Ces ateliers gratuits et ouverts à tous, valides et handicapés, danseurs et non danseurs concernent plus de 400 personnes. ATELIERS Acajou FRANCE Le Festival de Marseille poursuit et renforce sa politique d’accessibilité, désormais indissociable de son identité. Le Festival a acquis un véritable savoir-faire en la matière et a mis en place des actions pionnières sur son territoire qui lui valent aujourd’hui d’être nommé aux Cinquièmes Trophées de l’accessibilité (Prix spécial accès pour tous à la culture) pour la région Sud-Est aux côtés de cinq autres structures au niveau national. Danser sans (se) voir Comment danser quand on n’a jamais vu la danse ? La compagnie Acajou répond par une approche conçue directement en lien avec le handicap visuel. Delphine Demont, danseuse contemporaine, développe depuis 10 ans une démarche sensorielle d’apprentissage de la danse. Les ateliers qu’elle mène avec José Luis Pages s’affranchissent de l’exercice traditionnel « observation / imitation » et permettent ainsi aux personnes déficientes visuelles de s’initier à la danse contemporaine à travers des ateliers d’improvisation. Les danseurs valides pourront, les yeux bandés ou non, partager ces ateliers avec des danseurs déficients visuels. Dimanche 10 mai de 10h à 13h Mardi 12 mai de 14h à 17h KLAP Maison pour la danse Pour danseurs et non danseurs ; pour valides et déficients visuels. ATELIERS L’accessibilité est soutenue par la Division des personnes handicapées de la Ville de Marseille, le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, la Fondation de France et AG2R La Mondiale. Merci à l’IRSAM, au CRTH et à Nucléus. Pour plus d’informations sur les événements et l’accessibilité, contactez Julie Moreira-Miguel au 04 91 99 02 56 ou [email protected]. Pour les personnes sourdes, contactez Fathia Haski par SMS au 07 85 28 38 44 ou [email protected] Ballets du Grand Miro BELGIQUE Sentir et écouter la danse – une approche somatique de la danse accessible aux déficients visuels Saïd Gharbi, danseur non-voyant, et Ana Stegnar se rencontrent au sein de la prestigieuse compagnie de Wim Vandekeybus, Ultima Vez. En 2002, Saïd Gharbi fonde sa propre compagnie, les BGM, où Ana le rejoint. Ils créent plusieurs spectacles sur la cécité. En tant que chorégraphe et pédagogue, Ana Stegnar inclut dans ses créations et projets pédagogiques des personnes avec déficience visuelle, enfants et adultes. La délicatesse d’Ana alliée à l’impétuosité de Saïd font de ces ateliers pour danseurs valides et déficients visuels une expérience physique et sensorielle inédite. Dimanche 10 mai de 14h à 17h Mardi 12 mai de 9h à 12h KLAP Maison pour la danse Pour danseurs et non danseurs ; pour valides et déficients visuels. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 101 SPECTACLE ATELIERS Clairières Power of Balance Vertigo Spectacle interprété par Delphine Demont et Saïd Gharbi. La chorégraphe Delphine Demont, en duo avec le danseur nonvoyant Saïd Gharbi, crée des situations concrètes et physiques d’inconfort, de danger, d’incompréhension, d’hésitations… Mais aussi de confiance extrême, de complicité et d’humour. Les danseurs bousculent les repères créant un univers visuel et sonore passionnant. Et si on écoutait la danse ? Lundi 11 mai - 14h30 Théâtre Joliette-Minoterie Entrée libre sur réservation ATELIERS Candoco Dance Company GRANDE-BRETAGNE « Savoir comment nos corps fonctionnent, comprendre et apprivoiser nos différences… … et chercher en chacun le sens profond de ce que veut dire être humain ». Telle est la quête d’Adam Benjamin lorsqu’en 1991 il crée Candoco avec la danseuse en fauteuil Celeste Dandeker-Arnold OBE. Programmée internationalement, la première compagnie professionnelle pour danseurs valides et handicapés, aujourd’hui dirigée par Stine Nilsen et Pedro Machado, se compose de 11 danseurs ; trois d’entre eux animent les ateliers : Tanja Erhart, Laura Patay et Andrew Graham. ISRAËL Power of balance, Danse-contact intégrée Invités par le Festival de Marseille en 2014, Hai Cohen, danseur en fauteuil, et la danseuse valide Tali Wertheim, ont bouleversé par leur travail et leur présence les participants aux ateliers Power of Balance. La danse-contact est une pratique d’improvisation basée sur la perte et la recherche d’équilibre ; les danseurs se servent du toucher pour transmettre des informations sur leur situation dans l’espace. Pratiquée par des danseurs valides et handicapés, elle offre un espace d’égalité pour créer ensemble et apprendre les uns des autres. Dimanche 17 mai – Atelier intensif de 10h à 16h Lundi 18 mai – Atelier de 10h à 12h ou de 14h à 16h Mardi 19 mai – Atelier de 10h à 12h ou de 14h à 16h Mercredi 20 mai – Atelier intensif de 10h à 16h KLAP Maison pour la danse Pour danseurs et non danseurs ; valides et en situation de handicap moteur, auditif ou mental. SPECTACLE 11,711 Stone Steps At Nikko Power of Balance – Vertigo Le long de cette route / Personne ne va / Juste avant l’automne Jeudi 14 mai – Atelier intensif de 10h à 16h Vendredi 15 mai – Ateliers de 10h30 à 12h30 ou 14h à16h Samedi 16 mai – Ateliers parents / enfants de 11h à 12h30 ou 14h à 15h30 KLAP Maison pour la danse Pour danseurs et non danseurs ; valides et en situation de handicap moteur, auditif ou mental. (Basho, poète japonais) Interprété par Hai Cohen, danseur en fauteuil roulant, Tali Wertheim et Maya Resheff, danseuses valides, 11,711 Stone Steps At Nikko s’inspire de la tradition japonaise des haiku. Le spectateur est plongé dans une autre dimension du temps, l’essence même de l’être. Lundi 18 mai – 17 h KLAP Maison pour la danse Entrée libre sur réservation PAGE 102 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples La danse intégrée… toute l’année Des dispositifs d’accessibilité renforcés Le Festival a mis en place un projet d’accompagnement à la danse à l’IRSAM, Institut régional des sourds et aveugles de Marseille, au sein de deux de ses structures, l’Arc-en-Ciel et les Hirondelles. La compagnie Acajou anime, de janvier à juin, des ateliers Danser sans (se) voir favorisant la pratique et la connaissance de la danse auprès des enfants déficients visuels de l’Arc-enCiel (IRSAM). Des centaines de spectateurs en situation de handicap pourront bénéficier des dispositifs mis en place : spectacles en audiodescription, rencontres publiques adaptées en langue des signes française, communication papier spécifique, site Internet accessible, accueil personnalisé. Des élèves de CE2 de l‘École Eugène Cas (Marseille 4e) se rendront à l’Arc-en-Ciel (Marseille 7e) pour participer, avec un groupe d’enfants malvoyants et non-voyant âgés de 8 à 11 ans, à deux ateliers animés par Acajou et les Ballets du Grand Miro, le 11 mai 2015. Maria Pérez, danseuse et pédagogue reconnue du flamenco à Marseille à la tête du Centre Solea, initie à son art des adolescents sourds des Hirondelles depuis le mois de février. Ces ateliers flamenco se clôtureront par une rencontre dansée avec les adolescents sourds des Hirondelles (IRSAM) et un groupe d’élèves des collèges Versailles (Marseille 3e) et SainteMarie-de-Blancarde (Marseille 4e) le 21 mai 2015. Par ailleurs, Sylvain Bouillet (NaïF Production), danseur contemporain qui anime des ateliers au sein de classes du primaire au collège depuis le mois de janvier dans le cadre des actions éducatives et culturelles du Festival, réunira les élèves du collège Louis Aragon (Roquevaire) – suivant ces ateliers sur l’année- avec des adolescents sourds scolarisés à l’IRSAM Les Hirondelles, le temps d’un atelier, le 21 mai 2015. T Audiodescription Personnes à mobilité réduite Boucle magnétique Handicap mental ou psychique Langue des signes française Souffleurs d’images Accessible aux déficients visuels S/TT Sous-titrage Spectacle visuel FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 103 Les actions éducatives et culturelles : un axe majeur des missions et de la programmation du festival Les actions de sensibilisation et de pratique artistique mises en place sur l’année proposent à des enfants, adolescents et jeunes adultes pour la plupart issus de quartiers dits « sensibles », de découvrir la création contemporaine avec des partenariats s’inscrivant dans la durée. Les dispositifs et les contenus de ces actions sont adaptés à la diversité des classes et les projets menés se construisent avec les équipes pédagogiques et les artistes intervenants. Sur l’année scolaire 2014-2015, toutes les actions mises en place se déclinent autour du projet pédagogique En corps libres. Les actions éducatives et culturelles sont soutenues par le Ministère de la Culture et de la Communication, Direction régionale des affaires culturelles. Pour plus d’informations contactez Aurore Frey, chargée de relations avec les publics de l’éducation au 04 91 99 00 28 ou [email protected]. La belle saison pour l’enfance et la jeunesse Le Festival de Marseille participe à La Belle Saison avec l’enfance et la jeunesse, manifestation portée par le Ministère de la Culture et de la Communication de juillet 2014 à décembre 2015. En corps libres, danse contemporaine et jeu avec la norme En 2015, le projet pédagogique En corps libres propose de découvrir une danse contemporaine qui revendique la différence dans les corps, accepte les individus tels qu’ils sont et questionne la norme imposée par la société pour mieux s’en jouer. En corps libres. Le Festival met en place des actions de médiation au sein des classes et propose des ateliers de pratique artistique. Ils concernent près de 150 élèves et donneront lieu à une restitution publique le 16 juin. Par ailleurs, un projet innovant est mis en place au sein de l’école Eugène Cas. Le parcours du spectateur : devenir spectateur s’apprend peu à peu… Le parcours du spectateur s’articule autour d’interventions théoriques en classe, de rencontres avec les œuvres, d’un travail d’expression personnelle (dont les productions et les écrits sont réunis sur le blog projetdanceisaweapon.wordpress.com) et de la mise à disposition d’outils pédagogiques édités par le Festival de Marseille. Le parcours du danseur : la découverte par la pratique En complément du parcours du spectateur, certaines classes participent à des ateliers de pratique artistique. Cette année Sylvain Bouillet mène des ateliers au sein des classes de CE1 des écoles Estaque Gare et du Rouet, de CE2 et de CLIS TED (Classe d’inclusion scolaire pour des enfants présentant des troubles du spectre autistique) à l’école Eugène Cas, ainsi que des classes de 4e des collèges Jean-Claude Izzo et Louis Aragon et de 5e du collège Chenier. Ils donneront lieu à une restitution publique. Un parcours d’éducation artistique et culturelle sur trois ans Un projet innovant permettra à une classe de CE2 et une classe d’enfants porteurs d’autisme de l’école Eugène Cas de suivre un parcours pluridisciplinaire inclusif sur trois ans. PAGE 104 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples INFOS PRATIQUES FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 105 Tarifs et réservations Réservations À la billetterie du Festival 17, rue de la République, Marseille 2e (3e étage) Jusqu’au 13 juin : du mardi au samedi de 11h à 18h du 14 juin au 17 juillet : tous les jours de 11h à 18h Métro 1 : arrêt Vieux-Port Tram 2 : arrêt Sadi Carnot Parking : Vinci Park République En ligne festivaldemarseille.com Par téléphone +33 (0)4 91 99 02 50 Aux horaires d’ouverture de la billetterie du Festival Pour les personnes sourdes Par SMS au 07 85 28 38 44 ou par mail à [email protected] Abonnements Abonnement 2 spectacles : 45 € 1 spectacle A + 1 spectacle B Abonnement 3 spectacles : 65 € 3 spectacles dont au moins 1 spectacle B + chaque spectacle supplémentaire à 20 € (spectacles A) et 15 € (spectacles B) Dans le cadre de ces abonnements les places proposées pour les spectacles A sont des places de catégorie 1. Carte Flux, 6e édition 6 festivals marseillais s’associent : Festival Les Musiques, marseille objectif DansE, Festival de Marseille_danse et arts multiples, Festival Mimi, FIDMarseille / Festival International de Cinéma et Marseille Jazz des Cinq Continents = 6 sorties pour 45 € = 1 place par festival Sur le lieu du spectacle 1 h avant le début de la représentation dans la limite des places disponibles. Et auprès de nos partenaires Espaceculture_Marseille 42, la Canebière, Marseille 1er Tél. 04 96 11 04 61 espaceculture.net Office de Tourisme et des Congrès 11, la Canebière, Marseille 1er Tél. 0826 500 500 (0,15 €/min) marseille-tourisme.com Réseau Fnac Fnac, Carrefour, Géant Casino Tél. 0892 683 622 (0,34 €/min) fnacspectacles.com Digitick Tél. 0892 700 840 (0,34 €/min) digitick.com Pour les tarifs de groupe (à partir de 10 personnes) et les comités d’entreprise contactez Elena Bianco au 04 91 99 00 29 ou [email protected]. Pour les groupes scolaires contactez Aurore Frey au 04 91 99 00 28 ou [email protected]. Pour les étudiants → 300 places gratuites pour les étudiants de Marseille avec « Marseille fête ses étudiants » ! En partenariat avec la Délégation au Plan « Marseille Ville Étudiante » de la Ville de Marseille. Inscriptions préalables sur mairiedemarseille.fr à partir du 18 mai. → Places au tarif de 5 € sur réservation pour les étudiants de l’AMU porteurs de la Carte Culture d’Aix-Marseille Université. Réservations indispensables au 04 91 99 02 53 ou [email protected] Pour les personnes en situation de handicap contactez Julie Moreira-Miguel au 04 91 99 02 56 ou [email protected]. Pour les personnes sourdes infos et réservations par SMS au 07 85 28 38 44 ou [email protected] auprès de Fathia Haski PAGE 106 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Dates We are the City Willi Dorner 14 juin 18 : 00 Ballet de l’Opéra de Lyon Sarabande / Steptext One Flat Thing, reproduced 17 - 18 Juin 21 : 00 Le Silo A Cat. 1 : 31 € Cat. 2 : 25 € Cat. 1 : 20 € Cat. 2 : 15 € 10 € Candoco Dance Company Playing Another Let’s Talk About Dis / Notturnino 20 - 21 Juin 21 : 00 KLAP HA* 10 € 10 € 10 € Mission D. Van Reybrouck, R. Ruëll & B. Vanden Broecke / KVS 23 - 24 juin 21 : 00 La Friche B 20 € 15 € 10 € H. Shechter’s deGeneration Cult / Fragments / Disappearing Act 25 - 26 juin 21 : 00 La Criée B 20 € 15 € 10 € Zef ! Kelemenis & cie 26 juin 19 : 00 MuCEM Ciné-concert Gisela João Suivi de La Cage Dorée 28 juin 21 : 00 L’Alhambra Verklärte Nacht Anne Teresa De Keersmaeker / Rosas 2 - 3 juillet 21 : 00 BNM B 20 € 15 € 10 € Spectres Josette Baïz - Compagnie Grenade Quatuor Béla 3 juillet 21 : 00 Théâtre B Joliette - Minoterie 20 € 15 € 10 € Rosas danst Rosas Anne Teresa De Keersmaeker / Rosas 4 juillet 21 : 00 Le Silo Cat. 1 : 31 € Cat. 2 : 25 € Cat. 1 : 20 € Cat. 2 : 15 € 10 € Impulso Rocío Molina 4 - 5 juillet Un Sacre du Printemps Daniel Linehan, Hiatus 6 - 7 juillet 21 : 00 BNM B 20 € 15 € 10 € Nómada Cía Manuel Liñán 8 juillet 21 : 00 Théâtre Silvain B 20 € 15 € 10 € What the Body Does Not Remember Wim Vandekeybus / Ultima Vez 9 juillet 21 : 00 La Criée B 20 € 15 € 10 € Speak low if you speak love... Wim Vandekeybus / Ultima Vez 11 juillet 21 : 00 Le Silo A Cat. 1 : 31 € Cat. 2 : 25 € Cat. 1 : 20 € Cat. 2 : 15 € 10 € Guests Josette Baïz - Groupe Grenade 12 juillet 21 : 00 La Criée B 20 € 15 € 10 € Ballet du Capitole Valser - Catherine Berbessou 16 juillet 21 : 00 Le Silo A Cat. 1 : 31 € Cat. 2 : 25 € Cat. 1 : 20 € Cat. 2 : 15 € 10 € Bal Tango Carte blanche à marseille objectif DansE 17 juillet 21 : 00 Ombrière du Vieux Port Tarif réduit : demandeurs d’emploi Tarif préférentiel : moins de 26 ans et bénéficiaires des minima sociaux *HA Hors Abonnement Lieu Abo. Tarif plein Tarif réduit Tarif préf. Spectacles Entrée libre Parade du Square Léon Blum (Les Réformés) au J4 (MuCEM) Entrée libre 2 autres lieux à découvrir sur festivaldemarseille.com Entrée libre A Tarifs à confirmer 2 lieux à découvrir sur festivaldemarseille.com Entrée libre Tous les lieux de spectacles sont accessibles aux personnes à mobilité réduite et sont équipés d’une boucle magnétique. T FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 107 Les lieux du Festival Le Silo KLAP 35, quai du Lazaret, 2e tél. 04 91 90 00 00 / silo-marseille.fr TRAM 2 : arrêt Arenc Le Silo MÉTRO : arrêt Joliette PARKINGS : Vinci Terrasses du Port ou Quai d’Arenc FORFAIT Vinci Park 5h / 5 € en vente sur silo-marseille.fr Maison pour la danse 5, avenue Rostand, 3e tél. 04 96 11 11 20 / kelemenis.fr MÉTRO : arrêt National BUS 89 : arrêt National Loubon L’Alcazar – BMVR 58, cours Belsunce, 1er tél. 04 91 55 90 00 / bmvr.marseille.fr TRAM 2 : arrêt Belsunce-Alcazar MÉTRO : arrêt Vieux-Port, Colbert ou Noailles PARKING : Vinci Centre Bourse La Criée Théâtre national de Marseille 30, quai de Rive Neuve, 7e tél. 04 91 54 70 54 / theatre-lacriee.com MÉTRO : arrêt Vieux-Port BUS : 82, 82S, 83 arrêt Théâtre de La Criée PARKING : Vinci Vieux Port-La Criée FORFAIT Vinci Park 3h / 5 € + info 04 91 99 02 50 L’Alhambra 2, rue du Cinéma, 16e Place Raphel tél. 04 91 03 84 66 / alhambracine.com MÉTRO : arrêt Bougainville puis bus 36 arrêt Rabelais frère Ballet National de Marseille Friche la Belle de Mai 41, rue Jobin, 3e 12, rue François Simon, 3e tél. 04 95 04 95 95 / lafriche.org MÉTROS : arrêt St Charles BUS 49 ET 52 : arrêt Belle de Mai MuCEM 7, promenade Robert Laffont, 2e Place d’Armes du Fort Saint-Jean tél. 04 84 35 13 13 / mucem.org TRAM 2 : arrêt République - Dames ou Joliette MÉTRO : arrêt Vieux-Port ou Joliette PARKINGS : Vinci Fort Saint-Jean ou Terrasses du Port Théâtre Joliette-Minoterie 2, place Henri Verneuil, 2e tél. 04 91 90 07 94 / theatrejoliette.fr TRAM 2 : arrêt Euroméditerranée Gantès MÉTRO : arrêt Joliette PARKINGS : Vinci Terrasses du Port ou Quai d’Arenc Théâtre Silvain Pont de la Fausse Monnaie Chemin du Pont, 7e marseille1-7.fr BUS 80 ET 83 : arrêt Endoume Vallons des Auffres 20, boulevard de Gabès, 8e tél. 04 91 32 72 72 / ballet-de-marseille.com MÉTRO : arrêt Rond-Point du Prado BUS 19 et 83 : arrêt Prado Tunis La Cité Radieuse 280, boulevard Michelet, 8e marseille-citeradieuse.org MÉTRO : arrêt Rond-Point du Prado puis BUS 21 dir. Luminy arrêt Le Corbusier parking de l’immeuble accessible au public PAGE 108 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples 20 ANS DE FESTIVAL FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 109 Les artistes invités depuis 1996 A Kyle Abraham 2014 A Filetta 2009 Houria Aïchi 1997 Ailey II 2011 Cheb Aïssa 1998 Pierre Akendengué 1997 Akram Khan Company 2011 Sara Alexander 2000 Diego Amador 2005 Vicente Amigo 1996 Cédric Andrieux 2010 Georges Appaix / La Liseuse 2013 Compagnie Arcor / Christine Gérard 1999 Daniel Arsham 2010 Atelier régional de création de Kanjiza 2010 Françoise Atlan 1996 Natacha Atlas 1998 Alain Aubin 1996, 1997, 1998 Koen Augustijnen 2009, 2014 Hayet Ayad 1998 B Delphine Baey 1997 Josette Baïz / Groupe Grenade 1996, 1999, 2015 Compagnie Grenade 1999, 2015 Bal moderne 2004 Hippolyte Baliardo 1998 Alonzo King LINES Ballet 2013 Ballet du Capitole 2015 Ballet Cullberg 2012 Ballet Gulbenkian 2004 Ballet National de Marseille 2005, 2006, 2010, 2014 Ballet de l’Opéra de Lyon 2002, 2015 Ballet Royal de Flandres 2006 Les Ballets C. de la B. 2001, 2009, 2014 Les Ballets de Monte-Carlo 2003, 2004 Richard Baquié 2012 Grace Ellen Barkey 2005 Javier Barón 1996 Batsheva Dance Company 2013 Jérôme Bel 2010 Catherine Berbessou 1999, 2002 Kader Berlarbi 1997 Groupe Bernard Menaut 2006 Claudio Bernardo 1998 Mariella Berthéas 1997 Philippe Bianconi 1996 Bibi Tanga & Le Pr. Inlassable 2008 Big Soul 1997 Julien Blaine 2009 Nicole Blanchi 1997 Compagnie Bob Hubert Ekoto 1998 Jonah Bokaer 2010 Seydou Boro 2000 Aurélien Bory 2006, 2007, 2009 Sophie Boulin 1998 Antoine Bourseiller 2002 Joëlle Bouvier 1999, 2001 Roberto de Brasov2001 Susan Buirge 1999 C Camané 2000 Candoco Dance Company 2015 Elias Canetti 2006 Robert Cantarella 1997 Lea Čapková 2008 Jan Mari Carlotti 1998 Juan Carmona 1996, 1998 Diego Carrasco 2005 Colectivo Carretel 2014 Système Castafiore 2002 Teodora Castellucci 2008 Dagmar Chaloupková 2008 Charleroi Danses 1998 Sidi Larbi Cherkaoui 2001, 2003, 2011, 2012 Julien Chesnel 2009, 2010 Sonia Chiambretto 2008, 2013 Moraíto Chico 2007 Lucinda Childs 2003 Chin Chin 2007 Chœur Régional Vocal Côte d’Azur 1997 Chœur Régional Vocal Provence 1998 Compagnie Choream 1998, 2001 Marie Chouinard 2004, 2007 Katharina Christl 2009 Codarts-Rotterdam Dance Academy 2007 Claudia Codega 2006 Hubert Colas 2008, 2013 Formation Coline 2014 Eli Commins 2013, 2014 Jo Corbeau 1998 Bruno Corsini 2003 Joaquín Cortés 1996 Simon Courchel 2009 Hugues de Courson 1997 Eduardo Fernandez-Caldas 1999 Enclave Español 2012 Jean-Jérôme Esposito 2010 Leonard Eto 2014 Eva La Yerbabuena 1999 Ex Nihilo 2008 Orient Expressions 2008 F D Dance Apprentice Network aCross Europe / D.A.N.C.E 2006 Quatuor Danel 2004 Anne Teresa De Keersmaeker 2001, 2003, 2004, 2005, 2006, 2008, 2015 Michèle Anne De Mey 1999 Josse De Pauw 2014 Hildegard De Vuyst 2014 Dean & Britta 2009 Kris Defoort 2004 Silvana Deluigi 1999 Aurélien Desclozeaux 2011 Juan Kruz Diaz de Garaio Esnaola 2003 Roel Dieltiens 2001 Jacques Diennet 2009 Dieuf Dieul 1997 Dj Oil (Troublemakers) 2003 Daniel Dobbels 1999 Dorantes 2003 Willi Dorner 2010, 2015 Eva Doumbia 2011 Dreamtime 2004 Pierre Droulers 2004, 2009, 2013 Nacho Duato / Compañía Nacional de Danza 1996 Odile Duboc 2000 Olivier Dubois 2011 Luc Dunberry 2002, 2003 E Mats Ek 2002 Alexander Ekman 2014 Hasna El Becharia 2003 Ahmed El Maghraby 1998 Luis El Zambo 2007 Gacha Empega 1998 Yasuyuki Endo 2014 Ensemble Camerata de Provence 1997, 1999 PAGE 110 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Esperanza Fernández 2002, 2003 Belén Fernández 1996 Tino Fernández 2014 Frédéric Flamand 1998, 2005, 2006, 2010 William Forsythe 2003, 2006, 2015 Paul-André Fortier 2010 Sharon Fridman 2012 G Israel Galván 2001, 2005 Emanuel Gat 2006, 2014 Heiner Goebbels 2006, 2007 Toni Grand 2007 Emio Greco - Pieter C. Scholten 2008 Joaquín Grilo 1996 Katia Guerreiro 2004 Thomas Gunzig 2014 H Zaha Hadid 2006 Adel Hakim 1996 Christophe Haleb / LA ZOUZE 2009, 2010, 2013 Cristina Hall 2015 Handspring Puppet Company / William Kentridge 2014 Thomas Hauert 2015 Roland Hayrabedian 2000, 2002 Gabriel Hernandez 2010 Peter William Holden 2012 Dora Hoštová 2008 Hotel Pro Forma 2008 Serge Hureau 1998 I Ictus Carlotta Ikeda Ryoji Ikeda 2003, 2005 1999, 2002 2008, 2013 J Brigitte Jacques 1999 Damien Jalet 2003 Bernice Johnson Reagon 2003 Bill T. Jones / Arnie Zane Dance Company 2013 K Stefan Kaegi 2008 Michel Kelemenis 1997, 2007, 2015 Jan Kodet 2008 Élisabeth Kontomanou 2006 Kubilai Khan Investigations 2006 Yayoi Kusama 2010 Jíři Kylián 2002, 2003, 2005, 2006, 2007, 2014 L Benoît Lachambre 2009 Patrick Laffont 2004 Fabrice Lambert 2007, 2008 Éric Languet 2014 Daniel Larrieu 2002, 2007 Francesca Lattuada 2001 Ginette Laurin / Compagnie O Vertigo 2009, 2010 Jan Lauwers 2005 Raoul Lay et l’Ensemble Télémaque 2001 Cie Le Rêve de la Soie 2004 Louise Lecavalier 2009 Elena Ledda 2001 Daniel Léveillé 2011 Tania Libertad 2003 Paul Lightfoot et Sol León 2005, 2014 Manuel Liñán2015 Carmen Linares 2000 Daniel Linehan 2015 Chantal Loïal 2011 Franck II Louise 2006, 2007 Lura 2007 M Ibrahim Maalouf 2008 Jean-Christophe Maillot 2003, 2004 Malouma 2004 Lawrence Malstaf 2008 Vincent Mantsoe 1997 Gregory Maqoma 2011, 2013 Alexandros Markeas 2013, 2014 Catherine Marnas / Cie Parnas 2001, 2003 Beatriz Martín 1996 Mayte Martín 1999 Souad Massi 2001 Massilia Sound System 1996, 1998 Claron McFadden 2004 Merce Cunningham Dance Company 2011 Malik Mezzadri / Magic Malik Orchestra 2003 Michael Clark Company 2006, 2007, 2008 Françoise Michel 2000 Gildas Milin 2006 Benjamin Millepied 2015 Compagnie Mimulus 2011 Rocío Molina 2011, 2014, 2015 Quatuor Mondriaan 2006 Mathilde Monnier 1999 Compagnie Montalvo-Hervieu 1997 Jean-Marc Montera 2004, 2007, 2010 Pascal Montrouge 2002, 2004 Esteban Moreno 2006 David Murray 1997 Musicatreize 2000, 2007 P P.A.R.T.S. 2006 María Pagés 2003 Rodrigo Pardo 2009 Maceo Parker 1996 Christian Partos 2013 Pascals 2006 Rosa Passos 2005 Hetain Patel 2015 Peeping Tom 2012 Lula Pena 1999 Ana Pérez 2015 Le guetteur / Luc Petton & Cie 1999, 2000 Phuphuma Love Minus 2012 Yuval Pick 2006 Crystal Pite 2007, 2012 Denis Plassard 2001 Karine Ponties 2008, 2009 Positive Black Soul 1997 Miguel Poveda 2000, 2005 Rimini Protokoll 2008 Q Quartet Bruttmann Quartiers Nord N El Hadj N’Diaye 2000 Doudou N’Diaye Rose 1997 n+n Corsino 2004, 2007, 2011 Josef Nadj 2010 Megumi Nakamura 2010 Milen Natchev 1998 Nederlands Dans Theater 1 2007 Nederlands Dans Theater 2 2005, 2014 Nederlands Dans Theater 3 2005 Needcompany 2004, 2005 Nathalie Négro PIANOANDCO 2009, 2013, 2014 Nguyên Lê 2003 Nico and the Navigators 2008 Stanislas Nordey 1997 Janet Novás 2012 Nueva Compañia Tangueros 2001 O Orchestre des Jeunes de la Méditerranée 1996, 2002 Orchestre Symphonique de la Radio Nationale Bulgare 1998 Robyn Orlin 2012, 2014 Orquesta Típica Sans Souci 2006 Sœur Marie Keyrouz 1997 Geneviève Sorin 2002, 2008 Storm 1997 Stous Dromous Tou Rebetikou 1999 T T.R.A.S.H. 2007, 2008 Shiro Takatani 2010, 2013 Christian Tarting 2009 Saburo Teshigawara 2009, 2010, 2014 The Irrepressibles 2010 Théâtre du Centaure 2011 Tomasa la Macanita 1998 Rosalba Torres Guerrero 2014 Traction Avant Compagnie 1997 Compagnie Transe Express 2000 Trisha Brown Company 1998 Erik Truffaz Quartet 2013 V David Van Reybrouck 2011, 2015 Wim Vandekeybus / Ultima Vez 2000, 2003, 2004, 2007, 2009, 2015 1998 1998 Bruno Vanden Broecke 2011, 2015 Vertigo Dance Company 2014 Emmanuel Vigne 2009, 2010 Philippe Villar 2003 Jaroslav Viňarský 2008 Jean-Pierre Vincent 2000 R Ruggero Raimondi 1996, 2002 Susheela Raman 2002 Marie Reinert 2009, 2010 Manu Riche 2014 Michèle Ricozzi 2004, 2007 Pierre Rigal 2006, 2007, 2012 Christian Rist 1997 Christian Rizzo 2009, 2010 Wilfried Romoli 1997 Raven Ruëll 2011, 2015 Judith Sánchez Ruíz 2010 W Sasha Waltz & Guests 2001, 2002, 2012, 2013 Ingrid Von Wantoch Rekowski 2006 Ai Weiwei 2010 Sonia Wieder-Atherton 2001 André Wilms 2006, 2007 Robert Wilson 2003 S Salva Sanchis 2005 Salia Sanou 2000 Karine Saporta 1999, 2001 Maurizio Scaparro 1996 Eddy Schaff 1998 Schaubühne de Berlin 2002, 2003 Jeff Sharel 2003 Hofesh Shechter 2015 Mad Sheer Khan 2005 Richard Siegal 2014 Collectif Skalen 2002, 2004 La Smala Crew 2011 Z Christian Zagaria 1998 FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 111 Cœur d’un festival : Marseille au cœur 1996-2015 Le Festival de Marseille fête ses vingt ans et Marseille : depuis sa création Apolline Quintrand en assume l’âme, profondément marseillaise et universaliste, loin de tout folklore épidermique, dans une relation intime à cette ville sentie dans son histoire et vécue dans son présent, de sa puissance passée à sa ruine et sa volonté de renaissance. Le Hangar 15 fut le lieu symbolique de spectacles marquants et d’une exposition emblématique : Dance is a weapon (‘La danse est une arme’). L’art sortait enfin de sa tour d’ivoire égoïste, posait une interrogation individuelle sur le destin collectif, disait le combat permanent au sein de la cité. Avec l’image symbolique du petit plongeur de Paestum, dès 1996, plongeon dans la Méditerranée, hommage à Blaise Cendrars, Rafael Alberti, Albert Londres… ondes s’élargissant aux rivages et visages divers d’une cité ouverte aux quatre horizons de la rose des vents. Par delà les lourdeurs logistiques, les contraintes douanières et techniques, le Festival fit accoster des milliers de pèlerins-spectateurs et dressa un théâtre dans cette immense et austère cathédrale du travail, tôle ondulée sur môle rectiligne, face à la jetée du large où des transats et des tapis à même le sol permettaient ce face à face méditatif avec la mer. Ou avec le présent et le passé de Marseille. Le festival occupa d’abord la Vieille Charité du génial Pierre Puget, architecte baroque local rejeté par Versailles. Étages de paupières rêveuses d’arcades aveugles, avides de regard sur la coupole ovoïde coiffant le théâtre intérieur de la chapelle, bâtie dans cette rare pierre rose de l’Estaque. L’Histoire pétrie dans la chair d’une pierre. De la pierre rose encore vive au béton gris du petit et doux théâtre de la Sucrière Saint-Louis, le Festival se lova dans l’humble écrin au cœur ouvrier des quartiers nord, blotti au pied de l’austère forteresse des Raffineries de sucre, où des arbres anciens, témoins d’amère et amène mémoire ouvrière marseillaise, semblent veiller encore sur l’immense et désormais inutile gare d’Arenc d’où les rails infinis partent pour nulle part. Le Festival, qui faisait danser la chair dans la pierre, l’éphémère dans l’éternité, trouva aussi un cadre mouvant, émouvant, dans le théâtre végétal du parc Henri Fabre, alliant la danse à la chorégraphie éolienne des arbres immenses, autour de la majesté d’un micocoulier géant. Puis, chassé du Hangar 15, en 2009, le 15e Festival se réfugia dans la salle Vallier, imprégnée de la sueur d’anciens combats de boxe, de meetings enflammés et de concerts fiévreux : 15e round victorieux avant de s’abriter au Silo, solitaire vigie nostalgique des grains nourriciers, vestige d’autrefois devenu visage d’un Marseille d’aujourd’hui regardant le passé mais affrontant l’avenir. Il est devenu depuis le port d’attache du Festival. Un voyage au long cours de vingt ans qui a dessiné, à l’image de sa fondatrice, un portrait généreux, éthique et sensible, en un mot, citoyen, de la cité marseillaise. Benito Pelegrín, Écrivain, agrégé, docteur d’État, professeur émérite des universités. 2008 : le Festival s’ancrait dans le saint du saint de Marseille, au cœur du Port Autonome, le cœur encore battant de la puissance marchande de la ville, le cœur blessé de sa ruine après la perte des colonies, le cœur saignant des durs conflits sur la réforme portuaire, le cœur palpitant de la question de ce renouveau espéré. Alliance de l’art et du labeur, artisan au sens noble du terme, le Festival, cette année là, voit et vise juste au Marseille profond, celui du travail. PAGE 112 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Festival de Marseille : 20 ans de pensée complexe « Le vrai problème de la réforme de la pensée, c’est que nous avons trop bien appris à séparer. Il vaut mieux apprendre à relier. » - Edgar Morin À l’image de sa ville, cité de toutes les diversités qui fait de l’interpénétration des cultures la condition même de son existence, le Festival de Marseille a réussi à s’imposer parmi les grandes manifestations estivales en faisant de la transdisciplinarité un trait fondamental de son caractère. Pour Apolline Quintrand, directrice-fondatrice de la manifestation : « Il a toujours été plus intéressant de tester la multiplicité, l’éclatement, que de s’enfermer dans l’uniformité ou la synthèse. » Voyageur, découvreur, compagnon de route, le Festival a donc volontairement choisi « d’éviter le danger des choses pures » en privilégiant l’art vivant et pluriel comme la « quête d’une compréhension universelle […] caractérisée par un effort pour comprendre harmonieusement les aspects toujours plus vastes de notre situation dans le monde1. » Voilà pourquoi ces vingt dernières années, le Festival a privilégié les œuvres qui font émerger des formes nouvelles en invitant des artistes qui mettent à mal les notions de genres, de classifications, qui imaginent d’autres manières de vivre ensemble. Car la pensée complexe du Festival, cette pensée critique, créative et responsable qui tisse ensemble la vie et la culture, est avant tout une pensée politique. Une pensée qui, sans relâche, cherche à relier les êtres en magnifiant leurs différences. Une pensée vigie, à l’image de sa ville-port, point cardinal de la rencontre Nord/ Sud, qui nous apprend que revenir à soi, c’est toujours, d’abord et surtout ne jamais s’interdire des détours magiques par les autres. Francis Cossu 1 - Niels Bohr, Physique atomique et connaissance humaine, Paris, Gallimard, 1991, p. 249-273. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 113 Le Festival de Marseille en quelques mots Festival de premier plan dans le réseau international des grandes plateformes de la création contemporaine et référence sur son territoire, le Festival de Marseille affiche, depuis sa création en 1996, une programmation audacieuse et pluridisciplinaire. Voilà 20 ans qu’il réunit grands noms de la création internationale et artistes émergents : nombreux sont ceux qui ont fait leurs premiers pas au Festival et qui sont aujourd’hui invités sur les plus grands plateaux. Au cœur de sa programmation : la danse, que croisent le théâtre, la musique et les arts visuels. Festival nomade mais résolument ancré dans sa ville, il investit chaque année de nouveaux lieux ; engagé dans une véritable démarche citoyenne, il a fait de l’accès à la culture pour tous l’une de ses priorités. Le Festival, ce sont aussi des interventions en espace public, des performances, des ateliers de pratique artistique, des rencontres avec les artistes, des répétitions publiques, des rendez-vous en coulisses, des cycles de projection... Le Festival de Marseille assume avec fierté son rôle de passeur, de penseur, d’agitateur, et de rassembleur. PAGE 114 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Le Festival de Marseille, c’est... Un Festival qui a fait de l’accès à la culture pour tous sa priorité Un parti-pris pour la création grâce à une programmation audacieuse et pluridisciplinaire et de nombreuses coproductions et résidences avec des artistes régionaux, nationaux et internationaux. Le Festival a mis en place un dispositif de billetterie solidaire unique, la Charte culture: il a permis d’offrir 2 000 places à 1 euro aux personnes aux revenus les plus modestes et ce grâce au soutien financier de nos partenaires et à l’implication des associations et structures relais. Anne Teresa de Keersmaeker, Alvin Ailey, Akram Khan, Ballet de l’Opéra National de Lyon, Bill T. Jones, Robert Cantarella, Frédéric Flamand, Emanuel Gat, Sidi Larbi Cherkaoui, Wim Vandekeybus, Nederlands Dans Theater, Robyn Orlin, Pierre Rigal, Alonzo King Lines Ballet, Catherine Marnas, Batsheva Dance Company, Joaquin Cortés, Eva la Yerbabuena, Merce Cunningham, Maceo Parker, Sasha Waltz, Big Soul, Sonia Wieder Atherton, Susheela Raman, Christian Rizzo, La Zouze _ Christophe Haleb, Willi Dorner, Yayoi Kusama, Peeping Tom, Vertigo Dance Company, Saburo Teshigawara, Kyle Abraham, Rocío Molina… ont marqué de leur présence le Festival ces 19 dernières années. Une attention particulière aux spectateurs sourds et malvoyants avec des dispositifs d’accessibilité dédiés (boucles magnétiques, traduction en langue des signes française…) et pour la première fois à Marseille un spectacle de danse audio-décrit en direct pour l’ouverture du Festival. Des actions culturelles et pédagogiques dans plus d’une dizaine d’établissements scolaires : ateliers de pratique artistique, parcours spectacles, performances dansées… Un Festival en réseau avec les structures culturelles les plus significatives de sa ville Un Festival nomade… … qui investit les lieux emblématiques de sa ville : structures culturelles phares, patrimoine urbain, architectural, industriel, sportif ou portuaire et espace public ; un Festival inventif et dynamique dans une ville protéiforme et aux multiples facettes. Il investit ces lieux de façon unique en programmant : - dans la piscine olympique du prestigieux Cercle des nageurs Waterproof et ses douze danseurs en apnée en 2007 - au cœur de l’activité du port industriel, au Hangar 15 entre deux quais de déchargement en pleine activité en 2008 : Anne Teresa de Keersmaeker avec Fase et Operation Orfeo d’Hotel Pro Forma Théâtre du Gymnase, La Criée, Le Merlan, KLAP Maison pour la danse, le Ballet National de Marseille, l’Alcazar, l’Alhambra, Le Silo, et avec de nombreux festivals en France et en Europe aux côtés des plus grandes manifestations et structures de spectacle vivant. Fluxdemarseille, ce sont 6 festivals marseillais qui s’associent : Festival Les Musiques, marseille objectif DansE, Festival de Marseille_danse et arts multiples, Festival Mimi, FIDMarseille / Festival International de Cinéma et Marseille Jazz des Cinq Continents. Ils offrent, grâce à la carte Flux la possibilité de naviguer d’un festival à l’autre. - dans la mythique salle Vallier, haut lieu de la boxe devenue l’un des lieux de vie du Festival ces dernières éditions, accueillant Alvin Ailey, Christian Rizzo ou Akram Khan... La Vieille Charité, le Musée d’ Art Contemporain de Marseille, l’Opéra de Marseille, le Théâtre des Bernardines, le Théâtre national de Marseille La Criée, le Théâtre du Gymnase, le Palais de la Bourse, les escaliers de la gare St Charles, le Ballet National de Marseille, le parc Henri Fabre, la Cité Radieuse - Le Corbusier, le parc et le théâtre de La Sucrière dans les quartiers Nord, le château Borély, le Palais du Pharo, l’Espace Villeneuve Bargemon, les cinémas (L’Alhambra, César, Variétés, Le Miroir), L’Alcazar - BMVR, le Pavillon Noir (Aix-en- Provence), le Centre Hospitalier Valvert, le Vieux Port, le Hangar 15 du Port Industriel de Marseille, La Friche la Belle de Mai, les plages du Prado, le Museum d’Histoire Naturelle, le Silo, la salle Vallier, le Cercle des Nageurs, le Théâtre Lacydon, le Théâtre Joliette-Minoterie, KLAP Maison pour la danse, Théâtre Silvain… ont accueilli artistes et spectateurs du Festival ces 19 dernières années. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 115 Partenaires Le Festival de Marseille est subventionné par PRÉFET DE LA RÉGION PROVENCE-ALPES CÔTE D'AZUR la Ville de Marseille, partenaire principal la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur Les partenaires de la Charte Culture sont les Actions Culturelles d’ARTE, partenaire principal, Les Mairies de secteur de Marseille, le Ministère de la Culture et de la Communication, Direction régionale des affaires culturelles le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône Partenaires médias le guide de vos sorties culturelles Avec le soutien de et le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône. L’accessibilité est soutenue par la Ville de Marseille, le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, la Fondation de France et AG2R La Mondiale. Merci à Le Festival de Marseille est membre de Les actions éducatives et culturelles sont soutenues par le Ministère de la Culture et de la Communication, Direction régionale des affaires culturelles. Le Festival de Marseille participe à La Belle Saison avec l’enfance et la jeunesse, Le Festival de Marseille est partenaire de manifestation portée par le Ministère de la Culture et de la Communication de juillet 2014 à décembre 2015. PAGE 116 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples PARTENAIRES INSTITUTIONNELS FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 117 Le Festival de Marseille se sent bien dans sa ville et le démontre. Marseille, villemonde, complexe et fascinante, insaisissable et généreuse, riche d’une âme cosmopolite, l’inspire à l’heure de fêter ses 20 ans comme il se doit ! Ce n’est pas un hasard si cet anniversaire va débuter par une grande parade imaginée par le chorégraphe-performeur Willi Dorner, We are the City. Une parade qui fait la part belle aux acteurs sociaux, aux associations caritatives ou humanitaires, à tous ceux qui apportent leur pierre à l’édifice de la Solidarité. Ils donnent vie à la cité et le Festival de Marseille leur rend hommage. Si la parade est l’axe fort du message de partage et de lien social que véhicule cette nouvelle édition du Festival de Marseille, 2015 sera aussi l’occasion de revenir sur la programmation de ces 20 dernières années. Et de revisiter les propositions des chorégraphes qui ont foulé sa scène en offrant au public de grands moments d’émotion ainsi que des chocs esthétiques et artistiques. Cette année encore, le festival donnera une place de choix aux créations et aux collaborations avec des structures régionales et internationales. Ainsi, l’approche humaniste et universaliste, si chère au Festival de Marseille, sera respectée. Je tiens à féliciter Apolline Quintrand et son équipe pour avoir fait de cette manifestation un temps fort de la danse contemporaine, en France et en Europe. Elles ont réussi le pari d’accueillir et de réunir un public divers, mêlant initiés et simples curieux de ces pratiques artistiques. Elles l’ont conduit vers de nouvelles perspectives où la diversité de langages et de cultures venus d’ailleurs, l’ouvre à l’autre. A n’en pas douter, le Festival de Marseille favorisera encore la circulation des œuvres, des idées des visions tout en offrant aux artistes un espace de liberté singulier… Joyeux anniversaire et bon festival à tous ! Jean-Claude Gaudin Maire de Marseille Vice-Président du Sénat PAGE 118 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Fidèle à son exigence, le Festival de Marseille_danse et arts multiples présente une très belle édition pour son 20e anniversaire et la Région est fière d’y être associée de nouveau en 2015. Le Festival est une manifestation de premier plan. Il a su déployer au fil des ans toute sa singularité et s’imposer dans le paysage international de la création contemporaine. Ce succès relève d’une audacieuse alchimie, née de choix artistiques et citoyens affirmés. Ainsi, avec ses invités prestigieux et sa programmation résolument pluridisciplinaire autour de la danse, le Festival de Marseille séduit par son engagement au service de la qualité. Mais c’est aussi l’originalité de ses interventions, en marge de la scène et dans l’espace public, qui interpelle et attire. En investissant la ville dans toutes ses composantes, au cœur de la cité, au nord comme au sud, le Festival sait provoquer les rencontres entre les publics. Les Ateliers de danse intégrée, proposés au mois de mai, en amont du festival, sont accessibles à toutes les personnes – danseurs professionnels ou non, valides ou souffrant d’un handicap auditif, visuel, moteur ou mental. Dispositifs d’accessibilité, casques d’écoute amplifiée, « Souffleurs d’image » sont mis à disposition… c’est un bel exemple de solidarité ! Le Festival de Marseille est particulièrement fédérateur et générateur de lien. La Région soutient cette démarche, parce qu’elle rejoint ses préoccupations en faveur de la démocratisation de la culture et de la cohésion sociale. La volonté régionale est également de préserver l’emploi dans ce secteur, dont l’activité générée par tous ses intervenants – artistes et techniciens – constitue un atout économique et touristique incontestable. À toutes et à tous, je souhaite de belles émotions artistiques, riches en découvertes et en échanges. Michel Vauzelle Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 119 PREFET DE LA REGION PROVENCE-ALPES CÔTE D'AZUR L’excellence rendue accessible à chacun Voici déjà vingt ans que, par l’entremise du festival, le corps dansant investit tous les quartiers de la deuxième ville de France. Le temps d’une parenthèse enchanteresse, les principaux mouvements de la danse contemporaine seront une nouvelle fois réunis à Marseille, et iront à la rencontre de tous les publics. Car la Danse, par-delà son exigence insolite dans une époque qui parfois confond accessibilité et facilité, conserve intacte sa capacité à nous interpeller, à nous émouvoir, à nous réunir. Le lien singulier qu’elle suscite provoque des rencontres non moins singulières, riches et profondes. Des actions éducatives et culturelles conduites dans de nombreux quartiers s’adresseront plus spécifiquement aux plus jeunes et aux moins jeunes, ce qui est plus que jamais une priorité et une responsabilité des institutions culturelles vis-à-vis de la société. Le Ministère de la culture tient donc à saluer l’engagement du festival qui, au travers de dispositifs spécifiques et innovants, permet à toutes et à tous de découvrir des spectacles, dont chacun est le témoin de la créativité chorégraphique régionale, nationale et internationale. Cette vingtième édition, encore plus vivace et vivante que ses dix-neuf aînées, saura attester de la très grande vitalité de l’art chorégraphique, et pourra permettre à chacun de se saisir de cet enjeu majeur de notre culture commune. Denis Louche Directeur régional des affaires culturelles PAGE 120 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples Édition anniversaire d’un grand Festival Le Festival de Marseille _ danse et arts multiples célèbre son 20e anniversaire ! Au fil du temps, le Festival de Marseille s’est imposé, comme un événement majeur pour la création contemporaine. Fort d’une programmation innovante, il est toutefois resté fidèle à l’esprit qui l’anime depuis toujours : offrir des moments privilégiés de rencontres et de partage autour d’œuvres exigeantes, audacieuses, talentueuses. Durant trois semaines, ce Festival accueille les amateurs ou simples curieux autour de propositions artistiques où se croisent la danse, le théâtre, les arts visuels, les arts plastiques, la musique… qui mettent en lumière l’esthétique du geste, du mouvement et du rythme. Le Conseil Départemental mesure bien l’importance de cet événement qui contribue au rayonnement culturel et à l’attractivité touristique des Bouches-du-Rhône. Aussi, je me félicite du soutien de l’Assemblée départementale au Festival de Marseille auquel je souhaite une grande édition 2015, riche de découvertes et d’émotions. Martine Vassal Présidente du Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 121 PARTENAIRE PRINCIPAL DE LA CHARTE CULTURE PAGE 122 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples ©GETTy ImAGEs La cuLture vous ouvre grand ses bras Les Actions culturelles d’ARTE accompagnent depuis de nombreuses années le Festival de Marseille qui fête cette année ses 20 ans. Cet anniversaire est l’occasion pour ARTE et pour le Festival, de réaffirmer leur engagement pour une culture solidaire, qui les avait conduit en 2009 à la création de La Charte Culture. Elle a connu au fil des années un succès croissant. Ainsi, tout au long de l’édition 2015 du festival, deux mille places de spectacles à 1 € seront proposées. Ce dispositif de billetterie exceptionnel contribue à rendre la culture accessible à tous. LEs ACTions CuLTuRELLEs d’ARTE @arteactions arte.actionsculturelles RETRouvEz égALEMEnT LE FEsTivAL dE MARsEiLLE suR ConCERT.ARTE.Tv FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 123 PARTENAIRES MÉDIA PAGE 124 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples télévision livres musiques spectacle vivant expositions LE MONDE BOUGE TELERAMA EXPLORE CHAQUE SEMAINE TOUTES LES FACETTES DE LA CULTURE Conception graphique : Anne Denastas - www.annedenastas.com cinéma CONTINUEZ À VIVRE VOTRE PASSION DE LA CULTURE AVEC LE FESTIVAL DE MARSEILLE FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 125 PAGE 126 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples il fait bleu, on vous emmène ? vos plus belles idées sorties 103.6 France Bleu Provence partenaire de la 20e édition du Festival de Marseille Ecoutez, on est bien ensemble francebleu.fr FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 127 NOTES PAGE 128 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples NOTES FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 129 NOTES PAGE 130 - Dossier de presse - 14 juin / 17 juillet 2015 - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples L’équipe du Festival Direction artistique : Apolline Quintrand Secrétaire générale et coordination de programmation : Odile Reine-Adélaïde Assistante : Marjolaine Bencharel Responsable administrative et financière : Anna Tetzlaff Chargée de production et administration : Valérie Pouleau Responsable communication et développement : Isabelle Juanco Attachée à la communication : Claire Rossi Directeur technique : Xavier Fananas Assistante : Pernette Bénard Chargées des relations avec les publics : Elena Bianco Aurore Frey Fathia Haski Julie Moreira-Miguel Protocole et accueil professionnels : Céline Robert Responsable billetterie : Marie Rozet Assistant billetterie : Estelle Castagnoli Entretien : Cherazad Rahho Stagiaires : Clara Boronat, Laurice Bourret, Sophie Malecki et Christian Sánchez Cabezas Merci à toute l’équipe intermittente, à l’équipe d’accueil et aux stagiaires qui participent à l’édition 2015 du Festival. Conseil d’administration de l’association Festival de marseille Président : Jean-Louis Gastaut Vice-Présidente : Marianne Cat Trésorier : Raymond Jollive Trésorière adjointe : Corine Vezzoni Secrétaire : Sylvie Matheron Secrétaire adjointe : Jocelyne Imbert Administratrices : Catherine Jalinot et Christine Vidal-Naquet Collaborateurs externes Agence de création visuelle : Atalante Graphiste : Martin Carrese Relations presse nationale et internationale : Dominique Berolatti et Patricia Lopez Relations presse régionale : Francis Cossu Réalisation du site internet : Pierre Pulisciano, Cédric Lagrand’court et Fabien Bureau Expert comptable : Olivier Carvin Commissaire aux comptes : Corine Maillard Responsable de la maintenance informatique : Christophe Klinka FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 14 juin / 17 juillet 2015 - Dossier de presse - PAGE 131 Contacts presse Contact communication : Dominique Berolatti [email protected] 06 14 09 19 00 Isabelle Juanco [email protected] 04 91 99 02 58 Patricia Lopez [email protected] 06 11 36 16 03 Photos et visuels HD téléchargeables sur www.festivaldemarseille.com (accès presse) Login : presse Mot de passe : 20ans Direction : Apolline Quintrand 17, rue de la République, 13002 Marseille - France + 33 (0)4 91 99 00 20 [email protected] festivaldemarseille.com partenaire principal