Inambari – Pérou - Apronia

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Inambari – Pérou - Apronia
Inambari – Pérou
Bulletin d’information des amis du Sud Pérou N° 66 – Septembre 2015
EDITORIAL
NOTRE PAPE FRANCOIS MENACÉ ?
NOUVELLES DE BRIGITTE
Interview d’une enseignante des Andes
J’ai lu
l’encyclique du pape François.
Extraordinaire ! Commentée devant 150
ados qui ont écouté dans un silence
impressionnant. Aussi des émissions à la
radio. Mais je doute que tout cela fasse
dépasser l’indifférence quotidienne, ici. Je
doute aussi que la réunion de Paris, en
octobre, suive ses recommandations. Il y a
tant de sacrifices à faire pour sauver la
planète !
Brigitte : Quelles ont été tes motivations
pour devenir enseignante ?
Par contre je suis bien inquiet car j’ai vu un
reportage de F2 intitulé « priez pour moi »
sur les dangers qui pèsent sur la vie du
pape. Plusieurs cardinaux parlent de le
destituer s’il veut lever l’excommunication
aux divorcés remariés.
Rien que pour cela ! On va vers un
schisme ? !
La mafia a juré sa mort depuis que le pape
François a mis son nez dans la Banque du
Vatican, la grande lessiveuse de leur argent
sale. Un suisse essaie de mettre de l’ordre
mais bien timidement.
ROXANA : J’aime mon travail. J’aime
échanger sur des expériences, des choses
apprises et vécues, aider les enfants et les
parents dans leur formation et
développement personnel.
Et, bien sûr, l’Etat Islamique a juré que son
drapeau flottera sur le Vatican à côté de la
tête du pape…. On a déjà désamorcé deux
bombes
dans
des
basiliques romaines. Si
cela devait arriver, on
retournera sûrement aux
croisades, mais cette fois
à coups de missiles.
Tout cela c’est beaucoup
pour un seul homme.
Malheureusement
le
reportage n’a pas montré
l’immense foule de ceux
qui aiment ce pape, de
près ou de loin.
Roxana : Premièrement mes parents qui
sont professeurs. Ensuite quand j’ai
commencé à étudier, j’ai senti que j’avais la
vocation et que j’aimais enseigner et
partager avec les enfants.
BRIGITTE : Qu’est-ce qui te plaît dans ta
profession ?
BRIGITTE : Qu’est-ce qui ne te plaît pas
dans ta profession ?
ROXANA : Certaines politiques du
gouvernement
ou
du
ministère
de
l’éducation, trop de bureaucratie, abus et
maltraitance aux enseignants, spécialement
à ceux et celles qui sont engagé(e)s au mois
ou à l’année (bas salaire, pas de sécurité de
l’emploi, etc.). Le matériel pédagogique
élaboré et donné par le ministère de
l’éducation ne prend pas en compte de la
réalité ni de la culture de la région dans
laquelle il sera utilisé.
BRIGITTE : Comment se passe la journée
d’un(e) enseignant(e) ?
ROXANA : Il/elle travaille de 8 h. du matin à
1 h. de l’après-midi si il/elle est du tour du
matin ou de 13 h. à 18 h. pour le tour de
l’après-midi. En dehors des heures de
classe, souvent l’enseignant(e) travaille
dans sa petite épicerie, librairie, imprimerie
ou comme chauffeur de taxi, coiffeuse, etc.)
pour arrondir ses fins de mois. Le soir il
prépare ses classes, en se contentant de
choisir les exercices et lectures proposés
dans les cahiers remis aux élèves par le
ministère !!! (points d’exclamation mis par
Brigitte).
BRIGITTE : Pendant les 2 mois de
vacances d’été, que fait un professeur ?
ROXANA : La plupart profite de ce moment
pour donner des cours dans une école
privée de rattrapage ou de préparation pour
rentrer à l’université, d’autres travaillent
dans leur négoce, quelques-uns étudient.
Mais très peu profitent de ce moment pour
se relaxer, se changer les idées ou faire un
voyage. Personnellement je ne suis pas
d’accord avec cette manière de passer les
vacances, car je pense que nous devons
nous oxygéner, nous reposer, prendre des
distances du travail réalisé pendant toute
l’année avec les enfants, faire d’autres
activités. Les enseignants réalisent ces
activités lucratives, car leur salaire est bas,
ce qui fait qu’ils négligent leur bien-être
personnel et familial.
BRIGITTE : Quel est le salaire mensuel d’un
professeur de primaire ?
ROXANA : 1'200 soles pour un/e
enseignant/e engagé/e pour une année ou
moins et entre 1'800 et 2'400 pour une
personne nommée. Rares sont ceux qui
arrivent à 4'800 soles pour être montés en
grade. (Diviser par 3 pour calculer le salaire en
francs suisses)
BRIGITTE : Et pour donner une idée à nos
lecteurs, combien doivent dépenser les
parents pour payer la scolarité annuelle d’un
enfant ?
ROXANA : Un minimum de 1'600 soles par
enfant et par année. Cette somme
comprend l’inscription à l’école, les
fournitures scolaires, les quotas à payer tout
au long de l’année pour une sortie de
classe, des vitres cassées ou autres frais ;
sans compter les journées de travail
communautaire auxquelles les parents
doivent participer.
BRIGITTE : Est-ce qu’il y a de la corruption
dans le système éducatif ?
ROXANA : Oui, à tous les niveaux, depuis
les professeurs et directeurs d’écoles,
jusqu’aux autorités du ministère de
l’éducation.
Quelques
exemples :
un
professeur qui veut être nommé dans une
école donnera un pot de vin au directeur,
un/e enseignant/e achètera un faux certificat
d’étude pour augmenter son dossier
professionnel (CV), etc.
BRIGITTE : Pour finir, qu’est-ce que tu
regrettes et qu’est-ce que tu valorises dans
ta profession, des professeurs en général ?
ROXANA : Je regrette l’attitude souvent
dénigrante et peu valorisante de l’Etat dans
sa manière de traiter les enseignant(e)s,
ainsi que l’indifférence de certains
professeurs qui ne font qu’exécuter leur
travail pour un salaire, sans conviction ni
vocation. Je valorise l’enthousiasme et
l’engagement de beaucoup d’entre eux,
même si leur manière d’enseigner est
souvent peu créative. Ce que j’apprécie
aussi c’est le courage qu’ils ou elles ont
d’aller travailler dans des écoles très
éloignées, vivant seuls et sans aucune
commodité.
Merci Roxana de partager avec nous
comment vivent et ce que ressentent les
enseignant(e)s dans les Andes.
Brigitte
NOUVELLES DE XAVIER
NOS ETUDIANTS :
Vous serez peut-être intéressés de savoir
où les jeunes de notre Foyer continuent
leurs études. Voici donc, concrètement la
liste actuelle.
A l’extérieur de Puerto Maldonado:
Kenny, sciences économiques (avantdernier semestre). Lima
Dirsey, psychologie, terminera fin 2016.
Tacna
Ivonne, assistance sociale, a terminé.
Travaille à Lima.
Flor, assistance sociale, doit passer sa
licence. Lima
Lucia, mode, en est au deuxième semestre.
Lima
Melissa, douanes, formation courte. Lima
Mariel, infirmière, termine. Cuzco.
Walter, ingénieur mécanique, commence.
Bagua (Selva nord)
A Puerto Maldonado :
Pierina, administration, termine sa licence
Cesar Javier, ing. Agronome, suspend ses
études
Nancy, éduc. enfantine, commence
Cristal, éduc enfantine, en est au 4ème
semestre
Pedro, droit, en est à la moitié
Gabriela, psychologie, 6ème semestre
Yvette, administration, en est à la moitié
Jessica, vétérinaire, en est à la moitié
Yanely, administration, termine sa licence
Je crois ne pas m’être trompé. Ce sont 17
jeunes qui n’auraient pas pu étudier sans
nous et restent en lien économique
(bourses) ou « familial » avec nous. Ils
s’ajoutent à la vingtaine qui est dans la vie
professionnelle.
J’ai été touché car tous m’ont envoyé un
message pour la fête des pères !
VIOLENCES ET CORRUPTION
Vous aurez lu dans le dernier Inambari que
la violence a pris de grandes proportions ici
à PM. La violence est sur toutes les langues
! Un crime par jour, c'est beaucoup ! On se
rapproche de certaines villes du Mexique.
La plupart sont dus aux attaques à main
armée pour dévaliser des passants ou des
commerces. Les femmes en moto sont les
principales cibles. 4 des nôtres ont déjà été
victimes.
Vous aurez lu aussi que nous avions de
bons
amis
au
gouvernement.
Malheureusement c’est fini, ils sont tombés
aussi dans le piège de la corruption, comme
je le craignais en fin d’article.
AUTRES NOUVELLES
En général le Foyer va bien et c’est le
principal.
Les problèmes administratifs se multiplient :
on nous contrôle de tous les côtés.
On a l’impression qu’on veut nous couler par
jalousie. Il paraît que c’est classique ici. Les
fonctionnaires voient d’un mauvais œil
qu’une ONG fasse mieux le travail qu’eux.
On ne nous laisse plus choisir quels sont les
enfants que nous pouvons accueillir et eux
(les services de placements) veulent nous
imposer des enfants et des jeunes qui
n’entrent pas dans nos critères : placements
très courts, handicapés mentaux, jeunes
prostituées qui ne demandent que retourner
au « boulot » (alors que, pour elles, il y a
l’ancien foyer de Mazuko) etc.
Ils veulent nous obliger à avoir une
assistante sociale et une psy à temps
complet etc.
Et, bien sûr, tout cela sans nous donner un
seul centime, bien au contraire, on a de la
peine à se faire exonérer des impôts !
Pour ce qui est de nos entreprises, on est
un peu dans le tunnel.
Au Lodge Bello Horizonte une grande route
traverse maintenant toute la propriété. On
n’a évidemment pas été ni consultés ni
indemnisés. Par temps sec, avec cette route
en terre, le Lodge n'est plus qu'à 25 minutes
de la ville. Cela change tout ! On peut
presque nous considérer comme un hôtel de
Puerto Maldonado !
Pour les Gustitos del Cura, notre caféglacier, le personnel devient toujours plus
revendicatif. Augmentations de salaires
continuelles surtout, car le gouvernement
édicte tous les jours de nouvelles lois sur les
conditions de travail pour des raisons
démagogiques puisqu’on est de nouveau en
campagne électorale. Là aussi nous avons
de continuels contrôles de plus de cinq
organismes municipaux et fiscaux.
L’équipe dirigeante s’essouffle un peu et, à
moyen terme, il faudra penser au
remplacement des cadres.
Notre papeterie est enfermée dans nos rues
en plein travaux de changement de
canalisations en vue de son bétonnage.
C’est bon pour l’avenir mais, en attendant,
ce sera une année pratiquement sans petite
clientèle. Heureusement les gros clients
sont servis à domicile.
C’est peine à voir : nos rues sans aucun
arbre, toutes en boue et trous. Et, de l’autre
côté de l’ancien foyer les éboulements
continuent.
ET POURTANT
Au milieu de tout cela je ne suis pourtant
pas malheureux. Je sens l’affection de nos
enfants et jeunes, et des gens de la rue.
Mon église est pleine, avec beaucoup de
jeunes. Notre nouvel évêque compte
beaucoup sur moi etc.
Les défis sont stimulants même si parfois
les préoccupations font déborder la
casserole.
Je m’assois souvent tranquille avec mon
chien qui vient toujours se mettre à mes
pieds.
Xavier
Soutien Brigitte, Altiplano :
Sur le compte
Brigitte Chevallay
CCP Postfinance 80-2-2
pour le compte UBS
279- D4396'169.0
UBS IBAN :
CH94 0027 9279 D439 6169 0
E-mail: [email protected]
Merci de nous faire connaître votre adresse
électronique (ou celle de votre fils, voisin,
etc). (Ou de nous faire savoir si vous ne
voulez plus recevoir ce bulletin.)
Ecrire à [email protected]
Ou poste :
Bernex.
9, ch. de la Léchaire 1233
Soutien
Xavier
zone
PuertoMaldonado :
Uniquement pour l’aide sociale (cas
d’urgence):
CCP Postfinance :17-453213-4
IBAN:CH17 0900 0000 1745 3213 4
Xavier Arbex, 1299 Crans-près-Celigny
Ou sur le compte :
APRONIA-SUISSE : 50% pour les
enfants et 50% pour l’aide sociale :
(cas d’urgence).
CCP Postfinance :
(CHF) 17-568298-9
IBAN:CH09 0900 0000 1756 8298 9
E-mail : [email protected]

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