Travailler au contact des enfants

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Travailler au contact des enfants
Les effets du bruit sur la santé
L’environnement sonore de travail au contact des enfants est susceptible d’affecter la
santé des travailleurs, non pas avec un risque de surdité comme dans l’industrie, mais au
niveau de la résistance psychologique. En effet, si certaines activités peuvent
occasionner des niveaux de bruit très élevés dépassant parfois le seuil de 85 dB(A), ces
périodes s’exposition sont courtes. Même cumulées, elles ne dépasseront pas 8 heures
par jour ou 20 heures par semaine, seuils réglementaires d’exposition au-delà desquels
les salariés bénéficient d’une surveillance médicale renforcée (Décret no 2006-892 du 19
juillet 2006 relatif aux prescriptions de sécurité et de santé applicables en cas d’exposition des
travailleurs aux risques dus au bruit).
Cependant, l’environnement sonore des structures où évoluent les enfants atteint des
niveaux suffisamment élevés pour qu’ils fassent l’objet d’actions de prévention, afin de
limiter les conséquences pour la santé.
Les effets non auditifs du bruit son biens connus : la réaction de stress
provoquée par le bruit agit sur l’organisme et notamment sur le système
cardiovasculaire, avec une hausse de la tension artérielle. Source de
fatigue, il engendre également des difficultés de communication : défaut
de compréhension et source d’accident plus particulièrement dans
l’industrie, l’environnement sonore peut être responsable de difficultés
d’apprentissage pour les enfants. Le ton risque de monter, et avoir pour
conséquence des troubles de la voix (dysphonie) par mésusage du
volume nécessaire pour communiquer. Enfin, l’accumulation de fatigue,
de stress peut aboutir à des troubles du sommeil, qui eux-mêmes accentueront la
vulnérabilité des personnes, et leur intolérance aux contraintes psychologiques (bruit,
agitation, et tout autre élément perturbateur de l’organisation de travail).
Une bonne gestion de l’environnement sonore de travail sera donc favorable à la santé
des adultes comme des enfants.
Gestion du bruit chez les salariés travaillant au contact des enfants. Dr H. CARLIER Annecy Santé au Travail 2007
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Réduction et contrôle du bruit : une obligation réglementaire
Pour les employeurs, c’est une obligation d’évaluer les nuisances professionnelles, et
d’agir pour leur maîtrise (loi n° 91-1414 du 31 décembre 1991, décret n° 2001- 1016 du 5
novembre 2001 - article L. 230-2). De plus, consulter les travailleurs constitue une
obligation légale (article L. 432-2).
Ainsi, c’est bien en équipe que s’organisera la démarche de gestion de l’environnement
sonore, d’autant plus qu’elle touchera à l’organisation de travail et à la définition de
règlement intérieur (cantine, école et classes, transport scolaire….).
Quel que soit le type de structure, il y a 3 étapes clés à cette démarche de prévention :
L’évaluation
La mise en place d’actions correctrices
Le suivi à long terme de l’efficacité des actions mises en œuvre
1ère étape : évaluation de l’environnement sonore de travail :
Evaluer si l’environnement sonore est une problématique dans la structure par
interrogation des salariés. (plaintes, fatigue, sensation de « soulagement quand ça
s’arrête…. »).
Lister
-
l’ensemble des sources de bruit et les trier :
sources de bruit extérieures (circulation, voisinage….)
électroménager (cuisine, linge, ménage)
autres sources de bruit dans la structure (téléphone, alarmes,
chaudière, climatisation….)
- objets bruyants du mobilier (tables, chaises trainées au sol….)
- jeux bruyants (jeux sonores, voitures à roues crénelées….)
- comportement des enfants
- comportement des adultes (salariés, stagiaires, parents….)
Analyser les causes (affluence des enfants, météo, impact des saisons, effectif du
personnel).
Lister s’il existe des moments dans la journée où l’environnement sonore
est plus gênant.
Etudier les moyens de lutte déjà en place pour la gestion de l’environnement
sonore :
Gestion du bruit chez les salariés travaillant au contact des enfants. Dr H. CARLIER Annecy Santé au Travail 2007
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au niveau de la structure : insonorisation des plafonds, des cloisons,
isolation phonique des bas de portes, fenêtres en double vitrage, antivibratiles si nécessaire, butée au niveau des portes, tampons sous le
mobiliers, portes pour isoler les machines à laver etc.
au niveau de l’organisation : cloisonnement des espaces de vie,
gestion des conflits dans le calme, organisation de temps calme au
milieu du repas, réglementation lors des déplacements, etc.
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En termes
d’information et
sensibilisation du
personnel : réunion de concertation, à quelle date,
décisions et mesures précises ?
Solliciter le médecin du travail pour l’organisation des métrologies :
évaluation quantitative dans les différentes pièces de travail, en testant les
situations bruyantes. Le médecin ou l’intervenant en prévention des risques
professionnels pourront également donner un avis sur des pistes d’amélioration
en termes d’isolation phonique des locaux.
Analyser l’ensemble de ces résultats avec le personnel, afin de mettre en place un
plan de prévention concerté.
Le plan de prévention à mettre en œuvre :
Les différentes actions possibles sont :
Des actions sur les sources de bruit :
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Isoler dès que possible (fermer les portes pour isoler les machines à laver et la
cuisine, vérifier que les bas de porte ne laissent pas passer le bruit, …), lors des
travaux de rénovation, préférer les matériaux isolants et insonorisants, ce qui
absorbera les sons et évitera leur réverbération.
Lors de l’acquisition de nouveaux équipements (photocopieurs, machines à laver….)
préférer les machines à niveaux sonores les plus bas possibles.
Assurer la maintenance des équipements (et notamment, contrôler l’usure des
tampons sous le mobilier mobile).
Des mesures collectives au niveau de l’organisation de travail :
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Informer et sensibiliser les enfants aux effets du bruit et à l’obligation de sa
réglementation.
Gestion du bruit chez les salariés travaillant au contact des enfants. Dr H. CARLIER Annecy Santé au Travail 2007
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Le règlement intérieur sera défini avec les enfants dès que possible, et
notamment les règles de gestion de l’environnement sonore. Si le groupe le
permet, les enfants seront acteurs dans cette gestion : évaluation (est-ce que
j’entends un signal défini malgré le bruit ambiant ? utilisation de sonomètres
etc), alerte, action de l’adulte auprès du groupe, sensibilisation.
Régulièrement, les règles seront rappelées afin de rester vigilant dans le temps
à cette gestion du bruit.
Les efforts seront valorisés.
Organiser une zone d’accueil où l’on pourra sensibiliser les enfants à la limitation
de leurs comportements bruyants.
Toujours veiller à organiser les déplacements des enfants à partir d’un point de
ralliement où l’on se positionnera fermement sur le niveau sonore exigé.
Prévoir un temps au milieu du repas pour ramener le calme et réduire le niveau
sonore.
Adapter les jeux mis à disposition à l’affluence (on évitera les jeux sonores les
jours de pluie où les activités seront intérieures, d’autant plus en période
d’affluence des enfants).
Les jeux particulièrement bruyants seront encadrés et réglementés.
Les adultes veilleront à être cohérents et parler eux-mêmes calmement,
notamment lors de la gestion de conflit ou pour ramener le calme. L’usage
d’objets bruyants dans ce but est déconseillé (trompes, cloches….).
En dernier recours, des équipements de protections individuelles pourront être
proposés dans certains cas (surveillants de cantine, de piscine) pour compléter ces
dispositifs.
Faire un bilan des actions menées.
Il est important de faire régulièrement le point sur les dispositifs en place, et
surtout de sensibiliser les adultes à des comportements cohérents aux objectifs visés.
Les bilans permettront si nécessaire de rectifier les situations non satisfaisantes.
L’affichage peut compléter les dispositifs. Il doit être évolutif dans le temps pour
être efficace : sinon il risque d’être oublié pour son objectif de consigne et n’être qu’n
objet décoratif.
Gestion du bruit chez les salariés travaillant au contact des enfants. Dr H. CARLIER Annecy Santé au Travail 2007
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