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Deux hommes l’un en face de l’autre dans un bureau. Lord
Burry, la cinquantaine, puissant, massif, semble très tendu.
En face de lui : Edgar, un jeune homme un tantinet narquois.
Silence, puis :
Deux hommes l’un en face de l’autre dans un bureau. Lord
Burry, la cinquantaine, puissant, massif, semble très tendu.
En face de lui : Edgar, un jeune homme un tantinet narquois.
Silence, puis :
EDGAR. – Eh oui, Lord Burry, comme vous le voyez… je sais
tout.
EDGAR. – Eh oui, Lord Burry, comme vous le voyez… je sais
tout.
EDGAR. – Est-ce bien nécessaire ? (Lord Burry fait signe que
oui.) Et moi dont le principal souci était de vous épargner les détails
scabreux… (Soupir agacé de Lord Burry.) Soit. Après tout, c’est
vous le client. Cependant, la crudité de certaines révélations me…
EDGAR. – Est-ce bien nécessaire ? (Lord Burry fait signe que
oui.) Et moi dont le principal souci était de vous épargner les détails
scabreux… (Soupir agacé de Lord Burry.) Soit. Après tout, c’est
vous le client. Cependant, la crudité de certaines révélations me…
EDGAR. – Vous avez raison. Décidément, je suis en dessous de
tout. Pardonnez-moi. L’inexpérience alliée au trac et hop ! j’en
oublie la moitié de mon chapelet. J’ai toujours été comme cela, moi :
un grand émotif.
EDGAR. – Vous avez raison. Décidément, je suis en dessous de
tout. Pardonnez-moi. L’inexpérience alliée au trac et hop ! j’en
oublie la moitié de mon chapelet. J’ai toujours été comme cela, moi :
un grand émotif.
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LORD BURRY. – Continuez.
LORD BURRY, pince-sans-rire. – Rassurez-vous, ma liaison avec
Lady Griffin n’a plus aucun secret pour moi… et cela depuis le
début.
LORD BURRY. – Je ne doute pas que vous vous ressaisissiez.
LORD BURRY. – Continuez.
LORD BURRY, pince-sans-rire. – Rassurez-vous, ma liaison avec
Lady Griffin n’a plus aucun secret pour moi… et cela depuis le
début.
LORD BURRY. – Je ne doute pas que vous vous ressaisissiez.
EDGAR. – Il le faut bien, my Lord, il le faut bien. Un petit sourire, peut-être ? (Visage impassible de Lord Burry.) Bon. Ne faites
pas attention si je cafouille un peu ; entre nous, vous êtes mon
premier chantage. Au début, j’avais même pensé à venir cagoulé,
mais comme il fallait absolument que vous me reconnaissiez, cela
m’a paru superflu.
EDGAR. – Il le faut bien, my Lord, il le faut bien. Un petit sourire, peut-être ? (Visage impassible de Lord Burry.) Bon. Ne faites
pas attention si je cafouille un peu ; entre nous, vous êtes mon
premier chantage. Au début, j’avais même pensé à venir cagoulé,
mais comme il fallait absolument que vous me reconnaissiez, cela
m’a paru superflu.
EDGAR. – Soyons pro : je vais donc vous déballer fissa toutes les
coquineries que vous pratiquez avec la ravissante Lady Griffin, la
petite femme de votre cher associé, afin que vous constatiez de
l’irréfutabilité de mes revendications pécuniaires… Où j’ai mis mon
carnet, moi ? Mon carnet ! Je l’ai laissé dans l’autre veste… Ah ! ben
non, le voilà ! Ouf !… En fait, ma véritable profession est peintre,
artiste peintre. École du cubisme ! Enfin, école dissidente, oui.
J’éprouve aussi pour le polygone une fascination… surtout peint en
bleu, avec un p’tit dégradé au centre… (Regard glacial de Lord
Burry.) Oh ! je me disperse, je me disperse… Mais quand j’y pense,
pourquoi ne pas pratiquer un chantage compatissant, hein ? Vous
me parleriez de l’amour que vous ressentez pour votre maîtresse et
moi, ému jusqu’aux larmes… les histoires d’amour, ça m’embrase,
j’ai pas l’air comme ça mais je m’embrase facilement… ému jusqu’aux larmes, je vous ferais une ristourne avantageuse.
EDGAR. – Soyons pro : je vais donc vous déballer fissa toutes les
coquineries que vous pratiquez avec la ravissante Lady Griffin, la
petite femme de votre cher associé, afin que vous constatiez de
l’irréfutabilité de mes revendications pécuniaires… Où j’ai mis mon
carnet, moi ? Mon carnet ! Je l’ai laissé dans l’autre veste… Ah ! ben
non, le voilà ! Ouf !… En fait, ma véritable profession est peintre,
artiste peintre. École du cubisme ! Enfin, école dissidente, oui.
J’éprouve aussi pour le polygone une fascination… surtout peint en
bleu, avec un p’tit dégradé au centre… (Regard glacial de Lord
Burry.) Oh ! je me disperse, je me disperse… Mais quand j’y pense,
pourquoi ne pas pratiquer un chantage compatissant, hein ? Vous
me parleriez de l’amour que vous ressentez pour votre maîtresse et
moi, ému jusqu’aux larmes… les histoires d’amour, ça m’embrase,
j’ai pas l’air comme ça mais je m’embrase facilement… ému jusqu’aux larmes, je vous ferais une ristourne avantageuse.
EDGAR. – Appelez-moi Long John Silver, comme le fameux
pirate de..
EDGAR. – Appelez-moi Long John Silver, comme le fameux
pirate de..
LORD BURRY. – Oui.
LORD BURRY, très sec. – Dites-moi, mon garçon…
LORD BURRY. – Vous vous appelez Edgar Dakins !
EDGAR. – Comment le savez-vous ?
LORD BURRY. – Oui.
LORD BURRY, très sec. – Dites-moi, mon garçon…
LORD BURRY. – Vous vous appelez Edgar Dakins !
EDGAR. – Comment le savez-vous ?
LORD BURRY. – C’est ainsi que vous vous êtes présenté tout à
l’heure.
LORD BURRY. – C’est ainsi que vous vous êtes présenté tout à
l’heure.
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EDGAR. – Quand je vous disais que je débute !
EDGAR. – Quand je vous disais que je débute !
LORD BURRY. – C’est en travaillant pour Lady Griffin que vous
vous êtes aperçu de notre liaison. Elle n’a pas tant d’employés que
cela !
LORD BURRY. – C’est en travaillant pour Lady Griffin que vous
vous êtes aperçu de notre liaison. Elle n’a pas tant d’employés que
cela !
LORD BURRY, colère froide. – Bien, alors monsieur Dakins, ou
bien vous me déballez enfin tout ce que vous savez, ou bien je vous
jette dehors comme l’abject sac à merde que vous êtes !
LORD BURRY, colère froide. – Bien, alors monsieur Dakins, ou
bien vous me déballez enfin tout ce que vous savez, ou bien je vous
jette dehors comme l’abject sac à merde que vous êtes !
EDGAR. – Ah ! ben oui !
EDGAR. – Ah ! ben oui !
EDGAR. – Pour la ristourne, vous ne vous y prenez pas de la
meilleure façon.
EDGAR. – Pour la ristourne, vous ne vous y prenez pas de la
meilleure façon.
EDGAR. – Bon, bon… Si c’est votre opinion… Je vous trouve
bien sévère… (Lord Burry fait un geste menaçant.) Adieu. (Il se
lève pour partir, puis se retourne.) Vous voyez ce petit carnet ? J’y
ai tout consigné : les lieux, l’heure des rendez-vous, le temps que
vous avez passé ensemble, tout. Je suis sûr que votre cher associé
se fera un plaisir de vous en donner lecture, tome I, l’œuvre complète
des mésaventures de Griffin, le cocu magnifique, édition unique. Le
faciès de cul vérolé vous dit bien des choses !
EDGAR. – Bon, bon… Si c’est votre opinion… Je vous trouve
bien sévère… (Lord Burry fait un geste menaçant.) Adieu. (Il se
lève pour partir, puis se retourne.) Vous voyez ce petit carnet ? J’y
ai tout consigné : les lieux, l’heure des rendez-vous, le temps que
vous avez passé ensemble, tout. Je suis sûr que votre cher associé
se fera un plaisir de vous en donner lecture, tome I, l’œuvre complète
des mésaventures de Griffin, le cocu magnifique, édition unique. Le
faciès de cul vérolé vous dit bien des choses !
LORD BURRY, hurlant. – Vas-tu parler, dis ! Raclure ! Répugnant
tas de merde ! Faciès de cul vérolé !
LORD BURRY. – Restez !
LORD BURRY, hurlant. – Vas-tu parler, dis ! Raclure ! Répugnant
tas de merde ! Faciès de cul vérolé !
LORD BURRY. – Restez !
EDGAR, sortant. – Vous m’avez trop mortifié.
EDGAR, sortant. – Vous m’avez trop mortifié.
EDGAR. – Que nenni !
EDGAR. – Que nenni !
LORD BURRY. – Un instant, vous dis-je !
LORD BURRY. – J’insiste !
LORD BURRY. – Un instant, vous dis-je !
LORD BURRY. – J’insiste !
EDGAR. – M’appeler « faciès de cul vérolé », moi dont le profil
grec fait la fierté de ma maman !
EDGAR. – M’appeler « faciès de cul vérolé », moi dont le profil
grec fait la fierté de ma maman !
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LORD BURRY. – Ne m’obligez pas à me répéter…
LORD BURRY. – Ne m’obligez pas à me répéter…
LORD BURRY. – Tenez, que diriez-vous d’une plus-value ?
LORD BURRY. – Tenez, que diriez-vous d’une plus-value ?
EDGAR. – Oh ! je ne le désire pas non plus.
EDGAR, s’arrêtant soudain. – Hein ?
LORD BURRY. – Une plus-value, une somme plus importante,
histoire de faire oublier cet éclat, hum ?
EDGAR. – Une forme de dédommagement moral…
LORD BURRY. – Voilà.
EDGAR. – Attaquer les gens sur leur physique aussi…
LORD BURRY. – Oui, oui. Maintenant que tout est arrangé, faitesmoi donc la lecture du tome I.
EDGAR. – « Le Cocu magnifique » ? Bien sûr. Permettez-moi un
petit prologue : il y a de cela cinq mois, ruiné par un voleur de galeriste inculte et parfaitement inaccessible à l’art contemporain… On
ne le dira jamais assez, mais le monde des galeristes est d’une âpreté
et d’une mesquinerie… Tenez, si je vous disais la somme qu’il m’a
extorquée sans même avoir vendu le moindre tableau… Écœurant !
Plus pauvre que Job donc, j’acceptai le premier emploi venu et me
retrouvai jardinier chez Lady Griffin. La main-d’œuvre était nécessaire, car le parc foudroyé par un terrible hiver connaissait enfin en
ce début du mois d’avril les prémices d’une convalescence. Moi,
dès que c’est bucolique…
LORD BURRY. – Votre calepin !
EDGAR. – Oh ! je ne le désire pas non plus.
EDGAR, s’arrêtant soudain. – Hein ?
LORD BURRY. – Une plus-value, une somme plus importante,
histoire de faire oublier cet éclat, hum ?
EDGAR. – Une forme de dédommagement moral…
LORD BURRY. – Voilà.
EDGAR. – Attaquer les gens sur leur physique aussi…
LORD BURRY. – Oui, oui. Maintenant que tout est arrangé, faitesmoi donc la lecture du tome I.
EDGAR. – « Le Cocu magnifique » ? Bien sûr. Permettez-moi un
petit prologue : il y a de cela cinq mois, ruiné par un voleur de galeriste inculte et parfaitement inaccessible à l’art contemporain… On
ne le dira jamais assez, mais le monde des galeristes est d’une âpreté
et d’une mesquinerie… Tenez, si je vous disais la somme qu’il m’a
extorquée sans même avoir vendu le moindre tableau… Écœurant !
Plus pauvre que Job donc, j’acceptai le premier emploi venu et me
retrouvai jardinier chez Lady Griffin. La main-d’œuvre était nécessaire, car le parc foudroyé par un terrible hiver connaissait enfin en
ce début du mois d’avril les prémices d’une convalescence. Moi,
dès que c’est bucolique…
LORD BURRY. – Votre calepin !
EDGAR. – Voilà, voilà… Attendez, je n’arrive pas à me relire…
Bof, de toute façon je n’en ai pas besoin pour le moment. En gros,
tous les mardis et les jeudis matin, Lady Griffin, une demi-heure après
le départ de son époux, se rend, dit-elle, en ville. Je n’aurais jamais
EDGAR. – Voilà, voilà… Attendez, je n’arrive pas à me relire…
Bof, de toute façon je n’en ai pas besoin pour le moment. En gros,
tous les mardis et les jeudis matin, Lady Griffin, une demi-heure après
le départ de son époux, se rend, dit-elle, en ville. Je n’aurais jamais
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fait attention à cela si ce n’est qu’un jour sa voiture, au sortir du
parc, a dérapé sur une plaque de boue et est venue se cogner contre
un arbre. Nous arrivâmes aussitôt à son secours et avant même
qu’elle ne nous en pria, nous la dégageâmes de son enlisement.
La Ford n’avait pas grand-chose, l’aile avant gauche était un peu
cabossée mais sans excès. Dès qu’elle fut prête, la belle, aucunement choquée, repartit. C’était un… (Il cherche dans son calepin.)
fait attention à cela si ce n’est qu’un jour sa voiture, au sortir du
parc, a dérapé sur une plaque de boue et est venue se cogner contre
un arbre. Nous arrivâmes aussitôt à son secours et avant même
qu’elle ne nous en pria, nous la dégageâmes de son enlisement.
La Ford n’avait pas grand-chose, l’aile avant gauche était un peu
cabossée mais sans excès. Dès qu’elle fut prête, la belle, aucunement choquée, repartit. C’était un… (Il cherche dans son calepin.)
EDGAR. – C’est ça, oui. Peu de temps après, le régisseur du
domaine, un coyote puant, m’accusa à tort d’avoir si mal planté les
boutures de pétunia qu’elles avaient toutes crevé. Furieux, ce salaud
m’envoya en chercher d’autres à pied dans votre pépinière. Après
une heure et demie de marche, j’arrivai tout crotté chez vous. Et que
vis-je au loin ? Mais oui, mon bon monsieur, la Ford de Lady Griffin
avec son aile gauche ratatinée. Intrigué, je m’approchai de votre
somptueuse demeure avec tant de précaution et de légèreté que mes
pas glissaient sur le sol, un sol imbibé d’eau me direz-vous, où une
fois sur le perron je ne manquai pas, dans une figure hautement
sophistiquée, de me rompre le coccyx. Votre perron glisse, faut faire
quelque chose, hein ? Bref, reprenant courage, je me hissai jusqu’à
l’une des fenêtres du rez-de-chaussée et là, bien solidement campé
sur le rebord, l’œil collé à la vitre, je ne vis rien du tout… Ce n’était
pas la bonne fenêtre.
EDGAR. – C’est ça, oui. Peu de temps après, le régisseur du
domaine, un coyote puant, m’accusa à tort d’avoir si mal planté les
boutures de pétunia qu’elles avaient toutes crevé. Furieux, ce salaud
m’envoya en chercher d’autres à pied dans votre pépinière. Après
une heure et demie de marche, j’arrivai tout crotté chez vous. Et que
vis-je au loin ? Mais oui, mon bon monsieur, la Ford de Lady Griffin
avec son aile gauche ratatinée. Intrigué, je m’approchai de votre
somptueuse demeure avec tant de précaution et de légèreté que mes
pas glissaient sur le sol, un sol imbibé d’eau me direz-vous, où une
fois sur le perron je ne manquai pas, dans une figure hautement
sophistiquée, de me rompre le coccyx. Votre perron glisse, faut faire
quelque chose, hein ? Bref, reprenant courage, je me hissai jusqu’à
l’une des fenêtres du rez-de-chaussée et là, bien solidement campé
sur le rebord, l’œil collé à la vitre, je ne vis rien du tout… Ce n’était
pas la bonne fenêtre.
EDGAR. – Patience, my Lord, patience. Sauf votre respect, j’étais
comme un chasseur affolé par une bécasse, Lady Griffin ne m’échapperait pas. Tous les lundis et mercredis en fin d’après-midi, je sabotais
quelques jeunes pousses sachant que ce coyote de régisseur m’enverrait chez vous, cher monsieur Burry, en chercher de nouvelles.
Et ça ne manquait jamais : la douce Lady se trouvait en votre demeure.
Que pouvait donc faire une dame avec un monsieur seul dans votre
EDGAR. – Patience, my Lord, patience. Sauf votre respect, j’étais
comme un chasseur affolé par une bécasse, Lady Griffin ne m’échapperait pas. Tous les lundis et mercredis en fin d’après-midi, je sabotais
quelques jeunes pousses sachant que ce coyote de régisseur m’enverrait chez vous, cher monsieur Burry, en chercher de nouvelles.
Et ça ne manquait jamais : la douce Lady se trouvait en votre demeure.
Que pouvait donc faire une dame avec un monsieur seul dans votre
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LORD BURRY, dans sa barbe. – Jeudi 6 avril.
LORD BURRY. – C’est fascinant ce que vous me racontez là.
LORD BURRY, dans sa barbe. – Jeudi 6 avril.
LORD BURRY. – C’est fascinant ce que vous me racontez là.
chambre à coucher ? (Regard surpris de Burry.) Oui, la pièce au
deuxième étage avec un petit balcon, c’est votre chambre à coucher.
Lady Griffin n’est plus de première jeunesse, soit, mais c’est une
belle bête, hum… Poitrine ferme, taille fine, fesses girondes à la
cambrure de rêve, avec cela beaucoup de classe, un port de tête de
duchesse… Enfin, si l’autre imbécile ne sait pas tenir sa femme…
chambre à coucher ? (Regard surpris de Burry.) Oui, la pièce au
deuxième étage avec un petit balcon, c’est votre chambre à coucher.
Lady Griffin n’est plus de première jeunesse, soit, mais c’est une
belle bête, hum… Poitrine ferme, taille fine, fesses girondes à la
cambrure de rêve, avec cela beaucoup de classe, un port de tête de
duchesse… Enfin, si l’autre imbécile ne sait pas tenir sa femme…
EDGAR. – Des preuves ? Heu… oui, c’est-à-dire… heu… des
preuves ? J’ai tout noté sur le calepin !
EDGAR. – Des preuves ? Heu… oui, c’est-à-dire… heu… des
preuves ? J’ai tout noté sur le calepin !
LORD BURRY. – Avez-vous des preuves ?
LORD BURRY. – C’est tout ?
EDGAR. – Oui.
LORD BURRY. – Avez-vous des preuves ?
LORD BURRY. – C’est tout ?
EDGAR. – Oui.
LORD BURRY. – J’ai bien peur que cela ne soit pas suffisant.
LORD BURRY. – J’ai bien peur que cela ne soit pas suffisant.
LORD BURRY. – Permettez. (Il prend le calepin.)
LORD BURRY. – Permettez. (Il prend le calepin.)
EDGAR. – Ah bon ? Pourtant, j’ai tout noté.
EDGAR. – Tenez, voyez, là : « Jeudi 4 mai, visite de Lady Griffin
à Lord Burry. »
LORD BURRY. – « Mardi 9 mai, visite de Lady Griffin à Lord
Burry. Jeudi 11 mai, visite de Lady Griffin à Lord Burry. Mardi
16 mai, visite de Lady Griffin à Lord Burry. » Vous avez un sens
très épuré de la narration.
EDGAR. – Sobre et précis.
LORD BURRY. – Très nouveau roman, ça.
EDGAR. – Tel un conférencier, j’improvise mon discours mais
m’appuie sur des notes incontestables.
LORD BURRY. – Me permettez-vous une critique ?
EDGAR. – Je vous en prie.
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EDGAR. – Ah bon ? Pourtant, j’ai tout noté.
EDGAR. – Tenez, voyez, là : « Jeudi 4 mai, visite de Lady Griffin
à Lord Burry. »
LORD BURRY. – « Mardi 9 mai, visite de Lady Griffin à Lord
Burry. Jeudi 11 mai, visite de Lady Griffin à Lord Burry. Mardi
16 mai, visite de Lady Griffin à Lord Burry. » Vous avez un sens
très épuré de la narration.
EDGAR. – Sobre et précis.
LORD BURRY. – Très nouveau roman, ça.
EDGAR. – Tel un conférencier, j’improvise mon discours mais
m’appuie sur des notes incontestables.
LORD BURRY. – Me permettez-vous une critique ?
EDGAR. – Je vous en prie.
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LORD BURRY. – La peur. Vous négligez de me faire peur. Un
maître chanteur digne de ce nom doit si finement distiller l’information que sa victime se sente davantage inquiétée par les non-dits
que par les révélations, aussi compromettantes soient-elles.
LORD BURRY. – La peur. Vous négligez de me faire peur. Un
maître chanteur digne de ce nom doit si finement distiller l’information que sa victime se sente davantage inquiétée par les non-dits
que par les révélations, aussi compromettantes soient-elles.
LORD BURRY. – On a souvent plus de choses à se reprocher que
les gens ne pensent.
LORD BURRY. – On a souvent plus de choses à se reprocher que
les gens ne pensent.
LORD BURRY. – Laissez-les croire que vous n’êtes pas dupe, que
vous leur faites la grâce de les épargner… en partie, mais que sous
cette apparente bonhomie, sous ce sourire enjôleur, se dissimule un
être impitoyable.
LORD BURRY. – Laissez-les croire que vous n’êtes pas dupe, que
vous leur faites la grâce de les épargner… en partie, mais que sous
cette apparente bonhomie, sous ce sourire enjôleur, se dissimule un
être impitoyable.
LORD BURRY. – Vous seriez presque sympathique si vous n’étiez
idiot.
LORD BURRY. – Vous seriez presque sympathique si vous n’étiez
idiot.
EDGAR. – Je suis jeune, j’apprendrai.
EDGAR. – Moi, c’est plutôt l’inverse…
EDGAR. – Comme ça ? (Il sourit bêtement.)
EDGAR. – L’un n’empêche pas l’autre.
LORD BURRY, froid. – N’en croyez rien.
EDGAR. – Je suis jeune, j’apprendrai.
EDGAR. – Moi, c’est plutôt l’inverse…
EDGAR. – Comme ça ? (Il sourit bêtement.)
EDGAR. – L’un n’empêche pas l’autre.
LORD BURRY, froid. – N’en croyez rien.
EDGAR. – My Lord prend les choses trop à cœur. Je ne viens que
pour une modique somme, si, si, vous éviter un ridicule scandale ;
scandale d’autant plus ennuyeux que le cocu a la réputation d’être
un gaillard pas très commode, on le dit même violent, très violent,
et puis my Lord, on est entre hommes, franchement si pour l’empêcher de prendre feu Lady Griffin a besoin de se faire ramoner la
cheminée régulièrement…
EDGAR. – My Lord prend les choses trop à cœur. Je ne viens que
pour une modique somme, si, si, vous éviter un ridicule scandale ;
scandale d’autant plus ennuyeux que le cocu a la réputation d’être
un gaillard pas très commode, on le dit même violent, très violent,
et puis my Lord, on est entre hommes, franchement si pour l’empêcher de prendre feu Lady Griffin a besoin de se faire ramoner la
cheminée régulièrement…
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LORD BURRY. – Si je n’étais la vraie victime de ce triste chantage, vos petites grivoiseries m’amuseraient beaucoup. Au moins
ce qui est drôle c’est qu’une fois la méprise éventée, vous serez
tout aussi navré que moi.
LORD BURRY. – Si je n’étais la vraie victime de ce triste chantage, vos petites grivoiseries m’amuseraient beaucoup. Au moins
ce qui est drôle c’est qu’une fois la méprise éventée, vous serez
tout aussi navré que moi.