Gants de protection dans les garages et carrosseries

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Gants de protection dans les garages et carrosseries
Actes Journées Santé Travail du CISME – Tome II – 2012
Session 2 : Modalités du travail en réseau
Action pluridisciplinaire
« Gants de protection dans
les garages et carrosseries »
Sylvie GODFRIN – Intervenante en Prévention du Risque Chimique – SSTR 88 – Remiremont
Dr Brigitte VAN DEN ABBEELE – Médecin du travail – SSTR 88 – Remiremont
Christine KOLCZYNSKI – Ingénieur Conseil – Assurance Maladie Risques Professionnels Nord-Est – Nancy
Guy BERTRAND – Président Régional – Conseil National des Professions de l’Automobile – Montigny-lèsMetz
D
ans le cadre d’une convention de partenariat portant sur le risque chimique et
cancérogène, le Service de Santé au Travail (SSTI) de Remiremont (Vosges) et
l'Assurance Maladie Risques Professionnels de la Carsat Nord-Est se sont engagés
dans une action de terrain dans les garages et carrosseries, concernant le port de gants
adaptés aux produits et aux tâches, seul moyen efficace pour prévenir la pénétration
cutanée des substances chimiques.
Quelques chiffres concernant le SSTI de Remiremont : environ 16 000 salariés suivis, répartis
dans 1 300 entreprises, 6 médecins du travail (équivalent à 5 temps plein), 1 IPRP risque
chimique.
Conception de l’outil
L’objectif était de sensibiliser employeurs et salariés afin que le port de gants devienne un
automatisme et que les entreprises soient autonomes avec le soutien des partenaires. La 1ère
étape était d’élaborer un guide clair, lisible et facilement applicable, répertoriant les gants
préconisés pour les différentes tâches de chaque métier de l’activité garages et carrosseries
(mécanicien et service rapide, carrossier, peintre, préparateur véhicules neufs / véhicules
d’occasion), avec le moins de types de gants différents possibles.
Différentes approches testées n’ont pas permis d’aboutir, à l’exemple des rencontres avec
des fabricants et revendeurs de gants qui n’ont pas répondu à la problématique de manière
satisfaisante.
Lors d’une 1ère réunion des partenaires, le président régional et départemental du CNPA a
proposé les moyens nécessaires pour mener à bien ce projet, notamment un garage test et
la disponibilité de son chef d’atelier.
Les SSTI et leurs partenaires : enjeux et modalités du travail en réseau
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Modalités du travail en réseau
Un groupe de travail réduit s’est alors constitué, composé d’un ingénieur-conseil de la
Carsat, d’un médecin du travail, de l’IPRP risque chimique du SSTI de Remiremont et du chef
d’atelier du garage/carrosserie Grands Moulins Auto du Thillot (Vosges), avec l’appui du
délégué départemental du CNPA. Ce groupe a utilisé le terrain comme base de travail : il a
réalisé la description complète et précise des tâches avec inventaire des produits utilisés et
des types d’exposition (trempage, projection…), analysé les fiches de données de sécurité,
puis déterminé les types de gants adaptés avec l'appui technique de l'INRS. Il a ensuite fait
appel à un fabricant de gants afin qu’il lui propose les gants de sa gamme qui correspondent,
gants testés par les salariés du garage pour validation.
A partir de ce travail conséquent qui a duré près d’un an et demi, les partenaires ont élaboré
le document clé « GANTS DE PROTECTION DANS LES GARAGES AUTOMOBILES :
PRÉVENTION DES RISQUES CHIMIQUE, CMR ET MÉCANIQUE » composé de
fiches-conseil détaillant les gants recommandés par tâche de travail, pour chaque métier.
Afin d’accompagner chaque entreprise dans sa démarche de prévention, le groupe de travail
a fait le choix de constituer une mallette pédagogique "Outil de sensibilisation à la
protection des mains", qui contiendra notamment toute la documentation de sensibilisation
nécessaire (dont un certain nombre de documents et affiches établis par les partenaires),
des échantillons des gants testés et approuvés par la profession, pour réaliser des essais sur
une durée de 1 mois, et un portique de séchage des gants.
Cette phase de conception de l’outil a mobilisé fortement les partenaires que sont le SSTI de
Remiremont et la Carsat Nord-Est, qui ont complété leurs expertises technique et médicale
par des compétences externes apportées par des professionnels : CNPA (président régional
et délégué départemental), chef d’atelier du garage test (descriptif des phases de travail),
INRS (validation des matériaux des gants retenus), fabricant ANSELL (expertise technique sur
les gants). Par ailleurs, une synergie liée aux expériences et compétences variées au sein du
groupe de travail pluridisciplinaire a permis un enrichissement mutuel mis à profit dans la
constitution de l’outil.
Les partenaires sociaux au sein des instances paritaires et notamment du CTR1 (Comité
Technique Régional de la métallurgie) de la Carsat Nord-Est ont été un soutien important
pendant toute la phase de conception et de déploiement ; l’avancement de l’action leur a
été présenté régulièrement pour validation.
Phase de déploiement de l’outil
Le déploiement de cet outil pédagogique dans les 78 établissements concernés du secteur
géographique du SSTI de Remiremont a été formalisé dans une convention tripartite
CNPA-Carsat-SSTI. Les établissements ciblés sont les garages et carrosseries véhicules légers
et poids-lourds, mais aussi toutes les entreprises disposant d’une activité d’entretien de
véhicules : transporteurs, taxi-ambulance, entreprises de travaux publics, matériel agricole,
casses, vente et réparation de motos…
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Actes Journées Santé Travail du CISME – Tome II - 2012
Modalités du travail en réseau
La convention tripartite a prévu la constitution des mallettes pédagogiques par le CNPA
Vosges, qui a établi les commandes des différents gants nécessaires, des mallettes et du
portique de séchage des gants ; la documentation de prévention est imprimée et fournie par
le centre média avec l’appui du service communication de la Carsat Nord-Est. Une
subvention de la Carsat Nord-Est a permis de financer cet outil pédagogique. Concrètement,
une fois tous les éléments constitutifs de la mallette réunis, les 3 partenaires confectionnent
les 100 mallettes : 78 pour les entreprises ciblées, les mallettes restantes ont été soit
utilisées en démonstration pour la sensibilisation, soit remises à des partenaires de
prévention ou à des établissements formant les apprentis.
La soirée de sensibilisation initialement prévue n’a pas eu lieu faute de participant, par
manque de disponibilité des professionnels dans ces TPE (Très Petites Entreprises).
Cependant les autres relais utilisés (presse, CNPA) se sont révélés plus porteurs.
L’outil pédagogique a été remis gratuitement aux établissements concernés lors d’une
1ère intervention conjointe (Carsat, SSTI et CNPA au début du déploiement) au cours de
laquelle l’employeur, et si possible les salariés, ont été sensibilisés et les essais de gants
engagés. Après un mois et demi à 2 mois de test, la 2è intervention conjointe Carsat/SSTI
permet de faire le point sur les retours d’expérience (avantages, inconvénients, difficultés
rencontrées). La 3è intervention permet ensuite de vérifier la pérennité du port de gants. A
plus long terme, un suivi des salariés est prévu lors des visites médicales, ainsi qu’un suivi de
l’état d’avancement du port de gants dans l’entreprise, par l’intermédiaire d’actions terrain
réalisées par le SSTI et/ou la Carsat ; il pourrait être formalisé dans le Contrat Pluriannuel
d’Objectifs et de Moyens (CPOM) liant Carsat, DIRECCTE et SSTI.
Une évolution positive du port de gants est constatée dans tous les cas lors des 2è et
3è interventions.
Le succès du déploiement de l’action en entreprise est dû à la complémentarité des
différents partenaires. D’une part, elle répond à une véritable attente de la part des
professionnels, qui en ont une bonne perception, notamment grâce à la communication
réalisée par le CNPA, à l’engagement de son président régional, et à la communication dans
la presse. D’autre part, les différentes interventions en entreprise nécessaires pour mener à
bien cette action sont réalisées le plus souvent conjointement par le SSTI (Médecin du travail
qui suit l’entreprise et IPRP risque chimique) et la Carsat (Ingénieur-Conseil dans un 1er
temps, puis Contrôleurs de Sécurité), le CNPA ayant participé à quelques-unes des 1ères
visites (le délégué départemental quitte ses fonctions peu après le début du déploiement et
n’est pas remplacé).
Le succès résulte de la complémentarité des partenaires, de leur connaissance des
entreprises, de leur discours de prévention, des relations tissées par le CNPA avec ses
adhérents… Les médecins du travail et contrôleurs de la Carsat n’ayant pas participé à
l’élaboration de l’outil, se le sont approprié très rapidement. Par ailleurs, les interventions
par les partenaires ont été facilitées par le fait que les médecins du travail connaissaient déjà
la plupart des employeurs et salariés, favorisant ainsi la prise en compte de la problématique
et le déploiement des actions de prévention.
Les SSTI et leurs partenaires : enjeux et modalités du travail en réseau
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Modalités du travail en réseau
L’IPRP risque chimique a assuré la coordination avec les médecins et la Carsat, les prises de
rendez-vous, ainsi que le suivi de l’action et la tenue d’un tableau de bord.
Les partenaires ont communiqué le plus largement possible sur cette action dans le milieu
de la prévention : communication auprès du réseau IPRP du Grand Est, à Préventica
Strasbourg, poster présenté au Congrès national de médecine et santé au travail de
Clermont-Ferrand, article dans la revue Travail et Sécurité.
Le succès de l’expérimentation sur ce secteur géographique a incité les deux autres SSTI du
département des Vosges à déployer très prochainement l’action sur leur secteur
géographique, en partenariat avec le CNPA, avec l’assistance technique de l’IPRP du SSTI de
Remiremont. La Carsat devrait participer sous forme d’aides financières simplifiées dans le
cadre de partenariat avec les SSTI ; ceux-ci pourraient être les acteurs de terrain avec le
CNPA.
Le déploiement pourrait aussi se poursuivre sur toute la circonscription de la Carsat
Nord-Est. La Carsat et le CNPA appartenant à des réseaux nationaux, l’extension possible sur
un secteur géographique plus large en serait facilitée. Des sessions de sensibilisation en
direction des enseignants supervisant les jeunes en formation sont également prévues.
L’action pourrait également être déployée par la Fédération Régionale des Travaux Publics
(FRTP) de Lorraine, dans les entreprises de TP de plus de 50 salariés effectuant des
opérations de maintenance des engins de chantier.
Il est apparu que les fabricants/revendeurs de gants ont très peu de connaissances sur le
type de gants à préconiser spécifiquement pour les différentes tâches des métiers de la
réparation automobile, à l’exception des gants enduits paumes et bouts de doigts pour les
travaux de mécanique sans contact avec des liquides. La Carsat et le SSTI envisagent ainsi
d’organiser des rencontres avec les revendeurs de gants afin de les informer de l’existence
du document établi et de les sensibiliser, de manière à ce qu’ils participent sur le terrain à
relayer les bonnes pratiques.
Le SSTI de Remiremont a la volonté d’étendre la démarche aux mécaniciens d’entretien de
tous les secteurs d’activité ; les modalités et partenariats sont encore à définir. Par ailleurs,
l’action et sa possible extension à d’autres secteurs d’activité seront reprises comme thèmes
du projet de service, qui sera l’un des éléments du futur CPOM, que le médecin-inspecteur
régional souhaiterait voir comme 1er CPOM de la région Lorraine en raison de l’aspect
expérimental et du succès de l’action.
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