L`arbitrage vidéo dans le foot : garantissons le beau jeu

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L`arbitrage vidéo dans le foot : garantissons le beau jeu
L'arbitrage vidéo dans le foot garantissons le beau
jeu
Prlr ,Jean-Louis Dupont et F1nrnanuel Oaoud 1avoc8ts109110/?.010
En octobre, I'<< International Football Association Board» va enfin se pencher sur la question de «l'assistance
technologique » à l'arbitrage, même si de manière limitée et partant d'un a priori ouvertement négatif.
En effet, pour le président de la FIFA, une des caractéristiques essentielles du football est que - partout et à tous
les niveaux - il est pratiqué selon les mêmes règles, notamment quant aux modalités d'arbitrage, ce qui exclurait
le recours à la vidéo.
Bien que louable, cette déclaration ne semble pas pertinente : des différences notables existent déjà entre un
match de Coupe du Monde et un « petit» match local. Ainsi, pour ce dernier, pas de« quatrième arbitre». Et au
niveau le plus bas, c'est bien souvent un arbitre seul qui officie, sans juge de ligne.
De plus, traiter de la même manière deux situations parfaitement différentes, à savoir un match de Coupe du
Monde et celui entre deux équipes de village, n'aura pas l'effet d'uniformité légitimement recherché par M. Blatter
mais, au contraire, aboutira à des résultats différents : les moyens d'arbitrage traditionnels satisferont aux besoins
du match local alors que pour un match d'ampleur internationale, ils amèneront parfois des centaines de millions
de téléspectateurs à estimer que l'arbitre est le seul être vivant à ne pas avoir vu tel ou tel fait de match décisif.
Pour le président de l'UEFA, le football doit rester un jeu, ce que la vidéo mettrait en péril : si l'on met le doigt
dans l'engrenage, où s'arrêtera-t-on ? Pour quelles fautes recourir à la vidéo et pour quelles autres non ? Le jeu,
interrompu en permanence, cesserait d'en être un.
Ces objections de M. Platini ne sont donc pas un rejet absolu du principe de la vidéo mais de toutes modalités qui
aboutiraient à déshumaniser le football, à faire en sorte qu'il cesse d'être un jeu.
Or, à notre sens, les moyens mis en œuvre pour arbitrer une rencontre doivent être proportionnés à son
importance et à sa médiatisation.
Il s'agirait de confier aux équipes elles-mêmes (c'est-à-dire à leurs capitaines) le droit de faire appel à la vidéo
dans des limites strictement définies :
•
L'appel à la vidéo pourrait être demandé au maximum deux fois par match par chacune des équipes
(soit au maximum 4 interruptions du jeu).
•
Seuls des faits très précis justifieraient un tel recours (par exemple, penalty non sifflé, simulation
amenant un penalty eUou une carte rouge injustifiés, goal marqué par un joueur hors jeu ou avec la
main, goal non validé alors que le ballon a franchi la ligne de but, faute mettant en danger l'intégrité
physique d'un joueur et pour laquelle la carte rouge n'a pas été donnée).
•
Cet« appel vidéo» serait tranché par un «arbitre vidéo», hors terrain, et non pas par l'arbitre principal,
qui n'aurait donc pas à se déjuger. En cas de doute, l'arbitre vidéo s'en tiendra à la décision de l'arbitre
principal. L'interruption du jeu ne pourra pas excéder 30 seccndes. La décision restera donc humaine
mais, simplement, elle sera plus éclairée.
Les vertus de ce système sont notamment les suivantes :
•
Il instaure un esprit de collaboration entre joueurs et arbitre : d'un autoritarisme absolu, on passe à une
démocratie relative.
•
Avant d'être répressif, il est dissuasif : le risque d'être pris pour les tricheurs est énorme, on s'abstient
donc de commettre la faute fatale. Cela devrait par exemple mettre, enfin, un terme aux séances de lutte
gréco-romaine que sont devenus les coups de pieds de coin ou aux subites pertes d'équilibre des
« plongeurs des grands rectangles >>. Ou enccre aux agressions du type de celle commise par « karaté
kid » De Jong, lors de la dernière finale de la Coupe du Monde.
•
li libérerait l'arbitre du stress excessif de mal faire, d'être transformé en un objet de haine ou de risée
pour des millions de supporters.
•
Il mettra un terme aux contestations des joueurs: si une équipe n'utilise pas son« challenge», qu'elle
se taise ! Les joueurs disposeront d'un moyen d'éviter les pires injustices et donc, toute agressivité
envers l'arbitre deviendra sans propos.
•
La bonne gestion, par les équipes, de ce droit de « challenge » renforcera l'attrait du jeu et ajoutera au
spectacle.
L'arbitre, aura enfin le droit à l'erreur. En faisant reculer l'injustice sportive, le « challenge » vidéo fera progresser
le « beautifull game » et préservera les arbitres.

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