L`enfer, c`est les hôtes

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L`enfer, c`est les hôtes
Date : 16 MAI 16
Page de l'article : p.5
Journaliste : Julien Gester
Pays : France
Périodicité : Parution Irrégulière
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BRÈCHE Dans le thriller feutre «Harmonium», du francophile Koji
Fukada, le retour d'un vieil ami vire au jeu de massacre familial.
L'enfer, c'est les hôtes
couver de grave. Au nom
d'une amitié dont rien ne
laisse deviner ce qui la nourrit, celui-ci lui ouvre grand les
portes de l'entreprise et de la
demeure familiales. D'abord
battu froid, l'ex-taulard
conquiert les faveurs de chacun sur la foi de ses manières
amènes, semant même au
cœur du foyer le germe d'une
liaison avec la maîtresse de
maison.
Au gré des stations indolentes
de cette intrusion, saillent
peu à peu secrets et rancœurs
longtemps demeurés en sommeil, jusqu'à exploser à la surface du film arrivé en son milieu, et le fendre ainsi en
deux. Une brèche temporelle,
où s'engouffrent les simulacres du thriller feutré, virant
au drame à vif, et dans laquelle s'abîme tout entier un
personnage, qui emporte avec
lui la joie de tous les autres.
Admirateur de Rohmer et
Balzac, Koji Fukada (découvert en France avec le très
beau et autrement solaire Au
revoir l'été) fait ici une nouvelle fois la démonstration de
la brillance matoise de sa
mise en scène à bas bruit, habile à orchestrer un théâtre de
désordres sous les dehors du
conformisme heureux. Et
percer ainsi, de ses lumières
naturelles et de leurs zones
aveugles, la placidité des apparences pour mieux en éclairer l'abjection tue des soubassements.
UN CERTAIN REGARD
HARMONIUM de KOJI
FUKADA avec Tadanobu
Asano, Mariko Tsutsui... Ih58.
our un peu, on se croirait reprojeté un an en
arrière. Même salle,
même étape du Festival (celle
où l'on commence à ne plus
savoir trop quel jour on est, ni
comment on s'appelle),
même sélection (Un certain
regard), même acteur magnétique, même régime d'apparition de l'ordre de l'indécidable surgissement entre
présence et illusion fantomatique. S'il a remisé au profit
d'une superbe chemise blanche le déjà très enviable imper orange arboré dans les
premières scènes de Vers
l'autre rive de Kiyoshi Kurosawa (merci d'écrire ^Libération si vous avez identifié
la marque), l'immarcescible
play-boy du cinéma d'auteur
japonais Tadanobu Asano signe, dans Harmonium de Koji
Fukada, une entrée tout aussi
indécise et fulgurante de
beau revenant intranquille,
jailli de la coupe de deux
plans composés au cordeau.
Cette fois, c'est de cellule et
non des limbes qu'il reparaît,
venu, au terme d'une peine
de prison pour meurtre, frapper à la porte d'un ami de longue date, lequel coule en famille une existence trop
épanouie et sage pour ne rien
P
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Tadanobu Asano, revenant intranquille. YASAKA HOTARU
JULIEN GESTER
VERSION 0151397400505

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