Syndrome de Bertolotti - Société Marocaine de Rhumatologie

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Syndrome de Bertolotti - Société Marocaine de Rhumatologie
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Syndrome de Bertolotti
Bertolotti’s syndrome
Hicham Hachimi, Latifa Tahiri, Fatima Zahra Abourazzak, Taoufik Harzy
Service de rhumatologie, CHU Hassan II , Université Sidi Mohammed Ben Abdellah, Fés - Maroc
Rev Mar Rhum 2012; 21: 41-3
Résumé
Abstract
Le syndrome de Bertolotti est défini par la
présence d´une méga-apophyse transverse de
la dernière vertèbre lombaire qui s´articule avec
le sacrum et/ou l´aile iliaque associée à une
douleur lombaire ou fessière. Il est de diagnostic
facile, basé sur les radiographies standards,
mais il pose un problème thérapeutique vu la
possibilité de récidive des douleurs même avec
un traitement bien adapté par les infiltrations
ou une exérèse chirurgicale et/ou arthrodèse.
Bertolotti’s syndrome is defined by the
presence of a mega-transverse process of the
last lumbar vertebra which articulates with the
sacrum and / or the iliac wing associated with
back pain or buttock pain. It is easily diagnosed
based on standard radiographs, but rises
therapeutic issues because of the possibility
of recurrence of pain even after a well-adapted
treatment by infiltration or surgical resection
and / or arthrodesis.
Mots clés : méga-apophyse transverse; lom Key words :
balgie;féssalgie;Radiographie standard;infiltrat
ions;exérèse;arthrodèse.
Le syndrome de Bertolloti , décrit en 1917, est caractérisé
par la survenue de douleurs lombaires ou fessières induites
par la présence d´une méga-apophyse transverse de la
dernière vertèbre mobile qui vient au contact du sacrum
et/ou de l´aile iliaque en y formant parfois un équivalent
d´interligne articulaire (troisième sacro-iliaque) [1].
La présence de méga-apophyses transverses de L5 est
assez fréquente (20% de la population) [2]. Mais un
contact entre ces méga-apophyses avec le sacrum ou
l´ilion réalisant une articulation accessoire est un peu plus
rare, touchant de 5 à 7% de la population. Ce contact
peut être symptomatique chez certains patients réalisant
le syndrome de Bertolotti [3].
Quels seraient les
physiopathogéniques ?
mécanismes
Les auteurs ont proposés deux mécanismes pour expliquer
les douleurs :
-Un mécanisme direct : en rapport avec une souffrance
de la néoarticulation. Les fixations détectées en
scintigraphie en regard de ces néoarticulations dans
80% des cas, pourraient être des arguments en faveur
Correspondance à adresser à : Dr. H. Hachimi
Email: [email protected]
Mega-transverse process;low
back pain;buttock pain;standard radiographs; inf
iltration;excision;arthrodesis.
de cette hypothèse, notamment, celles mises en évidence
par le SPECT-CT chez les patients symptomatiques [4,5].
-Un mécanisme indirect : par usure prématurée du
disque immédiatement sus-jacent [6,7] du fait soit
d’un jeu asymétrique de celui-ci [8], soit d’un mauvais
verrouillage par les ligaments iliolombaires. Dans
l’étude d’Aihara et al. concernant 70 cadavres porteurs
d’une telle néoarticulation, le ligament iliolombaire était
effectivement bien plus fin et plus faible du côté de la
malformation [9].
Comment se manifeste ce syndrome ?
Sur le plan clinique, le syndrome de Bertolotti se manifeste
soit par des douleurs lombaires ou fessières. Ces douleurs
peuvent irradier selon un trajet sciatique [10] (figure 1).
Dans les 12 cas de syndrome de Bertolotti rapportés par
Avimadie, les douleurs lombaires ont été retrouvées chez
50% des cas, et les douleurs fessières dans 50% [3]. Le
signe concernant la topographie de la douleur offrant un
assez bon compromis de sensibilité et de spécificité (une
sensibilité de 71% et une spécificité de 47%) est le «finger
test» qui consiste à demander au patient de désigner avec
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un seul doigt le site de sa douleur maximale, qui serait
plus informatif que les irradiations. Ce signe est considéré
comme positif lorsque le patient place son doigt à moins
d´un centimètre en dessous et en dedans de l´épine iliaque
postéro-supérieure (figure 2) [11].
Comment retenir le diagnostic ?
1- Radiographie standard
L’imagerie diagnostique de la douleur comprend
habituellement la radiographie standard qui permet
de mettre en évidence l´anomalie transitionnelle [13].
La radiographie du bassin de face permet de poser le
diagnostic en objectivant une vertèbre transitionnelle
lombo-sacrée avec une très grande apophyse transverse
de la cinquième vertèbre lombaire, s’articulant avec l’aile
du sacrum ou iliaque (Fig.3 et 4).
2- Scanner
Le scanner garde sa place dans l’évaluation de la
transition vertébrale. Il permet l’identification de sténose,
d´ostéophytes, d´hernie discale et de la sclérose au
contact de la méga-apophyse de l’os iliaque ou sacrée
qui peuvent être associés. Il permet aussi de guider les
infiltrations locales [13].
3- Scintigraphie osseuse
La scintigraphie osseuse peut révéler une souffrance dans
les facettes articulaires, en particulier au niveau de la
méga-apophyse, bien que certains auteurs croient que la
souffrance n’est pas la cause directe de la douleur chez
tous les patients [14].
H. Hachimi et al.
améliorés avec des blocs anesthésiques, offrent un
soulagement significatif et aide à établir un programme
de réhabilitation physique [13].
2- Traitement chirurgical
Dans les cas rebelles, pour lesquels la conviction que la
douleur part bien de la néoarticulation, des excisions de
la méga-apophyse se sont avérées efficaces voir même
très efficaces dans certains cas isolés [15,16].
Dans les cas ou une hypermobilité du disque sus-jacent est
supposée rendre compte des symptômes, les arthrodèses
peuvent être proposées. La plus grande série publiée a porté
sur 16 cas, dont huit traités par arthrodèse postéro-latérale
entre la transverse et le sacrum, et huit par résection de la
méga-apophyse. Un bon résultat a été obtenu dans dix des
16 cas, sans différences entre les sous-groupes arthrodèse ou
exérèse [17]. Les résultats n´étaient pas parfaits en général,
car 11 des 13 patients revus à distance de la chirurgie
souffraient encore de sciatalgies intermittentes [17].
Conclusion
Le syndrome de Bertolotti est de diagnostic facile basé
sur la présence d´une méga-apophyse transverse de la
dernière vertèbre lombaire qui s´articule avec le sacrum
et/ou l´aile iliaque, et qui est source de douleur, mais
pose un problème thérapeutique vu la possibilité de
récidive des douleurs. Il est nécessaire de réaliser des
études contrôlées randomisées à large échelle pour établir
un protocole thérapeutique efficace.
Déclaration d’intérêt
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt.
Quelles
sont
les
options
thérapeutiques de ce syndrome ?
Références
1- Traitement médical
- Le traitement des douleurs du syndrome de Bertollotti passe
d´abord par les AINS et les séances de réadaptation
physique.
- Les infiltrations de corticoïdes retard sous scopie ou
scanno-guidées peuvent être indiquées. Elles induisent
un soulagement à court terme, dans dix des 12 cas du
syndrome de Bertolotti rapportés par Avimadie. Neuf
patients ont été soulagés de plus de 50% à un mois, et
sept après plus de six mois [3].
- Les blocs anesthésiques au niveau de l’articulation entre la
méga-apophyse et le sacrum ou l’os iliaque peuvent être
efficaces avec soulagement temporaire des douleurs [13].
- La neurolyse par radiofréquence conventionnelle,
méthode non invasive, pour les cas qui étaient
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