Lycée Jean-Moulin à Roubaix : en bas de classement… mais

Transcription

Lycée Jean-Moulin à Roubaix : en bas de classement… mais
Lycée Jean-Moulin à Roubaix : en bas de
classement… mais hautement méritant
Voix du Nord – Article publié le 04/04/2014
PAR CHRISTOPHE CARON
Devant le classement des lycées, Alain Godon réagit comme un artiste quand on l’interroge sur les critiques : « Je
n’y attache pas d’importance… mais bien sûr que je les lis ! ». Et comme il y a plusieurs façons de les lire,
attachons-nous ici à indiquer comment l’établissement qu’il dirige, le lycée Jean-Moulin de Roubaix, mérite notre
attention, bien que niché dans le fond de notre classement.
Taux d’accès de la première en seconde ? 71 %. Taux de réussite au bac ? 78 %. Pas les meilleurs scores, donc.
Sauf que Jean-Moulin bénéficie d’excellentes valeurs ajoutées, c’est-à-dire qu’il fait nettement mieux que ce que
le rectorat attendait de lui (jusqu’à treize points de mieux !).
Au départ, ce gros bahut peuplé de 1000 élèves et 120 enseignants part avec quelques handicaps : 75 % d’élèves
issus de familles défavorisées ; des jeunes souffrant de lacunes scolaires, parfois en manque de repères et de codes
sociaux… « Mais attachants et reconnaissants. » Si l’établissement applique toute une série de dispositifs
(accompagnement personnalisé, enseignements de groupes, centre de ressources…), Alain Godon estime que là
n’est pas forcément le facteur principal de réussite : « Ces dispositifs existent ailleurs. Ce qu’il y a ici, c’est
surtout une équipe pédagogique et éducative faisant montre d’une vraie solidarité, un sens des responsabilités,
sans tiraillement… On ne laisse rien passer, y compris en termes de sanctions. On associe les familles. » Un
chiffre : 52 % des enseignants présents à Jean-Moulin sont là depuis plus de 8 ans (la moyenne nationale est de 40
%). Un travail de fond peut donc être effectué sur la longueur. Alain Godon évoque une « alchimie » qui peut se
révéler difficilement explicable, mais qui entraîne une dynamique positive. Même si les taux ne sont « pas
excellents en raison de la population scolaire ».
À chaque lycée sa culture
Pour autant, tous les établissements à la sociologie comparables à celle de Jean-Moulin, à Roubaix, Tourcoing ou
Valenciennes, n’obtiennent pas les mêmes valeurs ajoutées. « Je suis convaincu que toutes les équipes ont à cœur
de faire réussir les élèves, tempère Alain Godon. Mais nous sommes tous avantagés ou victimes de la culture des
établissements. Chaque lycée a son histoire, avec ses recrutements, son encadrement, ses individus qui ont
marqué l’établissement de leur empreinte. Tout cela crée une culture, une alchimie. » Parfois, ça fonctionne bien.
Ou pas.