La valeur économique totale des forêts: Une première approche

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La valeur économique totale des forêts: Une première approche
Federale Overheidsdienst FINANCIEN - BELGIE ■ D O C U M E N T A T I E B L A D ■ 68ste jaargang, nr. 3, 3de kwartaal 2008
■ ■ ■ La valeur économique totale des forêts
belges:
Une première approche (1)
Jacques BAVEYE (2)
Neil MASSINON (3)
A B S T R A■ C
T
■
A B S T R A C T■
I
n theory, the total economical value of forests is the net present value
of various flows of future benefits, consisting of wood production,
recreational and environmental services (comprising carbon sequestration
and the protection of ecosystems and biodiversity). This article provides
an estimate of the value of several of these components in the case of
Belgian forests. It shows that the value of recreational services and that of
carbon sequestration are considerable, as they are both comparable in size
with the value of wood production.
Keywords: forests, total economic value
JEL Classification: Q23, Q26, Q51, Q54
(1)
Nous remercions M. Lecomte (Division de la Nature et des Forêts, DGRNE, Ministère de la
Région wallonne ) pour la disponibilité et la bienveillance avec laquelle il a répondu à nos
demandes. Merci aussi à M. Colson (Faculté universitaire des Sciences agronomiques de
Gembloux) et à M. Noiret, expert forestier.
(2)
Service d’études
(3)
Commission pour l’inventaire du patrimoine de l’Etat
183
1.
Introduction
Cet article est l’aboutissement de travaux menés au sein de la Commission pour l’inventaire du patrimoine de
l’Etat. Après avoir publié successivement plusieurs bilans comptables de l’Etat fédéral (4), la Commission de
l’inventaire a proposé une première estimation du patrimoine de la Nation (Baveye et al. (2004)). Ce concept
recouvrait non seulement les bilans de tous les agents économiques mais aussi les formes de capital n’ayant pas
leur place dans les bilans conventionnels, à savoir le capital humain, environnemental et sociétal. En pratique,
seuls certains aspects du capital humain (les capitaux R&D et éducation) avaient pu faire l’objet d’une estimation chiffrée. Dans les autres cas, l’évaluation en termes monétaires s’était avérée trop difficile.
C’est dans le cadre de ces préoccupations qu’il a paru intéressant à la Commission de l’inventaire, qui a des
liens privilégiés avec l’Administration du Cadastre, de l’Enregistrement et des Domaines, de tenter une évaluation monétaire plus fouillée d’une partie de notre capital naturel, à savoir les bois et forêts, dont nous n’avions
tenu compte jusque là que par le biais d’une estimation de leur valeur vénale totale.
La forêt belge est un capital qui produit du bois mais rend aussi de nombreux services, tels que la fourniture
d’un espace de promenade et de loisirs, la protection des écosystèmes et de la biodiversité, etc. Contrairement
à la production de bois, ces services ne sont généralement pas marchands. Dans certains cas, il est toutefois
possible de leur associer des valeurs monétaires. L’actualisation des flux de services à venir permet alors
d’estimer la valeur du capital correspondant.
Dans cet article, après avoir estimé séparément la valeur des terrains nus et la valeur du bois sur pied, nous
tenterons de donner une valeur à certains des services non marchands rendus par les forêts, à savoir la fonction
récréative et la fixation de carbone. Les autres services étant plus difficiles à estimer, ils ne seront qu’évoqués.
Mais au préalable, il importe de souligner l’intérêt de notre démarche en la resituant dans un cadre plus général.
(4)
Le dernier en date est “Le bilan du pouvoir fédéral à fin 1999”, qui a été publié en 2002 par le Ministère des Finances.
185
2.
Le capital total
A ceux qui douteraient de l’utilité d’établir de tels comptes de stock (alors que les économistes ont longtemps
privilégié l’approche en termes de flux), on peut répondre que la mesure appropriée de la base de production
d’une économie est son patrimoine ou capital total, qui comprend non seulement le capital industriel et le
capital humain mais aussi le capital naturel dont les ressources servent à la production ou sont utilisées pour
la satisfaction des hommes. C’est plus précisément la combinaison des services fournis par ces différents capitaux qui génère du bien-être humain.
Cette notion de capital total revêt une importance particulière du point de vue du développement durable.
« Dans sa dimension économique, la durabilité implique de transmettre d’une génération à l’autre la capacité
productive dont disposent les sociétés en maintenant ce que le prix Nobel d’économie, Robert Solow, appelle
« le capital total par tête » : « un développement durable serait acquis dès lors qu’une société maintiendrait indéfiniment sa capacité productive, c’est-à-dire, de façon plus technique, que son capital total par tête serait non
décroissant dans le temps intergénérationnel » (Smouts (2005), p. 5). En fait, il s’agit là de durabilité faible, car
la substitution entre les différentes formes de capital est possible. La durabilité forte exige quant à elle que soit
maintenue intacte une part substantielle du capital naturel, jugée critique et non substituable.
186
3.
L’évaluation monétaire
Quoi qu’il en soit, tant le concept de capital total que le critère de durabilité implique de donner un prix à des
biens qui n’ont pas de valeur marchande, en particulier aux ressources naturelles. Une telle évaluation peut paraître impossible ou vaine ; elle a pourtant déjà lieu, fût-ce implicitement et en termes non monétaires, lorsque
la société prend des décisions qui affectent le capital naturel. L’avantage de l’évaluation monétaire est d’assurer une meilleure prise en compte dans le calcul économique des biens et services ainsi évalués. Il n’est, pour
s’en convaincre, que de constater l’impact qu’a eu récemment la Stern Review (2007), qui a chiffré le coût du
changement climatique et le bénéfice qu’on peut attendre d’une action rapide.
187
4.
Les différents types de valeur
Les économistes ont élaboré une terminologie des valeurs du capital naturel. Sans entrer dans les détails, il
vaut la peine de reprendre ici une distinction importante, de manière à situer le champ de notre étude (5). On
distingue en effet les valeurs d’usage des valeurs d’existence. Les valeurs d’usage dérivent de l’utilisation
effective de l’environnement (par les chasseurs, les promeneurs, les exploitants forestiers, etc.). A côté de la
valeur d’usage pour un individu, il existe aussi une valeur d’usage pour les autres (« valeur altruiste ») et pour
les générations futures (« valeur de legs »).
Les valeurs d’existence, quant à elles, sont des valeurs qui sont « intrinsèques » à une chose mais néanmoins
intégrées dans les préférences des individus sous la forme de valeurs de non-usage. En d’autres mots, les
valeurs sont supposées refléter les préférences des individus, mais ces valeurs incluent le souci, la sympathie
ou le respect pour les droits ou le bien-être d’êtres n’appartenant pas à l’espèce humaine et dont la valeur ne
dépend pas de l’usage qu’en font les gens. C’est ainsi que des gens accordent une valeur à des espèces ou écosystèmes menacés, non pas dans l’idée de pouvoir les observer un jour (sinon à la télévision), mais simplement
parce qu’ils estiment que leur existence importe.
Les différents aspects des forêts auxquels nous nous intéresserons ici ne concernent que des valeurs d’usage.
C’est l’évidence dans le cas des fonds de bois et de la production de bois. C’est vrai aussi, ainsi qu’il apparaîtra
dans la suite, pour la valeur récréative, la valeur de la fonction de fixation de carbone ainsi que la valeur de
protection des écosystèmes (qui ne sera que brièvement mentionnée). Faute de pouvoir reprendre les résultats
d’études sur le sujet, l’évaluation des valeurs d’existence aurait nécessité la mise en œuvre de moyens hors de
notre portée, à savoir la méthode de l’analyse contingente (cf. infra).
(5)
188
Concernant les différents types de valeur, voir par exemple Pearce et al. (1990), pp. 129-140.
5.
La forêt belge
Tableau 1 ■ ■ ■
Etendue et régime forestier des forêts et autres terres boisées (1000 ha)
- année 2000
■ ■ ■
WALLONIE
Forêts
FLANDRE
BRUXELLES
TOTAL
519,2
146,4
1,7
667,3
- Propriétés publiques
244,8
43,5
1,7
290,0
- Propriétés privées
274,4
102,9
0,0
377,3
25,6
1,5
0,0
27,1
- Propriétés publiques
10,0
0,5
0,0
10,5
- Propriétés privées
15,6
1,0
0,0
16,6
544,8
147,9
1,7
694,4
Autres terres boisées
TOTAL
Source: FAO (2005)
La forêt belge occupe, au début des années 2000, quelque 694.000 hectares, ce qui correspond à un taux de
boisement de 22 %. Elle se répartit à raison de 43 % de forêts publiques (soumises au régime forestier) et 57 %
de forêts privées. La Wallonie comprend 78 % de la superficie forestière. A noter que l’importante production
de sapins de Noël est assurée en milieu agricole et non en forêt.
189
6.
La valeur des terrains boisés
La demande de terrains boisés résulte des diverses fonctions des forêts, dont la production de bois est une
des principales mais non la seule. Songeons seulement à la chasse, dont l’importance est croissante. Comme
les prix des terrains boisés tiennent compte de toutes ces fonctions à la fois, ils ne sont guère utiles quand il
s’agit d’évaluer chacune d’elles séparément (à moins de disposer de données d’échantillonnage permettant de
recourir à la méthode des prix hédonistes), d’autant que certaines fonctions ne sont pas nécessairement incorporées dans les prix de marché. Il y a donc lieu d’évaluer les fonctions de la forêt, en ce compris la fonction de
production de bois, indépendamment de la valeur marchande des terrains boisés.
Cette approche rejoint celle des organismes internationaux concernés par la problématique des comptes nationaux. Ces organismes se sont entendus pour préconiser une présentation de la valeur des forêts dans les
statistiques officielles, présentation qui est suivie par le SEC (United Nations (2003), pp. 291-296). Le bois
sur pied et les fonds de bois (c’est-à-dire les fonds nus) y sont classés comme deux actifs séparés. Les fonds de
bois sont en effet un actif non produit, tandis que le bois sur pied est un actif produit (c’est du moins le cas en
Belgique, où il n’existe plus de forêt naturelle, c’est-à-dire non cultivée).
190
7.
Le bois sur pied
La valeur théorique du bois sur pied est égale à la valeur actualisée des ventes futures de bois, déduction faite
des coûts de production. Le calcul de cette valeur requiert une modélisation complexe, ainsi que de nombreuses données. Aussi les organismes internationaux préconisent-ils le recours à deux méthodes simplifiées dérivées de la valeur nette actualisée. Nous avons utilisé ces méthodes. Les coûts y sont négligés et la nécessité
d’actualiser est supprimée par le fait que le taux d’actualisation est supposé égal au taux de croissance naturelle
de la forêt (actualisation implicite) (6).
Selon la première de ces méthodes, appelée « stumpage value method » (méthode de la valeur du bois sur
pied), la valeur du stock à un moment donné est obtenue en multipliant le volume du bois sur pied par les prix
du bois extrait (« stumpage prices »). Dans la variante la plus simple, un prix moyen est calculé et appliqué à
l’ensemble du stock de bois sur pied.
Dans la deuxième méthode, appelée « consumption value method » (méthode de la valeur de la consommation),
on utilise des prix différents, non seulement pour différentes essences, mais aussi pour différentes classes d’âge
ou de diamètre. Ces prix sont alors appliqués au stock de bois sur pied, ventilé selon les mêmes critères.
La différence principale entre ces deux méthodes est que la première utilise la structure des abattages pour pondérer les prix, alors que la dernière utilise la structure du stock. Laquelle de ces méthodes donne les meilleurs
résultats dépend des structures respectives, par essence et par âge/diamètre, du stock et des abattages, ainsi
que de leur évolution dans le futur. En particulier, la première méthode donne de bons résultats lorsqu’on peut
supposer que la structure des abattages se maintiendra à l’avenir (ce qui paraît être une supposition raisonnable
pour la Belgique). La seconde méthode est recommandée dans le cas de forêts qui ont dépassé leur maturité
(« overmature forests »).
Nous avons appliqué successivement ces deux méthodes aux données wallonnes et flamandes. En effet, faute
de données suffisamment précises, les volumes sur pied des forêts de la Région de Bruxelles-Capitale n’ont pu
être intégrés au total. L’impact sur la qualité des résultats globaux est toutefois négligeable : les volumes sont
très faibles pour cette région, de l’ordre de 800.000 m3, soit 0,5% du total national en 2000.
7.1. Stumpage value method
Le calcul peut être effectué aisément sur base des données contenues dans le rapport national qui a été remis
à la FAO dans le cadre de l’Evaluation des ressources forestières mondiales 2005 (FAO (2005), tableaux T5,
T11 et T12), données qu’on peut synthétiser comme suit (7):
(6)
Cette hypothèse paraît raisonnable dans le cas des forêts belges. En effet, pour les forêts wallonnes, l’accroissement annuel
(exprimé en volume de bois fort tige) toutes essences confondues s’est établi à 3.729 milliers de m3 en moyenne sur la période
1995-2000 (DGRNE (2007), p. 188). Par rapport au volume de bois sur pied (112.534 milliers de m3 en 2005), le taux de
croissance naturelle est donc de 3,3% par an. Ce pourcentage se situe dans la fourchette des taux couramment utilisés dans les
calculs d’actualisation. A noter que le taux de croissance annuelle dépend essentiellement de l’âge moyen des peuplements.
(7)
La différence entre les bois dits « ronds » et « fort tige » tient à la comptabilisation ou non du houppier. Le bois fort tige d’un arbre
correspond à la tige de l’arbre, jusqu’à sa découpe à la circonférence de 22 cm. Le volume de bois rond est le volume commercial,
y compris les branches du houppier, jusqu’à leur découpe à 22 cm de circonférence. Le bois fort total, dont il est question ici,
correspond donc au bois rond.
191
Tableau 2 ■ ■ ■
Volumes et prix (année 2005)
■ ■ ■
Volume du bois sur pied (1) (millions de m3)
172,3
3
Volume du bois extrait (milliers de m )
- bois rond industriel (2)
- bois de feu
3.768
600
Prix du bois extrait (euros/m3)
- bois rond industriel (2)
- bois de feu
27,91
12,00
(1)
Volume de bois fort total (tiges + branches) sur écorce
(2)
Volume de bois rond sur écorce pour la production de biens et services autres que la production d’énergie
Source : FAO (2005)
A partir de là, on peut valoriser le bois sur pied proportionnellement aux parts du bois rond industriel et du bois
de feu dans l’extraction de bois, ce qui donne :
Tableau 3 ■ ■ ■
Calcul de la valeur totale du bois sur pied
■ ■ ■
Bois rond industriel
Bois de feu
TOTAL
%
Millions de m3
86,3
13,7
148,6
23,7
4.148,3
284,0
100,0
172,3
4.432,3
Millions d’euros
Comme on le voit, le grand attrait de cette méthode est sa simplicité. Elle permet de fournir une valeur à partir
de quelques données globales. Il n’est évidemment pas possible, dans ces conditions, d’entrer dans les détails,
ce qu’autorise la seconde méthode.
7.2. Consumption value method
7.2.1. Sources
Dans la « consumption value method », on fait comme si, à un moment donné, tout le bois sur pied était abattu
et vendu. Il s’agit donc, pour chaque classe de diamètre, de multiplier le volume de bois sur pied par le prix en
vigueur sur le marché. L’application de cette méthode requiert donc des données de quantités et de prix très détaillées, qui sont reprises en annexe. Signalons au passage que les quantités sont des données d’échantillonnage
et que la précision des informations concernant les essences peu fréquentes est faible. Quant aux statistiques
de prix, il a fallu les compléter, pour certaines essences, par des chiffres français (auxquels il aurait en principe
fallu appliquer une décote).
192
7.2.2. Hypothèses
Les statistiques flamandes ne fournissant pas le volume des houppiers, on a appliqué pour chaque essence et
chaque classe de circonférence les coefficients bois de houppier/bois d’œuvre correspondants constatés en
Wallonie. A noter aussi que les statistiques flamandes ne donnent pas non plus de volumes séparés pour les
taillis.
En fait de prix, nous avons retenu le milieu des fourchettes du tableau de l’annexe 5. Il est vrai que les prix
du bois sur pied varient fort d’une année à l’autre, mais, s’agissant d’une estimation de la valeur des forêts,
et compte tenu de la tendance à la hausse observée au cours des dernières années, il nous a paru préférable de
nous servir des derniers chiffres disponibles plutôt que de calculer une moyenne.
Dans la réalité, pour les feuillus, les petits bois inférieurs aux dimensions des sciages peuvent être utilisés par
l’acheteur pour la trituration et/ou les bois de chauffage, selon la situation du marché (FAO (2005), p. 50). En
l’absence de données plus précises à ce sujet, nous avons considéré que les circonférences inférieures à 100 cm
et les taillis étaient utilisés pour moitié comme bois de chauffage et pour moitié comme bois de trituration,
de sorte que c’est la moyenne arithmétique des prix correspondants (8) qui a été appliquée aux volumes. Par
contre, les bois de houppier sont toujours supposés être utilisés en totalité comme bois de chauffage, ce qui est
typiquement la situation dans la réalité. Ce n’est que dans le cas du peuplier que nous avons jugé plus réaliste
d’appliquer le prix du bois de trituration, tant aux petites circonférences qu’aux taillis et aux houppiers. Pour
les résineux, les circonférences inférieures à 90 cm (Wallonie) ou 92 cm (Flandre) sont supposées être utilisées
comme bois de trituration.
On remarquera, au tableau de l’annexe 5, que pour certaines essences (chêne, hêtre, frêne), les prix varient
en fonction de la qualité du bois. Comme cette distinction est inopérante sur le terrain, elle ne se retrouve
évidemment pas dans les données de volumes sur pied. Il a donc été nécessaire de faire des hypothèses quant
à la proportion de ces différentes qualités dans les différentes classes de circonférence. D’autres hypothèses
concernent l’élagage des peupliers et les espèces de mélèze. Toutes ces hypothèses reposent sur des avis d’experts forestiers et de scieurs. Elles comportent une certaine marge d’erreur, vu la difficulté de se faire une idée
de ces phénomènes en l’absence de statistiques. Ces hypothèses sont les suivantes :
✓ en Wallonie, les prix des « chênes de qualité » et des « chênes industriels » sont supposés s’appliquer respectivement aux volumes de « chênes Q1-2 » et « chênes Q3-4 ». Faute de connaître ces volumes pour la
Flandre, le prix retenu dans ce cas est une moyenne arithmétique des deux prix ;
✓ la proportion retenue de hêtre rouge (9) est nulle jusqu’à 150 cm de circonférence ; elle est de 70% au-delà.
Cette hypothèse est volontairement schématique, de manière à ne pas suggérer une fausse précision. Dans
la réalité, la transition est moins brutale, car l’âge auquel le cœur du hêtre peut prendre une coloration rouge
est variable ;
✓ le problème est analogue en ce qui concerne le frêne (10), pour lequel nous avons supposé que les proportions de frêne blanc et de frêne brun étaient égales ;
✓ peupliers élagués et non élagués ont reçu une pondération identique ;
(8)
Ces prix étant exprimés par stère, nous avons supposé qu’un stère était égal à 0,55 m3. Ce rapport correspond au coefficient
d’empilage du bois de houppiers feuillus (hêtre, chêne, etc.), qui constituent la plus grande partie des bois utilisés comme bois de
feu. (FAO (2005), p. 46).
(9)
Hêtre qui présente un « cœur rouge », ce qui en diminue la valeur marchande.
(10) Certains frênes présentent une coloration brun noir d’une partie du duramen, qui déprécie le bois. Le frêne exempt d’une telle
coloration est dénommé « frêne blanc ».
193
✓ les statistiques de volume ne faisant pas de différence entre mélèze d’Europe et du Japon (distinction difficile à faire sur le terrain), nous avons supposé 50% de chaque ;
✓ les prix retenus pour les catégories « autres feuillus » et « autres résineux » sont des moyennes arithmétiques des catégories de feuillus et de résineux déjà pris en compte par ailleurs ; toutefois, pour les « autres
pins » de Wallonie, on a utilisé le prix du pin sylvestre ;
✓ le prix du bois de trituration étant différent selon qu’il s’agit de bois dur ou tendre, nous avons considéré
comme tendre le bois des essences suivantes : peuplier, saule, tilleul, bouleau, érable, merisier, châtaignier
et aulne.
7.2.3. Résultats
Les résultats des calculs effectués sur base de ces hypothèses sont présentés dans les tableaux qui suivent. La
valeur globale des forêts belges s’établit, selon cette méthode, à 5.851 millions d’euros.
Tableau 4 ■ ■ ■
Valeur du bois sur pied : feuillus (Wallonie) – milliers d’euros
■ ■ ■
<100 cm
Chêne
Chêne rouge
Hêtre
Frêne
Peupliers
Erable
Merisier
Châtaignier
Charme
Tilleuls
Orme
Aulnes
Bouleau
Autres feuillus
TOTAL
194
100 cm et +
Houppier
Taillis
TOTAL
89.620
3.380
56.488
21.868
1.488
12.118
3.540
1.427
11.250
191
788
4.980
32.265
10.772
967.079
15.895
411.183
71.281
51.668
26.727
13.647
20.052
3.512
1.403
396
2.526
11.368
10.223
150.382
3.174
121.982
17.029
1.855
4.194
1.237
2.296
1.066
257
89
463
2.219
1.741
19.672
30
2.968
2.810
150
8.865
1.268
1.198
33.830
1.629
534
6.629
13.713
14.284
1.226.752
22.478
592.621
112.987
55.162
51.904
19.692
24.971
49.658
3.481
1.807
14.598
59.566
37.020
250.176
1.606.959
307.983
107.581
2.272.698
Tableau 5 ■ ■ ■
Valeur du bois sur pied : résineux (Wallonie) – milliers d’euros
■ ■ ■
<90 cm
90 cm et +
TOTAL
Epicea Ardenne
Epicea Autres régions
Mélèze
Pin sylvestre
Autres pins
Douglas
Autres résineux
601.342
56.827
16.486
10.944
4.019
27.100
6.927
1.400.406
76.598
72.160
59.974
11.206
125.878
18.633
2.001.747
133.425
88.646
70.919
15.225
152.978
25.560
TOTAL
723.646
1.764.854
2.488.499
Tableau 6 ■ ■ ■
Valeur du bois sur pied : feuillus (Flandre) – milliers d’euros
■ ■ ■
<100 cm
Chêne
Chêne rouge
Bouleau
Hêtre
Frêne
Erable
Châtaignier
Peuplier
Saule
Aulne
Autres feuillus
TOTAL
100 cm et +
Houppier
TOTAL
28.228
14.325
26.898
10.589
4.582
5.105
5.072
3.635
9.199
16.383
13.848
212.760
60.953
5.488
98.841
11.576
8.115
20.103
120.887
3.889
2.920
8.083
38.859
17.360
1.341
43.116
3.959
1.842
3.254
4.164
1.085
754
2.059
279.848
92.638
33.727
152.546
20.118
15.062
28.428
128.687
14.172
20.057
23.989
137.864
553.615
117.792
809.271
195
Tableau 7 ■ ■ ■
Valeur du bois sur pied : résineux (Flandre) – milliers d’euros
■ ■ ■
<92 cm
Douglas
E p ic e a
Mélèze
Pin de Corse
Pin sylvestre
Autres résineux
TOTAL
196
92 cm et +
TOTAL
1.987
6 .7 4 1
6.559
31.939
72.378
2.722
13.640
3 .8 23
16.045
43.246
77.570
3.992
15.627
1 0 .5 6 3
22.604
75.185
149.948
6.714
122.325
158.315
280.641
8.
Fonds de bois
Par fonds de bois, on entend les fonds nus, autrement dit les terrains à reboiser. Différentes méthodes ont été
proposées pour évaluer les fonds de bois (United Nations (2003), p. 292) : prix hédonistes, prix des terres
agricoles marginales, pourcentage de la valeur de terrains boisés, utilisation de valeurs administratives. De
même que l’Ifen (France) avait réalisé en 1996 une enquête spécifique auprès des services départementaux des
domaines (Ifen (2005), p. 36), nous avons jugé que le plus simple et le plus sûr était d’interroger les Comités
d’acquisition, en ajoutant un volet à l’enquête sur les prix des terrains que la Commission de l’inventaire
réalise auprès d’eux tous les trois ans (11). Au nombre de quatorze, répartis par arrondissements, les Comités
d’acquisition sont des services institués au sein de l’Administration de l’Enregistrement et des Domaines. Leur
mission est d’activer et de coordonner, dans l’intérêt du Trésor, les opérations relatives aux acquisitions et aux
expropriations d’immeubles pour compte de l’Etat, des organismes d’Etat et des organismes dans lesquels
l’Etat a un intérêt prépondérant. Ces comités ont, de ce fait, une excellente connaissance des prix pratiqués en
matière de fonds de bois.
Nous avons demandé aux Comités d’acquisition de nous communiquer une estimation de la valeur vénale
moyenne par arrondissement des fonds de bois. Cette estimation ne pouvait que reposer sur les prix observés
des terrains à reboiser. Mais il était demandé que les valeurs fournies reflètent les caractéristiques moyennes
(en termes de qualité du sol, relief, accessibilité, etc.) de l’ensemble des terrains boisés de l’arrondissement.
La valeur moyenne fournie pour un arrondissement était en effet destinée à être appliquée à la superficie totale
des terrains boisés de l’arrondissement. Les résultats de l’enquête, ainsi que les calculs sont repris aux tableaux
suivants :
Tableau 8 ■ ■ ■
Wallonie : valeur des fonds de bois par arrondissement (au 31 décembre 2006)
■ ■ ■
Arrondissem ent
Huy
Liège
Verviers
W arem m e
Arlon
Bastogne
Marche
Neufchâteau
Virton
Dinant
Nam ur
Philippeville
Ath
Charleroi
Mons
Mouscron
Soignies
Thuin
Tournai
Nivelles
TOTAL
Superficie
(hectares)
15.800
16.100
93.000
900
13.200
47.400
49.900
78.100
40.900
71.500
19.700
40.700
5.400
4.100
6.500
400
3.500
24.300
3.600
9.800
544.800
Prix de m arché Valeur m onétaire
(euros/m 2)
(m illiers d'euros)
0,25
0,40
0,25
0,30
0,20
0,20
0,20
0,20
0,20
0,25
0,25
0,20
0,50
0,30
0,31
1,25
0,30
0,30
0,50
1,50
39.500
64.400
232.500
2.700
26.400
94.800
99.800
156.200
81.800
178.750
49.250
81.400
27.000
12.300
20.150
5.000
10.500
72.900
18.000
147.000
1.420.350
(11) Les statistiques de vente de biens immobiliers (INS) n’ont pu être utilisées, aucune catégorie de terres ne correspondant
exactement aux fonds de bois. Par ailleurs, ces statistiques sont établies sur base des actes notariés d’une année, qui ne reflètent
pas nécessairement les caractéristiques de l’ensemble des terrains boisés.
197
Tableau 9 ■ ■ ■
Flandre : valeur des fonds de bois par arrondissement (au 31 décembre 2006)
■ ■ ■
Arrondissem ents
Aalst
Antwerpen
Brugge
D enderm onde
D iksm uide
Eeklo
G ent
H asselt
Ieper
Kortrijk
Leuven
M aaseik
M echelen
O ostende
O udenaarde
R oeselare
Sint-N iklaas
Tielt
Tongeren
Turnhout
Veurne
Vilvoorde
TO TAL
Superficie
(hectares)
3.174
14.349
3.440
2.429
514
1.043
5.404
18.520
1.274
539
16.724
22.541
4.839
449
2.341
205
2.579
693
9.027
27.330
209
8.744
146.367
Prix de m arché Valeur m onétaire
(euros/m 2)
(m illiers d'euros)
1
2
1,2
1
1,2
1
1
0,85
1,2
2,5
0,93
0,85
1
1,2
1
1,25
1,5
1,25
0,85
1,5
1,2
1,5
31.740
286.980
41.280
24.290
6.168
10.430
54.040
157.420
15.288
13.475
155.533
191.599
48.390
5.388
23.410
2.563
38.685
8.663
76.730
409.950
2.508
131.160
1.735.688
La valeur totale des fonds de bois du pays peut ainsi être estimée à 3.156 millions d’euros, dont 55% en
Flandre. Leur valeur vénale moyenne varie, selon l’arrondissement, de 0,2 à 1,5 euros le m2 en Wallonie, et de
0,85 à 2,5 euros le m2 en Flandre, soit des moyenne pondérées de respectivement 0,26 et 1,19 euros le m2.
198
9.
Autres produits forestiers
9.1. Gibier
La forêt abrite un gibier qui y croît et s’y multiplie, jusqu’à ce qu’il soit abattu. Ce « produit » de la forêt doit
être pris en compte quand on cherche à estimer la valeur économique totale des forêts.
Il est tentant, dans cette optique, d’appliquer au gibier la méthode utilisée plus haut pour le bois, autrement dit
considérer que les flux de revenu futurs procurés par la chasse peuvent être approchés en calculant la valeur du
stock de gibier se trouvant en forêt. Ce serait toutefois une erreur de procéder de la sorte. Nous avons vu que
cette approximation n’était valide que si le taux de croissance naturelle était du même ordre de grandeur que
le taux d’actualisation. Or la simple considération de l’évolution des populations wallonnes de gibier suggère
que, compte tenu de l’importance des prélèvements (cf. infra), le taux de croissance naturelle est nettement
plus élevé que le taux d’actualisation. « Ainsi, au cours des trente dernières années, les populations estimées
sur pied pour l’espèce Cerf ont doublé (passant de 5.000 à près de 10.000), celles de l’espèce Chevreuil ont
également doublé (passant de 20.000 à plus de 40.000) et celles du Sanglier ont été multipliées par plus de 2,5
(passant de 8.000 à 21.000 individus). D’autre part, en trente ans, le prélèvement annuel sur l’espèce Cerf a
été multiplié par 2,6 (passant de 1.250 à 3.200 animaux prélevés annuellement) et celui sur l’espèce Sanglier a
également doublé (passant de 7.800 à 14.900 animaux prélevés annuellement) (Jadoul (2007)). »
L’approche par le stock étant donc proscrite, nous estimerons la valeur du gibier abattu en 2004-2005 et supposerons que ce flux se maintiendra par la suite. En Wallonie, seules existent des statistiques de tir pour les
espèces de grand gibier (FAO (2005), p. 53). Ce n’est pas le cas en Flandre, où les espèces de petit gibier et de
gibier d’eau font aussi l’objet d’un suivi statistique. Nous n’avons pourtant pas tenu compte de ces données,
le rôle du milieu forestier nous paraissant nettement moindre dans le cas du petit gibier. A noter enfin qu’en
Flandre, seul le chevreuil est présent et chassé parmi le grand gibier.
La valeur du gibier abattu au cours d’une année peut dès lors être calculée comme suit :
Tableau 10 ■ ■ ■
Valeur des animaux abattus ou trouvés morts
■ ■ ■
Nombre
Région wallonne
Cerfs boisés
Biches
Faons
Poids moyen (kg) Prix moyen (€/kg)
Valeur (€)
1133
1139
1423
98
63
44
3,00
3,00
3,25
333.102
215.271
203.489
Chevreuils
17168
14
5,00
1.201.760
Sangliers
17585
47
1,75
1.446.366
2907
14
5,00
203.490
Région flamande
Chevreuils
TOTAL
3.603.478
Source: - Nombre d’animaux: Ministère de la Région wallonne - Division de la Nature et des Forêts
- Poids moyen: FRA 2005, p.52
- Prix (2004): territoire de chasse géré par la Région wallonne
- Flandre: Casaer J., 2004, Afschotstatistieken. Instituut voor Bosbouw en Wildbeheer.
199
A partir de là, on calcule aisément la valeur actualisée du gibier qui sera abattu à l’avenir, soit 72,1 millions
d’euros (taux d’actualisation de 5 %).
A noter que les trophées de cervidés constituent également un produit animal prisé par les chasseurs, avec
également une commercialisation (FAO (2005), p. 53).
9.2. Autres
De manière générale, les seules ressources utilisées à des fins de consommation domestique privée par les
propriétaires ou la population locale sont les champignons et baies sauvages, sans statistiques connues (FAO
(2005), p. 53).
200
10.
Fonction récréative
La fonction récréative des forêts joue un rôle de plus en plus important dans la société actuelle. Outre la qualité
des paysages qu’elle peut offrir, la forêt est une source croissante de détente physique et psychique. Ces services sont généralement gratuits. Leur valeur peut cependant être estimée par différentes méthodes d’économie
environnementale telles que la méthode des coûts de déplacement et celle du consentement à payer (12).
10.1. Méthode des coûts de déplacement
Avec cette méthode, on considère que le coût de transport est représentatif de la valeur accordée pour profiter
des services récréatifs, esthétiques ou écologiques. Les dépenses consenties indirectement par le public signifient que les visites effectuées en forêt ont pour ces personnes au moins la même valeur.
En Belgique, deux études ont jusqu’à présent appliqué cette méthode aux forêts. Ces études ont cependant été
réalisées à l’échelle d’un site et non à un niveau régional (13). Elles rendent donc difficiles l’obtention de résultats régionaux ou nationaux puisqu’elles sont directement dépendantes des particularités locales de ces sites.
La première étude est celle de Moons et al. (2000), qui ont, pendant une certaine période, interrogé les visiteurs
du bois d’Heverlee et de la forêt de Meerdaal sur le motif de leur visite et leurs coûts de déplacement. Les informations recueillies ont ensuite été traitées par analyse de régression, en vue d’estimer la demande de visite
en forêt en fonction du coût d’une visite, des caractéristiques de la forêt, du prix des substituts et des données
socio-démographiques concernant les visiteurs. Une courbe de demande traditionnelle en a été déduite (nombre de visites en fonction du prix). Ce que la théorie économique appelle le surplus du consommateur, c’està-dire le montant total qu’un visiteur est prêt à payer pour une visite, peut alors être calculé (graphiquement,
il correspond à la surface en dessous de la courbe de demande). La valeur d’une visite a ainsi été estimée à un
montant variant de 2,5 à 21,9 euros, selon les éléments de coût pris en compte dans la fonction de demande
(carburant, autres frais monétaires, temps de déplacement). Ce résultat est ensuite appliqué au nombre de visites que reçoit annuellement le territoire en question, nombre qui est estimé sur base de la fréquence constatée
lors de l’enquête.
La valeur récréative, sur base annuelle, du bois d’Heverlee et de la forêt de Meerdaal, varie ainsi de 1,6 million
d’euros à presque 18 millions d’euros, en fonction, d’une part, de la manière dont est déterminé le volume de
visites et, d’autre part, du surplus du consommateur utilisé. Partant de la supposition que ce territoire allait
continuer à fournir ces services à l’avenir, les auteurs ont calculé la valeur actualisée totale de ces services
récréatifs. Pour un taux d’actualisation égal à 5 %, cette valeur s’établit entre 29,7 et 359,4 millions d’euros.
Compte tenu du fait que la superficie de ce territoire est de 1890 ha, sa valeur récréative annuelle par hectare
varie de 825 à 9.548 euros. La valeur actualisée correspondante par hectare varie entre 16.494 et 190.911
euros.
Avec toutes les réserves d’usage (l’attrait récréatif des forêts est variable), on peut extrapoler ces valeurs à
l’ensemble des forêts belges, de manière à se faire une idée de leur valeur récréative totale. Il faut cependant
prendre garde au fait qu’une partie seulement des forêts privées, estimée à 35% (DGRNE (2007), p. 200) est
accessible au public. Sur base des données du tableau 1, ce sont ainsi 438.400 hectares qui sont à prendre en
compte. Leur valeur récréative annuelle totale se situe alors entre 361,5 et 4.184, 8 millions d’euros. La valeur
actualisée correspondante s’établit entre 7.230,9 et 83.695,3 millions d’euros. L’ordre de grandeur est donc très
variable, mais considérable, même si, par prudence, on ne retient que le bas de fourchette.
(12) Concernant les avantages et inconvénients de ces méthodes, voir par exemple Pearce et al. (1990), pp. 148-158.
(13) En outre, une enquête à grande échelle, dont les résultats n’ont pas encore été publiés, a été menée en 2005-2006 dans une
quarantaine de massifs forestiers wallons par les agents de la Division de la nature et des forêts sous la direction de V. Colson
(Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux). Cette enquête a notamment permis de récolter les informations
nécessaires à l’application de la méthode des coûts de déplacement au niveau de l’ensemble de la forêt wallonne.
201
Plus récemment, Lambrechts (2006) a appliqué la même méthode aux résultats d’une enquête menée auprès
des visiteurs du Meldertbos, un bois de 50 ha situé près de Hoegaarde. La valeur par visite se situe entre 0,66
et 3 euros. Sur base d’un nombre de visiteurs estimé par analogie avec la fréquentation d’autres bois, la valeur
récréative annuelle totale se situe entre 66.000 et 300.000 euros et la valeur actualisée nette entre 1,3 et 6 millions d’euros. Par rapport aux chiffres d’Heverlee/Meerdaal, ces fourchettes sont donc plus étroites et centrées
autour de valeurs à l’hectare un peu inférieures.
On peut comparer ces résultats à ceux de Peyron et al.(2002, p. 29), qui ont effectué une vaste enquête nationale par téléphone auprès de quelque 2.600 ménages français. En moyenne, chaque ménage va en forêt en
voiture 9,0 fois par an et fait en moyenne 19,2 km pour s’y rendre (et la même distance au retour). Ce résultat
a été extrapolé aux 23,810 millions de ménages, ce qui donne une distance totale parcourue de 8.229 millions
de km. Le coût qui en résulte, comprenant tous les coûts afférents au véhicule mais pas le coût du temps de
déplacement est d’environ 2 milliards d’euros. Ce chiffre est à rapprocher de la valeur annuelle de la récolte de
bois (environ 1,7 milliard d’euros). Ce coût représente 83 euros/ménage/an ou encore 125 euros/ha/an. A noter
que ces montants représentent de simples coûts et non un surplus de consommateur.
10.2. Méthode du consentement à payer
Cette méthode utilise l’expression des préférences des individus sur un marché fictif. On demande par enquête
à ces individus leur consentement à payer pour profiter de certains biens et services, ou plus généralement pour
une modification de la quantité ou de la qualité d’un bien et d’un service (réalisation d’aménagements récréatifs par exemple). Elle peut aussi être utilisée pour évaluer la valeur que le public accorde à l’accès d’un massif
en particulier ou des forêts d’une région en général. Cette méthode est moins proche d’un marché réel et est
donc souvent davantage critiquée que d’autres, dont celle des coûts de déplacement. Les résultats qui suivent
ne sont donnés qu’à titre d’information.
Colson (2006) a réalisé une enquête téléphonique auprès de 1005 personnes habitant la Région wallonne et la
Région de Bruxelles-Capitale (les touristes flamands et étrangers ne sont donc pas pris en compte). Il en ressort
que 45 % de la population fréquente la forêt pour des activités récréatives ou de détente. Et 23 % de ces usagers seraient prêts à payer une cotisation annuelle pour accéder à des activités de détente en forêt : le montant
moyen qui serait consenti est de 25 euros par an. L’étude se limite à ce résultat (14) mais si l’on extrapole, de
façon vraisemblablement abusive, ce montant à l’ensemble de la population des deux régions en question, on
obtient un montant global de l’ordre de 11,4 millions d’euros. L’extrapolation à l’ensemble du pays donnerait
un montant global de 27 millions d’euros.
A titre de comparaison, signalons qu’en ce qui concerne l’Allemagne, une étude de 2001 combinant plusieurs
résultats obtenus avec la même méthode a donné une valeur moyenne de 50 euros par visiteur par an. Ceci
a été multiplié par une estimation de la population qui visite des forêts au moins une fois par an (64 % de la
population au-dessus de 13 ans), soit 45 millions de personnes. La valeur globale (surplus du consommateur)
a ainsi été estimée à quelque 2.500 millions d’euros. La valeur du bois extrait était de 2.050 millions d’euros
en 1999 (Eurostat (2002), p. 49).
(14) L’application de la méthode de l’évaluation contingente est actuellement en cours pour chiffrer la valeur récréative de l’ensemble
de la forêt wallonne sur base de l’enquête à grande échelle mentionnée à la note 13. Les 4046 personnes interviewées ont
répondu, entre autres choses, à une question relative au consentement maximum qu’ils seraient prêts à payer pour l’activité qu’ils
pratiquent.
202
11.
Chasse
Notons que dans ces travaux, aucun traitement particulier n’est réservé à la chasse, qui est considérée comme
une activité de loisir parmi d’autres (15). Il apparaît pourtant que l’intégration de la chasse dans la valeur récréative des forêts nécessite la prise en compte d’autres facteurs que le seul accès aux forêts, d’autant que la
chasse peut avoir lieu dans des bois ou forêts qui ne sont pas accessibles au public. La chasse en forêt implique
aussi le paiement de locations de chasse. Par contre, la vente du gibier abattu est une source de revenus. Dans
une optique « coûts de déplacement » élargie, il y a donc lieu d’ajouter à la valeur récréative le paiement des
locations de chasse, et d’en retrancher le produit de la vente du gibier abattu.
Pour l’ensemble des forêts publiques de la Région wallonne, les revenus annuels des locations de chasse se
sont élevés à 36,6 euros par hectare en moyenne annuelle pour la période 1998-2003 (DGRNE (2007), p. 200).
Extrapolé à l’ensemble des forêts du pays, ce revenu moyen donne un montant de 25,4 millions d’euros.
D’autre part, la valeur de la viande de grand gibier (prix de base à la source) en 2000 a été estimée à 2,8 millions d’euros (FAO (2005), tableau T14, p. 55). La différence entre ces deux montants, fournit, après actualisation au taux de 5 %, le montant de 452,4 millions d’euros, qui est porté en complément de la valeur récréative
des forêts estimée plus haut.
(15) La chasse n’est d’ailleurs pas seulement une activité récréative, c’est aussi la gestion d’une ressource.
203
12.
Fonctions environnementales
Par fonctions environnementales nous entendons, d’une part, le stockage de carbone, qui est longuement développé ci-après, et, d’autre part, la protection des écosystèmes, qui sera brièvement évoquée ensuite.
12.1. La fixation de carbone
Comme chacun sait, les végétaux ont la propriété d’assimiler le carbone de l’air lors de la photosynthèse, ce
qui assure leur croissance. En respirant, les plantes restituent à l’atmosphère une partie de ce carbone, le reste
n’étant restitué que lors de la décomposition de la matière organique. D’autre part, l’augmentation du dioxyde
de carbone dans l’atmosphère, liée à l’utilisation croissante d’énergies fossiles depuis la révolution industrielle, est, selon le GIEC, la cause majeure du réchauffement climatique observé actuellement.
On conçoit dès lors que les forêts soient appelées à jouer un rôle dans la lutte contre le changement climatique, et ce d’autant plus que leur contribution dans ce sens est potentiellement importante. « Dans son dernier
rapport paru en mai dernier, le groupe III du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
(GIEC) concluait qu’en 2030 diverses actions sur les forêts, tels le reboisement mais aussi un changement de
pratique de la sylviculture, l’utilisation accrue du bois énergie ou de construction, pourraient permettre d’éviter
l’émission de 1,7 à 18,2 milliards de tonnes de CO2 par an. La fourchette est large, mais l’enjeu est de taille :
ces valeurs représentent une part significative du CO2 émis actuellement chaque année dans le monde, soit 34
gigatonnes. » (de Noblet-Ducoudré (2007), p. 31) (16).
Ce rôle potentiel confère aux forêts une valeur économique supplémentaire, qu’il convient maintenant d’examiner dans le cas particulier des forêts belges. Toutefois, si l’on raisonne dans le contexte institutionnel actuel,
on doit bien reconnaître que cette valeur est nulle. Pour comprendre pourquoi, il faut rappeler le traitement qui
est réservé aux forêts dans le Protocole de Kyoto et quelles décisions la Belgique a prises dans ce cadre. Une
autre approche de cette valeur économique sera proposée ensuite.
12.1.1. Le Protocole de Kyoto et les forêts (17)
Aux termes de l’Article 3.3 du Protocole de Kyoto (UNFCCC, 1997), les parties de l’annexe I (dont la Belgique) peuvent comptabiliser les quantités de carbone résultant des activités anthropiques directes de boisement,
reboisement et déboisement, correspondant à un changement d’affection des terres, mis en œuvre à partir du
1er janvier 1990. Les principes de comptabilisation de l’Article 3.3 ont été fixés dans les Accords de Marrakech (UNFCCC, 2001) pour la première période d’engagement (2008-2012). La méthode d’inventaire actuelle
considère qu’en cas de déboisement, tout le carbone stocké est émis dans l’atmosphère durant l’année d’exercice. Cette règle comptable ne prend en compte ni l’usage des bois abattus, ni la dégradation progressive de
la matière organique non-exportée. En définitive, les Parties se verront attribuer un “débit net” de carbone lié
à ces activités de déboisement. En cas de crédits liés à une augmentation significative des surfaces forestières
productives, les quantités prises en compte ne peuvent dépasser 9 millions de tonnes par an durant la première
période d’engagement.
(16) « Mais attention : cette estimation du GIEC est un « simple » calcul de flux de gaz à effet de serre, en aucun cas celui d’un
potentiel d’atténuation du réchauffement de l’atmosphère, exprimable en degrés. Elle ne le pourrait pas car elle ne considère que
l’action des forêts sur la teneur de l’atmosphère en gaz à effet de serre, en oubliant tous les autres rôles de la forêt dans la machine
climatique. En effet, outre le dioxyde de carbone, les milieux forestiers échangent avec l’atmosphère, à tout instant, de l’énergie,
de l’eau, de la chaleur et d’autres composés chimiques. Une modification de ces échanges agit sur la circulation de l’atmosphère et
par conséquent sur le climat. Or ces interactions ne sont pas toutes prises en compte dans les modèles de changement climatique. »
(de Noblet-Ducoudré (2007), p. 31).
(17) Le contenu de cette section suit de près Laitat et al.(2004).
204
Les activités liées à l’Article 3.4 concernent les émissions par les sources et les absorptions par les puits de
gaz à effet de serre, résultant de l’une ou de l’ensemble des activités humaines suivantes, autres que boisement
et reboisement : la restauration du couvert végétal, la “gestion des forêts”, la gestion des terres agricoles et la
gestion des pâturages.
Les Accords de Marrakech fixent les quantités de carbone qui seront comptabilisées dans le cadre de l’affectation des terres, du changement d’affectation des terres et de la foresterie, en déduction des émissions relatives à
la première période d’engagement. Chaque Partie peut en effet choisir les activités qu’elle souhaite faire valoir
et peut également recourir aux “mécanismes flexibles”. En ce qui concerne la “gestion des forêts”, les Accords
de Marrakech permettent de comptabiliser la totalité des quantités de carbone séquestré jusqu’à des montants
équivalents aux débits nets éventuels résultant de l’Article 3.3 liés aux déboisements. Au-delà de cette compensation, le carbone séquestré peut être comptabilisé jusqu’à concurrence d’un plafond établi pour chaque
Partie, soit 0,03 million de tonnes de carbone (110.000 tonnes de CO2) pour la Belgique.
12.1.2. Décision prise par la Belgique (18)
Il est cependant difficile de prouver scientifiquement que le stockage est induit par les activités humaines.
D’autre part, le pays devait aussi s’engager à effectuer un suivi précis et à long terme des parcelles concernées
afin d’assurer le caractère durable du stockage. Compte tenu de ces éléments, la Commission Nationale Climat
a décidé en 2006 de ne pas recourir aux activités de gestion forestière ou agricole, c’est-à-dire aux activités au
sens de l’article 3.4 du Protocole de Kyoto, pour atteindre les objectifs de réduction de la Belgique durant la
période 2008-2012. Elle assure cependant le rapportage obligatoire selon l’article 3.3 (boisement et déboisement), pour lequel le bilan est équilibré en Belgique.
12.1.3. Approche alternative
On peut aussi tenter d’approcher la valeur économique des forêts résultant de leur capacité à fixer le carbone en
raisonnant en dehors de tout cadre institutionnel, d’autant que les modalités de l’après-Kyoto n’ont pas encore
été fixées. Dans l’approche qui est proposée ici, on part des flux de carbone qui seront exportés à l’avenir par
les forêts du fait des coupes de bois et on cherche à en évaluer la valeur actualisée. Faute de projections à long
terme, ce calcul est difficile à réaliser. Cependant, par analogie avec le calcul de la valeur des forêts en tant que
productrices de bois, l’estimation approximative de la valeur totale des flux de carbone peut être fournie par la
valeur du stock de carbone actuellement contenu dans ces forêts.
Il ne s’agit donc pas, comme dans le rapportage dans le cadre du protocole de Kyoto, d’évaluer l’augmentation des stocks de carbone dans la biomasse, sans considération pour le carbone contenu dans le bois prélevé.
On part ici de la constatation qu’en pratique, le bois prélevé a l’un des trois usages suivants. Soit il est utilisé
comme bois d’œuvre. Sa durée varie alors généralement de quelques dizaines d’années à quelques siècles (par
exemple charpentes de maisons et meubles), c’est-à-dire une durée comparable (ou même inférieure) à celle
pendant laquelle il est jugé crucial de prendre des mesures pour lutter contre l’effet de serre. Dans cet usage, il
permet en outre d’éviter de libérer du carbone fossile (19). Soit il est utilisé comme bois de chauffage. Sa durée
est alors bien moindre, mais il se substitue dans ce cas de facto à des énergies fossiles dont la combustion émet
du carbone. Il est enfin un troisième usage du bois : la trituration en vue de la fabrication de pâte à papier.
Dans ce cas, il y a émission de carbone lorsque le papier est brûlé ou lorsqu’il se décompose (après recyclage
éventuel).
(18) Communication d’André Guns (Ministère de la Région wallonne).
(19) Selon la charte « Bois-Construction-Environnement » (France), la substitution d’1 m3 de bois à des matériaux « énergivores » tels
que l’acier et le béton permet d’éviter l’émission, en moyenne, de 0,8 tCO2.
205
Les statistiques disponibles ne permettent pas de connaître la répartition entre ces différentes utilisations du
bois prélevé dans les forêts belges (DGRNE (2007), p. 190). Nous pouvons cependant reprendre les hypothèses retenues lors du calcul de la valeur du bois sur pied, à savoir :
feuillus (sauf peuplier) : circonférences inférieures à 100 cm et taillis utilisés pour moitié comme bois de
chauffage et pour moitié comme bois de trituration ; bois de houppier utilisés uniquement comme bois de
chauffage ;
peuplier : petites circonférences, taillis et houppiers utilisés comme bois de trituration ;
résineux : petites circonférences (moins de 90 ou 92 cm de circonférence, selon la Région) utilisées comme
bois de trituration.
Appliquées au stock de bois sur pied, ces hypothèses donnent alors les volumes correspondants aux différentes
utilisations :
Tableau 11 ■ ■ ■
Volumes de bois sur pied selon l’utilisation (milliers de m3)
■ ■ ■
Bois d'œuvre
Bois de chauffage
Bois de trituration
TOTAL
Wallonie
Feuillus
Résineux
28.880.400
32.959.300
21.522.400
9.769.700
27.977.400
60.172.500
60.936.700
Feuillus
Résineux
11.16 5.730
4.889.000
5.882.681
3.830.416
9.530.000
20.878.827
14.419.000
77.894.430
27.405.081
51.107.516
156.407.027
50%
18%
33%
100%
Flandre
TOTAL
%
Il apparaît donc que la moitié du bois est destinée à une utilisation de longue durée (bois d’œuvre) (20), le bois
de chauffage représentant quant à lui 17 % du total. On peut donc dire que, lors de son utilisation, les deuxtiers de la production de bois du pays, soit donne lieu à un stockage durable de carbone, soit permet d’éviter de
libérer du carbone fossile (effet de substitution).
Le stock de carbone dans la biomasse forestière a été calculé pour le rapportage effectué dans le cadre du
Protocole de Kyoto. En 2000, ce stock était de 59,8 millions de tonnes (UNFCCC (2008), p. 106). Comme
la biomasse comprend non seulement le bois mais aussi les feuilles et les racines et que le détail ne nous est
pas donné, nous avons recalculé le contenu en carbone du seul bois sur pied, en appliquant aux volumes de
bois les facteurs de conversions détaillés dans (UNFCCC (2008), p. 104). Le résultat de ces calculs figure aux
tableaux suivants.
(20) Cf. « On estime en outre que la moitié du bois prélevé, soit l’équivalent annuel de 700 000 tC, est stocké dans des usages à longue
durée. » (DGRNE (2007), p. 198).
206
Tableau 12 ■ ■ ■
Contenu en carbone du bois sur pied (feuillus, Wallonie)
■ ■ ■
Volume total (m3)
Chêne
Chêne rouge
Hêtre
Frêne
Peupliers
Erable
Merisier
Châtaignier
Charme
Tilleuls
Orme
Aulnes
Bouleau
Autres feuillus
25.641.400
536.800
16.858.200
3.500.900
2.435.600
1.910.300
544.500
427.700
2.406.000
145.200
76.800
819.900
3.355.700
1.513.500
TOTAL
60.172.500
Densité (t/m3)
Contenu en C (t/t)
0,6
0,6
0,56
0,59
0,41
0,59
0,59
0,55
0,55
0,55
0,55
0,59
0,55
0,55
Carbone (t)
0,5
0,5
0,49
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
7.692.420
161.040
4.625.890
1.032.766
499.298
563.539
160.628
117.618
661.650
39.930
21.120
241.871
922.818
416.213
17.156.798
Tableau 13 ■ ■ ■
Contenu en carbone du bois sur pied (résineux, Wallonie)
■ ■ ■
Volume total (m3)
Epicea Ardenne
Epicea Autres régions
Mélèze
Pin sylvestre
Autres pins
Douglas
Autres résineux
45.279.700
4.757.300
2.556.400
2.814.500
709.300
3.979.900
839.600
TOTAL
60.936.700
Densité (t/m3)
0,38
0,38
0,47
0,48
0,48
0,45
0,4
Contenu en C (t/t) Carbone (t)
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
8.603.143
903.887
600.754
675.480
170.232
895.478
167.920
12.016.894
207
Tableau 14 ■ ■ ■
Contenu en carbone du bois sur pied (feuillus, Flandre)
■ ■ ■
Volume total (m³)
Chêne
Chêne rouge
Bouleau
Hêtre
Frêne
Erable
Châtaignier
Peuplier
Saule
Aulne
Autres feuillus
TOTAL
4.679.953
1.969.645
1.441.884
3.632.806
535.893
404.655
537.989
5.676.811
393.830
850.733
754.628
Densité (t/m³)
0,6
0,6
0,55
0,56
0,59
0,59
0,55
0,41
0,55
0,59
0,55
Contenu en C (t/t) Carbone (t)
0,5
0,5
0,5
0,49
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
20.878.827
1.403.986
590.893
396.518
996.842
158.088
119.373
147.947
1.163.746
108.303
250.966
207.523
5.544.187
Tableau 15 ■ ■ ■
Contenu en carbone du bois sur pied (résineux, Flandre)
■ ■ ■
Volume total (m3)
Douglas
Epic ea
Mélèze
Pin de Corse
Pin sylvestre
Autres résineux
TOTAL
363.000
51 6 .00 0
769.000
3.935.000
8.582.000
254.000
14.419.000
Densité (t/m3)
0,45
0,38
0,47
0,48
0,48
0,4
Contenu en C (t/t)
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
Carbone (t)
81.675
98.040
180.715
944.400
2.059.680
50.800
3.415.310
Si, conformément à ce qui a été dit plus haut, on ne retient que 67 % du total, ce sont en définitive quelque
26 millions de tonnes de carbone qu’il faut prendre en compte :
208
Tableau 16 ■ ■ ■
Contenu en carbone du bois sur pied (Belgique) – tonnes de carbone
■ ■ ■
Wallonie
Flandre
TOTAL
Feuillus
17.156.798
5.544.187
22.700.984
Résineux
12.016.894
3.415.310
15.432.204
TOTAL
29.173.691
8.959.497
38.133.188
Il est évidemment regrettable que le carbone des feuilles et des racines ne soit pas pris en compte dans nos
calculs. Cependant, les projections faites dans le cadre du rapportage ne vont pas au-delà de 2012. Or seules
des projections à long terme permettraient de calculer les flux de carbone stockés à ce niveau, et d’estimer leur
valeur ; il n’est en effet pas possible d’approcher ces flux par le biais des stocks.
En se focalisant sur le carbone exporté, on néglige aussi le stockage éventuel de carbone dans le bois mort,
la litière et le sol. Toutefois, dans le cadre du rapportage précité, la quantité de carbone contenue dans le bois
mort et dans la litière, qui est estimée respectivement à 1,38 et 13,73 millions de tonnes, est considérée comme
constante. Quant à la quantité de carbone contenue dans les sols forestiers, elle serait considérable mais n’a pas
fait l’objet de rapportage (21). Dans l’état actuel des connaissances « officielles », il ne semble donc pas erroné
de ne considérer que le carbone exporté.
Reste à donner une valeur monétaire au carbone contenu dans le bois sur pied. Une des manières de définir le
prix du carbone est de partir de l’appréciation du coût associé au risque du changement climatique. La valeur
de la tonne de carbone, ou plus exactement la valeur de la non émission d’une tonne de CO2, se mesure alors
au regard de l’impact du changement climatique sur le système économique. On associe donc à une tonne de
CO2 émise aujourd’hui un dommage futur que l’on cherche à valoriser.
La revue de la littérature montre la grande dispersion des valeurs obtenues dans de très nombreuses études.
Dans les études qu’a passées en revue David Pearce (2003), le coût marginal du carbone va de 3 à 298 $ la
tonne de carbone (prix de 2000), ce qui montre la sensibilité des estimations aux modèles retenus. Pearce
conclut toutefois que la fourchette du coût marginal de carbone se situe vraisemblablement aux environs de
4-9 $ la tonne de carbone.
(21) Le carbone contenu dans les sols forestiers (20 cm) de Wallonie est estimé à 39 millions de tonnes (DGRNE (2007), p. 198).
209
La Stern Review (2007) a quant à elle évalué le coût social du carbone à 30 $/tCO2e (prix de 2000) (chapitre 13) (22). Elle a d’autre part mis en évidence le fait qu’on ne peut calculer de coût social de carbone sans
faire d’hypothèse quant à la trajectoire que suivront les émissions futures (chapitre 2, p. 26). En l’occurrence,
la trajectoire sous-jacente au coût social mentionné plus haut est celle qui conduit à une stabilisation du stock
à 550ppm CO2e en 2050. Selon le même rapport, ce coût est aujourd’hui de 85 $ (prix de 2000) dans le cadre
d’un scénario BAU (23).
Bref, la fourchette des valeurs du coût social du carbone est si large qu’on est bien en peine de choisir une
valeur et de justifier ce choix. Une autre manière d’envisager la valeur du carbone est de s’en référer au prix
du carbone sur le marché européen de permis des droits d’émission de CO2. Longtemps, la faiblesse des prix
constatés sur ce marché, faiblesse qui s’explique notamment par le fait que les allocations de permis par les
Etats ont été trop généreuses, a dissuadé de les prendre comme référence. Mais la Commission a revu à la
baisse les allocations pour la période 2008-2012. Selon l’organisme d’analyse Point Carbon, ce facteur, joint
au renchérissement du pétrole, qui pousse des producteurs d’électricité et des industriels à substituer du charbon aux hydrocarbures (ce qui les amène à accroître leurs achats de permis), a provoqué la hausse du prix des
permis que l’on constate depuis le début 2008. Sur l’ICE (Intercontinental Exchange) de Londres, le cours de
l’échéance la plus active (pour livraison décembre 2008 se situait à la mi-mai aux environs de 25 euros par
tonne de CO2, soit 92 euros la tonne de carbone. A ce prix, les 26 millions de tonnes de carbone contenues dans
les forêts belges valent 2.392 millions d’euros.
12.2. Protection des écosystèmes
Les forêts ont également un rôle de protection des sols, des ressources hydrologiques et de la biodiversité (pour
nous en tenir à l’essentiel). Outre que l’évaluation monétaire de ces fonctions pose des problèmes méthodologiques non négligeables, nous avons considéré que le traitement adéquat de cette problématique supposait des
compétences que nous n’avions pas. Nous nous permettons donc de renvoyer le lecteur aux travaux de Moons
(2000) et Lambrechts (2006), qui traitent de cette question et proposent certaines évaluations monétaires. A
noter que les montants avancés par ces auteurs sont considérables.
(22) Le taux de conversion du carbone au dioxyde de carbone est de 12/44.
(23) A noter que les calculs de la Stern Review reposent sur un taux d’actualisation très faible, pour des raisons essentiellement éthiques
expliquées au chapitre 2. Pour l’essentiel, il s’agit d’accorder autant d’importance au bien-être des générations futures qu’à celui
des générations actuelles). Nous pensons cependant que cette approche n’est pas contradictoire avec l’utilisation implicite que
nous faisons d’une valeur habituelle du taux d’actualisation, pour autant qu’on admette que la valorisation des forêts belges est
une décision marginale, contrairement à la valorisation des impacts futurs du changement climatique (DEFRA (2007), p. 14). On
peut aussi considérer que l’incertitude scientifique quant au rôle des forêts dans le climat (autres processus en jeu, effet feedback
de l’augmentation de température) imposent de ne pas tenir compte du futur lointain. Pour une discussion sur l’actualisation, voir
Pearce et al. (2006), pp. 207-216.
210
13.
Conclusion
Cette étude s’inscrit dans la ligne des travaux de la Commission pour l’inventaire du patrimoine de l’Etat.
Ces travaux portaient sur le patrimoine de la Nation, sensé couvrir les différentes formes de capital (humain,
environnemental et sociétal) n’ayant pas leur place dans les bilans conventionnels. Cette approche acquiert en
effet de plus en plus d’importance, notamment du point de vue du développement durable.
Les forêts belges, qui font partie du capital environnemental de la Nation, ont donc été étudiées ici en tant que
capital producteur, non seulement de bois mais aussi d’autres services : fourniture d’un espace de promenade
et de loisirs, d’une part, stockage de carbone d’autre part. L’aspect protection des écosystèmes et de la biodiversité n’a pas été approfondi ici. Ces différents aspects du capital forestier ont fait l’objet d’une évaluation
monétaire.
On a d’abord considéré que les terrains boisés étaient composés de deux actifs : le bois sur pied et les fonds de
bois (c’est-à-dire les terrains nus). L’estimation de la valeur du bois sur pied a été réalisée au moyen de deux
méthodes différentes : la « stumpage value method » (méthode de la valeur du bois sur pied) et la « consumption value method » (méthode de la valeur de la consommation). Ces méthodes permettent d’approcher la valeur nette actualisée par le biais de l’évaluation monétaire du stock de bois sur pied. Leur application a fourni
respectivement les valeurs de 4.432 et 5.851 millions d’euros.
La valeur des fonds de bois a quant à elle été estimée sur base d’une enquête auprès des Comités d’acquisition.
Ces services, qui sont institués au sein de l’Administration de l’Enregistrement et des Domaines, ont en effet
une excellente connaissance des prix des terrains à reboiser de chaque arrondissement du pays. La valeur totale
des fonds de bois du pays a ainsi pu être estimée à 3.156 millions d’euros.
Tant la distinction entre bois sur pied et fonds de bois que les méthodes d’estimation utilisées sont conformes
au SEC. Aussi pensons-nous que nos calculs pourraient s’avérer utiles quand il s’agira de communiquer ce
type de données aux instances internationales concernées.
Le gibier est un autre « produit » de la forêt, dont on a calculé la valeur en supposant que le « flux » annuel de
gibier abattu se maintiendrait à l’avenir. Après actualisation, la valeur des flux à venir est estimée à 72,1 millions d’euros.
Pour l’estimation de la valeur récréative des forêts accessibles au public, on a extrapolé – de façon vraisemblablement abusive - à l’ensemble des forêts belges des résultats qui ne concernaient que le bois d’Heverlee
et la forêt de Meerdaal et avaient été obtenus en appliquant la méthode des coûts de déplacement. La valeur
récréative actualisée des forêts belges se situe alors entre 7.231 et 83.695 millions d’euros. Compte tenu des
réserves que notre extrapolation est de nature à susciter, on préférera s’en tenir au bas de la fourchette, qui
dépasse malgré tout la valeur de la fonction de production de bois.
La chasse est imparfaitement prise en compte dans ce calcul, ne serait-ce que parce qu’une partie de cette activité est exercée dans des bois et forêts non accessibles au public. En outre, les aspects financiers dépassent
largement les seuls coûts de déplacement. Il y a donc lieu de prendre en considération le montant des locations
de chasse ; il faut par contre en retrancher le produit de la vente de gibier abattu, ce qui donne finalement une
valeur actualisée nette de 452 millions d’euros.
211
Les végétaux ayant la propriété de fixer le carbone de l’air, on conçoit que les forêts puissent être amenées à
jouer un rôle dans la lutte contre le changement climatique. Ce n’est pas le cas actuellement pour les forêts
belges dans le cadre du protocole de Kyoto. Par contre, si l’on raisonne en dehors de tout cadre institutionnel,
on peut, par analogie avec le calcul de la valeur des forêts en tant que productrices de bois, approcher la valeur
de la fonction de fixation de carbone sur base de la valeur du stock de carbone actuellement contenu dans ces
forêts. Si l’on se limite provisoirement à la part du carbone contenu dans le bois « exporté » qui est stockée
durablement (bois d’œuvre) ou qui permet d’éviter de libérer du carbone fossile (effet de substitution), ce sont
en définitive quelque 26 millions de tonnes de carbone qui sont à prendre en compte, soit, à 25 euros la tonne
de CO2 (correspondant à 92 euros la tonne de carbone), un montant de 2.392 millions d’euros.
L’estimation des fonctions récréatives et de fixation de carbone des forêts belges a ainsi fourni des valeurs
considérables, d’un ordre de grandeur comparable à celui de la valeur de la fonction de production de bois. Il
serait intéressant de compléter ces calculs par une estimation de la fonction de protection des écosystèmes.
212
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215
216
Total
88,4
970,0
14,6
39,4
7,4
0,6
0,7
17,2
2,9
13,4
28,9
16,7
79,7
221,1
9,4
518,0
343,8
7654,6
43,7
146,3
23,0
1,4
4,8
20,4
54,4
66,6
162,2
695,9
515,7
1719,2
69,4
3788,0
150-179
180-199
200-219
220-249
250 et +
2831,8
12,5
38,7
4,8
0,4
1,6
15,4
21,7
18,9
55,1
58,9
210,0
730,3
29,0
1510,7
123,8
6914,0
27,5
26,5
11,7
1,4
2,5
12,2
37,6
24,9
95,8
569,3
374,8
2173,8
62,9
2935,2
558,0
3048,9
10,5
8,3
4,3
1,7
0,9
6,9
16,6
8,5
47,4
74,8
183,1
1108,7
34,3
1302,6
240,3
3540,1
12,8
0,0
3,8
0,0
5,6
5,7
13,3
13,6
16,0
191,2
165,8
1398,5
18,8
1353,1
341,9
1836,3
5,7
0,0
1,7
0,0
3,0
2,4
8,0
4,3
13,0
36,7
89,7
819,2
13,9
669,3
169,4
2457,4
5,3
1,9
0,0
2,1
4,5
0,0
24,0
8,5
11,8
91,7
62,9
1147,2
16,1
802,0
279,4
1409,7
2,2
0,8
0,0
0,8
1,9
0,0
13,1
3,5
9,7
23,8
40,6
713,3
11,4
443,9
144,8
2055,5
4,7
0,0
0,0
0,0
2,7
0,0
8,0
0,0
6,9
59,7
75,2
984,0
18,7
586,3
309,3
1278,1
4,3
0,0
0,0
0,0
2,0
0,0
5,6
0,0
4,8
19,7
45,7
677,0
13,6
345,3
160,1
1226,6
26,4
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
28,4
0,0
7,5
48,0
23,3
670,8
16,0
189,7
216,5
908,8
18,6
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
22,3
0,0
5,9
24,6
20,3
523,4
13,1
134,7
146,0
VHAHOUP VHADM VHAHOUP VHADM VHAHOUP VHADM VHAHOUP VHADM VHAHOUP VHADM VHAHOUP
120-149
VHADM
(*) = pour les peupliers, le volume bois d'œuvre est égal au volume bois fort de la tige et le volume du houppier est égal au volume des branches
71,9
5031,8
538,6
283,4
53,6
2,3
3,7
71,8
13245,7
1972,2
Bouleau
Autres Feuillus
39,4
304,4
Aulnes
11,7
Tilleuls
Orme
562,5
Charme
Châtaignier
11,4
216,4
Erable
87,2
299,2
162,7
204,7
740,7
Peupliers(*)
Merisier
380,2
1093,4
Frêne
998,9
39,7
2564,7
2824,4
169,0
100-119
VHADM VHAHOUP
Hêtre
Chêne rouge
Chêne Q3-4
4481,0
Volumes (m3 x 1000)
Chêne Q1-2
< 100
VTOT
Circonférences (cm)
VTOT = volume total (tige + branches)
VHADM = volume de la tige jusqu’ à la découpe bois d’œuvre
VHAHOUP = volume du houppier (volume de la tige au-dessus de la découpe bois d’œuvre + volume des branches)
Volumes sur écorce jusqu’à la découpe fin bout à la circonférence de 22cm
Volumes exprimés en milliers de m3
■ ■ ■
Annexe 1 ■ ■ ■
Volumes de bois sur pied : feuillus (Wallonie)
Source : Division de la Nature et des Forêts, DGRNE, Ministère de la Région wallonne.
6911,6
23,2
58,9
19,9
1014,7
Autres Pins
Douglas
Autres résineux
Total
70,3
32,6
Pin Sylvestre
341,8
97,1
189,1
146,9
16,7
Mélèze
727,1
92,5
5339,4
VHA
40 - 59
Epicéa Autres régions
770,9
VHA
Volumes (m3 x 1000)
Epicéa Ardenne
< 40
Circonférences (cm)
6270,6
82,9
344,5
67,8
136,9
135,6
708,0
4794,9
VHA
60 - 69
13780,3
213,2
853,8
165,1
514,3
17707,0
312,5
1239,8
157,2
997,7
987,0
1204,0
1438,1
628,9
12808,9
VHA
90 - 119
9967,0
VHA
70 - 89
VHA = volume de la tige jusqu’à la découpe fin bout à la circonférence de 22cm
Volumes de la tige sur écorce jusqu’à la découpe fin bout à la circonférence de 22cm
Volumes exprimés en milliers de m3
9654,7
100,1
547,4
102,6
665,4
462,7
376,8
7399,7
VHA
120 - 149
3815,6
29,2
217,2
65,6
238,5
122,8
130,9
3011,3
VHA
150 - 179
1781,9
11,5
376,5
30,7
40,0
55,8
79,9
1187,6
VHA
180 et +
60936,3
839,5
3980,0
709,2
2814,5
2556,3
4757,2
45279,6
VHA
Total
■ ■ ■
Annexe 2 ■ ■ ■
Volumes de bois sur pied : résineux (Wallonie)
Source : Division de la Nature et des Forêts, DGRNE, Ministère de la Région wallonne.
217
218
34
79
94
139
172
190
192
208
198
222
173
227
201
207
163
188
184
129
160
86
92
51
48
20
51
101
3.611
TOTAL
Chêne
22-31
32-41
41-51
52-61
62-71
72-81
82-91
92-101
102-111
112-121
122-131
132-141
142-151
152-161
162-171
172-181
182-191
192-201
202-211
212-221
222-231
232-241
242-251
252-261
262-271
272-281
Circonférence
Source : Afdeling Bos & Groen (2001)
1.492
20
42
59
78
79
87
101
97
84
96
75
87
89
63
61
79
49
41
34
38
25
33
24
8
18
26
Chêne rouge
1.406
105
184
201
208
171
140
127
98
76
15
18
7
5
3
20
1
24
0
0
1
2
0
0
0
0
0
Bouleau
10
25
41
51
66
72
62
90
74
104
82
108
92
102
100
97
116
117
142
132
106
140
81
95
76
268
2.447
Hêtre
Frêne
428
17
37
29
28
12
17
17
23
35
32
13
16
21
7
25
21
2
19
9
13
18
7
0
4
0
5
Erable
352
29
41
33
27
14
26
28
35
11
26
13
11
7
11
8
7
4
8
3
0
2
0
0
2
3
4
447
13
22
29
38
37
32
30
31
34
24
25
24
20
14
15
16
15
6
5
4
6
2
6
0
0
0
Châtaignier
5.106
2
8
18
25
42
62
122
221
329
470
478
591
521
534
462
361
270
176
134
89
62
41
34
27
6
19
Peuplier
Saule
361
23
30
40
37
43
34
27
20
14
20
10
7
9
1
2
7
7
6
1
7
2
2
0
4
4
4
Aulne
829
59
120
147
125
111
87
64
37
21
18
6
3
1
1
0
1
0
0
27
0
0
0
0
0
0
1
697
93
110
97
73
53
47
39
31
26
13
31
21
8
7
9
6
4
5
2
2
8
0
0
2
0
10
Autres feuillus
■ ■ ■
Annexe 3 ■ ■ ■
Volumes de bois sur pied : feuillus (Flandre) - milliers de m3
1
3
8
16
25
33
30
51
30
22
26
21
21
24
12
16
7
8
0
0
5
0
0
0
0
4
363
TOTAL
Douglas
Circonférence
22-31
32-41
41-51
52-61
62-71
72-81
82-91
92-101
102-111
112-121
122-131
132-141
142-151
152-161
162-171
172-181
182-191
192-201
202-211
212-221
222-231
232-241
242-251
252-261
262-271
272-281
Epicéa
516
11
38
55
85
94
81
61
35
21
14
5
4
2
1
0
0
0
0
0
0
0
6
3
0
0
0
Mélèze
766
3
10
24
54
70
110
127
107
75
70
32
31
16
13
4
4
8
5
0
3
0
0
3
0
0
0
17
96
244
446
599
622
561
454
338
209
118
88
44
28
29
10
4
7
3
0
0
4
4
0
0
10
3.934
Pin de Corse
8.582
30
114
389
839
1.352
1.584
1.540
1.114
748
403
172
99
80
50
28
13
8
11
4
0
2
2
0
0
0
0
Pin sylvestre
2
9
14
19
32
43
39
21
22
19
14
7
3
2
1
0
0
0
4
0
0
0
0
0
0
3
254
Autre résineux
14.414
64
270
734
1.459
2.172
2.473
2.358
1.783
1.233
736
366
250
166
118
74
43
27
31
11
3
7
11
10
0
0
16
Total résineux
Annexe 4 ■ ■ ■
Volumes de bois sur pied : résineux (Flandre) – milliers de m3
■ ■ ■
Source : Afdeling Bos & Groen (2001)
219
Annexe 5 ■ ■ ■
Prix moyens des bois sur pied (€/m3) – Automne-hiver 2007-2008
■ ■ ■
220
60 à 85
90 à 115
120 à 145
150 à 175
180 à 195
200 à 245
250 et +
-
Charme
Aulne - Bouleau
-
-
30 à 65 euros 35 à 70 euros 45 à 85 euros 50 à 90 euros 60 à 120 euros
15 à 25 euros 15 à 45 euros 30 à 60 euros 50 à 75 euros
-
20 à 30 euros 25 à 50 euros 40 à 60 euros 50 à 70 euros
10 à 30 euros 30 à 80 euros 65 à 100 euros 90 à 120 euros 90 à 200 euros jusqu'à 200 euros selon qualité
Tilleul - Orme
Châtaignier
Circonférences en cm, mesurées à 1,50 m du sol, sur écorce
Annexe 6 ■ ■ ■
Prix des bois sur pied, découpe commerciale (France) – Septembre-octobre 2007
■ ■ ■
221