Deux rénovateurs de la médecine: Paracelse et Ambroise Paré

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Deux rénovateurs de la médecine: Paracelse et Ambroise Paré
L’ a c t u a l i t é e n m é d e c i n e d e n t a i r e
CLIN D’ŒIL DU PASSÉ
Deux rénovateurs de la médecine:
Paracelse et Ambroise Paré
1re partie: Philippe Aurélien Théophraste Bombastus de Hohenheim,
dit Paracelse
Roger Joris et V. Demole, Genève
Transcription, adaptation et illustrations de Thomas Vauthier
Douze siècles sans histoire, «la nuit du Moyen Âge», aboutissent à l’immense mouvement de
libération de la Renaissance, «printemps de la civilisation moderne», comme on a voulu l’appeler dans un élan de lyrisme enthousiaste.
Hormis son intérêt plus particulier
pour l’histoire de la médecine dentaire,
notre confrère Roger Joris, ancien
président de la Société suisse de l’histoire de la médecine et de la Société
européenne de l’histoire de la médecine, notre historiographe a également
retracé des aspects intéressants concernant la médecine en général à différentes époques. Voici donc le premier
volet d’un texte publié en 1958 et qui
sera publié en deux parties.
Thomas Vauthier
En fait, la Renaissance ne s’est pas imposée un beau matin à l’Europe émerveillée.
Elle est l’aboutissement d’efforts partiels,
préparés par des savants isolés, qui, au
péril de leur réputation et parfois de leur
vie, ont tenté de ressusciter les principes
mêmes de la libre investigation scientifique, disparus avec la civilisation helléni-
Portrait de Philippe Aurélien Théophraste
Bombastus de Hohenheim, dit Paracelse.
que. Dès la Renaissance, la révolution
intellectuelle est en marche et rien ne
l’arrêtera, ni les retours offensifs du sectarisme intransigeant, ni les guerres cruelles, ni la pénurie des moyens de travail;
avec Lavoisier, elle atteint la chimie et
physico-chimie, assises de notre essor
actuel, scientifique, industriel, social, philosophique.
Pour bien apprécier la grandeur de l’œuvre accomplie, il faut se souvenir de l’état
d’esprit qui règne jusqu’à la fin du XVe
siècle: toute activité humaine, sciences,
beaux-arts, philosophie, jurisprudence,
est obligatoirement soumise au dogmatisme religieux, dont il est imprudent de
s’écarter. Le Moyen Age déclare que l’intelligence est au service de la révélation.
Toutes les innovations sont suspectes; prison, torture et bûcher guettent les non
conformistes.
La Renaissance – un monde en pleine
mutation
Mais plusieurs événements capitaux
ébranlent le monde. L’invention de l’imprimerie (1436) accélère la diffusion des
idées; les Turcs prennent Constantinople
(1453) et l’Empire d’Orient s’écroule; les
savants se réfugient en Europe emportant
avec eux les textes de la sagesse antique.
Christophe Colomb découvre l’Amérique
(1492). On assiste alors à une sorte de
fermentation des esprits: la personnalité,
l’initiative, le jugement, la critique s’affirment. Les habitudes mentales changent,
la sensibilité se modifie et ce spectacle
appelle la participation, il attise les audaces. Erasme est à Rome en 1509, Luther
en 1511, bientôt la Réforme soustrait une
partie de l’Europe occidentale à l’obédience du pape.
Pour les hommes de la Renaissance, Leonard de Vinci en particulier, l’intelligence
doit juger de tout, même de la révélation.
«Hic est cui magni mysteria congnita
mundi». Portrait de Paracelse par JeanJacques Boissard, dans «Bibliotheca
chalcographica» (1652–1669).
Sans doute, cette attitude critique s’étaitelle amorcée au XIIIe siècle déjà, lorsque
Albert le Grand proclamait qu’«une conclusion logique, contraire aux observations, doit être rejetée. Un principe qui ne
correspond pas aux faits démontrés par
l’expérience n’est pas en réalité un principe, mais une faute de principe». Toutefois, ces audacieuses déclarations resteront lettre morte tant que régneront l’impératif catégorique de la foi et l’intransigeance scolastique.
Mais c’est moins de la Renaissance ellemême dont nous avons à nous occuper ici,
que de l’une de ses conséquences, la publication de livres de médecine dans la langue
courante, sans passer par le détour conventionnel du grec ou du latin. Deux maîtres
illustres, Paracelse et Ambroise Paré ont
écrit et enseigné presque simultanément,
le premier en allemand, le second en
français. Il importe de souligner ici la
qualité de leurs innovations, dans ce recueil consacré à la réforme des études
médicales.
Philippe Aurélien Théophraste
Bombastus de Hohenheim,
dit Paracelse
Notre personnage est né le 1er novembre
1493 à Einsiedeln (Suisse), «d’une famille
noble tombée dans l’indigence. De sa
mère, il a dit pieusement: un enfant n’a
besoin ni de constellations ni de planètes,
sa mère est sa planète et son étoile.»
De la fraîcheur de la campagne et des
forêts où il passa son enfance, Paracelse
gardera toujours l’amour et le respect de
la nature. Son père, médecin distingué et
chimiste, fut son premier maître. Il étudia
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Planche tirée du livre «Paracelsus,
Aureolus Phillipus Theophrastus, Erster
Theyl der Grossen Wundartzeney»,
Francfort, 1563. Ce livre est richement
illustré par des gravures sur bois. La
planche reproduite contient des références qui guident vers d’autres illustrations plus détaillées.
chez les Bénédictins et s’instruisit dans
plusieurs universités. La Faculté de Ferrare lui décerna le titre de docteur en
médecine.
Profondément déçu par l’enseignement
scolastique, Paracelse s’insurge contre la
pseudo-science officielle et cherche la vérité dans la nature, «source non écrite de
nos connaissances», «signe de Dieu». Il se
détourne à jamais des médecins qui se
pavanent à la cour des princes, parés de
riches vêtements, les doigts ornés de pierres précieuses, et qui ne savent même pas
guérir un furoncle! Dans les écrits des
anciens, pas davantage de ressources. Dès
lors commence chez Paracelse une quête
passionnée des moyens de guérir, qui
l’entraîne de la France au Portugal, en
Allemagne, Norvège et Grèce, où il interroge non seulement les médecins, mais
toutes sortes de guérisseurs, herboristes,
rebouteux, sorciers, jusqu’aux maquignons et cochers qui soignent leurs chevaux, et femmes bavardes. Soif de progrès,
impatience de renouvellement, recherche
personnelle, expériences thérapeutiques
font de Paracelse une sorte d’incarnation
de la renaissance médicale.
Une carrière à Bâle qui suscite
l’envie et la jalousie
Erudit empreint d’une piété cordiale, observateur sagace et indépendant, vaniteux
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porté à la mutinerie par la vivacité de son
caractère, Paracelse échafaude, au cours
de ses pérégrinations, une doctrine philosophique hermétique, qui rompt avec la
tradition. Adroit, dévoué, médecin célèbre, il entraîne dans ses voyages une
bruyante cohorte d’élèves, école ambulante de guérisseurs. Dans cette vie agitée,
c’est à l’âge de 33 ans qu’interviennent
plusieurs faits remarquables qui élèveront
Paracelse au rang de rénovateur de l’enseignement de la médecine. Appelé à Bâle
en 1526 comme médecin de la ville et
professeur de médecine, il exerce un contrôle sévère sur les ventes des médicaments, diminue le prix des ordonnances,
sévit contre les associations coupables des
médecins et des apothicaires. Ses succès
médicaux provoquent l’envie et la jalousie. Au lieu de revêtir le costume de médecin, il porte un habit civil et l’épée. Ce
mépris de la tradition est jugé sévèrement.
C’est le 5 juin 1527 que Paracelse affiche
en latin l’ouverture de son cours et définit
ses principes dans une profession de foi
révolutionnaire: «Se coller à Hippocrate,
Galien, Avicenne, est sans doute un
moyen très efficace d’acquérir le titre de
docteur, mais certainement pas de guérir
les malades.» Sa méthode d’enseignement comportera chaque jour deux heures de théorie et deux heures d’études
pratiques basées sur l’expérience et le
travail cliniques. Rappelons-le, à cette
époque, l’étudiant n’entrait à l’hôpital
qu’après l’examen final.
Révolutionnaire, voire hérétique, il
rompt avec les traditions incrustées…
Au lieu de monter en chaire en grande
tenue, c’est en habit de travail que Para-
Aureoli Ph. Theophrasti Paracelsi «De
secretis naturæ»; édition de 1570.
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Page de garde tirée du livre «Des
Hochgelerten Paracelsi etliche Tractaten». Cologne, Arnold Birckmann-Erben (1567).
celse se présente à l’assemblée. Sa première leçon est présentée en latin; elle
concerne la composition des médicaments. Dans la deuxième déjà, il rompt
avec la tradition et parle en allemand, ce
qui ne s’est jamais vu, commente et critique le dogme sacré des Aphorismes d’Hippocrate, en truffant son langage de termes
latins, grecs et arabes parce qu’il est à
court de vocabulaire. Les leçons suivantes
concernent les maladies chirurgicales,
considérées à cette époque comme non
médicales. Pendant deux semestres, Paracelse parlera en novateur du traitement
des plaies. Ses leçons, reprises et amplifiées, formeront deux livres, Berthonea
(1528) et Wundarznei (1536). «Gardez les
plaies propres, empêchant la souillure par
les ennemis extérieurs, elles guériront
toutes.» Telle est l’innovation hérétique
qu’il professe ouvertement.
Pour ses leçons pratiques, Paracelse entraîne ses élèves dans les hôpitaux, au
chevet des malades, les accueille dans son
laboratoire, installé dans une cave, où il
prépare les médicaments. Le dimanche, il
les entraîne à la campagne, pour récolter
des plantes médicinales; paternellement,
il passe ses soirées avec eux; quelques
étudiants vivent sous son toit et travaillent
comme aides et secrétaires.
… et brûle même des livres sur
la place publique
Il est bien établi que trois semaines environ après l’ouverture de ses cours, soit le
24 juin 1527, Paracelse brûla publiquement sur la place du Marché la «Somme
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des livres» qu’il jeta dans le feu de la SaintJean: «Va au feu, dit-il, et que tout ce qui
est mauvais en toi disparaisse dans l’air en
fumée», geste symbolique renouvelé de
Luther qui, le 10 décembre 1520, avait jeté
sur le bûcher la fameuse Bulle papale en
prononçant ces mots: «Puisque tu as troublé le Saint du Seigneur, que le feu éternel
te dévore et te consume!» On a cru à
l’autodafé du «Canon d’Avicenne», mais
certains commentateurs pensent qu’il
s’agit vraisemblablement d’un ouvrage
de Desparts: «Summata morborum», que
Paracelse aurait arraché à l’un de ses élèves. Quoi qu’il en soit, l’acte provocateur
est significatif; c’est la déclaration de
guerre aux scolastiques.
Chassé de Bâle comme un malpropre
La réaction s’organise et l’atmosphère
devient irrespirable. Un procès concernant une revendication d’honoraires met
le feu aux poudres. Brimé, molesté, pour-
suivi, Paracelse quitte Bâle subitement par
une nuit de brouillard en février 1528.
Il reprend sa vie errante, considéré par les
uns comme un médecin savant, par les
autres comme un mage utopiste. Il est
faux d’en faire un martyr; certes il a connu
la misère mais aussi la fortune, les revers,
les succès, les honneurs. Médecin naturaliste, philosophe spéculateur et chimérique, Paracelse a écrit dans un langage
parfois admirable, trop souvent obscur, où
brillent des vérités premières: «Toutes choses sont poison et rien n’est poison, seule la
dose fait qu’une chose n’est pas poison.»
C’est à Salzbourg, dans un hospice, en
1541, que s’achève après une longue maladie la vie laborieuse de Paracelse, «prodigieux et singulier génie qui dans les plus
vrais aperçus comme dans les rêveries les
plus folles a laissé en arrière toutes les
intelligences de son temps» (Malgaigne,
préface pour Ambroise Paré).
A suivre … Q
Université de Berne
En mémoire
du Prof. André Schroeder
Peter Hotz et Daniel Buser, Université de Berne
Le Prof. André Schroeder, qui venait de fêter son 86e anniversaire, est décédé le 7 mai. Au cours
des années 1960 et 1970, le défunt avait, plus que nul autre, marqué de son empreinte la
médecine dentaire de l’Université de Berne. Venant de la clinique populaire de médecine dentaire de Bâle, il avait été appelé par l’Université de Berne, il est parvenu, en collaboration avec
ses collègues de la direction, et grâce à sa puissance créatrice et ses talents diplomatiques, à
faire reconnaître à la médecine dentaire une position d’égale importance au sein de la faculté
de médecine de l’Université de Berne. Le profond respect dont André Schroeder bénéficiait au
sein de l’Université de Berne est attesté par le fait qu’en 1972 il fut le premier médecin-dentiste
à occuper la charge de doyen de la faculté et qu’il fut nommé, en 1979, recteur de l’Université
de Berne.
André Schroeder a dirigé pendant 25 ans
la clinique de médecine dentaire préventive et restauratrice de l’Université de
Berne. Dans le cadre de ses efforts pour la
mise en valeur et le développement de la
médecine dentaire au bénéfice des pa-
tients, dans les domaine de la prophylaxie,
en passant par l’endodontie, jusqu’à l’implantologie orale, il reste aujourd’hui encore un modèle. Son activité scientifique
était marquée du sceau de la recherche du
neuf, ce qui a conduit à un grand nombre
de développements et produits nouveaux.
Dans les domaines de la médecine dentaire restauratrice et de l’endodontie, ce
furent surtout Ledermix et AH 26, qui
bénéficient depuis des décennies d’une
large application clinique. A côté de cela,
en collaboration avec l’institut Straumann,
il a d’une façon significative mis en route
le système ITI (Dental Implant System),
qui a connu, au cours des 15 dernières
années, un succès mondial considérable.
Ce développement démontre combien la
coopération étroite entre l’université et
l’industrie peut être profitable et bénéficier aux patients. Un grand nombre des
idées émises par André Schroeder, il y a
plus de 25 ans, comme par exemple l’insertion chirurgicale de l’implant en un
temps ou l’évolution vers les surfaces en
titane brut sont de nos jours généralement acceptées et se sont imposées dans
le domaine de l’implantologie orale. Il a
également été en 1980 un initiateur de
l’ITI (Internationales Team für orale Implantologie) et en fut jusqu’en 1992 le
président. L’ITI compte aujourd’hui plus
de 300 membres dans près de 50 pays, elle
s’engage avec succès dans les domaines
de la recherche, de la formation et du
développement.
Ses talents rhétoriques et didactiques restent dans notre souvenir, de même que sa
faculté de nous enthousiasmer et son sens
de l’humour, ils caractérisaient son enseignement pour les étudiants et les
consœurs et confrères en pratique privée
participant aux cours de perfectionnement. Son enseignement s’appuyait sur
des connaissances scientifiques très étendues, ainsi que sur une grande expérience
clinique, il a marqué toute une génération
de médecins-dentistes.
L’activité scientifique très importante du
Prof. Schroeder, avec ses plus de 150 publications dans des revues suisses et internationales, a été honorée à de nombreuses reprises, comme par exemple par
l’attribution du titre de membre d’honneur de la Société suisse d’odonto-stomatologie (SSO), de l’ITI, de l’Academy of
Osseointegration (AO) des Etats-Unis,
ainsi que de l’European Association for
Osseointegration (EAO). Ces distinctions
ont été complétées par l’attribution du
titre de docteur honoris causa de l’Université de Genève.
Après qu’il se fut retiré de la présidence
de l’ITI, André Schroeder a lentement
réduit ses activités. En compagnie de son
épouse Simone, il a passé, retiré, les dernières années de sa vie dans le cadre du
home pour personnes âgées Elfenaupark
de Berne. Il souffrait de plus en plus des
atteintes de l’âge et il est décédé après une
courte maladie. Au nom de toutes les
collaboratrices et de tous les collaborateurs des cliniques de médecine dentaire
de l’Université de Berne, nous adressons
nos sincères condoléances à son épouse
Simone et à toute sa famille. C’est avec
beaucoup de reconnaissance que nous
prenons congé d’une très grande personnalité et d’un ami cher, qui, au cours d’un
moment de notre existence, a enrichi
nombre d’entre nous. Q
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La fin de la «Swiss Dentist’s Society» …
Peter Jäger
… ce serait quelque peu exagéré que de faire cette annonce. La société continue d’exister, mais
le Tribunal fédéral exige qu’elle se trouve un nouveau nom. Nous avons fait l’expérience que
dans le cadre du conflit entre la SSO et la SDS, pour une question de nom, les bruits les plus
farfelus ont couru, c’est pour cette raison qu’il convient de résumer brièvement la situation.
Il y a quelques années, en Suisse romande,
sous la direction du Prof. J. Salomon, de
Genève, l’«Association des médecinsdentistes helvétiques» a été créée. Cette
association voulait avant tout promouvoir
la formation continue, mais également,
d’un autre côté, elle entendait corriger, au
niveau de la politique, tout ce qui avait été
gâché par la SSO. L’aspect politique du
programme de cette «Helvétique» n’a pas
connu de succès et elle a bien dû constater
– c’est du moins ce que nous souhaitons
– que la réalité politique n’est pas toujours
aussi simple qu’on le croit lorsqu’on reste
confiné dans sa tour d’ivoire.
Il y a quelque temps, l’«Association des
médecins-dentistes helvétiques» s’est
transformée en «Swiss Dentist’s Society».
Après avoir constaté la confusion créée au
niveau de l’administration par cette
«Swiss Dentist’s Society» – littéralement
Société des médecins-dentistes suisses –
le comité de la SSO s’est vu contraint de
demander à la justice la protection du
nom (art. 29 CC). Cette démarche a été
entreprise après la constatation que plusieurs discussions s’étaient soldées par
des échecs.
Ne pas se noyer dans un verre d’eau
La SSO s’est-elle noyée dans un verre
d’eau en agissant de la sorte? Ce n’est
certainement pas le cas! En dépit de divergences considérables, le comité de la
SSO n’a jamais cherché à brimer l’AMDH
et, conformément à cette attitude, elle a
sans autre autorisé les membres de la SSO
à être également membres de l’AMDH.
Mais le risque de confusion entre la SDS
et la SSO a abouti à une situation qui était
devenue intolérable. En notre qualité de
petite organisation professionnelle, nous
avons de toute façon de la peine à nous
faire entendre au niveau de la politique.
Dans ces conditions, il n’était plus acceptable que la position de la majorité des
médecins-dentistes soit mise en danger
par un groupuscule (dont nous n’avons
jamais été en mesure de connaître le
nombre des membres – les évaluations se
situant entre quelques dizaines et environ
300), agissant en quelque sorte sous la
protection de la société mère.
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Après que la SDS eut enregistré un succès
lors d’une procédure préliminaire, le tribunal cantonal de Genève a abouti à la
conclusion qu’il y avait usurpation de
nom de la part de la SDS. La SDS a été
mise devant l’obligation de changer de
nom dans un délai de 10 jours. Cette décision au sujet de la dénomination a été
soumise au Tribunal fédéral par la SDS. Ce
dernier a rejeté la demande. C’est ainsi
qu’il est donc définitivement fixé que la
SDS doit dès maintenant se mettre à la
recherche d’un nouveau nom.
Quelle leçon tirer de cette histoire? Il
n’est pas possible de piétiner le droit sans
risque de sanction. Toute association,
toute entreprise, qui souhaite se donner
un nouveau nom, doit, c’est son intérêt
le plus évident, se demander si le nom
qu’elle se donne ne menace pas les intérêts de tiers. Celui qui néglige de le faire
et qui, comme la AMDH/SDS, choisit une
dénomination qui va générer des complications ou des conflits, ne peut se plaindre
lorsque le lésé prend la décision de se
défendre. Le Tribunal fédéral a décidé en
outre, dans des délais dignes de record,
que la situation juridique était incontestable – évidemment au bénéfice de la
SSO. Q
Société Suisse d’Endodontologie (SSE)
La SSE propose la nomination des candidats pour deux distinctions qui seront présentés à Bâle en janvier 2005. La nomination peut être soumise soit par les candidats
eux-mêmes soit par une tierce personne. Les décisions de la SSE sont sans appel.
Prix Guldener pour l’endodontologie
Cette distinction a été instituée à la mémoire de D r Peter H.A. Guldener. Elle est
censée récompenser des travaux de haute qualité dans le domaine de la recherche
et de l’enseignement en endodontologie, en clinique ou dans le cadre d’une organisation professionnelle. Le lauréat doit exercer en Suisse et avoir contribué de façon
exceptionnelle au progrès de l’endodontologie. Le prix Guldener est doté d’une
somme de 5000 francs.
Prix SSE de la recherche
Ce prix est destiné à encourager la recherche dans les sciences dentaires en rapport
avec l’endodontologie et consiste en une somme d’argent (CHF. 3000.–) et un certificat. Il doit apparaître que la personne nominée a conduit une recherche originale
et innovatrice remettant en question les bases ou les connaissances cliniques ayant
trait à l’endodontologie. Le travail pris en considération pour le prix doit avoir été
publié dans un journal à politique éditoriale dans un délai ne dépassant pas 3-années
avant la période de nomination.
Nomination
Toute nomination doit être accompagnée des informations suivantes en langue
allemande, anglaise ou française:
• un bref exposé des raisons de la nomination
• un bref curriculum vitae du candidat
• une photo/passeport récente du candidat
• noms et adresses de deux personnes-références du candidat
Date limite
Au plus tard le 30 septembre 2004
Les lettres de nomination sont à adresser à:
Dr R. Nair, président du comité scientifique de la SSE
Abteilung für Orale Strukturbiologie, Zahnmedizinisches Zentrum
Plattenstr. 11, CH-8028 Zurich
Tél. 01/634 31 42, fax: 01/312 32 81, e-mail: [email protected]
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CONGRÈS / JOURNÉES SCIENTIFIQUES
Perfectionnement SSO. Du cabinet – pour le cabinet. Compte rendu d’un cours, 22. 4. 2004
à Zurich
La logique psychologique des réclamations
des patients – ou les perceptions des patients
sont toujours crédibles!
Elisabeth Wenger (traduction de Jean-Jacques Gindrat)
La routine quotidienne qui consiste à relever la boîte aux lettres nous fait chaque fois découvrir
la même chose: des factures, de la publicité, des revues, rien de bien particulier. Mais … de quoi
s’agit-t-il? C’est une lettre, l’enveloppe est manuscrite; elle conteste la dernière facture, adresse
une réclamation concernant le résultat d’un traitement jugé non satisfaisant, elle invite, sur
un ton hargneux, à remettre le dossier, en n’oubliant pas les radios, peut-être même menacet-elle de soumettre le cas à la commission de déontologie. Voilà une bien mauvaise journée qui
commence. C’est d’autant plus désagréable que l’on ne se sent coupable d’aucune faute.
Dorothee Schmid, psychologue diplômée,
a présenté, à l’occasion d’un cours pilote,
la logique psychologique des patients qui
adressent une plainte. Par son activité au
sein de la section de médecine dentaire du
Collège de santé du canton de Berne (à
côté d’autres occupations professionnelles), elle a une connaissance pratique du
problème des réclamations de patients.
Près de 60 médecins-dentistes, femmes
et hommes, ont pu ainsi bénéficier de la
possibilité d’accéder aux méandres de la
logique psychologique, parfois mystérieuse,
de l’être humain*, donc du patient*.
En quoi consistent les processus
psychologiques?
Au cours de la première partie du cours,
la question de la conférencière demandant en quoi consistent en réalité les processus psychologiques ou psychiques, a
provoqué dans l’assistance, dans un premier temps, un silence profond, suivi de
quelques timides tentatives de réponse.
Finalement, on est parvenu à la constatation scientifique que la pensée, le vécu et
le comportement de l’être humain sont
des processus psychologiques.
A la question suivante, portant sur qui ou
quel mécanisme peut bien gérer ces processus, ainsi que qui ou quel mécanisme
agit en donnant des ordres au niveau de
la personnalité, Dorothee Schmid apporta
la réponse, résultant de l’expérimentation
empirique, que chaque être humain tend
vers la satisfaction des quatre besoins
fondamentaux suivants:
* La forme féminine est toujours incluse.
1. le besoin de contrôle
2. le besoin de satisfaction, respectivement celui d’éviter la contrariété
3. le besoin d’attachement
4. le besoin du maintien ou de l’augmentation de l’estime de soi
d’après Epstein
Les besoins fondamentaux, leurs
répercussions dans le cadre d’un
traitement en médecine dentaire
Le besoin fondamental de contrôle exige
qu’un être humain doit comprendre ce qui
lui arrive. Il veut pouvoir donner son avis
et participer, qu’on l’interroge et qu’il soit
impliqué. Il veut pouvoir rechercher des
informations, poser des questions et prendre des décisions.
Le besoin fondamental de satisfaction,
respectivement d’éviter la contrariété,
exige la perception de sensations agréables, l’être humain doit par exemple percevoir des sensations de bien-être, rechercher des perceptions positives et éviter les
perceptions désagréables; dans le cas
d’un traitement de médecine dentaire, il
préfère une approche «douce» et refuse la
douleur.
Le besoin fondamental d’attachement
exige la sécurité de la proximité, la chaleur
dans les contacts, la possibilité de
l’échange et de la continuité – dans le cas
de la médecine dentaire, la notion qu’en
gardant le même médecin-dentiste il va
se sentir en sécurité.
Le besoin fondamental de maintien/
d’augmentation de l’estime de soi vise à
se sentir capable, digne de respect et aimé,
à obtenir la confirmation que «je suis
bon», à rechercher la considération, à
mettre en évidence ses compétences, à
être pris au sérieux, confirmé et recherché.
Selon des résultats expérimentaux généralement non contestés, ces besoins fondamentaux s’appliquent apparemment à
tous les êtres humains, à toutes les cultures et ne présentent aucun caractère variable.
Perceptions subjectives …
Pour illustrer le caractère subjectif des
perceptions, d’un individu à un autre,
Dorothee Schmid eut recours à une petite
démonstration.
Deux participants au cours – à l’insu de
tous les autres – se virent remettre un
objet et on leur demanda ensuite de le
décrire brièvement. Le premier s’est acquitté de sa tâche de la façon suivante: «Je
tiens en main une feuille de papier, elle est
de couleur jaunâtre, de forme rectangulaire, dans sa partie supérieure le bord est
régulier, le bord droit est dentelé, dans la
partie centrale on a fait un découpage en
forme de S, la grandeur du tout correspond à quatre paquets de cigarettes».
La description du second s’est présentée
de la façon suivante: «J’ai en main une
feuille de papier, elle est de couleur jaune,
on peut se représenter que ce papier a la
forme d’un vase romain, qu’il présente
une grande ouverture dans sa partie supérieure, suivie d’un col et d’un ventre,
dans le centre il y a une ligne en zigzag, je
crois que je ne tiens que la moitié de la
feuille et celle-ci mesure environ quinze
centimètres en hauteur.»
On a demandé ensuite aux deux candidats de montrer leur papier – l’un et
l’autre avaient en main le même objet.
Une façon saisissante de démontrer combien les perceptions ont un caractère subjectif.
Pour la psychologue, il s’agit d’un résultat
rigoureusement normal. En effet, l’homme
crée des perceptions qui correspondent à
ses besoins. Un autre exemple, tiré de sa
propre expérience quotidienne, nous a rappelé quelque chose de connu, c’est de
s’être assise dans le mauvais tram et de
s’imaginer, tout d’abord, qu’il s’agit d’une
déviation de la ligne, avant finalement de
se convaincre de son erreur, au terme d’un
effort de réflexion. L’explication psychologique, dans ce cas, est la suivante: les besoins et les perceptions devraient être en
conformité; si ce n’est pas le cas, on cherche dans la mesure du possible à réduire
les divergences ou à les supprimer. C’est ce
qui se passe également dans le fauteuil du
médecin-dentiste.
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… et émotions
Les émotions occupent la position centrale! En s’exprimant ainsi, Dorothee
Schmid entendait rompre une lance pour
que les besoins fondamentaux et les émotions du patient soient pris au sérieux. Si
l’on donne satisfaction aux besoins fondamentaux, les émotions qui en résultent
auront un caractère agréable, alors que les
besoins non satisfaits engendrent des
émotions désagréables.
Les émotions fournissent des informations sur deux éléments différents. Premièrement, la circonstance X a-t-elle pour
moi une signification subjective? Deuxièmement, dans l’affirmative, cette signification est-elle positive ou négative?
Si l’on oublie que la perception subjective
varie, les complications sont préprogrammées dans les relations entre le patient et
le médecin-dentiste. Il se peut que le
médecin-dentiste soit de l’avis subjectif
que ce qu’il a entrepris en faveur du patient est adapté et suffisant, alors que le
patient vit la situation de manière entièrement différente.
En se fondant sur les quatre besoins fondamentaux, la situation peut se présenter
de la façon suivante:
Pour des raisons de manque de temps, le
patient n’obtient pas des informations
complètes. Conséquence: le besoin fondamental de contrôle n’est pas respecté.
Le traitement de la douleur est insuffisant.
Conséquence: le besoin fondamental de
satisfaction n’est pas réalisé.
Le personnel du cabinet change sans
cesse, il n’y a pas de temps pour la discussion. Conséquence: le besoin d’attachement n’est pas réalisable.
Manque d’intérêt, de temps et de considération par le médecin-dentiste et son
équipe. Conséquence: le besoin fondamental du maintien de l’estime de soi est
compromis.
La situation pour la psychologue est évidente. Un tel comportement avec des
êtres humains constitue une atteinte aux
besoins fondamentaux, n’accorde pas une
assez grande importance aux émotions et
ignore le caractère subjectif des sensations
et de la perception. Un patient traité de
telle façon n’est pas un patient satisfait.
C’est pourquoi, pour ce patient, la question de savoir si le traitement médicodentaire a été administré «lege artis» est
secondaire, l’insatisfaction et l’échec sont
pratiquement assurés.
Les profits pour le cabinet
Au cours de la deuxième et de la troisième
partie de l’après-midi de formation continue, on s’est efforcé de mettre en relation
632
ce que nous venions d’apprendre avec le
quotidien du cabinet. A l’aide d’exemples
de situations à problème bien ou mal résolues, Dorothee Schmid nous a démontré
comment, dans chaque cas en particulier,
les connaissances concernant les besoins
fondamentaux peuvent intervenir et quelles en sont les répercussions.
Dans les faits tout paraît très simple. Chaque besoin satisfait diminue la probabilité
de l’insatisfaction et de l’échec. En réponse à une question d’un participant,
affirmant que le médecin-dentiste est lui
aussi en droit d’exiger que l’on tienne
compte de ses besoins fondamentaux, la
psychologue, tout en manifestant de la
compréhension, déclara que le médecindentiste devait s’efforcer de faire une différence entre ses propres sentiments et
ceux du patient. La prise en compte des
besoins du patient, de la meilleure façon
possible, est le garant d’une bonne relation entre le médecin-dentiste et le patient, elle réduit l’éventualité de réclamations agaçantes et épuisantes.
La prévention des problèmes et des plaintes de la part des patients doit se fonder
sur le respect des quatre besoins fondamentaux, qu’il faudrait, dans toute la mesure du possible, toujours prendre en considération.
Le besoin de contrôle: le patient doit être
informé complètement et de façon qu’il
comprenne, avant, pendant et après le
traitement; on doit lui expliquer les constatations et les diagnostics; lui remettre un
devis; il faut respecter ce qui a été convenu, etc.
Le besoin de satisfaction: par exemple, une
prévention optimale de la douleur et le
traitement de la douleur en tenant compte
des perceptions du patient; attention et
délicatesse, encouragements à l’adresse du
patient plutôt que reproches, etc.
Le besoin d’attachement: demander si
tout va bien; douceur et attention; contact
visuel; discussion de sujets qui ne relèvent
pas du domaine de la médecine dentaire;
accepter, en qualité de soignant, de manifester des sentiments; disponibilité et prévenance du médecin-dentiste, etc.
Besoin d’augmentation de l’estime de soi:
considérer le patient comme un égal, lui
accorder importance et compétence.
La déclaration finale de la conférencière
était sans appel: la perception du patient
est toujours la bonne! On ne peut éventuellement corriger que la nature des explications qu’il peut donner à ce sujet.
Grâce aux connaissances acquises lors du
perfectionnement dans le domaine de la
psychologie, les médecins-dentistes ne
devraient plus se borner à déclarer que
certains patients sont «difficiles» et capituler devant des situations mal engagées.
En fonction de sa propre expérience dans
des cas de plaintes de patients, elle peut
affirmer que celles-ci sont le plus souvent
la conséquence de circonstances qui peuvent s’expliquer grâce à des notions psychologiques simples et qui pourraient être
évitées si on les respectait.
Le plus souvent, il aurait été très simple
de parvenir à une solution à l’amiable, il
aurait tout simplement fallu essayer de se
parler.
Conférencière
Dorothee Schmid, psychologue diplômée
Formation en psychothérapie auprès de
l’AIM/AVM-CH
Actuellement, activité psychothérapeutique
dans le cadre de la clinique privée Wyss AG,
Münchenbuchsee
Bureau de conseil privé à la Marktgasse 5,
3001 Berne, tél. 031/351 40 22
E-mail: [email protected]
Depuis 1989, secrétaire de la section de
médecine dentaire du Collège de santé du
canton de Berne. Q
REVUES
Implants
McNutt M D & Chou C H:
Current trends in immediate osseous
dental implant case selection criteria
J Dent Educ 67: 850–859, 2003
Des protocoles dynamiques de planification sont un prérequis dans l’ère actuelle
où l’implantologie s’inscrit comme un
Rev Mens Suisse Odontostomatol, Vol 114: 6/2004
standard prothétique thérapeutique. Il
importe cependant d’en examiner les limites d’utilisation. Les obstacles majeurs
demeurent souvent le coût, la durée du
traitement et souvent l’opinion encore
méfiante du grand public envers les implants bucco-dentaires. Les méthodes
développées pour diminuer la durée d’un
traitement comprennent la pose immédiate d’un implant après une extarction.
L’ a c t u a l i t é e n m é d e c i n e d e n t a i r e
Les critères de sélection sont cependant
essentiels dans l’identification des patients susceptibles d’en bénéficier et dans
la minimisation des risques d’échecs.
Une ostéointégration prédictible tient
compte de l’anatomie du site et de son
environnement, l’optimisation du résultat
esthétique, la gestion des tissus mous, la
restitution de la fonction, le respect de la
méthodologie chirurgicale, l’anamnèse
générale du patient et l’appréciation de
son adhérence thérapeutique.
Une épaisseur osseuse minimale de 3 à
5 mm de contact osseux périphérique est
exigée pour assurer une ostéointégration
correcte. La stabilité primaire est un facteur clé du maintien de la vitalité osseuse
et de la prévention d’un effondrement des
tissus mous et d’une progression non
souhaitée du tissu épithélial. Les aspects
osseux qualitatifs et quantitatifs sont des
conditions majeures du succès thérapeutique, en particulier dans le cas d’une
implantation immédiate. Celle-ci préserve
l’anatomie alvéolaire tout en améliorant
le résultat prothétique sur le plan fonctionnel et esthétique. La perte d’os parodontal est minime et le support osseux
conserve son intégrité corticale. Les sites
osseux mandibulaires présentent souvent
une qualité supérieure à celle des sites
maxillaires qui assurent davantage de succès lors d’une implantation immédiate. La
présence de 3 ou 4 murs osseux est fondamentale. Une épaisseur minimale de
4 mm est nécessaire dans le sens vestibulo-lingual. La morphologie d’un site
d’extraction peut parfois compliquer le
positionnement implantaire dans un contexte de place disponible. Toute situation
anatomique se heurtant à une mise en
place adéquate doit être évaluée. Sur le
plan technique, une extraction atraumatique est un gage de succès parce qu’elle
permet le maintien du contour osseux.
Les situations d’ankylose et de retouches
alvéolaires chirurgicales peuvent créer des
contre-indications d’une implantation
immédiate. Les approches en deux étapes
ne sont souvent pas nécessaires parce
qu’elles ne risquent pas d’améliorer les
chances d’intégration. La présence d’une
infection modérée (sans suppuration ac-
tive) a parfois été considérée comme une
indication pour une implantation immédiate bien que les auteurs soient nombreux à préférer l’élimination préliminaire
de toute infection.
Lors d’une implantation immédiate, les
implants vissés assurent une stabilité primaire osseuse et une capacité d’intégration supérieures à celles des implants à
surface usinée. Un profil anatomique
adapté de l’implant semble limiter la résorption osseuse, améliorer la santé des
tissus mous, éviter la croissance épithéliale interne, réduire le recours à des
membranes et diminuer le risque d’infection postopératoire. En plus de leur coût
plus élevé, ces implants risquent toutefois
de favoriser une anatomie non souhaitée
en augmentant le phénomène traumatique de l’acte chirurgical.
L’évolution constante de l’implantologie
clinique en a fait une procédure standard.
La multiplicité des situations cliniques
auxquelles le clinicien est confronté exige
des protocoles dynamiques de planification. Les obstacles cliniques qui se dressent et qui sont à résoudre dépendent
souvent de la capacité de discernement du
clinicien. La mouvance des critères de
sélection est constante mais reste fondamentalement tributaire des conditions
cliniques que présente chaque individu.
Michel Perrier, Lausanne
Stress professionnel
Fyalka T:
All stressed out and no place to
blow
Ill Dent News 72: 4–5, 2003
La plupart des médecins-dentistes sont
d’avis que la médecine dentaire garde la
réputation de profession stressante. Ce
stress qui résulte notamment des techniques professionnelles, des patients difficiles, des capacités du personnel et des
horaires serrés, peut conduire à un phénomène de burn-out.
Bill Blatchford est un consultant en gestion qui a pratiqué la médecine dentaire
pendant une vingtaine d’années. Il trouve
que cette profession se situe parmi celles
dont les protagonistes peuvent détenir le
contrôle presque total des causes de
stress.
Les médecins-dentistes tentent parfois de
mettre en œuvre des méthodes de gestion
du stress sans pour autant y adhérer véritablement. Dès qu’ils permettent la moindre exception aux règles du jeu, le système
s’effondre et le stress revient. C’est les
conflits au sein de l’équipe qui constituent
le problème numéro un, bien que des conflits avec les patients puissent aussi survenir. Il est possible de neutraliser un stress
avec des membres de l’équipe soignante
ou un patient en soulevant le problème
immédiatement. Cette approche, en étant
trop souvent éludée, conduit à un autre
problème, celui de l’absence de communication.
Améliorer les techniques de communication par la parole, l’écoute et l’expression
des motifs d’un différend représente un
bénéfice majeur au sein des collaborateurs
en diminuant les conflits, en procurant
davantage de motivation et en réduisant
le turn-over au sein de l’équipe.
L’identification des zones de stress négatif contribue à le réduire. Cette procédure
nécessite de produire une liste dégressive
des facteurs de stress qui va permettre de
développer un plan d’action de gestion
des causes en engageant chacun à s’occuper du problème. Il est parfois nécessaire
qu’un tiers intervienne dans le développement du plan d’action et dans une
forme d’assistance au maintien des techniques systématisées de réduction du
stress. L’identification du stress que la
profession impose nécessite la reconnaissance d’un choix dans les modes de fonctionnement.
Bill Blatchford pense que tout praticien
peut créer son modèle de pratique en
dressant une liste de ses attentes, en mettant en évidence les aspects professionnels réellement positifs, en engageant des
collaborateurs qui partagent ses visions et
qui sont disposés à contribuer à les réaliser en appliquant des méthodes efficaces
et en y adhérant personnellement.
Michel Perrier, Lausanne
Rev Mens Suisse Odontostomatol, Vol 114: 6/2004
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