Les champignons dans notre Histoire

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Les champignons dans notre Histoire
Les champignons dans notre Histoire
Dans l’histoire du Nord-Est de l’Amérique du Nord, la présence des champignons est
très discrète et peu documentée. En général, les Amérindiens d’ici semblent les avoir
craints, tout en leur reconnaissant une influence spirituelle.
La spiritualité
L'utilisation rituelle a été notée par les Jésuites de la Nouvelle-France, tradition qui est
disparue avec la christianisation. Le jésuite Lallemant écrivait qu’« ils croyent
l’immortalité de nos âmes et de faict, ils assurent qu’après la mort ils vont au Ciel, où
elles mangent des champignons, et se communiquent les uns avec les autres ».
S’agissait-il de l’hallucinogène amanite tue-mouche ? Tête-de-boule, Micmacs et
Cheyennes les associaient à la mort et y voyaient une nourriture de disette.
Conséquence d’une acculturation peut-être, les traces se sont perdues.
Le feu
Certaines espèces servaient couramment d’allume-feu, une pratique vraisemblablement
importée lors de la migration des premiers Américains à partir de la Sibérie. À l’occasion
d’une récente expédition aux morilles, en compagnie d’Attikameks, on nous a expliqué
que le chaga permettait autrefois de transporter le feu en canot d’un campement à
l’autre. Dans la même région, une espèce moins performante sous ce rapport,
l’amadouvier est encore reconnu des anciens de la communauté d’Oujé-Bougoumou.
C’est ce même champignon qu’avait encore dans un sac l’homme préhistorique exhumé
dans les Alpes italiennes en 1991.
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La médecine traditionnelle
Des utilisations médicinales ont aussi été observées chez les autochtones, mais il en
reste peu de chose dans cette partie du Continent. Les Inuits dont le territoire est, à la
fin de l'été, tapissé de champignons, de bolets rugueux notamment, les qualifient avec
mépris de «nourriture des caribous». Rien d’étonnant : les chasseurs en trouvent de
grandes quantités dans l’estomac de leurs prises. Jadis, ils utilisaient tout-de-même les
vesses-de-loup pour guérir les plaies.
Cette discrétion contraste malgré tout avec la récente notoriété de quelques espèces
indigènes, tramète, ganoderme, maïtaké et surtout chaga auquel on prête des vertus
anti tumorales et anti-inflammatoires.
L’alimentation
À l’ouest des Rocheuses et plus au sud, on connaît pourtant des communautés
autochtones pour lesquelles les champignons constituaient une ressource alimentaire
importante. En Colombie britannique, les premières nations Thompson, par exemple,
mangent chanterelles, coprins, pleurotes, matsutaké, vesse-de-loup et une espèce de
lépiste surnommée « champignon-éclair ». Dans le nord du Mexique, les Tarchumara
cueillent aujourd’hui encore en abondance une variété d’amanites proche de l’amanite
des Césars, des russules-homards et plusieurs autre espèces, mais, curieusement,
négligent les matsutakés, abondants de leur milieu.
Sauf en bordure du St-Laurent où les Iroquoïens pratiquaient l'agriculture, l'alimentation
autochtone était largement constituée de protéines animales, le gibier à l'intérieur des
terres, les poissons et animaux marins sur les côtes et les rives. Les Algonquins
auraient pourtant mangé les vesses-de-loup ; les Iroquoïens, qui auraient cueillis les
chanterelles, les morilles et d’autres espèces comestibles, attribuaient aux champignons
cuisinés un rôle funeste dans leurs légendes.
Peu étonnant que les menus des fêtes auxquelles ont participé des rapporteurs
étrangers ne mentionnent jamais les champignons.
Il faut attendre l'arrivée d'immigrants slaves en Abitibi à partir de 1928, mineurs autour
de Rouyn-Noranda et Val d'Or, pour voir percer les champignons dans la cuisine locale.
Des maisons de pensions accueillaient Ukrainiens, Russes, Serbes et Slovaques et leur
proposaient les brochets ou les dorés au four avec des champignons, les boulettes de
viande hachée arrosées de sauces aux champignons, la soupe à l'orge et aux
champignons, des champignons à la crème sure. Dans l’«Histoire de la cuisine familiale
du Québec», on mentionne par exemple une recette slovaque de gratin de pommes de
terre et de tranches de bolets frais beurrés, salés, poivrés, cuit à l'étouffée au four.
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À Montréal, des Européens débarqués après la Guerre ont repris leurs excursions
familiales en forêt, sans que cette coutume n'inspire alors les résidents plus anciens, de
souches française ou britannique.
Aujourd'hui
Étonnamment, depuis une dizaine d’années, la situation a considérablement changé.
Les passionnés de nature et de gastronomie ne se comptent plus, les randonnées en
forêt attirent un public de plus en plus nombreux. De plus, en région, le déclin de
l’industrie du bois stimule la cueillette tant récréative que commerciale.
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