Fiche synthèse Maus Spiegelman
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Fiche synthèse Maus Spiegelman
ARTS, ETATS ET POUVOIR Auteur : Art Spiegelman Titre de l’œuvre : MAUS (tome 1, chap6 et tome II, chap. 2) Date de création : 1987/1989 Nature de l’œuvre : Bande dessinée 1. Eléments biographiques : Art Spiegelman naît le 15 février 1948 à Stockholm en Suède. Ses parents émigrent aux ÉtatsUnis alors qu'il est encore enfant. Il suit très tôt des cours de dessins et parvient à se faire publier alors qu'il n'a que 16 ans. Il suit des études d'art et de philosophie. Il devient une figure emblématique du courant underground de la bande dessinée des années 1960 et 1970. En 1986, il publie en anglais le premier volume de Maus qui retrace la vie de sa famille racontée par son père pendant l'holocauste. La suite et fin de cette histoire sort en 1991. C'est la première fois qu'une bande dessinée attire autant sur elle l'attention des critiques. Maus sera l'objet d'une exposition au musée d'art moderne de New York, et obtiendra en 1992 un Prix Pulitzer spécial. En 2002 et 2003, Art Spiegelman publie dans divers grands magazines dix planches aussi innovantes techniquement que politiquement dérangeantes d’À l'ombre des tours mortes (In the Shadow of No Towers), dans lesquelles il raconte son expérience du 11 septembre 2001, et des effets de l'événement sur lui comme sur ses compatriotes. L'album, publié en 2004, est acclamé aussi bien aux États-Unis que dans le monde francophone. Le dimanche 30 janvier 2011, Art Spiegelman reçoit le Grand Prix de la Ville d'Angoulême. En janvier 2012, Spiegelman publie Meta Maus, sorte de making off de Maus.Il est décoré de l'Ordre des Arts et des Lettres par Frédéric Mitterrand, ministre de la culture, le 29 janvier 2012, après avoir présidé la 39e édition du Festival d'Angoulême 2. Contexte : En 1986 Art Spiegelman crée le BD Maus , récit animalier qui témoigne de la shoah pendant la seconde guerre mondiale (voir cours d’histoire). 3. Présentation de l’œuvre Art Spiegelman, né en 1948, rapporte le récit que lui a fait son père de sa déportation à Auschwitz. La réalité des camps est décrite au plus près par le biais d’anecdotes. L’auteur a choisi la bande dessinée comme support et ses personnages sont des humains à visages d’animaux : Les prisonniers sont des souris (Maus), des chats ou des cochons et les geôliers sont des chiens. Ainsi est suggérée la sauvagerie des nazis, la déshumanisation infligée aux déportés. Ce procédé permet aussi de mettre à distance l’insoutenable. Un narrateur, le père, raconte l’histoire à son fils dans les récitatifs. Dans cet extrait, il relate comment il a corrompu les gardiens pour obtenir que sa femme soit placée dans un baraquement voisin du sien. Deux extraits différents sont proposés : chap. 6, tome 1, 1986/chap.2, tome II 1989 4. Analyse des extraits La vignette du tome 1 représente l’arrivée des prisonniers dans le camp de concentration d’Auschwitz : on reconnaît le portail d’entrée avec la célèbre devise, la tenue rayée des déportés, les camions de marchandises et la croix gammée. Elle a pour fonction de planter le cadre de l’action Les signes de la violence placent d’emblée le lecteur dans une atmosphère angoissante et hostile: soldats SS brandissant des matraques, chiens montrant les dents et bondissant d’un air menaçant. Le texte des récitatifs complète le tableau en évoquant l’extermination : « fours crématoires et gaz » .C’est un rescapé qui parle à la première personne dans une langue relâchée et approximative car ce n’est pas sa langue maternelle : ces procédés contribuent au réalisme et donnent un caractère de véracité au témoignage. Ces paroles renforcent l’horreur de la situation et le sentiment de terreur et de désespoir : « on sortirait plus jamais, ils allaient nous gazer » La planche du tome 6 relate une anecdote : le père rescapé du narrateur lui raconte comment il a soudoyé des gardes pour faire transférer sa femme près de son baraquement. La structure narrative est complexe car le récit de l’anecdote est enchâssé dans l’échange dialogué entre le père et le fils. Deux plans spatio-temporels alternent : - Le présent : fond clair, paysage arboré, vêtements ordinaires, face à face des personnages, bulles de dialogues : liberté de parole et de mouvement, atmosphère détendue. - Le passé : vignettes au fond sombre, champ de vision arrêté par des rayures, espace cloisonné, absence de paroles, ombres ou personnages de dos qui rôdent en fond de vignette : espace d’enfermement et d’insécurité. La progression du récit est suggérée en peu de vignettes, l’essentiel passant par le récitatif : la première vignette, plan très rapproché sur le visage du personnage, marque l’émotion : la tristesse de la séparation, solitude. Les trois vignettes suivantes exposent tous les sacrifices nécessaires pour un résultat qui peut sembler dérisoire : pour espérer apercevoir sa femme au-delà du grillage qui sépare les deux camps hommes/femmes, il doit pendant de nombreux jours se priver de pain, l’échanger contre des cigarettes avec lesquelles il achètera de l’alcool pour payer les gardes. Son précieux trésor lui est dérobé par un autre prisonnier et il doit tout recommencer. L’intérêt documentaire : En peu de mots et de dessins, le lecteur entre de plain pied dans la réalité quotidienne des camps : malnutrition, marché noir, vols entre prisonniers, insécurité permanente, séparation des familles, promiscuité dans les baraquements, corruption… L’intérêt pédagogique : Enseigner aux jeunes générations ce que fut l’holocauste. Le devoir de mémoire et l’engagement : laisser une trace des souffrances infligées en hommage à toutes les victimes et dénoncer les crimes du nazisme. Avantage de ce mode d’expression : La B.D est accessible à tous, surtout aux jeunes générations, elle se lit vite, on y fait l’économie des descriptions par le biais des dessins, ainsi Spiegelman fait œuvre de témoignage et de mémoire sur la shoah par un mode d’expression populaire et efficace. 5. Mise en relation Le thème et les enjeux de cette œuvre font écho à d’autres modes d’expression : Le roman et la poésie : Primo lévi, Si c’est un homme, roman : Un secret de Grimbert Les mémoriaux : Mémorial de la Shoah à Paris Installations éphémères sous forme d’accumulation : Boltanski, Personnes (manuel p. 122), Natacha Nisic, Mémorial des enfants (p.105) Films : Nuit et brouillard d’Alain Resnais, La liste de Schindler de Spielberg, La vie est belle de Roberto Begnini, Le pianiste de Polanski … La chanson : Jean Ferrat, Nuit et Brouillard.